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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle

Version finale

Friday, June 16, 2017, 13 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trente-six minutes)

M. Lisée : La principale question que des élus doivent se poser au moment de faire leur bilan, c'est celle-ci : Avons-nous contribué au bien-être des citoyens qu'on représente? Pour l'équipe du Parti québécois, au cours des six derniers mois, la réponse est oui. Oui pour les enfants, les aînés, les femmes et les hommes du Québec.

Si des milliers d'enfants défavorisés auront de l'aide alimentaire en septembre, c'est beaucoup grâce au travail d'Alexandre Cloutier et du PQ. Si 40 000 aînés de 60 à 65 ans ont conservé leur crédit d'impôt de 500 $ qui les aide à joindre les deux bouts, c'est beaucoup grâce à Harold Lebel et au PQ. Si 80 % des agriculteurs n'ont pas à subir une hausse de leurs taxes foncières, c'est beaucoup grâce à André Villeneuve et au PQ. Sans l'intervention de Nicolas Marceau et d'Alain Therrien, le gouvernement s'apprêtait à imposer une hausse de taxes, dans la région montréalaise, pour payer le REM jusqu'à 400 $ par an, par famille. Nous avons empêché ça.

Ce sont des interventions majeures qui font une vraie différence dans la vie des Québécoises et des Québécois. Nous sommes fiers d'avoir fait une différence en équipe. Le Parti québécois n'est pas le parti d'un seul homme. Il est le parti d'une équipe forte, active sur le terrain, connectée aux préoccupations des citoyens et qui relève ces préoccupations ici avec une compétence telle que cette équipe fait bouger les choses. Et comme c'est la première fois que je fais le bilan d'une session complète en tant que chef du Parti québécois, vous me permettrez d'innover. Vous savez que j'aime innover. La première fois, c'est toujours le moment d'innover, et je vais vous donner un calendrier partiel des autres gains que les députés du Parti québécois ont obtenus pour nos citoyens. Et je m'excuse d'avance d'en avoir oublié parce que je sais qu'il y a d'autres émissions, en fin de soirée, qui auraient pu pâtir de l'énumération totale.

Janvier et février, les aînés de la Basse-Côte-Nord, faute d'hébergement, devaient s'éloigner, se couper de leur famille. Grâce au travail de Lorraine Richard, la nouvelle maison pour aînés de Gros-Mécatina a obtenu le financement qui lui manquait. Si la Régie du logement publie encore ses indices au bénéfice des locataires, c'est grâce au travail de Catherine Fournier, qui a fait pression sur le ministre.

Mars, le gouvernement Trudeau menaçait d'enlever des droits aux consommateurs québécois face aux banques. Grâce à Nicolas Marceau et au Bloc québécois, les consommateurs québécois ont conservé leurs droits. Lorsque vous allez à une SAQ, si le drapeau québécois est toujours présent, c'est grâce à André Villeneuve. Et, quand la SAQ a voulu imposer des contraintes excessives aux dépanneurs, comme ne plus avoir le droit de payer par carte de crédit, c'est le travail d'André Villeneuve et de Martin Ouellet qui l'a fait reculer.

Le ministre Barrette voulait faire cesser les chirurgies de l'oesophage à Chicoutimi, avec pour conséquence d'obliger les patients à se rendre à Québec. Mireille Jean et Sylvain Gaudreault ont gagné un an de sursis pour les patients et leur famille.

Avril, Autobus Lion, un fabricant d'autobus scolaires électriques rechargeables, a vu son carnet de commandes mis en péril parce que des allégements fiscaux ont été suspendus. Notre nouveau député Marc Bourcier a obtenu la réactivation de ces allégements de 3 millions. Les transporteurs scolaires hésitaient à acheter des autobus électriques rechargeables. Grâce aux pressions encore de Marc Bourcier, les termes d'emprunt sont passés de cinq à huit ans, ce qui rend ces achats complètement concurrentiels.

Le gouvernement menaçait de fermer la seule école autochtone hors réserve. Grâce à Alexandre Cloutier, cette école est toujours ouverte.

Vous l'avez vu encore ce matin, le premier ministre refuse d'expliquer pourquoi le REM coûtera au moins 1 milliard de plus que prévu. Grâce à Nicolas Marceau, la Vérificatrice générale a reçu le mandat d'effectuer une vérification de ce montage financier.

Mai, grâce à Carole Poirier, les villes pourront obliger les constructeurs de projet d'habitation privée de bâtir un pourcentage minimal de logements sociaux dont le besoin est criant.

Le Fonds d'initiatives du Plan Nord était géré par les libéraux comme un fonds discrétionnaire. Lorraine Richard a obtenu une gestion plus rigoureuse et plus transparente.

Le ministre de l'Éducation niait le phénomène des notes gonflées. Alexandre Cloutier l'a obligé à sortir du déni et à agir contre ce scandale.

Loto-Québec voulait écarter les organismes communautaires de la gestion de ses kiosques de vente, les privant de revenus essentiels. Dave Turcotte a fait renverser cette décision.

Juin, il était difficile de connaître la nature des enquêtes de l'Office des professions auprès des professionnels fautifs; plus maintenant. Mireille Jean a fait en sorte que le rapport annuel de l'office soit transparent en matière d'enquêtes.

La dalle-parc permettant le transport actif dans le projet Turcot avait presque disparu. Grâce à Sylvain Pagé, le projet est toujours vivant.

Les 20 personnes handicapées qui habitent la Maison Jean-Eudes-Bergeron, à Alma, pourront rester chez elles pour l'été et, on l'espère, pour de bon. Ils le doivent pour beaucoup à Alexandre Cloutier.

Les libéraux menaçaient d'abolir complètement les référendums municipaux. Grâce à Martin Ouellet, Agnès Maltais et Carole Poirier, les villes auront le choix de tenir des référendums municipaux ou de les remplacer par un vrai processus de consultation.

Les personnes adoptées réclamaient depuis longtemps un projet de loi qui leur permettrait de connaître l'identité de leurs parents biologiques, même s'ils sont décédés, notamment pour prévenir certaines maladies. Véronique Hivon a forcé le gouvernement à prioriser le projet de loi sur l'adoption, et nous l'avons adopté aujourd'hui. Liste partielle, si vous en voulez d'autres, on en a d'autres. Si les Québécois veulent savoir à quoi ressemblera un gouvernement du Parti québécois, ils peuvent regarder les propositions que nous avons faites et les initiatives que nous mettons de l'avant depuis janvier.

