Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, August 18, 2020
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Vol. 45 N° 55
Examination of the 2019-2020 estimates of expenditure
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15 h 30 (version non révisée)
(Quinze heures cinquante-neuf minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, à l'ordre! Bonjour, tout le monde. Alors, ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Stratégie numérique des crédits budgétaires du portefeuille Conseil
du trésor et Administration gouvernementale pour l'exercice financier 2020‑2021.
Une enveloppe de deux heures a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
• (16 heures) •
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Alors : Mme Dansereau (Verchères) est remplacée par Mme
Hébert (Saint-François); M. Jacques (Mégantic) est remplacé par M. Thouin
(Rousseau); Mme Jeanotte (Labelle) est remplacée par Mme Guillemette
(Roberval); M. Derraji (Nelligan) est remplacé par Mme Rizqy (Saint-Laurent);
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est...
16 h (version non révisée)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...a été alloué pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Alors, Mme Dansereau (Verchères) est remplacée par
Mme Hébert (Saint-François); M. Jacques (Mégantic) est remplacé par
M. Thouin (Rousseau); Mme Jeannotte (Labelle) est remplacée par Mme
Guillemette (Roberval); M. Derraji (Nelligan) est remplacé par
Mme Rizqy (Saint-Laurent); M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve) est
remplacé par M. Marissal (Rosemont) et Mme Richard (Duplessis) est
remplacée par M. Ouellet (René-Lévesque).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Nous allons procéder aux échanges entre les groupes d'opposition et le ministre
par blocs. Pour permettre à chaque groupe d'opposition d'écouler graduellement
son temps de parole, le temps d'échange inclut les questions et les réponses.
Je fais appel à votre collaboration pour que le temps des réponses soit
proportionnel au temps des questions comme le veut la pratique.
Alors, nous sommes maintenant prêts à
reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un
premier bloc d'échange de 20 minutes. Alors, Mme la députée de Saint-Laurent,
la parole est à vous.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Contente de vous retrouver, ça fait déjà un certain temps.
Alors, M. le ministre, vous me voyez sourire parce qu'on a eu une petite
discussion juste avant de reprendre nos échanges. Vous avez vous aussi été,
comment dire, frappé par la fuite de données chez Revenu Canada. Est-ce que
quelqu'un d'Ottawa ou quelqu'un de votre équipe, ou du gouvernement du Québec
est rentré en communication pour mieux comprendre ce qui est arrivé à Ottawa?
Première question. Puis deuxième question : Est-ce qu'il y a eu des
mesures qui ont été prises au Québec pour s'assurer que nous, ça ne nous arrive
pas.
M.
Caire
: Bien,
en fait, oui, on a des interactions avec le Centre canadien de cybersécurité,
notamment je pense, au niveau de la direction générale, mais au... bureau du
DPI. Et de notre côté, il faut comprendre que, déjà, depuis
l'automne 2019, nous avons mis en place le Centre gouvernemental de cyberdéfense
et les centres opérationnels de cyberdéfense. Donc, c'est un réseau qu'on
déploie dans les différents ministères et organismes dont l'Agence du revenu du
Québec qui sont... tout ça est interrelié, là, c'est vraiment un réseau, c'est
interrelié avec comme entité centrale le Centre gouvernemental de cyberdéfense.
Donc, les mesures de protection qui sont mises en place sont : toutes les
procédures, comment réagir à une intact, quels sont les temps de réaction,
qu'est-ce qu'on déploie comme effort en cas d'attaque.
On a aussi acquis certains outils, là.
Vous me permettrez d'être peut-être plus discret sur la nature des outils que
nous avons acquis pour d'une part nous défendre, mais d'autre part, nous
attaquer nous-mêmes, donc, pour vérifier la fiabilité de nos défenses. Donc, et
au niveau du Centre gouvernemental de cyberdéfense, nous procédons à ces
tests-là régulièrement sur l'ensemble des systèmes qui sont visibles à partir
du Net pour nous assurer que les mesures de sécurité qui sont en place sont
efficaces.
Mme Rizqy : Donc, vous, vous
avez rehaussé au niveau du grand du Québec, le système de sécurité, mais est-ce
que quelqu'un d'Ottawa vous...
M.
Caire
: …ces
tests-là régulièrement sur l'ensemble des systèmes qui sont visibles à partir
du Net pour nous assurer que les mesures de sécurité qui sont en place sont
efficaces.
Mme Rizqy : Donc, vous, vous
avez rehaussé, au niveau du gouvernement du Québec, le système de sécurité,
mais est-ce que quelqu'un d'Ottawa vous… a communiqué avec le gouvernement du
Québec pour vous expliquer qu'est-ce qui a mal tourné chez eux?
M.
Caire
: Pas à
ma … Oui? O.K. Bien, si vous me permettez, Mme la Présidente, je vais laisser…
Mme Rizqy : Avec consentement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'on a le consentement?
Mme Rizqy : Certainement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous avons le consentement. Merci. Alors, je vous invite, monsieur, à vous
présenter d'abord avant de prendre la parole, de dire votre nom et vous
représentez quel organisme.
M. Rodrigue (Pierre E.) : Parfait.
Bonjour, Mme la Présidente. Pierre Rodrigue, secrétaire associé à la
transformation numérique et dirigeant principal de l'information au Secrétariat
du Conseil du trésor.
En fait, évidemment, quand on a vu que ça,
c'était arrivé, on a communiqué avec le centre canadien de cyberdéfense pour
comprendre exactement qu'est-ce qui c'était passé pour, non pas uniquement
déplorer ce qui arrive au fédéral, mais voir : Est-ce que ça, ça pourrait
nous arriver, notamment avec clicSEQUR? Alors, normalement, avec clicSEQUR, on
n'aura pas… parce que s'il y a une tentative, après cinq tentatives de
clicSEQUR, on… le compte se verrouille automatiquement. C'est sûr qu'on regarde
quand même, malgré tout, là, parce qu'on… Dans le fond, la sécurité, c'est des
couches, là, c'est une couche d'infrastructures, donc il faut que
l'infrastructure soit solide, il faut que la couche applicative soit solide. Il
faut que les comportements également, là, des citoyens et les comportements,
évidemment, des employés de l'État soient exemplaires. Et, bien, on va voir
également si on n'est pas capables de faire… de rajouter une couche de sécurité
supplémentaire, là, à clicSEQUR, là.
Ceci dit, on va organiser avec nos
collègues du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale qui
sont responsables de clicSEQUR, qui travaillent avec le CSPQ, bientôt l'ITQ et Revenu
Québec, pour nous assurer, là, qu'on va rajouter des couches de sécurité
adéquates. Mais, pour le moment, on n'a pas de raison de penser qu'on peut
vivre la même situation au Québec, par rapport à ce qui est arrivé au fédéral,
avec l'information qu'on a du gouvernement fédéral.
Mme Rizqy : M. le ministre,
dans l'autre bloc avant, on parlait justement des victimes de vol de données
mais surtout aussi celles de vol d'identité. La PCU a été particulièrement
populaire auprès des fraudeurs. Vous comprendrez que je suis inquiète parce que
la PCU, la Prestation canadienne d'urgence, est imposable. Au mois d'avril,
certains Québécois risquent d'avoir une surprise… au printemps, il y en a qui
n'ont pas compris que c'était imposable mais d'autres qui n'ont jamais demandé
la PCU, dont, notamment, des enseignants, et qu'ils vont apprendre que,
finalement, non, il y a quelqu'un d'autre qui a qui a demandé la PCU. Est-ce
qu'on peut... Est-ce que, un , vous avez parlé avec les homologues fédéraux
pour avoir des garanties? Parce que moi, je les connais bien, là, Revenu
Canada, parce que je suis avocate fiscaliste,puis je peux vous dire, M. le
ministre, faites-moi confiance, c'est pas mal plus facile pour eux de courir
après les travailleurs que de courir après des multinationales qui ne paient
pas d'impôt. Alors là…
Mme Rizqy : ...il y a quelqu'un
d'autre qui a demandé la PCU. Est-ce qu'on peut... Est-ce que, un , vous avez
parlé avec les homologues fédéraux pour avoir des garanties? Parce que moi, je
les connais bien, là, Revenu Canada, parce que je suis avocate fiscaliste, puis
je peux vous dire, M. le ministre, faites-moi confiance, c'est pas mal plus
facile pour eux de courir après les travailleurs que de courir après des
multinationales qui ne paient pas d'impôt. Alors là, le problème qu'on risque
d'avoir, c'est des gens qui vont recevoir une cotisation pour une PCU qu'ils
n'ont jamais demandée.
M.
Caire
: Bien,
sur cet enjeu-là, Mme la députée, je suis convaincu que mon collègue le ministre
des Finances, qui est en lien avec le gouvernement fédéral, comprend évidemment
que, quelqu'un qui n'a jamais demandé de PCU et qui aura été victime d'un vol
d'identité et d'une fraude subséquente puis qui devrait se ramasser à payer de
l'impôt sur de l'argent qu'il n'a jamais touché, là, je pense que tout le monde
comprend que ça n'a aucun bon sens, là, puis je suis convaincu que mon collègue
ministre des Finances est déjà à pied d'oeuvre pour s'assurer qu'une situation
comme celle-là ne se produira pas.
Mme Rizqy : Juste pour que
vous... Je comprends parfaitement que ça, c'est le dossier au nouveau ministère...
au ministre des Finances, là. Par contre, j'attire votre attention parce qu'il
y a déjà un rapport du Vérificateur général au niveau du fédéral. Rejoindre
l'ARC, là, Revenu Canada, là, c'est comme gagner à la loterie. Ça, c'est que,
quand le téléphone sonne, on attend...
M.
Caire
: Pas
pour les fraudeurs.
Mme Rizqy : ...puis là, des
fois, oups! ça sonne, mais ça raccroche, puis, quand que des fois on a
quelqu'un au bout du fil, on n'a pas la bonne réponse.
Alors là, moi, j'aimerais... ma petite
suggestion, dans votre table de ministres, là : ça serait important de s'assurer
de défendre les intérêts des Québécois pour ne pas que ça soit à eux de faire
la bataille devant l'ARC, parce qu'il risque d'y avoir beaucoup de
contribuables québécois qui vont se retrouver exactement dans la même situation
très problématique au mois d'avril.
Et aussi bien de gérer en amont puis de
dire à Ottawa : Voici comment vous allez régler le problème pour les
Québécois, parce que ce n'est pas vrai qu'on va avoir des gens qui vont
recevoir des cotisations qui portent intérêt. Puis bonne chance pour rejoindre
les gens de l'ARC. C'est plus facile de rejoindre Revenu Québec, je peux vous
le dire.
M.
Caire
: Bien,
écoutez, je vous entends parfaitement puis je vous dirais même qu'on revient un
peu à la discussion qu'on a eue tout à l'heure, à savoir le lien, à mon avis,
qui est extrêmement important entre le gouvernement du Québec et nos homologues
autant des autres provinces et du fédéral sur la question de l'identité
numérique parce que...
Bon, je comprends que, sur la question
fiscale, je vais laisser mon collègue des Finances s'en occuper, mais ça nous
ramène à la discussion que nous avons eue sur le fait que l'identité numérique,
ça demeure une responsabilité de la province, mais de s'assurer que ces
arrimages-là se font puis que tout le monde est à la même place quant à
l'identité numérique, parce que cette identité numérique là, elle va servir
autant pour les interactions avec le gouvernement provincial que financement.
Donc, il faut s'assurer d'avoir déjà, à la table, des gens du fédéral, et nous
avons déjà ce comité mixte fédéral-provincial sur l'identité numérique.
Donc, cet arrimage-là, nous, on l'a déjà
fait. Je vous entends sur les difficultés avec l'Agence du revenu du Canada,
mais, là-dessus, vous comprendrez que ma capacité d'action est plus limitée un
peu.
Mme Rizqy : M. le ministre, je
vous l'ai déjà dit, je le répète, ne sous-estimez...
M.
Caire
:
...nous avons déjà ce comité mixte fédéral-provincial sur l'identité numérique.
Donc, cet arrimage-là, nous, on l'a déjà fait. Je vous entends sur les difficultés
avec l'Agence du revenu du Canada, mais là-dessus, vous comprendrez que ma
capacité d'action est plus limitée un peu.
Mme Rizqy : M. le ministre, je
vous l'ai déjà dit, je vous le répète : Ne sous-estimez pas votre impact à
la table des ministres. Alors, là-dessus, je compte sur vous, parce qu'il y a
des gens qui vont... et je n'aurai pas l'occasion de parler avec M. le ministre
des Finances, alors je m'adresse directement à vous, parce que c'est... Oui, ça
relève un peu de stratégie numérique, c'est la protection des données, mais
quand on parle d'identité numérique, moi, je vous le dis d'emblée, là, puis
c'est mon opinion personnelle, mon éditorial, moi, à ce stade-ci, ça ne me
rassure pas, mais aucunement de savoir qu'il va y avoir un arrimage avec le
fédéral. Ils ont pas mal de difficultés à gérer leurs données et aussi, au
niveau informatique, je pourrais vous parler de plein de scandales fédéraux.
Alors, là-dessus, oui, mais je vois que vous voulez parler. Allez-y.
• (16 h 10) •
M.
Caire
: Juste
apporter une précision, Mme la députée. La gestion du programme, elle est
assumée par le gouvernement du Québec. Qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, là, ce
n'est pas le gouvernement fédéral.
Par contre, ce qu'on souhaite, c'est
s'assurer qu'on va utiliser des standards et des protocoles qui vont faire en
sorte que le citoyen du Québec va être capable d'utiliser cette identité-là
pour consommer des services fédéraux. Donc, ce qu'on veut, c'est que le fédéral
puisse s'arrimer avec nous, je vais le dire comme ça, pour qu'on puisse
utiliser le Service québécois d'identité numérique, même lorsqu'on veut
consommer des services avec le gouvernement fédéral.
Mais je veux vous rassurer, là, le maître
d'oeuvre puis le maitre de l'ouvrage pour le Service québécois d'identité
numérique, c'est le gouvernement du Québec.
Mme Rizqy : Merci.
Vu qu'on parle aussi des données,
j'aimerais parler avec vous de la gestion des données, mais par le secteur
privé puis je veux garder le même exemple encore : la fuite de données
avec l'ARC. On a remarqué que les fraudeurs ont un amour privilégié pour une,
une institution financière puis on dirait que tous les comptes transitent vers
cette institution financière. Je comprends que le secteur bancaire, c'est
fédéral, mais protection du consommateur, ça, c'est notre juridiction, et
protection des données aussi. Là-dessus, pensez-vous que le gouvernement
devrait se pencher davantage sur le cas de cette institution financière et voir
comment, à travers la Loi sur la protection des consommateurs, on pourrait
exiger d'avoir un suivi beaucoup plus rigoureux avant d'ouvrir des comptes
n'importe où, n'importe comment.
M.
Caire
: Bien,
en fait, oui. La réponse à votre question, c'est oui. Je ne le ferais pas peut-être
sur la protection du consommateur comme sur les obligations qui viennent avec
la protection des données et des renseignements personnels.
Et c'est là que je vous ramène dans l'idée
du projet de loi n° 64, où, je pense que, quand on collecte des données,
des renseignements personnels — données n'étant pas nécessairement
des renseignements personnels, mais j'utilise la donnée au sens très large — quand
on collecte la donnée, moi, je crois fondamentalement qu'il y a une
responsabilité qui vient avec ça. Et cette...
M.
Caire
:
...que, quand on collecte des données, des renseignements personnels, données
n'étant pas nécessairement des renseignements personnels, mais j'utilise la
donnée au sens très large... quand on collecte la donnée, moi, je crois
fondamentalement qu'il y a une responsabilité qui vient avec ça. Et cette responsabilité-là,
je pense que... Les gens de la Commission d'accès à l'information nous l'ont
bien dit, notre cadre législatif actuel, il est là, il existe, mais il peut
être bonifié puis surtout il peut être modernisé pour refléter la réalité de la
transformation numérique, qui n'existait pas au moment où les lois qui sont en
place ont été adoptées. Et c'est pour ça que, tout à l'heure, je vous disais, Mme
la députée, je pense que le modèle européen est l'exemple à suivre, parce
qu'avec la collecte de données vient des responsabilités.
Mais là où vous avez raison, c'est que, s'il
y a manquement au niveau de la responsabilité, bien, il doit y avoir un pouvoir
de contraindre et... pour une organisation, notamment la Commission d'accès à
l'information... cette organisation-là doit avoir la capacité de s'assurer que
ces responsabilités-là sont pleinement assumées. Et, si ces responsabilités-là
ne sont pas pleinement assumées, bien, il doit y avoir des conséquences qui
sont de nature à être dissuasives. Alors, le projet de loi n° 64
nous amène exactement dans cette perspective-là.
Mme Rizqy : O.K. Mais qu'est-ce
qui vous empêche... Parce que je suis d'accord avec vous que le projet de loi n° 64, ça va nous permettre d'ajouter du mordant à la loi
sur l'accès à l'information puis la protection des renseignements personnels,
mais, au niveau du consommateur, quand on a des institutions financières qui
gèrent moins bien les données ou que, par exemple, on se rend compte... agent
facilitateur de transfert de données ou d'informations, ou même, dans le cas de
la PCU, pour les fraudeurs qui ont comme compris qu'il y avait une brèche,
est-ce qu'on pourrait peut-être examiner cette avenue?
M.
Caire
: Bien,
écoutez, je vais vous confesser très candidement que je ne suis pas
nécessairement un grand spécialiste de la Loi sur la protection du
consommateur. Est-ce que juridiquement il y a des éléments qui peuvent être
adressés à travers cette loi-là? Peut-être, Mme la députée, là, je ne voudrais
pas m'avancer sur un terrain qui ne m'est pas familier. Je suis plus familier
avec la loi sur la vie privée, la Loi concernant le cadre juridique des
technologies de l'information et la loi d'accès à l'information, et ce que je
peux vous dire, c'est que les initiatives qui ont été prises par le
gouvernement pour modifier ces différentes législations là visaient surtout le
rehaussement de la loi d'accès à l'information. Parce que, de prime abord, je
vous dirais que la problématique que vous adressez, qui est tout à fait
pertinente, à mon avis, va trouver sa solution dans la loi d'accès à
l'information, dans un rehaussement puis une modernisation de la loi d'accès à
l'information.
