Journal des débats (Hansard) of the Committee on Agriculture, Fisheries, Energy and Natural Resources
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Thursday, September 19, 2019
-
Vol. 45 N° 9
Special consultations and public hearings on Bill 34, An Act to simplify the process for establishing electricity distribution rates
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
Lemay, Mathieu
-
Polo, Saul
-
Julien, Jonatan
-
Tremblay, François
-
-
Polo, Saul
-
Lemay, Mathieu
-
Ouellet, Martin
-
-
Weil, Kathleen
-
Julien, Jonatan
-
Polo, Saul
-
-
Polo, Saul
-
Weil, Kathleen
-
Blais, Suzanne
-
Julien, Jonatan
-
-
Julien, Jonatan
-
Girard, Éric
-
Blais, Suzanne
-
Tardif, Marie-Louise
-
Polo, Saul
-
Ghazal, Ruba
-
Ouellet, Martin
-
Weil, Kathleen
-
-
Weil, Kathleen
-
Julien, Jonatan
-
Skeete, Christopher
-
Polo, Saul
-
-
Weil, Kathleen
-
Polo, Saul
-
Ouellet, Martin
-
Blais, Suzanne
-
Julien, Jonatan
-
-
Julien, Jonatan
-
Blais, Suzanne
-
Polo, Saul
-
Kelley, Gregory
12 h (version révisée)
(Douze heures)
Le Président (M. Lemay) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes présentes dans la salle
de bien éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Aujourd'hui, la commission est réunie afin
de procéder à des auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 34, la Loi visant à simplifier le
processus d'établissement des tarifs de distribution d'électricité.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata) sera remplacé par
M. Skeete (Sainte-Rose); M. Kelley (Jacques-Cartier) remplacera
M. Ciccone (Marquette); Mme Ghazal (Mercier) remplacera
Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue); et M. Ouellet
(René-Lévesque) remplacera M. Roy (Bonaventure).
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Merci beaucoup.
Auditions (suite)
Alors, cet avant-midi, nous entendrons L'Union
des producteurs agricoles. Alors, je souhaite donc la bienvenue aux
représentants de L'Union des producteurs agricoles. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé. Je vous demande... Ensuite, on
aura une période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à
vous présenter, ainsi que les personnes qui vous accompagnent, puis à débuter
votre exposé. La parole est à vous.
L'Union des producteurs agricoles (UPA)
M. Doyon (Paul) :
Bonjour...
Le Président (M. Lemay) :
Oh! Juste un instant. Juste un instant. Oui, allez-y, M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Polo : Juste une
question de règlement. Juste une question de règlement. C'est parce que, là, on
est plus de membres de l'opposition que de membres du gouvernement autour de la
table.
Le Président (M. Lemay) :
Alors, M. le député de Laval-des-Rapides...
M. Polo : Je sais qu'il
ne faut pas signifier l'absence, mais c'est parce que...
Le Président (M. Lemay) :
...on ne signifie pas les absences de nos collègues. Et le quorum indique cinq
membres pour avoir le quorum. Donc, j'ai constaté le quorum, nous débutons la
séance. Monsieur, la parole est à vous.
M. Doyon (Paul) : Bonjour.
Mon nom est Paul Doyon, je suis deuxième vice-président à L'Union des
producteurs agricoles. Et j'invite mes collègues à se présenter.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Bonjour. Isabelle Bouffard, Union des producteurs agricoles, je suis la
directrice de la direction Recherches et politiques.
M. Tougas (David) :
Bonjour. David Tougas, je suis coordonnateur Économie et commerce à la
direction Recherches et politiques à L'Union des producteurs agricoles.
M. Doyon (Paul) : L'UPA
tient à remercier la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles de lui donner l'occasion de présenter les commentaires
et les préoccupations du secteur agricole relatifs au projet de loi n° 34,
Loi visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité.
L'énergie est un intrant essentiel à la
production de biens agricoles. Tout comme les autres intrants, le coût des
différentes sources d'énergie, notamment l'électricité, a un impact direct sur
la rentabilité des fermes.
Cet élément est l'une des principales
raisons pour lesquelles l'UPA s'implique dans plusieurs dossiers touchant à des
enjeux relatifs à l'énergie. Suivant cette logique, l'UPA a agi à titre
d'intervenant auprès de la Régie de l'énergie dans de nombreux dossiers
d'établissement des tarifs d'électricité au cours des dernières années.
Tout d'abord, l'UPA accueille favorablement
la remise de 500 millions de dollars annoncée par le gouvernement lors du
dépôt du projet de loi n° 34. Sans se prononcer sur l'enjeu de la
provenance de cette somme, l'UPA accueille malgré tout positivement cette
mesure qui reflète l'intention du gouvernement de remettre une partie des
sommes perçues en trop par Hydro-Québec au cours des dernières années et qui
tend à améliorer les liens avec ses consommateurs d'électricité. Cette décision
simple et concrète du gouvernement contribue ainsi à une certaine équité entre
la société d'État et ceux-ci.
Le projet de loi à l'étude propose de
modifier, entre autres, la Loi sur Hydro-Québec et la Loi sur la Régie de
l'énergie afin de simplifier le processus d'établissement des tarifs de
distribution d'électricité. L'UPA tient à mentionner qu'elle adhère aux
objectifs du gouvernement dans le cadre de ce projet de loi.
Dans le cadre du processus de consultation
actuel, l'UPA juge qu'il est pertinent de se remémorer les principes sur
lesquels s'est appuyé le projet de loi menant à la création de la Régie de
l'énergie, ces principes se résumant ainsi : assurer aux Québécois les
services énergétiques requis, au meilleur coût possible, promouvoir de nouveaux
moyens de développement économique et garantir l'équité et la transparence.
Lorsqu'on analyse la portée du projet de
loi, force est de constater que celui-ci s'éloigne de certains des objectifs
ayant mené à la création de la Régie de l'énergie. Tout d'abord, le fait de
modifier la fréquence de fixation des tarifs aux cinq ans plutôt
qu'annuellement, comme c'est le cas actuellement, réduit grandement la
transparence de l'information disponible par rapport à la situation actuelle.
Nous soulignons que l'abolition proposée
du MRI s'éloigne du principe de l'un des objectifs ayant mené à la création de
la Régie de l'énergie, soit d'assurer une tarification équitable, au meilleur
coût possible.
Malgré ce qui précède, l'UPA accueille
favorablement le gel des tarifs de distribution d'électricité en 2020, suivi
d'une indexation des composantes des tarifs à l'inflation pour les quatre
années subséquentes. L'effet combiné du gel et de l'indexation fera en sorte
que la <facture totale d'électricité de la majorité des clients
d'Hydro-Québec...
M. Doyon (Paul) :
...accueille
favorablement le gel des tarifs de distribution
d'électricité
en 2020, suivi d'une indexation des composantes des tarifs à l'inflation pour
les années subséquentes. L'effet combiné du gel et de l'indexation fera en
sorte que la >facture totale d'électricité de la majorité des clients d'Hydro-Québec
augmentera d'un taux annuel équivalent à 33 % de moins que l'inflation
pour les cinq prochaines années. Considérant que la hausse cumulée des tarifs
au cours des cinq dernières années a été équivalente à l'inflation, nous
jugeons que cette proposition aidera certainement les ménages et les
entreprises agricoles à diminuer à court terme leurs dépenses liées à
l'énergie, ce qui est apprécié.
L'un des objectifs du gouvernement dans le
cadre de ce projet de loi est de réduire les ressources humaines et financières
consacrées aux dossiers tarifaires qui sont actuellement traités sur une base
annuelle. Par contre, la fixation de la fréquence de ces dossiers aux cinq ans
pourrait occasionner un choc tarifaire dans le cas où la régie aurait à
corriger un écart de rendement, par rapport à l'inflation, qui se serait
accumulé durant cette période. Rappelons que les décisions antérieures de la
régie sur la fixation des tarifs de distribution d'électricité ont mené à une
variation plus importante des taux fixés par rapport à la variation de
l'inflation, et ce, malgré le fait que le processus de fixation était fait sur
une base annuelle.
À cet égard, l'UPA appuierait une position
plus équilibrée dans laquelle la régie procéderait, à compter de 2025, à la
tenue d'une audience publique pour établir les tarifs de distribution
d'électricité, dans le cadre d'une demande tarifaire déposée par Hydro-Québec,
et ce, tous les trois ans. Cette proposition a l'avantage de diminuer les
ressources investies, tout en limitant la possibilité des chocs tarifaires.
Tout comme les différents secteurs de
l'économie, la société d'État doit travailler à améliorer son efficience. Le
secteur de la production agricole québécois doit composer avec des concurrents
qui proviennent de partout sur la planète. Afin de rester compétitives, les
entreprises agricoles doivent constamment améliorer leur productivité, car le
prix de plusieurs produits agricoles suit une tendance inférieure à
l'inflation. L'électricité étant un intrant non négligeable en production
agricole, les gains d'efficience d'Hydro-Québec favoriseront le maintien de la
compétitivité des entreprises du secteur dans le futur.
Ainsi, à compter de 2025, l'UPA demande
que le processus d'établissement et d'indexation des tarifs comprenne un
mécanisme permettant d'inciter Hydro-Québec à générer des gains d'efficience et
de s'assurer que ceux-ci sont reflétés dans les tarifs.
L'UPA juge que la fixation des
tarifs par la régie à une fréquence de trois ans combinée à l'application d'un
mécanisme favorisant les gains d'efficience contribueront certainement à
favoriser la transparence et à assurer une fourniture d'électricité au meilleur
coût possible. Ces deux principes, si chers au législateur lors de la mise en
place de la régie, doivent nécessairement être pris en compte dans
l'élaboration de la version finale du présent projet de loi.
Finalement, l'UPA est également préoccupée
par les modifications que souhaite apporter le législateur à l'article 25
de la Loi sur la Régie de l'énergie. À l'heure actuelle, la fixation ou la
modification des tarifs d'électricité d'Hydro-Québec est soumise de façon
obligatoire au processus de consultation publique en vertu des articles 25
et 48 de la Loi sur la Régie de l'énergie. Avant de rendre sa décision en cette
matière, la régie bénéficie de tous les avantages que lui offre le processus de
consultation publique, soit celui d'apprécier non seulement la preuve écrite,
mais aussi celle entendue en audience, témoignage des témoins d'Hydro-Québec et
des intervenants, sur les enjeux du dossier tarifaire. Cet arbitrage
nécessaire et important permet de s'assurer que les tarifs justes et
raisonnables sont fixés en conformité avec l'ensemble des critères prévus dans
la loi, dont celui plus central d'assurer la conciliation entre l'intérêt
public, la protection du consommateur et un traitement équitable du
transporteur d'électricité et des distributeurs.
Les modifications apportées à l'article 25
sont importantes puisque la régie ne sera plus dans l'obligation de tenir une
audience publique lorsqu'elle sera appelée à fixer les tarifs d'Hydro-Québec.
Le maintien du processus obligatoire de la tenue d'une audience publique doit
demeurer la règle, surtout si on souhaite espacer dans le temps la période de
fixation par la régie des tarifs selon ce qui est prévu au projet de loi
n° 34.
• (12 h 10) •
Bien que l'on puisse penser que la régie
souhaite maintenir le processus d'audience publique, il faut éviter qu'elle ne
choisisse de se satisfaire du processus dit de consultation par lequel une demande
se déroule par écrit seulement, et ce, pour des impératifs économiques ou
autres. Certains pourraient croire que ce choix permet de réaliser des
économies. Il appert au contraire qu'il risque d'entraîner un alourdissement
des échanges écrits entre les parties, <demande de renseignements et...
M. Doyon (Paul) :
...du processus dit de
consultation, par lequel une demande se déroule
par écrit
seulement, et ce, pour des impératifs économiques ou autres.
Certains pourraient croire que ce choix permet de réaliser des
économies,
il appert, au contraire, qu'il risque d'entraîner un alourdissement des
échanges écrits entre les parties, >demandes de renseignements et
réponses plus élaborées, preuves écrites plus détaillées, etc., puisqu'ils
souhaitent compenser l'absence d'audience publique. En fin de compte, c'est la
régie qui se trouvera pénalisée puisqu'elle aura été privée d'une explication
verbale fournie en audience et du contre-interrogatoire d'un témoin sur un
sujet d'importance faisant l'objet d'une contestation, pour ne nommer que ces
exemples. Les décisions de la régie pourraient en souffrir, et ce, au détriment
de l'ensemble des consommateurs d'électricité.
Pour ces motifs, l'UPA demande que l'article 25
de la Loi sur la Régie de l'énergie ne fasse l'objet d'aucune modification,
afin que la régie soit encore soumise à la tenue d'une audience publique
lorsqu'elle fixera les tarifs d'électricité d'Hydro-Québec. Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Donc, ceci complète votre exposé. Je cède maintenant la parole au
ministre pour la période d'échange avec la partie gouvernementale.
M. Julien : Oui, merci,
M. le Président. Alors, merci, M. Doyon et vos collègues, de vous
présenter aujourd'hui, et c'est très apprécié. Donc, si je résume rapidement
les éléments que vous mentionnez, puis corrigez-moi a posteriori si je me
trompe, donc vous êtes confortables avec le mécanisme qui dirait : Gel tarifaire,
inflation jusqu'en 2025, et, après ça, a posteriori de ça, vous souhaitez
plutôt que ce soit une obligation et non pas, en fin de compte, une possibilité
que la régie ait. Et, a posteriori, 2025, vous souhaiteriez que ce soit aux
trois ans que la cause tarifaire soit faite. Je comprends probablement que,
pour vous, jusqu'à 2025, le gel de tarifs et les quatre ans d'inflation sur la
base du gel, c'est ça qui vous conforte d'accepter la période, mais, a
posteriori, vous préféreriez une période de trois ans. C'est ça que je dois
comprendre?
M. Doyon (Paul) :
Exactement ça.
M. Julien : Parfait. Vous
avez mentionné, puis plusieurs intervenants nous ont mentionné ça également… On
regarde l'historique, on peut l'interpréter, mais nous autres, on l'a pris sur
15 ans parce qu'on voulait... parce qu'il y avait une notion également de
mécanisme d'écart de rendement ou de calcul d'écart de rendement. Donc, on a
essayé de suivre la même période pour dire : Bien, il y a une corrélation
inflation et hausse tarifaire, avec soubresauts, mais, à terme, sur une période
de 15 ans, là, on voit que l'augmentation tarifaire a été légèrement
supérieure à l'inflation. Quand on dit «légèrement», c'est que, quand on prend
la somme des éléments, c'est quand même des revenus substantiels au-dessus de
l'inflation qu'on a observés.
Et les gens nous disent : Nous, on
pense… quand on leur propose l'inflation : On pense qu'on risque de payer
trop cher et, en même temps, on pense qu'on risque d'avoir un choc tarifaire
après cinq ans. Pour moi, c'est comme, oui, vous mentionnez les deux risques du
choc tarifaire qui serait... puis qu'on n'a pas payé assez cher et de la
constance qu'on paierait trop cher. C'est sûr que, quand on vient fixer sur une
période de quatre ans à l'inflation, c'est comme si on vient se positionner. Puis
effectivement le tarif basé sur une cause tarifaire annuelle aurait pu faire en
sorte… un peu supérieur, un peu inférieur, mais on pense que la corrélation
passée avec l'inflation est démontrée.
Est-ce que vous pensez que l'inflation,
bien qu'elle n'est pas parfaitement représentative, est quand même conséquente
avec les augmentations tarifaires du passé?
M. Doyon (Paul) : Bien,
l'inflation, ça, c'est une bonne mécanique pour mesurer des choses du passé. Ce
que c'est qui s'en vient dans l'avenir, il y a bien des éléments qui font en
sorte... qui peuvent venir influencer l'inflation, différentes... et
effectivement on considère que c'est intéressant, mais, pour l'avenir, cinq
ans, ça peut être long.
M. Julien : Donc, je
réitère que, vous, votre position, puis corrigez-moi si je me trompe, c'est le
gel, comme vous mentionnez, qui donne, en fin de compte, un effet combiné, vous
avez mentionné 33 %. Je suis curieux pour le 33 %, mais tant mieux si
c'est 33 %, parce que je pensais plus que c'était une vingtaine de pour
cent, mais ça doit être l'indexation sur l'indexation, là, qui donne le
33 %.
M. Tougas (David) : Le
fait que le gel est appliqué la première année, il y a un effet cumulatif.
Donc, si on regarde la facture payée sur cinq ans, donc, il faudrait avoir un
taux de croissance équivalant à 33 % inférieur à l'inflation pour obtenir
la même facture.
M. Julien : Alors, c'est
là où je vous rejoins, c'est l'effet de la première année qui a plus de poids.
M. Tougas (David) :
Effectivement.
M. Julien : Alors, c'est
ça qui vous rassure par rapport à cet objet-là, c'est-à-dire que ça vient
mitiger fortement le risque sur cette période-là. Et, puisqu'il y aurait une
cause tarifaire après cinq ans, bien, on aurait l'heure juste, mais ce n'est
pas très risqué. <Si ce n'est pas très risqué...
M. Tougas (David) :
...inférieur à l'inflation pour obtenir la même facture.
M. Julien : Alors,
c'est là que je vous rejoins, c'est l'effet de la première année qui a le plus
de poids.
M. Tougas (David) :
Voilà.
Effectivement.
M. Julien : Alors,
c'est
ça qui vous rassure
par rapport à cet objet-là,
c'est-à-dire que
ça vient mitiger fortement le risque sur cette période-là, et
puisqu'il
y aurait une cause tarifaire après cinq ans, bien, on aurait l'heure juste,
mais ce n'est pas très risqué. >Si ce n'est pas très risqué, c'est quoi,
l'avantage? Est-ce que vos membres ou les gens que vous représentez… l'effet de
prévisibilité, est-ce que ça vaut quelque chose pour eux?
M. Tougas (David) : En
fait, oui, mais ce qui est plus d'importance, selon nous, là, c'est l'aspect
variabilité. Ce qui est amené dans le projet de loi, c'est intéressant pour la
période qui serait située entre les causes tarifaires. Donc, au niveau de la
variabilité, ce qu'on a constaté, c'est : effectivement, l'inflation a eu
moins de soubresauts, par le passé, que les causes tarifaires.
Par contre, le risque, pour nous, c'est ce
choc potentiel là, tarifaire, qui pourrait survenir aux périodes de trois ou
cinq ans, et donc cette variabilité, pour nous, elle est importante sur une
période qui peut être... qui est plus longue, sur une plus longue période en
fait, qui ne serait pas juste de trois ans ou de cinq ans, qui inclurait la
période... l'année de fixation des tarifs.
Donc, c'est pour ça que, nous, la position
est comme mitoyenne ou équilibrée. On dit : Oui, cinq ans la première...
comme vous le mentionnez, le premier cinq ans avec le gel de la première année,
on est prêts à vivre avec ça, mais, pour la suite, on serait plus à l'aise avec
une révision aux trois ans.
Mme Bouffard (Isabelle) :
L'élément...
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard, allez-y.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Excusez. L'élément que David vous amène, c'est : comme la variabilité est importante...
Parce que vous parlez beaucoup de prévisibilité, là, c'est intéressant, mais,
tu sais, c'est les soubresauts, là, qu'on tente d'amenuiser, en tout cas, nous,
pour la clientèle, pour notre clientèle. La cause tarifaire aux trois ans, en audience
publique avec toute l'information requise, permettrait de minimiser cette
variabilité-là dans le temps, c'est ce qu'on a comme position.
M. Julien : Parfait.
Donc, juste pour être sûr, là, de bien comprendre, c'est : si la période
de cinq ans avec le gel, pour vous, ça vous convient, a posteriori peut-être
qu'elle est un peu trop longue, considérant que... là, je me projette, mais je
n'ai pas le gel au début, donc j'assume une partie du risque, qui pourrait être
bénéfique, mais qui pourrait être négatif puisque, bon, historique. Mais vous
préférez cette situation-là à une situation qui, sur une période, admettons, de
cinq ans, a effectivement donné l'inflation. Si on prend les cinq dernières
années, l'inflation, 5,2 %, la hausse tarifaire, 5,6 %, ça s'y
rapproche, mais la première année, c'était peut-être deux fois l'inflation,
puis, les années subséquentes, trois quarts d'inflation. Vous préférez donc
quelque chose qui serait plus lissé avec corrections périodiques. Pour vos
membres, ce serait préférable?
Mme Bouffard (Isabelle) :
Bien, on trouve ça intéressant.
M. Julien : Intéressant.
O.K. Le 500 millions, ça, de remise, ça fait l'affaire de vos membres?
M. Doyon (Paul) : Bien
sûr, c'est une bonne nouvelle.
M. Julien : Pardon?
M. Doyon (Paul) : C'est
une bonne nouvelle.
M. Julien : C'est une
bonne nouvelle. Parfait. Maintenant, vous, vous participez... bon an, mal an,
vous participiez quand même aux hausses tarifaires. Le fait qu'ils soient
dorénavant sur une période plus longue, est-ce que ça a des enjeux pour vous?
Mme Bouffard (Isabelle) :
Bien, écoutez...
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Excusez-moi. Un dossier tarifaire, c'est sûr que ça nécessite du travail. Nous,
on y a toujours participé pleinement, ça fait cinq ans qu'on participe
davantage au dossier tarifaire. Parce qu'il y a eu des gros changements,
notamment dans l'élaboration de certains tarifs, là, donc c'est important que
la clientèle agricole soit là. Puis, tu sais, pourquoi on y va, là, c'est
important de la savoir, c'est que la clientèle agricole a des particularités,
puis on veut s'assurer que ça soit pris en compte dans l'élaboration des
tarifs.
Donc, nous, là-dessus, c'est de dire :
Bien, écoutez, on va y participer pleinement, puis, que ça soit dans trois ans,
on va y participer pleinement aussi, mais pour ça il va falloir avoir
l'ensemble de la documentation requise pour faire un bon dossier tarifaire.
M. Julien : Quand vous
mentionnez la possibilité, puis je l'ai entendu beaucoup, d'ailleurs ça m'amène
des réflexions, là, la possibilité d'un choc tarifaire, par exemple, dans cinq
ans... puis je le sais, que le passé ne peut pas être garant du futur, là,
toutes choses étant égales par ailleurs, mais quand même, sur une très longue
période, quand on regarde le passé, là, est-ce qu'effectivement il y aurait eu
un choc tarifaire si on avait appliqué ce mécanisme-là dans n'importe quelle
période de cinq ans dans le passé?
Le Président (M. Lemay) :
Oui, M. Tougas.
• (12 h 20) •
M. Tougas (David) : Oui.
Bien, on ne l'a pas regardé spécifiquement. Par contre, comme je le mentionnais
tantôt, puis c'est écrit dans notre mémoire, la variabilité des hausses
tarifaires annuelles était supérieure à l'inflation. Donc, on était sur une
révision annuelle des tarifs, et, malgré ça, on avait quand même des
soubresauts dans l'historique. Donc, le fait de les porter à cinq ans ou à
trois ans, on peut penser qu'il y a un risque que ces soubresauts-là soient un
peu plus importants, peut-être pas, il y a un risque. On est dans le potentiel,
on ne connaît pas l'avenir, mais il y a un risque.
<Donc, c'est pour ça qu'on réitère
notre position...
M. Tougas (David) :
...et malgré ça on avait
quand même des soubresauts dans l'historique.
Donc, le fait de les porter à cinq ans ou à trois ans, on peut penser
qu'il
y a un risque que ces soubresauts-là soient
un peu plus importants.
Peut-être
pas,
il y a un risque. On est dans le potentiel, on ne connaît pas
l'avenir, mais
il y a un risque.
>Donc, c'est pour ça qu'on
réitère notre position. Cinq ans, on trouve ça un peu long. L'annuel, on
comprend qu'il y a beaucoup de... Ça demande beaucoup d'énergie, ces dossiers
tarifaires là. Donc, c'est pour ça que, notre position de trois ans, bien, on la
trouve équilibrée par rapport à ça.
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard, allez-y.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Puis, tu sais, on parle pour notre secteur d'activité, on représente les agriculteurs
du Québec, mais les marges de manoeuvre des entreprises agricoles ne sont pas
très importantes. Donc, advenant qu'une année il y aurait une croissance
importante des coûts d'électricité, pour des bonnes raisons, là, donc on doit
ajuster parce qu'on est en dossier tarifaire, bien, ça peut avoir des impacts
importants pour les entreprises. Donc, nous, c'est là où on pense que, tu sais,
c'est une position mitoyenne.
Vous parlez de cinq ans. Nous, on parle de
trois ans, on n'est pas dans le... pas du tout, mais ça va permettre aux entreprises
de s'ajuster, le cas échéant. S'ils ont trop payé, bien, ils auront un rabais,
puis, s'il faut qu'ils paient un petit peu plus, bien, ça ne sera pas au bout
de la cinquième année, puis nos entreprises vont être capables de faire face à
cette variation-là.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le ministre.
M. Julien : Oui. C'est Mme Bouffard,
hein? M. Doyon également, là, vous avez mentionné dans votre allocution :
Il faudrait qu'il y ait des mesures d'efficience, là, d'Hydro-Québec, puis
après ça on parle aussi de choc tarifaire. Puis, naturellement, là, quand on a
regardé un peu les éléments qui variaient, là, le projet de loi, qu'est-ce
qu'il amenait comme responsabilités de la régie… Pour nous, la régie garde les
mêmes responsabilités. On change une périodicité par rapport à la cause
tarifaire, mais on a quand même une liste, dans le projet de loi, là, à l'article 17,
de tous les éléments, en réalité, qui devront être déposés comme information. Parce
que vous avez mentionné la transparence, où on y perdait. Quand je vois tous
ces éléments-là, les résultats financiers, les investissements, etc., là, la
somme des informations remises par Hydro-Québec… Est-ce que cette information-là,
selon vous, permettrait de voir venir la prochaine cause tarifaire avec vos
analyses que vous faites actuellement?
Le Président (M. Lemay) :
Alors, est-ce que c'est M. Doyon, madame... Mme Bouffard, allez-y.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Bien, nous, là, dans le cadre des dossiers tarifaires, on ne vous le cache pas,
il y a plein de gens avec... Tu sais, on tente de diviser le pourquoi on est
là. Nous, on regarde les effets pour les agriculteurs. Donc, il y a des
éléments, dans des causes tarifaires... Puis c'est l'objectif, là. S'il y a des
gens qui se penchent sur des domaines puis qui ont la connaissance fine, on ne
va pas dupliquer le travail, on va rendre la chose plus efficace. Donc, est-ce
qu'on regarde tous les papiers tout le temps? Il y a certains papiers qu'on
regarde plus que d'autres parce que c'est ceux qui touchent davantage les agriculteurs.
Nous, les papiers que vous semblez
emmener, nous, selon nous, il y a un bon bout de travail qui est fait. Est-ce
qu'il y a des éléments supplémentaires? Puis c'est là où, comme c'est peut-être
l'Union des consommateurs ou option des consommateurs qui font ce bout
d'analyse là, tu sais, il faut voir, eux autres, leurs besoins. Mais, par
rapport au travail des agriculteurs, la plupart des papiers sont là. Nous, ce
qu'on souhaite, cependant, c'est que ces documents-là... Ce qui serait
intéressant, c'est que... pas juste au bout de la troisième année ou de la
cinquième année. Est-ce qu'on peut voir venir le coup? Est-ce qu'ils peuvent
être disponibles annuellement, pour que, quand on arrive au dossier tarifaire,
bien, plutôt que de se taper la cuite, là, puis de travailler, là, à regarder
le passé... Si annuellement on peut faire cette analyse-là, on pense que ça
serait intéressant.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien : Mais je
comprends quand même que, dans le projet de loi, c'est prévu que tous ces
documents-là soient déposés sur base annuelle. Naturellement, c'est le principe
de la cause tarifaire qui, à l'aide de tous ces documents-là, se fait
actuellement sur base annuelle. Dorénavant, on va la faire aux cinq ans, mais
tout... Puis ça, il y a toujours la notion de transparence. On dit : La
transparence, la transparence. L'information est là, elle est rendue publique,
elle est disponible. On vient juste dire qu'on va venir fixer, dans un principe
de cause tarifaire, les tarifs aux cinq ans, puis, dans l'intervalle, en
réalité, on va appliquer l'inflation, qui semble être corollaire de ce qu'on a
vu dans le passé, qui pourrait effectivement avoir un écart mais qui, dans le
passé... Quand je regarde le cinq ans par cinq ans, là, on n'aurait pas eu de
choc, là, c'est-à-dire c'est toujours à la marge, là. Puis je retourne en
arrière, quelqu'un pourrait me dire : Oui, mais ce n'est pas garant du
futur, mais on n'en a pas vu, de potentiel de choc tarifaire, dans le passé.
Le Président (M. Lemay) :
Allez-y, Mme Bouffard.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Mais, tu sais, M. le ministre, là, vous travaillez présentement à mettre en
place le PECC, là, le Plan d'électrification et de changements climatiques.
Moi, je ne présume pas, mais c'est quelque chose d'intéressant qui est en
route, là, puis ça peut changer la donne passablement sur la consommation
d'électricité au Québec. Donc, cet élément-là, pour nous, là, de dire :
Est-ce que le passé est garant du futur, est-ce que cinq ans, c'est
suffisamment long, est-ce que ça devrait être trois ans?, moi, je fais juste
vous dire qu'avec ce que vous êtes en train de développer et mettre en place
avec le gouvernement du Québec, le PECC, là, ça peut changer quand même pas mal
passablement, là, en tout cas c'est l'impression qu'on a, la <consommation
d'électricité au...
Mme Bouffard (Isabelle) :
...donc, cet élément-là, pour nous, là, de dire : Est-ce que le passé est
garant du futur? Est-ce que cinq ans, c'est suffisamment long? Est-ce que ça
devrait être trois ans? Moi, je fais juste vous dire qu'avec ce que vous êtes
en train de développer et mettre en place, avec le
gouvernement du
Québec, le PECC, là, ça peut changer quand même pas mal, passablement, là, en
tout cas, c'est l'impression qu'on a, la >consommation d'électricité au
Québec. Donc, d'aller sur des longues périodes, avec les initiatives que vous
avez en place, je vous dirais : On va regarder aller, puis c'est là où on
voit vraiment un avantage à rapetisser ce délai-là.
M. Julien : Ce délai-là.
Je pense qu'il y a un de mes collègues...
Le Président (M. Lemay) :
Oui, parfait. M. le député de Dubuc, pour environ deux minutes.
M. Tremblay : Oui, rapidement.
Merci, M. le Président. Merci pour l'engagement, merci pour la contribution à
la réflexion.
