Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Friday, April 16, 2021
-
Vol. 45 N° 86
Interpellation by the Member for Nelligan to the Minister of Finance on the
following subject: The CAQ government’s difficulties in delivering services,
particularly health care and the lack of effective measures to address the
labour shortage in the 2021–2022 budget
Aller directement au contenu du Journal des débats
10 h (version non révisée)
(Dix heures)
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission
de l'économie et du travail ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Alors, la commission est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de
Nelligan au ministre des Finances sur le sujet suivant, soit : Les
difficultés du gouvernement caquiste à livrer des exercices, notamment des
soins de santé et l'absence de mesures structurantes dans le
budget 2021-2022 pour contrer la pénurie de main-d'œuvre. Mme la
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Asselin
(Vanier-Les Rivières); Mme Dansereau (Verchères), par M. Émond
(Richelieu); Mme Richard (Duplessis), par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Je comprends qu'il y a entente afin que le deuxième groupe d'opposition
intervienne lors de la troisième série d'interventions et que le troisième
groupe d'opposition intervienne lors de la cinquième série d'interventions.
Alors, si tout le monde est prêt, nous allons commencer cette interpellation.
Nous débutons par les déclarations d'ouverture. M. le député de Nelligan, vous
avez la parole pour 10 minutes.
M. Derraji : O.K. Merci,
Mme la Présidente. C'est parce que je n'ai pas compris le partage du temps
ou... Je ne sais pas s'il y avait une entente. Il y avait une entente déjà?
La Présidente (Mme Nichols) :
Oui, il y avait une entente. Puis c'était au niveau de l'ordre des
interventions.
M. Derraji : Ah! O.K.
O.K. C'est bon. Bon. C'est bon. Donc, merci, Mme la Présidente. Donc, très
heureux de prendre la parole aujourd'hui par rapport à un enjeu qui est
extrêmement important. Vous l'avez très bien mentionné au début, c'est une
interpellation de notre formation politique au ministre des Finances sur le
sujet : Les difficultés du gouvernement caquiste à livrer des services,
notamment des soins de santé et l'absence de mesures structurantes dans le
budget2021-2022 pour contrer la pénurie de main-d'œuvre. Et je suis très
content d'avoir mon vis-à-vis au niveau de l'emploi et du travail qui va agir aujourd'hui
et avec qui j'entretiens de très bonnes relations cordiales, parfois plus que
cordiales. Donc, parfois, on se challenge. C'est très bien. C'est ça le but. La
population a besoin de voir des résultats. Et le but qu'on se challenge, c'est
pour avoir des résultats pour la population.
J'ai pas mal d'informations qui
proviennent aussi du budget du gouvernement du Québec pour parler un peu de
l'incohérence du gouvernement relativement à la pénurie de main-d'oeuvre. Mais
de prime abord, Mme la Présidente, je vais mettre la table sur les faits. Les
faits, c'est que depuis plusieurs années, et je peux dire que dans une ancienne
vie j'ai pu collaborer à une stratégie nationale de main-d'oeuvre, que j'ai
devant moi. Ça, c'est la stratégie 2018‑2023, où on avait un plan à
l'époque. Et je me souviens, Mme la Présidente, que le premier ministre du Québec
avait déclaré que...
M. Derraji : ...et puis
collaborer à une stratégie nationale de main-d'oeuvre, que j'ai devant moi. Ça,
c'est la stratégie 2018-2023, où on avait un plan, à l'époque.
Et je me souviens, Mme la Présidente, que
le premier ministre du Québec avait déclaré qu'il n'y avait pas de problème de
pénurie de main-d'oeuvre, mais plus une pénurie de postes vacants. Et je dirais
même, à un certain moment, au début de l'arrivée au pouvoir de la CAQ, on
entendait beaucoup qu'il faut juste augmenter le salaire et créer des emplois
payants — donc, la pénurie était plus au niveau des emplois
payants — pour aller chercher l'écart avec l'Ontario. Aujourd'hui,
malheureusement, Mme la Présidente, trois ans plus tard du règne caquiste sur
le gouvernement, on voit qu'on frappe le mur. Et on frappe le mur dans
plusieurs secteurs parce que, pour moi, la stratégie de la gestion de la
pénurie de main-d'oeuvre du gouvernement caquiste, c'est déshabiller Pierre
pour habiller Paul. Et c'est une démarche qui vise à faire migrer, hein, à
faire migrer une main-d'oeuvre d'un secteur à un autre.
Et je vous ai dit au début que je suis
content que c'est le ministre de l'Emploi et du Travail qui est avec nous
aujourd'hui parce qu'il a travaillé fort, et je tiens à le reconnaître, à
mettre en place des programmes. Mais le problème, pourquoi je voulais
aujourd'hui interpeller le ministre des Finances, c'est pour voir est-ce qu'on
s'est donné les moyens réels pour répondre à la pénurie de main-d'oeuvre. Et
j'ai plein d'exemples. Je peux évoquer facilement... Dans le budget, page d.43,
la somme pour la petite enfance à former rapidement 2 250 éducatrices
qualifiées pour répondre à la demande, mais de quelle demande s'agit-il, la
demande du ministre avec sa planification ou la demande du secteur?
Donc, Mme la Présidente, trois aspects
aujourd'hui que je vais aborder avec le ministre. Premièrement, au niveau de la
famille, nos éducatrices spécialisées. J'aimerais bien aussi m'entretenir avec
lui sur l'éducation, le départ des profs. Nous avons un énorme problème pour
combler des postes. Et j'espère que le gouvernement va avoir le courage et
dire, un jour, qu'il y a un effet négatif de la maternelle quatre ans. Parce
qu'encore une fois, je reviens à déshabiller Pierre pour habiller Paul. C'est
que, les éducatrices spécialisées, qu'est-ce que le gouvernement a créé, c'est
un déplacement de main-d'oeuvre pour en créer, une pénurie, ailleurs.
Mme la Présidente, est-ce que c'est
normal, en pleine pandémie, on est presque au taux de chômage qu'avant même le
début de la pandémie? Donc, quand on dit que... quand on voit des associations
patronales déclarer tout récemment... Même dans la région du ministre, la
Mauricie, on refuse des contrats. Donc, quand une association patronale déclare
aujourd'hui que la situation est catastrophique, ça, c'est la réalité. Quand
j'ai le Conseil du patronat...
M. Derraji : ...patronales
déclarer tout récemment... Même dans la région du ministre, la Mauricie, on
refuse des contrats. Donc, quand une association patronale déclare aujourd'hui
que la situation est catastrophique, ça, c'est la réalité. Quand j'ai le Conseil du patronat, la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, la Fédération des chambres de commerce du Québec, les Manufacturiers
exportateurs du Québec, les manufacturiers de la Mauricie, la région où le ministre
est responsable... déclarent tous qu'il y a un problème de main-d'oeuvre... Et
le ministre, je sais qu'il va me parler de la requalification, je sais qu'il va
me parler de la formation. J'ai bien hâte d'avoir les résultats, combien on a
requalifiés, combien nous avons formés. Mais, maintenant, Mme la Présidente, la
demande que je vais formuler officiellement aujourd'hui, c'est que je demande
au gouvernement caquiste de la transparence par rapport à la pénurie de main-d'oeuvre.
Au niveau du secteur privé, nous sommes chanceux de compter sur Statistique
Canada et l'ensemble des associations patronales, qui nous donnent le portrait
juste de la pénurie par poste, par région et par secteur. Donc, on peut
comprendre l'impact.
Et, rien que cette semaine, j'ai dû
intervenir dans la région du ministre responsable de la Mauricie, le ministre
de l'Emploi et du Travail. Il a eu la chance même de m'écouter à la radio, il a
même augmenté le volume, Mme la Présidente, parce qu'il a tellement aimé ma
voix et que je parle de sa région, parce que dans sa région, Mme la Présidente,
il y a des entrepreneurs, des manufacturiers qui ont commencé à avoir de la
misère à livrer leurs contrats. Et vous savez c'est quoi, avoir de la misère de
livrer des contrats? Ça veut dire que le donneur d'ordres va te donner une
chance... deuxième, mais pas une troisième, il va chercher un autre fournisseur
ailleurs. Est-ce que c'est ce qu'on veut aujourd'hui en notre économie
régionale? C'est ce genre de questions que j'aimerais bien que le ministre va
répondre.
La demande que je formule au niveau de la
transparence, c'est que le gouvernement du Québec doit dès maintenant dévoiler
publiquement le nombre de postes vacants par réseau. Je ne veux pas l'état
d'équilibre, que je connais par coeur. D'ailleurs, je tiens à remercier les
gens de la CPMT. J'ai l'état d'équilibre de 2018. C'est sous votre responsabilité,
M. le ministre, et j'ai eu l'occasion de connaître et de travailler de près
avec les gens de la CPMT. J'ai l'état d'équilibre des 500 professions, je l'ai
depuis 2018. Donc, je suis très bien l'état d'équilibre par région, par secteur,
mais je n'ai pas de nombre. Le nombre, c'est ce qu'on souhaite avoir dans le
secteur public, à savoir : Combien de postes nous manquent au niveau du
secteur de la santé, de l'éducation, des familles par trimestre? Je veux le
nombre.
Pourquoi, Mme la Présidente? Parce que, justement,
on veut éviter... déshabiller Pierre pour habiller Paul et on veut savoir de
la... avoir de la prévisibilité. Ça veut dire quoi, de la prévisibilité, Mme la
Présidente? C'est que, si ça nous prend des profs, former un prof, ce n'est pas
une affaire d'une année ou deux, ça nous prend de la planification. Est-ce que
notre réseau de l'éducation est prêt à former des profs? Est-ce que notre
réseau de l'éducation est prêt aussi à former... que ça soit des préposés aux
bénéficiaires, des infirmières, des...
M. Derraji : ...Mme la
Présidente, c'est que si ça nous prend des profs, former un prof, ce n'est pas
une affaire d'une année ou deux, ça nous prend de la planification. Est-ce que
notre réseau de l'éducation est prêt à former des profs? Est-ce que notre
réseau de l'éducation est prêt aussi à former, que ça soit des préposés aux
bénéficiaires, des infirmières, des infirmières cliniciennes, des infirmières
auxiliaires? La même chose au niveau de la famille, est-ce que le fait de créer
la maternelle quatre ans et avoir coûte que coûte l'objectif et l'obsession de
répondre à une promesse électorale, de créer la maternelle quatre ans, peu
importe le prix de cette maternelle quatre ans, faire déplacer la main-d'oeuvre
qualifiée, des éducatrices spécialisées qui, maintenant, on se ramasse à ce que
plus de 50 000 personnes, 50 000 personnes qui n'arrivent pas à
trouver une place en garderies et qui se ramassent maintenant à gérer leur
problème de gestion de temps et gérer leur travail.
