(Onze heures vingt-six minutes)
M.
Bérubé
: Quelques
paroles de sagesse adaptées à la situation actuelle. La CAQ, ayant tourné tout
l'été, se trouva fort dépourvue quand la deuxième vague fut venue. Alors, c'est
ce qui se passe présentement au Québec. On a le pire résultat au Canada. Ce
n'est pas à cause de la semaine de relâche. Il y a de la confusion. Il y a une
perte de contrôle. Et ce n'est pas rassurant pour personne.
Je veux réitérer un certain nombre de nos
positions aujourd'hui. Une commission d'enquête dans les CHSLD, chaque jour, on
va en parler, chaque jour, jusqu'à tant qu'il y ait une commission d'enquête.
Ça s'impose. Les 4 000 décès méritent qu'on investigue là-dessus.
La question des avis, on veut toujours les
obtenir, notamment en restauration. Vous savez que Doug Ford a dit qu'il
voulait voir les avis avant qu'on ferme les restaurants à Toronto. Intéressant.
On n'est pas des proches, Doug Ford et moi, pas comme avec le premier ministre,
mais on pense la même chose là-dessus. Intéressant. Nous aussi, on veut les
avis. D'ailleurs, tout le monde demande ça. Québec solidaire demande ça maintenant,
le Parti libéral aussi. Bien, on veut les avis, notamment dans la restauration…
et puis on la veut pour les gymnases puis on la veut pour tout ce qui a été
annoncé jusqu'à maintenant. Si on veut créer de l'adhésion, il faut partager
l'information.
Code de couleurs. Parlant de Doug Ford,
qui dit vrai? Est-ce que le premier ministre du Québec a vraiment dit au
premier ministre de l'Ontario que le code de couleurs était compliqué puis il
ne fonctionnait pas? Je ne sais pas si quelqu'un de vos collègues peut relancer
M. Ford à Queen's Park pour lui dire que M. Legault a dit qu'il n'avait pas dit
ça. C'est une information qui me préoccupe.
Puis enfin, bien, je le dis depuis le
printemps dernier, avec une certaine constance, qu'est-ce qui relève de la
politique, qu'est-ce qui relève de la Santé publique? Plus ça avance, plus c'est
confus.
Alors, quand on a des résultats comme
ceux-là, je pense que le gouvernement en serait rendu à rendre public les avis
ne serait-ce que pour se protéger de mauvaises décisions qu'il aurait pu
prendre, parce que, si on a un résultat aussi dramatique que celui-là, et que c'est
la Santé publique qui l'a guidé en toutes circonstances, il aurait intérêt à
les exposer. Mais je ne comprends pas pourquoi il s'oppose à ce que tous les
avis de la Santé publique, tous les avis de McKinsey, pour le confinement puis
le déconfinement, ne soient pas accessibles. Ça ne peut pas marcher comme ça.
Et, en l'absence de réponse du gouvernement, bien, les gens vont chercher de
l'information ailleurs. Alors, moi, je pense qu'une des façons de lutter
contre, je dirais, la fausse information, c'est de donner la bonne information.
Il y a un vide, là, qui se crée, et c'est ce qu'on plaide depuis le début.
Un mot avant de donner la parole à mon
collègue leader parlementaire, qui va vous parler de notre motion
d'aujourd'hui, pour indiquer que nos propositions, parfois, trouvent écho, avec
un peu de retard, dans l'action gouvernementale. Alors, vous vous souvenez
de... Il y avait Je contribue, en santé, et on avait proposé une mesure
similaire en éducation. Alors, deux semaines plus tard, le gouvernement adopte
la proposition de notre collègue Véronique Hivon, qui s'appelle Réponds
présent. Bon, ils n'étaient pas là il y a deux semaines, mais là ils sont
présents. Alors, je m'en réjouis. Ça montre tout le travail, tout le sérieux de
l'aile parlementaire du Parti québécois.
Et maintenant, mesdames et messieurs,
Martin Ouellet.
M. Ouellet : Tu es en pleine
forme, chef.
M.
Bérubé
:
Dangereusement en forme.
M. Ouellet : Dangereusement
en forme. Alors, bon matin, tout le monde.
Aujourd'hui, je vais revenir sur la
volonté du gouvernement hier de mettre de l'avant l'application COVID Alert. Et
je veux juste rappeler ce qu'on a entendu en commission parlementaire cet été.