Après l'attentat de la mosquée de Québec, il y avait un moment de grâce qu'il fallait saisir. J'ai proposé au premier ministre d'adopter dans les semaines qui suivaient, avant la fin de session, deux lois importantes, une qui assurait une meilleure intégration à l'emploi aux Québécois d'adoption et qui ferait reculer immédiatement la discrimination et le racisme, une autre qui établirait le socle commun des règles du vivre-ensemble au sujet de la laïcité de l'État, des balises sur les accommodements religieux et les signes religieux. Le Parti québécois avait la hauteur de vue et la volonté de rassemblement voulue pour faire passer au Québec un passage important pour plus de cohésion, de fierté et d'inclusion. Le premier ministre Couillard a refusé de saisir l'occasion au détriment du Québec et rejeta, comme de l'intolérance, la volonté de ses autres partenaires de l'Assemblée nationale de travailler ensemble, unanimement, pour le bien commun.

Pour les familles et pour les régions, nous avons déposé un contre-budget. Nous avons démontré qu'en gelant la rémunération des médecins et leurs incorporations, on pouvait retrouver immédiatement 600 millions de dollars, offrir la gratuité du matériel scolaire au primaire et au secondaire, 150 $ par élève, abolir la taxe famille et rétablir le tarif de garde à 7,30 $, hausser le crédit d'impôt pour solidarité de 100 $ pour près de 3 millions de ménages, donc offrir en moyenne 1 100 $ par famille québécoise. En prime, nous pouvions aider les exportateurs et brancher les régions du Québec à Internet haute vitesse.

Nous avons multiplié les propositions en termes de nationalisme économique. Nous nous sommes battus pour plus de contenu local dans les achats, que ce soit dans le REM, dans nos institutions, dans l'ensemble du Québec. Nous sommes heureux de constater que la CAQ, qui était restée complètement muette à ce sujet et surtout au moment où il fallait proposer des amendements au projet de loi sur le REM, complètement muette, se soit réveillée cette semaine. Mieux vaut tard que jamais.

Toute l'année, nous avons fait progresser nos idées sur le nationalisme économique et l'entrepreneuriat. Nous pensons être à la veille de la plus grande vague d'entrepreneuriat de notre histoire, avec 40 % des moins de 35 ans qui pensent se lancer en affaires, et nous voulons être à ce rendez-vous. Avec Alain Therrien, Mireille Jean et Martin Ouellet, trois députés qui ont été entrepreneurs, nous avons lancé l'équipe Priorité PME, rencontré des dizaines de chefs d'entreprise dans tous les secteurs, partout sur le territoire. Nous avons diffusé un bêtisier des aberrations bureaucratiques et nous déposerons un rapport avec des solutions pour mieux soutenir nos PME. J'ai personnellement entamé une tournée des chambres de commerce, une dizaine, maintenant, à Montréal, à Québec, dans les régions, partout. L'accueil est très positif. Nous sommes, le Parti québécois, au diapason des défis économiques du Québec et des régions.

Le Parti québécois s'est engagé à hausser le salaire minimum à 15 $ l'heure d'ici 2022, contrairement à la CAQ et au PLQ, que j'appelle maintenant, pour faire court, le PL-CAQ, tout en étant très sensible, évidemment, aux impacts potentiels auprès des PME, des agriculteurs et des organisations communautaires.

Le Parti québécois a proposé la mise en place d'un seuil garanti de services directs aux élèves en difficulté. Nous avons lancé l'équipe Solidarité en action, qui va à la rencontre des organismes et des groupes afin d'élaborer une politique de lutte contre la pauvreté. Et nous avons annoncé notre intention de rehausser de 180 millions de dollars par année le financement des missions de base de ces milliers d'organisations qui participent à la cohésion sociale du Québec.

Nous avons uni notre voix avec cinq organisations d'aînés, et Harold LeBel et eux proposent des états généraux sur la condition de vie des aînés. Avec Sylvain Gaudreault, après les inondations, nous avons proposé des mesures : créer un programme pour mieux cartographier les limites des zones inondables, la prise en compte du risque d'inondation dans l'aménagement du territoire et la planification urbaine.

Une autre indication de la façon dont on voit la société a été la force avec laquelle nous avons dénoncé les hausses de salaire scandaleuses qui ont été accordées à Bombardier, avec la bénédiction du gouvernement Couillard. Les paradis fiscaux sont également un élément important de notre réflexion et de notre volonté d'action. C'est Nicolas Marceau qui avait demandé le mandat d'initiative il y a deux ans. Nous avons reçu un rapport unanime sur les paradis fiscaux, avec des recommandations qui nous satisfont. Ces recommandations ont été rejetées du revers de la main par le gouvernement. Un gouvernement du Parti québécois va les appliquer.

Dans la crise de l'arrêt Jordan, Véronique Hivon avait un an et demi d'avance sur les autres partis en disant que la crise s'en venait, que des accusés allaient être relâchés. Il a fallu tout ce temps avant de convaincre le gouvernement de réinvestir réellement, mais, malgré tout ce temps et toute la capacité de conviction de Véronique, on n'arrive pas à les convaincre d'appliquer la clause dérogatoire, qui est le seul instrument disponible.

Diane Lamarre a présenté le projet de loi sur le droit à l'oubli, interdisant la discrimination envers les survivants du cancer par des compagnies d'assurance.

Mois de juin, et grâce à l'équipe du Parti québécois et Sylvain Gaudreault, le Mois de l'eau au Québec. On a aussi demandé à la Caisse de dépôt et placement de mettre fin à ses investissements pétroliers et on a indiqué qu'on allait tout faire pour bloquer Énergie Est.

Parce que le droit chèrement acquis de travailler en français est mis en péril par les juges fédéraux et la doctrine du premier ministre Couillard, nous avons déposé, avec Maka Kotto, un projet de loi qui rétablit ce droit. Le premier ministre l'a traité de chiffon, toute cette question linguistique. C'est honteux.

Pendant toute l'année, vous nous avez entendus expliquer comment l'indépendance du Québec serait une solution à nos problèmes immédiats. Dépendant, le Québec est impuissant lorsqu'Ottawa refuse de nommer des juges supplémentaires, lorsqu'il décide de la date à laquelle il faut légaliser la marijuana, lorsqu'il refuse d'investir dans Bombardier, lorsqu'il choisit Toronto pour sa banque d'infrastructure. À chaque occasion, nous avons démontré les avantages de l'indépendance.

Dimanche dernier, comme promis, nous avons commencé à distribuer 50+1 réponses sur l'indépendance, et, toute l'année, notre campagne d'information sur L'Autre 150e anniversaire du Canada, jouit d'un très grand succès sur les réseaux sociaux, à tel point que plus de gens les consultent que le nombre total de gens qui consultent le site francophone et anglophone officiel du 150e.

Alors que le compte à rebours est entamé vers l'élection 2018, le Parti québécois est au rendez-vous des préoccupations des électeurs et des électrices. Nous proposons un gouvernement du nationalisme économique qui défendra ses sièges sociaux, introduira l'achat local, un gouvernement qui donnera la priorité aux PME et à la relève entrepreneuriale. Nous proposons un gouvernement qui pilotera la sortie du pétrole du Québec et créera des emplois verts, de la qualité de vie partout au Québec. Contrairement aux PL-CAQ, qui voient d'un bon oeil un pipeline de pétrole extrême qui traverserait 860 de nos cours d'eau.

