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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins

Version finale

Thursday, June 2, 2016, 11 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures vingt et une minutes)

Mme Lamarre : Bonjour. Alors, je suis ici pour commenter le dernier rapport du Commissaire à la santé et au bien-être, Apprendre des meilleurs : étude comparative des urgences du Québec. Je vous dirais que c'est triste parce que le bilan qu'on en tire, c'est que les Québécois sont victimes, victimes de l'improvisation et du mépris du ministre. De toute évidence, il ne réussit pas à faire ce qu'il dit, et ce sont les Québécois qui écopent.

Quatre angles. Le premier, je vais vous dire, l'abolition du commissaire. Avec la qualité du rapport qu'on a reçu aujourd'hui, avec la pertinence des données qu'on a, leur proximité avec les Québécois, parce qu'on peut bien se fier sur des rapports internationaux, mais, quand on a des données du Québec, comment le ministre peut-il justifier qu'on n'ait pas besoin de ce rapport-là et du Commissaire à la santé et au bien-être? Moi, je ne vois qu'une façon, c'est que le ministre a peur des rapports du Commissaire à la santé et au bien-être. C'est parce qu'il en a peur. Parce qu'autrement, là, n'importe qui qui croit au Québec, qui croit à améliorer sincèrement le système de santé convient qu'on a besoin de façon essentielle d'avoir accès à ce genre d'analyse là, qui est faite de façon objective et qui nous positionne.

Donc, premièrement, l'abolition du commissaire, qui m'apparaît… Il est encore temps pour le ministre de reculer, je pense que ce serait faire preuve de lucidité de reconnaître qu'on a vraiment besoin du Commissaire à la santé.

Deuxième élément, vous avez sûrement vu dans les documents… je vous dirais, le document qui présente la performance des autres endroits dans le monde. Moi, je vais vous dire, j'en ai visité plusieurs, de ces autres pays. Alors, ailleurs, c'est possible, c'est possible de réduire le temps des urgences, c'est possible d'avoir un système de santé plus performant. En France, en Norvège, en Nouvelle-Zélande, en Australie, aux États-Unis, en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas, plus de 90 % des adultes sont vus en moins de cinq heures à l'urgence. Plus proche de nous, en Ontario, en Alberta, c'est plus de 85 % des gens qui sont vus en moins de cinq heures. Au Québec, on est à peine à 65 % des gens qui sont vus en moins de cinq heures.

Alors, il y a un problème d'organisation et de priorisation. La solution à l'attente aux urgences, elle se situe avant les urgences. Elle se situe dans le soutien à domicile efficace. Elle se situe dans des cliniques d'infirmières praticiennes spécialisées, qui vont répondre, qui vont multiplier les points d'accès. Elle se situe dans un service de garde entre les GMF pour garantir que, sur un territoire donné, il y ait toujours une clinique, un GMF, qui soit ouvert et disponible. Ça se fait en France depuis 50 ans ça, et ça fonctionne. Et ça se situe également, les solutions, dans des heures d'ouverture étendues, en dehors des hôpitaux.

Mais ce que le commissaire nous révèle aussi, c'est que les choix qu'on fait, les choix que le ministre fait, non seulement ils ne sont pas performants, mais ils coûtent cher, ils coûtent très, très cher. Et donc on utilise pour rien le service le plus cher, le service le plus luxueux, la Porsche, la Ferrari, c'est toujours ça qu'on utilise pour entrer dans notre système de santé quand on fait que les gens entrent à l'urgence d'un hôpital. C'est ça qu'on fait, alors qu'on doit utiliser de façon optimale chacune des portes d'entrée et on doit les multiplier, ces portes d'entrée là.

Donc, je l'ai déjà dit, quand on va à l'urgence de l'hôpital, c'est entre 250 $ et 500 $ que ça coûte juste ouvrir un dossier, et on a vu... 10 % des situations, là, les gens quittent sans avoir vu un médecin de famille. Et l'autre conséquence, qui a été révélée par le commissaire, c'est le coût. Donc, 1,5 million de visites hors normes, 13 millions d'heures perdues par les Québécois qui sont assis sur des chaises à l'urgence, qui attrapent toutes sortes d'autres microbes, mais 300 millions en salaire horaire moyen, par année, perdus en attente dans les urgences.

Alors, vraiment, je pense que le ministre doit se requestionner sur ses approches. Il a privilégié la coercition et le mépris et ça engendre de la résistance et du cafouillage. Alors, on a besoin de faire beaucoup mieux, les Québécois méritent mieux. Maintenant, les questions.

Mme Richer (Jocelyne) : Ça fait quand même deux ans que le gouvernement est élu, que le ministre est en place, et une de ses priorités, c'était justement ça, d'éliminer le problème des urgences, les délais d'attente. Il y a eu des réformes importantes : la loi n° 10, la loi n° 20. Est-ce qu'il y a un constat d'échec, dans ce rapport-là, aujourd'hui?