Dans le rapport, et je le cite, la quasi-totalité des experts ont une réserve
importante quant à l'efficacité et la fiabilité de ce genre de technologie. Il
n'y a pas d'opinion majoritaire d'expert international et entendu en commission
parlementaire sur l'utilité des applications de notification sur la lutte pour
la COVID.
Donc, si ce n'est pas efficace, si ce n'est
pas utile, qu'est-ce que c'est? C'est un gadget. Cela étant dit, nous, notre
devoir, c'est de s'assurer que les gens qui veulent la télécharger, il faut
qu'ils soient libres de le faire. Donc, aujourd'hui, on va déposer une motion
que je vais vous lire : Que l'Assemblée nationale prenne acte de la
décision du gouvernement du Québec d'aller de l'avant avec la participation à
une application de notification des contacts, qu'elle lui demande d'interdire à
quiconque d'en obliger le téléchargement et de discriminer sur cette base un
individu dans l'exercice de ses droits, notamment à l'emploi et au logement, qu'elle
demande au gouvernement de publier les études démontrant l'efficacité d'une
telle application dans la lutte contre la pandémie et que ça devienne un ordre
de l'Assemblée.
Ce qu'on a entendu pendant la commission
parlementaire, c'est la Commission d'accès à l'information qui nous a dit :
On n'a pas les outils pour empêcher un employeur d'exiger d'avoir
l'application. Même si M. Legault le dit à la télévision, ou c'est répété
par M. Caire, ou relayé sur les Twitter, on n'a pas les outils pour
empêcher ça. Donc, nous, on va arriver avec une motion aujourd'hui pour
sécuriser ceux et celles qui ne voudront pas… Ils seront libres de le faire, de
ne pas la télécharger. Ils ne pourront pas se faire obliger de l'avoir comme
étant une condition d'emploi.
Deuxième chose, pour créer de l'adhésion,
pour créer, je vous dirais, un effet de masse pour que les gens l'utilisent,
parce que plus on va l'utiliser, plus elle sera adéquate et précise, dans ce
cas-là, ça nous prend de l'information. Alors, nous, on veut que le gouvernement
nous indique c'est quoi, ses indicateurs de succès, à combien de pourcentage de
téléchargements il pense que cette application-là sera efficace.
Deuxième chose qu'on veut savoir aussi,
parce qu'on a vérifié avec ce qui s'est passé en Ontario, le nombre de clés
uniques qui ont été demandées. Ça, ça veut dire que j'ai l'application, je la
télécharge, et, à un moment donné, j'ai un avertissement comme de quoi je
suis... été en contact avec quelqu'un, et je me fais passer un test COVID, et
après ça j'ai un résultat positif, je dois l'indiquer. Donc, le nombre de clés
uniques que la Santé publique va me donner pour inscrire dans mon téléphone, ça
va déjà me donner une indication de combien de personnes ont pu être déclarées
positives suite à une notification.
Troisième chose qu'on veut voir aussi, et
ça, c'est fondamental, il faudrait savoir quand les gens vont appeler à la Santé
publique pour obtenir un rendez-vous. On devrait leur dire… Bien, écoutez, moi,
là, je vous appelle, je veux un rendez-vous parce que c'est mon application qui
me l'a dit. Comme ça, avec des mesures, des indicateurs, on va être capables de
décider si effectivement, collectivement, le fait qu'on a tous embarqué dans
cette application aura eu un impact positif dans la lutte à la COVID.
Ça fait qu'on doute. Je doute encore. Je
doutais cet été. Je doute encore, mais je pense qu'il faut être responsable.
Les gens sont libres, là, de la télécharger. Mais nous, on veut leur donner des
réponses pour favoriser leur compréhension.
Et puis je vais terminer là-dessus, ce
qu'il faut comprendre, là, c'est que ce n'est pas juste le téléchargement qui
va faire fi du bon fonctionnement… Ils nous l'ont expliqué hier en briefing
technique. Je la télécharge, je dois, à chaque jour, m'assurer que mon
Bluetooth soit en marche pour être capable de mesurer les contacts que j'ai. À
chaque jour, je dois donner mon consentement pour envoyer les notifications
dans le système. Lorsque j'aurai été déclaré positif à la COVID, j'obtiens ma
clé, et je dois moi-même l'inscrire, et, par la suite, à chaque jour, je dois
donner mon consentement pour l'échange d'information.
