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Conférence de presse de Mme Dominique Anglade, ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, et ministre responsable de la Stratégie numérique

Documents stratégiques du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation et d’Investissement Québec

Version finale

Thursday, April 14, 2016, 11 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures trente et une minutes)

Mme Anglade : Alors, bonjour à tous. Je suis ici en compagnie du P.D.G. d'Investissement Québec, M. Pierre Gabriel Côté. Et aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, nous avons déposé trois plans. Nous avons déposé le plan stratégique d'Investissement Québec, nous avons déposé le plan stratégie du ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation et nous avons également déposé le plan de développement du Centre de recherche industrielle du Québec.

Alors, depuis que je suis arrivée dans mes nouvelles fonctions, il y a deux mois et demi environ, on a travaillé d'arrache-pied, hein, on a travaillé fort avec le milieu, avec les entreprises, avec les différentes associations, avec l'équipe d'Investissement Québec, avec l'équipe du ministère également pour vraiment faire un constat qui s'imposait : c'est qu'il faut absolument que, d'un point de vue économique, on soit capable de mettre l'accent sur le manufacturier innovant.

Le manufacturier innovant devient un pilier incontournable pour la croissance économique du Québec et pour la prospérité des Québécois. Et, quand je parle de manufacturier innovant, de quoi parlons-nous exactement? Par manufacturier innovant, ce qu'on appelle manufacturier innovant, c'est l'automatisation, la robotisation, les technologies qui sont utilisées dans le manufacturier. Et le manufacturier est un secteur assez large. C'est 14 % du PIB, comme vous le savez certainement, a un impact également sur les services puisque, pour une personne qui travaille dans le manufacturier, on a, en indirect, 0,5 personne qui travaille au niveau des services. Et, lorsqu'on regarde le nombre d'emplois que l'on a dans le secteur manufacturier, il y a environ 450 000 personnes qui occupent des postes maintenant dans le secteur du manufacturier et 10 000 entreprises. Donc, c'est un secteur extrêmement important.

Pourquoi particulièrement le manufacturier innovant? C'est qu'il permet à nos entreprises d'être beaucoup plus compétitives, d'être beaucoup plus productives, et c'est pour ça qu'on veut mettre l'accent sur cet élément-là, particulièrement d'un point de vue économique.

Lorsque l'on parle de manufacturier innovant, si je peux donner quelques exemples, alors, souvent, le premier exemple qui va venir en tête, c'est évidemment l'aérospatial, parce que les gens reconnaissent qu'il y a là-dedans du manufacturier innovant à travers les avions qui sont fabriqués ou les pièces qui sont fabriquées. Mais on peut regarder d'autres exemples. Je vais prendre l'exemple de Bridgestone à Joliette. Bridgestone à Joliette, c'est du manufacturier innovant. Oui, c'est la confection de pneus, mais c'est ce qui nous permet, en fait, d'avoir de nouvelles machines, d'avoir de nouveaux robots qui vont ensuite augmenter la productivité des entreprises. Et souvent on essaie de faire l'adéquation plus de productivité, plus de robots, moins d'emplois, mais, au contraire, ce que ça fait, c'est... lorsqu'on investit de manière importante dans nos entreprises, ça nous permet à terme d'augmenter leur part de marché, d'augmenter leur capacité et de maintenir, voire créer des emplois à terme.

Autre exemple que l'on peut prendre, c'est la société Pélican. On avait annoncé de nouvelles installations pour la société Pélican à Salaberry-de-Valleyfield. C'est un autre exemple de manufacturier innovant.

Et puis aussi, dans toutes les régions du Québec, il y a du manufacturier innovant. On a qu'à penser au domaine de la forêt. Quand on pense au domaine de la forêt, une usine qui décide de prendre des granules de bois et de faire du chauffage avec les produits de la forêt, ça aussi, on va parler de manufacturier innovant. Alors, toutes les régions du Québec sont touchées par ça, tous les secteurs d'activité sont touchés par ça, et c'est vraiment une emphase que l'on veut mettre, importante, aujourd'hui.

Deux éléments importants pour nous permettre d'arriver à faire du manufacturier innovant.

Le premier de ces éléments-là, c'est qu'on veut s'assurer que, dans les trois prochaines années, on soit capables d'allouer 500 millions de dollars pour soutenir le manufacturier innovant à travers les fonds propres d'Investissement Québec, mais également à travers le fonds de développement économique. Première mesure.

Deuxièmement, il y a eu un début de transformation au niveau d'Investissement Québec avec l'arrivée de Pierre Gabriel Côté. Nous, ce que nous voulons faire, c'est accélérer la transformation qui a lieu présentement chez Investissement Québec. Ce que ça veut dire, c'est que... ce que l'on souhaite, c'est que les gens qui sont présentement chez Investissement Québec soient encore plus proactifs sur le terrain. Dans toutes les régions du Québec, ce qu'on veut, c'est que les personnes qui aillent rencontrer les entreprises soient capables d'aller démarcher de nouveaux projets, soient capables d'être à l'avant-scène, soient vraiment des accompagnateurs de nos entreprises dans les différentes régions du Québec. Donc, c'est une transformation qui vise à... une transformation culturelle, si vous voulez, mais c'est également un accent mis sur le client. Il y a tout un virage client qui a commencé à être opéré sous la gouverne de Pierre Gabriel et que l'on veut vraiment accélérer.

Donc, avec le 500 millions que l'on souhaite allouer au niveau du manufacturier innovant, avec la transformation de notre organisation qu'est Investissement Québec, on va parvenir, à ce moment-là, à réellement avoir des impacts concrets sur l'économie puis sur la prospérité.

Peut-être vous dire la chose suivante, c'est qu'on parle souvent d'économie traditionnelle et de la nouvelle économie. Pour moi, il n'y a pas une économie traditionnelle puis une nouvelle économie, il y a juste une économie puis une économie qui se transforme, et ce que l'on veut, c'est que cette économie-là ait réellement des ailes pour continuer à croître. Ce que vous voyez aujourd'hui, c'est une première étape. Je suis très contente d'être assise à côté du P.D.G. d'Investissement Québec. Je suis très contente que mon ministère, Investissement Québec, le CRIQ, il y ait une cohérence autour de tout ça, mais ça va bien au-delà de cette première cohérence là aujourd'hui. Ce que l'on veut, c'est mobiliser les acteurs, puisqu'il y a plusieurs autres acteurs dans l'économie du Québec, plusieurs autres joueurs. On veut les mobiliser autour de cette vision du manufacturier innovant, autour de cet élément, ce pilier économique, pour la suite de la croissance du Québec et de la prospérité du Québec.

