(Dix heures trois minutes)
M. Drainville
: Merci.
Alors, bonjour tout le monde. Nous vous avons convoqué ce matin pour vous
réitérer que, vu le sérieux des révélations de l'émission d'Enquête
d'hier soir, nous, nous demandons une enquête de l'UPAC et nous demandons également
une enquête du Commissaire à l'éthique sur Sam Hamad et nous pensons que, tant
que la lumière n'aura pas été faite sur les révélations de l'émission Enquête,
Sam Hamad doit être exclu du Conseil des ministres et du caucus du Parti
libéral du Québec.
Si vous me permettez, avant de prendre vos
questions, on va quand même refaire le fil des informations, le fil des
événements. Il y a quelques informations, quelques révélations cruciales qu'il
faut garder à l'esprit quand on analyse ce dossier-là. De 2008 à 2012, là, il y
a 37 000 $ qui ont été versés au Parti libéral du Québec par des
dirigeants et administrateurs de Premier Tech ou par Marc-Yvan Côté et ses
proches, 37 000 $ entre 2008 et 2012. Premier élément qu'il faut
garder à l'esprit.
Deuxième élément, il faut départager les
deux dossiers de Premier Tech dont il est question dans les faits, là. Il y a
un premier dossier de Premier Tech... Alors, ce premier dossier-là, il date de
2010, et, à ce moment-là, Sam Hamad n'est pas ministre de l'Économie en 2010,
là. A priori, il n'a aucun rapport avec Premier Tech, Sam Hamad en 2010, là. Le
seul lien qu'il a avec Premier Tech en 2010, là, Sam Hamad, c'est
Marc-Yvan Côté. O.K.? Et là Marc-Yvan Côté s'adresse à Sam Hamad, en 2010, il
lui demande de l'aide et, dans un des courriels, il est écrit : Jean, je
rappelle que Sam a offert son aide pour convaincre le Trésor.
Alors, Sam Hamad aide Marc-Yvan Côté avec
la demande de Premier Tech, et là il va contacter Clément Gignac qui est
ministre du Développement économique, puis il va contacter également Jacques
Daoust, l'actuel ministre des Transports, qui est, à ce moment-là, président
d'Investissement Québec. C'est Sam Hamad, qui n'a pas rapport avec Premier
Tech, qui n'a pas rapport avec le développement économique à ce moment-là, qui décide
d'aider son ami Marc-Yvan Côté à aller chercher un financement pour Premier
Tech. Ça, c'est le premier dossier.
Le deuxième dossier date, lui, de 2012. Le
premier, c'est 2010, le deuxième, c'est 2012. En 2012, Marc-Yvan Côté, il est
ministre de l'Économie...
Une voix
: Sam Hamad.
M. Drainville
: Sam
Hamad, il est ministre de l'Économie et là il y a une décision qui est prise
sur la demande de Premier Tech. Premier Tech a refait une demande en 2012, et
là la décision des fonctionnaires, elle est favorable, c'est-à-dire qu'il y a
une subvention qui est accordée par le ministère de Sam Hamad et il y a un prêt
qui est accordé par Investissement Québec.
Sauf que Premier Tech trouve que les
montants ne sont pas assez gros, et là Marc-Yvan Côté écrit... Marc-Yvan
Côté qui, à ce moment-là, est vice-président du conseil d'administration de
Premier Tech, hein, il l'est depuis un certain nombre d'années. Il l'était lors
de la première démarche et il l'est encore à ce moment-là. Alors, Marc-Yvan
Côté approche Sam Hamad, qui est ministre du Développement économique, pour
faire monter les montants qui ne sont pas assez gros, selon l'entreprise.
Alors, Marc-Yvan Côté déjeune avec Sam Hamad, et ça, c'est confirmé par les
courriels : J'ai rencontré, à sept heures ce matin, notre ami pour faire
le point, hein, c'est Marc-Yvan Côté qui parle de Sam Hamad. Je l'ai rencontré,
à sept heures ce mati, pour faire le point, tatati, tatata.
Et, le lendemain de ce déjeuner entre Sam
Hamad et Marc-Yvan Côté, le bras droit de Sam Hamad écrit à l'entreprise
Premier Tech ceci, et ça, c'est vraiment le coeur de l'affaire. Il écrit :
On a travaillé fort, vous aurez des nouvelles bientôt via le canal régulier. On
s'entend-u que là, ce qu'il dit, c'est que le déjeuner, ce n'était pas tout à
fait le canal régulier? Mettons que le déjeuner, c'était le canal irrégulier.