Donc, si je la télécharge, si je dis oui à
chaque jour, si j'installe la clé, si je continue, bien, probablement que la
clé… dans certains cas, oui, cette application aura indiqué à un individu qu'il
a été en contact avec quelqu'un plus de 15 minutes à moins de deux mètres,
qu'il serait possible qu'il soit contaminé à la COVID, qu'il devrait peut-être aller
passer un test. Mais tant et aussi longtemps que je n'ai pas d'indicateur de
succès, je n'ai pas de cible, il est difficile pour nous de vous dire : Vous
savez quoi, ce n'est pas parfait, ce n'est pas tout à fait utile, mais, au
final, puis on additionne l'ensemble des choses qui sont mises de l'avant, ça
peut, dans certains cas, à la toute fin, répondre à un besoin et éviter, dans
certains cas, à quelqu'un de contaminer de façon outrageuse ses citoyens et
citoyennes.
Mme Prince (Véronique) : M.
Ouellet, aidez-moi à comprendre votre motion. Est-ce que vous avez eu des échos
ou est-ce que ça s'est vu dans d'autres provinces que les gens obligeaient... parce
qu'il me semble que le gouvernement n'arrête pas de répéter : C'est sur
une base volontaire. Comme journaliste, je n'ai pas eu d'échos que des
entreprises demandaient à leurs employés de le télécharger. Qu'est-ce qui vous
pousse à déposer cette motion-là?
M. Ouellet : Bien, ça
pourrait être une pression insidieuse. C'est-à-dire que l'employeur… Tu sais,
il y a eu des cas d'éclosions. Les employeurs ont été obligés de fermer leurs
entreprises. Il y a eu des pertes par rapport à ça. Et donc un employeur
pourrait dire : Bien, écoutez, il y a une application, le gouvernement
fédéral a dit que c'est une bonne chose, le gouvernement du Québec a dit que
c'est une bonne chose, tu n'as pas le choix, chez nous, en prévention, tu la
prends, tu l'appliques, puis c'est une condition d'emploi.
Donc, nous, c'est ça qu'on veut éviter. Puis
c'est le genre de discussion qu'on a eu en commission parlementaire, puis la
Commission d'accès à l'information nous a dit : Il faut faire attention,
on n'a pas de moyen de l'empêcher. Donc, c'est ça qu'on veut être certains de
circonscrire. Et, si ça prend un décret gouvernemental pour dire :
Écoutez, ça ne se fera pas, bien, qu'ils le fassent. Nous, par motion, on veut
s'assurer que ça ne sera pas discriminatoire, que les gens qui ne voudront pas
l'avoir pourront effectivement ne pas l'avoir.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous l'avez téléchargée, vous, l'application, M. Bérubé, dans votre
téléphone? Est-ce qu'elle est active? Et est-ce que vous allez recommander de
le faire?
M. Bérubé : Alors, je l'ai
téléchargée. Elle est active et c'est le libre choix.
M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce
que vous recommandez de le faire?
M. Bérubé : Libre choix. Dans
plusieurs dossiers, je suis comme ça, d'ailleurs.
M. Gagnon (Marc-André) : Oui.
Donc, essentiellement, là, vous ne voulez surtout pas que les gens se sentent
obligés de la télécharger. On a bien compris. Vous avez encore des réserves,
comme Québec solidaire, d'ailleurs. Mais, ce faisant, n'êtes-vous pas en train
de miner les chances de faire de cette application-là un succès à partir du
moment où, vous le reconnaissez vous-même, vous l'avez entendu, le succès de
l'application repose sur une grande adhésion de la population dans son
utilisation?
M. Bérubé : Je veux dire, le succès
de toutes les opérations pour contrer la COVID, là, c'est d'abord attribuable
au gouvernement du Québec. Puis il fait une job assez constante, là, de
déception. Alors, l'apparition de l'application, c'est la démonstration que
tout ce qu'on a fait avant ne fonctionne pas, puis ce n'est pas attribuable à
la semaine de relâche, là. On est rendus… C'est le dernier rempart. Je tiens à
dire que tous les députés de la CAQ présents à la commission ont dit qu'ils
étaient contre pour les raisons qu'on a évoquées, les réserves sur la confidentialité,
sur ce qui peut arriver dans le monde du travail, etc. Donc, ils se sont tous
fait dire par le ministère de la Santé : Vous avez dit ça en commission,
mais vous allez suivre notre ligne maintenant. Alors, nous, on ne changera pas
nos réserves. Moi, je l'ai téléchargée. Les gens sont libres de la télécharger.
