(Huit heures quatre minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour. Bienvenue au point de presse de la cheffe de l'opposition officielle, Mme
Dominique Anglade. Alors, sans plus attendre, à vous la parole.
Mme Anglade : Merci. Alors,
bonjour, bonjour à tous. Aujourd'hui, je vais vous dire, je suis quand même
contente que la pression qu'on a exercée sur le gouvernement ait fonctionné et
que, ce matin, il y a un projet de loi qui va être déposé pour nous assurer qu'il
n'y ait pas d'intimidation qui se fasse autour de nos écoles, auprès de nos
enfants.
Je me surprends un peu, hier, nous avons
présenté une motion qui élargissait seulement... pas seulement que ce soit fait
autour des écoles, mais également autour des CHSLD, autour des endroits de vaccination,
le gouvernement a voté contre, mais je suis optimiste que, dans le projet de
loi qui va être déposé aujourd'hui, ces éléments-là seront également inclus.
Parlant de protection des enfants, c'est
un peu troublant, particulièrement troublant de constater à quel point un enseignant
en particulier, une enseignante en particulier avait eu un effet dévastateur
sur une école en termes de contamination. Et c'est la raison pour laquelle,
depuis plusieurs semaines, on dit que la vaccination obligatoire devrait être
étendue pour les enseignants également parce qu'il s'agit de la protection des
enfants, il s'agit de leur propre santé, leur propre sécurité, alors
qu'eux-mêmes ne sont pas vaccinés à ce moment-ci. Je parle particulièrement des
plus jeunes, de moins de 12 ans.
Et ça, bien, il faut se poser la question :
Qu'est-ce qu'on attend pour étendre la vaccination obligatoire à notre corps
enseignant? Hier, il y avait même un médecin qui disait : Au début,
j'étais contre, mais, à voir les résultats et à voir ce qui se passe, je suis
obligé de dire que ce serait probablement la bonne chose à faire que d'étendre
cette vaccination obligatoire.
Alors, qu'attend le gouvernement? Plus de
cas, plus de contamination, plus d'enfants malades? On a besoin d'agir. On veut
que le gouvernement étende cette vaccination obligatoire. Maintenant, je suis
prête à répondre à vos questions.
Journaliste
: Quelles
sont vos attentes spécifiques concernant le plan qui va être annoncé par M.
Dubé cet après-midi?
Mme Anglade : Depuis des mois,
on constate la situation de crise. On constate les fermetures des urgences, on
constate à quel point la situation n'a jamais été aussi dramatique dans notre
système de santé. Je m'attends à ce qu'il y ait eu des consultations avec le milieu.
Vous savez qu'on a demandé un comité de gestion de crise justement pour que les
propositions émanent de la base et qu'elles fassent partie de la proposition.
Donc, premièrement, je m'attends à ce que ces consultations aient eu lieu.
Deuxièmement, je m'attends également à ce
qu'on ait une véritable prise de conscience de la part du gouvernement. On est
déjà très tard dans les propositions qui vont être amenées par le gouvernement,
et j'espère que le réveil de la semaine dernière, où ils se sont dit surpris
puis finalement qu'il fallait agir, bien, ça a donné un électrochoc au
gouvernement. Alors, on verra les résultats.
Mme Côté (Claudie) : M. Dubé a
dit qu'il voulait leur redonner le sourire, aux infirmières. Qu'est-ce qui leur
redonnerait le sourire dans la situation actuelle?
Mme Anglade : La capacité pour
les intervenants, là, de pouvoir voir les propositions qu'ils ont mises de
l'avant depuis des mois vraiment être intégrées. Évidemment, les conditions de
travail, on va se le dire, là, les conditions de travail, c'est le nerf de la
guerre. Les incitatifs pour qu'ils retournent au travail, le fait qu'ils
puissent avoir une véritable conciliation famille-travail, tout ça, ce sont des
éléments qui vont faire en sorte que les gens vont être davantage satisfaits.