• (10 h 10) •
Donc, Mme la Présidente, au courant des
prochains blocs, j'avise le ministre que je vais avoir une discussion directe
par secteur d'activités. Et mon but aujourd'hui, c'est que le secteur public
souffre aussi de la pénurie de main-d'oeuvre, mais je m'attends à une
transparence totale de la part du gouvernement et à un dévoilement clair et net
du nombre de postes vacants, non comblés, par trimestre. Et je sais que c'est
difficile, on l'a par an. Mais si on veut vraiment être efficace, Mme la
Présidente, ça nous prend cette transparence pour pouvoir planifier la suite.
Si on doit agir au niveau de la formation, on va agir au niveau de la
formation. Si on doit aller chercher les jeunes populations, les mêmes groupes,
les mêmes groupes... D'ailleurs, le gouvernement a changé juste la forme, juste
la forme du document. Ça, c'est une autre proposition en 2018, ça, c'est la
proposition du gouvernement, les mêmes groupes. Le seul groupe qu'ils ont
enlevé, Mme la Présidente, c'est quoi? C'est la diminution du taux de chômage.
C'est normal, parce qu'on est en plein emploi.
Alors, Mme la Présidente, j'espère qu'au
bout de cette discussion, je vais avoir des réponses qui comptent pour le
réseau de l'éducation, le réseau des familles, le réseau de la santé, mais
aussi pour l'économie parce que ça presse, ça presse, Mme la Présidente.
150 000 postes disponibles vacants pour le secteur privé et je ne sais
pas... je ne peux même pas compter ce que nous avons vu, c'est au-delà de
50 000 postes vacants au niveau du secteur public.
Alors, Mme la Présidente... entamé mon
échange avec M. le ministre par rapport au bloc que j'ai mentionné. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député de Nelligan. Maintenant, je vais céder la parole au
ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale pour une période
de 10 minutes. M. le ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais saluer les collègues, les collaborateurs et les membres
des partis d'opposition, bien sûr le collègue de Nelligan qui fait une
interpellation qui m'apparaît totalement pertinente. Évidemment, nous sommes au
pouvoir depuis le 1er octobre 2018, et le phénomène de rareté et pénurie
de main-d'oeuvre, il existe, il est annoncé depuis 2007, 2008, 2009. Il y a des
économistes, des démographes qui écrivaient dans l'actualité, dans la presse
que...
M. Boulet : ...nous sommes au
pouvoir depuis le 1er octobre 2018, et le phénomène de rareté,
pénurie de main-d'oeuvre, il existe... il est annoncé depuis 2007, 2008, 2009.
Il y a des économistes, des démographes qui écrivaient dans l'actualité, dans
la presse que les entreprises allaient devoir freiner leur croissance, limiter
leurs investissements en raison d'une rareté de main-d'oeuvre. Et ça, c'était
un défi économique qui était fortement documenté.
Et ce que le gouvernement précédent a
fait, c'est de déposer une stratégie nationale sur la main-d'oeuvre, mais au
mois de mai 2018, donc elle n'a jamais été mise en application. Donc, le
phénomène de pénurie de main-d'oeuvre, il n'a pas été traité à son mérite
depuis que nous sommes dans ce contexte-là où il manque de travailleurs et
travailleuses pour nos entreprises, et ça, c'est dans tous les secteurs
d'activité.
Dès notre élection, moi, j'ai été
préoccupé par ce phénomène-là, puis on a mis en place un plan d'action qui est
très clair. Dans un premier temps, j'aimerais vous... parce que vous avez été
là en même temps, vous avez constaté ce que La Grande Corvée avait engendré
comme changement de paradigme. On avait 220 conseillers aux entreprises dans
notre ministère qui sont devenus de véritables accompagnateurs d'entreprises qui
avaient des défis de recrutement. Ce que mon collègue de Nelligan sait, c'est
qu'il y a beaucoup de PME au Québec qui n'ont pas de département de ressources
humaines, qui n'ont pas les ressources pour faire du recrutement de façon
structurée. Et les conseillers aux entreprises ont accompagné les entreprises
et les ont aidées à répondre à leur besoin de main-d'oeuvre.
La Grande Corvée 2.0 a suivi, et là on
mettait un accent particulier sur l'intégration de toutes les clientèles au
Québec qui ne sont pas suffisamment représentées dans le marché de l'emploi. On
a souvent fait référence aux jeunes. L'indicateur socioéconomique qui est de
plus en plus utilisé au sein des pays membres de l'OCDE, ce sont les NEEF, il y
en a à peu près 200 000 au Québec, ni en emploi, ni aux études, ni en
formation. On a négocié avec Ottawa le rapatriement de la Stratégie emploi et
compétences jeunesse et on a lancé le mouvement jeunes en emploi. Et il y a eu
des appels d'offres, il y a eu des investissements considérables pour aider les
jeunes à répondre à nos besoins de main-d'oeuvre.
Les femmes, dans certains secteurs, sont
sous-représentées. Je suis assez fier de dire qu'on a le taux d'emploi des
femmes qui est à peu près le plus élevé au monde, puis grâce notamment à certains
aspects de notre politique familiale et de notre filet social, les CPE, le
RQAP. Mais ça fait partie d'un des groupes dont on doit augmenter la présence,
notamment dans le secteur de la construction.
Les personnes en situation...
M. Boulet : ...qui est à peu
près le plus élevé au monde, puis grâce notamment à certains aspects de notre politique
familiale et de notre filet social, les CPE, le RQAP, bien, ça fait partie d'un
des groupes dont on doit augmenter la présence, notamment dans le secteur de la
construction.
Les personnes en
situation de handicap... On a lancé une vaste stratégie nationale pour
l'intégration et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap
et répondre à des besoins phénoménaux. Puis je suis allé dans des entreprises,
il faut aller sur le terrain pour constater que des personnes qui ont des
contraintes sévères à l'emploi font du travail de réception puis d'expédition
souvent à côté de robots ou dans des entreprises qui sont fortement numérisées.
Les personnes immigrantes, on parlera un peu plus du Programme des travailleurs
étrangers temporaires, où on essaie de l'assouplir, d'augmenter le nombre de
postes qui donnent accès au traitement simplifié. Les personnes autochtones,
les travailleurs expérimentés. Vous connaissez les crédits que mon collègue aux
Finances a annoncés l'année dernière. Ça donne de bons résultats parce que le
taux d'emploi dont nous avons hérité pour les personnes de 60, 64 ans et 65, 69
ans, était anémique quand on se comparait notamment à l'Ontario. Les personnes
judiciarisées, les prestataires d'aide sociale. On a diminué de près de
70 000 le nombre de personnes qui bénéficiaient de l'aide financière de
dernier recours.
Le plan d'action
pour la main-d'oeuvre qu'on a lancé le 23 septembre 2019 et dont on a fait
grand état, il misait d'abord sur les clientèles québécoises de personnes qui
sont ici et qu'on doit accompagner de façon personnalisée pour les aider à
intégrer le marché de l'emploi. Ce plan d'action là, il a donné d'excellents
résultats. Pour l'année 2019‑2020, on a aidé 138 000 personnes à intégrer
le marché de l'emploi. Au quatrième trimestre, vous la connaissez, la photo,
148 000 postes vacants. La raison, vous le savez, la population, au
Québec, vieillit à un rythme effarant, une des populations qui vieillit le plus
rapidement à l'échelle internationale. Ça fait qu'à tous les mois il y a des
nouveaux départs à la retraite, les démographes anticipent 650 000, à peu
près, départs à la retraite, dans les cinq prochaines années, et parallèlement
il y a création d'emplois. Ça fait que c'est un défi qui va demeurer constant.
Et je n'ai pas
la prétention qu'on va régler ce phénomène-là en criant ciseau, il va falloir
avoir un plan, bonifier notre plan, continuer à intégrer les clientèles pas
suffisamment représentées dans le marché de l'emploi. Il va falloir s'assurer
d'adapter, s'assurer que la formation soit adéquate avec les besoins concrets
du marché du travail et augmenter la productivité. Puis je vais revenir à la
productivité, parce que ce n'est pas...
M. Boulet : ...les
clientèles pas suffisamment représentées dans le marché de l'emploi. Il va
falloir s'assurer d'adapter, s'assurer que la formation soit adéquate avec les
besoins concrets du marché du travail et augmenter la productivité.
Puis je vais revenir à la productivité
parce que ce n'est pas connu suffisamment. Plusieurs disent, mais on est en
action là-dessus, sur la productivité, ce qui n'avait pas été fait avant notre
arrivée au pouvoir. On a des subventions salariales aux entreprises, 85 %
du salaire jusqu'à concurrence d'un montant spécifique pour la formation des
salariés suite à l'acquisition de technologies numériques dans les entreprises,
ou la réorganisation du travail qui vise à accroître la productivité. Parce que
c'est un défi, chers collègues. La productivité au Québec, il n'y a que
25 % des entreprises dont les processus d'affaires sont complètement
automatisés, alors que c'est près de 50 % aux États-Unis, 75 % en
Allemagne.
• (10 h 20) •
Comment on augmente la productivité?
L'automatisation, l'intelligence artificielle, la robotisation,
l'informatisation. On est là-dedans. Ça fait partie de notre plan d'action pour
la main-d'oeuvre. Depuis le début de la pandémie, le PACME, vous connaissez
bien la Commission des partenaires du marché du travail, puis j'apprécie
beaucoup, d'ailleurs, puis je le réitère souvent, la collaboration que j'ai
avec mes collègues d'Hochelaga-Maisonneuve et de Nelligan, le programme
d'actions concertées, là, ça a été fait en collaboration avec tous les acteurs
du marché qui sont dans la Commission des partenaires du marché du travail,
éducation, communautaire, syndicats, patrons.
Le PACME, ça a permis d'aider
47 000 entreprises, soit par le volet collectif ou le volet individuel,
47 000 entreprises, pour maintenir le lien d'emploi des salariés, non
seulement stratégiques, mais qui ont besoin d'accroître leurs habilités ou
leurs qualifications, 245 442 travailleurs qui en ont profité.
