(Neuf heures vingt-deux minutes)
M. Barrette : Alors, bonjour,
tout le monde. Alors, merci de prendre un moment pour cette annonce-ci, qui est
une annonce, à mon avis, qui est importante pour la population du Québec.
Alors, comme on le sait, la loi n° 20 est passée il y a maintenant... a
été adoptée il y a maintenant quelques jours, et, depuis le dépôt de la loi,
ceci a suscité, dans le monde médical, un certain nombre de réactions. Vous
avez vu, au printemps dernier, que le gouvernement avait conclu une entente
avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec qui se sont engagés à
livrer ce qui était prévu à la loi n° 20 d'ici le
31 décembre 2017 en échange de la non-application de la loi jusqu'à
cette date. Et si, à cette date, ce qui est demandé de la loi n'est pas
rencontré, la loi s'appliquera.
Nous avons eu la même approche avec la
Fédération des médecins spécialistes du Québec, et j'ai eu un grand nombre de
conversations avec Dre Francoeur, la présidente de la FMSQ, et nous avons
eu de grands échanges et des échanges que je considère tout à fait fructueux.
Évidemment, la problématique en médecine spécialisée est d'un ordre différent
de celle de la médecine de famille, et la FMSQ a toujours fait valoir que les
médecins spécialistes seraient au rendez-vous pour livrer la marchandise, et ce
n'est donc pas surprenant qu'aujourd'hui je puisse annoncer une entente avec la
FMSQ, qui est du même ordre que celle que nous avons conclue avec la FMOQ, à
savoir que les provisions touchant les médecins spécialistes dans la loi
n° 20 seront livrées d'ici le 31 décembre 2017.
C'est-à-dire que d'abord, sur le plan de
la gestion des listes d'attente, les médecins spécialistes s'engagent à gérer
de façon serrée les listes d'attente en chirurgie. Les médecins spécialistes s'entendent
avec nous pour mettre en place un mécanisme d'accès prioritaire aux services de
soins spécialisés qui va faire en sorte que la clientèle provenant des médecins
de famille bénéficiera, par entente, de plages horaires réservées pour ces
patients-là spécifiquement au travers de ce mécanisme d'accès. Et enfin on va
régler la problématique de difficulté d'accès aux médecins spécialistes lorsque
la consultation provient des médecins de famille. Voilà un avancement extrêmement
significatif pour la population.
On comprendra que, et comme je l'ai toujours
dit, dans un premier temps, on a une entente et on a une loi qui vise l'accès
aux médecins de famille, et j'ai toujours dit qu'il fallait régler le continuum
de soins, donc l'accès aux médecins spécialistes, et cette entente-là va faire
ça.
Il avait été aussi convenu, débattu qu'il
fallait améliorer le fonctionnement à l'intérieur de l'hôpital, et l'entente
prévoit aussi que le délai moyen de consultation entre le médecin spécialiste
et l'urgentologue qui, en vaste majorité, sont des omnipraticiens à l'urgence,
devra se faire en dedans de quelques heures, dans les heures ouvrables. Voilà
encore une amélioration significative, un engagement significatif de la part
des médecins spécialistes. Ça signifie, le jour, moins d'attente pour les
patients à l'urgence.
Également, et ça, c'était un point
d'achoppement significatif, et je le comprends très bien, voilà un effort
substantiel que fait la FMSQ, il est convenu que, oui, il sera possible pour
les médecins spécialistes de recevoir une consigne d'hospitaliser, de devenir
médecin traitant — c'est un peu technique, mais c'est quelque chose
qui a un impact substantiel dans les hôpitaux — lorsque le besoin
sera démontré. Ce que ça signifie, c'est qu'à ce moment-là les médecins de
famille... on déterminera le nombre d'heures-médecins nécessaire pour que les
hôpitaux fonctionnent, et il est possible que, dans certains cas, certains
médecins spécialistes soient appelés à prendre en charge de façon formelle, comme
médecins traitants, certains patients.
