(Onze heures dix minutes)
M. Roberge : Je vous remercie
d'être ici. C'est important pour moi de venir faire cette présentation devant
les médias parce que, comme on l'a vu, j'ai été interrompu en Chambre alors que
je présentais des images, oui, qui sont des images tirées des écoles du Québec.
C'est dur à croire, je vais les remontrer à nouveau. Il me semble que le gouvernement
ne voulait pas les voir, mais malheureusement les enfants, eux, les voient tous
les jours.
Ici, on a un fond de casier, où une petite
fille a déposé ses chaussures, extrêmement rouillé. Comme je l'ai dit, j'espère
qu'elle a eu sa piqûre contre le tétanos parce qu'il y a de la rouille en
masse, c'est clairement dangereux, c'est insalubre. Ici, on voit une cage
d'escalier, c'est tellement tacheté, on dirait que c'est de l'impressionnisme,
on dirait un Monet. Non, non, c'est le mur de la cage d'escalier, mais il y a tellement
de peinture écaillée qu'on voit la peinture d'en avant, d'en arrière. Ça a de
l'air d'une toile impressionniste, mais c'est une cage d'escalier tellement mal
entretenue qu'on ne peut plus savoir quelle était la peinture d'origine.
M. Caron (Régys) : C'est où,
cette école-là, M. Roberge?
M. Roberge : Je vais devoir
vous les chercher, honnêtement, c'est dans plusieurs écoles différentes, on va
pouvoir vous les dire tout de suite après.
Ici, bien, oui, je n'ai pas eu le temps de
la montrer tout à l'heure, mais c'est le contour d'une fenêtre qu'on a refaite
avec du «duct tape» parce que l'eau s'infiltrait, puis même le «duct tape» ne
collait pas parce qu'il y a trop d'eau. Alors, ça, c'est... Je dépose le plan d'infrastructures
de la province du Québec pour les écoles, c'est le «duct tape», mesdames et
messieurs. C'est vrai, c'est tiré d'une école au Québec.
Et ici c'est vraiment des toilettes dans une
école au Québec, n'en déplaise au gouvernement. Il y en a une qui est carrément
condamnée, et celle-là, croyez-le ou non, elle est utilisable. Moi, j'aurais le
goût de la condamner, mais elle est utilisable et utilisée encore par des
enfants, par des membres du personnel. Quel manque de respect! Et ça en dit
beaucoup sur le peu d'importance qu'accorde le gouvernement libéral aux écoles,
parce que, si on en est venu là, c'est parce que, depuis 10 ans, depuis 12 ans
qu'on laisse les écoles se délabrer. On est rendus qu'il y en a 55 au Québec
qu'on va devoir démolir parce que ça va coûter moins cher en démolir, les
construire à nouveau plutôt que de les rénover. Et il y en a 478 qui sont dans
un état de délabrement qui peut être illustré par les photos que je vous ai
montrées.
Mais il y a des solutions, j'en ai proposé
une au ministre, qu'il n'a même pas daigné relever, c'est de faire appel au
nouveau gouvernement fédéral, qui a fait une place — je pense que c'est
une première fois — qui ouvert une porte pour permettre que la
réfection des écoles, les constructions des écoles soient incluses dans le plan
d'infrastructures fédéral. Il y a des milliards qui sont là, et nous, on a une
crise nationale ici, on a des écoles en état de délabrement incroyable. Je
pense que c'est du devoir du ministre, d'abord, de se lever puis de faire
entendre la voix des enfants au Conseil des ministres, mais ensuite de se lever
puis de faire entendre la voix des enfants au gouvernement fédéral. Il faut qu'il
y ait une part du butin du fédéral dans le programme d'infrastructures qui soit
allouée pour la réfection et la construction de nouvelles écoles.
On a un manque à gagner de 3,5 milliards
pour remettre nos écoles en état. 3,5 milliards, c'est énorme. Ça, c'est
le fruit du laisser-aller des dernières années, et ça nous dit qu'on va devoir
réinvestir massivement. Le ministre Moreau, le nouveau ministre, me fait penser
au précédent, le ministre Blais. Le ministre Blais sortait des tableaux pour
nous montrer que, finalement, ça allait bien dans les écoles.
Le ministre Blais, lui, il a l'air à aimer
beaucoup les crédits. Les crédits, là, c'est formidable. Chaque fois que je
pose des questions sur la réalité des écoles, lui, il m'invite à aller poser
des questions à l'étude des crédits. Mais les élèves, là, ils ne vivent pas au
parlement dans les salles de commission où je vais poser des questions sur les
crédits, les élèves, ils vivent dans nos écoles. Puis moi, je pense qu'il n'y a
pas beaucoup d'enfants des ministres, là, en ce moment, qui ont des conditions
comme ça dans leurs écoles. Je ne pense pas qu'il y a beaucoup d'enfants des
ministres du gouvernement libéral qui vont dans des écoles dans un tel état de
délabrement. Puis je me demande : Comment se fait-il que lui, il abandonne
les familles du Québec puis les enfants puis qu'il tolère l'intolérable en
disant : Tout va bien, tout va bien, vous allez voir aux crédits, on a
augmenté un petit peu l'investissement. Ce n'est pas suffisant.