Programme d'aide à la relance par la requalification, une des questions de mon
collègue de Nelligan, il y a plus 13 000 personnes. On ne déshabille
pas un secteur ou des secteurs plus affectés par la pandémie pour en habiller
d'autres. Les syndicats m'avaient prémuni de ça.
C'est pour ça qu'il faut faire une
distinction entre la requalification et le rehaussement des compétences. La
requalification, ça permet à quelqu'un de se réorienter. Quelqu'un qui a fait
l'objet d'un licenciement, dont une rupture définitive du lien d'emploi, peut
se requalifier pour intégrer les secteurs qui sont en rareté de main-d'oeuvre,
les technologies de l'information, la construction, la santé, l'enseignement.
Les personnes qui font l'objet d'une mise à pied temporaire, donc, dans des
secteurs plus affectés par la pandémie, on les aide à rehausser leurs
compétences en leur versant une allocation de requalification pendant les
formations...
M. Boulet : ...rareté de main-d'oeuvre,
les technologies de l'information, la construction, la santé, l'enseignement.
Les personnes qui font l'objet d'une mise à pied temporaire, donc dans des
secteurs plus affectés par la pandémie, on les aide à rehausser leurs
compétences en leur versant une allocation de requalification pendant des
formations de courte durée.
Je suis extrêmement fier que,
collectivement, avec les partenaires, on se soit donné un programme d'aide à la
relance qui répond véritablement à des besoins dans des secteurs qui sont
cruciaux pour la relance économique, qu'on veut la plus inclusive et la plus
durable possible. Merci, Mme la Présidente. J'aurais tant à échanger et à
partager avec mes collègues. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Vous aurez le temps, M. le ministre. Alors, merci de votre intervention. Nous
allons maintenant procéder en alternance aux interventions de cinq minutes
selon la séquence suivante, soit un député de l'opposition, le ministre, un
député du groupe formant le gouvernement, et ainsi de suite. Alors, M. le
député de Nelligan, vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je vais aller au concret. Je ne sais pas si le ministre a
avec lui le budget de son gouvernement. Je l'informe que je vais aborder la
page D-43. C'est très simple, parce que, là, on va voir, Mme la Présidente,
vraiment, la déconnexion, le manque de vision. Et encore une fois, je tiens à
préciser que mes questions, je les base beaucoup sur l'analyse du dernier
budget que nous avons qualifié, avec d'autres groupes... qu'il manque de vision
sur plusieurs aspects.
Mais là je vais me limiter sur l'aspect de
la famille, hein, M. le ministre, on va parler de la famille. Donc, on ne peut
pas robotiser malheureusement les éducatrices, on ne peut pas rattraper le
retard au niveau de la productivité des éducatrices, on ne peut pas agir avec
les mêmes termes économiques, que je connais très bien, que vous avez utilisés.
Donc là, je vous ramène sur un autre terrain, avec des faits, bon.
Votre gouvernement, page D-43, «former
davantage d'éducatrices à la petite enfance». Cette somme, la somme allouée
dans le budget, qui est de l'ordre de 15 millions de dollars, va former
2 250 éducatrices. Les faits sont les suivants, la pénurie d'éducatrices
qualifiées... L'Association québécoise dans centres de la petite enfance estime
qu'il manquera 10 000 éducatrices qualifiées d'ici 2024. 2024. Si rien
n'est fait, le gouvernement n'a pas menti la donnée... Et c'est pour cela, tout
à l'heure, M. le ministre, j'ai demandé, et je vais continuer à demander, à ce
que votre ministère ou le ministre ou le gouvernement dévoile le portrait des
postes vacants. Je pense que c'est une nécessité, c'est question de
transparence. On ne peut pas continuer à naviguer dans le vide si on n'a pas le
portrait des besoins par réseau.
Pour régler le problème, le gouvernement a
modifié son règlement afin de diminuer le ratio d'éducatrices qualifiées en
petite enfance. Le ratio est passé de deux éducatrices qualifiées sur trois en
tout temps à un sur trois. Mettez-vous, Mme la Présidente, dans la peau d'un
milieu où tu n'as même pas quelqu'un qui va s'occuper de ton enfant et les
besoins de ton enfant parce qu'on a diminué le ratio des éducatrices. Ça, là,
c'est du jamais vu. 30 mars 2021, le gouvernement dépose un projet en règlement
pour poursuivre la diminution du nombre...
M. Derraji : ...mettez-vous, Mme
la Présidente, dans la peau d'un milieu où tu n'as même pas quelqu'un qui va
s'occuper de ton enfant et les besoins de ton enfant parce qu'on a diminué le
ratio des éducatrices. Ça, là, c'est du jamais vu.
30 mars 2021, le gouvernement dépose
un projet en règlement pour poursuivre la diminution du nombre d'éducatrices en
petite enfance qualifiées nécessaires au-delà de la pandémie. La pénurie est
telle que des services de garde doivent fermer.
25 janvier 2021 — encore
une fois, vous savez très bien que j'aime la Mauricie, Mme la
Présidente — Mauricie Centre-du-Québec, la région où le ministre, il
est responsable, plus de 100 garderies ont fermé leurs portes. Donc,
j'espère que le ministre va avoir des réponses à cette région, parce qu'encore
une fois, quand on parle d'économie, je sais très bien les programmes au niveau
du retard de la productivité, la robotisation, l'automatisation, là, on parle
d'un autre secteur public qui souffre, et ces gens-là, bien, on les enlève du
marché du travail. Et tout à l'heure... je vais finir avec la maternelle quatre
ans, il veut démontrer que la logique caquiste au niveau de la pénurie de
main-d'oeuvre, c'est vraiment de déshabiller pour habiller quelqu'un d'autre.
23 octobre, la pénurie en Mauricie,
Mme la Présidente, 100 garderies ont fermé leurs portes depuis le début de
la pandémie selon l'Alliance des intervenantes en milieu familial, dont environ
80 en Mauricie. 23 octobre 2020, la pénurie de personnel force le CPE... à
Val-d'Or à fermer deux groupes pour les deux semaines.
Lorsque la CAQ est arrivée au pouvoir, il
y avait 8 000 places en milieu familial qui étaient indisponibles,
mais non occupées en raison du manque d'éducatrices. Depuis deux ans, ce
chiffre a triplé. Il y avait, en août, 24 000 places non occupées par
manque d'éducatrices en milieu familial. Nous pouvons supposer que ce nombre a
déjà augmenté depuis le mois d'août.
L'impact de la pénurie sur les familles.
Depuis l'arrivée de la CAQ, la liste d'attente pour avoir une place en service
de garde est passée de 42 000 enfants à 51 000 enfants. La
réponse de la CAQ dans le budget :2 250 éducatrices.
Donc, Mme la Présidente, quand j'entends
le ministre parler du retard de la productivité, bien, déjà on ne répond pas
aux besoins de ces familles qui se ramassent avec des problèmes de manque
d'éducatrices et manque de places, mais la CAQ continue son projet électoral de
maternelle quatre ans. Et pour trouver le personnel pour enseigner dans ces
classes de maternelles quatre ans, le gouvernement est venu autoriser qu'une
éducatrice qualifiée en petite enfance puisse venir enseigner.
Donc, quand je dis, tout à l'heure, Mme la
Présidente, que le gouvernement déshabille Pierre pour habiller Paul, donc on
crée un problème ailleurs pour agir pour une promesse électorale de maternelles
quatre ans. Ma question au ministre, elle est très simple : Comment il
compte régler la pénurie d'éducatrices dans son réseau, surtout que son budget
a manqué d'ambition? Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député de Nelligan. Alors, la parole est au ministre pour cinq
minutes.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. J'apprécie et je partage la préoccupation de mon collègue...
M. Derraji : ...surtout que son
budget a manqué d'ambition. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député de Nelligan. Alors, la parole est au ministre pour cinq minutes.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. J'apprécie et je partage la préoccupation de mon collègue pour les
éducateurs, éducatrices à la petite enfance. Quand j'ai fait ma tournée du Québec,
partout on me mentionnait qu'il y a de jeunes parents qui ne pouvaient pas
revenir au travail parce qu'ils n'avaient pas accès à des services de garde. Il
y a des régions où c'est plus aigu, puis moi, effectivement, je viens d'une
région où le déficit, la rareté de main-d'oeuvre dans ce secteur-là, il est
particulièrement préoccupant. Puis j'apprécie aussi que mon collègue soulève ce
point-là, ça démontre à quel point ça nous préoccupe.
La rareté de main-d'oeuvre, il faut
constamment s'y attarder. Il y a deux semaines... En fait, il faut que je remonte
à il y a quelques mois. J'ai annoncé, dans la région de la Montérégie et dans
la région de la Côte-Nord, on a fait des ententes avec des cégeps pour mettre
en place des programmes de formation de courte durée dans des secteurs où ils
sont en rareté de main-d'oeuvre. Et les éducateurs, éducatrices, il y a des
formations qui se donnent en accéléré ou en plus courte durée mais en
alternance travail-études. Puis ça, on s'inspire des meilleures pratiques de
formation à l'échelle internationale et on assume le paiement... Bien, il y a
un incitatif financier qui est mis en place et dont bénéficient les étudiants,
étudiantes pendant leurs études et pendant leur travail au sein
particulièrement de centres à la petite enfance.
Ça a donné des résultats phénoménaux, au
point où, il y a deux semaines... Puis vous connaissez bien ma région. Je vous
inviterais à commenter d'ailleurs l'annonce qu'on a faite au Collège Laflèche à
Trois-Rivières avec 10 CPE, qui sont disséminés partout dans la région de la
Mauricie, qui vont bénéficier de ce qu'on appelle un COUD, vous connaissez bien
la CPMT, c'est des programmes de formation de courte durée dans des secteurs
priorisés. Et ça en fait partie, ça a été accueilli de façon extrêmement
enthousiaste dans les milieux à la petite enfance pour aider à répondre à la
rareté de main-d'oeuvre dans ce secteur-là.
• (10 h 30) •
Et je suis content de mentionner que, dans
le budget, quand on réfère à 2 250, restez attentifs, puis il y a un
décret à cet effet-là, il y aura d'autres montants. Et j'ai une intention aux
collègues de le faire partout où ce sera possible de le faire au Québec pour
que toutes les régions du Québec puissent tirer avantage de ces programmes de
formation là de courte durée en alternance travail-études. Puis c'est des
programmes qui varient entre un an et...