Maintenant, il y a un élément qui est
encore plus important dans cette entente, et c'est un engagement électoral de
la part de notre gouvernement, un des points d'achoppement qui a soulevé certaines
critiques, je dirais, et certaines critiques certainement énergiques de la part
de la FMSQ, était la possibilité d'utiliser l'article 39 de la loi n° 20
qui est maintenant en application. L'article 39 donne le pouvoir au ministre
d'intervenir unilatéralement, s'il le faut, dans la masse monétaire de la FMSQ
et de la FMOQ pour orienter certaines sommes d'argent vers certaines activités
si le ministre le juge nécessaire pour le bien de la population.
Ce que ça veut dire, et je fais un petit
rappel, là, pour que les gens comprennent, quand on négocie avec les fédérations,
on négocie des enveloppes globales, c'est ça qui est négocié, une somme
d'argent, et la Fédération des médecins spécialistes, et c'est la même chose à
la Fédération des médecins omnipraticiens, distribue cette somme-là en fonction
des différents critères, et, à la FMSQ, évidemment, c'est en fonction de
différentes spécialités. Il y en a beaucoup, et là ça devient une difficulté
interne qui est très importante parce que les associations, les spécialités sont
des groupes distincts avec des intérêts parfois distincts. C'est normal, c'est
la vie interne de la FMSQ et c'est une grande difficulté pour Dre Francoeur.
Avec l'article 39, on vient dire ceci :
la masse, on ne la bouge pas, mais on dirige unilatéralement, presque, des
sommes d'argent vers certaines activités. J'annonce aujourd'hui que je vais
utiliser l'article 39 dans une seule circonstance, qui est celle de payer
l'échographie en cabinet. En français, là, pour que ce soit clair, à partir de
2016, l'échographie en cabinet sera payée par la RAMQ, et il sera, à ce
moment-là, illégal d'exiger quelque frais que ce soit pour l'échographie en
cabinet pratiquée par des radiologues. J'insiste, l'échographie en cabinet
demeure non assurée pour les non-radiologues, mais elle est assurée pour les
radiologues, les radiologues étant les spécialistes de cet examen, toute
l'échographie, ce qui, par définition, vient encore une fois augmenter l'accès
aux patients, le réseau des cabinets étant un réseau qui peut amener un volume
d'examens supplémentaires significatif. C'est une bonne nouvelle, là aussi,
pour la population puisque l'examen maintenant sera couvert par la RAMQ.
Est-ce que ça coûte de l'argent à l'État?
La réponse est non, parce que j'utilise l'article 39 pour remanier la masse,
qui ne change pas, ce qui signifie que ce sont les médecins entre eux qui,
d'une façon que certains pourraient qualifier d'involontaire, vont accepter,
c'est l'entente de payer l'échographie à l'intérieur de leur masse. On peut
poser cette situation-là différemment. C'est un peu comme si je forçais les
prochaines dépenses, qui auraient dû être distribuées à l'intérieur des membres
selon les mécaniques internes de la FMSQ... bien, c'est comme si les nouvelles
sommes étaient dirigées à l'échographie.
Alors, quand on prend ça tout ensemble, la
FMOQ et la FMSQ, c'est donc une loi qui aura provoqué un changement, qui aura évidemment
suscité des débats et des critiques, qui aura même fait en sorte que les deux
fédérations médicales se seront engagées... et je le salue aujourd'hui, là. Les
deux fédérations médicales ont quand même répondu à l'appel et se sont engagées
à changer leurs façons de faire pour le bénéfice des citoyens et elles sont
allées aussi loin que de me laisser appliquer l'article 39, donc de gérer une
partie de leur masse. Aujourd'hui, l'ensemble de ceci fait en sorte que dans
les prochaines années, donc d'ici le 31 décembre 2017, progressivement parce
que tout ça ne se fait pas en une journée — sauf pour l'échographie; ça,
ça se fait rapidement — la population du Québec verra non seulement
son accès augmenter de façon significative à la première ligne, mais la
coordination, la fluidité entre la première, la deuxième et la troisième ligne
et à l'intérieur de l'hôpital sera grandement améliorée, et on va le voir, et,
en plus, l'échographie sera payée en cabinet.
