(Douze heures vingt-huit minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Bien, écoutez, je veux revenir sur le dossier
d'Anticosti. On a le ministre des Ressources naturelles qui vient de dire quelque
chose de surprenant. Il nous dit : Si le premier ministre me demande de
rencontrer Pétrolia, je serai présent.
Écoutez, là, quand c'est rendu que le ministre
des Ressources naturelles, qui est responsable, évidemment, de dossiers comme
Anticosti, attend le O.K. du premier ministre pour pouvoir rencontrer l'entreprise
partenaire du gouvernement, de toute évidence, là, ça vient juste confirmer
qu'il y a un problème de rupture de contrat entre le gouvernement de M.
Couillard et l'entreprise Pétrolia. C'était surprenant, en tout cas, quant à
moi, du jamais-vu, la conférence de presse, hier, du président de Pétrolia qui
vient nous dire qu'il n'est même pas capable de rencontrer soit le ministre des
Ressources naturelles, soit le premier ministre, alors qu'on parle de trois
forages exploratoires dans l'été qui vient, là, l'été 2016. Donc, ça serait
normal, évidemment, qu'on fasse le point puis qu'on regarde comment ça va se
dérouler, comment va se dérouler le processus des certificats d'autorisation
sans l'ingérence du premier ministre.
Donc, la CAQ va déposer pour demain une
motion du mercredi pour voir si tous les ministres et députés libéraux sont
d'accord avec cette obsession, cette nouvelle obsession de Philippe Couillard,
de s'opposer à tout prix même à l'exploration de l'île d'Anticosti.
Donc, j'ai hâte de voir certains
ministres, entre autres des ministres économiques. Vont-ils agir comme des
moutons et écouter leur premier ministre ou vont-ils faire preuve de
leadership, de principes, de respect l'ADN du Parti libéral, de dire :
L'économie, c'est important. Donc, on va le voir demain. J'ai très hâte de
voir, entre autres, la position de certains députés et de certains ministres
libéraux.
Maintenant, aujourd'hui, j'ai une question
très claire pour le premier ministre. Sûrement qu'il s'est rendu compte... en
tout cas, au cours des dernières semaines, qu'il est en train de rompre un
contrat avec un partenaire. Il a fait des déclarations qui sont, à mon avis,
exagérées, mais, quand on est rendus qu'on parle de saccage, quand on est
rendus qu'un premier ministre dit : Je ne mettrai jamais ma signature sur
ce dossier. J'espère qu'avant de tenir de telles déclarations, il a demandé à
ses conseillers juridiques d'évaluer le potentiel de poursuite.
Donc, j'aimerais savoir de la part du
premier ministre aujourd'hui : A-t-il des avis juridiques? A-t-il une
évaluation des dommages qui pourraient être causés par la rupture du contrat
avec Pétrolia et les autres partenaires? Je pense que les Québécois ont le
droit de savoir, parce que ce sont les Québécois, en bout de ligne, qui vont
payer pour ces dommages, pour ce changement complet, à 180 degrés, de la part
du gouvernement de M. Couillard. Donc, je lui demande de nous déposer, là, les
avis juridiques et les estimations des dommages suite à la rupture de ce
contrat.
La Modératrice
:
Charles Lecavalier, Le Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles)
:
Bonjour, M. Legault. Vous dites que vous avez hâte de voir la réaction de
certains ministres, certains députés. Qui? Est-ce que vous pouvez les nommer?
M. Legault
: Je n'en
nommerai pas. J'ai pensé le faire, mais disons que j'en ai deux, trois dans ma
tête qu'il me semble que j'ai entendu des conversations en privé où on semblait
très d'accord avec le développement d'Anticosti. Donc, j'ai très hâte de les
voir. J'ai très hâte de voir. J'espère qu'il n'y aura pas trop d'absents. On le
sait, avec la motion du mercredi, on peut demander un vote nominal. Donc, j'ai
hâte de voir, là. Ils ont 24 heures pour convaincre leur premier ministre.
Peut-être qu'il y aura une surprise et tous les libéraux voteront en faveur de
notre motion pour au moins aller au bout de l'exploration sur l'île d'Anticosti
pour se faire une idée avant de prendre la vraie décision sur l'exploitation.
