To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, Mme Sylvie Roy, députée d'Arthabaska, et Mme Kathleen Weil, ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, Mme Sylvie Roy, députée d'Arthabaska, et Mme Kathleen Weil, ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion

Version finale

Thursday, October 1, 2015, 11 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quarante et une minutes)

Mme David (Gouin) : Alors, mesdames messieurs, bonjour. Je veux simplement indiquer que je suis très heureuse du vote qui a été pris à l'unanimité à l'Assemblée nationale, un vote par appel nominal, un vote en faveur de la motion que j'ai eu l'honneur de déposer au nom de Québec solidaire.

Je voudrais aussi remercier de tout coeur Sylvie Roy, députée d'Arthabaska, et Kathleen Weil, ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion. Donc, merci à toutes les deux d'avoir accepté d'appuyer... pas seulement d'appuyer la motion, mais d'être conjointes sur la motion. Les habitués savent qu'il y a une différence entre être conjoint et simplement donner son consentement. Quand on est conjoint, c'est qu'on souscrit pleinement aux objectifs d'une motion et à son libellé.

Vous avez entendu le libellé de la motion. Vous avez peut-être entendu certaines entrevues que j'ai faites sur la question, donc je n'ai pas l'intention de répéter longuement les motifs qui nous ont amenés à déposer cette motion ce matin. Je veux cependant insister sur un point, parce qu'il a été questionné par, entre autres, le Parti québécois, je voudrais dire pourquoi nous avons tenu à garder le mot «islamophobie» dans une motion qui, bien sûr, à la fin, condamne sans réserve les appels à la haine et à la violence contre tous les citoyens du Québec, ce qui veut dire que le racisme, la haine et la violence, c'est inacceptable à l'égard de qui que ce soit au Québec. Tout le monde le sait et tout le monde sait que Québec solidaire est depuis longtemps un parti qui se bat contre la haine et le racisme, mais là, ce matin, j'ai voulu, oui, que le mot «islamophobie» apparaisse dans une motion, de la même façon qu'il est arrivé par le passé, lors d'événements malheureux à l'égard de la communauté juive du Québec, on a été capables de prononcer le mot et d'écrire le mot «antisémitisme». C'est pour le même genre de raisons. Les incidents qui se multiplient depuis quelques semaines sont des incidents qui touchent particulièrement les musulmans du Québec.

L'incident qui est arrivé avant-hier, l'attaque contre une femme à Montréal, une femme portant le voile — pas le niqab, le voile — sur la rue est un incident islamophobe. Alors, comme dans la vie il faut appeler un chat un chat, et en particulier à l'Assemblée nationale, j'ai voulu que... nous avons voulu que le mot «islamophobie» apparaisse dans la motion. Mais, bien entendu, tout acte de violence, tout acte de haine à l'égard de qui que ce soit doit être sanctionné.

Vous vous êtes rendu compte que j'ai tenu aussi, en déposant la motion et en intervenant, à souligner que les Québécois sont, pour la plupart, des êtres généreux, des êtres qui ont du coeur. Et, par exemple, après la publication de la photo du petit garçon mort sur une plage turque, combien de gens, hein, se sont spontanément portés volontaires pour parrainer des réfugiés syriens, etc.? Sauf que, quelques semaines plus tard, débat sur le niqab aidant, débat interminable qui n'en finit plus, et aussi, et aussi, dans certaines régions, la perspective de l'arrivée de plusieurs centaines de réfugiés syriens, bien, ça a commencé, tout ça mis ensemble, à faire en sorte que certains — pas tout le monde, certains — s'expriment de façon vraiment disgracieuse dans les médias sociaux. Et l'incident d'avant-hier nous a convaincus, là, de façon décisive que, cette semaine, il fallait intervenir là-dessus. Ça n'empêchera pas qu'à l'avenir, si des incidents se produisent à l'égard de toute autre communauté ou toute autre minorité vulnérable du Québec, évidemment, nous voudrons aussi intervenir.