Aujourd'hui, c'est une excellente journée
pour la population du Québec. Et ce n'est pas terminé, nous avons d'autres
annonces à faire dans les prochaines semaines. Je vous ai toujours dit et je le
redis aujourd'hui, pour faire les réformes nécessaires que l'on doit faire en
santé, que tout le monde connaît, il fallait faire la loi n° 10, la loi
n° 20. On arrive maintenant au financement à l'activité pour bientôt,
avant la fin du mandat, ne s'adresser qu'à la qualité.
Mme Richer (Jocelyne)
:
Le patient qui attend de voir son médecin spécialiste, en quoi ce que vous
annoncez aujourd'hui, ça va réduire le délai d'attente pour un rendez-vous?
M. Barrette : Alors, ce que la
loi prévoyait et ce que la FMSQ accepte de faire, c'est de faire en sorte que
les médecins spécialistes, selon la spécialité, selon la région, parce que
les besoins ne sont pas les mêmes dans chacune des spécialités, que les
médecins spécialistes préservent des plages dédiées spécifiquement aux patients
qui viennent de la médecine de famille.
On comprend qu'en médecine de famille et
dans la vie courante, là, ce n'est pas tout le monde qui a besoin d'avoir une consultation
chez un généticien, là. Ce n'est pas nécessaire d'avoir des plages réservées en
génétique ou en neurochirurgie. Mais en pneumologie, en gastroentérologie, en
cardiologie, en neurologie, ça, ce sont des choses courantes. Les gens qui font
des accidents vasculaires cérébraux, des ischémies cérébrales transitoires,
bien, quand on a ça, là, il faut avoir rapidement l'accès au médecin
spécialiste, et ce n'est pas toujours nécessaire d'aller à l'urgence. Là, actuellement,
on a le problème qui est celui qu'il n'y a pas d'autre accès que l'urgence.
Alors là, maintenant, avec ça, par entente
et par loi éventuellement si on ne livre pas, bien, le médecin spécialiste...
la fédération accepte de faire en sorte que ses membres réservent des plages
dans la quantité qu'on déterminera dans une région, dépendamment... Quand je
dis que par région, ça change, parce que, dans une région plus jeune, des
neurologues, ils ont besoin de moins de plages réservées; dans des régions où
les gens sont plus âgés, on en a besoin de plus.
Alors, il y aura des plages réservées aux citoyens
qui viennent d'une clientèle de... et de médecins de famille. Alors, la fameuse
fluidité, là, l'accès aux médecins spécialistes, qui était hyper difficile,
avec ça, on va grandement l'améliorer et potentiellement le régler de façon
définitive. Ça, c'est nouveau.
Mme Richer (Jocelyne)
:
Avez-vous fait des estimations pour savoir, par exemple, si un neurologue... par
exemple, si aujourd'hui, ça prend deux ans pour avoir un neurologue, avec l'application
de la loi, ça va prendre un an, six mois ou...
M. Barrette : Alors, il y
aura... et le mécanisme d'accès va servir à ça. Le mécanisme d'accès
prioritaire aux services spécialisés va faire en sorte que le patient qui vient
d'un médecin de famille va être classé très urgent et urgent, semi-urgent et ainsi
de suite, et, à l'intérieur de jours ou de semaines, il y aura un accès
privilégié pour ces gens-là.
M. Laforest (Alain)
:
Vous avez gagné votre pari, Dr Barrette.
M. Barrette : Ce n'est pas une
question de gagner un pari. Ce n'est pas ça. La question ici est qu'on est
élus, là, et c'était le mandat qu'on m'a donné. Depuis le jour 1 que je dis que
je suis là dans l'intérêt des 8 millions de citoyens du Québec et non des
8 000 médecins du Québec, là.