Alors, voilà. Merci. On est prêts à répondre à vos questions.

La Modératrice : Merci. Alors, Jocelyne Richer, LaPresse canadienne.

Mme Richer (Jocelyne) : Oui. Bonjour, Mme Anglade. D'abord, un commentaire sur votre stratégie de communication. Vous nous demandez de poser des questions sur un document qu'on n'a même pas lu. C'est un petit peu difficile pour nous de faire notre travail correctement.

Mme Anglade : Bien, écoutez, on a dévoilé… L'idée, là-dedans, c'est de vous rencontrer tout de suite après le dépôt des trois documents. Alors, ce qu'on voulait faire, c'est de nous assurer qu'on puisse vous rencontrer tout de suite après le dépôt de ces documents-là. Il y a des documents qui sont en train de circuler, et c'est trois plans stratégiques. Mais encore une fois, quand vous rentrez dans les trois plans stratégiques, l'important, c'est de réellement miser sur… Le message qu'il faut ressortir de tout ça, c'est réellement le manufacturier innovant qui est l'élément sur lequel on va insister dans les prochaines...

Mme Richer (Jocelyne) : Pourquoi ça a pris deux ans au gouvernement libéral, qui dit miser sur l'économie, pour présenter un tel plan?

Mme Anglade : Écoutez, moi, ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a différentes initiatives qui ont été entreprises par le gouvernement, notamment au niveau de la Stratégie maritime, notamment au niveau du Plan Nord. Aujourd'hui, ce que l'on vient faire, c'est concrétiser ça avec les documents qui sont présentés. Quand on parle de Stratégie maritime, par exemple, de quoi parlons-nous? On parle des exportations et on parle du fait que nous faisons des biens manufacturiers que nous transportons.

Justement, ça vient rejoindre tout l'aspect du côté manufacturier. Lorsque l'on parle du Plan Nord, on vient s'inscrire dans une transformation de métaux, par exemple, qui fait en sorte qu'on rejoint le manufacturier innovant. Donc, c'est ça qui est important pour nous, c'est de mettre une ombrelle, si vous voulez, un chapeau, un parapluie qui vient chercher ces éléments-là dans quelque chose qui est cohérent et qui est aligné.

Comme je l'ai dit, dans les derniers deux mois, nous avons travaillé à assurer une cohérence et de la part du ministère, et de la part d'Investissement Québec, et de la part du CRIQ.

Mme Richer (Jocelyne) : Une question à M. Côté. Vous dites avoir une approche différente de votre prédécesseur, une approche client. Quelle était l'approche précédente et en quoi la vôtre va se démarquer de la précédente?

M. Côté (Pierre Gabriel) : Bien, elle est différente dans le sens où je suis un industriel. Ça fait un an que je suis chez Investissement Québec. Donc, j'arrive avec un background d'homme d'affaires. Ce n'est ni mieux ni pire qu'avant, c'est juste différent, et je pense que le timing d'être vraiment sur le terrain, d'opérationnaliser toute la structure d'Investissement Québec à être en support aux entrepreneurs, bien, vient avec le style et la culture qu'on veut... qu'on a commencé à changer, chez Investissement Québec, pour être plus rapide, plus efficace et déployer notre capital pour le soutien des projets, et c'est ça qui, en soi est différent, et je pense que c'est le besoin de nos clients qui nous a fait agir en ce sens-là.

Mme Anglade : Peut-être un commentaire là-dessus, hein, c'est peut-être anecdotique, mais ça nous a permis de bien nous entendre dès le départ aussi parce qu'on a un... vous avez devant vous un ingénieur industriel et un ingénieur mécanique qui ont tous les deux travaillé en usine. Ça nous permet aussi d'être proches de la réalité économique, de la réalité des PME puis des entreprises, puis d'arriver à créer les synergies nécessaires et le focus nécessaire qu'on a besoin d'avoir pour miser sur le manufacturier innovant encore.

La Modératrice : Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Bonjour. On voit, dans les documents, qu'il y a une baisse importante des dépenses en immobilisation dans l'économie, achat de machineries par exemple, d'équipements spécialisés par les entreprises manufacturières. Depuis les années 2000, c'est un recul assez net en pourcentage du PIB. Comment expliquer que les entreprises aient négligé de faire ces investissements-là? Parce qu'il y a eu des moments où le dollar canadien aurait permis, par exemple, d'acheter des équipements à l'étranger. Là, c'est beaucoup moins favorable maintenant qu'il y a quelques mois ou quelques années. Est-ce qu'on n'a pas manqué la fenêtre d'opportunité qui existait? Pourquoi?

Mme Anglade : Bien, il y avait clairement une fenêtre d'opportunité, vous avez raison, puis quand le dollar est au niveau où il est, ça devient plus difficile. Mais je pense qu'il y a une volonté gouvernementale d'assumer un leadership justement pour renverser cette vapeur-là.

Pourquoi c'est important d'investir aujourd'hui? C'est parce qu'on ne peut plus se permettre de ne pas être à l'avant-garde avec nos entreprises. On ne peut plus se permettre d'être en retard parce que la compétition, elle est féroce, et nous, ce que l'on veut envoyer comme message, c'est que non seulement on est mobilisé d'un point de vue politique, mais que les acteurs doivent être eux-mêmes mobilisés, et je pense qu'il faut parler d'une seule voix. Aujourd'hui, c'est le ministère, c'est Investissement Québec, c'est le CRIQ, on parle d'une seule voix, mais ce que l'on veut, c'est que d'autres acteurs également se joignent à nous par rapport à cette mobilisation. On a besoin d'avoir une mobilisation puis un encouragement.