Ceci étant dit, je vous le dis
candidement, est-ce que la Loi sur la protection du consommateur pourrait adresser
certains volets de cette situation-là, peut-être, mais, là-dessus, je confesse
les limites de ma compétence.
Mme Rizqy : D'accord...
M.
Caire
: …loi d'accès
à l'information dans un rehaussement puis une modernisation de la loi d'accès à
l'information. Ceci étant dit, je vous le dis candidement : Est-ce que la
Loi sur la protection du consommateurpourrait adresser certains volets de cette
situation-là? Peut-être. Mais, là-dessus, je confesse les limites de ma
compétence.
Mme Rizqy : D'accord. M.
le ministre, tantôt vous avez dit, à juste titre, que dans le projet de loi
n° 64, il va y avoir des conséquences pécuniaires puis souvent, si on veut
que… faire cesser un comportement, une amende peut faire en sorte de s'assurer
que les gens vont faire plus attention. Pensez-vous que la responsabilité
administrateurs devrait aussi être en jeu? Là, je parle vraiment du secteur
privé, là.
M.
Caire
:
Bien, c'est une question qui est intéressante, puis je sais qu'elle a été
soulevée, la semaine dernière, pendant la commission parlementaire. Les avis
étaient partagés. Moi, je pense que l'adoption du projet de loi va être une
bonne tribune pour avoir cette conversation-là avec ma collègue. Moi, je pense
que l'idée mérite très certainement d'être débattue. Maintenant, les
considérations juridiques, la capacité à mettre ça en application, là-dessus,
je ne me prononcerai pas. Mais je vous dirais que d'emblée la question mérite
très certainement d'être posée et d'être débattue et éventuellement peut-être
intégrée dans le projet de loi si la conclusion des parlementaires qui auront à
étudier le projet de loi c'est que la réponse à votre question est oui. Moi, je
me fie à vous, chère collègue, pour faire le débat. Puis prendre la meilleure
décision. Mais très certainement il faut que cette loi-là ait des dents, il
faut que cette loi-là soit… ait une capacité dissuasive parce que visiblement
il y a des institutions et des entreprises délinquantes qui ne semblent pas
prendre la responsabilité au sérieux.
Mme Rizqy : Oui. Puis il
y en a aussi que ça peut être par négligence, que ça peut être négligence
simple ou grossière. Mais il faut quand même réaliser qu'aujourd'hui on a le
secteur privé qui veut collecter le maximum d'information pour évaluer le
comportement des consommateurs pour essayer de leur vendre peu importe le type
de produit.
Mais, moi, je ne trouve pas normal que,
quand même, les décideurs, les dirigeants d'entreprises qui confient les clés
de l'ensemble de la maison à quelqu'un, puis qu'il n'y a pas de caméra de
surveillance dans… et qu'on met un employé sans journalisation, notamment dans
le secteur financier. Donc, l'employé, il peut faire… il peut rentrer dans les
comptes qu'il veut, quand il veut, peut télécharger l'ensemble de tous les
clients, partir ni vu ni connu. Puis, cet employé, c'était quoi son objectif?
Bien, il a été mis dans un programme de marketing.
Alors, je me dis : comment ça se fait
qu'on a des dirigeants d'entreprises qui demandent à un employé : Toi, tu
vas créer un nouveau programme de marketing, tiens, les clés de la maison,
amuse-toi, puis après ça on se retrouve avec un vol de données massif, mais
que, là-dedans, tu sais, je regarde, c'est qui qui est vraiment imputable, là?
Un an plus tard, on chercher encore les responsables, on n'arrive pas à déposer
des accusations, et toute la façon aussi que la preuve est-elle recueillie,
puis on se demande : Est-ce que, oui ou non, la preuve peut être
admissible en cour? À un moment donné, c'est la responsabilité…
Mme Rizqy : ...on se retrouve
avec un vol de données massif, mais que, là-dedans, tu sais, je regarde, c'est
qui qui est vraiment imputable, là? Un an plus tard, on cherche encore les
responsables, on n'arrive pas à déposer des accusations. Toute la façon aussi
que la preuve est-elle recueillie, puis on se demande : Est-ce que, oui ou
non, la preuve peut être admissible en cour? À un moment donné, c'est la
responsabilité des dirigeants puis des administrateurs. Si je vous donne un exemple
en matière de pollution, quand on a voulu mettre aux pas les multinationales
puis dire : Vous arrêtez de polluer, c'était non seulement des amendes,
mais c'était rendu des conséquences pénales.
M.
Caire
: Non, tout
à fait. Moi, je suis...
Une voix
: ...
M.
Caire
: Oui.
Bien, juste simplement dire que je suis tout à fait d'accord avec la députée de
Saint-Laurent. Ceci étant dit, on avait brièvement abordé toute la question de
la littératie, je pense que cet élément-là aussi mériterait d'être adressé, parce
que vous avez parlé de négligence, il y a la mauvaise intention, mais je pense
qu'il y a l'ignorance aussi quelquefois qui entre en ligne de compte. Et ça,
c'est autant d'éléments qu'il faut adresser dans une solution globale.
Mme Rizqy : Oui, mais, par
contre, il y a une différence. Le citoyen, là, les gens de la classe moyenne,
là, ce n'est pas tout le monde, là, qui travaille... ce n'est pas des
dirigeants nécessairement tous d'entreprises. Là, on parle de gens qui sont
sophistiqués, qui ont des équipes, qui gèrent des milliards et qui en veulent
toujours plus. Alors, en matière de données, là, que je parle, mais aussi en
matière d'argent, bien évidemment.
Alors, moi, c'est sûr que mon propos
marque... c'est plus l'imputabilité de ceux qui veulent collecter des données
mais qui sont dans l'incapacité de bien gérer les données parce qu'ils sont
dans leur ligne directrice de grossir. Marketing, c'est pourquoi qu'on veut
faire plus de marketing? C'est parce qu'on veut agrandir notre bassin de clients,
vendre plus de produits, faire des ventes croisées. C'est tout ce mot de
convergence, convergence. Mais, après ça, c'est que, si vous voulez avoir
autant de données, assurez-vous d'être capable de les gérer. Si vous n'êtes pas
capables de les gérer, bien, arrêtez de collecter.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre, il vous reste 45 secondes.
• (16 h 20) •
M.
Caire
: Mais
ce que... J'entends ce que vous dites puis je suis tout à fait d'accord. Ceci
étant dit, ce que je voulais dire, c'est : Autant pour ceux qui gèrent ces
données-là, il y a quelquefois peut-être un niveau de connaissance qui n'est
pas adéquat, autant pour nos concitoyens qui quelquefois sont peut-être très
généreux du partage qu'ils peuvent de leurs renseignements personnels où je me
dis avoir une cyber hygiène collective peut entraîner aussi des changements de
comportement. C'était dans ce sens-là où j'adressais mon propos.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Il reste 14 secondes, alors nous pourrons poursuivre au prochain
bloc. Oui.
Une voix
: ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous allons maintenant avec le député de Rosemont. Vous avez un
bloc de 10 minutes.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Rebonjour. Je fais un peu de funambulisme entre ce qu'on vient de
faire en ressources informationnelles et stratégie numérique. De toute façon,
les deux sont plutôt liées à la fin, là, je pense qu'on fait de l'aller-retour
depuis tout à l'heure. Et juste pour le bénéfice de tous, est-ce que je
pourrais...
M. Marissal : ...je fais un
peu de funambulisme entre ce qu'on vient de faire en ressources informationnelles
et stratégie numérique. De toute façon, les deux sont plutôt liés à la fin, là,
je pense qu'on fait de l'aller-retour depuis tout à l'heure.
Et juste pour le bénéfice de tous, est-ce
que je pourrais vous demander, M. le ministre, de permettre à M. Pierre
Rodrigue, donc le directeur... rappelez-moi son titre, directeur... dirigeant
principal... j'ai toujours de la misère... dirigeant principal de l'information,
de répondre à la question, à savoir : Combien ça a coûté à ce jour, les
mesures prises par le télétravail? Il m'a fait une réponse privée tout à
l'heure. Je crois que c'est d'intérêt public. Puis il y aura peut-être d'autres
questions subséquentes.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous avons le consentement, M. le
ministre? Nous avons le consentement. Alors, allez-y, M. Rodrigue.
M. Rodrigue (Pierre E.) :
Bonjour. Merci, Mme la Présidente. En fait, il faut savoir que chaque ministère
et organisme est responsable de comptabiliser ses coûts. Les coûts qu'on a actuellement
qu'on peut vous communiquer, ce sont les coûts qui ont transité via le Centre
de services partagés du Québec, qui comprennent les coûts de rehaussement du
RITM, le rehaussement également de la capacité de la sécurité plus les coûts
d'achat d'équipements, différents équipements, les portables, les clés RSA,
etc., les licences Office 365 pour l'utilisation notamment de Teams.
Alors, on en est, au niveau du CSPQ, à
18 millions. Donc, ça, ça comprend RITM, achat d'équipements pour une
dizaine d'organismes publics qui transitent via... donc, qui font leur
acquisition via le CSPQ. Pour les autres ministères et organismes, c'est sûr
que, pour le moment, au moment où on se parle, on n'a pas le consolidé,
l'ensemble ces coûts TI associés à la COVID-19, là.
M. Marissal :
...organismes qui passent...
M. Rodrigue (Pierre E.) :
Le réseau.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. M. le ministre, oui.
M.
Caire
: Parce
que les coûts de rehaussement de réseau sont quand même des coûts qui sont au
bénéfice de l'ensemble des ministères et organismes parce que le RITM est un
réseau qui est utilisé par l'ensemble des ministères et organismes. Donc, ces
coûts-là sont vraiment à l'ensemble. Donc, c'est vraiment au niveau des
systèmes particuliers qu'il y a des coûts spécifiques pour les différents
ministères et organismes.
M. Marissal : O.K. Mais
je comprends que c'est vraiment parcellaire comme information à ce stade-ci,
parce que j'ai du mal à croire que pour l'ensemble du gouvernement du Québec ça
ne coûterait que ça. Et vous dites que ce ne sont que 10 organismes qui passent
par... Là, est-ce qu'on peut se permettre une extrapolation qui permettrait
d'avoir une idée plus globale, «ball park figure», comme on dit en Chinois,
pour avoir une idée de combien ça coûtera au gouvernement? Parce qu'on
s'entend, le 18 millions, ça ne le fera pas, là.
M. Rodrigue (Pierre E.) :
Non. En fait, extrapolation, il va falloir voir... Comme disait M. le ministre,
les coûts RITM sont évidemment... sont communs à tous. Là, maintenant, il va
falloir voir comment chacun s'est comporté au niveau de l'achat d'équipements.
Il y a des organisations qui étaient déjà... ils avaient déjà beaucoup de
portables qui faisaient en sorte qu'ils n'ont rien... ils n'ont pas eu à
acquérir beaucoup...
M. Rodrigue (Pierre E.) :
...en fait, extrapolation, il va falloir voir, comme disait M. le ministre, les
coûts RITM sont évidemment... sont communs à tous. Là, maintenant, il va
falloir voir comment chacun s'est comporté au niveau de l'achat d'équipement.
Il y a des organisations qui étaient déjà... ils avaient déjà beaucoup de
portables qui faisaient en sorte qu'ils n'ont pas eu à acquérir beaucoup
d'équipement. Les gens sont partis de chez eux avec leur portable pour
travailler. Donc, il n'y a pas eu d'acquisition. D'autres fonctionnaient encore
avec le vieil ordinateur à tour, etc. Il a fallu qu'il y ait des acquisitions.
Alors, tout dépendant de comment les organisations étaient avancées en termes
de télétravail, les coûts peuvent être différents. Effectivement, on n'a pas à
le consolider. Extrapoler pourrait être... peut-être nous donner une image
imprécise, donc...
Et comme j'ai eu le loisir de le dire à M.
le député pendant la pause, entre les deux commissions, il y a aussi le fait
qu'on va... Des organisations sont en train, encore, de se préparer à la
deuxième vague, c'est-à-dire qu'ils ont donné, comme, une première étape de
travaux, tout le monde a dû aller vite. Donc, ils se sont préparés pour la
première vague, mais il y a encore beaucoup de travaux à faire dans certaines organisations,
notamment pour l'implantation de Teams dans d'autres organismes. Donc... Mais
la plupart sont quand même bien consolidés. Ils nous ont dit qu'ils étaient
prêts à affronter la deuxième vague sans problème. Donc, les coûts ne sont pas,
de toute façon, définitifs. Alors, on pourra probablement faire un recensement
d'ici la fin de l'année, là, pour savoir combien tout ça a coûté. Au moment où
on se parle, on n'a pas à le consolider.
M. Marissal : Merci. Par
ailleurs, M. le ministre, vous avez suivi les débats comme moi. Bon, vous me
direz que vous n'êtes pas le ministère du Travail ni président du Conseil du
trésor, mais la stratégie numérique du gouvernement, c'est dans votre cour, le
télétravail, vous êtes incontournable à ce sujet. Vous avez suivi comme moi les
débats qui ne font que commencer. Quant au droit du travail ou du télétravail,
qu'est-ce qu'on paie? Qu'est-ce que l'employeur paie? Comment la CSST
s'intègre? Est-ce qu'on paie une assurance parce qu'on fait un bureau et on
remplace? Est-ce qu'on a une indemnité parce qu'on utilise... Vous voyez, il y
a une foule de sujets, là, nouveaux qui s'ouvrent. Vous logez où, vous, par
rapport à la responsabilité de l'employeur, qui est le gouvernement, dans ce
cas-ci, pour le télétravail de ses employés?
M.
Caire
: Bien,
en fait, je pense que la chose à faire, c'est de s'asseoir avec nos partenaires
syndicaux puis de discuter de ces différents sujets là pour le bénéfice de nos
employés et du contribuable, d'autre part. Il est évident que le gouvernement
du Québec, je pense, gagnerait à avoir une utilisation accrue puis pas accrue
par rapport à la situation actuelle, là, comprenez-moi bien, parce que ça, on
est peut-être trop loin à l'autre côté du spectre, mais d'avant la pandémie, où
c'était à peu près inexistant. Ce qu'on a eu l'occasion de dire, c'est :
Bon, un chiffre qui se situerait peut-être entre 10 % et 30 % de nos
employés en télétravail, de façon rotative, serait certainement un objectif
louable qui nous permettrait, au gouvernement du Québec, à peut-être...
M.
Caire
:
…d'avant la pandémie, où c'était à peu près inexistant. Ce qu'on a eu
l'occasion de dire, c'est que, bon, un chiffre qui se situerait peut-être entre
10 % et 30 % de nos employés en télétravail de façon rotative, ce
serait certainement un objectif louable qui nous permettrait, au gouvernement
du Québec, bien, peut-être d'aller chercher des économies d'échelle notamment
au niveau des espaces de travail, mais au niveau des équipements aussi, de la
qualité des équipements. Parce que ce que le DPI disait, c'est qu'on est en
train de se préparer à la deuxième vague et… donc, on est capable d'aller
chercher maintenant des outils de télétravail ou ce que j'appellerai un
environnement de travail virtuel plus complet par la téléphonie IP, par des
outils de télétravail plus performants, qui nous permettraient des économies
d'échelle et surtout qui feraient en sorte que l'appareil dont vous devriez
vous doter a besoin d'être moins performant parce qu'au fond, vous avez besoin
d'un écran puis d'une carte qui vous permet de vous connecter au serveur, qui
lui va vous fournir l'ensemble des services.
Donc, encore là, quand on parle… puis je
vous ramène à votre question, quand on parle de fournir des équipements…
Écoutez, compte tenu de ce que je vous dis, c'est des choses qui pourront être
discutées, quelle sorte d'équipement on fournir. Sur l'environnement de
travail, l'ergonomie du travail, il y a des choses à discuter encore là.
Comment on peut faire pour s'assurer que nos employés ont un environnement de
travail ergonomique, mais qui est, en même temps, dans leur résidence?
Donc, en tout cas, écoutez, il y a
beaucoup de discussions puis je ne veux pas faire cette discussion-là ici et
maintenant, mais ce qui est intéressant, c'est d'entendre autant du côté du
gouvernement que du côté de nos partenaires syndicaux, je pense qu'il y a une
belle volonté de s'assurer de pérenniser cette solution-là dans des proportions
qui sont raisonnables et que je viens de vous mentionner. Puis à partir de là,
moi, je pense… je suis convaincu qu'on peut trouver une… des zones de
compromis, là, qui vont plaire à tout le monde parce que l'objectif pour le
gouvernement, c'est d'aller chercher l'efficacité de ça et les plus-values du
télétravail. Puis je ne parle même pas au niveau économique, M. le député,
parce qu'il est démontré que le télétravail augmente la performance des
individus.
Donc, pour le gouvernement, il y a cet
avantage-là puis pour nos concitoyens… nos employés, pardon, qui sont en
télétravail, je pense qu'il y a une série d'avantages aussi qu'on a vécus et
auxquels les gens adhèrent maintenant facilement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Il reste 1 min 30 s.
M. Marissal : Mme la
Présidente, avez-vous une idée… parce qu'on parlait de connectivité tout à
l'heure puis de la non-fiabilité du réseau à beaucoup d'endroits au Québec… Ma
collègue… Saint-Laurent, disait : Pas besoin d'aller bien, bien loin, là,
pas besoin de se rendre au Nunavut, là, des fois on est à deux heures,
une heure de Montréal puis ça ne rentre pas du tout. Il y a combien de
fonctionnaires du gouvernement du Québec qui sont incapables de travailler par
télétravail?
M.
Caire
: Parce
qu'ils n'ont pas les outils? Tous outils confondus ou simplement au niveau de
la connectivité?
• (16 h 30) •
M. Marissal : Non, bien, qui
n'ont pas les outils nécessaires pour faire un Zoom ou pour... même si
l'Internet ne rentre pas...
M.