Alors, mon action visait à améliorer le
fonctionnement de notre réseau de santé qui n'est pas suffisamment fonctionnel,
et toutes les actions que je pose sont en fonction des besoins de la population.
Vous pouvez le présenter comme ça, j'ai gagné mon pari. J'ose plutôt dire que
j'ai forcé les gens à changer d'approche, et, au mérite des gens qui sont en
face de moi, parce que c'est quand même à leur mérite, ils ont accepté d'aller
dans cette direction-là.
Maintenant, ils ont sur leurs épaules le
fardeau de livrer ça, et, s'ils ne le font pas, la loi est là pour être
appliquée au 1er janvier 2018. Et je vais le redire, ceux et celles qui
pensent que, parce que 2018 est une année électorale, que je n'oserai pas
appliquer la loi, vous rêvez en Technicolor et Panavision.
Alors, ça, cet exercice-là, ce n'est pas
un exercice ponctuel, c'est un exercice de transformation à long terme et je
dirais même à très long terme. On change les choses, et tout le monde va sortir
gagnant là-dedans, la population en premier, les médecins aussi, je pense, et je
pense que moi, comme politicien, j'aurai fait mon travail.
M. Robitaille (Antoine)
:
Le 11 mars 2014, votre promesse, c'était de rendre gratuits, sur la carte
d'assurance maladie, tous les services d'imagerie médicale donnés à l'extérieur
des hôpitaux. Est-ce que vous considérez que ce que vous annoncez aujourd'hui
est vraiment conforme à ce que vous aviez annoncé le 11 mars 2014?
M. Barrette : Ce que j'annonce
aujourd'hui… Et je maintiens cette annonce-là. Je maintiens cette promesse-là.
Je n'ai jamais annoncé que tout allait se faire en même temps, et j'ai même dit
à plusieurs reprises, et je le répète aujourd'hui, que nous allons le faire
progressivement, et ça sera fait dans le mandat. C'est ce que j'ai toujours
dit.
M. Robitaille (Antoine)
:
Qu'est-ce qu'il reste alors?
M. Barrette : Il reste la
tomodensitométrie et il reste l'imagerie par résonnance magnétique. La
tomodensitométrie, c'est marginal en quantité et en coût au Québec. La résonnance
magnétique, ce n'est pas marginal et c'est très dispendieux. Et, à cause des
contraintes budgétaires dans lesquelles nous sommes, je ne peux le faire que
progressivement.
Le plus gros morceau, le plus important en
termes d'accès, c'est l'échographie. L'échographie, c'est le stéthoscope des
temps modernes. L'échographie, pour le médecin de famille, c'est ça. Le médecin
de famille, là, aujourd'hui, c'est son outil, on va dire, de haute technologie,
le plus fréquemment utilisé. Alors, il était impératif de le faire maintenant.
Maintenant, pour ce qui est des deux autres, je maintiens la promesse, ça va
être fait dans ce mandat.
M. Robitaille (Antoine)
:
Ça va se faire dans la fameuse enveloppe ou est-ce que c'est encore possible de
coincer ça dans cette enveloppe-là?
M. Barrette : Bien,
c'est-à-dire que… et ça, j'ai déjà eu cette discussion-là avec Dre Francoeur,
il y a des sommes qui viennent en avant. On a négocié un étalement. Un autre
succès. On en a fait beaucoup en 18 mois, là. Comparez nos 18 mois avec les 18
mois du PQ, là, et puis ce n'est même pas des… On n'est pas dans la même
galaxie.
