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Point de presse de Mme Nathalie Roy, présidente du caucus du deuxième groupe d'opposition, et M. Benoit Charette, député de Deux-Montagnes

Version finale

Wednesday, August 10, 2016, 10 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures)

Mme Roy : Alors, bonjour tout le monde, merci d'être ici. Notre présence, ce matin, est importante. Vous savez qu'il y a ce Forum social mondial qui se déroule, qui vient de commencer à Montréal. Alors, la présence de groupes crédibles de nombreux horizons au Forum social mondial, elle est saine et elle est nécessaire dans le cadre d'une société libre et démocratique comme la nôtre. Alors, l'événement qui se déroule actuellement n'est nullement remis en question dans notre intervention de ce matin, c'est bien important que vous le compreniez. Comprenez cependant que c'est le jugement du gouvernement Couillard qui est remis en question ce matin en regard de cet événement et, par surcroît, la subvention qu'il accorde à cet événement.

Il faut dire que la présence de groupes et d'individus islamiques et radicaux à cet événement nous interpelle au plus haut point parce que le gouvernement de M. Couillard a décidé de donner une subvention de 100 000 $ à cet événement, et ça se fait par le biais du ministre Coiteux, le ministre Coiteux, qui est le ministre des Affaires municipales, mais également le ministre de la Sécurité publique. Ce qu'il faut vous dire, la raison pour laquelle ça nous inquiète, cette subvention donnée pour cet événement, c'est qu'on sait que le gouvernement fédéral a déjà retiré son logo en tant que partenaire de l'événement et que certaines pages de l'événement ont été retirées du site par l'organisation, justement. Mais on constate que des groupes qui seront invités, que nous entendrons, éventuellement, au cours de ces journées de forum, font la promotion de violence envers des minorités, et mon collègue le député de Deux-Montagnes, M. Benoit Charrette, vous en parlera plus en détail dans un instant.

Moi, je tiens à vous dire qu'un des groupes qui est présent, qui s'appelle Palestinian House, s'est vu couper son financement par Ottawa en 2012 en raison de son soutien à l'extrémisme. Ces gens seront ici, à Montréal. Alors, je vois mal les raisons qui justifient de s'associer de près ou de loin à une organisation qui endosse le terrorisme. Pourtant, c'est ce que fait le ministre Coiteux. Alors, c'est un grand manque de jugement, un grand manque de cohérence, surtout que le ministre Coiteux, ne l'oublions pas, est le ministre de la Sécurité publique. Alors, comment peut-il subventionner un événement où l'on sait que des groupes qui ont des liens avec le terrorisme seront présents sans broncher, sans même avoir vérifié?

Ce que fait actuellement le ministre Coiteux en donnant 100 000 $ à cet événement alors qu'on sait qu'il y a des groupes qui ont des liens avec le terrorisme, bien, écoutez, ce n'est pas compliqué, c'est totalement incohérent et c'est comme le serpent qui se mange la queue. C'est ce qu'est en train de faire le ministre Coiteux et le gouvernement Couillard à l'égard de cet événement.

Alors, nous demandons au gouvernement Couillard de ne pas subventionner, à hauteur de 100 000 $, cet événement. C'est extrêmement important pour nous. Nous sommes à une époque où il y a des restrictions budgétaires tout partout, on manque de services, des enfants — on lisait encore dans les journaux ce matin — n'ont pas les services auxquels ils auraient droit dans les écoles, on a nos personnes âgées, en CHSLD, qui en arrachent drôlement, les soins dans les hôpitaux, les patients qui attendent encore des heures et des heures à l'urgence, et on donne 100 000 $, le ministre Coiteux, le ministre des Affaires municipales et de la Sécurité publique a donné 100 000 $ à un événement sans même savoir, sans même savoir qu'il y aurait des groupes qui ont des liens avec le terrorisme, ce qu'on dénonce et ce pour quoi, justement, on est en politique, pour lutter contre les terroristes, le terrorisme islamique. Alors, c'est un manque de jugement et une grande incohérence à l'égard du gouvernement. On lui demande de retirer cette subvention de 100 000 $.

Alors, pour vous en dire plus long sur d'autres groupes qui sont là... parce que je vous souligne que, si vous allez voir le programme sur le site Internet de l'événement, il y a près de 170 pages — un peu plus — de conférenciers, d'événements, mais c'est très difficile de savoir précisément qui sera là et quel sera le contenu des événements. On a quelques noms, mais nous, on dit : C'est totalement irresponsable de donner de l'argent sans même savoir qui sera là.

Alors, je passe la parole à mon collègue M. Benoit Charette, le député de Deux-Montagnes.