Caire
: Je
vais vous donner le chiffre, M. le député, je l'ai le chiffre, mais on parle de
quelques centaines, là, d'employés qui n'ont pas... qui, pour des raisons
d'installation, ne peuvent pas faire de télétravail, soit qu'ils n'ont pas les
outils…
16 h 30 (version non révisée)
M. Marissal : ...qui
n'ont pas les outils nécessaires pour faire un Zoom ou pour... même si
l'Internet ne rentre pas...
M.Caire:
Je vais vous donner le chiffre, M. le député, je l'ai le chiffre, mais on parle
de quelques centaines, là, d'employés qui n'ont pas... qui, pour des raisons
d'installation, ne peuvent pas faire de télétravail, soit qu'ils n'ont pas les
outils adéquats ou... Je vais vous donner le chiffre, là. Je m'excuse, je ne
l'ai pas à disposition, rapidement, mais on parle de quelques centaines, là,
sur nos 68 000 employés.
M. Marissal : O.K.
M.Caire:
Mais c'est une situation qui peut se corriger très facilement.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : 24 secondes.
M. Marissal : Ah! bien
non, je vais passer, puis je reprendrai tout à l'heure, ça ne vaut pas la
peine. Merci.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait. Alors, nous continuons avec un deuxième bloc,
avec l'opposition officielle, avec la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Vous avez 20 minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. M.
le ministre, je vais continuer encore sur le vol des données, parce que vous
comprendrez, c'est comme le sujet de l'heure. Vous avez vu qu'il y avait des
vols de données, oui, au niveau, potentiels, du gouvernement, des cyberattaques
au niveau du gouvernement. Mais j'aimerais parler des entreprises et plus
particulièrement les petites entreprises, hameçonnage. Est-ce que vous avez
préparé quelque chose, un plan, parce que, un, ça prend de l'accompagnement?
Et, en ce moment, je sais qu'il y a des équipes d'enquête de différents corps
policiers qui peuvent faire de quoi, mais est-ce qu'on sait c'est quoi
l'étendue de nos capacités à vraiment répondre rapidement et à faire des
enquêtes, plus au niveau national, voire international? Parce que, souvent, là,
ils ne sont pas ici, au Québec, ceux qui font de l'hameçonnage.
M.
Caire
: Bien,
en fait, au niveau des corps policiers, là-dessus, moi, je ne peux pas vraiment
vous répondre qu'est-ce qu'ils ont exactement comme organisation capable
d'intervenir et d'enquêter. Mais je peux vous dire qu'au niveau du gouvernement
du Québec, avec l'arrivée de la pandémie, parce qu'il y a un corollaire, là, la
pandémie amène une augmentation des cas de fraude et de cyberattaque. Et, assez
rapidement, avec des partenaires, justement, en cybersécurité, le gouvernement
du Québec a offert aux entreprises un service d'accompagnement pour leur
permettre de mettre en place des mesures de sécurité adéquates, soit de mettre
en place des mesures parce qu'il n'y en avait pas, et donc de leur... de les
aiguiller là-dedans vers des entreprises, des services-conseils qui peuvent les
aider à s'équiper adéquatement, soit rehausser la cybersécurité de leurs
systèmes, parce que, justement, oui, vous avez raison, la pandémie a amené une
augmentation significative du nombre d'attaques, de cas de fraude, de toutes
sortes d'actions malicieuses de la part des hackeurs et des cyberfraudeurs, là.
Et donc... Puis tantôt on parlait de littératie, puis je vais continuer un
petit peu dans la même optique, parce que.... Puis mon expression vous a un peu
fait rire, vous a fait sourire, la cyberhygiène, mais je vous dirais que ça
aussi, ça fait partie des choses qu'on a mises en place et qu'on met à disposition
de la population, à savoir des pratiques courantes pour éviter... Parce qu'on a
toujours l'image que les attaques informatiques...
M.
Caire
:
...vous a fait sourire, la cyberhygiène, mais je vous dirais que ça aussi, ça
fait partie des choses qu'on a mises en place et qu'on met à disposition de la population,
à savoir des pratiques courantes pour éviter... Parce qu'on a toujours l'image
que les attaques informatiques sont des hackeurs qui s'attaquent à nos systèmes,
mais la vérité, c'est que la majorité des attaques sont envers des personnes
soit par un courriel soit par un texto, c'est vraiment... les cas les plus
patents d'attaques informatiques, ce n'est pas le hacker qui essaie de
traverser le «firewall», si vous me permettez l'expression, c'est vraiment on
attaque les individus, on attaque la crédibilité des individus, et c'est la majorité
des attaques informatiques qui se font comme ça.
Donc, on a, oui, travaillé beaucoup à ce
niveau-là pour informer la population, informer les donneurs de services de
quelle façon les fraudeurs s'y prennent. Vous avez peut-être entendu parler de
ce cas de quelqu'un qui est au contrôle des finances d'une entreprise et qui
reçoit un courriel du patron, de son grand patron pour autoriser des montants à
être versés à une entreprise, et qui voit le courriel et dit : Bon, bien,
le boss me dit que je peux payer, ça fait que je paie, puis qui a émis une
série de chèques puis a envoyé la série de chèques. Alors, c'est ce genre...
Mais évidemment vous comprendrez que le patron était en vacances, là, il
n'était jamais là puis il n'a jamais envoyé ça, là. Alors, ce genre d'attaque
là, c'est vraiment ça qui est le plus fréquent, je vous dirais. Les
cyberattaques existent, bien évidemment, elles sont nombreuses, mais c'est peut-être
moins en... toutes proportions gardées, il y en a moins que des attaques de....
Donc, cette cyberhygiène-là, dont j'ai
parlé, elle est extrêmement importante, parce qu'il faut bien comprendre que la
brèche, la vulnérabilité, dans un système de défense, la plus évidente à
atteindre, c'est l'individu lui-même.
Mme Rizqy : Bon, vous prêchez
à une convertie lorsqu'il est question d'éducation, de littéracie numérique. Par
contre, je me rappelle, quand j'étais professeure d'université, bon... le programme...
Sherbrooke, effectivement, avait, à l'interne, son propre programme de sensibilisation.
Nous, à l'Assemblée nationale... Moi, ça va faire bientôt deux ans que j'ai été
élue, je n'ai pas vu la même pratique, et pourtant on est des élus, M. le
ministre, et on devrait prêcher par l'exemple.
Et il y avait même un article dont... vous
y étiez, mais pas juste vous, je tiens à dire, vous n'étiez pas seulement... ce
n'était pas seulement vous, il y avait d'autres élus que leurs mots de passe, là,
c'était assez facile à décoder et que c'étaient les mêmes mots de passe. Et je
crois que, je ne me rappelle plus, peut-être que vu que vous faisiez l'objet du
reportage, vous avez une meilleure mémoire de cet article, mais je décodais,
moi, qu'on pouvait avoir accès à certains comptes, soit Gmail ou peut-être même
réseaux sociaux. Et dernièrement on a vu l'attaque sur Twitter où des comptes
d'élus très importants ont été piratés. Et on sait qu'aujourd'hui, souvent,
certains élus, leurs positions sont affichées directement sur Twitter, et ça
peut, dans certains cas, évidemment, lorsqu'on parle de la présidence
américaine, déclencher une guerre. Je ne mets pas ça au même niveau...
Mme Rizqy : …la taxe sur
Twitter où des comptes d'élu très importants ont été piratés. Et on sait aujourd'hui,
souvent, certains élus, leurs positions sont affichées directement sur Twitter,
ça peut, dans certains cas, évidemment, lorsqu'on parle de la présidence
américaine, déclencher une guerre. Je ne mets pas ça au même niveau, mais, par
contre, je ne pense pas que qui que ce soit…
M.
Caire
:
…déclencher une guerre, mais, bon.
Mme Rizqy : …verrait aujourd'hui,
mais ne sait-on jamais, si quelqu'un voit le compte de M. Caire, dire : Je
déclenche une guerre, il n'y a personne qui va penser que c'est vraiment peut-être
sérieux à ce point-là, mais on ne sait jamais.
Alors, là-dessus, premièrement,
pouvez-vous peut-être nous dire… parce que des mots, vous parliez d'hygiène, de
cyberhygiène, mais même nous, à l'Assemblée nationale, alors qu'on a des élus,
des ministres qui ont des dossiers excessivement importants, des dossiers, des
fois, très confidentiels, ultraconfidentiels, et on n'est pas nous-mêmes… on
doit faire attention. On a vu qu'on peut faire l'objet d'espionnage,
d'espionnage commercial. E
t je me demande, l'année passée, je vous
ai posé la question : Est-ce qu'on a fait l'état des lieux de nos sites
les plus importants du Québec? Ça, ma question est longue, mais inquiétez-vous
pas, je sais que quelqu'un va me répondre. Mais là-dessus, c'est important de
savoir nos sites, mais aussi les gens qu'on doit protéger davantage, certains
élus qu'on doit protéger davantage aussi parce que, moi, je n'en ai pas de
secret d'État.
M.
Caire
: Bien,
en fait, la réponse… puis votre réponse, il y a deux volets, puis je voudrais vraiment
répondre aux deux, parce que je pense qu'ils sont importants, les deux. Vous
avez tout à fait raison sur la question de l'utilisation des mots de passe. D'ailleurs,
on a, au gouvernement du Québec, suite à une directive qui a été émise il y a déjà
un certain temps, rehaussé les exigences sur la complexité des mots de passe à
utiliser, là, un, deux, trois, quatre ou dates d'anniversaire de nos enfants, peut-être
moins, donc s'assurer qu'il y a une complexité dans le mot de passe, que les
mots de passe ont force maintenant beaucoup plus et de façon plus large, les
employés de l'État ou du gouvernement, au sens large, à changer les mots de
passe plus fréquemment pour s'assurer effectivement qu'au cas où on procède au
vol d'un justificatif, donc l'identifier à un mot de passe, que ce soit la
période de temps, où il y a un danger, soit réduite. Donc, ça, c'est des
directives qu'on a renforcées.
Au niveau des sites, bien, je vous disais
que l'équipe d'Yvan au Centre gouvernemental de cyberdéfense a acquis des
outils qui leur permettaient de faire des vérifications, et ces vérifications-là
ont été faites. Et je peux vous dire que très, très, très rapidement, on ne se
contente pas de faire la vérification. Lorsqu'il y a, et je dis lorsqu'il y a
des problèmes qui sont rencontrés, très rapidement, les équipes vont contacter
les responsables et vont leur… en fait, même pas leur proposer, leur donner la
recette pour corriger la situation. Donc, c'est quelque chose qu'on fait maintenant,
je vous dirais, de façon systématique et qui se fait sur…
M.
Caire
:
...très rapidement, les équipes vont contacter les responsables et vont leur...
en fait, même pas leur proposer, leur donner la recette pour corriger la situation.
Donc, c'est quelque chose qu'on fait maintenant, je vous dirais, de façon
systématique et qui se fait sur à peu près tout ce qui est visible à partir du
Web.
Bon, est-ce que tout ça est parfait? Non,
rien n'est parfait, mais je pense qu'en fonction de la question que vous m'avez
adressée, je pense qu'on a rehaussé significativement la sécurité parce qu'on a
amélioré notre pratique sur l'utilisation des mots de passe. Et vous l'avez
fait, vous l'avez mentionné dans l'article, je pense qu'effectivement on s'est
rendu compte qu'on avait des comportements qui pouvaient être améliorés, moi,
le premier, et ça, ça a été fait.
Et on s'est rendu compte qu'au niveau de
la sécurité de nos applications, sites Web, là aussi, il y avait du
rehaussement à faire, et ça, on l'a fait. D'ailleurs, c'est un... J'en profite
encore pour les féliciter parce qu'ils font un boulot absolument extraordinaire
pour assurer la sécurité de nos applications au quotidien, là.
Mme Rizqy : M. le ministre,
j'ai une question. Est-ce que l'information — les données des élus et
des ministres — est logée au même endroit?
M.
Caire
:
Excusez-moi, je...
• (16 h 40) •
Mme Rizqy : Est-ce que les
données, là, nos informations, les élus et ceux des ministres, est-ce que c'est
logé au même endroit? Est-ce que c'est hébergé dans le même serveur?
M.
Caire
:
C'est-à-dire que, bien, les ministres étant des députés de l'Assemblée
nationale...
Mme Rizqy : Oui, oui, mais je
veux vraiment distinguer députés, ministres.
M.
Caire
: Oui,
mais...
Mme Rizqy : Est-ce que, dans
leur cas, c'est logé sur le même hébergeur ou non?
M.
Caire
:
C'est-à-dire que, bien, non, dans le sens où, comme député, mes informations
sont logées à la même enseigne que les vôtres. Mais je dois vous dire que
l'Assemblée nationale a joint le réseau de cyberdéfense du gouvernement. Donc, la
décision a été prise par la présidence de participer à ce grand réseau de
protection.
Donc, non, physiquement, ce n'est pas les
mêmes serveurs, l'Assemblée nationale a des serveurs qui lui sont propres, et
les différents ministères et organismes ont des serveurs qui leur sont propres,
mais le réseau de protection, la collaboration entre ces entités-là au niveau
de la défense de nos systèmes d'information, c'est le même réseau. Et
l'Assemblée nationale, comme je vous dis, de façon totalement indépendante, je
tiens à le dire, a pris la décision de joindre le réseau gouvernemental de
cyberdéfense, mais n'en demeure pas moins que c'est une entité qui est
indépendante et qui a ses propres systèmes.
Mme Rizqy : O.K. Donc, si je
comprends bien, c'est le même degré de protection pour un élu et un ministre.
M.
Caire
: Oui.
Mme Rizqy : Est-ce que ce
degré de protection, est-ce qu'il a été évalué? Est-ce que vous avez fait
affaire avec des «hackers» à bonnet blanc, là?
M.
Caire
: Ça, c'est
une bonne question, avec qui on a fait les évaluations de défense. Là, on
rentre un sujet sensible, Mme la députée, là. Je...
Mme Rizqy : Oui. Dans ce cas,
bien, pas besoin de me répondre au micro. C'est correct.
M.
Caire
: Oui,
bien, c'est ça. Mais ça fera plaisir, peut-être dans un éventuel briefing, là,
comme je vous proposais tout à l'heure, d'aborder ces sujets-là mais... Ce
n'est pas que je ne veux pas vous répondre....
Mme Rizqy : Non, c'est
correct, puis vous prêchez une personne qui...
M.
Caire
:
...mais il y a peut-être bien des gens qui nous écoutent puis qui ne sont pas
tous très bien intentionnés. Ça fait que j'aime autant rester plus discret sur
la façon...
Mme Rizqy : ...mon micro, c'est
correct?
M.
Caire
: Oui,
bien, c'est ça. Mais ça me fera plaisir peut-être dans un éventuel briefing,
là, comme je vous proposais tout à l'heure, d'aborder ces sujets-là. Mais ce
n'est pas que ne veux pas vous répondre...
Mme Rizqy : Non, c'est
correct, puis vous prêchez une personne qui...
M.
Caire
:
...mais il y a peut-être bien des gens qui nous écoutent, puis qui ne sont pas
tous très bien intentionnés, ça fait que j'aime autant rester plus discret sur
la façon dont on se protège.
Mme Rizqy : Il n'y a aucun
souci.
M.
Caire
: Mais
ça me fera plaisir, à vous et aux collègues, de vous donner l'information sur
une autre tribune mettons.
Mme Rizqy : D'accord. Toujours
sur la question des serveurs, vous êtes rendus où dans votre objectif de
rétrécir le nombre de...
M.
Caire
: Sur
la consolidation?
Mme Rizqy : Oui.
M.
Caire
: Bon.
Alors, le travail préparatoire a été fait, parce que, ce qui était important
pour nous, d'abord, c'était de qualifier les entreprises en infonuagique. On
est à compléter cet exercice-là. D'autre part, il fallait aussi faire une
catégorisation des données pour... parce que, bon, comme vous le savez, les
données très sensibles vont rester en infonuagique du gouvernement et les
autres données, en deux catégories, seront disponibles pour des contrats de
service avec des entreprises en infonuagique.
Maintenant, on a choisi cinq organismes
sur la base d'avoir des organismes dont la taille va représenter les
différentes possibilités du gouvernement dont le volume de données va être
représentatif du gouvernement, mais aussi, dont la capacité technologique va
être représentatif. Parce que vous savez qu'il y a des organismes de grande taille,
il y a des organismes qui ont une maturité technologique qui n'est pas la même
partout, qui est... Alors, il y a des organismes qui vont être capables de
faire... de réaliser la consolidation des CTI avec peu d'assistance de la part
de l'ITQ, mais il y en a d'autres pour lesquels on va devoir prendre tout en
charge.
Donc, on voulait avoir échantillon pour
valider nos hypothèses parce que j'ai publiquement expliqué comment le
programme allait fonctionner, comment on allait le budgéter, c'était quoi les
coûts, les économies. Maintenant, on est à la preuve de concept si vous me
passez l'expression. Donc, cet échantillon-là nous permet de valider nos
hypothèses, et ensuite, de déployer à plus grande échelle.
Mme Rizqy : Avez-vous la liste
des données que vous avez dit... que vous avez classées sensibles versus celles
que vous avez classées non sensibles?
M.
Caire
: C'est-à-dire
que c'est la définition, parce que la donnée, chaque ministère et organisme,
quand on va faire la revue diligente du ministère et de l'organisme, la
définition et le prisme à travers lequel on va passer la donnée pour
savoir : Bon, bien, celle-là, elle est non sensible, celle-là, elle est
plus sensible, celle-là, elle est très sensible.
Donc, au... Et on n'a pas au Québec une
cartographie de notre donnée en fonction de chacune des catégories, d'une part
parce que les catégories n'existaient pas, et d'autre part, parce qu'on n'a
jamais fait cette cartographie-là. Donc, un des avantages du programme de
consolidation des centres de traitement de l'information, c'est qu'à la fin de
l'exercice, nous allons avoir cette cartographie-là exacte de nos données.
Donc, je vais en mesure de vous dire : Voici le volume de données très
sensibles dont on dispose, etc.
Mme Rizqy : Mais pour faire
la...
M.