Je vais vous donner un exemple concret d'une entreprise, par exemple, qui décide d'investir 5 millions de dollars dans une machine parce qu'elle pense que c'est la machine qui va lui permettre d'augmenter sa capacité, mais peut-être que la meilleure technologie, elle vaut 10 millions. Nous, comme gouvernement, mais particulièrement Investissement Québec doit s'assurer d'accompagner cette entreprise vers le 10 millions, lui dire : Écoute, au contraire, on doit tirer, on doit aller plus loin, on doit investir davantage en technologie, et il y a eu différentes mesures qui ont été annoncées dans le dernier budget et qui vont en ce sens justement.

Donc, l'idée, c'est qu'on crée ce momentum-là, on crée cet engouement-là pour le manufacturier innovant pour ne plus perdre de fenêtres d'opportunité.

M. Côté (Pierre Gabriel) : Bien, en fait, c'est… La statistique que vous avez puisée dans notre document est le reflet exactement de ce qui s'est passé chez nous et ailleurs. Il y a eu comme une complaisance qui s'était installée face au marché chinois, qui a quand même pris de l'expansion, où il y a eu délocalisation de certains travaux partout sur la planète vers des marchés émergents comme celui-là. Et le retour, suite au départ de certains de ces travaux-là qui ont été envoyés ailleurs, bien, c'est exactement à travers les cycles économiques qu'il faut s'isoler.

Donc, d'investir massivement dans le manufacturier innovant va nous permettre de traverser les cycles économiques sans avoir à se remettre en question à chaque fois, ce qui a été le cas dans le passé. Donc, de dire strictement que maintenant, ce qu'on fait va être à long terme et va nous permettre, en se comparant avec des pays qui ont réussi à le faire mieux que nous autres, bien, de bien positionner notre industrie pour le futur.

Mme Anglade : Peut-être un commentaire. Quand on regarde les résultats, on prend quelques exemples, mais les sociétés qui ont investi là-dedans, comme l'Allemagne, se sortent mieux des périodes cycliques où il y a des hauts et des bas, hein? Donc, c'est un exemple où il y a eu beaucoup de manufacturiers innovants encouragés par l'État et puis par les différentes sociétés en Allemagne. C'est un bon exemple à suivre, si vous voulez, le modèle.

M. Lavallée (Hugo) : Concernant la relève entrepreneuriale, on le voit, il y a 40 % des chefs d'entreprise qui vont prendre leur retraite d'ici une dizaine d'années. Ça, c'est le constat, mais je n'ai pas trouvé le remède, si on veut. Ça va être quoi, le remède, pour…

M. Côté (Pierre Gabriel) : Chez nous, chez Investissement Québec, c'est un métier d'accompagner la relève en région chez les PME. On fait une centaine d'interventions par année et on n'est pas les seuls. Nos partenaires financiers dans l'écosystème aussi accompagnent la relève souvent à s'assurer que ça soit transmis aux générations qui suivent, que les investissements soient faits pour que le fondateur puisse passer le flambeau soit à un partenaire, tout en ayant à l'esprit de conserver ces entreprises-là chez nous.

Donc, nous, au niveau de la PME, on a développé un métier, mais on le fait rarement seul, on le fait souvent avec d'autres institutions financières. Et c'est un enjeu important, un défi important, parce qu'il y en a beaucoup, dans la prochaine génération, qui vont avoir à subir un changement, et on est à l'affût de ça tous les jours.

M. Lavallée (Hugo) : Peut-être une dernière chose, en terminant, on parle d'un investissement de 500 millions sur trois ans. Ça se compare à quoi, si on regarde la dernière fenêtre de trois ans?

Mme Anglade : Dans la dernière fenêtre de trois ans, c'était environ — alors là, on spécifie bien le manufacturier innovant et pas le manufacturier de manière large — 200 millions sur les trois dernières années. Ça se compare donc à… On fait plus que doubler les investissements que l'on veut faire en manufacturier innovant, là, avec le 500 millions de plus. C'est un 500 millions de plus pour un total de 700 millions.

La Modératrice : Charles Lecavalier, Journal de Montréal.

M. Lecavalier (Charles) : Oui. Je reviens... Bonjour, Mme Anglade. Bonjour, M. Côté. Je reviens sur le 500 millions pour le manufacturier innovant, pour être bien sûr de comprendre. Dans le fond, pour le manufacturier, au total, pour ces trois années-là, ça va être combien, puis les trois années précédentes, c'était combien?

Mme Anglade : Bien, la valeur pour le manufacturier, au total, pour ce qui s'en vient, ça va être autour de 1,4 milliard, je vous dirais. En fait, c'est plus que 1 milliard. Je peux dire que, le manufacturier en général, c'est plus que 1 milliard. Par contre, le manufacturier innovant, au total, ce serait 700 millions, et spécifiquement, dans le 700 millions, c'est vraiment un 500 millions qui est en sus de ce qu'on a vu par les années précédentes.

M. Lecavalier (Charles) : Mais, je veux dire, est-ce que l'enveloppe pour le manufacturier a augmenté ou vous avez simplement modifié ce qui allait à l'innovant puis ce qui allait à l'industrie traditionnelle?

Mme Anglade : En règle générale, c'est une modification, c'est une réallocation que l'on fait. C'est une réallocation que l'on fait.

Mme Richer (Jocelyne) : Quel secteur a perdu à ce moment-là?

Mme Anglade : Ce n'est pas... Chaque année... Je vais prendre le cas d'Investissement Québec. Chaque année, Investissement Québec va investir 1 milliard de dollars dans différents secteurs, n'est-ce pas? Et donc on doit décider où on va mettre l'argent. Donc, nous, ce qui est important, c'est qu'on mise particulièrement sur le manufacturier innovant dans les décisions que l'on va prendre à l'avenir.

M. Lecavalier (Charles) : Et quels secteurs recevront moins d'investissements?

Mme Anglade : Ce n'est pas des secteurs qui vont recevoir moins d'investissements, dans la mesure où c'était du manufacturier et on va le convertir vers du manufacturier innovant. Donc, par exemple, je peux répondre à ça, par exemple, aujourd'hui, on n'a pas... on veut aller chercher de nouveaux projets qui vont être beaucoup plus innovants. On veut s'assurer que nos démarcheurs aillent sur le terrain pour aller chercher de nouveaux projets. Donc, c'est ça qu'on veut aller faire et qui va nous permettre de financer ces projets-là plutôt que de financer des projets qui sont peut-être plus traditionnels, qu'on a vus par le passé.