Ce n'est pas nous qui allons imposer ça. C'est clair, là, que ça va être notre
attitude là-dessus.
M. Gagnon (Marc-André) : Là, tout
repose sur la responsabilité du gouvernement. En même temps, les gens ont une responsabilité
individuelle. Dans ce cas-ci, c'est de la télécharger puis de l'installer. Il n'y
a pas un risque de chercher à ne pas encourager les gens à l'utiliser?
M.
Bérubé
: Les
gens sont libres. Ça implique leur téléphone cellulaire.
M. Gagnon (Marc-André) : …à
l'utiliser?
M. Bérubé : C'est le libre
choix. Vous ne pouvez pas me citer autrement.
M. Gagnon (Marc-André) : Ce n'est
pas dangereux? C'est ça, ma question.
M. Bérubé : Libre choix.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
ce n'est pas dangereux?
M. Bérubé : Libre choix.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
que le libre choix n'est pas dangereux dans une situation...
M. Bérubé : Moi, je crois à la
responsabilité des citoyens.
M. Lacroix (Louis) : Mais
M. Legault a dit ça hier, que c'était le libre choix. Il a dit aux gens :
Vous êtes libre de la télécharger ou pas. Mais il encourage les gens à le
faire. Vous, vous n'allez pas jusque-là.
M. Bérubé : Libre choix.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous n'encouragez pas les gens à le faire?
M. Bérubé : Entre pas de choix
puis libre choix, je vais prendre libre choix.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
on dirait que vous voulez régler un faux problème ce matin, dans le sens où ce
qui semble davantage problématique, c'est les propriétaires d'un iPhone 6.
Ils ne peuvent même pas la télécharger parce que ce n'est pas compatible.
Alors, vous, vous dites libre choix, mais, dans le libre choix, il y a du monde
qui ne sont même pas capables de le faire s'ils le veulent.
M. Ouellet : Absolument, puis
c'est ce qu'on a dit en commission parlementaire, les gens moins nantis, qui
n'ont pas de téléphone ou qui ont des téléphones de vieille génération, ne
pourront pas avoir ce type d'outil là pour participer à la force de frappe ou
le bouclier humain qu'on pourrait installer au Québec. On est bien conscients
de ça. Mais, quand on dit libre choix, c'est qu'on dit : Nous, là, au Parti
québécois, là, on ne veut pas vous dire quoi faire. Mais, si vous le faites, on
va vous donner les meilleurs outils pour être certain que vous prenez la
meilleure décision, puis la meilleure décision à prendre, c'est d'avoir le
maximum d'informations et de s'assurer que, dans certains cas, mon choix de ne
pas la télécharger parce que j'ai des craintes à la sécurité de mes
informations, bien, je ne sois pas contraint de le faire.
Alors, nous, on veut donner des outils
pour améliorer la prise de décision. Donc, oui, on agit de façon responsable en
disant aux citoyens et citoyennes : Si vous voulez le faire, voici comment
le Parti québécois va vous aider à prendre la meilleure décision pour vous,
dans votre situation, dans votre contexte.
M. Bergeron (Patrice) : Sur
la crise d'Octobre, M. Bérubé, on revient dans le même film encore cette
semaine avec une nouvelle motion ici, et c'est Mme Anglade, là, qui
propose une motion. Apparemment qu'il y a des discussions qui sont en cours actuellement
avec les partis d'opposition. Vous, vous pensez quoi de cette motion-là?
Avez-vous été approché?
M. Bérubé : Je pense que notre
motion était excellente. Elle aurait dû être adoptée par tous. C'était le cas
de la CAQ. C'était le cas de Québec solidaire. Et le Parti libéral, pour des
raisons mystérieuses, qui reposent de la dynamique de son caucus, a décidé de
ne pas nous appuyer. La semaine dernière, je suis descendu, sans avertissement,
avec Martin Blanchette, de mon cabinet, dans le bureau de Mme Anglade pour
vérifier qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce que vous avez contre le fait qu'il y
ait des excuses pour les 497 personnes injustement emprisonnées? Ils ont dit :
Ah! il y a plus que ça. Alors, ils veulent tout mettre, eux, des années 60
jusqu'aux condamnations. Ça n'enlevait absolument rien. C'est franchement
incompréhensible et ridicule qu'ils n'aient pas accepté notre motion.