Nous proposerons un gouvernement qui croit à l'État et à la nation, qui refuse de les voir s'affaiblir, se privatiser, s'effacer. Ce sera vrai pour les services publics, que nous voulons rendre à tous nos citoyens, avec de vraies solutions en santé, en éducation, en justice. Ce sera vrai aussi pour notre identité, que nous voudrons affirmer clairement avec des règles robustes de notre vivre-ensemble et une volonté nouvelle de réussir l'intégration des Québécois d'adoption.

Respectueux du rythme des Québécois et de la priorité immédiate de mettre fin au régime libéral, nous proposerons un premier mandat de redressement de la nation, des régions, de nos services publics. Nous croyons que, cette étape franchie, les Québécois seront prêts ensuite à se dire pleinement oui. Merci.

Le Modérateur : Merci, M. Lisée. On va passer aux questions. Merci d'avoir une question et une sous-question. M. Laforest, TVA, micro de droite, s'il vous plaît.

M. Laforest (Alain) : M. Lisée, mesdames messieurs, vous êtes fiers.

M. Lisée : On est très fiers de tout ce qu'on a réalisé en équipe pour les Québécois.

M. Laforest (Alain) : Pourquoi le message ne passe pas?

M. Lisée : Je vous le dis aujourd'hui, je vous l'ai dit dimanche dernier, hier, avant-hier, demain, après-demain, nous continuons à être au contact des Québécois et de leur dire : S'il n'y avait pas eu le Parti québécois ces six derniers mois, moins d'aide alimentaire pour des enfants...

M. Laforest (Alain) : Ce n'est pas ça, ma question, M. Lisée. Pourquoi le message ne passe pas?

M. Lisée : Écoutez, moi, mon rôle, c'est d'expliquer ce qu'on fait. Alors, ensuite les gens vont décider. Maintenant, la conclusion que vous tirez m'étonne parce que je sais que vous avez beaucoup d'expérience en politique et que vous savez que les choses peuvent changer rapidement. Moi, je suis confiant que nous sommes au contact de la population directement, dans nos comtés, dans les réseaux. Les agriculteurs savent ce qu'on a fait pour eux. Les aînés savent ce qu'on a fait pour eux. Dans l'éducation, ils savent ce qu'on a fait pour eux. Dans les tournées que l'on fait, que ce soit pour les PME, les chambres de commerce, les organisations communautaires, ils voient qu'on est au diapason. On est en train de poser les bases de notre victoire électorale de l'an prochain.

M. Laforest (Alain) : En octobre 2018, parce que vous nous avez donné les mois de l'année, là, faisons un saut dans le temps, c'est l'élection. Est-ce que le virage vert et le nationalisme économique, ce sera suffisant pour convaincre les Québécois?

M. Lisée : Bien, moi, je pense que les Québécois veulent un gouvernement qui va s'occuper de plusieurs choses, et on leur dit plusieurs choses essentielles. On leur dit que, nous, c'est le nationalisme économique, c'est une société plus environnementale et non Énergie Est. On leur dit qu'on croit à la nation et aux services publics. D'autres vont proposer des privatisations, une réduction de l'État. Nous, on ne croit pas à ça. Nous, on croit à des services publics plus efficaces pour nos enfants, pour nos aînés. On sait qu'il y a de plus en plus d'enfants en difficulté. Il y a de plus en plus d'aînés qui ont besoin de services et de soins à domicile.

Alors, nous, on veut garder la capacité de l'État à bien donner ses services. Les autres vont vouloir réduire la capacité de l'État. Nous, on croit à la capacité de l'État. On croit à la nation, on croit à l'affirmation de notre identité. On propose d'inscrire ça dans une constitution interne, mais on croit aussi que les libéraux ont failli, et la CAQ ne s'intéresse pas au succès des Québécois d'adoption, et nous, on veut conduire les Québécois vers l'indépendance dans un deuxième mandat et on n'arrêtera pas de le dire.

Alors, on a l'impression et on a la certitude que, sur tous ces sujets-là, qu'on va marteler l'un après l'autre puis on va revenir... ce n'est pas parce que j'ai parlé de nationalisme économique en janvier, puis que j'ai fait un discours sur l'environnement en juin, puis que peut-être que la prochaine fois je vais parler surtout de santé et d'éducation qu'on change d'avis à chaque fois. On additionne sur chacun de nos tests.

Par exemple, vous savez tous que la tournée Priorité PME, elle a commencé en début d'année. Mais là que je ne vois personne dire : Ils prennent le virage entrepreneurial. On le fait depuis le début. Et plus on va aller vers l'élection, plus ça va être clair que nous sommes le parti de la relève entrepreneuriale. Ça fait partie de ce qui est le plus inspirant. D'une part, il faut réparer en éducation, en santé, les dégâts des libéraux. On veut mieux affirmer notre existence nationale, notre langue et notre culture parce que c'est affaibli par les libéraux, mais ce qui est le phénomène le plus inspirant pour construire, pour aller de l'avant, c'est le fait que, partout au Québec, des jeunes veulent se lancer en affaires puis en affaires vertes, la plupart du temps, et dans leurs régions.

Alors, ces éléments-là, ils vont tous être là à l'élection. Et, quand on sera à l'élection, on va présenter sur ces traces-là des idées encore plus fortes pour aller encore plus loin. Mais je n'accepte pas qu'on essaie de nous catégoriser sur une seule note. On joue sur la gamme des besoins des Québécois, et les Québécois ont des besoins en santé, en éducation, en justice, en identité, en économie, en région. Et on est présents à chacun de ces défis-là.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche, M. Boivin.

M. Boily (Simon) : Bonjour, M. Lisée. Mais, justement, là-dessus, est-ce qu'à s'éparpiller, disons, sur différents sujets vous ne donnez pas raison à ceux qui jugent que le PQ a perdu un peu de son identité depuis que l'échéance référendaire a été repoussée et que les Québécois ont de la misère à savoir, bien, le PQ, c'est le parti de quoi?

M. Lisée : Sur ce, je vous réponds : Le Parti québécois, depuis sa création, on croit à l'État, on croit à la nation. On a inventé le ministère de l'Environnement, on croit à l'écologie, on continue sur nos valeurs. On croit au libre-échange. Pour répondre à la question de M. Couillard aujourd'hui, oui, on croit au libre-échange, mais pas à n'importe quel prix puis surtout pas en gaspillant notre rapport de force avec Ottawa, qui nuit à notre agriculture.