M. Lecavalier (Charles)
:
Juste pour être clair, vous avez entendu des conversations où des ministres
libéraux se disaient en faveur du développement d'Anticosti?
M. Legault
: J'ai eu
des conversations à travers les années. Je veux dire, c'est un dossier qui date
de plusieurs années. Je me souviens avoir entendu des ministres libéraux se
plaindre du PQ qui n'allait pas assez rapidement sur ce dossier. Donc, j'ai
très, très hâte, très, très hâte de voir comment vont voter certains ministres,
certains députés du Parti libéral.
M. Lecavalier (Charles)
:
Et pourquoi vous ne voulez pas les nommer?
M. Legault
: Parce que
je ne veux pas commencer à pointer, là, certaines personnes concernant des
conversations privées.
M. Lecavalier (Charles)
:
Sur un autre sujet, qu'est-ce que vous pensez de la subvention de, je pense,
26 millions au Zoo de Saint-Félicien. Est-ce que vous trouvez que c'est le
bon moment pour faire ça?
M. Legault
: Écoutez,
je pense que la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean a besoin d'aide. Ça va très
mal, le taux de chômage est très élevé. Je suis d'accord pour qu'on verse 26 millions
à la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, mais, bien honnêtement, j'aurais
souhaité que ce soit les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean qui choisissent leurs
priorités.
Est-ce que les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
les entrepreneurs du Saguenay—Lac-Saint-Jean auraient choisi d'investir complètement
ce 26 millions dans le Zoo de Saint-Félicien qui, par hasard, est dans le
comté du premier ministre? Est-ce qu'on aurait pu le répartir à travers toute
la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean? Est-ce qu'on aurait pu créer plus
d'emplois avec d'autres propositions? Moi, j'aurais souhaité, là, que la
décision revienne aux gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean plutôt qu'à Philippe
Couillard.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
que vous croyez que c'est un hasard que c'est dans le comté du premier ministre?
M. Legault
: La question
se pose.
La Modératrice
: Simon
Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon) : Bonjour,
M. Legault. De la connaissance que vous avez du dossier d'Anticosti, de
l'expérience que vous avez dans le monde des affaires, êtes-vous en mesure,
vous, de nous dire ce que pourrait être une compensation à Pétrolia sur la base
du prix des permis, d'évaluation du coût des permis? Avez-vous l'impression qu'il
y a un montant qu'on peut dire : Je ne pense pas qu'on puisse régler en
bas de ça, si on s'entend, soit à l'amiable ou même devant les tribunaux?
M. Legault
: Moi, j'ai
l'impression, là, qu'on parle de centaines de millions de dollars parce que les
permis, les permis valent environ 200 millions de dollars. En plus, le
président de Pétrolia nous disait hier : Je n'ai plus accès à du
financement concernant, là, même d'autres projets. Donc, il y a ce problème-là.
Il y a la valeur aussi des actions de Pétrolia qui a diminué. Donc, si on
additionne tout ça, moi, je pense qu'on parle en termes de centaines de millions
de dollars, donc c'est beaucoup d'argent pour une saute d'humeur de Philippe
Couillard.
M. Boivin (Simon) : Est-ce
qu'il n'est pas possible par ailleurs qu'il y ait des études dans l'EES qui
disent que, bon, l'accès aux marchés extérieurs va être difficile, que le prix
de la ressource a baissé beaucoup. Il y a des investissements en infrastructures
à faire pour sortir la ressource de là. Alors, est-ce qu'il n'est pas possible
qu'en bout de course, peut-être se retirer de ce deal-là, cette facture-là soit
quand même moindre que continuer dans le projet?
M. Legault
: Écoutez,
on pourrait tenir le même discours concernant le Plan Nord. Pourquoi Philippe
Couillard ne dit pas : Compte tenu du prix des métaux, je ferme le Plan
Nord, j'oublie le Plan Nord? Bien non, on ne sait pas dans 10 ans, 20 ans, 30
ans, ce que seront les prix des métaux, on ne sait pas ce que sera le prix du
pétrole.
