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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, October 25, 2016, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures quarante et une minutes)

M. Khadir : Merci beaucoup. Merci d'être présents. À titre de député de Québec solidaire, aujourd'hui, je tenais à rappeler au gouvernement Couillard, à M. Leitão, que je suis moi-même en position de confirmer une accusation grave qui a été lancée hier par un journaliste de LaPresse, qui rapportait les propos de M. Ferrandez : Il y a vraiment, dans les services publics, dans nos hôpitaux, dans nos écoles, l'équivalent du sang sur les murs, dans le sens que les compressions budgétaires, l'austérité de ce gouvernement a fait énormément mal à nos personnes âgées, à nos enfants en difficulté dans les écoles, à nos personnels infirmiers, nos personnels de soutien qui travaillent dans les écoles, parce que la situation est excessivement difficile. Et c'est ces coupes-là, ces coupures-là qui expliquent aujourd'hui les surplus faramineux, au-dessus de 3,5 milliards, du gouvernement. Je répète, ce n'est pas uniquement 1 point quelques milliards, là, c'est 3,5 milliards, c'est-à-dire non seulement les surplus propres, mais également le 1,5 milliard que le gouvernement compte réinvestir dans le Fonds des générations.

Alors, nous, on dit : Il faut absolument réinvestir massivement dans le secteur public, dans tous ces services que le gouvernement a malmenés, a démantelés, en quelque sorte, ou désorganisés en raison de ces coupures très importantes. Pensons à la prévention, pensons à nos écoles, pensons aux... Juste dans mon hôpital, hier, j'ai appris, par exemple, que les téléphonistes qui doivent s'occuper de prendre les appels d'urgence entre les médecins d'urgence et les spécialistes ou les autres médecins dans l'hôpital qu doivent courir à rencontrer les demandes de consultation, on vient de couper deux postes sur à peine cinq ou six employés.

Et réinvestir dans les services publics, je le rappelle à nos concitoyens, est une bonne chose pour l'économie. Les services publics, c'est de bons emplois dans toutes les régions du Québec, des emplois qui sont ouverts aux femmes comme aux hommes et qui contribuent à la vitalité de nos régions. Puis, après tout, c'est un secteur d'activité qui profite à l'ensemble de la société parce que ces bons emplois là font rouler une économie dans toutes les régions du Québec et soutiennent l'économie par en bas pour une prospérité partagée plutôt que des baisses d'impôt.

Là, je ne parle pas uniquement de la taxe santé, mais toutes sortes de baisses d'impôt qui ont été accordées au cours des 10 dernières années. Toutes sortes de rabattements fiscaux ont d'abord et avant tout bénéficié aux plus fortunés. Je peux en témoigner comme médecin. Malheureusement, nous sommes outrageusement privilégiés, que ça soit moi, que ça soit d'anciens premiers ministres logés dans des riches cabinets d'avocats, qui reçoivent je ne sais plus combien de centaines de milliers de dollars par année et qui poussent sur leurs amis pour aujourd'hui couper encore davantage dans les taxes et impôts. Merci beaucoup de votre attention.

La Modératrice : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Une question rapide, Dr Khadir. Aujourd'hui, il semble que le gouvernement va annoncer un demi-milliard de réinvestissements en santé et éducation. Est-ce que c'est suffisant?

M. Khadir : Je crois que non parce que la hauteur des coupures dans le domaine de la santé et de l'éducation est énorme. Juste à la commission scolaire de l'île de Montréal, pour s'occuper des bâtiments et de les remettre à niveau pour que ça soit digne de nos enfants, c'est 500 millions de dollars juste dans le domaine scolaire. Dans le domaine de la santé, regardez, on a coupé pour 300 millions de dollars dans les services octroyés à travers les CLSC et dans les coupures encaissées par le DSP, les départements de santé publique.

