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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’accessibilité aux soins

Version finale

Wednesday, September 21, 2016, 9 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente et une minutes)

Mme Lamarre : Alors, bonjour. Je nous rassemble aujourd'hui en compagnie de M. Eddy Larouche, qui est le président de la fédération des internes en psychologie, et M. Pierre Blain, qui est le président du Regroupement provincial des comités des usagers du Québec. Et vraiment ce que je pense qui doit être reconnu aujourd'hui, c'est ce besoin d'avoir une rémunération pour les stagiaires internes en psychologie.

Alors, il faut savoir qu'en Amérique du Nord — en Amérique du Nord — il y a seulement les internes en psychologie du Québec qui n'ont pas de rémunération, et c'est une rémunération qui est tout à fait raisonnable, habituellement. L'intérêt d'avoir cette rémunération au niveau de l'interne, si on prend des modèles parallèles semblables en médecine, en pharmacie, en soins infirmiers, eh bien, c'est qu'on peut, à partir de cette rémunération-là, demander ensuite aux internes en psychologie de travailler dans le système public pendant un an, deux ans ou trois ans.

Et cette entente-là, elle doit être faite, actuellement, parce qu'on a une carence importante. On a vraiment un déficit de psychologues dans notre système de santé. Et les gens qui ont des problèmes de santé mentale ou qui accompagnent des gens qui ont un problème de santé mentale savent aujourd'hui comment c'est difficile d'avoir accès à des soins en santé mentale. La santé mentale, c'est une maladie... en fait, les maladies mentales sont des maladies qui peuvent avoir des conséquences irréversibles. Il peut y avoir des suicides.

La semaine dernière, vendredi, j'étais à Jonquière, et nous avons été rencontrés par le groupe de centres d'aide et d'accompagnement aux plaintes, le CAAP, qui nous a déposé trois dossiers, trois dossiers de plainte au commissaire des plaintes de patients qui n'ont pas eu un support approprié au niveau psychosocial, et ça a conduit à deux suicides et une disparition. Alors, il y a des conséquences concrètes, réelles, graves, et ça peut donc conduire jusqu'à des suicides, ce manque de soutien au niveau de nos patients qui ont des problèmes en santé mentale.

Actuellement, le ministre a promis 70 millions de dollars en santé mentale, mais rien avant 2018 alors que la situation est urgente, alors que la situation est grave. Pire que ça, quand on regarde le dossier de Jonquière, dont je viens de vous parler, quand on apprécie... On a eu accès à la liste des mesures d'optimisation demandées et choisies par le CISSS avec les pressions que le ministre exerce pour les coupures, pour 2016‑2017 il va y avoir abolition de trois postes dans le programme de santé mentale et de dépendance. Alors, non seulement on n'en a pas assez aujourd'hui, on a des rapports du commissaire aux plaintes qu'il n'y en a pas assez, mais déjà on sait que, dans cette région-là en particulier — mais c'est vrai, parce que j'ai des commentaires un peu partout à travers le Québec — il va y avoir abolition de postes en santé mentale. Alors, la maladie mentale, c'est une maladie grave, on a besoin de ces psychologues rapidement, on en a besoin dans notre système public. Les gens qui sont en besoin sont souvent des gens très vulnérables, peu fortunés qui n'ont pas les moyens de payer au privé pour voir un psychologue. On a également tous les enjeux, donc, de santé mentale, mais aussi on pense, à ce moment-ci de l'année, à tous les enfants Ritalin, donc toutes les situations où on veut évaluer rapidement les besoins des enfants avec un trouble de déficit... d'hyperactivité, un TDAH, je m'excuse.

Alors, il y a toutes sortes de priorités qui doivent être reconnues, mais certainement la rémunération de ces stagiaires, elle fait une différence — de ces internes — elle va faire une différence dès l'année prochaine. Alors, on pourrait avoir 250 psychologues qui restent de plus dans notre système de santé immédiatement l'an prochain. C'est un impact majeur pour l'amélioration de l'accès.

Alors, je laisse la parole à Eddy Larouche et à M. Blain pour continuer leur présentation et l'argumentaire.

M. Larouche (Eddy) : Merci, Mme Lamarre, d'avoir accepté de soutenir notre pétition. Merci, M. Blain, d'être ici pour parler au nom des usagers. En fait, aujourd'hui, je vais m'exprimer avec quelques nombres un peu pour donner une idée de la problématique actuelle, la problématique à laquelle on fait face en ce moment même.

