(Huit heures quarante-quatre minutes)
M. Legault
: Oui. Bien,
écoutez, ce matin, on apprend, entre autres dans le Globe and Mail, que
Philippe Couillard a demandé à Justin Trudeau que le gouvernement fédéral
investisse seulement dans la division de la CSeries de façon telle à ce que le
gouvernement du Québec posséderait un tiers des actions de la division CSeries,
le gouvernement fédéral posséderait un autre tiers de la division CSeries et
les autres actionnaires auraient seulement un tiers. Écoutez, là, juste
d'imaginer une division de la CSeries présidée par Daniel Johnson, où le
contrôle de l'entreprise serait entre les mains de Justin Trudeau et Philippe
Couillard, moi, j'ai froid dans le dos de voir une situation comme celle-là.
Je ne comprends pas pourquoi Philippe
Couillard insiste tant pour ne pas investir entre autres dans la division
Transport de Bombardier. On le sait, au Québec, sur 17 700 emplois,
il y en a seulement 1 700 dans la division CSeries. Donc, on parle de
seulement 10 % des employés de Bombardier au Québec dans la division dans laquelle
ils veulent investir. La division, là, qui est prometteuse pour l'avenir, c'est
la division Transport, la division qui fabrique des métros, des trains.
L'avenir, c'est le transport en commun. Je ne comprends pas que notre premier
ministre, là, qui est de plus en plus vert, ne comprenne pas que l'avenir,
c'est le transport en commun. Je ne comprends pas que le premier ministre vert
soit en train de dire : On va investir seulement dans les avions qui
consomment du pétrole, plutôt que d'investir aussi dans des trains, des wagons
de métro, de regarder les trains électriques. Je ne comprends pas, là, son
incohérence.
Et peut-être aussi, en terminant, un petit
mot. Je viens d'entendre Pierre Karl Péladeau dire que le programme économique
de la CAQ était proche de celui du PQ... Je suis surpris. Je suis content,
donc, de déduire que Pierre Karl Péladeau est maintenant d'accord avec notre
proposition de réduire les impôts, dès cette année, de 500 $ par personne.
Pourtant, lorsqu'on a annoncé cette proposition, Nicolas Marceau avait
ridiculisé notre demande. Donc, je suis content de voir qu'en économie Pierre
Karl Péladeau se rallie à la position de la CAQ puis est maintenant avec nous
pour demander à Philippe Couillard, dans le budget du 17 mars, de réduire les
impôts de 500 $ par personne pour aider la consommation, pour aider à
relancer l'économie du Québec.
La Modératrice
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Justement, c'est quoi, votre priorité, pour ce budget-là?
M. Legault
: Première
priorité, il faut réduire les impôts des Québécois. Actuellement, les Québécois
sont étouffés. Depuis l'arrivée de Philippe Couillard, les taxes et les tarifs
des familles québécoises ont augmenté en moyenne de 1 500 $, donc les
familles québécoises ont 1 500 $ de moins dans leurs poches. La
consommation des ménages, c'est 60 % de l'économie. Donc, la première
chose que devrait faire le gouvernement Couillard, c'est de réduire les impôts,
pas en 2017 en commençant à éliminer la taxe santé, mais dès 2016, dès le
1er avril, ça sera possible étant donné que le budget aura lieu le
17 mars.
La deuxième priorité, bien, c'est d'avoir
enfin un plan économique, un plan économique où, oui, on accepte d'investir
dans des entreprises comme Bombardier, mais en échange de garanties de création
d'emplois. Puis l'autre priorité, bien, c'est l'éducation. M. Couillard
semble vouloir faire un bout dans la lutte au décrochage, dans la rénovation
des écoles. Donc, on espère que ça va se concrétiser dans le budget du 17 mars.
M. Laforest (Alain) :
Justement, l'engagement du gouvernement, parce qu'on le sait, là, la revue des
chiffres des dernières semaines qui ont été publiés laisse entendre un surplus
qui ne sera pas de 1,8 milliard, là, mais peut-être autour de 900 millions.
