(Huit heures deux minutes)
Le Modérateur
: Donc,
bonjour, bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Vont s'adresser à
vous aujourd'hui Mme Véronique Hivon, porte-parole en matière des relations Québec-Canada,
ainsi que M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois. La parole est à
vous, Mme Hivon.
Mme
Hivon
: Oui,
bonjour, tout le monde. Alors, comme vous le savez sans doute, demain sera
officiellement le 25e anniversaire du référendum sur la souveraineté de
1995. Ça a été un moment très fort dans l'histoire du Québec, un exercice
démocratique puissant, absolument exemplaire. Et c'est donc un anniversaire qui
est important pour tous les Québécois, un anniversaire qui reflète un moment
qui a été et qui est toujours rempli d'émotions puis qui fait place aussi à une
part de réflexion pour tous les indépendantistes, pour tous les gens qui
croient dans le Québec, dans la nation québécoise et qui veulent se battre pour
elle, y compris pour moi d'ailleurs, parce que ça a été un moment vraiment
charnière dans mon engagement politique et d'ailleurs qui est directement lié
au fait que je sois devant vous aujourd'hui à titre de députée du Parti
québécois.
Alors, ce matin, on va présenter une motion
pour souligner cet anniversaire et rappeler ce moment extrêmement fort, mais
surtout, c'est l'occasion de rappeler à quel point l'indépendance est un projet
non seulement légitime, mais absolument essentiel, essentiel pour que les Québécois
puissent vraiment aller au bout d'eux-mêmes, devenir tout ce qu'ils pourraient
être avec tous leurs moyens, aller au bout de leurs ambitions et de pouvoir
répondre à toutes leurs aspirations, autant individuelles que collectives.
Alors, pour vous en parler davantage, je
cède la parole à notre nouveau chef, celui qui veut repartir la machine. À toi,
Paul.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je te remercie, Véronique. C'est important pour nous de parler du caractère
actuel du projet d'indépendance du Québec, alors que demain, c'est le
25e anniversaire du référendum de 1995, parce qu'au cours des dernières
années, les autres formations politiques ont minimisé le projet tout simplement
en le balayant du revers de la main, en disant : C'est dépassé, les
Québécois n'en veulent plus, il n'y a pas de raison pour le faire.
Mais lorsqu'on regarde des générations et
des générations de politiciens, lorsqu'on regarde des déclarations venant de
Robert Bourassa, des déclarations du temps de l'Union nationale, dans
chaque génération au Québec, il y a eu des politiciens pour dire : Si un
certain seuil n'est pas rempli, si certains standards de base de respect de
notre langue, de respect de nos intérêts ne sont pas accomplis à travers la
Confédération canadienne, on va en sortir.
Robert Bourassa qui disait : Le
Québec est aujourd'hui et pour toujours une société distincte, libre et capable
d'assumer son destin et son développement. La question, en 2020, c'est :
Est-ce que c'est le cas? La question, en 2020, pour François Legault et la
CAQ, c'est : Est-ce qu'il y a quelque chose, depuis 1995, qui a changé
positivement, qui justifie l'abandon de ce projet-là? Et nous, ce qu'on
constate au Parti québécois, c'est plutôt le recul des intérêts du Québec, le
déclin linguistique, le déclin culturel.
Donc, c'est important pour nous, à travers
cette motion-là, en ce 25e anniversaire du référendum de 1995, c'est
important de dire ici, à l'Assemblée nationale, le projet, il est actuel,
suivant les propres standards des partis fédéralistes. Le projet, il est
toujours nécessaire et il est toujours urgent. Et surtout, le projet, en 2020, il
est drôlement plus réalisable qu'il ne l'était par le passé. Le risque de
devenir un pays, on le voit dans la mouvance de certains événements comme le
Brexit, mais le risque dans un environnement mondialisé n'est plus le même. Les
paramètres de réalisation, l'expérience qu'on a pris à travers les deux
référendums... qui sont souvent présentés, en passant, comme des échecs, mais,
en fait, ce sont des réussites. Nommez-moi, à travers le monde, des endroits où
on a pu tenir des consultations démocratiques avec autant de respect dans la
paix sociale. Ces exercices-là, on l'a comme bagage.