Caire
:
…n'existaient pas et, d'autre part, parce qu'on n'a jamais fait cette
cartographie-là. Donc, un des avantages du programme de consolidation des
centres de traitement de l'information, c'est qu'à la fin de l'exercice nous
allons avoir cette cartographie-là exacte de nos données. Donc, je vais en
mesure de vous dire : Voici le volume de données très sensibles dont on
dispose, etc.
Mme Rizqy : O.K. Mais pour
faire la sélection de cinq entreprises qui doivent gérer de l'information des
données, sur une capacité, vous avez mentionné que vous avez séparé le type de
données parce que vous allez garder des données que vous jugez sensibles.
Quelles sont les données que vous avez jugé sensibles?
M.
Caire
: Bien,
c'est-à-dire que je pourrais vous faire parvenir la définition.
Essentiellement, c'est la même que le gouvernement fédéral. C'est des critères
qui sont à rencontrer pour dire : Bon, bien, si tel, et tel, et tel
critère, est-ce que le préjudice est grave? Est-ce que le préjudice… Si tant est
que la… la volée, pardon, la donnée était volée, est-ce que c'est un préjudice
qui est négligeable? Est-ce que c'est un préjudice qui est important? Est-ce
que c'est un préjudice qui est grave?
Mme Rizqy : Mais je vous donne
un exemple concret, là, il y a déjà eu une décision, là, une décision d'un
tribunal, ici, au Québec. Par exemple, mon compte d'Hydro-Québec…
M.
Caire
: Mais
avec votre permission, Mme la députée, je vais le sortir de sa torpeur et je
vais demander à celui… et je le félicite pour sa nomination, le P.D.G. de
l'ITQ, de vous répondre sur la façon dont on a structuré la catégorisation des
données. Avec votre consentement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Un instant. Je veux savoir si on a le consentement des autres partis, également?
Oui? Député de René-Lévesque aussi? Merci.
Alors, je vous invite à vous présenter et
à nommer votre organisme avant de commencer à prendre la parole.
M. Rochette (Guy) : …c'est
vice-président principal, services d'infrastructures et solutions d'affaires au
CSPQ et futur président de l'ITQ, au premier septembre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…bien, en fait, c'est qu'on va lui demander de répéter. M. le ministre, on va
lui demander de répéter parce qu'effectivement son micro est juste en arrière
de votre ordinateur. Nous-mêmes, on n'a pas entendu ici. Oui. Merci.
J'apprécie.
M. Rochette (Guy) : Je suis
vice-président principal des services d'infrastructures et des solutions
d'affaires du CSPQ et, au premier septembre, je vais être le
président-directeur général d'Infrastructures technologiques Québec.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Et votre nom?
M. Rochette (Guy) : Guy
Rochette.
Une voix
: …
M. Rochette (Guy) : Bon, donc
là, si on parle de la catégorisation des données, les données ont été
catégorisées en trois types de données. On parle de la donnée non sensible, de
la donnée sensible puis de la donnée extrêmement sensible, très sensible. Donc,
il y a des critères qui ont été faits puis qui sont basés sur le PBMN du
gouvernement du Québec, du Canada, et du FedRAMP, au niveau, là, du
gouvernement des États-Unis. Le FedRAMP, bien, c'est tous des critères de
sécurité qu'ils se donnent, là, pour voir ça.
Donc je ne sais pas si vous connaissez le ISO
27001, le SOC 2, type 2, c'est toutes des normes de sécurité…
M. Rochette (Guy) : …PBMN
du gouvernement du Québec… duCanada et
FedRAMP) du gouvernement des États-Unis. Le FedRAMP, bien, c'est tout des
critères de sécurité qu'ils se donnent, là, pour pouvoir ça. Donc je ne sais
pas si vous connaissez le ISO 27001, le SOC 2 type 2, c'est
tout des normes de sécurité.
Mme Rizqy : …moi, je
tiens à vous assurer tout de suite, M. Rocher…
M. Rochette (Guy) :
Rochette.
Mme Rizqy : …les normes
ISO, tout ça, à part celles qui sont environnementales, je vais être honnête
avec vous, non, je ne connais pas. Par contre, si vous me parlez en langage
clair, il y a de fortes chances que monsieur et madame à la maison qui nous
regardent vont aussi comprendre.
M. Rochette (Guy) : O.K.
Mme Rizqy : Donc, moi, par
exemple, je veux savoir : Mon Dossier santé, dans quelle catégorie qu'il
va tomber? Catégorie un, pas sensible, moyennement sensible ou la troisième
catégorie, extrêmement sensible? Mon dossier Revenu Québec, mon dossier à la
SAAQ, puis, par exemple, mon dossier éducation parce qu'on a aussi un dossier
éducation primaire, secondaire qui nous suit. On a notre code permanent qui
nous suit tout le long de notre vie d'élève à étudiant. Moi, c'est plus comme
ça que j'aimerais comprendre, là, les catégories.
M. Rochette (Guy) : O.K.
nous autres, on a…
Une voix
: …
M. Rochette (Guy) : O.K.
Mme Rizqy : Sinon, on a
un autre bloc.
M. Rochette (Guy) : O.K.
On a produit un guide d'analyse de préjudices qui détermine la valeur de la
donnée, et il y a plusieurs… il y a des catégories au niveau de la donnée et, en
fonction de la donnée, le ministère ou l'organisme va regarder ce guide-là qui
a plusieurs critères puis plusieurs étapes et qui va lui permettre de
catégoriser la donnée dans la bonne… dans la donnée sensible, non sensible ou extrêmement
sensible. Et si la donnée a été évaluée comme extrêmement sensible, elle va
être logée dans l'infonuagique gouvernementale. Si elle est sensible, elle va
être logée dans l'informatique… dans l'infonuagique externe, mais seulement que
dédiée à certaines compagnies qui vont respecter les critères de sécurité qui
ont été très… qui ont été élaborés. Et si elle est non sensible, bien, ça va
être placé dans un… il y aura un éventail plus large de fournisseurs en
infonuagique externe.
Mme Rizqy : O.K. Puis,
pour que nous, on puisse comprendre, là, par exemple, nos dossiers étudiants,
c'est quelle catégorie?
M. Rochette (Guy) :
Bien, là, ça, je ne peux pas le dire par rapport à… parce que, moi, je n'ai pas
fait l'analyse de préjudice par rapport à tout ça. Mais, regarde, je vais vous
donner l'exemple…
Mme Rizqy : O.K.
D'accord. Est-ce qu'on peut voir, par exemple, l'opinion juridique pour en
prendre connaissance pour bien comprendre les catégories puis essayer d'avoir
une meilleure perspective?
M. Rochette (Guy) : Oui.
Mme Rizqy : On pourrait
l'avoir, parfait. Alors, si on peut avoir l'opinion juridique, je vais en
prendre connaissance.
• (16 h 50) •
M. Rochette (Guy) : Oui,
oui. Puis aussi on peut vous envoyer le guide, là, d'analyse de préjudices, il
est tout élaboré.
Mme Rizqy : Parfait. Oui,
j'aimerais bien. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Donc, vous allez transmettre ce guide à la
commission.
Mme Rizqy : Et l'opinion
juridique.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Et le plan, parfait. On le fera après la
commission. Ça vous va comme ça?
Mme Rizqy : Oui, oui, il
n'y a pas d'urgence.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Excellent.
M.
Caire
: …Mme
la Présidente, à la commission, puis les membres de la commission en prendront
connaissance à leur guise.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Mais ça sera après la commission,
parfait. Il vous reste 24 secondes.
Mme Rizqy : Ah! bien,
non… c'est que… bien, à moins que… non, parce que je comprends qu'il ne peut
pas... M. Rochette ne peut pas me dire immédiatement la catégorie, alors
donc je vais prendre connaissance de l'opinion juridique, du guide et, à ce
moment-là, je risque de vous revenir avec d'autres questions ultérieurement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. Rochette. Alors, nous poursuivons avec le troisième groupe
d'opposition, avec le…
Mme Rizqy : ...c'est que...
bien, à moins que... non, parce que je comprends qu'il ne peut pas... M.
Rochette ne peut pas me dire immédiatement la catégorie avant de lui faire
prendre connaissance de l'opinion juridique du guide. Bien, à ce moment-là, je
risque de vous revenir avec d'autres questions ultérieurement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. Rochette. Alors, nous poursuivons avec le troisième groupe
d'opposition, avec le député de René-Lévesque. Vous avez 10 minutes.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, je vais faire du rebond sur la collègue, à savoir, M.
le ministre, vous avez dit qu'on n'avait pas de cartographie. C'est ça que j'ai
bien cru comprendre. Pouvez-vous en dire un peu plus? Pourquoi est-ce qu'on n'a
pas de cartographie ou... Mon autre question, ce serait : Est-ce que les
données actuelles du gouvernement ont été catégorisées, et, si oui, qu'est-ce
que ça a donné? Et, sinon, quand est-ce que ce sera fait?
M.
Caire
: Bien,
en fait, pourquoi il n'y en a pas? Parce que ça n'a jamais été fait, puis ça
n'a jamais été fait parce que chaque ministère et organisme, de par sa loi
constitutive, est propriétaire de la donnée qu'il collecte. Parce que la loi
dit que le ministère et/ou l'organisme est propriétaire de ses actifs, et à ce
jour, la donnée a été considérée comme un actif. Donc, c'était propre...
c'était la propriété de chaque ministère et organisme. Et donc au niveau du
gouvernement du Québec, ça n'a jamais été fait.
Donc, maintenant, ce qu'on fait, par le
programme de consolidation des centres de traitement de l'information, et, vu
qu'on ramène ça à sa plus simple expression... on parle de trois sites,
notamment au niveau du gouvernement, mais aussi avec des contrats de services,
avec des entreprises en infonuagique... ça nous oblige, de ce fait, à procéder
à la catégorisation des données pour savoir où est-ce qu'on va les envoyer.
Donc, je vous dirais que, par la force des
choses, on va devoir cartographier cette donnée-là et là on va savoir quel est
le volume de données non sensibles qu'on possède, quel est le volume de données
peu sensibles et quel est le volume de données extrêmement sensibles.
L'hypothèse de base, c'était que les données extrêmement sensibles, ça
représentait 20 % du total des informations que le gouvernement du Québec
possédait. C'était l'hypothèse de base. On a déjà fait des démarches auprès des
ministères et organismes pour voir, de leur côté, si on était à peu près sur la
cible. Puis je vous dirais que les chiffres qu'on a obtenus nous amènent à
penser que cette hypothèse-là, à quelques pourcentages, devrait se vérifier.
Maintenant, à la fin de l'exercice, là, on
sera en mesure de vous donner un volume de données beaucoup plus précis pour
chaque catégorie, et là le gouvernement saura exactement de quels actifs il
dispose.
M. Ouellet : Donc, si je
comprends bien, vous aviez déjà énoncé votre volonté d'aller en infonuagique
sans avoir les informations totales sur le nombre de données détenues et,
surtout, sa catégorisation, qui allait vous faire dire, avant d'avoir les
chiffres, qu'on était autour de 20 %. Là, je comprends que votre choix est
déjà fait pour ce qui est des technologies. Je comprends que vous êtes à
catégoriser, qui va vous amener à cartographier. Vous nous dites que ça devrait
tourner autour de 20 %. Ce n'est pas encore le chiffre final. Ce chiffre sera
connu, mais ça pourrait varier. C'est ce que je comprends?
M.
Caire
: Oui,
tout à fait. Par contre, je vous dirais que la...
M. Ouellet : ...pour ce qui
est des technologies. Je comprends que vous êtes à catégoriser qui va vous
amener à cartographier. Vous nous dites que ça devrait tourner autour de 20 %.
Ce n'est pas encore le chiffre final, ce chiffre sera connu, mais ça pourrait
varier, c'est ce que je comprends?
M.
Caire
: Oui,
tout à fait. Par contre, je vous dirais que la décision d'aller en infonuagique
ne relève pas du degré de sensibilité de la donnée dans le sens où toutes les
données que possède le gouvernement vont être stockées en fonction de cette
technologie-là qu'est l'infonuagique, ce qui va... L'influence de la catégorie
de la donnée va être à l'effet que... de quelle façon on va stocker
l'information en infonuagique.
Alors, comme disait M. Rochette, des
données peu sensibles pourraient conservées dans un environnement dont les
normes de sécurité sont assez strictes. Des données qui ne sont pas sensibles,
par exemple, M. le député, je pense à notre site donneesquebec.ca qui... c'est
de la donnée ouverte. Alors, vous comprendrez qu'il n'y a pas... Non, ce n'est
pas vrai. J'allais dire : Il n'y a pas de sécurité à y avoir. Il y a de la
sécurité à y avoir, mais ce n'est pas le même niveau de sécurité. On va avoir
de la sécurité parce qu'on ne voudrait pas qu'un petit comique vienne mettre
des choses inappropriées sur notre site, là, ça fait qu'on comprend qu'il y a
quand même de la sécurité. Ceci étant dit, on ne souhaite pas qu'il y ait un
site hypersécurisé contre les fraudeurs parce que, dans le fond, c'est des
données qu'on souhaite qu'elles puissent être utilisées par nos concitoyens.
Par contre, de la donnée très sensible,
bien, évidemment, ça va être en infonuagique mais gouvernemental parce qu'on va
s'imposer à nous-mêmes les plus hauts standards de sécurité, autant sur la
protection électromécanique que l'accès au bâtiment, que l'accès au serveur,
que les couches de protection de logiciel dont parlait M. Rodrigue tout à
l'heure pour se protéger contre les attaques malicieuses. Autant sur la
formation du personnel parce que, comme je le disais à Mme la députée de
Saint-Laurent, puis on l'a vu avec Desjardins, l'attaque qu'a subie Desjardins
était une attaque d'un employé de Desjardins qui s'est servi de ses droits pour
aller chercher cette donnée-là. Donc, c'est tout... c'est l'ensemble de cette
protection-là qu'on doit voir et pour laquelle on doit s'assurer qu'on fait le
maximum.
M. Ouellet : Je vais changer
de registre si vous me permettez. De la stratégie numérique on va passer à
l'identité numérique mais, cette fois-ci, sur le Web. On sait que, depuis 2006,
le standard du nom de domaine Internet du gouvernement est d'utiliser le
suffixe gouv.qc.ca. En 2008, l'OBNL PointQuébec a sollicité le gouvernement du
Québec afin de l'aider dans ses démarches pour obtenir le nom de domaine
.quebec. Une motion a été adoptée à l'unanimité à l'Assemblée nationale pour
appuyer ces démarches. En 2014, PointQuébec a obtenu le suffixe ainsi que le
droit de l'utiliser. Ma collègue députée de Joliette, à l'époque, avait même présenté
une motion que la CAQ avait appuyée. Donc, ma question au ministre :
Est-ce que le standard de 2006 est encore en vigueur, et sinon ou si oui,
êtes-vous intéressé à aller de l'avant avec le suffixe...
M. Ouellet : ...appuyer sa
démarche. En 2014... «.quebec» a obtenu le suffixe ainsi que le droit de
l'utiliser. Ma collègue députée de Joliette, à l'époque, avait même présenté
une motion que la CAQ avait appuyée. Donc, ma question au ministre : Est-ce
que le standard de 2006 est encore en vigueur, et sinon, ou si oui, êtes-vous
intéressé à aller de l'avant avec le suffixe «.quebec»?
M.
Caire
: Écoutez,
ce n'est pas des discussions... honnêtement, ce n'est pas des discussions qu'on
a eues, puis pas parce que le sujet ne mérite pas notre attention, mais je vous
dirais que, quand on est arrivé aux affaires, il y avait beaucoup de choses qui
étaient... qui devaient capter notre attention. Je vous ai donné l'exemple du programme
de consolidation des CTI. Il faut comprendre que, si on s'est lancé là-dedans,
c'est parce qu'il y avait des situations préoccupantes quant à la façon dont on
stockait nos informations. On a parlé de cybersécurité, tout à l'heure, c'est
un enjeu qui était extrêmement préoccupant et prioritaire, auquel on s'est
adressé. Je vous parle du service québécois d'identité numérique parce qu'il y
a une hypothèque quant à l'utilisation des services numériques, clicSEQUR est extrêmement
complexe à utiliser puis c'est un frein à l'utilisation des services numériques,
puis, en plus, on se rend compte que cette technologie-là est désuète. Donc, il
y a eu beaucoup de dossiers, pour être honnête, puis je pense que le DPI pourra
témoigner que l'autre jour il était tout content d'avoir eu 45 minutes
pour dîner — d'ailleurs, c'est beaucoup trop, mais bon, on s'en
reparlera.
Mais, ceci étant dit, ce n'est pas un
dossier, je vous avoue, très, très, très candidement, M. le député, puis parce
que ça ne mérite pas qu'on s'y attarde, ce n'est pas un dossier sur lequel on
s'est penché au moment où on se parle. Mais j'aurai beaucoup de plaisir à en
discuter avec vous, effectivement, si le sujet vous intéresse.
M. Ouellet : Bien, on en
parle depuis longtemps, puis, en 2014, on s'est assuré d'avoir le «.quebec»,
qu'il nous appartienne. La grande question, c'est : Est-ce qu'un jour on
va faire ce virage-là, qui est un peu notre identité et qui, je pense... qui
serait facilitant aussi dans l'ensemble des communications ou la transmission
d'information à travers le gouvernement du Québec. Le «.gouv.qc.ca», c'est un
peu long, il y a un risque d'erreur, tandis que le «.quebec» serait, un, d'une
part, plus facile, mais surtout ferait partie effectivement de l'identité
québécoise de la nation québécoise, et je pense que ça serait assurément une
chose à regarder.
Puis je comprends que, sur le tableau de
bord, il y a plusieurs choses. Je ne dis pas que c'est la priorité numéro un,
mais ce que j'aimerais entendre du ministre de la Transformation numérique,
c'est que la transformation numérique qu'on est en train d'opérer se fasse
aussi dans l'identité Web qui va permettre au gouvernement du Québec ainsi qu'à
ses instances, et à ses fonctionnaires, et à ses organismes qui sont autour du
gouvernement d'avoir une entité unique qui nous permet d'affirmer notre
identité, mais aussi notre unicité à travers cette immense… toile Web, pardon,
qu'est l'Internet.
• (17 heures) •
M.