Donc, il y en a beaucoup, et, je rappelle, ça fait des années qu'on coupe. Si on calcule, par exemple, dépenses par habitant, par rapport à 1992, il y a certains calculs, par exemple, de M. Contandriopoulos, il y a quelques années, qui parlaient de plus de 25 % de diminution des dépenses en santé. Alors, c'est bien beau d'aller rouspéter contre le ministre fédéral, moi, je suis d'accord qu'il faut que le gouvernement fédéral octroie les transferts fédéraux dont le Québec a besoin, mais, après ça, il ne faut pas que le gouvernement en profite pour couper par ailleurs et maintenir un niveau de financement qui ne correspond pas aux besoins croissants dans le réseau de la santé.

Je rappelle à tout le monde, notre population prend de l'âge, nos attentes augmentent, nos patients veulent avoir les derniers traitements et tous les traitements disponibles, par exemple, pour le cancer. Ça, ça implique des coûts, puis on est une société assez riche pour payer, si on ne gaspillait pas autant d'argent dans les baisses d'impôt qu'on donne aux plus riches puis dans les taxes qui nous échappent et les impôts qui nous échappent à cause de l'évasion fiscale rendue possible par des gouvernements complaisants.

M. Laforest (Alain) : Deux petites questions rapides sur deux autres sujets. Les négociations concernant l'Union européenne, vous vous situez où par rapport à ça?

M. Khadir : Bien, j'étais allé à Bruxelles, la semaine dernière, justement pour participer à cette campagne citoyenne. C'était d'ailleurs une rencontre entre les groupes citoyens et les parlementaires européens opposés à l'accord économique entre le Canada et le Québec, pas parce qu'ils sont contre le Canada, pas parce qu'ils sont contre le commerce, mais parce que cet accord-là donne des droits à des multinationales que même les gouvernements n'ont pas, fait en sorte que des multinationales prennent littéralement le contrôle de nos Assemblées nationales, de nos Parlements en nous empêchant d'avoir des lois qui protègent notre environnement.

Je vous donne un exemple, à vous. Vous avez été ici au cours des dernières années. C'est démocratiquement qu'on a décidé qu'on ne voulait pas d'exploitation pétrolière et gazière dans le Saint-Laurent. Or, on se fait poursuivre, en vertu d'un accord similaire qu'on a avec les États-Unis, par une entreprise canadienne qui utilise une filiale américaine pour nous poursuivre, pour poursuivre le Canada au-dessus de 100 millions de dollars. Pas parce qu'ils ont dépensé 100 millions en investissement, parce qu'ils ont dépensé beaucoup moins en investissements, mais Lone Pine poursuit le gouvernement du Canada pour plus de 100 millions de dollars pour profits perdus. Et avec l'accord entre l'Europe et le Canada, ce genre de possibilité va se multiplier parce qu'on ouvre grand la porte à ce genre de droit abusif aux multinationales contre les Parlements canadiens.

M. Laforest (Alain) : Mon ami Robert ne m'en voudra pas si j'en pose une petite dernière. Québec solidaire, vous vous situez où aujourd'hui avec ce que vous avez entendu depuis jeudi dernier concernant le député de Laurier-Dorion?

M. Khadir : C'est un sujet délicat. Moi, j'ai énormément de peine pour tous les proches qui sont touchés à chaque fois qu'une révélation aussi troublante sur les agissements de n'importe qui en société et surtout des collègues députés. Je crois que la justice doit suivre son cours. C'est sûr que je comprends aussi les gens qui pensent que, lorsqu'on est proche du pouvoir, on jouit d'une certaine impunité. Et il est vrai que les couloirs du pouvoir, ceux qui sont les plus proches du sommet du pouvoir, se croient parfois tout autorisé. Est-ce que ça a été le cas de Gerry Sklavounos? Je ne le sais pas, mais il faut mettre fin à cette culture d'impunité qui entoure le pouvoir.

