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Point de presse de M. Martin Ouellet, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’affaires autochtones

Version finale

Thursday, May 13, 2021, 8 h 40

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures quarante-deux minutes)

La Modératrice : Bonjour, bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, M. Martin Ouellet, notre leader parlementaire et porte-parole en matière d'affaires autochtones. Il sera suivi du chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à vous.

M. Ouellet : Merci beaucoup. Donc, bon matin à vous tous. Aujourd'hui, c'est une journée importante pour les peuples des Premières Nations et des Inuits, c'est le début des audiences publiques relatives à la mort de Mme Joyce Echaquan.

Évidemment, c'est un drame inhumain. J'espère que cette enquête va pouvoir apporter les réponses aux circonstances troubles dans lesquelles Mme Joyce a trouvé la mort, qu'on trouvera et qu'on sera capable de déterminer les causes, les conséquences de ce décès, et qu'on ait des recommandations qu'on applique rapidement.

On a parlé beaucoup de sécurisation culturelle, c'est encore d'actualité, malheureusement. Le Parti québécois continue de militer pour changer la Loi du ministère de Santé et des Services sociaux pour inclure la sécurisation culturelle à l'intérieur du ministère. J'ai questionné le ministre Lafrenière en crédits la semaine dernière. Je n'ai pas eu de date. J'ai compris des intentions. On a essayé de le faire compromettre pour 2022, il n'y a pas de certitude. Donc, pour nous, le temps urge.

Parlant de drame inhumain, on est en train de terminer l'adoption des articles du projet de loi n° 79, Loi autorisant les communications de renseignements personnels aux familles d'enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d'une admission dans un établissement, et évidemment, lorsqu'on a entendu les familles, ce n'est pas juste avoir accès aux informations pour trouver ce qui s'est passé et où se trouvent leurs enfants, s'ils sont encore vivants, mais les familles des Premières Nations nous ont aussi indiqué qu'ils voulaient en connaître les causes.

Or, le gouvernement de la CAQ a refusé une enquête publique sur ce sujet. Le ministre s'est quand même donné des pouvoirs. S'il constate, à la lumière des renseignements fournis, qu'il y aurait matière à faire enquête, il pourrait le faire. Les trois partis d'opposition, hier, ont eu des discussions fort intéressantes avec le ministre. Donc, aujourd'hui, j'en appelle à sa collaboration. Si on veut adopter ce projet de loi là puis on veut donner une certaine confiance à l'appareil gouvernemental auprès des Premières Nations, ce qu'on veut, c'est qu'au final, à chaque année, lorsque le rapport annuel sera déposé à l'Assemblée nationale, qu'on ait un débat en commission parlementaire pour entendre les familles qui seront passées à travers le processus pour nous indiquer si oui ou non, à leurs yeux, il faut aller plus loin et demander une enquête et la réalisation d'une enquête publique.

Donc, ce qu'on demande aujourd'hui au ministre Lafrenière : un peu d'ouverture pour qu'à chaque année, lors du dépôt à l'Assemblée nationale, on puisse, en commission parlementaire, étudier le contenu du rapport, inviter des groupes, des spécialistes, des familles touchées pour faire la lumière sur ce qui s'est passé, et surtout nous inciter à en faire un peu plus. Sur ce, je passe la parole à mon chef, M. Paul St-Pierre Plamondon.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci beaucoup, Martin. Donc, journée importante aujourd'hui, parce qu'après des mois, des années d'attente, on va avoir le moment de vérité, à savoir : Qu'est-ce que fera la CAQ dans le dossier de la langue française?

Mise en contexte importante : le Parti québécois, durant sa course à la chefferie, a discuté, a imposé le sujet du déclin de la langue française et de l'importance d'agir. Dans le cadre de cette course-là, moi, je parlais d'urgence linguistique et j'ai présenté un plan complet, et je me suis engagé à ce que ma première motion soit sur l'urgence linguistique au Québec, ce que j'ai fait. Les autres candidats avaient également leur plan. Et, le 15 février dernier, on a présenté un bouquet de mesures, plus d'une dizaine de mesures pour véritablement renverser le déclin. On a eu un débat ensuite sur la langue parlée dans les cégeps.