J'aimerais savoir, on a récemment fait des
visites, entre autres à Brossard, sur des fermes dans la cadre de la CAPERN, on
parle d'industriel, de virage technologique au niveau des fermes : Est-ce
que vous y voyez l'opportunité, en tout cas, du ministre, du gouvernement,
d'avec davantage de prévisibilité… Est-ce que vous y voyez un apport au projet
puis aux ambitions innovantes de vos membres, des fermes qui travaillent,
justement, pour davantage d'économies, en ce sens-là?
Le Président (M. Lemay) :
M. Doyon.
M. Doyon (Paul) : C'est
sûr que plus on peut créer de la prévisibilité pour les investissements
agricoles, d'autres investissements aussi, mais les investissements agricoles entre
autres, c'est quelque chose qui est intéressant. Mais ça reste que vous avez
devant vous, là, des gens qui vivent avec le climat, avec la température à tous
les jours, et les consommations d'électricité, comment que... On chauffe beaucoup
à l'électricité au Québec, on peut avoir des surprises, là. Ça fait que c'est là-dedans
qu'on dit : Bien, il faut y aller plus prudemment, là.
Mme Bouffard (Isabelle) :
L'audience, il faut qu'elle se fasse... Selon nous, l'audience doit se faire
aux trois ans. Ça fait le bout de dire : Est-ce que les entreprises
vont... Est-ce qu'il va y avoir... Il va y avoir moins de variabilité, c'est
intéressant, mais est-ce que c'est le juste coût? Puis c'est l'objectif de la législation
aussi, qu'on paie le juste coût. Bien, c'est là où il faut aller vérifier, là.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. C'est bon, merci. Ceci complète la période avec la partie
gouvernementale. Je cède maintenant la parole au député de Laval-des-Rapides
pour sa période d'échange.
M. Polo : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à vous tous, merci de vous être déplacés, d'avoir soumis
votre mémoire.
Je vais commencer par quelques questions, effectivement,
sur votre mémoire, au niveau, là, de la section 3, je pense, c'est à la
page 9, Régie de l'énergie. Au dernier paragraphe, vous mentionnez
que «l'utilisation de l'indice des prix à la consommation pour indexer les prix
des tarifs d'électricité ne garantit pas nécessairement aux Québécois l'accès à
un tarif d'électricité au meilleur coût possible». Puis, on s'entend, le
travail de la régie, malgré ce qu'Hydro-Québec est venue nous dire, que ça
coûte des millions, puis que ça prend du temps, puis que ça mobilise des
grandes ressources, etc., le travail de la régie comme chien de garde, c'est
d'aboutir, en écoutant non seulement les demandes d'Hydro-Québec, mais en
écoutant également les demandes des différents types de clients d'Hydro-Québec,
c'est d'arriver à un juste prix.
Et là, à travers ce projet de loi là, le
ministre martèle depuis mardi... en fait, depuis le dépôt du projet de loi, que
le facteur de prévisibilité va permettre aux familles, va permettre aux
entreprises, va permettre aux consommateurs d'Hydro-Québec d'avoir, si je peux
dire, une meilleure... non seulement une prévisibilité, mais d'être rassurés
quant aux tarifs qu'ils vont payer, puisqu'ils vont être indexés sur le prix
des biens à la consommation. Vous, vous dites ici, noir sur blanc : Ça ne
garantit pas l'atteinte du juste prix. Pouvez-vous élaborer sur ça, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Lemay) :
Oui, est-ce que c'est M. Tougas? C'est ça?
M. Tougas (David) : Oui,
je peux y aller. En fait, on l'a bien résumé tantôt dans les discussions, c'est
que le fait... On est à l'aise avec le premier cinq ans justement à cause du
gel tarifaire la première année. Donc, on évalue que l'inflation, ce n'est pas
l'indice ou... oui, l'indice qu'il faut utiliser pour nécessairement indexer
les prix des tarifs annuellement. Donc, ce qu'on dit dans le mémoire, c'est
que, oui, pour le premier cinq ans, on est prêts à, entre guillemets, jouer le
jeu parce qu'il y a un gel tarifaire la première année. Par la suite, on veut
qu'il y ait des mécanismes en place pour inciter le distributeur, Hydro-Québec,
à faire des gains d'efficience puis que ces gains d'efficience là se retrouvent
dans les tarifs.
M. Polo : J'aimerais
savoir si, parmi vous, il y a un économiste. Êtes-vous économiste de formation,
monsieur?
M. Tougas (David) : Je
pourrais dire ça, agroéconomiste, oui.
M. Polo : Oui? Parfait.
En tant qu'économiste, pouvez-vous faire les prévisions sur l'indice des prix à
la consommation sur un horizon de cinq ans?
M. Tougas (David) : Non,
c'est extrêmement difficile. Non.
M. Polo : C'est
extrêmement difficile.
M. Tougas (David) : Je
pense qu'il n'y a personne qui se risque sur une aussi longue période.
M. Polo : Voilà. Au-delà
de 12 à 18 mois, gros maximum...
M. Tougas (David) : Oui.
• (12 h 30) •
M. Polo : ...c'est
presque impossible. Donc, la prévisibilité sur un horizon de 60 mois,
comme le dit le ministre, à part les cinq premières années, comme vous l'avez
dit, c'est caduc.
M. Tougas (David) : Bien,
la <prévisibilité...
>
12 h 30 (version révisée)
<15407
M. Polo :
...c'est
extrêmement difficile.
M. Tougas (David) : Je
pense qu'il n'y a personne qui se risque sur une aussi longue période.
M. Polo : Voilà.
Au-delà
de 12 à 18 mois, gros maximum, c'est presque impossible. Donc, la
prévisibilité sur un horizon de 60 mois, comme le dit le
ministre,
à part les cinq premières années, comme vous l'avez dit, c'est caduc.
M. Tougas (David) :
Bien, la >prévisibilité est seulement liée au fait qu'on va indexer à
l'inflation. Donc, on sait sur quoi on va indexer. Comme on le mentionnait
tantôt, l'aspect variabilité... L'inflation peut varier passablement d'une
année à l'autre, et donc cet élément-là n'est pas tenu en compte nécessairement
en indexant à l'inflation.
M. Polo : Donc, pour une
famille qui a des emplois stables, qui essaie de se budgéter année après année,
c'est impossible de prévoir sur un horizon de cinq ans, à part peut-être les
cinq premières années, et de dire : Bien, on sait que les prix vont
demeurer stables parce qu'ils sont collés à l'inflation. C'est ce que vous êtes
en train de nous dire. Et soit une famille, soit une entreprise, soit un client
industriel ou peu importe.
M. Tougas (David) : Bien,
je pense que, dans le projet de loi, on n'a pas parlé de stabilité, là, on
parlait de prévisibilité. Il y a quand même une nuance, mais, oui, effectivement,
comme on vient de le dire, l'inflation est difficile à prévoir sur une plus
longue période.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Bien, je veux juste...
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Tu sais, moi, je veux juste vous dire, là : Il n'y a rien de parfait dans
la vie. L'élément d'aller à l'IPC amène moins de variabilité. Ça, dans les
dernières années... Puis, tu sais, le passé est-u garant du futur? Écoutez, si
on le savait puis si on avait su que le prix du baril de pétrole, ça serait à
145 $ en 2008, on serait tous riches, tu sais. Ça fait que cet élément-là
de savoir ce qui s'en vient, c'est toujours difficile. Il y en a qui
s'essaient, puis ça, bon, chacun ses choix. Mais ce qu'on constate dans le
passé... puis ce n'est pas pour défendre, là, mais c'est qu'il y a eu moins de
variabilité, puis là on n'est pas dans la prévisibilité, avec l'IPC.
Mais on revient avec notre trois ans, là.
Moi, je vous le dis, le trois ans, pour nous, ça prend... puis c'est une
audience publique, là.
Le Président (M. Lemay) :
...Mme Bouffard. M. le député de Laval-des-Rapides, allez-y.
M. Polo : J'ai une autre
question. C'est parce que j'ai moins de temps que le ministre...
Mme Bouffard (Isabelle) :
Excusez-moi.
M. Polo : ...donc c'est
pour ça que... Je vous amène au début de la page 11. Parce que vous avez
répondu à la question du ministre : Qu'est-ce que vous pensez du
500 millions de dollars qui va être remboursé en 2020? Et je pense que
c'est monsieur qui a dit : Ah! c'est une bonne affaire pour nos membres.
En effet.
Mais ce que je trouve ici particulier,
puis c'est ce que j'ai donné hier comme exemple, notamment dans une entrevue de
radio... L'anniversaire de mon garçon, moi, c'est le 29 juin... le
29 octobre, excusez, et, si je lui donne un cadeau demain, là, il sait
bien que je suis... en fait, je suis en train de devancer le cadeau que je lui
aurais de toute façon donné le 29 octobre. On s'entend. Donc, en réalité,
ça peut créer un certain élément de surprise, mais, pour lui, même à 10 ans,
il n'est pas dupe, il comprend que c'est son cadeau qui est juste devancé de
cinq semaines.
Je vous donne cet exemple-là pour
illustrer ce que vous dites ici, dans vos propres propos. C'est que le
mécanisme de remboursement appliqué à partir de 2017… Le montant de la remise
de 500 millions de dollars annoncée était déjà destiné à être remboursé
aux consommateurs d'électricité au cours des prochaines années, selon les
mécanismes actuels de fixation des tarifs. Donc, d'essayer de se lancer des
fleurs en disant : On redonne 500 millions de dollars aux Québécois,
comme si c'était un élément nouveau, en fait, il n'y a pas d'élément nouveau à
part qu'ils vont le recevoir en 2020 plutôt qu'au cours des trois à cinq
prochaines années. On s'entend sur ça.
Le Président (M. Lemay) :
M. Doyon.
M. Doyon (Paul) : Oui,
oui.
M. Polo : Parfait. Vous
avez évoqué avec le ministre, là, le concept de choc tarifaire, notamment en
parlant du fait qu'au-delà des cinq premières années il est difficile, à ce
moment-là, d'anticiper... En fait, vous dites ici : «…la fixation de la
fréquence de ces dossiers aux cinq ans pourrait occasionner un choc
tarifaire — je sais que le ministre n'était pas d'accord avec
l'utilisation du mot "choc tarifaire" parce que je l'utilise
également — dans le cas où la régie aurait à corriger un écart de
rendement par rapport à l'inflation qui se serait accumulé durant cette
période.» Et, vous, ce que vous proposez, notamment, c'est de raccourcir cette
période à trois ans, et notamment vous proposez que la régie conserve une bonne
partie de ses pouvoirs pour pouvoir exiger de la part d'Hydro-Québec, en tant
que monopole d'État, à déposer un dossier tarifaire en bonne et due forme et à
continuer d'avoir des audiences, donc, non seulement auprès d'Hydro-Québec,
mais auprès des différents types de consommateurs. C'est ce que vous demandez.
Le Président (M. Lemay) :
M. Doyon.
M. Doyon (Paul) : Oui.
Le trois ans, là, c'est facilement explicable, dans le sens que, la première
année, s'il se passe quelque chose, bien, on a la deuxième année pour voir
comment que ça va... si ça se continue ou si ça se résorbe, et là, dès la
troisième année, bien là, c'est là qu'on intervient.
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard, vous voulez ajouter quelque chose.
M. Polo : Allez-y,
allez-y.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Je sais que j'embarque dans votre temps à vous, là, mais...
M. Polo : Non, non,
allez-y, allez-y.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Tu sais, pour nous, la régie, là, c'est une mémoire institutionnelle, là. C'est
important, là, c'est... Elle est là de façon pérenne. Elle amène de
l'intelligence, elle amène du savoir. Donc, c'est important qu'elle conserve
ses pouvoirs.
Est-ce qu'on doit moduler les façons de
faire pour emmener de l'efficience dans le système? Bien, regardez, nous, on
n'est pas fermés, mais c'est <important...
Mme Bouffard (Isabelle) :
...là, c'est une mémoire institutionnelle, là. C'est
important, là,
c'est... Elle est là
de façon pérenne, elle amène de l'intelligence,
elle amène du savoir. Donc, c'est
important qu'elle conserve ses
pouvoirs.
Est-ce qu'on doit moduler les
façons de faire pour amener de l'efficience dans le système? Bien, regardez,
nous, on n'est pas fermés, mais c'est >important qu'elle conserve ses
pouvoirs. Ça, pour l'UPA, là, on est là.
M. Polo : En effet. Un
autre élément qui nous a été rapporté hier par M. Sylvain Audette, de la Chaire
de recherche en gestion du secteur de l'énergie, c'est qu'il est faux de
prétendre qu'il n'y aura plus de trop-perçus avec le projet de loi n° 34
parce que, tout simplement, les trop-perçus seront cachés ou invisibles pendant
une période de cinq ans avec le projet de loi. Qu'en dites-vous?
Le Président (M. Lemay) :
M. Tougas, allez-y.
M. Tougas (David) : Oui,
merci. En fait, notre mémoire, le fait de... la combinaison d'avoir une période
plus courte, donc aux trois ans, avec, on l'indique, là, des facteurs quand
même… de garder des facteurs d'efficience autant dans la fixation que dans
l'indexation entre la période de trois ans, bien, nous, on pense que ça va
corriger ce problème-là.
M. Polo : Mais sur cinq
ans? Restons sur le cinq ans qui est proposé dans le projet de loi n° 34. Sur cinq ans, est-ce que vous considérez qu'il y a
un manque de transparence, disons-le comme ça?
M. Tougas (David) : Moi,
je ne serais pas prêt à me prononcer là-dessus, là, mais...
Mme Bouffard (Isabelle) :
Bien, manque de transparence...
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Il faut qu'on ait le matériel pour être en mesure de regarder s'il y a des trop-perçus.
Il existe des mécanismes. Ces mécanismes-là, est-ce qu'ils peuvent fonctionner?
Il y a plein de monde intelligent, Hydro-Québec, ils ont une boîte avec plein
de monde intelligent, la Régie de l'énergie également, donc je suis certaine
qu'on peut s'asseoir puis trouver des mécanismes afin de s'assurer que, s'il y
a des trop-perçus de la société d'État, les contribuables puis les consommateurs,
ça revienne dans leurs poches, là. Moi, je considère que c'est possible de le
faire. Il faut juste s'asseoir, boire du café, puis trouver les solutions.
M. Polo : Parfait.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député.
M. Polo : À la page 12
de votre mémoire, au milieu de la page, l'avant-dernier paragraphe de la
section 4, vous dites : «L'UPA juge que la fixation des tarifs par la
régie à une fréquence de trois ans combinée à l'application d'un mécanisme
favorisant les gains d'efficience contribueront certainement à favoriser la
transparence et à assurer une fourniture d'électricité au meilleur coût
possible.» Donc, je vais dans la même.... je poursuis votre raisonnement, en
fait, vos propos, madame, mais je replace ces propos-là dans un contexte de
cinq ans et donc j'interprète le contraire. C'est qu'actuellement, tel que le
projet de loi est rédigé, sur cinq ans, avec les pouvoirs qu'on retire à la
Régie de l'énergie pour pouvoir appliquer un vrai mécanisme de contrôle auprès
d'Hydro-Québec, il y a clairement un manque de transparence.
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Nous, ce qu'on dit, c'est... Puis j'entends que le projet de loi ait ça. Je
comprends que vous allez travailler article par article, puis il va y avoir des
travaux parlementaires qui vont suivre la commission. Nous, ce qu'on demande,
c'est que ça soit trois ans pour atténuer les chocs tarifaires, puis mettre des
mécanismes en place afin que, s'il y a des trop-perçus, ils soient captés, puis
de s'assurer que la transparence, à travers les documents qui seront remis
annuellement à la régie, soit là. Donc, c'est ça qu'on vous demande, puis que
ça apparaisse dans le projet de loi. Donc, après ça, c'est dans vos mains, ça
vous appartient, mais c'est notre demande en ce moment.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup. Ceci complète la période d'échange avec la partie de
l'opposition officielle. Je cède maintenant la parole au député de
René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci, M.
le Président. Considérant le temps qui m'est alloué, est-ce qu'il est possible
de récupérer le temps de la deuxième opposition?
Le Président (M. Lemay) :
Oui, est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Lemay) :
Consentement. Allez-y, M. le député.
M. Ouellet : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour de vous saluer. Juste d'entrée de
jeu, j'aimerais savoir… Il s'est signé plusieurs ententes à l'international, et
je crois comprendre, dans l'immédiat, que ça a eu un impact du côté de l'UPA,
chez les producteurs, pour l'avenir. Donc, est-ce qu'il est faux de prétendre
que, dans le nouveau contexte actuel, il y a eu des pertes, dans le secteur
agricole, qui doivent être compensées par une façon différente de travailler
ou, du moins, d'augmenter ces revenus d'une autre façon, telle que vous le
connaissiez par le passé?
Le Président (M. Lemay) :
M. Doyon.
M. Doyon (Paul) : Bien,
effectivement, il y a eu des ententes de signées avec… des ententes
commerciales qui ont fait en sorte qu'ils ont fragilisé certains secteurs de
notre agriculture, et on se fie sur des institutions comme Hydro-Québec, comme
la Régie de l'énergie pour faire en sorte que les producteurs agricoles, les
fermes ne paient pas leur énergie trop cher.
M. Ouellet : Donc, si je
comprends bien, l'industrie, ce qu'elle a besoin, ce n'est pas tant de la
prévisibilité, c'est surtout des tarifs plus bas?
M. Doyon (Paul) : Les
deux.
M. Ouellet : Une
prévisibilité sur un an serait suffisante pour vous?
M. Doyon (Paul) : Bien,
nous autres, on dit que... Bien, un an, c'est ce qu'on connaît déjà. Là, il y a
une suggestion de cinq ans. On dit, nous autres, trois ans, ça fait que
c'est... on pense qu'à trois ans on pourrait y arriver.
M. Ouellet : Comment vos
entreprises fixent leurs tarifs, leurs prix de vente pour arriver à faire des
revenus?
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard.
• (12 h 40) •
Mme Bouffard (Isabelle) :
Tu sais, nous, on est des preneurs de prix, là. Donc, la plupart du temps, il y
a certains secteurs où il y a de la mise en marché collective, les producteurs
se sont organisés entre eux pour se mettre ensemble pour <mettre en...
M. Ouellet :
...entreprises fixent leurs tarifs, leurs prix de vente pour arriver à faire
des revenus?
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Bien, ça, c'est... tu sais, nous, on est des preneurs de prix, là. Donc, la
plupart du temps, il y a certains secteurs où il y a de la mise en marché
collective. Les producteurs se sont organisés entre eux pour se mettre ensemble
pour >mettre en marché leurs produits. On est unique au Québec. Par
rapport à la mise en marché, il y a la gestion de l'offre également. Mais, de
façon générale, on est des preneurs de prix. Puis c'est là où, quand on parle
de l'inflation puis qu'on est confortables avec l'inflation moins 33 %,
nous, on pense que la société d'État est capable de faire mieux que l'inflation.
Elle l'a dit, elle veut être efficiente, elle veut travailler fort, elle est
capable d'être en bas. Ça fait qu'il faut qu'elle travaille là-dessus puis c'est
là où les mécanismes qu'on souhaite qui soient mis en place puissent attraper
ces gains d'efficience là.
M. Ouellet : O.K. Vous
dites que vous voulez que la société d'État fasse mieux. Si on retourne par le
passé, donc avant l'adoption de ce projet de loi là, la fixation des tarifs
chez Hydro-Québec était basée sur le coût que ça coûtait pour Hydro-Québec de
procéder à des installations, et après ça la régie fixait ces coûts-là en
fonction du coût d'Hydro-Québec. Lorsqu'on regarde le tableau soumis par le
ministre sur la variabilité des hausses de coûts versus l'inflation, il faut se
rappeler aussi : au tournant des années 2000, il y a le projet de La
Romaine qui a commencé. Donc, d'énormes sommes d'argent ont été investies par
la société d'État pour augmenter sa capacité de production. Alors, des Romaines
suivantes, je n'en vois pas dans les cartons d'Hydro-Québec. Donc, je présume,
je ne suis pas un devin, qu'il n'y aura pas d'investissement aussi massif dans
le futur pour ce qui est d'Hydro-Québec.
Donc, la prétention que nous avons, c'est
que la régie aurait pu, dans le futur, considérant deux choses, l'augmentation
des besoins, donc l'augmentation de la demande dans certains cas, le retour
d'ABI sur le marché, le 500 mégawatts offert en cryptomonnaie… Bref, tout
ça aurait augmenté les revenus d'Hydro-Québec, avec des dépenses moindres.
Donc, on aurait pu peut-être, même, dans certains cas, ne pas voir aucune
hausse acceptée par la régie, et donc l'inflation aurait été plus élevée.
Donc, ma question que j'ai pour vous :
Préférez-vous les tarifs plus bas, ou, dans ce cas-là, une prévisibilité qui
est pure spéculation? Puis vous l'avez dit tout à l'heure, votre économiste l'a
dit, on n'est pas capable de se lancer dans le temps, sur cinq ans, sur
qu'est-ce que sera l'inflation. On ne le sait pas. Là, on a des tendances. On
sait que ça a varié. Mais là le ministre nous dit : On offre de la
prévisibilité. Moi, je veux savoir : L'industrie, ce qu'elle veut, est-ce
que c'est de la prévisibilité, avoir le moins de coûts possible avec le
meilleur mécanisme possible?
Le Président (M. Lemay) :
M. Doyon.
M. Tougas (David) : Je
peux...
Le Président (M. Lemay) :
M. Tougas, allez-y.
M. Tougas (David) : Mais,
en fait, peut-être qu'on se répète, là, mais, le premier cinq ans, avec la
proposition dans le projet de loi, on est à l'aise avec ce risque-là,
c'est-à-dire inflation moins 33 %. Ça nous convient, on est prêts à
prendre ce risque-là. Pour l'avenir, on a des bémols. On a de la misère,
effectivement, à prévoir ce que va être le marché d'électricité, là, au Québec
dans cinq ans, et l'inflation également. Donc, c'est là qu'on dit : Bien,
trois ans avec un facteur d'efficience, là on serait prêts à vivre avec ça pour
le futur.
M. Ouellet : O.K. Dites-moi
si mon raisonnement est faux, puis je vais être très bref, là. Je comprends
bien que, dans le fond, vous êtes à l'aise avec ça, et donc les gens vont fixer
les prix en fonction de cette variable-là qui est le coût. Cette année, en
2020, ça ne coûtera pas plus cher d'électricité, mais ça va coûter plus cher
dans les années subséquentes. Est-ce qu'on pourrait penser que l'industrie va
augmenter ses prix cette année pour éviter que, par le futur, ses prix soient
plus élevés, considérant que cette année, il n'y a pas d'augmentation de coûts
prévue pour 2020 et qu'il y a des augmentations qui pourraient être relatives à
l'inflation?
Le Président (M. Lemay) :
M. Tougas.
M. Tougas (David) : Vous parlez
d'industrie, vous faites allusion…
M. Ouellet : À
l'industrie agricole.
Le Président (M. Lemay) :
Mme Bouffard.
Mme Bouffard (Isabelle) :
Je m'excuse, je ne comprends pas votre question. C'est quoi que vous voulez
savoir?
M. Ouellet : Pour fixer
les prix, comme les tarifs d'énergie vont être gelés puis qu'ils vont augmenter
dans le futur, est-ce que l'industrie ne serait pas tenue de commencer à
augmenter aujourd'hui un petit peu ses prix, considérant qu'elle sait que, dans
le futur, ils vont augmenter?
Mme Bouffard (Isabelle) :
Nous autres, les prix, là, c'est fixé sur la bourse de Chicago.Tu sais, on vous
le disait, on est des preneurs de prix. Ça fait qu'à partir de là, nous, le
bout de variabilité, de ne pas pouvoir anticiper, on vit avec des changements,
les changements climatiques, les aléas climatiques, les aléas des prix. Il y a
une chicane entre la Chine puis les États-Unis, on se ramasse avec une baisse
de prix. Donc, c'est sûr que le bout d'assurer une certaine stabilité dans les
prix...
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, Mme Bouffard. Je suis désolé, je dois vous interrompre.
M. Doyon, M. Tougas, Mme Bouffard, je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
13 heures, où elle se réunira en séance de travail.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
>
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 1)
La Présidente (Mme Weil) :
À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles reprend ses travaux. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Cet après-midi, nous entendrons
l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable, l'Institut de
recherche et d'informations socioéconomiques, la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante et le Regroupement des organismes environnementaux en
énergie.
Alors, monsieur... Donc, nous avons avec
nous...
Association québécoise de la production d'énergie
renouvelable (AQPER)
M. Samray (Jean-François) :
Samray.
La Présidente (Mme Weil) :
…M. Jean-François Samray. Alors, à vous la parole, M. Samray, pour
une présentation de 10 minutes.
M. Samray (Jean-François) :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Mmes, MM. les députés, les attachés et les sous-ministres,
bonjour.
Donc, avant de commencer, j'ai porté à
l'attention du secrétaire de la commission que nous avons constaté trois
petites coquilles, dans le délai... Donc, à la page 7, nous avons retiré «un
suivi de correction». À la page 9, la dernière phrase se termine... le
point va après «appel d'offres», hein? Et, à la dernière phrase de la
page 31 et début de page 32, on met le point après «appel d'offres»
et on biffe le reste, hein? C'est un peu comme vos projets de loi, c'est la
même chose, là. Donc, on y va.
Donc, les membres du conseil
d'administration de l'AQPER tiennent à saluer d'entrée de jeu le maintien de la
mission de la Régie de l'énergie dans le projet de loi n° 34, une entité
neutre et spécialisée dont la tâche est d'entendre toutes les parties,
d'analyser les informations et les expertises reçues et d'en tirer les
conclusions qui s'imposent. Lors des débats parlementaires de 1996, le consensus
sur la nécessité de recourir à des équipes d'experts neutres s'est imposé.
Notre association se réjouit ainsi de
constater qu'aucune modification n'a été apportée aux procédures d'achat d'électricité
postpatrimoniale ou à la compétence de la régie dans ce domaine.
Nous appuyons également le maintien de la reconnaissance
d'un statut particulier pour les approvisionnements servant à combler les
besoins des réseaux autonomes. Les 23 agglomérations et villages de ce
réseau sont des entités politiques distinctes et sont disséminés sur un immense
territoire. Chaque cas est un cas d'espèce. Il ne saurait y avoir de modèle
unique comme sur le réseau continental.
Parlons maintenant de la modification qui
a pour effet de retirer au distributeur l'obligation de se faire approuver ses
programmes commerciaux par la régie. Dans le cas de marchés dotés de monopole,
le rôle d'un régulateur est de s'assurer que les programmes mis en place
procurent la plus grande efficience économique. C'est exactement le rôle qu'a
joué la régie.
Après avoir analysé les dernières causes
tarifaires, on constate que la portion des frais reliés au remboursement des intervenants
est insignifiante, de l'ordre du millième de pour cent par rapport à l'ensemble
des charges de la cause tarifaire. C'est fort peu pour avoir un débat démocratique
sain permettant à l'ensemble des parties prenantes de comprendre les tenants et
aboutissants des tarifs qu'ils auraient à payer.
Autre exemple, le projet GDP Affaires, actuellement
entendu par la régie, vise à instaurer un mécanisme d'effacement de la demande
de puissance auprès de la clientèle d'affaires en échange d'un support
monétaire. Selon la réponse, HQD modulera ses achats de court terme en
puissance. Or, une fois déréglementé, il sera facile pour le distributeur de
passer une entente gré à gré avec son entreprise sœur, Hydro-Québec Production,
dans le cadre d'un programme commercial. Pareille situation est préjudiciable
pour les membres de l'AQPER ainsi que pour les consommateurs puisqu'elle évacue
toute notion de compétition garante de l'obtention du meilleur service au
meilleur prix.
L'AQPER recommande donc au législateur de
retirer l'article 12 du projet de loi, ce dernier ayant des impacts
négatifs beaucoup plus importants que les bénéfices qui pourraient en
bénéficier.
L'article 8 du projet introduit les
articles 48.2 à 48.6 dans la Loi sur la Régie. L'AQPER est d'avis que le législateur
se donne une marge de manoeuvre salutaire en ce qui a trait aux circonstances
exceptionnelles qui pourraient affecter le distributeur. Il importe au gouvernement
de porter une attention particulière aux dépenses liées au contrôle de la
végétation ou au remplacement des équipements de distribution, tout retard
pouvant avoir des conséquences <douloureuses pour le consommateur...
M. Samray (Jean-François) :
...la régie. L'AQPER est d'avis que le législateur se donne une
marge de
manoeuvre salutaire
en ce qui a trait aux circonstances exceptionnelles
qui pourraient affecter le distributeur. Il importe au
gouvernement de
porter une attention particulière aux dépenses liées au contrôle de la
végétation et au
remplacement des équipements de distribution, tout
retard pouvant avoir des conséquences >douloureuses pour le
consommateur.
Néanmoins, soyons bien clairs, et pour les
raisons qu'elle a expliquées dans son mémoire, l'AQPER est d'avis que le délai
de cinq ans est beaucoup trop long et recommande de ramener cet intervalle à
deux ans.
L'AQPER est également d'avis que la
fixation de nouveaux tarifs devrait être une prérogative qui demeure à la régie
suite à une audience distincte. Cette recommandation prend pour exemple le
tarif... la demande de modifier... la tentative de modification du tarif de
mesurage net au réseau intégré menée par le distributeur lors de la cause
tarifaire 2018-2019. Suite aux arguments mis de l'avant par divers
intervenants, dont notre association, la régie a été d'avis que la fixation
dudit tarif s'avère suffisamment importante pour faire l'objet d'une cause
distincte. Elle a donc enjoint le distributeur d'agir en ce sens.
Certes, le gouvernement, par
l'introduction de l'article 48.5, pourra demander toute information
requise par le distributeur pour analyser tout rapport lui demandant une modification
tarifaire. D'apparence rassurante, cette disposition occulte toutefois une
réalité bien présente : l'asymétrie de l'information entre le distributeur
et les équipes du MERN, combinée à un déséquilibre du nombre et de l'expertise
fine. Cette réalité est bien présente, et nous l'avons vécue lors de récentes
discussions ou négociations relatives aux baux des forces hydrauliques. Notre
association a dû colliger, compiler rendre disponibles certaines informations
détenues par Hydro-Québec mais non partagées par celle-ci avec le ministère.
Pour cette raison, l'AQPER recommande
fortement au législateur de retirer l'article 48.4 du projet.
La conjonction des articles 8 et 11
du projet de loi permettent au distributeur de restructurer son réseau
d'unidirectionnel à bidirectionnel, par exemple, soit un réseau dans lequel le
client retire et injecte de l'électricité à des conditions qui pourraient ne
pas être les plus profitables pour l'ensemble de la société québécoise.
Hydro-Québec est, certes, le vaisseau amiral de l'économie québécoise, elle
n'en constitue pas pour autant l'ensemble de la flotte. La théorie économique
est unanime sur le manque d'innovation propre aux monopoles naturels, ce qui
est le fondement du besoin d'un régulateur économique.