Et ce n'est pas juste sur les questions d'agressions sexuelles. Quand on commet de la fraude et de la corruption dans l'octroi des contrats publics, on viole et on agresse le bien public. Or, ça fait des années qu'on attend de voir des responsables jugés adéquatement, et, quand il n'y a pas de jugement, quand il n'y a pas un processus de justice assez rapide pour que justice soit faite, bien, les gens de pouvoir se croient entourés d'une impunité. C'est une culture d'impunité qui peut prendre différentes, je dirais, manifestations malheureuses.

J'espère que ça n'appartient pas à cette catégorie-là, et, en tous cas, là-dessus, on a une responsabilité. Donc, oublions M. Sklavounos, réfléchissons à ce que nous, collectivement, comme pouvoir, devons faire pour que le pouvoir ne soit pas licence pour commettre toutes sortes d'abus, abus de biens publics comme abus contre les droits des autres personnes.

La Modératrice : Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert) : Là-dessus, justement, est-ce que, compte tenu du devoir d'exemplarité des élus, est-ce qu'un élu dans la position de M. Sklavounos doit démissionner de son poste?

M. Khadir : Moi, mon attente, s'il y a un élu de Québec solidaire qui a une accusation de cette nature, mon attente, c'est qu'il laisse son siège. Ça serait la recommandation que je lui ferais, parce qu'il ne jouit plus, je dirais, du décorum nécessaire, de la… Il faut jouir d'une certaine quiétude d'esprit pour vaquer à ses occupations de député et rencontrer les besoins de la population. Il faut jouir surtout d'une autorité morale, d'une confiance qui soient à la hauteur des attentes du public. Et c'est sûr que, quand il y a des accusations de cette nature qui nous pendent au nez, on a d'abord perdu la sérénité minimum pour vaquer à ses occupations, puis ensuite, ça porte une atteinte très grave qu'il faut laver.

Bien sûr, c'est malheureux, mais il s'agit de la même situation pour bien des gens en société. Et donc, comme un député, moi, ma recommandation, si c'était un député Québec solidaire ou une députée Québec solidaire, j'exigerais, en tant que collègue, immédiatement qu'il remette ses fonctions pour permettre à la fonction de garder la sérénité et la confiance du public.

M. Dutrisac (Robert) : Sur la question de l'accord de libre-échange, est-ce que vous êtes d'avis qu'il faut tout simplement annuler les pourparlers, c'est-à-dire une... ou bien améliorer l'accord? Est-ce qu'il y a une possibilité d'améliorer l'accord ou bien est-ce qu'il faut renoncer à cet accord-là?

M. Khadir : Regardez ce que dit aujourd'hui le président ministre de la Wallonie. M. Magnette confirme en tous points les critiques que nous formulons contre ces accords depuis 15 ans. Moi, je me rappelle de l'époque où même un député du Parlement fédéral a pris son siège et est sorti, hein? On se rappellera de Stéphan Tremblay. C'était exactement pour les mêmes raisons.

Ces accords de libre-échange donnent des droits à des compagnies de prendre le contrôle de nos processus législatifs. On donne le droit à des compagnies investisseurs qui sont exorbitantes, qui sont antidémocratiques. En vertu de cette même chose là, cet accord-là a été trafiqué par des avocats d'affaires comme M. Pierre Marc Johnson, comme, j'imagine, M. Charest, Jean Charest qui maintenant prétend avoir oeuvré pour ça, des avocats au service des grandes compagnies, au service d'investisseurs, au service de compagnies pétrolières, de banques d'investissement et pas dans l'intérêt de la population en général. Donc, c'est très difficile de les réformer.

Cependant, je me joins, je joins la parole de Québec solidaire à celle du président ministre de la Wallonie, M. Magnette, pour dire : Au minimum, il faut qu'on ait le temps d'en débattre. Et j'invite les trois partis, les trois autres partis, les libéraux, le PQ et la CAQ, d'accepter le principe démocratique demandé par le président wallon que ça doit être débattu de manière appropriée, examiné par l'Assemblée nationale du Québec.