Et, pendant ce temps-là, en Chambre, Pascal Bérubé a posé la question régulièrement à Mme Roy : Ne devrait-on pas améliorer, bonifier la loi 101? Et rappelons que la réponse a été, pendant les deux premières années, la réponse, c'était : Non, pas besoin de modifier la loi 101, tout ce qu'il faut, c'est l'appliquer. Tant mieux si, à force de mettre de la pression, le gouvernement veut bouger. Mais la question, c'est : Est-ce qu'on va bouger sur les choses qui sont fondamentales, qui expliquent le déclin de la langue française ou est-ce qu'on va faire des mesures en superficie, en surface?

Et, moi, je vous dis, il y a trois axes, il y a trois facteurs qui expliquent le déclin de la langue française au Québec. Et si on n'agit pas sur ces trois facteurs-là, tout le reste, c'est de la poudre aux yeux, qui n'auront pas d'effet réel sur cette tendance-là.

La première, c'est sur l'immigration. Le déclin de la langue française, dans la grande région de Montréal, provient d'abord et avant tout de l'immigration allophone. On sait qu'à peu près 50 %, environ 45 % des allophones choisiront l'anglais comme langue d'usage dans les paramètres actuels. Donc, nous, ce qu'on dit, c'est que le minimum, c'est que l'immigration économique qu'on accueille au Québec maîtrise le français à l'arrivée. On veut également ajuster les seuils d'immigration à la baisse en fonction de notre capacité réelle à accueillir et intégrer en français. Et on veut appliquer la loi 101 aux enfants d'immigrants temporaires parce qu'ils sont appelés à devenir des immigrants permanents. Donc, il ne faut pas qu'il y ait de trou dans la loi 101.

Donc, premier facteur, l'immigration, parce que si, comme l'a fait la CAQ en 2019, si on accueille un nombre record d'allophones, on a beau ajouter des couches de réglementation, on est devant des changements démographiques et linguistiques, des transferts linguistiques vers l'anglais qui sont très, très difficiles à arrêter.

Deuxième chose, la langue de l'enseignement supérieur. C'est évident que si on laisse l'anglais devenir la langue du cégep et de l'université, la langue commune de l'enseignement lorsqu'on devient adulte, on ne pourra pas se surprendre que la langue du travail puis la langue d'usage à Montréal, c'est l'anglais, puisqu'on socialise nos jeunes, une fois adultes, en anglais. Et c'est ce qu'on voit dans des universités francophones, c'est ce qu'on voit dans la décision du gouvernement d'agrandir Dawson et de prioriser les places dans le réseau en anglais au lieu de favoriser le réseau francophone. Donc, là-dessus, on demande la loi 101 au cégep pour s'assurer que le français soit la langue commune des allophones et des francophones, également pour garantir aux anglophones leur droit de continuer leur cursus en anglais.

On demande donc, par conséquent, au gouvernement de renoncer aux 750 millions de dollars annoncés pour agrandir et bonifier Dawson et McGill. On demande une épreuve uniforme pour les anglophones au cégep, une épreuve uniforme en français, pour ne pas qu'ils aient de désavantages dans nos milieux de travail qui sont en français. Et, pour les universités, imposer une proportion maximale de cours en anglais lorsqu'il s'agit d'une université francophone. Donc, deuxième point : il faut que la langue d'enseignement supérieur soit le français si on veut donner une viabilité à notre langue à moyen et long terme.

Et, dernier point, évidemment, c'est la langue du travail. On sait qu'en ce moment il y a vraiment des changements importants dans la langue du travail dans la région de Montréal, donc on propose en conséquence... Juste vous donner, là, vous rappeler que deux Montréalais sur trois utilisent régulièrement l'anglais dans leur milieu de travail. Donc, devant cette réalité qui a une influence énorme sur la langue d'usage, évidemment, on demande d'appliquer la loi 101 dans les entreprises de 25 à 49 employés, aux entreprises à charte fédérale et interdire aux employeurs de demander l'anglais à l'embauche pour des postes qui, objectivement, ne justifient pas qu'on demande l'anglais.