M. Lecavalier (Charles) : L'industrie traditionnelle va donc recevoir un appui moindre d'Investissement Québec?

Mme Anglade : Oui.

M. Côté (Pierre Gabriel) : Bon an, mal an, Investissement Québec, en moyenne, mettait entre 200 millions et 250 millions par année dans le manufacturier. Maintenant, la stratégie qu'on met de l'avant par une initiative formelle dans nos plans d'action, c'est qu'on veut dédier beaucoup plus, dans l'enveloppe qui est augmentée, au manufacturier innovant. Donc, les traditionnels qui viennent nous voir, qui sont toujours venus nous voir avec des partenaires financiers, on va les encourager, on va les motiver, on va leur donner l'opportunité, peut-être avec des capitaux plus dédiés, de nous présenter des projets plus audacieux, plus innovants, qui, dépendant de notre attitude avant, maintenant va être très ouverte d'accueillir ces argents-là. Donc, ce qui était du traditionnel avant va être converti en innovant.

M. Lecavalier (Charles) : Et à quel moment on va avoir une idée plus précise de qu'est-ce qui est innovant et qu'est-ce qui ne l'est pas? Parce que vous aviez donné l'exemple d'une industrie qui fait de la granule de bois. Bon, bien, il y a déjà une industrie qui ramasse les copeaux de bois. Alors, ça, est-ce que c'est innovant ou pas versus la granule de bois?

Mme Anglade : Mais ramasser les copeaux de bois, ce n'est pas nécessairement... ce n'est pas dans le... ramasser des copeaux de bois. Ce qui va être important pour nous, c'est quels sont les processus qui sont en arrière de ça — Pierre Gabriel, tu pourras commenter — mais est-ce qu'il y a une nouvelle machine qui est utilisée, qui est le dernier cri, dans les comparables. On a beaucoup parlé aussi de faire des comparables par rapport à l'industrie, de nouvelles machines qui sont plus performantes qui vont être utilisées. Est-ce qu'il y a une nouvelle technologie qui va être utilisée? Est-ce qu'il y a un nouveau processus manufacturier qui va être utilisé?

Donc, dans les critères d'innovant, on peut les catégoriser. D'ailleurs, dans l'industrie, on les catégorise souvent dans quatre catégories de premier degré d'innovation, deuxième degré, troisième degré et quatrième degré. Il y a des entreprises qui sont présentement au niveau un et qui vont devoir monter au niveau deux, tu en as des deux qui vont monter au trois, des trois qui vont monter au quatre. Alors, il va y avoir une gradation, une gradation au niveau des technologies.

C'est clair que quelqu'un qui décide de faire, par exemple, une augmentation de capacité avec une machine traditionnelle, ce n'est pas à caractère innovant. Où est l'innovation là-dedans? On augmente la capacité, mais où est l'innovation? Donc, on va vraiment chercher à savoir quels sont les processus qui amènent de nouvelles machineries, de nouveaux processus.

M. Lecavalier (Charles) : Donc, le message que vous envoyez aux industriels qui font du manufacturier non innovant en ce moment, c'est : Il va falloir que vous innoviez.

Mme Anglade : Bien, absolument. L'innovation, c'est le nerf de la guerre. Il faut que les gens innovent, il faut que les gens innovent partout, dans toutes les régions et dans tous les secteurs. Absolument.

Vous disiez tout à l'heure... votre collègue disait tout à l'heure : On a peut-être manqué la fenêtre d'opportunité dans les dernières années, mais il ne faut pas manquer la prochaine fenêtre d'opportunité. Il faut nous assurer que le message que l'on envoie à tout le secteur manufacturier, c'est l'importance d'investir dans la machinerie, l'importance d'investir dans les nouveaux processus, l'importance d'innover. C'est un message qui est très fort, que l'on souhaite envoyer et que l'on souhaite envoyer, nous, mais également, encore une fois mobiliser, d'autres acteurs autour de ça.

La Modératrice : Marie-Laurence Delainey.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Encore pour ma compréhension pour les... le 200 millions au cours des trois dernières années puis le 500 millions, ça, c'est... le 200 millions pour les trois dernières années, c'était vraiment pour le manufacturier innovant?

Mme Anglade : Oui.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : 500 millions pour les trois prochaines, innovant aussi, sur une enveloppe de 1 milliard de dollars. C'est ça?

Mme Anglade : C'est ça.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : O.K. Donc, le traditionnel va avoir la moitié aussi...

Mme Anglade : Là, il va rester du traditionnel. Il va rester du traditionnel. Ce n'est pas qu'il n'y en aura plus, mais, en proportion il y en aura beaucoup moins.

M. Côté (Pierre Gabriel) : Mais le réflexe qu'on va avoir chez nous et qu'on va induire aussi pour nos partenaires, c'est d'avoir le réflexe de les amener plus loin dans leur réflexion, de dire : Pourquoi ne pas y aller avec la dernière technologie qui est classe mondiale, qui coûte plus cher, mais on va être là pour les appuyer. Donc, c'est dans ce contexte-là qu'on va agir avec nos clients en allant les voir puis en leur disant : Bien, pourquoi pas? Pourquoi ne pas s'en aller vers les technologies de 2030, 2020 et pour passer à travers les cycles de l'avenir en étant beaucoup plus robuste comme industrie?

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Au mois de janvier, François Legault, durant le caucus, avait parlé beaucoup du manufacturier, lui aussi. Il proposait 1 milliard de dollars par année puis disait que ça pouvait créer comme 20 000 emplois. Vous, avec vos prévisions, ça pourrait être combien d'emplois davantage, ça?

Mme Anglade : On n'a pas fait de prévision sur l'emploi. Nous, ce qu'on lance comme appel, c'est la nécessité d'investir de manière importante là-dedans parce que c'est ça qui va nous assurer une croissance, une croissance à terme puis... Donc, il n'y a pas de chiffre qu'on a mis sur l'emploi. C'est sûr que ce que l'on souhaite, c'est consolidation plus une augmentation des emplois dans les différents secteurs, mais on n'a pas de chiffre spécifique.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Est-ce que vous avez une meilleure relation avec M. Côté que votre prédécesseur?