Ceci étant dit, ils nous ont communiqué
leur motion. Je veux dire, là, ils dévient les responsabilités, là. Ils ne
veulent vraiment pas blâmer Trudeau père, ça, c'est clair. Ils veulent rendre
hommage à Pierre Laporte, qui était une motion qui était déjà réservée. On
aurait voté en faveur. On aurait été en faveur. On leur a dit : On va
rendre hommage à Pierre Laporte dans notre motion, la semaine dernière. Ils ont
dit : Ce ne sera pas nécessaire.
Alors là, je me demande où est-ce qu'ils
s'en vont avec ça. Ce n'est pas cohérent. Ça fait que, là, si je comprends bien,
ils veulent qu'on blâme aussi Robert Bourassa et Jean Drapeau. Alors, j'avertis
le caucus du Parti libéral : Vous n'aviez pas compris que la proposition
de votre cheffe, c'est aussi de blâmer Robert Bourassa. Je vous mets en garde
parce que ce n'est pas notre objectif. Notre objectif, c'est un front commun
face au gouvernement fédéral pour qu'il offre des excuses pour l'infâme Loi sur
les mesures de guerre, dont il est l'initiateur et, disons, l'opérateur. Et
c'est ça qui a mené à ce qui nous intéresse, cette partie-là qui n'a jamais été
abordée à l'Assemblée nationale, les 497 personnes injustement arrêtées. Alors,
je sais que la CAQ a des réserves. Nous, on en a aussi. On n'a pas pris de
décision encore.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que vous pensez que les libéraux devraient, dans ce contexte-là, aussi
présenter des excuses parce que le gouvernement Bourassa, c'était un
gouvernement du Parti libéral?
M.
Bérubé
:
Absolument. J'invite Mme Anglade — là, bon, elle est passée ce matin — lors
de son prochain point de presse, de sa tribune, à affirmer, comme cheffe du
Parti libéral du Québec, qu'elle s'excuse pour ce qu'elle considère comme étant
un tort de Robert Bourassa comme premier ministre du Québec. Alors, qu'elle le
fasse ici, mais qu'ensemble on ait le consensus de défendre ces personnes qui
ont été injustement arrêtées et perquisitionnées, ça, c'est l'angle qui manque.
Les assassins de Pierre Laporte, les gens qui
ont enlevé Cross ont été jugés et condamnés. On peut le réitérer. Aucun problème
avec ça, on peut réitérer la mémoire de Pierre Laporte. On l'a offert, ils ont refusé.
Mais ces personnes-là, ça fait 50 ans. Il y a des gens qui sont décédés. Il
n'est pas prématuré de s'attarder à cette question-là, et c'était le coeur de
notre motion.
M. Bergeron (Patrice) :
L'ancien chef lui-même a dit, la semaine dernière, que le gouvernement du
Québec avait les mains sales là-dedans.
M.
Bérubé
: Oui,
j'ai entendu ça.
M. Bergeron (Patrice) : C'est
lui qui a opéré… C'est lui qui a fait la demande de la Loi des mesures de
guerre et c'est lui qui, en plus, a fait les arrestations. C'est lui qui a…
M.
Bérubé
: Je
fais une nuance. Robert Bourassa a demandé au fédéral d'intervenir, et la
réponse, c'est la Loi sur les mesures de guerre, qui est une mesure qui était
connue de Pierre Trudeau même comme prof de droit constitutionnel. Je vous
invite à écouter le fantastique balado de Marc Laurendeau, il précise cette
question-là, sur OHdio. C'est ça? Alors, c'est lui qui a choisi la loi des
mesures de guerre comme moyen. Alors, c'est pour ça que nous, notre priorité, c'est
d'identifier le gouvernement fédéral et les personnes injustement arrêtées et
perquisitionnées.
M. Bergeron (Patrice) : …est
sale aussi là-dedans.
M. Bérubé : Mais le
Québec a des responsabilités. Mais libre à la cheffe du Parti libéral du Québec
de s'excuser au nom de son parti pour le gouvernement de Robert Bourassa. Je
veux dire, il y a du temps jusqu'à jeudi, là, puis le mois d'octobre dure longtemps,
ça fait que...