Ce sont toutes des mesures que vous connaissez parce qu'on les a mises en jeu le 15 février dernier, sauf pour la loi 101 au cégep, parce que j'ai laissé un vote auprès des membres pour déterminer cette question-là. Mais toutes les autres mesures, on insiste, on questionne, on met de la pression, on parle de ces enjeux-là.

Et, moi, je vous dis, aujourd'hui, c'est l'heure de vérité. Parce que si le gouvernement n'agit pas sur les changements démographiques découlant de l'immigration, n'agit pas sur la langue de l'enseignement supérieur puis on fait de l'anglais la langue commune du cégep et de l'université, et si le gouvernement n'agit pas réellement sur les milieux de travail, on peut mettre d'autres structures administratives, on peut rendre des cours gratuits, mais la vérité, c'est on sait que 90 % des allophones ne finissent pas leur cours de francisation.

Donc, j'espère qu'aujourd'hui on ne sera pas devant une autre opération de communication et de cosmétique. J'espère qu'on ira à la source des changements démographiques. Et là-dessus je présenterai, avec Pascal Bérubé, dès lundi, un plan qui fait le sommaire de tout ce qu'on a dit et présenté au cours des derniers mois dans l'espoir de faire bouger le gouvernement dans la bonne direction. Sur ce, je vais prendre vos questions.

M. Lacroix (Louis) : Sur les allophones, bon, vous parlez entre autres de l'immigration, des allophones. Je fais un retour en arrière. En 2012, Nicole Léger, qui était ministre de la Famille, avait proposé d'imposer la loi 101 dans les CPE. Et l'idée derrière ça, c'était de dire : Quand les familles allophones notamment arrivent à Montréal et qu'elles ont des enfants qui fréquentent les CPE, bien, elles peuvent les envoyer dans des CPE anglophones comme elles le veulent parce que l'imposition de la loi 101 commence avec le cursus scolaire, donc dès la maternelle. Alors, à cette époque-là, Diane de Courcy, qui était ministre de l'Immigration, avait reculé un peu parce qu'il y avait eu un tollé, c'était un gouvernement minoritaire, puis etc., les communautés anglophones n'étaient pas d'accord.

Est-ce que c'est une idée qui vous rejoint, ça? Parce que vous dites que la loi... en fait, pour les enfants, la loi 101 chez les immigrants temporaires, etc. Est-ce que c'est quelque chose qui vous rejoint, sachant que les enfants, à cet âge-là, là, quand ils arrivent dans les CPE, sont comme des éponges à absorber en fait tout ce qu'on leur enseigne?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je vous confirme que ça ne fera pas partie du plan qu'on va déposer lundi. Ce qu'on va déposer lundi vise davantage les cégeps, les universités et la socialisation dans le monde adulte, parce que c'est là qu'un jeune a le choix finalement de s'intégrer au monde francophone ou de s'intégrer au monde anglophone, à des environnements de travail ou des environnements sociaux anglophones. Et, pour nous, c'est donc au cégep et à l'université qu'au niveau de l'enseignement ça se joue. Et évidemment, bien, ça dépend aussi des choix qu'on fait en matière d'immigration. Si notre immigration est francophone à son arrivée au Québec, l'enjeu que vous venez de soulever est quasi inexistant.

M. Larin (Vincent) : Comment vous expliquez, M. St-Pierre Plamondon, que vous n'ayez pas encore déposé le projet de loi dont vous nous aviez déjà parlé?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est important de dire qu'on est la première formation politique à avoir déposé son bouquet de mesures, son plan, on l'a fait le 15 février. Et je suis surpris, agréablement surpris de voir d'autres partis d'opposition pour qui je croyais qu'il n'y avait pas d'intérêt pour la langue française, je suis content de les voir également déposer un plan. Mais on a été les premiers à imposer le sujet et à déposer nos mesures.

