(Onze heures quarante et une minutes)
Mme David (Gouin) : Alors,
mesdames messieurs, bonjour. Je veux simplement indiquer que je suis très
heureuse du vote qui a été pris à l'unanimité à l'Assemblée nationale, un vote par
appel nominal, un vote en faveur de la motion que j'ai eu l'honneur de déposer
au nom de Québec solidaire.
Je voudrais aussi remercier de tout coeur Sylvie
Roy, députée d'Arthabaska, et Kathleen Weil, ministre de l'Immigration, de la
Diversité et de l'Inclusion. Donc, merci à toutes les deux d'avoir accepté
d'appuyer... pas seulement d'appuyer la motion, mais d'être conjointes sur la
motion. Les habitués savent qu'il y a une différence entre être conjoint et
simplement donner son consentement. Quand on est conjoint, c'est qu'on souscrit
pleinement aux objectifs d'une motion et à son libellé.
Vous avez entendu le libellé de la motion.
Vous avez peut-être entendu certaines entrevues que j'ai faites sur la
question, donc je n'ai pas l'intention de répéter longuement les motifs qui
nous ont amenés à déposer cette motion ce matin. Je veux cependant insister sur
un point, parce qu'il a été questionné par, entre autres, le Parti québécois, je
voudrais dire pourquoi nous avons tenu à garder le mot «islamophobie» dans une
motion qui, bien sûr, à la fin, condamne sans réserve les appels à la haine et
à la violence contre tous les citoyens du Québec, ce qui veut dire que le
racisme, la haine et la violence, c'est inacceptable à l'égard de qui que ce
soit au Québec. Tout le monde le sait et tout le monde sait que Québec
solidaire est depuis longtemps un parti qui se bat contre la haine et le racisme,
mais là, ce matin, j'ai voulu, oui, que le mot «islamophobie» apparaisse dans
une motion, de la même façon qu'il est arrivé par le passé, lors d'événements
malheureux à l'égard de la communauté juive du Québec, on a été capables de
prononcer le mot et d'écrire le mot «antisémitisme». C'est pour le même genre
de raisons. Les incidents qui se multiplient depuis quelques semaines sont des
incidents qui touchent particulièrement les musulmans du Québec.
L'incident qui est arrivé avant-hier,
l'attaque contre une femme à Montréal, une femme portant le
voile — pas le niqab, le voile — sur la rue est un incident
islamophobe. Alors, comme dans la vie il faut appeler un chat un chat, et en
particulier à l'Assemblée nationale, j'ai voulu que... nous avons voulu que le
mot «islamophobie» apparaisse dans la motion. Mais, bien entendu, tout acte de
violence, tout acte de haine à l'égard de qui que ce soit doit être sanctionné.
Vous vous êtes rendu compte que j'ai tenu
aussi, en déposant la motion et en intervenant, à souligner que les Québécois
sont, pour la plupart, des êtres généreux, des êtres qui ont du coeur. Et, par
exemple, après la publication de la photo du petit garçon mort sur une plage
turque, combien de gens, hein, se sont spontanément portés volontaires pour
parrainer des réfugiés syriens, etc.? Sauf que, quelques semaines plus tard,
débat sur le niqab aidant, débat interminable qui n'en finit plus, et aussi, et
aussi, dans certaines régions, la perspective de l'arrivée de plusieurs
centaines de réfugiés syriens, bien, ça a commencé, tout ça mis ensemble, à
faire en sorte que certains — pas tout le monde, certains — s'expriment
de façon vraiment disgracieuse dans les médias sociaux. Et l'incident
d'avant-hier nous a convaincus, là, de façon décisive que, cette semaine, il
fallait intervenir là-dessus. Ça n'empêchera pas qu'à l'avenir, si des
incidents se produisent à l'égard de toute autre communauté ou toute autre
minorité vulnérable du Québec, évidemment, nous voudrons aussi intervenir.