M. Charette : Merci, Nathalie. Bonjour, tout le monde, ça me fait plaisir de vous retrouver. Ma collègue le mentionnait, le forum lui-même peut apporter des débats intéressants. Au total, c'est 1 300 activités qui se dérouleront tout au long de la semaine — ça prend fin à la fin de la semaine — sur le côté de Montréal. Cependant, parmi ces groupes, il y a effectivement des groupes qui sont particulièrement inquiétants. Donc, on n'est pas contre le débat, on n'est pas contre les échanges, mais, parmi ces groupes et parmi les discours qu'ils mettent de l'avant, clairement, certains remettent en question la cohésion sociale que l'on défend en tant qu'Assemblée nationale. Et je ne fais pas référence aux nombreux groupes anarchistes qui sont inscrits, je ne fais pas non plus référence aux groupes religieux marginaux ou excentriques qui sont aussi du nombre, mais carrément ceux qui, par leur discours, remettent en question cette cohésion sociale.

Et il y a une caricature qui, à mon sens, veut tout dire, qui a été retirée suite aux pressions qui ont été faites ces derniers jours, mais qui, jusqu'à avant-hier, faisait la promotion du forum et qui se retrouvait sur le site, même, du Forum social mondial, c'est une caricature qui présente un groupe qui est conférencier, qui prendra la parole et qui reprend littéralement la même typographie, le même type d'illustration qu'on retrouvait, malheureusement, du temps du régime nazi, et avec un caractère clairement, clairement antisémite. Ce que ce groupe va prôner comme discours lors du forum, c'est une théorie qui est aussi absurde que ridicule, c'est-à-dire que les Juifs sont à l'origine de l'État islamique et qu'ils sont derrière le groupe islamique qui commet des attentats ici et là à travers le monde. Donc, il y a des théories du complot qui sont mises de l'avant, mais un discours qui est carrément divisif pour la société québécoise et qui vise particulièrement la communauté juive, donc rien pour assurer cette cohésion sociale que l'on doit défendre comme Assemblée nationale.

Aussi, parmi les groupes, une bonne place de ces groupes ont comme discours principal le mouvement BDS, qui est Boycott, désinvestissement et sanctions à l'égard d'Israël, et cette partie importante qui sera consacrée à ce mouvement international va carrément à l'encontre du consensus, justement, international au niveau de la solution au conflit israélo-palestinien, c'est-à-dire la solution des deux États pour deux peuples. Et l'Assemblée nationale — pour illustrer la contradiction, encore une fois — a voté une motion défendant ce principe, et là, aujourd'hui, à travers une subvention gouvernementale, on va plutôt prôner le contraire. Donc, il y a une incohérence qui alimente des préjugés, qui alimente aussi des dissensions entre différents groupes, et on ne doit pas, d'aucune façon, s'associer à ce type de discours.

Et ce qui est intéressant, au cours des derniers jours, le gouvernement du Canada s'est éloigné de l'organisation du forum. Et j'entendais, pas plus tard que ce matin, le maire Coderre de Montréal, qui, lui aussi, a pris ses distances. Donc, on demande aujourd'hui au gouvernement du Québec d'en faire autant, de retirer sa subvention et de se dissocier de l'événement comme partenaire.

Et, à travers les recherches que l'on a faites, c'est un petit peu curieux, on a trouvé un texte de Martin Coiteux qui date de 2011 alors qu'il était professeur et qui déplorait, justement, le financement public pour des ONG de nature publique, et c'est ce même ministre, aujourd'hui, qui fait tout le contraire de ce qu'il a fait comme promotion par le passé. Donc, on lui demande cette cohérence, on lui demande de se calquer sur la position et de la ville de Montréal et du gouvernement du Canada pour se dissocier de cet événement qui, malheureusement, risque d'engendrer des dissensions, ce dont on se doit d'éviter comme parlementaires et comme Assemblée nationale.

Donc, on est tout à fait disposés à répondre à vos questions, si vous en avez.

Mme Lajoie (Geneviève) : Si le gouvernement maintient sa subvention de 100 000 $, selon vous, est-ce que ça encourage ces idéologies-là?

M. Charette : Eh bien, en fait, est-ce que ça les encourage? C'est que ça donne une voix à un discours qu'on doit combattre, comme parlementaires et comme Assemblée nationale. On donne littéralement une tribune à des groupes que l'on devrait autrement condamner. Donc, oui, c'est une mauvaise utilisation des fonds publics, certainement, mais c'est contraire à ce qu'on doit promouvoir comme société responsable.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce que vous ne vous trouvez pas à pénaliser la grande majorité des organismes qui seront présents, qui, eux, vont défendre les droits des femmes, la protection de l'environnement, les droits des autochtones, etc.? Ça, ça ne vous dérange pas?

