To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Thursday, September 22, 2016, 14 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures vingt-quatre minutes)

M. Khadir : Bonjour. Merci pour votre présence. Je suis en compagnie d'Émilie Nicolas, présidente de l'organisme Québec inclusif, et de Will Prosper, documentariste, fondateur et porte-parole du mouvement citoyen Montréal-Nord Républik, pour lancer un appel pour la mise sur pied d'une commission de consultation sur le problème de racisme systémique, sur le racisme systémique en général, qui sévit dans nos institutions, dans notre société, de toutes sortes de façons.

Nous ne sommes, à cet égard, pas uniques dans le monde occidental, mais nous pourrions être uniques et prendre une initiative pour être parmi les sociétés qui prennent les devants et qui agissent avec responsabilité, de manière ouverte, de manière responsable pour trouver des solutions à un problème qui affecte nombre de sociétés qui sont pourtant réputées être une société de droit, où la discrimination est interdite, en vertu des principes de la charte, contre les personnes sur la base de considérations raciales, d'origines ethniques, basées sur leur couleur, sur le sexe.

Or, on sait que, dans notre société, des personnes racisées, depuis longtemps, subissent une série de discriminations, qui finissent par constituer un ensemble, dans les institutions, dans les... par exemple, sur les lieux d'embauche, dans les grands ministères, dans les sociétés publiques, dans le secteur municipal, mais aussi dans le secteur privé, qui finissent par constituer une espèce de système qui discrimine systématiquement, c'est-à-dire ça agit systématiquement de manière prépondérante comme autant de barrières qui excluent, qui diminuent les chances de ces personnes à s'intégrer de manière adéquate dans la société, à obtenir, à juste titre, les droits et les privilèges qui leur reviennent.

Je vais passer la parole très rapidement à mes deux invités. Il est certain que la première question qui peut survenir, c'est : Qu'est-ce qu'une personne racisée? Alors, d'ores et déjà, pour bien commencer l'introduction et la présentation, une personne racisée au Québec, c'est comme les trois personnes que vous voyez ici. C'est comme nous trois, qui sont, pour les uns, nés à l'extérieur, comme moi, pour les autres, nés ici, comme Émilie et comme Will, qui portent des noms plus ou moins familiers aux gens, qui portent des noms à consonance différente des autres, qui sont parfois... qui sont originaires des Premières Nations, des peuples autochtones et pourtant qui, dans la société, sont regardés parfois comme des étrangers, des personnes qui ne font pas partie de l'ensemble et qui, par le regard qu'on porte sur eux, teinté de ces différences, subissent une série de discriminations. Merci de votre attention, et je passe la parole à Émilie.

Mme Nicolas (Émilie) : Merci beaucoup. Donc, juste pour faire une remise en contexte, la pétition qui a été déposée ce matin à l'Assemblée nationale a été lancée au printemps, autour d'une campagne qui était là pour rassembler, donc, des milliers de citoyens, des milliers de communautés de toutes les origines. La campagne est également appuyée par non seulement Québec solidaire, mais également Alexandre Cloutier et Paul St-Pierre Plamondon, qui sont candidats à la chefferie du Parti québécois, et également par plusieurs militants du Parti libéral du Québec.

Ce qu'on demande, comme commission, c'est un objectif qui soit participatif et qui soit ouvert tant aux experts, mais surtout aux citoyens pour qu'ils puissent être entendus et pour qu'ils puissent mettre de l'avant leurs préoccupations par rapport au racisme systémique. C'est important de dire qu'un exercice comme celui-là, ce n'est pas un procès de la société québécoise, c'est tout le contraire. C'est une question, comme société, de prendre le leadership et de prendre les devants, démontrer qu'on est sérieux dans la lutte à la discrimination et au racisme systémique qui est un phénomène quotidien, qui affecte les personnes racisées en éducation, en santé, dans l'emploi, dans leurs interactions avec le système de justice.

Donc, pour nous, c'est très clair, refuser de se pencher sur le racisme systémique, de façon démocratique et participative, donc refuser de faire une commission sur le racisme systémique, c'est vouloir continuer à éclipser les réalités qui sont vécues par des milliers de Québécoises et de Québécois. Qu'ils soient arrivés ici depuis quelques mois ou qu'ils soient ici depuis des siècles, ils ne sont malheureusement pas encore traités comme des citoyens à part entière.

M. Prosper (Will) : Il faut s'entendre aussi que le racisme systémique, ce n'est pas une fabulation. Il y a plusieurs études qui vont dans ce sens-là. D'ailleurs, juste au sein de la fonction publique, il y a un manque de 25 000 postes à combler. Donc, on s'entend que c'est un problème qui est assez grave. Qu'on pense à des endroits comme Hydro-Québec, sur 20 000 employés, il y en a seulement 312 qui sont des personnes racisées. On pense aussi à la Sûreté du Québec, il y a juste... moins de 1 % de ces gens-là sont issus des communautés racisées.

Maintenant, on regarde aussi que les gens sont aussi absents des postes de pouvoir. Donc, ça, c'est autant au public qu'au privé qu'il y a ces absences-là. Donc, c'est un véritable système d'appauvrissement économique qu'on fait envers ou à l'égard des communautés racisées.

