Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(début : November 27, 2018)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version finale du Journal est publiée dans un délai de 2 à 4 mois suivant la date de la séance de la commission.
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Friday, May 3, 2019
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Vol. 45 N° 15
Interpellation by the Member for Nelligan to the Minister for Regional Economic Development on the following subject: The CAQ Government’s lack of true leadership as regards regional economic vitality
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Intervenants par tranches d'heure
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IsaBelle, Claire
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Derraji, Monsef
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Proulx, Marie-Eve
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IsaBelle, Claire
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Bélanger, Gilles
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Derraji, Monsef
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Proulx, Marie-Eve
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Lévesque, Sylvain
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Lessard-Therrien, Émilise
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IsaBelle, Claire
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Jeannotte, Chantale
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Derraji, Monsef
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Proulx, Marie-Eve
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Bélanger, Gilles
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LeBel, Harold
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IsaBelle, Claire
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Lévesque, Sylvain
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Derraji, Monsef
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Proulx, Marie-Eve
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10 h (version révisée)
(Dix heures)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. Nous déclarons la séance de la Commission de l'économie et du
travail ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation du député de Nelligan à la ministre déléguée au
Développement économique régional sur le sujet suivant : L'absence de réel
leadership du gouvernement caquiste en matière de vitalité économique
régionale.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue)
remplace M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) et M. LeBel (Rimouski)
remplace Mme Richard (Duplessis).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Je comprends qu'il y a eu une entente afin que le deuxième groupe
d'opposition intervienne lors de la troisième série d'interventions et que le troisième
groupe d'opposition intervienne lors de la cinquième série d'interventions.
C'est bien ça? Oui? Merci.
Je vous rappelle que le débat ne peut, à
moins d'un consentement, dépasser 12 heures, à midi autrement dit, pas 12 heures
de suite, là. Alors, comme la séance a bien débuté à 10 heures, nous allons
poursuivre nos échanges jusqu'à midi.
Nous débutons par les déclarations d'ouverture.
Alors, M. le député de Nelligan, vous avez la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Bienvenue à l'équipe du ministère de l'Économie. Bienvenue aussi à
la ministre déléguée et responsable du Développement régional. Très heureux de
m'entretenir avec vous aujourd'hui, et d'emblée, vous l'avez constaté dans le
titre, mon interpellation aujourd'hui, c'est par rapport au leadership du gouvernement
caquiste en termes de développement économique régional. Et la lecture que
j'aimerais et les réponses que je cherche aujourd'hui, pas uniquement en tant
que député de l'opposition officielle, pas en tant que député de Nelligan, mais
vraiment au nom de l'ensemble des régions, avec qui je m'entretiens, mais aussi
avec qui plusieurs de mes collègues ont des relations très étroites.
Donc, le but aujourd'hui de cet entretien
ou ces questions, cet échange avec vous, Mme la ministre, consiste à savoir
réellement et concrètement c'est quoi, le plan de match du gouvernement
caquiste par rapport aux régions. Quand je dis le plan de match, c'est que vous
avez eu le mandat, au mois d'octobre dernier... vous êtes à la tête de ce
ministère, et ce qu'on constate et ce que nous avons constaté depuis le début,
c'est qu'il y a un plan, mais est-ce que les régions s'inscrivent dans ce plan?
Et si c'est le cas, c'est quoi, concrètement, vos actions depuis le début?
Donc, tout au long de cet échange
aujourd'hui, ce que je cherche réellement à la fin, et je l'espère bien, à la
fin de nos échanges aujourd'hui, c'est partir rassuré. Au fait, ce n'est pas
moi qui dois partir rassuré, c'est plus les régions du Québec, à qui on doit
envoyer un message très clair qu'elles ne sont pas oubliées et que les
politiques gouvernementales en termes économiques, que ça touche à la famille,
au niveau de l'éducation, au niveau de la jeunesse, au niveau de
l'entrepreneuriat, au niveau de l'innovation, au niveau de la pénurie de
main-d'oeuvre, au niveau même des communautés autochtones, que tout le monde va
partir avec des réponses qui comptent.
Donc, tout au long de cet exercice, le
but, c'est vous questionner par rapport à votre plan de match. Vous avez un
rôle très important, Mme la ministre, et je vous souhaite le grand succès, un
rôle, pour moi, qui est très, très important, que je le résume en seul mot :
la transversalité. C'est un rôle qui est très important. Pourquoi? Parce que
vous êtes la porte-parole des régions, un rôle qui est très important. C'est
parce que, grâce à votre rôle, on va revitaliser certaines régions, et je vais
utiliser vos mots. À plusieurs reprises, quand je vous questionne par rapport à
l'innovation, vous avez toujours utilisé le mot saccager les régions.
Aujourd'hui, je vous donne le droit de me partager votre plan pour qu'on ne
saccage plus les régions.
Donc, j'aimerais bien qu'à la lumière des
questions, à la lumière de vos réponses, qu'à midi aujourd'hui on va savoir
concrètement jusqu'à quel point votre gouvernement, vous-même, vous êtes à la
défense des régions, que vous-même, s'il y a une décision injuste d'un de vos
collègues qui touche directement une région, vous allez dire : Non, ça
suffit, parce que ça va affecter les populations ou ça va affecter l'économie
régionale. On le dit souvent, l'avenir économique du Québec dépend, à une
grande majorité, de ces PME. L'avenir économique du Québec dépend de ces
régions. C'est fini, la logique d'un seul centre. C'est plusieurs centres.
Donc, tout au long de nos échanges,
j'aimerais bien qu'à chaque fois vous me donniez des exemples <concrets.
M. Derraji : ...de ces PME.
L'avenir
économique du
Québec dépend de ces régions. C'est fini,
la logique d'un seul centre. C'est
plusieurs centres.
Donc, tout au long de nos échanges,
j'aimerais bien qu'à chaque fois vous me donniez des
exemples >concrets.
Vous avez dit, depuis le début, que vous êtes dans plusieurs... vous avez
réalisé plusieurs déplacements, vous avez rencontré plusieurs acteurs. Donc, ce
que nous aimerions aujourd'hui, c'est avoir... ces rencontres, elles ont fait
quoi, exactement, pour avancer la cause des régions?
Prenons l'exemple parfait de l'innovation.
Je pense que nous avons eu l'occasion de discuter en long et large. Et pourquoi
j'évoque cet exemple? Parce qu'on peut l'appliquer sur plusieurs autres
exemples. Donc, ce que je veux, c'est vraiment du concret, c'est vraiment des
faits et pouvoir partir avec des réponses qui comptent. Je vais avoir
l'occasion demain d'être avec plusieurs militants, où je vais parler du
développement économique régional. Mon but, c'est, quand je vais rencontrer
quelqu'un de n'importe quelle région, je vais dire : Écoutez, je vous
rassure, il y a quelque chose qui s'en vient.
Là, ce n'est plus le moment à attendre des
actions, ce n'est plus le moment de revoir des plans d'action. Et on le voit,
malheureusement, au lieu de continuer le beau travail qui était déjà commencé
par les régions, pas uniquement par notre gouvernement... Il y a plusieurs
plans d'action. Je peux énumérer le plan d'action que vous avez entre vos
mains, le PAGE, le Plan d'action gouvernemental en entrepreneuriat. Je peux
énumérer aussi la Stratégie nationale de la main-d'oeuvre. Je peux parler aussi
de la stratégie jeunesse, et ce n'est pas les stratégies qui manquent.
Ce qui manque, c'est un réel leadership,
un réel leadership qui va être transversal. Et, quand je dis transversal, c'est
vraiment aller taper la porte de vos collègues et leur dire que, quand ça ne va
pas, je ne suis pas d'accord par rapport à cette décision, parce que ça va
affecter telle région, telle région, et ça va avoir un impact négatif sur les
régions, et ne pas toujours applaudir les décisions, et parfois certaines
décisions qui vont, dans pas mal de cas, affaiblir certaines régions, mais
aussi des décisions qu'on voit que, parfois, c'est l'idéologie qui est derrière
ou bien c'est parce que c'est un siège qui est en jeu. Et, du moment que c'est
des sièges et qu'il est en jeu, on va l'accepter, aux dépens de nos régions.
Donc, aujourd'hui, tout au long de nos
échanges, on va... Et je vous annonce les grandes lignes de nos échanges, que
ce soit au niveau de la santé, que ce soit au niveau de l'éducation, que ce
soit au niveau de l'immigration, que ce soit au niveau de nos communautés
autochtones, que ça soit au niveau du développement économique régional, que ce
soit au niveau d'Investissement Québec, je m'attends de vous à des réponses
réelles.
Parlons du volet de développement
régional. Depuis le début, j'ai senti en vous une lecture régionale, du moment
que vous avez eu l'occasion d'être élue dans une région, une lecture d'une
région. Mais j'aimerais bien qu'après mon intervention, que vous me parliez de
votre plan, votre plan réel, au-delà des plans ministériels, parce que je pense
que, si vous êtes à la tête de ce ministère, vous avez une lecture des régions.
Et, quand je dis une lecture des régions, une lecture premièrement économique. Et,
quand je dis une lecture économique, une lecture qui va respecter les
spécificités de chaque région. Et je sais, vous m'avez dit ça, c'est que je
suis à l'écoute des régions, c'est pour cela, à un certain moment, j'ai retardé
certaines décisions, quand on parle des pôles, par exemple, mais j'aimerais
bien, concrètement...
Quand on parle de l'éducation, c'est quoi,
votre réponse quand on voit un plan, qu'on l'applique sur l'ensemble des
régions? Est-ce que vous avez des discussions avec les autres ministres? Je
présume que oui. Donc, si vous avez eu des discussions avec les autres
portefeuilles, qui aussi sont très importants par rapport au gouvernement, vous
leur dites quoi par rapport à votre vision de développement économique?
Quand je parle de l'immigration ou la
rareté de la main-d'oeuvre, j'aimerais bien savoir c'est quoi, votre plan par
rapport à ça. Et ce n'est pas les exemples qui manquent, dans plusieurs
régions, notamment la vôtre. Quand on parle qu'Investissement Québec
aujourd'hui fait une capitalisation de 1 milliard de dollars, je dirais
même 2 milliards de dollars, c'est quoi, votre plan pour les PME? Est-ce
qu'au niveau du Conseil des ministres on a quelqu'un qui défend bec et ongles
nos PME?
Notre tissu économique québécois dépend
des PME. Ce que nous avons entendu depuis le début, c'est plus pour protéger
les entreprises dites stratégiques et c'est marqué dans vos priorités
gouvernementales. Est-ce que vous êtes d'accord avec cet énoncé, que les
entreprises stratégiques, c'est uniquement et simplement des sièges sociaux?
Est-ce qu'on va protéger nos PME dans les régions? Comment on va les protéger?
• (10 h 10) •
Donc, j'ai plusieurs questions, comme vous
<pouvez...
M. Derraji : ...protéger les
entreprises dites stratégiques et c'est marqué dans vos priorités
gouvernementales.
Est-ce que vous êtes
d'accord avec cet énoncé, que les
entreprises
stratégiques, c'est
uniquement et
simplement des sièges sociaux?
Est-ce
qu'on va protéger nos PME dans les régions? Comment on va les protéger? Donc,
j'ai plusieurs questions, comme vous >pouvez le constater, mais je vous
annonce dès le début mes couleurs parce que je ne veux pas être dans une séance
où j'ai 30 secondes pour vous répondre avec une première complémentaire ou
une deuxième complémentaire.
Je veux vraiment aujourd'hui vous donner
le temps de répondre, pas au député au Nelligan, pas à l'opposition officielle,
mais à l'ensemble des régions qui nous écoutent aujourd'hui, donc à l'ensemble
de ces régions. Vous avez eu l'occasion de les parcourir depuis le début de
votre mandat, vous avez eu l'occasion de rencontrer plusieurs acteurs. Ce que
je cherche de vous aujourd'hui, Mme la ministre, c'est des réponses et parfois
même des décisions de votre gouvernement où vous dites : Vraiment, ces
décisions, ça n'arrange pas les régions.
Donc, si, au sein de votre Conseil des
ministres, vous pensez que, par exemple, certaines décisions de quelques
ministères ne vous arrangent pas, est-ce que vous avez eu le courage de se
lever et dire : Ça, ça ne marche pas dans telle région et telle région?
Donc, j'espère qu'on va avoir un échange sincère pour l'intérêt de nos régions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci, M. le député de Nelligan. Je cède maintenant la parole à la
ministre déléguée au Développement économique régional pour une période de
10 minutes.
Réponse de la ministre
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Merci, Mme la Présidente. Je tiens d'abord à remercier mon collègue qui m'a
interpelée, le député de Nelligan qui m'a interpelée pour avoir l'occasion
d'exprimer et d'illustrer tout le leadership que nous avons en matière de
développement économique régional depuis que nous sommes là, au mois d'octobre.
Je trouve ça intéressant également parce qu'en moyenne ce qu'on sait, c'est
qu'il faut répéter le message 17 fois pour que ce soit intégré. Donc,
c'est encore une occasion aujourd'hui de pouvoir répéter ce message de
l'intérêt et de l'importance que nous avons pour les régions dans notre
gouvernement.
Depuis le jour 1 de la campagne
électorale, notre gouvernement veut redonner plus de place aux régions, leur
offrir davantage d'autonomie afin qu'elles puissent agir sur leur propre
développement. Nous devons revoir les manières de faire et mettre à la
disposition des PME des leviers de développement efficace afin de faciliter
leur démarrage et leur croissance et, au final, augmenter la productivité du
Québec. L'entrepreneuriat est l'une des clés de la réussite économique du
Québec et de ses régions, comme le disait d'ailleurs le député de Nelligan. Les
entrepreneurs investissent dans de nouveaux créneaux d'activité, innovent dans
les façons de faire pour répondre aux besoins, créent des emplois et
contribuent ainsi à la vitalité du tissu social et économique du Québec et de
ses régions. Nous nous sommes donc engagés à les soutenir encore plus
efficacement.
À cet égard, mon expérience de plus de 20 ans
dans le domaine du développement régional me permet de mener à bien l'important
mandat que m'a été confié... le premier ministre à titre de ministre déléguée,
excusez-moi, au Développement économique régional, et je remercie d'ailleurs le
député de Nelligan de reconnaître l'importance de mon rôle, qui est un rôle
d'influence au sein de mon propre gouvernement.
Pour réussir ce mandat, mon équipe et moi
avons écrit à l'agenda de redonner la place aux régions et de les remettre au
coeur des priorités gouvernementales — donc, ça va répondre en partie
aux questions du député de l'opposition — de dynamiser et de
revitaliser les communautés rurales; on parle d'occupation du territoire, de
l'intérêt de la ruralité, chose qui a été complètement omise et oubliée dans
les 15 dernières années; d'innover et de rendre les régions plus prospères
pour accélérer la croissance des entreprises, d'une part, puis accélérer aussi
la prospérité économique de chacune des régions en fonction de leurs
spécificités. L'autre élément qui est crucial dans ce dossier, c'est de donner
plus d'autonomie à nos régions pour qu'elles puissent agir sur leur propre
développement. Ce n'est pas à nous à dicter tout ce que chacune des régions
doit faire. Nous devons être là pour les accompagner.
Je considère que le moment est venu
d'aborder le développement économique avec une approche renouvelée. En fait, on
pourrait plutôt parler d'approche tout court, étant donné qu'il n'y en avait
tout simplement plus au Québec depuis les 15 dernières années. Je trouve
ironique que ce soit l'opposition libérale qui nous interpelle d'ailleurs
aujourd'hui sur le sujet : l'absence de réel leadership en matière de
vitalité économique régionale, très ironique quand même. Dans la même lignée,
nous voulons évaluer ce qui a été fait, mais surtout ce qui aurait dû se faire
dans les régions en matière d'appui au développement économique et à
l'entrepreneuriat.
Nous avons donc entrepris, en janvier
dernier, une tournée dans toutes les régions du Québec, tournée d'ailleurs qui
devait se poursuivre aujourd'hui à Montréal, mais nous avons dû reporter, vu
l'interpellation. Pour cette journée, je compte prendre le pouls des régions afin...
Pour cette tournée, excusez-moi, je prends le pouls des régions afin d'arrimer
les actions du gouvernement avec les réels besoins de chacune d'entre elles, et
ils sont nombreux. Les régions font face à des enjeux qui leur sont
spécifiques, mais aussi des enjeux communs. Il est donc essentiel d'aller sur
le terrain afin de discuter avec les gens et de travailler à la <résolution...
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
...des régions afin... Pour cette tournée, excusez-moi, je prends le pouls des
régions afin d'arrimer les actions du
gouvernement avec les réels
besoins de chacune d'entre elles, et ils sont nombreux. Les régions font face à
des enjeux qui leur sont
spécifiques, mais aussi des enjeux communs. Il
est donc essentiel d'aller sur le terrain afin de discuter avec les gens et de
travailler à la >résolution des problématiques qu'ils rencontrent, et
ce, en partenariat avec elles, de le faire de manière innovante, constructive
et durable.