La volonté du distributeur à introduire un
tarif dissuasif pour les clients résidentiels branchés au réseau principal
faisant de l'autoproduction, ainsi que son intérêt à se doter d'un mécanisme ou
d'un programme lui permettant d'avoir recours à l'électricité emmagasinée dans
les batteries des autos électriques, ne peut se faire en catimini. Pour être
porteurs de progrès social, ces débats ont besoin de transparence dans un
environnement neutre, un environnement où des experts internationaux viendront
présenter leur évaluation de la situation, des expertises vécues sur d'autres
marchés et des avenues envisageables pour répondre aux enjeux de la
distribution électrique de demain.
L'AQPER est d'avis que le Québec n'a pas
besoin de moins de régie, mais, bien au contraire, de plus de régie pour
débattre des questions fondamentales pour les décennies à venir. C'est pourquoi
elle est d'avis que le législateur serait fort avisé de retirer
l'article 11 du projet de loi n° 34.
Ne faisant aucune mention au plan
directeur de Transition énergétique Québec, le projet de loi conserve à la
régie le devoir de suivre l'évolution dudit plan et d'en approuver toute
modification ou mise à jour. La régie doit également donner son avis sur la
capacité du plan directeur d'atteindre les cibles fixées par le gouvernement
ainsi que sur les programmes qui sont sous la responsabilité dudit distributeur
d'énergie, donc HQD.
Or, la régie pourra-t-elle s'acquitter de
cette responsabilité si elle n'a pas droit de regard sur les programmes
commerciaux du distributeur? L'article 17 du projet de loi introduit,
certes, une obligation de présenter une liste de suivi des interventions en
efficacité énergétique, des coûts liés à TEQ, mais une telle approche ne permet
aucunement de questionner les actions et programmes ou de demander un
redressement, si besoin est.
C'est pourquoi l'AQPER est d'avis que le
dépôt d'une cause tarifaire complète à intervalles de cinq ans s'avère beaucoup
trop espacé pour faire la lumière sur l'efficacité de différentes actions
menées par le distributeur, notamment en matière de programmes commerciaux ou
d'investissement. Une telle démarche placerait la régie devant un fait accompli
et pour lequel le coût de sortie pourrait s'avérer prohibitif. L'AQPER
recommande au législateur de ramener cet écart à deux ans.
Finalement, l'AQPER est convaincue que,
dans sa volonté d'instaurer une réforme simplifiant l'établissement des tarifs,
le gouvernement du Québec a cherché à éliminer les calculs rodés au fil des
années et non à éliminer des débats lourds de conséquences pour lesquels
l'audition d'experts internationaux est une nécessité. Elle croit également que
le législateur cherche à utiliser toute l'expertise de ce tribunal
administratif là où cela crée de la valeur, la preuve en est que le législateur
a jugé que le Québec serait mieux servi en laissant à la Régie de l'énergie,
une instance neutre, le soin de gérer les appels d'offres. Mme la Présidente,
nous avons terminé.
• (15 h 10) •
La Présidente (Mme Weil) :
Merci. Merci beaucoup, M. Samray, pour votre exposé. <Nous allons
maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Julien : Oui.
Merci, Mme la Présidente. M. Samray, un grand plaisir de vous revoir... 33
M. Samray (Jean-François) :
...le soin de gérer les
appels d'offres.
Mme la Présidente, nous avons terminé.
La Présidente (Mme Weil) :
Merci. Merci beaucoup, M. Samray, pour votre exposé. >Nous allons
maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Julien : Oui, merci,
Mme la Présidente. M. Samray, grand plaisir de vous revoir. Merci pour
votre énoncé et votre analyse, c'est très apprécié. D'entrée de jeu, vous avez
mentionné, là, assez rapidement dans votre allocution, la nature insignifiante
des frais... je ne sais pas si c'était «insignifiante» ou bien très peu élevés
en pourcentage, des frais liés au processus de cause tarifaire. Pouvez-vous
aller plus loin sur le volume ou sur la hauteur de ces frais et pourquoi ils
seraient, selon vous, insignifiants ou... Ce n'est pas le bon terme, là, c'est
très...
M. Samray (Jean-François) :
Bien, écoutez, on a fait, dans notre mémoire... il faut que je retrouve la
page, mais nous avons, à la figure 2, si je ne m'abuse, le tableau où on a
pris l'ensemble des frais qui ont été demandés et alloués par la régie. Et on a
pris ce montant par rapport à l'ampleur de la cause, et ça nous donne le ratio
qui est dans les dix-millièmes de pour cent. Et on s'est dit que... Bien,
disons qu'Hydro-Québec a une plus grosse équipe. Il faut préparer les dossiers.
Donc, multiplions ça par 10. On arrive quand même à quelque chose
d'insignifiant sur l'ensemble de la cause tarifaire. Et, si on enlève le coût
des achats d'électricité et le coût des ressources humaines, on ramène ça, bien
là, on arrive dans des dixièmes de pour cent.
Et, pour l'AQPER, je pense que la
démocratie québécoise ne peut pas faire le frais d'économie d'un principe
fondamental de la démocratie, c'est-à-dire le débat ouvert et l'accès aux
chiffres. C'est la raison pour laquelle on se dit que toute hausse tarifaire
fait l'objet de différents éditoriaux, de différents questionnements, et donc,
pour ça, on pense que c'est important que les causes soient entendues.
M. Julien : Parfait.
Depuis les dernières journées, on a eu l'occasion de discuter avec plusieurs,
plusieurs groupes. Naturellement, là, la volonté du gouvernement, à l'intérieur
du projet de loi… il y a certains aspects, mais on veut une simplification du
processus. On veut une prévisibilité ou une stabilité, le cas échéant, des
hausses dans le temps. Je le réitère, là, parce que j'aimerais, là... Puis je
me répète, mais on prend des blocs de cinq ans dans les dernières années. Comme
par exemple les cinq dernières années, la hausse à l'inflation a été de
5,2 %, la hausse tarifaire a été de 5,6 %. Mais effectivement, là,
quand on prend une à une, on voit que ce n'est pas nécessairement... la hausse,
et l'inflation, n'est pas parfaitement corrélée. Mais, cinq ans par cinq ans,
on voit une corrélation un peu supérieure, dans les 15 dernières années,
que l'inflation.
Donc, ce qu'on vient faire, nous autres,
c'est augmenter la période de temps, que vous suggérez, vous, qui serait
peut-être mieux à deux ans, à cinq ans, avec un gel première année.
C'est-à-dire qu'un gel, inflation… puis on va venir faire une cause tarifaire
qui serait sur base annuelle, avec des frais, somme toute, que vous qualifiez
de non importants, mais, pour nous, c'est une simplification, une stabilité,
dans l'évolution des tarifs, qui nous apparaît opportune, opportune pour la
clientèle. Naturellement, on parle de la clientèle résidentielle mais industrielle,
institutionnelle. Cette stabilité-là, est-ce qu'elle a de la valeur pour vous?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, écoutez, je pense que, les dernières trois ou quatre décennies, on a vu,
au Québec, arriver… Pour obtenir une cible... d'avoir des coûts les moins...
les augmentations les plus faibles possible, il y a eu du travail qui a été
fait chez Hydro-Québec. Et Vest arrivé des retards d'investissement sur
certains enjeux. Et est arrivée, bang! une crise, ça a été le verglas, ça a été
d'autres éléments. Et il a dû y avoir des programmes de rattrapage et c'est au
courant de ces années-là où on a vu des sauts de 6 %, 7 %, et par la
suite, une fois que ces programmes-là ont été terminés, ça a été ramené plus ou
moins à un écart lié avec l'inflation.
Mais, pour nous, je pense que ce qui est
important, c'est la prévisibilité, mais c'est également la compréhension par le
public. Et de dire que c'est l'inflation aujourd'hui... puis je pense que c'est
également la notion, d'abord, pour le citoyen, de payer le juste prix. Et dans
le juste prix, il y a un ensemble de facteurs. Et, si on fait les causes aux
cinq années et si on ajoute les éléments de retirer certains investissements,
de les faire aux cinq ans… Bien, tout distributeur, qu'il soit gazier,
électrique, a une part de ses tarifs qui est fixée par la rémunération des
actifs qui sont possédés. Donc, si on me donne carte blanche pendant cinq ans
pour faire installer tout ce que je veux et que je n'ai plus à le présenter, je
me présente cinq ans après devant la régie, et, voyez, mes actifs sur rémunération
ont augmenté de 5 %, 10 %, 15 %, 20 %, 30 %, 35 %
depuis la dernière cause. Et j'ai eu beaucoup d'années pour les installer et,
ce faisant, quand je reviens devant la <nouvelle...
M. Samray (Jean-François) :
... Donc, si on me donne carte blanche pendant cinq ans pour faire installer
tout ce que je veux, et que je n'ai plus à le présenter, je me présente cinq
ans après devant la régie, et, voyez, mes actifs sur rémunération ont augmenté
de 5 %, 10 %, 15 %, 20 %, 30 %, 35 % depuis la
dernière cause, et j'ai eu
beaucoup d'années pour les installer. Et, ce
faisant, quand je reviens devant la >nouvelle cause tarifaire, bien là,
je vous demande une rémunération des actifs qui va être sensiblement comme elle
est, sauf que mes actifs auront été énormément élargis. Donc, de là la notion
de ramener ça sur une base plus... un intervalle plus rapproché.
Et, de l'autre côté, je pense que la
société québécoise ne peut pas se permettre le luxe de ne pas faire un débat
éclairé, ouvert, transparent. On obtient, sur certains autres réseaux,
certaines autres juridictions, une information que... Je pourrais remplir mon
ordinateur, là… puis, même, j'ai une dernière génération, donc avec une très
grosse mémoire, là, mais je pourrais remplir l'ordinateur de données sur
combien, à titre d'exemple, de mégawattheures éoliens sont injectés aux cinq
minutes près, quel est le pourcentage de la production hydraulique, quel est le
prix constant, quel est le niveau d'interconnexion sur chacune des
interconnexions. Il y a une panoplie d'informations qui sont absolument
absentes du débat et qui sont importantes pour la compréhension du citoyen, et
ça, cet élément-là, cette absence de statistiques là fait en sorte qu'il y a
uniquement lors de la cause tarifaire qu'on peut obtenir cette information-là.
Et, si on voulait encore plus le
simplifier, je vous dirais qu'avoir une plus grande transparence, avoir un
registre, à la régie, où tous les documents sont indexés, avec des moteurs de
recherche et qu'on peut reculer 15 ans en arrière dans les recherches, ça
aiderait beaucoup tout le monde et ça mettrait le climat beaucoup plus en
confiance.
M. Julien : Alors, deux
petits éléments, M. Samray. Les principaux investissements passent, là, tout
de même par HQT, là, qui va passer à la régie, là, les investissements majeurs,
là.
M. Samray (Jean-François) :
Bien, il y a des investissements majeurs qui sont faits là. Mais prenons l'exemple
des compteurs intelligents. Ça a été un dossier qui a été suivi par la régie,
par vos collègues également. Ça a fait l'objet de bon nombre de discussions à l'Assemblée
nationale, basées sur de l'information qui... Cause tarifaire après cause
tarifaire, la régie a posé des questions sur où s'en va le projet des compteurs
intelligents. Ça, c'est quelque chose qui est dans le périmètre du
distributeur, et, n'eût été de la régie qui eût posé des questions, bien, on
n'aurait pas su.
Donc, avoir un programme similaire sur
lequel le distributeur n'a pas de reddition de comptes à donner ou sur lequel
il se présente pendant cinq ans, on arrive au bout de cinq ans et on se fait
dire : Bien, regardez, oui, ça a coûté pas mal plus cher que prévu, mais,
regardez, on a fait notre possible.
Donc, la notion de pouvoir amener des
correctifs puis le sentiment pour le distributeur de dire : Aïe, l'année
prochaine, on passe au bat, on retourne à la régie, il faut être... il faut que
les chiffres soient là puis il faut que ça arrive, donc, cet élément-là, on ne
l'aurait pas eu dans une cause aux cinq ans.
M. Julien : Quand on
regarde, M. Samray, là, à l'annexe II du projet de loi, l'ensemble
des informations qui devront être produites sur base annuelle, parce qu'on a quand
même prêté une attention particulière, là, dans l'élaboration du projet de loi,
pour dire : L'information... Pour moi, il y a deux choses. On parle de
transparence, de fournir de l'information, pour moi, ça, c'est une chose. Et,
après ça, de participer à des discussions, ça, pour moi, ça reste autre chose,
là, mais c'est-à-dire que... d'avoir une espèce de tribune sur base annualisée,
là. Mais, dans l'information qui est transmise... qui est prévue à être
transmise sur base annuelle, il n'y a pas matière, pour vous, à avoir
l'information suffisante?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, l'information va être présentée comme dans la plupart des documents, de
façon excessivement agrégée, et sur laquelle la seule façon, lors des audiences
à la régie, d'avoir une mouture plus fine est d'aller demander des questions
complémentaires et que ces questions... Souvent, quand on fait notre liste de
questions, la régie elle-même les a posées avant, là. Donc, avoir des
informations très agrégées élimine la possibilité de poser en profondeur des
questions.
M. Julien : O.K. Et, si
je vous amène, M. Samray, sur le... parce qu'on a eu beaucoup de
discussions également là-dessus. Il me reste combien de temps, madame?
La Présidente (Mme Weil) :
7 min 40 s.
• (15 h 20) •
M. Julien : Merci, Mme la
Présidente. On a beaucoup dit, en fin de compte... Par la cause tarifaire, les
gens prétendent qu'on paie le juste prix, contrairement à l'inflation qui
serait une estimation que, oui, sur une longue période, il y a une corrélation
mais qui n'est pas parfaite.
D'un autre côté, ce que j'observe… Par
exemple, là, si on prend une année, là, 2014, pour nommer celle-là, avec une
hausse de tarifs à 4,3 %, donc cause tarifaire, on discute puis on fixe la
hausse à 4,3 %, à terme, quand vient le processus de reddition de comptes,
a posteriori, des résultats, on constate des écarts de rendement, des écarts de
rendement qui, pour cette année-là… ici, 2015, 77 millions. Donc, quand on
dit qu'on paie le juste prix avec processus d'écart de rendement, a posteriori,
alors, moi, je vois une tendance qui est corrélée à l'inflation, je vois une
cause tarifaire du juste prix puis encore une <imperfection dans...
M. Julien : ...ici,
2015, 77
millions. Donc, quand on dit qu'on paie le juste prix avec
processus d'écart de rendement a posteriori, alors moi je vois une tendance qui
est corrélée à l'inflation, et je vois une cause tarifaire du juste prix, puis
encore une >imperfection dans le résultat. Parce qu'à la fin ça reste
des estimations.
En quoi l'estimation à l'inflation
corrigée sur base de 60 mois est une estimation qui ne vaut pas la même,
en réalité, qu'un mécanisme, somme toute, assez lourd? Parce que, quand vous
dites : Bien, c'est vrai qu'en termes de valeur... mais, si ça coûte 1 million
par année juste les frais liés à la cause tarifaire… Si c'est 100 $
l'heure, bien, c'est quand même 10 000 heures de passées. Donc,
beaucoup, beaucoup d'analyses et de questionnement pour arriver, de manière pas
très juste, sur ce qui se passe réellement. Alors, c'est quoi, la distinction,
c'est quoi, notre risque qu'on a à faire ce choix-là sur 60 mois, par
rapport à la tarification?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, comme je vous dis, dans une partie de la cause tarifaire, il y a, oui,
les achats en électricité, il y a les ressources humaines, il y a les
programmes d'investissement dans les infrastructures et les autres programmes.
Regardez, derrière ça, il est évident, comme... je le répète, que de dire :
On fait une cause aux cinq ans, on peut arriver cinq ans plus tard, où le
programme d'investissement, du côté du distributeur, va être nettement plus
élevé que ce qui aurait peut-être été nécessaire.
M. Julien : Mais, d'un
autre côté, vous mentionnez… Les grands investissements se font via HQT, qui
passe à la régie.
M. Samray (Jean-François) :
Bien, oui, je suis d'accord avec vous, mais néanmoins on se comprend que le
déploiement des compteurs intelligents, ça n'a pas été un petit investissement
non plus, là. Je pense que, du côté des consommateurs... Si c'est pour avoir
une hausse une année et puis une baisse l'année suivante, je pense que les
consommateurs, ce qu'ils veulent… il y a une prévisibilité, certes, ils ne
veulent pas voir un «swing» de 50 % dans leurs factures d'électricité, ça
n'a jamais été le cas au Québec, mais c'est d'avoir, vraiment, une information
juste, basée sur l'ensemble des chiffres.
Et, derrière ça, je vous donne en mille le
fait qu'il y a du retard, à titre d'exemple, dans le contrôle de la végétation.
Et ça, dans les politiques gouvernementales de lutte aux changements
climatiques, bien, peut-être est-ce qu'il faudrait le discuter plus à fond et
faire plus d'investissements. Parce que la zone de verglas grossit, le taux de
croissance de la végétation augmente, puis on sait très bien que la plupart des
black-out sont venus d'une branche qui est tombée sur un fil de distribution,
qui a amené que le système s'est protégé, et tout a tombé. Ce qui fait que,
tantôt, de la même chose, si on maintient le fait de dire : On veut
absolument l'inflation, et qu'on ne fait pas des investissements en contrôle de
la végétation, qui sont nettement en retard par rapport à ce qui devrait être,
ou on fait une gestion de la pérennité des actifs pour limiter, être le plus
sur le gain efficace maximal par rapport... puis qu'on étire la durée de vie de
certains équipements, bien, peut-être aussi est-ce qu'on...
M. Julien : Alors, vous pensez
qu'Hydro-Québec pourrait être tentée de faire ça, autrement? O.K.
M. Samray (Jean-François) :
Bien, moi, ce que je vous dis, M. le ministre, c'est : Si ça fait six ans
qu'on constate qu'il y a un retard puis que le retard ne s'améliore pas,
tantôt, tout ce qui va arriver, c'est que l'indice de continuité va chuter
parce qu'il va y avoir les conséquences liées avec les tornades et les verglas,
les autres événements climatiques extrêmes.
La Présidente (Mme Weil) :
3 min 31 s.
M. Julien : M. Samray, le
500 millions de remboursement en première facturation de 2020, j'entends
les gens dire : Oui, mais on aurait obtenu ça de toute façon, c'est de
l'argent qui était dû, qu'on aurait eu sur les trois à cinq, sept prochaines
années de toute façon. D'un autre côté, ça, c'est un compte d'écart qui, selon
l'ancienne loi, si le projet de loi n° 34 rentre en vigueur, n'a plus à
être fait. Ça fait qu'effectivement le 500 millions qui est là, c'est un
remboursement qui aurait été fait dans le temps, mais naturellement, puisque
l'ancienne législation l'exigeait, d'autres comptes d'écart auraient dû être
créés. Moi, j'appelle ça, en fin de compte, une espèce de montant qui suit
toujours Hydro-Québec, qui aurait toujours eu en ses coffres un montant approximatif
de ces soldes-là pour faire face à des éventualités. Donc, en réalité, en
changeant, le projet de loi n° 34 fait en sorte qu'on peut éliminer ce
compte d'écart là, qui autrement se serait toujours reproduit. Oui, on aurait
payé, mais on aurait raccumulé. Vous en pensez quoi?
M. Samray (Jean-François) :
Regardez, moi, je vais vous dire que je suis d'accord avec une partie de votre
raisonnement, sur le fait que de dire : Au fil des années, les causes
tarifaires, et les experts vous le diront, ça devient de plus en plus
compliqué. On y rajoute des cavaliers, on y rajoute des comptes d'écart, on y
rajoute... et la liste des documents s'allonge, s'allonge. Et là on nous
annonce, à titre d'exemple : Oui, mais il va y avoir la spirale de la mort
qui s'en vient à cause de l'énergie solaire, c'est terrible, et autres.
Peut-être est-ce qu'effectivement on est dus pour faire une refonte des tarifs.
Peut-être est-ce qu'on est dus pour revoir le fait de dire qu'il y a une
dimension pour la redevance quotidienne pour le réseau, parce que, le réseau,
tout le monde s'en sert. Si j'ai des panneaux solaires, je me sers du réseau
comme batterie, ou je produis ma propre électricité, puis peut-être que ça vaut
plus que le montant actuel de la redevance tarifaire, puis peut-être qu'il
faut, pour des <mesures d'efficacité énergétiques...
M. Samray (Jean-François) :
...
peut-être est-ce qu'on est dû pour revoir le fait de dire qu'il y a
une dimension pour la redevance quotidienne pour le réseau, parce que le
réseau, tout le monde s'en sert. Si j'ai des panneaux solaires, je me sers du
réseau comme batterie, ou je produis ma propre électricité, puis
peut-être
que ça vaut plus que le montant actuel de la redevance tarifaire, puis
peut-être
qu'il faut, pour des >mesures d'efficacité énergétique, mettre des
compteurs intelligents, mettre une tarification différenciée ou faire que le consommateur
paie sur la puissance puis mettre une tarification autre sur l'énergie. Ça,
regardez, nous, on en convient qu'il y a peut-être… Avec les avancées
technologiques, avec ce qui s'en vient, on est peut-être dû pour faire un grand
chantier de révision, en profondeur, de la fixation des tarifs, mais pas en
allant donner des cartes blanches au distributeur sur ses investissements ou
sur ses programmes commerciaux.
M. Julien : Les investissements,
quand même, majeurs de HQT passent à la régie. C'est là, les gros investissements,
n'est-ce pas?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, moi, je vous rappelle encore une fois qu'il y en a eu, des investissements
importants du distributeur. Les compteurs intelligents, ça n'a pas été quelque
chose de minime, ça a eu un impact dans la société québécoise. Puis, à chaque
fois que je venais à Québec, je prends le poste que tout Montréalais veut
entendre, de Québec, il n'y a pas une journée que je suis venu à Québec… Vous
m'invitez souvent, puis ça me fait souvent plaisir de venir, mais il n'y a pas
une journée que je n'ai pas entendu parler des compteurs intelligents, pendant
quatre ans.
M. Julien : Merci.
La Présidente (Mme Weil) :
Il reste 35 secondes. M. le ministre.
M. Julien : Oui. Bien,
alors, pour terminer, M. Samray...
La Présidente (Mme Weil) :
30 secondes.
M. Julien : …le transfert
du risque et de l'imputabilité, que nous, on observe potentiellement, par le p.l.
n° 34, auprès de la société d'État, vous avez le
risque, vous vous gouvernez, parce que nous, on a fixé ce que ça va coûter à la
clientèle, vous ne croyez pas à ça?
M. Samray (Jean-François) :
Moi, je crois que... Les membres de l'AQPER qui ont préparé le dossier en
collégialité croient qu'il y a une immense asymétrie d'information.
M. Julien : Merci.
La Présidente (Mme Weil) :
Merci beaucoup. Alors, je cède la parole au député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. M. Samray, merci de vous êtes présenté, merci pour
votre mémoire. Écoutez, je tiens à saluer, quand même, l'indépendance de vos
propos. Je trouve que vous faites quand même une lecture assez... je veux dire,
assez transparente, là, si on peut dire, du projet de loi n° 34.
Vous utilisez même des mots assez durs dans votre mémoire.
Une des choses que le ministre, à travers
le dépôt du projet de loi, nous a répétées, là, depuis mardi, c'est que le
projet de loi n° 34 vise à simplifier le processus,
vise à apporter un élément de prévisibilité, vise à donner... à présenter une
certaine, si on peut dire, stabilité auprès de la population en leur disant :
Bien, écoutez, vous le saurez, que les tarifs n'augmenteront... seront collés
sur la croissance de l'inflation sur une période de cinq ans. Et vous, à la
page 10, sur le résumé exécutif, là, à la conclusion, vous utilisez le mot
«simpliste». Vous commencez par dire : «En définitive notre association
est d'avis que c'est du choc des idées que jaillit la lumière et que c'est de
la transparence que naît l'adhésion. L'AQPER croit également que le législateur
a cherché à instaurer une simplification administrative plutôt que
l'instauration de pratiques simplistes par le dépôt du présent projet de loi.»
Un des éléments qu'on a pu constater, c'est...
Et il y a eu d'autres groupes qui sont passés, là, avant vous, et j'aimerais
reprendre ici les propos d'Option Consommateurs, lorsque je leur ai demandé si
cette supposée simplification était à l'avantage des consommateurs, et ils nous
ont répondu : «Nous sommes d'avis que non.» Vous également, vous proposez
ici de ramener ça à une période de deux ans plutôt que cinq ans, alors que
d'autres groupes avaient déjà commencé à proposer de ramener ça sur trois ans.
Je pense qu'il y a eu trois groupes, à date, sur 12, qui ont... trois
présentations sur 12 qui ont proposé trois ans plutôt que cinq ans. Vous êtes
le premier à proposer deux ans.
En quoi le projet de loi... Et vous
proposez de retirer les articles 8, 11 et 12 du projet de loi parce qu'ils
représentent, c'est une interprétation que je fais, une pratique simpliste dans
l'application, là, si on peut dire, de cette supposée prévisibilité.
• (15 h 30) •
M. Samray (Jean-François) :
Bien, écoutez, nous, on demande le retrait de ces articles-là, comme on l'a
mentionné, d'abord, dans un premier lieu parce qu'il y a une information
asymétrique, puis ça a été... En préparant le rapport, on a relu l'ensemble des
travaux depuis qu'il y a une loi sur la Régie de l'énergie, et je pense que ça
a fait l'unanimité de l'ensemble des élus, il y en a qui ont siégé à la
Chambre, aux travaux des commissions, de venir discuter de cette asymétrie
d'information là. Et ce sont <souvent...
>
15 h 30 (version révisée)
< M. Samray (Jean-François) :
...puis ça a été... en préparant le rapport, on a relu
l'ensemble des
travaux depuis
qu'il y a une Loi sur la
Régie de l'énergie, et je
pense que ça a fait l'unanimité de l'ensemble des élus qui ont siégé à la
Chambre, aux travaux des commissions, de venir discuter de cette asymétrie
d'information là. Et ce sont >souvent des mots qu'on lit dans une
discussion entre des élus, et on se dit : Bon, bien, O.K., mais, quand on
le vit dans des discussions, des négociations avec les fonctionnaires du
ministère des Ressources naturelles, qui sont extraordinaires, qui ont une
connaissance assez fine, mais, par rapport à une société d'État qui possède
l'ensemble de l'information et qui la partage au compte-goutte, qui la partage
sur des éléments que ça fait son affaire pour obtenir la fin qu'elle attend… Regardez,
c'est pour ça que nous, parfois, on trouve que... et qu'on l'indique, qu'il y a
des éléments qu'on ne peut pas laisser au distributeur une carte blanche, que
le distributeur a besoin d'être réglementé et a besoin d'avoir une reddition de
comptes, parce que, le système de traitement
d'information et la possession de l'information, plus des analyses complètes,
elle, elle l'a, mais le personnel, qui n'est pas nombreux au ministère, il
mériterait d'en avoir plus. Regardez, ils ne sont pas équipés pour faire
cette analyse-là. Donc, pour nous, je pense que, dans un premier temps, c'est
un élément.
L'autre élément est de dire que, d'avoir
une cause aux deux ans ou d'avoir une cause aux trois ans, ce qui importe, c'est
d'avoir toute l'information, et d'être capable de la retracer dans le temps, et
de mettre en place à la régie un registre dans lequel on a l'information
facile. Parce que, pour faire des recherches, actuellement, il faut se rappeler
que, ah, il y a trois ans, c'était tel groupe qui avait posé la question, puis
c'était dans telle pièce, et autres, et autres, donc il n'y a pas moyen de s'y
retrouver. Donc, si on veut faire toute la transparence puis si on veut faire
un débat de société et qu'à un moment donné… un débat adulte et un débat où est-ce
que c'est l'inflation ou est-ce que, cette année, ça coûte plus cher et,
l'autre année, ça coûte moins cher, bien, ça prend ça.
M. Polo : Donc, vous
dites clairement qu'il y a une atteinte à la transparence, tel que le projet de
loi n° 34 le présente, là, en mettant ça aux cinq ans. Ce matin,
l'économiste de l'UPA nous disait que, clairement, essayer de prévoir, ou de
définir, ou de laisser sous-entendre que, parce qu'on colle la hausse des
tarifs d'hydroélectricité à l'inflation sur une période de cinq ans, ça amène
une prévisibilité, alors que très peu d'économistes sont capables d'essayer de
prédire la hausse des taux d'intérêt… la hausse de l'inflation au-delà d'une
période de 12 à 18 mois. Donc, cet argument-là, pour vous, ne tient pas la
route.
M. Samray (Jean-François) :
Bien, je vais vous dire, derrière ça, derrière la fixation des tarifs, il y a
de multiples variables, dont les aléas climatiques, dont la croissance
économique. Est-ce qu'on est capable avec précision de savoir quel sera le taux
de croissance dans quatre ans? Est-ce qu'on sera capable de savoir si on va
avoir un hiver terrible, qu'il va falloir acheter l'électricité à
3 000 $ le mégawattheure un mardi matin, à 6 heures ou à
7 heures le matin, ou le soir? Ça, ça fait partie des éléments où il y
a... ça fait partie de l'imprécision. Donc, avoir une zone, c'est une chose,
mais avoir un chiffre précis à la virgule près, là, c'en est une autre, là.
M. Polo : En effet. Vous
avez expliqué également que vous considérez que la régie perd... En fait,
depuis mardi, le ministre essaie de nous expliquer que la régie ne perd pas de
pouvoir, en fait les pouvoirs qui lui sont octroyés vont lui permettre de se
concentrer, de poursuivre son travail sur l'essentiel du mandat qui lui a été
donné. Vous nous dites qu'une révision à chaque cinq ans du dossier tarifaire
est clairement une perte de pouvoir importante. Et je pense que vous dites même :
On ne devrait pas avoir moins de régie, sinon même plus de régie dans
l'application ou dans le débat qu'on a à travers le projet de loi n° 34.
M. Samray (Jean-François) :
Bien, je pense qu'on l'a dit d'entrée de jeu, ce qu'on constate, c'est :
l'article ne change pas la mission puis le rôle de la régie. Ce que le projet
de loi n° 34 vient faire, c'est que, son rôle, elle va l'appliquer moins
souvent sur les causes tarifaires. Donc, c'est cet élément-là.
Puis l'autre, «ça prend plus de régie»,
bien, je pense que ça prend plus d'informations, et faciliter la vie à l'ensemble
des intervenants par des documents bien indexés, puis être capable de se
retrouver avec de l'information avec une mouture beaucoup plus fine, qu'on ne
soit pas obligé de perdre une éternité de temps par questions-réponses pour finalement
arriver à deux semaines de l'audience, puis il faut déposer votre mémoire, puis
tu viens juste d'avoir l'information.