Mme Roy (Arthabaska)
:
Bien, moi, je... mon expérience comme... Je pense que ça fait un... Je suis la
plus ancienne, pas... je ne dirais pas la... la plus ancienne députée ici. Mon
expérience me dit que, si on n'appelle pas un chat un chat, si on ne nomme pas
les choses, bien, tout le monde est pour la tarte aux pommes, puis on n'a pas
porté de... on n'a pas eu d'effet sur un phénomène qu'on veut voir sinon
enrayé, mais au moins contenu. Donc, je pense que c'est important de décrire ce
à quoi la motion s'adresse. Parce que, si on avait pris juste le dernier paragraphe,
c'est-à-dire condamner «sans réserve les appels à la haine et à la violence
contre tous les citoyens du Québec», ça veut dire quoi? Tout le monde est pour
ça. Si on ne nomme pas les choses précisément, bien, on n'aura pas d'effet. Puis
je pense que c'est important parce que le terreau pourrait devenir de plus en
plus fertile si on n'intervient pas. C'est un peu comme un radeau, ça. Des
fois, on a l'impression que le radeau va s'amener tout seul à la mer, mais, si
on ne rame pas, bien, le radeau dérive, puis on se retrouve sur la berge.
Mais les attaques racistes, c'est la même
chose, il faut toujours intervenir. Puis je suis très triste d'avoir à faire
une motion comme ça aujourd'hui parce que ça veut dire qu'on a à en parler.
J'aurais aimé que ce ne soit pas le phénomène qu'on rencontre dans les médias
et les médias sociaux, mais on est obligés de prendre nos responsabilités.
Mme Weil
: Oui, alors,
au nom du gouvernement, évidemment, ça me faisait plaisir de rajouter notre
voix à cette motion, et je vous dirais qu'à titre de ministre de l'Immigration,
de la Diversité et de l'Inclusion, qui a, évidemment, à gérer beaucoup de ces
dossiers concernant la diversité et certaines tensions sociales qu'on peut
voir, je trouve ça très important, très important. Ça fait plusieurs motions :
avec l'arrivée de PEGIDA ou «pégida», dépendant de la prononciation, on a aussi
fait une motion unanime, et on a fait une autre motion lorsqu'il s'agissait
d'actes très violents contre la communauté juive.
Mais ce qui est rassurant dans ce geste aujourd'hui,
c'est qu'il n'y a pas beaucoup de sociétés où on aurait toutes les formations
politiques qui parlent d'une voix. Pour moi, c'est ça qui est important, ce
message, et c'est rassurant aussi pour les gens qui viennent s'établir ici. Et
ce n'est pas un hasard si les gens choisissent le Québec comme terre d'accueil.
On a une longue histoire d'immigration humanitaire, longue histoire d'ouverture
envers la diversité et une longue histoire de vouloir faire en sorte que les
gens s'intègrent bien avec des programmes d'intégration, de francisation, et
tout ça.
Oui, appeler un chat un chat, moi, j'étais
à l'aise avec ça. Il y a eu des attaques... on a vu des attaques dans le métro,
d'autres attaques contre les femmes, on le voit à Montréal et peut-être dans
d'autres régions aussi. Mais, à chaque fois que ça arrive, une femme voilée, tout
simplement, c'est tellement blessant pour nous tous, et on veut et on doit se
prononcer fortement. Évidemment, les forces policières et les forces de la
sécurité publique font des enquêtes sur ces choses-là, mais que des élus, des
politiciens... Nous sommes des leaders dans la société, on doit se prononcer,
donc j'étais tout à fait à l'aise.
Mais je tiens à réitérer, comme j'ai fait
en Chambre, moi, je suis très émue par le nombre d'appels, le nombre de
conversations que j'ai avec les gens qui veulent participer à cet effort
humanitaire sans précédent, ils sont... bien, sans précédent... il y en a eu
d'autres, mais là on dirait qu'il y a une mobilisation très généralisée des
gens qui veulent aider dans le parrainage, faire des dons. Donc, je vous dirais
que, plus globalement, les Québécois sont exactement où ils ont toujours été,
ils veulent aider, tendre la main, faire en sorte d'aider ces personnes à
choisir le Québec et bien s'intégrer ici. Merci.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
La suite... Vous en avez parlé tout à l'heure, vous avez parlé du débat sur le
niqab, qui n'aide pas. Justement, dans quelle mesure est-ce que ce débat-là
provoque ce genre de gestes?