Juste à titre d'exemple aussi — ça se produit à plusieurs niveaux — si vous avez deux enfants, il y en a un qui est noir, il y en a un qui est blanc, les deux ont un diplôme universitaire de deuxième cycle, mais il y en a un, en sortant de l'université, qui va faire 28 000 $ en moins en moyenne. Pour nous, on trouve ça complètement impensable d'avoir une société qui bâtit des injustices, des inégalités de la sorte. Donc, c'est pour ça qu'on trouve absolument important de s'attarder à cette question-là et de mettre en place une commission qui s'adresse à ces enjeux-là qui sont importants pour tous les Québécois et les Québécoises, pas seulement les gens issus de la communauté racisée, vraiment l'ensemble des Québécois.

Aussi, on peut parler de profilage racial, on peut parler de dérives sécuritaires, on peut parler de surreprésentation carcérale qui est en lien avec ce profilage racial et cette dérive sécuritaire là aussi. Il y a des problèmes de logement, et, comme je le disais un peu plus tôt, c'est notre devoir à tous et à toutes de combattre ces inégalités-là envers nos concitoyens et concitoyennes. Si on regarde qu'est-ce qui se passe juste chez nos voisins, en Ontario, présentement, eux, ils ont décidé de mettre en place une série de consultations, à travers 10 villes, qui va s'adresser sur le racisme systémique. Ils ont un ministre antiracisme. Ils ont même créé... Ça a pris 10 ans, mais ils ont créé un bureau antiracisme en Ontario, et pourtant le taux de chômage des personnes qui sont issues des communautés racisées est beaucoup plus bas que celui du Québec.

Donc, si on regarde ça, on se dit : Bien, l'Ontario est en train de prendre ça sérieusement, de manière très sérieuse, et ils s'attardent à ces problématiques-là, et ils essaient de trouver des solutions. Donc, le Québec devrait en faire autant. Je pense qu'on peut être, justement, cette locomotive-là, cette locomotive-là qui démontre qu'on est capables de se prendre en main puis qu'on prend en considération tous nos concitoyens et concitoyennes.

Aussi, c'est important de mentionner qu'on aimerait ça que les gens issus des communautés racisées soient directement impliqués dès le début, en amont dans la fondation, la création de ce processus-là. Si on regarde qu'est-ce qui s'est fait au fédéral, il y a la commission des femmes autochtones. Mais qu'est-ce que le fédéral a fait? Bien, ils ont décidé de consulter l'ensemble des peuples autochtones pour voir comment qu'il pourrait mettre sur pied cette commission-là.

Donc, nous, on veut exactement la même chose parce que, souvent, les gens qui sont issus des communautés racisées, c'est des gens qui ne sont pas représentés, non seulement politiquement, non seulement dans des postes de pouvoir, non seulement médiatiquement. Donc, c'est des sans-voix. Donc, c'est important d'entendre ces voix-là dès le début, dès l'amorce de cette création-là. Donc, voilà, puis j'aimerais aussi juste ajouter que c'est important d'avoir une démocratie qui est participative et ouverte, surtout quand on n'a pas l'habitude d'entendre certaines personnes. Donc, il faut s'assurer que ça ne soit pas un cercle fermé d'élites qui prenne en main cette commission sur le racisme systémique. Merci.

M. Khadir : Pour conclure, ce qu'on demande, ce qu'on lance comme appel, ici, c'est une amorce, c'est que le gouvernement accueille favorablement cette proposition. M. Couillard s'était montré favorable sur la possibilité qu'on se penche sur la question des discriminations et du racisme systémique. Voilà, un appel est lancé par des jeunes qui sont directement concernés. Et je tiens à le rappeler, quand on parle de racisme systémique, c'est des phénomènes de discrimination, des phénomènes d'exclusion qui touchent surtout les postes de commande, les postes de pouvoir.

Ce n'est pas lorsqu'on applique sur un emploi de manutention, ou d'ouvrier, de laveur de vaisselle habituellement qu'on a ce problème-là, c'est partout où il s'exerce un pouvoir. Et plus on monte haut dans la hiérarchie du pouvoir, plus cette discrimination devient systémique. À preuve, on sait qu'il y a des discriminations à l'endroit des femmes, mais ce rapport de discrimination est quatre pour un, c'est-à-dire que des hommes, pour les postes de commande, ont quatre fois plus de chance que des femmes.

Mais, pour une femme d'origine noire, ses chances sont un sur 30 par rapport à une femme d'origine blanche. Et ça, ce n'est pas une question qui relève d'individus, mais c'est une question qui relève de nos institutions, des nos universités, de nos écoles, de nos banques, de nos gouvernements et de nos cabinets ministériels.

Alors, l'appel est lancé. On demande une commission de consultation sur la discrimination et sur le racisme systémique au Québec.

Mme Nicolas (Émilie) : Si je peux rajouter, en terminant, la campagne qu'on met de l'avant a passé par une pétition qui a été déposée à l'Assemblée nationale. Donc, cette étape-là est complétée.

La prochaine étape pour nous, c'est de rassembler le plus d'organismes, d'associations, de membres de la société civile possible autour de cette campagne-là. Donc, on appelle les gens qui font partie des organismes, des associations à se joindre à notre campagne de façon officielle. Vous pouvez nous contacter via le site Web racismesystemique.org, qui a mis en ligne... qui explique la démarche derrière la campagne et dans lequel on vous invite à se joindre à notre voix. Merci.

(Fin à 14 h 34)

Participants


Document(s) Related