Mais, encore une fois, il faut que les gens se sentent entendus par le gouvernement,
ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
M. Lacroix (Louis) : Mais là
on va faire pleuvoir, de ce qu'on comprend, des milliards sur le système de santé
pour amener des infirmières, infirmières auxiliaires. Est-ce que, si vous êtes
élue à la prochaine élection, vous vous engagez à maintenir ces sommes d'argent
et les conditions de travail qu'on va avoir données aux infirmières de façon
pérenne pour faire en sorte qu'on ne se retrouve pas dans trois ans, quatre
ans, dans une situation semblable?
Mme Anglade : L'épine dorsale,
hein, de notre système de santé, là, ce sont nos soignants, ça, c'est l'épine
dorsale, et je pense qu'il est fondamental d'investir pour nous assurer qu'ils
restent là. Mais je vous dirais que j'irais plus loi. Il y a d'autres secteurs
qui sont présentement largement mis de côté, par exemple toute la question de
la santé mentale, qui ne sont pas financés au niveau où ils devraient être
financés. Donc, ce n'est pas juste de dire : On veut maintenir la situation
actuelle ou ce qui va être proposé. Moi, je veux voir comment ça va s'étendre à
des secteurs qui sont névralgiques également et qui sont sous-financés aujourd'hui.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous allez en rajouter, si je comprends bien, là.
Mme Anglade : Alors, je n'ai
pas vu le plan du gouvernement, mais ce que je peux vous dire, par contre,
c'est que moi, je vois encore des secteurs qui sont sous-financés, sur lesquels
on n'a pas agi alors qu'on savait qu'il y avait des enjeux importants. Ça fait
plus d'un an qu'on parle, par exemple, du financement pour les enjeux de santé
mentale, ça fait des mois qu'on parle d'établir des conditions de travail qui
ont du sens pour nos infirmières, donc, c'est sûr qu'on veut aller dans cette
direction-là.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que l'équilibre budgétaire va rester quand même une priorité dans votre
éventuel prochain mandat?
Mme Anglade : L'équilibre
budgétaire, c'est toujours quelque chose d'important. Mais fondamentalement,
là, on sort d'une crise qui est majeure. Les gens qui ont été touchés par ça,
frappés de plein fouet, là, ce n'est pas le temps d'aller faire des économies,
c'est le temps de s'assurer que notre système public fonctionne. C'est ça, la
priorité.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Est-ce
que le projet de loi n° 96 est discriminatoire, Mme Anglade?
Mme Anglade : À quel point de
vue il est discriminatoire?
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...
Mme Anglade : Bien, écoutez,
il y a des questions qui se posent présentement au niveau des commissions
parlementaires. Puis je pense que le message qu'on doit envoyer, là, c'est la
volonté pour notre formation politique d'envoyer un message très clair par
rapport à l'importance de la protection et de la promotion du français. C'est
pour ça qu'on a fait 27 propositions.
Maintenant, il y a plein de débats qui ont
lieu en commission parlementaire, mais notre objectif, ce n'est pas d'avoir un projet
de loi qui soit discriminatoire au bout du compte, ça, c'est certain.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
...les commissions scolaires anglophones qui sont en plus pas contentes...
Mme Anglade : Avancez un petit
peu...
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...des
commissions scolaires anglophones ne sont pas heureux du fait que vous avez
appuyé une motion voilà quelques jours les concernant. Ils sont, ce matin, en commission
parlementaire. Avez-vous un message pour eux?
Mme Anglade : La protection de
la langue française, la promotion de la langue française, là, c'est l'affaire
de tous, c'est l'affaire de tous, de tous les Québécois, incluant ceux
d'expression anglaise. Et moi, je suis convaincue que la majorité des Québécois
d'expression anglaise le comprennent, le saisissent, et je pense qu'il faut en
faire un travail d'unité là-dedans.
Évidemment, il faut toujours rappeler
l'importance que l'on doit accorder aussi aux services donnés à la communauté
d'expression anglaise, donc c'est un équilibre. Mais c'est l'affaire de tous. Ce
n'est pas l'affaire des anglophones ou des francophones, c'est l'affaire de
tous, la langue française.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous êtes d'accord, finalement, à ce qu'en fait le français, langue
officielle du Québec, soit finalement inscrit dans la Constitution canadienne?