On en a fait beaucoup et on a fait un
étalement, ce qui était quelque chose de difficile pour les deux fédérations, et
ce n'était pas facile à négocier, mais on s'est entendus. Donc, il y a des
sommes qui arrivent en avant, et la FMSQ, Dre Francoeur, sait très bien que,
dans les sommes qui s'en viennent, il va falloir qu'il y en ait qui soient
dirigées encore une fois vers la couverture de la tomodensitométrie et de
l'imagerie par résonnance magnétique. C'est ça qui va se passer, et ça, pour
les fédérations, c'est difficile à digérer, parce que, si vous leur posez la
question, ils vont dire que je fais de l'ingérence. Mais je fais de
l'ingérence, moi, dirigée vers la population.
M. Gagnon (Marc-André) : L'échographie,
donc, vous dites que vous répondez au plus gros de votre engagement.
M. Barrette : Pardon?
M. Gagnon (Marc-André) : Avec
l'échographie, vous répondez au plus gros morceau de votre engagement
électoral.
M. Barrette : Je vous dis
clairement qu'on va répondre à la totalité de notre engagement et j'ai toujours
dit, depuis la première seconde, depuis mon assermentation, que ça allait se
faire progressivement pour des raisons budgétaires. Et aujourd'hui, devant vous,
à la caméra, je maintiens l'engagement. Ça va se faire. Ça va se faire avec les
sommes qui s'en viennent.
Mme Biron (Martine)
:
Bon, M. Barrette, là, j'aimerais ça avoir plus d'explication technique sur cette
espèce d'enveloppe là, là. Il y a combien d'argent dans cette enveloppe-là?
Puis combien d'argent… C'est quoi, le sacrifice, là, de la fédération là-dessus
en termes financiers?
M. Barrette : Ah! bien, le
sacrifice de la fédération vient de ceci : quand on est à la présidence
d'une fédération, une chose que je connais un peu... J'ai souvent fait la
comparaison entre ce qu'est le Canada et ce qu'est une fédération. Une
fédération, c'est comme le Canada, il y a des provinces. Les provinces, dans la
fédération, ce sont des associations, les spécialités, et là il y a un exercice
de péréquation. De la péréquation, ça veut dire que chacune des provinces dit,
comme dans le Canada, là : Moi, je suis plus pauvre que mon voisin,
donnez-moi plus d'argent qu'à mon voisin. Les associations fonctionnent un peu
comme ça : Moi, je vaux plus que l'autre. Et la présidente ou le président
a la difficulté de faire des arbitrages, et les arbitrages se font avec une
somme d'argent finie, fermée.
Moi, je viens mettre un peu un grain de
sable là-dedans. C'est ça qui était la difficulté de la négociation, je viens
dire : Les arbitrages, Dre Francoeur, que vous vouliez faire, que je
comprends et qui sont très difficiles, je viens vous imposer une figure, un peu
comme en patinage artistique, je viens dire, là : Oubliez une partie de
vos arbitrages; moi, je veux que l'échographie soit payée à l'intérieur de la
masse. Alors, vous comprendrez, là...
M. Robitaille (Antoine)
:
C'est quelle province qui va casquer, là?
M. Barrette : La province qui
va casquer le plus... en fait, toutes les provinces vont casquer, mais là,
c'est, sous cet angle-là... ce n'est pas une question de casquer, mais celle
qui va être la plus touchée est évidemment la radiologie. La radiologie ne fait
pas de gain là-dedans, là. La radiologie se voit perturbée.
Mme Biron (Martine)
: Mais
il y a un montant d'argent là-dedans. C'est quoi le pourcentage qui s'en va à
l'échographie, que finalement les autres spécialités perdent?
M. Barrette : Alors, le
montant actuellement... Oui, ça va? Excusez-moi, là, j'allais vous interrompre.
Mme Biron (Martine)
:
Non, c'est bon, je voulais juste finir ma question.
M. Barrette : Excusez-moi.
Alors, le montant qui est estimé est de 30 millions de dollars. Alors, ce
n'est...
Mme Biron (Martine)
: Sur
combien?
M. Barrette : Sur
4,3 milliards, là, où on est rendus à peu près, là. Alors, ceci dit, s'il
advenait que le 30 millions ne soit pas suffisant, il est convenu qu'on
regardera ailleurs dans la même masse. Il n'y a pas...