Et là, dans l'échange de courriels, le représentant de la compagnie dit :
C'est-u positif ou négatif? Et là le bras droit de Sam Hamad, chef de cabinet
adjoint, répond : On partait de loin, mais on a travaillé fort pour ne pas
avoir le statu quo. Qu'est-ce que ça veut dire?
Ça veut dire, le montant qui avait été
approuvé par les fonctionnaires, la subvention puis le prêt d'Investissement
Québec, était trop bas, on partait de loin. On a travaillé fort pour
ne pas avoir le statu quo, on a travaillé fort pour faire changer la décision
des fonctionnaires et faire augmenter le montant de la subvention et le prêt
d'Investissement Québec. En d'autres mots, on est passés du forfait régulier au
forfait libéral. On est passés du forfait régulier au forfait Marc-Yvan Côté.
Et là la question qui se pose : C'était
quoi, le montant qui avait été approuvé par les fonctionnaires au départ? Puis
c'était quoi, le montant qui avait été approuvé au départ par Investissement
Québec pour ce qui est du prêt? Parce que je vous rappelle l'annonce. Quelques
semaines plus tard, le 7 mai 2012, Jean Charest annonce, avec Sam Hamad, un
prêt de 11 millions d'Investissement Québec pour Premier Tech puis une subvention
de 8 millions. Nous autres, ce qu'on veut savoir, c'est la subvention, au
départ, approuvée par les fonctionnaires, elle n'était pas de 8 millions,
elle était de combien? Puis le prêt qui avait été approuvé par Investissement
Québec et par Jacques Daoust, il n'était pas de 11 millions, il était de
combien?
En d'autres mots, là, l'intervention politique
de Marc-Yvan Côté, elle s'est traduite par combien de millions de plus?
Investir 37 000 $ dans le financement du Parti libéral de 2008 à
2012, ça a permis à Premier Tech et à Marc-Yvan Côté d'obtenir combien de
millions de plus entre la décision des fonctionnaires et l'intervention
politique de Marc-Yvan Côté? C'est ça qui ressemble à du trafic d'influence.
Et par ailleurs, petite parenthèse, il
va falloir que M. Daoust, là, qui était président d'Investissement Québec à ce
moment-là, là, il va falloir qu'il sorte, à un moment donné, puis qu'il nous
dise, lui là, là, le montant qui avait été approuvé par Investissement Québec,
là, dans le dossier de Premier Tech, là, le prêt, c'était de combien avant
qu'il le change à 11 millions. Il va falloir qu'il réponde à cette question-là.
Mais l'intervention politique de Sam Hamad
pour faire changer la décision des fonctionnaires, à notre avis, elle viole le
code d'éthique. De là notre demande du code d'éthique... d'une enquête du
Commissaire à l'éthique. Puis je vous cite l'article 16 et l'article 17 du code
d'éthique. L'article 16 du code d'éthique dit : «Dans l'exercice de sa
charge, un député ne peut : agir, tenter d'agir ou [...] d'agir de façon à
favoriser ses intérêts personnels, ceux [...] de sa famille [...] ou, d'une
manière abusive, ceux de toute autre personne». Bien, la toute autre personne
ici, c'est Marc-Yvan Côté et possiblement des représentants de Premier Tech.
Deuxième alinéa : Le député, dans
l'exercice de sa charge, ne peut «se prévaloir de sa charge pour influencer ou
tenter d'influencer la décision d'une autre personne de façon à favoriser ses
intérêts personnels [...] d'une manière abusive [ou] ceux de toute autre
personne.»
Et finalement l'article 17 du code
d'éthique, qui, en passant, est une loi... Le code d'éthique, c'est une loi.
Alors, quand on dit que ça prend, à notre avis, une enquête du Commissaire à
l'éthique, c'est très important, parce que, dans les faits, ce que l'on
soutient, c'est que, par ses interventions politiques, Sam Hamad s'est placé en
contravention d'une loi, du code d'éthique. Alors, l'article 17 du code d'éthique
dit : «Un député ne peut utiliser, communiquer ou tenter d'utiliser ou de
communiquer des renseignements qu'il obtient dans l'exercice [...] de sa charge
et qui ne sont généralement pas à la disposition du public pour favoriser ses
intérêts personnels ou ceux de toute autre personne.» C'est clair que, lorsqu'il
déjeune avec Marc-Yvan Côté, il discute de choses qui ne sont pas disponibles
pour le grand public, là.
