(Seize heures)
Mme Robitaille : Je vois qu'il
y a foule. J'ai demandé une interpellation aujourd'hui pour parler à la ministre
des Relations internationales parce qu'à chaque fois que je posais une question
en Chambre c'était... bon, pas à chaque fois, mais souvent, très souvent,
c'était un autre ministre qui se levait pour répondre à sa place. Et je voulais
vraiment avoir son point de vue à savoir où s'en allaient les relations
internationales, le ministère des Relations internationales aujourd'hui, quelle
était sa vision du Québec dans la francophonie, puis pas juste sa vision, mais
concrètement, en fait, parce qu'il y a beaucoup de rhétorique, mais
concrètement on s'en va où.
On nage dans les surplus actuellement, et
je constate qu'au budget il n'y avait pas un mot sur les relations
internationales, sur le ministère des Relations internationales. Et, quand on
regarde dans les livres, on s'aperçoit qu'en fait le budget des relations
internationales a diminué un petit peu — moins d'argent aux
représentations à l'étranger. Donc, et ça, je trouve que c'est en contraste
avec ce qu'on entend, le discours, la rhétorique depuis le début. On dit qu'on
va faire un grand ménage mais qu'on va refaire les relations internationales,
on va continuer à déployer nos efforts partout dans le monde et on va mettre
sur pied un institut de la diplomatie, on va faire toutes sortes de choses.
Mais, quand on regarde les chiffres, on
s'aperçoit qu'on a donné moins qu'on a donné l'an dernier et malgré les surplus
qu'on a en ce moment. Et ça donne l'impression que la ministre a de la
difficulté à s'imposer au sein du cabinet. Peut-être que ce n'est pas une
priorité pour le gouvernement en général, la francophonie, l'international, qui
n'est pas nécessairement, strictement, commercial. Et on sait qu'en bout de
ligne les relations commerciales, les relations économiques prennent de
l'ampleur ou deviennent... sont bénéfiques ou, en tout cas, grandissent, quand,
avec ça, il y a quelque chose de plus, il y a des échanges culturels, il y a
des échanges scientifiques, il y a toute une machine qui fait en sorte que le Québec
rayonne, est actif sur tous les plans.
Alors, ce budget-là nous montre que, bon,
on ne va pas investir nécessairement plus à l'international, on va investir
beaucoup dans Investissement Québec et on va faire un virage économique. Et,
moi, ça m'inquiète, et c'est la question que j'ai posée à la ministre, mais je
n'ai pas eu de réponse : Est-ce que le ministère des Relations
internationales n'est pas mis sous tutelle par le ministère de l'Économie et de
l'innovation? Et c'est la question que je me pose. Parce que, bon, dans les
faits, jusqu'à maintenant, on parle beaucoup d'économie, on parle beaucoup de
commerce, on parle beaucoup de faire des deals, on veut doubler le chiffre
d'affaires avec la France, mais, quand il y a des petits gestes comme, par
exemple, les Jeux de la Francophonie, bien, on ne sent pas le leadership.
Et, j'ai posé la question à la ministre,
et ce que j'ai compris aujourd'hui, c'est qu'elle va s'en tenir à son 17 millions,
là. Parce qu'elle avait promis, il y a un mois, qu'elle mettrait au moins 17 millions.
La ville de Sherbrooke avait dit... parce que, bon, il y a la candidature de la
ville de Sherbrooke que la ministre devait appuyer, là, pour les Jeux de la Francophonie,
en 2021, et donc, 17 millions, on avait dit que ce n'était pas assez. Mais
elle s'en tient à 17 millions.
Est-ce que ça veut dire que finalement... Moi,
ce que j'ai compris, là, de cette interpellation-là, c'est que la CAQ n'est pas
superintéressée par ces Jeux de la Francophonie. Et c'est triste parce que
c'est symbolique et c'est une façon de montrer le leadership du Québec au sein
du Canada pour ce qui est de la Francophonie au sein du Canada, au sein de
l'Amérique, puis sa place aussi à l'extérieur du Canada. On parle pour les
francophones de tout le pays, et il faut se manifester, il faut bouger, il faut
montrer qu'on est plus qu'une simple province comme l'Ontario. Et les Jeux de
la Francophonie, bien, ça nous permettrait justement de montrer qu'on est plus
que ça. Et puis en plus, c'est des retombées économiques considérables pour la
ville de Sherbrooke. Donc, là-dessus, elle ne semble pas bouger.
J'ai demandé aussi si on allait nommer une
émissaire aux droits de la personne bientôt, parce que le poste est vacant. On
ne le sait pas. Émissaire à l'UNESCO, représentante à l'UNESCO; je n'ai pas de
réponse. J'ai posé aussi des questions sur l'image du Québec à l'étranger et qu'est-ce
qu'elle en pense, la ministre. Je n'ai pas eu de réponse non plus.
L'immigration, tout le dossier
d'immigration a fait un mal terrible au Québec à l'étranger. On a une super
réputation, une réputation d'ouverture, d'accueil, et là, en ce moment, avec ce
projet de loi sur l'immigration, eh bien, on a mauvaise presse. Cafouillage du
Québec, nous dit Le Monde et plusieurs grands quotidiens, Le Figaro.
L'AFP a écrit un papier là-dessus, il y a des articles dans des journaux
du monde entier qui parlent du Québec et qui se posent des questions sur cette
idée des 18 000 dossiers qu'on met à la poubelle et qui... Donc,
l'image du Québec est ternie à l'étranger.