Mme David (Gouin) : Alors,
moi, je veux d'abord être très claire sur une chose, c'est normal qu'il y ait
un débat sur le port ou non du niqab dans des cérémonies fédérales ou dans
la... au moment de voter, ça n'est pas anormal. Qu'on en parle pendant 15 jours,
que des partis politiques, et particulièrement les conservateurs, finissent par
en faire l'enjeu électoral de tout premier plan en se posant en grands
défenseurs des femmes, là je dis stop parce que le Parti conservateur fédéral n'est
pas un parti défenseur des femmes, et j'aurais beaucoup d'arguments à apporter
en faveur de ce que je dis.
Donc, ce que j'essaie de dire, c'est :
À un moment donné, là, on est en campagne électorale, il reste 15 jours,
est-ce qu'il n'y a pas d'autres sujets qui devraient attirer l'attention de
l'ensemble des Québécois? Les oléoducs, le pont Champlain et le péage que le
Parti conservateur, justement, veut y faire, l'application de la loi 101 aux
entreprises fédérales qui travaillent en terre québécoise, il y a plein de
sujets, là, dont on pourrait débattre et il n'y a pas que le niqab.
Troisièmement, oui, le niqab, oui, ce
débat qui n'en finit plus — c'est ça, son problème, là, c'est... on
se répète, on se répète, on se répète — finit par amener un certain
nombre de gens... ce n'est pas la majorité des Québécois, je suis tout à fait
d'accord avec ma collègue là-dessus, mais ça finit par amener un certain nombre
de gens à se dire : Niqab, djihad, radicalisation, imam, islam, c'est tout
pareil. Bien non, ce n'est pas tout pareil. Et l'immense majorité de nos
compatriotes québécois qui pratiquent la confession musulmane détestent le
niqab, détestent le conservatisme religieux, détestent le radicalisme, et
veulent juste vivre en paix au Québec. Alors, ça, ça me fait plaisir de le dire
encore une fois, et c'est très important.
Donc, je nous invite à continuer les
débats nécessaires sur le vivre-ensemble, sur la manière de vivre nos valeurs
québécoises tout le monde ensemble quelle que soit notre origine ou notre
religion, mais calmement, et qu'on cesse de vouloir utiliser quelques femmes,
en fait, en termes d'enjeu électoral majeur, ça finit par être indécent.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Mais, si je vous comprends bien, le niqab, le débat sur le niqab, à l'heure
actuelle, n'est pas étranger à ce geste-là?
Mme David (Gouin) : Ah! bien,
c'est très clair. Vous n'avez qu'à lire des commentaires dans les médias
sociaux, ça ne saurait être plus clair. Mais le problème, c'est que les gens
dans les médias sociaux ne parlent pas que de niqab. On parle du niqab, puis
après ça on s'en va à l'Arabe, le musulman, etc. Je vous invite, vous qui avez
l'habitude des médias sociaux, à aller juste prendre une demi-heure pour
constater tout ce qui se dit et tous les amalgames qui sont faits.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce que vous êtes d'accord, Mme la ministre?
Mme Weil
: Bien, je
dois vous dire qu'on le voyait beaucoup dans le débat sur les accommodements raisonnables,
donc ça revient. Ça revient de temps en temps. Il y a... Et c'est pour ça que c'était
tellement important pour les politiciens de faire en sorte de mener des débats
sereinement avec une prise de conscience, évidemment, de l'opinion publique, qu'est-ce
qui est raisonnable, où est, comment dire, l'équilibre dans une société démocratique,
le respect des droits et libertés d'une part, mais aussi certains consensus qui
sont le gros bon sens.
