(Onze heures trente-quatre minutes)
M. Drainville
: Rapidement,
juste pour réagir aux propos que le premier ministre vient de tenir il y a un
instant, il a dit, je le cite, qu'il n'avait «rien à reprocher à Sam
Hamad. Écoutez, c'est comme si le film recommençait encore une fois. À toutes
les fois qu'on a l'impression que ce gouvernement-là commence à admettre une
dérive éthique puis qu'il a l'air de faire un petit peu amende honorable, on
retourne toujours au point zéro, et, dans ce cas-ci, le point zéro, c'est le
premier ministre qui réitère finalement qu'il n'y a pas de problème avec Sam
Hamad.
Or, Sam Hamad est allé sur les ondes d'une
radio la semaine passée, vendredi matin, le lendemain du reportage, puis il est
allé déclarer qu'il n'avait jamais atteint son 100 000 $. Ce sont ses
mots exacts, qu'il n'a jamais atteint... Je n'ai jamais atteint le
100 000 $, c'est ça qu'il a dit. Sam Hamad était encore ministre et
il mentait aux Québécois en disant qu'il n'avait jamais atteint son
100 000 $, alors qu'il avait collecté 171 399 $ en 2009. Ça
fait que le premier ministre sait, parce que c'est maintenant public, que Sam
Hamad a menti alors qu'il était encore ministre, et tout ce qu'il trouve à dire
après la période des questions, c'est : Je n'ai rien à lui reprocher.
Et ça, ça procède de la même attitude que
le premier ministre a dans cette histoire-là depuis le début : ne pas
commenter ou, enfin, prendre 48 heures avant de commenter. Première chose qu'il
dit, c'est : C'est un super bon gars, Sam. C'est un gars courageux, c'est
un gars noble. Il prend... c'est un gars intègre. Il est formidable, il est extraordinaire.
Bon, comment dire, accessoirement, il va y
avoir une enquête du Commissaire à l'éthique, puis il va y avoir une enquête du
VG, puis il finit par dire : Bien, il a peut-être manqué de prudence. Mais
là, aujourd'hui, là, requinqué, là, par la démission de Sam Hamad... parce que
c'est ça qui s'est passé aujourd'hui, Sam Hamad a démissionné, hein? C'est ça,
il faut appeler un chat un chat, là, Sam Hamad a démissionné aujourd'hui, sous
la pression populaire, parce que sa cause ne tient pas, les arguments qu'il
donne ne tiennent pas.
Et à partir du moment où il va en ondes
vendredi puis il ment sur le 100 000 $ qu'il dit n'avoir jamais
atteint, bien, la question se pose : Quelle confiance on peut avoir en ce
gars-là? Moi, en ce qui me concerne, à partir du moment où il a menti sur le
100 000 $, je ne fais plus confiance à Sam Hamad. Il n'est plus digne
de confiance des Québécois et il ne devrait plus être digne de la confiance du
premier ministre non plus. Philippe Couillard, quand il s'aperçoit que Sam
Hamad a menti sur le 100 000 $, il devrait se servir de ça pour
l'écarter du caucus du Parti libéral. Il me semble que, là, tu as une bonne
raison. Si tu n'en avais pas avant à ton goût, là, à son goût à lui, là, tu as
une bonne raison.
Alors, moi, je trouve ça incroyable. Je
trouve ça incroyable. C'est comme : Écoute, Sam est revenu de Floride, tout
va bien, Madame la Marquise. On n'a rien à lui reprocher, c'est fantastique.
Puis le gars a menti, puis tout le monde le sait, puis le premier ministre le
sait, puis au lieu de le déplorer puis de le mettre à la porte du caucus, il
lui réitère sa confiance puis il dit qu'il n'a rien à lui reprocher.
C'est un manque de leadership pathétique
de la part du premier ministre sur les questions d'éthique et d'intégrité. Il
n'a vraiment rien compris de la semaine qu'il vient d'avoir. Philippe Couillard
n'a rien compris de la dernière semaine. Il n'a rien compris de la colère des
Québécois qui sont en maudit. Ils sont en maudit qu'il ait pris tant de temps
pour se positionner, ils sont en maudit qu'il lui ait laissé son salaire puis
sa limo, ils sont en maudit qu'il l'ait laissé partir pour la Floride puis là
ils vont être en maudit qu'il ne condamne même pas le mensonge de Sam Hamad sur
le 100 000 $ qu'il dit n'avoir jamais atteint, alors qu'il avait
collecté 177 000 $. C'est fort.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
vous n'allez pas jusqu'à demander la démission de M. Hamad. Pourquoi?