Mme Anglade : Bien, je peux qualifier ma relation avec... mais je peux qualifier, et toi, tu peux la qualifier aussi d'ailleurs. On a, je vous dirais... j'ai été assermentée le 28 janvier, c'était un jeudi, puis le lundi soir, mon équipe et l'équipe de Pierre Gabriel Côté, on était dans nos bureaux. On a passé pas mal de temps ensemble et, depuis ce temps-là, on travaille vraiment côte à côte pour nous assurer d'avoir des mesures claires, un message clair, une orientation claire avec beaucoup de cohérence entre le ministère et Investissement Québec. C'est primordial. C'est primordial qu'on envoie ce message-là également pour les entreprises.

M. Côté (Pierre Gabriel) : C'est quand même assez inusité qu'au coeur maintenant de l'action en économie il y ait des personnes qui ont été sur le terrain, des industriels, des gens qui ont, comme moi, travaillé en région, en usine. Je m'y retrouve très facilement, et maintenant, bien, il y a une cohérence qui s'est installée à travers les acteurs qui sont au front pour, principalement, le manufacturier et toutes nos autres missions chez Investissement Québec.

Donc, ça va très bien, on n'a jamais arrêté de travailler depuis mon arrivée, je peux vous rassurer là-dessus. On n'a jamais pris de pause nulle part, on a travaillé très fort dans une économie qui était quand même difficile. Et très content de voir que maintenant, bien, tout ça va s'élever à une altitude encore beaucoup plus élevée. Une priorisation du manufacturier, pour moi, c'est de la musique à mes oreilles. C'est définitivement là où on peut créer le plus de richesse pour l'avenir du Québec.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Est-ce qu'il y avait une incohérence avant Mme Anglade?

M. Côté (Pierre Gabriel) : Non. Ce qu'il y avait, c'est des styles. Et puis, comme j'expliquais beaucoup à mon monde quand je suis arrivé chez moi... chez Investissement Québec, ce qui est chez moi maintenant, je leur ai dit : Moi, je ne suis pas banquier. Mais c'est ni mieux ni pire qu'avant, c'est juste différent, puis probablement, avec la période difficile que le manufacturier passe, bien, il y avait une cohérence, à ce moment-là, qui était plausible et encore plus maintenant en ayant Mme Anglade comme ministre. Bien, écoutez, on partage la même passion pour le manufacturier.

La Modératrice : As-tu des questions, toi? Oui. Excuse-moi. Denis Lessard. Je m'excuse.

M. Lessard (Denis) : Une question très simple, très courte. Si on regarde les avoirs propres d'Investissement Québec, là, pas les fonds... les projets du Fonds de développement, est-ce que vous avez une lecture, sur les trois dernières années, combien de dossiers pour combien d'aide ont été faits, là, si on dit 2013, 2014, 2015, par exemple?

M. Côté (Pierre Gabriel) : Bon an, mal an, chez Investissement Québec, avec les capitaux... le capital-actions qui est mis à notre disposition par le gouvernement du Québec, c'est 1 milliard qui est déployé dans différents secteurs à travers différents dossiers, pour environ 1 300 à 1 200 clients par année. La tendance du...

M. Lessard (Denis) : ...précise? Sur 2013, c'était combien? 2014, 2015, c'est combien?

M. Côté (Pierre Gabriel) : Oui, on a la ventilation des chiffres, mais la différence d'une année à l'autre, elle est à peine... parce que c'est 1 milliard qui est l'objectif. Le capital-actions qui est mis à notre disposition en termes de capitaux propres, il est fixé par le gouvernement, et nous, on a à le déployer le plus efficacement possible, et la moyenne se répète d'une année à l'autre, et, vous allez voir, dans nos documents de plan stratégique, on suit la même tendance.

Et je veux ajouter que le dollar qu'Investissement Québec met dans la réalisation de projets, près de 80 % de nos interventions sont faites avec des partenaires. Nous, on est le levier, on est l'instigateur, on est souvent la colle qui va faire qu'un projet va aller de l'avant avec l'apport de notre capital. Mais Investissement Québec n'a pas le monopole du développement économique. Il est là pour prendre plus de risques, il est là pour attacher des projets qui autrement ne verraient pas le jour, et on s'associe avec les partenaires financiers dans l'écosystème au Québec comme quelqu'un qui fait bouger les choses, et ça demeure notre rôle.

De vouloir, en déployant plus de capital, prendre la place des gens qui sont déjà là avec leur capital, bien, je pense qu'on créerait de la turbulence, alors que nous, ce qu'on veut créer, bien, c'est de la croissance, et on est un outil de stimulation économique et on s'inscrit dans ça depuis quelques années. On va continuer de le faire, mais en étant beaucoup plus efficients, plus efficaces puis en ciblant mieux là où on peut créer plus de richesse.

Mme Biron (Martine) : Moi, j'aurais deux, trois questions. Une, d'abord, sur les attentes, là, au bout de ces investissements-là dans le manufacturier innovant. Au bout de trois ans, bon, je comprends qu'en emploi c'est plus difficile à mesurer, mais un peu plus sur les rendements, sur les attentes que vous avez en stimulant le secteur manufacturier.

Mme Anglade : Bien, il est évident que, lorsque l'on compare... lorsqu'on regarde le secteur manufacturier, particulièrement le manufacturier innovant, plus de 80 % de nos exportations sont dans les biens. Alors, si on veut vraiment avoir un impact au niveau des exportations puis voir une croissance au niveau des exportations, l'investissement que l'on fait dans la production de biens innovants devra avoir des répercussions très concrètes sur notre capacité à exporter davantage. Moi, je vous dirais que c'est d'abord et avant tout le premier impact que l'on va évaluer.

Évidemment, si on prend un niveau plus micro des entreprises, c'est là qu'on va voir qu'il y a une automatisation. Les investissements privés qui sont faits au niveau du manufacturier devraient augmenter également, parce qu'on envoie un message fort d'un point de vue gouvernemental, c'est notre objectif, mais on veut, encore une fois, mobiliser tous les acteurs et que tout le monde se sentent particulièrement interpellés par ça et qu'eux décident d'investir, que les entreprises décident d'investir. Parce que le gouvernement a sa part, son rôle à jouer, mais les entreprises également ont leur rôle à jouer, et je pense que c'est un message qu'on a besoin d'envoyer à tout le secteur industriel.