Mme Roy (Arthabaska) : Bien, moi, je... mon expérience comme... Je pense que ça fait un... Je suis la plus ancienne, pas... je ne dirais pas la... la plus ancienne députée ici. Mon expérience me dit que, si on n'appelle pas un chat un chat, si on ne nomme pas les choses, bien, tout le monde est pour la tarte aux pommes, puis on n'a pas porté de... on n'a pas eu d'effet sur un phénomène qu'on veut voir sinon enrayé, mais au moins contenu. Donc, je pense que c'est important de décrire ce à quoi la motion s'adresse. Parce que, si on avait pris juste le dernier paragraphe, c'est-à-dire condamner «sans réserve les appels à la haine et à la violence contre tous les citoyens du Québec», ça veut dire quoi? Tout le monde est pour ça. Si on ne nomme pas les choses précisément, bien, on n'aura pas d'effet. Puis je pense que c'est important parce que le terreau pourrait devenir de plus en plus fertile si on n'intervient pas. C'est un peu comme un radeau, ça. Des fois, on a l'impression que le radeau va s'amener tout seul à la mer, mais, si on ne rame pas, bien, le radeau dérive, puis on se retrouve sur la berge.

Mais les attaques racistes, c'est la même chose, il faut toujours intervenir. Puis je suis très triste d'avoir à faire une motion comme ça aujourd'hui parce que ça veut dire qu'on a à en parler. J'aurais aimé que ce ne soit pas le phénomène qu'on rencontre dans les médias et les médias sociaux, mais on est obligés de prendre nos responsabilités.

Mme Weil : Oui, alors, au nom du gouvernement, évidemment, ça me faisait plaisir de rajouter notre voix à cette motion, et je vous dirais qu'à titre de ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, qui a, évidemment, à gérer beaucoup de ces dossiers concernant la diversité et certaines tensions sociales qu'on peut voir, je trouve ça très important, très important. Ça fait plusieurs motions : avec l'arrivée de PEGIDA ou «pégida», dépendant de la prononciation, on a aussi fait une motion unanime, et on a fait une autre motion lorsqu'il s'agissait d'actes très violents contre la communauté juive.

Mais ce qui est rassurant dans ce geste aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de sociétés où on aurait toutes les formations politiques qui parlent d'une voix. Pour moi, c'est ça qui est important, ce message, et c'est rassurant aussi pour les gens qui viennent s'établir ici. Et ce n'est pas un hasard si les gens choisissent le Québec comme terre d'accueil. On a une longue histoire d'immigration humanitaire, longue histoire d'ouverture envers la diversité et une longue histoire de vouloir faire en sorte que les gens s'intègrent bien avec des programmes d'intégration, de francisation, et tout ça.

Oui, appeler un chat un chat, moi, j'étais à l'aise avec ça. Il y a eu des attaques... on a vu des attaques dans le métro, d'autres attaques contre les femmes, on le voit à Montréal et peut-être dans d'autres régions aussi. Mais, à chaque fois que ça arrive, une femme voilée, tout simplement, c'est tellement blessant pour nous tous, et on veut et on doit se prononcer fortement. Évidemment, les forces policières et les forces de la sécurité publique font des enquêtes sur ces choses-là, mais que des élus, des politiciens... Nous sommes des leaders dans la société, on doit se prononcer, donc j'étais tout à fait à l'aise.

Mais je tiens à réitérer, comme j'ai fait en Chambre, moi, je suis très émue par le nombre d'appels, le nombre de conversations que j'ai avec les gens qui veulent participer à cet effort humanitaire sans précédent, ils sont... bien, sans précédent... il y en a eu d'autres, mais là on dirait qu'il y a une mobilisation très généralisée des gens qui veulent aider dans le parrainage, faire des dons. Donc, je vous dirais que, plus globalement, les Québécois sont exactement où ils ont toujours été, ils veulent aider, tendre la main, faire en sorte d'aider ces personnes à choisir le Québec et bien s'intégrer ici. Merci.

