(Seize heures trente-cinq minutes)
M. Marceau
: Alors,
bonjour. Je suis là pour réagir à la mise à jour qui a été présentée aujourd'hui.
D'entrée de jeu, j'aimerais dire que, bon, les Québécois ne sont pas dupes, et
le surplus que le gouvernement libéral se pète les bretelles aujourd'hui de
distribuer, c'est un surplus de patates en poudre mangées en six minutes. Le
gouvernement devrait être gêné. Et ce n'est pas vrai que les Québécois sont
satisfaits de voir, là, les soins de base offerts à leurs parents, qui n'ont
pas de bon sens. Ce n'est pas vrai qu'ils sont heureux de recevoir quelques
bonbons électoraux, alors qu'ils constatent, là, que la qualité des soins
offerts à leurs parents, la qualité des services offerts aux enfants a pâti de
façon drastique depuis deux ans et demi.
Alors, pour voir ce qu'il en est, je vais
vous présenter quelques points. Tout d'abord, il faut voir d'où provient le
surplus qui a été annoncé aujourd'hui. Il n'est pas le résultat d'une économie
florissante, loin de là. Ça a été réalisé sur le dos des plus vulnérables, je le
disais, sur le dos des aînés, sur le dos des enfants. Ça a été réalisé aussi
par une hausse du fardeau fiscal, annoncée depuis deux ans et demi. Ça a été
aussi le résultat de coupes dans le développement économique du Québec.
Et pour voir l'ampleur des coupes qui ont
été réalisées dans les services, on peut prendre les comptes publics, qui ont
été aussi rendus publics, justement, aujourd'hui, et vous constaterez, puis
j'aurai l'occasion de vous le montrer dans le détail, si vous le voulez, que
les montants qui avaient été annoncés dans le budget de mars 2015 n'ont pas été
dépensés. Il y a 1,6 milliard de moins qui a été dépensé en 2015‑2016 que
ce qui avait été prévu, et c'est l'origine, là, du surplus qu'on a pu constater
puis qui a été versé à la dette. Donc, un gouvernement qui n'a pas été
transparent et puis qui a coupé de façon très, très sévère dans les services à
la population.
Deuxième chose que j'aimerais dire, c'est
que les réinvestissements qui sont annoncés aujourd'hui ne sont qu'une très
faible fraction des coupures qui ont été effectuées dans nos services. En
santé, pour cette année, on parle d'un investissement de 100 millions,
alors que les coupures ont été de l'ordre de quasiment 1 milliard de
dollars, donc on parle d'environ 10 %. En éducation, on parle d'un
investissement supplémentaire, cette année, de 35 millions, alors que, là
aussi, les coupures ont été de l'ordre de 1 milliard de dollars en
éducation, là, depuis l'arrivée du gouvernement, donc 3,5 %. Donc, ce sont
des réinvestissements qui sont de l'ordre du Band-Aid, du pansement. Ce sont
des très, très, très faibles sommes en comparaison des sommes qui ont été
coupées.
Quant au fardeau fiscal, vous le savez,
les familles du Québec ont vu leur facture grimper de 1 500 $ depuis
l'arrivée de ce gouvernement. On nous annonce une accélération de la fin de la
contribution santé. Ça représente 200 $ par famille, et donc la facture
est encore élevée. C'est un remboursement, donc, partiel des sommes qu'on est
allés prendre dans les poches des Québécois, un remboursement très partiel.
Alors donc, du côté des dépenses, on a un réinvestissement qui est très
marginal, qui représente une très faible fraction des coupures et, du côté du
fardeau fiscal, on nous rembourse, mais de façon très partielle, ce qu'on est
allés chercher dans les poches des Québécois.
Tout ça, ultimement, c'est une manoeuvre
électorale cynique, honteuse, réalisée sur le dos des familles, sur le dos des
aînés et sur le dos des enfants, et le gouvernement devrait être gêné. Il y a
des impacts sur le monde, il y a des impacts sur les gens, réels. Encore une
fois, les réinvestissements ne sont pas tels qu'on peut imaginer que ce sera la
fin des problèmes dans nos CHSLD, dans nos hôpitaux ou dans nos écoles, il n'y
a rien de... on ne peut pas croire, avec les chiffres qui sont annoncés, qu'il
va y avoir des améliorations significatives.
Par ailleurs, et je vais finir là-dessus,
au plan économique, les choix qui ont été faits de couper de façon drastique
dans les services puis d'augmenter le fardeau fiscal, ça a eu un impact sur
l'économie et un impact qui se fait encore sentir. Écoutez, là, j'ai l'embarras
du choix pour vous dépeindre la situation économique telle que nous la vivons
présentement, mais suffise-t-il de dire que le gouvernement, encore une fois,
annonce des révisions à la baisse de la croissance économique, croissance
économique qui, encore une fois, va être très molle cette année.