Il faut, à un moment donné, penser à long
terme, on ne règle pas un dossier pour les prochains mois, on règle le dossier
pour une longue période. Et justement, si on faisait l'exploration, on pourrait
savoir : Parle-t-on de quelques milliards de dollars de pétrole ou
parle-t-on, comme le disait le président, de 40, 46 milliards d'évaluation
en termes de pétrole? Quel sera le prix du pétrole dans cinq ans, dans 10 ans? Il
y a beaucoup d'inconnu, mais il me semble qu'on devrait aller au bout du
dossier.
Puis moi, il me semble que de savoir exactement
le potentiel, d'être partenaire au moment de l'exploration... Parce que
rappelez-vous ce que disait Philippe Couillard. Philippe Couillard, en 2014,
disait : Je ne suis pas contre que le gouvernement soit partenaire dans
Anticosti, mais je pense qu'il est trop tôt. On devrait embarquer seulement à
l'étape d'exploitation. Or, le profit, il se fait à l'étape de l'exploration.
Quand on est rendus à l'exploitation, on fait juste un simple calcul combien ça
coûte pour le sortir. Tous les profits vont à ceux qui ont confirmé le
potentiel.
Donc, si le Québec veut participer, comme
la Norvège, comme d'autres pays, à cette profitabilité, il faut qu'il soit là
dès le début. Puis il y a beaucoup d'analystes, de spécialistes qui disent :
C'est le gisement qui a le plus de potentiel en Amérique du Nord. Donc, je
pense, ça vaut la peine d'aller de l'avant puis d'aller au fond du dossier,
d'aller explorer.
Écoutez, pour l'instant, ce que demande
Pétrolia, c'est de faire trois forages exploratoires, trois trous, là, sur une
île qui est 17 fois grande comme l'île de Montréal. C'est six centièmes de
kilomètres carrés sur une île qui a 8 000 kilomètres carrés. Donc,
quand Philippe Couillard dit : Ça serait un saccage, il est complètement à
côté de ses pompes, là. Il exagère, puis on dirait qu'il fait exprès pour se
mettre dans une situation où le gouvernement va se faire poursuivre.
M. Boivin (Simon) : Rapidement,
vous voulez que le reste du dossier se poursuive sans ingérence, notamment dans
le processus d'octroi des certificats d'autorisation. Est-ce qu'il est trop
tard pour ça? Est-ce que les propos du premier ministre ont été comme un point
de non-retour?
M. Legault
: Bien,
évidemment, ça va dépendre du résultat du travail des fonctionnaires. Mais je
comprends le président de Pétrolia de dire hier : Il semble y avoir
ingérence. Quand on a un premier ministre qui dit : Les fonctionnaires
vont faire ce qu'on va leur dire de faire, c'est assez clair, là, qu'il y a un
problème d'ingérence, qu'il y a matière à poursuite, il y a matière à démontrer
que notre partenaire a été de mauvaise foi.
La Modératrice
:
Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Justement, concernant, bon, Anticosti, le premier ministre a indiqué, je ne
sais pas si vous l'avez vu, l'extrait en entrevue de fin d'année à CBC. On lui
a demandé carrément : Est-ce que vous êtes prêt à payer le prix, quitte à
briser des contrats? Il a répondu oui. Est-ce que, ça, justement, ce n'est
pas un peu inquiétant?
M. Legault
: Bien, moi,
je lui demande, aujourd'hui, s'il est prêt à payer le prix. Je suppose qu'il a
fait faire une évaluation, je suppose qu'il a des avis juridiques, je suppose
qu'un premier ministre ne fait pas une déclaration comme celle-là sans savoir
est-ce qu'on parle de 10 millions, est-ce qu'on parle de
200 millions. De combien parle-t-on? Moi, je voudrais qu'il soit
transparent puis qu'il dépose son évaluation des risques de dédommagement qui
devront être payés par les Québécois.
M. Vigneault (Nicolas) :
Maintenant, concernant un autre dossier, on a annoncé 3 millions de
dollars, là, notamment pour la région de Laval et tout ça, pour les centres
jeunesse. Comment vous réagissez? Peut-être en lien avec la question de mon
collègue tout à l'heure aussi, il y a certaines personnes qui s'élèvent pour
dire : Écoutez, on investit 26 millions dans un zoo à Saint-Félicien,
et là, bien, on investit 3 millions de dollars alors qu'il y a des besoins
en matière de jeunesse. Votre première réaction là-dessus.
