To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Bernard Drainville, leader parlementaire de l'opposition officielle

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Bernard Drainville, leader parlementaire de l'opposition officielle

Version finale

Friday, April 1, 2016, 10 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures trois minutes)

M. Drainville : Merci. Alors, bonjour tout le monde. Nous vous avons convoqué ce matin pour vous réitérer que, vu le sérieux des révélations de l'émission d'Enquête d'hier soir, nous, nous demandons une enquête de l'UPAC et nous demandons également une enquête du Commissaire à l'éthique sur Sam Hamad et nous pensons que, tant que la lumière n'aura pas été faite sur les révélations de l'émission Enquête, Sam Hamad doit être exclu du Conseil des ministres et du caucus du Parti libéral du Québec.

Si vous me permettez, avant de prendre vos questions, on va quand même refaire le fil des informations, le fil des événements. Il y a quelques informations, quelques révélations cruciales qu'il faut garder à l'esprit quand on analyse ce dossier-là. De 2008 à 2012, là, il y a 37 000 $ qui ont été versés au Parti libéral du Québec par des dirigeants et administrateurs de Premier Tech ou par Marc-Yvan Côté et ses proches, 37 000 $ entre 2008 et 2012. Premier élément qu'il faut garder à l'esprit.

Deuxième élément, il faut départager les deux dossiers de Premier Tech dont il est question dans les faits, là. Il y a un premier dossier de Premier Tech... Alors, ce premier dossier-là, il date de 2010, et, à ce moment-là, Sam Hamad n'est pas ministre de l'Économie en 2010, là. A priori, il n'a aucun rapport avec Premier Tech, Sam Hamad en 2010, là. Le seul lien qu'il a avec Premier Tech en 2010, là, Sam Hamad, c'est Marc-Yvan Côté. O.K.? Et là Marc-Yvan Côté s'adresse à Sam Hamad, en 2010, il lui demande de l'aide et, dans un des courriels, il est écrit : Jean, je rappelle que Sam a offert son aide pour convaincre le Trésor.

Alors, Sam Hamad aide Marc-Yvan Côté avec la demande de Premier Tech, et là il va contacter Clément Gignac qui est ministre du Développement économique, puis il va contacter également Jacques Daoust, l'actuel ministre des Transports, qui est, à ce moment-là, président d'Investissement Québec. C'est Sam Hamad, qui n'a pas rapport avec Premier Tech, qui n'a pas rapport avec le développement économique à ce moment-là, qui décide d'aider son ami Marc-Yvan Côté à aller chercher un financement pour Premier Tech. Ça, c'est le premier dossier.

Le deuxième dossier date, lui, de 2012. Le premier, c'est 2010, le deuxième, c'est 2012. En 2012, Marc-Yvan Côté, il est ministre de l'Économie...

Une voix : Sam Hamad.

M. Drainville : Sam Hamad, il est ministre de l'Économie et là il y a une décision qui est prise sur la demande de Premier Tech. Premier Tech a refait une demande en 2012, et là la décision des fonctionnaires, elle est favorable, c'est-à-dire qu'il y a une subvention qui est accordée par le ministère de Sam Hamad et il y a un prêt qui est accordé par Investissement Québec.

Sauf que Premier Tech trouve que les montants ne sont pas assez gros, et là Marc-Yvan Côté écrit... Marc-Yvan Côté qui, à ce moment-là, est vice-président du conseil d'administration de Premier Tech, hein, il l'est depuis un certain nombre d'années. Il l'était lors de la première démarche et il l'est encore à ce moment-là. Alors, Marc-Yvan Côté approche Sam Hamad, qui est ministre du Développement économique, pour faire monter les montants qui ne sont pas assez gros, selon l'entreprise. Alors, Marc-Yvan Côté déjeune avec Sam Hamad, et ça, c'est confirmé par les courriels : J'ai rencontré, à sept heures ce matin, notre ami pour faire le point, hein, c'est Marc-Yvan Côté qui parle de Sam Hamad. Je l'ai rencontré, à sept heures ce mati, pour faire le point, tatati, tatata.