L'engagement du gouvernement, c'est d'abolir la taxe santé. Pour vous, ce n'est
pas suffisant, là?
M. Legault
: Bien,
abolir la taxe santé en 2017, c'est trop peu, trop tard. D'abord, ce n'est pas beaucoup
d'argent, là, on parle d'à peu près 400 $ par famille, alors qu'on vient
d'augmenter le fardeau fiscal des familles de 1 500 $. Nous, on pense
que la réduction devrait plus être autour d'au moins 1 000 $ et
donc... puis c'est en 2017. Donc, pourquoi perdre un an? C'est maintenant que l'économie
va mal.
La Modératrice
:
Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Bonjour,
M. Legault. J'aimerais revenir à ce que vous disiez, justement, sur cette
transaction souhaitée entre le gouvernement fédéral et Bombardier.
M. Daoust confirmait ce matin, donc, si Ottawa acceptait la proposition
sur la table, il y aurait une majorité de sièges sur le conseil
d'administration de cette entreprise créée autour de la CSeries, donc, qui
seraient détenus soir par le gouvernement du Québec ou le gouvernement fédéral.
Donc, je comprends de ce que vous dites que ça ne vous semble pas acceptable
qu'ils occupent tous ces sièges-là autour de la table même s'ils investissent
lourdement.
M. Legault
: Moi, contrairement
à M. Couillard, j'aurais préféré avoir un plus petit pourcentage dans l'ensemble
de Bombardier parce que la CSeries c'est 10 % seulement des emplois de
Bombardier au Québec. Puis moi, je pense que l'avenir, puis la division qui va
bien, c'est la division Transport qui fabrique des wagons de métro, qui
fabrique des trains. Puis sincèrement, là, je suis un peu inquiet de voir
Justin Trudeau et Philippe Couillard avoir le contrôle d'une
compagnie qui fabrique la série C puis que Bombardier n'investisse pas un
sou.
M. Lavallée (Hugo) : Pourquoi?
M. Legault
: Bien, c'est
un peu achalant de voir que, oui, dans le passé, Bombardier a beaucoup investi
dans la série C, mais là, dans ce qui est proposé, ils ne rajoutent pas un
sou. Donc, est-ce qu'ils y croient? Les vrais connaisseurs, là, dans le domaine
de l'aviation, est-ce qu'ils y croient à la série C? Comment se fait-il
que ça serait seulement Philippe Couillard puis Justin Trudeau qui
mettraient de l'argent dans cette division-là puis qui contrôleraient la
compagnie avec Daniel Johnsoncomme président? Écoutez, là, c'est un bon
médecin, M. Couillard, je l'ai dit, là, un homme intelligent, mais de
penser qu'avec Justin Trudeau il va avoir le contrôle d'une compagnie qui
fabrique des avions de la série C, là, moi, ça me donne froid dans le dos.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant votre conférence de presse hier avec M. Péladeau, il y a déjà
des libéraux qui se moquent un peu de l'affaire, qui parlent d'une convergence,
qui disent : Bon, on a toujours su que M. Legault était souverainiste
de toute façon. Et là vous avez vu M. Péladeau ce matin dire qu'il n'y
avait presque pas de différence entre votre programme économique et le sien.
Vous n'avez pas peur que ça ait semé une certaine confusion, cette apparition
conjointe?
M. Legault
: Moi, je
suis... D'abord, si j'étais à la place de Philippe Couillard, là, je
serais plus préoccupé de mes députés puis de l'ADN du Parti libéral parce que
de se peinturer en vert, d'être contre l'exploration à Anticosti, de négocier
des ententes avec Bombardier, avec Air Canada où on n'obtient rien, là,
moi, à sa place, là, je passerais du temps avec mes députés puis avec les
militants libéraux.