M. Charette : À ce niveau-là, je reprendrais les mots de Martin Coiteux dans sa lettre ouverte qu'il a publiée en 2011. Ce qu'il mentionnait, c'est qu'il faut faire une distinction, justement, entre les ONG de services et les ONG de nature politique. Il ne condamne pas ou ne veut pas faire taire les ONG politiques, mais ce qu'il dit : Ces organismes-là devraient être financés par des associations, par les citoyens et non pas à travers des deniers publics. Donc, on ne vise pas à restreindre la liberté d'expression ou le travail de ces ONG, qui font un travail important, mais il faut juste se demander qui doit financer quel type d'ONG et est-ce que c'est à travers de l'argent public. Et, dans le cas présent, il y a davantage d'ONG de nature politique et avec un discours qui est contraire à nos valeurs, et c'est là où l'argent public n'est pas approprié dans le financement. Mais, on l'a dit d'entrée de jeu, autant ma collègue de Montarville que moi, parmi tous ces groupes, certains, au quotidien, font un travail tout à fait légitime, donc c'est malheureux.

En fait, le blâme, il est non pas auprès des organisateurs du forum, parce que c'est un forum que l'on dit autogéré, donc ce sont les groupes eux-mêmes qui décident de leur propre programmation. Donc, le blâme n'est pas auprès des organisateurs, il est directement au niveau du gouvernement, qui a manqué de prévoyance, qui a décidé d'accorder une subvention sans même questionner la nature des ateliers qui vont avoir lieu. C'est un petit peu ce que disait une porte-parole du gouvernement fédéral il y a quelques jours à peine. Donc, il y a une reconnaissance qui doit être faite par le gouvernement du Québec d'avoir manqué de prudence et de prévoyance dans l'octroi de cette subvention-là.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais est-ce qu'on peut faire, pour un gouvernement, ce genre de sélection? Prenons l'exemple de la Francophonie. Le Québec est membre de la Francophonie. Or, on sait que certains pays membres ne sont pas des exemples sur le plan de la démocratie ni des droits de la personne. Pourtant, le Québec demeure membre de la Francophonie. Est-ce qu'il devrait s'en retirer parce que certains États ne respectent pas ces valeurs?

M. Charette : Je pourrais vous en parler longtemps, au niveau de la Francophonie, pour être président d'un de ses comités. Mais, à ce niveau-là, à l'intérieur même de la Francophonie, il y a un processus de régulation, ce qui fait que les États membres fautifs sont sanctionnés. On a eu une rencontre, il y a quelques semaines à peine, où des pays ont été rétablis et d'autres ont été expulsés de la Francophonie. Et ce type de médiation là ne semble pas se faire au niveau du forum. Le forum est un forum autogéré, donc il y a des plages horaires, et ce sont les groupes eux-mêmes qui organisent leurs ateliers, qui invitent leurs conférenciers en fonction du discours qu'ils veulent promouvoir, donc une place importante au mouvement BDS, comme je le mentionnais, une place importante à un discours antisémite. Donc, je ne blâme pas les organisateurs parce que les organisateurs, dans la programmation elle-même, ne sont pas associés à ces choix-là. Je blâme et on blâme, encore une fois, davantage le gouvernement, qui, sans discernement, a octroyé une subvention. Et notre questionnement n'est pas celui uniquement de la coalition, le gouvernement du Canada et la ville de Montréal, ce matin, ont pris la même distance que l'on demande aujourd'hui au gouvernement du Québec. Donc, ce sont...

Mme Lajoie (Geneviève) : Ils ont pris de la distance, ils se sont dissociés, mais est-ce qu'ils ont toujours de l'argent impliqué là-dedans? Est-ce qu'ils vont...

M. Charette : En fait, il faut savoir que, par rapport à Montréal et le gouvernement canadien, la contribution du gouvernement du Québec est beaucoup plus importante, on parle de 100 000 $. Pour ce qui est de la ville de Montréal, c'est moins certain, là, mais c'est quelques milliers de dollars seulement, et le gouvernement fédéral, c'était aussi dans une proportion moindre. Donc, même s'ils étaient moins liés à l'événement, ils ont pris leurs distances, donc raison de plus pour le gouvernement du Québec d'en faire autant.