Et, le lendemain de ce déjeuner entre Sam Hamad et Marc-Yvan Côté, le bras droit de Sam Hamad écrit à l'entreprise Premier Tech ceci, et ça, c'est vraiment le coeur de l'affaire. Il écrit : On a travaillé fort, vous aurez des nouvelles bientôt via le canal régulier. On s'entend-u que là, ce qu'il dit, c'est que le déjeuner, ce n'était pas tout à fait le canal régulier? Mettons que le déjeuner, c'était le canal irrégulier. Et là, dans l'échange de courriels, le représentant de la compagnie dit : C'est-u positif ou négatif? Et là le bras droit de Sam Hamad, chef de cabinet adjoint, répond : On partait de loin, mais on a travaillé fort pour ne pas avoir le statu quo. Qu'est-ce que ça veut dire?

Ça veut dire, le montant qui avait été approuvé par les fonctionnaires, la subvention puis le prêt d'Investissement Québec, était trop bas, on partait de loin. On a travaillé fort pour ne pas avoir le statu quo, on a travaillé fort pour faire changer la décision des fonctionnaires et faire augmenter le montant de la subvention et le prêt d'Investissement Québec. En d'autres mots, on est passés du forfait régulier au forfait libéral. On est passés du forfait régulier au forfait Marc-Yvan Côté.

Et là la question qui se pose : C'était quoi, le montant qui avait été approuvé par les fonctionnaires au départ? Puis c'était quoi, le montant qui avait été approuvé au départ par Investissement Québec pour ce qui est du prêt? Parce que je vous rappelle l'annonce. Quelques semaines plus tard, le 7 mai 2012, Jean Charest annonce, avec Sam Hamad, un prêt de 11 millions d'Investissement Québec pour Premier Tech puis une subvention de 8 millions. Nous autres, ce qu'on veut savoir, c'est la subvention, au départ, approuvée par les fonctionnaires, elle n'était pas de 8 millions, elle était de combien? Puis le prêt qui avait été approuvé par Investissement Québec et par Jacques Daoust, il n'était pas de 11 millions, il était de combien?

En d'autres mots, là, l'intervention politique de Marc-Yvan Côté, elle s'est traduite par combien de millions de plus? Investir 37 000 $ dans le financement du Parti libéral de 2008 à 2012, ça a permis à Premier Tech et à Marc-Yvan Côté d'obtenir combien de millions de plus entre la décision des fonctionnaires et l'intervention politique de Marc-Yvan Côté? C'est ça qui ressemble à du trafic d'influence.

Et par ailleurs, petite parenthèse, il va falloir que M. Daoust, là, qui était président d'Investissement Québec à ce moment-là, là, il va falloir qu'il sorte, à un moment donné, puis qu'il nous dise, lui là, là, le montant qui avait été approuvé par Investissement Québec, là, dans le dossier de Premier Tech, là, le prêt, c'était de combien avant qu'il le change à 11 millions. Il va falloir qu'il réponde à cette question-là.

Mais l'intervention politique de Sam Hamad pour faire changer la décision des fonctionnaires, à notre avis, elle viole le code d'éthique. De là notre demande du code d'éthique... d'une enquête du Commissaire à l'éthique. Puis je vous cite l'article 16 et l'article 17 du code d'éthique. L'article 16 du code d'éthique dit : «Dans l'exercice de sa charge, un député ne peut : agir, tenter d'agir ou [...] d'agir de façon à favoriser ses intérêts personnels, ceux [...] de sa famille [...] ou, d'une manière abusive, ceux de toute autre personne». Bien, la toute autre personne ici, c'est Marc-Yvan Côté et possiblement des représentants de Premier Tech.

Deuxième alinéa : Le député, dans l'exercice de sa charge, ne peut «se prévaloir de sa charge pour influencer ou tenter d'influencer la décision d'une autre personne de façon à favoriser ses intérêts personnels [...] d'une manière abusive [ou] ceux de toute autre personne.»

Et finalement l'article 17 du code d'éthique, qui, en passant, est une loi... Le code d'éthique, c'est une loi. Alors, quand on dit que ça prend, à notre avis, une enquête du Commissaire à l'éthique, c'est très important, parce que, dans les faits, ce que l'on soutient, c'est que, par ses interventions politiques, Sam Hamad s'est placé en contravention d'une loi, du code d'éthique. Alors, l'article 17 du code d'éthique dit : «Un député ne peut utiliser, communiquer ou tenter d'utiliser ou de communiquer des renseignements qu'il obtient dans l'exercice [...] de sa charge et qui ne sont généralement pas à la disposition du public pour favoriser ses intérêts personnels ou ceux de toute autre personne.» C'est clair que, lorsqu'il déjeune avec Marc-Yvan Côté, il discute de choses qui ne sont pas disponibles pour le grand public, là.