Maintenant, concernant M. Péladeau et moi,
bien, d'abord, en économie, comme je le disais tantôt, à ce que je sache, le PQ
est contre des baisses d'impôt. Pour moi, c'est très important, dès 2016, de
réduire les impôts des Québécois. Donc, ou il a changé d'idée, là, ou on a un
grand différend de ce côté-là. Puis évidemment, l'élément le plus important,
c'est que nous, on est en total désaccord avec l'article 1 du PQ. Le PQ crée un
institut de la souveraineté avec un nom très long, là. Je ne sais pas... En
tout cas, je ne donnerais pas de prix à l'équipe de marketing qui a trouvé le
nom. Mais, ceci étant dit, est-ce que M. Péladeau veut mettre toutes ses
énergies à mousser un référendum sur la souveraineté ou si sa priorité, c'est
l'économie? Nous, c'est l'économie, à la CAQ. Et nous, on a un projet
constitutionnel qui est à l'intérieur du Canada.
Donc, à moins, encore là, que M. Péladeau,
là, change d'idée, pour l'instant, je vois des très grandes différences. Et je
le répète, j'ai assisté à la conférence de presse hier à la demande des
employés d'Aveos parce qu'ils sont en train de se faire avoir, là. Ils se sont
fait sacrifier par le premier ministre Couillard qui veut aider sa nouvelle
entreprise, là, qu'il va gérer avec Justin Trudeau puis Daniel Johnson. Écoutez,
là, il y a 1 800 employés à 35 $ de l'heure qui vont perdre leur
emploi ou, en tout cas, qui ne retrouveront pas leur emploi à cause de M.
Philippe Couillard. Donc, je pense que ça valait la peine de faire le compromis,
d'une certaine façon, là, d'être au même endroit que M. Péladeau.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, Huffington Post.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Bellerose (Patrick) :
Alors, on voit ce matin qu'il y a un nouvel incident qui implique M. Charkaoui
au collège Maisonneuve. J'aimerais vous entendre là-dessus. Est-ce que vous
êtes encore... Est-ce que vous êtes surpris que ce genre d'événement se répète
à nouveau?
M. Legault
: C'est très
inquiétant, très, très inquiétant. En plus, moi, j'ai un des mes fils qui est
allé au collège Maisonneuve. Donc, c'est vraiment proche de moi. Et je ne peux
pas croire que le collège Maisonneuve va permettre à quelqu'un comme M. Charkaoui
de continuer à aller prêcher contre les valeurs québécoises, d'aller
indirectement essayer attirer des jeunes vulnérables dans des positions
radicales. On l'a déjà demandé, nous. On demande qu'il y ait une enquête de la
SQ et qu'on prenne les événements au sérieux.
M. Bellerose (Patrick) : Une
enquête de la SQ sur M. Charkaoui ou sur le collège Maisonneuve?
M. Legault
: Sur ce qui
se passe au collège Maisonneuve.
M. Bellerose (Patrick) :
Parfait. Un peu dans la même veine, on a vu aussi d'autres événements au collège
Maisonneuve récemment, par exemple, des élèves qui occupent des locaux de façon
illégale. Est-ce qu'on doit s'intéresser à la direction du collège Maisonneuve,
que ce soit envoyer un observateur ou la mise en tutelle?
M. Legault
: Bien,
écoutez, il ne faut rien exclure à ce moment-ci, là, mais de toute évidence, il
y a un problème. Puis la directive doit être très claire de la part de la
ministre de l'éducation supérieure. Elle doit être claire aussi de la part des
policiers. Nous, on pense que la SQ doit aller intervenir puis peut-être aider
à fixer les balises. Quand c'est rendu qu'un gymnase est utilisé par M.
Charkaoui pour venir prêcher, là, au lieu de pratiquer un sport, c'est
inquiétant. Donc, moi, je pense qu'il y a une intervention qui doit avoir lieu
auprès de la direction du collège et avec les policiers.