10 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...de le faire
partout où ce sera possible de le faire au Québec pour que toutes les régions
du Québec puissent tirer avantage de ces programmes de formation là de courte
durée en alternance travail-études. Puis c'est des programmes qui varient entre
un an et 15 mois. Donc... Et c'est des personnes qui sont en embauche ou
sur le point d'être embauchés dans des CPE. Donc, ce sera bénéfique pour les
CPE parce qu'ils bénéficient de l'expérience académique, si je peux m'exprimer
ainsi, pendant les études. Et pendant les études, par exemple au Collège
Laflèche ou au collège x, y ou z, bien, ils bénéficient de l'expérience terrain
de ces éducateurs/éducatrices-là.
Ça fait que c'est vraiment une formule
gagnant-gagnant qui va être... qui avait d'ailleurs été extrêmement bien
accueillie dans les régions concernées, là, les régions de Côte-Nord et
Montérégie. Et sachez que c'est une sensibilité que nous avons constamment. Il
faut s'occuper, mon collègue dirait, de nos tout-petits. Il faut permettre aux
parents qui veulent réintégrer le marché de l'emploi, particulièrement dans un
contexte de rareté de main-d'oeuvre, non seulement de savoir qu'on va accroître
l'offre d'éducateurs et d'éducatrices à la petite enfance pour répondre, pas en
totalité, à la demande, pas complètement aux besoins, mais on fait des grands
pas en avant, on investit des sommes d'argent, on fait des partenariats avec la
fédération des collèges, avec des collèges partout au Québec et avec des CPE,
et ultimement pour leur permettre d'accroître les ratios auxquels faisait
référence mon collègue de Nelligan. Donc, on est, pour les familles,
véritablement présents. Et ça fait partie de notre plan. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Alors, je cède la parole au député de Richelieu pour
cinq minutes.
M. Émond : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Content d'être avec vous ce matin pour cette
interpellation. Salutations aussi aux collègues, bien entendu, et à l'ensemble
des équipes qui nous accompagnent. Et j'aimerais débuter, si vous le permettez,
Mme la Présidente, en parlant un peu du personnel du système de la santé, des
personnes tellement importantes, des femmes et des hommes qui travaillent très
fort, qui travaillent toujours très fort, mais particulièrement depuis le début
de la crise que nous traversons présentement. Et il y a un lien important quand
même à faire entre le volet services en soins de santé et pénurie de
main-d'oeuvre.
On l'a vu durant la première vague de la
pandémie de la COVID-19 qui a touché très durement nos CHSLD, le manque de
préposés aux bénéficiaires dans les établissements a directement affecté les
soins qu'on était en mesure d'offrir à nos aînés à ce moment-là. Et les
Québécois, les Québécoises ont également compris que le résultat qui en
découlait était en très grande partie...
M. Émond : ...touché très
durement nos CHSLD, le manque de préposés aux bénéficiaires dans les établissements
a directement affecté les soins qu'on était en mesure d'offrir à nos aînés à ce
moment-là. Et les Québécois, les Québécoises ont également compris que le
résultat qui en découlait était en très grande partie attribuable à la réforme
du système de santé du gouvernement précédent, qui, il faut bien le dire, a complètement
déstabilisé le réseau, à partir du terrain jusque dans les bureaux. Et malheureusement
on a payé collectivement un lourd tribut durant la première vague.
Heureusement, Mme la Présidente, le gouvernement
a réagi avec une précision chirurgicale, si je peux dire, et c'est une mesure
que je salue particulièrement et ça me rend très fier, comme adjoint au ministre
de l'Éducation au volet de la formation professionnelle. Vous me voyez venir, Mme
la Présidente, je parle bien sûr de la mise en place du programme de formation
accélérée afin de faire en sorte de former des milliers de préposés aux
bénéficiaires supplémentaires en CHSLD et de les mettre à contribution partout
dans le réseau. Partout dans le réseau, bien, ça veut aussi dire dans la région
du député de Nelligan, bien entendu, là, qui a, je me rends compte, ce matin, beaucoup
d'intérêt pour la Mauricie. Mais c'est important de dire que le déploiement des
préposés aux bénéficiaires issus de cette formation accélérée a aidé beaucoup
collectivement la deuxième vague, nous a aidés.
Et c'est un programme qui a été développé,
Mme la Présidente, en trois semaines seulement. Et j'en profite pour souligner
et féliciter l'effort incroyable des équipes, bien entendu, de l'Éducation,
mais aussi de la Santé, qui ont fait preuve de beaucoup de flexibilité. Mon
père aurait dit : Ils se sont virés sur un 10 cents, très rapidement. Et
ce qui en a découlé, c'est que dès l'été dernier, à la suite de la première
cohorte de formation, c'est plus de 6 400 nouveaux préposés aux
bénéficiaires qui ont ainsi rejoint le réseau de la santé pour offrir des
services et des soins de manière durable.
D'ailleurs, grâce à ces ajouts, on peut le
dire, je le répète, que la gestion de la pandémie dans nos CHSLD lors de la
deuxième vague s'est relativement bien passée. Et il y a une deuxième cohorte,
Mme la Présidente, une deuxième cohorte de formation qui a démarré, fin du mois
de septembre, pour laquelle il était possible de s'inscrire jusqu'à la fin
mars. Et en date du 7 avril, c'est près de 1 300 préposés qui avaient déjà
terminé leur formation et qui ont joint les rangs du réseau. Donc, à ce jour,
c'est déjà plus de 8 200 nouveaux préposés aux bénéficiaires qui offrent
des soins aux Québécois. Et une statistique intéressante, Mme la Présidente, du
nombre de préposés qui ont terminé cette formation, qui se sont engagés dans le
réseau depuis neuf mois, on souligne un taux de rétention de 94,5 %.
Alors, avec des chiffres comme ça, je pense qu'on peut dire que la campagne a
été un succès.
Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin,
Mme la Présidente? Dans le budget 2021‑2022, et j'avais...
M. Émond : ...qui se sont
engagés dans le réseau depuis neuf mois. On souligne un taux de rétention de
94,5 %. Alors, avec des chiffres comme ça, je pense qu'on peut dire que la
campagne a été un succès.
Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin,
Mme la Présidente? Dans le budget 2021‑2022, et j'avais l'occasion d'en parler
hier avec le ministre des Finances, le gouvernement de la CAQ a alloué
93 millions de dollars supplémentaires afin, entre autres, de former et
recruter davantage de main-d'oeuvre pour le réseau de la santé. Il y a aussi
60 millions pour financer des mesures qui permettent d'accroître le nombre
de diplômés aux études supérieures, par exemple, en augmentant le nombre
d'étudiants en médecine, en délocalisant les facultés de médecine sur le
territoire québécois pour permettre de répartir la main-d'oeuvre médicale dans
nos régions.
Alors, c'est un bref survol, Mme la
Présidente. J'aurai l'occasion de revenir dans mon deuxième bloc. Tout ça pour
vous dire que ce sont des mesures concrètes, structurantes que le gouvernement
de la CAQ a mises en place pour régler le problème de la main-d'oeuvre dans
notre système de santé.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Alors, nous allons débuter la deuxième série
d'interventions, et je vais céder la parole au député de l'opposition
officielle, le député de Nelligan, pour cinq minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Je vais avoir l'occasion de parler de la santé un peu plus tard.
Donc, pour le collègue de Richelieu, je l'invite à me suivre dans le prochain
bloc. Maintenant, je vais me concentrer sur l'éducation et sur les profs.
J'apprécie votre intervention et les éléments que vous avez mis sur la table.
Donc, au niveau de l'éducation. Le 23
octobre 2020, des chercheurs de l'Université du Québec à Rimouski ont établi
que 14 % des professeurs songent à abandonner leur profession, soit une
augmentation d'environ 10 % par rapport aux années précédentes. Là, on
parle de 2020. 2020, je pense, M. le ministre, que c'est la CAQ qui est au
pouvoir. 29 janvier 2021, le nombre de profs ayant démissionné n'a jamais été
aussi élevé en cinq ans dans plusieurs centres de services scolaires, une tendance
de fond que la pandémie semble avoir accélérée. Je ne vais même pas parler sur
les échanges avec le gouvernement, et vous avez vu comme moi, aujourd'hui, la
menace de grève pour mardi prochain, parce qu'encore une fois le gouvernement
traîne dans ses négociations avec les professeurs.
Le 13 août 2020, départs à la retraite
anticipés, exemple concret au centre de services Marie-Victorin. 65 enseignants
du centre de services scolaires Marie-Victorin ont quitté en retraite anticipée
en 2019‑2020. Les départs anticipés se sont multipliés au cours des dernières
années dans de nombreux établissements scolaires au Québec. La pandémie de la
COVID aurait accentué le mouvement, selon certains experts. Et vous avez vu,
Mme la Présidente, j'en suis sûr et certain... Dans votre comté, les profs vous
interpellent. Nous avons vu l'impact de la COVID sur ces professionnels, ces
professeurs. Le départ à la retraite, la formation à distance, l'utilisation
des nouvelles technologies...
M. Derraji : ...experts, et vous
avez vu, Mme la Présidente, j'en suis sûr et certain, dans votre comté, les
profs vous interpellent, nous avons vu l'impact de la COVID sur ces
professionnels, ces professeurs, le départ à la retraite, la formation à
distance, l'utilisation des nouvelles technologies, parfois des profs qui se
retrouvent démunis en face d'une situation un peu complexe parce que l'absence
des moyens technologiques... faire des formations. Et la situation, elle est tellement
problématique qu'on voit maintenant que certaines régions, il y en manque, de
profs.
• (10 h 40) •
Le départ des professionnels de
l'éducation, toujours le 8 avril 2021 : «Les professionnels du
secteur de l'éducation, primaire et secondaire, sont préoccupés par la
dégradation de leur situation au sein du système scolaire et ils sont maintenant
près de 50 % à envisager de quitter le secteur public pour se trouver un
emploi dans le privé qui offre des conditions de travail plus avantageuses.» Il
y a plusieurs, plusieurs citations et plusieurs articles qui démontrent
l'ampleur du départ des profs et l'impact sur le réseau de l'éducation.
