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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Thursday, November 17, 2016, 11 h 28

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures vingt-huit minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. En fait, je trouvais ça important aujourd'hui de venir réaffirmer aux femmes de Val-d'Or qu'on les croit, réaffirmer à toutes les femmes agressées, abusées sexuellement qu'on les croit, réaffirmer aux peuples des Premières Nations que ça fait longtemps qu'on a compris que le racisme systémique est quelque chose qui leur pollue, qui leur détruit la vie. Et je pense que Mme Lafontaine hier soir, dans son rapport, met le doigt sur quelque chose de super important, qu'on n'arrivera jamais à dépasser la situation actuelle si on ne s'y attarde pas à bras-le-corps, et c'est bien sûr cette question de discrimination... pardon, oui, de discrimination systémique.

Alors, on attend demain. Je pense que de plus en plus le focus est mis sur le DPCP. On veut entendre. Maintenant, Mme Lafontaine nous a dit : Ça a été fait dans la règle de l'art. Soit, ça a été fait dans la règle de l'art, mais avec ce filtre inévitable de la question de la discrimination systémique. Alors, je pense que, demain, on va attendre les résultats, mais je pense que, et on l'a vu aujourd'hui en Chambre, qu'il est plus que fondamental que le gouvernement n'attende pas après pour réagir, mais bien prenne des engagements avant, et ces engagements-là, à notre sens, ne peuvent pas être autres que prendre un engagement dans l'action, avec les peuples des Premières Nations, à se mettre à la table — ça fait, il me semble, un an et demi que je dis la même chose — se mettre à la table, de nation à nation, pour s'assurer qu'on va commencer le processus pour rétablir des relations saines avec les Premières Nations, pas seulement au niveau des corps policiers, mais incluant les corps policiers, mais dans l'ensemble de la population québécoise.

M. Dutrisac (Robert) : Justement, le gouvernement dit : Nous avons fait une offre aux nations autochtones d'une table de concertation sur ces questions-là, offre qui a été refusée. L'opposition officielle nous dit : Nous autres, ce qu'on veut, c'est une enquête indépendante sur la question des relations des autochtones avec les corps policiers, mais aussi avec le système de justice, enfin de manière plus large. Là-dessus, le gouvernement nous dit : Il y a une enquête au fédéral. Votre position, donc, vous, c'est vraiment une table de concertation?

Mme Massé : En fait, notre position, depuis le début, c'est une commission d'enquête indépendante, commission d'enquête indépendante pas seulement sur la question des femmes autochtones et les corps policiers, mais bien sur la question des autochtones avec les corps policiers, qui inclurait, bien sûr, inévitablement des femmes.

Et ce pourquoi, pour nous, c'est essentiel, c'est que, un, les peuples autochtones qui ont besoin qu'on envoie des signaux clairs sur notre volonté comme peuple non autochtone sur le territoire québécois, de notre volonté claire de vouloir avancer vers l'avant, mais en prenant soin, en s'assurant de régler des situations du passé et en s'assurant... je ne trouve pas exactement l'expression que je veux dire, mais de nous assurer qu'on va régler ce qui a fait que, par le passé, on s'est engagés dans des relations inégalitaires entre nos peuples.

Et ça, je crois que la commission d'enquête canadienne va aborder la question des femmes, va regarder de façon spécifique, essayer de comprendre qu'est-ce qui se passe, mais cette commission-là ne pourra pas rouvrir des dossiers, hein? Regardez le mandat, ils ne pourront pas. En fait, c'est une commission pour essayer de comprendre.

Nous, ce qu'on souhaite, c'est bien sûr essayer de comprendre la situation des femmes, mais pas seulement des femmes, et ensuite il faut se donner les moyens d'agir. Et, dans ce sens-là, moi, je ne connais pas l'ensemble des raisons qui fait l'Assemblée des Premières Nations et les Femmes autochtones ont dit non, mais je peux vous dire seulement qu'il n'y a pas plus tard que quelques mois, l'Assemblée des Premières Nations s'était entendue avec le gouvernement du Québec pour avoir une table multiministérielle pour s'asseoir de nation à nation, pas seulement le représentant ministre des Premières Nations , mais l'ensemble des ministères, que le ministre des Ressources naturelles soit assis là, que le ministre de l'Éducation soit assis là, etc. Et cette table-là jusqu'aux dernières nouvelles, n'avait jamais vu le jour.

Alors, les tables, peut-être qu'ils en ont soupé. Ce qu'ils ont besoin, c'est de l'action concrète et surtout qu'on commence à reconnaître concrètement que du racisme systémique envers les autochtones, ça existe au Québec parce que tant qu'on ne le reconnaîtra pas, on ne pourra pas agir sur la situation.

M. Vigneault (Nicolas) : Donc, ce que fait le gouvernement aujourd'hui, l'offre ou la main tendue du gouvernement, pour vous, c'est maintenant insuffisant, si je comprends bien, là, dans le cas de Val-d'Or notamment, à la lumière du rapport qu'on a entre les mains.