Et nous, on pense que notre destin, il est
à réaliser encore. Et on pense que c'est notre devoir, en ce 25e anniversaire,
ici, à l'Assemblée nationale, de rappeler à tous les autres partis, peu importe
la cassette qu'ils vont nous servir sur le fait que c'est un projet dépassé, de
rappeler qu'en fait, en date de 2020, c'est plus faisable que ce ne l'était par
le passé et c'est plus criant que par le passé, qu'on doit le faire, qu'on n'a
pas le choix de le faire si on veut que nos intérêts soient servis tant sur le
plan linguistique, culturel qu'économique.
M. Laforest (Alain) : Donc,
c'est important de célébrer une défaite?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Au contraire, ce n'est pas une défaite dans le sens que c'est un cycle qui dure
depuis les patriotes de génération en génération, on fait des pas en avant vers
la normalité. Puis ça a commencé avec des circonstances impossibles comme
celles de Louis-Joseph Papineau qui disait : Fais ce que doit, advienne
que pourra. Des petits gains. La Révolution tranquille, les deux référendums
avec un pointage qui s'améliore. Donc, c'est un destin inachevé, c'est une
histoire qui n'est pas complétée.
Et il faut célébrer cette marche-là des
Québécois vers l'objectif final qui est celui de la justice et de la
démocratie. C'est ça, l'enjeu. Puis il y a une réussite dans le fait que,
contrairement à bien des endroits dans le monde, on a été capables de tenir
cette consultation-là dans le respect de la démocratie. Puis ça, il faut se
féliciter de ça, ça ne peut pas être toujours de la dévalorisation lorsqu'on
parle de ce que les Québécois ont fait puis de cette démarche-là vers notre
liberté.
M. Laforest (Alain) : ...vous
disiez que le Parti québécois est un parti vieillot, déconnecté, et là vous
dites : On va célébrer le référendum de 1995 qui... les jeunes, ils ne
l'ont pas vécu puis ils s'en foutent un peu, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, en fait, c'est ça, c'est que dans mon excellent livre, Rebâtir le camp
du Oui, qui date de cette année...
Une voix
: ...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci. L'avez-vous lu?
M. Laforest (Alain) : Oui,
absolument.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je dis en fait : Il y a un nouveau cycle qui débute. Donc, ce n'est pas
une question de passé versus avenir. Il faut connaître son passé pour bâtir un
nouveau cycle vers l'avenir. Et il y a une mission d'avenir extrêmement
excitante dans le fait de compléter l'oeuvre, dans le fait de rendre justice à
une démarche légitime qui a demandé beaucoup de courage et qui est aux portes
de fonctionner. Et ce courage-là, nous, on l'a toujours au Parti québécois, et
ça, c'est l'avenir : la capacité de dire la vérité, la capacité de
défendre l'intérêt des Québécois, la capacité d'aller au bout du raisonnement
puis de ne pas se laisser freiner par des commentaires péjoratifs sur les
chances du projet ou sur le fait que 1995 c'est du passé. On connaît notre
passé pour bâtir notre avenir, mais nos yeux sont rivés sur ce qui s'en vient
en ayant une bonne compréhension d'où on vient, puis ça...
M. Bergeron (Patrice) :
...Québécois cette année qui sont désillusionnés pour une raison bien particulière
dans le contexte de la pandémie, et qui ont vu qu'on n'était même pas capables
de gérer les CHSLD correctement, et qui se disent : Oui, mais qu'est-ce
qui va arriver si on nous demande de bâtir un pays indépendant puis on n'est
même pas capables de gérer les hôpitaux correctement? Qu'est-ce que vous leur
répondez?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Bien, parlons de transferts en santé, parlons de l'argent qui
sort de nos poches, qui s'en va à Ottawa, mais qui ne revient plus en santé,
qui revient partiellement parce que le gouvernement prend nos argents pour
dédoubler le travail du gouvernement du Québec dans plein de champs de
compétence qui nous appartiennent pour s'assurer de notre loyauté politique,
parlons des transferts en santé qu'on attend toujours.
Donc, il faut être capable de faire une
analyse structurelle d'où viennent les problèmes financiers, d'où viennent
également les problèmes de corruption de nos institutions. Parce que ce sont
des gouvernements libéraux, des fédéralistes, qui ont privatisé et même remis
entre les mains de gens au passé criminel un système qui à l'origine était
public et universel et qui est devenu un système à plusieurs vitesses tant en
éducation qu'en santé. Il faut faire les liens entre les choix qu'on a faits,
notamment celui 1995, et le genre de gouvernement et d'avenir que ça nous a
donné dans les 25 années qui ont suivi.
