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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins

Version finale

Thursday, April 21, 2016, 9 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente et une minutes)

Mme Lamarre : Bonjour. Nous sommes en compagnie, ce matin, de deux personnes très intéressantes : Mme Josiane Jauniaux, qui est candidate au doctorat en psychologie et qui représente ce qu'on appelle la FIDEP, c'est-à-dire la fédération interuniversitaire des étudiants en psychologie, et on est accompagnées également, je suis accompagnée également par Jessica Ruel-Laliberté, qui représente, elle, la Fédération médicale des étudiants du Québec, donc les étudiants en médecine des cinq facultés du Québec.

Alors, on est en étude de crédits aujourd'hui. On commence. Il y a un enjeu majeur qui préoccupe les Québécois, c'est l'accès aux services et aux soins en santé mentale. On l'a vu dans son plan d'action, le ministre prévoit 70 millions sur cinq ans, mais il n'y a rien avant 2018. Donc, il a confirmé qu'il n'y avait pas un sou avant 2018. C'est majeur. Il y a des urgences actuellement, il y a des conditions assez dramatiques, je dirais, en termes de besoins d'accès en santé mentale.

Et, dans le cadre des études de crédits, je vous invite à nous suivre, on a des données qu'on a obtenues pour les délais d'accès en santé mentale. Mais, si je peux vous donner une information déjà, une personne sur quatre doit attendre plus de 30 jours pour avoir son premier rendez-vous en santé mentale. Alors, en santé mentale comme dans d'autres enjeux, il y a des urgences. Si ces patients-là étaient en hémorragie, on ne les ferait pas attendre 30 jours. Or, il y a des patients, dans ces patients, qui ont des urgences en santé mentale, dont la vie peut être menacée, entre autres, par risque de suicide.

Alors, on est ici parce que tout le monde s'entend pour dire qu'on a besoin d'avoir davantage de psychologues dans notre système public. Actuellement, on en manque, on en manque de façon marquée, et les internes en psychologie ont une solution à présenter, solution qui ferait en sorte que, s'ils avaient accès à une certaine rémunération, comme plusieurs autres... en médecine, les infirmières praticiennes spécialisées, les pharmaciens qui font leur maîtrise ont accès à une rémunération modeste pour leur stage.

Alors, on pense que cette action-là pourrait avoir un impact, pourrait favoriser éventuellement aussi une plus grande rétention des gens, parce qu'avec la rémunération on pourrait s'assurer que les candidats qui obtiennent leurs diplômes de psychologue peuvent rester dans le système de santé public. Alors, il y a certainement quelque chose de très intéressant à faire, les besoins sont nombreux. Santé mentale, ça touche énormément d'enjeux, la schizophrénie, mais également les troubles dépressifs, anxieux, les troubles de déficit de l'attention, les déficiences intellectuelles, les troubles du spectre de l'autisme. On a des besoins criants importants. Tout le monde, au Québec, connaît des gens qui ont ces besoins-là. Alors, je pense qu'on a besoin de prioriser, de faire en sorte que les psychologues restent.

Et la raison pour laquelle j'ai réuni ces gens-là, c'est qu'au moment même où j'ai rencontré Josiane, eh bien, quelques jours après, j'ai reçu une lettre de la fédération des étudiants en médecine qui disait : Nous, on veut, on fait une demande parce qu'on veut avoir plus de psychologues qui travaillent avec nous. On a besoin de travailler en collaboration. Alors, je trouve que, dans un contexte un peu triste au niveau de l'accès, où les Québécois ne voient pas de différence, bien, le ministre propose une approche qui est très traditionnelle, qui est un peu dépassée. Et nous, on croit que la participation de plusieurs professionnels, mais vraiment bien intégrés dans notre système public, est une garantie.

Alors, ce qu'on propose, c'est une solution concrète qui aurait des impacts rapides. En moins d'un an, on pourrait avoir des impacts au niveau de la rétention des psychologues dans le système public. Donc, je pense que c'est une solution que le ministre devra considérer et, s'il ne la considère pas, que nous, on s'engage, en tout cas, à promouvoir à travers ça.