Caire
: Bien,
je peux vous dire que le standard est toujours actif, là, ça, ce n'est pas un
problème. Mais effectivement, je… moi, je ne suis pas...
17 h (version non révisée)
M. Ouellet : …qui nous permet
d'affirmer notre identité, mais aussi notre unicité à travers cette immense
Web… toile Web, pardon, qu'est l'Internet.
M.
Caire
: Bien,
je peux vous dire que le standard est toujours actif, là, ça, c'est… ce n'est
pas un problème. Mais effectivement, je… moi, je ne suis pas hostile à cette
idée-là, pas du tout. Ceci étant dit, je pense que vous l'avez bien résumé, M.
le député. Disons que dans la liste… et quelqu'un de très sage m'a dit :
Il faut faire la distinction, quand on arrive dans un poste de gestion, entre
ce qui est urgent et ce qui est important. On s'est attaqué à ce qui était
urgent, puis je vous dirais qu'on n'a pas encore fini de compléter le travail
dans les urgences. C'est certainement un sujet important qui méritera notre
attention lorsque ce sera approprié de le faire, mais je vous dirais que pour
l'instant, on est vraiment à essayer de régler les urgences au niveau de la
transformation numérique.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Il reste 20 secondes.
M. Ouellet : Ah! Bien, je
vais le reporter à mon prochain bloc. Je vais terminer la discussion sur ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, nous poursuivons avec un autre bloc avec l'opposition
officielle et avec la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
J'ai eu, durant l'échange entre le député de René-Lévesque et le ministre… je
suis allée fouiller peu parce que… puisque vous avez dit que vous catégorisez
les données puis… un peu à l'instar d'Ottawa. Donc, je suis allée voir le site
Web d'Ottawa et il y a les données confidentielles, secrètes et ultrasecrètes.
Alors, là, je suis un peu, je vous dirais, M. le ministre… parce que le cadre
d'Ottawa… puis j'ai aussi un peu regardé, là, je vous dirais que je n'ai pas eu
le temps de regarder les 75 pages, mais j'ai regardé en diagonale le cadre
normatif du Québec. Et même, dans le cadre, ce n'est pas précis c'est quoi
qu'on va considérer comme confidentiel, secret et ultrasecret.
M.
Caire
: Bien,
en fait, dans notre… de notre côté à nous, là, ce qui est secret, ultrasecret
et confidentiel va se ramasser dans la catégorie de la donnée sensible. Ce dont
on va vous faire part, ce qu'on va vous faire parvenir, c'est le guide dont
les… dont on va doter les organismes pour aller plus largement dans le non
sensible. Puis tantôt, c'est ce que je disais au collègue de René-Lévesque, le Québec
s'est doté d'un site qui s'appelle donneesquebec.ca, qui est de la donnée
ouverte. Alors, on peut comprendre qu'une donnée comme celle-là n'a pas besoin
d'être entourée des mêmes mesures de sécurité qu'une donnée qui est extrêmement
sensible pour lesquelles, comme je vous expliquais, Mme la députée, on est à
rehausser l'édifice où loge actuellement feu le CSPQ, hein, je peux dire ça,
feu le CSPQ? Bon. Parce qu'il faut assurer la sécurité physique des lieux, il
faut assurer la sécurité des accès. Il faut s'assurer de la probité des gens
qui vont y travailler…
M.
Caire
: ...où
loge actuellement feu le CSPQ, hein, je peux dire ça, feu le CSPQ? Bon. Parce
qu'il faut assurer la sécurité physique des lieux, il faut assurer la sécurité
des accès, il faut s'assurer de la probité des gens qui vont y travailler. Il
faut s'assurer que les équipements électromécaniques sont à la fine pointe. On
est aussi, là... l'ITQ est à faire les démarches pour aller chercher une
certification ISO 27001, qui, comme vous le savez, est le plus haut niveau
de certification en matière de sécurité de l'information.
Donc, toutes ces mesures-là, on les met en
place. Et ce qu'on fait au gouvernement du Québec, c'est pour... Alors, il n'y
aura pas de confidentiel, ultraconfidentiel et... Ça va être les données sensibles
qui vont regrouper l'ensemble de ces définitions.
Maintenant, le guide qu'on va vous fournir
va être celui qui va être utilisé par les ministères et organismes qui vont
avoir à faire la revue diligente et la catégorisation de leurs données pour
ensuite savoir avec qui ils vont faire affaire pour le stockage de données.
Est-ce que ce sera l'ITQ? Est-ce que ce sera des entreprises de services
infonuagiques qui ont atteint un niveau de certification raisonnable en matière
de sécurité? Ou est-ce que ce sera des organismes, dont les mesures de sécurité
sont moindres, mais qui sont quand même... dans la mesure où je vous l'ai dit
qu'il ne faudrait pas non plus qu'on se ramasse avec des données non
pertinentes ou indésirables sur des sites qui sont du gouvernement.
Mme Rizqy : Je doute que
le gouvernement du Québec conserve des données non pertinentes des citoyens. Et
là je suis en ce moment en train de lire le cadre légal et normatif du
gouvernement du Québec. Puis honnêtement, là, je n'ai pas lu les 74 pages,
là, mais il n'y a pas... J'ai passé en diagonale pendant votre échange, et il
n'y a pas le commencement, là, de quoi que ce soit qui peut me donner à moi,
simple citoyenne, quand même élue... qu'est-ce qui est une donnée sensible
versus qu'est-ce qui est ultrasecret?
Donc, moi, là, ce que je comprends, c'est
qu'il y a trois catégories : sensible, moyennement sensible et
ultrasensible... extrêmement sensible, pour reprendre, je pense,
M. Rochette, ses termes. La seule chose qui va être gardée au niveau du
Québec, du gouvernement, c'est les données extrêmement sensibles. Mais les deux
autres catégories sont quand même dans la... gérées par le privé, là.
Donc, moi, je pense que ce qui se conçoit
bien s'énonce clairement. Je viens de regarder 74 pages, puis là-dedans il
n'y a rien, là, qui dit exactement, là, qu'est-ce qu'une donnée sensible. Et je
crois que les Québécois doivent comprendre qu'est-ce qui va être privatisé
versus qu'est-ce qui va rester dans la gestion du gouvernement. C'est pour ça que
je reviens avec des exemples simples.
Puis là, là-dedans, je m'excuse, mais le
cadre, là, qui est présenté, qui a été publié, il n'y a pas d'exemple simple,
alors ça devient très difficile pour moi, là, ça devient un débat pratiquement
théorique, puis qu'on dit : On vous a donné un cadre légal et normatif,
mais vous le savez aussi bien que moi, un cadre...
Mme Rizqy : ...dans la gestion
du gouvernement. C'est pour ça que je reviens avec des exemples simples. Puis
là, là-dedans, je m'excuse, mais le cadre, là, qui est présenté, qui a été
publié, il n'y a pas d'exemple simple. Alors, ça devient très difficile pour
moi, là, ça devient un débat pratiquement théorique. Puis on dit : On vous
a donnés un cadre légal et normatif. Mais vous le savez aussi bien que moi, un
cadre légal et normatif, si moi, je ne suis pas capable de le comprendre, puis
je suis avocate, le citoyen, là, qui n'a pas juste ça à faire, il ne comprendra
pas plus que moi, là.
M.
Caire
: Bien,
je vous entends, là, Mme la députée. Ceci étant, je voudrais quand même faire
la part des choses, parce que... puis je comprends ce que vous dites, puis je
ne suis pas insensible à ce que vous dites, puis on pourra avoir des
discussions sur... avec les équipes pour savoir est-ce qu'on peut rendre... ou
rendre publique une information digeste sur les définitions qu'on se donne.
Ceci étant dit, vous êtes... Mme la députée, vous êtes aussi avocate et vous
savez que le corpus législatif québécois n'est pas non plus à la portée de M.
et Mme Tout-le-monde parce qu'il y a des choses qui sont complexes et qui
méritent qu'on soit, je vous dis... qu'on les adresse d'une façon assez
précise. Et, oui, je pense qu'on peut peut-être faire des efforts pour mieux
vulgariser des informations qu'on donne, mais il reste qu'un cadre normatif, ça
se doit quand même d'être étoffé. Il y a un guide qui vient avec ça. Ce
guide-là est à l'intention des responsables des ministères et organismes, qui
sont quand même des initiés, donc, pour être sûr que tout le monde est clair et
tout le monde sait ce qu'il a à faire. Oui, ça se peut qu'on produise des
documents qui ne sont pas à la portée de tout le monde. Est-ce qu'on peut faire
un meilleur effort pour en faire un qui va être plus digeste? Je vous entends,
Mme la députée.
Ceci étant dit, je vais apporter une
petite correction, parce que ça, c'est quelque chose qui me chatouille un petit
peu plus, quand vous parlez de privatiser la donnée. Moi, je veux être clair,
on va retenir... on... Non, c'est ça, justement, non, la gestion demeure la
responsabilité des ministères et organismes. On va utiliser de l'espace
infonuagique, on va utiliser des services infonuagiques, mais le propriétaire
de la donnée, le responsable de la donnée et le gestionnaire de la donnée
demeure le ministère et organisme à qui appartient la donnée. Donc, il y a zéro
privatisation de la donnée quel que soit son niveau de sensibilité. Parce que
privatisation signifie qu'on donne la propriété. Alors, ça, là, il n'en est pas
question. Je veux vous rassurer, Mme la députée. Puis...
Mme Rizqy : M. le ministre, je
reprends mot pour mot les propos de votre collègue qui était, à l'époque,
président du Conseil du trésor. C'est lui qui a utilisé le terme
«privatisation». Et je...
M.
Caire
: Bien,
comptez sur moi pour le corriger comme il le mérite.
Mme Rizqy : ...je sens
vraiment ici votre engouement pour protéger ce terme. Par contre, au niveau
factuel, factuellement, c'est quand même... et vous étiez alors présent lors de
cette annonce... Et M. le président du Conseil du trésor de l'époque, qui est
rendu aujourd'hui ministre de la Santé, a dit : Plus de 80 % des
données va... sera maintenant géré par le privé. Il parlait à ce moment-là des
serveurs...
Mme Rizqy : ...factuellement,
c'est quand même... tu sais, là, vous étiez alors présent lors de cette
annonce... et M. le président du Conseil du trésor de l'époque, qui est rendu aujourd'hui
ministre de la Santé, a dit : Plus de 80 % des données sera
maintenant géré par le privé et il parlait à ce moment-là des serveurs, et de
libérer l'espace du gouvernement, et prendre l'espace au niveau du privé, et, à
ce moment-là, il parlait d'économies.
Moi, là, je ne suis même pas encore dans
ce débat d'économies. Vous savez comment que je suis sceptique là-dessus quand
c'est géré par le privé. Moi, je suis vraiment en train de comprendre. Juste,
un, je veux qu'on cerne le débat entre vous et moi aujourd'hui, parce qu'un
prénom puis un nom de famille, ça peut sembler pas sensible comme information.
Si vous vous appelez Martin Ouellet, ça se peut qu'il y en ait plusieurs au
Canada. Si vous vous appelez Marwah Rizqy, bien il y en a une, elle est devant
vous. Donc, moi, je vais dire : Bien, elle est un petit peu sensible parce
que moi, vous allez m'identifier si jamais il y a un risque de fuite de
données.
Et là, c'est là-dessus que j'ai besoin de
vous, parce que dire que les ministères auront plus d'informations, c'est une
chose puis c'est correct, mais le citoyen, c'est son information personnelle,
c'est lui qui doit comprendre les tenants et aboutissants de la stratégie
numérique que vous voulez développer. Le citoyen qui doit comprendre qu'est-ce
qui se passe à partir de maintenant, quels sont les risques et il n'y aurait
pas un guide aussi important, de 74 pages au niveau du Québec plus celui du
fédéral, si ce n'était pas si important. Et le cadre... Je regarde le cadre
normatif, là, il y a une dizaine de lois, là, auxquelles vous faites référence.
Ça veut dire que c'est important.
Après ça, il faut le vulgariser et moi,
là, mes questions, elles sont tellement simples. Je veux juste savoir : le
Dossier santé, qui qui le gère à partir de... Où est-ce qu'il va être stocké?
Je vais enlever même de mon vocabulaire, pour vous faire plaisir, le mot
«gérer». Dossier santé va être stocké où? Dossier étudiant va être stocké où?
Le dossier Revenu Québec va être stocké où? Le dossier permis de conduire va
être stocké où? Aussi simple que ça, si vous me répondez à ces quatre-là, je
vais être heureuse.
• (17 h 10) •
M.
Caire
: Vous
me permettrez peut-être de revenir à la genèse de votre question, parce que
j'entends votre appel du pied sur le fait qu'il y a peut-être un effort supplémentaire
à faire sur la vulgarisation qu'on veut faire, en termes de catégorisation des
données et comment on va procéder pour décider où est-ce que les données des Québécois
vont être stockées. J'entends votre appel du pied, Mme la députée, puis je
prends l'engagement aujourd'hui de m'asseoir avec les équipes puis de
dire : Bon, bien, il y a-t-u un effort qu'on peut faire pour s'assurer,
là, de produire un document intelligible pour M. et Mme Tout-le-monde.
Ceci étant dit, vous comprendrez que c'est
des sujets qui sont complexes, qui ne sont pas toujours si simples que ça à
vulgariser. Vous venez du milieu du droit, quelques fois, je suis convaincu que
vous avez eu la lourde tâche d'essayer d'expliquer à des citoyens le corpus législatif
québécois puis vous vous êtes demandé : Bon, O.K., comment je leur
explique ça maintenant. Mais cet effort-là, on va le faire.
Maintenant, sur la base de l'exercice de
dire... bien, je vous dirais, il faudrait prendre la donnée puis le faire
passer à travers le processus qu'on va mettre en place. Puis ça, ça fait partie
de ce dont je vous...
M.
Caire
: ...je
leur explique ça maintenant, mais cet effort-là, on va le faire.
Maintenant, sur la base de l'exercice de
dire... bien, je vous dirais, il faudrait prendre la donnée puis le faire
passer à travers le processus qu'on va mettre en place. Puis ça, ça fait partie
de ce dont je vous parlais tout à l'heure. Quand on a parlé des organismes
cibles, bien, ça venait aussi avec le fait qu'on va tester ce processus-là. Et
donc on va s'assurer, à travers cet échantillon d'organismes là, que notre
modèle fonctionne bien, qu'il fait le travail, et ça, ça inclut le fait que,
quand on a fait passer la donnée à travers le prisme du guide, et que cette
donnée-là, on se dit : Bon, bien, on le met dans tel niveau
d'infonuagique, que le résultat final nous apparaît être correct. Puis si le
résultat final nous dit : Je ne suis pas sûr que ça donne le résultat
qu'on souhaitait, bien, il faut être capable de changer le modèle puis
d'ajuster le guide.
Mme Rizqy : Bon, là, si je
comprends bien, les ministères vont utiliser le protocole, ils vont faire
passer, pour reprendre votre expression, le prisme, et vont faire une décision.
Une fois que la décision est prise, qui a l'obligation de vérifier que c'est la
bonne décision qui est prise?
M.
Caire
: O.K.
En fait, le ministère et... le ministère ou l'organisme propriétaire de la
donnée va faire cet exercice-là. L'ITQ aura l'obligation de valider la décision
qui aura été prise et, en cas de désaccord, c'est l'ITQ qui va trancher.
Mme Rizqy : ...question. Qui
est imputable en cas de mauvaise... de mauvais entreposage, en cas de fuite de
données? Qui devient imputable, l'entreprise qu'on a rémunérée ou le gouvernement?
M.
Caire
: Là,
je veux juste être sûr que je comprends bien votre question. Donc, ce que vous
dites, c'est que je suis un organisme, je suis en service avec une entreprise
d'infonuagique, je stocke de l'information et il y a un bris de
confidentialité, disons, de la donnée sensible, il y a un non-respect du
contrat. Est-ce que c'est ça votre question?
Mme Rizqy : Dès lors qu'il y a
une fuite de données chez un des fournisseurs de services, que ce soit
catégorie 1, 2 ou 3, qui devient responsable? Qui devient imputable?
M.
Caire
: Bien,
ça me prendrait un cas, parce qu'il y a des ententes contractuelles...
Mme Rizqy : Bien, je vais vous
donner un exemple.
M.
Caire
: ...et
s'il y a bris ou s'il y a non-respect du contrat, bien, évidemment, c'est l'entreprise
qui est en défaut. Si c'est au... Si l'erreur s'est produite au niveau du ministère
ou de l'organisme qui est propriétaire de la donnée, bien, c'est cet organisme-là,
à travers son plus haut dirigeant, qui est imputable. Puis ultimement, là, puis
ultimement, je vous dirais que c'est moi qui vais répondre à vos questions. Ça,
il y a quelque chose qui me dit ça.
Mme Rizqy : O.K., oui. Mais,
avant d'arriver à «ultimement», là, moi, ce que je regarde vraiment... Je vais
vous donner un exemple, là. Rappelez-vous quand, aux serveurs d'Amazon, une
ex-employée, lors de son travail chez Amazon, a découvert la...
M.
Caire
: ...je
vous dirais que c'est moi qui va répondre à vos questions. Ça, il y a quelque
chose qui me dit ça.
Mme Rizqy : O.K. Oui. Mais,
avant d'arriver à «ultimement», là, moi, ce que je regarde vraiment... Je vais
vous donner un exemple, là. Rappelez-vous quand, aux serveurs d'Amazon, une
ex-employée, lors de son travail chez Amazon, a découvert la brèche. La
personne est partie et finalement a exploité la brèche une fois qu'elle n'était
plus à l'emploi d'Amazon.
Amazon s'est virée de bord, en
disant : Ah! bien, ce n'est pas chez nous, le problème... un ex-employé.
Elle disait : Oui, mais notre client, au niveau de ses données cryptées,
ce n'était pas parfaitement bien crypté, donc, au fond, relayait la faute chez le
client, grosso modo, et ça, ça risque souvent d'arriver, que ce soit cette
entreprise... et je ne veux pas cibler cette entreprise. Toutes les
entreprises, dès lors qu'il y a une fuite de données, c'est le naturel. Les
compagnies d'assurance qui les représentent vont essayer de trouver quelqu'un
d'autre à blâmer. Alors, moi, j'aimerais savoir : Dans les contrats, là,
que vous avez rédigés, avez-vous pensé à cela?