Pendant cette tournée, j'en profite pour
rencontrer des dirigeants d'entreprise ainsi que les partenaires de
l'écosystème du développement économique régional. À ce jour, j'ai rencontré
l'Abitibi-Témiscamingue, la Mauricie, l'Outaouais, le Bas-Saint-Laurent,
Chaudière-Appalaches, Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, Centre-du-Québec, la
région de la Capitale-Nationale, Laurentides, Lanaudière, Estrie, Laval. Je
peux vous confirmer que le développement économique régional est l'une des
priorités de notre gouvernement et des acteurs rencontrés à ce jour. L'intérêt
est de travailler ensemble, et c'est incroyable, les messages qu'on reçoit de
l'ensemble des régions sur l'absence d'écoute qu'il y avait depuis 15 ans.
Ce que j'ai envie de vous dire, Mme la
Présidente, là-dessus, je vais reprendre l'image de mon collègue ici, député de
Chauveau, qui dit que là, ce qu'on est en train de faire, là, c'est comme si le
pédalo roulait à l'envers depuis 15 ans, puis là on essaie de renverser, là. Ça
fait que vous savez ce qui se passe quand on essaie de rouler par en avant avec
un pédalo, c'est un peu plus «rough». Ça fait qu'en ce moment c'est un peu ça
qu'on fait, on est en train de retisser des liens de confiance qui étaient
disparus avec l'ensemble des régions.
Le gouvernement du Québec met à la
disposition des PME plusieurs programmes et leviers financiers efficaces pour
les aider à chacune des étapes de leur parcours tout en tenant compte de leur
réalité régionale. Je pourrai vous en parler plus longuement dans mes
prochaines interventions. Pour l'instant, j'aimerais vous présenter quelques
priorités de notre gouvernement pour dynamiser les régions. Ces priorités sont
d'ailleurs dans le budget 2019‑2020.
On a, entre autres, vous le savez,
400 millions dédiés à Internet haut débit. C'est un dossier qui est
prioritaire. On a plusieurs acteurs qui travaillent à ce dossier. C'est
essentiel que les 240 000 foyers qu'il reste à brancher soient branchés
rapidement. La transformation numérique des entreprises... Malheureusement, nos
PME tardent à prendre le virage 4.0. On veut intensifier l'approche. On a déjà
commencé à intensifier l'approche, à investir davantage dans l'industrie 4.0
pour pouvoir s'assurer que les entreprises prennent ce virage. Ensuite, on veut
augmenter les exportations, parce que c'est une source de revenus et d'augmentation
de la prospérité de chacune des entreprises, mais aussi de l'ensemble des
régions. On veut travailler fort sur l'innovation. On l'a bien dit, des sommes
sont allouées via les pôles d'innovation dans chacune des régions. Ces sommes
iront en région. C'est nécessaire si on veut que les régions prospèrent et se
démarquent l'une et l'autre.
Ensuite, on investit toujours en
entrepreneuriat. À titre d'exemples, on supporte Femmessor, on supporte le
Centre de transfert en entreprise du Québec. Si on parle de leadership, on a
augmenté le budget de 7,2 millions pour quatre ans pour Femmessor, pour
inciter les femmes à faire des entreprises, à faire de l'entrepreneuriat
positif puis à prendre davantage leur place. On investit également dans la
diversité un montant plus important. On crée des écoles en entrepreneuriat dans
huit régions. On en a déjà quatre de mises en place, il nous reste quatre à
mettre en place pour que les entrepreneurs soient mieux formés, soient mieux
accompagnés. Ça, c'est une priorité, chose qu'ils n'avaient pas avant, tout ça
dans l'objectif de maximiser la performance du Québec partout sur le
territoire. L'heure est venue de passer, on le sait, à Internet puis au mode
4.0. Merci, chef de cabinet. Les programmes... C'est ça, on les a, les
programmes.
En ce qui a trait... J'ai envie
pratiquement, en conclusion, de dire que notre gouvernement veut vraiment
redonner la place aux régions, puis on ne veut pas imposer nos façons de faire,
mais on veut le travailler avec eux, tisser ce lien pour qu'on puisse faire du
développement par le bas. Le développement économique, pour qu'il prenne
racine, il doit partir des régions, puis ça c'est préoccupant et prioritaire
pour nous.
• (10 h 20) •
Comme l'entrepreneuriat est l'une des clés
de la réussite économique du Québec et de ses régions, nous devons continuer à
développer et à mettre à la disposition des PME des leviers de développement
efficaces afin de faciliter leur démarrage et leur croissance, croissance dans
laquelle, d'ailleurs... Le parti qui était au pouvoir avant nous n'a pas
investi dans la croissance des entreprises. On a fait beaucoup pour le
démarrage, mais très peu malheureusement pour la croissance, puis il manquait
clairement d'ambition pour les entreprises du Québec dans le plan d'action qui
a été développé par eux. Les entrepreneurs investissent dans de nouveaux
créneaux d'activité, innovent dans les façons de répondre aux besoins, créent
des emplois et contribuent ainsi à la vitalité du tissu social et économique et
de ces régions. Nous nous sommes engagés à les soutenir plus efficacement.
Je tiendrais à <dire...
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
...du Québec dans le
plan d'action qui a été développé par eux. Les
entrepreneurs investissent dans de nouveaux créneaux d'activité, innovent dans
les façons de répondre aux besoins, créent des emplois et contribuent ainsi à
la vitalité du tissu social
et économique et de ses régions. Nous nous
sommes engagés à les soutenir plus efficacement.
Je tiendrais à >dire également,
pour répondre déjà à ce que le député de Nelligan mentionnait, pour nous, là,
le leadership, c'est le travail d'équipe, c'est l'humilité de travailler avec
les autres. Puis l'équité entre les régions, j'en ai souvent parlé, on veut
travailler dans le respect des spécificités de chacune des régions, mais en le
faisant dans l'équité interrégionale pour que le Québec se développe
adéquatement. Dans les 15 dernières années, on a vu des inégalités
incroyables poindre entre chacune des régions. On a laissé le libre-marché, on
a investi tous nos oeufs dans une seule région au Québec, puis là l'idée, c'est
de dire : On peut-u investir partout au Québec, de mieux répartir la
richesse, d'assurer une équité entre les régions, de reconnaître l'apport
considérable que chacune des régions peut avoir? Puis c'est ce qu'on fait aussi
en encourageant des programmes comme les programmes ACCORD, en soutenant la table
des entrepreneurs... la table d'entrepreneuriat qui regroupe l'ensemble des
régions. C'est toutes des initiatives qui nous préoccupent.
Les libéraux ont saccagé et abandonné les
régions. Nous, on doit rattraper le temps perdu, et vous pouvez compter sur
moi, sur mon courage, le courage de mes équipes pour aller de l'avant avec ça. Vous
ne serez pas déçus. Merci, Mme la Présidente.
Argumentation
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la ministre. Nous allons maintenant procéder en alternance aux
interventions de cinq minutes, selon la séquence suivante, c'est-à-dire un
député de l'opposition, la ministre va répondre, et ensuite un député du groupe
du gouvernement, et c'est en alternance comme ça pendant cinq séries.
Alors, nous commençons par le député de Nelligan,
mais avant, je tiens à vous faire signaler qu'il y a le minutage en haut, et, à
une minute de la fin de votre cinq minutes, Anik vous le signale. Ça vous va? Parce
qu'il faut vraiment respecter le cinq minutes, s'il vous plaît. Alors, nous
commençons avec le député de Nelligan. Vous avez la parole pour cinq minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, j'ai été de bonne foi lors de ma première intervention,
j'ai donné beaucoup de chance à Mme la ministre. Mme la ministre a préféré lire
ses notes, et m'expliquer un peu sa vision, et à revenir toujours à utiliser la
même phrase des 15 dernières années. Je lui dis que le gouvernement élu le
1er octobre est un gouvernement caquiste. Je ne m'attends pas aujourd'hui à avoir
des réponses du 15, parce que ce n'est pas pour moi à qui elle parle, elle
parle aux régions.
Je vais rectifier plusieurs faits et
j'espère qu'à la fin on va s'entendre qu'il n'y a plus d'équité entre les
régions, qu'il n'y a plus de respect des régions et il y a une égalité
incroyable. Et la première avec laquelle je vais commencer, l'absence des
députés caquistes de la Capitale-Nationale lors de la discussion des crédits budgétaires
de la Capitale-Nationale. Si on est intéressé par une région, ça nous tient à
coeur, on vient, on assiste, on défend la région. On pose les questions, même
au ministre responsable, parce que ça nous tient à coeur. Et je tiens à
rappeler à Mme la ministre que Montréal est une région parmi d'autres et que
son rôle, c'est être là aujourd'hui pour répondre à nos questions qui sont des questions
légitimes.
Je tiens aussi à rappeler à Mme la
ministre qui nous dit qu'on a délaissé les PME, c'est très simple, voir la
performance d'Investissement Québec qui travaille avec nos PME. C'est
historique, et je vais vous l'annoncer. 7,2 en 2017, 8,2 en 2018. J'ai hâte à
voir 2019 et j'espère que ça va être plus que 8,2.
Maintenant, parlons d'équité régionale. Première
question : Est-ce que Mme la ministre est à l'aise au Conseil des ministres
quand on parle des maternelles quatre ans? Est-ce que Mme la ministre,
aujourd'hui, sait qu'elle même, qui a appuyé le réseau, le réseau des garderies
en milieu familial dans sa région... va avoir le courage d'aller leur dire que
l'étude d'impact économique de la décision mur à mur de la maternelle quatre
ans va appauvrir des familles, premièrement, dans les régions, va mettre au
chômage des femmes qui gèrent ces petites entreprises, et que, là, l'État va
commencer à concurrencer dans ce secteur?
Et, si jamais la ministre n'a pas le
document devant elle, je vais lui partager l'analyse d'impact réglementaire. Et
j'espère qu'elle va avoir le courage de me dire ça a été quoi, sa réponse à son
collègue, du moment qu'elle travaille dans le respect, du moment qu'elle
travaille dans la collégialité avec son collègue ministre de l'Éducation. La
décision mur à mur de la maternelle quatre ans va appauvrir, avec le scénario
de 80 %, 2 317 services en milieu familial, 2 317. Parlons des
garderies non subventionnées. Est-ce que c'est des PME? J'aimerais bien que Mme
la ministre nous <réponde.
M. Derraji : La
décision mur à mur de la
maternelle quatre ans va appauvrir, avec le
scénario de 80
%, 2 317 services en milieu familial, 2 317.
Parlons des garderies non subventionnées. Est-ce que c'est des PME? J'aimerais
bien que Mme la ministre nous >réponde. Est-ce que les garderies non
subventionnées, c'est des PME ou pas?
Une analyse qui ne dit pas une seule fois
le mot «région». Moi, j'aimerais voter au sein du Conseil des ministres. Si je
suis là pour défendre des intérêts les régions, et il n'y a aucun mot par
rapport à mes régions, je vais être le premier à dire : Arrêtez ça, là. Ça
ne pas aucun bon sens. Dans ma région, ma propre région, je ne vais pas avoir
les arguments nécessaires pour aller dire aux garderies non subventionnées,
pour aller parler aux garderies en milieu familial que cette décision va les
affecter.
Je vais continuer avec les scénarios. Le
scénario des garderies non subventionnées, le scénario à 80 %, on parle de
l'abolition d'environ 910 postes. Elle est où, l'équité? C'est l'inégalité
entre les régions. Ça, c'est clairement une des pires décisions antiéconomiques
et antirégions. Pourquoi? Parce qu'on veut sauver uniquement un siège d'un premier
ministre. C'est ça, pour moi, le manque de leadership. Moi, ce que je m'attends
aujourd'hui, là, c'est quelqu'un qui va se lever au sein du Conseil des
ministres, Mme la Présidente, et dire : Ça suffit, on va droit au mur avec
ces décisions injustes, c'est une décision inéquitable.
Et, en plus, j'aimerais bien que Mme la
ministre nous partage l'impact économique. Du moment qu'on parle du
développement économique, du moment qu'on parle de PME, Mme la Présidente, j'aimerais
bien aujourd'hui savoir Mme la ministre a dit quoi lorsque le ministre de
l'Éducation a proposé les garderies... les maternelles quatre ans. Ça a été
quoi, sa réponse économique? Et elle est prête quoi aux régions qui vont perdre
des postes? C'est ça, la réalité. L'étude d'impact, elle existe, et je suis
prêt à la déposer, si jamais Mme la ministre n'a pas eu le temps de la lire. C'est
une analyse d'impact réglementaire.
Donc, ma question aujourd'hui : C'était
quoi, la réponse...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci, monsieur. Alors, la parole est maintenant donnée à la ministre.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Je trouve ça vraiment intéressant, Mme la Présidente, que le député de Nelligan
aborde la question des maternelles quatre ans puisque, pour moi, les
maternelles quatre ans, contrairement au député de Nelligan, c'est un vecteur
de développement économique des régions, vecteur de développement économique
pour deux raisons.
Première raison, on va éviter de fermer
des écoles dans les petites communautés, puisqu'on va avoir un nombre d'enfants
dans les classes supplémentaires, ce qui va peut-être faire en sorte que des
écoles comme à Sainte-Lucie-de-Beauregard, dans mon comté, vont demeurer
ouvertes. Un. Deux, dans une commission scolaire comme Côte-du-Sud,
actuellement, les enseignants peinent à avoir des postes à temps plein. Ils ont
des postes à temps partiel. Ils doivent quitter, migrer vers d'autres
commissions scolaires plus urbaines pour travailler dans ce qu'ils aiment, pour
réaliser leur passion d'être enseignant. Pour moi, c'est inacceptable.
Moi, je veux que, dans les régions comme
Côte-du-Sud, il y ait des postes de qualité. Notre gouvernement veut créer des
emplois de qualité. Puis être enseignant, c'est un emploi de qualité. Puis on
peut pouvoir occuper notre territoire puis d'utiliser les enseignants pour
enseigner à nos enfants. Les maternelles quatre ans, c'est pour prévenir les
problèmes, permettre aux enfants d'avoir une égalité des chances partout pareil
sur le territoire. Qu'on soit en milieu rural, qu'on soit en milieu urbain,
tout le monde doit avoir la même égalité des chances et pouvoir prévenir les
problématiques, avoir accès à des spécialistes comme l'orthophonie de manière
équitable pour tous. Pour moi, les maternelles quatre ans sont clairement une
mesure pour occuper notre territoire, offrir des emplois de qualité et
permettre à des écoles dans des petites communautés de rester ouvertes.
On sait que, dans des petites communautés,
quand l'école ferme, les familles s'en vont, les familles s'éloignent. Les
familles vont vers les milieux urbains, vont là où ils peuvent offrir le
meilleur service à leurs enfants. Pour moi, Mme la Présidente, c'est
inacceptable qu'en ce moment on vive au Québec la fermeture des écoles, que le
gouvernement précédent n'ait pas eu de vision par rapport à l'avenir des écoles
dans les communautés. Pour moi, l'heure est grave, puis on doit intervenir. Ça
fait partie de l'occupation du territoire. Et j'appuie et je soutiens le
ministre de l'Éducation dans son approche puisque je sais que cette mesure de
maternelle quatre ans peut aider à sauver certaines écoles en milieu rural qui
sont plus pénalisées dans ce contexte.
• (10 h 30) •
Évidemment, on laisse le libre choix aux
parents de choisir les maternelles quatre ans ou les services de garde. Pour
nous, ce qui est préoccupant aussi, c'est qu'il y ait des places dans les CPE
pour que les familles, peu importe où ils sont sur le territoire, puissent
avoir accès à ça. Puis ça aussi, c'est encore une fois la <création
d'emplois de qualité via des services de qualité pour...
>
10 h 30 (version révisée)
<17915
Mme
Proulx (Côte-du-Sud) : ...parents de choisir les maternelles quatre
ans ou les services de garde.
Pour nous, ce qui est préoccupant
aussi, c'est qu'
il y a des places dans les CPE pour que les familles,
peu importe où ils sont sur le territoire, puissent avoir accès à ça. Puis ça
aussi, c'est encore une fois la >création d'emplois de qualité via des
services de qualité pour l'ensemble des enfants sur notre territoire et peu
importe la région où ils se situent. Puis on est prêt à intervenir en fonction
des spécificités de chacune des régions. Je sensibilise d'ailleurs le ministre
de la Famille à cet effet concernant les CPE.
En terminant, ce que j'aurais envie de
dire, c'est qu'on a aussi plusieurs mesures qui se sont ajoutées au cours des
dernières années au niveau... en fait, dans la dernière année, il s'est ajouté
à notre ministère, au MEI, plusieurs mesures de soutien qui démontrent à quel
point on a un intérêt pour les régions.