M. Polo : Les gens d'Hydro-Québec,
lorsqu'ils sont venus nous voir, mardi matin, ont répété dans leurs mots ce que
le ministre a répété ou a présenté lorsqu'il a expliqué le projet de loi, c'est
qu'en ayant une prévisibilité au niveau de la hausse des tarifs ça va aussi les
challenger, eux, de respecter… ou, en fait, de devenir plus performants, O.K.?
En ayant des tarifs qui sont prévisibles sur une période de cinq ans, eux, ça
va les mettre, si on peut dire... ça va leur donner un benchmark à partir
duquel ils vont se dire... Ils doivent développer des nouveaux projets ou des <nouveaux
programmes...
M. Polo : ...de
respecter ou, en fait, de devenir plus performant,
O.K.? En ayant des
tarifs qui sont prévisibles sur une période de cinq ans, eux, ça va les mettre,
si on peut dire... ça va leur donner un benchmark
à partir duquel ils
vont se dire... ils doivent développer des nouveaux projets ou des >nouveaux
programmes, mais ils doivent tenir compte qu'ils ont déjà une prévisibilité au
niveau de la hausse des tarifs, mais ça va les aider à devenir plus
performants.
Est-ce que vous pensez qu'en instaurant,
justement, une hausse des tarifs basée sur l'inflation sur une période de cinq
ans ça va aider Hydro-Québec à devenir plus performante?
M. Samray (Jean-François) :
Bien, vous savez, il y a une chose qui est certaine, c'est que la théorie
économique va dire que je vais être performant jusqu'au moment où j'ai atteint
mon objectif, puis après ça, bien, on va aller jouer au golf, hein?
M. Polo : Élaborez.
M. Samray (Jean-François) :
Bien, en ce sens que j'ai beau impliquer… j'ai beau mettre en place certaines
mesures, quand j'ai atteint ma cible, si je suis déjà rendu au mois de juillet,
bon, bien, je ne suis pas obligé... il n'y a rien qui me force à la poursuivre
du mois d'août au mois de décembre, là. Vous voyez? Donc, à un moment donné, je
peux également faire en sorte que... est-ce que je veux y aller à fond, comme
on dit dans le monde sportif, mon 110 % pendant tout le match, ou je veux
jouer un «Hail Mary» sur le dernier jeu du match, là, tu sais, pour atteindre
l'inflation?
M. Polo : Donc,
clairement, là, d'attendre à chaque cinq ans pour essayer d'avoir un semblant
de dossier tarifaire pour évaluer la performance d'Hydro-Québec, pour vous,
c'est clairement insuffisant? D'avoir un monopole d'État, il faut le suivre à
la trace, il faut bien l'encadrer pour s'assurer que, justement, le fait que
c'est un monopole ne devient pas complaisant, mais plutôt qu'il cherche
continuellement à être de plus en plus performant?
M. Samray (Jean-François) :
Moi, je vous dirais que les entreprises qui sont membres chez nous innovent,
innovent beaucoup, et, si elles ne peuvent pas le faire ici, elles vont
ailleurs. Donc, le Québec a tout ce qu'il faut pour innover, mais il arrive que
des innovations sont amenées ici, puis c'est : Bof! on n'en a pas besoin,
va voir le voisin, là. Ce qui fait que ces innovations-là sont essayées dans
d'autres réseaux, mais pourtant ce sont des innovations québécoises.
Donc, dans votre phrase, ce qui est, je
pense, important, c'est d'avoir une véritable cause tarifaire avec l'ensemble,
avec toute transparence et d'avoir toute l'information. Le danger de l'avoir
aux cinq ans, c'est que, quand on arrive avec les actifs prudemment acquis, on
le sait juste aux cinq ans, s'ils ont été acquis, puis, entre-temps, ils ont
été payés, puis ils sont passés dans la base des actifs, puis il va falloir passer
à la base tarifaire puis demander une rémunération. Entre-temps, si on se dit :
Bien, regarde, retourne-le au fournisseur, là, bien il va dire : Bien, je
ne peux pas, regarde, ça fait trois ans qu'il a été acheté puis il est
installé, ça fait que je ne peux pas le retourner. Mais il a-tu été prudemment
acquis? Merci.
La Présidente (Mme Weil) :
Il reste 10 secondes. Alors, je vous remercie, M. Samray, pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 38)
(Reprise à 15 h 40)
La Présidente (Mme Weil) :
Alors, nous reprenons nos travaux, et je souhaite la bienvenue à l Institut de
recherche et d'informations socioéconomiques, M. Bertrand Schepper.
Institut de recherche et d'informations
socioéconomiques (IRIS)
M. Schepper (Bertrand) :
Bonjour.
La Présidente (Mme Weil) :
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis
nous procéderons à la période d'échange avec des <membres de la
commission...
La Présidente (Mme Weil) :
...nous reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue à l'Institut de
recherche et d'informations socioéconomiques, M. Bertrand Schepper.
M. Schepper (Bertrand) :
Bonjour.
La Présidente (Mme Weil) :
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis
nous procéderons à la
période d'échange avec des >membres de la commission.
Je vous invite donc à vous présenter, ainsi... bon, de vous présenter. La
parole est à vous.
M. Schepper (Bertrand) :
Donc, bonjour, merci de l'invitation. Je me nomme Bertrand Schepper. Je
travaille à l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques, l'IRIS,
qui est un institut de recherche qui analyse des politiques publiques en santé,
en éducation mais aussi en environnement et en énergie. L'institut va exister
bientôt dans... va avoir 20 ans l'année prochaine. Et, dans le cadre de
mes travaux à l'IRIS, j'ai souvent dû étudier les politiques d'Hydro-Québec.
J'ai travaillé sur l'histoire et l'historique de diverses sociétés d'État et
participé à des audiences tarifaires de la Régie de l'énergie, à la fois pour
Énergir et, par exemple... des audiences tarifaires d'Énergir et
d'Hydro-Québec, mais aussi, plus récemment, dans le dossier de Transition
énergétique Québec, par exemple.
En fait, je viens vous présenter l'analyse
que nous avons du projet de loi n° 34. Le mémoire a été déposé. En fait,
les grandes lignes que je voudrais qu'on retienne de notre analyse, c'est qu'en
fait on pense qu'il y a... le projet de loi n° 34 a tendance à envoyer
beaucoup plus de risques à la clientèle et à améliorer la situation d'Hydro-Québec
de manière indue, et c'est pourquoi on vous appelle à le rejeter.
Les cinq grands risques qu'on a
identifiés, en fait, il y en a trois qui sont des risques qu'ils ont,
financiers ou tarifaires, un risque institutionnel et un risque
environnemental.
Sur le premier risque, je voudrais parler
du gel en 2020 ainsi que du retour de 500 millions de dollars qui est
amené dans le projet de loi. En fait, sur le retour de 500 millions de
dollars, de notre point de vue, ce n'est pas un cadeau ou un rabais, en fait. C'est,
en fait, le retour de ce qui était déjà prévu dans les projets de la régie. En
fait, c'est un 500 millions de dollars qui provient des comptes d'écart.
Donc, les comptes d'écart, on estime qu'ils sont environ à 500 millions de
dollars, mais, en fait, ici, la clientèle assume un certain risque
supplémentaire puisque, si, par exemple, ce montant était supérieur, bien, à ce
moment-là, en fait, la clientèle ne le recevrait pas, ne recevrait pas la
différence, et, pour nous, en fait, il y a déjà une part de risque.
La deuxième partie de risque est sur le
gel, c'est-à-dire qu'alors qu'on prétend que le gel serait une situation
enviable, présentement, dans les tarifs d'Hydro-Québec, on peut supposer qu'à
très court terme, en fait, les revenus d'Hydro-Québec augmentent beaucoup plus
que ses dépenses, notamment avec la reprise des travaux d'ABI, qui compte pour
à peu près 4,3 térawattheures d'énergie patrimoniale, donc ça a un effet
d'environ moins 0,15 % sur les tarifs, les nouveaux tarifs qui vont être amenés
sur les cryptomonnaies, qui amènent 5,5 térawattheures de plus de ventes
avec, je dirais, des coûts et des dépenses assez faibles, on pense que ça
pourrait avoir un effet d'environ 1 % sur la tarification. Il y a une
croissance de la demande puis il y a une croissance éventuelle de demandes liées
à la voiture électrique. Donc, à notre avis, il y a une assez grande impression
qu'il va y avoir des coûts plus faibles chez Hydro-Québec.
D'ailleurs, il y a une coalition, je pense
que vous les recevrez, de clients qui ne sont pas... qui n'ont pas une habitude
de travailler au jour le jour ensemble sur tous les dossiers, de clients
industriels, d'entrepreneurs et de petits... et de résidentiels qui demandent
une baisse de 4,91 %. Donc, à notre avis, la régie devra statuer sur cette
question-là. Et, dans tous les cas, même si elle statuait avec une baisse plus
faible que les 4,91 %, c'est une situation plus enviable que le projet de
loi tel qu'il est actuellement présenté.
Le deuxième risque est lié à l'inflation,
c'est-à-dire que, si effectivement il y aurait une baisse qui serait décidée
par la régie cette année, d'indexer les tarifs d'Hydro-Québec serait déjà, au
départ, une hausse tarifaire par rapport à ce que la régie pourrait déterminer
à terme. D'autre part, les ventes dont on a parlé il y a quelques instants ne
vont pas s'effacer en 2021 ou en 2022. Donc, on peut supposer qu'il y aura
quand même une hausse des ventes et une bonne situation pour Hydro-Québec. En
ce sens, présentement, la clientèle d'Hydro-Québec prend le risque que la
situation serait... En fait, si la situation est meilleure pour eux que
d'augmenter ou de geler à l'inflation, en fait, c'est la clientèle qui supporte
ce risque-là.
J'ai vu aussi, en fait, qu'on parle que
les tarifs d'Hydro-Québec ont augmenté plus vite que l'inflation. En fait, c'est
vrai, mais il ne faut pas oublier qu'une part importante de l'augmentation des
tarifs est basée sur les coûts de production d'Hydro-Québec, qui ne sont pas
déterminés par la régie, et les hausses les plus importantes, en fait, ont été
liées aux décisions passées du gouvernement, à la fois, par exemple, les
barrages privés, l'éolienne ou l'indexation du bloc patrimonial. Donc, en fait,
la régie a certainement permis de diminuer cet écart-là entre l'inflation et
les coûts d'Hydro-Québec... les tarifs d'Hydro-Québec, pardon, en <agissant
sur Hydro-Québec Distribution...
M. Schepper (Bertrand) :
...la fois,
par exemple, les barrages privés, l'
éolienne ou
l'indexation du bloc patrimonial. Donc, en fait, la régie a certainement permis
de diminuer cet écart-là entre l'inflation et les coûts d'Hydro-Québec...les
tarifs d'Hydro-Québec, pardon, en >agissant sur Hydro-Québec
Distribution.
D'autre part, si, dans le projet de loi,
tel qu'il est présenté, aux cinq ans, il y a une cause tarifaire aux cinq ans,
en fait, si les clients n'ont pas vraiment de possibilité de revenir devant la
régie en cas de nécessité, à ma compréhension, l'article 48.3 va
permettre, en fait, à Hydro-Québec de revenir en cas.... devant la régie si la
situation est à son désavantage. Donc, on avantage ici la possibilité pour
Hydro-Québec d'améliorer sa situation, tandis que la clientèle n'a pas cette
possibilité-là.
Troisième risque tarifaire que je vois, c'est
l'établissement d'une cause aux cinq ans, en fait. Et, sans prétendre de la
mauvaise foi d'Hydro-Québec, on voit que, dans différents mécanismes
tarifaires, en fait, plus on augmente la latitude des distributeurs, plus il y
a des risques pour la clientèle. Un exemple qui pourrait être fait, c'est,
supposons... Supposons, par exemple, qu'Hydro-Québec voudrait diminuer ses
dépenses à l'année quatre, de manière à augmenter sa marge de profit, elle
pourrait déterminer qu'elle repousse certaines dépenses à l'année six ou à
l'année sept. À l'année quatre, elle aurait augmenté sa marge de profit. Ceci
dit, à l'année cinq... à l'année sept, elle arriverait devant la régie, elle
aurait dit : Bien, vous voyez, nous, voici nos prévisions, nos prévisions
pour nos coûts, en fait, qui sont augmentés à cause d'un service qui n'aurait
pas été rendu à l'année quatre. Et, à ce compte-là, on demanderait des tarifs
plus élevés que la valeur des services qui auraient été offerts dans
l'ensemble. Et donc, à notre avis, ça, ça peut mener, en fait, à une situation
qui est gagnante pour Hydro-Québec, puisqu'elle augmente ses profits à l'année
quatre, tout en gardant une marge de profit importante à l'année six ou sept.
Finalement, aussi… en fait pas finalement,
pardon, quatrième risque qu'on voit, c'est un risque institutionnel.
Présentement, la Régie de l'énergie est un des seuls chiens de garde dont la
clientèle d'Hydro-Québec peut avoir... et même, à la limite, la société civile
peut avoir devant Hydro-Québec. Et j'ai entendu, là, qu'on s'est... différentes
estimations des coûts de la Régie de l'énergie par rapport aux revenus
d'Hydro-Québec, que ça soit 0,1 % pour l'ensemble des activités de la
régie versus l'ensemble des profits d'Hydro-Québec, ou du moins les revenus
d'Hydro-Québec, ou l'apport de 10 millions de dollars par rapport à
300 millions de dollars pour Hydro-Québec Distribution. En fait, ce que je
voudrais vous dire ici, c'est que c'est le coût à peu près, là, du salaire de
Carey Price, là. Donc, je pense que ça vaut la peine d'avoir, pour ce
salaire-là, je dirais, une protection, comme société civile, face à
Hydro-Québec, qui est une société d'État, et qui a une capacité de produire
beaucoup de données, et peut rendre les choses complexes. Par exemple,
supposons un budget qu'on doit analyser dans le détail. Les données budgétées
sur une période de cinq ans sont beaucoup plus difficiles à analyser ou, du
moins, à prévoir... et à prévoir les différents coûts que sur une cause
annuelle. Et donc, en ce sens, on pense que la société québécoise perd beaucoup
en n'ayant pas une cause tarifaire annuelle, et, à notre avis, la clientèle
perd aussi, en quelque part, un chien de garde nécessaire au bon
fonctionnement.
Et finalement j'irais avec un risque
environnemental. C'est-à-dire que, présentement, si on accepte l'idée que le
gel tarifaire n'est pas suffisant et qu'en fait la Régie de l'énergie
n'accepterait pas des hausses aussi grandes que celles qui sont présentées dans
le projet de loi n° 34, en fait, on met la situation
où des gens comme chez Énergir… où les tarifs de chez Énergir pourraient être
plus intéressants et rester dans une situation plus compétitive encore qu'ils
ne le sont. Et donc, à ce compte-là, on favorise, finalement, une utilisation
de l'énergie du gaz naturel plutôt qu'une transition vers l'hydroélectricité.
Considérant que le gaz naturel d'Énergir provient en très grande partie des gaz
de schiste des États-Unis, je nous invite, au moment d'une économie sobre en carbone,
à travailler à rendre moins compétitive cette énergie-là par rapport à
l'énergie hydroélectrique.
Finalement, la Régie de l'énergie a quand
même une forme d'expertise envers les programmes d'efficacité énergétique
d'Hydro-Québec. Suite à ce qui va arriver avec Transition énergétique Québec, c'est
à voir, là, comment la régie va encore, ou non, devoir gérer ces
programmes-là... c'est à voir. Mais, ceci étant dit, il y a une expertise, puis,
année après année, on peut parler de certains enjeux environnementaux touchant
à Hydro-Québec, et, à notre avis, la régie a cette expertise-là, qu'elle doit
continuer à exercer.
Bref, finalement, puisqu'on considère que
la clientèle prend la vaste majorité des risques dans le projet de loi qui est
ici, nous vous invitons à laisser tomber ce projet de loi là, qu'on ne
considère pas à l'avantage des contribuables québécois. Merci.
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Je vous remercie, M. Schepper, pour votre
exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Julien : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Merci, M. Schepper, pour votre exposé. <Je
comprends que vous avez travaillé votre dossier avec...
M. Schepper (Bertrand) :
...contribuable
québécois. Merci.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Merci.
Je vous remercie, M. Schepper,
pour votre exposé. Nous allons
maintenant commencer la
période
d'échange.
M. le ministre, la parole est à vous.
M. Julien : Oui,
merci,
Mme la Présidente. Merci, M. Schepper, pour votre exposé. >Je
comprends que vous avez travaillé votre dossier avec
M. Jean-François Blain et j'aurai également l'occasion de le
réentendre demain. J'espère qu'il aura les mêmes conclusions que vous nous
énoncez aujourd'hui.
Alors, d'entrée de jeu, il y a certains
éléments que je voudrais quand même élaborer avant de poser ma question. Donc,
pour vous, le risque est transféré à la clientèle. Et, encore là, j'analyse les
dernières années, puis je le sais, là, je suis tannant, là, mais… les chiffres
qui parlent, hein? La hausse des 15 dernières années est supérieure, la
hausse tarifaire, à l'inflation, et ponctuellement, bien, il y a des
variations, il y a moins de stabilité parce que c'est basé sur un processus
très robuste de cause tarifaire qui, par exemple... par exemple, en 2014, un
processus de cause tarifaire où, en réalité, des frais, pour l'ensemble des
intervenants, ont été payés à hauteur de près de 1 million pour que tout
le monde puisse clarifier avec la régie la bonne hausse tarifaire, celle qui,
selon les dires des intervenants qu'on rencontre depuis quelques jours, est le
tarif juste. Et le tarif juste, au sorti de ce processus-là, par la décision de
la régie : une augmentation de 4,30 %. Et, a posteriori, il y a un
mécanisme d'écart de rendement, donc il y a une mesure d'écart de rendement,
parce que le rendement accepté de 8,2 % est considéré dans l'élaboration
de la base tarifaire, et là l'écart de rendement donne un montant de 160 millions.
Ça représente 1,8 %, 1,9 %. Donc, tout un processus pour trouver le
juste prix a fait en sorte qu'on s'est trompés à peu près de 50 % de ce
qu'on aurait dû effectivement faire, considérant l'ensemble des données puis
les discussions qu'on a faites. Bref, la véritable hausse, pour cette année-là,
aurait été mieux, même, à l'inflation, aurait été plus juste que tout ce qui a
découlé des travaux.
Mais, à terme, nous, on pense que ça vaut
la peine de se requestionner, d'avoir toute l'information. Puis le projet de
loi permet, à l'article... à l'annexe, de donner toute l'information sur base
annualisée. Puis on pense qu'on doit avoir une cause tarifaire pour éviter, sur
une période plus longue, qu'on a fixée ici à cinq ans pour s'assurer de
toujours maintenir, en réalité, le caractère adéquat de la tarification, qui…
dans le passé sur base d'inflation, belle corrélation. On fait un gel, puis on
s'en va sur l'inflation. Sur une longue durée, c'est une belle corrélation.
Alors, tu sais, le prix juste, pour moi, quand je regarde les résultats, il
n'est pas plus édifiant.
Mais revenons sur le 500 millions,
aussi, que vous avez mentionné parce que c'est également... Là, dans vos faits
saillants, vous mentionnez, puis ça a été répété plusieurs fois, mais moi, je
suis un maudit comptable : «Les 500 millions qui seront redistribués
en 2020 selon les modalités du projet de loi n° 34 ne sont ni un cadeau ni
un rabais offert aux consommateurs, mais plutôt de l'argent qui est dû à ses
clients par Hydro-Québec [...] qui leur aurait été remis de toute façon.» Oui.
Le 500 millions qui est là, c'est un compte d'écart qui est cumulé, en fin
de compte, pour des éventualités, et, à chaque année, effectivement, on le
redistribue au fur et à mesure, mais on en recrée un autre. Le p.l. n° 34, quand il vient, en réalité, redonner le risque de
gestion à Hydro-Québec, dit : Ça va être à l'inflation, là, et c'est à toi
de gérer tes risques. Donc, effectivement que ce montant-là, éventuellement,
spécifiquement, aurait été redonné, mais d'autres montants auraient été créés
pour la même finalité que l'existence de ce montant-là. Et, quand vous dites
que 500 millions risquent de ne pas être la valeur suffisante,
naturellement il y aura fermeture de compte, et le bon montant sera redistribué
à la clientèle. Le montant juste, c'est ça, c'est minimalement
500 millions. Mais, au terme, ça sera fixé de manière juste.
Alors, pour revenir à ma question,
M. Schepper, quels sont les risques pour la clientèle, les risques
véritables en termes de tarification, quand on a un gel et l'inflation quatre
ans, quand on regarde l'historique et quand on regarde après ça l'acuité du <processus...
M. Julien : ...quels
sont les risques pour la clientèle, les risques véritables
en termes de
tarification
quand on a un gel et l'inflation quatre ans, quand on regarde l'historique et
quand on regarde après ça l'acuité du >processus tarifaire, qui, a
posteriori, avec des écarts de rendement, montre des écarts, somme toute, assez
importants? Quel est le risque pour la clientèle d'aller sur une base de 60 mois?
M. Schepper (Bertrand) :
Tout d'abord, comme je l'ai dit, je voudrais spécifier que la grande partie des
coûts de votre 4 %, ça inclut 4,33 %, si je ne me… 4,32 %, en
tout cas, peu importe, sont, en grande partie, basés sur les coûts d'Hydro-Québec
Production, sur lesquels la régie, elle n'a aucune, aucune juridiction, d'une
part. D'autre part, la plupart des hausses des coûts qui ont eu lieu à Hydro-Québec
Production ne proviennent pas des décisions de la régie, d'une manière ou d'une
autre, elles proviennent, avant toutes choses, des décisions gouvernementales
ou des projets d'Hydro-Québec Production qui ont été là, et, selon les années,
la part d'Hydro-Québec Production dans les coûts généraux a passé, si je ne me
trompe pas, dans les 15 dernières années, d'à peu près... entre 42 %
et 53 %, en tout cas dans ces eaux-là. Donc, c'est sûr qu'à partir de ce
moment-là c'est là qu'il y a le plus d'impact.
Ensuite, votre question, à savoir… sur quel
est le risque de passer de l'inflation vers... en fait, de suivre l'inflation plutôt
que d'aller vers la régie, en fait, pour moi, est assez clair, c'est-à-dire
que, présentement, la situation dans laquelle on est pour les cinq prochaines
années, par exemple, laisse croire, au contraire, qu'il va y avoir une hausse
de revenus et une baisse des dépenses. Alors, dans cette situation-là, présentement,
les tarifs seraient plus faibles, plus faibles que l'inflation. La clientèle
court le risque, présentement, d'avoir à payer plus cher que qu'est-ce qu'elle
le ferait s'il y avait la Régie de l'énergie, 1 million de dollars de
frais d'intervenant, ou non, en lien.
M. Julien : Donc, si je
vous entends… Parce que, quand même, on avait vu certaines de vos conclusions, je
pense que vous l'avez redit, là, puis une baisse de 4,91 %,
potentiellement, selon les analyses des trois groupes qui se sont mis ensemble,
dont vous ne faites pas partie, mais que M. Blain fait partie, lui…
M. Schepper (Bertrand) :
Pas à ma connaissance.
M. Julien : O.K. Alors,
moins 4,91 %, ce qui me rassure quand vous dites ça... Parce qu'aussi,
qu'est-ce qu'on a vu dans les dernières journées, c'est… Il y a des gens qui
nous ont dit : On risque de payer trop cher sur la période. Ce que vous
nous mentionnez, c'est un gel plus inflation quatre ans... ce matin, on avait
un intervenant qui disait : Ça représente, donc, à peu près 33 % sous
l'inflation sur cette période-là à cause du gel la première année, à cause
qu'il est indexé sur indexation. Lui, il ne trouvait pas ça trop risqué, mais
il disait… Vous nous dites : Peut-être qu'on va payer trop cher pour ça.
De l'autre côté, les gens nous disent, a contrario : Il pourrait y avoir
un choc tarifaire dans cinq ans. C'est comme le double risque : je pense
qu'on va payer trop cher, ce que vous nous dites, puis en plus je pense qu'on
va avoir un choc tarifaire.
Donc, si je vous entends bien, vous, ce
que vous voyez dans le futur, c'est : on va payer trop cher, donc, le cas
échéant, dans 60 mois, quand on va retourner à la régie pour une cause
tarifaire, il ne devrait pas y avoir de choc tarifaire négatif.
M. Schepper (Bertrand) : Pour
ma part, j'estime... je serais étonné qu'il y en ait un. Ceci dit, différentes
raisons pourraient mener à ce que les tarifs soient plus élevés. En fait, ce
que je comprends, c'est aussi que… Supposons, pour différentes raisons, que les
tarifs devaient exploser, Hydro-Québec devait, par exemple, avoir des revenus beaucoup,
beaucoup plus grands, pourrait retourner devant la Régie de l'énergie. Donc, à
la limite, si on pense que ça a un impact si grand, j'imagine qu'Hydro-Québec
aurait cette possibilité-là, mais vous avez écrit le projet de loi, et
j'imagine que...
Ceci étant dit, est-ce que je pense qu'il
pourrait y avoir un choc tarifaire? Dépendamment. En fait, ce que vous vous
enlevez présentement, et c'est un risque évident pour la clientèle, vous vous
enlevez la possibilité d'enrayer ce choc tarifaire là. Si, supposément, je me
trompais, puis j'admets que je n'ai pas la science infuse, c'est possible, en
fait, que vous vous placiez dans une situation où est-ce qu'il y a un choc
tarifaire, à ce compte-là, je ne vois pas en quoi s'enlever un chien de garde
est une manière d'éviter ça. Donc, je ne pense pas que… dans l'une ou l'autre
des situations, faire une cause tarifaire aux cinq ans favorise le risque pour
la clientèle.
M. Julien : Parfait. Et,
attention, ici on n'enlève pas un chien de garde, pour nous, je le réitère...
M. Schepper (Bertrand) :
Je comprends, mais...
• (16 heures) •
M. Julien : ...on
augmente la périodicité, en fin de compte, de 12 à 60 mois, on divulgue
une panoplie d'informations sur base annualisée, qui permet de voir, en
réalité, c'est quoi, l'information financière des investissements. Des investissements
de HQT continuent, en réalité, d'être sous la régie. On a la liste, en réalité,
des responsabilités de la régie et ceux qui sont faits sur base 60 mois,
la grande majorité des responsabilités de la régie sont maintenues.
Mais ce que j'entends quand même, c'est… Vous
nous dites : On aurait connu probablement une baisse importante au cours
des prochaines années, selon votre modalisation et votre <vision, et les
trois groupes qui connaissent bien ça arrivent à cette conclusion-là...
>
16 h (version révisée)
<17855
M. Julien :
...de la Régie, et ceux qui sont faits sur base 60 mois, la grande
majorité des
responsabilités de la Régie sont maintenues. Mais ce que
j'entends
quand même, c'est vous leur dites : On aurait connu,
probablement,
une baisse
importante au cours des prochaines années, selon votre
modélisation et votre >vision, et les trois groupes qui connaissent bien
ça arrivent à cette conclusion-là. Donc, au pire aller, la clientèle, en ayant
un gel et l'inflation quatre ans, au pire aller, c'est... Il n'y aura pas de
choc tarifaire puisque vous convenez que les tarifs seront trop élevés sur
cette période-là. Donc, moi, quand je parle à la clientèle, quand je rencontre
des gens, des citoyens puis qu'ils nous disent : Un gel puis l'inflation
quatre ans, on trouve ça bien parce que ça nous donne une stabilité puis une
prévisibilité… Selon votre évaluation, au pire, dans cinq ans, ça sera une
baisse.
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, puis, personnellement, je parle de mon expérience à moi, et
donc, dans la totalité, ça fait maintenant 10 ans que j'ai passé par les
différentes causes à la régie, je n'ai jamais entendu de groupe préférer la
stabilité à une baisse tarifaire actuelle. Ça, je n'ai jamais...
M. Julien : Mais il
faudrait aller vois les citoyens parce que...
M. Schepper (Bertrand) :
Après ça… Et je pense que, si je parle...
M. Julien : Dans le
secteur résidentiel, c'est des citoyens qui paient, hein?
M. Schepper (Bertrand) :
Oui. Mais, si je parle à mon voisin, si je lui propose une baisse tarifaire ou
la prévisibilité, je suis pas mal sûr qu'il va me proposer une baisse tarifaire
aussi.
M. Julien : O.K., la
baisse tarifaire, qui s'est produite quand la dernière fois?
M. Schepper (Bertrand) :
En 2013. 2013‑2014, si je ne me trompe pas.
M. Julien : En 2012.
2012.
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, 2012-2013. Donc, à ce compte-là… Et, présentement, ce que les indicateurs
montrent et ce qu'on voit présentement, c'est que la situation mènerait à ça.
Et, au moment où elle mènerait… vous nous dites : Non, non, on va suivre
l'inflation. Je pourrais comprendre mon voisin d'être fâché.
M. Julien : O.K. Vous
avez une question?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Oui, j'ai une question.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Cinq minutes. Il vous reste cinq minutes.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Merci, Mme la Présidente. Dans votre dépôt de document, à la page 4, là,
la proposition 5, vous dites que limiter le rôle de la régie aurait pour
effet de favoriser le gaz, alors qu'on sait que le gaz est considéré comme une
énergie de transition. Mais moi, j'aimerais avoir un petit peu plus d'éclairage
sur cette proposition, cette hypothèse que vous soulevez.
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, au départ, le gaz qui est utilisé chez Énergir provient en bonne
partie des gaz de schiste qui est des États-Unis, le bassin de Marcellus, donc
c'est un gaz qui est déjà plus polluant que le gaz naturel conventionnel,
disons, voyons ça comme ça. Et, présentement, si… On a un tarif de gaz naturel
qui est plutôt concurrentiel par rapport à Hydro-Québec, en fait, et, si Hydro-Québec
augmente ses tarifs plus qu'elle ne devrait, en fait, ce qu'on fait, c'est :
par un simple effet de marché, on rend plus difficile la transition des
personnes au gaz naturel, à aller vers l'hydroélectricité ou vers... qui est quand
même… Que vous considériez ou non le gaz naturel comme une énergie de
transition, l'hydroélectricité est quand même plus propre que les gaz naturels,
surtout si c'est un gaz naturel qui provient des gaz de schiste. Donc, à ce
compte-là, c'est de là qu'on fait cette conclusion-là.
De plus, présentement… Et on pourrait
débattre du fait que le gaz naturel est une énergie de transition. Est-ce
qu'elle l'est pour cinq ans, pour 10 ans, pour... ça, c'est à voir, mais,
si ce l'était pour cinq ans, par exemple, déjà là, votre mécanisme pourrait
avoir un effet, à terme, qui aurait un impact sur la transition.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Mais ça reste sur des suppositions, sur des hypothèses, vos conclusions.