M.
Caire
: Oui.
Et d'ailleurs, dans le cas que vous citez, Mme la députée, l'entreprise a été
blâmée par la cour, au final. Donc, on a reconnu que c'était la responsabilité
de l'entreprise, ce qui s'était passé, et non pas du fournisseur de services.
Donc, dans le cas qui nous préoccupe, dans
le cas que... l'exemple que vous citez, si, effectivement... Puis c'est en lien
avec ce que j'ai dit. Le ministère et l'organisme demeurent le gestionnaire de
la donnée, demeurent responsables de la donnée quant à sa gestion. L'entente
avec l'entreprise d'infonuagique, c'est le cadre dans lequel on va gérer ça. Et
donc si tant est que le bris de sécurité venait du fait qu'on a mal géré le
départ d'un employé, clairement, c'est l'organisme qui serait à blâmer. Mais
ultimement, comme je vous dis, la responsabilité ministérielle fait en sorte
que quelque chose me dit qu'au salon bleu c'est moi ou un collègue qui
répondrait à vos questions.
Mme Rizqy : Oui, mais, vous
voyez, il y a une petite contradiction, puis la contradiction n'émane pas de
vous, là. Vous venez de dire, bien, dans le cas qui nous occupe, dans l'exemple
que j'ai donné, malgré que l'ex-employée a découvert la brèche alors qu'elle
était à l'emploi d'Amazon, elle est venue dire... Bon, bien, c'est
l'entreprise, finalement, qui a été blâmée. Pas Amazon, mais le client, là.
M.
Caire
: Elle
n'était pas... Ce n'était pas... Elle n'était pas employée d'Amazon. Elle était
employée de... je ne me souviens plus le nom, là, de... Mais en tout cas...
Mme Rizqy : Oui, peut-être
qu'on ne parle pas du même dossier. D'accord. Mais, bon...
M.
Caire
:
C'était une ex-employée de l'entreprise qui a été blâmée, et non pas d'Amazon.
Mme Rizqy : O.K. Peut-être
qu'on va...
M.
Caire
: Bien,
peut-être que je me trompe, là. Je vois votre regard sceptique, là, mais...
Mme Rizqy : Bon, bien... si
on...
M.
Caire
: Mais,
ceci étant, dans le... dans...
Mme Rizqy : Bien, dans le
doute, bien...
M.
Caire
:
...dans le contexte, je dirais que la responsabilité échoit à l'entreprise, qui
n'aura pas su gérer le départ d'un employé, soit parce qu'on ne lui a pas
enlevé ses accès, soit parce qu'on n'a pas éliminé son mot de passe, soit parce
qu'on... Bon, je pense que, quand un employé quitte, il y a des gestes à poser.
Ce n'est pas toujours le cas, mais il faut s'assurer que ces gestes-là sont
posés.
Mme Rizqy : O.K.
M.
Caire
: Et
ça, ça fait partie de la responsabilité de l'employeur de s'assurer que cet
employé-là ne peut pas se servir de ses anciens privilèges pour poser des
gestes qui sont nuisibles.
Mme Rizqy : Et c'est quoi,
vos garanties? Parce qu'il y a des entreprises qui sont milliardaires, Amazon,
puis d'autres qui ne le sont...
M.
Caire
: ...il
faut s'assurer que ces gestes-là sont posés. Et ça, ça fait partie de la
responsabilité de l'employeur de s'assurer que cet employé-là ne peut pas se
servir de ses anciens privilèges pour poser des gestes qui sont nuisibles.
Mme Rizqy : Et c'est quoi vos
garanties? Parce qu'il y a des entreprises qui sont milliardaires, Amazon, puis
d'autres qui ne le sont pas. Alors, c'est quoi vos garanties si jamais... au
niveau des respects...
M.
Caire
: O.K.
Au niveau des... parce que là, je comprends que vous amenez le débat sur les
entreprises fournisseurs de service, alors, à ce niveau-là, on a négocié, puis
c'est une des étapes qui a été peut-être la plus complexe, parce qu'on a
négocié un contrat type pour s'assurer d'un certain nombre de choses, notamment — puis
là, si je dis des niaiseries, Guy, tu me lanceras quelque
chose — mais notamment que, bon, on n'utilisait pas des paradis
fiscaux... Vas-y donc voir...
M. Rochette (Guy) : O.K.
bien, c'est parce que, ce qu'on regarde...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah oui!
M.
Caire
: Avec
votre consentement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, vous avez le... Allez-y, M. Rochette.
M. Rochette (Guy) : Au niveau
de la donnée, bien, il faut que le pays ou l'endroit où est-ce que les données
vont être hébergées ont une protection des renseignements personnels
équivalente ou supérieure à celle du Québec et qui respecte aussi le droit de
l'homme. Donc, tu sais, c'est ces deux critères-là. Donc, ça a... tout a été
analysé. Ça fait que ceux qui nous suggéraient des sites où les données
pouvaient être hébergées, mais qui ne respectaient pas ces conditions-là, bien,
ils n'ont pas été retenus.
M.
Caire
: Il
n'y a pas des temps de réponse aussi?
M. Rochette (Guy) : Bien, il
y a les temps de réponse, mais ça, ça fait partie de...
M.
Caire
: Mais
c'est ça, on a ajouté des... il y a des temps de réponse minimums quand on fait
une requête pour aller chercher la donnée. Il y a un ensemble de facteurs qui
ont été prescrits, qui font l'objet de l'entente type.
Une voix
: ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...Il vous reste 1 min 35 s à l'échange.
• (17 h 20) •
Mme Rizqy : O.K. Moi,
j'aimerais juste voir si c'est possible. Est-ce que... Les contrats types,
pouvez-vous les déposer pour qu'on puisse voir le langage et vérifier
l'imputabilité? Si c'est risqué, bien, à ce moment-là, juste dans l'engagement,
dans le briefing technique, de pouvoir le regarder, là...
M.
Caire
: Oui.
Bien, je vais valider la possibilité de le faire, soit de de le déposer, soit
de le faire à huis clos, ou je ne sais pas jusqu'à quel point on peut le faire,
Mme la députée. Donc, je vous le dis candidement, je vais regarder qu'est-ce
qui est possible de faire pour vous donner l'information la plus complète
possible. Et je vais vous revenir, là, aussi rapidement que possible. Mais
comme, de toute façon, c'est déjà entendu, puis j'espère que... bien, en fait,
je n'ai pas eu l'occasion d'en discuter avec le député de Rosemont, là. Mais
éventuellement, si on se fait un briefing technique, ça pourra faire partie des
éléments à l'ordre du jour.
Mme Rizqy : ...une personne
qui apprécie les briefings techniques.
M.
Caire
: Oui.
Non, c'est parce que je ne voulais pas l'informer de l'initiative à micros
ouverts. Étant donné que c'est des discussions qu'on a eues dans l'intercommission
parlementaire, je trouvais ça un peu cavalier de lui apprendre la chose de
cette façon-là, et je m'en excuse. Mais voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, il reste 18 secondes.
Mme Rizqy : Oh! je vais le
prendre...
Mme Rizqy : ...qui apprécie les
briefings techniques.
M.
Caire
: Oui.
Non, c'est parce que je ne voulais pas l'informer de l'initiative à micros
ouverts. Étant donné que c'est des discussions qu'on a eues dans
l'inter-commissions parlementaires, je trouvais ça un peu cavalier de lui
apprendre la chose de cette façon-là, et je m'en excuse. Mais voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, il reste 18 secondes.
Mme Rizqy : Je vais le prendre
au prochain bloc. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est parfait. Alors, nous poursuivons avec le député de Rosemont. Juste vous
informer que, n'ayant pas pris mes trois minutes à l'ouverture de la séance, on
a réajusté le temps. Donc, vous avez 10 minutes.
M. Marissal : C'est luxueux. Merci,
Mme la Présidente. Je vais me vautrer dans mes 10 minutes.
Je vais continuer sur cette lignée-là, sur
cette vague-là. On en a déjà beaucoup parlé, vous et nous, l'ancien président
du Conseil du trésor aussi, dans le projet de loi n° 14,
dans le projet de loi n° 37. Donc, c'était dans la
précédente civilisation. Il y a quand même... Il s'est passé deux, trois
affaires depuis. Mais la question de l'hébergement de données en infonuagique,
a, pose des questions; en infonuagique privé, b, pose d'autres questions. Et il
faut donc s'assurer, si d'aventure on allait dans cette direction, qu'il y ait quand
même à la fin ce qu'on appelle l'imputabilité, puis l'imputabilité, ce sont les
élus, dans ce cas-ci la partie ministérielle, le parti ministériel, qui doit ultimement,
comme vous l'avez dit, répondre, mais pas seulement répondre aux questions,
parfois on en répond même de son job. Je ne vous souhaite pas ça, ce n'est pas
ça que je suis en train de dire, mais ça peut arriver, on l'a vu hier à Ottawa,
parfois que l'imputabilité amène jusqu'à ça.
Il ne faudrait pas non plus établir toute
une série de tampons, là, ou de «buffers» qui vont juste éloigner l'imputabilité
ministérielle parce que le DPI en a parlé avec ITQ, ITQ tranche. Là, déjà là, il
n'y a pas vraiment d'intervention ministérielle. Je me souviens des longues
conversations que j'avais eues avec l'ancien président du Conseil du trésor là-dessus.
Ensuite, vous dites : S'il y a une fuite grave ou non, peu importe — c'est
des données personnelles. Donc, moi, je présume que c'est toujours grave. Après
ça, ça peut être extrêmement grave, mais c'est grave — bien, ce sera
l'entreprise qui devra assumer la responsabilité et, je présume, sévir. Mais on
est encore loin, là, de l'imputabilité ministérielle. Donc, on sous-traite en
quelque sorte les données personnelles des citoyens et des citoyennes du Québec
et on les éloigne donc d'une protection ultime, qui est l'imputabilité
gouvernementale et ministérielle.
Donc, moi, je pense que ma première
question, là, étant donné tout cela et étant donné qu'il a coulé pas mal d'eau
sous les ponts depuis qu'on a parlé de ça, il y a déjà un siècle et demi :
Vous en êtes où dans vos réflexions et dans vos pourparlers, s'il y a eu
pourparlers, avec les géants que peuvent être Amazon, Google? Sont-ils toujours
dans les plans? Moi, je me souviens d'avoir visité, à la demande, à
l'invitation du maire de Valleyfield, les...
M. Marissal : …il y a déjà un
siècle et demi. Vous en êtes où dans vos réflexions et dans vos pourparlers,
s'il y a eu pourparlers, avec les géants que peuvent être Amazon, Google?
Sont-ils toujours dans les plans? Moi, je me souviens d'avoir visité, à la
demande… à l'invitation du maire de Valleyfield, les installations où on
pourrait recevoir concurremment à Beauharnois, qui semblait être plutôt
privilégié. On avait déjà trouvé des terrains, on était déjà en train de
dézoner, on avançait, là, quand même, dans ce dossier-là. Mais si c'est le
contraire, vous pouvez me le dire, je ne suis pas, peut-être, à jour.
Et par ailleurs, il y avait aussi toute la
question d'un fournisseur québécois. Et certains de ces fournisseurs potentiels
se plaignaient de ne pas arriver à se qualifier parce que les critères étaient
beaucoup trop élevés. Alors, si vous pouvez juste éclairer ma lanterne, mettre
mon horloge à jour… à l'heure.
M.
Caire
: Oui,
avec beaucoup de plaisir. Puis c'est des débats, des sujets qui sont
extrêmement intéressants. D'entrée de jeu, je me permettrai de dire au député
de Rosemont que le chiffre que je lui promettais tout à l'heure, c'est 141.
Donc, c'est 141 employés de l'État qui n'ont pas les... qui n'ont pas la
capacité d'aller en télétravail, sur les 68 000 employés de l'État.
Maintenant, sur la question de la responsabilité,
je ne veux juste pas qu'il y ait d'ambiguïté, je répondais à la députée de Saint-Laurent
sur quelle démarche on ferait contractuellement s'il y avait bris. Mais il est
clair que la responsabilité, elle est toujours ministérielle. Pour moi, il n'y
a pas d'enjeu, il n'y a pas de question. Même si l'entreprise brise son
contrat, je veux dire, c'est le gouvernement du Québec qui a mis en place ce système-là,
c'est le gouvernement du Québec qui a décidé d'aller en services infonuagiques,
c'est notre décision. Et, oui, on a négocié une entente-cadre, mais c'est de la
même façon que si on engageait une firme de consultants pour livrer x ou y
livrable, que cette firme-là ne respecte pas son contrat... bien, c'est sûr
qu'il y a des actions à prendre contre la firme. Mais la responsabilité, dans
l'État, elle est toujours ministérielle. Ultimement, c'est le ministre qui
répond de ce qui se passe dans son ministère, et ça, pour moi, il n'y a pas
d'ambiguïté.
Maintenant, sur la question : On en
est où? bien, on est à compléter le processus dans une deuxième phase. Je vous
dirais que la catégorisation des données nous a permis justement, d'abord,
d'aller chercher plus de fournisseurs québécois, ce qui était, je vous dirais,
une très bonne nouvelle. Nous sommes à finir de les qualifier. J'ai demandé à
ce que ça soit complété assez rapidement, merci, idéalement, que ce soit
complété avant que nous retournions en Chambre, de façon à ce que les collègues
puissent prendre connaissance des entreprises qui seront… qui auront la
possibilité d'offrir leurs services aux différents ministères et organismes. Le
collègue de Rosemont...
M.
Caire
: …assez
rapidement, merci, idéalement que ce soit complété avant que nous retournions
en Chambre, de façon à ce que les collègues puissent prendre connaissance des
entreprises qui seront… qui auront la possibilité d'offrir leurs services aux
différents ministères et organismes. Le collègue de Rosemont ne sera pas
surpris si je lui dis qu'effectivement les grands fournisseurs de services
infonuagiques sont au rendez-vous. Mais je vous dirais que ça a été une
agréable surprise de voir le nombre substantiel de fournisseurs québécois qui,
potentiellement, se qualifieront pour solliciter… ou c'est-à-dire pour offrir
leurs services en infonuagique.
Donc, de ce côté-là, je pense que nos
entreprises québécoises n'auront pas à rougir de la place qu'elles vont occuper
dans le catalogue des services infonuagiques. Il reste, parce qu'il y a des
considérations légales, parce que je comprends que la responsabilité
ministérielle, on va quand même s'assurer que les entreprises, qui font affaire
avec l'État, le font dans un cadre juridique et contractuel qui est très clair
et qui va permettre au gouvernement du Québec, le cas échéant, de prendre des
actions si ces entreprises-là ne livrent pas la marchandise, tel que spécifié
par les contrats.
M. Marissal : Très bien. M.
Rochette disait tout à l'heure, si nous devions… ou que l'entreprise choisie
devait stocker en infonuagique des données dans une autre juridiction, donc
dans un autre pays, il faudrait donc que ce pays ait les normes équivalentes
minimalement à celles du Québec. Est-ce que cela ne désengage pas l'entreprise
qui a le contrat? De un, puis de deux : Ne serait-il pas plus simple de
les garder ici, nos données?
M.
Caire
: En
fait, je vous dirais que nous ne pouvons pas interdire le fait que les données
traversent la frontière. La nouvelle entente Québec, Mexique, États-Unis
spécifie, à son article 21, que le stockage de données ne peut pas faire
l'objet d'une restriction. Donc, on ne pourrait pas, selon cette entente-là,
dire : Vous devez conserver les données au Québec. Nous irions contre
l'entente que nous avons ratifiée à cet effet-là.
• (17 h 30) •
Par contre, ce qui peut être fait, c'est
de s'assurer qu'il y a un cadre de protection des données, des renseignements
qui sont stockés par l'entreprise, qui est l'équivalent ou qui est supérieur à
ce que la loi du Québec prescrit, ça, on peut faire ça. On peut aussi exiger
d'avoir des temps réponse. Lorsque le ministère ou l'organisme fait une requête
sur sa base de données, on peut exiger des temps réponse, on peut exiger que la
réponse se fasse à l'intérieur de temps de millisecondes, par exemple. Donc, on
peut mettre…
17 h 30 (version non révisée)
M.
Caire
:
...exiger d'avoir des temps réponse. Lorsque le ministère ou l'organisme fait
une requête pour... sur sa base de données, on peut exiger des temps réponse,
on peut exiger que la réponse se fasse à l'intérieur de tant de millisecondes, par
exemple. Donc, on peut mettre ce genre de contrainte là. On peut exiger que
le... comme l'a dit M Rochette, que le pays respecte la Déclaration des
droits de l'homme, on peut exiger ça. Donc, ça, c'est autant de conditions
qu'on met dans les contrats qui nous permettent de s'assurer que les
entreprises...
Et, d'ailleurs, je vous dirais que
plusieurs de ces grandes entreprises-là, que ce soit Amazon, Microsoft, Google,
viennent s'installer au Québec. Alors l'effet, je dirais, de ça, c'est qu'ils
viennent installer leurs centres de traitement d'informations au Québec et que
ça représente quand même des investissements substantiels, ça représente de la
vente d'électricité, ça représente des emplois qui sont très payants. Évidemment,
là, c'est des domaines où les emplois sont payants. Donc, il y a des effets
positifs aussi.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Il reste 25 secondes.
M. Marissal : À noter
que, dans le cadre de 37 et de 14, vous vous rappellerez qu'il y avait une
clause qui disait que le gouvernement du Québec ne peut faire affaire avec un
fournisseur reconnu de fraudes ou de malversations. Je vous soumets que ça
risque d'être compliqué avec Amazon puis Google qui accumulé les condamnations
puis qui sont en chicane avec à peu près tous les pays civilisés de la terre et
je vous soumets simplement que ça risque d'être un peu compliqué en vertu des amendements
qu'on a adoptés dans les deux projets de loi.