Mme Lajoie (Geneviève) : La suite... Vous en avez parlé tout à l'heure, vous avez parlé du débat sur le niqab, qui n'aide pas. Justement, dans quelle mesure est-ce que ce débat-là provoque ce genre de gestes?

Mme David (Gouin) : Alors, moi, je veux d'abord être très claire sur une chose, c'est normal qu'il y ait un débat sur le port ou non du niqab dans des cérémonies fédérales ou dans la... au moment de voter, ça n'est pas anormal. Qu'on en parle pendant 15 jours, que des partis politiques, et particulièrement les conservateurs, finissent par en faire l'enjeu électoral de tout premier plan en se posant en grands défenseurs des femmes, là je dis stop parce que le Parti conservateur fédéral n'est pas un parti défenseur des femmes, et j'aurais beaucoup d'arguments à apporter en faveur de ce que je dis.

Donc, ce que j'essaie de dire, c'est : À un moment donné, là, on est en campagne électorale, il reste 15 jours, est-ce qu'il n'y a pas d'autres sujets qui devraient attirer l'attention de l'ensemble des Québécois? Les oléoducs, le pont Champlain et le péage que le Parti conservateur, justement, veut y faire, l'application de la loi 101 aux entreprises fédérales qui travaillent en terre québécoise, il y a plein de sujets, là, dont on pourrait débattre et il n'y a pas que le niqab.

Troisièmement, oui, le niqab, oui, ce débat qui n'en finit plus — c'est ça, son problème, là, c'est... on se répète, on se répète, on se répète — finit par amener un certain nombre de gens... ce n'est pas la majorité des Québécois, je suis tout à fait d'accord avec ma collègue là-dessus, mais ça finit par amener un certain nombre de gens à se dire : Niqab, djihad, radicalisation, imam, islam, c'est tout pareil. Bien non, ce n'est pas tout pareil. Et l'immense majorité de nos compatriotes québécois qui pratiquent la confession musulmane détestent le niqab, détestent le conservatisme religieux, détestent le radicalisme, et veulent juste vivre en paix au Québec. Alors, ça, ça me fait plaisir de le dire encore une fois, et c'est très important.

Donc, je nous invite à continuer les débats nécessaires sur le vivre-ensemble, sur la manière de vivre nos valeurs québécoises tout le monde ensemble quelle que soit notre origine ou notre religion, mais calmement, et qu'on cesse de vouloir utiliser quelques femmes, en fait, en termes d'enjeu électoral majeur, ça finit par être indécent.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais, si je vous comprends bien, le niqab, le débat sur le niqab, à l'heure actuelle, n'est pas étranger à ce geste-là?

Mme David (Gouin) : Ah! bien, c'est très clair. Vous n'avez qu'à lire des commentaires dans les médias sociaux, ça ne saurait être plus clair. Mais le problème, c'est que les gens dans les médias sociaux ne parlent pas que de niqab. On parle du niqab, puis après ça on s'en va à l'Arabe, le musulman, etc. Je vous invite, vous qui avez l'habitude des médias sociaux, à aller juste prendre une demi-heure pour constater tout ce qui se dit et tous les amalgames qui sont faits.

Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce que vous êtes d'accord, Mme la ministre?

Mme Weil : Bien, je dois vous dire qu'on le voyait beaucoup dans le débat sur les accommodements raisonnables, donc ça revient. Ça revient de temps en temps. Il y a... Et c'est pour ça que c'était tellement important pour les politiciens de faire en sorte de mener des débats sereinement avec une prise de conscience, évidemment, de l'opinion publique, qu'est-ce qui est raisonnable, où est, comment dire, l'équilibre dans une société démocratique, le respect des droits et libertés d'une part, mais aussi certains consensus qui sont le gros bon sens.