Par contre, pour le projet de loi, le jour où j'ai pris la décision de remettre entre les mains des membres le vote sur la loi 101 au cégep, notre projet de loi, qui était très avancé, a dû être corrigé. Il y a des étapes, notamment la traduction, etc., on n'est pas en mesure de déposer le projet de loi. Mais les mesures qu'on demande, vous les connaissez depuis des mois, et ça fait des années qu'on impose puis qu'on met de la pression pour la langue française à travers des questions, à travers des interventions. La course à la chefferie a porté là-dessus majoritairement.

Donc, je pense qu'on ne peut pas passer sous silence que s'il y a un projet de loi en ce moment, puis si la CAQ a changé son fusil d'épaule parce qu'à l'origine elle n'avait pas l'intention de bonifier la loi 101, c'est en grande partie parce que le Parti québécois a imposé le sujet, est revenu sur la question régulièrement. Puis on aura quelques ajouts intéressants lundi, mais les grands axes, là, c'est-à-dire immigration, langue d'enseignement supérieur et langue du travail, vous connaissez nos demandes et nos propositions depuis au moins le mois de février.

M. Lacroix (Louis) : …la traduction retarde le dépôt d'un projet de loi sur la langue française.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est parce qu'il a fallu le changer.

M. Lacroix (Louis) : Oui, je sais, mais c'est la traduction qui vous retarde.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, mais tous les éléments de construction du projet de loi font en sorte... Puis on le savait, on l'avait dit en entrevue à ce moment-là, on ne contrôle pas le moment du projet de loi. Mais je n'ai pas besoin d'un projet de loi pour vous dire ce que le Parti québécois demande puis vous dire qu'il y a trois axes majeurs. Et, si on ignore, on escamote ces trois axes majeurs là, on est dans du superficiel qui ne renversera pas la tendance. Vous connaissez nos mesures, et lundi vous aurez un plan avec quelques ajouts intéressants, mais les fondements de notre intervention sont sus, répétés depuis des années, et c'est notamment grâce à ce travail acharné là qu'on va peut-être faire bouger un peu le gouvernement. Espérons que ça ne soit pas des mesures de surface.

M. Lavallée (Hugo) : …est-ce que ça prend des indicateurs clairs de performance? Est-ce qu'il faut avoir des objectifs, dire : Bon, bien là, tel indicateur, il faut atteindre telle cible. Est-ce que ça, c'est nécessaire, et quel devrait être…

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, on a des indicateurs clairs. Ce que Statistique Canada nous dit, c'est que, d'ici 15 ans, le français va reculer de sept points de pourcentage comme langue parlée à la maison, puis la langue d'usage, ce n'est guère plus reluisant. Donc, on est capables de mesurer comment la langue française se comporte. Moi, ce que je vous dis, là, rendons-nous au premier but, là. Ça, ça serait le coup de circuit, là, mais je ne m'attends pas à ça du tout aujourd'hui. Je veux qu'on se rende au premier but, puis le premier but, c'est d'avoir des mesures en immigration, en langue d'enseignement supérieur puis en langue du travail qui correspondent aux défis, qui soient en lien avec le diagnostic, les causes du déclin. Si on nous amène des mesures de surface, c'est beau, mais il va falloir se dire la vérité. Ça ne changera pas le déclin de la langue française dans la grande région de Montréal.

Donc, le premier but, le test d'aujourd'hui, là, ça, ce serait encore mieux. Mais, moi, tout ce que je demande pour aujourd'hui, c'est : Est-ce que ce que je viens de vous dire sur ces trois axes-là, on va véritablement avoir des mesures ou est-ce qu'on aura une opération de communication avec des choses qui sont belles mais qui n'auront pas d'impact réel sur la tendance?

M. Lavallée (Hugo) : Est-ce que ça ne prend pas un objectif clair?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, nous, c'est de renverser la tendance, c'est-à-dire, au lieu d'être dans le déclin de la langue française, de voir la langue française reprendre la partie qu'elle a perdue au cours des dernières années. Nous, on veut non seulement freiner, on veut renverser le déclin de la langue française, c'est ça notre marqueur.