Mais, moi, je pense qu'on ne peut pas
fermer les yeux, que presque... une bonne partie de nos impôts va à Ottawa,
mais que cet argent-là ne revient pas en transferts en santé comme c'était le
cas il y a 20, 30 ans, et ça crée des manques à gagner, et, oui, ça a des
conséquences sur notre capacité de gérer notre système.
M. Pilon-Larose (Hugo) : En
matière de santé, j'aimerais vous amener aussi dans Lanaudière, où je serais
intéressé à avoir votre opinion également, Mme Hivon, à la suite. Qui est
imputable au CISSS de Lanaudière pour qu'un an après la commission Viens, où il
y a des autochtones qui ont raconté des horreurs qu'ils vivent à l'hôpital de Joliette,
le boss de l'hôpital, le P.D.G. du CISSS dise : Moi, je ne l'ai pas vu, le
rapport, je ne connaissais pas les témoignages, et dise aussi : Bien,
c'est une personne qui n'a pas fait la transition, là, pour m'informer? Qui est
imputable au CISSS de la Launière?
Mme
Hivon
:
Bien d'abord, qui est imputable de cette triste tragédie? Bien, je vous dirais,
globalement, dans le domaine de la santé, bien, moi, je veux d'abord qu'on
regarde le gouvernement puis je veux d'abord qu'on regarde le ministre de la
Santé. Comment ça se fait, avant de parler de Joliette comme tel, que, dans le
rapport Viens, ça soit écrit noir sur blanc que les autochtones ne se sentent
pas en sécurité d'aller dans les hôpitaux au Québec et qu'on n'a rien fait par rapport
à ça pendant un an, qu'on ne s'est pas dit tout de suite : Ça, c'est une
urgence nationale, la question de la sécurisation culturelle des nations
autochtones? Comment ça se fait que, quand c'est écrit noir sur blanc dans le
rapport Viens, puis ça ne parle pas d'une nation, ça ne parle pas d'une région,
c'est généralisé, comment ça se fait que le gouvernement n'a pas bougé sur un
constat aussi clair et aussi lourd de conséquences?
Deuxièmement, pour ce qui est de Joliette,
bien, je pense qu'encore une fois il y a une responsabilité partagée, mais,
oui, on nous a dit qu'il devait y avoir une imputabilité des dirigeants. Donc,
il faut la sentir, cette imputabilité-là puis il faut sentir l'urgence d'agir. Et
moi, ce que j'espère profondément, c'est que Joliette va devenir un modèle.
Vous savez que nous, on a déposé une motion sur la sécurisation culturelle, qui
a été, heureusement, adoptée à l'unanimité il y a deux semaines. Mais, moi, ce
que je souhaite profondément, c'est que Joliette devienne l'étalon pour la
sécurisation culturelle. Je pense que c'est la moindre des choses. Et ça doit
être un engagement extrêmement fort et concret des autorités du CISSS, et du
ministre de la Santé, et du ministre des Affaires autochtones.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...peut-être
la question pour vous, M. St-Pierre-Plamondon. Ici, on a une commission
historique qui mène des travaux de longue haleine, qui dépose un rapport qui
parle de racisme, et il n'y a pas personne au CISSS de Lanaudière, où ça se
passe, qui lit le rapport. Ce n'est pas du racisme systémique, ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, on ne peut pas assumer que c'est nécessairement une forme de racisme que
de ne pas être informé. Puis c'est là qu'il faut poser...
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...rapport
qui concerne sa propre région...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est de la négligence, ce n'est pas normal. Maintenant, on va se
demander pourquoi le rapport n'a pas été lu par certains gestionnaires. Il y a plusieurs
explications possibles. Mais, avant de conclure que... c'est toujours la difficulté
que j'ai avec cette notion fourre-tout, là, c'est : on va regarder
qu'est-ce qui s'est passé puis on va s'arranger pour qu'à l'avenir, comme l'a
dit Véronique, Joliette soit un exemple d'institution qui évolue dans la bonne
direction. Mais exactement pourquoi le rapport n'a pas été lu par un tel
gestionnaire, bien là, il faut voir comment l'appareil fonctionne puis quelle responsabilité
le gouvernement a de s'assurer que, lorsqu'il y a des changements ce cap ou des
informations fondamentales, que ces informations-là circulent dans le système. Vraisemblablement,
personne n'avait cette responsabilité-là.
Mme Gamache (Valérie) : O.K.