Alors, oui, on a des valeurs qui sont fermes. On les applique. On n'est pas dans la caricature, hein? J'ai dit à M. Couillard aujourd'hui, là : Vous êtes George W. Bush. Vous êtes avec moi ou contre moi. Le Parti québécois n'a jamais été dans la caricature. Nous sommes toujours pragmatiques. On est des progressistes pragmatiques. On prend chaque question, on donne la meilleure réponse possible. Et on pense que les Québécois sont là. Ils ne sont pas dans la démagogie, et dans l'extrême, et dans la caricature, ils sont dans le pragmatisme. Et j'ai la conviction absolue que l'équipe qui est derrière moi et autour de moi, qui a réalisé tous ces gains et fait toutes ces propositions, est parfaitement en phase avec les besoins actuels du Québec.

M. Boivin (Simon) : Mon autre question est de savoir, bon, on sait que vous dites qu'il fallait le faire et que vous êtes bien content de l'avoir fait, mais est-ce qu'au regard des négociations avortées avec Québec solidaire et au vu de l'état des relations du Parti québécois avec Québec solidaire aujourd'hui cette tentative de rapprochement électoral là avec Québec solidaire a fait plus de mal que de bien au mouvement souverainiste dans son ensemble?

M. Lisée : Moi, je pense qu'à la fin elle va plus de bien parce qu'elle donne un signal clair de rassemblement de tous les progressistes autour du Parti québécois, parce qu'on s'est défini, là. La personnalité du Parti québécois et de Québec solidaire s'est révélée à travers cet épisode-là pour longtemps. Et ce n'est pas pour rien qu'on a des anciens candidats de Québec solidaire, des électeurs de Québec solidaire, des militants de Québec solidaire qui se présentent à nos assemblées locales, qui prennent leur carte de membre ou qui rejettent leur carte de membre de QS et ils viennent chez nous.

Les gens se sont rendu compte que, lorsqu'il y avait un moment où il fallait être pragmatique, ceux qui ont été pragmatiques, c'est nous. Ceux qui ont refusé le pragmatisme, c'est eux. Et je ne veux pas leur enlever quelque valeur aux convictions qui sont les leurs, mais le premier ministre, encore aujourd'hui, n'arrête pas de faire la promotion de Québec solidaire. Pourquoi? Bien, parce qu'il veut s'en servir comme marchepied vers le pouvoir. Je veux dire, les libéraux ont compris ça. Et je pense que beaucoup d'électeurs de Québec solidaire, dont 87 % étaient pragmatiques, comprennent ça aussi et vont nous rejoindre dans les mois et... jusqu'à l'élection.

Le Modérateur : Merci. M. Bellerose, micro de droite.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. Lisée. Ce matin, François Legault a affirmé qu'il se préparait à des élections anticipées dès le 15 août. Bon, on sait que M. Couillard a fermé la porte, mais la politique, ça évolue assez rapidement. Est-ce que vous vous préparez aussi pour des élections anticipées pour la fin de l'été, l'automne prochain?

M. Lisée : Nous on est prêts à tous les scénarios. Si les libéraux nous font une surprise, de considérer qu'ils n'ont plus la capacité de gouverner ou qu'il n'y a pas assez de bons députés qui restent pour faire un remaniement qui a de l'allure, je ne sais pas quelle serait la raison pour laquelle ils iraient en élections, nous, nous serons prêts.

Mais je vais vous dire quelque chose. Autant on est pressés de débarrasser le Québec de ce régime libéral qui a été si mauvais pour la nation, pour l'État, pour notre réputation, pour notre rapport de force avec Ottawa, qui est déplorable, autant on est respectueux d'une loi qui dit qu'on a des élections à date fixe. Et nous savons, parce que nous l'avons expérimenté nous-mêmes, que cette loi que nous avons proposée, que les libéraux ont votée, les Québécois y tiennent énormément. Et donc, si le premier ministre veut prendre le risque de choquer les Québécois en déclenchant une élection parce qu'il n'est plus capable de gouverner, bien, il aura à payer le prix de l'irrespect de cette loi que nous avons proposée et que nous allons respecter.

M. Bellerose (Patrick) : L'étude du projet n° 62 va commencer au mois d'août. Il y a la commission sur la société mixte aussi qui va débuter à l'automne. Avez-vous l'impression que la question de l'identité va être un enjeu préélectoral?

M. Lisée : C'est clair que les libéraux vont présenter ce thème par le siège, de la pire façon possible, O.K.? La meilleure façon possible de gérer ce problème réel et délicat, c'était de saisir la main que je lui ai tendue après l'attentat de la mosquée et de voter, dans cette session, les deux lois qui auraient été les piliers de la cohésion et de l'inclusion. C'était ça. Il a décidé d'instrumentaliser ce sujet-là, de faire un procès aux Québécois en discrimination et en racisme, alors que nous n'avons pas arrêté, Carole et moi, de dire : Bien, écoutez, on pourrait immédiatement faire des C.V. anonymes, comme le gouvernement Trudeau puis le gouvernement britannique. Il ne veut pas. On pourrait immédiatement rendre l'intégration en emploi plus facile en disant aux employeurs de ne pas exiger une expérience locale de quelqu'un qui a travaillé 15 ans dans son pays. Il refuse. Alors, on voit la stratégie de M. Couillard, c'est de laisser pourrir le problème pour essayer de diviser, de diviser clairement.

M. Bellerose (Patrick) : À son avantage.

M. Lisée : Et sur 62... Et moi, je pense que ça ne marchera pas parce qu'il y a de plus en plus de gens, parmi les Québécois d'adoption, qui commencent à comprendre qu'ils sont des pions dans le jeu libéral et que, si les libéraux avaient voulu améliorer leur condition, ils ont eu 12 ans pour le faire, et ils ne l'ont pas fait.

Lorsque moi, j'étais ministre du Commerce extérieur et des Relations internationales, on avait commencé à cibler des gens en Tunisie, au gouvernement, Maroc et Algérie, pour des négociations de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles. J'ai encore parlé à un diplomate tunisien il y a quelques semaines, rien n'a été fait, rien n'a été fait.

Alors, ce ne sont que des paroles libérales pour la diversité, ce n'est pas de l'action, et je pense que ça commence à se savoir.

Le Modérateur : Merci. M. Dion.

M. Bellerose (Patrick) : La question était : Est-ce que vous y voyez un calendrier préélectoral?

M. Lisée : Moi, écoutez, les stratégies de M. Couillard pour faire pourrir les problèmes sont les siennes. Nous, on va continuer à défendre à la fois l'identité du Québec et l'inclusion des Québécois d'adoption.

Le Modérateur : Merci. M. Dion, micro de gauche.

M. Dion (Mathieu) : Vous avez nommé beaucoup de bons coups de vos députés. Vous avez parlé au «nous». Ce serait quoi, le «moi, Jean-François Lisée, j'ai fait ça»?

