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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Wednesday, November 30, 2016, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures deux minutes)

M. Khadir : Vous connaissez mon amour pour la langue française et la défense énergique de Québec solidaire pour que la langue française soit la langue commune de tous les Québécois, la langue de travail, la langue de nos institutions.

Il n'en demeure pas moins qu'il y a des éléments, dans le contexte politique actuel, qui nous préoccupent. Une bonne partie de la communauté anglophone, qui pourtant est la base d'appui du Parti libéral, plus de 80 % des anglophones appuient le Parti libéral du Québec, année après année, élection après élection, une bonne partie d'entre eux, les trois quarts à peu près, ne savent pas que le Parti libéral a d'importants problèmes de financement électoral qui a... des scandales qui touchent le financement du parti.

This is why, en fait, parce que de la corruption, it's not just in French, the corruption is not just en français, I've decided to ask a question to the Prime Minister of Québec today, to ask him : Why is he going to accept to payback millions of illegal money that was collected by bagmen that were working for Mr. Jean Charest? Under Jean Charest's command, the chief of the Liberal Party, during years, Charles Rondeau, Marc Bibeau, Franco Fava and probably Mr. Bartlett, that we have known recently, have gathered millions of dollars of illegal donations. That was rendered public by the Chief Electoral Officer, Mr. Drouin, just a few years ago, when he amounted to $13 million the suspected illegal donations given to all parties, a big chunk of which were given to the Liberal Party. In fact, the Liberal Party was by far the champion in that fraudulent collection scheme.

Donc, aujourd'hui, plus que jamais, il est important que notre communautéanglophone soit mise au courant que ces pratiques illégales leur donne un avantage. For example, by less than a week now, the Liberal Party can, with all these millions that are still in the bank accounts of the Liberal Party, again win another by-election or again even win a general election, because everybody knows how the money is important, how much risks political parties take to gather money, sometimes illegal money. And that's why we ask the Couillard Government to refund the illegal money gathered or to accept the suspension of it's public financement, because the Liberal Party, today, receives $3.8 million in public funding each year.

Mme Lajoie (Geneviève) : Pourquoi vous pensez que… vous dites que les anglophones ne sont pas au courant de ces aspects-là?

M. Khadir : Bien, on a eu un sondage d'opinion qui a été, je pense, publié dans les pages mêmes de votre journal, mené par Léger Marketing, et qui a posé la question. Bien que beaucoup de Québécois, y compris des anglophones, soient au courant qu'il y a des problèmes de corruption, de, peut-être, lobbying, qu'il y a des problèmes qui entachent, par exemple, le secteur de la construction, le lien avec le Parti libéral et le financement illégal du Parti libéral n'est pas évident. Ils sont moins de 25 % d'anglophones qui sont au courant que le Parti libéral a ramassé des millions de dollars en argent sale.

Mme Lajoie (Geneviève) : Pourquoi ne sont-ils pas au courant, selon vous?

M. Khadir : Bien, tout peut expliquer ceci. Je vous donne une explication qui est bien simple. La plupart des grands bulletins de nouvelles qui ouvrent les salons, hein, les nouvelles dans les salons de nos concitoyens anglophones, c'est des chaînes nationales, CTV, CBC, qui ne rapportent pas nécessairement les événements au Québec comme nouvelles principales, c'est-à-dire que les nouvelles québécoises prennent une dimension beaucoup plus secondaire dans l'information au quotidien qui atteint ces journaux-là.

Ensuite, bien, c'est sûr qu'il y a plus de réserve de la part des médias des communautés anglophones pour la sympathie, hein? Il y a beaucoup de… Quand on aime quelque chose, quand on aime quelqu'un, on a tendance à nier ses problèmes, on a tendance à se fermer les yeux sur ses fautes. Alors, il se peut aussi que, dans les médias anglophones, il y ait une plus grande, je dirais, difficulté à jeter une lumière crue sur la corruption dans le financement du Parti libéral.

Cependant, j'ai cité, pour M. Couillard aujourd'hui, la Gazette, j'ai cité la CBC, qui font un travail honnête. Mais, bon, jusqu'à quel point on réussit, dans les médias anglophones, dans les communautés anglophones, disons, à ce que l'information se rende? C'est un peu plus difficile, surtout ce qui touche, par exemple, des coupures en éducation et en santé. Les communautés anglophones, dans leur milieu, dans les hôpitaux, tout ça, dans les écoles, apprennent ce qui arrive, sont au courant, puis ça les touche dans le concret. Mais dans le financement illégal du Parti libéral, ce qui se passe, là, avec Charles Fava ou Rondeau… j'ai dit Charles Fava… Charles Rondeau, Marc Fava et compagnie, c'est moins évident. Ça échappe, tu sais, à la réalité quotidienne des gens, donc c'est pour ça que c'est un peu plus difficile.