M. Bellerose (Patrick) :
Dernière petite question. Est-ce que c'est acceptable que le ministre de
l'Éducation envoie ses enfants à l'école privée?
M. Legault
: C'est un
choix personnel.
La Modératrice
: Martin
Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Croteau (Martin) : Toujours
sur M. Charkaoui et le cégep Maisonneuve, est-ce que vous considérez que la
direction du cégep gère bien le dossier ou, enfin, les nombreux dossiers qui
semblent apparaître sur son radar concernant les altercations, la présence de
M. Charkaoui? Comment vous décririez ou qualifieriez la manière dont la
direction gère ce dossier-là?
M. Legault
: Bien, écoutez,
de toute évidence, là, ils n'ont pas réussi à reprendre le contrôle. Quand on
apprend qu'il y a quelques jours M. Charkaoui s'est retrouvé dans un gymnase à
prêcher, moi, j'ai un problème avec ça, là. Donc, de toute évidence, ils n'ont
pas pris le contrôle. Est-ce qu'ils sont capables de le faire? Est-ce que...
parce que ce n'est pas simple, là, on va tous s'entendre, on ne peut pas
commencer à contrôler toutes les portes du cégep. Mais, en même temps, on voit
que la direction n'a pas réussi à reprendre le contrôle de la situation.
M. Croteau (Martin) : Est-ce qu'il
y a du laxisme de sa part?
M. Legault
: Écoutez,
je ne suis pas rendu à cette étape-là. Ce n'est pas simple, sauf qu'on a besoin
de l'aide de la police, puis il va falloir intervenir parce que là ça se
poursuit et puis ça se poursuit depuis longtemps.
M. Croteau (Martin) :
Qu'est-ce qu'il faut faire avec un homme comme Adil Charkaoui?
M. Legault
: Bien, il
faut clairement, là... puis, encore là, c'est M. Couillard qui se traîne les
pieds. Il faut qu'on adopte une loi pour interdire de prêcher contre les
valeurs québécoises, c'est aussi simple que ça. Puis il faut se méfier des
intégristes, des islamistes. Il faut oser nommer le problème, mais M. Couillard
a un malaise avec ça. Il va falloir qu'il légifère puis qu'il légifère d'une
façon un peu plus serrée que l'espèce de patente, là, qu'il a déposée, qui
s'appelle la loi n° 59.
M. Croteau (Martin) : Mais en
quoi est-ce que cette loi empêcherait M. Charkaoui de se retrouver impliqué
dans une altercation avec des gardiens au cégep Maisonneuve? Ce n'est pas clair
pour moi.
M. Legault
: Bien, si,
d'abord, on envoie un message clair aux directions de cégep, aux dirigeants de
nos municipalités, que c'est maintenant interdit, au Québec, de prêcher contre
les valeurs québécoises, bien, on leur donne des outils. Actuellement, là, ce
n'est pas facile, je me mets à la place de la directrice du cégep, à la place
des maires, comment intervenir, on n'a pas de loi à utiliser. Si je me souviens
bien, M. Charkaoui même veut poursuivre Denis Coderre. Est-ce que c'est lui ou
un autre, en tout cas...
Donc, on voit qu'il est temps que M.
Couillard mette ses culottes, puis agisse, puis arrête de traîner. Je comprends
son malaise, on comprend qu'il est allé en Arabie saoudite, on comprend qu'il
est multiculturaliste, mais là il y a une inquiétude pas juste au Québec,
partout dans le monde. Il faut lutter contre l'intégrisme, il faut lutter
contre les islamistes.
La Modératrice
: Régys
Caron, Le Journal de Québec.
M. Caron (Régys) : Oui.
Bonjour, M. Legault. Justement, vous venez de suggérer l'adoption d'une loi
interdisant de prêcher contre les valeurs québécoises, mais la Charte
canadienne des droits interdit ce genre de chose. Est-ce qu'il faut défier la
charte canadienne?