Moi, j'avais déposé le projet de loi n° 94 en 2010. J'avais senti ce consensus, les services donnés et reçus à visage découvert pour des raisons, moi, pas de religion, mais pour des raisons très pragmatiques, de communication, de sécurité et d'identification. Ça avait eu un appui à 95 %. Les gens trouvaient ça raisonnable. J'ai eu tellement de discussions avec des gens qui n'étaient pas du tout des racistes, ils étaient tout simplement las. Mais tout ça pour vous dire qu'il y aura toujours quelque chose qui peut allumer ces débats-là. On n'est pas la seule société à avoir ces débats. Vous allez voir sur les réseaux sociaux dans le monde entier, et tout le monde discute. Le déclencheur, ça a été cette crise — selon moi, là, ce que j'ai vécu, parce que je l'ai vécu avant le débat sur le niqab, qui est plus ponctuel — la crise des migrants. Moi, je le suis depuis quelques mois, ce dossier-là, même quelques années. J'étais là en 2011 quand on a fermé le bureau à Damas. J'étais très sensibilisée à ce dossier-là et j'étais très en action pour qu'on admette plus de réfugiés syriens. Et c'est pour ça qu'on a... on contribue à 60 % de l'effort canadien, actuellement. C'est parce qu'on était là en action depuis de début.

Tout ça pour dire que, oui, il y a ce débat-là qui vient déséquilibrer, finalement, l'opinion publique. Et c'est pour ça que j'étais très contente qu'on fasse cette motion parce que, là, on est des élus de différentes formations et en tant qu'élus — et cette responsabilité qui nous incombe — on est en train de dire à tout le monde : On peut vivre sereinement, faisons la part des choses, et on peut mener ce débat convenablement.

M. Croteau (Martin) : Mme David, Mme Weil, qu'est-ce que vous pensez du fait que le Parti québécois et la Coalition avenir Québec aient voulu retirer les références à l'islamophobie du texte de la motion?

Mme David (Gouin) : Il faudrait leur demander. Oui, ils ont... le Parti québécois en particulier, parce qu'il n'y a pas eu beaucoup de discussions de contenu avec la CAQ, mais le Parti québécois voulait effectivement retirer toute référence à l'islamophobie. Pourquoi? Bien, vous le demanderez au Parti québécois. Moi, ce que je peux vous dire, c'est que nous avons refusé de l'enlever pour une raison fort simple : cette semaine, particulièrement avec l'incident vraiment grave qui s'est passé à l'égard d'une femme musulmane à Montréal, bien, c'est de ça qu'il faut parler. Si, une autre semaine, un incident malheureux touche une personne d'une autre communauté, nous parlerons de cette communauté.

Sylvie disait à un moment donné : Les motions trop vagues, c'est comme la tarte aux pommes, tout le monde aime ça, mais c'est important de nommer les choses. Moi, je pense que, oui, et donc, non, je n'ai pas accepté que le mot soit retiré.

M. Croteau (Martin) : Mais comment vous expliquez la réticence du PQ et de la CAQ à l'égard de ce mot précis?

Mme David (Gouin) : Il faut leur demander, je ne peux répondre à leur place.

M. Croteau (Martin) : Mme Weil, qu'est-ce que vous pensez de ça?

Mme Weil : Moi, tout ce que je vous dirais, notre première réaction, notre formation, parce qu'on a eu... on a fait des motions contre l'antisémitisme aussi et donc on voulait ça plus large. Mais, moi, personnellement je n'avais aucun problème à ce qu'on nomme un chat un chat, parce que c'est, finalement, ça, c'est cette crise des réfugiés syriens qui déclenche ça. Bon. Alors, moi, je n'avais pas de problème avec ça, surtout avec l'acte de violence qu'on a vu il y a quelques jours, donc les propos sont... Donc, je n'ai aucun problème avec ça, mais c'est sûr que, demain, ça pourrait être une autre communauté qui est ciblée, donc je n'en faisais pas un point de principe.

M. Croteau (Martin) : Le résultat du vote est unanime. Avez-vous vraiment le sentiment que l'Assemblée nationale est unanime pour condamner l'islamophobie?

Mme Weil : Oui.