M. Legault
: Bien, on
voit que c'est un gouvernement qui est dans l'improvisation. Ça a pris une
crise à Laval pour qu'on décide d'ajouter des ressources. Pourtant, on avait un
rapport qui était déjà déposé, on avait déjà des indications. Comment se
fait-il qu'on est obligés d'avoir une crise avant de pouvoir injecter de
l'argent? Moi, je l'ai dit depuis le début, puis la CAQ a été claire, on ne
doit pas couper dans les services à la population. Puis ça s'applique en
particulier aux centres jeunesse. Il y a eu des coupures par le gouvernement de
M. Couillard.
Maintenant, est-ce que 3 millions, ce
sera suffisant? En tout cas, c'est sûrement mieux que rien, mais... c'est un
pas dans la bonne direction, mais je ne comprends pas, là, la semaine dernière,
la ministre nous disait : Je vais d'abord attendre 30 jours pour avoir le
rapport, puis ensuite on vous dira si on ajoute de l'argent. Mais là, de toute
évidence, encore une fois, ils ont changé d'idée au gouvernement Couillard.
La Modératrice
:
Patrice Bergeron, La Presse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour, madame. Bonjour, messieurs. Pour revenir encore au Zoo de
Saint-Félicien, donc, hier, le directeur disait notamment que c'était un
investissement sans précédent et historique, là. C'était, je pense, au-delà de
ce qu'il avait demandé. Comment vous expliquez, justement, qu'on libère une
enveloppe de 26 millions tout à coup, comme ça, dans une année qui était
très difficile pour les Québécois, sur différents fronts, que ce soit
l'éducation ou les CPE? Comment vous vous expliquez un geste aussi surprenant?
M. Legault
: Bien, ce
que je trouve aussi, c'est qu'actuellement il y a des régions qui ont plus
besoin d'aide que d'autres régions. Quand on regarde les taux de chômage, par
exemple, en Gaspésie, ou au Saguenay—Lac-Saint-Jean, ou en Mauricie, je pense
que ces régions auraient besoin d'aide. Je ne pense pas que 26 millions
pour la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, que ce soit exagéré, que ce soit trop.
Maintenant, moi, ce que j'aimerais savoir,
c'est, si on demandait aux leaders de la communauté dans la région du
Saguenay—Lac-Saint-Jean, quelle est la meilleure utilisation à faire de
26 millions, de quelle façon on peut créer le plus d'emplois avec
26 millions, est-ce qu'ils auraient répondu : On met tout ça dans le
zoo, qui est dans le comté de Philippe Couillard? Moi, je pose la question.
Mais le 26 millions, qu'il soit dépensé au Saguenay—Lac-Saint-Jean, on en
a bien besoin.
M. Bergeron (Patrice)
:
Et 26 millions pour une trentaine d'emplois à peu près, justement,
j'aimerais vous entendre sur ce ratio-là.
M. Legault
: Bien,
c'est là qu'on a des questions à se poser. Est-ce qu'on aurait pu créer plus
que 30 emplois avec d'autres alternatives? Moi, je pense qu'on a des
entrepreneurs créatifs au Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui auraient peut-être pu
aller plus loin que de créer seulement 30 emplois ou maintenir 30 emplois. Donc,
c'est à la région de décider quel est son plan de développement économique,
quelles sont les priorités au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Puis là on a un premier
ministre qui vient décider, pourtant après avoir fait une espèce de sommet,
quelles sont les priorités pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean. Je suis un peu
surpris.
La Modératrice
: Martin
Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin)
:
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Oui.
Bonjour.
M. Croteau (Martin)
: Une
question sur l'immigration. Qu'est-ce que vous pensez du cafouillage
informatique qui paralyse le portail Mon projet Québec et qui place des
dizaines de milliers d'immigrants potentiels dans une espèce de zone grise ce
matin?
M. Legault
: Bien,
écoutez, c'est toujours malheureux, là. On n'est pas le premier État à être
victime des hackers, là, des gens, là, qui se spécialisent à faire du mal pour
du mal via les sites Web. C'est malheureux. Est-ce qu'on aurait pu mieux
protéger le site? Bien honnêtement, là, je ne suis pas assez spécialiste pour
savoir si on avait suffisamment de protection. Mais il faut au moins se poser
la question : Comment on fait pour ne pas que ça arrive à d'autres sites
du gouvernement?