Mme Biron (Martine) : La hausse du dollar, j'imagine que les différents indicateurs...  vous priez un peu à travers...

M. Côté (Pierre Gabriel) : Bien, moi, je ne crois pas beaucoup à la chance, donc il a fallu certainement, dans notre planification, au niveau du plan stratégique, tenir compte que les taux d'intérêt vont rester bas, que le dollar va rester quand même un enjeu au niveau... chez nous pour acheter de l'équipement. Mais ce qu'on veut faire, c'est aller à contre-courant. On veut vraiment aller à contre-courant pour positionner tout ça dans un contexte plus long terme. Et c'est là que le capital d'Investissement Québec peut faire toute la différence parce que, nous, la saveur de notre capital, il est patient. Il est patient, et on prend plus de risques aussi que nos partenaires dans l'écosystème financier, et le fait qu'on s'inscrive comme ça, souvent, va faire qu'on peut faire des montages financiers qui, autrement, ne se feraient pas.

Et, en plus, chez nous, on a aussi le Fonds de développement économique en plus de nos capitaux propres, donc... parce qu'on est mandataires pour l'exécution des travaux au niveau du Fonds de développement économique, et l'utilisation de ces deux leviers-là nous amène à faire des choses qui sont uniques, qu'on ne voit pas dans d'autres pays.

Depuis mon arrivée chez Investissement Québec, j'ai quand même fait le tour un peu, j'ai été partout en région. J'ai été voir aussi ceux qui avaient le même mandat que nous ailleurs, dans d'autres pays, et ce qu'on fait ici, c'est vraiment unique. Il faut s'assurer qu'on a le leadership pour avoir l'effet d'entraînement avec l'écosystème financier parce qu'on a des partenaires de choix ici, que ce soient les fonds fiscalisés, que ce soient les institutions financières, qui investissent. Nous, souvent, on est là pour catalyser ces investissements-là, et le leadership manufacturier va avoir cet effet d'entraînement là aussi pour nos partenaires.

Mme Biron (Martine) : Une dernière question, un peu plus de quincaillerie, là. Vous avez déposé trois plans. Ça, est-ce qu'ils sont tous dans le même document? C'est parce qu'on n'a pas eu...

Mme Anglade : Ils sont tous... Oui, bien, ils sont tous déposés, je vous dirais...

Mme Biron (Martine) : Il m'en manque deux, c'est ça?

Mme Anglade : Il y a le plan stratégique d'Investissement Québec, il y a le plan du ministère puis il y a le plan du CRIQ.

Mme Biron (Martine) : Du CRIQ, O.K.

Mme Anglade : On les a tous déposés...

Mme Biron (Martine) : Ils sont tous dedans? O.K., c'est bon. Excusez, c'est parce qu'on a eu le document, vraiment, à la dernière minute.

L'autre question que je veux vous poser aussi est un peu dans le même registre, c'est-à-dire qu'on avait une discussion... Est-ce que c'est votre stratégie de développement économique tant attendue? Est-ce que c'est ce qu'il y a à l'intérieur de ce document-là?

Mme Anglade : C'est un pilier. Le manufacturier innovant va être un parapluie, si vous voulez, un pilier du développement économique au Québec, un pilier incontournable. Pourquoi est-ce que c'est un pilier? Parce que non seulement on parle de nos entreprises qui sont capables d'innover, mais elles ont une incidence directement sur les exportations. Elles ont une incidence directement dans le développement de nos leaders aussi, quand on parlait d'entrepreneuriat, de la mobilisation qu'on a besoin de faire de l'entrepreneuriat. Donc, c'est vraiment une ancre, le manufacturier innovant que l'on présente aujourd'hui.

Mme Biron (Martine) : Est-ce qu'on attend un autre document de développement économique, d'autres piliers qui nous sont...

Mme Anglade : Oui, oui, oui, tout à fait. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y aura... Évidemment, maintenant, on présente une vue d'ensemble par rapport au manufacturier innovant. Il est évident qu'il y a d'autres documents qui s'en viennent. Par exemple, on va parler, à un moment donné, de stratégie aérospatiale, comment ça s'inscrit. Vous conviendrez avec moi que la stratégie aérospatiale s'inscrit directement dans le concept de manufacturier innovant. Ça va être la même chose quand on va parler des exportations. Ça va être la même chose quand on va parler même du numérique. Le numérique, quand on parle de manufacturier innovant, le numérique a son rôle à jouer également. Donc, ça va s'inscrire dans cette logique-là, et on va revenir avec des éléments concrets pour continuer à aller dans la veine du manufacturier innovant.

Mme Biron (Martine) : Donc, il y a combien de piliers?

Mme Anglade : Il y a un pilier, le manufacturier innovant, sur lequel s'appuie...

Mme Biron (Martine) : Un pilier innovant et les... O.K. Excusez-moi.

Mme Anglade : Oui. C'est vraiment... Il y a un pilier, le manufacturier innovant, à partir duquel il y a d'autres éléments qui se greffent à ça. Mais le message clair et fort que l'on envoie aujourd'hui, c'est que, d'un point de vue gouvernemental, c'est un parapluie qui est important et qui nous permet encore une fois, quand on parle, par exemple, de Stratégie maritime dont on a discuté... La Stratégie maritime s'intègre parfaitement là-dedans, puisque ce qu'elle fait, c'est transiger des biens qui sont manufacturés. C'est ça qu'on fait dans notre Stratégie maritime. La même chose au niveau du Plan Nord. Ce que l'on fait, tu prends des métaux, après ça, on les transforme dans une première méthode de transformation. Dans la manière de faire cette transformation-là, il va falloir qu'on soit innovants. Donc, tout vient s'enchaîner, s'imbriquer l'un dans l'autre.

Mme Biron (Martine) : O.K. Marco, est-ce que tu veux poser une question avant de passer aux anglais?

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...général pour M. Côté. À l'heure actuelle, alors que le dollar canadien a atteint récemment pratiquement un bas fond, quels sont les principaux freins à l'investissement étranger au Québec?

