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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, February 23, 2016, 13 h 33

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-trois minutes)

M. Khadir : Alors, M. Couillard prétend que le lobbyisme de Bombardier... parce que des personnes importent peu, finalement, mais le lobbyisme de Bombardier n'a aucun effet. D'abord, je pose la question : Si le lobbyisme des grandes compagnies n'avait aucun effet, pourquoi est-ce que Pétrolia, pourquoi est-ce que Bombardier, pourquoi est-ce que tant d'entreprises multinationales ou québécoises dépensent des centaines de milliers, parfois des millions de dollars, pour dépêcher ici des troupes de lobbyistes?

D'ailleurs, Bernie Sanders, aux États-Unis, le candidat à l'investiture démocrate répondait à Mme Hillary Clinton, qui, exactement comme M. Couillard, niait le fait que le lobby ait une influence sur ses décisions.

Deuxièmement, nous sommes très préoccupés que M. Couillard fasse preuve d'une telle désinvolture, d'une telle... disons, si peu de souci pour les questions des promesses des grandes entreprises. Quelle garantie on aura avec Bombardier qu'il va garder des jobs, là, qu'il est en train de troquer avec les jobs d'Air Canada? Si le gouvernement dit : Dans le fond, les engagements des compagnies, ce n'est pas important, on ne le poursuivra pas. Notamment, avec Bombardier, je vous rappelle, vous étiez ici, il y a quelques années, on s'est fendus en quatre, littéralement, ici, à l'Assemblée nationale, M. Lucien Bouchard est venu ici même pour que tous les partis s'entendent pour une loi spéciale permettant à Bombardier d'obtenir le contrat des wagons à La Pocatière. Qu'est-ce qui est arrivé l'année suivante? On a appris que, sur les 700 quelques emplois promis par Bombardier, il n'y en avait que 200 à La Pocatière. Donc, c'est une entreprise qui, déjà, là, a un passé de défaut dans ses promesses d'emploi.

Là, le gouvernement lui dit : Je troque les emplois d'Aveos pour les garanties de Bombardier qui va obtenir le contrat d'Air Canada. Mais Bombardier voit bien que le gouvernement est capable de n'importe quoi et se mettre à genoux devant leurs intérêts puis oublie les promesses d'emplois et ses recours judiciaires. Alors, Bombardier doit être mort de rire, il va obtenir ce qu'il veut puis l'année prochaine ou l'année suivante, il viendra nous dire que, bon, il a dû sous-contracter pour être compétitif. Donc, c'est un précédent très dangereux. Nous ne voudrions pas que M. Couillard signe par ses propres mains sa reddition devant les promesses non tenues par des multinationales qui, malheureusement, nous ont déjà fait le coup et ont sous-contracté des emplois à l'extérieur du Québec.

Et ça témoigne vraiment de la faiblesse du gouvernement sur le plan économique. Moi, à la place des libéraux, là, dans les officines libérales, j'aurais... je commencerais à être sérieusement inquiet. On a un gouvernement qui se targuait d'être un gouvernement de l'économie, et là M. Couillard n'a aucun plan, aucune vision, il ne fait que réagir puis, quand il prend des décisions, bien, c'est du... de l'improvisation toujours sur le dos des emplois, avec des milliards de dollars de l'argent des contribuables engagés. Là, ça va finir où, là, cette espèce d'improvisation, d'absence de vision et juste une espèce, je dirais, de totale soumission au chantage de ceux qui... les gros bonnets?

M. Vigneault (Nicolas) : M. Khadir, est-ce que vous allez appuyer la motion de la CAQ, là, qui va demander notamment, d'une part, de maintenir les recours juridiques, mais également de demander au gouvernement fédéral de ne pas changer la loi sur Air Canada?

M. Khadir : Le gouvernement fédéral a bien sûr une énorme responsabilité, il ne faudrait pas qu'encore une fois le gouvernement fédéral désavantage le Québec dans ses politiques industrielles, dans ses politiques d'emploi, comme on l'a vu tant de fois dans le passé, notamment avec le gouvernement conservateur. Le gouvernement fédéral existe en raison des impôts que tout le monde paie, y compris les citoyens du Québec, même ceux qui sont indépendantistes et qui ont hâte que le Québec devienne un pays. Donc, le gouvernement fédéral a des engagements envers les Québécois, comme partout ailleurs, il doit respecter ses promesses.

Maintenant, nous allons appuyer la motion de la CAQ, d'ailleurs c'est nous qui avons, la semaine dernière, attiré l'attention qu'un tel marché de dupes ne doit pas être autorisé, qu'on ne peut pas... ces compagnies-là, Air Canada comme Bombardier, ont des responsabilités, ont des promesses, ils doivent les tenir. Puis il n'est pas question qu'ils troquent entre eux des emplois pour lesquels nous avons investi des dizaines, des centaines de millions de dollars des avoirs des Québécois.

M. Caron (Régys) : Comment expliquez-vous, M. Khadir, que — bon, le gouvernement du Québec n'est pas seul là-dedans — le fédéral, semble vouloir accommoder Air Canada? Même le maire de Montréal, qui avait appuyé les employés d'Aveos en 2012, aujourd'hui, semble avoir changé d'avis. Il y a comme un alignement de changements de position...

M. Khadir : Je vois là une autre illustration de la classe politique qui nous domine depuis longtemps. C'est déjà...

M. Caron (Régys) : ...

M. Khadir : Bien, c'est le pouvoir des lobbys, c'est le modèle affairiste. C'est le fait que ces gens-là, que ce soit au Parti libéral du Canada, au Parti conservateur du Canada, au Parti libéral du Québec, qui est en fait plus une succursale... le parti actuel de M. Couillard est plus une succursale idéologique du Parti conservateur canadien que libéral. Tous ces gens-là ont une vision comme quoi le gouvernement ne peut rien pour l'économie. Le gouvernement doit laisser libre cours au marché et le gouvernement doit obéir aux diktats, aux impératifs, au chantage qui vient des trop gros, hein? C'est un peu comme les banquiers, lorsqu'ils ont fait chanter le gouvernement américain lors de la crise, ils ont tout ramassé malgré le fait qu'ils étaient responsables de la crise financière : «Too big to fail».

Nous, on dit non, il faut cesser ça. Comme Bernie Sanders aux États-Unis, il faut cesser d'obéir aux intérêts uniquement des gros bonnets, il faut que des décisions soient prises dans le meilleur intérêt de tous. Et je vous assure que, quand on une vision comme ça, comme on l'a déjà eue dans les démocraties contemporaines pendant trois décennies après-guerre, quand on fait ça, tout le monde y gagne. C'est sûr qu'il y a une petite clique de superriches qui ne peuvent pas avoir les mêmes avantages qu'ils ont aujourd'hui, mais l'industrie y gagne, le développement économique y gagne, le développement social y gagne, on offre de l'emploi et on offre aussi des services de qualité.

Malheureusement, ce n'est pas au rendez-vous parce que ce n'est plus M. Trudeau qui décide, ce n'est plus M. Couillard qui décide, c'est le lobby des gros bonnets de l'industrie.

(Fin à 13 h 40)

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