Mme Massé : À la lumière du rapport, c'est ça. Alors, dans ce sens-là, demain, on verra, mais vous savez, entre vous et moi, le DPCP a parfois, puis on verra demain, on ne le sait pas ça va être quoi, mais a parfois porté des accusations pour permettre de pousser plus loin des éléments d'enquête, etc., et aussi pour envoyer des signaux.

Moi, c'est sûr que mes attentes sont élevées, là. La Commission vérité et réconciliation, ça fait trois ans qu'on a son rapport. Elle reconnaît qu'il y a de la discrimination systémique, elle dit que nous devons prendre des mesures importantes pour rétablir les ponts avec les Premières Nations. Alors, il me semble qu'on ne peut pas ne pas connaître ces éléments-là quand on rentre dans une enquête comme celle qui a été le cas... Mais attendons demain pour les détails plus spécifiques. On verra s'il y a au moins quelques accusations.

M. Vigneault (Nicolas) : Juste pour être clair là-dessus, vous dites : Ça nous prend des actions concrètes.

Mme Massé : Oui.

M. Vigneault (Nicolas) : Vous nous avez parlé d'une enquête, d'une évaluation et aussi l'ampleur de la discrimination systémique. Je comprends bien. Ça, ce n'est pas des actions concrètes, c'est une évaluation, c'est une étude, c'est une enquête. Une action concrète, c'est plutôt dans le sens, justement, la table, là, la table nous dit : Bon, bien là, il va y avoir des actions, on s'entend sur les actions gouvernementales avec les nations autochtones, de nation à nation. Est-ce que ça ne serait pas plutôt...

Mme Massé : En fait, monsieur, ce que je veux vous dire, c'est : Moi, je n'ai pas une attitude colonialiste face aux peuples autochtones. Ces gens-là, ça fait assez longtemps qu'ils nous regardent aller, ça fait assez longtemps qu'ils se font avoir par nous autres que c'est sûr qu'il y a des prudences que je comprends.

Ceci étant dit, tant du côté de la fédération des femmes autochtones du Québec que du côté de l'Assemblée des Premières Nations, parce qu'aussi du sexisme, il y en a aussi dans ces communautés-là comme partout sur la planète, des deux bords de la médaille, donc du côté des élus et du côté des femmes, on nous dit qu'ils veulent une enquête indépendante.

Alors, moi, je serais, il me semble, tentée de dire : Parfait, maintenant, on va s'asseoir avec vous et on va voir comment on va la faire pour que ce soit satisfaisant, pour que vous ayez le sentiment qu'on est en train de recréer des ponts, de retisser les tissus qui ont été déchirés par 400 ans de colonialisme, pour nous assurer que les femmes là-dedans vont se sentir crues, que les autochtones... Allez voir, dans les prisons, qui surpeuplent les prisons au Québec, bien, les autochtones... surreprésentés,  pas surpeuplés, mais je voulais dire surreprésentés.

Alors, moi, c'est dans ce sens-là. Ils le savent, moi, je ne dirai pas : Ils ont raison, ils ont tort. Ce que je dis juste, c'est que c'est ce qu'ils veulent, mais maintenant, nous, comme peuple québécois, ce qu'on a à faire, c'est de s'asseoir avec eux et dire : O.K. Parfait. Maintenant, comment on va arriver à faire ça de façon satisfaisante?

M. Croteau (Martin) : Pardonnez-moi si je suis arrivé en retard. J'ai peut-être juste une question. Comment vous expliquez l'espèce de réticence et du gouvernement et de l'opposition officielle à peut-être faire siennes les conclusions de Mme Lafontaine à l'égard du mot «racisme systémique»?

Mme Massé : Oui. Je ne sais pas, il faudrait que vous leur posiez la question, mais mon expérience... parce qu'à Québec solidaire ça fait longtemps, un, qu'on reconnaît qu'il y a du racisme systémique, qu'on reconnaît qu'on doit agir à ce niveau-là et pas seulement d'ailleurs par rapport aux autochtones. Le racisme systémique au Québec, il est aussi par rapport aux personnes racisées, il est aussi... plus ta peau est foncée au Québec, plus les chances que tu sois victime de racisme sont grandes. Ils sont aussi par rapport aux personnes arabes, hein, parce que, si tu portes un nom arabe, bien, voilà, hein, puis surtout si tu es peu foncé. Vous comprenez?

Alors, je ne sais pas pourquoi ces gens-là ont de la difficulté. Ce que mon expérience de vie me rappelle, c'est que quand on est... les gens qui ont le privilège, donc ceux qui ont... les dominants, si je dis «racisme systémique», inévitablement, je suis obligé de me regarder, c'est de moi qu'on parle. Ce n'est pas juste de moi parce que tu peux être Noir puis être raciste envers les musulmans, puis tu peux être autochtone puis être raciste envers les Noirs. Le racisme, là, ce n'est pas juste les Blancs envers... sauf que racisme systémique, ça parle du racisme que crée le système. Et, dans ce sens-là, le système, bien, c'est nous, les Blancs, qui l'avons dans nos mains.

Alors donc, c'est peut-être... ça demande du courage pour reconnaître qu'il y a du racisme systémique, et je pense que ça demande du courage politique qu'en plus de le reconnaître, d'agir pour faire en sorte qu'on détricote ce passé-là. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 39)

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