Mme la Présidente, au début de mon
intervention, j'ai demandé une chose très importante au gouvernement, c'est que
le gouvernement, s'il veut avoir une meilleure prévisibilité, c'est qu'il
dévoile le portrait des postes vacants au niveau du secteur de l'éducation et
que ça soit rendu public, par trimestre, le nombre. On ne veut plus que ce soit
par région, dire favorables, défavorables. Je ne pense pas que ce soit le rôle
du législateur. Si je veux jouer bien mon rôle de questionner le gouvernement
sur sa prévisibilité sur le manque de postes ou le départ à la retraite, la
demande en services en fonction de la démographie, je pense que nous sommes
rendus là au Québec pour voir : Est-ce que le gouvernement planifie très
bien les départs à la retraite, les formations des profs, les rendre
disponibles?
Tout à l'heure, le collègue de Richelieu
me mentionne le programme du PAB en trois mois. Oui, mais on ne peut pas former
un prof en trois mois. On ne peut pas former un prof en trois mois. On ne peut
pas former un prof en trois mois. Ça prend des formations, ça prend des
formations spécialisées. Donc, ce que je demande au gouvernement, c'est cette
prévisibilité.
Donc, je réitère ma demande, comme je l'ai
fait dans le premier bloc au niveau de la famille, j'ai la même demande. Je la
répète au niveau de l'éducation. Je demande au gouvernement caquiste de
dévoiler dorénavant, par trimestre, le portrait réel des postes vacants. Ce
portrait réel des postes vacants dans le secteur de l'éducation, Mme la
Présidente, va nous permettre de voir le portrait des départs à la retraite, va
nous permettre de suivre les nouveaux diplômés, la formation et est-ce qu'elle
suit les besoins futurs, la demande de services aussi en fonction de la
démographie par région. C'est ça, pour moi, être transparent. C'est ça, pour
moi, être prévisible. Et ce que je demande au ministre, c'est avoir une
réponse, s'il trouve cette proposition très bonne et à quel moment il compte,
son gouvernement, dévoiler ces chiffres et ces portraits. Merci, Mme la
Présidente.
M. Derraji : ...en fonction de
la démographie par région. C'est ça, pour moi, être transparent, c'est ça, pour
moi, être prévisible. Et ce que je demande au ministre, c'est avoir une réponse
s'il trouve cette proposition très bonne et à quel moment il compte, son gouvernement,
dévoiler ses chiffres et ses portraits. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député. M. le ministre, la parole est à vous pour cinq minutes.
M. Boulet : Merci. J'aimerais,
dans un premier temps, réitérer à mon collègue, je pense qu'on est constamment
animé par un esprit de collaboration. Les chiffres concernant les postes
vacants par secteur d'activité, notamment l'éducation, moi, ces chiffres-là, je
suis totalement d'accord à les partager, chiffres que je n'ai pas devant moi.
Mais vous savez que le diagnostic, que
vous connaissez bien, il y a une analyse des 500 métiers et professions et une
identification qui est faite en collaboration avec les comités sectoriels de
main-d'oeuvre, avec les autres ministères, notamment Éducation, Enseignement
supérieur, Économie et Innovation, groupes communautaires. Et tout le monde
fait des études. Comme en technologie de l'information, le comité sectoriel
s'appelle TechnoCompétences. Et on identifie le nombre de postes vacants par
secteur d'activité, ce que nous anticipons dans les prochaines années... Parce
que le diagnostic, vous le savez, vous me mentionniez tout à l'heure que vous
le connaissez depuis 2018, mais il est mis à jour constamment. Puis je l'ai
publié, le dernier, je pense, au début du mois de mars pour l'année 2020.
Et ça prévoit l'état d'équilibre de ces métiers, professions là jusqu'en 2023.
Puis il y en a 124, là, à peu près, là, qui sont en état de déficit léger ou de
déficit, donc où on est en rareté de main-d'oeuvre. Puis, dans les postes
relatifs au secteur de l'éducation, il y en a.
Mais, dans ce diagnostic-là, vous avez
déjà beaucoup d'informations. Mais j'inviterais mon collègue à me l'exprimer
par écrit, les chiffres dont vous avez besoin, on les obtiendra soit de la
Commission des partenaires du marché du travail, ou à mon secteur Emploi-Québec
de mon ministère, ou au ministère des Finances, ou, s'il y a de l'information
fine... Puis j'irais même au-delà de ça. Bon, vous êtes le porte-parole de
l'opposition officielle en travail et emploi, on devrait se faire des
rencontres épisodiques pour que je partage ce que nous faisons, les résultats
que ça donne, par exemple, en matière d'intégration, l'impact que ça a sur les
taux d'emploi, le nombre de personnes qu'on réintègre au marché du travail, les
mesures pour permettre une meilleure adéquation entre la formation puis les
besoins concrets du marché du travail, et la productivité, puis l'ensemble de
notre plan d'action pour la main-d'oeuvre, puis la collaboration. On essaie...
M. Boulet : ...que ça a sur les
taux d'emploi, le nombre de personnes qu'on réintègre au marché du travail, les
mesures pour permettre une meilleure adéquation entre la formation puis les
besoins concrets du marché du travail et la productivité, puis l'ensemble de notre
plan d'action pour la main-d'oeuvre, puis la collaboration. On essaie de
travailler le moins possible en silo, et je travaille beaucoup en collaboration
avec mes collègues à l'Enseignement supérieur, à l'Éducation, au MIFI puis à
l'Économie, Innovation. Ça fait que, ça, je suis totalement ouvert, et on
pourra d'ailleurs voir comment ces chiffres-là peuvent nous aider à bonifier
nos plans d'action pour lutter contre la rareté de main-d'oeuvre.
Ceci dit, il y a des éléments...
Évidemment, on est en processus de négociation des renouvellements de
convention collective. Je ne veux pas m'immiscer dans la négociation. Je sais
qu'il y a beaucoup de départs à la retraite, je sais qu'on a des défis pour
accroître le nombre de personnes diplômées. Dans ces programmes-là, dans le
secteur de l'éducation, on est en rareté de main-d'oeuvre. Il faut valoriser ce
que nous faisons... ces professions-là. Il y a des campagnes de valorisation
pour intéresser les jeunes à étudier dans ces domaines-là, adapter...
évidemment accroître le taux de persévérance et de réussite des étudiants,
parce qu'il y a dans... des secteurs où le taux de diplomation, il est trop
faible. Il y a des secteurs... Je pensais aux technologies de l'information, où
le taux de diplomation n'est que de 50 % approximativement dans les
collèges et les universités. Ça fait qu'il y a un effort à mettre pour
accroître le taux de diplomation, pour intéresser nos jeunes et d'autres
clientèles qui ont besoin de revenir au travail. Tu sais, quand on dit :
les ni en emploi, ni aux études, ni en formation, il y a un bassin phénoménal,
puis la diversité des profils est extrêmement variée. Il y a un comité
sectoriel pour les jeunes qui m'a déposé un rapport, si vous voulez l'avoir,
sur le phénomène des NEEF. D'où ils proviennent? Quel est leur profil? Comment
on peut raffiner notre stratégie visant à leur permettre un retour à l'école ou
de réintégrer le marché de l'emploi? Ça me fera plaisir de continuer à
échanger. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Vous êtes vraiment très discipliné relativement au temps
qui vous est alloué. Je vous en remercie. Alors, la parole est à vous, Mme la
députée de Jean-Talon, pour cinq minutes.
Mme Boutin : Merci, Mme la
Présidente. Je vais essayer, moi également, d'être disciplinée, même si ce
n'est pas vraiment dans ma nature. J'aimerais premièrement commencer par saluer
la bonne foi du ministre du Travail. Vraiment, vous faites preuve de
transparence. Les oppositions, c'est ce qu'elles vont demandent, faire preuve
de transparence. Puis d'emblée, vous dites que vous êtes prêt à partager les
chiffres, tu sais, sur l'emploi, les taux d'emploi, puis je salue ça. Et moi,
j'aurais été curieuse de voir ces mêmes chiffres là lors des coupures dans les
années 2015‑2018, les coupures qui ont eu lieu en éducation et en santé. J'ai
fait quelques recherches, puis c'était quand même très difficile de trouver ces
chiffres-là. Ceux qui me connaissent savent que j'aime bien les chiffres...
Mme Boutin : ...chiffres, tu
sais, sur l'emploi, les taux d'emploi, puis je salue ça. Et moi, j'aurais été
curieuse de voir ces mêmes chiffres là lors des coupures dans les années 2015,
2018, les coupures qui ont eu lieu en éducation et en santé.
J'ai fait quelques recherches, puis
c'était quand même très difficile de trouver ces chiffres-là. Ceux qui me
connaissent savent que j'aime bien les chiffres. C'est sûr qu'il y avait quelques
articles qui parlaient qu'en éducation près de 300 postes de professionnels
avaient été coupés. En santé, on parlait plus au niveau des gestionnaires en
santé, je pense que c'était autour... on m'a dit l'information, mais il
faudrait vérifier, 1 400. C'est ce qui a fait en sorte, entre autres, que
dans les CHSLD, en pleine pandémie, il a fallu réengager 400 gestionnaires pour
justement offrir une meilleure gestion de la pandémie dans les CHSLD. Donc,
moi, j'aurais été curieuse de connaître l'impact de l'austérité libérale sur la
diminution ou les coupures d'emplois dans certains emplois stratégiques. Ça,
c'était mon petit plaidoyer pour les chiffres.
Mais je suis quand même très heureuse de
voir qu'un député libéral, le député de Nelligan, lève le drapeau et veut
parler de... pénurie de main-d'oeuvre — excusez-moi, j'ai fait un
petit lapsus — pénurie de main-d'oeuvre, pour vrai, je suis un peu
surprise, mais je suis vraiment très, très heureuse. Parce que moi, j'ai fait
deux campagnes électorales très rapprochées, une en 2018 et 2019, et ai
participé à quelques débats où la pénurie de main-d'oeuvre était un enjeu,
parce que c'est vraiment un enjeu, dans la Capitale-Nationale, et on me
regardait un petit peu comme un extraterrestre quand je soulevais justement ces
enjeux de pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs clés. Le secteur des
affaires, à Québec, là... je pense à Québec International, entre autres, la
chambre de commerce, parlaient de pénurie, levaient des drapeaux, aidez-nous,
aidez-nous.