Moi, j'avais déposé le projet de loi
n° 94 en 2010. J'avais senti ce consensus, les services donnés et reçus à
visage découvert pour des raisons, moi, pas de religion, mais pour des raisons
très pragmatiques, de communication, de sécurité et d'identification. Ça avait
eu un appui à 95 %. Les gens trouvaient ça raisonnable. J'ai eu tellement
de discussions avec des gens qui n'étaient pas du tout des racistes, ils
étaient tout simplement las. Mais tout ça pour vous dire qu'il y aura toujours
quelque chose qui peut allumer ces débats-là. On n'est pas la seule société à
avoir ces débats. Vous allez voir sur les réseaux sociaux dans le monde entier,
et tout le monde discute. Le déclencheur, ça a été cette
crise — selon moi, là, ce que j'ai vécu, parce que je l'ai vécu avant
le débat sur le niqab, qui est plus ponctuel — la crise des migrants.
Moi, je le suis depuis quelques mois, ce dossier-là, même quelques années.
J'étais là en 2011 quand on a fermé le bureau à Damas. J'étais très
sensibilisée à ce dossier-là et j'étais très en action pour qu'on admette plus
de réfugiés syriens. Et c'est pour ça qu'on a... on contribue à 60 % de
l'effort canadien, actuellement. C'est parce qu'on était là en action depuis de
début.
Tout ça pour dire que, oui, il y a ce
débat-là qui vient déséquilibrer, finalement, l'opinion publique. Et c'est pour
ça que j'étais très contente qu'on fasse cette motion parce que, là, on est des
élus de différentes formations et en tant qu'élus — et cette responsabilité
qui nous incombe — on est en train de dire à tout le monde : On
peut vivre sereinement, faisons la part des choses, et on peut mener ce débat
convenablement.
M. Croteau (Martin)
:
Mme David, Mme Weil, qu'est-ce que vous pensez du fait que le Parti
québécois et la Coalition avenir Québec aient voulu retirer les références à
l'islamophobie du texte de la motion?
Mme David (Gouin) : Il
faudrait leur demander. Oui, ils ont... le Parti québécois en particulier,
parce qu'il n'y a pas eu beaucoup de discussions de contenu avec la CAQ, mais
le Parti québécois voulait effectivement retirer toute référence à
l'islamophobie. Pourquoi? Bien, vous le demanderez au Parti québécois. Moi, ce
que je peux vous dire, c'est que nous avons refusé de l'enlever pour une raison
fort simple : cette semaine, particulièrement avec l'incident vraiment
grave qui s'est passé à l'égard d'une femme musulmane à Montréal, bien, c'est
de ça qu'il faut parler. Si, une autre semaine, un incident malheureux touche
une personne d'une autre communauté, nous parlerons de cette communauté.
Sylvie disait à un moment donné : Les
motions trop vagues, c'est comme la tarte aux pommes, tout le monde aime ça,
mais c'est important de nommer les choses. Moi, je pense que, oui, et donc,
non, je n'ai pas accepté que le mot soit retiré.
M. Croteau (Martin)
:
Mais comment vous expliquez la réticence du PQ et de la CAQ à l'égard de ce mot
précis?
Mme David (Gouin) : Il faut
leur demander, je ne peux répondre à leur place.
M. Croteau (Martin)
:
Mme Weil, qu'est-ce que vous pensez de ça?
Mme Weil
: Moi, tout ce
que je vous dirais, notre première réaction, notre formation, parce qu'on a
eu... on a fait des motions contre l'antisémitisme aussi et donc on voulait ça
plus large. Mais, moi, personnellement je n'avais aucun problème à ce qu'on
nomme un chat un chat, parce que c'est, finalement, ça, c'est cette crise des
réfugiés syriens qui déclenche ça. Bon. Alors, moi, je n'avais pas de problème
avec ça, surtout avec l'acte de violence qu'on a vu il y a quelques jours, donc
les propos sont... Donc, je n'ai aucun problème avec ça, mais c'est sûr que,
demain, ça pourrait être une autre communauté qui est ciblée, donc je n'en faisais
pas un point de principe.
M. Croteau (Martin)
: Le
résultat du vote est unanime. Avez-vous vraiment le sentiment que l'Assemblée
nationale est unanime pour condamner l'islamophobie?
Mme Weil
: Oui.