Journaliste
: Mais ça,
c'est juste pour...
M. Barrette : C'est juste pour
l'échographie. Il n'y aura pas, et j'insiste là-dessus... ce 30 millions
là est un remaniement interne de la masse. Il n'y a pas d'argent
supplémentaire. Je le répète, il n'y a pas d'argent supplémentaire donné par le
gouvernement pour payer l'échographie.
M. Robitaille (Antoine)
:
Donc, on ne découvrira pas des petites primes ici et là, là.
M. Barrette : Non. Il n'y a
pas de prime, il n'y a pas de frais accessoires, il n'y rien de ça.
Mme Dufresne (Julie)
: Mais
on peut faire combien de temps avec 30 millions? Combien d'échographies on
peut couvrir?
M. Barrette : Des milliers, parce
qu'évidemment... et là on va voir à l'expérience. Alors, c'est des milliers,
là. C'est vraiment...
Journaliste
: Il s'en
fait combien par année, là, la...
Mme Dufresne (Julie)
:
...parlent des radiologistes...
Journaliste
: Les
communications peuvent te donner les stats....
M. Barrette : On vous donnera
les...
Mme Dufresne (Julie)
:
Mais ce que je veux dire, c'est : Est-ce qu'on doit s'attendre à ce que,
dans deux, trois, quatre ans, l'enveloppe soit vide et qu'on doive renégocier
une entente?
M. Barrette : La réponse, c'est
non. Et ça, ça a été convenu d'une façon formelle, il n'y aura pas d'argent supplémentaire.
Alors, c'est... D'aucuns pourraient dire que ce sont les médecins qui autofinancent
la chose.
Journaliste
: Est-ce
qu'on peut dire...
M. Barrette : Mais, en
réalité, pour que ce soit bien clair — je m'excuse de vous
interrompre — pour que ce soit bien clair, ce que j'impose, c'est un
autofinancement à l'intérieur de la masse de l'échographie, et eux, à cause de
leur péréquation interne, ils devront se compenser avec la prochaine somme
d'argent qui va arriver. C'est ça, l'impact, là. L'impact, c'est qu'eux autres
peuvent corriger les inconforts internes qui vont arriver là, mais l'étalement
prévoit des nouvelles sommes, et là ça vient imposer, encore une fois une
figure après. Alors, c'est un... disons, c'est un stress significatif qui est
imposé à cette fédération-là, et ça a été conclu.
La Modératrice
: ...dernière
question, on va passer à l'anglais après.
Des voix
: ...
M. Barrette : Non, non, parce
que... Johanne, on va juste prendre tout de suite les questions, là, pour que
ce soit bien clair.
Mme Biron (Martine)
: Est-ce
que je comprends que ce 4,3 milliards de dollars...
M. Barrette : Approximatif,
là.
Mme Biron (Martine)
:
...vous prenez le contrôle de 30 millions, donc point zéro, zéro, zéro x
pour cent, là? Ce n'est pas une si grosse portion.
M. Barrette : Mais ce n'est
pas point zéro, zéro, zéro, là.
Mme Biron (Martine)
:
Je ne sais pas le pourcentage, là, mais... C'est quoi?
M. Barrette : C'est parce que
1 %, là, c'est...
Mme Biron (Martine)
:
C'est 1 %?
M. Barrette : Non, non, mais
c'est parce que 1 %, c'est 45 millions, là, alors c'est un peu moins
de 1 %.
M. Laforest (Alain)
:
Du budget total de la santé?
M. Barrette : Non, de la
fédération. De la fédération.
Mme Biron (Martine)
:
O.K. Vous prenez le contrôle de 1 % du budget...
M. Barrette : Un peu moins. Un
peu moins de 1 %.
Mme Biron (Martine)
:
Un peu moins de 1 % du budget de...