Juste pour le dire un petit peu, à Québec,
il y a trois secteurs assez névralgiques où est-ce que la pénurie est vraiment
importante. On parle de la santé, le nombre d'infirmières... C'est pour ça que
je m'intéressais aux chiffres des coupures, parce que c'est sûr, quand on coupe
des infirmières, bien... ou des gestionnaires, mais une infirmière, entre
autres, bien, c'est long à former, une infirmière, c'est trois ans, les
professionnels en éducation, également, vous l'avez mentionné, le député de
Nelligan l'a bien mentionné. Alors, quand on coupe dans des secteurs, il faut
vraiment penser au futur, avoir une meilleure planification.
• (10 h 50) •
La pénurie de main-d'oeuvre, à Québec,
mais partout au Québec, c'était une pénurie qui était prévisible dans les 10,
15 dernières années, on en parlait dans plusieurs secteurs. Juste pour...
concrètement parlant, tu sais, ce que ça veut dire, à Québec... Puis M. le
ministre m'a accompagnée lors... en tout cas, notamment dans ma dernière
campagne électorale, il a été très gentil, il est venu parce que je voulais lui
parler de cet enjeu-là. Pour moi, l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre,
c'était l'enjeu numéro un à Québec. Et même en pandémie, nous sommes près du
plein emploi, donc imaginons quand on va avoir une reprise économique, on va
retourner dans le même contexte.
Le secteur du commerce de détail, le
secteur hôtelier, concrètement parlant, juste avant la pandémie, on avait des
directeurs généraux qui faisaient des chambres d'hôtel, les nettoyer, parce
qu'ils n'étaient plus capables d'engager, ces gens-là n'existaient juste pas.
En TI, on a des compagnies absolument incroyables, à Québec, je pense à Levio,
qui est dans mon comté, qui ont 800 employés et qui engagent massivement,
notamment par l'immigration, mais qui ont besoin, justement, là, de
travailleurs en TI, le plus possible. Et en santé, ça, c'est vraiment un enjeu
criant, là, j'en ai même discuté avec le P.D.G. du CIUSSS la semaine passée.
Donc, j'aimerais... Quand je faisais mes
débats, en 2018, j'étais quand même surprise parce que...
Mme Boutin : ...massivement, notamment
par l'immigration, mais qui ont besoin justement, là, de travailleurs en TI le
plus possible. Et en santé. Ça, c'est vraiment un enjeu, là, criant, là. J'en
ai même discuté avec le P.D.G. du CIUSSS la semaine passée.
Donc, j'aimerais... Quand je faisais mes
débats en 2018, j'étais quand même surprise parce que, le ministre l'a
mentionné un petit peu, le précédent gouvernement avait déposé une stratégie
pour la main-d'oeuvre à quatre mois des élections, donc c'est... effectivement,
ils n'avaient pas eu le temps d'implanter cette stratégie-là, vraiment une
stratégie qui était plus en réaction qu'en prévision, alors que c'était
vraiment un enjeu qui était prévisible. Puis le point qui a été abordé lors de
ces débats-là, et même par la suite, c'était vraiment plus une emphase sur
l'immigration.
Alors que, pour pallier à la pénurie de
l'emploi qu'on vit présentement, il y a plusieurs politiques qui sont mises en
place... qui ont été mises en place, en partant, par le ministre du Travail.
Donc, il a parlé de La Grande Corvée. On parle d'intégration des travailleurs,
formation continue, tous les incitatifs pour intégrer les retraités, les gens
qui ont des handicaps, les gens qui font partie des Premières Nations. On a un
bassin incroyable quand on pense aux Premières Nations, on a... J'ai des
chiffres devant moi. On a des centaines de milliers de personnes qui pourraient
travailler. Et des mesures ont été mises en place dans le dernier budget...
Oui, j'ai vu le temps, M. le député de... Et puis on a plusieurs mesures qui
ont été mises en place et qui sont en train, justement, de porter fruit. Puis
le ministre a vraiment une vision pour le futur pour pouvoir intégrer ces
travailleurs-là.
Je vais pouvoir poursuivre avec des
mesures concrètes dans mon prochain bloc, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, Mme la députée de Jean-Talon. Alors, pour la troisième série
d'interventions, je cède la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve pour cinq
minutes.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à tout le monde, M. le ministre, chers collègues des
différents partis. Il me fait plaisir d'être avec vous ce matin. Un sujet très
vaste, plusieurs angles différents. Je vais me concentrer sur celui de
l'emploi, du travail. J'aimerais parler de la question de la construction dans
un instant, mais commencer rapidement par la pénurie d'emplois.
On a fait souvent référence... M. le
ministre a fait référence, tantôt, à la question de la robotisation. C'est un
enjeu que je trouve intéressant, sur lequel je me suis déjà penché avant ma
carrière politique, mais qui revient systématiquement dans toutes les
discussions alentour de la pénurie d'emplois. Mais je trouve que l'angle mort
qui est souvent oublié alentour de la discussion de la robotisation, c'est la
question du salaire minimum.
Et on l'a vu en ce moment dans les
épiceries... Moi, j'en suis témoin dans mon quartier d'Hochelaga-Maisonneuve,
de plus en plus d'épiceries et de pharmacies bousculent les clients. Moi, j'haïs
ça, là, les caisses autoservice, là. Je trouve que je suis en train de donner
du travail gratuit à l'entreprise en question. Ça fait que je n'y vais jamais,
jamais, jamais. Je me fais un point d'honneur de ne jamais y aller, je déteste
ça. Je veux parler à un humain. Et de plus en plus, on nous pousse vers ces
caisses-là. On essaie de ne pas avoir de préposés aux caisses ordinaires, où
elles sont écrites «Fermé», puis ils attendent vraiment qu'on se tienne devant
la caisse pendant deux minutes pour que quelqu'un se pointe.
Donc, cette robotisation-là qui se perçoit
dans certains secteurs, à mon avis, l'angle mort de ça, c'est le salaire
minimum. Puis M. le ministre le sait. Ça ne fait pas la première fois que j'en
parle. Si on avait un vrai salaire minimum décent, il n'y en aurait pas décent,
il n'y en aurait pas, de problème de pénurie d'emploi, dans les secteurs à bas
salaire...
M. Leduc : ...d'attendre vraiment
qu'on se tienne devant la caisse pendant deux minutes pour que quelqu'un se
pointe. Donc, cette robotisation-là qui se perçoit dans certains secteurs, à
mon avis, l'angle mort de ça, c'est le salaire minimum. Puis M. le ministre le
sait, ça ne fait pas la première fois que j'en parle, si on avait un vrai salaire
minimum décent, il n'y en aurait pas de problème de pénurie d'emploi dans les
secteurs à bas salaire. Les problèmes pénurie d'emploi dans d'autres secteurs
qui demandent de la grande formation, c'est un autre sujet, mais ce n'est pas
un sujet unique, la pénurie d'emploi. Et la question dans les secteurs où il y
a des bas salaires, si on avait un meilleur salaire minimum, je suis convaincu
qu'on n'aurait pas besoin d'aller vers cette robotisation-là. Mais voilà pour
l'aspect robotisation.
Je veux me concentrer dans le temps qu'il
me reste sur la question de la construction, Mme la Présidente. J'ai déposé un
projet de loi, pas plus tard qu'hier, en cette Chambre parce qu'il y a un
problème structurel dans l'industrie de la construction, particulièrement dans
le régime du travail. Les patrons ont avantage à bloquer à la table de négo, à
s'assurer que la convention collective se termine et à ralentir le plus
possible la négo pour que plusieurs semaines, plusieurs mois se passent jusqu'à
la complétion de la négociation collective qui, dans les deux dernières négos,
s'est terminée par une loi spéciale.
Le ministre a eu la chance de ne pas avoir
à voter aucune loi spéciale depuis le début de son mandat. Et j'espère qu'il
est heureux de ce bilan et qu'il veut garder ce bilan. Mais là, visiblement, un
mur s'en vient. La troisième séquence d'une même histoire qu'on a entendue à
plusieurs reprises est à nos portes. Et je pense que M. le ministre doit être
conscient de ça et doit prendre la balle au bond et la perche que je lui tends
pour agir et s'assurer de changer l'économie générale de ce régime-là qui fait
en sorte que les patrons n'ont pas avantage à négocier et à régler.
Et il y a deux dispositions dans mon
projet de loi qui viendraient corriger ce déséquilibre de rapport de force. Hein,
c'est ça, une négociation. C'est un rapport de force. Il y a deux aspects dans
le régime du travail particulier de la construction qui donne un rapport de
force beaucoup trop grand pour les patrons. Le premier, c'est le fait qu'il n'y
a pas de disposition antiscab, de travailleurs illégaux de remplacement, en bon
français. Il n'y a pas de disposition antiscab dans le régime particulier du
travail pour l'industrie de la construction, ce qui une aberration parce que,
pour tous les autres salariés sous juridiction québécoise, soit la vaste
majorité des salariés au Québec, ils bénéficient de ça depuis les
années 70.
C'est un vieux débat, ça, Mme la
Présidente, qu'on a réglé il y a des décennies. Je n'étais même pas né quand
cette loi-là a été adoptée. Et tous les travailleurs au Québec en bénéficient
sous juridiction québécoise, sauf les travailleurs de l'industrie de la
construction. Alors, quand il y a un conflit de travail, ce n'est pas grave, on
peut faire rentrer du monde illégalement parce que ce n'est pas interdit dans
le régime particulier du travail de la construction.
L'autre enjeu qui est très important
aussi, c'est la rétroactivité salariale, j'en parlais à l'instant. Il est
nommément interdit dans la loi de permettre à ce qu'une convention collective
qui serait signée plus tard puisse se rattacher à la fin de la convention
précédente, alors que c'est la norme dans tous les autres secteurs syndiqués. À
peu près l'entièreté des conventions collectives du Québec ont une clause qui
dit : Bien, la prochaine convention se rattachera à la fin de celle qui
est en cours. Et cette impossibilité-là de la lier, Mme la Présidente, ça fait
en sorte que les patrons mettent le pied sur le frein pendant des mois, et des
mois, et des mois.