M. Vigneault (Nicolas) : De vous adresser en anglais, vous pensez que le message va mieux passer?

M. Khadir : J'espère. Nous prenons toutes les mesures, tous les moyens rhétoriques modestes qui sont à notre disposition, y compris, disons, les interventions symboliques, parce qu'il y a un symbolisme dans ce que j'ai fait aujourd'hui, là. Moi, ça fait huit ans que je suis ici, moi, je ne me rappelle pas que quelqu'un ait posé une question en anglais. Il se peut peut-être que M. Kelley, une fois, dans l'opposition… Si je me souviens bien, c'est à peu près tout, d'accord? En tout cas, dans mon cas et dans le cas du reste de l'opposition, je ne me souviens pas.

Pourquoi, donc, je l'ai fait, malgré mon attachement à la langue française? C'est parce qu'on pense qu'on est rendus là. On a un devoir… parce qu'à chaque élection, c'est la même chose. L'argent sale truque les élections en faveur du Parti libéral. Les élections qui ont été gagnées en 2014, à notre avis, sont largement illégitimes en raison des millions de dollars d'argent sale qui ont arrosé les comtés, qui ont été arrosés sur les comtés par le Parti libéral.

Mme Lajoie (Geneviève) : Donc, vous avez dit quand même que les médias anglophones, de par leur proximité ou préférence pour le Parti libéral, peut-être ne rapportent pas tant… Est-ce que c'est bien ce que je comprends?

M. Khadir : Quand, un jour, je serai journaliste et qu'il y aura des scandales entourant Québec solidaire, je comprends très bien que je serai en conflit d'intérêts émotionnel et que j'aurai de la difficulté à être aussi incisif, aussi insistant pour mettre en lumière les problèmes de Québec solidaire. C'est normal. Et, comme on le sait, le Parti libéral recueille plus de 80 %. Parfois, dans certains comtés, ça approche les 90 % d'appui du milieu anglophone.

Alors, on comprend que les gens qui sont issus de ce secteur, y compris les journalistes, il y a des biais de choix. Il y a ça, mais c'est surtout et avant tout, comme je vous l'ai dit, parce que les bulletins de nouvelles, dans les grands médias de masse, c'est des bulletins de nouvelles nationaux et qui ne priorisent pas, qui ne mettent pas nécessairement tout l'accent sur ce qui se passe au Québec.

Mme Johnson (Maya) : Why did you ask this question in English, today?

M. Khadir : As I mentioned, because corruption in Québec is not only en français, because we know that millions of dollars… just one of the bagmen testified, if you remember, Charles Rondeau, four or five years ago in commission Bastarache, one of the bagmen testified that he collected around $1.5 million a year for the Liberal Party. OK? Imagine there are three of four important bagmen like him that were working for Mr. Jean Charest, that were reported to Jean Charest, that were doing that to serve Jean Charest. The main one was Marc Bibeau, linked to the business community in Montréal and in the English business community.

So I think the Anglophones ought to know they have a right, because I don't think and I'm sure that Anglophones, as all honest people in Québec and around the world, don't like elections, in democracies, be rigged in favor of someone because of fraudulent money. An important amount of fraudulent money has been gathered by the Liberal Party. They refused to refund and they win their elections year after year, election after election, with that money. In Verdun, in a week, if the Liberals won, it's rigged in their favor because they have millions, they have hundreds of thousands of dollars fraudulently acquired, of dirty money that they use to win those elections.

We don't fight on equal terms. So that's why it's important, I think, the English community, the Québec Anglophones, as everybody, will, little by little, realize that it's not in the interest of all of us that we continue supporting such a party unless Mr. Couillard accepts to turn the page.

Mme Johnson (Maya) : Do you think that the Anglophone media is reporting on these controversies differently? Not enough?

M. Khadir : No, no. No, but they… you know, your reports don't fight the same, prominent place in the news outlets, you know. We have CTV national, we have CBC national news. They open with important stories all across Canada, across the world, so what happens here in the corruption scandals related to the Liberal Party do not reach, on the same level, with the same prominence, the Anglophone community.

On some other issues, as I've mentioned, for example, on austerity, on the cutbacks in the health sector, in the education sector, they feel it because it's their day-to-day life, OK? They're impacted directly. But, when we talk about these bagmen who are working under the orders of Mr. Jean Charest to collect millions of dollars of money, you know, normal people don't get in contact with these guys, you know, it just concerns some very few little people in big business, corporate business who know these guys.

Mme Johnson (Maya) : Are you saying that it doesn't get as much coverage in English medias?

M. Khadir : Yes, but it doesn't have the same prominence. When, for example, a few weeks ago, we heard about what happened around the scandalous deals of government buildings, it opened premier news of every French outlet, but, in the CTV national news, or CBC national news, it was maybe fourth, fifth, or 10th news. So that explains why, on the… you know, in the general picture after years, this information has not been adequately reached, was not adequately conveyed in enough importance because the figures speak by themselves… «sondages», opinion polls showed that only 25% of Anglophones knew about this illegal financing scandal of the Liberal Party.

M. Robitaille (Antoine) : Mais que vous sentiez nécessaire de poser une question en anglais, est-ce que ça ne signifie pas que la langue française, à votre avis, n'est plus une langue de convergence, que vous deviez absolument vous exprimer en anglais à l'Assemblée nationale pour rejoindre...