M. Legault
: Bien, il
ne faut rien exclure à ce moment-ci. Il va falloir que M. Couillard… Déjà, il
va avoir un problème, là, parce que toute la question des prestations à visage
couvert, supposément, selon M. Trudeau, ce n'est pas un problème puis ça
respecte la charte. Selon M. Couillard… il ne veut pas. Donc, il y a déjà un
problème avec la charte fédérale. Puis M. Couillard va devoir prendre le
dossier à bras-le-corps, puis aller voir Justin Trudeau, puis, si c'est
nécessaire, d'utiliser la clause «nonobstant» ou, idéalement, d'amender la
charte canadienne, bien, il faut le faire. Mais les Québécois actuellement,
avec raison, sont inquiets.
M. Caron (Régys) : Est-ce
qu'on est en présence d'un commando musulman au cégep Maisonneuve?
M. Legault
: Je n'en
sais pas plus que vous, là, mais… sauf qu'on a des cas à répétition, à
répétition depuis un an. Ce n'est pas rien, là, c'est inquiétant.
M. Caron (Régys) : Autre
sujet, M. Legault, le gouvernement s'achemine vraisemblablement vers un surplus
budgétaire, 1,8 milliard après huit mois d'exercice. C'est une bonne
nouvelle, ça, M. Legault.
M. Legault
: Oui.
Écoutez, par contre, il faut comprendre que ce surplus vient des poches des
contribuables. M. Couillard a augmenté le fardeau fiscal des familles
québécoises, en moyenne, de 1 500 $ par famille. Donc, actuellement,
là, ceux qui ont permis d'avoir ce surplus-là, ce sont les familles québécoises.
Mais les familles québécoises, actuellement, n'épargnent pas, ne consomment
pas, puis la consommation, c'est 60 % de l'économie. Puis la croissance
économique, à chaque révision, là, c'est à la baisse, la croissance prévue du
PIB.
Donc, M. Couillard, de façon urgente, doit
donner un répit aux familles. Les familles sont essoufflées. Il faut réduire
les impôts des familles dans le budget dès 2016, mais surtout que maintenant il
y a un surplus.
M. Caron (Régys) : Le gouvernement
fédéral s'achemine vers d'importants déficits prétextant qu'il faut stimuler l'économie,
alors que le gouvernement du Québec fait le contraire. Comment voyez-vous la
dichotomie entre les deux, là?
M. Legault
: Bien, écoutez,
je pense que M. Couillard n'a pas compris l'urgence d'agir en économie.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
Dernière question en français.
M. Robillard (Alexandre) :
J'aimerais ça vous entendre, M. Legault, sur les craintes que vous avez
concernant le contrôle potentiel de la série C par deux gouvernements. S'ils
sont majoritaires autour de la table, est-ce que vous pensez que ça va envoyer
un mauvais signal au marché? Est-ce que vous avez des craintes pour l'expertise
de gestion des gens qui vont être autour de la table? Est-ce que vous pouvez
préciser un peu votre pensée?
M. Legault
: Bon, je
pense d'abord, pour ce qui est du marché, là, ce que je comprends en lisant les
rapports des différents analystes, c'est qu'on accorde une valeur de zéro à la
division CSeries dans le marché. Quand on évalue la valeur des actions de
Bombardier, là...
M. Robillard (Alexandre) : Et
des clients, disons, là...
M. Legault
: Non, les
actionnaires. Ceux qui font les propositions, là, d'acheter ou vendre des
actions de Bombardier, ils considèrent que la division CSeries ne vaut rien.
Donc, quand on dit que la valeur marchande, là, ce qu'on appelle le «market
cap» de Bombardier, qui est autour de 3 milliards, c'est pour les autres
divisions, division des avions d'affaires puis division Transport.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais je me suis mal exprimé, là, j'aurais peut-être dû préciser pour les
clients potentiels de la série C.