Conclusion : Nous, on pense, à la
lumière des faits, qu'il y a matière à enquête de la part du Commissaire à
l'éthique et on pense que l'ensemble du portrait, l'équation entre le financement
politique et les interventions politiques occultes de Marc-Yvan Côté, on pense
que ça, c'est également matière à enquête de la part de l'UPAC. On pense qu'il
y a matière à enquête de la part du Commissaire à l'éthique puis on pense qu'il
y a matière à enquête de la part de l'UPAC. Et on souhaite que l'UPAC se
saisisse de ce dossier-là. Et, entre-temps, bien, la seule façon pour le premier
ministre de préserver la confiance du public, de préserver la confiance envers
nos institutions, c'est de demander à Sam Hamad de se retirer du Conseil des
ministres et de se retirer du caucus du Parti libéral.
En fait, Sam Hamad devrait le faire lui-même.
Sam Hamad, ce matin, sur les ondes, là, disait, là, dans plusieurs entrevues :
Moi, je n'ai rien à me reprocher, je suis prêt à collaborer aux enquêtes. Bien,
la première chose que Sam Hamad devrait faire, c'est se retirer de ses
fonctions actuelles de président du Conseil du trésor. Parce que vous admettrez
avec moi, puis je termine là-dessus, là, le président du Conseil du trésor, là,
c'est un bonhomme très important dans une administration gouvernementale. Il
donne beaucoup de contrats, le président du Conseil du trésor. Il a un devoir
d'exemplarité. Il a un devoir de probité, Sam Hamad, et avec toutes les
révélations qui ont été faites hier, on s'entend-u que, minimalement, la
probité est remise en question.
Alors, il devrait donner l'exemple, se
retirer du Conseil des ministres et du caucus. Et, s'il ne le fait pas, c'est
le premier ministre Couillard qui devrait le faire pour lui, qui devrait donc
lui demander de se retirer du Conseil des ministres et de se retirer du caucus
libéral. Allez-y avec vos questions.
M. Chouinard (Tommy) : Tout
d'abord, M. Drainville, est-ce que... parce que c'est un pouvoir que tout
député a, là, de demander par écrit formellement une enquête au commissaire. Je
pense qu'il y a déjà des députés du Parti québécois qui ont fait ce genre de
démarche là pour d'autres affaires, là. Mais est-ce que, donc, vous allez faire
cette demande écrite formelle?
M. Drainville
: C'est
une excellente question, M. Chouinard. Si j'avais eu un petit peu plus de
temps, j'aurais… J'étais en train de finaliser la demande au moment où j'ai
descendu ici. Il restait quelques petites corrections à faire, et notre
demande, d'ici midi, va être acheminée au Commissaire à l'éthique. La lettre
est pratiquement toute écrite, là. Il reste juste quelques petites corrections,
quelques petites modifications à faire.
M. Chouinard (Tommy) : Puis
les obligations du commissaire, lorsqu'il y a une telle demande écrite, est-ce
qu'il y a un délai, il y a une réponse qui doit être…
M. Drainville
: Le Commissaire
à l'éthique a toute la... comment dire, il a toute la marge de manoeuvre pour
mener à bien son enquête et évidemment il y a un certain nombre de dispositions
qui protègent la confidentialité de cette enquête-là.
Maintenant, nous, ce que l'on souhaite,
c'est que, si le Commissaire à l'éthique décide d'aller de l'avant avec l'enquête
et si Sam Hamad est visé par une enquête, on espère que Sam Hamad va avoir la
franchise de le dire, ça, de dire publiquement : Vous savez, j'ai été
contacté par le Commissaire à l'éthique, je suis l'objet d'une enquête et, dans
ces conditions-là, je prends les décisions qui s'imposent. Même chose, je
dirais, avec une éventuelle enquête de l'UPAC. Je pense que Sam Hamad se doit
d'être transparent, se doit d'être franc avec les Québécois, compte tenu de la
lourdeur des révélations qui ont été faites hier.
M. Lacroix (Louis) : Il a déjà
dit, M. Hamad, en entrevue ce matin qu'il n'était pas question pour lui de se
retirer.