Au chapitre de l'emploi, le gouvernement a
lui-même fait état de son bulletin. Vous vous rappellerez que le résultat, pour
2014, ça avait été une perte de 1 100 emplois. En 2015, on avait créé
37 000 emplois, et là, dans la mise à jour, on nous annonce que, pour 2016,
ça va être 29 000 emplois puis, pour 2017, 26 000. Si vous faites le
total des quatre chiffres que je viens de vous dire, vous allez arriver à
92 000 emplois créés en quatre ans, ce qui veut dire un peu moins de
25 000, 23 000 par année, et donc on est très, très loin des
50 000 requis pour arriver aux 250 000 emplois. À chaque fois que le
gouvernement dépose un budget ou fait une mise à jour, je vous rappelle que les
250 000 emplois ne se réaliseront pas, et là on approche de l'échéance, et
effectivement ça se confirme.
Les mises en chantier aussi sont en
baisse, continuent d'être en baisse. L'année prochaine, on va être à
34 000. Il faut voir qu'on a déjà été dans les hauts 40 000. Et
puis, pour les investissements des entreprises, et je vais finir là-dessus
pour la situation économique, investissements des entreprises, qui sont
quand même un élément fondamental de la croissance économique future, je vous
rappelle qu'en 2015 ça avait baissé de 5 %. Je vous rappelle qu'en mars
2016, avec un plan économique de tout près de 250 pages, on prévoyait que les
investissements privés stagneraient puis augmenteraient donc de
0 % — je l'avais dit de façon très claire — et
pourtant, cette fois-ci, c'est encore pire, on prévoit que, pour cette année,
pour 2016, ça va baisser de 2 %.
Donc, une situation économique qui n'est
pas non plus très bonne, en fait, qui est même inquiétante. Alors, c'est ça,
là, le bulletin que je distribue à ce gouvernement. Alors, voilà.
M. Salvet (Jean-Marc) : Si
vous aviez été ministre des Finances, est-ce que vous auriez reporté l'atteinte
du déficit zéro à plus tard pour éviter l'impact que vous décrivez?
M. Marceau
: Bon, tout
d'abord, ce choix-là, je l'ai déjà fait, vous le savez. Vous connaissez la
réponse dans ce cas-là. Moi, je me suis refusé, dans le passé, à couper de
cette façon-là dans les services, et nous ne l'avons pas fait, et jamais je
n'aurais fait un tel choix.
Les choix qui ont été faits, encore une
fois, c'est des coupures, là, insensées dans les services à la population, à
nos aînés, à nos enfants, et non, je ne crois pas que c'est un choix qui doit
être fait dans une société civilisée. Quant à moi, la marque de la
civilisation, c'est de s'occuper correctement de ses parents, puis c'est de s'occuper
correctement aussi de ses enfants, puis de s'assurer que nos enfants ont un environnement
qui permet leur épanouissement, et on est loin de là avec ce gouvernement.
M. Dutrisac (Robert) : Sur la
question de la création d'emplois, là, les chiffres, évidemment, diffèrent tout
le temps. Le ministre des Finances...
M. Marceau : J'ai pris les
chiffres là-dedans, en passant, là. Alors, ils ne diffèrent pas d'aucune
manière...
M. Dutrisac (Robert) : Oui,
mais il parle de 128 000 emplois créés depuis mai 2014 et dont, je pense,
95 000, là, dans le secteur privé.
M. Marceau : Regardez, il
prend... le ministre choisit le point de départ qui fait son affaire. Il
choisit une méthodologie qui est sujette aux fluctuations mensuelles. Moi, je
vous prends la façon de faire de l'Institut de la statistique du Québec, qui
est elle-même reprise par le gouvernement à la page C.27, puis il y a même un
beau graphique, en fait, qui présente les mêmes chiffres que ceux que je viens
de vous dire.
Alors, je vous répète, le score, là, de
l'Institut de la statistique du Québec, le score pour l'année 2014, c'est moins
1 000 emplois; pour l'année 2015, c'est 37 000 emplois; et là-dedans
vous allez voir que le score pour 2016, c'est 29 800 puis, pour 2017,
c'est 26 100 emplois. Ça, c'est le score sur des chiffres annuels desquels
on extrait, si vous voulez, les fluctuations mensuelles. C'est la méthode qui
est utilisée par tout le monde, c'est la méthode qui est utilisée par les
banques, et, si vous prenez cette méthode-là, vous arrivez à 92 000
emplois créés sur quatre ans.
M. Lessard (Denis) : Sur
quatre ans ou sur deux ans, là?