M. Legault
: Ah! pour
les clients potentiels, bien, écoutez, c'est sûr que, pour les clients
potentiels, de voir que 2 milliards sont injectés, ça peut être positif.
Par contre, quand on fouille un peu puis qu'on voit que la famille Beaudoin de
Bombardier n'ajoute pas un sou dans la division CSeries, habituellement, les
gens d'affaires n'aiment pas beaucoup, là, des entreprises qui sont
contrôlées...
M. Robillard (Alexandre) : Mais
que la gestion soit entre les mains des gouvernements...
M. Legault
: Bien,
c'est ça, là. C'est qu'on dit dans le fond : Daniel Johnson va être
président du conseil d'administration, puis là on va avoir Justin Trudeau puis
Philippe Couillard qui vont être en contrôle, là, sur le nombre d'actions...
M. Robillard (Alexandre) : Mais
c'est quoi, le problème? C'est parce qu'ils ne connaissent pas assez ça, selon
vous? C'est quoi le...
M. Legault
: Bien, je
ne sais pas. Je ne pense pas que M. Trudeau puis M. Couillard aient une grande
expertise en aviation, là.
M. Robillard (Alexandre) :
D'accord. Qu'est-ce que vous pensez du fait qu'hier Mme la ministre de
l'Économie, Mme Anglade, a fixé à 300, comme un minimum, 300 commandes fermes,
le nombre de... d'ici aux premières livraisons de la série C, alors que M.
Bellemare, l'été passé, avait dit que cet objectif-là n'était pas
nécessairement aussi clair que ça?
M. Legault
: Bon, d'abord,
là, remettons les choses en perspective, hein? À ce que je sache, là, pour
l'instant, il y a 238 commandes chez Bombardier pour la série C. Chez les deux
compétiteurs, Boeing 737 puis Airbus 319, il y en a à peu près 3 000 dans
chacun des cas. O.K.? Donc, 300, là, c'est un dixième des deux compétiteurs.
Moi, je continue à penser qu'en mettant
tous nos oeufs dans cette division-là on prend des grands risques parce qu'on
se bat contre des entreprises qui vendent des avions de 100 places, 200 places,
300 places, 400 places, puis Bombardier a juste un avion de 120 places. Donc,
ça aussi, ça joue quand on vient pour vendre les avions. Donc, moi, je pense
actuellement, là, qu'avec 300, là, on n'est pas sortis du bois, là.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais qu'elle mette la barre plus haut que Bombardier...
M. Legault
: Bien, moi,
je peux comprendre que le président de Bombardier ne veut pas mettre de barre
du tout, là, mais je ne trouve pas qu'elle met la barre si haut que ça, là, à
300, là, qui est 10 % des deux compétiteurs, là.
M. Robillard (Alexandre) : ...qui
ne disent pas la même chose.
M. Legault
: Bien, je
comprends, j'ai déjà été président d'une compagnie. On ne fait pas exprès pour
créer des attentes. C'est comme en politique, on ne fait pas exprès pour créer
des attentes ou on les met les plus basses possible pour essayer de les
dépasser. C'est la même chose avec les dirigeants de Bombardier.
La Modératrice
: Merci.
On va prendre une petite dernière question en français. Raquel, je m'excuse,
juste après... Régys Caron...
M. Caron (Régys) : ...
La Modératrice
: Ah!
O.K. Bon, parfait.
Mme Fletcher (Raquel) : Now that the March 17th budget is confirmed, can you just comment
on what you'd like to see in the budget?
M. Legault
:
OK, I would like to see three things. First, I would like to see cuts in income
taxes of people. Right now, since Mr. Couillard is Prime Minister, we have seen
an increase of... average of $1,500 per family. So it's about time we decrease
income taxes, not in 2017, right now, starting on April 1st 2016.
Second, we need to have
an economic plan where clearly we agree to help some companies in Québec, but
in exchange for requirements to have a certain number of employees or adding a
certain number of employees. And thirdly, we need an important reinvestment in
education, first to fight against the dropout rates and, second, for the
maintenance of our schools.