M. Drainville
: Oui,
mais il a aussi dit qu'il était disposé à collaborer avec des enquêtes. Alors,
moi, je pense qu'il faut qu'il aille plus loin, il faut qu'il nous dise que, si
effectivement une enquête est déclenchée sur son compte, que ce soit par le
Commissaire à l'éthique ou par l'UPAC, qu'il va la rendre publique et qu'il va
prendre les décisions qui s'imposent à ce moment-là. En ce qui nous concerne,
il devrait déjà agir et faire la chose honorable, qui est de se retirer, là. Mais
j'aimerais bien l'entendre, M. Hamad, dire : Non seulement je vais
collaborer avec une éventuelle enquête ou des éventuelles enquêtes qui me
viseraient, mais je vais en informer le public lorsque ce sera le cas.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous allez également demander à l'UPAC d'enquêter? Est-ce que vous allez
faire copie conforme à M. Lafrenière pendant qu'il est encore là?
M. Drainville
: Écoutez,
on pense, nous, qu'il y a matière à ce que l'UPAC se saisisse de ce dossier-là
et...
M. Gagnon (Marc-André) : Ce
n'est pas la première fois que le passé professionnel de Sam Hamad semait la
controverse autour de M. Hamad, justement. Est-ce que vous avez vraiment été
étonné des révélations d'hier?
M. Drainville
:
Étonné? Je dirais choqué. Étonné, je ne sais pas, mais choqué, abasourdi. Je
veux dire, c'est grave, c'est très grave, ce qui a été dit hier puis ce qui a
été rapporté hier, parce que c'est fondé sur des documents qui ont été obtenus
et qui sont rendus publics. C'est vrai que son nom revient souvent, mettons,
mais là on a, je pense, des informations qui sont étayées, documentées, qui
doivent mener à son retrait du Conseil des ministres puis du caucus du Parti
libéral. Pour nous, c'est très, très clair.
M. Boivin (Simon) : ...pétard
mouillé. Est-ce que c'est de la désinvolture, selon vous?
M. Drainville
: Oui,
je pense qu'il y a effectivement un petit peu de désinvolture. Je pense que
M. Hamad ne réalise pas la gravité des soupçons qui pèsent sur lui et des
révélations qui ont été faites hier. Je pense que, quand on a la preuve ici,
là, qu'il est intervenu politiquement pour changer la décision des
fonctionnaires, pour faire augmenter le montant qui avait été décidé par les
fonctionnaires, le montant de la subvention, le montant du prêt
d'Investissement Québec, et que cette intervention politique s'est produite à
deux reprises, dans deux dossiers différents, et qu'elle s'est produite au
terme d'une période... dans le cas du dossier de 2012, qu'elle s'est produite
au terme d'une période, 2008 à 2012, pendant laquelle 37 000 $ ont
été versés au Parti libéral du Québec par les administrateurs de
Premier Tech, administrateurs et dirigeants, et par Marc-Yvan Côté et
ses proches, ça a des apparences de trafic d'influence, du financement en
échange de démarches pour une subvention et pour un prêt, pour une aide financière,
pas dans un, mais dans deux dossiers différents.
Puis, dans le premier dossier, il n'est
pas à l'Économie. Je le répète, il n'est pas à l'Économie en 2010. En 2010, là,
c'est Emploi, Solidarité ou Transports, là, parce que ça se chevauche, là, mais
il n'est pas à l'Économie, là. C'est quoi le rapport? Pourquoi Sam Hamad
se mêle du dossier de Premier Tech en 2010? Pourquoi est-ce qu'il
intervient auprès de... Pourquoi est-ce qu'il dit : Je vais intervenir? Ou
enfin pourquoi est-ce qu'il est intervenu auprès de M. Gignac? Pourquoi
est-ce qu'il est intervenu auprès de M. Daoust? Le seul lien qu'il y a, à
ce moment-là, avec Premier Tech, c'est son amitié avec
Marc-Yvan Côté, lequel a joué un rôle dans le financement du Parti
libéral.
M. Dutrisac (Robert) :
M. Hamad dit... Bon, prenons la première situation, là, parce que, la
deuxième, ça va... Dans la première situation, Sam Hamad, il dit
essentiellement qu'il a agi comme simple député, qu'il a cherché à
influencer... à faire progresser un dossier qui était un bon dossier,
mettons...