Mais, si on prend la question autrement, ce rapport-là largement documenté
conclut qu'il y a des la discrimination systémique. Vous parlez de responsabilité
puis d'action inscrites Est-ce que, de votre part, ce n'est pas une responsabilité
aussi de dire : Oui, on vous entend, et on le reconnaît, et il y en a, de
la discrimination systémique?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est-à-dire que le rapport... Nous, on parle de discrimination ou de
racisme institutionnel, puis ce qu'on dit c'est que dans l'institution qui est
l'hôpital puis dans d'autres institutions il peut ou ne pas y avoir de racisme.
Là, à nouveau, on tombe dans tout le débat de sémantique qui dure depuis maintenant
un mois, là. Au final, je pense qu'on prend clairement nos responsabilités,
quand on est le parti qui propose des mesures pour que ça n'arrive plus, on est
le parti également qui pousse pour que ça change le plus rapidement possible.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : C'est vous qui le qualifiez, le débat
sémantique. Ces gens-là, là, comme première action, les gens de Manawan
demandent à Québec de reconnaître le racisme systémique. Pour eux, ce n'est pas
un débat sémantique. Pour eux, c'est une action...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non, attendez, là. C'est parce que, là, l'expression peut être utilisée
par une personne. D'ailleurs, dans le rapport ce n'est pas «racisme
systémique», c'est «discrimination systémique». On ne s'empêchera pas d'avoir
un débat sur le terme approprié puis la manière appropriée de faire le
diagnostic pour que ça change. Donc, je veux dire, ce n'est pas qu'on est
insensibles à cette question-là, au contraire, on est très proactifs. Mais on
ne s'empêchera pas, dans une société libre et démocratique, de se poser la question :
Est-ce qu'on va utiliser le terme «racisme systémique» à chaque fois qu'il y a
un manquement?
Parce que la question d'un de vos
collègues, tantôt, c'était : Quelqu'un n'a pas lu le rapport, donc c'est
du racisme systémique. Puis là on revient à la situation où est-ce que Justin
Trudeau nous dit que le racisme systémique est partout et en tout temps. À un
moment donné, nous, on dit : On veut un diagnostic propre à cette
institution-là, puis, si, dans la façon de fonctionner de l'institution, si
dans ses règlements, dans sa façon d'embaucher, etc., il y a des raisons qui
font en sorte qu'on va avoir plus de chances d'avoir des actes de racisme qui
ne sont pas isolés, bien, à ce moment-là, suivant le diagnostic, on trouvera
des solutions précises.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...vous avez mieux que ça, vous avez un
diagnostic sur le système en entier, puis le diagnostic, c'est qu'il y a de la
discrimination systémique. Pourquoi vous en demandez un autre, diagnostic? Il
est là, on vous le donne.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
...par institution, on pense qu'on veut une analyse précise puis on a déjà... par
rapport aux données qu'on a déjà, on a déjà commencé à faire des propositions
pour que ça change. Donc, je comprends que vous, votre raisonnement, c'est de
dire : Si un terme est utilisé par un groupe ou si un autre terme est
utilisé dans un rapport, le fait que moi, je n'utilise pas le même terme serait
un manque d'action. Mais, en fait, ce n'est pas le cas. On est dans l'action, on
propose des mesures...
M. Laforest (Alain) : Au-delà
du terme, ça va changer quoi sur le terrain au pays du «no fault»? Le
directeur, il ne l'a pas lu, le rapport. C'est-u normal?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, ce n'est pas normal, puis...
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce qu'on devrait faire?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je vous invite à poser...
M. Laforest (Alain) : ...dans
une pièce, le forcer de le lire, le rapport? C'est le pays du «no fault». Il ne
lit pas le rapport, on va débattre sur un terme. Qu'est-ce que ça change à
l'hôpital?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Justement. Mais je vous invite à poser la question au gouvernement. Je vous
invite à poser la question : Qui, au gouvernement, avait la responsabilité
de s'assurer que, s'il y a un changement de cap puis il y a une volonté
gouvernementale, que certaines choses changent? Qui s'est assuré que le message
passe? Puis, si personne n'a pris cette responsabilité-là, je vous invite à
poser la question au gouvernement parce que c'est eux qui ont cette
responsabilité-là, ultimement, c'est eux qui sont élus.
Mme Gamache (Valérie) : ...vous
dites : On pourrait être proactifs, on veut un diagnostic. Le diagnostic,
il est là, il est sur la table depuis un an. Il est clair, fait état dans
nombreux... d'exemples concrets dans de nombreux hôpitaux. Pourquoi vous
demandez encore à faire un diagnostic? Il est là, là, il est sur la table.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non. Sur la base de l'information qu'on a, on a proposé plusieurs choses.