M. Côté (Pierre Gabriel) : Le dollar remonte récemment, là, comme vous avez pu le constater. Donc, c'est un mouvement qui est quand même cyclique. Le frein à l'investissement au Québec... Il y a des éléments qui sont reliés au marché. Il y a eu définitivement une économie qui a été, depuis 2008, plus morose en termes de développement de certaines industries. Il y en a d'autres qui ont eu des déclins. Il y en a d'autres qui ont eu beaucoup de croissance. Et à la fin, c'est positif, mais là où le bât blesse encore le plus, c'est dans les investissements privés.

Il y a encore partout en Amérique du Nord, au Canada et au Québec de retenue de sortir les capitaux des entreprises privées pour réinvestir. Et ça, bien, il y a un contexte qui est multivariable. Et chez nous, au Québec, ce qu'on fait, nous, c'est stimuler ça, c'est notre rôle d'amener au niveau… souvent, de filiales étrangères qui sont installées chez nous, dans notre rôle de prospection d'investissement, à regarder des projets chez nous, à aller chercher des opérations qui sont ailleurs et les rapatrier chez nous. Le dollar nous a aidés pour ça, parce que le fait d'amener des opérations chez nous, de les consolider, d'investir dans des filiales étrangères chez nous, au Québec, dans un contexte de dollar bas, bien, fait en sorte que les coûts de production pour les filiales, bien, sont attrayants.

Et je vais reprendre un peu l'exemple de Bridgestone, Joliette. Ce projet-là était regardé dans 16 juridictions différentes sur la planète. Ils ont 52 usines, Bridgestone, et le fait de pouvoir dire qu'on s'en vient au Canada, qu'on va moderniser l'usine, la robotiser et tout ça... et on a été à même d'aider à attirer cette entreprise-là, à travers sa filiale qui était déjà présente, bien, on a compétitionné avec d'autres juridictions. Ça fait qu'il y avait tous ces facteurs-là, qui sont multivariables, incluant les cycles du dollar canadien, mais surtout aussi notre électricité qui n'est par chère comparé à d'autres juridictions, le fait que ça soit un environnement d'affaires qui est très stimulant, la qualité de notre main-d'oeuvre, etc., bien, ça, à chaque fois, il y a plusieurs variables, mais c'est là qu'on a des succès comme celui-là, puis on va continuer de prospecter dans ce sens-là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est quoi, les dissuasifs? C'est quoi, les freins? Vous avez parlé de l'hydroélectricité, donc c'est des avantages, la main-d'oeuvre qualifiée, c'est un autre avantage, mais c'est quoi, les dissuasifs ou les… qui freinent l'investissement privé encore aujourd'hui au Québec et que vous souhaitez peut-être aplanir?

M. Côté (Pierre Gabriel) : Bien, c'est parce qu'il y a eu beaucoup d'investissements privés — là, je suis global, là — dans les pays émergents. Il y a eu beaucoup d'investissements privés dans les pays émergents, mais ce que vous voyez comme tendance récente, aux États-Unis puis dans certains pays, c'est que les gens reprennent confiance que la proximité d'avoir les fabricants dans leur pays, tout en ayant les bons systèmes manufacturiers, la bonne technologie, fait en sorte qu'ils peuvent compétitionner en enlevant des coûts de transport pour leurs clients. Et cette tendance-là qui nous… qu'on voit, qu'on est en train de comparer avec d'autres pays, qui est une opportunité. Ça devient une opportunité, et si, nous, on s'inscrit à le dynamiser, à en faire un mouvement, bien, les investissements privés vont nous suivre.

Est-ce que c'est une garantie pleine et entière que l'investissement privé va suivre les incitatifs, les plans qu'on met de l'avant? Bien, nous, on gage là-dessus, là, bien entendu, parce que c'est ça qu'ils ont fait dans d'autres pays, et ça fonctionne.

Mme Anglade : Peut-être juste deux points. La qualité de la main-d'oeuvre, fondamentale, fondamentale dans le choix des investissements. Et la nécessaire adéquation que l'on a entre la formation et nos entreprises. Alors, quand on parle, par exemple, de manufacturier innovant, il est clair qu'il va falloir qu'on forme la main d'oeuvre autour de ces nouvelles technologies là, de ces nouvelles automatisations là. Puis c'est ça aussi, quand les gens... ils ont une préoccupation, quand ils viennent s'installer ici, si ce sont des investissements étrangers, c'est aussi la qualité de la main-d'oeuvre.

L'autre chose que vous verrez dans le document, dans la transformation qui commence à être opérée chez Investissement Québec et que l'on veut accélérer, au niveau de la prospection, la volonté vraiment de regrouper les efforts et les forces et d'être beaucoup plus agressifs au niveau du démarchage à l'étranger, donc beaucoup plus agressifs, plus sectoriels, plus ciblés pour aller chercher les investissements. Et utiliser les pôles que l'on a — on a Québec International, on a Montréal International, on a Investissement Québec — les mettre ensemble pour avoir une force de frappe réelle. Et ça, on en a largement discuté et on veut vraiment pousser dans cette idée de transformation là, de mettre tous les joueurs ensemble pour pouvoir aller frapper des coups de circuit au niveau international.

M. Lessard (Denis) : ...fiscalité parfois chez les investisseurs pour... Est-ce que c'est une entrave?

M. Côté (Pierre Gabriel) : Oui. Les compagnies... puis peut-être pour mentionner que le fait de regrouper nos forces, de coordonner nos efforts, va nous rendre encore plus prospères à l'attraction de nos investisseurs étrangers. Mais il y a 20 ans, il y avait 400 organismes qui faisaient de la prospection étrangère sur la planète; maintenant, il y en a 4 000. Donc, il y a beaucoup de compétition pour que le déploiement de capital d'entreprises, de petites, moyennes et grandes, soit installé ailleurs que chez nous. Alors, nous, on s'inscrit dans ça, et les facteurs, absolument, fiscaux entrent en ligne de compte. La taxe sur la main-d'oeuvre rentre en ligne de compte.

C'est du multivariable. Il y en a une qui va compenser l'autre. À la fin, c'est d'assurer que, dans la colonne des plus et dans la colonne des moins, bien, qu'on soit dans la colonne des plus. Parce que c'est des décisions d'affaires des entreprises, ça fait que c'est des affaires, dans le fond, puis l'équation doit être bien résolue pour que finalement la décision soit prise d'investir ici.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Une dernière question, si vous le permettez. Vous n'êtes pas sans savoir que le gouvernement a déposé, la semaine dernière, une nouvelle politique énergétique. Est-ce que vos choix d'investissements sont influencés par ces nouvelles orientations là, notamment, là, la baisse du recours aux énergies fossiles? Est-ce que, vous, vous êtes complètement indépendants, puis une bonne occasion d'affaires est une bonne occasion d'affaires, ou vous avez en tête les grandes orientations défendues par la nouvelle politique énergétique du gouvernement?