M. Croteau (Martin)
:
Pour vous, c'est clair que c'est un problème de hackers? Ce n'est pas la mise
en place du portail qui a été déficiente depuis plusieurs semaines?
M. Legault
: Bien, c'est
ça qu'il faut voir. C'est ça qu'il faut voir.
La Modératrice
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain)
: M. Legault, madame. Est-ce que vous trouvez
que le processus dans Anticosti est vicié? Et M. Couillard a encore rappelé
aujourd'hui... Il est en train de vous cataloguer comme étant propétrole avec
le Parti québécois.
M. Legault
: Bon,
d'abord, M. Couillard est bien mal placé pour faire la leçon à qui que ce soit
sur l'environnement. N'oubliez pas que c'est Philippe Couillard qui a autorisé
le projet le plus polluant, la cimenterie, sans étude environnementale. Donc,
très mal placé pour donner des leçons.
Moi, je pense qu'au contraire on avait un
processus qui respectait et le développement économique et l'environnement. On
a un processus où des fonctionnaires indépendants doivent ou non accepter de
donner des certificats d'autorisation. Or, M. Couillard vient vicier le
processus en disant : Moi, les fonctionnaires vont faire ce que, moi, M. le
Roi, décide de faire. Ça ne se fait pas, ça. Je m'excuse, là, c'est peut-être
un manque d'expérience de sa part, ça ne se fait pas. D'aller dire aussi, forer
trois trous l'été prochain sur une île qui est 17 fois grande comme l'île de
Montréal, que c'est un saccage, je trouve c'est exagéré.
C'est comme une saute d'humeur, c'est
comme une obsession, c'est comme si, depuis Paris, là, M. Couillard avait
complètement sauté et avait commencé à dire : Le développement économique,
ce n'est plus important. Écoutez, je voyais des commentateurs dire en fin de
semaine : On ne reconnaît même pas l'ADN du Parti libéral. Le Parti
libéral a toujours prétendu être le parti de l'économie. Aujourd'hui, le Parti
libéral, c'est le parti contre l'économie.
M. Laforest (Alain) : Si les
études lui donnent raison, c'est vous qui n'aurez pas raison, là.
M. Legault
: Non. Ce
qu'on dit depuis le début, c'est : Respectons le processus. Faisons les
études d'abord environnementales avant de donner les certificats d'autorisation,
d'une façon indépendante; faisons de l'exploration pour savoir de combien on
parle; et ensuite faisons une évaluation avec tous les faits, à savoir : Est-ce
qu'on veut exploiter ou non? Est-ce que ça vaut la peine? Est-ce qu'il y a plus
de retombées que de risques? C'est ça, gérer d'une façon responsable. À mon
avis, Philippe Couillard ne gère pas d'une façon responsable.
La Modératrice
: Louis
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis)
:
Bonjour, M. Legault. Bonjour.
M. Legault
: Bonjour.
M. Lacroix (Louis)
:
Est-ce que Québec Cinéma doit changer le nom... l'appellation, en fait, du gala
des Jutra? Avec le scandale que l'on apprend, est-ce qu'on doit changer le nom
des trophées, entre autres?
M. Legault
: Écoutez,
les allégations à l'égard de Claude Jutra sont très graves. Maintenant, ce sont
des allégations. Je pense que, si jamais, si jamais elles s'avéraient justes,
il faudrait se poser cette question-là, mais actuellement, ce sont des
allégations. Donc, il faut aller au bout du dossier puis essayer de voir s'il y
a des preuves, s'il y a des gens qui sont prêts à venir témoigner. Mais je veux
être très clair, là, c'est très, très grave.
M. Lacroix (Louis)
:
Donc, pour vous, actuellement, il n'y a pas lieu, avec les informations qu'on
a, de changer le nom maintenant de...
M. Legault
: Bien, moi,
je n'ai pas de preuve, là, je n'ai pas personne qui vient dire : Oui, je
l'ai vu. Ce sont des allégations, mais des allégations graves.