Et j'ai soulevé un point à la ministre, je
voulais savoir... Parce que ma collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne, Mme
Anglade, avait soumis une motion en Chambre demandant à la CAQ de retirer cette
idée de mettre à la poubelle 18 000 dossiers, et puis on a voté en
Chambre là-dessus. Et, quand on regarde les transcrits, on s'aperçoit que la
ministre de l'Immigration... pardon, on s'aperçoit que la ministre des
Relations internationales n'a pas pris position, elle n'a pas voté. En fait,
elle a quitté la Chambre avant le vote. Pourquoi? Quelle est sa position
là-dessus? On ne le sait pas. Est-ce qu'elle est contre? Est-ce qu'elle est
pour? C'est quoi, sa position là-dessus? Je lui ai posé la question, à
l'interpellation, je n'ai eu aucune réponse. Et je trouverais ça intéressant de
connaître sa position là-dessus parce que j'avoue que ce doit être difficile à
défendre.
Et, si on veut aller chercher les
meilleurs talents, si on veut aller chercher les meilleurs talents à
l'étranger, bien, ce qui se passe en ce moment, au niveau de l'immigration,
bien, ce n'est pas fantastique. En fait, ça rend la venue ou l'installation au
Québec de gens qui veulent venir ici travailler et devenir citoyens canadiens
compliquée. Donc, je n'ai pas de réponse là-dessus, je ne sais pas ce que la
ministre en pense puis j'aurais aimé ça avoir des nouvelles à cet effet-là.
Donc, une approche très économique.
Évidemment, on est le Parti libéral, évidemment que nous aussi, on prône des
bonnes relations commerciales et que nos représentations à l'étranger veulent
favoriser le commerce au maximum. Mais les relations internationales, ce n'est
pas juste ça. Donc, un virage très économique, puis on dirait qu'on laisse
tomber l'autre pan, très important pour le Québec, des relations
internationales, notre place dans le monde au niveau culturel, et tout ça. Et
je voulais juste m'assurer, moi, que la ministre allait être vigilante puis
allait continuer sur ces voies-là.
Donc, c'était, grosso modo, le résumé que
je fais de cette interpellation. Est-ce que j'oublie des choses? On peut passer
aux questions.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you. You mentioned there is bad press in the fact that the
reputation of Québec has been tarnished because of how the CEQ has handled the
immigration file, essentially. You also mentioned that, this year's budget,
there is less money for international relations than there was last year. Of
course, we couldn't help noticing that there is actually the $730 million
over five years for integration of immigrants, that wasn't mentioned on the
campaign trail. It seems to come out of nowhere. Do you think that that money that
they have now decided to set aside is precisely for that reason, because our
reputation has been tarnished and they're trying to make up for it?
Mme Robitaille :
Are they trying to make up for it? Instinctively, I would say that I don't
think so. I'm not in their shoes, but my impression is that
they refuse to admit that our... My impression is that they will never admit
that our reputation had been tarnished. But our reputation have been tarnished,
and they'll have to deal with it. And what will happen? Maybe there will be... There
will probably be an impact. We'll have to see, it's very soon. But we'll have
to see the impact of that bill on immigration.
Well, how will you go and
get the best of the best when things here are much more complicated than they
are in Toronto, or in Vancouver,
or in New York, or in San
Francisco? So, you know, people
reading these articles in Le
Monde, or Figaro, or in the Washington Post will simply say :
Well, why would I come to Montréal when I could go elsewhere? It's going to be easier, and I'll be
probably more welcome.
So it's going to have an
impact, but I don't think they have planned in their budget to counteract what's going on. They will put more money into immigration, and that's very good, but at
the same time, well, when I'm listening to them, I really don't know... If I'm
listening to them, there won't be a lot of people that they will admit within
the province.
Mme Fletcher (Raquel) : So you think that it's good that they're giving money towards immigration, but the fact remains that the
damage is already done, that people aren't going to come here because they see Québec as, what, what kind of... What are
you're concerned about our reputation, how that's affected our reputation?
Mme Robitaille : Well, I think it's... I'm not talking about refugees or people in
their means... or desperate need of, you know, fleeing their home and everything and have no choice. But, people
who have the choice, I think the danger is that we'll lose them because... We'll
maybe lose even the best elements or we'll lose them because, if you have the
choice between a province where there is a condition over the permanent
residency and another one where it's easy and I have my permanent residency, I
will probably go where it's easier. So, I think that logically it will have an
impact, and less people could come and will probably come. So, we should be
aware of that. But it's still a bill, and there's still hope that the Minister
will change his mind. And I hope so, I hope he will hear reason.
Mme Fletcher (Raquel) : Why do you think that the Minister of International Relations
didn't answer those questions that you posed to her about immigration and
reputation?
Mme Robitaille : I don't know. Maybe she didn't want to answer the question. You
have to ask her. Maybe, if you ask her one on one, maybe you'll have more
success. But I've tried, I've tried also earlier on, and it's Mr. Jolin-Barrette
who stood up. So, I'd like to have her opinion on that. I think it's very
important because she's the Minister of International Relations.
Mme Fletcher (Raquel) : ...think as a government, on the whole, they are listening to the
population's concerns about Bill 9 and how they're dealing with immigration?
Mme Robitaille : Well, I hope, I hope they're hearing the concerns of people in my
constituency. I'm in Montreal North, and there is a lot of immigrants, there's
a lot of people who know people abroad, and they're looking what's going on,
and they don't like that.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you.
Mme Robitaille :
Merci.
(Fin à 16 h 13)