M. Dutrisac (Robert) : Très bien. Maintenant, concernant le réinvestissement, on parle d'un réinvestissement de... les chiffres qui ont circulé, c'est 300 millions pour la santé. On sait que, l'an prochain, ne serait-ce que pour les médecins, c'est 215 millions de dollars qu'on doit verser en plus. Manifestement, je crois qu'on pourrait considérer que cet investissement est insuffisant, là, compte tenu des compressions.

M. Khadir : Bien oui. Dans le domaine de la santé, on parle d'un manque à gagner en investissements de plus de 1 milliard de dollars pour les services parce qu'une bonne partie de la croissance des coûts en santé est allée en augmentation des revenus des médecins spécialistes comme moi. Et je trouve, comme beaucoup de médecins spécialistes, que c'est mal dépenser l'argent public que de prioriser les revenus des médecins au lieu des services en CLSC, au lieu de meilleurs soins sanitaires de base, comme arrêter le rationnement des couches dans les CHSLD, comme c'est le cas malheureusement aujourd'hui.

Donc, il faut un réinvestissement d'un niveau de beaucoup supérieur pour rattraper le retard des dernières années. On parle, je le répète, de plus de 1 milliard de déficits de financement, de retard de financement pour accoter les besoins du secteur de la santé.

La Modératrice : Merci. Marc-André Gagnon, Journal de Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour, M. Khadir. Dans un dossier complètement différent que celui de M. Sklavounous, vous aviez aussi invoqué les arguments de quiétude de l'Assemblée nationale en demandant à Laurent Lessard, en demandant son retrait, donc, du Conseil des ministres. Est-ce que vous regrettez donc qu'il s'accroche? Et on n'en entend plus parler, là, pratiquement.

M. Khadir : Absolument. Je trouve que c'est ce genre de comportement, ce genre d'attitude... Est-ce que vous m'entendez? Parce que, moi...

M. Gagnon (Marc-André) : Oui, je vous entends. Je vous entends. C'est difficile, mais je vous entends.

M. Khadir : Une approche digne de la part de n'importe quel parti, c'est que, lorsque les accusations sont suffisamment importantes et graves, le député, la personne en charge se retire de ses fonctions puis répond aux accusations, lave sa réputation puis revient. Dans le cas du ministre, nous, on demandait sa démission comme ministre pour qu'il puisse prouver, hors de tout doute raisonnable, qu'il n'y a pas eu de trafic d'influence dans son entourage pour obtenir des subventions, etc., parce que toutes les apparences portent à croire qu'il y a eu trafic d'influence, qu'il y a eu abus de biens sociaux. D'accord?

Et c'est dans ce même esprit que ma collègue Françoise David, la semaine dernière, a demandé la démission de Gerry Sklavounos, parce que, qu'il s'agisse de matière de corruption de biens publics ou d'agression, disons, de gestes individuels criminellement responsables, lorsqu'on est accusé à ce niveau-là, c'est une telle gravité que le minimum de respect pour la fonction demande aux personnes concernées de s'occuper entièrement à se défendre, laver leur réputation. Ils ne jouissent plus de la crédibilité, de l'autorité morale, de la quiétude d'esprit pour vaquer à leurs occupations. C'est clair, il me semble, c'est tellement banal. Et d'ailleurs vous savez que, dans le passé, lorsque ça s'est produit, comme dans le cas de M. Tomassi, bien qu'il n'ait pas donné sa démission, en pratique, il avait démissionné. Il ne travaillait plus, il n'était plus à l'Assemblée nationale, ce qui l'a conduit à être forcé de donner sa démission parce que c'était intenable.

Alors, je dirais que, pour être honnête avec la fonction, bien, si tu n'es pas capable de venir ici, à l'Assemblée nationale, faire ton travail puis être présent dans ton comté, bien, il vaut mieux te retirer parce qu'à ce moment-là tu travailles, tu es rémunéré pour quoi?

Des voix : Merci.

(Fin à 11 h 56)

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