Alors, je vais vous laisser... je laisse la parole d'abord à Josiane Jauniaux et puis ensuite à Jessica Ruel-Laliberté, qui vont présenter chacune leur point de vue, toujours dans la perspective d'améliorer l'accès des Québécois à des services en psychologie.

Mme Jauniaux (Josiane) : Merci, Mme Lamarre. Merci à tous et à toutes. La FIDEP, la Fédération interuniversitaire des doctorants et doctorantes en psychologie, se préoccupe sincèrement de l'accès public aux soins psychologiques et neuropsychologiques au Québec. Le manque d'accès à ces services engendre des conséquences sur la vie des personnes qui souffrent de troubles mentaux et leurs proches.

On le sait, on l'apprend rapidement pendant nos études, les troubles en santé mentale, quand ils ne sont pas traités adéquatement, se complexifient et deviennent chroniques. Ceux-ci entraînent des impacts sur la vie personnelle, familiale, professionnelle et sociale, en plus d'occasionner des coûts importants financiers pour les individus, mais aussi pour la société en général. Et ça, c'est sans compter la souffrance que peuvent vivre ces personnes.

Traiter la santé mentale, c'est très complexe. Ça demande aux professionnels de la santé mentale, notamment les psychologues, d'être hautement formés pour traiter adéquatement les patients. Depuis 2006, un doctorat est obligatoire pour devenir psychologue au Québec comme partout ailleurs au Canada. On doit effectuer au moins sept années d'université, 700 heures de stage, en plus de tous nos cours et nos activités de recherche. Et, pour conclure la formation, on doit compléter un internat de 1 600 heures. C'est un an à temps plein, 35 heures semaine, à offrir des services à la population.

Les internes, rendus à cette étape-ci de leur parcours, font 80 % du travail du psychologue et sont les seuls, à l'heure actuelle, au Canada, à ne pas être rémunérés. Quel message on envoie aux jeunes psychologues après autant d'années d'efforts, de sacrifices dédiés à se former pour prendre soin de la santé mentale des Québécois? Les jeunes psychologues sont donc contraints à se tourner vers le privé, et finalement ce sont les patients qui en paient le prix.

Ce que nous souhaitons et ce que nous avons proposé au ministre de la Santé, c'est une solution simple pour améliorer l'accès aux soins psychologiques, soit de rémunérer les internes en psychologie. On a documenté à la FIDEP que 90 % des doctorants seraient plus intéressés à travailler dans le secteur public une fois diplômés s'ils étaient rémunérés pendant leur internat. Il faut donc les retenir dès le début de leur carrière pour que les soins en santé mentale ne soient pas un luxe, mais considérés comme un soin essentiel à tous. D'ailleurs, on a obtenu de la Fédération des familles et des amis de la personne atteinte de maladie mentale leur appui à la FIDEP et on les remercie chaleureusement.

Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Merci, Mme Lamarre. Merci, tout le monde, d'être ici aujourd'hui. Donc, je suis Jessica Ruel-Laliberté de la Fédération médicale étudiante du Québec. Donc, les étudiants en médecine du Québec, on s'est positionnés en faveur de l'amélioration du programme d'accès à la psychothérapie dans le régime public. Il faut savoir qu'actuellement les listes d'attente sont beaucoup trop longues pour avoir accès à de la psychothérapie, que ce soit en CLSC ou dans les centres hospitaliers. Donc, nous, on trouve, en tant que futurs médecins, futurs médecins de famille entre autres, que ça nous place dans l'embarras parce que nos patients n'ont pas accès aux services dont ils ont besoin. Donc, la FMEQ défend une approche interdisciplinaire en santé mentale, et on souhaite, entre autres, s'assurer que nos patients aient accès à des services de psychothérapie lorsqu'ils en ont besoin.

Il faut savoir actuellement que la santé mentale, les problèmes de santé mentale, c'est la deuxième cause d'indemnité au Québec, puis c'est pour ça qu'on pense qu'investir en santé mentale, c'est payant, payant pour le Québec parce qu'ainsi on paie moins de congés d'assurance maladie puis on perçoit plus d'impôt.