Mme David (Gouin) : Alors, ma collègue dit oui, disons que je me permettrai peut-être une petite nuance. J'ai senti, dans le cas des deux collègues qui sont ici, un appui du fond du coeur et très, très senti. De la part des deux autres formations politiques, il y a un appui, certes, et, au vote par appel nominal, tout le monde s'est levé. Mais, si vous avez écouté leurs interventions, disons, je dirais que ce n'était pas entièrement de bon coeur. Moi, je pense, honnêtement... d'ailleurs, bon, le représentant du Parti québécois l'a dit, ils auraient préféré qu'on retire le mot «islamophobie». Pourquoi? Je vous suggère d'aller les voir. Mais est-ce que c'est complètement étranger — j'ose poser la question — au fait qu'en ce moment — puis c'est justement ça, le problème — il y a en ce moment une espèce de vent, hein, une espèce de courant d'air un peu trop fort, là, qui se permet de dire bien des choses sur l'islam, sur les musulmans, sur le niqab?

Comprenez-moi bien, je ne dis pas du tout que Maka Kotto, les gens du Parti québécois sont islamophobes, là. Sous la torture, je ne dirais pas ça. Je dis simplement que, parfois, peut-être, quand on veut faire un petit peu plaisir à ce qui semble être l'opinion publique, peut-être qu'on laisse de côté certains principes. Et moi, je pense que là aujourd'hui on doit être, tout le monde... malgré toutes les discussions qu'on peut avoir par ailleurs, hein, sur le port du voile dans les services publics puis sur le port du niqab, etc., il faut qu'il y ait quelque chose qui nous unisse. Et ça, je pense que ça nous unit, là, quand même, tout le monde, c'est le rejet de la haine, le rejet des actes de violence et des discours haineux à l'égard des personnes, qu'elles soient musulmanes, qu'elles soient homosexuelles, qu'elles soient Noires, etc. Ça, là-dessus, je pense vraiment qu'on est tous d'accord, vraiment.

Le Modérateur : Merci. Est-ce qu'on a des questions en anglais?

M. Hicks (Ryan) : Do you think that, even though it was voted unanimously, based on the fact that the CAQ and the PQ wanted the word «islamophobia» removed, that this really was unanimous?

Mme David (Gouin) : The CAQ didn't ask us to remove that word. The PQ, yes, they asked us. So, their vote is… is their vote a real vote and is it real unanimity? Yes, because they voted one by one for the motion, but you heard as me the problems the PQ had with the motion. You just have to listen to them. They have some difficulties. And, yes, I think… Là, je perds mes verbes… It was difficult for them to accept to have a real statement on islamophobia. It was difficult, but finally they said yes, and I appreciate that.

M. Hicks (Ryan) : Minister Weil, what do you think it says about the climate in Québec right now that you even had to have this motion?

Mme Weil : Well, it's not a new climate. I was Minister of Justice before, I had this file, I've been Minister of Immigration before. I think every Minister of Immigration is sensitive to these issues. We see it whenever there is a crisis, we read what's going on in the world, we see the same comments in other jurisdictions, we see the same comments in other parts of Canada, we see it in the U.S. You know, you just have to be connected to the Internet and you see it.

I think what's important is that governments and elected officials, people who represent the people, who represent a society that respects the rights and liberties of its citizens, that respects the foundation of a democracy, they act responsibly when these things happen. And I think this was a gesture of responsibility and it's a gesture to reassure people, reassure Quebeckers, but reassure newcomers and people who perhaps came a few generations ago, that we're going to keep a steady hand on making sure that we remain an inclusive society and we are there to protect minority rights and to protect their freedom of religion, freedom of expression as well. There is another debate going on concerning Bill59, and that's what it is to be… that's what it is to respect the rule of law.

So, I'm very, very pleased. And I know the motion was brought by my colleague Françoise David, and it's this very personal note that I would like to add, is : It's really great for me, as Minister of Immigration, to have a colleague like Françoise David, we're both Montrealers, and to have Sylvie with… I couldn't resist the invitation. When they asked me to join them, I couldn't resist the invitation because… anyhow.