J'écoutais... pas plus tard qu'il y a quelques minutes, le maire Coderre était en entrevue sur le sujet, condamnait lui-même le mouvement BDS, condamnait le discours antisémite que l'on retrouve à travers ce forum-là. Donc, j'aimerais et on aimerait bien entendre autant le ministre Coiteux que le premier ministre tenir un discours comme celui que nous avons entendu de la bouche de M. Coderre ce matin, par exemple.

Mme Richer (Jocelyne) : Le fait que ce genre d'événement là entraîne des retombées économiques importantes, ça ne compense pas pour le malaise créé sur le plan idéologique, non?

M. Charette : C'est-à-dire, à partir du moment où on incite à la division, je ne vois pas comment on pourrait compenser par des intérêts économiques. C'est la cohésion sociale qui est en jeu. Et, malgré cet élément économique qu'on pourrait invoquer, tous ont pu entendre, au cours des derniers jours, que le forum a connu une baisse importante des inscriptions par rapport aux anticipations, donc on est bien loin des 50 000 personnes attendues. On était, je pense, à 15 000 ou 16 000 inscriptions — pour la plupart, des gens de la région de Montréal — donc les retombées économiques, on peut aussi les remettre en question. Mais jamais la retombée économique ne pourra être une justification pour un discours qui fait la promotion de l'antisémitisme, ou de terrorisme, ou un appui à des groupes extrémistes.

Mme Roy : Et, justement, si je peux me permettre, c'est que c'est le souci de cohérence aussi. Si le gouvernement du Québec... Et vous savez qu'actuellement le gouvernement du Québec, ils ont mis sur la table, l'année dernière — enfin, en... nous sommes en 2016 — en 2015, des projets de loi pour essayer de contrer la radicalisation chez les jeunes, le terrorisme, et c'est une préoccupation planétaire. Alors, comment peut-on être cohérents et à la fois vouloir avoir un plan d'action pour contrer le terrorisme, appelons-le par son nom — M. Couillard a commencé à dire «terrorisme islamique» récemment, d'ailleurs — et comment peut-on vouloir faire la lutte à ce terrorisme islamique, qui dérange tout le monde, qui est inacceptable dans une société libre et démocratique comme la nôtre, et, du même souffle, donner à un événement à l'intérieur duquel il y a des groupes qui sont, justement, des alliés du terrorisme? Alors, il faut être cohérents, tout simplement. Oui, la liberté d'expression, mais le gouvernement n'a pas à endosser... ça devient... on vient légitimer des groupes contre lesquels on tente de lutter. Alors, il est là ce manque de cohérence, pour nous.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce que c'était une erreur d'accueillir ce forum-là à Montréal?

Mme Roy : Personnellement, je ne penserais pas. Mon avis, là — je vous le dis, là, à brûle-pourpoint, comme ça — non, Montréal est une plateforme, est une ville ouverte, accueillante, et que les gens puissent s'exprimer, moi, je n'ai pas de problème avec des idéologies différentes. Je pense qu'il y a beaucoup de gens extrêmement bien intentionnés qui veulent faire avancer... vous parliez du droit des femmes, du droit des enfants, de la pauvreté, on en est tous, et je pense qu'il faut entendre les idées des autres. Cependant, il faut faire attention, il ne faut pas qu'il y ait de dérapages et de groupuscules qui sont là avec un agenda qui est, lui, terroriste, terroriste islamique et violence, et il ne faut pas arriver à faire changer les choses par la violence. Alors, on va se souhaiter un forum pacifique, dans la paix, dans l'amour, où il y aura des échanges d'idées. Mais, du même souffle, on ne peut pas subventionner un événement où des groupes sont là avec un agenda qui va carrément à l'encontre de cette liberté que nous offre notre démocratie. Il y a cette incohérence, et c'est la raison pour laquelle on demande au gouvernement de retirer sa subvention. Mais que des gens s'expriment à Montréal, on n'a aucun problème avec ça.

Mme Lajoie (Geneviève) : Ce que vous demandez plus précisément, donc : retirer la subvention et aussi se dissocier de cet événement.

Mme Roy : Oui, se dissocier de cet événement. Ce n'est pas au gouvernement du Québec de subventionner un événement altermondialiste. Nous laissons les gens s'exprimer, c'est aux citoyens à s'exprimer, puis c'est bien qu'il en soit ainsi. C'est notre position.

M. Charette : Et on invite M. Coiteux à reprendre la logique qu'il défendait à travers une lettre ouverte il n'y a pas si longtemps. Donc, il y a clairement incohérence, là, dans son discours, pour ce qui est de M. Coiteux lui-même. Merci.

Mme Roy : Ça va? Merci à vous.

(Fin à 10 h 17)

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