Conclusion : Nous, on pense, à la lumière des faits, qu'il y a matière à enquête de la part du Commissaire à l'éthique et on pense que l'ensemble du portrait, l'équation entre le financement politique et les interventions politiques occultes de Marc-Yvan Côté, on pense que ça, c'est également matière à enquête de la part de l'UPAC. On pense qu'il y a matière à enquête de la part du Commissaire à l'éthique puis on pense qu'il y a matière à enquête de la part de l'UPAC. Et on souhaite que l'UPAC se saisisse de ce dossier-là. Et, entre-temps, bien, la seule façon pour le premier ministre de préserver la confiance du public, de préserver la confiance envers nos institutions, c'est de demander à Sam Hamad de se retirer du Conseil des ministres et de se retirer du caucus du Parti libéral.

En fait, Sam Hamad devrait le faire lui-même. Sam Hamad, ce matin, sur les ondes, là, disait, là, dans plusieurs entrevues : Moi, je n'ai rien à me reprocher, je suis prêt à collaborer aux enquêtes. Bien, la première chose que Sam Hamad devrait faire, c'est se retirer de ses fonctions actuelles de président du Conseil du trésor. Parce que vous admettrez avec moi, puis je termine là-dessus, là, le président du Conseil du trésor, là, c'est un bonhomme très important dans une administration gouvernementale. Il donne beaucoup de contrats, le président du Conseil du trésor. Il a un devoir d'exemplarité. Il a un devoir de probité, Sam Hamad, et avec toutes les révélations qui ont été faites hier, on s'entend-u que, minimalement, la probité est remise en question.

Alors, il devrait donner l'exemple, se retirer du Conseil des ministres et du caucus. Et, s'il ne le fait pas, c'est le premier ministre Couillard qui devrait le faire pour lui, qui devrait donc lui demander de se retirer du Conseil des ministres et de se retirer du caucus libéral. Allez-y avec vos questions.

M. Chouinard (Tommy) : Tout d'abord, M. Drainville, est-ce que... parce que c'est un pouvoir que tout député a, là, de demander par écrit formellement une enquête au commissaire. Je pense qu'il y a déjà des députés du Parti québécois qui ont fait ce genre de démarche là pour d'autres affaires, là. Mais est-ce que, donc, vous allez faire cette demande écrite formelle?

M. Drainville : C'est une excellente question, M. Chouinard. Si j'avais eu un petit peu plus de temps, j'aurais… J'étais en train de finaliser la demande au moment où j'ai descendu ici. Il restait quelques petites corrections à faire, et notre demande, d'ici midi, va être acheminée au Commissaire à l'éthique. La lettre est pratiquement toute écrite, là. Il reste juste quelques petites corrections, quelques petites modifications à faire.

M. Chouinard (Tommy) : Puis les obligations du commissaire, lorsqu'il y a une telle demande écrite, est-ce qu'il y a un délai, il y a une réponse qui doit être…

M. Drainville : Le Commissaire à l'éthique a toute la... comment dire, il a toute la marge de manoeuvre pour mener à bien son enquête et évidemment il y a un certain nombre de dispositions qui protègent la confidentialité de cette enquête-là.

Maintenant, nous, ce que l'on souhaite, c'est que, si le Commissaire à l'éthique décide d'aller de l'avant avec l'enquête et si Sam Hamad est visé par une enquête, on espère que Sam Hamad va avoir la franchise de le dire, ça, de dire publiquement : Vous savez, j'ai été contacté par le Commissaire à l'éthique, je suis l'objet d'une enquête et, dans ces conditions-là, je prends les décisions qui s'imposent. Même chose, je dirais, avec une éventuelle enquête de l'UPAC. Je pense que Sam Hamad se doit d'être transparent, se doit d'être franc avec les Québécois, compte tenu de la lourdeur des révélations qui ont été faites hier.