M. Lisée : De mes bons coups ou mes mauvais coups?

M. Dion (Mathieu) : Vous. Moi, Jean-François Lisée... Vous avez dit : Alexandre Cloutier a fait ceci, Véronique Hivon a fait cela. Vous, moi, Jean-François Lisée, a fait quoi?

M. Lisée : Oui. J'ai fait exprès de mettre en lumière l'extraordinaire qualité de mon équipe. Peut-être qu'il y en a d'autres, dans d'autres partis, qui auraient eu de la difficulté à faire ça. Mais moi, comme le temps était limité, j'en ai pris quand même pas mal. J'avais trop de choses de bien à dire sur ce qu'a fait chacune de ces personnes pour avoir du temps pour dire ce que moi, j'ai trouvé que j'ai fait de bien. Mais je vous dirai quand même que, sur l'ensemble de l'étape, le moment où j'ai voulu élever le débat pour essayer de faire ces deux projets de loi sur l'identité puis sur l'inclusion des immigrants, c'est le moment dont je suis le plus fier parce que, si j'avais été premier ministre, c'est ça que j'aurais fait : saisir un moment de grâce dans la société québécoise où il y a de l'écoute, où il y a de l'empathie, où il y a une capacité d'avoir une décision unanime de l'Assemblée nationale. C'est, entre autres, pour ça que je suis venu en politique, pour faire progresser et rassembler toute la nation. Et c'est une occasion pour moi. Lorsqu'on écrira l'histoire triste des années Couillard, on montrera ce moment-là où il a manqué une occasion en or de faire le bien commun. Et puis, pour moi, ce n'était pas un gain politique qu'on allait faire, ça. Si le premier ministre acceptait, c'était lui le héros, O.K.? Moi, j'étais prêt à ça parce que c'était bon pour le Québec.

M. Dion (Mathieu) : Ça, c'est vous qui l'avez fait.

M. Lisée : Moi, j'ai proposé, il a refusé. Mais, s'il avait accepté notre proposition, et même François Legault, dans un moment de lucidité, avait accepté aussi, du moins, pour le projet de loi sur l'identité, il n'a jamais parlé d'intégration, peut-être qu'il aurait voté contre, mais, en tout cas, on aurait été majoritaires, mais, si on pense juste en termes de gains politiques, pour le premier ministre Couillard, accepter notre proposition, avoir des votes unanimes à l'Assemblée sur l'identité puis sur l'intégration, ça aurait été un des grands moments de sa vie politique à lui. Mais, moi, ça ne me dérangeait pas que lui soit un héros si ça faisait avancer le Québec, vous comprenez?

Le Modérateur : Merci.

M. Dion (Mathieu) : Il y avait beaucoup d'attentes à votre égard. Est-ce que vous avez été à la hauteur des attentes ou vous avez aujourd'hui quelques regrets quand vous regardez les derniers mois?

M. Lisée : Écoutez, ça, c'est à vous de le dire. Je vais vous laisser faire le score.

Le Modérateur : Merci. M. Chouinard, micro de droite.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour. Il y a un peu une règle non officielle, qui se vérifie assez souvent, qu'en règle générale plus le préambule d'un chef de parti est long lors du bilan de la session parlementaire, plus ça démontre qu'il cherche à combattre une perception négative à son sujet ou à l'endroit de sa formation. Est-ce que vous considérez que vous avez été passablement occupé aussi, au cours de la dernière session parlementaire, par des problèmes que je vais qualifier de régie interne?

M. Lisée : Non, pas du tout. D'ailleurs, ce que je vous dis, c'est que...

M. Bérubé : ...

M. Lisée : Quoi?

M. Bérubé : Que tu as gagné 45...

M. Lisée : Oui, non. Ça, ce n'est pas un bon argument. Écoutez, mon problème aujourd'hui, c'était de synthétiser tout ce que les élus du Parti québécois ont fait de bon pour les citoyens. C'est ça qui me préoccupe. Je veux dire, on fait un bilan. Donc, moi, j'ai joué le livre. J'ai dit : On fait un bilan, on fait un bilan. Qu'est-ce qu'on a fait pour les citoyens? J'ai fait ça. Je n'ai pas dit, comme d'autres : Bien là, je commence à penser à quel tableau je vais mettre, changer les rideaux à l'édifice Price, puis je me vois déjà là. Non. Ce n'est pas ça. Moi, j'ai compris qu'on faisait un bilan de ce qu'on a fait ces derniers mois. Puis on est tellement contents de tout ce qu'on a fait pour les Québécois que c'est ça que je viens vous livrer.

M. Chouinard (Tommy) : Puis les problèmes de régie interne?

M. Lisée : Je n'ai pas vu, moi... Ça va bien, hein?

Des voix : Oui!

M. Lisée : Avez-vous des problèmes? Non, non. Écoutez, moi, je peux vous parler de régie interne. On a 12 500 nouveaux membres depuis un an, alors que les libéraux ont vu la disparition de dizaines de milliers de membres. La CAQ est passée de 22 000 à 11 000 membres. On a plus de gens que jamais sur nos réseaux sociaux. On a ramassé plus d'argent de financement populaire que tous les autres partis réunis. On a eu un conseil national où... On me disait toujours : Ah! le Parti québécois, c'est un parti de vieux. On a juste des têtes blanches. Bien, dimanche dernier, il y avait la moitié de moins de 40 ans puis la moitié de plus de 40 ans, une régénération fantastique. Ça va beaucoup plus vite que je pensais.

M. Chouinard (Tommy) : Mais tout ça ne se traduit pas vraiment dans les intentions de vote. Qu'est-ce que vous allez faire pour que... Est-ce que le Parti québécois va être capable de rebondir?

M. Lisée : Oui, bien sûr. Étiez-vous là dans les épisodes précédents, dans tous les épisodes précédents où on disait que le Parti québécois était mort? Vous êtes peut-être trop jeune pour ça, là. Mais, à un an de l'élection de Pauline Marois, vos collègues avaient un «pool» sur le nombre de jours avant qu'elle démissionne. Alors, je sais que vous n'êtes pas des caves, hein? Moi, je le sais, ça, je le sais, O.K., mais c'est clair pour moi que...

Bien, regardons les partielles, les partielles. Dans les 14 partielles qui ont eu lieu depuis le début de ce mandat, ce qui est beaucoup trop, la CAQ a perdu des points dans 10 des cas, le PLQ a perdu des points dans 10 des cas, le PQ a progressé dans 9 des cas sur 13, parce qu'on n'était pas dans Gouin. Et la dernière fois qu'on a eu des partielles, en décembre, le PQ a pris 6 points, les libéraux ont perdu 9 points et la CAQ a stagné. Alors tu sais, pour... Je veux dire, ça, c'est la réalité du vote. Et je sais qu'il y a un genre de climat général que ça ne peut pas aller bien, mais, quand on regarde les chiffres de membership, de financement, de votes aux partielles, le parti qui progresse le plus, c'est le Parti québécois.