Et pendant ce temps-là, ils le savent,
qu'ils n'auront pas à payer une rétroactivité salariale. Parce qu'ils le
savent, qu'à un moment donné, bien, les salariés n'auront pas le choix de
déclencher des moyens de pression, la grève. Le gouvernement ne voudra pas
qu'il y ait une grève dans l'industrie de la construction, un secteur
fondamental qui, dans le cas présent, en plus, est fondamental pour la relance
économique. Puis, bien, ils vont appeler une loi spéciale. Puis la plupart du
temps, en tout cas, ça a été le cas dans les deux...
M. Leduc : ...et, pendant ce
temps-là, le savent qu'ils n'auront pas à payer une rétroactivité salariale, parce
qu'ils le savent qu'à un moment donné, bien, les salariés n'auront pas le choix
de déclencher des moyens de pression ou la grève. Le gouvernement ne voudra pas
qu'il y ait une grève dans l'industrie de la construction, un secteur
fondamental qui, dans le cas présent, en plus, est fondamental pour la relance
économique. Puis, bien, ils vont appeler à une loi spéciale, puis la plupart du
temps — en tout cas, ça a été le cas dans les deux dernières
fois — le gouvernement va les entendre puis va faire une loi
spéciale. Moi, je ne veux pas qu'on en arrive là, je ne veux pas qu'il y ait de
loi spéciale, je veux rééquilibrer les rapports de force.
Le ministre n'a pas encore répondu sur le
fond à cet enjeu-là, n'a pas encore répondu à cette possibilité-là de faire un
projet de loi qui est très simple, hein, deux petits articles, Mme la
Présidente, ça tient sur une feuille. Est-ce que le ministre, dans les
prochaines semaines... parce que, là, la date s'en vient, c'est fin avril, la
fin de la convention de la construction, est-ce que le ministre s'engage à ce
qu'on puisse appeler ce projet de loi là, en discuter et Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Alors, la parole est au ministre pour cinq minutes.
M. Boulet : Merci. J'aimerais,
comme je l'ai fait, souligner la qualité de la collaboration que j'ai depuis
mon élection avec le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Puis je pense qu'on
développe une relation qui est vraiment bénéfique pour les Québécois, les
Québécoises. Puis je répète souvent que, si les Québécois pouvaient nous
regarder, je pense que c'est ce qu'ils anticipent que nous fassions, qu'on soit
capables de travailler de manière transversale et de faire avancer les
dossiers.
Trois points. Le salaire minimum, on en a
abondamment discuté, ce qui nous préoccupe, c'est de trouver un bon équilibre
entre le maintien puis l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés à faibles
revenus. À chaque année, je vous le dis, ça me préoccupe de voir les centaines
de milliers de travailleurs qui sont au salaire minimum, puis plus de femmes,
d'ailleurs, beaucoup plus de jeunes.
Mais il faut quand même trouver un équilibre
entre ça... d'ailleurs, cette année, il a encore augmenté de... presque
2 %. Il faut tenir compte de la capacité de payer, notamment des plus
petites entreprises. Il faut éviter de générer des mises à pied, notamment
auprès de ces clientèles-là, les femmes et les jeunes, qui sont en nombre
prépondérant chez ceux et celles qui reçoivent le salaire minimum.
• (11 heures) •
Ça fait que je pense que notre objectif,
qui a été atteint, puis c'est la première fois dans l'histoire du salaire
minimum qu'on atteint 50 % du salaire horaire moyen, on l'a atteint puis
l'a maintenu encore une fois cette année. Je trouve que c'est respectueux de
l'évolution de l'économie, qui tient compte notamment de l'accroissement de la
productivité. Ça fait que c'est sûr qu'on pourrait monter plus, c'est sûr que
certains voudraient qu'on monte moins, mais je pense qu'on atteint un équilibre
qui répond en bonne partie aux besoins des uns et qui respecte en bonne partie
la capacité de payer des autres.
La robotisation. Oui, la robotisation dans
tous les secteurs, il faut l'encourager. Puis la robotisation, ce n'est pas
pour...
11 h (version non révisée)
M. Boulet : ...qui répond en
bonne partie aux besoins des uns et qui respecte en bonne partie la capacité de
payer des autres.
La robotisation. Oui, la robotisation dans
tous les secteurs, il faut l'encourager. Puis la robotisation, ce n'est pas
pour remplacer du monde, c'est ultimement pour permettre une meilleure qualité
de travail, puis ça génère des emplois à plus haute valeur ajoutée. Puis ça
permet aux travailleurs d'acquérir de nouvelles habiletés puis de nouvelles qualifications.
Puis quand on parle de robotisation — puis je sais que mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
est sensible à ça — il ne faut jamais mettre de côté l'importance de
la littératie puis de la numératie, c'est vraiment le socle des compétences
essentielles du futur. Quand on réalise que 53 % des Québécois ne peuvent
pas comprendre des textes le moindrement complexes ou n'ont pas la capacité de
faire des calculs, puis après ça, on leur demande de maîtriser des technologies
numériques... Il faut les accompagner, ces travailleurs-là, puis pas que dans
des mots, mais aussi dans des actions. Et ça aussi, ça fait partie de notre
plan d'action.
Puis la Commission des partenaires du
marché du travail, quand je leur avais demandé d'identifier les compétences
essentielles du futur, ils avaient conclu de cette manière-là : la
littératie numérique, ça doit être une priorité dans tous les secteurs
d'activité.
La construction, bien, vous le savez, il y
a... Bon, les syndicats parlent de rareté de main-d'oeuvre puis les employeurs
parlent de pénurie de main-d'oeuvre, puis il y a un débat là-dessus, hein, est-ce
que c'est une véritable pénurie ou de la rareté? Puis dans le secteur de la
construction, ce débat-là, de concept, il est encore présent. Mais dans un
contexte de relance économique, il faut que la construction... Vous le savez,
avec le projet de loi que ma collègue au Trésor a présenté, on va accélérer des
projets d'infrastructure, des agrandissements, des rénovations d'écoles, d'hôpitaux
puis des constructions de routes. On a annoncé un plan pour combler... un plan
pour intégrer 11 000 nouveaux travailleurs dans le secteur de la
construction. J'ai annoncé un grand plan plus global avec ma collègue du Conseil
du trésor de 120 millions pour permettre d'aider, formation, intégration,
progression, adéquation entre la formation, augmentation des ratios apprentis
compagnons. J'ai demandé à la CCQ aussi de me faire un plan de rétention parce
qu'il y a trop d'abandons, notamment des femmes dans les cinq ans.
Le projet de loi que vous avez déposé, je
ne m'immiscerai pas, c'est une façon indirecte de de s'immiscer dans un
processus de négociation qui se déroule en présence de médiateurs. Les
conventions expirent le 30 avril et je n'ai véritablement pas l'intention
de m'immiscer, mais je suis favorable à une entente négociée...
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre.
M. Boulet : ...pas de loi
spéciale. C'est ce que je privilégie. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Désolée. Je suis désolée, là, c'était de l'indiscipline. Alors, je suis
désolée, je dois intervenir pour céder la parole au député de Vanier-Les
Rivières...
M. Boulet : ...les conventions
expirent le 30 avril et je n'ai véritablement pas l'intention de
m'immiscer, mais je suis favorable à une entente négociée...
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre.
M. Boulet : ...pas de loi
spéciale. C'est ce que je privilégie. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Désolée. Je suis désolée, là, c'était de l'indiscipline. Alors, je suis
désolée, je dois intervenir pour céder la parole au député de Vanier-Les
Rivières.
M. Asselin : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. J'aimerais tout d'abord saluer les collègues de l'opposition et
puis M. le ministre du Travail, ainsi que mes collègues de la banquette, le
député... et le député de Richelieu.
Mme la Présidente, le député de Nelligan
parle de mesures structurantes pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre, le
député de Nelligan a probablement oublié de jeter un coup d'oeil à une des
mesures les plus structurantes qui soit à ce sujet, notre réforme du système de
l'immigration à travers la Loi visant à accroître la prospérité
socio-économique du Québec et à répondre adéquatement aux besoins du marché du
travail par une participation réussie des personnes immigrantes.
Lorsque la CAQ est arrivée au pouvoir en
2018, le système d'immigration était un véritable fouillis. D'ailleurs, on se
souvient, en 2017, dans un rapport qui avait eu l'effet d'une bombe, la Vérificatrice
générale avait littéralement fustigé le gouvernement libéral de l'époque au
sujet de l'immigration des immigrants à la société québécoise, notamment au
niveau de l'emploi. Le bilan était carrément lamentable. Le système
d'immigration était mal adapté à la réalité de l'emploi. La sélection se
faisait à partir de mauvais critères et, en plus, on laissait carrément tomber
des néo-Québécois au niveau de la francisation. Résultat :
surqualification de nombreux immigrants, chômage, précarité, marginalisation.
Mme la Présidente, contrairement au
gouvernement libéral, qui avait le laisser-aller comme marque de commerce, la CAQ
avait décidé d'agir. Et c'est pourquoi nous avons présenté une ambitieuse
réforme de notre système d'immigration afin de bien arrimer la sélection des
nouveaux arrivants aux besoins du marché du travail concernant la
main-d'oeuvre. Cette réforme avait un objectif clair : mieux sélectionner
les personnes immigrantes et leur offrir la possibilité d'occuper un emploi qui
correspond réellement à leurs compétences et à leurs aspirations.
Avec le nouveau système, on sélectionne
les candidats en amont selon le profil des compétences. Non seulement on
sélectionne mieux le candidat à l'immigration en l'arrimant à leur profil aux
besoins du marché du travail dans toutes les régions et entreprises du Québec,
mais on met également en place un parcours personnalisé, axé sur les besoins
réels des nouveaux arrivants afin de bien planifier leur arrivée. Grâce à ce
nouveau système basé sur la déclaration d'intérêts, on passe d'un délai de
traitement des candidatures de 36 mois à six mois, une différence cruciale
majeure non seulement pour les immigrants qui sont en attente du feu vert pour
venir s'installer au Québec, mais pour qui on réduit ainsi le stress et
l'angoisse devant l'inconnu pour une période prolongée et pour... également
pour les entreprises d'ici qui sont en attente de cette main-d'oeuvre qualifiée
afin de venir travailler chez nous et participer à l'effort de...
M. Asselin : ...non seulement
pour les immigrants qui sont en attente du feu vert pour venir s'installer au Québec,
mais pour qui on réduit ainsi le stress et l'angoisse devant l'inconnu pour une
période prolongée et pour... également pour les entreprises d'ici qui sont en
attente de cette main-d'oeuvre qualifiée afin de venir travailler chez nous et
participer à l'effort de croissance de l'économie du Québec.