M. Schepper (Bertrand) :
En fait, c'est sur un effet de marché. Si vous rendez l'hydroélectricité plus
chère, le gaz naturel va être plus compétitif.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Merci. Députée de Laviolette—Saint-Maurice. Vous
disposez... il vous reste 3 min 15 s.
Mme Tardif : Merci, Mme
la Présidente. Merci, Mme la Présidente. C'est intéressant. Et vous êtes quand
même assez brave de venir. Je vous félicite, premièrement, parce que, de ce que
je lis, je comprends, et c'est quand même assez complexe… Et je me mets à la
place de M., Mme Tout-le-monde, aussi, aujourd'hui, c'est un domaine qui est
complexe, et il y a plusieurs intrants, dans le calcul, qu'il faut mettre,
donc, pour arriver à une bonne conclusion. Mais ce que j'en conclus, c'est que
vous êtes contre toute modification de ce qui se fait actuellement et que vous
voudriez que la régie demeure telle quelle et qu'Hydro-Québec demeure telle
quelle. Parce que, là, je n'ai pas été capable de ressortir…
Et j'aimerais que vous nous parliez, parce
que nous, on fait ça pour améliorer les choses, pour remettre de l'argent aux
citoyens. Et, de la façon que vous nous le représentez, notre bonne action, on
pense qu'on fait une bonne action, ça a l'air négatif. Ça a l'air de dire :
De toute façon, vous l'auriez donné quand même, ça nous était dû. De toute
façon, c'est la régie qui doit gérer Hydro-Québec. Est-ce qu'Hydro-Québec est
si épeurante que ça? Est-ce qu'Hydro-Québec a besoin autant de chien de garde
que ça? Est-ce que vous ne faites pas confiance? Est-ce que vos hypothèses de
départ, pour la recherche, sont parties d'une façon… je ne dirais pas biaisée,
mais tendancieuse par rapport à un haut risque? Est-ce que, si on ramène ça à
la réalité... Alors, je veux vous entendre, là. Je suis M., Mme Tout-le-monde,
là, parce que j'ai un peu peur, là, en vous entendant, là.
M. Schepper (Bertrand) :
En fait, vous me demandez si... En fait, je vois deux questions dans ce que
vous me posez. D'une part, la première, c'est : Est-ce qu'Hydro-Québec, à
elle seule, peut s'autoréguler, d'une certaine manière? <Et l'autre...
Mme Tardif : ...si on
ramène ça à la réalité, alors je veux vous entendre, là, je suis M., Mme
Tout-le-monde, là,
parce que j'ai un peu peur, là en vous entendant.
M. Schepper (Bertrand) :
En fait, vous me demandez si... en fait, je vois deux questions dans ce que
vous me posez. D'une part, la première, c'est :
Est-ce
qu'Hydro-Québec à elle seule peut s'autoréguler d'une certaine manière? >Et
l'autre question serait un peu : Comment on pourrait améliorer la Régie de
l'énergie? Voyons ça comme ça, là, c'est ce que j'entends.
Mme Tardif : Exact, exact.
M. Schepper (Bertrand) :
Pour ce qui est d'est-ce qu'Hydro-Québec peut s'autoréguler, et c'est vrai
partout dans le monde et dans toutes les juridictions, je vous dirais non. Je
veux dire, c'est une société d'État, c'est un monopole d'État. Et, bien qu'avec
toutes les bonnes intentions du monde, c'est un dossier... c'est extrêmement
complexe, vous l'avez dit vous-même. Historiquement, si on a créé la Régie de
l'énergie, c'est justement parce qu'Hydro-Québec était capable de dire tout et
son contraire devant les parlementaires et que les parlementaires, pour
différentes excellentes raisons, n'ont pas le temps ou la capacité...
Mme Tardif : Et, par
rapport à la régie, comment faire pour qu'elle devienne…
M. Schepper (Bertrand) : Et
par rapport à la régie… En fait, j'ai commenté le projet de loi ici...
Mme Tardif : …plus agile,
ou plus malléable, ou plus adaptée?
M. Schepper (Bertrand) :
Il y a certainement des choses à faire, qu'on peut faire avec la Régie de
l'énergie. Pour être franc, je n'ai pas réfléchi dans cette manière-là, puisque
je commentais le projet de loi. Il faudrait que j'y réfléchisse, mais il y a
certainement des manières. À la limite, vous voulez diminuer des frais, je peux
peut-être comprendre, je trouve que les frais ne sont pas très élevés par
rapport à ce que la régie fait, mais...
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Je vous invite à conclure, il reste 15 secondes.
M. Schepper (Bertrand) :
O.K. Mais, en fait, il y aurait moyen de réfléchir et faire un projet de loi
sur la régie, et je pense qu'il y a une commission qui va s'y pencher avant
longtemps, donc, à ce moment-là, peut-être que là il y aura manière de
réfléchir à la chose un peu plus différemment. Je suis désolé...
Mme Tardif : Merci.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : J'invite l'opposition officielle.
M. Polo : Merci.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Député...
M. Polo : De
Laval-des-Rapides.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : …de Laval-des-Rapides, merci, monsieur...
M. Polo : Merci beaucoup.
Merci, M. Schepper, c'est bien ça?
M. Schepper (Bertrand) :
Oui.
M. Polo : Bon, écoutez,
je vais poursuivre sur la question de ma collègue de Saint-Maurice,
effectivement, peut-être vous laisser, peut-être, élaborer un peu plus sur
pourquoi on en est rendus là, où les gens se questionnent, justement, sur la
pertinence… mais, en fait, pas sur la pertinence, sur l'érosion des pouvoirs de
la régie et qu'est-ce qui est peut-être tendancieux, disons, dans le projet de
loi n° 34, où la révision à chaque cinq ans est, en fait, une atteinte
même, un, à la transparence du processus, à l'accès à l'information et, si on
peut dire, à rassurer le public sur encadrer un monopole d'État qui, comme on
le sait, bon, c'est un monopole, n'a pas de concurrence. Donc, peut-être
élaborer un peu plus pour que ma collègue de Saint-Maurice puisse également se
faire une tête.
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, historiquement, on a mis la régie en place, entre autres, parce
qu'on voulait… Comme je le disais, les parlementaires... on avait l'impression
que, parfois, on politisait un peu trop les questions des tarifs
d'hydroélectricité. Notamment, on pouvait faire des promesses électorales de
baisser ou diminuer les tarifs plutôt que les impôts, il y avait des enjeux.
Les tarifs d'hydroélectricité sont plus régressifs, en fait, que l'imposition. Donc,
il y avait ces enjeux-là.
Et, à terme, pour réussir à faire des
exportations d'énergie, dans les années 90 on a décidé de mettre en place
la Régie de l'énergie, qui devait statuer sur Hydro-Québec, plus principalement
dans le cas de faciliter les exportations, le transport. Or, à travers les
années… en fait assez rapidement, on a retiré d'Hydro-Québec... du statut de la
régie Hydro-Québec Production, et, en fait, aujourd'hui, le rôle de la régie
est de vérifier si les tarifs sont justes et raisonnables chez Hydro-Québec Transport
et Distribution. Or, ce qui arrive, et comme je l'explique dans mon mémoire,
lorsqu'on donne trop de latitude à Hydro-Québec, et ce n'est pas... ou
n'importe quel autre distributeur d'énergie, hein, ce n'est pas Hydro-Québec en
soi le problème. Je crois en leur bonne foi, malgré qu'il faut l'admettre, en
termes de transparence, ils n'ont pas toujours gagné des prix, et même au
contraire. Et donc, à ce compte-là...
• (16 h 10) •
Et, veux veux pas, ils en connaissent plus
que la vaste majorité d'entre nous sur leurs propres activités, de manière
évidente, en fait. Et, si on faisait à chaque cinq ans des causes annuelles...
«des causes annuelles», des causes tarifaires, pardon, en fait, à ce moment-là,
ce qu'on vient faire, c'est rendre encore plus facile pour Hydro-Québec de
jouer dans les différents tarifs et dans les différentes dépenses. Et ensuite
la régie, qu'elle le veuille ou qu'elle ne le veuille pas, ne pourra pas
déceler l'ensemble des enjeux qui sont là comme elle le fait aujourd'hui.
Est-ce que la Régie de l'énergie est
parfaite aujourd'hui? Certainement pas, comme aucune institution qu'on a, mais
elle a l'avantage de pouvoir, un, avoir une forme d'expertise qui se renouvelle
année après année, mais aussi être capable de tenir... faire face à
Hydro-Québec, qui, bien... que ce soit de la bonne ou de la mauvaise foi, je
pense que c'est de la bonne foi, a comme principal intérêt réussir à vendre le
plus d'énergie possible et d'augmenter ses <marges le plus possible et à
la limite, en tant...
M. Schepper (Bertrand) :
...mais aussi être capable de tenir, de faire face à
Hydro-Québec qui,
bien... que ce soit de la bonne ou de la mauvaise foi...
je pense que
c'est de la bonne foi, a comme principal
intérêt, augmenter ses...
réussir à vendre le plus d'énergie possible et d'augmenter ses >marges
le plus possible. Et à la limite, en tant qu'actionnaire, le gouvernement a ce
même intérêt là. Donc, la juridiction de la régie, qui est indépendante, à mon
avis, est primordiale.
M. Polo : Merci. À la
page 3, vous dites... vous titrez : La prévisibilité cache des
hausses non nécessaires. D'autres groupes sont venus dire que, justement,
ils craignent que le fait que les causes tarifaires seraient étudiées seulement
aux cinq ans non seulement n'élimine pas la possibilité d'avoir des
trop-perçus, mais au contraire vient, si on peut dire, brouiller les cartes et
vient empêcher ou même rendre presque impossible de déceler ou de déterminer
s'il y a des trop-perçus. Vous faites à peu près la même conclusion, là. C'est
que la supposée prévisibilité sur cinq ans en réalité vient avec des vices
cachés.
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, elle le rend beaucoup plus complexe, ça, c'est certain, en fait.
Et, à ce moment-là, ça ne veut pas nécessairement dire... je ne parlerais pas de
vice caché ou de danger à ce niveau-là. Ce que je pense, c'est que c'est plus
compliqué pour un... n'importe quelle institution, en fait, de bien comprendre
si, par exemple... Supposons qu'on est dans la... en 2025 ou en 2024, disons,
on est en 2024, cause tarifaire, la régie doit statuer si les données
présentées pour 2029 sont les meilleures, si les dépenses demandées par
Hydro-Québec sont les bonnes. À mon sens, c'est presque impossible d'être
capable d'être «pinpoint» sur le bon montant et d'être capable de déterminer si,
par exemple...
Pour prendre un exemple, prenons le
contrôle de la végétation, par exemple, là. Si le travail, en 2022 ou 2023, de
contrôle de la végétation, même si on a les données, a été suffisamment bien
fait de sorte à ce que, si en 2028, on me demande, en contrôle de la
végétation, je ne sais pas, moi, le même montant qu'en 2024 plus 1,25... plus
125 %, disons, comment statuer ce qui est juste et raisonnable et comment
statuer que, si on demande ici 125 %, ce n'est pas parce qu'il y a trois
ans on n'a pas fait suffisamment? Ça, pour une régie, ça va être à peu près
impossible à faire sur une question de cinq ans comme ça.
Et, pour être franc, ce n'est pas de la
mauvaise... bien, en fait, c'est une manière de fonctionner. C'est vrai dans
plusieurs juridictions. J'ai travaillé à négocier, par exemple, des mécanismes
incitatifs chez Gaz Métro à l'époque où il y en avait un, qui est un petit peu
un système similaire pour essayer de faire un allègement réglementaire, et, en
fait, il était impossible de bien travailler, de bien assurer. Et la régie a
statué la même chose, que, finalement, la société civile était bien représentée
dans ce type d'événement là et dans ce type de manière de faire, parce qu'il y
a, veux veux pas, une asymétrie d'information dans ce qui est présenté, et
c'est le distributeur qui a le gros bout du bâton, à ce niveau-là.
M. Polo : Excellent. Vous
parlez, là, du 500 millions de dollars, et d'autres l'ont mentionné avant.
En fait, c'est juste un devancement d'un retour aux consommateurs d'un montant
d'argent qui allait de toute façon être remboursé au cours des trois à cinq prochaines
années. Donc, ça vient un peu démonter, là, l'argument que les trop-perçus, le
1,5 milliard des trop-perçus allait être remboursé ou va être remboursé
grâce au projet de loi n° 34.
Vous, est-ce que vous croyez... Parce
qu'il y a un autre groupe, ici, qui a dit que... Je vais vous le citer, là, la
Fédération canadienne des contribuables a dit : «Le raisonnement selon
lequel le gel tarifaire proposé pour [...] 2020 signifierait une épargne de 1 milliard
de dollars sur cinq ans — ce raisonnement — repose sur des
prémisses boiteuses.» Est-ce que vous, vous considérez... Quelle est votre
interprétation, votre analyse sur cet argument que le 1 milliard, compte
tenu du gel tarifaire en 2020 et étiré sur une période de quatre ans
supplémentaires, finalement, ça s'additionne à 1 milliard de dollars qui
est retourné aux consommateurs?
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, pour le 1 milliard, j'aurais tendance à dire qu'il n'y a
rien... la démonstration ne m'apparaît pas valide, en fait. Je ne comprends pas
comment on peut arriver de manière... Avec les démonstrations, avec ce qui a
été présenté par Hydro-Québec aussi, en fait, c'est des prétentions plus que
toute autre chose, à ce compte-ci. À mon avis, il n'y a rien qui démontre
correctement que c'est bien fait.
M. Polo : O.K. Parfait.
Donc là, on est rendu où l'argument de la prévisibilité ne tient plus la route.
Le 1 milliard est, par certains groupes, basé sur des prémisses boiteuses.
Dans votre cas à vous, vous soutenez, vous appuyez cet argument-là également.
Et, d'une part, le ministre nous explique, à travers son projet de loi, que de
le coller à l'indice des... ou, si on peut dire, à l'inflation, ça va permettre
aux familles d'avoir... la prévisibilité va leur permettre de pouvoir mieux
planifier leur budget sur une base annuelle. Vous, qu'est-ce que vous en <pensez...
M. Polo :
...argument-là,
également. Et d'une part, le
ministre nous
explique, à travers son
projet de loi, que de le coller à l'indice de...
si on peut dire, à l'inflation, ça va permettre aux familles d'avoir... la
prévisibilité
va leur permettre de pouvoir mieux planifier leur budget sur une base annuelle.
Vous, qu'est-ce que vous en >pensez?
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, comme j'ai dit plus tôt, en fait, à mon avis, je doute que
n'importe qui, ici ou ailleurs, préfère de la prévisibilité à une baisse
tarifaire dans le cas d'Hydro-Québec, qui est, je le rappelle, une des rares
énergies... Au Québec, on est en bonne partie au chauffage, l'énergie
résidentielle, du moins, est au chauffage, est une des données... On a moins de
capacité à diminuer nos coûts en diminuant la consommation d'énergie, vu que
l'élasticité prix n'est pas particulièrement élevée, à ce compte-là. Donc, en
fait, les gens ont une facture qui est reliée assez rapidement à leur facture
d'électricité, et, à ce compte-là, je vois très... je ne vois pas comment on
pourrait préférer la prévisibilité, du moins en résidentiel et en petit
commercial, à une baisse de tarifs.
M. Polo : Et, au-delà de
l'échéance de cinq ans, selon vous, pensez-vous qu'on pourrait vivre, dans
certains scénarios, là, comme vous l'avez dit, soit des hivers plus rigoureux,
soit des phénomènes environnementaux... Pensez-vous qu'on pourrait subir des
chocs tarifaires?
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, comme j'ai dit, je ne vois pas l'avenir, mais dans la... Si j'ai
raison, à ce compte-là, il n'y aura pas nécessairement de choc tarifaire, mais,
je veux dire, si je me trompe, ça pourrait arriver. Si je suis complètement
dans l'erreur, ce n'est pas impossible que, dans cinq ans, finalement, il y ait
des chocs importants. En fait, le mécanisme, tel qu'il est présenté ici, ne
permet pas d'enlever cette éventualité-là. C'est ce que je dis, c'est ce qui
est amené. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas moyen de faire autrement. Mais,
dans le cas qui nous occupe ici, il pourrait y avoir un choc tarifaire.
Pour revenir sur la prévisibilité, en
fait, je ramènerais à l'idée que les raisons pourquoi les tarifs d'Hydro-Québec
ont le plus augmenté dans les... je dirais au moins dans les sept ou huit
dernières années, mais disons dans les 15 dernières années pour l'argument
ici, c'est à cause des décisions gouvernementales. Si vraiment on veut être le
plus prévisible possible tout en maintenant, disons, des baisses de tarifs… ou,
du moins, aider la clientèle, on pourrait très bien déterminer que
l'actionnaire principal diminue la contribution qu'il reçoit reliée au choc
tarifaire ou à l'augmentation des tarifs qui serait non volontaire. Et à ce
compte-là, il y a d'autres moyens pour essayer de faciliter la prévisibilité.
Je vous soumettrais, personnellement, que je ne pense pas que le statu quo est problématique,
et donc, à mon sens, je ne vois pas pourquoi...
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Il reste 15 secondes.
M. Schepper (Bertrand) :
Je ne vois pas pourquoi on souhaiterait la prévisibilité sur la baisse des tarifs.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Merci. Maintenant, j'invite le deuxième groupe de
l'opposition, la députée de Mercier. Vous disposez de
2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Vous avez, tout à l'heure, dit
qu'il ne faut pas présumer de la mauvaise foi d'Hydro-Québec, puis, tout à
fait, j'en suis, ce n'est pas ça, l'objectif. Mais le ministre est comptable,
moi aussi, j'ai étudié en comptabilité, puis un des points, c'est qu'on peut
être tenté par cette façon de faire, au lieu qu'il y ait des causes tarifaires
chaque année, de les faire aux cinq ans. Hydro-Québec pourrait être tentée,
pour répondre à ses intérêts, de ne pas investir et de ne pas augmenter les
dépenses au moment opportun, dépendamment... en fonction des projets.
Puis là j'essaie de comprendre, ici, la
partie où vous dites, dans votre mémoire, que… J'aimerais que vous nous
expliquiez cette tactique, c'est-à-dire de mettre les dépenses... d'estimer où
est-ce qu'ils vont mettre les dépenses, dépendamment... avant ou après les cinq
ans. «Cette tactique lui permettrait d'empocher une plus grande part de profits
à l'année 5 et de justifier, lors de la cause tarifaire de la Régie de
l'énergie, des tarifs plus élevés [...] à l'année 6 [et] 7», et les
clients ne pourraient, après ça, bénéficier de la correction qu'encore cinq ans
plus tard. Donc, j'aimerais que vous nous expliquiez cet aspect-là et ce
risque-là.
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, supposons, d'une année 1 à l'année 10, là, pour que ce
soit plus simple, et la cause tarifaire se ferait à l'année 5. Donc,
supposons qu'Hydro-Québec a des dépenses, comme elle en a toujours, donc
prenons le contrôle de la végétation, là, pour le plaisir, c'est si passionnant,
supposons, le contrôle de la végétation, on aurait besoin de, je dis n'importe
quoi, 1 million de dollars en contrôle de la végétation à chaque année,
mais...
Mme Ghazal : Ou pensons
même aux bornes électriques, aux bornes électriques, par exemple, pour l'environnement,
l'électrification des transports, admettons.
M. Schepper (Bertrand) :
Oui. Je ne suis pas certain que ça rentrerait dans ces comptes-là.
Mme Ghazal : Non? O.K.
• (16 h 20) •
M. Schepper (Bertrand) :
Mais, disons, supposons qu'on a besoin de 1 million de dollars, à peu près,
donc, par année. Des fois, ça serait 900 000 $, des fois ça serait
1,2 million, par exemple, c'est à voir. Mais supposons qu'à l'année 4
on arrive avec 900 000 $, alors qu'on aurait dû donner 1 million
de dollars, c'est très difficile à déceler, la différence qui est là. Il y aurait
des justifications qui seraient données par Hydro-Québec lors des
différentes... des lieux où ils ont à déposer des explications. Ce serait bien
compliqué de déceler pourquoi ce 900 000 $ là cette année, alors que
c'était 1 million l'année dernière, puis... C'est à voir.
Or, Hydro-Québec, si, par exemple, ces besoins-là,
ça devrait être fait, en fait, à l'année 4, mais on dit... En fait, on va
arriver à l'année 6, on va dire : On veut 1,1 million pour cette
<année 6...
M. Schepper (Bertrand) :
...à déposer des explications. Ce serait bien compliqué de déceller pourquoi ce
900
000 là cette année, alors que c'était 1 million l'année
dernière puis cet avoir.
Or, Hydro-Québec, si, par exemple, ces
besoins-là, ça devrait être fait à... en fait, à l'année 4, mais on dit...
en fait, on va arriver à l'année 6, on va se dire : On veut
1,1 million pour cette >année 6 là, en fait, c'est des
dépenses qui n'auraient pas été faites à l'année 4 qu'on va passer à
l'année 6. Or, qu'est-ce qui arriverait à l'année 4, Hydro-Québec
aurait une augmentation de ses revenus... aurait des revenus et une baisse de
ses dépenses, aurait donc augmenté sa marge…
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Je vous invite à conclure.
M. Schepper (Bertrand) :
...et, à l'année 6, en fait, pour arriver devant la régie et demander plus
de tarifs pour être capable d'égaler ses besoins de 1,6 million, et donc
augmenterait les tarifs, ce qui, à terme, lui permet d'avoir la même marge que qu'est-ce
qu'elle aurait, et, au final, c'est la clientèle...
Mme Ghazal : Qui est
perdante.
M. Schepper (Bertrand) :
...qui est perdante là-dedans.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Merci. Maintenant, j'invite le troisième groupe de
l'opposition, le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci
beaucoup. À mon tour. Vous connaissez ce graphique-là? C'est ce qui justifie un
peu le projet de loi en question, c'est-à-dire de promettre au bout de cinq ans
1 milliard de retour d'argent dans les poches des Québécois plus le 500 millions,
donc ce qui fait le 1,5 milliard de trop-perçus. Elle est basée sur une
prémisse qui dit que les prévisions d'inflation sont à 1,7 %. Si
l'inflation est en bas de 1,7 %, êtes-vous d'accord avec moi qu'il n'y
aura pas d'économie de 1 milliard avant cinq ans?
M. Schepper (Bertrand) :
Oui.
M. Ouellet : Ça va être
plus tard que cinq ans?
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, ça dépend comment le projet de loi pourrait être mené, si c'est
1 milliard qui est enchâssé ou non. Mais, si c'est seulement, strictement
basé là-dessus… En fait, si l'inflation est plus basse que 1,7 %,
effectivement, oui. Et, si c'était dans le statut actuel, bien, en fait, il y
aurait une baisse de tarif plus rapidement.
M. Ouellet : Une autre
question très rapide. Dans les couloirs, les gens jasent sur ce projet de loi
là, et ça donne l'impression... en tout cas, on essaie de nous le vendre en
disant : Écoutez, Hydro-Québec, dans la fixation des tarifs pour la régie,
ce n'est pas compliqué, voici ce que ça a coûté en termes d'investissement, on
applique le montant plus une augmentation pour arriver à un certain niveau de
revenus acceptable. Là, on nous dit : Non, non, maintenant qu'ils sont
fixés, ils vont connaître leurs revenus, et ils devront être de meilleurs
gestionnaires, et ils vont moins demander d'argent, pour, finalement,
économiser au bout de la ligne. Donc, le Québécois moyen va voir sa société
d'État plus efficace. Êtes-vous d'accord avec cette affirmation-là?
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, non, si, par exemple, justement, on aurait une tendance avec une
inflation qui est plus faible que 1,7 %.
M. Ouellet : O.K. Dans
ce calcul-là, évidemment, on ne fait pas mention… Parce qu'on dit :
Écoutez, on le met à l'inflation. Mais on sait que, par le passé, sur ce
graphique-là, lorsqu'on faisait la comparaison de l'inflation par rapport aux
hausses d'Hydro-Québec… On oublie qu'au tournant des années 2003, 2004,
2005, il y avait de gros investissements, notamment le projet de La Romaine.
Donc, si Hydro-Québec n'a pas de grands projets d'investissement, on aurait pu
s'attendre à ce que les demandes auraient été plus basses quant à
l'augmentation des tarifs. Est-ce que c'est faux de penser ça?
M. Schepper (Bertrand) :
Bien, en fait, on pourrait effectivement croire ça, puisque les coûts
proviennent d'Hydro-Québec Production à peu près à 50 %. Effectivement, on
pourrait se dire ça.
Ceci dit, j'ajouterais aussi que, si la
régie n'avait pas été là lors de ces années-là, en fait, les demandes
d'Hydro-Québec supplantaient de beaucoup les décisions qui ont été prises par
la régie et que les tarifs auraient augmenté de manière plus rapide.
M. Ouellet : Selon vous,
avec l'arrivée du bloc de 500 mégawatts disponibles pour la cryptomonnaie,
avec le retour d'ABI, grand consommateur, plusieurs térawattheures, entre
autres, est-ce que ça, ça va augmenter les revenus d'Hydro-Québec?
M. Schepper (Bertrand) :
Ça va augmenter les...
La Présidente (Mme Weil) :
Il reste 20 secondes.
M. Schepper (Bertrand) :
Ça va augmenter les revenus d'Hydro-Québec et diminuer, en fait… et ses
dépenses n'augmenteront pas de manière équivalente. Donc, il va y avoir plus de
revenus que de dépenses qui vont être générés.
M. Ouellet : Et de
quelle façon on a la certitude que ce sera un meilleur gestionnaire?
M. Schepper (Bertrand) :
Je n'en vois pas.
M. Ouellet : Merci.
La Présidente (Mme Weil) :
Alors, je vous remercie, M. Schepper, pour votre contribution aux travaux
de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 24)
>
(Reprise à 16 h 26)
La Présidente (Mme Weil) :
Alors, nous reprenons nos travaux pour entendre la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante. Alors, je vous souhaite la bienvenue. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, et nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter, ainsi que les personnes qui vous accompagnent, et
à procéder à votre exposé. La parole est à vous.
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante
(FCEI)
M. Jeyabalaratnam (Gopinath) :
Merci, Mme la Présidente. M. le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles, Mmes et MM. les députés, permettez-moi tout d'abord de remercier la
commission d'avoir invité la FCEI à faire entendre la voix des PME dans le
cadre des audiences sur le projet de loi n° 34.
Je me présente, Gopinath Jeyabalaratnam,
conseiller aux affaires économiques et gouvernementales de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Depuis maintenant six mois, j'ai le
privilège de représenter 24 000 membres PME dans toutes les
industries et toutes les régions du Québec. Comme vous le savez, les PME jouent
un rôle inestimable à la création de la richesse au Québec. 99 % de nos
entreprises sont des PME, et plus d'un emploi sur deux sont dans les PME.
Aujourd'hui, je suis accompagné par M. André
Turmel, avocat spécialisé en droit de l'énergie chez Fasken Martineau DuMoulin,
et M. Antoine Gosselin, économiste spécialisé sur les questions de
l'énergie. Ces deux personnes représentent la FCEI sur différents dossiers à la
Régie de l'énergie depuis maintenant plusieurs années. Étant moi-même nouveau
dans le dossier de l'énergie, MM. Turmel et Gosselin m'appuieront dans mon
intervention devant vous aujourd'hui.
La FCEI a porté une grande attention au projet
de loi n° 34, car le coût de l'énergie demeure parmi
les premières préoccupations de nos chefs d'entreprise. Les PME, qui paient déjà
plus cher pour leur électricité que d'autres groupes tarifaires en raison de
l'interfinancement que la loi nous empêche de corriger, voient d'un très
mauvais oeil les dispositions prévues dans le projet de loi n° 34.
D'ailleurs, quatre chefs d'entreprise sur cinq demandent au gouvernement de
donner plus de pouvoirs de surveillance d'Hydro-Québec à la Régie de l'énergie,
pas moins.
La FCEI a soumis une analyse détaillée à
cette commission et nous souhaitons aujourd'hui vous partager nos inquiétudes
et offrir nos pistes de solution.
D'emblée, nous souhaitons mentionner que
la FCEI appuie l'intention poursuivie par le projet de loi de retourner les trop-perçus
aux PME et aux autres consommateurs. Après tout, c'est leur argent et ça leur
appartient. Cependant, nous nous questionnons sur la manière de le faire et sur
les conséquences qu'elle aura sur la transparence d'Hydro-Québec et sur le
processus d'établissement des tarifs d'électricité. En effet, notre analyse du projet
de loi n° 34 nous a permis de réaliser qu'une demi-douzaine
de mesures qui assurent depuis plus de 20 ans la transparence,
l'indépendance et la rigueur de la gestion d'Hydro-Québec dans l'établissement
des tarifs d'électricité seront possiblement évacuées.
La proposition de remplacer
le processus annuel d'examen et de fixation des tarifs d'électricité devant la
régie par un examen tous les cinq ans et une indexation annuelle des tarifs à
l'inflation entre les examens ne nous rassure pas. Nous évaluons qu'elle
entraînera des coûts additionnels de 124 millions pour les clients dès
l'année prochaine et de 560 millions pour la période de 2020 à 2024. Cette
proposition présente un risque beaucoup plus important pour les clients en
termes de rendement excessif et de qualité de service, par exemple en éliminant
le mécanisme de partage des trop-perçus, en éliminant les pénalités financières
associées à la dégradation de qualité de service et en réduisant la flexibilité
de la stratégie tarifaire par l'introduction de nouvelles contraintes.
Malgré sa dénomination, le
projet de loi n° 34 a une portée qui va bien au-delà de la simplification
de la tarification de l'électricité. En effet, les différentes dispositions
qu'il contient réduisent considérablement les projets de surveillance qu'exerce
la régie sur les activités de distribution et dans des dimensions qui dépassent
largement la fixation de tarifs.
De plus, le projet de loi
soustrait Hydro-Québec d'un examen externe indépendant de ses investissements,
de ses programmes commerciaux et de sa performance autant financière qu'au
niveau de sa qualité de service.
Enfin, il élimine les
garde-fous mis en place par la régie pour éviter que le trop-perçu excessif
observé ces dernières années soit remis aux clients.
Si l'intention sérieuse est
d'améliorer la prévisibilité des tarifs d'électricité et de remettre les
trop-perçus de 1,5 milliard de dollars aux clients, la meilleure manière,
selon nous, d'y parvenir est de le faire à travers la régie en lui partageant
ces préoccupations avant qu'elle l'intègre dans ses services... dans ses
activités de fixation de tarifs. Merci de votre attention. Je cède la parole à M. Antoine
Gosselin.