Mme Anglade : Il va y avoir,
évidemment, les débats, mais, comme vous avez pu le lire récemment, on est
favorables. Maintenant, il va falloir qu'on ait les débats article par article,
mais on est favorables. Je veux dire, de manière générale, tout élément qui
fait en sorte qu'on est capables de renforcer, d'affirmer ce que nous sommes
comme société, comme nation est un élément dans la bonne direction.
M. Robitaille (Antoine) :
Est-ce que vos militants vous suivent? Parce que, quand on regarde les
commentaires sur Internet, notamment, bien, ça ne vous suit pas tout le temps,
les gens sont sceptiques dans la communauté anglophone, critiquent ces
positions-là. Avez-vous l'impression que tous vos militants vous suivent?
Mme Anglade : Alors, je peux
vous dire que la grande majorité de nos militants, peut-être que vous allez en
trouver un qui n'est pas dans cette situation-là, ça, c'est le propre d'un
parti politique, évidemment, mais la grande majorité de nos militants nous suivent.
Puis d'ailleurs les lettres ouvertes que l'on fait, on les fait en français, on
s'assume en anglais, je veux dire, il n'y a pas de différence. Puis je pense
que l'objectif, c'est de faire en sorte qu'on ait quelque chose où tout le
monde se sent interpellé par ça.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Concernant
la police de Repentigny, croyez-vous que... et le fait que la ville n'applique
pas les conclusions de la Commission des droits de la personne, est-ce que le
gouvernement doit intervenir, mettre sous tutelle la police, parler à la ville?
Y a-tu de quoi qui ne marche plus là-bas?
Mme Anglade : Bien, en
lisant l'article, je ne sais pas si vous avez tous eu l'opportunité de lire cet
article-là ce matin, mais je trouvais ça vraiment choquant. Je trouvais
choquant qu'un enseignant se fasse arrêter à cause de la voiture qu'il conduit,
que des enfants de 12 ans, des enfants se fassent arrêter parce qu'ils
jouaient à cache-cache, puis on leur a mis une pression indue, qu'un père qui
organise une fête de famille se fasse arrêter injustement devant un enfant de
trois ans. C'est choquant, puis ce que ça nous dit, ça, c'est qu'il y a
véritablement un enjeu, puis on l'appelle le racisme systémique. C'est un
exemple probant de ce que c'est. Le gouvernement a dit qu'il agirait là-dessus.
Où sont les résultats? Regardez ce qui se passe aujourd'hui. Ça se répète, ça
se répète encore. Où sont les résultats? Que fait François Legault par rapport
à ça? Je n'ai pas vu d'action.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Comment on peut expliquer qu'un corps policier en particulier, celui de
Repentigny, ait autant de problèmes? Est-ce que c'est comme endémique dans
l'administration de ce corps de police là? Comment est-ce qu'on peut expliquer
ça?
Mme Anglade : Vous
utilisez le mot «endémique», «systémique», et il y a visiblement un problème.
Il y a visiblement un problème. Puis moi, je ne peux pas répondre à la question
de manière précise sur ce qui se passe, mais, quand on voit les résultats, on
sait que la question de la discrimination systémique est présente là, c'est
évident. On ne peut pas me dire qu'à cause de la couleur de ta peau tu vas
être... tu as trois fois plus de chances d'être arrêté. Ça n'a pas de sens. Et
c'est ça qu'il faut régler. Et c'est là que le gouvernement doit intervenir et
qu'il n'intervient pas.
Le Modérateur
:
Dernière question en français.
M. Bergeron (Patrice) :
Concernant la vaccination obligatoire des enseignants... proposé, vous avez
entendu, donc, un médecin, hier, dire qu'il faudrait la rendre obligatoire, mais
est-ce que c'est assez pour fonder une position? Ce ne serait pas mieux de
demander un avis externe, non, ou...