Mme Plante (Caroline) : What do you think of the debate around the niqab? And why do you feel the need, Mrs. David, to tell everyone to calm down?

Mme David (Gouin) : Oh! O.K., je pensais que c'était… She speaks a so good English.

Mme Plante (Caroline) : You started last night, you know, saying to people : Calm down.

Mme David (Gouin) : Yes, I know, I know. I will simply add that, you know, when you read in social… Comment on dit ça, «les médias sociaux» en anglais?

Mme Weil : Social media.

Mme David (Gouin) : Merci. When you read into social medias, many sentences and you see many images who really are racist and islamophobe, «en tout cas», for myself, I react, you know, it's…

Mme Weil : Spontaneous.

Mme David (Gouin) : Yes, thank you. And, second, this week, this woman who was attacked by people who want to take her veil… I can't just, you know, sit in my home and say : Bof! There's no problem there. It's impossible for me. And I would say… and I would act exactly the same way if other people from other communities or homosexual… every people who live, who — voyons, subissent…

Une voix : Experience.

Mme Weil : Victims.

Mme David (Gouin) : …thank you — experience that kind of attack.

Mme Plante (Caroline) : Do you think it's derailing the federal election campaign? Do you think, essentially, the niqab issue is a non-issue and it's derailing the election campaign?

Mme David (Gouin) : I don't say that. I said many times : Yes, it's an issue, but, two weeks later, I think the debate is enough. We debate enough around that. We have many other things to debate. We have two weeks more, please debate on environment, on social justice, on refugees, many things, you know, culture, French language. We have so much to do, unemployment insurance… so, I think, on the niqab, the debate is finished, I think.

M. Verville (Jean-Vincent) : …require that people that want to assist to a citizenship should do it… we should see their face. So, why should it be different for people wearing niqabs?

Mme Weil : I beg your pardon? Oui, bien, en français.

M. Verville (Jean-Vincent) : The Canadian law... No, I want it in English. The Canadian laws are saying that people that are required to assist to citizenship should…

Mme Weil : Yes, those who assist the ceremony...

M. Verville (Jean-Vincent) : Yes, we should see their face.

Mme Weil : There was a motion that we adopted the other day.

M. Verville (Jean-Vincent) : So why should it be different…

Mme Weil : Well, essentially, we've taken position, in Québec, it's been a unanimous position. We framed it in terms of communication, identification and security, so in terms of government services. Obviously, that would extend to a ceremony… We understand all the legal issues, but we intentionally don't want to intervene in the current debate around the elections. But I think the position of Quebeckers, and it's often sided by all the leaders… in fact, that Quebeckers and the elected officials have taken a unanimous position on this issue.

M. Croteau (Martin) : Mme Weil, un commentaire sur les réfugiés qui traversent la frontière à Dundee, en Montérégie? Que savez-vous de cette filière? Est-ce que c'est une route établie? Est-ce que c'est préoccupant...

Mme Weil : Je vais écouter...

La Modératrice : On a dit qu'on ne prenait pas de question sur d'autres sujets.

Mme Weil : Je pourrais vous parler après.

M. Croteau (Martin) : Je peux vous parler à l'extérieur?

La Modératrice : Mme David doit absolument quitter.

Une voix : Je vous en prie.

Mme David (Gouin) : Merci beaucoup.

Mme Weil : Merci.

La Modératrice : Peut-être que Mme Weil peut continuer ici, d'abord.

Mme Weil : O.K. Juste quelques minutes, là, sur cette question. Oui?

M. Croteau (Martin) : C'est ça, on comprend qu'il y a des réfugiés iraquiens qui traversent la frontière et qui rentrent, là. Ça en fait une quinzaine depuis un mois, et ils passent tous par le même corridor, à Dundee. Que savez-vous de cette filière et à quel point c'est préoccupant pour vous?