M. Drainville
: Oui,
mais Premier Tech, ce n'est pas dans son comté, là. Premier Tech, c'est
à Rivière-du-Loup, là. Tu sais, Sam Hamad, là, il n'y a rien qui
l'empêche, mais ce que je vous dis, c'est que c'est quand même curieux que
Sam Hamad se mêle d'un dossier qui n'a absolument pas rapport avec ses responsabilités
ministérielles. Le seul lien qu'il y a, qui existe, à ce moment-là, entre Sam
Hamad et Premier Tech de Rivière-du-Loup, c'est Marc-Yvan Côté. C'est la
filière Marc-Yvan Côté qui amène Sam Hamad à intervenir, à essayer de faire
changer la décision en parlant à M. Gignac, en parlant à M. Daoust, à Investissement
Québec. C'est la filière libérale, c'est la filière Marc-Yvan Côté.
M. Bellerose (Patrick) : ...sur
la décision de M. Couillard de garder en poste les ministres de l'ère Charest?
M. Drainville
: Des
ministres de...
M. Bellerose (Patrick) : De
l'ère Charest.
M. Drainville
: Bien, écoutez,
il en a gardé une dizaine, hein? C'est quoi, c'est 11 ministres à 100 000 $,
actuellement, qui siègent dans le Conseil des ministres de M. Couillard. C'est
difficile pour M. Couillard de nous convaincre puis de convaincre les Québécois
qu'il dirige un nouveau Parti libéral quand tu as 11 ministres de l'ère de Jean
Charest qui siègent à tes côtés, quand tu refuses de condamner le système des
ministres à 100 000 $, comme on lui a demandé à plusieurs reprises la
semaine passée.
Puis moi, je vous dirais, sa gestion de l'affaire
Hamad est un test pour Philippe Couillard quant à sa volonté de renouveler le
Parti libéral. Si Philippe Couillard prétend qu'il dirige un nouveau Parti
libéral, bien là, il a le test parfait pour le prouver, il a l'occasion idéale
pour démontrer que le Parti libéral qu'il dirige, ce n'est pas le même vieux
Parti libéral qui existait sous Jean Charest.
M. Lacroix (Louis) : Mais
s'il ne le fait pas, si Philippe Couillard décide de maintenir M. Hamad dans
son cabinet, ça envoie quoi, comme message, à votre avis?
M. Drainville
: Bien,
ça envoie un message que l'éthique et l'intégrité, ce n'est pas très, très important
pour lui et que ça a à peu près la même importance que ça en avait pour Jean
Charest. Et ça fera, à ce moment-là, la démonstration qu'il n'y a pas de
nouveau Parti libéral sous Philippe Couillard, c'est le même vieux Parti
libéral qui existait sous Jean Charest, avec une dizaine de ministres qui
étaient là avec Jean Charest, dont Sam Hamad.
Mme Richer (Jocelyne) : Que
faut-il penser de la proximité entre M. Hamad et Marc-Yvan Côté, alors que, des
années avant, M. Marc-Yvan Côté avait été expulsé du Parti libéral du Canada
pour ses magouilles de financement? Qu'est-ce que ça dit de M. Hamad, ça?
M. Drainville
: C'est
une excellente question.
M. Lacroix (Louis) :
Avez-vous une excellente réponse?
M. Drainville
:
Écoute, tu sais, Marc-Yvan Côté est allé devant la commission Gomery, là, puis
il est allé admettre, reconnaître qu'il avait transporté du cash, des gros
montants de cash, puis qu'il les avait distribués, ces montants de cash, puis
il est expulsé du Parti libéral du Canada à cause de ça, à cause de ses aveux, parce
qu'en droit l'aveu est la preuve la plus forte. Mais, pour le Parti libéral du
Québec et pour Sam Hamad, Marc-Yvan Côté demeure un personnage fréquentable et
fréquenté après son expulsion, en 2005, du Parti libéral du Canada. Je vous
rappelle, Marc-Yvan Côté qui, dans ce courriel de 2008, dit aux dirigeants de
Premier Tech : Pour la soirée de financement de Sam... Ah non! ça, c'est
le dirigeant de Premier Tech qui dit : Pour la soirée de financement de
Sam, est-ce qu'on a souscrit car je n'ai pas eu de demande? Et là Marc-Yvan
Côté répond : Pour le cocktail de Sam, il faut faire une contribution
significative. J'ai l'intention d'en parler avec le président de la compagnie
demain.
Ça fait que visiblement, en 2008,
Marc-Yvan Côté, il fait encore du financement pour le Parti libéral puis là,
visiblement, il en fait pour Sam Hamad en 2008. Pourtant, il est exclu déjà
depuis trois ans du Parti libéral du Canada. Ça fait que Marc-Yvan Côté n'est
plus un personnage fréquentable pour le Parti libéral du Canada à partir de
2005, mais il reste un personnage fréquentable pour Sam Hamad puis le Parti
libéral du Québec au moins jusqu'en 2008. Alors, qu'est-ce que ça dit sur le
sens de l'éthique et de l'intégrité du Parti libéral du Québec et de Sam Hamad?