20 000, c'est mon premier, où ça parle des 20 000 personnes qui ont décidé de nous appuyer publiquement en signant notre pétition. Donc, c'est 20 000 personnes qui exigent la mise en place de la rémunération de l'internat maintenant, pas l'année prochaine, pas dans cinq ans, 20 000 usagers des services en santé mentale ou leurs proches, leurs familles, leurs amis, 20 000 doctorants psychologues, des gens qui sont touchés de près ou même de loin. On a les fédérations médicales qui nous appuient également. Donc, on sait qu'on a des appuis partout au niveau du système de la santé et du système de l'éducation.

20 000 signataires, ça veut dire qu'on pourrait remplir le Centre Bell à Montréal de personnes qui nous appuient puis qui demandent maintenant la rémunération de l'internat, des revendications qui concernent 250 personnes, comme le disait Mme Lamarre, par année. Ça fait que, 20 000 pour 250, on a un bon ratio d'appui par interne par année. On est fiers de dire aujourd'hui qu'on a l'appui de la population derrière nous.

12 000, ça, c'est les patients qui sont vus chaque année par les doctorants en psychologie, des patients qui sont vus gratuitement dans le réseau de l'éducation, dans le réseau de la santé ou des patients qui sont vus à moindre coût dans les cliniques universitaires. Cette année, ces 12 000 personnes dont le gouvernement est responsable ou à qui le gouvernement est responsable d'offrir des services ne recevront pas ces services-là ou du moins ils vont avoir des délais avant de les recevoir, tout dépendant à quel moment on va réussir à obtenir un règlement. Pour le moment, c'est des mois d'attente qui s'ajoutent à la liste d'attente, à leur liste ou à leur attente avant d'avoir accès à un psychologue. Mais, si le conflit se prolonge au-delà du mois d'octobre, ça pourrait même être une année supplémentaire qu'ils vont devoir attendre avant d'avoir accès. Pour corriger ça, pour offrir à ces gens-là qui paient des impôts, qui contribuent à l'existence du système de santé, bien, il va falloir investir en santé mentale dès maintenant.

700, là, c'est le nombre de doctorants qui boycottent en ce moment, qui appuient, qui revendiquent en ce moment la rémunération de leur internat, qui compromettent ou qui mettent à risque une année de scolarité, qui, à contrecoeur, ne voient pas de patients cette année, qui aimeraient offrir ces services-là, mais qui le font parce qu'ils croient qu'à long terme c'est un investissement qui va être rentable, qui va permettre d'avoir plus de soins en santé mentale.

31 000 $, c'est la moyenne canadienne de rémunération des internats. Puis 0 $, bien, ça, c'est le montant que nous, on est payés en ce moment au Québec. On voit qu'il y a une petite inégalité qui doit être corrigée.

Trois, c'est mon dernier nombre, c'est la solution à tout ça. Des 27 ministres qui forment le gouvernement actuel, il y en a trois qui sont plus particulièrement touchés par nos revendications : Mme Hélène David, qui est responsable de l'Enseignement supérieur, donc dans le cadre des fonctions desquelles on étudie en ce moment pour devenir psychologues; M. Barrette, à la Santé et aux Services sociaux, qui reçoit la majorité des internes à chaque année sur les 250; et M. Couillard, qui va pouvoir faciliter le travail de ce beau duo pour une résolution rapide de notre conflit, parce qu'il faut faire de la santé mentale une priorité puis s'occuper des vraies affaires.

En 2016, on voit que la société devient de plus en plus complexe, de plus en plus difficile à vivre. Il devient de plus en plus complexe d'y trouver sa place ou d'y maintenir sa place avec toute la performance, l'excellence qui est exigée de chaque personne. Les Québécoises, les Québécois ont leur lot quotidien de détresse, de mal-être psychologique. Puis les internes, à chaque année, contribuent à offrir des services de prévention et de traitement qui permettent de soulager une partie de cette détresse-là.

On travaille main dans la main avec les médecins, travailleurs sociaux et autres professionnels de la santé pour offrir les services en santé mentale, mais on pourrait aussi faire tellement plus pour supporter les médecins, qui sont débordés, on le voit cette semaine avec les urgences de la Capitale-Nationale qui sont débordées à 250 %, puis si on nous donnait les moyens de faire le travail pour lequel on est formés, le travail dans lequel nous excellons. Merci. M. Blain, je vais vous laisser parler au nom des patients.

M. Blain (Pierre) : Merci beaucoup. Je ne m'attarderai pas aux chiffres que vous avez déjà mentionnés, Mme Lamarre, M. Larouche, mais je vais m'attarder un instant tout de même sur les jeunes, car ces derniers n'échappent pas aux problèmes et à leurs conséquences. 75 % des problèmes en santé mentale se manifestent avant l'âge de 25 ans, et les troubles mentaux représentent la première cause d'hospitalisation sur les jeunes de 14 à 25 ans. Les effets néfastes des troubles mentaux non traités chez les jeunes soulignent l'importance de rendre disponibles des services axés sur la prévention ainsi que le dépistage et l'intervention précoce. Du point de vue économique, des études montrent que l'intervention précoce chez un jeune qui présente des troubles mentaux courants peut faire économiser. C'est un mot à la mode.