Mme David (Gouin) : Alors, ma
collègue dit oui, disons que je me permettrai peut-être une petite nuance. J'ai
senti, dans le cas des deux collègues qui sont ici, un appui du fond du coeur
et très, très senti. De la part des deux autres formations politiques, il y a
un appui, certes, et, au vote par appel nominal, tout le monde s'est levé.
Mais, si vous avez écouté leurs interventions, disons, je dirais que ce n'était
pas entièrement de bon coeur. Moi, je pense, honnêtement... d'ailleurs,
bon, le représentant du Parti québécois l'a dit, ils auraient préféré qu'on
retire le mot «islamophobie». Pourquoi? Je vous suggère d'aller les voir. Mais
est-ce que c'est complètement étranger — j'ose poser la
question — au fait qu'en ce moment — puis c'est justement
ça, le problème — il y a en ce moment une espèce de vent, hein, une
espèce de courant d'air un peu trop fort, là, qui se permet de dire bien des
choses sur l'islam, sur les musulmans, sur le niqab?
Comprenez-moi bien, je ne dis pas du tout
que Maka Kotto, les gens du Parti québécois sont islamophobes, là. Sous la
torture, je ne dirais pas ça. Je dis simplement que, parfois, peut-être, quand
on veut faire un petit peu plaisir à ce qui semble être l'opinion publique,
peut-être qu'on laisse de côté certains principes. Et moi, je pense que là
aujourd'hui on doit être, tout le monde... malgré toutes les discussions qu'on
peut avoir par ailleurs, hein, sur le port du voile dans les services publics
puis sur le port du niqab, etc., il faut qu'il y ait quelque chose qui nous
unisse. Et ça, je pense que ça nous unit, là, quand même, tout le monde, c'est
le rejet de la haine, le rejet des actes de violence et des discours haineux à
l'égard des personnes, qu'elles soient musulmanes, qu'elles soient homosexuelles,
qu'elles soient Noires, etc. Ça, là-dessus, je pense vraiment qu'on est tous d'accord,
vraiment.
Le Modérateur
: Merci.
Est-ce qu'on a des questions en anglais?
M. Hicks (Ryan) : Do you think that, even though it was voted unanimously, based on the
fact that the CAQ and the PQ wanted the word «islamophobia» removed, that this
really was unanimous?
Mme David (Gouin) :
The CAQ didn't ask us to remove that word. The PQ, yes, they asked us. So,
their vote is… is their vote a real vote and is it real unanimity? Yes, because
they voted one by one for the motion, but you heard as me the problems the PQ
had with the motion. You just have to listen to them. They have some
difficulties. And, yes, I think… Là, je perds mes verbes… It was difficult for
them to accept to have a real statement on islamophobia. It was difficult, but
finally they said yes, and I appreciate that.
M. Hicks (Ryan) :
Minister Weil, what do you think it says about the climate in Québec right now
that you even had to have this motion?
Mme Weil
:
Well, it's not a new climate. I was Minister of Justice before, I had this
file, I've been Minister of Immigration before. I think every Minister of
Immigration is sensitive to these issues. We see it whenever there is a crisis,
we read what's going on in the world, we see the same
comments in other jurisdictions, we see the same comments in other parts of Canada, we see it in the U.S. You know, you
just have to be connected to the Internet and you see it.
I think what's important is that governments and elected officials, people who represent the people, who
represent a society that
respects the rights and liberties of its citizens, that respects the foundation
of a democracy, they act responsibly when these things happen. And I think this
was a gesture of responsibility and it's a gesture to reassure people, reassure
Quebeckers, but reassure newcomers
and people who perhaps came a few generations ago, that we're going to keep a
steady hand on making sure that we remain an inclusive society and we are there to protect minority rights and to protect their
freedom of religion, freedom of expression as well. There is another debate
going on concerning Bill59,
and that's what it is to be… that's what it is to respect the rule of law.
So, I'm very, very pleased.
And I know the motion was brought by my colleague Françoise
David, and it's this very personal note that I would
like to add, is : It's really great for me, as Minister
of Immigration, to have a colleague like Françoise David, we're both
Montrealers, and to have Sylvie with… I couldn't resist the invitation. When
they asked me to join them, I couldn't resist the invitation because… anyhow.