Alors, pour la suite, on verra aux élections. Et ceux qui ont suivi les élections américaines, ontariennes, canadiennes, françaises, britanniques, britanniques, savent que de dire un an et demi avant l'élection : C'est fini, ils se sont trompés à chaque fois. Merci.

M. Chouinard (Tommy) : J'ai une dernière question.

Le Modérateur : Merci. Mme Sioui, ensuite.

M. Chouinard (Tommy) : M. Legault disait tout à l'heure que son seul adversaire, c'est le Parti libéral.

M. Lisée : Moi, je pense que son seul adversaire, c'est François Legault. Franchement, là.

M. Chouinard (Tommy) : Pourquoi?

M. Lisée : Bien, parce qu'il n'arrête pas... D'abord, je suis d'accord avec le premier ministre, il est marabout. Il est marabout. Deuxièmement, son parti est en très mauvaise posture. Quand on dit que Québec solidaire ramasse trois fois plus d'argent que la CAQ, c'est quand même spectaculaire. Quand on dit qu'il disait, là, que son gros test de leadership, c'était de gagner Saint-Jérôme. Bien, on a doublé notre avance sur la CAQ dans Saint-Jérôme.

Ça veut dire que c'est vrai qu'il gagne une couple de sondages, mais dans le réel, dans le membership, dans l'organisation, dans les partielles, avoir reculé sur 10 partielles sur 14 depuis 2014, ça ne va pas bien, là. Et puis ah! oui, le nombre de députés péquistes qu'il était censé recruter, avez-vous suivi ça un peu?

Le Modérateur : Merci. Mme Sioui, micro de gauche.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à tous. Bonjour, M. Lisée. Les derniers mois ont été difficiles pour le gouvernement Couillard, qui a navigué de crise en crise. En parallèle, la CAQ vous a dépassé dans les sondages. Aujourd'hui, M. Couillard, dans son bilan, a parlé de M. Legault, mais pas de vous. Donc, on comprend que c'est lui qu'il voit comme un adversaire. Comment vous expliquez que le PQ n'ait pas su tirer son épingle du jeu dans un contexte où le gouvernement était en crise?

M. Lisée : Il y a eu, depuis les deux sondages auxquels vous faites référence, une élection partielle dans Gouin. Le Parti québécois n'avait pas de candidat. Donc, la CAQ, bien qu'elle n'était pas très populaire à Montréal... d'ailleurs, le chef de la CAQ l'a dit, là, pour les caquistes, Montréal, c'est comme l'Indonésie. L'Indonésie, c'est de la petite bière par rapport à Montréal pour des caquistes. Alors, on voit, c'est un genre de mépris à la fois des caquistes du reste du Québec, et de ceux qui restent à Montréal, et un peu de... oui, un peu de mépris pour l'Indonésie. Mais, en tout cas, on lui laisse ça. Mais quel a été le gain de la CAQ auprès des électeurs de Gouin? Ils ont perdu deux points de pourcentage. Personne n'a relevé que la CAQ, sans adversaire péquiste, a perdu deux points de pourcentage dans Gouin. Alors, tu sais, je comprends, là, qu'il y a cette idée toute faite, il y a eu deux sondages, mais ce n'est pas la réalité du terrain. Je vous appelle à regarder la réalité du terrain.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais, M. Lisée, dans ce cas-là, on va pouvoir mesurer la popularité du PQ avec la seule élection partielle dans Louis-Hébert, par exemple? Vous accordez plus de crédibilité à une seule élection dans un comté solidaire qu'à des sondages?

M. Lisée : Alors, au moment où la CAQ était censée avoir le vent dans les voiles, ils n'ont même pas réussi à avoir autant de votes qu'à l'élection précédente. Ça, ça dit quelque chose. Et je vous dis : Regardez l'ensemble de l'oeuvre. Sur les 14 partielles, ils ont baissé dans 10, je ne compte même pas celles où ils ont stagné, je pense que c'est deux ou trois autres. Ils ont baissé dans 10. Alors, oui, nous, dans la région de Québec, à chaque partielle, on a progressé. On a progressé dans Jean-Talon, on a progressé dans Chauveau, on a progressé partout où on est allés dans neuf cas sur 13.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais vous n'avez pas gagné.

M. Lisée : Regardez, regardez, on a gagné Saint-Jérôme, Marie-Victorin, mais, regardez, regardez, les libéraux ont perdu neuf points dans les quatre dernières partielles, ils n'ont pas perdu le pouvoir, O.K.? Ce sont des images d'étape.

Alors, lorsque vous essayez de dire : Ça va donc bien bien à la CAQ, je dis : C'est vrai qu'il y a eu deux bons sondages. Mais pourquoi est-ce qu'ils baissent dans les partielles, y compris dans une partielle tenue au moment où il y avait un bon sondage et où il n'y avait pas leur adversaire péquiste? Moi, je pense que ça ne va pas bien. Je pense que c'est une vue de l'esprit. Je pense que ces sondages ne reflètent pas le fait que... puis c'est mon opinion, puis on le verra à l'élection, on le verra à l'élection. Mais moi, j'ai l'absolue conviction que, lorsqu'on propose, dans la santé, de geler la rémunération des médecins puis de faire un big bang dans les actes cliniques, on est exactement là où il faut être pour le bien commun du Québec. Et ce qu'on dit en éducation, puis ce qu'on dit sur les paradis fiscaux, puis ce qu'on dit sur Énergie Est puis sur tous ces sujets importants de la prochaine campagne électorale, on est exactement là où le besoin du Québec se trouve, et c'est pour ça qu'on va trouver une majorité à l'élection 2018. C'est une prédiction, elle en vaut d'autres, mais ça explique pourquoi je suis confiant.

Le Modérateur : Merci. On va aller avec M. Bovet ensuite. Dernière, Mme Sioui.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bien, tout ça, c'était... je vais être très rapide.

Le Modérateur : Dernière. Ensuite, M. Bovet, s'il vous plaît.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Vous avez beaucoup parlé de pragmatisme aujourd'hui. Est-ce que votre pragmatisme personnel ou de parti peut nuire à votre charisme?

M. Lisée : Ça, franchement, je vous laisse ça, je vous laisse ça. Écoutez, il y a des grands pragmatiques qui avaient beaucoup de charisme, il y en a d'autres qui n'en avaient pas. Je suis vraiment la pire personne pour évaluer ma performance là-dessus.

Le Modérateur : Merci. Je crois qu'on est à la dernière en français. M. Bovet, Radio-Canada.