M. Lacroix (Louis) : Il a déjà dit, M. Hamad, en entrevue ce matin qu'il n'était pas question pour lui de se retirer.

M. Drainville : Oui, mais il a aussi dit qu'il était disposé à collaborer avec des enquêtes. Alors, moi, je pense qu'il faut qu'il aille plus loin, il faut qu'il nous dise que, si effectivement une enquête est déclenchée sur son compte, que ce soit par le Commissaire à l'éthique ou par l'UPAC, qu'il va la rendre publique et qu'il va prendre les décisions qui s'imposent à ce moment-là. En ce qui nous concerne, il devrait déjà agir et faire la chose honorable, qui est de se retirer, là. Mais j'aimerais bien l'entendre, M. Hamad, dire : Non seulement je vais collaborer avec une éventuelle enquête ou des éventuelles enquêtes qui me viseraient, mais je vais en informer le public lorsque ce sera le cas.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que vous allez également demander à l'UPAC d'enquêter? Est-ce que vous allez faire copie conforme à M. Lafrenière pendant qu'il est encore là?

M. Drainville : Écoutez, on pense, nous, qu'il y a matière à ce que l'UPAC se saisisse de ce dossier-là et...

M. Gagnon (Marc-André) : Ce n'est pas la première fois que le passé professionnel de Sam Hamad semait la controverse autour de M. Hamad, justement. Est-ce que vous avez vraiment été étonné des révélations d'hier?

M. Drainville : Étonné? Je dirais choqué. Étonné, je ne sais pas, mais choqué, abasourdi. Je veux dire, c'est grave, c'est très grave, ce qui a été dit hier puis ce qui a été rapporté hier, parce que c'est fondé sur des documents qui ont été obtenus et qui sont rendus publics. C'est vrai que son nom revient souvent, mettons, mais là on a, je pense, des informations qui sont étayées, documentées, qui doivent mener à son retrait du Conseil des ministres puis du caucus du Parti libéral. Pour nous, c'est très, très clair.

M. Boivin (Simon) : ...pétard mouillé. Est-ce que c'est de la désinvolture, selon vous?

M. Drainville : Oui, je pense qu'il y a effectivement un petit peu de désinvolture. Je pense que M. Hamad ne réalise pas la gravité des soupçons qui pèsent sur lui et des révélations qui ont été faites hier. Je pense que, quand on a la preuve ici, là, qu'il est intervenu politiquement pour changer la décision des fonctionnaires, pour faire augmenter le montant qui avait été décidé par les fonctionnaires, le montant de la subvention, le montant du prêt d'Investissement Québec, et que cette intervention politique s'est produite à deux reprises, dans deux dossiers différents, et qu'elle s'est produite au terme d'une période... dans le cas du dossier de 2012, qu'elle s'est produite au terme d'une période, 2008 à 2012, pendant laquelle 37 000 $ ont été versés au Parti libéral du Québec par les administrateurs de Premier Tech, administrateurs et dirigeants, et par Marc-Yvan Côté et ses proches, ça a des apparences de trafic d'influence, du financement en échange de démarches pour une subvention et pour un prêt, pour une aide financière, pas dans un, mais dans deux dossiers différents.

Puis, dans le premier dossier, il n'est pas à l'Économie. Je le répète, il n'est pas à l'Économie en 2010. En 2010, là, c'est Emploi, Solidarité ou Transports, là, parce que ça se chevauche, là, mais il n'est pas à l'Économie, là. C'est quoi le rapport? Pourquoi Sam Hamad se mêle du dossier de Premier Tech en 2010? Pourquoi est-ce qu'il intervient auprès de... Pourquoi est-ce qu'il dit : Je vais intervenir? Ou enfin pourquoi est-ce qu'il est intervenu auprès de M. Gignac? Pourquoi est-ce qu'il est intervenu auprès de M. Daoust? Le seul lien qu'il y a, à ce moment-là, avec Premier Tech, c'est son amitié avec Marc-Yvan Côté, lequel a joué un rôle dans le financement du Parti libéral.

M. Dutrisac (Robert) : M. Hamad dit... Bon, prenons la première situation, là, parce que, la deuxième, ça va... Dans la première situation, Sam Hamad, il dit essentiellement qu'il a agi comme simple député, qu'il a cherché à influencer... à faire progresser un dossier qui était un bon dossier, mettons...