M. Bergeron (Patrice) : Mme Anglade, tout à l'heure, a dit qu'il fallait faire attention à ne pas diviser les gens sur un enjeu comme celui-là. Je remarque que vous ciblez beaucoup l'immigration dans votre plan. Est-ce qu'il n'y a pas un risque d'ostraciser ou de faire porter la responsabilité du déclin du français sur les nouveaux arrivants comme ça?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, je pense que c'est une question de statistiques et de faits, donc une question d'honnêteté. Si les données nous disent que le déclin de la langue française vient des transferts linguistiques des allophones vers l'anglais... Puis d'ailleurs, c'était ça dans le temps de René Lévesque puis de Camille Laurin, là. La raison de la loi 101, c'est qu'on constatait que, parce qu'on est seulement 2 % de francophones en Amérique du Nord, et parce qu'on n'est pas indépendants, et donc on est dans un système de bilinguisme canadien institutionnalisé, il y a un transfert linguistique trop important des immigrants allophones vers l'anglais. C'était ça, la raison de la loi 101.

Cette dynamique-là n'a pas changé. Et c'est pour ça que je vous dis... Je lisais, là, qu'il y avait peut-être un amendement constitutionnel symbolique proposé par la CAQ. Tant qu'on ne sera pas indépendants et que la loi... la langue officielle du Québec ne sera pas clairement le français, tant que le Canada va nous imposer, à travers ses entreprises à charte fédérale, à travers ses doctrines de bilinguisme institutionnel et de multiculturalisme, tant qu'on sera dans ce carcan-là, la langue française va être menacée, comme elle est en déclin partout dans les autres provinces du Canada.

M. Lacroix (Louis) : Mais on indique que ça n'arrivera pas dans un avenir prévisible, là. Alors, ce ne serait pas une bonne idée, justement, de faire ça?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je ne comprends pas. Qu'est-ce qui n'arrivera pas?

M. Lacroix (Louis) : La souveraineté du Québec n'arrivera pas dans un avenir prévisible, là, de ce que je comprends, là, en regardant trois, quatre sondages. Mais est-ce que, justement, compte tenu de ça, ce n'est pas un bon moment de dire : Bien, apportons une modification constitutionnelle dans la constitution du Québec à l'intérieur de la Constitution canadienne?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ça va changer quoi? Ça va changer quoi? On va mettre un symbole qui dit : En passant, le Québec parle français. Concrètement, ça va changer quoi aux données démographiques dont je vous parle?

M. Lavallée (Hugo) : Il y a des constitutionnalistes qui disent qu'on pourrait plaider ça devant les tribunaux pour, par exemple, mieux protéger...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, oui, on peut plaider. Quel effet sociologique et linguistique, démographique sur le Québec? On n'a pas les pouvoirs sur une partie substantielle de ce sujet-là, immigration, compagnies à charte fédérale, politique... D'ailleurs, c'est frappant à quel point la plupart des... la grande majorité des demandes de François Legault, au nom de sa croyance dans le fédéralisme, se sont soldées par des refus, des échecs?

Donc, est-ce que, parce que le dernier sondage parlait de 32 % d'appui à la souveraineté, est-ce que la souveraineté n'est pas la bonne réponse parce qu'un sondage dit un chiffre en pleine pandémie? Je regrette, il faut dire la vérité. Tant que nous n'aurons pas un pays dont la langue officielle est le français, tant qu'on va demeurer dans un cadre où c'est bilingue et on est seulement 2 % de francophones en Amérique du Nord, la langue française va être très fragile. Et on espère, à tout le moins dans l'intervalle, que la CAQ propose des changements à la loi 101 qui soient à la hauteur du défi. Mais il y a une bonne partie qui relève de l'influence du Canada sur le Québec. Il n'y a aucun doute.