Ah oui! L'autre chose, dans notre motion — Martin
fait bien de me rappeler — les 497 personnes avaient en commun d'être
tous des indépendantistes : des artistes, des poètes, des étudiants. Bien,
les libéraux ont biffé ça. Ils ne veulent plus qu'on dise ça. Bien, Gérald
Godin, Gaston Miron puis Pauline Julien, ce n'étaient pas tout à fait des
militants qui travaillaient avec Claude Wagner et Robert Bourassa, disons. Alors,
ils ont fait enlever ça en plus. Ça fait que je ne sais pas où est-ce qu'ils s'en
vont avec ça. J'avais prévenu Dominique Anglade : Si vous ne votez pas en
faveur de notre motion, ça va être bien du trouble pour vous autres de
l'expliquer. Ils ne m'ont pas écouté. Ils ont bien du trouble à l'expliquer.
Puis, manifestement, ça ne va pas changer aujourd'hui.
Alors, moi, j'ai une position que le
gouvernement achète… et Québec solidaire. Les libéraux ont juste à s'inscrire
dans le sens de l'histoire, et à faire preuve d'élévation, et à se joindre à
nous. En fait, la vraie raison, je vais vous la dire, ils ne veulent pas qu'on
blâme les fédéraux. C'est ça, la raison.
M. Lacroix (Louis) : Elle
demande des excuses au fédéral, là.
M. Bérubé : Oui, mais là
sans gradation des responsabilités, puis Québec, puis le maire Drapeau, puis… Elle
était bonne, notre motion, puis elle était bonne la semaine passée. Elle est
encore bonne aujourd'hui.
M. Bergeron (Patrice) :
Il n'y a rien qui honore les victimes, justement, qui ont été arrêtées et
perquisitionnées, là. Que ce soit dans les monuments publics, une place, est-ce
qu'il n'y aurait pas de la place pour ça aussi?
M. Bérubé : Vous
connaissez Jean-François Lisée. Il a de nombreuses idées, et on s'en parle
souvent. Alors, je vais utiliser la tribune pour parler de son idée, qui est
fort bonne. Il propose qu'il y ait une place à Montréal, la place des poètes
emprisonnés, peut-être tout près du boulevard Robert-Bourassa, qui sait? Mais
ça serait intéressant qu'on note ça parce que ces gens-là ont été arrêtés. Il y
a eu des séquelles importantes. Et ce qui s'est passé avec la loi des mesures
de guerre est très grave au plan des droits de la personne.
Écoutez, même John Turner, là, c'est les
cérémonies nationales aujourd'hui, les funérailles nationales, lui-même
s'opposait à la Loi sur les mesures de guerre comme professeur de droit. Alors,
c'est très grave. C'est un abus de pouvoir. C'est digne d'un État totalitaire.
Et il y avait une raison à ça. On voulait mater le mouvement indépendantiste. C'était
ça, la raison. Quand vous entendez Marc Lalonde, là, défendre ça après 50 ans,
là, c'est à ça qu'il pense. Marc Lalonde, Pierre Trudeau et tous ces
personnages qui ont joué un rôle sinistre dans l'histoire du Québec, c'est à ça
qu'ils pensent.
Le Modérateur
: En
anglais.
Mme Senay (Cathy) : It
says here that Prime Minister Justin Trudeau's office…
M. Bérubé :
He talked about me?
Mme Senay (Cathy) : No. The application of COVID Alert was downloaded by 100,000 people
since last night. So there is, in fact...
M. Bérubé : Mostly
Quebeckers.
Mme Senay (Cathy) : Yes, exactly. So are you basically… You have to… your constituents
and reach them to download the application. Is it the role you see…
M. Bérubé : If you don't share the information, don't expect us to always
follow you like we are employees of Mr. Legault. We're independent. Remember,
the Parliament, we have free speech. And, if you don't share the information,
don't expect us to keep the Government line every time. We're going to keep
asking questions. This is what we did in the commission. All the parties were
agreed that was not a good idea, even MNAs from CAQ, and now, overnight, it's a
good thing. So free choice. If you want to download it, you do it. But there's
so many ways the Government failed in this pandemic that this is the
demonstration that they have nothing left… that this application.
Mme Senay (Cathy) : Do you see… because just…
M. Bérubé : They don't have nothing left. They're pushing to the ropes, yes. They
don't have anything left. They have this application and they say, like: This
is our last chance, please download this. This is frightening.