M. Marceau
: Quatre. Là-dedans,
il y a deux années passées, 2014 et 2015. 2014, moins 1 000; 2015,
37 000, et il y a deux années pour lesquelles on est dans le monde des
prévisions. Ce sont les prévisions du gouvernement à la page C.27. On parle de
29 800 pour 2016 et de 26 100 pour 2017. D'ailleurs, les prévisions
du gouvernement correspondent, à quelques centaines près ou peut-être
1 000 près, là, aux prévisions de Desjardins. Alors, Desjardins a à peu
près les mêmes chiffres, prévoit...
M. Dutrisac (Robert) :
Maintenant, est-ce qu'on avait besoin de créer autant d'emplois ou de promettre
autant d'emplois, là, puisque, de toute façon...
M. Marceau : Bien, pour se
faire élire, le gouvernement...
M. Dutrisac (Robert) : ...le
taux de chômage baisse, là? Compte tenu du contexte démographique, le taux de
chômage baisse. Les économistes, à l'époque, disaient : c'était au maximum
25 000, là... ont sorti leur 50 000 par année. Est-ce qu'on n'est pas
dans une situation normale sur le plan économique, compte tenu du contexte?
M. Marceau : Bien là, je vais
juste vous rappeler que, quand on était en campagne électorale en 2014, vous,
les économistes et je, nous savions tous le contexte démographique. Moi, je ne
suis pas celui qui est allé promettre 250 000 emplois aux Québécois pour
me faire élire. Il a compté des blagues aux Québécois, il a menti aux Québécois,
on va le dire de même, aussi simplement et aussi clairement que ça, et aujourd'hui
ça lui pète dans la face parce que ce n'est pas vrai qu'ils vont créer
50 000 emplois par année pendant cinq ans. On est dans le monde du moins
de 25 000, et, à chaque fois qu'il y a un geste qui est posé par le
gouvernement, que ça soit un budget, une mise à jour ou à chaque fois que
l'Institut de la statistique du Québec dresse un bilan annuel de l'emploi, on
constate qu'ils nous ont conté des blagues. Moi, je n'ai pas choisi de faire ça
en campagne électorale. Ils ont choisi de le faire, ils vont vivre avec.
M. Dutrisac (Robert) : Il y a
des économistes qui ont dit, Fortin et compagnie, que finalement les
compressions avaient quand même coûté plus que la croissance économique.
Maintenant qu'on est sortis de cette période de compressions là, est-ce qu'on
n'assiste pas à un rythme de croisière, là, à 1,5 %, 1,6 %,
1,7 %?
M. Marceau
: Je ne
crois pas. Je ne crois pas qu'on soit au plein potentiel de la croissance économique
québécoise. Je suis désolé, on est encore très loin, je l'espère.
La Modératrice
:
D'autres questions? En anglais?
Mme Johnson (Maya) : Mr. Marceau, I just want to make sure I understood… I believe what
you said in French is that this is simple electoral maneuvering and that it's
shameful. Obviously, the Government doesn't see it that way, a higher than
expected surplus after six consecutive years of running deficits, cutting the health
tax earlier than expected. What's wrong with that picture, in your view?
M. Marceau :
Well, what is wrong is that they cut services to the most vulnerable persons in
Québec : the elderly, the students, the young, and they cut in a drastic
way to the point where I don't think it's acceptable. I think it's unbearable
actually. And this is a political maneuver because, of course, they cut more
than what was required to achieve budget balance, way more, and that was
clearly a plan so that they could later on… and we're entering the phase where
they are distributing electoral candies. And when you do that by cutting
services to the most needy of the population, this is absolutely… this is
completely shameful. I mean, I just can't think of another word than shameful.
Mme Wheeler (Marika) :Just in English, Marika Wheeler from CBC.
What are your biggest concerns with this announce today?
M. Marceau :
Well, my concern is, I mean, there are many... I don't think we can catch back,
I don't think we can… I'm looking for my word here. I mean, the damages that
were caused are not going to be repaired suddenly because they increase very
marginally the expenditure in health or in education. The amount of cuts that
we're facing amounted to billions, one billion approximately in health, one
billion approximately in education, and the very minimal reinvestment that were
announced today are not sufficient to ensure that those that were left behind
will be saved, that they will get back the services that they need.
When you cut in services to,
I man, our young people that are in need of specialized services so that they
can succeed in school, you're making damages that are not short-term. I mean,
these are damages that will last for long. When you treat the elderly by
neglecting basic services, hygiene, I don't know, hygiene or food, I mean, this
is terrible. So, I mean, my concern is that they have cut drastically and I
don't see, in the numbers that I see today, hope that those services will be
brought back to a level that is sufficient.
(Fin à 16 h 50)