• (16 h 30) •
M. Gosselin (Antoine) :
Bonjour. Il a été question ces derniers jours de la <comparaison entre
l'inflation et la croissance des tarifs historiques...
>
16 h 30 (version révisée)
< M. Jeyabalaratnam (Gopinath) :
... de le faire à travers la régie en lui partageant ses préoccupations afin
qu'elle l'intègre dans ses services de... dans ses activités de fixation de
tarifs.
Merci de votre attention. Je cède la
parole à M. Antoine Gosselin.
M. Gosselin (Antoine) :
Bonjour. Il a été
question ces derniers jours de la >comparaison
entre l'inflation et la croissance des tarifs historiques. J'aimerais revenir
sur ce sujet.
D'emblée, je vous dirai que, selon nous,
la comparaison simple de l'inflation et de la croissance des tarifs passée est
très peu informative quant à l'évolution future des tarifs et doit être
considérée avec beaucoup de prudence. En effet, l'évolution de tarifs est
affectée à travers le temps par toutes sortes de facteurs ponctuels qui
faussent la comparaison et son utilité pour prédire le niveau de croissance
appropriée des tarifs dans le futur.
Prenons, par exemple, l'évolution des
tarifs depuis 2003, qui a été mentionnée à plusieurs reprises dans le cadre de
cette commission. Le graphique qui se trouve à la dernière page de notre
rapport montre... de notre mémoire, montre la croissance des tarifs, c'est la
ligne bleue pleine, et l'inflation, qui est la ligne rouge, depuis 2004. Donc,
c'est semblable à ce qui vous a été présenté cette semaine. On y a ajouté l'information
sur le rendement d'Hydro-Québec, qui montre notamment une perte de 105 millions
en 2003 et un bénéfice de 254 millions en 2004.
Lorsqu'Hydro-Québec s'est présentée pour
la première fois devant la régie en 2003, il lui a évidemment demandé de
rétablir un rendement raisonnable selon les normes de la réglementation. Ce
rattrapage de 359 millions représente la quasi-totalité de la hausse
tarifaire observée en 2004. La situation déficitaire de 2003 n'était pas
étrangère au gel des tarifs de 1998 à 2003, et, de toute évidence, nous sommes
dans une situation très différente aujourd'hui, alors qu'Hydro-Québec réalise,
ces dernières années, des rendements plus qu'appréciables.
La ligne pointillée sur le graphique
représente la croissance des tarifs depuis 2003 corrigée de cet effet. On peut
voir que la situation est très différente une fois cette correction appliquée,
alors que les tarifs auraient entraîné des coûts moindres que l'inflation. C'est
probablement pour cette raison qu'Hydro-Québec, dans ses dossiers tarifaires et
son rapport annuel, utilise l'évolution des tarifs et de l'inflation à partir
de 1998 pour démontrer que ses tarifs évoluent moins vite que l'inflation.
Un autre facteur qui a affecté de manière
considérable l'évolution des tarifs sur cette période est l'imposition par le
gouvernement d'approvisionnements postpatrimoniaux non requis qui, selon
nous... qui, selon la Vérificatrice générale, auraient entraîné des coûts
supplémentaires à la clientèle de 2,5 milliards de dollars. L'arrivée de
ces approvisionnements a eu des effets particulièrement importants en 2006,
2013, 2014 et 2015. La ligne bleue en tirets représente l'évolution des tarifs
excluant l'impact de ces approvisionnements sur la hausse tarifaire pour ces
quatre années. D'autres facteurs faussant la comparaison pourraient également
être identifiés, dont notamment les trop-perçus.
Ce graphique démontre bien que la
comparaison historique simple entre l'inflation et les tarifs ne peut pas
servir de base sérieuse pour établir une croissance anticipée des tarifs. C'est
pour cette raison que la manière la plus fiable de se projeter vers l'avant, c'est
d'utiliser l'information disponible grâce au processus réglementaire actuel et
qui nous informe sur l'évolution anticipée des coûts et des ventes, ce que nous
avons fait, et qui permet de démontrer l'avantage financier du modèle actuel.
La ligne en tirets bleue montre aussi que
l'évolution des tarifs est beaucoup plus stable et prévisible lorsque l'on
élimine l'effet des interventions politiques. En fait, ce sont les
interventions politiques qui ont historiquement été la cause du manque de
stabilité et de prévisibilité tarifaires.
Je passe la parole à Me Turmel.
M. Turmel (André) :
Bonjour.
La Présidente (Mme Weil) :
Vous avez deux minutes.
M. Turmel (André) :
Comme juriste pratiquant dans le domaine de l'énergie depuis plus de
20 ans au Québec et à l'étranger, j'aimerais vous offrir mes perspectives
sur ce projet de loi.
J'ai été un des premiers avocats recrutés
à l'interne de la régie en 1998. La raison de mon embauche? À titre de
procureur qui provenait de la couronne, l'objectif était de pouvoir challenger
avec une équipe d'experts financiers, économistes et ingénieurs à l'interne les
témoins et les prétentions d'Hydro-Québec. Puis j'ai continué à faire de même
en cabinet privé pour la FCEI et d'autres clients. Et j'oeuvre maintenant à
l'international, notamment en rédigeant des projets de loi dans d'autres pays,
sur des lois qui créent des autorités comme la Régie de l'énergie.
M. le ministre, le projet de loi n° 34 que
vous avez déposé n'est pas nécessaire pour l'objectif que tous partagent, soit
le retour des trop-perçus. Il est toutefois déraisonnable pour les cinq raisons
qui suivent.
Il vient tuer dans l'oeuf l'ingrédient
essentiel à la fameuse prévisibilité que vous cherchez tant, je parle de la
transparence. La transparence, dans un domaine aussi technique que la
régulation économique, ne peut se faire seulement qu'avec un beau rapport
annuel ou des séances de photos où tous se déclarent satisfaits sans avoir posé
les vraies questions. On le fait plutôt en posant des questions et en exigeant
des réponses. C'est ce que fait la régie depuis 20 ans.
Dans la plupart des pays de l'OCDE et des
pays où je travaille pour la Banque mondiale, le seul modèle qui est retenu et
souhaitable est une régie de l'énergie indépendante, qui peut poser les vraies
questions de manière répétée et en toute transparence. C'est ce qui mène à la
prévisibilité, car l'information, la <bonne, elle circule...
M. Turmel (André) :
...on
le fait plutôt en posant des questions et en exigeant des réponses, c'est ce
que fait la régie depuis 20 ans.
Dans la plupart des pays de l'OCDE, et
des pays où je travaille pour la
Banque mondiale, le seul modèle qui est
retenu et souhaitable est une régie de l'énergie indépendante qui peut poser
les vraies questions, de manière répétée et en toute transparence. C'est ce qui
mène à la
prévisibilité, car la formation, la >bonne, elle,
circule. Personne ne gagne si on se contente de la prévisibilité simpliste, qui
est celle de fixer à l'avance une hausse des taux, à l'inflation ou autre, mais
qui cache en réalité... qui pourrait amener une baisse des tarifs, comme
démontreront la Régie de l'énergie dans le dossier qui a été déposé récemment
devant elle.
Le projet de loi n° 34 va à
contre-courant de manière inexpliquée, sauf pour la question des trop-perçus,
qui peut se régler avec les pouvoirs actuels, va à contre-courant du sens
commun qui est d'exiger des redditions de comptes clairs et nets à Hydro-Québec
. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Weil) :
Alors, je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la
période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Julien : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. M. Turmel,
quand vous parlez de trop-perçus, vous parlez d'écarts de rendement?
M. Turmel (André) :
Notamment.
M. Julien : Il y a d'autres
choses, dans les trop-perçus, que vous mentionnez?
M. Turmel (André) : Non.
M. Julien : Merci. Donc, on
parle de mécanismes d'écart de rendement. O.K. Ici, il y a marqué, dans votre
document : «Contrairement à ce que semblent suggérer les communications
d'Hydro-Québec et du gouvernement, le projet de loi n° 34 — c'est
en haut de la page 10 — ne rembourse pas aux Québécois le
1,5 milliard d'excédents de rendement accumulés entre 2005 et 2017.» Quand est-ce qu'on a eu cette prétention-là, au
gouvernement?
M. Gosselin (Antoine) : Bien,
moi ce que je comprends, là, des communiqués que le gouvernement a émis, de ce
qu'Hydro-Québec a émis, c'était que le projet de loi permettait de rembourser
les trop-perçus de 1,5 milliard aux consommateurs d'électricité.
M. Julien : Donc, vous avez eu
des communiqués à cet effet-là. O.K. Nous, ce qu'on mentionne, c'est qu'on
fait, en fin de compte, un projet de loi n° 34 qui
vise à retourner, effectivement, 1,5 milliard à la clientèle
d'Hydro-Québec via deux mesures, comme on a mentionné : le remboursement
de 500 millions, qui sera remboursé à la fermeture des comptes selon la
valeur exacte, et après ça le gel tarifaire, qui, effectivement, j'entendais
mon collègue tantôt questionner, est sur une base de 1,7 % d'inflation.
Alors, toutes choses étant égales, par ailleurs, si c'était 2,3 %, ce
serait beaucoup plus, si c'était 1,3 %, ce serait moins. Naturellement, c'est
projeté sur cinq ans, pour la fin de l'exercice. Un gel tarifaire qui se
répercute ad vitam aeternam fait toujours des petits parce que ça vise à
corriger essentiellement l'écart observé dans le passé entre l'inflation et le
tarif réellement chargé.
Quand vous mentionnez également... J'ai
bien entendu, puis je ne dis pas que c'est faux, ce que vous dites, c'est que
l'évolution tarifaire de la clientèle est due à plein de facteurs, plein de
facteurs qui ne sont pas nécessairement corrélés parfaitement avec l'inflation :
les décisions politiques, que vous avez mentionnées, les choix
d'investissement, effectivement. Mais à terme, moi, là, quand je parle à la
clientèle, la clientèle, elle, ce qu'elle vit, là, elle vit une hausse
tarifaire, malgré tous les facteurs que vous mentionnez, qui est légèrement
supérieure à l'inflation. Mais vous dites que… puis je voudrais vous entendre
là-dessus, vous dites que la fixation à l'inflation corrigée aux 60 mois,
ce n'est pas une façon sérieuse de faire. La façon sérieuse de faire, c'est la
cause tarifaire, avec toutes les discussions qu'il y a. À titre d'exemple, là,
je sais que, dans les dernières années, vous, la FCEI, là, pour les cinq
dernières années, là, c'est au-dessus… près de 540 000 $ de frais, c'est
un peu plus de 100 000 $ par année, pour aller discuter de la cause
tarifaire. Ça, c'est la méthode sérieuse que vous mentionnez. Mais ce qu'on
observe, c'est... Je reviens avec cette idée-là, comment ça se fait, si c'est
la meilleure façon de fixer une tarification, qu'on peut arriver, une année, à
dire : Ça va être 4,3 %, parce qu'il y a eu des investissements puis
l'effet corollaire, puis après ça un écart de rendement, a posteriori, de
1,5 % à 2 % sur cette même période là? Puis là on s'interroge :
Oui, mais, tant qu'à faire, on aurait pu prendre, en fin de compte, l'inflation
puis corriger a posteriori sur une base de 60 mois. Tu sais, les écarts, à
chaque année, un plus, un moins, effectivement plus souvent plus que moins,
mais des écarts de rendement, somme toute, assez importants à travers le temps,
puis, à chaque année, on vient fixer une cause tarifaire, une augmentation de
tarification, mais on ne frappe jamais «bull's-eye», là, bien au contraire.
<Alors, en quoi le risque qu'on
aurait de venir fixer pour une période plus longue que 12 mois, pour
donner, en fin de compte, une stabilité dans le temps, et de venir corriger, le
cas échéant, par une cause tarifaire de manière...
M. Julien : ...on vient
fixer une cause tarifaire... une
augmentation de
tarification,
mais on ne frappe
jamais «bull's eye», là, bien au contraire.
>Alors, en quoi le risque qu'on
aurait de venir le fixer pour une période plus longue que 12 mois, pour
donner, en fin de compte, une stabilité dans le temps, et de venir le corriger,
le cas échéant, par une cause tarifaire de manière ponctuelle, mais sur un plus
long délai, entraînerait des risques?
• (16 h 40) •
M. Gosselin (Antoine) : Pour plusieurs
raisons. D'abord, il faut comprendre que, quand la régie fixe les tarifs, effectivement,
comme vous dites, on n'arriverait jamais pile, hein, c'est des prévisions, mais
elle essaie de le faire le plus précisément possible. Et c'est un des objectifs
premiers, là, de la fixation des tarifs, c'est d'essayer de les fixer au niveau
qui va représenter le plus justement possible les coûts.
Évidemment, comme je disais, il arrive qu'il
y a des écarts. Vous dites... vous pointez sur un exemple pour une année donnée
où il y a un écart pour, en quelque sorte, discréditer un peu tout l'ensemble
du processus, devant la régie, de fixation des tarifs. Je vous dirais que, si
on veut mesurer la performance d'un modèle versus l'autre, hein, le projet de
loi n° 34 versus le modèle actuel, en termes de
capacité à bien prédire les tarifs, on ne peut pas juste pointer sur une donnée
spécifique, probablement la pire, j'imagine, au cours des 15 dernières
années, d'un des modèles, il faut comparer les deux. Alors, à ce titre-là, si
on veut faire cette comparaison-là, il faudrait prendre le modèle de prévision en
fonction de l'inflation puis aller voir ça aurait été quoi, les écarts qu'on
aurait observés, et je vous... je ne serais absolument pas étonné qu'on observe
des écarts sensiblement plus importants. D'ailleurs, le graphique... bien, le
graphique qu'on a à la dernière page de notre présentation, on voit bien ici
que, si on prend l'inflation puis où les tarifs ont été réellement, on observe
des écarts très importants un peu partout à travers cette période-là.
Effectivement, on a observé, certaines
années, des écarts très importants, et c'est un peu ce qui a donné lieu à toute
cette question des trop-perçus de 1,5 milliard, là, qui a pris quand même
une certaine ampleur, et, ce genre d'écarts là, c'est sûr que ce n'est pas nécessairement
normal et ce n'est pas tout à fait normal, ce n'est pas ce à quoi on s'attend normalement,
et ça suggère qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Une année, ça peut
arriver, mais surtout quand ça arrive trois, quatre, cinq années de suite, là
c'est certain que, comme régulateur, vous vous posez des questions sérieuses. Et
c'est ce que la régie a fait. Et la réponse que la régie, elle a trouvée à ce
problème-là, c'est de mettre en place un mécanisme de traitement des écarts de
rendement justement pour éviter de se retrouver à la fin d'une année où on se
rend compte que finalement on en a demandé beaucoup trop aux clients par
rapport à ce qui était nécessaire pour leur offrir le service.
Mais, sur le fait qu'il y a effectivement
des écarts importants qui sont observés en fin d'année, je vous soulignerais quand
même que, même en étudiant un dossier de façon exhaustive, il y a des limites à
l'examen que la régie peut faire puis à ce qu'elle peut voir dans le dossier, hein?
M. Julien : Est-ce que je
peux…
La Présidente (Mme Weil) : M.
le ministre, oui.
M. Julien : Je ne veux pas non
plus avoir une période trop longue. Je reviens sur la question : Quel est
le risque qu'on aurait... Parce que, vous avez raison, on ne peut pas tomber
«bull's-eye», puis je ne demande pas à tomber «bull's-eye». Mais, effectivement,
là, si je prends les cinq dernières années, 182 millions, 90 millions,
37 millions, 77 millions, 160 millions d'écart de rendement… puis
nous autres, on vient dire : Bien, il y a des écarts qui sont cumulés, qui
sont toujours là, on dit que le gel tarifaire avec une inflation de 1,7 %
représente 195 millions, c'est ça qui vient corriger. Puis après ça on
passe sur le bord de l'inflation, mais on va retourner à la régie en cause
tarifaire aux 60 mois. C'est quoi, le risque pour la clientèle d'utiliser ce
modèle-là? Comment qu'il se matérialise? Et qu'est-ce que ça voudrait dire?
M. Turmel (André) : M. le
ministre, je peux répondre là-dessus. Le risque, c'est une question légitime, effectivement.
Nous représentons des consommateurs depuis plus de 20 ans. On travaille
pour les consommateurs, que ce soient les PME ou les petits consommateurs
résidentiels. Le risque, c'est l'absence de reddition de comptes. On vit à une
époque où la reddition de comptes, vous en serez d'accord avec moi, elle est
plus souhaitable que moins souhaitable. Le projet de loi vient alléger cette reddition
de comptes là, vient mettre une période très longue. Et tout à l'heure je vous
entendais parler... l'article 17, l'annexe II du projet de loi, la
somme d'information qui sera demandée. Écoutez, ça fait 20 ans que je suis
devant des régies ici et ailleurs dans le monde, ce n'est pas en demandant des
bilans, des suivis, des évolutions, donc de l'information statique, que vous
allez obtenir plus de rendement, plus de productivité de la part du
distributeur. C'est là où notre <problème...
M. Turmel (André) :
...la somme d'information qui sera demandée. Tu sais, ça fait 20 ans que
je suis devant des régies ici et
ailleurs dans le monde, ce n'est pas en
demandant des bilans, des suivis, des
évolutions, donc de
l'information
statique, que vous allez obtenir plus de rendement, plus de productivité
de
la part du distributeur. C'est là où, notre >problème, on le voit grand.
On est d'accord pour le trop-perçu, on est tous d'accord ensemble, le
trop-perçu doit retourner aux consommateurs d'électricité. C'est ce que vous
souhaitez faire, c'est l'objectif premier. Mais vous prenez un canon pour tuer
une mouche. Et on pense que vous enlevez... vous déplumez la régie...
M. Julien : Juste
là-dessus, les écarts de rendement, les écarts de rendement dans le passé,
nous, on dit : Il faut corriger cette situation-là. Puis les gens disaient :
Est-ce qu'il va se produire encore des écarts de rendement? L'écart de
rendement, comment qu'il est calculé, c'est un rendement attendu qu'on donne à
Hydro-Québec de 8,2 %, et tout ce qui est en écart constitue un écart de
rendement. Et nous, on vient dire : On ferme les comptes d'écart. Quand
les gens disent : Oui, ce 500 millions là, vous le devez à la
clientèle, oui, mais il se reconduit un nouveau montant d'écart. Ça n'existe
plus, ce compte d'écart là. Donc, on retourne 500 quelques millions, on verra à
la fermeture, et après ça on vient dire : Ça sera à l'inflation après une
période de gel d'un an et ça sera à Hydro-Québec de se gouverner en conséquence
en donnant le maximum de rendement.
Mais la clientèle, puis je récidive, là,
la clientèle, les citoyens, les résidents et les entreprises sauront, de
manière stable, ce qu'ils devront payer. Alors, sur cette base-là, c'est quoi,
le risque, pour la clientèle?
M. Turmel (André) : Pour
la clientèle, en termes de prévisibilité, nos clients PME nous disent : Ça
vaut la peine sur cinq ans d'essayer de battre la prévision d'Hydro-Québec.
Quand Hydro-Québec demande 2 % ou 3 % et qu'ultimement, avec le
travail de l'ensemble des intervenants, la régie reconnaît finalement
qu'Hydro-Québec n'a pas droit à 2 % mais à 1,3 %, ça semble peu,
0,7 %, mais c'est, dans l'ensemble des Québécois, environ
100 millions de dollars, souvent. Alors, on a tendance à dire qu'une
fraction de pourcentage, c'est peu, mais c'est énormément d'argent qui sort de
la poche des PME et qui retourne à Hydro-Québec et ultimement à l'État.
M. Gosselin (Antoine) : J'ajouterais,
si vous me le permettez, sur la question des risques. Le premier risque du
projet de loi, c'est que les clients vont payer trop cher pendant les cinq
prochaines années. Ça, d'ailleurs, on a des analyses, et c'est ce qu'on évalue.
Et en fait ils paieraient trop cher avant même d'avoir reçu un sou du
1,5 milliard de remise qui est présumé.
M. Julien : En
30 secondes.
M. Gosselin (Antoine) :
L'autre risque, c'est... eh bien, un des autres risques, c'est évidemment le
risque qu'il y ait des trop-perçus importants qui soient... qui se perpétuent
pendant une période de cinq ans. Aujourd'hui, la régie, elle fixe un tarif une année
et elle en fixe un les autres années. Si elle observe qu'il y a des trop-perçus
importants qui se font, elle peut corriger le tir rapidement.
La Présidente (Mme Weil) :
Monsieur... excusez-moi de vous interrompre, il y a une autre question. Donc,
le député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci, Mme la
Présidente. Combien de temps qu'il me reste?
La Présidente (Mme Weil) :
Il reste 4 min 9 s.
M. Skeete : Parfait.
Merci beaucoup. Bonjour. Mais, premièrement, félicitations, je suis un ancien
membre de la FCEI et puis j'ai adoré mon temps quand j'étais membre. En fait,
votre mission est importante, mais je ne suis pas certain de comprendre votre
désaccord, alors vous allez me permettre quelques questions.
Vous dites, ici, dans votre deuxième
paragraphe, ici : Le projet de loi n° 34 : pourquoi, pour
qui? Vous dites qu'il n'y a personne qui se plaint de la complexité du
processus de fixation des tarifs. Je peux vous dire, il n'y a personne, je
pense, au Québec, qui est heureux avec la complexité des factures qu'on voit
chez Hydro-Québec, avec la complexité de comprendre vraiment d'où vient les
prix et pourquoi qu'ils changent.
Vous parlez, monsieur, de reddition de
comptes. Je me demande si la prévisibilité d'une indexation comprise d'avance
peut battre ce qu'essentiellement, vous dites, est un processus qui ne me
semble pas très démocratique et accessible pour la majorité des gens.
M. Gosselin (Antoine) :
Bien, d'abord, je pense qu'il y a une distinction à faire entre la facture, le
papier que les gens reçoivent à la maison, et la fixation des tarifs. Ce sont
des choses complètement différentes, là. Le... je m'excuse, j'ai perdu le fil.
• (16 h 50) •
M. Skeete : Mais, en fait, je
faisais le lien. Et vous dites : Pour qui, pour qui, puis pourquoi, pour
qui? Puis, moi, ce qu'il me semble, c'est important de donner à la clientèle la
prévisibilité. Moi, ce que j'entends, c'est : On ne comprend rien sur nos
factures. On ne sait pas d'où vient le prix. Historiquement, il y a eu des
augmentations drastiques qui ont fait mal aux Québécois. Alors, vous parlez de
reddition de comptes, vous parlez de transparence, en quoi ce que le
gouvernement propose ce n'est pas transparent?
M. Turmel (André) : Simplement
<mentionner, dans tous les pays...
M. Skeete : ...pas d'où
vient le prix.
Historiquement,
il y a eu des
augmentations
drastiques qui ont fait mal aux
Québécois. Alors, vous parlez de
reddition
de comptes, vous parlez de transparence : En quoi ce que le
gouvernement
propose ce n'est pas transparent?
M. Turmel (André) :
Simplement >mentionner : Dans tous les pays industrialisés et dans
tous les pays où la Banque mondiale intervient, le sens commun, en ce moment, c'est
d'avoir une reddition de comptes par une autorité spécialisée, qu'on appelle la
régie, qui pose des questions en audience ou hors audience. Et vous dites… Oui,
c'est complexe, mais il n'y a pas une personne individuelle qui peut se
présenter devant un tribunal ou devant les avocats d'Hydro et leur équipe.
Alors, c'était ça, la logique que les législateurs avant vous ont déployée,
c'était justement pour s'assurer de la transparence derrière les coûts.
Hydro-Québec est un monopole de distribution. Un monopole, ici ou ailleurs…
Hydro-Québec fait un bon travail en général, mais il y a toujours un peu une
force d'inertie. C'était le travail de la régie, travail qui a été généralement
bien fait. Et pourquoi? En représentant les consommateurs.
Tout à l'heure, on a fait allusion aux
frais que certains ont... Écoutez, 1 million de dollars, par année, de
frais sur 2 point quelques milliards, c'est une poussière. Mais nous, on
fait ça pour les consommateurs. C'est sûr que c'est compliqué, mais est-ce que
c'est parce que c'est compliqué qu'on doit abandonner la lutte économique, et
courtoise, et en plaidoirie devant le tribunal? Ça se fait ailleurs dans le
monde. Là, le Québec va reculer de 20 ans, parmi les seules juridictions
au Canada et parmi les seuls en Amérique du Nord.
M. Skeete : Vous dites «reculer»,
ce n'est pas un choix de société? Moi, je regarde ça et je me dis… En quelque
part, je compare ça comme étant le choix d'un consommateur de prendre un taux
d'hypothèque fixe versus variable, pour des raisons distinctes. On peut être
d'accord ou pour. Puis, oui, on peut essayer de battre le marché, peut-être, là.
Puis ce que je comprends, c'est… Vous, vous êtes dans cette logique-là : à
toutes les années, on va aller voir vraiment. Mais, à la longue, cette
prévisibilité-là aussi a une valeur, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Weil) : Il
vous reste 27 secondes.
M. Gosselin (Antoine) : Bien,
en fait, rapidement, ce que je vous dirais, c'est que la prévisibilité, il n'y
a pas de... Comme on le disait tout à l'heure, là, si on évacue les
interventions gouvernementales dans le processus de fixation des tarifs de la
régie, la prévisibilité, il n'y en a pas, il n'y en a pas vraiment. La courbe
en pointillé qu'on a sur notre graphique, la hausse la plus importante...
La Présidente (Mme Weil) :
Merci, le temps est écoulé, mais vous aurez d'autres occasions. Alors, je cède
maintenant la parole au député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci beaucoup.
Merci, Mme la Présidente. Merci, représentants de la FCEI. J'aimerais commencer
par vous inviter à nous expliquer quels sont les intrants… peut-être en résumé,
là, mais quels sont les intrants que considère ou qu'utilise la Régie de
l'énergie, lorsqu'elle fait l'évaluation du juste prix, pour déterminer
annuellement le juste prix, juste pour... C'est dommage, mon collègue qui vous
a posé la question précédente, là… mais je voulais quand même vous inviter à
peut-être faire l'élaboration, s'il vous plaît.
M. Gosselin (Antoine) : Bien,
la régie, d'abord, ce qu'elle reçoit, c'est un dossier complet d'Hydro-Québec,
qui détaille les coûts, qui sont par rubriques, qui détaille les coûts qui vont
être nécessaires pour fixer les tarifs de l'année à venir. Il y a aussi
l'information sur les coûts équivalents pour l'année en cours. Et vous avez l'information
également pour la dernière année historique complétée. Donc, vous êtes capable
de comparer ce qui est proposé avec ce qui s'est vraiment passé deux ans
auparavant, une prévision de ce qui est en cours également. Donc, vous avez
toute cette information-là pour les coûts.
Vous avez également beaucoup... bien, bon
nombre d'explications sur la prévision de la demande par secteur, par tarif,
comment était la demande historique, qu'est-ce qui se passe dans l'année
courante puis qu'est-ce qu'on anticipe pour l'année à venir. Et, pour la
prévision des ventes, bien, évidemment, il y a toute une série de paramètres
économiques, de prévisions qui sont tirées de sources généralement
indépendantes, parfois c'est les prévisions internes d'Hydro-Québec. Et tout ça
permet, dans le fond, d'évaluer les coûts et les ventes pour ensuite fixer les
tarifs, dans le fond, de façon globale, là, diviser l'un par l'autre.
Donc, évidemment, le fait d'avoir
l'information historique, de pouvoir faire une comparaison, là, ça nous permet
de porter un jugement. Puis évidemment, après ça, il y a tout le processus de
questions-réponses et d'audience où on peut, là, creuser les informations puis
essayer de valider ce qui est présenté.
M. Polo : En quoi le panier
des produits, là, qui est utilisé pour déterminer l'indice des prix à la
consommation... en quoi le panier des produits a une certaine corrélation, un
certain lien, selon l'argument du ministre et du gouvernement, qui aiderait
justement à déterminer une hausse raisonnable, une hausse... un juste prix
selon ce <critère-là...
M. Polo : ...des produits a
une certaine corrélation, un certain lien qui aiderait, selon l'argument du
ministre et du
gouvernement, qui aiderait
justement à déterminer
une hausse raisonnable, une hausse... un juste prix selon ce >critère-là?
M. Gosselin (Antoine) : Bien,
écoutez, il y a tout un ensemble de coûts qui varient, hein, il y a beaucoup de
rubriques, plein de coûts varient. Puis ils ne varient pas tous nécessairement
en fonction de l'inflation, c'est évident. Et il peut y en avoir quelques-uns, effectivement,
qui peuvent suivre une tendance qui n'est pas différente de l'inflation de
façon générale, mais il y a beaucoup de variations très importantes qui n'ont,
c'est évident, strictement rien à voir avec l'inflation. Bien, les plus
évidents, c'est évidemment toutes ces questions de compte d'écart sur... pour
les aléas climatiques, hein, la température, le coût de retraite. En tout cas,
on pourrait en nommer beaucoup, mais il y a beaucoup d'éléments de coût qui, évidemment,
n'ont rien à voir avec l'inflation.
M. Turmel (André) :
J'ajouterais peut-être que, dans la composante du prix, globalement, dans la
facture d'électricité, il y a le coût de production qui n'est plus réglementé
par la régie depuis l'an 2000, le coût de transport qui, semble-t-il,
demeurerait réglementé à la régie, et là le coût de distribution qui était
réglementé mais qui ne le serait plus. Donc, la facture du consommateur avait
trois grandes composantes, une seule sera scrutée à la loupe dorénavant, c'est
le coût de transport.
M. Polo : Écoutez, moi, avant
de procéder avec ma prochaine question, là, j'invite, des fois, le ministre à
peut-être partager un peu plus d'informations avec ses collègues qui viennent
poser des questions, comme mon collègue de Sainte-Rose, parce que, sincèrement,
de prétendre que simplifier le processus de détermination des tarifs et de le
rendre simpliste… «Simpliste» ne veut pas dire «simplifié». Et je m'insurge
contre le propos, là, du collègue de Sainte-Rose, parce que, sincèrement, ça
porte atteinte, si on peut dire, au travail qu'on essaie de faire ici, à
l'information qui est diffusée. Je voulais juste amener ce point-là.
La Présidente (Mme Weil) : M.
le député...
M. Polo : Ceci dit, Mme la
Présidente, ce que je comprends, messieurs de la FCEI, ce que je comprends de
votre mémoire, c'est que, selon vous, le gouvernement échoue dans tous les objectifs
annoncés, et là je vais à la conclusion de votre mémoire, tous les objectifs
annoncés dans le projet de loi, et je vais les citer ici, là :
simplification du processus de fixation des tarifs d'électricité, remboursement
des trop-perçus de 1,5 milliard et l'amélioration de la prévisibilité des
variables tarifaires... des variations tarifaires.