C'est pour permettre un meilleur accès à la psychothérapie que le Regroupement provincial des comités des usagers appuie les demandes de la fédération universitaire des doctorants et doctorantes en psycho d'obtenir une juste rémunération lors de leurs stages. Le manque d'accès aux services de psychothérapie représente un problème important pour les personnes avec des troubles mentaux courants, les membres de leur entourage et les médecins qui sont consultés. Les traitements de psychothérapie sont efficaces, économiques, et le FPCU encourage toutes les formes de prise en charge, dont celle-ci. Merci.

M. Caron (Régys) : 31 000 $, à supposer que vous obteniez cette somme-là individuellement, si on multiplie ça par 700 personnes, c'est à peu près 2,1 millions que ça coûterait, là.

M. Larouche (Eddy) : C'est 250 internes. On demande la rémunération juste pour les internes, donc en dernière année de formation doctorale après quatre ou cinq ans de doctorat, donc ça concerne 250 personnes par année.

M. Caron (Régys) : À combien évaluez-vous le montant total de votre demande?

M. Larouche (Eddy) : Bien, si on parle de 31 000 $, on est à peu près à 6 millions, si je ne me trompe pas, selon les montants. Dans le fond, si on compare avec ce qu'on avait annoncé plus tôt au début, dans les médias, on parlait d'un montant plus près de ce que les médecins résidents reçoivent en première année, on était dans les alentours d'à peu près 40 000 $. Ça ferait à peu près un maximum de 10 millions, dans les environs de 10 millions.

M. Caron (Régys) : Bon, le ministre de la Santé n'arrête pas de dire depuis des semaines que le gouvernement fédéral a promis des sommes d'argent en santé mentale notamment, et cet argent-là ne vient. Donc, finalement, vous êtes d'accord, vous cautionnez, là, vous permettez à M. Barrette de dire au fédéral : J'ai de la pression, et on a besoin d'argent en santé mentale. Votre message s'adresse au fédéral ou à M. Barrette?

Mme Lamarre : À M. Barrette parce qu'il a, dans son enveloppe, le choix de prendre ce 10 millions de dollars là. Il a dit qu'il arrêtait d'en couper, il a dit qu'il comprenait que ça prenait 70 millions. On a des surplus, actuellement, dans le budget du Québec, de plusieurs milliards de dollars. On a des gens qui sont en attente urgente, avec des listes d'attente qui sont indécentes en santé mentale. Ce sont des gens qui ne peuvent pas descendre dans la rue pour faire des manifestations parce qu'ils sont en détresse personnelle et ils ont des problèmes vraiment majeurs. Alors, c'est le rôle d'un ministre de la Santé qui doit s'occuper de ses patients et qui nous dit qu'il veut le faire de prendre 10 millions de dollars qui est une enveloppe très modeste avec un impact immédiat. Je le répète, cet élément-là, d'abord, qu'on est les seuls en Amérique du Nord. Il doit y avoir quelque chose qu'on n'a pas compris, là, parce que ça se fait partout. Alors, les avantages sont perçus partout aux États-Unis, partout ailleurs au Canada, et donc ici, au Québec, on ne choisit pas... Parce que c'est des choix que le ministre fait quand il a une enveloppe en santé. Il a une enveloppe de 32 milliards de dollars. Alors, de prendre 10 millions, qui ont un impact important, immédiat d'ici moins d'un an sur l'amélioration de l'accès alors que, je le répète, je suis sûre qu'actuellement les gens qui nous écoutent à la maison ont tous en tête des situations de proches, d'amis, de famille ou des situations qui les touchent eux-mêmes, où ils ont besoin d'une consultation avec un psychologue et un soutien au niveau des services psychosociaux comme les commissaires aux plaintes le recommandent.

M. Caron (Régys) : Donc, vous dites que l'argument que pourrait vous servir le ministre de la Santé, à savoir que le fédéral ne déplie pas l'argent promis, pour vous, c'est irrecevable?

Mme Lamarre : C'est irrecevable, irrecevable.

M. Caron (Régys) : Il a déjà l'argent, dites-vous?

Mme Lamarre : Exactement, il a déjà pleine autonomie. On l'a vu, il en fait, des choix, avec son budget. Et 10 millions de dollars sur un budget de 32 milliards de dollars pour donner accès à la santé mentale... La question, c'est : Est-ce que la santé mentale est quelque chose qui rejoint le ministre? Est-ce qu'il a une sensibilité pour les problèmes de santé mentale? Jusqu'à maintenant, il ne nous l'a pas démontré. Merci.

(Fin à 9 h 44)

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