Véronique, dans son rôle de porte-parole sur ce dossier-là... on a été très,
très proactifs. Je dis juste... Mais c'est parce que, là, vous m'amenez sur le
débat précis de : si le mot «systémique» est utilisé dans un rapport. La
question, c'est : Vu que vous n'utilisez pas le mot, c'est parce que vous
ne faites rien? Puis la réponse, c'est : Non, nous, on utilise le mot
«institutionnel» parce que, conceptuellement...
Mme Gamache (Valérie) : ...c'est
votre notion de faire le diagnostic précisément à Joliette. Le diagnostic, il
est fait, là. On est rendus à passer à l'action. Puis la première chose que ces
gens-là demandent, c'est de reconnaître qu'il y a du racisme systémique. Donc,
ça en revient à ne pas être proactif...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, mais c'est ça... C'est complètement circulaire, là, je regrette, c'est
complètement circulaire, là. C'est de dire : Puisque, dans un rapport, il
y a une expression, si vous ne prenez pas la même expression que dans le
rapport, c'est la preuve que vous ne voulez rien faire. Mais c'est un... je
regrette, là. Il y a des constats factuels, il y a des concepts... Puis
d'ailleurs ce n'est même pas «racisme systémique» qu'il y a dans ce rapport-là.
L'expression, c'est «discrimination systémique», ce qui soulève un autre débat
de sémantique. Puis là nous, on est là, puis on vous dit : Si j'utilise
«discrimination systémique», mais je n'utilise pas «racisme systémique», est-ce
que ça fait de nous une formation politique qui ne veut pas agir? À un moment
donné, là, il faut s'entendre sur le fait qu'indépendamment de la terminologie
dans chaque rapport, de chaque groupe, il y a des actions qu'on a déjà
proposées. On est partants pour toute action concrète, mais le terme que nous,
on utilise, c'est «racisme institutionnel». Et pour autant ça ne veut pas dire
qu'on n'est pas dans l'action. Tout simplement.
M. Larin (Vincent) : ...dans
un autre dossier, M. St-Pierre Plamondon, Mme Guilbault est rendue
qu'elle dit que l'opposition... elle appelle à la responsabilité de
l'opposition, là. C'est un peu le monde à l'envers. Qu'est-ce que vous répondez
à ça puis comment est-ce qu'on peut rendre l'opposition pertinente à nouveau?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est-à-dire que... posons-nous la question, là : Est-ce que
l'opposition devrait plier bagage, cesser de faire des propositions, cesser de
poser des questions pour la simple raison qu'au nom de la solidarité il faut
tous dire la même chose que le gouvernement? La réponse, c'est évidemment non. De
la même manière que vous, comme journalistes, vous n'avez pas cessé de poser
des questions parce qu'on est en pandémie.
Le Parti québécois, au niveau du ton, on
n'a absolument rien à se reprocher, on n'a pas fait d'allusion, on n'a pas
utilisé de vocabulaire qui porte des conséquences potentielles dans la
population, mais on propose, par contre, on propose des solutions puis on
frappe un mur depuis des mois. Parce qu'on a raison de dire : Vous devriez
être plus transparents. Puis ça, ce n'est pas être irresponsable, c'est plutôt
prendre nos responsabilités. Notre responsabilité, c'est de regarder les
meilleures pratiques dans le monde puis dire à la ministre : Vous ne
faites pas... vous ne gérez pas cette crise-là comme ailleurs on le fait, puis
ailleurs on a eu de meilleurs résultats sur tel, tel, tel point. Notre
responsabilité, c'est de poser des questions sur comment fonctionnent les codes
de couleurs, comment est-ce qu'on peut être le plus prévisible possible pour
les entreprises. C'est normal qu'on fasse ça. Puis ce n'est pas un manque de
responsabilité, c'est le fait de prendre nos responsabilités.
Puis comptez sur nous, là, ce n'est que
des propositions. On est tout le temps en mode solution. Ça fait cinq mois
qu'on est en mode solution. Souvent, on voit nos propositions être balayées du
revers de la main, mais on continue à être positifs puis à être responsables
dans ce qu'on fait. Donc, tu sais...
