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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, November 24, 2015, 13 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures)

M. Khadir : Bonjour. Nous avons entendu, comme tout le monde, comme l'ensemble du Québec, le rapport de la commission Charbonneau.

D'abord, je comprends la déception de millions de Québécois qui doivent se dire aujourd'hui : Mais où sont les personnes responsables? Les gens au pouvoir qui ont instauré, installé tout ça, là, comment se fait-il que les ministres à 100 000 $, qui aujourd'hui, par exemple, nous gouvernent : M. Couillard, M. Fournier, M. Hamad, qui étaient donc des ministres à 100 000 $ du temps de M. Charest, quelle est leur part de responsabilité? Et quels sont les liens, comme on dit? Et je suis obligé de dire que j'ai la plus grande admiration pour M. Renaud Lachance, mais, je suis désolé, je suis en désaccord total avec lui. Il y a bel et bien un lien direct entre le financement des partis politiques et l'octroi des contrats publics, entre les partis politiques, les responsables politiques et l'octroi des contrats publics orienté par des décisions dans l'intérêt des partis politiques.

La preuve, c'est la première recommandation de la commission Charbonneau. Quand la commission Charbonneau insiste aussi lourdement sur la nécessité d'une autorité des marchés publics pour éloigner les décisions quant aux contrats publics du pouvoir politique et des ministres, qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu'elle juge les appareils politiques au pouvoir tellement corrompus et le lien tellement dangereux pour l'octroi des contrats publics que la commission recommande de les séparer.

Alors, je dis très humblement que la solution véritable à ces problèmes, dans le fond, c'est pourquoi on le dit, on le répète et on l'a dit depuis des années, que c'est d'éloigner ces appareils qui ont installé ce que la juge dit un véritable problème au Québec, étendu, enraciné, c'est-à-dire dans la corruption et la collusion dans l'octroi de contrats publics, il faut écarter ces appareils-là des partis qui ont fait le pouvoir, du pouvoir, plutôt que d'écarter les contrats du pouvoir. On peut simplement s'assurer d'une intégrité en faisant ça.

Maintenant, je note d'abord avec plaisir et avec satisfaction que, sur 1 600 pages, Québec solidaire, les tiers partis comme Québec solidaire, comme Option nationale, comme le Parti vert, qui existent au Québec, sont les seuls à être intègres, jamais entachés par aucune collusion ou corruption liée au financement des partis politiques. Ceci étant dit, je note aussi avec un peu de honte pour le Québec... j'ai honte, moi, en fait, pour le gouvernement actuel de voir avec autant de, je dirais, de légèreté un ministre à 100 000 $, Jean-Marc Fournier, qui était... comme avocat, qui était dans une firme d'ingénieurs, après avoir débarqué du gouvernement, une firme d'ingénieurs, SNC-Lavalin, engluée dans les scandales de fraude et de pots-de-vin, venir aujourd'hui, en quelque sorte, nier tout. Ils sont dans la négation totale. À entendre M. Fournier, à entendre M. Couillard, un autre ministre à 100 000 $ du gouvernement Charest, on a l'impression qu'ils vont sabrer le champagne ce soir, là. On a l'impression qu'ils vont sabrer le champagne ce soir. Moi, je trouve que c'est désolant de constater qu'ils tombent sur la pente glissante du déni. Je le rappelle, pour triste mémoire, un certain Applebaum qui, lui aussi, a beaucoup nié. J'espère que le Québec ne se réveillera pas un jour avec des menottes à la main, des menottes à la main d'un ministre à 100 000 $ de l'époque de M. Charest.

M. Gentile (Davide) : Mais, M. Khadir, quand même, dans le rapport, la commission n'arrive pas à faire de... en fait, conclut qu'elle n'est pas arrivée à faire de lien direct entre une personne et du financement politique. Donc...

M. Khadir : Je reconnais là...

M. Gentile (Davide) : Oui. Donc, on reconnaît qu'on a contourné l'esprit de la loi, mais il n'y a pas de lien qui a été fait directement avec des individus. Pourquoi auriez-vous pu espérer plus que ça?

M. Khadir : Je reconnais là toute la rigueur comptable de Renaud Lachance. C'est à son honneur. Si M. Renaud Lachance, le commissaire, s'attendait à ce qu'un chèque signifie un contrat, que le gouvernement reçoit un chèque, un ministre, puis ensuite octroie le contrat directement, et qu'on le voie, et qu'on le filme, bien, oui, il n'y a pas de lien direct. Mais malheureusement, M. Renaud Lachance semble ignorer que ça ne passe pas comme ça.

Et on a été des milliers de gens au Québec qui avons vu, au cours des années, qui avons observé, écouté les rapports faits par les journalistes, par les émissions d'enquête, les dossiers que nous avons présentés, les partis politiques, et on comprend très bien qu'il y a un lien très direct entre le pouvoir politique, et la collusion, et la corruption dans l'octroi des contrats publics, tellement et si fortement que la première recommandation du rapport Charbonneau, c'est la création d'une autorité des marchés publics pour mettre à l'écart les contrats des décideurs publics.

Il y a là une effroyable, je dirais, ironie, là, il y a une accusation très flagrante. En fait, ça, c'est une accusation que porte la commission Charbonneau à l'administration publique en disant : Vous êtes tellement peu fiables, vous êtes tellement vulnérables, qui est un euphémisme pour dire, dans le fond, vous vous êtes laissé tellement souvent tenter par la corruption à travers le financement de votre parti, que là on est rendus à un point qu'il faut mettre à l'écart les contrats de ceux qui sont supposés... qu'on élit pour gérer et administrer les contrats publics.