Mme Lamarre : Tout à fait, il y a un constat d'échec parce que le ministre s'est inspiré simplement de sa propre vision, il n'a pas pris modèle sur des expériences gagnantes ailleurs. Si on regarde la Suède, si on regarde les Pays-Bas, on a des modèles où on a fait le contraire du ministre, c'est-à-dire qu'on n'a pas centralisé tous les pouvoirs à un seul endroit — au Québec, comme il le fait — mais on a plutôt déployé plus de services, plus proches des patients, donc une première ligne très forte, alors que le ministre ne réussit pas à faire ça. Et on le voit, là, il a induit, par son caractère, par sa façon d'imposer des choses, il a induit de la résistance. C'est sûr qu'il n'y a personne qui a envie de suivre ce qu'il impose, il l'impose avec autorité et avec mépris, en blâmant tout le monde.

Alors, moi, je crois qu'il y a des façons de bien faire et il y a certains modèles qui fonctionnent bien avec l'accès adapté, avec des façons mieux synchronisées, mais ça prend une coordination sur le terrain et ça prend aussi un regard positif à l'endroit des autres professionnels, ce que le ministre n'est pas capable de faire.

Mme Richer (Jocelyne) : Ce qui est intéressant, je trouve, c'est qu'il dit que ça varie beaucoup d'un endroit à l'autre. Il y a des hôpitaux où l'urgence fonctionne très bien; d'autres endroits, ça fonctionne très, très mal. Et il dit que ça dépend beaucoup d'une volonté des autorités en place, qui mettent en place les bons mécanismes, et qu'on devrait s'inspirer de ça. Qu'est-ce qu'il faut retenir de ça, du fait qu'on dirait que chacun fait ça un peu à la va-comme-je-te-pousse? Dans certains endroits, ça fonctionne, dans d'autres, ça ne fonctionne pas. Qu'est-ce qu'il faut retenir de ça?

Mme Lamarre : Mais je crois aussi que le ministre a une approche mur à mur pour l'ensemble du Québec et que, ça, ce n'est vraiment pas la bonne formule. Alors, il faut avoir une certaine souplesse pour être capable de réagir à des besoins spécifiques, par exemple sur la Côte-Nord par rapport à des besoins sur l'île de Montréal, en Montérégie ou à Laval. Il y a des modèles qui doivent être ajustés. Et le ministre ne veut rien savoir. Alors, par exemple, sur la Côte-Nord, il est possible que des médecins aient besoin de faire un peu plus d'urgence parce qu'on en manque tellement que les GMF ne sont pas assez nombreux pour offrir les services de première ligne. Peut-être qu'on a besoin de ça, là, mais on n'a pas besoin de ça en Montérégie. En Montérégie, il faut déployer beaucoup plus de GMF, il faut permettre aux infirmières praticiennes spécialisées… Moi, ce que j'ai vu dans le rapport du commissaire, c'est d'avoir des activités autonomes. Même pour les infirmières qui font le triage à l'urgence, pourquoi elles doivent toujours attendre l'autorisation d'un médecin? Il y a des questions de rémunération là-dedans. C'est sûr, sûr, sûr qu'il y a des enjeux, et ça, le ministre protège tous les anciens modes de rémunération et il n'a pas d'ouverture pour donner la latitude à plein de nouveaux professionnels qui ont des compétences.

M. Authier (Philip) : Il parle aussi d'un manque de flexibilité de la part des médecins. Je vous ai mentionné le chiffre dans le corridor, que les hôpitaux peuvent ajouter assez facilement des infirmières, quand ça déborde, mais les horaires des médecins sont inflexibles, puis, tu sais, c'est huit heures, je pense, l'attente, huit heures pour voir le spécialiste. Ça, c'est à part de si vous êtes en attente déjà pour rentrer dans l'urgence. Est-ce qu'il y a un certain blâme sur les épaules des médecins aussi pour ce problème?

Mme Lamarre : Bien, moi, je pense d'abord que, quand on veut la collaboration des médecins, on ne prend pas l'attitude que le ministre a prise à leur endroit, là. Ça, c'est sûr. Quand on a besoin des médecins, je pense qu'il faut commencer par les respecter. Mais, ceci étant dit, dès l'étude du projet de loi n° 20, moi, j'ai déposé plusieurs, plusieurs amendements pour demander que les GMF offrent des heures d'ouverture plus longues. C'est sûr qu'on a des GMF où on a seulement six médecins, mais, même à six médecins, on devrait être capable de couvrir des plages horaires qui incluent le vendredi soir, les samedis et les dimanches. C'est possible, ça. C'est possible dans d'autres organisations. Alors, pourquoi ce ne le serait pas avec les GMF? Ce qui est proposé par le Commissaire, qui est tout à fait aussi logique, c'est de dire : Bien, mettez-vous deux ou trois GMF ensemble puis assurez une garde. Alors, j'ai vu, en Colombie-Britannique, par exemple, une situation où, si un patient d'un médecin d'un GMF est vu par un autre GMF, bien, le lundi, l'autre GMF peut facturer au premier GMF qui était fermé, lui, la fin de semaine, les honoraires qui ont été imputés à la visite.