M. Gosselin (Antoine) :
Définitivement, je pense qu'au niveau du remboursement du 1,5 milliard de
trop-perçus cet objectif-là n'est pas atteint, c'est très, très clair.
L'amélioration de la prévisibilité, je ne pense pas, aussi, que ce soit un
objectif qui soit atteint. Pour ce qui est de la simplification, bien, c'est
sûr qu'on peut imaginer une formule très, très simple, hein, puis n'avoir
aucune régie, et faire augmenter les tarifs d'une façon extrêmement simple,
mais ça ne veut pas dire que c'est mieux parce que c'est plus simple.
Vous savez, la régie, elle se penche
depuis déjà trois, quatre ans sur la mise en place d'un mécanisme incitatif.
Tous les débats qu'on a ici, ils se sont faits devant la régie, et il y a eu
des experts, il y a toute la compétence du personnel de la régie qui a étudié
ces questions-là. Il y a eu plusieurs personnes qui sont venues faire des
propositions. Il y a Hydro-Québec qui est venue faire également des
propositions, qui, soit dit en passant, allaient à l'encontre du projet de loi
n° 34. Alors, la réglementation, je ne sais pas pourquoi on semble avoir
l'impression que, tout à coup, la réglementation, c'est quelque chose de très
simple puis qui peut être simplifié. La réglementation, c'est quelque chose de
très complexe, ça fait des centaines d'années que ça existe. Il y a des gens
qui ont fait des recherches poussées là-dessus et ça demande une certaine
rigueur dans la façon dont on l'analyse. Ce n'est pas quelque chose que l'on
peut simplifier et n'est pas souhaitable de simplifier à outrance la
réglementation comme le fait le projet de loi n° 64.
Alors, je ne vous dis pas nécessairement
que l'objectif de simplification est atteint ou pas, ce que je vous dis, c'est
que c'est un mauvais objectif. Essayez de rendre... de traiter un problème
complexe qui demande de la rigueur puis qui demande de la réflexion d'une
manière trop simple, c'est problématique.
M. Polo : Merci. Voyez-vous un
problème à ce qu'en cours d'exercice Hydro-Québec puisse demander une
modification de la tarification et est-ce que c'est une politisation du
processus de tarification? On se rappelle qu'Hydro-Québec devra faire approuver
ses demandes par le ministre, par le gouvernement.
• (17 heures) •
La Présidente (Mme Weil) : Il
reste <trois minutes, pour que vous sachiez un peu...
Une voix
:
Certainement...
>
17 h (version révisée)
,<15407
M.
Polo : ...merci.
Voyez-vous un
problème à ce qu'en cours
d'exercice
Hydro-Québec puisse demander une
modification de la
tarification?
Et
est-ce que c'est une politisation du
processus de
tarification?
On se rappelle qu'Hydro-Québec devra faire approuver ses demandes par le
ministre, par le gouvernement.
La Présidente (Mme Weil) :
Il vous reste >trois minutes, pour que vous sachiez un peu...
M. Gosselin (Antoine) : Certainement.
Ce que ça implique, c'est que le ministre peut appliquer un filtre à une
demande qu'Hydro-Québec, sinon, adresserait à la régie. Donc, oui. Oui.
M. Polo : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Weil) :
D'autres questions?
M. Polo : Vous avez
demandé à Hydro-Québec de déposer un dossier tarifaire pour 2020 et 2021. Et
vous dites qu'une période de cinq ans entre les dossiers tarifaires est trop
longue. Vous avez donc peur d'une perte de transparence dans le processus de
tarification.
M. Gosselin (Antoine) :
Oui, absolument. Il y a plusieurs risques, hein, avec le projet de loi puis
cette période de cinq ans là, là. Évidemment, si jamais il s'adonnait que,
l'année où la régie a le mandat d'étudier les tarifs et de fixer les tarifs,
pour une raison ou pour une autre, il y a certains éléments de coûts qui, de
façon ponctuelle, sont très élevés, bien, la régie a le devoir d'appliquer… de
fixer des tarifs qui vont permettre à Hydro-Québec de récupérer ces coûts-là et
de faire son rendement. Alors, maintenant, si ces coûts-là disparaissent les
cinq années suivantes, bien, évidemment, les sommes vont, malgré tout, être
récupérées dans les tarifs, alors que le coût n'existe plus. En 2018, le
mécanisme... Il y a un mécanisme présentement en vigueur, qui a été mis en
place, et on voit déjà, là, qu'il y a eu, dès la première année, d'importants
trop-perçus. Alors, si le projet de loi avait été en place dès 2018, on aurait
ces sommes-là qui se répercuteraient dans le temps…
M. Polo : Quel impact
pourrait avoir une perte de contrôle, par la régie, des programmes commerciaux
sur une période de cinq ans?
M. Gosselin (Antoine) :
Bien, écoutez, les programmes commerciaux, chacun a ses particularités propres,
hein, alors il faut les regarder un par un. Mais Hydro-Québec a ses objectifs
en ce qui concerne les programmes commerciaux, et, à notre avis, ces
objectifs-là ne sont pas nécessairement toujours alignés avec les meilleurs
intérêts de la clientèle ou, en tout cas, de tous les segments de la clientèle.
Un exemple que je peux vous donner, c'est le programme de gestion de la demande
en puissance de la clientèle affaires, où Hydro dit… Bien, ce programme-là, en
deux mots, là, permet aux gens de réduire leur consommation de puissance à la
pointe, là, ce qu'Hydro-Québec leur demande, puis ils reçoivent une
compensation financière en échange de ça. Alors, ce qu'Hydro-Québec dit, bien :
On va... Ils ont mis en place ce modèle-là, mais il y a des restrictions sur
l'accessibilité, qui fait que, les plus petits clients, c'est beaucoup plus
difficile pour eux d'accéder à ce programme-là. Et en plus, bien, l'aide
financière peut être très intéressante pour des grands clients, qui réduisent
énormément leur consommation, mais pas nécessairement adaptée à des petits
clients, qui, eux, peuvent enregistrer des...
La Présidente (Mme Weil) :
Conclusion, M. Gosselin.
M. Gosselin (Antoine) :
...des réductions plus faibles.
M. Polo : Merci.
La Présidente (Mme Weil) :
Très bien, merci. Alors, je cède la parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui, Mme la
Présidente. Considérant l'opportunité de prendre le temps de la deuxième
opposition, est-ce que j'ai le consentement pour utiliser le temps libre de la
deuxième opposition?
La Présidente (Mme Weil) :
Est-ce qu'on a le consentement?
Des voix
:
Consentement.
M. Ouellet : Merci, M.
le ministre. Merci, bonjour à vous. Messieurs, j'aurais quelques questions en
rafale. La première, puis j'aimerais vous entendre là-dessus, bon, on a un
mécanisme qui existait, qui existe encore, la régie. Vous l'expliquiez tout à
l'heure, qu'on va perdre certains contrôles sur un des trois volets que nous
avions. Et, le projet de loi en question, on parle d'un nouveau mécanisme qui
va fixer des prix en fonction de l'inflation. On jase, là. Il pourrait-u y
avoir un autre indicateur que l'inflation, outre utiliser la régie, pour fixer
les prix? Est-ce que ça, ça existerait? Quel autre indicateur qu'on pourrait
utiliser pour dire : Ça, là, si on prend cet indicateur-là, on est
vraiment sur le bon picot, les entreprises vont payer le juste prix, et les
consommateurs vont être satisfaits? Est-ce qu'il existerait autre chose que
l'inflation?
M. Gosselin (Antoine) :
Je ne pense pas qu'il n'y a rien qui peut remplacer l'examen pour fixer les
tarifs, là, de façon la plus précise possible. Je ne pense pas qu'il n'y a rien
qui puisse faire mieux qu'un examen par la régie. Donc, je vous dirais, que ce
soit l'inflation ou que ce soit un autre indicateur, si on essaie de mettre en
place un système qui est mécanique, hein, sur lequel on n'a essentiellement plus
de contrôle parce qu'on applique une formule, puis, si elle dérape, on ne peut
plus rien faire parce qu'on est pris par notre législation, on évacue le
jugement des gens qui sont face à cette situation-là puis qui sont <capables
de dire : O.K., bien...
M. Gosselin (Antoine) :
...on essaie de mettre en place un
système qui est mécanique, hein, sur
lequel on n'a
essentiellement plus de contrôle
parce qu'on
applique une formule, puis, si elle dérape, on ne peut plus rien faire parce
qu'on est pris par notre législation. On évacue le jugement des gens qui sont
face à cette situation-là puis qui sont >capables de dire : O.K.,
bien, d'une part, on peut essayer d'évaluer le mieux possible le coût de rendre
le service, mais, d'autre part, aussi, on peut porter un jugement sur,
justement, les considérations de stabilité, les considérations de prévisibilité
et puis d'équité entre les clients.
Donc, la régie, elle a beaucoup d'outils
dans son coffre pour s'assurer que l'évolution des tarifs est stable. Elle
utilise ça régulièrement pour déplacer... devancer ou retarder certaines
dépenses pour s'assurer qu'on n'ait pas des baisses fortes de tarifs suivies d'une
hausse forte de tarifs ou l'inverse. Et ça, une formule, ça ne peut pas,
évidemment, porter de jugement là-dessus, ça prend des gens qui voient la
situation puis qui peuvent dire : Bon, bien, écoutez, là, on va s'assurer
qu'on assure une prévisibilité, une stabilité à l'aide de notre jugement.
M. Ouellet : Vous êtes
économiste, M. Gosselin. Juste pour le bénéfice de nos auditeurs qui nous
écoutent, est-ce que l'inflation, c'est stable?
M. Gosselin (Antoine) :
Bien, l'inflation, c'est... non, ce n'est pas stable. Évidemment, ce n'est pas
non plus... L'inflation, ça passe rarement de 10 %, une année, à moins 2 %
l'année suivante, là, on s'entend.
M. Ouellet : Au Québec,
mais il y a des pays...
M. Gosselin (Antoine) :
Bien, oui, effectivement, il peut y avoir des situations où ça arrive, là,
que... Je parlais dans le contexte du Québec. Mais, cela étant dit, malgré ça,
ça peut quand même varier, là. Tantôt, j'allais dire, quand il m'a manqué de
temps, que la variation tarifaire la plus importante, dans notre graphique, là,
une fois qu'on a corrigé pour les interventions gouvernementales, sur la
période de 15 ans, c'est 2,9 %. Puis, après ça, la deuxième plus
importante, c'est en bas de 2 %. Alors, est-ce que c'est possible que, sur
une période de 15 ans, l'inflation, elle aille une fois jusqu'à 3 %
puis que, le reste du temps, elle se maintienne? C'est tout à fait possible. On
ne peut absolument pas exclure quelque chose comme ça.
M. Ouellet : Et on le
vit avec, peut-être, la crise du pétrole, avec ce qui se passe à
l'international, ça pourrait avoir, effectivement, une incidence.
M. Gosselin (Antoine) :
Ça peut avoir une incidence, et une variation du taux de change pour les
importations peut avoir une incidence.
M. Ouellet : Effectivement.
Les guerres commerciales. O.K., beaucoup de chose qu'on ne contrôle pas et qui
amèneraient les gouvernements à avoir des mécanismes pour contrôler l'effet
d'une hausse de l'inflation. D'accord.
J'aimerais vous entendre, pourquoi cinq
ans? Le ministre nous dit : C'est important d'avoir de la prévisibilité,
on offre de la stabilité. Pourquoi cinq ans? Pourquoi pas trois, pourquoi pas
quatre, pourquoi pas 10? Tu sais, si on est des gens férules de prévisibilité,
là, regarde, pendant 10 ans, vous allez savoir ce que ça va coûter, les
entreprises vont être heureuses, ils vont savoir... ils vont pouvoir calculer
ce que ça va coûter. Pourquoi, selon vous, on fixe ça à cinq ans?
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Vous avez 1 min 16 s pour répondre à
la question.
M. Gosselin (Antoine) :
C'est une bonne question, puis je vais y répondre sans y répondre. Cette
question-là, au cours des trois dernières années, la régie, elle se l'est
posée. La régie, dans le processus qu'elle a fait pour en venir au mécanisme
incitatif qui est entré en vigueur en 2018 puis qui est en place aujourd'hui,
toutes ces questions-là, elle se les ai posées. Et la régie, elle avait toute
la latitude de choisir le modèle qui lui plaisait. Elle aurait pu choisir le
modèle du projet de loi n° 34 si elle avait jugé que
c'était le modèle qui était approprié pour la situation d'Hydro-Québec. Elle
n'a pas choisi ce modèle-là après avoir consulté experts, et tous les intervenants,
et Hydro-Québec. Alors, on peut, vous et moi, débattre est-ce que ça devrait
être deux ans, trois ans, cinq ans, un an pendant des années, mais ce débat-là
a été fait. Il a été fait dans un forum qui est adapté à ça, qui a les
compétences pour ça, en tout respect pour la commission, et qui a été éclairé
de façon beaucoup plus importante...
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : En terminant.
M. Gosselin (Antoine) :
...que ce qu'on peut faire dans un forum comme celui-ci. Et sa décision, ça a
été : le bon modèle, c'est celui de la...
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Merci. Merci beaucoup. Alors, je vous remercie
beaucoup pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 17 h 9)
>
(Reprise à 17 h 14)
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Bienvenue aux représentants du Regroupement des organismes
environnementaux en énergie. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter, ainsi
que les personnes qui vous accompagnent, et procéder à votre exposé. La parole
est à vous.
Regroupement des organismes environnementaux en
énergie (ROEE)
M. Simard (Christian) :
Oui. Bonjour. Merci, Mme la Présidente. Merci, les membres de la commission. Je
suis accompagné de Jean-Pierre Finet, qui est analyste. Moi, je me nomme
Christian Simard, je suis le directeur général de Nature Québec et un des
membres du regroupement.
Le Regroupement des organismes
environnementaux en énergie a été fondé en 1997. Il est constitué de sept
groupes ayant des intérêts marqués en énergie et représentant des milliers de
membres individuels, et de multiples organisations au Québec en font partie. On
va des Îles-de-la-Madeleine, avec l'Association madelinienne pour la sécurité
énergétique et environnementale, Écohabitation, la Fédération québécoise du
canot et du kayak, la Fondation Rivières, <Nature Québec, le regroupement...
M. Simard (Christian) :
...ayant des
intérêts marqués en énergie représentant des milliers de
membres individuels et de multiples organisations au Québec en font partie. On
va des Îles-de-la-Madeleine avec l'Association madelinienne pour la sécurité
énergétique et environnementale, Écohabitation, la Fédération québécoise du
canot et du kayak, la Fondation Rivières, >Nature Québec, le
Regroupement pour la surveillance du nucléaire et le Regroupement Vigilance
Hydrocarbures Québec. Donc, notre regroupement est unique, réunissant des
organismes d'envergure nationale, une importante association réseau autonome et
une ONG experte sur tous les aspects concrets de l'énergie et de l'habitation.
Le ROEE prône le développement énergétique
durable par la planification intégrée des ressources dans le contexte de
ressources limitées et de menaces impératives à l'équilibre planétaire posées
par la surexploitation des ressources dont nous disposons. Mais le ROEE
considère que les enjeux environnementaux ne peuvent pas être relégués à des
préoccupations d'ordre secondaire. Il priorise l'efficacité énergétique à toute
production énergétique, même de source renouvelable. On s'inscrit également en
faveur d'une transition énergétique rapide, transparente et équitable.
Maintenant, on intervient aujourd'hui sur
le projet de loi n° 34 qui a été déposé par le ministre ici. On croit que,
malheureusement, le projet de loi n° 34 manque la cible, hein? Il veut
simplifier le processus, mais, en ce faisant, il risque d'induire des erreurs
dans des calculs et provoquer des effets indirects qui peuvent avoir des effets
pervers qui coûteraient... en bout de ligne, qui risquent de coûter plus cher à
la société que d'hypothétiques gains à court terme. Donc, c'est une ingérence
politique qui semble contraire à l'esprit dans lequel la Régie de l'énergie a
été créée.
Moi, j'ai un certain âge et j'ai assisté à
toutes sortes... du temps de Mme Bacon, je ne sais pas s'il y en a qui
sont assez vieux ici, où, à un moment donné, il y avait un échange, c'était une
vraie commedia dell'arte, la façon d'établir les tarifs, ici, c'était la
demande d'Hydro très forte, le non gouvernemental sonore et la petite
discussion en coulisse, puis on arrive avec un chiffre magique, qui
généralement n'était pas si magique que ça et pas mal établi au départ de la
commedia dell'arte. On n'est pas là, mais on revient à une certaine fixation
par le politique via un projet de loi, c'est différent qu'à chaque année… via un
projet de loi, mais il y a une fixation assez arbitraire des tarifs, qui risque
d'avoir des effets pervers.
Donc, une ingérence politique est
contraire dans l'histoire de la régie, on cite dans le... Jean-Thomas Bernard,
ici : «C'est le grand débat de l'énergie en 1996 qui a amené la régie à
s'impliquer dans les tarifs. La mise en place d'une régie de l'énergie, ayant
la compétence requise pour réglementer le secteur de l'électricité, répond à
une nécessité. [...]il sera possible de contre-expertiser de façon
satisfaisante les demandes tarifaires d'Hydro-Québec, selon un mécanisme
garantissant la transparence et la participation du public.»
C'est majeur. On ne l'aura plus pendant
cinq ans. Cette régie, donc... je te laisse, Jean-Pierre…
M. Finet (Jean-Pierre) :
Alors, en choisissant de fixer les tarifs sur une donnée non pertinente,
c'est-à-dire l'inflation, le gouvernement élimine du même coup les trop-perçus
ou les manques à gagner, car les tarifs ne seraient plus fixés par rapport aux
coûts, du moins, pour une période de cinq ans. Ce faisant, il créerait un
précédent dangereux et laisserait au prochain gouvernement le problème d'avoir
à rectifier, ou non, cette situation.
Il nous semble que la prémisse derrière ce
projet de loi est un souhait de couper dans des dépenses exagérées et inutiles.
Cependant, cette décision a été prise sur de mauvais calculs. Non seulement les
frais associés aux interventions sont faibles, plusieurs intervenants vous ont
parlé, là, d'un millième de pour cent, mais le travail de vigilance effectué à
la Régie de l'énergie par les intervenants représentant les groupes
environnementaux et les consommateurs permet d'identifier et de corriger des
lacunes dans les projets proposés et fait économiser, par le fait même,
énormément à la société. Cela n'est possible qu'avec la garantie d'un processus
rigoureux soutenu financièrement par l'État.
Par ailleurs, la Régie de l'énergie fait
un travail très serré de restriction des coûts. Elle évalue les interventions
au mérite et rembourse les frais des intervenants en conséquence.
Notre intervention à la Régie de l'énergie
a notamment permis d'éviter la conversion et la réouverture de la centrale
thermique de Bécancour en 2015-2016. Ce projet, dont Hydro-Québec n'avait pas
besoin, aurait impliqué le déplacement de moult camions véhiculant du gaz
naturel liquéfié ainsi que des dépenses d'au moins 1 milliard de dollars
sur la durée du contrat, de 20 ans, que cette énergie ait été utilisée ou
non, et ce, sans annuler d'aucune manière les pénalités de l'ordre de
150 millions de dollars, annuellement, que nous payons déjà à TransCanada
pour garder la centrale fermée, alors que des alternatives plus intéressantes,
tant au niveau économique qu'aux niveaux environnemental et social, existaient.
• (17 h 20) •
M. Simard (Christian) :
Il est clair que c'est l'intervention de notre organisation qui a permis
d'éviter cette erreur, que tout le monde a reconnu qui était une erreur par la
suite. Mais, si on n'avait pas pu intervenir à la régie ou devant la régie et
faire... montrer l'incongruité de cette décision contractuelle, bien… Je pense
qu'on a justifié beaucoup, beaucoup notre présence et la présence d'un faible
programme de financement des intervenants.
Des conséquences négatives sur nos
possibilités d'exportation aux États-Unis. Il peut y avoir des effets pervers
induits par le prochain... le projet de loi qui nous est présenté. Puis il y en
a un qui est quand même majeur. Hydro-Québec désire <augmenter ses...
M. Simard (Christian) :
...beaucoup,
beaucoup notre présente et... la présence d'un faible
programme de financement des intervenants.
Des conséquences négatives sont nos
possibilités d'exportation aux États-Unis. Il peut y avoir des effets pervers
induits par le prochain projet... le projet de loi qui nous est présenté, puis
il y en a un qui est quand même majeur. Hydro-Québec désire >augmenter
ses exportations, particulièrement vers les États-Unis. Le retrait des
audiences devant la Régie de l'énergie semble risqué. Les Américains, nous a
expliqué, entre autres, dans une communication qu'on a eue avec le Pr Normand
Mousseau, qui est professeur de physique à l'Université de Montréal et
directeur de l'Institut énergie Trottier à la Polytechnique... Donc, «les
Américains ont — je le cite — des régies fortes et des
processus très ouverts depuis longtemps. Le projet de loi n° 34,
en gonflant artificiellement les revenus locaux, ouvre donc la porte à des
attaques et même des poursuites de la part de promoteurs et de producteurs [américains]
d'électricité en compétition avec l'offre d'Hydro-Québec.» Fin de la citation.
Ils pourraient alors plus facilement accuser la société d'État de dumping, de
subvention déguisée à l'exportation ou de manipulation des tarifs
d'électricité, et ça risque de nuire.
Quand on a un «body», une régie
transparente et claire, on ne peut pas se faire accuser de manipuler les tarifs
intérieurs pour favoriser l'exportation de l'électricité. Il ne faut pas
oublier qu'une des raisons de la création de la Régie de l'énergie, il y a plus
de 20 ans, visait à faciliter l'accès au marché américain pour Hydro-Québec.
C'est un élément quand même qui est fort important.
M. Finet (Jean-Pierre) :
Il nous semble probable que le gouvernement n'ait pas apprécié le refus de la
régie d'autoriser la demande d'approbation d'un programme pour la conversion à
l'électricité des équipements fonctionnant au mazout ou au propane dans les
marchés commercial, institutionnel et industriel pour une raison de
non-rentabilité. Il est vrai que ce programme est souhaitable et qu'il aurait
pu contribuer au désir d'électrification des bâtiments du gouvernement du
Québec.
Par ailleurs, nous notons une incohérence
entre la décision du gouvernement d'utiliser le Fonds vert pour financer
jusqu'à 75 % des coûts des projets d'extension de réseau de gaz naturel et
son refus de s'en servir pour améliorer la rentabilité de ce programme de
conversion. Même son de cloche par rapport à la décision du gouvernement
d'avoir choisi de ne pas injecter de fonds pour le déploiement, par
Hydro-Québec, de bornes électriques à recharge rapide. Nous soulignons ici le
manque de vision et les incohérences du gouvernement, qui ne devrait non pas affaiblir
la régie, mais lui donner les moyens de prendre pleinement en compte le
développement durable dans ses décisions.
M. Simard (Christian) :
Oui. Maintenant, on va aller aux recommandations. On recommande d'apporter des
amendements majeurs au projet de loi n° 34, là,
majeurs, parce qu'on pense qu'il est mal orienté.
Plutôt que de mettre en place des
modifications qui visent à réduire la marge de manoeuvre de la régie, nous
croyons que celle-ci a besoin d'une réforme qui lui redonne ses pleins pouvoirs
afin… d'agir et confirme son indépendance et ainsi ses compétences en matière
de développement durable dans une optique de planification intégrée des
ressources.
Nous pensons qu'il faut apporter des
amendements majeurs au projet de loi n° 34 en mettant
en place une réforme de la Régie de l'énergie qui lui permettra réellement de
remplir sa mission.
M. Finet (Jean-Pierre) :
La régie doit disposer de pouvoirs décisionnels et d'une pleine autorité sur
les tarifs, la production, le transport et la distribution d'énergie afin que
toutes les options envisageables soient analysées, y compris l'efficacité
énergétique. La mouture originale de la Loi sur la Régie de l'énergie, en 1996,
créait un tel régime.
Nous recommandons la réinstauration des
pleines compétences de la Régie de l'énergie, tel que stipulé dans la première
mouture de la Loi sur la Régie de l'énergie.
M. Simard (Christian) :
Afin de préparer l'avenir, il faut pouvoir compter sur une gestion efficiente
et éclairée de nos ressources et se doter d'une vision porteuse à long terme. En
Nouvelle-Angleterre.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Je m'excuse, il vous reste une minute.
M. Simard (Christian) :
Oui. En Nouvelle-Angleterre et en Ontario, par exemple, la logique mise sur la
place d'une économie... d'économiser, et, en tout premier lieu, on dit :
«Conservation first», économie d'abord.
Recommandation 4, rapidement,
Jean-Pierre.
M. Finet (Jean-Pierre) :
Oui. Nous recommandons, en plus d'approuver les budgets en efficacité
énergique, que la régie puisse exiger l'augmentation des budgets et le maintien
et de la modification de programmes. La régie devrait avoir le pouvoir
d'intervenir en matière de sources de production d'électricité, en matière
d'économie d'énergie, d'étendre sa compétence au stockage d'électricité au GNL
et de rendre explicites les compétences et les responsabilités de la régie
quant au transport et à l'aménagement de territoire.
M. Simard (Christian) :
Et en une seconde dire que, finalement, on devrait bonifier, là, le mode de
nomination des commissaires. Je pense que la régie doit avoir des commissaires
encore plus professionnels, nommés sur une base de processus plus rigoureux
qu'actuellement, je pense que ça, il y a une place à l'amélioration, et,
naturellement, maintenir, je pense, le financement adéquat pour les
interventions d'organisations comme les nôtres. Merci.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Je vous remercie, M. Pinet... M. Finet,
pardon, et M. Simard, pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer
la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous, et vous disposez de
16 minutes.
M. Julien : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Merci, messieurs, de vous présenter ici et d'exposer les
différents éléments de votre analyse. Sur certaines des recommandations, quand
même, on est assez loin du p.l. n° 34 et de ses
objectifs, mais j'entends bien que ça pourrait être des bonifications lors d'une
révision sur d'autres aspects.
<Vous avez mentionné les enjeux par
rapport à l'exportation...
M. Julien :
...présenter ici, d'exposer les différents éléments de votre analyse. Sur
certaines des
recommandations,
quand même, on est assez loin du
p.l. 34 et de ses objectifs, mais j'entends bien que ça pourrait être des
bonifications lors d'une révision sur d'autres aspects.
>Vous avez mentionné les enjeux par
rapport à l'exportation d'électricité, qui naturellement relève de HQP, qui
n'est pas réglementé. J'aimerais savoir, en fin de compte, le lien que vous
faites avec le p.l. n° 34 et HQP, qui n'est pas
réglementé, par rapport à vos conclusions.
M. Simard (Christian) :
Bien, en fait, je pense que ce qui est important, puis il y a eu tout un...
Vous savez, pour accéder au marché, dans le cadre du libre-échange… Et on a
même fait HQP, Hydro-Québec Distribution, Transport, donc on a créé un peu une
compétition à l'intérieur d'Hydro-Québec. Ça demeure Hydro-Québec, la propriété
de tous les Québécois, un monopole d'État, mais avec des règles qui imitent un
peu le marché et avec des structures d'établissement des tarifs. La régie fait
partie... ça fait partie d'un grand ensemble.
Et, si, par exemple, pour des compétiteurs
américains qui pourraient être tentés, c'est ce qu'on a dit, on ne dit pas que
ça va arriver de façon certaine... On pense qu'on met à risque... À partir du
moment où c'est un tout... Les compétiteurs, sur les marchés américains,
regardent, observent ce qu'on fait. On est dans une situation de monopole
d'État, mais on s'est donné des structures indépendantes d'analyse des tarifs. Et,
lorsqu'on est dans un marché ouvert ou régi, là, par un accord de libre-échange,
eh bien, il est clair que l'ensemble des éléments sont analysés. Même si c'est
HQP qui exporte, il demeure que les tarifs qui sont donnés, que HQP est capable
de donner et que le Québec offre à l'extérieur… est-ce qu'il peut être
influencé par les tarifs domestiques? Si ceux-ci sont plus forts ou si la
clientèle résidentielle absorbe plus grand et qu'on puisse peut-être exporter
des surplus à un tarif moindre, bien, on ouvre la porte à cette critique-là. Tandis
que, quand c'est une régie qui établit annuellement les tarifs, selon non pas
l'inflation ou un processus arbitraire, mais une analyse des coûts, on évite
une contestation potentielle, peu importe si c'est HQP, HD, pour les... on se
comprend, là. Mais c'est une analyse qui est globale et qui risque de faire
l'objet de contestations. Ce n'est pas une certitude, là, on ne prétend pas
connaître l'avenir, mais on pense qu'on met à risque... et c'est un danger du
projet de loi n° 34.
Et je vous invite à inviter Normand
Mousseau de vous en parler plus à même. C'est l'expertise qu'on a eue, mais je
pense que ça serait vraiment intéressant que vous l'entendiez et vous
l'écoutiez. Je pense qu'il désirait aller devant la commission.
M. Julien : M. Simard,
je vous entends bien, mais naturellement ce risque-là a été particulièrement
analysé à travers le temps, et c'est certainement... Pour nous, il n'y a pas de
risque à cet effet-là, d'aucune manière, par le p.l. n° 34,
quoi qu'en dise M. Mousseau. Mais on aura peut-être l'occasion un jour de
discuter avec M. Mousseau.
Je reviens sur... Vous avez mentionné que,
comme si c'était un de nos objectifs, nous autres… puis ça a été mentionné à
deux, trois reprises après-midi, comme si on avait un objectif de venir dire
que les frais liés à la cause tarifaire étaient un enjeu important pour nous.
L'enjeu important pour le gouvernement, dans le processus ici, c'est de faire
en sorte de, oui, retourner de l'argent à la clientèle, le 500 millions,
c'est de donner de la stabilité, de la prévisibilité.
Et on ne prétend pas non plus… Parce que
j'ai entendu deux, trois questions tantôt, dire : Oui, mais l'inflation
n'est pas parfaite. Non, non, il n'y a pas de perfection dans la fixation. Puis
on veut pouvoir, sur une période plus longue que le 12 mois... Parce que quelqu'un
a dit tantôt : Pourquoi 60 mois? Bien, je rétorquerais :
Pourquoi 12 mois? Alors, on essaie de se trouver, en fin de compte, une gestion
de risques, de se dire : Bon, le passé n'est pas garant du futur, on veut
que ça demeure réglementé, on veut maintenir une cause tarifaire, mais on veut
se donner, en fin de compte, une stabilité plus longue que 12 mois.
Dans cette perspective-là, j'étends un peu
la question que j'ai posée au groupe précédent : Considérant le passé,
considérant qu'il y a un gel l'an prochain, qu'on augmente à l'inflation quatre
ans, c'est quoi, le risque réel pour le consommateur dans cette perspective-là,
contrairement à la perspective précédente?