M. Bergeron (Patrice) : Dans un reportage, ce matin, à Radio-Canada, on entendait, donc, des gens du collège Champlain, je pense, à Longueuil, et Dawson, qui disaient : Bien, ce n'est pas vraiment nécessaire d'imposer le cégep en français, parce que, oui, c'est plein de francophones, mais ils parlent français dans les corridors, donc ils vivent en français, ils sont... ils viennent ici juste pour apprendre l'anglais, mais ils restent des citoyens totalement francophones, intégrés à la culture francophone.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je ne comprends même pas le sens de cet argument-là. Évidemment qu'ils parlent français dans le corridor, mais la question n'est pas là. Si notre consommation culturelle est en anglais, si notre enseignement est en anglais, notre milieu de travail est en anglais, pensez-vous vraiment que le français, qui représente seulement 2 % des gens en Amérique, que les francophones vont être encore là dans 100 ans?

M. Lacroix (Louis) : Mais vous, quand vous étiez à McGill, parliez-vous français dans les corridors?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, en fait, mon cours était en français à McGill. Puis j'ai fait mon collégial en français, je le rappelle, là, c'est la preuve que, même s'il y a la loi 101 au cégep, je veux dire, il y a plein de manières d'apprendre l'anglais. Puis rappelons que jamais dans l'histoire du Québec on n'a vu une influence...

M. Lacroix (Louis) : ...est-ce que ça parlait français dans les corridors de McGill, à votre souvenir, là?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, mais ça n'a aucune pertinence. Le test, ce n'est pas : Est-ce qu'on a le droit de parler dans les corridors? Ça ne nous permet pas de voir si dans 100 ans on parlera encore français au Québec. Ce qu'il faut voir, c'est est-ce que nos usages, là, nos us et coutumes, c'est-à-dire travailler, étudier, accueillir des gens qui maîtrisent le français... si ces vecteurs fondamentaux là se passent en français, on a une durabilité de notre langue. Mais si les points, les axes importants de notre vie se passent désormais en anglais, on l'a vu dans les autres provinces canadiennes, le déclin va rapidement. Et ça va vite en ce moment, sept points qu'on va perdre en 15 ans.

Donc, il faut prendre la mesure de l'urgence linguistique et arriver avec des propositions, des changements dans la loi qui sont en fonction de ce qui se passe et non pas une opération de communication pour bien paraître en sachant que ça ne changera pas les dynamiques linguistiques.

M. Larin (Vincent) : Le ministère de la Langue française, là, ça, c'est de la poudre aux... est-ce que c'est aussi de la poudre aux yeux selon vous?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est-à-dire que si... Prenons un exemple, là, si on n'avait que le ministère de la Langue française, la vérité, c'est qu'on a déjà un Office québécois de la langue française.

Une voix : ...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est parce qu'on... Je ne serai jamais contre, je ne serai jamais contre un ministère de la Langue française, c'est probablement une bonne idée.

Est-ce que c'est une idée qui va renverser des changements démographiques importants dus à des transferts linguistiques des allophones vers l'anglais? Est-ce que ça va changer le fait qu'on est en train d'angliciser à coup de centaines de millions notre système collégial? Puis c'est la décision du gouvernement. Est-ce que ça va changer le fait que deux Montréalais sur trois utilisent l'anglais dans leur milieu de travail? Est-ce que la création d'un ministère de plus va changer ça?

Moi, je vous dis, il va y avoir des bonnes mesures, puis ça va me faire plaisir de les applaudir. Mais on ne se laissera pas berner puis on ne se contera pas de mensonge si les mesures qui sont fondamentales pour changer la dynamique ne sont pas dans le plan. C'est ça, le test.

M. Lacroix (Louis) : Sur le «Bonjour! Hi!», la langue d'accueil dans les commerces, est-ce qu'on doit... Est-ce que c'est le rôle du gouvernement de réglementer la langue d'accueil dans les commerces?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le «Bonjour! Hi!» est une conséquence de l'inaction du gouvernement sur ce que je viens de vous nommer. Pourquoi? Parce que les milieux de travail s'anglicisent puis ce n'est pas réglementé. Parce que la langue du cégep, de l'université, de plus en plus, c'est l'anglais, donc ça crée plus d'espace pour l'anglais.

Commençons par agir sur les causes fondamentales du déclin du français puis ensuite on verra s'il y a lieu de bonifier. Mais je pense que, si on s'attaque aux trois axes dont je vous parle, on aura des résultats très concrets et rapidement.