Mme Plante (Caroline)
:
What do you think of the debate around the niqab? And why do you feel the need,
Mrs. David, to tell everyone to calm down?
Mme David (Gouin) :
Oh! O.K., je pensais que c'était… She speaks a so good English.
Mme Plante (Caroline)
:
You started last night, you know, saying to people : Calm down.
Mme David (Gouin) :
Yes, I know, I know. I will simply add that, you know, when you read in social…
Comment on dit ça, «les médias sociaux» en anglais?
Mme Weil
:
Social media.
Mme David (Gouin) :
Merci. When you read into social medias, many sentences and you see many images
who really are racist and islamophobe, «en tout cas», for myself, I react, you
know, it's…
Mme Weil
:
Spontaneous.
Mme David (Gouin) :
Yes, thank you. And, second, this week, this woman who was attacked by people who
want to take her veil… I can't just, you know, sit in my home and say :
Bof! There's no problem there. It's impossible for me. And I would say… and I
would act exactly the same way if other people from other communities or
homosexual… every people who live, who — voyons, subissent…
Une voix
:
Experience.
Mme Weil
:
Victims.
Mme David (Gouin) :
…thank you — experience that kind of attack.
Mme Plante (Caroline)
:
Do you think it's derailing the federal election campaign? Do you think, essentially,
the niqab issue is a non-issue and it's derailing the election campaign?
Mme David (Gouin) :
I don't say that. I said many times : Yes, it's an issue, but, two weeks
later, I think the debate is enough. We debate enough around that. We have many
other things to debate. We have two weeks more, please debate on environment,
on social justice, on refugees, many things, you know,
culture, French language. We have so much to do, unemployment insurance… so, I
think, on the niqab, the debate is finished, I think.
M. Verville
(Jean-Vincent) : …require that people that
want to assist to a citizenship should do it… we should see their face. So, why
should it be different for people wearing niqabs?
Mme Weil
: I beg your pardon? Oui, bien, en français.
M. Verville
(Jean-Vincent) : The Canadian law... No, I
want it in English. The Canadian laws are saying that people that are required
to assist to citizenship should…
Mme Weil
: Yes, those who assist the ceremony...
M. Verville
(Jean-Vincent) : Yes, we should see their
face.
Mme Weil
: There was a motion that we adopted the other day.
M. Verville
(Jean-Vincent) : So why should it be
different…
Mme Weil
: Well, essentially, we've taken position, in Québec, it's been a unanimous position. We
framed it in terms of communication, identification and security, so in terms
of government services. Obviously, that would extend to a ceremony… We
understand all the legal issues, but we intentionally don't want to intervene
in the current debate around the elections. But I think the position of Quebeckers, and it's often sided by all the
leaders… in fact, that Quebeckers and the elected officials have taken a unanimous position on this
issue.
M. Croteau
(Martin)
: Mme Weil, un commentaire sur les réfugiés qui
traversent la frontière à Dundee, en Montérégie? Que savez-vous de cette
filière? Est-ce que c'est une route établie? Est-ce que c'est préoccupant...
Mme Weil
: Je vais
écouter...
La Modératrice
: On a
dit qu'on ne prenait pas de question sur d'autres sujets.
Mme Weil
: Je pourrais
vous parler après.
M. Croteau (Martin)
:
Je peux vous parler à l'extérieur?
La Modératrice
: Mme
David doit absolument quitter.
Une voix
: Je vous en
prie.
Mme David (Gouin) : Merci
beaucoup.
Mme Weil
: Merci.
La Modératrice
: Peut-être
que Mme Weil peut continuer ici, d'abord.
Mme Weil
: O.K. Juste quelques
minutes, là, sur cette question. Oui?
M. Croteau (Martin)
: C'est
ça, on comprend qu'il y a des réfugiés iraquiens qui traversent la frontière et
qui rentrent, là. Ça en fait une quinzaine depuis un mois, et ils passent tous
par le même corridor, à Dundee. Que savez-vous de cette filière et à quel point
c'est préoccupant pour vous?