M. Bovet (Sébastien) : Bonjour, mesdames, bonjour, messieurs. M. Lisée, bonjour. Votre proposition de reporter à 2022 ou au-delà de 2022 l'éventuelle tenue d'un référendum a séduit les militants du Parti québécois. C'est devenu, si je comprends bien, la décision du parti aussi depuis que vous êtes devenu chef. Est-ce qu'avec le recul et depuis que vous êtes chef vous estimez qu'il y a des effets collatéraux négatifs à cette décision-là ou que c'est encore une des meilleures décisions politiques que vous ayez prises?

M. Lisée : C'est une excellente décision politique parce qu'elle est en phase avec les besoins et le rythme des Québécois, et c'est la meilleure façon de se rendre à l'indépendance. Et c'est clair que… Vous avez vu, là, le premier ministre n'a pas l'air à comprendre que, des fois, on parle d'indépendance, alors qu'il n'y aura pas de référendum. Bien oui! Les gens savent faire la différence entre l'objectif indépendantiste et la tenue d'un référendum. Puis ils savent que, bien, la coupe Stanley, ça ne se gagne pas dans les quarts de finale, ça se gagne à la finale. Et donc, oui, on va continuer à parler d'indépendance constamment parce qu'on veut plus d'indépendantistes en 2018 pour chasser les libéraux. On en veut encore plus en 2022 puis encore plus pour le référendum.

Mais on sait que les Québécois comprennent parfaitement que nous sommes non seulement francs et honnêtes en disant : Nous sommes des indépendantistes, nous essayons de vous convaincre de le devenir, et plein d'éléments d'actualité apportent de l'eau à notre moulin, mais ils savent aussi qu'on tient parole, et, quand on dit qu'il n'y aura pas de référendum dans le premier mandat, il n'y en aura pas. Puis on tient parole en disant qu'en 2022 on va vous demander ce mandat-là. Et on en parlera beaucoup en 2022 parce que ce sera l'enjeu de l'élection.

M. Bovet (Sébastien) : Alors, je vous soumets une hypothèse d'effet collatéral négatif. C'est que : Est-ce que ça n'a pas mis sur la glace un point de référence important pour l'électeur québécois, la tenue d'un référendum, et brisé une partie de l'identité du PQ?

M. Lisée : Écoutez, on verra le 1er octobre 2018, mais je vous rappellerai que, lorsque René Lévesque a promis, en 1981, de ne pas tenir de référendum, il a eu 49 % du vote. Alors, toutes les…

M. Bovet (Sébastien) : Oui, mais il sortait d'un référendum, par contre.

M. Lisée : …toutes les conjonctures sont différentes, toutes les conjonctures sont différentes. Et l'hypothèse inverse est tout à fait possible. Moi, je pose l'hypothèse qu'il y a encore un pan de l'électorat… Bien qu'on ait gagné la guerre de la crédibilité sur le fait qu'on n'aura pas de référendum dans le premier mandat, ce qui n'était pas évident il y a six mois, on a gagné cette guerre de crédibilité, il y a encore une partie de l'électorat qui n'a pas intégré complètement ça parce qu'ils ne s'intéressent pas à la politique avant le moment de l'élection et qu'il y a donc des gains supplémentaires à faire, au moment de l'élection, sur le fait que nous n'avons qu'une parole à ce sujet.

M. Bovet (Sébastien) : Merci.

Le Modérateur : Dernière en français. Mme Blais, micro de droite.

Mme Blais (Annabelle) : Bonjour, M. Lisée. Je voudrais vous entendre sur l'intégrité. Dans les derniers mois, il y a eu des révélations qui ont été faites sur le Parti libéral. Jusqu'à quel point, au PQ, vous êtes à l'aise de nager dans ces questions-là, sachant que vous avez aussi perdu un député pour ces questions-là?

M. Lisée : Oui. Alors, moi, je suis très, très à l'aise parce que ce qu'on a vu en particulier, c'est le premier ministre être venu vous voir en point de presse et répondre à la question : Est-ce que vous avez eu des rapports avec Marc-Yvan Côté quand vous n'étiez pas en politique et ne pas vous dire la vérité. Le premier ministre a manqué à un test très facile d'intégrité, qui était celui-là. Il n'y a rien de ça de notre côté. On a eu un député qui a admis qu'il y a plusieurs années, avant d'être député, il a été imprudent, n'a eu aucun gain personnel, avait dit la vérité, mais il ne l'avait pas dit au Parti québécois, s'est excusé et a été sanctionné.

Alors, moi, là, je veux dire, nous, on a placé une barre éthique qui est très claire, qui est même reconnue par la personne, qui a accepté... qui a commis un tort avant qu'il ne soit au Parti québécois et qui a été suspendu. Alors, le Parti québécois, qui a voté les lois les plus fermes sur l'intégrité, lorsqu'on était au pouvoir, sur le financement des partis politiques nationaux, municipaux, faire en sorte que des maires qui sont pris dans des cas de fraude puissent être retirés de leurs fonctions, obliger toutes les compagnies à avoir un certificat d'intégrité pour faire affaire avec le service public, ça prenait un cran énorme pour faire ça. Nous l'avons eu.

Et donc moi, je suis très fier de la capacité qu'a le Parti québécois de nettoyer les écuries à chaque fois qu'on passe derrière les libéraux. Et je n'en reviens pas que les libéraux, aujourd'hui, ne veuillent pas continuer ce qu'on avait promis sur l'intégrité dans les contrats, à baisser jusqu'à 100 000 $ le seuil des contrats pour lesquels ça prend un certificat de l'AMF, ce qui pose un problème pour des constructions qui sont faites ici même, autour du temple de la démocratie.

Mme Blais (Annabelle) : Mais pourtant, comme le soulignait ma collègue, vous n'avez pas pu profiter de la crise... bien, de la crise de l'intégrité au Parti libéral. Est-ce que ce n'est pas parce que, dans la tête des gens, PQ, PLQ, c'est deux vieux partis corrompus?

M. Lisée : Écoutez, je ne sais pas si vous étiez là lors de la dernière fois où des électeurs ont voté, mais c'était début décembre. Les libéraux ont perdu neuf points, nous avons pris six points. Alors, je pense que nous profitons.

Le Modérateur : Merci. Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Lisée. Good afternoon, everyone. Mr. Lisée, earlier this week, twice, when I asked you questions about the Liberal Government and their seemingly sudden concern for the English-speaking community in Québec, you said that it was the Liberal Government that actually created some of the problems, and therefore the Premier has no credibility on the issue. And you pointed out that he refused repeatedly to have a minister responsible for Anglophone Affairs, as you were. Well, now, he has opened the door to it. Why do you think this is happening?