Je le mentionnais tantôt, les écoles
d'entrepreneuriat du Québec, on en rajoutera quatre au cours des prochaines
années. C'est notre gouvernement qui l'a fait. On a, pour chacune des MRC du
Québec, prolongé de trois ans les fonds locaux d'investissement dans chacune
des MRC. On va aussi évaluer le programme qui a été laissé à l'abandon au cours
des dernières années, une évaluation qui va nous permettre de renouveler les
approches de l'investissement au niveau local. Ça, c'est prioritaire. On prend
les choses en main puis on y va de manière pragmatique.
Femmessor, je le disais tantôt, on ajoute
7,2 millions supplémentaires pour le fonctionnement et l'accompagnement
sur quatre ans. MicroEntreprendre, dossier fort important et pertinent,
MicroEntreprendre, microcrédit, 4 millions de dollars pour aider les
petits entrepreneurs qui veulent démarrer, développer leur potentiel. On fait
du un pour un avec eux. Eux mettent 5 000 $, nous mettons
5 000 $. C'est magique, ce genre de mesure là. Ça aide encore plus
les régions parce que c'est souvent là que démarrent les plus petits projets
puis qu'il y a le moins de moyens, surtout.
Il y a La Ruche qu'on soutient à
6,4 millions, via le Secrétariat à la Jeunesse. Il y a 3 millions
spécifiquement qui s'en vont dans les régions pour développer les plateformes.
Ça, c'est super intéressant parce que ça ne sera pas une plateforme à Montréal
pour tout le monde. Ça va être une plateforme partout, chaque région va pouvoir
s'en développer une. Le CTEQ pour le repreneuriat en entreprise. Donc, pour
nous, c'est clair que c'est super important, les régions.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la ministre. Nous allons maintenant avec le député d'Orford avec
cinq minutes.
M. Bélanger : Merci, Mme la
Présidente. Je tiens à saluer mes collègues, Mme la ministre, ça me fait
plaisir. Écoutez, je suis vraiment heureux d'avoir mon collègue député de
Nelligan aujourd'hui parce que je le considère comme étant vraiment soucieux
des régions au niveau de son parti. Évidemment, c'est son premier mandant.
Lorsque j'ai lu l'interpellation, j'étais
un petit peu choqué. Puis non, je ne reviendrai pas longtemps sur les 15 ans,
mais par contre, ce qu'il faut comprendre au niveau des 15 ans, c'est
qu'il y a 15 ans, Internet était l'investissement qui devait être fait
dans les régions. Puis j'associe ça un petit peu à Hydro-Québec dans les
années 40. Donc, on se situe au début des années 2000. On n'a pas
d'Internet. C'est un peu comme ne pas avoir d'électricité en région. Avoir
Internet, c'est un prérequis pour le développement économique des régions.
Bon, on a un plan à ce niveau-là, mais je
veux peut-être faire une petite anecdote sur mon expérience personnelle. J'ai
passé 30 ans en développement économique, surtout dans les grandes villes,
mais en 2006, j'ai décidé d'aller m'installer dans la plus belle
circonscription du Québec, qui est à Magog, et j'ai commencé à développer de
l'économie en région.
J'ai développé un carrefour santé, créé
200 emplois. J'ai développé une école, une école avec une maternelle
quatre ans, collée à un CPE, et le modèle fonctionne bien. Bon, vous me direz,
c'est privé versus public, mais je peux vous dire que ça fonctionne très bien
et ça aide beaucoup les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage ou des
enfants qui ont une douance et qui parfois peuvent trouver le temps un peu long
en CPE. Donc, au niveau de la maternelle, ils sont capables d'apprendre plus
rapidement.
Par la suite, j'ai été impliqué dans un
projet de développement des technologies de l'information et des
communications. On a créé 500 emplois. Entre 2006 et 2008, savez-vous quel
a été l'investissement du gouvernement du Québec dans tous ces projets-là?
175 000 $ et de peine et de misère. La vice-première ministre, Mme
Thériault, était venue porter le chèque après quatre, cinq ans d'attente.
Ça fait que je peux vous dire que, pour 40 millions
d'investissements privés et la ville de Magog qui a investi 1 million, on
a créé près d'un millier d'emplois, on a eu 175 000 $ du gouvernement
du Québec. C'est insuffisant. Ce n'est pas de cette façon-là qu'on va être
capable de développer l'économie.
Bon, là, je veux en arriver au qu'est-ce
que notre gouvernement va faire. Ma collègue ministre du Développement
régional, évidemment qu'on doit rattraper en 15 ans, et là ça fait six <mois...
M. Bélanger : ...on a créé
près d'un millier d'emplois, on a eu 175
000 $ du gouvernement
du Québec. C'est insuffisant. Ce n'est pas de cette façon-là qu'on va être
capables de développer l'économie.
Bon, là, je veux en arriver au
qu'est-ce que notre gouvernement va faire. Ma collègue ministre du
Développement régional... évidemment qu'on doit rattraper en 15 ans, et là
ça fait six >mois qu'on est là. Je crois que le plan est quand même bien
établi, mais on a surtout annoncé des investissements significatifs. On parle
de 400 millions, Internet, mais c'est beaucoup plus que 400 millions
au niveau d'Internet, parce qu'on a le fédéral qui est un partenaire. Donc,
lui, il apporte à peu près un 400 millions et il y a le privé. Ça fait que
l'investissement au niveau d'Internet, c'est 1,5 milliard et c'est en
cours.
Québec branché 1, vous me direz? Québec
branché 1 est un projet. Moi, je pense que c'est... Je n'appellerai pas ça un
fiasco, mais disons que ça manquait de beaucoup de rigueur. Le gouvernement a
investi 100 millions. On a laissé les entreprises de télécommunications
installer Internet en région sans avoir un devis de performance et sans avoir
des critères de mise en place. Aujourd'hui, le résultat, on a des régions avec,
un peu comme un gruyère, plein de trous, plein d'entreprises pas branchées. Bon,
Québec branché 2 ou Internet haut débit, la deuxième phase va entrer en place à
l'automne, et je peux vous garantir... J'en ai la responsabilité, je travaille
avec ma collègue ministre et aussi le ministre de l'Économie. Donc, ce
projet-là va faire en sorte que les entreprises vont pouvoir être connectées et
vont pouvoir accélérer le développement économique.
Par la suite, on a aussi repris en
place... repris en main les pôles d'innovation, qui a été un projet qui a été
lancé à la dernière minute. Ma collègue ministre est après restructurer les
choses, et c'est un projet qui va aller de l'avant au niveau des pôles
d'innovation en région. Je veux en rajouter aussi, les zones d'innovation...
Les zones d'innovation, notre gouvernement a annoncé 320 millions
d'investissements. Les zones d'innovation, ce n'est pas uniquement Montréal,
hein, Sherbrooke, Québec. Donc, les régions vont sûrement bénéficier d'une
enveloppe, sur les 320 millions, peut-être 50 %, on parle de
160 millions.
Donc, on est rendu à déjà, là, rapidement,
à 1 milliard d'investissements en région. Ça fait que, si vous me dites
que c'est un manque de leadership de notre gouvernement, moi, je pense que notre
ministre fait un job super au niveau du Conseil des ministres, et les régions,
en six mois, sont sur une très, très bonne lancée. Je vous remercie beaucoup,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous allons avec... nous commençons la deuxième série
d'interventions. La parole est donnée au député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. À chaque début de mon nouveau bloc, je vais faire un check aux
énoncés de Mme la ministre.
Femmessor, c'est nous; Entreprendre ici,
c'est nous; MicroEntreprendre, c'est nous; les zones d'innovation, c'est nous;
les pôles d'innovation, c'est nous; les écoles des entrepreneurs, c'est nous;
le CTEQ, c'est nous. Tout ça découle du PAGE, Plan d'action gouvernemental en
entrepreneuriat. Et je pense que la prochaine fois, quand on va vous préparer
des notes, Mme la ministre, il faut ajouter la date, parce que, oui, tout ce
que vous avez énoncé, Mme la ministre, a été déjà fait. Le Centre de transfert
d'entreprise du Québec, c'est une idée du gouvernement libéral qui, pour
rappeler votre énoncé, les 15 dernières années... Je pense que, du moment
que vous avez énoncé tout ça, là, les 15 dernières années, il y avait pas mal
de choses très bonnes.
Je m'attendais aussi, Mme la ministre, au
lieu de me lancer tout ça... Ma question, le bloc était sur l'éducation, était
sur les maternelles quatre ans. Par contre, les réponses que j'ai eues, ça
concerne l'entrepreneuriat. Donc, encore une fois, vous avez manqué au test de
la réalité, à savoir votre leadership par rapport à la décision mur à mur des
maternelles quatre ans. Vous ne m'avez pas convaincu que vous avez eu le
courage de dire au ministre de l'Éducation : Ça suffit, ce n'est pas une
bonne décision pour les régions. Là, maintenant, je vais fermer le dossier de
l'éducation, parce que je n'étais pas convaincu, malheureusement, par vos
réponses.
• (10 h 40) •
Je vais passer à un autre pôle et à un
autre bloc qui m'intéresse beaucoup et qui frappe nos régions. C'est la pénurie
de main-d'oeuvre, c'est la rareté de main-d'oeuvre et ce n'est pas la volonté
qui manque. Je vais vous partager un article aujourd'hui : Faute de
main-d'oeuvre, Auguste réduit ses heures. «Le manque de main-d'oeuvre
oblige le restaurant Auguste à réduire ses heures d'ouverture. Le restaurant
sera désormais fermé les dimanches soirs et les lundis.» Ça va être quoi, votre
réponse, Mme la ministre, quand vous allez partir à Sherbrooke? Recrutement
à l'étranger : une nécessité.
Quand nos PME se recyclent en agences de
placement, quand nos PME partent à la rencontre pour combler leurs postes... Inquiétante
pénurie de main-d'oeuvre partout en Outaouais. Et je rappelle que pendant
la campagne électorale, le premier ministre et plusieurs autres disaient qu'il
n'y a pas de pénurie de main-d'oeuvre. La pénurie de main-d'oeuvre pousse
PersonnAide à fermer ses portes, Postes vacants en hausse et croissance
économique en baisse, Des entreprises du Lac-Saint-Jean se tournent vers la <main-d'oeuvre...
M. Derraji : ...la
campagne
électorale, le
premier ministre et
plusieurs autres disaient
qu'il n'y a pas de
pénurie de main-d'oeuvre. La
pénurie
de main-d'oeuvre pousse PersonnAide à fermer ses portes, Postes vacants en
hausse et croissance
économique en baisse, Des
entreprises
du
Lac-Saint-Jean se tournent vers la >
main-d'oeuvre
étrangère; Des travailleurs étrangers temporaires toute l'année.
C'est dans votre région, Mme la ministre.
Moi, je trouve ça très alarmant. Une pénurie de travailleurs touche le Bas-Saint-Laurent.
Oui, la pénurie de main-d'oeuvre ne date pas d'aujourd'hui. Si ça va être ça,
votre réponse, je vais vous dire d'emblée qu'on le sait, et nous avons mis en
place une stratégie nationale de main-d'oeuvre où j'ai eu moi-même l'occasion
de participer.
Donc, Mme la ministre, quand votre collègue
de l'Immigration a pris la décision de jeter dans la poubelle 18 000
dossiers, quand votre ministre et votre collègue de l'Immigration a décidé de
ne plus traiter les dossiers, sachant tout ce contexte, ça a été quoi, votre
réponse à votre collègue? Ça touche les régions. Est-ce que vous avez applaudi
la décision de déchiqueter les dossiers? Est-ce que vous avez applaudi la
décision de ne plus traiter ces dossiers? Est-ce que vous avez applaudi la
décision que des travailleurs au Québec, sur le territoire québécois, on va les
renvoyer? C'est des travailleurs pour nos PME.
Quand je demande le leadership... et je
réponds à mon collègue d'Orford que je respecte beaucoup parce que c'est un
homme d'affaires, et il sait plus que moi aussi cette réalité. C'est ça, le
leadership, mon collègue député d'Orford. Pour moi, le leadership, c'est se
lever, et, quand ça ne va pas, je vais me lever et dire à mon collègue :
Ça suffit, il faut trouver des solutions pour notre région. Me répéter la
cassette des 15 dernières années... Ce n'est pas pour moi, les réponses, c'est
pour l'ensemble des régions du Québec. C'est les régions qui vous écoutent aujourd'hui.
Oui, vous avez dit six mois, oui, mais ça
fait six mois. Vous avez eu des décisions, mais c'est quoi, les décisions? C'est
les maternelles quatre ans, mur à mur. C'est quoi, les décisions? Déchiqueter
18 000 dossiers. La liste est longue. Le PAGE, au lieu de le mettre en
application, on est en train de revoir... Vous avez parlé des pôles. Ils sont
en attente, les pôles. Ce n'est pas grave, les régions, ils doivent et ils
peuvent encore attendre. Donc, j'espère, Mme la ministre, que cette fois-ci,
vous allez me répondre par rapport...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le député. La parole est à vous, Mme la ministre. Et je veux juste
vous demander de bien respecter le cinq minutes. Vous avez pourtant les
signaux. Merci. Alors, Mme la ministre, à vous la parole.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Merci, Mme la Présidente. Juste rappeler au député de Nelligan que Femmessor
existe et a émergé de la Côte-Nord en 2001, donc avant le règne libéral des 15 dernières
années. Le CTEQ existait avant. La seule chose qui est arrivée, c'est que le
plan d'action l'a reconnu, puis les zones d'innovation et tout ce qui émerge clairement,
c'est vraiment un copier-coller de ce que M. Legault a démontré dans son livre.
Donc, tu sais, je pense qu'à un moment donné il faut voir aussi la réalité en
face du côté libéral.
Je suis vraiment contente que le député de
Nelligan aborde la question de la pénurie de main-d'oeuvre. Moi, quand j'ai
commencé à travailler, en 1998, les chiffres étaient éloquents et très clairs
qu'en 2018, 2020, particulièrement en 2026, ça va être le plus gros «peak». On
le savait déjà, en 1998, qu'on vivrait au Québec une pénurie de main-d'oeuvre particulièrement
intense, vu évidemment le vieillissement de la population. Donc c'était évident
qu'il allait manquer de joueurs sur le marché du travail, d'une part; d'autre
part, qu'il y aurait moins de travailleurs aussi pour payer pour l'ensemble des
services collectifs dont s'est doté le Québec et dont nous pouvons être fiers,
d'ailleurs. Mais il n'y a personne, malheureusement, depuis 1998, qui a
planifié le coup.
On est un gouvernement... Pour moi, il est
clair que le gouvernement a la responsabilité de prévenir, de prévoir, de
déposer, de mettre en place une vision quand on sait qu'il y a des enjeux comme
le vieillissement de la population, comme la perte de vitesse causée par la
démographie, qui s'en venaient. On le savait. Le gouvernement qui était en
place avait 20 ans pour le faire. Qu'est-ce qu'il a fait, Mme la
Présidente? Qu'est-ce qu'il a fait, le gouvernement précédent? Rien.
On est arrivés en poste depuis le 1er
octobre. Mon collègue... Ça a été un sujet, la pénurie de main-d'oeuvre, que
toutes les entreprises, toutes les entreprises nous ont parlé en campagne
électorale, dès notre arrivée en poste. Les entreprises nous en parlent encore.
C'est important, on le reconnaît, notre gouvernement le reconnaît.
D'ailleurs, mon collègue à l'Emploi et à
la Solidarité a mis, dès les premiers jours de son mandat, La Grande Corvée
pour accompagner les entreprises à bien cerner leurs besoins et à y répondre
immédiatement, dès que <possible.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) : Les
entreprises nous en parlent encore. C'est
important, on le
reconnaît, notre
gouvernement le reconnaît.
D'ailleurs, mon
collègue
à
l'Emploi et à la Solidarité a mis, dès les premiers jours de son mandat, La Grande
Corvée pour accompagner les
entreprises à bien cerner leurs besoins et à
y répondre
immédiatement, dès que >possible. On a la liste des
emplois disponibles puis on cherche à les combler, à faire cet arrimage nécessaire
pour les entreprises puis pour la productivité du Québec. Notre ministère, au ministère
de l'Économie et de l'Innovation, on a la préoccupation et on l'intensifie.
Dans le budget, les mesures sont claires, au
niveau de l'automatisation, la robotisation, il faut mieux accompagner les entreprises
à prendre le virage 4.0. C'est nécessaire, c'est par là qu'on va pouvoir aussi
amoindrir l'effet de la pénurie de main-d'oeuvre. Mais évidemment, comme il ne
s'est rien passé au cours des dernières années puis que le Québec ne s'était
pas doté alors d'une vision claire pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre, on
doit faire du rattrapage. On est encore sur notre pédalo qui commence, qui
essaie de ramer à l'endroit, là.