M. Caire
: Bien,
en fait, on...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. C'est tout pour l'échange. Merci. Alors,
nous poursuivons avec l'opposition officielle. Vous avez
18 min 40 s. À vous la parole, la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci. Écoutez,
permettez-moi de continuer cet échange. M. le ministre, vous avez dit : L'article 21
du nouvel accord négocié Canada-États-Unis et le Mexique… l'article 21 de
cet accord, permettez-moi d'y aller, c'est qu'on parle de la législation
nationale qui interdit les comportements commerciaux anticoncurrentiels. Donc…
M. Caire
: …
Mme Rizqy : Non, non,
c'est le bon article. Vous… non, c'est…
M.
Caire
:
…article. Et il me semble que c'est 21 qui spécifie…
Mme Rizqy : C'est le bon
article.
M.
Caire
: O.K.
Mme Rizqy : Mais mon
propos, permettez-moi de formuler ma question. On parle que les trois pays ne
peuvent pas avoir des règles qui ne favorisent pas les échanges commerciaux.
Or, les données personnelles, c'est des biens hors commerce. Alors, en quoi l'article 21
nous empêche de protéger les données des Québécois, leurs renseignements
personnels? Moi, je ne peux pas, demain matin, aller vendre, par exemple, mon
identité numérique ou biométrique, là. Alors, c'est pour ça que, là, ici, je
suis vraiment étonnée. Alors, je ne sais pas s'il y a un juriste dans l'équipe,
là, qui pourrait peut-être m'éclairer.
M.
Caire
: C'est
parce que je le dis de mémoire, Mme la députée, mais je me souviens, justement
c'était dans le cadre du projet de loi n° 14 où on
avait discuté de l'amendement et où il est. Mais c'est nommément dit qu'on ne
peut pas interdire le stockage de données, puis là je n'ai…
Mme Rizqy : ...étonné. Alors,
je ne sais pas s'il y a un juriste dans l'équipe, là, qui pourrait peut-être
m'éclairer.
M.
Caire
: C'est
parce que je le dis de mémoire, Mme la députée, mais je me souviens, justement,
c'était dans le cadre du projet de loi n° 14, où on
avait discuté de l'amendement et où il est. Mais c'est nommément dit qu'on ne
peut pas interdire le stockage de donnée. Puis là je n'ai peut-être pas la
bonne formulation, là, mais on ne peut pas empêcher une entreprise de stocker
de la donnée dans son pays, dans un pays qui serait le Mexique, le Canada ou
les États-Unis. Donc, on n'aurait pas le droit de dire, par exemple...
d'interdire à Google ou Amazon de stocker dans une entente aux États-Unis. Par
contre, on peut, comme j'expliquais au député de Rosemont... C'est là où on va,
puis il faudrait que je relise l'accord puis que je vous trouve exactement le
texte. Parce que je me souviens de l'avoir lu pendant la commission, c'était le
député de René-Lévesque qui m'avait posé la question. Je me souviens d'avoir lu
l'article, parce que M. le député avait proposé un amendement, puis j'avais
dit : Écoutez, je l'aime, l'amendement, mais on ne peut pas l'adopter,
parce qu'on vient en contradiction avec l'accord Canada, Mexique, États-Unis,
puis j'avais lu l'article, là, pendant la commission parlementaire. Donc, ma
mémoire me trahit, Mme la députée, vous m'en excuserez, mais...
Mme Rizqy : Avec consentement,
est-ce que ça vous dérange, peut-être, si le député de René-Lévesque se
rappelle, lui, de la disposition en question... parce que... de mémoire
d'homme.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce qu'on a le consentement, M. le ministre, de laisser la parole au député
de René-Lévesque?
M.
Caire
: Ah
oui, absolument. Oui, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y.
M. Ouellet : Ça ressemble pas
mal à ce qu'on avait jasé, mais la mémoire étant une faculté, dans les détails,
qui peut en oublier certains, on est en train de valider si effectivement
c'était bel et bien le cas.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
M.
Caire
: Mais,
ceci étant dit, comme je l'expliquais, ce que l'on peut faire et ce que l'on a
fait, c'est que, dans les négociations contractuelles, de toute façon, on met
en place des exigences qui font en sorte que les données qui seraient confiées éventuellement
à ces fournisseurs de services là le seront dans un contexte qui va être
approprié à la sécurité que nécessite la valeur de la donnée qui leur sera
confiée en stockage, et non en propriété.
Mme Rizqy : O.K. Il y a peut-être
l'article 19.4, là, traitement non discriminatoire des produits numériques. Je
pense qu'on aurait besoin ici d'avoir un éclaircissement un peu juridique, là.
Parce que moi, je vous le dis, je ne suis pas du tout confortable, mais pas du
tout, que même l'entreposage soit du secteur privé. Puis je vous le dis, là,
zéro confortable privé étranger. Et pour moi, privé étranger, le terme
étranger, c'est, d'abord qu'on sort du Québec, ça tombe étranger. On me
dirait : Mais, Marwah, c'est de l'autre côté, c'est en Ontario, je vais
vous dire : Non, c'est étranger... Non, écoutez...
M.
Caire
:
...Lévesque.
Mme Rizqy : Bon, bien, tant
mieux. Au moins, il y en a un qui va être content aujourd'hui. Peut-être même
vous. Mais, là-dessus, je pense qu'on a besoin d'un éclaircissement juridique,
parce que je ne pense pas que le Québec a été consulté là-dedans, là, et je
crois qu'on doit vraiment rester souverains de notre donnée numérique. M. le
ministre, là, on est en train de traverser la crise de la...
Mme Rizqy : ... Au moins, il va
y en avoir un qui va être content aujourd'hui, peut-être même vous. Mais là-dessus,
je pense qu'on a besoin d'un éclaircissement juridique, parce que je ne pense
pas que le Québec a été consulté là-dedans, là, et je crois qu'on doit vraiment
rester souverain de notre donnée numérique. M. le ministre, on est en train de
traverser la crise de la COVID-19. On parle de notre autonomie sanitaire, mais
il faut aussi parler de notre autonomie numérique, et, moi, je ne concéderai jamais
là-dessus, là, quoi que ce soit. Le gouvernement du Québec, nous, on a la responsabilité
de s'assurer que le Maîtres chez nous, bien, qui a été décrété dans les
années 60, bien, Maîtres chez nous, en 2020, là, c'est aussi de
contrôler nos données puis que, non, ça n'ira certainement pas dans le pays de
Donald Trump, là. Oubliez ça, là.
M.
Caire
: Mais,
si... D'abord, avec votre permission, je vais vous lire effectivement l'article
19.11, «Transfert transfrontières de renseignements par voie
électronique : Aucune partie n'interdit ni ne limite le transfert
transfrontières de renseignements, y compris de renseignements personnels, par
voie électronique si cette activité s'inscrit dans le cadre d'activités
commerciales exercées par une personne visée.» Alors, bon : «Le présent article
n'empêche pas une partie d'adopter ou de maintenir, en vue de réaliser un objectif
ultime de politique publique, une mesure qui est incompatible avec le paragraphe...
à condition que cette... » Et voilà. Donc, on peut limiter, comme je vous
ai dit, de façon contractuelle.
Maintenant, Mme la députée, je vais vous
surprendre, mais je suis d'accord avec vous sur la souveraineté numérique. Par
contre, je ne partage pas votre opinion que le fait de travailler ou de donner
des mandats à des fournisseurs de services de stockage, que ça équivaut à
abdiquer sa souveraineté numérique. C'est là où je ne suis pas d'accord avec
vous. La propriété de la donnée, la responsabilité de la gestion de la donnée,
l'accès à cette donnée-là demeurent l'apanage exclusif de l'organisme qui en
est le propriétaire, et je compare ça un peu à louer un appartement. Je
comprends, là, que je ne suis pas propriétaire, mais ça reste chez nous, là,
puis, sauf situation exceptionnelle, il n'y a personne qui rentre chez nous.
Alors...
Mme Rizqy : Votre comparaison,
elle est parfaite; honnêtement, elle est excellente, votre comparaison. Mais le
problème, c'est le suivant : c'est que, quand vous êtes locataire, là,
vous n'êtes pas propriétaire, puis, oui, malheureusement, le propriétaire, des
fois, il va rentrer chez vous à votre insu, puis là vous allez prendre votre
numéro puis attendre à la Régie du logement pour votre litige. Mais, pendant ce
temps-là, votre droit à la vie privée a été violé. Alors, c'est là que, moi, je
vous dis...
M.
Caire
: Oui, parce
que, là, vous me donnez une situation où la personne agit illégalement.
Mme Rizqy : Oui, mais...
M.
Caire
: Oui,
mais... je comprends, mais, Mme la députée...
Mme Rizqy : Moi, là, mon
objectif avec vous, là, c'est de voir les pires scénarios. Puis vous le savez
aussi bien que moi, que le risque zéro n'existe pas, vous avez raison, vous le
dites souvent, puis je suis d'accord avec vous. Par contre, nous, notre objectif,
c'est de fermer les brèches le plus possible, puis de les colmater, puis de ne
pas en ouvrir des nouvelles. Là, moi, ça, là, ça, c'est une nouvelle brèche,
là, qui nous met, là, à risque. Pourquoi ça nous met à risque? Je vous...
Mme Rizqy : …les pires
scénarios…
M.
Caire
: Mme
la députée…
Mme Rizqy : …puis vous
savez aussi bien que moi que le risque zéro n'existe pas, vous avez raison,
vous le dites souvent, puis je suis d'accord avec vous. Par contre, nous, notre
objectif, c'est de fermer les brèches le plus possible, puis les colmater, puis
ne pas en ouvrir des nouvelles. Là, moi, ça, là, ça, c'est une nouvelle brèche
qui nous met, là, à risque. Pourquoi ça nous met à risque? Je vous l'explique.
C'est que là c'était chez nous, au Québec, dans notre fonction publique, qu'on
n'arrête pas de dire à quel point elle est excellente, puis j'en conviens, elle
est bonne, on peut même la doter davantage de ressources, je serais très
contente. Pour l'envoyer où potentiellement? Dans le pays de Donald Trump. Zéro
confortable avec ça. Pourquoi? Parce que, des fois, je vous le dis d'emblée,
là, je suis au salon bleu, des décisions erratiques, il en prend. Et savez-vous
quoi? Il y a aussi le CLOUD Act.
Alors, moi, c'est tout ça, là, que je
mets, là. Et je m'excuse, mais je ne suis pas prête à dire qu'ailleurs, c'est
mieux que chez nous. Pour moi, là, c'est vraiment meilleur au Québec. Puis vous
me demandez entre Ottawa puis Québec? Je vais vous dire, c'est meilleur au
Québec.
• (17 h 40) •
M.
Caire
: Ce
que je veux vous dire, Mme la députée… Puis d'ailleurs je trouve ça intéressant
que vous parliez du CLOUD Act parce que, justement, le CLOUD Act visait à
restreindre l'espèce de «free-for-all» que le PATRIOT Act avait créé et donc à
circonscrire de quelle façon on pouvait avoir accès à des données.
Ceci étant dit, toujours dans la
perspective où les gens respectent les lois, on ne peut pas commencer à voler
des données ou à transiger des données qui sont... qui ont été stockées chez
nous parce que... je veux dire, pour faire un coup d'argent, là Je veux dire, la
loi, elle est là, elle est... les ententes... parce que...
Mais, selon cette logique-là, Mme la
députée, il n'y a rien qui ne nous protège de rien. Je veux dire, une
entreprise québécoise, qu'est-ce qui fait... Parce que c'est un fleur de lys,
l'entreprise québécoise ne va pas prendre les données qui lui sont confiées
puis décider de les vendre au plus offrant? Voyons! Je veux dire...
Mme Rizqy : M. le
ministre, d'entrée de jeu, je vous l'ai dit...
M.
Caire
: Non,
mais, si je peux me permettre, Mme la députée...
Mme Rizqy : Oui, mais
attendez... Il faut que ça soit équivalent, notre échange.
M.
Caire
: La
malhonnêteté, ce n'est l'apanage de personne.
Mme Rizqy : Vous avez
raison.
M.
Caire
: Mais
là vous me parlez de situations où on est malhonnête.
Mme Rizqy : M. le
ministre, je suis d'accord avec vous que le risque zéro n'existe pas. Ça, là,
on est déjà d'accord.
D'entrée de jeu, je vous l'ai dit, moi, je
ne suis même pas confortable à ce que les données quittent le gouvernement du
Québec pour s'en aller dans le secteur privé. Ça, je ne suis pas confortable.
Mais je ne suis vraiment pas, mais pas du tout confortable avec le secteur
privé étranger.
Et aujourd'hui, là, on est tout le temps
sous attaque. Nos entreprises sont sous attaque, les gouvernements sont sous
attaque, il y a de l'espionnage, espionnage étatique, espionnage commercial. Et
c'est là que je vous dis : Non, je ne suis pas confortable. Parce que... à
la fin de ma journée... Vous avez raison de dire : Oui, mais, s'il y a un
geste qui a été commis, c'est un geste malhonnête puis illégal. Vous avez
200 % raison de le dire. Mais, à la fin de la journée, c'est qui qui
devient imputable? Où est-ce qu'il va y avoir le recours juridique? Si jamais
la brèche de données a lieu aux États-Unis, est-ce qu'il faut qu'on se rende
aux États-Unis? Est-ce qu'on va... Tu sais, c'est... Il y a plein, là... à ce
moment-là, c'est une boîte de Pandore pour avoir un peu d'imputabilité. Puis je
vous le dis d'entrée de jeu, par exemple, PATRIOT Act puis CLOUD Act, là, il
faut juste...
Mme Rizqy : ...mais à la fin de
la journée, c'est qui qui devient imputable? Où est-ce qu'il va y avoir le
recours juridique? Si jamais la brèche de données a lieu aux États-Unis, est-ce
qu'il faut qu'on se rende aux États-Unis? Est-ce qu'il va falloir... Tu sais,
c'est... il y a plein, là, à ce moment-là... C'est une boîte de Pandore pour
avoir un peu d'imputabilité, puis je vous le dis d'entrée de jeu.
Par exemple, ... puis CLOUD Act, là, il
faut juste ajouter... Le CLOUD Act, là, ça donnait une plus grande portée parce
que là, on venait dire : Non seulement les entreprises américaines, sur le
territoire américain, mais, si vous avez des serveurs à l'extérieur, le CLOUD
Act vise les serveurs qui sont à l'extérieur des États-Unis. Donc, dans le cas
d'Amazon, même si, par exemple, ses serveurs étaient au Québec, le fait que
c'est une entreprise américaine, le CLOUD Act s'applique aux serveurs situés au
Québec, et c'est là que... Et ça, c'est sans compter tout ce qu'ils font par
décret dans le Bureau ovale. Et il y a des affaires que...
M.
Caire
: Non,
mais... Je comprends, mais, ceci étant, Mme la députée, ce que je veux vous
dire, c'est que ça ne dédouanerait pas la procédure. Je veux dire, ce n'est pas
vrai que le gouvernement américain va sommer une entreprise : Vous faites
ceci. Je veux dire, l'entreprise... Bien, la preuve, c'est qu'à ce jour il n'y
a aucun recours qui a été... malgré... nonobstant le fait que ça
existe même sous l'actuel président qui a quand même fait son quatre ans puis
qui nous a démontré qu'il était capable de beaucoup de choses...
Mme Rizqy : Pas
nécessairement des meilleures.
M.
Caire
:
Je ne commenterai pas, mais de beaucoup de choses. Et qui était capable de
prendre des décisions qui le caractérisaient. Mais il n'y a jamais eu de
recours au CLOUD Act où une entreprise a été forcée de... De toute façon, la
vérité, Mme la députée, c'est que, quand un gouvernement, qu'il soit canadien
ou américain, pour des raisons d'enquête, a besoin d'information, ces
informations-là vont souvent transiter par les services du pays, le service
d'enquête ou judiciaire du pays. Parce qu'en fonction de l'Accord
Canada—États-Unis—Mexique, ces ententes-là peuvent être signées maintenant
entre le gouvernement américain notamment et le gouvernement canadien. Et...
Mme Rizqy : Il y a une
différence avec le Five Eyes.
M.
Caire
: Et,
si je peux me permettre, puis je veux juste conclure là-dessus parce que je
comprends votre préoccupation, mais les services policiers vont préférer cette
voie-là qui est beaucoup plus discrète que celle qui nécessite une injonction,
ou un mandat judiciaire, ou un débat devant les tribunaux où la compagnie va
s'opposer à la requête qui lui est faite et qui va étaler au grand jour le fait
que monsieur madame untel est sous enquête de tel, tel, tel service de police
pour telle, telle, telle raison. Souvent de fois, ces entreprises-là ou ces
corps policiers là ne souhaitent pas ébruiter leurs actions.
Mais dans cet univers théorique là que
vous nous proposez. Mais, dans le concret, ce que je vous dis, c'est que
contractuellement on est capable d'établir un cadre contractuel qui fait en
sorte que, de toute façon, ces entreprises-là viennent s'installer au Québec,
Mme la députée. Et sur le fait que... puis je vous entends, puis je sais qu'on
ne s'entendra pas là-dessus, sur le fait que vous dites : Il ne devrait
pas y avoir de recours à l'entreprise privée pour le stockage d'information.
Bien, là-dessus, on a une divergence. Moi, j'y vois beaucoup...
M.
Caire
: ...ces
entreprises-là viennent s'installer au Québec, Mme la députée. Et sur le fait
que... puis je vous entends, puis je sais qu'on ne s'entendra pas là-dessus,
sur le fait que vous dites : Il ne devrait pas y avoir de recours à l'entreprise
privée pour le stockage d'information. Bien, là-dessus, on a une divergence.
Moi, j'y vois beaucoup d'avantages, l'innovation. L'entreprise privée, elle est
innovante, ça nous garde à la fine pointe de la technologie. Ces services-là,
et je sais que vous le contestez, mais on verra, comme nous avons dit
souvent... mais il y a des économies d'échelle à faire, importantes, et pour un
service dont on augmente l'efficacité et la sécurité.