M. Drainville : Oui, mais Premier Tech, ce n'est pas dans son comté, là. Premier Tech, c'est à Rivière-du-Loup, là. Tu sais, Sam Hamad, là, il n'y a rien qui l'empêche, mais ce que je vous dis, c'est que c'est quand même curieux que Sam Hamad se mêle d'un dossier qui n'a absolument pas rapport avec ses responsabilités ministérielles. Le seul lien qu'il y a, qui existe, à ce moment-là, entre Sam Hamad et Premier Tech de Rivière-du-Loup, c'est Marc-Yvan Côté. C'est la filière Marc-Yvan Côté qui amène Sam Hamad à intervenir, à essayer de faire changer la décision en parlant à M. Gignac, en parlant à M. Daoust, à Investissement Québec. C'est la filière libérale, c'est la filière Marc-Yvan Côté.

M. Bellerose (Patrick) : ...sur la décision de M. Couillard de garder en poste les ministres de l'ère Charest?

M. Drainville : Des ministres de...

M. Bellerose (Patrick) : De l'ère Charest.

M. Drainville : Bien, écoutez, il en a gardé une dizaine, hein? C'est quoi, c'est 11 ministres à 100 000 $, actuellement, qui siègent dans le Conseil des ministres de M. Couillard. C'est difficile pour M. Couillard de nous convaincre puis de convaincre les Québécois qu'il dirige un nouveau Parti libéral quand tu as 11 ministres de l'ère de Jean Charest qui siègent à tes côtés, quand tu refuses de condamner le système des ministres à 100 000 $, comme on lui a demandé à plusieurs reprises la semaine passée.

Puis moi, je vous dirais, sa gestion de l'affaire Hamad est un test pour Philippe Couillard quant à sa volonté de renouveler le Parti libéral. Si Philippe Couillard prétend qu'il dirige un nouveau Parti libéral, bien là, il a le test parfait pour le prouver, il a l'occasion idéale pour démontrer que le Parti libéral qu'il dirige, ce n'est pas le même vieux Parti libéral qui existait sous Jean Charest.

M. Lacroix (Louis) : Mais s'il ne le fait pas, si Philippe Couillard décide de maintenir M. Hamad dans son cabinet, ça envoie quoi, comme message, à votre avis?

M. Drainville : Bien, ça envoie un message que l'éthique et l'intégrité, ce n'est pas très, très important pour lui et que ça a à peu près la même importance que ça en avait pour Jean Charest. Et ça fera, à ce moment-là, la démonstration qu'il n'y a pas de nouveau Parti libéral sous Philippe Couillard, c'est le même vieux Parti libéral qui existait sous Jean Charest, avec une dizaine de ministres qui étaient là avec Jean Charest, dont Sam Hamad.

Mme Richer (Jocelyne) : Que faut-il penser de la proximité entre M. Hamad et Marc-Yvan Côté, alors que, des années avant, M. Marc-Yvan Côté avait été expulsé du Parti libéral du Canada pour ses magouilles de financement? Qu'est-ce que ça dit de M. Hamad, ça?

M. Drainville : C'est une excellente question.

M. Lacroix (Louis) : Avez-vous une excellente réponse?

M. Drainville : Écoute, tu sais, Marc-Yvan Côté est allé devant la commission Gomery, là, puis il est allé admettre, reconnaître qu'il avait transporté du cash, des gros montants de cash, puis qu'il les avait distribués, ces montants de cash, puis il est expulsé du Parti libéral du Canada à cause de ça, à cause de ses aveux, parce qu'en droit l'aveu est la preuve la plus forte. Mais, pour le Parti libéral du Québec et pour Sam Hamad, Marc-Yvan Côté demeure un personnage fréquentable et fréquenté après son expulsion, en 2005, du Parti libéral du Canada. Je vous rappelle, Marc-Yvan Côté qui, dans ce courriel de 2008, dit aux dirigeants de Premier Tech : Pour la soirée de financement de Sam... Ah non! ça, c'est le dirigeant de Premier Tech qui dit : Pour la soirée de financement de Sam, est-ce qu'on a souscrit car je n'ai pas eu de demande? Et là Marc-Yvan Côté répond : Pour le cocktail de Sam, il faut faire une contribution significative. J'ai l'intention d'en parler avec le président de la compagnie demain.