On a également... Par rapport à l'immigration,
on l'a dit, on a été clairs, l'objectif est de mieux intégrer les immigrants et
mieux accueillir. Pour les régions, pour moi, c'est anormal qu'on voit qu'à Montréal
les immigrants ont un taux de chômage de 14,8 % quand c'est 5 %
ailleurs au Québec. C'est inacceptable. On est en train de chercher des moyens
pour attirer, des mesures incitatives pour attirer les gens en région, mais il
n'y a tellement pas eu d'infrastructures.
Au cours des 10 dernières années, le
gouvernement a coupé les directions régionales en immigration dans chacune des
régions. En stratégie électoraliste, quelques mois seulement avant les
élections, on a ramené des agents d'immigration dans les régions. C'est
inacceptable. On paie aujourd'hui le prix pour ça. Les régions paient le prix,
parce que les immigrants n'ont pas tendance naturellement à se diriger vers les
régions. Ils restent, lorsqu'ils débarquent de l'avion, ils restent à Montréal
évidemment puisque c'est la région où ils arrivent.
On doit mettre en place des mesures
incitatives pour que les gens aient un intérêt, puis il faut mettre également
des mesures d'accueil et d'intégration. C'est ça qui manque en région, mais le
gouvernement précédent a tellement coupé dans les régions en matière
d'immigration que tout le rattrapage est à faire, toute l'expertise qu'il y
avait pour accompagner les immigrants a disparu.
Donc là, on est en mode rattrapage. On a
investi dans le dernier budget, mon collègue à l'Immigration a ramené des
budgets supplémentaires dans chacune des régions pour faciliter cette
intégration, cette francisation, cette intégration, cet accueil pour que les
gens aient envie de rester en région, puis ça, c'est notre objectif. On veut
faire la démonstration que, dans chacune des régions, on est en mesure de bien
les accueillir et de bien les intégrer pour qu'ils restent ici, chez nous.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la ministre. Nous donnons maintenant la parole au député de
Chauveau.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je me permets de saluer l'ensemble des collègues
présents ce matin et je suis très heureux de parler de développement économique
régional ce matin. Comme étant originaire de la Côte-Nord et avoir de la
famille en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent, évidemment, c'est un privilège de
pouvoir s'exprimer sur ce sujet-là.
Et ce matin, nous sommes interpelés sur
l'absence de leadership. C'est vraiment la façon que c'est libellé, et je suis
assez inquiet de voir les mots absence de leadership, parce que, quand on se
fait critiquer et taguer de cette expression, je présume que les personnes qui
tentent de nous coller cette étiquette-là sont sans reproche.
Et je reprends un peu les propos du député
de Pontiac. Lors de l'étude de crédits du ministère de l'Économie et de
l'Innovation, volet Développement régional, qui a eu lieu le 18 avril
dernier, le député de Pontiac nous disait qu'il y avait une absence d'outils
pour accompagner les régions dans le développement de projets économiques
d'envergure. Il est vrai que le gouvernement précédent, le gouvernement
libéral, a mis la hache dans deux structures très importantes pour le
développement économique régional, c'est-à-dire, tout d'abord, les conférences
régionales des élus, les CRE, qui facilitaient le processus pour la réalisation
de plusieurs projets. Donc, c'est évident que, quand tu mets ça de côté, tu te
fais mal. Et il y a aussi un ex-conseiller en développement rural qui
s'appelle, je vais le citer, M. Pierre Lafontaine, dans la région de Lanaudière...
nous disait : On n'a plus rien. Rebâtir ça, c'est comme 30 ans de
travail à refaire. Je trouve ça cavalier. On ne tient pas compte de la réalité
des régions, on ne peut pas appliquer une logique urbaine en région.»
• (10 h 50) •
Ça fait que, voyez-vous, quand on parle de
développement régional, là, bien, les gens des régions, ils critiquent, ils
critiquaient et ils le voient qu'est-ce que les libéraux ont fait en cette
matière. Également, j'ai eu le plaisir d'être président du plus grand CLD du Québec,
le CLD de Québec, et les libéraux ont aussi mis la hache dans le CLD. Écoutez, il
y a 52 MRC qui ont aboli leur CLD suite aux coupures du gouvernement
libéral. Alors, quand on parle d'outils de développement économique régional,
bien, le leadership s'est exercé de l'autre bord, mais d'une façon <négative.
M. Lévesque (Chauveau) :
...CLD. É
coutez,
il y a 52 MRC qui ont aboli leur CLD suite
aux coupures du
gouvernement libéral. Alors, quand on parle d'outils de
développement
économique régional, bien, le
leadership s'est exercé de l'autre bord,
mais d'une façon >négative.
Et honnêtement, moi, j'ai un énorme
respect pour mon collègue de Nelligan, pour vrai, là, beaucoup, beaucoup de
respect. Il était à la tête, P.D.G. de la Jeune Chambre de commerce de Québec
de 2015 jusqu'à son élection, et je ne peux pas croire que les... Jeune Chambre
de commerce de Québec était heureuse de la fermeture de ces outils de
concertation là.
Alors, nos régions, c'est un peu, Mme la
Présidente, comme des fleurs qu'on a arrêté d'arroser. On les a laissé tomber,
on n'a pas travaillé pour elles, et là ce qu'on tente de faire, là, c'est de
rétropédaler, là, de recommencer à les arroser et ajouter un peu de nutriments,
un peu de produits à ces belles fleurs là, parce que, c'est certain, il manque
de ressources, et on empêche leur progression.
Je peux comprendre. Moi, je suis d'accord
avec le député de Nelligan, la région de Montréal est une région aussi, une
région importante, mais regardons un peu comment c'était à l'époque du gouvernement
libéral. Il y avait 20 députés à Montréal, 17 de ces 20 députés là étaient ministres.
Le poids politique des libéraux de l'époque était à Montréal. Est-ce que Montréal
est important? Est-ce que la métropole est importante? Je ne le nie pas, Mme la
Présidente, c'est très important, la région de Montréal. Mais Montréal, il n'y
a pas que ça au Québec, il y a l'ensemble de nos régions.
Alors, le poids politique des libéraux
était là. D'ailleurs, il ne reste qu'un seul député, là, libéral. Actuellement,
si on prend l'est de Montréal, là, jusqu'au fin fond, là, jusqu'aux Îles-de-la-Madeleine,
Mme la Présidente, il ne reste qu'un seul élu libéral. Alors, si c'était le
parti des régions, je pense qu'ils auraient reçu un exemple... un mandat beaucoup
plus fort de leurs électeurs. D'ailleurs, le chroniqueur Antoine Robitaille, Mme
la Présidente, a été très clair à La Joute : Maintenant, le gouvernement
libéral... le Parti libéral, c'est le Québec Liberal Party of Montréal. C'est
ça, actuellement.
Donc, j'espère que mon collègue de
Nelligan, que je sais qu'en dedans de lui il a beaucoup de convictions pour le
développement régional, c'est vrai, il n'y a pas de doute, il n'y a pas de
doute là-dessus pour moi, mais j'espère qu'il va comprendre qu'on doit
travailler ensemble pour améliorer la question. Et je reviendrai, dans ma
deuxième intervention tout à l'heure, Mme la Présidente, sur des exemples du leadership
du gouvernement actuel et de la ministre au niveau du développement régional.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous donnons maintenant la parole aux députés du deuxième groupe
d'opposition, la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Merci,
Mme la Présidente. Je suis bien heureuse aujourd'hui de pouvoir parler de développement
régional. Les entreprises de ma région font partie de la fierté que je ressens
d'être originaire de l'Abitibi-Témiscamingue. La créativité, le talent de nos
gens, les saveurs, la richesse de mon territoire m'impressionnent toujours.
Vous savez, le développement économique
régional ne repose pas seulement sur les entrepreneurs et sur les consommateurs.
C'est beaucoup plus que ça, c'est une vision de société. Permettre aux régions
de se développer, ça demande une volonté politique réelle et concrète, ça
demande une confiance en nos citoyennes et nos citoyens et leur travail
acharné.
C'est évident que, pour avoir une recette
gagnante en termes de développement régional, il faut minimalement trois
ingrédients : les jobs, la main-d'oeuvre et les services. Évidemment, qui
dit jobs dit besoin de main-d'oeuvre, et qui dit jobs et main-d'oeuvre dit
services. Ces trois ingrédients, ils sont interreliés et interdépendants.
Au jour d'aujourd'hui, en région, on les
a, les jobs. Je le répéterai encore une fois dans cette Chambre, l'économie de
ma région a le vent dans les voiles. Il nous manque donc deux ingrédients
essentiels dans notre recette : les services et la main-d'oeuvre. En
termes de services, on parle de places en CPE, de logements, de transport en
commun, services de santé, infrastructures de loisirs, etc. Et là c'est l'oeuf
ou la poule. On développe les services pour attirer plus de main-d'oeuvre ou on
attend d'avoir la main-d'oeuvre pour développer les services?
Et là je vais y aller avec un exemple très
concret, on va parler le même langage que le gouvernement, on va parler
business. Vous savez, à Rouyn-Noranda, on a la seule fonderie de cuivre en
Amérique du Nord, établie depuis 1927, de quoi enorgueillir notre premier
ministre. Cette année, à la fonderie, un des importants défis, c'est la pénurie
de main-d'oeuvre, notre deuxième ingrédient. Ils font des pieds et des mains
pour trouver du personnel, mais plusieurs obstacles se dressent.
Par exemple, à l'automne dernier, la
fonderie avait signé un contrat avec deux ingénieurs qui venaient de
l'extérieur de la région. Or, une semaine avant de commencer leur nouvel
emploi, ils ont dû résilier leur contrat, faute de places en garderie pour
leurs deux enfants. On se bute alors au manque de notre troisième ingrédient :
les services. Ça, Mme la Présidente, ce n'est pas la responsabilité de la <fonderie...
Mme Lessard-Therrien :
...mais
plusieurs obstacles se dressent.
Par exemple, à l'automne dernier, la
fonderie avait signé un contrat avec deux ingénieurs qui venaient de l'
extérieur
de la région. Or, une semaine avant de commencer leur nouvel emploi, ils ont dû
résilier leur contrat, faute de places en garderie pour leurs deux enfants. On
se bute alors au manque de notre troisième ingrédient : les services. Ça,
Mme la Présidente, ce n'est pas la responsabilité de la >fonderie ou de
n'importe quelle compagnie, c'est la responsabilité du gouvernement d'offrir
des services justes et équitables en région selon leurs besoins.
Et comment le gouvernement peut faire pour
vraiment prendre le pouls concret de la région, pour connaître notre réalité?
C'est là qu'arrive mon liant qui fait en sorte que les trois ingrédients vont
se tenir ensemble, et c'est la concertation régionale. La concertation
régionale, c'est le fondement même de notre autonomie régionale, de notre
capacité à se mobiliser pour déterminer ensemble quels sont nos besoins, et c'est
quoi le meilleur moyen d'y répondre. Cette concertation-là, elle a eu les temps
durs, Mme la Présidente. Et je tiens à le rappeler, sans concertation
régionale, nos trois ingrédients essentiels au développement économique ont
énormément de difficulté à s'arrimer ensemble.
Depuis cinq ans, les régions ont
considérablement perdu voix au chapitre dans leur autonomie régionale, dans
leur capacité à se concerter et à participer aux consultations du gouvernement
pour des politiques qui répondent aux besoins des régions. Je pourrais vous
parler de la loi n° 10 qui a entraîné l'abolition
d'une centaine de conseils d'administration au niveau du réseau de la santé,
qui a mis fin à l'engagement citoyen de plus de 6 000 personnes. Je
pourrais vous parler aussi de l'abolition des forums jeunesse qui ont aussi mis
fin à l'engagement citoyen de plusieurs centaines de jeunes dans les régions,
qui administraient des enveloppes importantes. L'abolition des conférences
régionales des élus qui sont là et...
Bon, je considère que c'est un peu
ironique, là, que ce soient les libéraux qui demandent cette interpellation-là
aujourd'hui, mais j'aimerais quand même qu'on se concentre sur ce que le
gouvernement peut faire aujourd'hui. Et, en fait, j'entends beaucoup de bonne
volonté chez la ministre. J'entends ce que vous me dites. Vous reprochez vous
aussi l'abolition de ces conférences régionales là des élus, des instances de
concertation. Vous le reprochez, mais vous n'en prenez pas acte. Il n'y a rien,
dans les grandes orientations budgétaires 2019‑2020, qui va dans ce sens-là,
pour redonner de l'autonomie aux régions du Québec, pour ramener cette
concertation-là. Et même, avec le projet de loi de l'uniformisation des taxes
scolaires, on vient encore grappiller 900 millions dans les poches des
commissions scolaires, qui étaient des revenus autonomes, qui elles-mêmes
pouvaient ensuite administrer selon leurs besoins. Il y a comme une logique qui
s'installe encore.
Moi, j'aimerais savoir, Mme la ministre,
est-ce que votre vision du développement régional est partagée par votre
premier ministre, et le développement des services aussi, en région, qui est un
ingrédient essentiel au développement économique? C'est ça qu'on parle quand on
parle de leadership aussi, c'est d'être capable de faire passer votre vision à
votre Conseil des ministres et auprès de votre premier ministre. Moi, Mme la
ministre, c'est là-dessus que j'aimerais vous entendre. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la députée. Alors, nous laissons la parole à la ministre.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Merci, Mme la Présidente. Merci à la députée d'Abitibi-Ouest.
Une voix
: ...
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Rouyn-Noranda—Témiscamingue, excusez-moi. Excusez-moi. Oui, de là... Je trouve
très intéressant ce que vous apportez, Mme la députée, puisque c'est important
d'avoir une vision en matière de développement régional, en matière de
développement économique.
Une vision, ça doit s'établir, ça doit se
renouveler, puis je pense qu'on est l'heure du renouvellement de cette vision,
puisque malheureusement on est arrivés, au cours des dernières années, à
éliminer, éclipser complètement... On ne voyait plus les régions, on ne les
voyait plus sur le radar. Donc, comment pouvait-on avoir une vision des régions
quand on ne les voyait même plus? On ne préconisait que des gros projets, des
projets pilotes. On y allait par projets pilotes, on a coupé les directions
régionales de plusieurs ministères dans une majorité de régions.
Tous les ministères ont été très
centralisés. Depuis 50 ans, on veut décentraliser, mais ce qui arrive, au
final, c'est de la centralisation à outrance, puis ça s'est passé au cours des
derniers mandats où on a coupé la Direction de l'immigration, la Direction de
l'éducation, entre autres, dans les régions. Donc, il n'y avait plus d'input
régional au sein même du gouvernement au cours des dernières années.
Évidemment, ce que ça a eu comme impact,
c'est que la voix des régions n'était plus là, la voix... les préoccupations
puis les subtilités régionales n'ont pas pu être imposées dans la vision. Ça a
créé énormément de centralisation, de pertes pour les régions, de perte de
sens. Les acteurs régionaux nous parlent de perte de sens, nous parlent de
manque de moyens criant dans les régions, vous l'avez soulevé.
• (11 heures) •
Puis ce qu'il manque, ça, je suis d'accord
avec vous, c'est les lieux de concertation puis les endroits pour communiquer
afin de résoudre les problèmes qui ont été occasionnés au cours des 15 dernières
années. Puis ça, ça a été là, les moyens qui ont été coupés. Puis il manquait
aussi l'autre élément que j'ajouterais à ce que vous avez mentionné, c'est
l'ouverture du gouvernement à faire en sorte que les <acteurs régionaux
se parlent. Ça, on est en train...
11 h (version révisée)
<17915
Mme
Proulx (Côte-du-Sud) : ...afin de résoudre les problèmes qui ont été
occasionnés au cours des 15 dernières années. Puis ça, ça a été là les moyens
qui ont été coupés.
Puis il manquait aussi l'autre élément,
que j'ajouterais à ce que vous avez mentionné, c'est l'ouverture du
gouvernement
à faire en sorte que les >acteurs régionaux se parlent. Ça, on est en
train, via ma tournée... On fait la tournée de l'ensemble des régions du Québec,
comme je le mentionnais tantôt. Mon objectif, c'est d'entendre ce que les
régions ont à dire pour établir une vision renouvelée et innovante du développement
régional. On est encore... Les CLD avaient leur place, en 1997, quand ils ont
été créés, mais est-ce qu'on peut se donner...
Puis c'est là que notre gouvernement se
positionne, c'est : Est-ce qu'on peut se donner une vision renouvelée de
ce développement des régions? Comment on accompagne? Comment on travaille avec
ce qui reste puis qu'est-ce qu'on met autour pour s'assurer que chaque région
ait la même chance de développement puis qu'il y ait une équité interrégionale.
Puis c'est là qu'on est en train de travailler, en consultant les gens, puis
les gens sont tellement contents qu'on aille les rencontrer. Ça faisait 15 ans
qu'ils disaient ne pas avoir d'écoute du gouvernement. Là, ils ont l'impression
et ils ont l'écoute, puis maintenant il nous restera à agir.