Mme Senay (Cathy) : The October Crisis and the motion that Liberals will table this
afternoon, is it shocking for you? You had this motion last week, they rejected
it, they voted against it, like, they didn't…
M. Bérubé : That's ridiculous from the Liberal Party of Québec. We have an
agreement, with CAQ and QS as well, that we're going to focus on almost 500
people that got arrested without any reason, and we want to talk about those
people. The murderer of Pierre Laporte, the kidnapper of James Richard Cross,
they were condemned to jail. We can say this again. I don't have any problem
with that, any problem to bring back the memories of Pierre Laporte, who was a
vice-premier of Québec. I don't have any problem with that.
I proposed to Dominique
Anglade to put this in our motion last week. And now she came back with a mixed
motion about Ottawa, Québec, Montréal, pushing forward Pierre Laporte, don't
say anything about independentists. I'm telling you one thing, those 500 people
who were arrested in the middle of the night in October 1970, there was a
reason for that, they were independentists. They all have this in common. They
were poets, they were students, they were teachers, but they were all independentists.
And this is the way Pierre Trudeau found to make sure
that the independentist movement, it's going to be afraid for the next years.
Mme Senay (Cathy) : …police officers in Montréal, the provincial Government at that
time, don't you think that… bears a responsibility?
M. Bérubé :
Valérie Plante could call the media this afternoon, have the microphone
and say: My «excuses» for what was happening in Montréal with the Montréal
police. Dominique Anglade, tomorrow, can come here and say, like: I want
to say… I apologize for the Liberal Government of Robert Bourassa.
François Legault could say, in the blue room, like: In the name of the
Government of Québec, I'm going to give apologies.
The thing is why we need
a common position about the federal… is that we know for sure that
Justin Trudeau, the last thing he wants to do is to apologize for this
crisis because he knows it's from a Liberal Government, and it's from his
father, and he don't want to touch about his father's legacy. And this is
what's going on. Justin Trudeau keep apologize for everything, serious
matters, all around Canada, and crying, for a good reason, for a lot of good
things in Canada, except three things, three legacies of his father :
Mirabel, Forillon, crise d'Octobre. This is the three matters he doesn't want
to touch. And this matters to me as an independentist and as a democrat.
So we need to be together
to send this message to Ottawa, but Dominique Anglade didn't understand
that. She talked to her caucus and, like: Oh! October Crisis, there is
some victims, 500 victims that we don't know a lot about them.
Mme Senay (Cathy) : You're voting against it?
M. Bérubé :
We don't… He's the boss with that. He's calling the shots. So we'll see later.
He's the leader, House Leader. It's your turn. I was long. I'm sorry.
M. Pouliot
(Samuel) : It's OK. Now, about the new measures that
were announced yesterday, there are pediatricians that say the decision to have
high school students wear masks in class goes too far. What do you think about
that?
M. Bérubé :
Yes, well, the most shocking thing to me is sports, mostly sports, outdoor
sports. And, yesterday, the doctors who are specialized
with kids, what's the name in English, «pédiatres»…
Une voix
:
…
M. Bérubé :
…pediatricians said: It's not a good thing. So we're worried about sports and
about motivation of those kids who cannot do sports anymore. We don't have any
papers on that saying it's not a good thing, same thing with the restaurants.
Well, I read this morning that, in Toronto, Premier Doug Ford said, like: We're
not going to close our
restaurants, we don't have any reasons for that, any proof for that. Oh! we say
the same thing, but we're not close friends like he is with Premier Legault. So
this is interesting.
So, and I'm finishing with that, what I keep saying since months :
Please, health sector and politics, not side to side, give us the data if you
want us to make sure people is going to be involved in that, and be clear, not
be afraid to take decisions who are unpopular. This is what I'm saying.
M. Pouliot (Samuel) : Do you think they should listen to pediatricians?
M. Bérubé :
Well, for sports, I'm going to put the focus on that, I'm not sure it's a good
idea, sports, gyms. I'm not feeling it.
M. Pouliot (Samuel) : And the masks in class?
M. Bérubé :
The masks in class, I want to know more about how it's going on in Ontario. Is
it a good thing? They have the answer. They have access to Dr. Arruda. I
don't have access yet. He don't want to meet me. If he invites me and gives me
the data, I'm going to understand more, but this is not happening.
Thank you for your
questions.
(Fin à 11 h 53)