M. Drainville
: On
demande qu'il soit écarté du caucus du Parti libéral, comme l'a été Tomassi,
comme l'a été Jean D'Amour, comme l'a été Bouchard. Ça, c'est un minimum. C'est
un minimum qu'il soit sorti du caucus du Parti libéral le temps que durent les
enquêtes. Mais moi, je vous le dis, là, ce qui m'impressionne vraiment, là,
c'est que tout le monde sait au Québec qu'il a menti. La citation est claire,
là. J'ai mis le tape, là, sur Facebook puis Twitter, là, si vous
n'êtes pas convaincus, allez l'écouter. Je n'ai jamais atteint... Puis écoutez
l'entrevue, c'est formidable, parce que c'est lui qui, comme on dit en bon
français, là, c'est lui qui, comment dire, c'est lui qui répond... qui amène
l'information alors que la question ne lui est pas posée. Vous écoutez
l'entrevue, là, puis Sam Hamad, il prend les devants. Voilà, il prend les
devants, il dit : Moi, je n'ai jamais atteint 100 000 $.
Alors, il était ministre à ce moment-là,
il mentait. Pourquoi il serait digne de confiance aujourd'hui, là, alors qu'il
a menti là-dessus? Comment le croire sur tout le reste? Puis le premier
ministre accepte ça. Moi, je trouve ça fort le café. Je vous le dis, je trouve
ça incroyable.
M. Laforest (Alain) : Vous
répondez quoi à Jean-Marc Fournier qui vous dit que vous aviez des ministres à
80 000 $ puis que votre chef a ramassé 100 000 $ en soupers
le soir?
M. Drainville
: Bien,
le financement de la dernière course au leadership, là, du Parti québécois,
elle s'est faite selon la nouvelle loi sur le financement des partis, qui a été
adoptée par tous les partis et qui fixe la limite à 500 $ pour les courses
au leadership. Tous les dons de cette course-là sont publics, ils sont sur le
site du DGE. Alors, Jean-Marc Fournier, il fait ce qu'il fait d'habitude.
Plutôt que de répondre aux questions sur Marc-Yvan Côté, sur Sam Hamad, sur le
club des ministres à 150 000 $, sur les 3 millions du 127e
comté, qu'est-ce qu'il fait? Il pitche de la bouette puis il espère annuler, il
espère... Il espère la nulle, lui. Il essaie de beurrer tout le monde. C'est
comme ça qu'il marche, Jean-Marc Fournier, il beurre tout le monde puis il
pense que les Québécois ne s'en rendront pas compte.
Bien, ce n'est pas une péquiste, Nathalie
Normandeau. Elle est devant les tribunaux actuellement puis elle est accusée au
criminel. Puis Marc-Yvan Côté, c'est la même affaire. Puis Sam Hamad, c'était
un ministre libéral, puis aujourd'hui ce n'est plus juste un député libéral
parce qu'il a été obligé de démissionner de son poste de ministre. Tout ça,
c'est des libéraux. Le 127e comté, c'est un libéral. Les enquêtes de l'UPAC,
c'est le Parti libéral qui est visé. La descente de l'UPAC...
M. Laforest (Alain) : Ernest
Murray, c'est qui?
M. Drainville
: Je
veux dire, compare ce cas-là avec tout le reste, là, c'est du menu fretin,
comme on dirait par chez nous.
M. Dutrisac (Robert) : M.
Drainville, M. Khadir dit que le reportage d'Enquête apporte la preuve
que M. Hamad est impliqué dans du trafic d'influence, donc une accusation
criminelle. Vous dites quoi à ça? Est-ce que vous êtes d'accord?
M. Drainville
: Nous,
ce qu'on a dit depuis le tout début... Vous parlez du premier reportage d'Enquête
ou du dernier, là?
M. Dutrisac (Robert) : Bien,
du premier, là, du premier... les courriels.
M. Drainville
: Oui,
oui, le premier reportage. Nous, ce qu'on a dit dans le cas du premier
reportage d'Enquête, c'est qu'il y avait apparence de trafic d'influence
et qu'il fallait, pour cette raison-là, que l'UPAC se saisisse du dossier. Et
on avait demandé également une enquête du Commissaire à l'éthique, qu'on a fini
par obtenir, puis on a proposé la motion d'hier sur le VG, parce que ça vient
renforcer justement l'enquête en cours, parce qu'ils vont pouvoir travailler
ensemble. Alors, oui, il y a de l'apparence de trafic d'influence. Maintenant,
il faut que les enquêtes se fassent.
Ça va, tout le monde? Vous êtes bien
gentils d'être venus pour un petit clip du député de l'opposition... chef de
l'opposition officielle... leader de l'opposition officielle.
Mme MacKinnon (Catou) : Mr. Drainville, what do you make of Sam
Hamad saying he has got nothing to be blamed for, it is
not his fault, he did not write any of these e-mails?
M. Drainville
: Well, he has got nothing to
be blamed for? For starter, he maintained a close, very close relationship with
Marc-Yvan Côté who was banned for life from the Canadian Liberal Party in 2005, and Sam Hamad maintained a very close
relationship with Marc-Yvan Côté for several years thereafter, and Marc-Yvan
Côté was such a close friend that he was doing fund raising for the benefit of Sam Hamad. So very dangerous relationship.