L'objectif est d'arriver avec une
véritable stratégie de développement économique régional, mais il faut se
donner le temps, parce que c'est comme si on arrive dans un désert, en ce
moment, dans les régions, tout est saccagé. Comme disait mon collègue, il faut
l'arroser, il faut mettre de l'engrais. C'est important, puis il faut s'assurer
que les gens se parlent. Encore hier, j'étais en Chaudière-Appalaches pour les Grands
Prix du tourisme, les gens disaient : Les gens ne se parlent plus. Il faut
rebâtir les liens, il faut recréer, retisser ces liens-là. Puis, si notre gouvernement
peut les aider, nous allons le faire. Nous allons le faire, certainement, de
recréer ces liens-là.
Autre élément fort important, l'accompagnement,
une porte d'entrée pour les entrepreneurs, une porte d'entrée pour les acteurs.
En ce moment, particulièrement pour les entrepreneurs, le cas typique, dans
notre ministère, au niveau des PME, c'est qu'on s'aperçoit que les entrepreneurs
ne savent pas où aller chercher les services. Ils ont des beaux plans d'action,
on a des belles mesures, mais les entrepreneurs ne savent pas où aller chercher
les services, ils ne savent pas que ça existe.
Ça fait que comment on fait connaître? L'intérêt
de la communication, de la diffusion des programmes, donc, ça aussi, c'est une préoccupation
que j'ai en faisant cette tournée, actuellement, des régions, de s'assurer que
les programmes soient connus. Il y a les moyens, notre gouvernement offre les
moyens, mais souvent les entrepreneurs ne le savent pas. Ça fait que qu'est-ce
qu'on fait, au niveau des MRC aussi? Oui, les régions administratives, mais
aussi les MRC, qui sont importantes pour nous, qui sont des acteurs
incontournables.
Notre objectif est vraiment d'assurer une
porte d'entrée, entre autres pour les entrepreneurs, puis en espérant que tout
le monde veuille participer. Puis, en fait, c'est ce que les gens disent :
On a besoin de cette concertation, qu'elle soit locale ou régionale, pour faire
évoluer les régions. Puis, en ce moment, on est en train de mettre en place les
conditions gagnantes pour que cela se produise. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la ministre. Nous allons maintenant avec la députée de Labelle pour
cinq minutes.
Mme Jeannotte : Alors, merci,
Mme la Présidente. Je vais procéder aux salutations d'usage. Chers collègues
ministériels, merci, chers collègues de l'opposition et membres de la fonction
publique, mesdames et messieurs, merci de me laisser la parole.
Vous savez, le développement économique
régional, je l'ai dans l'ADN. J'ai travaillé, au cours des 17 dernières
années... j'ai eu la chance de travailler en développement économique régional
via Développement économique Canada, une agence de Développement économique
Canada, donc, pour le Québec, pour la région du Québec.
On parle de leadership. Mon collègue de
l'opposition, le député de Nelligan, nous accuse un petit peu, là, de ne pas
avoir de leadership. Eh bien, vous savez, moi, pour avoir travaillé dans ce
domaine-là pendant les 17 dernières années, je peux vous dire que,
malheureusement, on a laissé beaucoup trop de place au gouvernement fédéral. Et
j'oserais dire que c'est le Parti québécois qui a, lui, mis en place les CLD,
parce que ce sont les SADC qui, au départ, prenaient le plancher puis qui
occupaient toute la place, et c'était grâce au financement du gouvernement
fédéral. Et heureusement que, par la suite, les CLD sont arrivés sur le
terrain. Moi, je pense que ça prend un certain culot pour dire que le
développement économique régional n'a pas été assumé, surtout quand on est du
Parti libéral.
Et je m'explique. Vous savez, nous, ça
fait huit mois et trois jours qu'on est au pouvoir. Bien, je vais vous donner
des exemples concrets, M. le député de Nelligan, dans ma propre circonscription
de Labelle et des Laurentides. Premièrement, le dernier budget, là, on parle de
4,2 milliards seulement pour la région des Laurentides. Donc, ça, si ce
n'est pas du leadership, je ne sais pas c'est quoi. Je vais vous donner
d'autres exemples très, très concrets, je vais vous parler des infrastructures,
Mme la Présidente. La 117, ça fait 15 ans qu'on a des leaders, des maires,
le maire de Lac-des-Écorces, notamment, qui fait les journaux parce qu'il se
débat pour cette infrastructure transcanadienne puis qui n'est pas encore
réglée. Eh bien, en 2011, il y avait une étude qui était là, mais le
gouvernement libéral a dormi, a dormi pendant sept ans et il n'a rien fait. Et
cette infrastructure n'a pas été mise au <PQI...
Mme Jeannotte : ...structure
pancanadienne puis qui n'est pas encore réglé. Eh bien, en 2011,
il y
avait une étude qui était là, mais le
gouvernement libéral a dormi, a
dormi pendant sept ans et il n'a rien fait. Et cette
infrastructure n'a
pas été mise au >PQI avant le printemps 2018, Mme la Présidente,
une mesure purement électoraliste par un ministre libéral.
Alors, vous savez, Mme la Présidente,
quand j'entends parler qu'on n'a pas de leadership, je m'excuse, mais ça ne
passe pas. Nous, ça fait huit mois qu'on est au pouvoir, et la 117 est inscrite
au PQI. Et concrètement, non seulement on parle d'argent, mais on parle
également de présence sur le terrain. Mme la Présidente, le comité SOS 117, qui
défend la 117, a rencontré le ministre Bonnardel pas plus tard qu'au mois de
mars dernier. Ça, c'est du leadership, des ministres qui sont sur le terrain.
Mme Sylvie D'Amours, qui représente toutes les Laurentides, elle est sur
le terrain avec M. Bonnardel. Ça, c'est du leadership. Mes ministres...
Mme Proulx fait du développement économique régional, elle rencontre mes
gens dans le secteur des forêts pas plus tard qu'il y a un mois à
Sainte-Agathe. Ça, c'est du leadership. Ma ministre du Tourisme...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...juste au cas où vous renommiez un autre ministre par son prénom et son nom,
je vous invite à nommer par leur titre les ministres.
Mme Jeannotte : De toute
façon, la liste est tellement longue, Mme la Présidente. Je m'en excuse, mais
nos ministres sont sur le terrain, et ça fait seulement que huit mois que nous
sommes là, et j'en suis très fière.
Donc, au niveau des infrastructures, je
vais juste revenir finir là-dessus, pratico-pratique, là, nous, on a des
interventions très, très, très concrètes. Là, là, cet été, 2019, là, le
réaménagement de l'intersection de la rue Principale à La Conception, le
réaménagement de l'intersection du parc industriel à Rivière-Rouge. On a le
déboisement du recul de la paroi rocheuse et de l'asphalte sur
2,7 kilomètres à Lac-des-Écorces. On agit concrètement dès 2019. Et cette
infrastructure-là est au PQI, et puis je peux vous dire que je travaille ce
dossier-là très fort.
Je vais continuer dans les exemples
concrets. Vous savez, le Parti libéral a dévitalisé nos régions. J'ai
27 municipalités dans mon comté, Mme la Présidente, et tous les maires
sont unanimes, les régions ont été dévitalisées. Ça s'est décentralisé vers
Saint-Jérôme. Je vais vous donner un exemple concret. La semaine dernière, Mme
la Présidente, j'ai annoncé 7,3 millions de dollars au nom de la ministre Mme McCann...
ministre de la Santé, pardon, pour la buanderie de Rivière-Rouge. Eh bien, M.
le député de Nelligan, la buanderie de Rivière-Rouge, c'est 30 emplois,
pas des emplois au salaire minimum, des emplois bien payés. Et quand on parle
de vision de développement économique régional, c'est ça, notre vision de
développement économique régional, des emplois qui vont être bien payés, qui
vont être durables. Parce que la buanderie de Rivière-Rouge...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la députée. Vous avez...
Mme Jeannotte : Ah! j'aurais
tellement aimé vous donner d'autres exemples. Ma liste n'est même pas terminée.
Je vous remercie.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous étiez sur une belle lancée. Alors, nous allons maintenant à la quatrième
série d'interventions avec le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme
la Présidente. Donc, comme à mes habitudes, je fais un test de réalité. Je
rappelle à Mme la ministre qu'elle s'est trompée de chiffre de taux de chômage,
qu'elle a annoncé, de 14,8 % des immigrants. Je lui rappelle que ce
chiffre est vrai, mais il y a 11 ans. Donc, en 2008, le taux de chômage
des immigrants était de 14,8 %. Et, pour donner plus de précisions, le
tableau de Statistique Canada 1410-008301 parle de ce chiffre qui est de l'ordre
de 8 %. Et pour être beaucoup plus précis en termes de chiffres et de
faits, c'est 7,2 % pour Québec en entier en 2018, et que le taux d'emploi
des populations immigrantes, parfois, il dépasse la population locale. Donc,
ça, c'est pour mon test de réalité.
Écoutez, depuis le début, dans ma
présentation, j'ai insisté sur une seule chose. On n'est pas en campagne
électorale, on n'est pas dans un débat télévisé ou un débat pour des candidats.
J'ai demandé gentiment à Mme la ministre de nous dire qu'est-ce qu'elle compte
faire, ne pas nous rappeler les mêmes cassettes et les mêmes réponses pendant
la période de questions, 15 ans... C'est les mêmes mots. Je peux les
énumérer, mais pour profiter de mon temps, je vais plus me concentrer sur mes
questions. Donc, on n'est pas en campagne électorale. C'est les régions qui
vous posent ces questions. Ce n'est pas le député de Nelligan, c'est
l'opposition officielle. Et, si ça vous dérange à ce point-là, le leadership,
écoutez, vous avez cinq minutes pour répondre. Démontrez-nous votre réel
leadership.
• (11 h 10) •
Je salue la députée de Labelle, une région
que je connais très bien. Bravo! vous avez eu du leadership pour votre région.
Bon, si la députée de Labelle dit que son gouvernement va faire plus, car
plusieurs projets sont inscrits au PQI, j'aimerais bien lui rappeler que le Centre
mère-enfant de Sherbrooke était inscrit dans le PQI, mais la ministre de la
Santé a repoussé ça en 2025.
Est-ce que vous avez compris maintenant
pourquoi <il y a...
M. Derraji : ...si
la
députée de
Labelle dit que son
gouvernement va faire plus, car
plusieurs
projets sont inscrits au
PQI, j'aimerais bien lui rappeler que le centre
mère-enfant de Sherbrooke était inscrit dans le PQI, mais la ministre de la
Santé a repoussé ça en 2025.
Est-ce que vous avez compris maintenant
pourquoi >il y a l'inégalité entre les régions? Probablement, vous avez
plus d'écoute, Mme la députée de Labelle. Bravo! c'est ce qu'on espère et ce
qu'on souhaite pour l'ensemble des régions. C'est ça, le test de la réalité.
Et, si ça dérange, ces interpellations, et si la question de leadership
dérange, on va continuer à la faire parce qu'on est là pour défendre les
régions. Je ne suis pas là en campagne électorale pour répondre au député de
Chauveau. On n'est pas là en campagne électorale, on est là pour répondre à des
questions des régions.
Vous êtes au pouvoir depuis octobre,
qu'est-ce que vous êtes en train de faire? C'est quoi, le leadership que la
ministre du Développement économique régional est en train de faire? Elle prend
la défense de quelles régions? Encore une fois, jusqu'à maintenant, je n'ai pas
eu aucune réponse concrète à deux problématiques que j'ai soulevées. La
première, les maternelles quatre ans mur à mur, on me répond une ligne
entrepreneuriale que je connais par coeur. Je rappelle à Mme la ministre que je
connais par coeur le PAGE. Deuxièmement, la rareté de main-d'oeuvre, la pénurie
de main-d'oeuvre, aucune réponse concrète. C'est ça, le leadership que je veux,
et, encore une fois, on peut défendre notre région par notre présence.
Je rappelle au député de Chauveau qu'il y
avait des discussions autour de la Capitale-Nationale. Il y avait des discussions.
J'aimerais bien savoir il était où, le caucus de la Capitale-Nationale, lors de
ces échanges de crédits. C'est ça, le leadership. Donc, encore une fois, c'est
les régions qui vont vous juger, ce n'est pas le député de Nelligan ni
l'opposition officielle. Nous sommes en train de jouer notre rôle et si, pour
M. le député de Chauveau, il ne pense qu'à Montréal, qu'à Montréal, qu'à
Montréal, je n'ai jamais prononcé le mot «Montréal» aujourd'hui. C'est vous qui
prononcez le mot «Montréal», c'est Mme la ministre qui a prononcé le mot «Montréal»,
que vous avez raté une rencontre à Montréal, parce que moi, je ne suis pas venu
aujourd'hui parler de Montréal, je suis venu parler de l'ensemble des régions.
C'est pour cela que je suis là, Mme la Présidente. Je n'ai jamais prononcé le
mot «Montréal», jamais, jamais, et ce n'est pas moi qui va juger aussi les
réponses, c'est l'ensemble des citoyens, c'est l'ensemble de la population
québécoise et c'est l'ensemble des régions.
Donc, encore une fois, Mme la Présidente,
j'aimerais bien que Mme la ministre me rassure par rapport à son leadership au
sein du Conseil des ministres. Jusqu'à maintenant, je n'entends que des slogans
qui me rappellent la période électorale du mois de septembre : Vous n'avez
pas fait, vous avez saccagé, vous avez coupé. O.K. Est-ce qu'on peut passer à
autre chose? Est-ce que vous pouvez nous dir... O.K., nous, la population nous
a punis, O.K. Vous êtes au gouvernement, vous êtes en train de faire quoi? Vous
êtes en train de défendre les régions avec quelle façon? C'est ça, le
leadership. C'est ça, pour moi, le leadership.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le député. La parole est maintenant à la ministre.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Merci, Mme la Présidente. Je commencerais cette tranche de discussion avec une
citation de Mme Céline Hervieux-Payette, sénatrice, qui disait : «Quand on
est à court d'arguments, on peut se permettre d'insulter les gens». On n'est
pas loin de là. Puis je vais ramener ce que j'ai dit en introduction, ça prend
17 fois pour que le message soit intégré. Ça fait que je vais répéter ce
que j'ai dit tout à l'heure, je vais revenir avec mes arguments.
En éducation, au niveau des maternelles
quatre ans, ce qu'on dit, c'est que les maternelles quatre ans...
Une voix
: ...
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Oui. Est-ce qu'il y a quelque chose qui...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, on semble souligner qu'il y a eu...
M. Derraji : Écoutez, vous
êtes tous témoins, je n'ai pas insulté, à court d'arguments. Je pense que mes
arguments sont solides, et qu'elle répond aux arguments. Je n'ai pas insulté,
hein?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'était une citation de toute façon.
M. Derraji : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. O.K. Alors, je vous appelle d'être prudents et prudentes lorsque vous
énoncez vos interventions. Ça vous va? Parfait. Nous poursuivons. Nous avons
arrêté le temps. Nous poursuivons.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
C'était une citation de Mme Céline Hervieux-Payette, non mes mots.
Donc, au niveau des maternelles quatre ans,
ce n'est pas une mesure mur à mur. C'est une mesure où elle permettra la
revitalisation de certaines communautés rurales puisqu'elle permettra de garder
des écoles ouvertes. Pour moi, c'est essentiel et nécessaire. Ensuite, elle
permettra de créer des emplois mieux rémunérés, parce qu'à temps plein pour des
enseignants qui, au lieu de s'en aller vers la ville, vont rester dans
certaines communautés rurales. Pour moi, c'est nécessaire et prioritaire. Cette
mesure est tellement intéressante aussi pour les enfants eux-mêmes, puisque les
enfants pourront bénéficier de meilleurs services dès le plus jeune âge, ce qui
donnera un meilleur encadrement pour les enfants puis de meilleures
possibilités de développement à plus long terme. Ça, c'est nécessaire pour les
enfants du Québec.
Au <niveau...
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
...
tellement
intéressante aussi pour les enfants eux-
mêmes,
puisque les enfants pourront bénéficier de meilleurs services dès le plus jeune
âge, ce qui donnera un meilleur encadrement pour les enfants puis de meilleures
possibilités de
développement à plus long terme. Ça, c'est
nécessaire
pour les enfants du
Québec.
Au >niveau de la main-d'oeuvre,
on l'a mentionné, on a La Grande Corvée. Notre objectif est d'accroître la
participation au marché du travail, autant pour les immigrants avec le MTESS
puis le MIDI. 1,7 milliard de dollars sera injecté sur cinq ans, ce n'est quand
même pas rien. On veut ramener, réinjecter des fonds vers les régions pour
assurer cette intégration et cet accueil des gens. C'est nécessaire.