Mme Weil : Premièrement, c'est sûr que ce n'est pas la façon de rentrer dans un pays, c'est illégal. Donc, vous savez que c'est de compétence fédérale. Tout de suite la police est intervenue, et c'est maintenant Citoyenneté et Immigration Canada qui a le dossier. Et, pour régulariser la situation, donc, soit qu'a priori ils seront... leurs demandes seront recevables, mais c'est vraiment dans la cour du gouvernement fédéral. Et il y a des procédures à suivre, et ce n'était pas la façon de fonctionner.

Moi, j'ai demandé un état de situation, parce que j'ai lu l'article comme vous. C'est un volume quand même... C'était surprenant, hein? Je pense qu'on était tous surpris de voir le volume de personnes qui rentrent, surtout de ces pays-là. Il y a d'autres pays qui, au fil des années... Ça a toujours existé, ce phénomène, mais on voit le lien avec la crise au Moyen-Orient. Donc, j'ai demandé un état de situation. Tout ce qu'on peut faire, c'est que le MIDI, qui est en lien directement avec CIC quotidiennement sur toutes sortes d'enjeux... parce que ce qui se passe sur notre territoire, évidemment, est tributaire des services transfrontaliers et de CIC, donc je pourrai vous revenir quand j'aurai une meilleure image de la situation.

M. Croteau (Martin) : Mais a priori, c'est préoccupant aujourd'hui? Comment vous qualifiez cette situation?

Mme Weil : Bien, il faut dire que les autorités fédérales ont tout de suite pris en charge la situation, comme ils ont toujours fait. Ce n'est pas un phénomène nouveau, mais c'est pour ça qu'il faut voir c'est quoi, le phénomène exactement. Il y a eu cet article, mais est-ce qu'il y a... le volume est en croissance? Est-ce que le volume est en croissance de ce coin du monde? C'est ça qu'il faut voir.

M. Croteau (Martin) : Est-ce qu'on a affaire, à vos yeux... Est-ce que ça semble être une filière organisée à laquelle on a affaire ou une nouvelle filière?

Mme Weil : Je ne voudrais pas me prononcer là-dessus, c'est pour ça qu'on a demandé un état de situation.

Le Modérateur : Dernière question s'il vous plaît.

Mme Johnson (Maya) : If you could just respond to that same issue in English. How concerned are you to hear about this?

Mme Weil : Well, I'd say I was initially surprised to see it because it's not the usual way… In fact, we've had Iraqis that have come in over the years and Syrians and they've either been through sponsorship or… sponsorship by the State or by a group of citizens or organizations. That's been the usual way. It's unusual to see them coming through the border and it's not the right way. It's illegal, in fact, to come in that way. So, somehow they're getting advice that this is the best way to go. So, that's in the hands of the federal authorities. They took charge of the situation immediately, as you saw in the article, so we've asked to have a sort of… information. I've asked my Ministry to give me some information or report on what they may be able to find out from CIC, Citizenship and Immigration Canada, that's right, and so we may be able to know a little bit more. I think what we need to look at is the volume, now. In this case, what we found out is they weren't even destined for Québec, they were destined for Toronto. So we need to get a better sense of the situation. No State, be it federal State or province, likes to see people coming in illegally through their borders, right? So you have border guards, you have borders and you have to come into a country legally. So, obviously for the Canadian Government that's a preoccupation, but it's not a new phenomenon, it's always happened. Every State sees that from time to time and, over the years, there are different movements. So, we want to get a sense of what their opinion is, what is their assessment of the situation.

Une voix : Merci, merci beaucoup.

Journaliste : Étiez-vous en mesure de nous faire un état de situation aujourd'hui ou ça va aller à...

Mme Weil : Je ne pense pas que ça sera aujourd'hui. Peut-être sur l'heure... demain, là, ou... c'est sûr que la semaine prochaine... parce qu'on se reverra mardi, hein, c'est ça?

Une voix : Nous serons là. Merci, merci à vous.

(Fin à 12 h 9)