M. Caron (Régys) : Ces
écoles-là, M. Roberge, est-ce qu'il faut les jeter à terre ou les...
Est-ce qu'il y a moyen de les rénover, à votre connaissance?
M. Roberge : Mais il faut y
aller cas par cas, puis, justement, ça prend un plan du gouvernement, il faut
savoir où on s'en va. Il y a des écoles qui peuvent être rénovées. La plupart
peuvent être rénovées, retapées et repeintes... changer les fenêtres, réparer
les toits. Il y en a 55 au Québec qui, selon les dires du gouvernement... parce
que ce que je cite, là, c'est des chiffres obtenus suite à une demande d'accès
à l'information, et, selon même les documents obtenus auprès du gouvernement,
il y en a 55 que ça ne vaut même pas la peine de rénover, de retaper, il va
falloir les jeter à terre pour les reconstruire.
M. Caron (Régys)
: Les
3,5 milliards de dollars, ça, c'est le déficit d'entretien des écoles?
M. Roberge : C'est le déficit
d'entretien dans notre parc-école, là, si on peut dire, là, dans nos
infrastructures scolaires, 3,5 milliards. Ça, ça ne s'est pas fait en un
an, ça s'est fait peut-être en une décennie, puis c'est la décennie où le
gouvernement libéral a sévi ici, avec un petit intermède du Parti québécois.
Et, si vous regardez, le seul budget du Parti québécois, qu'il a fait, il n'y
avait rien pour augmenter les infrastructures dans les écoles. Le Parti
québécois a contribué à ce qu'on a aujourd'hui.
Mme Delainey (Marie-Laurence) : Les
photos que vous avez montrées, c'est quelles écoles, ça?
M. Roberge : De nombreuses
écoles dans la région de Montréal, mais aussi ailleurs. On va vous envoyer la
liste des écoles qui sont ici, là, je ne les ai pas.
M. Caron (Régys)
:
...compris, il y a 55 écoles qui sont irrécupérables, qui doivent être...
M. Roberge : Qui sont
irrécupérables.
M. Caron (Régys)
: ...puis
qui sont encore occupées par des élèves.
M. Roberge : Il y en a certaines
qui sont placardées, sont fermées, là, c'est... sont abandonnées. Il y en a
dans lesquelles... qui sont occupées par des élèves aussi.
M. Caron (Régys)
:
Combien sur les 55?
M. Roberge : Je ne peux pas
vous répondre, je n'ai pas ce chiffre-là en ce moment. On va pouvoir le
trouver, on a... C'est un document avec 478 écoles, là, je n'ai pas retenu le
détail de chacune.
M. Caron (Régys)
:
Bien, écoutez, le ministre Moreau, en Chambre, vous a dit : Nous
reconnaissons qu'il y a des écoles qui sont vétustes, nous augmentons les
investissements dans la réfection des écoles. Qu'est-ce qu'il peut faire de
plus, là? Les investissements augmentent, dit-il. Il y a un effort de
rattrapage qui est en cours.
M. Roberge : Bien, d'abord, il
faut qu'il s'assure qu'il n'y a aucun enfant qui est dans une école vétuste,
délabrée dans laquelle il y a un problème de qualité de l'air, dans laquelle il
y a un problème de champignons. Moi, je pense que, lui, là, il a l'air
passionné par les crédits, là, ça fait qu'il dit : Ah oui! Selon les
crédits, tout va bien, on investit plus cette année que l'an passé. Mais il ne
nous dit pas s'il investit assez, il ne nous dit pas si, l'an prochain, il va y
avoir des élèves qui vont aller dans des écoles vétustes. Il semble... je ne
sais pas, une vision très, très froide, comptable, mathématique, mais, moi, je
pense qu'il faut qu'il aille sur le terrain puis il faut qu'il prenne des
décisions pour les élèves.
M. Caron (Régys)
: Vous
avez montré, en Chambre, une classe où il y avait une polythène, un plastique,
là, qui était... où on dérivait la pluie. C'est-u ça que l'on doit comprendre,
là?
M. Roberge : Oui. Ah mon Dieu!
Je pense que je ne l'ai pas ici.
M. Caron (Régys)
: Vous
ne l'avez pas.
M. Roberge : Non, ce n'est pas
celle-ci, c'est la fenêtre avec le «duct tape». Ah! c'est celle-ci, oui. C'est
quelque chose, ça, quand même. La plus petite, là, alors, on voit que l'eau
rentre à l'intérieur des murs, et là il y a du polythène, il y a du plastique,
on a collé...
M. Caron (Régys)
: Ça,
c'est dans une classe, là?
M. Roberge : Je pense que
c'est dans un local attenant à une classe, enfin, il y a un panneau électrique
à côté. C'est tiré dans une école du... On va donner la liste des écoles tout à
l'heure. Je ne peux pas vous dire que celle-ci, c'est dans une classe, il
faudra voir.
(Fin à 11 h 18)