Ensuite, on veut mieux... Ensuite, il y a l'intérêt
que les gens travaillent davantage ensemble. Comme on l'a mentionné, tout a été
coupé, il faut rebâtir les ponts avec les gens, entre les élus, la société
civile, entre les acteurs qui interviennent à tous les jours, tant auprès des entrepreneurs
que le monde de l'éducation, le monde de la santé. Dans le milieu de la santé,
on a fait un fameux modèle Maisonneuve-Rosemont partout à l'échelle du Québec.
À Maisonneuve-Rosemont, dans le quartier, ça va très bien, ce modèle-là, mais
ça ne s'applique pas à Rimouski, Mme la Présidente. Ça ne s'applique pas pour l'ensemble
de la région du Bas-Saint-Laurent qui connaît des distances démesurées, où les populations
sont dispersées sur un immense territoire. Il faut revoir ces façons de faire
pour mieux occuper notre territoire, assurer un service pour tous.
C'est notre objectif, c'est notre
fondement. Puis mon travail, comme ministre déléguée au Développement
économique régional, c'est de le rappeler continuellement puis de travailler
avec l'ensemble des ministres pour qu'on travaille à occuper notre territoire,
à assurer ce développement de l'ensemble des régions, pas seulement que d'une
région, mais de l'ensemble des régions pour assurer cette équité, cette
occupation puis ramener ce sentiment de fierté partout au Québec. C'est nécessaire
pour nous. C'est ça, le leadership.
Le leadership, c'est aussi d'être dans
l'action, de travailler avec les gens. Quand on est dans nos tournées, ce que
les gens nous disent : Enfin, on nous écoute, on ne fait pas qu'imposer
des mesures. Avant, on nous imposait des mesures, puis ça, nous, on n'est plus
capables. On est capables de créativité. Moi, je crois que les gens, ce sont
les meilleurs experts de leur milieu, ce sont les meilleurs experts du développement
de leur territoire. Il faut les entendre, les impliquer dans le développement,
puis c'est ce que les gens nous reconnaissent. C'est ça, le leadership, Mme la
Présidente. Pour moi, cette écoute et cette participation conjointe, cette
concertation, ce partenariat, permet de développer puis d'assurer le développement
pérein des régions. Ça, pour moi, c'est nécessaire. Il faut se donner cette
véritable vision.
On a aussi la question de la
délocalisation des emplois. On a promis ça, puis c'est quelque chose qu'on va
travailler, 5 000 emplois à créer dans les régions. Le budget le
mentionne de nouveau également. Notre objectif est assez clair là-dessus.
Évidemment, ça ne se fait pas en criant ciseaux. Il faut s'assurer qu'il y ait
des gens qui soient intéressés, mais on veut créer des emplois de qualité en
région, comme dans les écoles, on l'a mentionné, c'est la même chose, dans les
emplois publics. On veut s'assurer que ces postes-là, c'est des postes de
professionnels, des gens qui vont s'établir là. Ça permet aussi d'améliorer
l'économie, la prospérité de chacune des régions quand on a des emplois de
qualité.
Puis c'est ce que notre premier ministre
veut. Notre premier ministre a cette vision des régions. Il a ce désir
d'assurer que l'ensemble des Québécois soit desservi dans leurs services. Pour
nous, c'est prioritaire, on ne le dira jamais assez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la ministre. Je veux prendre quelque temps pour répondre quand même
à la demande du député de Nelligan. J'ai reçu l'information qu'on ne peut quand
même pas dire des propos non parlementaires, même si on cite un document ou une
personne. Alors, merci au député de Nelligan d'avoir porté cette attention.
Nous pouvons poursuivre avec le député,
maintenant, d'Orford.
M. Bélanger : Merci, Mme la
Présidente. Moi, je considère que le ton est quand même très constructif.
J'aime bien le débat. J'adore les débats où le député de Nelligan participe. C'est
toujours... même chose avec les autres députés. Donc, je trouve qu'on avance.
• (11 h 20) •
Je voudrais revenir, par contre, à
l'interpellation qui dit : L'absence de réel leadership du gouvernement
caquiste en matière de vitalité économique régionale. Bon, Montréal est une
région, je l'accorde. Ça reste quand même que c'est une ville centre, c'est une
métropole. Si on enlève Montréal de l'équation, ça fait combien? Ça fait
73 députés sur 75. Ça fait que, dans le fond, ce que vous nous dites, vous
nous dites qu'il y a 73 députés qui manquent de leadership au niveau
régional. Mme la ministre, députée de Côte-du-Sud, a, en termes d'équipe,
25 ministres sur 26 qui sont en région et pour un total de
73 députés, je dis 72 si je l'exclus. Moi, je pense que c'est toute une <équipe...
M. Bélanger : ...
Mme
la ministre,
députée de Côte-Sud, a, en termes d'équipe, 25
ministres
sur 26 qui sont en région et pour un total de 73
députés, je dis 72 si
je l'exclu. Moi, je pense que c'est toute une >équipe formidable. Ça
représente un leadership vraiment, vraiment important.
Là, je veux en revenir avec nos
investissements, mais, avant de parler investissements, j'ai un dernier point à
mentionner sur Internet. Au début de la campagne, on est en septembre 2018.
Radio-Canada dit la chose suivante, un article : «Le Parti libéral du
Québec promet de brancher 100 % des Québécois à Internet haute vitesse
d'ici 2020.» Est-ce réaliste? «En 2016, le gouvernement a annoncé le programme
Québec branché. Deux ans plus tard, combien de foyers ont été connectés? Zéro.»
Actuellement, j'ai hérité de Québec
branché et on est après faire les annonces. On en a encore pour à peu près un
an ou deux sur un programme qui devait être branché en 2020. Je pense qu'en
termes de leadership, on n'a pas de leçon à avoir du parti qui était au pouvoir
l'an passé.
Maintenant, Mme la Présidente, je voudrais
en venir au niveau des investissements que nous prévoyons en région. Je reviens
avec Investissement Québec. Vous savez qu'on va faire la transformation
d'Investissement Québec de façon à le rendre plus performant en région.
Je reviens à mon historique. Entre 2006 et
2018, j'ai fait plusieurs demandes à Investissement Québec pour être capable de
supporter les 40 millions qu'on investissait et le millier d'emplois qui a
été investi dans ma propre circonscription. Zéro réponse.
Notre gouvernement rajoute 1 milliard
sur les 5 milliards déjà au niveau d'Investissement Québec en termes de
budget. C'est une augmentation significative. On peut assumer qu'un très fort
pourcentage de ces investissements-là seront en région. Au niveau des zones d'innovation,
je reviens encore aux zones d'innovation, c'est 320 millions qui est
annoncé au niveau du budget pour les trois prochaines années. La plupart de ces
investissements-là vont se faire en région, près des universités. Internet haut
débit, 1,5 milliard d'investissements au niveau d'Internet haut débit,
notre partenaire du fédéral et le partenaire privé. C'est des investissements
significatifs au niveau des régions.
Si je prends, exemple, des projets, on
pourrait arriver avec des projets en région comme Kativik, 62,6 millions; le
RCGIM, 3,4 millions. COGIM, au niveau des Îles-de-la-Madeleine, on parle
d'investissements de plus de 20 millions. Basse-Côte-Nord, convention
d'aide financière qui est déjà signée pour 11 millions.
Saguenay—Lac-Saint-Jean, construction d'un réseau de 14 sites cellulaires,
Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui vont desservir 11 municipalités, total
7,5 millions. Je vais continuer. Abitibi-Témiscamingue, implantation d'un
réseau de 32 sites cellulaires en Abitibi-Témiscamingue permettant de
couvrir 700 kilomètres carrés, 15,4 millions. La convention a déjà
été signée.
En parlant de convention, ma collègue la
députée d'Antoine-Labelle m'avait invité à une conférence de presse, c'était,
je crois au mois de novembre, mois de novembre ou janvier, pour annoncer
Internet haute vitesse en région, 50 millions, un projet de
50 millions. Le provincial investissait 13 millions. Les journalistes
m'ont rencontré, ils disent : Ça a déjà été annoncé. Comment ça, ça a déjà
été annoncé? Oui, les libéraux l'ont annoncé en 2017. Bien, je dis, la
convention, elle vient d'être signée ce matin.
Ça fait que je pense que ça donne un
exemple de leadership. On n'a peut-être pas de leçon à avoir en termes de
leadership. Et j'en reviens encore à vous confirmer que les 75 députés de
la Coalition avenir Québec sont tous des leaders, et on a une priorité au
niveau du développement de nos régions. Merci, madame.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le député. Nous commençons la cinquième série d'interventions avec le
député du troisième groupe d'opposition. La parole est à vous, M. le député de
Rimouski.
M. LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, tout le monde. Je ne reviendrai pas, là, par rapport à la
période libérale, par rapport aux régions. Ça ne donne rien. Mais je vais vous
dire, CLD, CRE, la CAQ, vous poursuivez dans le même sens que les libéraux ont
fait, là. Il n'y a aucun changement sur le terrain, c'est la même chose. Vous
n'avez pas donné plus de mandats aux CLD, vous n'avez pas plus créé la
concertation régionale avec les CRE. Ma collègue de Rouyn avait bien raison, c'est
la même chose.
Par rapport... même en plus, le ministère
des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, vous avez enlevé
«Occupation du territoire», c'est Affaires municipales et Habitation. C'est
comme si l'occupation du territoire, maintenant, ce n'est plus un mandat. On
l'a enlevé de là.
Maternelles quatre ans, je ne sais pas où
vous prenez que la maternelle quatre ans, c'est une façon de revitaliser le
monde rural, là. Vous allez m'expliquer ça, parce que, là, il y a bien, bien,
bien des affaires autour de la maternelle quatre ans, mais c'est la première
fois que j'entends ça. Je ne vois pas l'affaire. Puis pourtant, les garderies,
les CPE, c'est important et actuellement, on a besoin de ça et c'est très long
de remettre en place, donner des services de garde. Mais, <s'il vous
plaît...
M. LeBel : ...vous allez
m'expliquer ça,
parce que, là,
il y a bien, bien, bien des
affaires autour de la
maternelle quatre ans, mais c'est
la
première fois que j'entends ça. Je ne vois pas l'affaire. Puis pourtant, les
garderies, les CPE, c'est
important, et
actuellement on a besoin
de ça, et c'est très long de remettre en place, donner des
services de
garde. Mais, >s'il vous plaît, expliquez-moi ce que la maternelle quatre
ans peut faire pour sauver l'école de village dans mon coin de pays. Je vais
vous dire... En tout cas, j'ai hâte d'entendre.
La ruralité, je sais que ce n'est pas dans
votre cour, mais on a aboli la politique de la ruralité. Moi, j'aurais apprécié
que la CAQ revienne avec quelque chose du genre, tu sais? Mais encore, les
caquistes proposent des choses, là, les caquistes du Bas-du-Fleuve, puis vous
avez été sur la photo, je vous ai vue, vous proposez que les régions rurales
soient considérées comme des territoires privilégiés. J'aimerais ça avoir un
plan sur le développement de la ruralité.
Il n'y a pas beaucoup de temps. L'économie
bleue, même chose, on n'a rien entendu, au dernier budget, sur l'économie
bleue. Pourtant, c'est important pour nos régions. J'aimerais ça savoir... Vous
dites qu'il va y avoir une stratégie bientôt. J'aimerais ça savoir est-ce qu'il
va y avoir une consultation, puis c'est qui qui mène cette consultation, c'est
où que ça se passe.
5 000 fonctionnaires en région, l'autre
jour, je vous ai parlé de 10 ans, vous disiez que vous ne le saviez pas,
mais je vous ai montré que c'était vraiment du... que c'était sur 10 ans.
J'aimerais avoir le plan. Internet, sept ans... Tu sais, vous parlez d'un
pédalo, le pédalo a beau pédaler par en arrière ou par en avant, mais ça reste
un pédalo, ça ne va pas bien, bien vite. Ça fait que moi, là, Internet haute
vitesse, sept ans, là, moi, je lâche le pédalo. Ça prend un «speedboat». Il
faut que ça aille plus vite.
Cégeps en région, j'aimerais ça savoir c'est
quoi, votre plan, parce que les gens des cégeps sont venus nous présenter des
choses sur l'avenir des cégeps en région. C'est très important, les cégeps, les
universités en région, le financement. J'aimerais ça savoir qu'est-ce que vous
allez... avec ça.
La route 20. L'autre jour, vous m'avez
dit, la route 20 dans le Bas-du-Fleuve, qu'il y avait une décision régionale
d'aller vers la 85. C'est comme si... Puis, un, il n'y a jamais eu de décision
régionale d'aller vers la 85. C'était une excuse des libéraux de ne pas le
faire. Je vous invite à ne pas prendre l'excuse des libéraux. On est capables
de faire la 20 puis faire la 85 en même temps, là. Dans les autres régions, on
est capables de faire plusieurs routes. Je ne sais pas pourquoi que, dans le
Bas-du-Fleuve, il faut choisir. Puis on a une traverse de fromages à
Trois-Pistoles qui fait qu'on retarde tout le trafic dans le Bas-Saint-Laurent.
J'aimerais ça qu'on finisse par s'en sortir, qu'on rajoute, qu'on mette la 20
au PQI puis qu'on arrête de repousser ça à tout bout de champ.
L'autre chose que je voudrais voir, c'est
de... j'y vais en rafale, j'y vais vite, mais j'aimerais ça avoir votre opinion
aussi par rapport à la réforme du mode de scrutin. Ça se discute présentement
puis c'est intéressant. Moi, je pense qu'on... la CAQ, les libéraux, Québec
solidaire, on veut aller vers une réforme du mode de scrutin, mais il y a de
l'inquiétude en région sur le poids des régions, et j'aimerais ça savoir si la
ministre qui s'occupe des régions a une opinion là-dessus.
Bref, ce que je trouve important dans
l'État québécois, quand on parle de régions, c'est horizontal. Tu sais, j'ai
parlé d'économie bleue, j'ai parlé de ruralité, d'Internet, de cégeps, de
transport. C'est plusieurs ministères qui ont ça, plusieurs ministres qui ont
ça, et j'aimerais... quand on parle de leadership, un vrai leadership, c'est de
s'assurer qu'il y ait un plan sur le développement des régions, qu'il y ait un
plan, que chacun des ministères converge vers le même plan pour l'occupation de
notre territoire, et je ne le vois pas. Je ne vois pas... dans tout ça, il y a
des enjeux qui sont majeurs.
Je ne vois pas c'est quoi, le rôle de la
ministre régionale, la ministre qui s'occupe des régions là-dedans. C'est quoi,
son pouvoir de concertation des autres ministères pour faire en sorte qu'on
arrête de travailler en silo puis que tout le monde travaille ensemble? Tu sais,
je vous en ai nommé, là, certains éléments, et on devrait, si on veut avoir une
vraie politique d'occupation du territoire, si on veut vraiment occuper
l'ensemble de nos régions, faire du développement économique. On le sait, la
population est vieillissante dans les régions. Le taux de chômage baisse dans
les régions, mais ce n'est pas parce qu'on a créé de l'emploi, c'est parce
qu'il y a beaucoup de personnes qui sortent du marché du travail. Ça fait
qu'arrêtez de nous péter les bretelles avec la baisse du taux de chômage. Il
faut créer des emplois, il faut emmener des immigrants en région, il faut
emmener du nouveau monde en région, faire de la revitalisation.
Mais, pour ça, ça prend un plan, et
actuellement ce que j'ai l'impression, ruralité, économie bleue, Internet,
cégeps, j'ai l'impression qu'on est tous en silo et qu'il n'y a pas vraiment de
plan pour le développement des régions du Québec.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le député. Nous allons maintenant avec la ministre.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Merci, Mme la Présidente. Je trouve fort intéressante et pertinente
l'allocution de mon collègue député de Rimouski. En effet, il y a beaucoup de
pain sur la planche. Ça, il ne faut pas se le cacher. Je pense que vous avez
fait un portrait, vous avez dressé un portrait de situation juste et réaliste,
et c'est inquiétant, puis c'est ce qu'on travaille à faire à tous les jours,
essayer de renverser la vapeur, évidemment.
• (11 h 30) •
Concernant les maternelles quatre ans, je
pourrais peut-être vous rappeler qu'il y a un nombre minimal d'enfants par
école pour maintenir une école ouverte. Ça, c'est des règles du ministère de
l'Éducation qui ont été mises en place il y a quelques années. Puis, s'il n'y a
pas le nombre d'enfants requis puis particulièrement dans... peut-être pas à
Rimouski même, mais dans le <Bas-Saint-Laurent, plusieurs écoles sont
sous le seuil, mais on maintient sur le respirateur artificiel quelques écoles
de cette manière...