M. Lavallée (Hugo) : ...juste pour être sûr de bien comprendre votre logique, là, parce qu'on vous soumet plusieurs mesures, puis vous répondez : Ça ne changera rien, ça ne changera rien...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, je n'ai pas dit que ça ne changera rien...

M. Lavallée (Hugo) : Le «Bonjour! Hi!», c'est la conséquence. La modification constitutionnelle, c'est symbolique.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Exact.

M. Lavallée (Hugo) : L'autre mesure concernant le ministère, il n'y aura pas vraiment d'impact. Vous semblez très pessimiste, là. Est-ce que je comprends qu'à part la souveraineté, pour le reste, il n'y a pas beaucoup d'espoir, là, qu'on est comme un peu condamnés à un déclin?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, non, non, je viens de vous dire qu'il y a de l'espoir à travers trois axes. Si on augmente le nombre d'allophones qu'on accueille chaque année au Québec, comme veut le faire la CAQ, c'est très difficile de changer la dynamique parce qu'elle est démographique. Donc, on peut demander le français à l'entrée et on peut s'assurer que le nombre d'immigrants reçus par année avec une régionalisation convenable permette l'intégration en français. Mais c'est ce que je demande. Donc, ça, c'est très concret, là, ça pourrait être dans le projet de loi aujourd'hui.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, c'est possible d'inverser la tendance à l'intérieur du Canada.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est possible, mais, à long terme, le Canada va toujours maintenir la pression qu'il exerce sur les autres provinces canadiennes. Son régime de bilinguisme institutionnel et de multiculturalisme nous ramène régulièrement à la case départ.

On a eu pendant certaines années un sentiment de sécurité au Québec parce qu'on se disait : La loi 101 de Camille Laurin nous protège. Je regrette, statistiquement, non seulement on est à la case départ par rapport à ces années-là, mais on est en recul, on est en déclin. Et ça, ça a beaucoup à voir avec le Canada. À court terme, c'est vrai, je demande trois choses concrètes, qu'on agisse en matière d'immigration, enseignement supérieur et langue du travail. Mais peut-être qu'un Québec indépendant ne serait pas aussi réglementé parce qu'on serait dans un régime qui a comme langue officielle et commune le français. Mais, dans l'intervalle, devant la pression extrêmement forte venant non seulement du Canada, mais de l'impérialisme culturel anglo-américain, le nombre de personnes qui consomment des produits culturels puis de l'information en anglais maintenant atteint des records, on se doit de réglementer pour freiner à court terme une érosion qui est très, très rapide, qui est très, très palpable.

M. Lacroix (Louis) : Mais je veux finir sur le «Bonjour! Hi!» parce que vous avez... Vous dites que le «Bonjour! Hi!», c'est la conséquence de l'inaction du gouvernement. Bon, si je reprends votre affirmation, votre prémisse, est-ce que ça implique que, comme il y a eu inaction et que maintenant le «Bonjour! Hi!» est presque implanté à peu près partout, il faille statuer là-dessus et établir... en fait, réglementer l'accueil dans les commerces? C'est un milieu de travail. Vous dites qu'il faut intervenir dans les milieux de travail pour que les gens parlent français dans les milieux de travail. Les commerces, ce sont des milieux de travail.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On aura nettement plus d'impact en légiférant, en appliquant la loi 101 aux entreprises de 25 à 49 employés puis en faisant du français la langue commune du cégep et de l'université qu'en réglementant à la pièce. Si jamais on constate que les mesures que je propose ne sont pas suffisantes, on peut réévaluer. Mais, souvenez-vous, dans les années 80, il y a eu, après l'échec référendaire du premier référendum, il y a eu une anglicisation dans les commerces. Et le retour de l'indépendance imposé par Jacques Parizeau et la volonté de rectifier le tir au niveau de la langue française a fait que, dans les années 90, on a vu le français redevenir une langue bien implantée dans les commerces à Montréal.