Alors, il y a une façon de créer d'abord des liens, des liens de coopération réels, mais aussi une forme de saine concurrence, je dirais, de saine émulation à être plus disponible, et ça, le ministre ne fait que de la confrontation. Alors, c'est sûr qu'il braque littéralement les médecins actuellement.

Pour ce qui est des spécialistes dont vous parlez dans les urgences, je vous invite à regarder le projet de loi n° 20. Le ministre n'a mis aucune condition coercitive à l'endroit des spécialistes dans son projet de loi n° 20. Au contraire, il a adouci tout ce qu'il avait prévu. Alors, il a remis une obligation qui devait être au départ, l'obligation de voir des patients à l'intérieur de trois heures, entre 7 heures et 5 heures le matin, il a diminué ça en disant : Ce sera seulement entre 8 heures et 4 heures. Et finalement, quand c'est sorti, eh bien, ce n'était plus de voir un grand nombre de patients, c'était réparti : 75 % pouvaient être vus en quatre heures; seulement 25 % en deux heures; et, attendez bien, seulement entre le lundi et le vendredi. Alors, vraiment, on ne peut pas s'attendre...

Et les médecins de famille ont raison, dans certains cas, de dire : Écoutez, on nous demande de faire l'urgence. Si vous ne voulez plus que je fasse l'urgence, que je sois plus présent sur le terrain, que je sois plus présent dans les GMF, dans les CLSC ou même à domicile, bien là il faut que quelqu'un fasse le travail à l'urgence dans l'hôpital. Et ça, on n'entend jamais le ministre relocaliser les spécialistes différemment ou modifier, imposer certaines contraintes pour qu'on ait des meilleures garanties de disponibilité et de services.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que vous avec eu l'occasion de répondre à une question sur les supercliniques, par hasard?

Mme Lamarre : Pas encore.

M. Chouinard (Tommy) : Sur le constat qui... en fait, le constat, c'est-à-dire qu'il est sceptique quant à l'impact éventuel de ces supercliniques-là. Il dit notamment qu'on pourrait se retrouver avec les mêmes problèmes qu'on a avec les urgences, à savoir que le patient ne verrait pas son médecin dans ce cas-là et qu'il y aurait, pour reprendre son expression, là, bris dans la continuité des soins. Est-ce que vous êtes aussi... Je pense que vous aviez affiché du scepticisme par rapport à ça, mais...

Mme Lamarre : Je suis aussi sceptique sur la priorité à accorder aujourd'hui aux supercliniques, et, moi, je crois profondément à la valeur ajoutée du médecin de famille. Le médecin de famille, ce n'est pas juste quelqu'un qu'on voit... Il y a beaucoup de maladies qui ont une connotation héréditaire. Si vous êtes un jeune adulte de 35 ans qui avez de l'asthme et puis que vous avez un enfant de deux ans puis qui a une toux qui persiste, il y a des bonnes chances que ce soit de l'asthme aussi. Alors, ce n'est pas sain que finalement on aille à l'urgence d'une clinique qu'il va voir vite, vite, vite, alors qu'on ne prendra pas toutes les mesures. Alors, il y a un bénéfice clair à avoir un médecin de famille.

Les supercliniques pour moi, à ce moment-ci, je ne vois pas la différence avec les 48 cliniques-réseaux qui existent depuis 2003 et pour lesquelles on n'a pas été capables d'imposer les heures d'ouverture puis la disponibilité. C'est du copier-coller, les supercliniques, c'est du copier-coller avec les 48 cliniques-réseaux qui n'ont pas donné. Alors, on ne peut pas se déployer partout. Moi, je pense que le ministre aurait eu intérêt à garder un très bon lien de confiance avec les médecins de famille, parce que c'est à eux qu'il met beaucoup de pression actuellement. Au lieu de ça, il se les est mis à dos, il a manqué de respect envers eux, et là il leur demande des choses, il a besoin d'eux, et là on voit que ça résiste. Mais qui va payer, qui écope? Bien, ce sont les Québécois qui écopent.

La Modératrice : Merci beaucoup. Ça va être tout.

Mme Lamarre : Merci.

Journaliste : ...

La Modératrice : Mme Lamarre doit quitter, je suis désolée.

Mme Lamarre : Je suis en commission parlementaire. Désolée. Mais après, si vous voulez, d'accord?

Journaliste : O.K. Parfait. Merci.

(Fin à 11 h 35)

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