>
11 h 30 (version révisée)
<17915
Mme
Proulx (Côte-du-Sud) : ...ça, c'est des règles du
ministère de
l'Éducation, qui ont été mises en place il y a quelques années, puis, s'il n'y
a pas le nombre d'enfants requis, puis particulièrement dans...
peut-être
pas à
Rimouski même, mais dans le >Bas-Saint-Laurent, plusieurs
écoles sont sous le seuil, mais on maintient sous le respirateur artificiel
quelques écoles de cette manière. Si on arrive à ouvrir des classes de
maternelle quatre ans, bien, on aura un nombre plus élevé qui permettra de
garder les écoles ouvertes. Donc, c'est un calcul mathématique uniquement, là,
ce que j'amène comme argument.
Puis l'autre idée... Vous le savez aussi,
vous perdez des enseignants, des gens formés en Bas-Saint-Laurent, parce qu'il
n'y a pas assez de postes complets, parce qu'il n'y pas de tâche pour les enseignants
parce que les écoles sont trop petites. Donc, ça occasionne... ça amène
vraiment un argument intéressant dans cette perspective-là.
Au niveau de la ruralité et de
l'occupation du territoire, c'est évident qu'en travaillant avec les MRC, en
travaillant avec les élus locaux, les élus régionaux, on travaille dans cette
perspective de la ruralité puis on est très à l'écoute. Comme mon collègue
d'Orford le mentionnait tout à l'heure, on est plusieurs députés provenant des
régions puis on a tous cette préoccupation-là. À tous les jours, on se le
rappelle et on avance en ce sens, et notre objectif est d'avancer ensemble, de
travailler avec les acteurs de la région. Pour moi, c'est la clé du succès. Ce
n'est pas d'imposer des modèles, d'imposer des politiques, d'imposer des plans
d'action.
La stratégie de développement économique
régional qu'on va mettre en place au cours des prochains mois va se faire avec
les acteurs concernés. Puis vous avez raison, c'est une question d'approche
horizontale. Comme dirait un de mes collègues, on va désiloter, hein, on va
enlever les silos. Puis ça, moi, c'est une de mes préoccupations puis une des
raisons pourquoi je fais de la politique aujourd'hui, c'est que, si on continue
de travailler en silo... puis malheureusement les silos se sont solidifiés au cours
des dernières années, chacun est dans sa petite bulle. C'est comment on fait
pour travailler en horizontal parce que les problématiques que vivent les
communautés rurales et les régions actuellement ne se règlent pas en silo. On
n'a plus les moyens de l'État-providence, nous avons peu de moyens. Mais
comment on le travaille ensemble? On est créatifs, on est innovants.
Notre gouvernement, je le rappelle, pour
les cinq prochaines années, c'est 715 millions de dollars qui vont être
investis pour dynamiser les régions. Pour moi, ce n'est pas rien. On est près
du milliard de dollars. Puis, s'il le faut... ça, c'est seulement que sur le
budget maintenant. On pourra en remettre. C'est important, vous avez parlé de
concertation, je l'ai mentionné tout à l'heure, je le répéterai que c'est
prioritaire pour moi. Tout le monde est préoccupé, mes collègues au Conseil des
ministres. J'ai des oreilles très attentives. Je vous rappelle que je suis
aussi au Conseil du trésor, Conseil du trésor où se décident les grands enjeux,
les grands projets, puis, pour moi, ça fait partie de mon approche. Je suis
rendue la tannante des régions, mais la tannante des régions va devenir la cool
des régions bientôt parce qu'on va travailler tout le monde ensemble, puis
c'est pour les régions qu'on le fait, c'est pour l'ensemble des régions qu'on
va le faire puis qu'on va le travailler ensemble. Je ne serai pas toute seule
là-dedans, puis on va passer à l'action. Ne vous inquiétez pas, mon cher
collègue. Pour nous, c'est prioritaire et nécessaire. Donc, c'est ça.
L'approche horizontale, c'est tous les
secteurs. Moi, je crois aussi beaucoup à l'apport de la société civile, des
élus puis des experts qu'il y a dans chacune des régions. Pour moi,
l'innovation, puis ça, c'est un dossier qu'on n'a pas encore traité aujourd'hui
puis qui me tient énormément à coeur, c'est comment amener l'innovation dans
nos territoires puis dans nos entreprises, en l'occurrence, entre le milieu de
la recherche, hein... nos régions connaissent, via les cégeps, via les
universités, les CCTT, les centres de recherche où est-ce qu'on innove, où les
chercheurs ont une créativité incroyable... avec nos entreprises qui ont des
besoins particuliers. Mais malheureusement, c'est souvent un dialogue de sourds
parce que ce n'est pas les mêmes compétences entre le monde de la recherche et
le monde des affaires.
Donc, comment on fait via... entre autres,
dans ce cas-ci, ce sera les pôles régionaux d'innovation qui auront ce mandat
d'assurer le lien entre le monde de la recherche et les entreprises. C'est
susciter cette chaîne d'innovation, rapprocher le monde de la recherche avec le
monde de l'entreprise pour augmenter cette prospérité au Québec. Pour moi, ce
n'est pas rien, parce que ça n'a pas encore été fait...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la ministre. Nous allons maintenant immédiatement avec le député de
Chauveau. Merci.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Tout d'abord, permettez-moi un commentaire à mon
collègue estimé de Rimouski. Je lui rappelle, parce qu'il apportait beaucoup
d'éléments très intéressants, tout à l'heure, dans sa déclaration, je lui
rappelle quand même, j'ai eu le privilège de siéger entre 2012 et 2014, et le gouvernement
du Parti québécois était là. Il y a beaucoup d'éléments que le collègue
mentionne — donc, son gouvernement a été là pendant 18 mois — qui
n'ont pas donné d'impulsion à ces projets-là. Je veux simplement le rappeler.
C'est quand même intéressant, mais il y a un petit bout qui est comme ça.
Maintenant, Mme la Présidente,
tournons-nous vers l'avenir. Le député de Pontiac critiquait, lors de
l'interpellation au niveau des crédits, que la ministre n'a pas encore imposé
sa vision, imposé sa vision, et qu'il avait hâte de connaître sa vision. Bien,
moi, ce que réponds à ça, Mme la Présidente, c'est : La ministre <prend...
M. Lévesque (Chauveau) : ...
député de Pontiac critiquait, lors de l'
interpellation
au niveau
des crédits, que la
ministre n'a pas encore imposé sa vision, imposé sa
vision, et qu'il avait hâte de connaître sa vision. Bien, moi, ce que je
réponds à ça,
Mme la Présidente, c'est : La
ministre >prend
le temps de faire une tournée des régions pour être capable d'établir correctement
sa vision. Elle en a énoncé beaucoup, d'éléments, aujourd'hui, mais elle
poursuit cette réflexion-là pour travailler par les régions, pour les régions.
C'est important d'impliquer nos partenaires.
Mais il y a une chose qui est sûre, Mme la
Présidente, c'est qu'il y a quand même des visions qui s'affrontent, des
visions qui s'affrontent entre l'équipe précédente et l'équipe actuelle.
L'équipe précédente travaillait avec une logique du rapport Higgins, Martin et
Raynauld, qui a été produit en 1971. Cette logique-là nous dit : Si on
développe la ville centre, si on développe Montréal, si on développe vraiment
notre métropole... ce qui n'est pas faux, il faut continuer à développer
la métropole, je ne veux pas opposer les deux, mais si on développe la
métropole, c'est clair que les autres régions vont suivre. Il y a comme une
impulsion créée par la ville centre.
D'ailleurs, dans le rapport, on disait,
puis permettez-moi de le citer : «Nos options consistent à favoriser
l'expansion de Montréal, à y stimuler les activités de développement, à
renforcer la position concurrentielle de Montréal sur les [grands] marchés
internationaux et canadiens, à encourager la déconcentration de Montréal vers [la]
zone périphérique de façon à obtenir un certain nombre de villes de
100 000 habitants et plus, à multiplier les effets d'entraînement de
Montréal auprès de la zone périphérique et des autres régions du Québec par une
politique de croissance — distincte d'une politique de développement,
Mme la Présidente — visant à intégrer les régions du Québec aux
circuits montréalais et partant aux circuits canadiens et étrangers.» Bien,
vous voyez ce que ça a donné. C'est ça que ça a donné, la vision économique du
gouvernement libéral.
Je veux répondre à une autre question
avant de poursuivre, Mme la Présidente. Le député de Nelligan, tout à
l'heure... Je me suis senti interpelé. Il m'a demandé, il nous a demandé
collectivement où étaient les députés de la Capitale-Nationale pour les crédits
de la Capitale-Nationale. Eh bien, je lui réponds que le matin même, mercredi
matin, j'étais en compagnie de la vice-première ministre, ministre responsable
de la Capitale-Nationale, pour l'annonce d'un programme qui s'appelle le
Programme appui aux actions régionales, le PAAR. Eh bien, la ministre a annoncé
une bonification de 5,8 millions à 10 millions pour la
Capitale-Nationale. Ça fait que c'est là qu'on était, Mme la Présidente, on
était à une annonce qui double les investissements au développement régional de
la Capitale-Nationale. Ce n'est pas beau, ça? Eh bien, moi, je trouve que c'est
intéressant.
Puis je veux être positif, Mme la
Présidente, il me reste 1 min 30 s. Il faut parler positif, le
leadership de la Coalition avenir Québec et de la ministre en particulier. Il y
a plein de projets. Le développement de l'entrepreneuriat, il y a un
28,7 millions qui est prévu pour aider les organismes qui soutiennent
l'entrepreneuriat. On va développer davantage d'écoles d'entrepreneuriat. Bien,
nos régions se développent aussi à partir de petits entrepreneurs qui tantôt
seront grands. Il y a beaucoup de ça. Notre gouvernement veut travailler à Place
aux jeunes. Je pense que le député de Rimouski est très sensible à ça. Il y a
tellement de jeunes, dont moi-même... je n'en suis pas une victime... non, non,
mais moi-même, j'ai quitté la Côte-Nord, Mme la Présidente, pour m'en aller
vers Québec. Bien, il y en a tellement de personnes qui font la même chose,
alors il faut favoriser le maintien, idéalement, de nos jeunes en région.
Et je veux, en terminant, Mme la
Présidente, vous dire que j'ai connu la ministre à l'époque du Conseil
permanent de la jeunesse, il y a une vingtaine d'années, un petit peu moins,
une quinzaine d'années. Et, à cette époque-là... un autre organisme que la
hache a été mise par les libéraux. Eh bien, à cette époque-là, elle avait
déjà sa vision de développement économique régional, forte de sa maîtrise dans
ce domaine-là, de l'Université du Québec en Outaouais, et je peux vous
affirmer, Mme la ministre, qu'elle n'a pas changé d'un iota, cette vision,
seulement bonifiée.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le député. Nous laissons maintenant la parole au député de Nelligan.
Il ne vous reste qu'une minute.
• (11 h 40) •
M. Derraji : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je pense sérieusement qu'il y a un réel malaise par rapport au
mot «leadership». Le mot «leadership» ne signifie pas exposer le C.V. de
quelqu'un, le mot «leadership» ne veut pas dire parler d'une région en
particulier. J'ai, dès le début, parlé de la transversalité. Aujourd'hui, là,
ma proposition, c'est comment on peut, tous ensemble, répondre aux régions.
Vous avez pris l'habitude, dès le début, à
répondre au député de Nelligan, représentant de l'opposition officielle. Je
vous ai dit, dès le début : Répondez aux régions. C'est les régions qui
vous écoutent. J'aurais aimé voir des plans d'action. J'aurais aimé avoir du
concret. Par contre, ce que j'ai entendu depuis le début, c'est l'ancienne
période. On peut passer à autre chose. J'aimerais bien que... Mme la ministre,
il lui reste 10 minutes. J'espère que Mme la ministre va rassurer la <population.
M. Derraji : ...aux
régions. C'est les régions qui vous écoutent. J'aurais aimé voir des
plans
d'action. J'aurais aimé avoir du concret.
Par contre, ce que j'ai
entendu depuis le début, c'est l'ancienne période. On peut passer à autre
chose? J'aimerais bien que...
Mme la ministre, il lui reste
10 minutes. J'espère que
Mme la ministre va rassurer la >population.
Qu'elle oublie le député de Nelligan, c'est la population qui doit écouter ses
plans, ce n'est pas le député de Nelligan uniquement. Aujourd'hui, je me porte
voix des régions. C'est vous, les députés caquistes, que vous prononcez aujourd'hui...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci, M. le député de Nelligan. Merci.
Conclusions
Nous en sommes maintenant rendus à la
conclusion et aux deux dernières interventions. D'abord, Mme la ministre, avec
10 minutes, et nous terminerons avec M. le député de Nelligan pour un
autre 10 minutes. Mme la ministre, à vous pour 10 minutes.
Mme Marie-Eve Proulx
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
Merci, Mme la Présidente. C'est avec une grande fierté que j'assume les responsabilités
de ministre déléguée au Développement économique régional car je sais que la
vitalité économique des régions est une priorité de notre gouvernement. Nous
voulons redonner plus de place aux régions et leur offrir davantage d'autonomie
afin qu'elles puissent agir sur leur propre développement, que les régions
deviennent des acteurs de leur changement, des acteurs, des leaders elles-mêmes
de la prospérité économique du Québec. Nous allons poursuivre notre travail
pour développer et mettre à la disposition des entreprises des outils de développement
efficaces afin de faciliter leur démarrage, leur croissance et assurer leur
existence à plus long terme. En fait, nous allons mieux soutenir les
entrepreneurs à toutes les étapes du développement de leur entreprise.
Comme nous le savons tous,
l'entrepreneuriat est l'une des clés de la prospérité économique du Québec et
de ses régions. Il faut soutenir nos entrepreneurs, entre autres via les écoles
d'entrepreneuriat du Québec, via des mesures comme le microcrédit qui va aider
l'ensemble des jeunes et des moins jeunes à développer des entreprises, à faire
preuve d'audace. Il est important que l'intervention du gouvernement soit
modulée en fonction des spécificités de chacune des régions. Ça, je ne le dirai
jusqu'à assez, puis vous pouvez compter sur moi, sur mon leadership, pour mener
ce message aux principaux concernés, aux acteurs locaux, mais aussi aux acteurs
gouvernementaux au sein même des ministères.
Ainsi, la présence du ministère de
l'Économie et de l'Innovation sur tout le territoire québécois, par l'entremise
de ses 17 directions régionales, permet d'assurer une intervention selon
les besoins spécifiques des régions. Et, avec Investissement Québec qui s'en
vient, on va intensifier cette approche de travail au niveau des régions. Le
ministère travaille en concertation avec les instances locales pour appuyer les
clientèles et répondre aux besoins spécifiques du développement des affaires,
mais aussi avec une vision concertée de l'ensemble des régions. Les conseillers
régionaux du ministère peuvent notamment offrir un accompagnement, un conseil
stratégique et une intervention personnalisée auprès des dirigeants sur toutes
les fonctions de l'entreprise. Et ça, c'est nécessaire pour que chacun continue
d'exister comme entreprise et entrepreneur.
C'est important aussi de soutenir les
dirigeants dans l'élaboration de leurs solutions d'affaires, puis de développer
leur propre vision, puis de s'assurer que les entreprises ne travaillent pas en
vase clos, qu'elles travaillent aussi avec les acteurs régionaux. Je dis
souvent dans mes tournées qu'une entreprise ne se développe pas et ne se
déploie pas dans un désert social. Ça, ça veut dire que ça prend des services
de qualité, ça prend des gens mobilisés, ça prend des activités pour les
enfants, ça prend des écoles ouvertes pour les enfants, Mme la Présidente.
C'est nécessaire, et on va accompagner les milieux à mieux se développer pour
s'assurer... puis que les entreprises travaillent avec le milieu également. Il
en va de la vitalité économique des régions.
Le ministère également organise des
sessions de formation et des réseaux d'entreprises. On en a parlé souvent
aujourd'hui, l'importance de la concertation, du réseautage, du travail
ensemble. C'est nécessaire pour faire évoluer les régions. On a du rattrapage à
faire, Mme la Présidente, puis c'est ce qu'on constate depuis mon arrivée en
poste, il y a six mois. Mes collègues l'ont mentionné à maintes reprises, on a
du rattrapage à faire. C'est difficile de parler de développement quand on a
tout ce rattrapage à faire.
C'est important aussi, notre ministère est
là pour ça, de soutenir les entreprises pour l'industrialisation 4.0. Ça,
l'industrie 4.0, ça veut dire l'automatisation, robotisation pour que les
entreprises soient plus performantes partout au Québec. Appuyer les entreprises
au niveau de l'exportation, développer les marchés hors Québec, le Québec a une
position géographique enviable comme porte, comme ouverture vers les marchés
européens et vice et versa. On veut en profiter. Il faut en faire bénéficier à
nos entreprises québécoises. C'est important également de soutenir, fournir une
aide financière en fonction des besoins des entreprises et des programmes
existants. La réforme qu'on s'apprête à faire avec Investissement Québec va
transformer le soutien économique, le soutien financier aux entreprises. Vous
pourrez rester surpris à ce moment-là.