M. Barrette : Oui. Alors,
l'article 39 est un article tarifiant pour les deux fédérations, parce que
l'article 39, sur papier, me donnerait le contrôle absolu des deux masses,
celle de la FMOQ et celle de la FMSQ. Et je l'ai dit en commission
parlementaire, ce n'est pas le genre de choses qu'on peut mettre dans les mains
de n'importe qui, là, parce que d'abord, juridiquement, si on va trop loin avec
ça, c'est attaquable, là, parce que, là, on vient, en quelque part, de... parce
que normalement on est dans un régime où on négocie ces choses-là.
Mme Biron (Martine)
:
Mais vous pourriez sévir à nouveau.
M. Barrette : Non, pas avant
2018.
Mme Biron (Martine)
:
Pas avant 2018, d'accord.
M. Barrette : Alors, moi, je
préfère... Et moi, je dis ceci, et c'est ce que je vise, et je suis convaincu
que les deux fédérations visent la même chose, elles visent à effectivement
livrer ce qu'on demande dans la loi n° 20 d'ici le
31 décembre 2017 pour rectifier le tir qui a besoin d'être rectifié.
Il n'y a plus personne dans le milieu médical qui conteste ce que j'ai dit.
Vous n'en trouverez pas, là. Il n'y a plus personne qui conteste, là. Au
contraire, tout le monde s'entend pour aller dans cette direction-là. Et cet article
39 là, comme certains autres éléments... L'article 39, en passant, il a une
date de péremption. Maximum, 2020, cet article-là doit disparaître. C'est un
article, là... c'est un peu... On pourrait dire que c'est une loi spéciale
temporaire parce que ça ne peut pas... on ne peut pas avoir un régime où le
gouvernement a le pouvoir total de décider tout le temps tout. Ça n'a pas de
sens.
La situation étant ce qu'elle est, j'ai
jugé et je juge encore qu'il était nécessaire d'avoir ce levier-là pour
apporter rapidement des correctifs. Je sais par expérience, et vous le savez,
vous autres aussi, ça prend des fois des années à faire un changement de
l'ordre de l'échographie. L'échographie, c'est sur la table depuis le temps où
j'étais moi-même président. Ça fait longtemps, là, puis ce n'est pas réglé. Là,
ça va se régler là, et, en 2016, l'échographie va être gratuite… bien,
gratuite, couverte par la RAMQ.
Mme Dufresne (Julie)
:
Je veux juste comprendre une chose, Dr Barrette, si vous me permettez. Les
plages qui étaient réservées aux patients des médecins de famille, est-ce que
ça n'existait pas déjà?
M. Barrette : Ça existait dans
certaines circonstances, dans de très rares cas, très rares, mais vraiment
rares. Là, actuellement, ce sera systématique. Alors, nous allons faire une
cartographie du Québec, et on va avoir des plages réservées en fonction des besoins
de la population locale.
Comme je vous ai dit tantôt, les besoins
de consultations réservées aux médecins de famille en neurologie, ce n'est pas
les mêmes dans un quartier où la population est plus âgée que dans un quartier
où la population est plus jeune. Il n'y a pas beaucoup de jeunes de 15 ans qui
vont voir le neurologue. Il y a beaucoup de gens âgés qui vont voir le
neurologue, par exemple. Alors, prenez toutes les spécialités, là, puis vous
pouvez décliner ça comme ça facilement. Prenez un quartier plus défavorisé, où il
y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de fumeurs. Alors, c'est bien évident que,
dans ce quartier-là, on aura besoin de plages de pneumologie dédiées plus
nombreuses que dans un quartier jeune, où les gens se préoccupent plus de leur
santé, où il n'y a pas de tabagisme, par exemple.