M. Lacroix (Louis)
:
O.K. Pour les victimes, les éventuelles victimes ou les présumées,
là — on ne les entend pas en ce moment — quel est le
message que vous leur lancez?
M. Legault
: Bien, je
comprends que ce n'est pas facile, là, mais je souhaite qu'elles... si c'est le
cas, là, que les victimes, dans tous les dossiers, qu'elles viennent révéler,
qu'elles viennent informer les autorités de ce qui s'est passé pour qu'on
puisse s'assurer que ces gestes-là soient punis et soient condamnés dans le cas
de personnes qui seraient mortes.
La Modératrice
:
Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre)
:
S'il n'y a pas de victimes qui se font entendre, qu'est-ce que vous allez
conclure sur le nom des trophées puis...
M. Legault
: Bien, ce
sera, là, à ceux qui gèrent la Soirée des Jutra d'évaluer : Est-ce que les
allégations sont fortes? Est-ce qu'il y a plusieurs personnes? Est-ce que c'est
crédible? Mais actuellement, en tout cas, moi, je n'ai pas assez d'information
pour répondre à cette question. Pour moi, ça reste des allégations.
M. Robillard (Alexandre)
:
Le Zoo de Saint-Félicien, à votre connaissance, est-ce qu'un projet de 32
millions, 32,5 ,qui bénéficie d'une subvention de 26, c'est dans les normes,
ça? Est-ce que la proportion vous surprend ou pas?
M. Legault
: Écoutez,
c'est inhabituel. Par contre, ce n'est pas quelque chose qui n'est jamais
arrivé. Je veux dire, il y a déjà eu des dossiers qui avaient des proportions
comme ça. Et, je le répète, la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean a un taux de
chômage élevé, vit des difficultés économiques, a besoin d'aide du gouvernement
du Québec.
Maintenant, est-ce que les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean
auraient choisi comme priorité de mettre 26 millions sur le Zoo de Saint-Félicien?
Moi, j'aimerais entendre les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
M. Robillard (Alexandre)
:
Vous avez mentionné que cet investissement-là était dans la circonscription de Roberval.
Est-ce que vous voyez un lien entre la façon dont c'est fait puis l'endroit où
c'est investi?
M. Legault
: Écoutez,
ce n'est pas à moi à répondre à ça, là, à savoir : Y a-t-il un lien? Je
vois la même chose que vous, ça s'adonne à être dans le comté de M. Couillard,
mais je ne peux pas vous dire si c'est voulu ou non. Je n'en sais pas plus long
que vous.
La Modératrice
: On va
prendre une dernière question de Nicolas Vigneault.
M. Vigneault (Nicolas) : Dans
le monde scolaire, il y a évidemment une commission qui s'ouvre cet après-midi.
Vous avez été longtemps ministre de l'Éducation, vous-même. Auriez-vous des
recommandations à faire à M. Moreau, là, qui fait son entrée aujourd'hui?
M. Legault
: Bien, écoutez,
pour l'instant, là, le projet de loi qui a été déposé, c'est essentiellement
cosmétique. On ne change pas grand-chose. Ce qu'il faut, dans le monde
scolaire, c'est de transférer les pouvoirs des commissions scolaires vers les
équipes-écoles. Ce sont les enseignants, les directeurs, directrices d'école
qui sont les mieux placés pour choisir les moyens les plus appropriés pour
faire réussir les enfants. Donc, le défi qu'on a, c'est de transférer le
pouvoir des commissions scolaires vers les écoles.
Malheureusement, je ne vois pas ça dans le
projet de loi qui a été déposé. Donc, j'espère que M. Moreau va saisir ça
rapidement puis qu'on va pouvoir enfin agir. Ça fait quand même deux ans qu'on
a le gouvernement Couillard au pouvoir, puis je comprends que c'est le
troisième ministre, mais c'est toujours le même gouvernement, puis M. Couillard
ne semble pas être capable de donner une direction à son ministre de
l'Éducation, à savoir ce qu'il veut faire exactement. Puis il semble, on le
constate tous, avoir beaucoup de pression de la part des commissaires d'école
anglophone dans son caucus, là, ou… oui, dans son caucus.
La Modératrice
: Merci
beaucoup à tous.
M. Legault
: Merci,
tout le monde.
(Fin à 12 h 50)