M. Lisée : Well, I think that he now sees that he really weakened the… He's beginning to realize that Anglos in Québec are angry at the Liberal Government, and are fed up of being taken for granted, and are fed up of crumps. And we see that. He gave two interviews to The Gazette, one last year, when he admitted having lost contact with the Anglos, and one this week where he readmits having lost contact with Anglos. How many years will The Gazette run the very same interview? No criticism intended for you Phil. You did the best you could. I mean that just the subject was not very good. But really, you know, now, he's…

Une voix :

M. Lisée : No. You can very well say that, but I couldn't possibly comment. Yeah. So really, he squandered his reputation towards the Anglos. And I'm telling Anglos once more : If you are for an honest, clean government that is progressive, that wants to care about the environment, and help in education, and doesn't want to shrink the State, but really help the people, the Parti québécois is there for you. And I think he talks about Anglos so much in the last few weeks that I think he's very nervous that either we're making inroads or he's losing his voters, and deservedly so.

Mme Johnson (Maya) : Since you brought up The Gazette, I will continue along that path and ask you about a poll, a main street research poll that The Gazette published showing the PQ with only 24 % support compared to 32 % for the CAQ and 31 % for the Liberals, and the fact that, when you were elected as the leader, the PQ described the Liberal Government as inept, unethical, fumbling. I imagine that you would probably continue to use those adjectives.

M. Lisée : I stand by my description.

Mme Johnson (Maya) : So, why is it then that your numbers in the polls aren't stronger?

M. Lisée : Well, you could have asked the same to the Liberal Party in Britain at the beginning of the election. They had no chance of making good figure. And others in the recent elections in the last two years all over the world, voters have demonstrated how independent they are. They're going to make their decision during the campaign and at the ballot box. And so, I'm very confident that we'll get to that. But these same polls taken in the same period of time show that 60 % of Quebeckers want to get rid of the Liberals. 60 %. It's just not dissatisfaction, it's willingness to throw them out. And so, our task is to show these people that the best alternative is the Parti québécois. And we're going to work on that. And I'm confident. Merci.

Mme Johnson (Maya) : Do you feel like you're making inroads with the anglophone community? What's your sense on the ground?

M. Lisée : We'll see, we'll see. Work in progress.

Mme Johnson (Maya) : Merci.

Le Modérateur : Mr. Hicks, CBC.

M. Hicks (Ryan) : Ryan Hicks, CBC News. Are you ready for an early election? How are you getting ready on the ground?

M. Lisée : Well, we're as ready as the Liberals. I mean, they had one candidate nominated, Philippe Couillard. Maybe he knows something that the other candidates don't. And so, if there were a call for an early election, all parties would rush to have their candidates. I mean, we are already, you know, in progress looking at candidates. And, if we had to compress the time, we would do it. If we had to be ready, we would do it. But the same problem goes with the Liberals.

The other problem is that a lot of organizers are working on the municipal election that will be held on November 5th. So, that's the problem for them, and for us, and for everyone else. But, if the Premier decides that he wants to feel the wrath of the electorate, which is very endeared to the idea of fixed election dates, we'll go with him and we'll share the wrath of the people against him.

M. Hicks (Ryan) : Electoral convergence with Québec solidaire is dead. I want to know why does the PQ keep coming out sometimes doing joint news conferences with QS if you need to kind of split away from them.

M. Lisée : I think we did once since then.

M. Hicks (Ryan) : Are you going to keep doing that or less and less, maybe?

M. Lisée : Well, you know, their decision to be sectarian and to look inward is not an inducement to work with them on these splits.

Le Modérateur : Merci. Mme Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : I just want to clarify, you said that the Liberals have begun to realize that Anglophones are angry, and Mr. Couillard seems to think that he's maybe losing Anglophones voters. Are you saying that these recent announcements that they have been making about Anglophones Affairs in the office, and everything like that, is really just part of their electoral strategy?

M. Lisée : I'm sure. If they were really sincere about this, they would have done it three years ago. You know, when you really care about something, you do it on the first year of your mandate and you give the signals. But not only did he resist all of this, but he worked to dismantle the hold of the anglo community on hospitals and on school boards. And so, now he realizes and it's clear in his interviews, you know : I understand that the Anglos don't like to be taken for granted. Now, he heard that. And I'm sure that people are saying : Well, maybe a number of Anglos will just stay home at the election, maybe not vote PQ, but stay home, and that would have an impact on the election. I think he's beginning to feel that he's taken the Anglos vote and the non-francophone vote at large as taken for granted, and it's not going as well as he thought.

Mme Fletcher (Raquel) : So, if he…

Le Modérateur : Dernière, s'il vous plaît.

Mme Fletcher (Raquel) : ...continues to... Just one more question. If he continues to change his mind, he's… you know, he's flooding things out, like maybe he'll make a cabinet minister, there's other things that he's kind of suggested, maybe he'll give another week of vacation, maybe he'll give tax cuts. If, next year, he offers a bunch of gifts in the budget, how will that impact your ability, for the PQ, to campaign in the next election? Voters, sometimes, have short memories.

M. Lisée : When you kept asking your significant other to change, and he just decides to change the day you're leaving, sometimes, it doesn't work.

Mme Fletcher (Raquel) : Merci.

M. Croteau (Martin) : M. Lisée, peut-être juste une dernière question en français...

Le Modérateur : Comme cadeau de fin de session, M. Croteau?

M. Croteau (Martin) : Cadeau de fin de session, merci.

Le Modérateur : Allons-y pour une question, s'il vous plaît.

M. Lisée : Seulement si elle est facile.

M. Croteau (Martin) : Très rapide. M. Charest estime avoir été lésé parce qu'il n'a pas eu l'opportunité de témoigner devant la commission Charbonneau. M. Legault estime que c'est une erreur de la commission de ne pas lui avoir donné l'opportunité de témoigner. Vous, qu'en pensez-vous?

M. Lisée : Bien, moi, je pense que c'est une erreur, une autre faute de jugement de François Legault. La question de savoir si M. Charest devait témoigner publiquement ou non à la commission Charbonneau a été prise par des commissaires se disant : Est-ce que ça va aider ou nuire à l'enquête de l'UPAC? Alors, nous ne saurons la réponse à cette question que lorsque des accusations seront déposées, si c'est le cas, contre M. Charest.

Alors, de prendre la pose un peu démagogique de M. Legault aujourd'hui et de dire : C'était une erreur de la commission, c'est irresponsable. On ne le saura qu'à la fin du processus d'enquête de l'UPAC. Dans l'hypothèse où l'UPAC dit : Bien, finalement, je n'ai pas d'accusation, bien, on dira : Bien, ça aurait quand même été mieux de l'entendre à la commission Charbonneau. S'il y a des accusations et une condamnation, bien, on pourra dire : Bien, heureusement qu'on ne l'a pas entendu à Charbonneau parce que ça aurait pu nuire à la preuve.

Le Modérateur : Merci beaucoup, tout le monde! Merci d'avoir été là. M. Lisée, merci.

(Fin à 14 h 29)

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