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Point de presse de M. François Paradis, membre de la Commission de la santé et des services sociaux

Version finale

Wednesday, April 27, 2016, 11 h 01

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures deux minutes)

M. Paradis (Lévis) : Bien, merci d'être là tout le monde. Je pense qu'il est opportun de réagir à ce qui a été une crise extrêmement importante. Moi, je me souviens, janvier, là, lorsqu'on a annoncé la fermeture du centre Mélaric — le centre Mélaric, le plus grand centre de thérapie au Québec — je me souviens fort bien des gens, trémolo dans la voix, des larmes, qui exprimaient leur détresse parce qu'on se dit : Où on s'en va, maintenant?

Alors, aujourd'hui, je pense que c'est important d'intervenir pour dire, évidemment, que, bon, heureux de la réouverture du centre, je salue en même temps l'engagement de M. Robert Piché, mais, au-delà de ça, c'est une crise qui a été déclenchée par le gouvernement, qui a été déclenchée par le gouvernement. Puis le gouvernement a dû, après de longues semaines, en se rendant à l'évidence qu'il fallait faire quelque chose parce que ces gens-là font partie de la clientèle la plus vulnérable… Il aura donc fallu que des gens aillent encore une fois sur la place publique pour dire : Ce que vous faites, là, ce n'est pas humain, pour que le gouvernement décide de réparer les pots cassés qu'il a cassés lui-même. Alors, il y a vraiment une problématique là-dedans.

Je l'ai toujours dit et je le répète : Il y a une espèce de logique mathématique dans des décisions, puis on oublie souvent la logique humaine. Et, dans cette logique-là, dans ce dossier-là, c'était évident. Et je dirai qu'au-delà de ça, de dire et de faire en sorte qu'on répare une coche mal taillée par le gouvernement lui-même en oubliant tout l'impact humain d'une décision annoncée, comme celle-là, en janvier, bien, il va se passer quoi pour les autres? Parce que je vous rappellerai qu'au terme de l'exercice l'association provinciale des organismes en dépendance avait dit : Cette fermeture — en parlant de Mélaric — annonce des jours encore plus sombres pour plusieurs autres centres qui sont au bord du gouffre. Alors, il y en a aussi qui sont encore menacés, il y en a qui se questionnent, il y en a qui n'ont peut-être pas de réponse à leurs questions, puis il y en a aussi qui devront continuer à se battre pour survivre. Que fera le gouvernement à ce chapitre-là?

Entre-temps, bien, ce bout de temps là aura fait en sorte qu'on aura déraciné des hommes et des femmes qui avaient besoin de soutien et qui aujourd'hui vont retrouver un réconfort, mais qu'on a brisés dans leur routine. Et, dans des contextes comme ceux-là, ce n'est vraiment pas évident.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : La directrice générale du centre a dit que ce qui se passait aujourd'hui, ça venait presque complètement effacer ce qui avait été fait lors de la fermeture.

M. Paradis (Lévis) : Effacer dans le sens où maintenant on reprend pour tout va très bien ou effacer dans le sens : Il y a des efforts qui avaient été faits, puis on va être obligés de reprendre à zéro avec des clients qui ont été déracinés puis envoyés ailleurs? Il est là, le drame, hein?

On est dans un processus d'appui à une clientèle vulnérable. Ces gens-là, déjà, doivent faire un effort pour vouloir et avoir le désir de s'en sortir. Toute rupture dans le traitement, toute rupture dans la continuité fait en sorte qu'on ébranle et la confiance et l'aboutissement. Puis c'est vrai que ça, ça aurait été évitable puis qu'il aurait été drôlement plus préférable de faire en sorte que des gens qui avaient décidé de se prendre en main puissent continuer à avoir les services qui leur étaient offerts. Et les gens l'on dit. Moi, je me rappelle, larmes aux yeux, les gens disaient : Vous m'enlevez ma famille. Les employés disaient : Vous m'enlevez ma famille, vous êtes en train de débâtir ce en quoi j'ai confiance. Là, aujourd'hui, on va être obligés de recasser, de… Tu sais, un pot cassé recollé, là, ça n'a jamais tout à fait le même aspect. On peut se réjouir du fait qu'il puisse encore servir, mais ça n'a jamais le même aspect. J'ose espérer que ces gens-là vont pouvoir retrouver leurs racines dans la mesure où ils seront capables de le faire, mais tout ça, ce qu'il faut comprendre, c'est que ça aurait été évitable pour des gens qui sont manifestement parmi les plus vulnérables.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Est-ce qu'on augmente les ressources? C'est quoi, la solution? Est-ce qu'il y a assez de ressources en hébergement au Québec?

M. Paradis (Lévis) : Bien là, le gouvernement vient de se rendre compte que la gaffe de janvier a créé des problèmes majeurs, devra se rendre compte que d'autres centres sont aussi interpellés, puis devra se rendre compte puis faire en sorte qu'on ne répète pas un drame humain comme celui qui s'est passé à ce moment-là. Réjouissons-nous de la réouverture de celui-là, mais j'ose espérer que le gouvernement va tirer leçon de sa décision, de sa mauvaise décision. Il pourra maintenant s'adresser à tous les autres centres qui craignent également pour leur survie, en n'oubliant jamais que, derrière des cas comme ceux-là et des décisions comme celles-là, il reste qu'il y a des êtres humains.

M. Vigneault (Nicolas) : Est-ce qu'on devrait tenter de récupérer aussi les gens qui ont abandonné leur thérapie? Parce que ça, c'est une inquiétude. Il y a des gens qui se retrouvent à l'extérieur, qui ne retourneront peut-être jamais au centre et qu'on échappe comme ça.

M. Paradis (Lévis) : Et ça, ce n'est pas facile. Et ça, je pense que, dans une décision comme celle-là, il doit rester cette espèce de souvenir là : Qui a-t-on échappé? Qui n'y retournera pas? À qui on a brisé les racines suffisamment pour qu'il n'ait plus l'intention de continuer dans un processus comme celui-là, un procédé de guérison pour des gens qui veulent réintégrer une société puis devenir des gens actifs? Ce n'est pas une démarche facile, là. Ce n'est pas une démarche facile. Alors, toute rupture dans cette continuité-là menace la survie de ces gens-là. Alors, oui, peut-être qu'on va en échapper, oui on en aura peut-être échappés. J'ose espérer que ceux et celles qui ont quitté ce chemin-là se disent aujourd'hui : Il y a peut-être espoir. Mais rappelons-nous qu'on les aura peut-être échappés puis on aurait pu éviter de le faire.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais est-ce qu'on devrait prendre des mesures pour récupérer ces gens-là?

M. Paradis (Lévis) : Il va falloir qu'on s'adresse à eux. Ça reste à travers celui-là même qui voudra entreprendre une démarche. Parce qu'une démarche de ce type-là, en soin de dépendance ou de polytoxicomanie, suppose que l'intéressé veuille s'investir pleinement.

Mais, je vous le répète, on a provoqué une crise en janvier, on a brisé des liens, on a brisé la détermination de certaines personnes à se rendre jusqu'au bout du chemin. Maintenant, oui, il faudrait faire en sorte qu'on puisse s'adresser à eux puis dire : Revenez, on est là pour vous. Mais, encore une fois, on a des choses à rebâtir.

(Fin à 11 h 7)

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