(Neuf heures quatre minutes)
Mme
Maltais
: O.K.
Bonjour. Il y a une interpellation ce matin qui a été demandée par la Coalition
avenir Québec sur le grand scandale immobilier, au Québec, de la Société
immobilière du Québec.
Alors, nous allons aborder, de notre côté,
deux points. On est complètement horrifiés de voir que des dirigeants d'organismes
publics ont été choisis seulement, à partir de ce que l'émission Enquête
nous a amenés à croire, du trafic d'influence. Ce n'est pas la compétence qui a
amené des dirigeants à la tête de la SIQ, ce serait l'influence des collecteurs
de fonds du Parti libéral. C'est très grave.
Cette semaine, on s'est fait refuser par
des députés du Parti libéral d'amener Mme Monique Jérôme-Forget et M. Gérard
Bibeau en commission parlementaire, le prétexte étant qu'il ne faut pas nuire
aux enquêtes. Alors, d'abord, sur ce point, je voudrais rappeler la commission
parlementaire que nous avons tenue sur Lise Thibault. La commission parlementaire
s'est tenue malgré qu'il y ait une enquête en cours sur l'ex-lieutenant-gouverneur
Lise Thibault. Comment avons-nous procédé? Eh bien, nous avons rencontré, à
l'époque, la Sûreté du Québec et nous nous sommes entendus avec la Sûreté pour
vérifier qu'il n'y ait pas de problème et que les députés ne touchent pas à
l'enquête. Et la commission parlementaire a eu lieu et a même nourri l'enquête
policière. Nous avons donc été un apport positif à l'enquête policière.
Donc, c'est possible. Monique
Jérôme-Forget peut venir en commission parlementaire à condition qu'on se donne
des balises, et ça, ça s'est déjà fait. Rencontrons la SQ ou l'UPAC et, après
ça, procédons à la commission parlementaire. L'argument des libéraux ne tient
pas.
L'autre, c'est sur le rapport, le fameux
rapport de la firme Accuracy. Écoutez, là aussi, il y a un exemple où on a
procédé sans nuire aux enquêtes, et c'est l'exemple des fameuses clés USB de
l'enquêteur Annie Trudel. On nous les refusait, on ne voulait pas, les libéraux
ne voulaient pas que nous ayons accès. Qu'est-ce qui a été fait par la
Commission de l'administration publique? Eh bien, la commission a rencontré
l'enquêteur principal de l'UPAC, le directeur de l'UPAC, M. Lafrenière, et
ensemble ils se sont entendus sur quelle partie des documents pouvait être
disponible pour les parlementaires. Et tout ça s'est fait à huis clos, et ça a
été possible. Les parlementaires ont eu accès à l'information.
Alors, voici deux exemples qui prouvent que
l'argument du gouvernement ne tient pas actuellement. Si l'argument du gouvernement
ne tient pas, il ne reste qu'un Parti libéral devant nous qui continue à
entretenir l'opacité sur ce terrain de jeu, sur tout ce grand scandale immobilier.
Alors, voilà les points que nous allons soulever ce matin, puis je veux vous en
informer, parce que c'est facile, scander systématiquement : Il ne faut
pas nuire aux enquêtes, il ne faut pas nuire aux enquêtes, il ne faut pas nuire
à l'UPAC. Bien, c'est exactement ce que j'entendais de la bouche de Jacques
Dupuis à l'époque, de la bouche de Robert Dutil, qui ne voulaient pas que se
tienne une commission d'enquête sur l'industrie de la construction.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
cette commission-là, pour vous, donc c'est essentiel d'aller de l'avant parce
que ça va beaucoup plus loin que ce que le gouvernement est en train de faire
présentement.
Mme
Maltais
:
Bien sûr.
M. Vigneault (Nicolas) : Les
enquêtes en cours, c'est nettement insuffisant?
Mme
Maltais
:
Les enquêtes en cours sont sur la fraude, sur des dirigeants de la SIQ nommés
par des… seraient nommés par du trafic d'influence, qui ont été chercher des
sous à des… qui ont fait des baux à des entrepreneurs et qui, après ça, ont eu
des avantages particuliers. Il y a un balancier entre les collecteurs de fonds
et les dirigeants de la SIQ.
Mais à l'autre bout, ce que j'expliquais
hier à l'Assemblée nationale, à l'autre bout, pour que ça existe, tout ça, pour
que cette fraude puisse exister, il fallait des nominations politiques. Mme
Jérôme-Forget a dit elle-même : J'ai eu de la pression. Je ne voulais pas de
M. Fortier, mais on m'a fait de la pression. Qui? L'UPAC ne peut pas savoir ça.
Nous, nous devons bonifier le système des
nominations. Il faut absolument que ça arrête, les nominations partisanes. Il
faut qu'il y ait de la compétence. Quelqu'un peut être à la fois libéral et
compétent, mais quelqu'un qui est libéral et incompétent ne devrait pas être
nommé. Quelqu'un qui est péquiste et incompétent ne devrait être nommé. Mais
là, là, le problème, c'est qu'on a des collecteurs de fonds qui auraient usé
d'influence pour faire des nominations, et, après ça, la fraude en a découlé.
Il faut aller à la tête. La tête, la seule personne qui peut nous dire ce qui s'est
passé à l'époque, c'est Monique Jérôme-Forget. Personne d'autre ne peut nous le
dire.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais vous dites que la lumière n'a jamais été faite là-dessus. La commission
Bastarache nous a un peu indiqué comment ça fonctionnait, les nominations.
Mme
Maltais
:
Oui, mais attention, la commission Bastarache, c'était sur les nominations des
juges. Qui a insisté auprès de Mme Monique Jérôme-Forget pour que M. Marc-André
Fortier soit nommé? Elle nous le dit elle-même : J'ai eu des pressions.