Mme Fletcher (Raquel) :Do you think that the Government should take on a deficit in order
to stimulate the economy?
M. Legault
: I think, right now, we have to remember first that we plan, for
next year, a surplus of $2.2 billion. We plan to use 100% of this surplus to
reduce the debt via the Fonds des générations. We think at this time, with the
actual situation of the Québec
economy, we should take a part of this surplus to reduce income taxes, because
it's urgent that we help our economy and we have to remember that consumption
represents 60% of the Québec GDP. So it's important, and clearly, right now, in
the retail business, right now, they are in problem.
Mme Fletcher (Raquel) :OK, but you do think that the government should maintain a balanced
budget. You're not asking that the…
M. Legault
: Yes, but when I say a balanced budget, it's not taking into
consideration the Fonds des générations. So when you look at revenue minus expenses, it should be balanced.
Right now, we're planning to have a surplus of $2.2 billion that'll be put to
reduce the debt. We think, at this time, that we first have to create wealth
before reducing the debt. At this time, it's urgent that we help Quebeckers in reducing their income taxes. C'est
beau?
La Modératrice
: Merci.
Régys Caron, Journal de Québec.
M. Caron (Régys) : Merci, M.
Legault. Le gouvernement… le ministre de l'Énergie envisage ou a signifié que
la cimenterie McInnis pourrait avoir accès au Fonds vert si elle veut réduire
ses émissions de gaz à effet de serre. Est-ce que la CAQ… parce qu'ils ont déjà
beaucoup d'argent du gouvernement. Est-ce que c'est admissible?
M. Legault
: Non.
Écoutez, déjà, le gouvernement puis la Caisse de dépôt ont investi
450 millions dans un projet qui va créer environ 200 emplois. Déjà, ça n'a
pas de bon sens, c'est disproportionné. En plus, investir dans une nouvelle
construction pour atteindre ou faire des changements environnementaux, je ne
vois pas la raison qui justifierait l'utilisation du Fonds vert. Ce que ça me
démontre, là, c'est que la famille Beaudoin-Bombardier, encore une fois, là,
sont des très bons négociateurs.
M. Caron (Régys) : En
terminant, M. Legault, je veux bien vous comprendre, en lien avec la question
de ma collègue. Est-ce que vous venez de dire que le gouvernement du Québec
devrait faire un budget équilibré, mais en empruntant au Fonds des générations?
Je veux bien vous comprendre, là.
M. Legault
: Non. Ce
qu'on dit, c'est que l'année prochaine on prévoit un nouveau versement au Fonds
des générations, donc on ne touche pas à l'argent qui est déjà dans le Fonds
des générations. Nous, on propose, puis c'est ce qu'on a proposé lors de notre
caucus, d'utiliser 1,7 milliard du 2,2 milliards de surplus qui est
prévu pour être versé au Fonds des générations, de l'utiliser pour réduire les
impôts des particuliers de 500 $ par personne, pour relancer l'économie,
pour augmenter les revenus. Et on croit que ça sera plus facile d'atteindre
l'objectif en 2025 d'avoir 45 % de la dette en pourcentage du PIB. Actuellement,
on n'atteindra pas cet objectif qui est dans le Fonds des générations parce que
c'est la dette en pourcentage du PIB. Or, actuellement, le PIB augmente
beaucoup moins vite que ce qui était prévu dans le Fonds des générations. Donc,
on ne peut pas juste agir sur le numérateur, il faut agir aussi sur le
dénominateur puis il faut le faire en réduisant les impôts.
M. Caron (Régys) : Donc, il
faut réduire les paiements au Fonds des générations.
M. Legault
: Pour
l'année qui vient, oui.
M. Caron (Régys) : D'accord.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Legault
: Merci,
tout le monde.
(Fin à 9 h 8)