M. Larin (Vincent) : Selon
vous, est-ce que c'était responsable de la part de Mme Anglade de parler
que la paix sociale était remise en question?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je laisse à Mme Anglais le fait de justifier ses propres paroles. Je
ne commenterai pas, justement, parce que je pense que, si on veut maintenir un
climat sain, je n'embarquerai pas comme Mme Guilbault l'a fait hier, là,
je n'embarquerai pas dans des commentaires sur ce qu'un autre parti a fait
parce que ça va juste envenimer la collaboration dont on a besoin, là. Donc,
moi, je vous le dis, là, pour les prochaines semaines, Parti québécois, ça va
être : on propose, on a des solutions puis on espère que le gouvernement
les prenne, tout simplement.
Des voix
: ...
Le Modérateur
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît. On n'a pas le temps, il faut passer en
anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning. I would like to follow
up on these questions, actually. How dangerous is it for the Deputy Premier to
play that game, to basically say that the Opposition parties are irresponsible,
if at the same press conference a journalist asks again and again for a list of
all the outbreaks in Québec, and we are not able to get this info?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I think it's a mistake. You have a job to do as a journalist,
I have a job to do as a politician, and we are both going towards transparency,
getting the information so that the work gets done. And that's normal, that's
democracy. Of course, if I start saying things that are out of line, that are
very negative, there is an issue there. But that's not what we are doing. So, I
think the Government needs to take responsibility for its own acts and needs to
understand that this is not a «dépanneur», you can't run a democracy like you
run a small business. They cannot do everything they want based on information
they have and that we don't have. And it's normal that parties like mine ask
questions and go with proposals that might enhance the level of information we
get and the confidence of... the trust of the population towards the
Government.
Mme Senay
(Cathy) : ...realize that yesterday Geneviève
Guilbault's press conference was aired, like, in all national networks several
times, saying that the Opposition parties are irresponsible in Québec?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes.
Mme Senay
(Cathy) : I mean, like, how do you react
personally when you see that several times viewers saw
this coast to coast?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : I think I will leave it to
the good judgment of the people. I think... They see us, they see us working,
they see us making proposals, being constructive, working the best we can to
improve a situation based on best
practices around the world, and those proposals are not accepted. So, when the Government comes out and says: Well, the
issue is with the Opposition, and they are the problem, I'll leave it to the
judgment of the people. They are intelligent enough to see what's happening.
Mme Greig
(Kelly) : I wanted to ask you about this study
from the Institut du Québec
about the finances, of what can happen in the second confinement or what will
happen in the second confinement. There are numbers being thrown around, like
$900 million that Québec
will be missing, up to a billion dollars that Québec will be missing. What's that line between public health and the economy? Because there's going to be a huge... it looks like there
could be a huge deficit.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Well, the deficit will not be as...
Mme Greig
(Kelly) : With $4 billion set aside, yes.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes. But, if you compare to what's going on in Canada right
now at the federal level, I think the health of our public finances, here in
Québec, are good enough that we can intervene. So, let's not fear an
intervention from the Government during that second wave. I think we're better
off intervening and not having closures and bankruptcies everywhere. We are in
that capacity from a financial standpoint. I'm more worried about the way the
federal Government handles it's spending. Because we've heard the Government of
Québec say to the federal Government, during the summer: Please, work on your
PCU program because right now you're hindering our capacity to start the
economy again, you're overspending, and it leaves people at home, it makes people
to stay at home. Those are very serious issues. But, here in Québec, if you
look at the figures, we have space and we're better off making an economic
intervention.
Mme Greig
(Kelly) : And that spending mind-set, what
could the long-term effects of that be down the road? Because once the federal
hole is made, then it's going to have to come back somehow.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : It's very worrying. So, are
we going to cut services afterward depending on what the next Government is
going to take place after the Liberals? I think there's an issue there, and,
unfortunately for Quebeckers,
we can disagree. It is indeed our money. Bottom line is we have no power over
what's going on right now. And, like, on the short-term, people will be happy:
they get money at home, like, they won't complain. But, down the road, is it
smart, what we are doing at the federal level right now, and do we have any
power over that? The answer is no because we are not an independent country.
Le Modérateur
:
Merci…
Mme
Hivon
:
I just want to say something for your question. Paul answered exactly
concerning the role of the Opposition. I think that there is a huge
contradiction in what Mrs. Guilbault said yesterday, saying that we are
basically useless, when we see that just, for example, the Je contribue in the
school system is coming from one of our proposals, and we see today, because of
that, 22,000 people raised their hands. So, how can she reconcile what she said
yesterday with what they are doing with our proposals? Merci.
(Fin à 8 h 28)