• (17 h 30) •
M. Simard (Christian) :
Je vais me permettre, puis mon collègue pourra compléter. En fait, c'est comme
un mantra, là, ce que vous dites, «la prévisibilité». Et j'avoue que moi,
j'ai... J'habite dans la région de Québec, comme vous, M. le ministre... comme
M. le ministre habite, et j'ai déjà vu bien, bien des tribunes radiophoniques
sur la hausse des tarifs de pétrole, très régulièrement. Mais, sur l'écart des
tarifs d'électricité d'une année sur l'autre, puis des bonds, la prévisibilité…
Alors, en tout respect, ça me semble être une <problématique, un mantra
un peu inventé, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de problématique...
>
17 h 30 (version révisée)
< M. Simard (Christian) :
...et j'ai
déjà vu bien, bien des tribunes radiophoniques sur la hausse
des tarifs de pétrole, très
régulièrement. Mais sur l'écart des tarifs
d'
électricité d'une année sur l'autre, puis des... bon, la
prévisibilité...
En tout respect, ça me semble être une >problématique, un mantra un peu
inventé, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de problématique de prévisibilité,
mais il peut y avoir une problématique d'inflation. C'est-à-dire que le fait,
là, que les tarifs soient établis par la régie annuellement n'a jamais, je
pense, créé de véritable problème, de débat de société sur le fait que les
écarts, d'une année sur l'autre, étaient énormes. On sait que, globalement, c'est
assez... il n'y a pas des écarts énormes. Par contre, le fait de fixer à
l'inflation peut être à la fois trop, beaucoup trop. Si, par exemple, on a cinq
années de période favorable, on pourrait même, à la limite, penser avoir des diminutions
de tarifs dans les années 2, 3, 4 ou 5, ou en bas de l'inflation. Il
pourrait y avoir, par contre, des scénarios complètement contraires ou une
catastrophe, mettons, météorologique, la crise du verglas, ou des trucs comme
ça, où on s'enlève une possibilité d'augmenter en fonction d'une problématique
qui est réelle, donc, en fixant arbitrairement selon l'inflation.
Puis l'inflation, selon nous, n'est pas un
bon indicateur, c'est l'analyse de la réalité, c'est plus équitable, c'est
plus... Quel est l'autre facteur… je pourrais laisser Jean-Pierre continuer,
mais ça nous apparaît tout à fait raisonnable d'analyser année après année la
réalité de la température, la réalité du marché, la réalité du coût des
services, et, à ce moment-là, on peut. Tandis que, là, ça semble être un peu un
«give-and-take», on donne un gel des tarifs avec un crédit et on va se
reprendre dans les quatre années avec un taux d'inflation, parce qu'éventuellement
ça va générer des revenus que peut-être la régie n'aurait pas octroyés.
M. Julien : Oui, bien, je ne
suis pas nécessairement d'accord avec ce que vous mentionnez là, parce que ce
n'est pas un «give-and-take», en réalité. Le gel tarifaire vise à venir
corriger une situation où est-ce qu'on observe des écarts de rendement sur une
période, en fin de compte... Si on regarde les 15 dernières années, à peu
près 94 millions, en moyenne, par année, d'écart de rendement. Ça, ça veut
dire, en réalité, là… Encore là, quand on regarde la courbe de l'inflation puis
la hausse tarifaire sur 15 ans, il s'est créé des écarts, puis on observe
des écarts de rendement.
Quand vous dites... Encore là, je suis
toujours curieux quand les gens disent que le mécanisme de cause tarifaire, c'est
le mécanisme du juste prix. En 2013, la hausse des tarifs, 2,41 % après un
processus de cause tarifaire avec l'ensemble des intervenants, tout le monde y
participe, puis on convient que c'est 2,41 %, écart de rendement total,
279 millions. Ça représente même plus que la hausse. À la fin, sur une
période x, moi, ce que j'observe, c'est souvent 150 points de base, plus
que la moitié de l'augmentation, en fin de compte, qui est en écart. Alors, c'est
comme de dire que ce mécanisme-là, sur base annuelle, qui donne des variations importantes
année après année… C'est comme si on disait : Oui, mais, si on le faisait
sur 60 mois, on encourrait beaucoup plus de risques. Tandis qu'on voit
que, même si l'inflation n'est pas l'indication, en fin de compte, du cumul de
tous les coûts… Quelqu'un pourrait dire : Oui, mais ce n'est pas tout à
l'inflation. Si on prend un grand panier de coûts, c'est peut-être la meilleure
mesure. Si quelqu'un a une meilleure mesure, là, fixe, là, qu'on me la donne.
Mais après ça, de venir sur 60 mois...
Je réitère ma question. Pour le consommateur, de manière concrète, quel risque
aura-t-il à avoir un gel et l'inflation aux quatre ans, le consommateur, son
risque, là, qui va se matérialiser, qu'il va se dire : Eh mon Dieu! j'en
ai mangé toute une?
M. Finet (Jean-Pierre) : Son
risque, ça va être de payer trop cher.
M. Julien : Combien?
M. Finet (Jean-Pierre) :
Bien, ça va dépendre. C'est un risque, justement, c'est une hypothèse. C'est la
même hypothèse que celle que vous faites, là, l'hypothèse...
M. Julien : Je rejoins votre
risque. Donc, en 2013, en fin de compte, il a payé 279 millions trop cher,
malgré, en fin de compte, un processus de cause tarifaire. C'est arrivé, là.
Puis, l'année suivante, il a payé 160 millions trop cher malgré un mécanisme
de cause tarifaire. L'année suivante, 77 millions trop cher malgré un mécanisme
de cause tarifaire.
M. Finet (Jean-Pierre) : Mais
savez-vous pourquoi il a payé trop cher?
M. Julien : Bien, vous allez
me le dire.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
il y a un paquet de facteurs, dont, entre autres, le fait que... Je vais vous
donner un exemple. Systématiquement, Hydro-Québec, à chaque année, dit... À un
moment donné, le budget d'efficacité énergétique était un peu plus que
200 millions de dollars. Chaque année, il laissait 30, 40,
50 millions de dollars sur la table. Bien, ça fait partie des trop-perçus,
ça, entre guillemets, là, mais ça ne doit pas venir bonifier le rendement
d'Hydro-Québec, le fait qu'il ne dépense pas l'argent qu'il devait dépenser en
efficacité énergétique.
Puis l'autre affaire, quand vous parlez
aussi de l'inflation, l'inflation, tu sais, je veux dire… Écoutez, les tarifs
suivent plus ou moins l'inflation. Au cours des dernières années, Hydro-Québec
a fait énormément de gains de productivité. Donc, s'il n'y avait pas eu
d'ingérence du gouvernement pour faire en sorte qu'on achète, par exemple, de
l'énergie dont elle n'avait pas de besoin, et tout ça, bien, la courbe n'aurait
pas nécessairement suivi l'inflation.
<Puis l'inflation, on a beau dire...
M. Finet (Jean-Pierre) :
...si... Au cours des dernières années,
Hydro-Québec a fait
énormément
de gains de
productivité. Donc, s'il n'y avait pas eu d'ingérence du
gouvernement pour faire en sorte qu'on achète, par exemple, de l'énergie dont
on n'avait pas de besoin, et tout ça, bien, la courbe n'aurait pas
nécessairement suivi l'inflation.
>Puis l'inflation, c'est... On a
beau dire : Écoute, on va le prévoir en fonction de l'inflation, mais
l'inflation, ce n'est qu'une des variables, là. La température, les aléas
climatiques, c'en est une autre, variable, puis le...
Donc, c'est ça, si on fixe les tarifs,
puis on ne contrôle pas l'inflation, puis on ne contrôle pas les aléas
climatiques, ça ne me sert à rien. Si vous me dites : Je gèle les tarifs,
ça ne veut pas dire que ma facture va être la même l'année prochaine que ce
qu'elle a été l'année dernière.
M. Simard (Christian) : Mais
là vous condamnez, M. le ministre, les consommateurs à une certaine... Vous
êtes sûr et certain que, pendant quatre ans, vous allez avoir des augmentations
chaque année, alors que vous pourriez être tenté, avec une position où Hydro-Québec
est en bonne condition financière, d'avoir éventuellement, suite à une analyse
par la régie, des tarifs, même, qui pourraient théoriquement être négatifs,
négatifs d'augmentation.
M. Julien : M. Simard, en
théorie, on peut dire ça et n'importe quoi. Quand on regarde l'historique, on
observe une tendance qui est là. Et tantôt on avait un représentant qui était
là qui disait : Moi, j'aime bien l'idée. Pourquoi il l'aime bien, cette
idée-là? Parce qu'il disait : La première année, le gel, quand je vais
prendre sur le cinq ans… Puisqu'il est en première année, le gel, en taux
indexé, toutes choses étant égales par ailleurs, la même inflation cinq ans, il
dit : C'est comme si on payait à peu près 66,6 % de l'inflation sur
cette période-là. Puis il dit : Moi, je suis rassuré parce que, quand on
va faire la cause tarifaire dans cinq ans, de toute façon on va le réévaluer.
Puis d'autres personnes ont mentionné de réduire la périodicité.
Je reviens : un gel première année
avec augmentation à l'inflation, moi, là, je prends n'importe quelle période de
cinq ans dans le passé, là, on n'a pas bien, bien fait mieux que ça. Pourquoi
vous dites qu'on va faire pire, là?
M. Simard (Christian) : Oui, mais,
regardez, il y a beaucoup de facteurs. Puis, d'origine, malheureusement... Puis
ça, c'est ce qu'on dit. Ce n'est pas pour rien qu'on vous demande de réfléchir
à plutôt bonifier des instances comme la Régie de l'énergie ou Transition
énergétique Québec plutôt que... Des fois, on les fait disparaître, les fait
réapparaître au gré des gouvernements puis, à un moment donné, on manque de
stabilité puis d'équipement. Mais, si on fait ça puis si on ne manipule pas
trop, bien… Il y a des décisions, à un moment donné, gouvernementales qu'on a
imposées à Hydro, de l'achat. Et on a joué beaucoup, que ça soit pour le programme
des petites centrales, le programme des éoliennes, qui a influencé directement.
Donc, il faut comparer les pommes avec les pommes.
Là, actuellement, on a un équipement qui
est la... qui permet aussi de savoir les choix d'Hydro-Québec puis de questionner
les choix d'Hydro-Québec. Pendant une période de cinq ans, c'est Hydro-Québec
qui va un peu manipuler ses chiffres. Je ne pense pas qu'elle baisse nécessairement
les bonus à ses cadres, mais elle va éventuellement... peut-être pour, éventuellement,
payer la première année de gel, il va peut-être y avoir des investissements qui
vont être retardés, il va peut-être y avoir des choses…
M. Julien : Je vous arrête, M.
Simard. Qu'est-ce que vous voulez dire, qu'Hydro-Québec va manipuler ses
chiffres? Expliquez-moi ça.
M. Simard (Christian) : Bien,
ce que je veux dire, c'est qu'à partir du moment donné...
M. Julien : Non, mais juste un
instant. Dans la liste des documents qui sont déposés en annexe, il y a des documents
qui sont vérifiés, il y a des budgets. Vous nous dites qu'Hydro-Québec va
manipuler les chiffres?
M. Simard (Christian) : Bien,
écoutez, elle doit arriver. C'est elle qui va, à un moment donné, faire ces
choix. Elle fait des choix pour arriver dans un... face au gel budgétaire
imposé la première année et le crédit. Et ensuite, pour établir les tarifs à
l'inflation, elle va regarder son budget interne puis elle va faire des choix,
qui sont des choix qui peuvent se justifier mais qui ne seront pas amenés année
après année pendant la régie… qui ne seront pas discutés à la régie, qui ne
seront pas questionnés comme choix, ce qu'elle dépense en efficacité
énergétique, ce qu'elle va dépenser dans d'autres fonctions, ce qu'elle va
mettre au niveau de l'entretien. À ce moment-là, c'est des choix d'entreprise
qui se font pendant une durée de cinq ans sans aucune transparence au niveau de
ça.
M. Julien : Parfait. D'un
autre côté, quand on amène cette notion-là où on transfère une partie du risque
à Hydro-Québec pour qu'elle se gouverne mieux... Puis là vous dites : Elle
ferait des choix, alors ce serait, encore là, de présumer qu'elle ferait des
mauvais choix, mais je serais, encore là, curieux de voir pourquoi elle ferait
les mauvais choix. Mais, d'un autre côté, il y a des revenus qui sont, en fin
de compte, connus par Hydro-Québec. Et, après ça, quand elle dépose ses
chiffres, bien, il y a un «bottom line», il y a un rendement, il y a... En fin
de compte, l'information qui est publiée, dans l'ensemble de l'information de
l'annexe II, permet de voir ce qui se passe chez Hydro-Québec. Je ne pense
pas qu'elle va manipuler les chiffres. Je n'ai jamais entendu qu'Hydro-Québec
manipulait ses chiffres.
• (17 h 40) •
M. Finet (Jean-Pierre) : Non,
bien, peut-être que le mot «manipuler» n'était pas exact, là, mais il reste
que... Je vais vous donner un bon exemple. Puis, quand vous parlez... D'ailleurs,
ça fait allusion aussi quand vous dites : La régie va quand même... tu
sais, Hydro-Québec va être obligée de faire une reddition de comptes auprès de
la Régie de l'énergie, puis il n'y a pas de problème. Une reddition de comptes,
en passant, là, c'est de mettre la régie devant les faits accomplis. Puis je
vais vous donner un bon exemple. Hydro-Québec, en 2014, a fait un déversement
de 100 000 litres de diesel aux Îles-de-la-Madeleine. Ça coûte
35 millions de dollars. La régie a refusé une première partie de... je
pense, le premier 15 millions de dollars, parce que, justement, elle
n'aime pas être mise devant un fait accompli. Et nous, on s'oppose à ce
qu'Hydro-Québec verse... Hydro-Québec mette dans la base tarifaire ce
35 millions de dollars là pour faire <payer les clients...
M. Finet (Jean-Pierre) :
...la Régie a refusé une première partie de... premier 15
millions
de dollars
parce que,
justement, elle n'aime pas être mise devant
un fait accompli. Et, nous, on s'oppose à ce
qu'Hydro-Québec verse...
Hydro-Québec
mette dans la base tarifaire ce 35
millions de dollars là pour
faire >payer les clients pour son erreur, pour une erreur dont elle a
reconnu la responsabilité.
M. Julien : Je vous arrête…
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : …il vous reste une minute.
M. Julien : Ce fait accompli
là, Hydro-Québec aurait pu, en fin de comte, l'anticiper...
M. Finet (Jean-Pierre) : Non,
non. Ça va dans un compte, là, vous avec le compte d'évènements imprévisibles
en réseaux autonomes. C'en est un, ça. Bon, là, Hydro-Québec, avec le projet de
loi n° 34, pourrait le mettre dans la base tarifaire à notre insu puis
sans qu'on puisse dire un mot. Et ce 35 millions là, là, va impacter, là… parce
que vous gelez les tarifs au 1er avril, ça fait qu'il va falloir qu'ils coupent
ailleurs pour le 35 millions. Ils ne couperont pas dans les bonus, là, ils
vont couper dans l'entretien ou ils vont retarder l'entretien du réseau et ils
vont faire... retarder d'autres investissements, etc. Ils ne peuvent pas... Tu
ne peux pas... C'est de la pensée magique de penser qu'on transfère le risque à
Hydro-Québec puis qu'on s'en lave les mains, puis tout est réglé.
M. Julien : Donc, ils vont
moins entretenir volontairement leur réseau?
M. Finet (Jean-Pierre) :
Pardon?
M. Julien : Ils vont moins
bien entretenir le réseau volontairement?
M. Finet (Jean-Pierre) :
C'est déjà arrivé dans le temps, pour augmenter les dividendes au gouvernement,
c'est déjà arrivé.
M. Simard (Christian) : ...Ça
a été reconnu.
M. Finet (Jean-Pierre) : Ça a
été reconnu. Guy Coulombe, dans le temps...
M. Simard (Christian) : Ça a
été reconnu, dans la crise du verglas, de façon évidente, là. Et c'est de
l'histoire, là.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien
oui. Ce n'est pas magique, ça, Hydro-Québec. Le risque, là... Il n'y a pas une
boîte à risques, là.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Messieurs, je vous remercie pour votre exposé. Nous
allons maintenant commencer la période d'échange.
M. Polo : Mme la Présidente,
je vous demanderais, si c'est possible, de récupérer le temps des deux autres
oppositions, compte tenu qu'ils sont absents.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Consentement?
Une voix
: Pas de
consentement.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Pas de consentement.
M. Polo : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Ceci dit, merci, messieurs, pour votre exposé. Je vais commencer
par vous poser la question sur la question du 1 milliard. Bon, on
s'entend, là, le 500 millions, selon le projet de loi n° 34, va être
remboursé en début d'année 2020, mais il ne s'agit pas d'un nouveau
cadeau. Et fait, il s'agit d'un montant qui devait de toute façon être
remboursé au cours des trois à cinq prochaines années. Qu'est-ce que vous, vous
dites du 1 milliard, selon le mécanisme présenté, là, par le projet de loi
n° 34, là, donc le gel 2020, puis une indexation sur quatre ans?
Est-ce que les consommateurs vont réellement, si on peut dire, recevoir ou
bénéficier d'un supposé remboursement des trop-perçus pour le total de 1 milliard?
M. Finet (Jean-Pierre) :
Nous, on dit… Premièrement, on l'a déjà dit que c'est de la poudre aux yeux.
Premièrement, ce premier 500 millions, c'est notre argent, donc, si vous
me remettez mon argent, je vais être très content, mais vous ne m'avez pas rien
donné, là. Les trop-perçus, en passant, Hydro-Québec ne les a plus. À
75 %, à tout le moins, ils les ont retournés au gouvernement sous forme de
dividendes. Donc, ce n'est pas à Hydro-Québec à remettre quoi que ce soit. Hydro-Québec,
moi, je calcule qu'ils ne doivent rien à la population. Et cet argent-là est
allé, bien, entre autres, là, dans le fond consolidé, qui a servi à payer un
paquet d'autres affaires.
Donc, premièrement, c'est un faux problème,
Hydro-Québec ne doit pas rien à personne. L'argent, c'est vous qui l'avez. Si
vous voulez faire un chèque... si le gouvernement veut faire un chèque aux
gens, moi, je les invite… puis ça ferait mon affaire parce que ma situation
personnelle où… j'avais un logement où je payais mon électricité puis là j'en
ai un où je ne paie pas l'électricité. Moi, je n'en aurais pas, de
remboursement, avec la formule actuelle. Donc, c'est inéquitable. Si vous
voulez me faire un chèque, là, je vais vous donner mon adresse.
Donc, c'est ça. Donc, premièrement, le
gouvernement... Hydro-Québec ne doit pas une cent à personne. Puis,
deuxièmement, bien, c'est ça, le 1 milliard, bien, ça demeure
hypothétique. Le 1 milliard que nous, on a sauvé en faisant une demande de
révision à la régie pour stopper Bécancour en période de pointe, ça, c'est de
la vraie argent. Puis vous pouvez demander à Hydro-Québec.
M. Simard (Christian) :
Tandis que l'autre, ça va dépendre des scénarios qu'il y aurait eu ou non avec
le système d'inflation. Est-ce qu'on va battre l'inflation, pas battre
l'inflation? Et c'est vraiment ces éléments-là. Et donc on a un processus qui
est là, qui nous garantit quelque chose de beaucoup plus flexible. Je ne dis
pas que les tarifs n'ont pas été influencés au cours des années puis qu'il n'y
a pas eu des écarts, on les voit, mais souvent ça a été des interventions
d'obligation d'achat, de... Il y a eu quand même... L'actionnaire, quand même,
pèse beaucoup sur les intentions d'Hydro.
Puis Hydro eux-mêmes vont reconnaître, à
long terme, aussi que, des fois, ils n'ont pas toujours, mettons, une boule de
cristal particulièrement claire, puis ils font des erreurs, puis il y a eu des
erreurs. Puis d'ailleurs c'est pour ça, puis les consommateurs vous l'ont dit
tantôt, quand on intervient à la régie, il y a une coconstruction avec
Hydro-Québec, il y a des échanges. Puis, des fois, ils admettent, puis ils
recalculent, puis ils doivent justifier devant la régie, puis ils admettent
qu'on a parfois raison, puis il y a des correctifs qui se font. On a plein
d'autres exemples. Il y a toute la question de l'abandon de la centrale du
Suroît, là. Je pense qu'on a fait une maudite économie en n'allant pas là, là.
Puis ça a été beaucoup des interventions chez nous.
M. Finet (Jean-Pierre) : Vous
vous rappellerez aussi, après la question de Bécancour, Hydro-Québec est
arrivée puis elle nous a dit que, finalement, on avait trop économisé
d'énergie. Finalement, tout le monde, en moyenne, avait baissé son thermostat
de 1,5 %, et donc c'est... puis que, finalement, il y a eu une <perte
de...
M. Simard (Christian) :
...du Suroît, là, j
e pense qu'on a fait une maudite
économie en
n'allant pas là, là, puis ça a été beaucoup des interventions chez nous.
M. Finet (Jean-Pierre) :
Vous vous rappellerez aussi, après la question de Bécancour, Hydro-Québec est
arrivée puis elle nous a dit que
finalement on avait trop économisé
d'énergie, finalement tout le monde, en moyenne, avait baissé son thermostat de
1,5 % et donc... puis que finalement il y a eu une >perte de ventes
de 945 mégawatts, je pense.
M. Polo : Alors, je vous
reprends sur l'expression «c'est de la poudre aux yeux». Alors, pourquoi on est
rendus ici? Qu'est-ce qu'on fait ici?
Ça avantage qui? C'est pour qui?
M. Finet (Jean-Pierre) :
Bien, c'est pour Hydro-Québec. Moi, je vais reprendre un peu les propos de
Viviane de Tilly, qui était ici, de l'Union des consommateurs. Là, je pense que,
quand M. le premier ministre a demandé à Hydro-Québec des suggestions de quoi
faire… je pense qu'Hydro-Québec a vu la porte entrouverte, puis a rentré
dedans, puis a fait part de ses doléances, et entre autres des choses qui, je
ne sais pas, vous ont été soulevées pendant les audiences. Mais, bon, là, on
voit les programmes commerciaux, là, finalement c'était une épine dans le pied
d'Hydro, mais c'est un peu, comme je disais, la faute du gouvernement qui n'a
pas soutenu non plus, là.
Puis je pensais à la fameuse spirale de la
mort. Quand je regarde, justement, dans la liste des tarifs du projet de loi n° 34, il y a un tarif qui est disparu, le mesurage net en
réseau intégré, celui qui fait en sorte que les gens qui remettent leur... qui
vendent de l'électricité de surplus à Hydro-Québec, sur le réseau
d'Hydro-Québec, avec leurs panneaux photovoltaïques, par exemple, là ils vont
avoir 0,00 $ du kilowattheure à partir du 1er avril. Eux autres, ils
vont être dans... ils vont être fâchés.
M. Simard (Christian) :
Oui. Puis c'est quand même des choses qui sont modernes et intéressantes, qui a
une souplesse qui permet aussi la spirale de la mort, là, pour dire… c'est
quand on fait des équipements sur trop long terme, maintenant, alors que
l'évolution technologique, avec les batteries, avec les éoliennes, avec des
façons de donner de l'énergie autrement que par des infrastructures financées
sur 50, 60 ans… Puis, de plus en plus, il y a des façons d'autoproduire. Puis
c'est intéressant, quand tu autoproduis un peu plus que tu as besoin dans ta
maison, que tu puisses le revendre à Hydro-Québec pour au moins baisser un peu
ta facture, pas plus, mais une portion de. À des endroits, ils peuvent même
faire de l'argent, et c'est un peu triste, là. Puis ça, c'est des choses qu'on
ne peut pas… Le projet de loi introduit du discrétionnaire puis de l'arbitraire
dans un processus dynamique à la régie, qui permet, justement, de s'adapter à
la réalité du mouvement en énergie, de l'efficacité énergétique, des grandes
tendances mondiales puis des nouvelles percées technologiques dans le domaine
des batteries, par exemple.
M. Polo : Excellent.
Avant de céder la parole à mon collègue de Jacques-Cartier, ce que je comprends
de vos propos, c'est un peu l'interprétation que j'ai faite en début de
semaine, c'est que, comme Québécois, on est fiers, O.K., on est fiers d'avoir
nationalisé, là, l'hydroélectricité, là, on est fiers de l'expertise qu'on a
développée à travers toutes ces décennies, on est fiers de pouvoir exporter
cette expertise-là également à l'international. Mais là, aujourd'hui, là, on
est en train d'essayer de nous vendre l'idée que ça va bénéficier les
Québécois, mais ce qu'on est en train de voir et ce que vous confirmez, c'est
qu'en réalité, là, il y a juste Hydro-Québec qui va bénéficier du projet de loi
n° 34, alors que c'est un monopole, alors qu'ils ont
déjà la mainmise totale sur le marché, et, en plus de ça, on essaie de leur
donner d'autres avantages.
M. Finet (Jean-Pierre) :
Ça donne au moins une apparence de conflit d'intérêts.
M. Simard (Christian) : Puis
il y a un élément qu'il faut dire, ça me fait penser... Tu sais, on parlait de
la question des tarifs, monsieur tout à l'heure, ça me fait penser un peu… On
sait que, quand on prend des tarifs hypothécaires à l'année, là, ou aux six
mois, on paie moins cher que le tarif sur cinq ans. Pour se rassurer sur le
tarif sur cinq ans, on prend une cote. Là, ici, c'est la cote de l'inflation.
Mais moi, je fais le pari qu'actuellement on aurait sans doute eu, pour les
quatre prochaines années, des tarifs moindres que l'inflation.
Maintenant, là, ce qui est intéressant
aussi, c'est que ça peut être questionné à chaque année, puis on peut... mais
je pense qu'on se prive de ça, on met un peu trop d'arbitraire. Puis la
participation du public, pour le ROEE, c'est fondamental. On pense que, dans le
contexte actuel de l'urgence climatique, des défis importants, tous les
gouvernements, Hydro-Québec, tout le monde a à gagner de travailler dans la
transparence, dans le débat public, dans la participation du public puis dans
des structures comme la régie, qui sont des structures démocratiques
intéressantes, et non de suspendre leur application pendant cinq ans pour
mettre plus d'arbitraire. C'est ça, nos principes d'intervention. Puis on pense
qu'on se prive d'un outil majeur, puis pour une raison qui aurait peut-être pu
être solutionnée autrement si on voulait donner un crédit spécial aux
Québécois.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : J'invite le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Nous avons
combien de temps?
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Il vous reste 3 min 15 s.
• (17 h 50) •
M. Kelley
: O.K.
Parfait. Merci. Juste une question concernant... Dans votre mémoire, vous avez
mentionné... parlé de l'urgence climatique. Et aussi, dans les échanges avec le
ministre, vous avez mentionné la réalité que peut-être avec ça Hydro-Québec
pourrait être obligée de faire des différents choix. Alors, vous autres, en
lien avec l'urgence climatique, l'efficacité de notre réseau, est-ce que vous
avez des idées ou des suggestions sur comment on peut améliorer la distribution
et la transmission de notre énergie? Parce que, pour moi, ça, c'est très, très
important. Alors, je ne sais pas si vous avez des <commentaires
là-dessus...
M. Kelley
: ...alors,
vous autres, en lien avec l'urgence climatique, l'efficacité de notre réseau,
est-ce que vous avez des idées ou des
suggestions sur comment on peut
améliorer la distribution et la transmission de notre énergie, parce que, pour
moi, ça, c'est
très, très
important? Alors, je ne sais pas si
vous avez des >commentaires là-dessus.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui,
c'est-à-dire que... Bien, écoutez, notre problème… Comme vous savez, on a énormément
de surplus, mais on a un problème de puissance, de gestion de la demande en
puissance. Et Hydro-Québec a supposément développé une batterie avec Sony,
l'Esstalion, qui a été rebaptisée, je pense, depuis. Où elle est, cette
batterie-là? Je pense, c'est essentiel, là, écoutez, de plus en plus... Bien,
Hawaii, avec Innergex, même une entreprise québécoise, a fait un projet solaire
avec stockage. Ici, on n'en a pas, on est les pionniers, on est les leaders,
mais ça se fait partout ailleurs sauf ici.
Là, dans les réseaux autonomes, on met
encore des centrales thermiques et on fait... Puis là on a une centrale au fil
de l'eau qu'on est en train de planifier pour... qu'Hydro-Québec est en train
de planifier à Inukjuak, puis on veut rebâtir une autre centrale thermique.
Pourquoi pas du stockage? Le stockage, c'est la solution pour lisser la
demande, pour faire une meilleure utilisation de notre réseau de transport puis
de distribution d'électricité, au lieu, là... Parce que, là, à chaque fois
qu'il nous manque un petit peu d'électricité, on va faire un barrage pour 100 à
300 heures par année. C'est illogique, là. Il faut mieux gérer ce qu'on a
avec... Et on est capables de faire une meilleure gestion avec, justement, les programmes
comme Gestion de la demande en puissance, dont parlait la FCEI tout à l'heure,
avec des tarifications d'électricité interruptible, avec du stockage.
M. Simard (Christian) : On a beaucoup,
beaucoup d'idées. Puis d'ailleurs, là-dessus, ce qui est important...
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Il vous reste une minute.
M. Simard (Christian) :
...nous, à Nature Québec, par exemple... Très rapidement, Nature Québec, c'est
sûr que de faire un barrage puis de faire un suréquipement pour répondre à une
demande de pointe, ça ne nous apparaît pas logique. Donc, on aimerait beaucoup
plus de créativité puis d'augmenter... d'aller au bout de notre potentiel
d'économie d'énergie, à la limite on en exportera plus aux États-Unis, M.
Julien... ou M. le ministre, on pourra... Cette efficacité énergétique là, elle
va nous profiter éventuellement.
Mais on n'est pas très bons en efficacité
énergétique, on a des objectifs trop faibles dans notre politique énergétique,
qui sont beaucoup trop faibles, donc on a lieu à beaucoup d'améliorations. Et
une société de monopole, une société d'État, ça a beaucoup, beaucoup de
qualités, mais, parfois, c'est comme un éléphant, ça se déplace très lentement.
Et souvent, avec l'aide d'instances comme la Régie de l'énergie ou des débats
qui se font avec le public, peut-être qu'on peut pousser l'éléphant à danser un
peu différemment.
La Présidente (Mme Blais,
Abitibi-Ouest) : Je vous invite à conclure… Je vous remercie pour
votre contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
vendredi 20 septembre, à 9 h 30, et elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 17 h 53)