Donc, ce qu'on veut aujourd'hui, c'est un plan d'action clair du ministre pour savoir comment on pourrait augmenter l'accès en psychothérapie du Québec. Les étudiants en médecine, on demande que plus de postes soient offerts en santé mentale, entre autres par les psychologues, dans le système de santé public. On pense, entre autres, aussi que de rémunérer les internes en psychologie, ça permettrait possiblement de les garder par la suite dans le système de santé public, puis c'est pourquoi on appuie aussi cette solution.

Donc, je vous remercie, puis, si vous avez des questions, on est disponibles.

M. Vigneault (Nicolas) : Mme Lamarre, combien ça pourrait coûter évidemment de rémunérer ces gens-là? Parce qu'évidemment il y a un coût à tout, là. Est-ce que vous l'avez évalué?

Mme Lamarre : Oui. Ils sont environ 250 candidats doctorants. On parle de gens, là, qui ont 20 ans de scolarité, hein, alors sept ans d'université, on a bien compris. Et, si on mettait un an, leur période, autour de... en fait, le chiffre qu'eux évoquent, et moi, je n'ai pas de lien vrai, mais le chiffre qui serait évoqué, mettons qu'on irait à 40 000 $ par année, ça fait 10 millions. Ça fait 10 millions de dollars, et, si on prend un modèle qui existe déjà avec d'autres étudiants, on sait que, quand il y a ce genre de soutien de l'État aux étudiants, bien, on peut très souvent lier après un engagement pour une période de deux ans, trois ans dans le secteur public.

Alors, c'est une façon intéressante. Ce qu'on voit quand on les rencontre, ces jeunes diplômés, ils disent : Moi, la pratique dans le système public, c'est celle que j'aime le plus, mais ce n'est tellement pas rentable, il n'y a tellement pas d'ouvertures et je suis tellement endetté que je dois travailler dans le secteur privé parce que, là, je peux charger des montants plus importants lors des consultations. Or, le secteur public, on l'a vu, et je pense que et Jessica et Josiane ont très bien présenté, quand on ne traite pas, quand on n'a pas une bonne offre de service dans le secteur public, il y a des conséquences, il y a des hospitalisations, il y a des coûts de médicaments, il y a du désespoir et il y a des pertes d'accompagnement et de suivi appropriés.

Donc, on pense que c'est un très bon investissement, très raisonnable. Toutes les autres provinces le font, et il y a déjà des précédents au Québec avec d'autres disciplines.

M. Vigneault (Nicolas) : Et vous dites qu'il y a une personne sur quatre qui doivent attendre plus de 30 jours...

Mme Lamarre : Plus de 30 jours...

M. Vigneault (Nicolas) : ...pour avoir des soins. Est-ce que cette solution-là, pour vous, vous allez l'évaluer? Parce que, j'imagine, c'est un peu théorique, là, mais à combien on pourrait réduire ce délai d'attente là?

Mme Lamarre : C'est un petit peu difficile, à ce moment-ci, d'extrapoler de façon plus précise, mais, sur cette moyenne-là, je vous dirais que, dans les crédits tantôt, vous allez tout voir, mais on a des hôpitaux qui nous ont envoyé... des établissements qui nous ont démontré... là, par exemple, au Centre hospitalier Pierre-Boucher, pour les troubles psychotiques, on a jusqu'à 171 jours d'attente. C'est presque six mois.

Alors, écoutez, il y a vraiment des besoins urgents d'améliorer l'accès, et l'intérêt, avec la proposition des étudiants actuellement, bien, c'est que cette rétention-là, elle pourrait commencer dès l'an prochain. Alors, on est vraiment dans du concret. On est vraiment dans quelque chose qui peut changer. On pourrait maintenir beaucoup plus de postes dans le système public dès l'an prochain si on avait une décision claire du ministre qui va dans la reconnaissance de la valeur de cet investissement-là. On parle de gens qui ont sept ans d'université, alors je pense qu'à un moment donné il faut utiliser mieux toutes les ressources, là. Les Québécois ont payé depuis 20 ans, ils ont investi dans ces jeunes, dans ces compétences-là, et, au moment où le système public devrait en tirer les avantages, bien, il y a une orientation vers le privé qui fait qu'on maintient ça seulement à quelques privilégiés qui ont les moyens de se payer les consultations. C'est bon? Merci beaucoup.

Des voix : Merci.

(Fin à 9 h 43)

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