M. Gentile (Davide) : Donc, pour vous, effectivement, vous reconnaissez qu'il n'y a pas de preuve hors de tout doute raisonnable, mais vous estimez que la preuve circonstancielle aurait été assez forte pour que M. Lachance...

M. Khadir : On peut le dire de diverses manières. Voici une manière que vous venez d'affirmer, mais moi, je pense qu'on peut aller beaucoup plus loin. Je comprends les limites politiques de nos commissaires, le titre de la commission : Rapport d'enquête sur l'octroi de la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction.

L'industrie de la construction, on ne parle même pas des firmes de génie-conseil. La réalité, c'est que c'est les firmes de génie-conseil qui étaient la cheville ouvrière. Le lien que cherche M. Renaud, c'est là, mais c'est sûr que ce n'est pas dans le mandat de la commission. Donc, il ne pouvait pas en venir là, dire que c'est les chèques donnés par les constructeurs, par les Tony Accurso, par les Mielito...

M. Gentile (Davide) : Milioto.

M. Khadir :...Milioto de ce monde qui... non, ça se passait dans des cocktails de financement, ça se pensait dans les officines du pouvoir, et malheureusement cette culture-là n'est pas terminée. En Chambre, tout à l'heure... malheureusement, cette culture-là n'est pas terminée. En Chambre ,tout à l'heure...

M. Gentile (Davide) : Vous pensez que ça existe encore?

M. Khadir : ...il y a d'autres moyens, les partis ont déjà... malheureusement, le Parti libéral a déjà contourné la loi en Chambre tout à l'heure, dans ma question. Je vais en faire une démonstration.

M. Zappa (Pierre-Olivier) : Mais, M. Khadir, en terminant, ce sont ceux que vous qualifiez de ministre à 100 000 $ qui vont être chargés de la mise en application des recommandations du rapport. Comment ce gouvernement-là, dans votre perspective, peut faire en sorte d'appliquer, de la façon la plus efficace, les recommandations du rapport Charbonneau?

M. Khadir : D'abord, faire acte de contrition, admettre l'erreur. Il faut qu'il y ait un mea culpa honnête, sincère, ce que M. Jean-Marc Fournier, je vous rappelle, un ministre à 100 000 $ du temps de Charest, qui était avocat pour une firme qui s'appelle SNC-Lavalin, avec des milliards de dollars en contrats publics, accusé aujourd'hui de fraude, cet avocat-là, aujourd'hui, nie tout, n'a pas été capable de faire un mea culpa, tout à l'heure, en point de presse, à la question de votre collègue. Donc, d'abord, un mea culpa.

Deuxièmement, commencer immédiatement à rembourser les millions de dollars frauduleusement acquis. Si le rapport de la commission n'a pas établi de lien direct entre l'octroi... le financement du Parti libéral et les contrats octroyés, cependant, elle a démontré que cet argent-là a été mal acquis. C'était par les prête-noms, d'accord, tout le monde s'entend là-dessus. Commencer à rembourser... C'est des millions de dollars qui mettent en doute la légitimité même des élections gagnées avec de l'argent sale, n'est-ce pas? Dans d'autres pays, lorsqu'une élection est gagnée par de l'argent sale, on invalide les élections. Vous le savez aussi bien que moi. On n'a pas ces mécanismes-là, encore aujourd'hui.

Deuxièmement, immédiatement appeler notre projet de loi sur la protection des sonneurs d'alarme. On l'a déposé récemment... Manon Massé, ma collègue. C'est le projet de loi le plus poussé, le plus abouti, le plus complet pour la protection des sonneurs d'alarme. Je vous rappelle que le False Claims Act, auquel a fait référence Mme Charbonneau, a plus de 100 ans d'histoire aux États-Unis. 70 % des poursuites engagées en vertu du False Claims Act, qui ont permis à l'État américain de se faire rembourser tout près de 40 milliards de dollars juste durant les 25 dernières années, 70 % de ces actions ont été menées par des sonneurs d'alarme protégés par la loi et auxquels la loi offre la possibilité de poursuivre, au nom du gouvernement et du public, les compagnies fautives, notamment les compagnies pharmaceutiques qui arrivent souvent en première ligne.

M. Gentile (Davide) : Pour vous, est-ce que c'est suspect que ça prenne autant de temps que ça avant que le gouvernement dépose, justement, une loi sur les sonneurs d'alarme.

M. Khadir : Mais nous avons été très déçus d'abord parce que le PQ, lorsqu'il était dans l'opposition, avant que Mme Marois arrive au pouvoir, avait déposé un projet de loi, mais ils ont eu un an et demi... Ça aurait été un des gestes les plus centraux à faire, beaucoup plus que le reste, hein? On le sait, tout le monde le dit. Regardez les recommandations de transparence internationale, regardez les recommandations du bureau canadien de la concurrence, regardez les recommandations de l'OCDE. Tout le monde dit : La chose centrale à faire, c'est protéger les dénonciateurs, protéger... de les considérer, comme la juge l'a dit, non pas comme des traîtres, mais comme des bienfaiteurs publics, d'accord, les protéger.

Pourquoi le gouvernement libéral n'a rien fait? Ça fait cinq ans qu'on parle de ces choses-là. Pourquoi le gouvernement du Parti québécois n'a rien fait? Bon, ça, c'est chose du passé. Aujourd'hui, l'un et l'autre doivent s'engager à mettre en branle rapidement, immédiatement, je dirais, les... et on leur donne la possibilité. On a notre projet de loi, qu'ils se l'approprient, mais qu'on procède. Merci de votre attention.

(Fin à 13 h 11)

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