Mme Anglade : Mais il y a
plusieurs personnes qui se sont prononcées en faveur de la vaccination
obligatoire. Encore une fois, ce n'est pas une science exacte. Mais qu'est-ce
que nous dit la science aujourd'hui? Ils nous disent que les enfants sont plus
malades. Ce que nous dit la science aujourd'hui, c'est que nos plus jeunes ne
sont pas vaccinés et que, conséquemment, si on veut les protéger, il faut créer
un environnement sécuritaire. Ils nous disent quoi? L'aération dans nos écoles,
la vaccination des personnes qui les entourent, c'est ça qui aide.
Alors, pourquoi est-ce qu'on ne va pas
dans cette direction? Est-ce qu'on va attendre la dernière minute, encore une
fois, pour proposer quelque chose de la part du gouvernement? Le gouvernement
attend toujours la dernière minute pour réagir.
Le Modérateur
: ...
M. Larin (Vincent) :
Peut-être juste sur le projet de loi qui va être étudié aujourd'hui,
Mme Anglade…
Le Modérateur
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît.
Mme Senay (Cathy) :Mrs. Anglade, what do you say to Claire
Samson today? Because Liberals were ahead of the game.
So, what you say to Claire Samson?
Mme Anglade :
I say to Claire Samson that we need to protect our children. We need to protect
our kids from having people that are antivaccination going to them and
intimidating them. And everybody should be really prioritizing our children. That's
what I'm telling Claire Samson.
Mme Senay (Cathy) : But you know that she has the power to stop the… to vote against
accelerating the process.
Mme Anglade : I'm asking her to think about all the children that are impacted
today and the possibility of things getting a lot worse because we don't
control the situation. We are
not against people demonstrating, we are against people intimidating and
demonstrating in front of children in locations that are dangerous for the
people that are impacted.
Mme Senay (Cathy) : But you are in favor of extending this special bill to day-cares,
hospitals, vaccination centers, CHSLDs?
Mme Anglade : Yesterday, we deposed a motion. The Government voted against the motion where we extended not only for schools,
but also for areas where they vaccinate people, CHSLD, day-cares, we extended
that. So, we hope that the Government is going to listen to us and include this in their bill.
Mme Senay (Cathy) : The plan that will be announced by the Health Minister and the
Premier this afternoon, it can be called «la grande séduction».
Mme Anglade : It can be called… sorry?
Mme Senay (Cathy) : It can be called «la grande séduction» to bring back, to convince
nurses to come back to the Public Health centers. They cannot fail on this. This
is too big for them to fail on this plan.
Mme Anglade : Yes, but it's been too big to fail for a long time, and they
haven't reacted yet. Last week, we had a minister that was still surprised by
the level of damage that is in the system. Really, he was surprised, and he is
probably the only one that was surprised across Québec. So, I really believe that they need to send a clear message that
they have understood. But, in order to understand, you need to listen to people.
It's not only… the Minister and do a follow-up, it's
really work on a plan with the people on the ground in order to do this.
Mme Senay (Cathy) : What do you want to see?
Mme Anglade :
I want to see clear proposals that are supported by the people on the ground in
the proposals they are going to make. I want to see that they are really
listening to the people on the ground. I want to see that they are no longer
surprised by what's going on, but they really understand that they have a big
part of the responsibility to make this happen.
Mme Côté (Claudie) : Mme
Anglade, sur le projet de loi qui va être étudié cet après-midi, là, est-ce
qu'on devrait l'élargir à plus que les écoles ou encore… les CHLSD?
Mme Anglade : Hier, nous avons
déposé une motion qui l'élargissait. Nous avons déposé une motion hier qui
pourra vous être envoyée, si vous ne l'avez pas reçue, qui justement
élargissait les... pas seulement pour les écoles, mais également les CHSLD, les
lieux de vaccination. Donc, la CAQ a voté contre. Nous, ce que l'on souhaite, c'est
que, dans le projet de loi qui soit déposé aujourd'hui, ce soit élargi. Donc,
on espère qu'ils ont entendu le message.
(Fin à 8 h 18)