La vitalité des régions repose en grande
partie sur l'implication des acteurs régionaux et des organismes locaux, de
même que sur le dynamisme des entreprises, plus particulièrement des PME. On
l'a assez dit aujourd'hui, mais je tiens à le répéter, puisque ça prend
17 fois avant qu'un message soit intégré.
L'entrepreneuriat est <un...
Mme Proulx (Côte-du-Sud) : Vous
pourrez rester surpris
à ce moment-là.
La vitalité des régions repose en
grande partie sur l'implication des acteurs régionaux et des organismes locaux
de
même que sur le dynamisme des
entreprises, plus
particulièrement des
PME. On l'a assez dit
aujourd'hui, mais je tiens à le répéter,
puisque
ça prend 17 fois avant que le message soit intégré.
L'entrepreneuriat est >un
puissant moteur de croissance et de création de richesse. Il permet de
renforcer et de diversifier le tissu économique des régions par la création et
le maintien d'emplois, par une innovation accrue. Il faut passer en mode
innovation. Ça fait des années qu'on parle d'économie du savoir, mais on
accompagne mal nos entreprises à assurer cette innovation pour qu'elles se
démarquent. Nous devons se démarquer au Québec, puis c'est ce que notre gouvernement,
notre premier ministre tient à faire pour les prochaines années. On veut se
démarquer. Puis aussi, il faut développer des nouveaux secteurs d'activité pour
mieux se positionner. Il y a plein de marchés qu'on ne connaît pas encore puis
il faut être prêts en formant nos jeunes, en ayant une éducation de qualité, en
développant des compétences aussi, puis ça commence entre autres par les
maternelles quatre ans, je tiens à vous le rappeler.
Le gouvernement du Québec met à la disposition
des PME plusieurs programmes et leviers financiers efficaces pour les aider à
chacune des étapes de leur parcours tout en tenant compte de leur réalité
régionale. Il y a un travail incroyable qui se fait de la part de la fonction
publique, de la part des professionnels qui travaillent avec nous à tous les
jours puis qui veulent faire évoluer le Québec, eux aussi, puis ça, c'est
important de le souligner aujourd'hui.
Je rappelle les programmes qu'on met de
l'avant au cours des prochaines années, puis ça, ça vient de nous. En six mois
seulement, on a décidé d'aller de l'avant avec les écoles des entrepreneurs du
Québec qui visent à développer des compétences des entrepreneurs. On a
réinvesti plus de 7 millions de dollars, au cours des prochaines années,
en Femmessor. Après ça, il y a le réseau de mentorat qu'on continue de
soutenir, même si ce n'est pas notre gouvernement qui l'a soutenu d'abord,
parce que nous, la partisanerie puis les stratégies électoralistes, on essaie
de mettre ça de côté pour faire évoluer le Québec.
Après ça, l'École d'entrepreneurship de
Beauce aussi, qui est un modèle en soi, je pense, qui soutient des
entrepreneurs aguerris qui ont un niveau d'expertise inégalé. C'est un beau
modèle qu'on doit valoriser au Québec. Ensuite, les centres de transfert
d'entreprise, oui, ils sont là, mais il faut intensifier le repreneuriat et le
transfert d'entreprise au Québec. C'est nécessaire puisqu'on est dans un
contexte de pénurie de main-d'oeuvre. On ne peut pas parler uniquement de
création d'entreprise. Il faut surtout miser, particulièrement en région, sur
le repreneuriat, parce qu'il y a de belles entreprises qui sont appelées à
disparaître si on n'intensifie pas cet accompagnement, puis, pour moi, c'est
très, très préoccupant.
Les fonds locaux d'investissement qu'on a
reconduits, Mme la Présidente, on a rajouté trois ans par MRC de fonds que les
gens peuvent gérer chez eux, puis on va évaluer le programme pour s'assurer
qu'il réponde... que ce programme répond exactement encore aux besoins des
entreprises et des responsables par MRC. Femmessor, je l'ai dit. La démarche
ACCORD, moi, qui me plaît énormément, c'est une démarche qui existe quand même depuis
le début des années 2000 puis qui met en valeur des secteurs d'excellence dans
chacune des régions, qui formalise des secteurs d'activité également, qui
permet de pousser plus loin, qui facilite l'exportation puis l'innovation dans
ces secteurs d'activité. Donc, c'est merveilleux, on doit continuer d'aller de
l'avant avec ça. Il y a des réussites et des résultats fascinants.
Ensuite, dans le budget 2019‑2020,
évidemment, on a bonifié la capitalisation d'Investissement Québec, lui
permettant d'intervenir davantage auprès des entreprises à partir de ses fonds
propres, notamment sous forme de prises de participation. Ça, là, ça veut dire
qu'on va avoir plus de marge de manoeuvre. Puis dans notre approche, la place
des régions est sine qua non. Ce n'est pas vrai que c'est en centralisant
l'analyse de projets qu'on comprend les subtilités de chacune des régions. Puis
ça, on l'a compris dans Investissement Québec, puis ça, ça fait partie de notre
leadership, Mme la Présidente. Pour moi, c'est clair qu'en intervenant
directement dans les régions, on se démarque des 15 dernières années.
Il y a eu des crédits supplémentaires de
36 millions de dollars sur trois ans pour le programme Essor aux
entreprises... plus grand nombre de secteurs d'activité et de permettre la
réalisation de plus d'interventions. J'ai parlé tantôt du microcrédit, des
projets MicroEntreprendre. On investit dans La Ruche dans chacune des
régions, La Ruche qui est un modèle quand même fort intéressant, mais on
met 3 millions de dollars pour que des plateformes locales et régionales
se déploient partout sur le territoire.
Comme ça le démontre, il y a beaucoup,
beaucoup, beaucoup de programmes, de projets. Les sommes sont là, ce n'est pas
les moyens qui manquent. Ce qui manque souvent, c'est la connaissance. Ça va
prendre des vecteurs puis des synergies pour que ces ressources et ces mesures
soient mieux connues dans chacune des régions du Québec et que les acteurs
puissent en faire bénéficier soit les entreprises, soit les organismes. Donc,
nous, c'est là qu'on va miser. Notre stratégie, là, elle va être là beaucoup,
parce que les moyens sont là, Mme la Présidente.
• (11 h 50) •
Mon collègue l'a mentionné, mon collègue
d'Orford, 400 millions pour l'accès à Internet. On veut le faire
rapidement, c'est <l'électrification...
Mme Proulx (Côte-du-Sud) :
...en faire bénéficier soit les
entreprises, soit les organismes. Donc,
nous, c'est là qu'on va miser. Notre stratégie, là, elle va être là
beaucoup
parce que les moyens sont là,
Mme la Présidente.
Mon collègue l'a mentionné, mon
collègue
d'Orford, 400
millions pour l'accès Internet. On
veut le faire
rapidement, c'est >l'électrification du XXe siècle.
400 millions, plus les mesures fédérales et les entreprises qui vont aussi
participer. On en a parlé aussi, pénurie de main-d'oeuvre, on travaille fort à
ce niveau-là, c'est important pour nous.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je vous invite à conclure rapidement.
Mme Proulx (Côte-du-Sud) : Je
rappelle, mon mot final, c'est qu'on veut travailler en fonction de chacune des
spécificités des régions puis dans un souci d'équité interrégionale. Pour moi,
c'est nécessaire, et vous pouvez compter sur moi pour mettre de l'avant cette
philosophie.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la ministre. Nous donnons maintenant la parole au député de Nelligan
pour la dernière intervention. Vous disposez de 10 minutes.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, l'ensemble, mon interpellation et l'interpellation de mon
groupe parlementaire aujourd'hui, j'avais... nous avons eu un souhait, le
souhait que nous avons eu, c'est, comme les collègues l'ont mentionné, c'est
questionner le leadership, mais questionner le leadership avec quelle façon,
pas en questionnant le C.V. de la ministre. C'est en cherchant une réponse, de
quelle façon transversale la ministre déléguée travaille au sein de son Conseil
des ministres.
Malheureusement, Mme la Présidente, je
n'ai pas eu de réponse convaincante. Je vais commencer avec la dernière de mon
collègue de Rimouski, aucun mot, aucun mot sur la prochaine réforme du mode de
scrutin. C'est une question légitime. S'il y a quelque chose qui va cibler les
régions, c'est cette réforme. J'aimerais bien entendre, ça n'a pas été le cas
aujourd'hui. Mme la ministre, défendre les régions au courant des prochains
jours. C'est ça, le leadership.
Parlons des maternelles quatre ans. Mme la
ministre, j'espère qu'elle va avoir le leadership nécessaire et le courage
d'aller dire à Mme Audrey D'Anjou, responsable du service de garde scolaire en
milieu familial privé à Saint-Pacôme, de lui présenter l'étude d'impact de la
maternelle quatre ans. La maternelle quatre ans aura un impact majeur sur le
réseau des services de garde. Ce n'est pas nous qui le dit, c'est le ministère
de l'Éducation, Mme la Présidente. On fait une analyse d'impact réglementaire
qui ne dit pas, une seule fois, le mot «régions». C'est ça, le leadership, Mme
la Présidente. C'est que, quand on sait qu'une région... ou des régions
menacées, on se lève et on critique. Et on peut partager la même vision avec
Mme la ministre, parce qu'on n'est pas là en train de faire de la partisanerie,
nous sommes là pour défendre l'intérêt des régions.
Je rappelle à Mme la ministre, le milieu
familial va souffrir de la maternelle quatre ans. C'est des entrepreneurs,
c'est des femmes en grande majorité. L'impact financier est de l'ordre de
202 millions de dollars. C'est la fermeture, Mme la Présidente, de
2 317 milieux familiaux. Au niveau des garderies privées subventionnées,
encore une fois, c'est des entrepreneurs, encore une fois, c'est des
employeurs. L'impact financier sur les régions, c'est 182 millions de
dollars. C'est l'abolition de 910 postes. Les régions n'en veulent pas de la
décision de votre gouvernement des maternelles quatre ans. C'est ça, le
leadership, Mme la Présidente, par rapport aux régions.
Dans bon nombre d'écoles, il n'y a même
pas assez d'inscriptions pour ouvrir une seule classe de maternelle quatre ans.
Il est où, le leadership, Mme la Présidente? La ministre est un témoin passif
du massacre du réseau des services de garde par son gouvernement. Il est où, le
leadership, Mme la Présidente?
Mme la Présidente, depuis tout à l'heure,
la ministre responsable nous parle de programmes que je connais par coeur.
C'est des programmes en grande partie lancés par notre gouvernement. Mme la
ministre nous parle du taux de chômage des immigrants. Malheureusement, elle
s'est trompée de ce taux de chômage.
La revitalisation des maternelles quatre
ans est épouvantable. La Grande Corvée nous a démontré que c'est presque une
photocopie de la stratégie nationale de main-d'oeuvre. Mais, encore une fois,
qu'est-ce qu'on fait au gouvernement? On tablette les stratégies, on fait des
tournées, on écoute, et les régions peuvent attendre. C'est la même chose avec la
stratégie des pôles d'innovation que j'ai, à plusieurs fois, rappelé à Mme la
ministre que c'est inacceptable qu'en date d'aujourd'hui, il y a uniquement cinq
régions qui ont reçu le financement : sa région, 280 000 $;
Montréal, 280 000 $; Laval, 130 000 $; Lanaudière,
200 000 $; les Laurentides, 200 000 $. Sur la table du <ministère...
M. Derraji : ...qu'en date
d'aujourd'hui,
il y a
uniquement cinq régions qui ont reçu le
financement:
sa région, 280 000 $; Montréal, 280 000 $; Laval,
130 000 $; Lanaudière, 200 000 $; les Laurentides,
200 000 $. Sur la table du >ministère, Mme la Présidente, il y
a 27 projets pas encore traités. C'est ça, le leadership.
Parlant de la pénurie de main-d'oeuvre,
pour moi, un leader, quand il voit une menace qui frappe notre économie, c'est
ça, la priorité. Nous sommes tous convaincus que la pénurie de main-d'oeuvre
frappe l'ensemble des régions. Mme la Présidente, cette semaine, nous avons eu
l'occasion, au sein de ce Parlement, de rencontrer l'Association des
restaurateurs du Québec. Vous savez quoi, Mme la Présidente? L'ensemble de
cette délégation ne parlait d'une seule chose : Aidez-nous, on cherche des
employés. Il y a des fermetures. J'ai parlé tout à l'heure de la région de
l'Estrie, où un restaurateur, malheureusement, ferme dimanche et lundi.
C'est un scandale parce qu'au lieu de
mettre en place la stratégie nationale de main-d'oeuvre qui, je rappelle à nos collègues
des régions, c'est un consensus... J'ai participé, il y avait les syndicats et
il y avait le côté patronal et les organismes communautaires. Qu'est-ce qu'on a
fait de ce rapport? On le tablette et on lance une corvée. Les gens veulent des
solutions. C'est ça, pour moi, Mme la Présidente, le vrai leadership.
Parlant d'Investissement Québec, une
capitalisation d'un million de dollars, quand j'ai questionné le ministre de
l'Économie, c'est pour les entreprises dites stratégiques. Le député d'Orford,
il était là. Pour moi, Mme la Présidente, les entreprises dites stratégiques,
c'est l'ensemble de nos PME du Québec. J'aurais aimé avoir une idée très claire
de la part de la ministre déléguée au Développement régional, une réelle
discussion pour avoir un impact réel sur nos PME. C'est ça, encore une fois,
Mme la Présidente, le leadership.
Somme toute, nous avons donné la chance,
en toute bonne volonté, Mme la Présidente, à Mme la ministre de nous parler de
sa vision du développement économique régional. L'ensemble des éléments ou les
faits que Mme la ministre avait à nous présenter aujourd'hui se résument juste
dans un seul angle. C'est l'entrepreneuriat, les écoles d'entrepreneuriat que
nous avons lancées au dernier mandat. Il y avait l'ajout de quelques écoles,
parler du CTEQ qui a été lancé en 2015, de parler de plusieurs autres
initiatives. Mais quand je parle, Mme la Présidente, que je cherchais
aujourd'hui la transversalité, vous savez quoi, c'est quoi la transversalité,
Mme la Présidente? Je cherchais quelqu'un qui va taper la porte de l'ensemble
des ministères, parce que ce n'est pas vrai, c'est qu'uniquement il y a... le développement
économique d'une région va passer uniquement par l'entrepreneuriat. C'est la
somme et l'addition de plusieurs choses, y compris la main-d'oeuvre.
La vitalité économique de certaines
régions passe par la disponibilité de la main-d'oeuvre. Aucun mot par rapport
au rejet des 18 000 dossiers. Aucun mot par rapport aux personnes qui
vivaient sur le territoire québécois, que le gouvernement caquiste voulait
renvoyer parce qu'il voulait mettre en place son projet de loi n° 9.
Heureusement, Mme la Présidente, que la cour a dit non. Heureusement que la
cour a décidé d'arrêter la décision du ministre de l'Immigration.
Et nous sommes encore très inquiets, très
inquiets, au sein de notre formation politique, du réel leadership par rapport
au développement économique au niveau de nos régions. Je salue la députée de
Labelle qui nous a énuméré beaucoup d'exemples. Je vous salue. Je vous salue, mais
vous savez quoi, Mme la députée de Labelle? J'aurais aimé recevoir la même
liste de la part de la ministre du Développement économique pour l'ensemble du
territoire. C'est exactement le même mot que Mme la ministre a utilisé au
début : l'équité entre les régions, le respect des régions. C'est des
inégalités incroyables. Bien, justement, on va répondre quoi à la région de
l'Estrie? Qu'on va remettre en 2025? C'est ça que j'aurais aimé recevoir
aujourd'hui.
• (12 heures) •
Et pour moi, Mme la Présidente, le premier
test de réalité par rapport au leadership de Mme la ministre déléguée au
Développement régional est un échec, à mon avis, un échec, et je ne pars pas <rassuré.
Et je laisse la population qui nous a écouté aujourd'hui le soin de faire leurs
propres conclusions par rapport à la réelle volonté...
>
12 h (version révisée)
<17923
M.
Derraji : ...
Mme la ministre déléguée au
Développement
régional est un échec,
à mon avis, un échec, et je ne pars pas >rassuré.
Et je laisse la population qui nous a écoutés aujourd'hui le soin de faire leurs
propres conclusions par rapport à la réelle volonté de Mme la ministre à être
la porte-voix et la personne qui va se lever au sein du Conseil des ministres et
dire que ces décisions, y compris les maternelles quatre ans, est une très
mauvaise décision, et il faut arrêter ça. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le député de Nelligan. Écoutez, merci à toutes et à tous pour vos interventions.
Nous terminons dans le délai. Excellent.
Alors, nous levons la séance et la commission,
puisque nous avons accompli notre mandat, et nous ajournons donc nos travaux
sine die.
Bonne fin de journée à tous. Bonne fin de
semaine et bon repos. Nous en avons besoin.
(Fin de la séance à 12 heures)
>