M. Khadir : Je pense que l'intérêt de la nation québécoise, l'intérêt du Québec, c'est de faire en sorte que le Québec ne soit pas soumis aux diktats de l'argent sale ramassé par le Parti libéral. Alors, pour rencontrer cette exigence démocratique et de permettre de ne négliger aucune piste, aucun moyen pour que nos concitoyens anglophones soient plus informés, davantage informés qu'ils ne le sont, moi, j'estime qu'on est en droit de poser des questions en chinois, en espagnol, en hindi, en farsi et en anglais.

M. Robitaille (Antoine) : Non, mais, M. Khadir, autrement dit, désormais, vous allez toujours poser vos questions dans les deux langues? Est-ce que si vous aviez...

M. Khadir : Désormais, qui a dit ça, là? Ça fait huit ans que...

M. Robitaille (Antoine) : Non, mais, si vous voulez vraiment atteindre les citoyens anglophones, donc...

M. Khadir : Non, non. Vous n'étiez pas là quand j'ai mentionné, c'est que nous utilisons tous les moyens rhétoriques qui sont à notre disposition. Nous avons peu de pouvoir, hein? Nous sommes ici dans une assemblée où le pouvoir très autoritaire, l'espèce de dictature entre deux élections que peut constituer un gouvernement qui ne veut rien entendre de l'opposition, nous neutralise complètement. On est dans une cage dorée, hein, où on a peu de pouvoirs. Notre seul pouvoir, c'est la parole, et, de temps en temps, symboliquement, il faut frapper l'imagination.

Alors, en lien avec ce questionnement que nous avons tous, comment se fait-il que nos concitoyens anglophones sont si peu informés sur le scandale du financement illégal du Parti libéral, je me dis : On a un devoir. Comme je vous l'ai dit, je serai capable de faire des... si j'avais les capacités physiques à faire des culbutes, s'il le faut, si ça peut attirer l'attention de mes concitoyens, de tirer la langue et de parler en français, de parler en anglais, de parler en hindi — malheureusement, je ne parle pas hindi, mais, si vous voulez, la prochaine question, je la poserai en persan — pour m'assurer aussi qu'une partie de la population du Québec, qui vote pourtant à chaque élection et qui ne comprend peut-être pas tous les «headlines», toutes les premières de nos journaux en français, sur une question aussi importante, qui fait si mal à l'intérêt de tous les Québécois et même à la pérennité de la langue française, quand on sait à quel point ce gouvernement défend mal la langue française, qu'on soit capables de faire ça.

Mme Lajoie (Geneviève) : Peut-être une petite question sur un autre sujet, si vous avez terminé. Sur les saccages des commerces d'Hochelaga-Maisonneuve, qu'est-ce que vous pensez, M. Khadir?

M. Khadir : Pourquoi est-ce que je devrais en penser quelque chose? Moi, je pense beaucoup de bien des gens qui remettent en question, beaucoup de bien, beaucoup de bien des gens qui remettent en question la gentrification de nos quartiers centraux.

Hier, nous avons émis un communiqué pour dénoncer le fait que certaines artères principales sont en train de devenir de grandes chambres d'hôtel. On vide la population locale, les résidents qui ont de faibles moyens, des propriétaires... pas juste des propriétaires uniques, là. Là, il y a maintenant des fonds d'investissement immobiliers qui viennent acheter tout un secteur résidentiel pour les transformer en chambres. Donc, nous travaillons à ça.

Maintenant, les moyens qui sont pris par des gens qui sont découragés peuvent être des moyens qu'on peut reprocher. Moi, je ne m'y retrouve pas. Je n'approuve pas qu'on aille saccager le commerce d'un pauvre commerçant, d'un petit commerçant, qui souvent d'ailleurs sont très solidaires et sont très sympathiques à la vitalité, et, je dirais, à la prospérité économie, et à la diversité aussi sociale.

Mme Lajoie (Geneviève) : Mais les condamnez-vous, M. Khadir?

M. Khadir : Je condamne les banquiers qui nous volent. Je condamne les politiciens qui nous volent. Je condamne le capitalisme sauvage qui aujourd'hui détruit nos liens sociaux, détruit la planète. Donc, dans le registre des condamnations, je considère que le peuple québécois a suffisamment de choses sur lesquelles s'indigner pour que quelques erreurs commises par des jeunes bien intentionnés, là, on ne s'épanche pas davantage là-dessus.

Mme Lajoie (Geneviève) : Donc, je comprends que vous ne condamnerez pas ces gestes-là.

M. Khadir : Je condamne tout ce qui atteint à la capacité de nos centres urbains, les quartiers vivants de Montréal ou de Québec, de se développer de manière harmonieuse. Et là-dessus, les petits commerçants qui ont été attaqués font partie de la solution et non du problème, puis ceux qui se sont attaqués à ces petits commerçants se sont radicalement trompés. Mais, comme je vous dis, moi, je condamne le capitalisme sauvage. Je condamne les banques qui vous volent, qui nous volent. Je condamne les politiciens corrompus qui nous gouvernent. Merci.

(Fin à 11 h 19)

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