M. Lacroix (Louis) :

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Pas actuellement, il ne faut pas fermer la porte, mais, en même temps, je vous demande… je vous dis qu'on demande trois choses fondamentales, on se concentre sur les choses fondamentales. Si on ne les obtient pas, bien là, on peut mettre des mesures qui sont moins fondamentales, elles ne viendront pas à bout à elles seules de renverser la dynamique. Donc, aujourd'hui, puis c'est ce que je vais faire lundi, on va se concentrer sur les causes profondes avec des solutions qui sont véritablement en lien avec les causes profondes de ce déclin-là.

La Modératrice : On va passer en anglais, s'il vous plaît.

M. Grillo (Matthew) : Good morning.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Good morning.

M. Grillo (Matthew) : You think specifically French is declining in the province because of three main areas, three main issues. If you could just explain that.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : So, there are three factors that explain the steep decline of the French language within the region of Montréal, but within Québec as a whole. First, immigration, because right now we do not ask for a knowledge of French at the entry. And we have statistics that show that around 45% of immigrants who do not master French when they come to Québec will choose English on the long run. And that explains the decline of the French language.

A second factor is that we see that in CEGEPs and universities, English is more and more the common language, is taking more space and it has an important impact on the language that will be used at work or at home afterwards.

Third is the language that is used at work, of course, and for that we want to see Bill 101 applied to companies that have 25 to 49 employees, as well as federal chartered companies.

M. Grillo (Matthew) : Why come out with a plan on Monday when the bill is going to be presented today?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Because we have already put forward, in February, the measures that we want to see. We add to that Bill 101 to CEGEPs. So, what we propose and what we want in that bill is already known. And since the CAQ has decided to move now and that we can't put forward a formal bill in those delays, we will just sum up all our proposals on Monday, so that we can make an analysis, objective analysis as to whether the CAQ put forward serious measures that are in connexion with the causes of the decline, or if it's a communication operation, marketing operation where we have measures that don't really mean anything on the long run.

M. Grillo (Matthew) : With regards to the bilingual municipalities and removing that status, that's something your party has come up with and we saw it about roughly eight years ago as well…

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Yes.

M. Grillo (Matthew) : Do you worry, if that were to be done, that it would create a divide and perhaps anger the anglophone, the English community, rather than bringing them into this and sort of all working together to protect and promote French?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : OK. It depends if we think that the state in Québec should be bilingual. It's called institutionalized bilingualism. It's the Canadian doctrine everywhere in the rest of Canada, and it is connected with a decline of the French language in every single province. So, the Parti québécois and the Government of Québec has not a doctrine of institutionalized bilingualism, but a doctrine of French as the common language, with the exception that we want English communities to have services, education, for instance, in their mother tongue. We want to respect that. That's something that is not necessarily well respected in other provinces. In Québec, we think it's fair and it's important that those rights are maintained.

The problem with bilingual cities, it is that it is a form of institutionalized bilingualism. What it does is that if a newcomer to Québec is in that city, the message is : You can live in Québec without learning French and it has no consequences because you can have all your relations with the State or at work in English only. And I think it's only fair to have a rule, so that if a city is down to 8% of Anglophones, well, it's not a bilingual city. Otherwise, we will end up with the vast majority of our cities that are bilingual, and we will come with the exact same system than in the rest of Canada, where we saw a very important decline of the French language because of that Pierre Elliott Trudeau's institutionalized bilingualism.

M. Grillo (Matthew) : But where do you think the line should be drawn? Is it 50% and anything below that needs to be, you know, revoked?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : No, I think we could draw the line at 40% with an automatic mechanism. Between 40% and 50%, you have fluctuations, so if a city is at 47% one year, it might be at 52% the next year. I think there should be a discretionary space between 40% and 50%. But below 50%, if a city is not bilingual, if the citizens of a city are not part… are not the English community that was at the origin of that rule, the reason for that… for these exceptions, well, then, we need some form of mechanism. You can't just leave it like that because, as we see, demographics change, and cities change.

M. Grillo (Matthew) : Merci.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) :Thank you.

La Modératrice : Merci, bonne journée.

(Fin à 9 h 13)

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