What was the title of the movie Relations dangereuses?
Mme MacKinnon (Catou) :
Dangerous Liaisons.
M. Drainville
:
Dangerous Liaisons. He
maintained a dangerous liaison with Marc-Yvan Côté for several years, the same
Marc-Yvan Côté who had been banned by the Liberal Party of Canada in 2005
after Gomery.
Mme MacKinnon (Catou) : What do you…
M. Drainville
: Now, Sam
Hamad lied, he lied to Quebeckers. Last Friday, he lied to Quebeckers. He went on the air and said : I never actually reached or
topped the $100,000 fund raising target. I never
actually reached it. Well, not only did he reached it, he went way, way over
it. He actually collected $171,000 in 2009. So the man went on the air, he was
still the Minister then, and he said : Me, a $100,000?, no, I never reached
it. Well, he reached $100,000, collected $171,000. He lied on the air, he lied
to Quebeckers. If he lied on that, how can we believe he did not lie on
something else?
And you have got the
Premier, knowing that the man lied, that Sam Hamad lied, saying : He is a
cool man, he is just fine. Je n'ai rien à lui reprocher. Nothing to reproach?
That is what he said : I got nothing to reproach. Sam Hamad, he is just a
good guy. Well, the good guy in question lied to Quebeckers and above and
beyond the fact that he maintained these dangerous liaisons with Marc-Yvan Côté
who had been banned, you know, by the Liberal Party of Canada, and all of these
other things.
My understanding is :
M. Couillard did not understand or did not learn a thing from the past week. Quebeckers have been very angry at him for the past week because he
didn't react for 48 hours, he did not say anything negative about the facts
that had been, you know, broadcast in the story of Radio-Canada. He said he was a fine man of integrity, beyond reproach, he was a
courageous and noble man, and you had all these facts and the revelations who
had gone on the air. He goes on the air the day after the story by Enquête
was aired and he lies about his own financing objective practises.
Mme Plante (Caroline) : Is lying a criminal offense, though? Is lying and having a
dangerous liaison a criminal offence? What is Mr. Hamad guilty of?
M. Drainville
: He's guilty of failing
miserably the ethics and integrity test, and M. Couillard is an accomplice in
that because he has nothing to say about what Sam Hamad did over the past week,
nothing negative. He said maybe he was a little careless, yesterday he said
that, a little «imprudent». That's the worst he had to say about Sam Hamad, the
guy who was the friend with Marc-Yvan Côté, the guy who obviously intervened on
behalf of a company in a way that is certainly very, very questionable, the man
who went on the air and lied about the fact that he had an objective, a $100,000. He actually had an objective of a $150,000, Caroline, if you
look at the papers of the Liberal Party.
Mme Plante (Caroline) : But you say : The guy who obviously intervened. Has that been
proven? I'm just asking. Has that been proven?
M. Drainville
: Well, OK, I'll tell you what's been proven.
Mme Plante (Caroline) :They're allegations, right?
M. Drainville
: I'll tell you what's been proven, Caroline, OK? You
want to talk about what's been proven?
Mme Plante (Caroline) : Well, let's talk about facts.
M. Drainville
: He went on the air and he said : Je n'ai jamais
atteint le 100 000 $, I have never reached the $100,000. Well, he
lied. He actually got $171,000, and these are papers from the Québec Liberal
Party.
If he lies about that,
how can you trust he didn't lie about other things? What about going to Florida
when you're under investigation? What about keeping your driver, your
bodyguard, your limousine, your salary? All of that has disappeared because he
has resigned as minister? Of course not.
The biggest lesson of
this week is the failure of leadership by the Premier on the issues of ethics
and integrity. He failed miserably and he didn't seem to have learned anything
from it because the first thing he says after leaving the House today is :
Je n'ai rien à reprocher. Je n'ai rien à lui reprocher à Sam Hamad? Isn't that
wonderful? Come on, back to square one. OK, seriously, you don't think… you
don't have a problem with a man who's a minister…
Journaliste
:
It's not personal.
209 209 M. Drainville : OK. Well,
you just… Your non-verbal says that you disagree with what I'm saying.
Mme Plante (Caroline) : It's not about me. But you said he clearly intervened, I'm assuming
you're referring to Premier Tech, and then you… When I asked you the question, you
know…
M. Drainville
: Well, the right-hand man…
Mme Plante (Caroline) : How can we say he clearly intervene? You talk about him lying about
financing objectives. So let's just…
M. Drainville
: OK. Did he or did he not confirm his breakfast with
Marc-Yvan Côté? He did. He confirmed his breakfast with Marc-Yvan Côté on the
Premier Tech file. Now, what do you call that? I call it intervening.
Mme Plante (Caroline) : So you fully expect criminal accusations then?
M. Drainville
: I didn't say that.
Mme Plante (Caroline) : No, no, but do you…
M. Drainville
: I said an investigation is underway, and, looking at
the facts, we think he did something very wrong. That's what we think.
(Fin à 11 h 49)