Mme Weil
: Premièrement,
c'est sûr que ce n'est pas la façon de rentrer dans un pays, c'est illégal.
Donc, vous savez que c'est de compétence fédérale. Tout de suite la police est
intervenue, et c'est maintenant Citoyenneté et Immigration Canada qui a le
dossier. Et, pour régulariser la situation, donc, soit qu'a priori ils
seront... leurs demandes seront recevables, mais c'est vraiment dans la cour du
gouvernement fédéral. Et il y a des procédures à suivre, et ce n'était pas la
façon de fonctionner.
Moi, j'ai demandé un état de situation,
parce que j'ai lu l'article comme vous. C'est un volume quand même... C'était
surprenant, hein? Je pense qu'on était tous surpris de voir le volume de
personnes qui rentrent, surtout de ces pays-là. Il y a d'autres pays qui, au
fil des années... Ça a toujours existé, ce phénomène, mais on voit le lien avec
la crise au Moyen-Orient. Donc, j'ai demandé un état de situation. Tout ce
qu'on peut faire, c'est que le MIDI, qui est en lien directement avec CIC
quotidiennement sur toutes sortes d'enjeux... parce que ce qui se passe sur
notre territoire, évidemment, est tributaire des services transfrontaliers et
de CIC, donc je pourrai vous revenir quand j'aurai une meilleure image de la situation.
M. Croteau (Martin)
: Mais
a priori, c'est préoccupant aujourd'hui? Comment vous qualifiez cette
situation?
Mme Weil
: Bien, il
faut dire que les autorités fédérales ont tout de suite pris en charge la
situation, comme ils ont toujours fait. Ce n'est pas un phénomène nouveau, mais
c'est pour ça qu'il faut voir c'est quoi, le phénomène exactement. Il y a eu
cet article, mais est-ce qu'il y a... le volume est en croissance? Est-ce que
le volume est en croissance de ce coin du monde? C'est ça qu'il faut voir.
M. Croteau (Martin)
:
Est-ce qu'on a affaire, à vos yeux... Est-ce que ça semble être une filière
organisée à laquelle on a affaire ou une nouvelle filière?
Mme Weil
: Je ne
voudrais pas me prononcer là-dessus, c'est pour ça qu'on a demandé un état de
situation.
Le Modérateur
:
Dernière question s'il vous plaît.
Mme Johnson (Maya)
: If you could just respond to that same issue in
English. How concerned are you to hear about this?
Mme Weil
:
Well, I'd say I was initially surprised to see it because it's not the usual
way… In fact, we've had Iraqis that have come in over the years and Syrians and
they've either been through sponsorship or… sponsorship by the State or by a
group of citizens or organizations. That's been the usual way. It's unusual to
see them coming through the border and it's not the right way. It's illegal, in
fact, to come in that way. So, somehow they're getting advice that this is the
best way to go. So, that's in the hands of the federal authorities. They took
charge of the situation immediately, as you saw in the article, so we've asked
to have a sort of… information. I've asked my Ministry to give me some
information or report on what they may be able to find out from CIC,
Citizenship and Immigration Canada, that's right, and so we may be able to know
a little bit more. I think what we need to look at is the volume, now. In this
case, what we found out is they weren't even destined for Québec, they were
destined for Toronto. So we need to get a better sense of the situation. No
State, be it federal State or province, likes to see people coming in illegally
through their borders, right? So you have border guards, you have borders and
you have to come into a country legally. So, obviously for the Canadian Government
that's a preoccupation, but it's not a new phenomenon, it's always happened.
Every State sees that from time to time and, over the years, there are
different movements. So, we want to get a sense of what their opinion is, what is their assessment of the situation.
Une voix
:
Merci, merci beaucoup.
Journaliste
: Étiez-vous
en mesure de nous faire un état de situation aujourd'hui ou ça va aller à...
Mme Weil
: Je ne pense
pas que ça sera aujourd'hui. Peut-être sur l'heure... demain, là, ou... c'est
sûr que la semaine prochaine... parce qu'on se reverra mardi, hein, c'est ça?
Une voix
: Nous serons
là. Merci, merci à vous.
(Fin à 12 h 9)