Ça fait que visiblement, en 2008, Marc-Yvan Côté, il fait encore du financement pour le Parti libéral puis là, visiblement, il en fait pour Sam Hamad en 2008. Pourtant, il est exclu déjà depuis trois ans du Parti libéral du Canada. Ça fait que Marc-Yvan Côté n'est plus un personnage fréquentable pour le Parti libéral du Canada à partir de 2005, mais il reste un personnage fréquentable pour Sam Hamad puis le Parti libéral du Québec au moins jusqu'en 2008. Alors, qu'est-ce que ça dit sur le sens de l'éthique et de l'intégrité du Parti libéral du Québec et de Sam Hamad? Je vous laisse répondre à cette question.

M. Boivin (Simon) : ...M. Drainville, une nomination différente à la tête de l'UPAC. Dans le contexte actuel, est-ce que le gouvernement a d'autres choix que de conserver M. Lafrenière en poste?

M. Drainville : Écoutez, ce que nous avons dit, c'est qu'il y a une procédure qui est prévue, hein, il y a une procédure qui est prévue pour le prochain commissaire à l'UPAC, il doit être choisi parmi une liste de trois candidatures. Nous, ce qu'on a dit, c'est qu'au minimum M. Lafrenière doit faire partie de la liste des trois candidatures retenues, là, sur la «shortlist», là, parmi lesquelles le ou la prochaine commissaire sera choisi. Au minimum, il a mérité ça, dans notre esprit.

Maintenant, c'est au gouvernement de faire cette nomination-là. Nous, on propose qu'elle soit faite aux deux tiers de la Chambre. On maintient que ce serait une excellente façon de donner, au prochain ou à la prochaine, une très grande légitimité, une très grande crédibilité, et on espère que le gouvernement va finalement entendre raison et accepter que cette nomination-là se fasse au vote des deux tiers. Jusqu'à maintenant, ils ont dit non à toutes les offres qu'on leur a faites, toutes les propositions qu'on leur a faites, toutes les motions qu'on a proposées. Ils ont toujours dit non. On maintient que ce serait une bonne idée. On souhaite que le prochain ou la prochaine soit voté aux deux tiers, comme c'est le cas pour le VG, le DGE et tout le reste. Malheureusement, jusqu'à maintenant, le gouvernement a dit non, et donc, si la procédure actuelle est suivie, si la loi n'est pas changée, le ou la prochaine sera choisie sur une liste de trois candidatures.

M. Lacroix (Louis) : Sur le même ordre d'idées, mais un peu à côté, c'est que, la semaine dernière, M. Hamad, entre autres choses… Mme Vallée, et Mme de Santis, et M. Daoust donnaient une conférence de presse pour dire quelles étaient les recommandations de la commission Charbonneau qu'ils allaient mettre en oeuvre. Et il y a une des recommandations, la n° 3, si je ne m'abuse, qui dit qu'il faut dépolitiser le ministère des Transports. Et, pour répondre à cette recommandation-là, on nomme un comité qui va être de trois personnes, qui sont déjà nommées d'ailleurs, et qui vont être chargées d'étudier, si on veut, la programmation du ministère des Transports à chaque année. Mais on refuse que ces gens-là soient nommés par l'Assemblée nationale, c'est le Parti libéral qui les nomme. Qu'est-ce que ça vous dit, ça, comme transparence et comme dépolitisation, si on veut, du processus?

M. Drainville : Bien, ça nous dit qu'ils veulent le garder politique. Ça nous dit qu'ils veulent le garder politique ou qu'ils veulent le garder politisé.

Maintenant, ça m'amène aussi à… votre question, ça m'amène aussi à vous faire la réflexion suivante. Sam Hamad, actuellement, là, comme président du Conseil du trésor, c'est celui qui est en charge de mettre en oeuvre les recommandations de la commission Charbonneau. Imaginez-vous la crédibilité que Sam Hamad a, ce matin, pour mettre en oeuvre les recommandations de la commission Charbonneau, alors qu'il est l'objet de toutes ces révélations. Quelle crédibilité Sam Hamad a-t-il de rester président du Conseil du trésor et responsable de la mise en oeuvre des recommandations de la commission Charbonneau? Quelle crédibilité a-t-il pour mettre en oeuvre les recommandations de la commission Charbonneau, Sam Hamad, comme président du Conseil du trésor?

Moi, je pense qu'il ne peut pas rester ministre. Il ne peut pas rester ministre puis il peut encore moins rester président du Conseil du trésor. Ça n'a aucun bon sens. Sa crédibilité est très, très, très entachée.

O.K.? Bonne journée, tout le monde.

(Fin à 10 h 29)

Participants


Document(s) Related