M. Côté (Pierre Gabriel) : Chez Ressources Québec, qui est une filiale d'Investissement Québec, nous, on est mandataires de beaucoup de projets, tant au niveau énergétique et minier, et nous, la politique, pour nous, est inspirante, parce que, dans ça, il y a de la continuité et aussi des opportunités pour nous d'investir.

Donc, le fait que l'énergie va demeurer à bas coût chez nous... D'ailleurs, dans le dernier budget, il y a eu des incitatifs aussi nouveaux, dans le budget qui a été déposé il y a trois semaines, pour permettre aussi, nous, de bien travailler avec nos entreprises. Tout ça s'inscrit dans notre mandat, et on est parfaitement enlignés parce qu'on a participé, bien entendu, aux travaux de la politique. Donc, on est parfaitement d'accord puis on va s'assurer qu'on ajoute de la valeur à la politique par nos investissements.

La Modératrice : Ryan Hicks, CBC, en anglais.

M. Hicks (Ryan) : Good afternoon. At the beginning of the questions, you talked about being on the frontlines, being engineers, seeing what the reality is. So describe to me what you see as the reality in the manufacturing industry right now and where you want to see it in three years.

Mme Anglade : So I'll go first and then I'll let my colleague answer.

So, you're right, we've both worked in factories for a number of years, and what you see right now is you have… so, in some cases, there is a lot of automation and a lot of innovation happening in the manufacturing world. So there are segments… If you take a CAE, for example, it's a good example where you see that there's a lot of automation happening.

So, in some sectors of the manufacturing environment, we are really top of the class, if you will, top notch. In some other sectors, it's still very manual, we still use processes that are old, like 20… processes that are still in place from when I left university 20 years ago. You see machines that are used, that have been used for 20 years, that are not top of the art. You see a lack of technologies in the way processes are implemented, a lack of knowledge of what's out there, very often. And what we need to do is to make sure that we accompany those companies with the latest information, with the latest…

That's why it's so critical for Investissement Québec to be able to do a benchmarking and know exactly how we can best accompany all the different companies, especially for «les PME», the small and medium-sized companies, because they are at the heart of the economy in Québec, and that's what I see personally when I go around and visit. And he's toured Québec in the last year, so if you want to add some element…

M. Côté (Pierre Gabriel) : My background has mainly been in the heavy industry. What I've seen in the last 30 years was mainly relying a little bit on the currency, to make money some years and do not so bad the other years. That can't be the case anymore.

So this, as we move forward, we will challenge entrepreneurs, we will challenge companies, if we support them, to make the right choice, to be world class, and that's what other countries have done. So Mme Anglade has said that we've benchmark other countries and we want to make sure that we don't reinvent the wheel in actionizing our plan in what others have been successful with. So it's not magic, there's no silver bullet, but, at the end, you need to challenge. You want to invest? Invest right for the long-term. And, as we were in the past, with traditional manufacturing in regions, there were mainly in traditional sector, resources sector mainly. Well, with the movement of the resources prices also, that affected also the capacity of those industries to reinvest in more modern technologies.

So we need to be there, we need to be proactive and making sure that we challenge and, at the end, we are going to there for them.

Mme Anglade : The other element I would add is that the speed of transformation has been accelerating rapidly, and what we notice is, if you go to a factory 10 years ago and now, the difference is significant, compared to what we have seen in the last four years. The transformation is rapid, and sometimes you realize that some companies are not realizing the speed at which is happening, and, if we don't convert now, we will have issues in the longer run. And the longer run is not that far out. We are talking about, like, a few years. So that's why we need to invest significantly now.

M. Hicks (Ryan) : And so what will this money do? What will it do for the manufacturing industry?

M. Côté (Pierre Gabriel) : If I may, a project, when we go and work with an entrepreneur that needs to do with $10 million project, we will be rarely alone, Investissement Québec. We want to be there to invite other partners. You can imagine all of them being present on the ground. Some of those want to be the level of risk where they can't invest, talking about normal banks who will not go as far as risky investment as we do. Sometimes, we will take, I would say, customized approach to do very creative financing with our «fonds propres», because that's what the customer needs.

So that's where deals will happen. It happened in the past. Now, what we are going to do is inviting the manufacturing customers to look ahead and saying that we are going to be there to support them even though, you know what, investing in new technologies is adding some risk, but that is what our business is all about. We are there to take the risk where others won't, to make those happen.

M. Hicks (Ryan) : So what you are saying is that this money will allow you to make investments or invest in companies where these Québec companies have not been able to get financing or money from a bank, because the bank does not… it is not customized to their…

Mme Anglade : Investissement Québec has to take more risks than the traditional bank, because, otherwise, like, you competing with other financial institutions. So the fundamental thing is that Investissement Québec is there to take more risk and is there also on the ground to find those new projects that we desperately need. So that is why the notion of being proactive on the ground, not waiting for the project to come on your desk, but being proactive, talking to the entrepreneurs, encouraging them to invest is something that we definitely need to do.

M. Hicks (Ryan) : So I get a bit of the sense that… Are you playing catch-up because that has not been happening as much in the past?

M. Côté (Pierre Gabriel) : Not fast enough.

Mme Anglade : Not fast enough. Nowhere near fast enough.

M. Côté (Pierre Gabriel) : Not fast enough compared to other countries, really.

Mme Anglade : But the numbers speak for themselves, right? If you look at the position of manufacturing, we were at 20%, at some point in time, in the… «dans le PIB». Today we are at… in the GDP, we are at 14%, so we need to make sure that we invest now in order right away.

M. Côté (Pierre Gabriel) : You will see the stats in our document, it is compelling. So, at the end, that is where we want all the actors in the economy to join the movement of making that strategy a success.

Mme Anglade : Merci, tout le monde.

La Modératrice : Merci, Mme la ministre. Merci, M. le président.

(Fin à 12 h 17)

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