M. Lecavalier (Charles) :
Elle dit : Le bureau du premier ministre.
Mme
Maltais
: Mais
qui? Moi, le bureau du premier ministre, c'est une chose. Qui? Comment? Par
quel biais? Est-ce que son chef de cabinet était impliqué? Est-ce que c'était
le chef de cabinet du premier ministre? Est-ce que c'est un… Qui? Qui a fait
ça? Après ça, qu'est-ce qu'elle connaissait des collecteurs de fonds? Qu'est-ce
qu'elle connaissait de la personne? Est-ce que c'est Marc Bibeau? Je ne sais
pas, moi. Alors, je veux savoir puis je pense qu'on a le droit de savoir.
Ce n'est pas anodin, là. Ce n'est pas
anodin, ce qui se passe, là. Je pense que dans… on entendrait parler de ça dans
un autre pays et on hurlerait en se disant : Mais qu'est-ce que c'est que
ce pays? Qu'est-ce que sont que ces moeurs? Il va falloir un jour lever le
voile sur ce qui s'est passé de 2003 à 2012 au Parti libéral et à son influence
sur la vie gouvernementale. Il va falloir le faire. Rappelez-vous que, dans ces
années-là, le Parti libéral a amassé des millions de dollars par rapport à ce
qu'il était dans l'opposition, des millions de dollars. Il n'y a pas d'autre
parti qui a vu ça dans son existence. Nous autres, ça ne fait pas ça. Mais là
tout à coup, ça a monté, puis aujourd'hui on découvre tout ça. Il va falloir un
jour qu'on lève le voile là-dessus, là. Une société ne peut pas vivre avec ça.
C'est ça qui alimente tout le cynisme. Il faut qu'on comprenne la mécanique
pour éliminer ça à jamais. Pour moi, c'est bien important, là.
Un petit mot sur la CAQ ce matin. Je sais
que la CAQ et le Parti libéral discutent des tarifs de la commission
Charbonneau. Ce que je crains, encore une fois, c'est que la CAQ ait agi avec
des calculs de napkin, qu'on appelle, là, tu sais. Tu t'assois sur le bout d'une
table, tu prends une napkin puis tu comptes vite, là. Il ne s'agit pas de faire
la nouvelle seulement. Dans des dossiers comme ça, qui sont importants pour
l'histoire du Québec, qui sont importants pour le nettoyage des moeurs
politiques, il faut travailler sur des faits, il faut travailler de façon
fondée. Il ne faut pas juste aller chercher la nouvelle. Il ne faut pas bâcler
le travail. J'espère qu'ils seront plus sérieux maintenant.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce qu'ils ont tourné les coins ronds?
Mme
Maltais
:
Ils ont tourné les coins ronds. C'est un calcul de napkin. Ça va?
Mme Plante (Caroline) : Maybe
just a couple of questions in English? There's an UPAC…
Mme
Maltais
:
J'aime beaucoup quand vous me la posez en français.
Mme Plante (Caroline) : Vous
allez répondre en anglais?
Mme
Maltais
:
Oui, si je peux.
Mme Plante (Caroline) : Ah!
bien oui, juste pour qu'on ait un peu d'anglais. Alors, il y a une enquête de
l'UPAC, il y a la Vérificatrice générale qui va enquêter aussi. Alors, ça, ce n'est pas assez?
Mme
Maltais
:
It's not enough because, at the head of the organization, there's a minister
which has accepted to give the presidency of «la SIQ» to a man she didn't want.
And she said : I've received pressure from people. Who? When? How did it
happen? We do need to know that to correct the way we proceed to nominations in
Québec.
Mme
Plante (Caroline) : Peut-être juste en anglais aussi, pouvez-vous
expliquer le parallèle que vous faites avec Lise Thibault?
Mme Maltais :OK. The Liberals
say that we cannot hear Mrs. Jérôme-Forget, the ex-minister, because there's an
inquiry of the UPAC. It's false. And remember, please, when we have received
Mrs. Lise Thibault «en commission parlementaire», what did we do before to be
sure not to block the inquiry. We did meet the SQ, la Sûreté du Québec, we did
meet them and we have agreed with them of a way, a very narrow corridor where
we could ask questions to that person. And Mrs. Thibault has… testimonied?
Mme Plante (Caroline) : Testified.
Mme Maltais : Has testified, OK.
Mrs. Thibault has testified, and it has helped the inquiry beside of be
«nuisible».
Mme
Plante (Caroline) : Puis, en français, juste par curiosité comme ça,
avez-vous les mêmes informations que la CAQ sur Georges Gantcheff? Est-ce que
vous allez dans la même direction?
Mme Maltais : Nous faisons un
travail sérieux actuellement, nous sommes en train de travailler sur des
documents et des choses comme ça. Mais, quand on va sortir, on va sortir avec
des chiffres qui sont solides, nous. Alors, nous préférons prendre un peu plus
de temps devant un tel scandale, devant un tel problème gouvernemental. Il faut
bien faire les choses. Alors, nous travaillons, oui, mais de façon tout à fait
différente de la CAQ. On ne fait pas des calculs de coin de napkin.
Mme Plante (Caroline) :
Avez-vous entendu aussi qu'Enquête allait sortir d'autres... oui, hein?
Vous vous attendez à plus.
Mme Maltais : Nous savons
qu'il y a beaucoup plus derrière cette histoire, nous en sommes conscients et
conscientes. Maintenant, cela demande beaucoup de travail, beaucoup de
recherche, beaucoup de fouilles, et nous allons donc continuer. Mais nous
savons qu'il y a beaucoup de gens actuellement qui savent qu'il y a beaucoup
plus que ce qu'on croit derrière cette histoire. Merci.
(Fin à 9 h 14)