(Onze heures quarante-deux minutes)
Mme David : Alors, écoutez,
bonjour. Je voulais vous dire que je suis complètement abasourdie, que je suis
déçue, que je suis même choquée par le refus de la Coalition avenir Québec de
consentir à une motion sur la langue française qui demandait des choses tellement
simples, tellement évidentes, qui demandait l'exemplarité de l'État,
l'exemplarité des municipalités, l'exemplarité des collèges et des universités
pour pouvoir bien appliquer les politiques linguistiques.
Ce n'est pas compliqué, le Conseil
supérieur de la langue française, le 4 novembre 2019, disait qu'il fallait
avoir de nouvelles politiques linguistiques pour les ministères et organismes.
Ce n'est pas nous qui le disons, c'est le Conseil supérieur de la langue
française. Et que disait, à ce moment-là, le ministre Simon Jolin-Barrette? Il
disait... Il veut forcer les ministères et organismes à se doter d'une vigoureuse
politique linguistique. Les communications entre les entreprises devront
impérativement se faire en français. Et il était tout à fait partant. Et que
disait-il encore la semaine dernière? Il espérait avoir la collaboration du
Parti libéral, entre autres, pour s'assurer que l'État québécois soit
exemplaire.
Alors, qu'est-ce qu'on fait? On lui
demande d'être exemplaire. On lui demande de mettre à jour sa politique
linguistique. On lui demande de passer par le Conseil supérieur de la langue
française pour les collèges, les universités, et de faire état à tous les trois
ans. Ce n'est pas sorcier, ce qu'on demande. On demande le minimum à la
Coalition avenir Québec sur la langue française, et on ne consent pas à ça. Il
faut le faire, refuser au Parti libéral quelque chose sur la langue française.
Et, avec mon collègue, justement,
responsable des relations avec les anglophones, on propose d'aider les collèges
et universités anglophones qui veulent donner plus de cours en français. Pas
des cours de français, des cours en français. C'est refusé, ça aussi. Mais
c'est le monde à l'envers. Alors, je vais laisser mon collègue dire deux mots
là-dessus.
M. Kelley
: Bonjour,
tout le monde. Encore, je suis un petit peu déçu parce que, l'année passée, j'ai
déposé un projet de loi pour rendre sur le territoire du Québec des cours en
français gratuits pour tous les citoyens du Québec. Alors, je comprends bien
que cette motion où la CAQ a dit non, c'est aussi un refus au projet de loi que
j'ai déposé. Et j'entends le premier ministre, pendant la période de questions,
qui répète : On veut des propositions de l'opposition. Mais moi, j'ai
arrivé avec quelque chose qui était concret pour la promotion de la langue
française partout sur le territoire du Québec, et c'est encore un non de la
CAQ.
Puis une autre chose. Je veux juste dire
que notre formation politique veut que les cégeps anglophones soient capables
d'offrir plus de cours en français. Je pense que c'est important. Moi, je
pense... Moi, j'étais un étudiant à John Abbott. D'avoir la capacité de prendre
un cours en français qui touche la politique québécoise serait très intéressant
pour moi, de mieux comprendre le vocabulaire en français et les enjeux
importants pour le Québec.
Alors, je veux juste le répéter encore. Je
suis déçu que la CAQ ait refusé notre motion qui a proposé notre vision sur
comment on peut faire la promotion de la langue française, que l'État peut être
exemplaire dans l'utilisation de la langue française, et aussi proposer
l'avancement de mon projet de loi.
Alors, merci. Puis je pense qu'on est prêts
à prendre vos questions.
La Modératrice
: Une ou
deux rapidement, là, parce qu'on est serrés dans le temps avec l'autre...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, vous avez l'impression d'aller beaucoup trop loin dans la défense de la langue
française, que la CAQ, c'est ça, n'est pas prête à vous suivre.
Mme David : Bien, de là,
moi, le mot «abasourdie», de là le mot «déçue», de là le mot «choquée», parce
qu'il me semble que ce qu'on a demandé… Et vous relirez la motion, elle est
raisonnable. Elle est équilibrée. Elle ne va pas trop loin. Mais, si ça va trop
loin pour la CAQ, voulez-vous bien me dire avec quelle sorte de plan d'action
il va arriver? Si c'est moins que ce que le Parti libéral demande, c'est là où
je dis : Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
Et ce sont des propositions pour faire
avancer le Québec en termes de renforcement d'exemplarité de l'État,
renforcement d'exemplarité des municipalités. On parle de Montréal, créer un
poste de commissaire à la langue française à Montréal. Il me semble que le
ministre se dit très, très, très inquiet sur la langue française à Montréal. On
propose quelque chose, c'est refusé. On propose d'aider les collèges
anglophones à enseigner plus en français, c'est refusé. Alors, permettez-moi d'être
complètement abasourdie de ce refus.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous avez dit : C'est le monde à l'envers. Qu'est-ce que vous vouliez dire
par là? Habituellement, ce n'est pas le Parti libéral…
Mme David : Bien, parce
que les gens n'arrêtent pas de dire qu'ils n'attendent pas le Parti libéral sur
les thèmes de langue française. C'est faux. C'est faux. Le Parti libéral a un
passé, sur la langue française, important. C'est qui qui a adopté la loi, en
1974, sur faire du français la langue officielle du Québec? Il s'appelait
Robert Bourassa. Alors, arrêtons de dire que le Parti libéral n'a pas à coeur
la langue française.
Et puis nous, on montre effectivement qu'on
veut renforcer la langue française. On propose des moyens qui sont extrêmement
positifs, qui ne sont pas dans la grande coercition, mais qui sont dans
l'action. Où est l'action? Où est le plan d'action? En 2019, le
4 novembre, le ministre promettait un plan d'action concret. On ne l'a pas
encore et puis on va être en novembre dans quelques jours. Alors, je veux bien,
là, qu'il dise qu'il y a une pandémie, et tout ça, mais, pour un ardent
nationaliste comme Simon Jolin-Barrette, je me serais attendue vraiment à plus.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 47)