Mme Rizqy : Oui, mais il y a plusieurs
choses dans votre discours et dans votre propos. Premièrement, de dire que les
services policiers vont préférer avoir cette information discrètement, vous
comprendrez que moi, je vais vous dire non, parce que les policiers ont un
cadre juridique aussi à respecter, et que donc il faut qu'ils s'adressent au
tribunal, puis avoir le mandat, parce qu'il faut qu'ils passent par la porte
principale, et non par la porte de derrière. Alors, ça, c'est... Puis j'imagine
que peut-être que vous avez parlé vite, puis que votre exemple est arrivé vite,
puis que ça, vous partagez la même opinion que moi. Alors, ça, j'en suis...
Vous hochez de la tête, donc, oui, vous partagez la même opinion que moi.
D'autre part, ici, là, nous, là, aujourd'hui...
à l'heure actuelle, moi, je n'ai pas de réponse pour qu'est-ce qui est donnée
sensible, qu'est-ce qui est donnée moyenne, qu'est-ce qui est ultrasensible. Je
ne sais pas si c'est mon dossier de santé, je ne sais pas si c'est mon dossier
de permis de conduire, mais je sais une chose, c'est qu'il y a cinq
entreprises, je ne sais pas c'est lesquelles, les cinq entreprises, qui, elles,
vont se partager maintenant une obligation d'entreposer les données
personnelles et confidentielles des Québécois. Puis on parle d'environ
80 %. Et je sais aussi, d'autre part, parce que, dans votre échange avec
le député de Rosemont... il n'y a rien qui les empêche de transférer ces
données ailleurs qu'au Québec. De la façon que vous interprétez l'accord, le
nouvel accord Canada, États-Unis, Mexique.
Moi, je suis très curieuse, parce que, là,
on est allé vite, on a regardé l'article 19.4, 19.11, mais 19.11 parle de
personnes visées, puis là il y a différents articles, et je n'ai pas eu le
temps, pendant notre échange, de faire deux affaires en même temps, mais je me
demande : Est-ce que la personne visée, comparé à 19.11, est-ce que ça
vise le gouvernement du Québec? Parce que j'ai un doute. Parce que, quand je
regarde les autres dispositions, ça parle d'entreprises financières. C'est
assez spécifique comme personnes visées. Je ne suis pas certaine que ça vise le
gouvernement du Québec et je me demande même, à ce stade-ci, accord ou pas
accord, est-ce qu'il n'est pas trop tard, si jamais... Parce que je n'ai pas vu
l'opinion juridique à cet effet puis je vais faire l'exercice par la suite, là,
mais il n'est jamais trop tard pour demander une dérogation, là.
M.
Caire
: Oui.
Bien là, on est à... vous comprendrez qu'on est à un autre niveau, là. Mais, de
notre côté, je pense que la meilleure voie de passage a été et elle est, je
continue à le croire, de s'assurer, contractuellement, qu'on met en place un
cadre de protection des données qui seraient confiées à ces entreprises-là, qui
va être de nature à correspondre... Puis, en fait... Puis c'est même prescrit
dans la politique de cybersécurité...
M.
Caire
: ...je
continue à le croire, de s'assurer contractuellement qu'on met en place un
cadre de protection des données qui seraient confiées à ces entreprises-là, qui
va être de nature à correspondre, puis, en fait, c'est même prescrit dans la politique
de cybersécurité, qui dit explicitement que les mesures de sécurité doivent
être proportionnelles à la valeur de la donnée. Et donc, ça, c'est la politique
que nous avons adopté, duquel la réglementation va découler, et duquel
l'ensemble des contrats qui ont... des contrats types qui ont été élaborés et
qui ont été négociés découlent aussi.
Donc, on veut s'assurer qu'au-delà, je
vous dirais, des philosophies économiques qui nous animent, je pense qu'il y a
un point de convergence qui est le fait qu'on veut s'assurer d'une part, que le
gouvernement du Québec reste propriétaire des données qui sont... qui lui ont
été confiées par les Québécois, quel que soit le degré de sensibilité. Ça,
c'est... ce n'est pas à ce niveau-là que ça se décide.
Donc, nous restons les propriétaires, nous
restons les seuls gestionnaires, nous restons les seuls utilisateurs, et
l'accès à ces données-là est réservé au gouvernement du Québec, sauf les cas
que je vous ai mentionnés, là, de donneesquebec.ca, où là, on parle de données
ouvertes, à la disposition de l'ensemble de la population. Mais sinon, je pense
qu'on est animés par le même désir de s'assurer que cette donnée-là, elle est
utilisée à bon escient, dans le bon contexte, et qu'elle est entourée des
mesures de sécurité qui sont appropriées. Puis je pense que le contexte qu'on
met en place, les contrats, les ententes, les mesures de sécurité, les
directives nous amènent à un niveau qui, moi, me rends très confortable par
rapport aux décisions qu'on a prises.
Mme Rizqy : ...M. le ministre,
là, c'est sûr que je ne suis pas confortable et je ne suis pas plus convaincue,
et je ne suis pas plus rassurée. Parce qu'on a commencé des travaux en disant
qu'on a une belle expertise, une belle équipe au sein du gouvernement, et à ce
jour, c'est le gouvernement qui gérait ça, c'est le gouvernement qui
entreposait les données des Québécois. Je n'ai pas vu pourquoi qu'on devait
s'empresser de privatiser cette gestion d'entreposage des données des Québécois.
Je ne comprends pas cet empressement.
• (17 h 50) •
Et quand on parle d'économie, moi, vous
comprendrez qu'il n'y a pas d'économie à faire sur la sécurité des
renseignements personnels des Québécois. Il n'y en a pas. Et l'autonomie
numérique du Québec, être souverain de sa donnée, c'est... La donnée, au XXIe siècle,
M. le ministre, là, c'est du pétrole, c'est de l'or, ça vaut vraiment, et je ne
sais pas c'est qui qui va pouvoir me dire c'est quoi la valeur de cette
information. Je comprends qu'il y a un cadre de 74 pages pour essayer de
définir notre protocole, mais en tout cas...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
Mme Rizqy : Et ce qui me
déçoit, c'est que ces emplois-là qui sont au Québec, maintenant vont aller dans
le privé et potentiellement même à l'étranger. Alors, il faudrait qu'on se
parle sur l'Accord Mexique—Canada—États-Unis pour voir comment qu'on peut
s'assurer que ça reste au Québec.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons avec le troisième groupe d'opposition, vous avez
10 minutes. Député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
On est toujours à la recherche de cette mémoire qui nous fait défaut à quelques
reprises, mais je veux juste m'assurer...
Mme Rizqy : ...faudrait qu'on
se parle sur l'Accord Mexique—Canada—États-Unis pour voir comment qu'on peut
s'assurer que ça reste au Québec.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous poursuivons avec le troisième groupe d'opposition, vous avez
10 minutes. Député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
On est toujours à la recherche de cette mémoire qui nous fait défaut à quelques
reprises, mais je veux juste m'assurer d'une chose, M. le ministre. Je
comprends bien que vous allez être créatif dans les façons de faire l'appel
d'offres qui va nous permettre de mettre en application certaines prétentions
sans pour autant être en désaccord avec l'Accord États-Unis—Canada—Mexique. Est-ce
que cette créativité-là peut aller aussi loin, du fait qu'une fois que le
contrat est donné, et que le contrat nous permet d'avoir les données au Québec,
elle y demeure aussi longtemps qu'elle existe?
Ce que je voudrais éviter, là, c'est qu'on
donne les contrats, c'est correct, c'est super, les serveurs sont au Québec,
mais pour une technologie qui permet d'avoir accès à la donnée encore plus
rapidement, en millisecondes comme vous faisiez référence avec les dispositions
qu'on pourrait mettre, qu'après trois, quatre ans, bien, on pourrait effectivement
délocaliser ces serveurs-là et les mettre ailleurs. Ce qu'on peut réussir au
départ, est-ce qu'on est capables de le verrouiller pour que la donnée sur des
serveurs d'entreprises privées au Québec y demeure aussi longtemps que la
donnée existe?
M.
Caire
: Bien,
en fait, M. le député, en réponse à votre question, puis c'est une excellente
question parce qu'effectivement, on pourrait penser qu'il peut y avoir un
changement d'orientation ou de philosophie au sein d'une entreprise, mais je
pense que la meilleure garantie de cette fidélité-là, c'est les investissements
qui sont nécessaires. Je regarde, le député de Rosemont, je pense, M. le député
qui avait fait référence aux investissements d'Amazon à Varennes, on parle
quand même de 80 millions d'investissements pour la construction du centre
de traitement de l'information. C'est beaucoup de sous. Et vous comprendrez que
ça implique, pour l'entreprise, d'aller chercher une rentabilité sur cet
investissement-là. Et donc l'idée de transférer vers d'autres centres de
traitement pourrait diminuer cette rentabilité-là.
Maintenant, dans les contrats comme tels,
je pense que... non, je suis certain que nous sommes allés aussi loin qu'il
était possible d'aller dans le respect, comme vous l'avez dit, des ententes que
nous avons signées de notre propre corpus législatif, pour s'assurer que ces
données-là étaient stockées idéalement au Québec. Je pense que nous l'avons...
Nous y avons réfléchi, on a vraiment regardé ce qui était possible de faire
puis je pense qu'on est allé aussi loin que possible dans ce contexte-là...
M.
Caire
:
...pour s'assurer que ces données-là étaient stockées idéalement au Québec. Je
pense que nous l'avons... Nous y avons réfléchi, on a vraiment regardé ce qu'il
était possible de faire puis je pense qu'on est allé aussi loin que possible
dans ce contexte-là. Puis je vous dirais, peut-être en final, que le gouvernement
du Québec peut aussi... on a des outils qui nous permettent d'avoir des
incitatifs qui font en sorte que ces entreprises-là s'installent ici et restent
ici. Et je pense entre autres, M. le député, là, à notre hydroélectricité, qui
est une richesse, mais qui est aussi un facteur d'attraction, et vous le savez.
On pense tout de suite à l'industrie de l'aluminium, là, puis, bon, je
comprends que notre voisin du sud fait des siennes encore, là, mais, sinon,
cette industrie-là, on a été capable de la fidéliser grâce à
l'hydroélectricité. Et ça a toujours été très porteur et générateur d'emplois,
là, dans des régions qui en avaient besoin puis où ça a été économiquement
rentable, au final, de le faire comme ça.
Donc, sans dire qu'il faut que ça devienne
une habitude, on comprend que l'hydroélectricité, il faut que ça puisse être
une source de rentabilité pour la société québécoise, mais ça peut devenir un
outil intéressant. Et d'ailleurs, dans ce sens-là, je souligne qu'Hydro-Québec
est extrêmement agressif actuellement sur sa volonté d'attirer des entreprises
qui font du stockage de données, notamment parce qu'on a, au Québec, deux
avantages incroyables — bon, le deuxième, je ne suis pas sûr que
c'est un avantage — mais l'hydroélectricité et l'hiver. Parce que
vous comprendrez que... c'est pour ça que je dis que je ne suis pas sûr que le
deuxième est un avantage, mais bon... Mais...
M. Ouellet : Je vous entends.
Oui, je dis juste que, du côté de la frontière américaine, on peut être très
créatif, justement, pour interpréter à leur vision ou à leur intérêt certaines
dispositions. Et le contexte économique, actuellement, comme on le connaît...
puis j'en suis, là, on a l'hydroélectricité, on pourrait subventionner à des
tarifs plus bas l'avenue... Mais rien n'empêche, du côté des États-Unis, d'y
aller avec des subventions pour délocaliser une entreprise ici pour les amener
chez eux. On a déjà vu ça.
Ça fait que je vous demande juste de
rassurer les Québécois dans notre capacité, à travers les ententes, qu'on ne
négocie pas. Moi, le Québec n'a pas négocié l'entente Canada-États-Unis. Je ne
ferai pas un plaidoyer sur notre place avec laquelle on devrait être pour
négocier nos propres ententes. Cela étant dit, on est tributaires de cette
négociation-là et, malheureusement, il faut être capable d'être créatif pour y
protéger notre identité et notre propriété.
Il ne me reste pas beaucoup de temps,
quelques questions en rafale, M. le ministre. Pour ce qui est du suffixe,
est-ce que ça vous intéresse et, si oui, quand on peut aller de l'avant avec le
point Québec?
M.
Caire
: Oui,
ça m'intéresse. Je vous dirais qu'on aura l'occasion, M. le député, d'en
reparler, vous et moi, mais...
M. Ouellet : …il ne me reste
pas beaucoup de temps. Quelques questions en rafale, M. le ministre. Pour ce
qui est du suffixe, est-ce que ça vous intéresse? Et si oui, quand on peut
aller de l'avant avec le point Québec?
M.
Caire
: Oui,
ça m'intéresse. Je vous dirais qu'on aura l'occasion, M. le député, d'en
reparler vous et moi, mais c'est important, mais ce n'est pas urgent.
M. Ouellet : Parfait. Vous
avez parlé, au début des échanges, qu'il y aurait peut-être des changements
législatifs à être apportés pour la transformation numérique. On vient de faire
le projet de loi n° 14… on a fait, pardon, le projet de loi n° 14. À
quoi vous faisiez référence en termes de changements législatifs qui pourraient
arriver ou qui pourraient nous être proposés en matière de transformation
numérique?
M.
Caire
: Bien,
en fait, 14 était, comme je l'ai déjà dit, une mesure temporaire. Il faudra le
réfléchir collectivement à l'utilisation de la donnée, la portée de la donnée
et peut-être au décloisonnement de la donnée à l'intérieur du gouvernement du
Québec parce que sinon, il faudra adopter autant de projets de loi n° 14
qu'on aura de projets numériques, et ce, à toutes les phases de ces différents
projets là.
M. Ouellet : On a fait
référence, au courant de la journée, aussi au fait que le gouvernement du
Québec, le CSPQ, allait stocker des tablettes pour qu'elles soient disponibles
à un redéploiement dans les centres de services pour ce qui est de l'école à
distance. On a connu par le passé des délais, c'est-à-dire que ça a pris du
temps avant qu'on reçoive les tablettes et ce qu'on s'est fait confier, c'est
que ça prenait à peu près deux semaines avant la configuration. Là, ce que
je veux bien comprendre, là… parce que quand on a posé la question, aux
crédits, au ministère de l'Éducation, il n'y a pas d'argent supplémentaire dans
les centres de services pour donner un support technique aux enfants qui auront
ces tablettes-là dans les mains, autant pour savoir si elle est bien installée
ou bien outillée, ou même donner un support pour l'aide à la technologie. Le
collègue de Rosemont faisait référence au support que nous avions, nous, ici à
l'Assemblée nationale, et qu'on a encore, lorsqu'on a des troubles
informatiques.
Je voudrais connaître, du côté de la
transformation numérique, au sein de votre ministère ou de votre organisation,
quel serait le support adéquat qui serait offert pour aider les parents et les
jeunes lorsqu'ils auront ces tablettes entre les mains? S'assurer qu'ils ont
une tablette à jour, fonctionnelle, et si ça bogue, j'appelle qui pour que ça
fonctionne?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
1 min 40 s.
M.
Caire
: Oui,
bien, écoutez, là, vous touchez plus le volet du ministère de l'Éducation, mais
pour moi, cette responsabilité-là qui était celle des commissions scolaires
devient celle des centres de services, bien, pour moi, je pense que c'est…
M. Ouellet : Mais il n'y a
pas d'argent. Le ministère de l'Éducation l'a dit : Il n'y a pas d'argent
supplémentaire pour les techs.
• (18 heures) •
M.
Caire
: …non,
mais attendez, M. le député. En tout respect, les centres de services
reprennent quand même les services qui étaient existants au niveau des
commissions scolaires. Donc, les gens, les techniciens en informatique qui
existaient dans les commissions scolaires sont transférés sous la
responsabilité des centres de services, mais ces gens-là sont toujours en
activité et ont toujours une responsabilité par rapport aux écoles de leur
territoire. Mais, en même temps, je vous dirais que la... pour avoir des
détails plus précis sur ce plan-là, c'est plus mon collègue à l'Éducation qui
peut vous…
18 h (version non révisée)
M.
Caire
:
...sous la responsabilité des centres de services, mais ces gens-là sont toujours
en activité et ont toujours une responsabilité par rapport aux écoles de leur territoire.
Mais, en même temps, je vous dirais que, pour avoir des détails plus précis sur
ce plan-là, c'est plus mon collègue à l'Éducation qui peut vous répondre.
M. Ouellet : Il y a 200 000 tablettes
qui vont atterrir à quelque part. Ça va être une gestion particulière. On veut
juste qu'elles atterrissent dans les bonnes mains pour qu'elles soient
utilisées et utilisables. Est-ce que vous avez un rôle à jouer ou vous me
dites : Tout ça repose sur les épaules du ministère de l'Éducation? Quand
je dis «vous»...
M.
Caire
: Bien,
dans la mesure où le ministère, si le ministère de l'Éducation... Parce que,
oui, on a toujours un rôle à jouer lorsque les ministères et organismes nous
demandent de l'aide. Mais, dans ce qui relève de leur mission, ils sont
responsables d'assurer les services. Nous, on intervient lorsque le volet est à
portée gouvernementale. Lorsqu'il s'agit d'une mission particulière d'un
ministère ou d'un organisme, il est de sa responsabilité. Mais le ministère et
l'organisme peut toujours faire appel à vous pour aller en support. Et, à ce
moment-là, oui, on arrive en support et on va...
M. Ouellet : Mais est-ce
que c'est le...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci. C'est tout pour l'échange. On vous remercie beaucoup. Je précise
qu'il y a...
M. Ouellet : Comment?
C'est l'ITQ qui va faire la...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je précise qu'il y a un plan et un document qui va vous être transmis
éventuellement. Et il y a un contrat-type qu'il y aura la possibilité d'être
transmis, mais que le ministre doit vérifier. C'est bien ça? Parfait.
Une voix
: ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah! et une opinion juridique. Effectivement, je l'avais noté sur l'autre
feuille, mais pas ici. Et une opinion juridique. Merci.
Alors, écoutez, merci pour les
informations qui ont été échangées. Très intéressant.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux jusqu'au mercredi 19 août à 11 h 30, où elle
entreprendra l'étude du volet Travail du portefeuille Travail, emploi et
solidarité sociale. Merci, bonne soirée à vous tous et vous toutes. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 2)