Alors, ça, ça ne peut pas être
systématique. Quand mon adversaire, la critique du PQ, Mme Lamarre, dit :
On ne demande rien aux médecins spécialistes, ce n'est pas clair, c'est parce
que ça ne peut pas être normé de façon mur à mur. C'est insensé de penser comme
ça, pour les deux exemples que je viens de vous donner, et je pourrais
multiplier ça par 40. Il y a plus que 40 spécialités actuellement, au Québec,
là, et chaque spécialité est un cas de figure particulier. Mais dans chaque
spécialité…
Mme Dufresne (Julie)
:
…nombre, donc, tel médecin va devoir…
M. Barrette : Oui, des nombres
de plages.
Mme Dufresne (Julie)
:
Des nombres de...
M. Barrette : De plages de rendez-vous.
Voilà.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Mr. Barrette, for a
regular patient who is a regular person that doesn't pay attention to the
minutiae, can you explain what this deal would give to a typical Quebecker?
M. Barrette : To a typical Quebecker, what this bill… this agreement means is that they will have better,
if not proper, access to specialized medicine, to the specialists. We all know
that when a patient, a Quebecker goes see a family physician, and that physician asks for a consultation to a specialist, it is
extremely difficult, as we speak today, to have access. Sometimes it takes
months and, since sometime, years. What it means is that, when this is necessary
to see quickly a specialist, we will have a mechanism that will guarantee to
that patient coming from that physician an appointment to a given specialist
across the province. That's what that means, first of
all.
Second, at the emergency
room, there will be less waiting time, but that's… That's one thing, but, you
know, that the ER issue will be addressed by access outside the hospital. If
you are to be in an ER, specialists will have to provide their services within
three hours roughly, during business hours, to a general practitioner who is at
the ER.
But most of all, as we
speak today, in 2016, next year, early, as early as possible, ultrasound
examination in Québec will be
covered by RAMQ if they are provided by radiologists who are the specialists
providing them in hospitals for the vast majority examinations.
Mme Montgomery
(Angelica)
: What does this means for
you? How important was it for
you to strike this deal?
M. Barrette : The importance for me is to have Bill 20.
Bill 20 is enacted and Bill 20 had been the lever by which today I can make
this announcement. The previous announcement that I've made with family physicians
was extremely significant. This is the counterpart for specialists.
So, to me, it was
extremely important to make so, to make sure that patients have access to the complete
continuum of care in this province. It was not sufficient to address the family
physicians side of the equation. We had to address the other side, and that's
what we're doing today.
So again, by January or
the latest February 2016, ultrasound examinations provided by radiologists
outside the hospital will be covered by RAMQ, and the access to specialists for
those who need, really need that, will also be significantly improved.
Mme Johnson (Maya)
:
There seems to be a bitter sweet compromise, though, for the FMSQ. I mean,
they've come to this agreement with you, but they said, in their press release
still, that they consider Bill 20 to be unacceptable and something that wasn't
necessary.
M. Barrette :
Look, if I were on the other side, I wouldn't be necessarily happy to have
that. But, at the same time, when I was on the other side, I've always said that once the remuneration issue was settled, we
had to address the services organization issue, and that's what Bill 20 is
doing.
Bill 20 exists only
because there is a problem, and, in my mind, that problem can be solved and it
should have been solved previously. Now since things are not going in the right
direction in my view, I don't think it is reasonable for our society and for a government to still wait five, six, seven, 10 years again to make
corrections, arrangements and so on. So, to me, that's very important. I
understand that, for them, it is bittersweet, I understand that. But at the
same time, I must salute their position, the agreement they came with. It is
tough for them, but at the same time it's the good move, the right move to make
today. So this has to be acknowledged, and I do that today in front of you.
Mme Johnson (Maya)
:
One last thing, just for clarification. Can you explain the reshuffling of
funds that makes this possible?
M. Barrette :
Yes. OK. Ultrasound will cost approximately, with our estimates that FMSQ
agrees with, about $30 million and that $30 million will come from
their own money. There will be not one single penny added to what has been
negotiated previously. It's reshuffling, as you say, of the money that was negotiated
and agreed with them. So there will be no additional cost to society. OK.
That's it? Thank you.
(Fin à 9 h 53)