(Dix heures cinquante-sept minutes)
M. Villeneuve
:
Alors, bonjour. Le ministre de l'Agriculture, M. Pierre Paradis, a définitivement
perdu la confiance du monde agricole. Ça fait deux ans qu'il piétine,
qu'il n'avance pas. Le ministre, finalement, est nuisible pour l'agriculture. Les
producteurs sont en colère — on n'avait qu'à être, hier, au congrès
pour le voir — et, sur le terrain, le monde agricole est en colère.
Donc, je lui demande de démissionner, il
n'a plus la crédibilité pour occuper ce poste. L'absence du ministre est
devenue une blague, une blague. C'est carrément un «running gag» sur le
terrain, il n'est nulle part. Il a, entre autres, abandonné la souveraineté
alimentaire, qui avait été déposée par mon collègue d'Abitibi-Ouest, François
Gendron, qui était ministre de l'Agriculture. Il a retiré du ministère, en
catimini, sans même aviser aucun partenaire et encore moins les
parlementaires... Il a même retiré, il faut se rappeler, l'été passé,
l'obligation d'afficher «produit du Québec». C'est grave, c'est grave. Le
signal que ça envoie, de ne plus afficher les produits du Québec, c'est que les
produits du Québec peuvent passer en deuxième par rapport aux produits
étrangers. Alors, c'est extrêmement grave.
Donc, deux ans et demi plus tard, il n'a
toujours rien fait pour remplacer la Politique de souveraineté alimentaire.
Résultat : l'investissement est en chute libre, la confiance est à zéro. Et
il y a aussi, évidemment, tout le pilier de la Politique de souveraineté
alimentaire qui est abandonné, à savoir s'assurer que les institutions du
gouvernement, de notre gouvernement, de l'État puissent s'approvisionner en
produits du Québec, donc acheter des produits du Québec.
On le sait, il y a aussi le dossier du
crédit de taxes foncières agricoles, où le ministre s'est lancé dans une
réforme sans en mesurer les conséquences. Résultat : 83 % des
agriculteurs qui utilisent le programme vont voir une augmentation, et pas
n'importe quelle augmentation — je crois qu'il n'y a personne qui
serait heureux de voir des augmentations, sur son compte de taxes, de
100 %, 125 % — des montants qui oscillent entre
3 000 $, 4 000 $, 5 000 $ de plus, et ce, par
année et année après année, de plus à payer, donc, pour le monde agricole. Le monde
agricole vit présentement des moments difficiles, et ce n'est pas avec une
mesure comme ça, qui n'a pas été analysée par le ministre... Donc, il a tout
simplement échoué à ce niveau-là. Trouvez l'erreur : paresse, manque de
rigueur. Chose certaine, ceux qui en paient le prix, c'est les agriculteurs du
Québec.
Donc, face à ça, qu'est-ce que le ministre
a fait? Voyant qu'on lui disait que les agriculteurs étaient pour passer à la
caisse, comme on dit, bien, le ministre, tout ce qu'il a trouvé à dire aux
agriculteurs, c'est que ce sont des menteurs, ce sont des gens qui ne savent
pas compter. Je peux vous dire une chose, les agriculteurs du Québec savent
compter. Et, voyez-vous, même après qu'il y ait eu une étude indépendante qui
soit sortie pour confirmer ce que nous avancions en termes, justement, de
factures à payer pour le monde agricole avec cette réforme-là, donc, même après
cette étude-là, le ministre est toujours dans le déni.
Hier, tout le monde a pu constater l'ampleur
de la colère des agriculteurs contre le ministre Paradis. Je peux vous dire une
chose, les agriculteurs du Québec s'ennuient de François Gendron, du Parti
québécois. D'ailleurs, hier, François a eu une ovation, écoutez, de plusieurs
minutes, ovation debout de la part du monde agricole. Je peux vous dire une
chose, ce n'est jamais arrivé à M. Paradis et je ne pense pas que ça
arrive, pas de risque.
Je vous dirais même qu'hier des libéraux,
des libéraux qui sont notoires, reconnus comme tels, comme on dit, de bons
libéraux, sont venus me voir, plusieurs — et ça, sur le terrain, je
le vois aussi — plusieurs libéraux sont venus me voir et m'ont dit :
Écoutez, M. Villeneuve, on n'en peut plus, on n'en peut plus, du ministre
Paradis, on ne peut plus l'endurer. Alors, imaginez, on est rendus là.
D'ailleurs, et ça, je ne le répéterai pas ici, mais hier des gens sont allés au
micro non pas pour poser des questions, mais pour passer des remarques sur le
ministre et, je peux vous dire une chose, ce n'étaient pas des remarques très
agréables.
Donc, le lien de confiance est totalement
brisé. Il n'y a aucun retour possible en arrière. Donc, le ministre n'a plus la
crédibilité nécessaire. Alors, je demande au ministre Pierre Paradis de
démissionner illico. Illico, pourquoi? Parce que je sais qu'il y aura un
rebrassage de cartes au niveau du premier ministre. Donc, au mois de janvier,
février, il y aura assurément un rebrassage de cartes, et je ne pense pas que
M. Paradis va être à l'agriculture en janvier ou en février. Alors, pour
le bien-être de tous, pour la suite des choses, que ce reconnaissance, fortement,
là, fortement, là, le ministre Paradis doit démissionner immédiatement. C'est
l'avenir de l'agriculture qui est en jeu.
Alors, écoutez, plus personne ne croit au
ministre. Et vous dire que ce matin, vraiment, la goutte d'eau qui a fait
déborder le vase, vous avez vu comme moi, c'est l'annonce de 454 pertes
d'emploi, donc, dans la compagnie Christie à Montréal, dans l'est de Montréal,
454 emplois. C'est de la transformation. Le ministre, pourtant, se dit
préoccupé par l'agriculture et par la transformation. Force est de constater
qu'il n'a rien fait. Et, si les gens veulent bien aller voir la période de
questions ce matin, c'était, somme toute, pathétique, la réponse du ministre
par rapport à la question que je lui ai posée. Je me serais attendu de sa part
à une plus grande compassion pour les gens qui perdent aujourd'hui leur emploi.
Alors, voilà. Merci.
(Fin à 11 h 3)