Je vous laisse répondre à cette question.
M. Boivin (Simon) : ...M.
Drainville, une nomination différente à la tête de l'UPAC. Dans le contexte
actuel, est-ce que le gouvernement a d'autres choix que de conserver M.
Lafrenière en poste?
M. Drainville
: Écoutez,
ce que nous avons dit, c'est qu'il y a une procédure qui est prévue, hein, il y
a une procédure qui est prévue pour le prochain commissaire à l'UPAC, il doit
être choisi parmi une liste de trois candidatures. Nous, ce qu'on a dit, c'est
qu'au minimum M. Lafrenière doit faire partie de la liste des trois candidatures
retenues, là, sur la «shortlist», là, parmi lesquelles le ou la prochaine
commissaire sera choisi. Au minimum, il a mérité ça, dans notre esprit.
Maintenant, c'est au gouvernement de faire
cette nomination-là. Nous, on propose qu'elle soit faite aux deux tiers de la
Chambre. On maintient que ce serait une excellente façon de donner, au prochain
ou à la prochaine, une très grande légitimité, une très grande crédibilité, et
on espère que le gouvernement va finalement entendre raison et accepter que
cette nomination-là se fasse au vote des deux tiers. Jusqu'à maintenant, ils
ont dit non à toutes les offres qu'on leur a faites, toutes les propositions
qu'on leur a faites, toutes les motions qu'on a proposées. Ils ont toujours dit
non. On maintient que ce serait une bonne idée. On souhaite que le prochain ou
la prochaine soit voté aux deux tiers, comme c'est le cas pour le VG, le DGE et
tout le reste. Malheureusement, jusqu'à maintenant, le gouvernement a dit non,
et donc, si la procédure actuelle est suivie, si la loi n'est pas changée, le
ou la prochaine sera choisie sur une liste de trois candidatures.
M. Lacroix (Louis) : Sur le
même ordre d'idées, mais un peu à côté, c'est que, la semaine dernière, M.
Hamad, entre autres choses… Mme Vallée, et Mme de Santis, et M. Daoust
donnaient une conférence de presse pour dire quelles étaient les recommandations
de la commission Charbonneau qu'ils allaient mettre en oeuvre. Et il y a une
des recommandations, la n° 3, si je ne m'abuse, qui dit qu'il faut
dépolitiser le ministère des Transports. Et, pour répondre à cette recommandation-là,
on nomme un comité qui va être de trois personnes, qui sont déjà nommées
d'ailleurs, et qui vont être chargées d'étudier, si on veut, la programmation
du ministère des Transports à chaque année. Mais on refuse que ces gens-là
soient nommés par l'Assemblée nationale, c'est le Parti libéral qui les nomme.
Qu'est-ce que ça vous dit, ça, comme transparence et comme dépolitisation, si
on veut, du processus?
M. Drainville
: Bien,
ça nous dit qu'ils veulent le garder politique. Ça nous dit qu'ils veulent le
garder politique ou qu'ils veulent le garder politisé.
Maintenant, ça m'amène aussi à… votre
question, ça m'amène aussi à vous faire la réflexion suivante. Sam Hamad,
actuellement, là, comme président du Conseil du trésor, c'est celui qui est en
charge de mettre en oeuvre les recommandations de la commission Charbonneau.
Imaginez-vous la crédibilité que Sam Hamad a, ce matin, pour mettre en oeuvre
les recommandations de la commission Charbonneau, alors qu'il est l'objet de
toutes ces révélations. Quelle crédibilité Sam Hamad a-t-il de rester président
du Conseil du trésor et responsable de la mise en oeuvre des recommandations de
la commission Charbonneau? Quelle crédibilité a-t-il pour mettre en oeuvre les
recommandations de la commission Charbonneau, Sam Hamad, comme président du
Conseil du trésor?
Moi, je pense qu'il ne peut pas rester
ministre. Il ne peut pas rester ministre puis il peut encore moins rester
président du Conseil du trésor. Ça n'a aucun bon sens. Sa crédibilité est très,
très, très entachée.
O.K.? Bonne journée, tout le monde.
(Fin à 10 h 29)