Notre réforme précise également que
l'objet de la loi est favoriser l'intégration des personnes immigrantes, plus
particulièrement par l'apprentissage du français, des valeurs démocratiques et
des valeurs québécoises exprimées par la charte québécoise des chartes et
libertés de la langue française... de la personne. Notre réforme renforce
également l'action du Québec en matière de francisation, un domaine qui, on le
sait, avait complètement été négligé sous le précédent gouvernement libéral,
tellement qu'aujourd'hui le gouvernement fédéral cherche à agir afin de freiner
la progression de l'anglais au Québec. D'ailleurs, j'ai très hâte que... la
réforme ambitieuse que présentera le ministre responsable de la Langue
française et député de Borduas à ce sujet. Mme la Présidente, afin de bien
mettre en place cette réforme ambitieuse de notre système d'immigration,
incluant la régionalisation et la francisation des immigrants, c'est une somme
colossale de 730 millions sur cinq ans qui sera investie à terme pour
s'assurer de son succès.
Évidemment, la pandémie à la COVID-19, à
travers la fermeture des frontières, est venue mettre un peu des bâtons dans
les roues à notre démarche en ce sens. Malheureusement, on ne peut pas faire
abstraction de la situation mondiale actuelle et faire apparaître magiquement
des immigrants au Québec. Mais ce n'est que partie remise, nous nous y sommes
engagés, et c'est important pour nous autres. Notre réforme du système
d'immigration ainsi que les sommes importantes qui y sont allouées vont
permettre de multiplier les expériences d'immigration concluantes, d'en faire
la règle plutôt que l'exception. Grâce à cela, on va s'assurer que les
personnes immigrantes sentent qu'elles sont véritablement parties prenantes de
la société québécoise, et ça, ça va nous faire grandement plaisir. C'est un
problème de main-d'oeuvre, et ce n'est pas demain... C'est la CAQ qui l'a
réalisée. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Merci, M. le député. Alors, pour la quatrième série d'interventions, je
cède la parole à M. le député de Nelligan pour cinq minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Je sens qu'on avance. Écoutez, au bout de trois blocs, il me reste
encore deux, je sens déjà que j'ai un premier point de gagné. Je ne l'ai pas
encore gagné à 100 %, parce que je veux juste préciser quelque chose
auprès du ministre. Donc, le ministre s'engage à ce qu'au lieu de l'état
d'équilibre, il va y avoir des chiffres par trimestre. Je l'invite à les
dévoiler publiquement. Je ne pense pas que c'est une information qui est
uniquement importante pour le député de Nelligan, mais pour l'ensemble de la
population, c'est très bien que ça soit public. J'en suis sûr et certain, que
ma collègue du Parti québécois est aussi très intéressée, je connais sa rigueur
dans le suivi de ses dossiers. Aussi, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous
avez mentionné qu'on travaille toujours en collégialité, ça va être toujours...
M. Derraji : ...uniquement
importante pour le député de Nelligan, mais pour l'ensemble de la population.
C'est très bien que ça soit public. J'en suis sûr et certain que ma collègue du
Parti québécois est aussi très intéressée. Je connais sa rigueur dans le suivi
de ses dossiers, aussi le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous avez mentionné
qu'on travaille toujours en collégialité, ça va être toujours le cas, on va
travailler en collégialité.
• (11 h 10) •
Donc, M. le ministre, je vous invite, et
je vous remercie d'avoir accepté ma proposition, de dévoiler publiquement aux
trimestres l'ensemble... le portrait des postes vacants par secteur et par ministère.
Et ça, ça touche l'ensemble des secteurs. Parce que ce que j'ai devant moi, M.
le ministre, et là ça va être intéressant pour le député de Richelieu, je vais
vous mentionner quelques chiffres.
Et ça, ça ne vient pas du Parti libéral,
ça vient du gouvernement. On l'avait toujours, ce document, et d'ailleurs,
encore une fois, je remercie la CPMT. Les infirmiers autorisés et infirmières
autorisées, 16 régions sur 16 en déséquilibre, omnipraticiens, 16 sur 16
en déséquilibre, pharmaciens/pharmaciennes, 16 sur 16. Ça veut dire aucune
région n'a l'état d'équilibre. Quand je vous dis qu'il n'y a pas de lien entre
le budget et l'état actuel, ça, ce n'est pas mon document, c'est le document du
ministère de l'Emploi et du Travail. Médecins spécialistes, 15 sur 16,
aides-infirmiers, aides-infirmières, 16 sur 16. Il n'y a aucun équilibre,
partout au Québec. On a un manque de main-d'oeuvre partout. Hygiénistes et
thérapeutes dentaires, 14 sur 16, technologues en radiation médicale, 12 sur
16, travailleurs sociaux, travailleuses sociales, 12 sur 16, inspecteurs,
inspectrices de la Santé publique, 11 sur 16. Et j'en suis sûr et certain, si
vous voulez plus détails, ce document, il est au niveau de la CPMT.
Maintenant, M. le ministre, le volet de la
santé, j'ai deux exemples. Le premier exemple, je vais commencer avec la maison
des aînés. Pourquoi je parle des maisons des aînés? Parce que la ministre
responsable a déclaré à LCN, le 26 novembre 2019, que le ratio personnel
par aîné, en maison des aînés, sera un employé par aîné. Ma question est très
simple. Comment allez-vous faire pour offrir les... pour répondre à 2 600 places
au niveau des maisons des aînés? C'est quoi, le programme? Et où vous allez
chercher cette main-d'oeuvre?
Je passe à un autre problème, et
d'ailleurs je vais avoir le plaisir de vous citer, Mme la Présidente, ça se
passe dans votre région, et c'est l'hôpital de Vaudreuil-Soulanges. Je veux
vous citer le Dr Michel Germain, qu'est-ce qu'il vient de déclarer :
«Ce qu'on nous propose, c'est d'attendre l'inauguration de l'hôpital de
Vaudreuil-Soulanges dans minimum quatre ans. D'ici là, quels soins donne-t-on
aux patients? Des soins qui laissent à désirer».
Quand je parle de la pénurie de
main-d'oeuvre, chers collègues, je ne parle pas uniquement d'une pénurie de
main-d'oeuvre utopique, d'un retard de contrat ou une perte de contrat. Je
parle de la dégradation des services. Aujourd'hui, dans la région où ma
collègue est présente, une partie de sa région, il y a une défaillance dans les
services de santé de cette région. Et je cite la déclaration de la députée de
Vaudreuil-Dorion : «Je trouve extrêmement préoccupant...
M. Derraji : ...des services. Aujourd'hui,
dans la région où ma collègue est présente, une partie de sa région, il y a une
défaillance dans les services de santé de cette région. Et je cite la déclaration
de la députée de Vaudreuil—Dorion : «Je trouve extrêmement préoccupant que
des patients doivent être redirigés vers des centres hospitaliers de Montréal
pour obtenir des soins ou pour accoucher. Nous sommes rendus là, que des femmes
doivent se déplacer d'une région à une autre, faute de personnel, pour
accoucher. Et il n'est pas normal qu'une région comme la nôtre ne soit pas
capable de desservir sa population au niveau des soins de santé. Il faut
trouver des solutions rapidement, car la situation est critique. Je
n'accepterai pas que des vies soient mises en danger à cause de problèmes de
gestion.» Fin de la citation.
Mme la Présidente, à part cet état au
niveau de la Montérégie, il y a 150 000 chirurgies... Dans le budget, il
n'y a pas de motion par rapport au plan de rattrapage. Quand je dis qu'il y a
une déconnexion entre la réalité et l'énoncé du budget... C'est pour cela que
j'aurais aimé voir le ministre des Finances... Parce que comment on peut être
prévisibles et voir l'état actuel... surtout au niveau du délestage, au niveau
du manque de services qu'on donne à la population? La pénurie de main-d'oeuvre,
maintenant, frappe le service qu'on donne à la population. Nos aînés souffrent,
nos régions souffrent. Qu'allez-vous répondre? Donc, au-delà de dévoiler les
chiffres que je vous demande, je vous demande un plan d'action réel pour
assurer la qualité de services pour la population.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Alors, M. le ministre, la parole est à vous pour cinq
minutes.
M. Boulet : Oui, merci. Bien,
écoutez, encore une fois, c'est une préoccupation que nous partageons. Ce qui
est important de dire, c'est que, pour moi, une interpellation, ce n'est pas un
gagnant... c'est... On est gagnant-gagnant quand on s'interpelle comme ça, puis
je trouve que c'est une saine interpellation. Puis quand on n'a pas des
réponses complètes, on peut le faire plus tard en transmettant de
l'information.
Évidemment, en santé, il faut quand même
que je parle que... Tu sais, quand on réfère aux postes vacants puis à la
pénurie de main-d'oeuvre, il ne faut pas oublier qu'il y a beaucoup de chômeurs
pandémiques encore aujourd'hui, hein? Puis c'est un peu l'enjeu central, là, tu
sais. S'il y a 115 000 ou 125 000 chômeurs pandémiques, il faut les
accompagner, il faut les aider. Vous avez vu, dans le domaine de la santé, ce
qui a été fait par notre gouvernement pour les préposés aux bénéficiaires. La
formation de courte durée a donné d'excellentes retombées. Bon, il y a eu des
discussions sur le taux de rétention, mais ça a permis de répondre, dans un
court délai, à des besoins qui étaient cruciaux.
On vit en pandémie, puis la qualité des
soins de santé, elle est fondamentale. Puis nos personnes aînées, on s'en
occupe, puis on a la même préoccupation, puis la même fibre humaine. Puis je
pense que tous les parlementaires partagent le même...
M. Boulet : ...dans un court
délai, à des besoins qui étaient cruciaux.
On vit en pandémie, puis la qualité des
soins de santé, elle est fondamentale. Puis nos personnes aînées, on s'en
occupe, puis on a la même préoccupation, puis la même fibre humaine. Puis je
pense que tous les parlementaires partagent le même objectif. Là-dessus, il n'y
a qu'une communauté d'intérêts. Il n'y a pas de divergences d'intérêts. Il faut
travailler tout le monde ensemble pour s'assurer que nos soins de santé soient
les plus bénéfiques possible pour nos personnes aînées.
Donc, je parle des préposés aux
bénéficiaires, mais il y a d'autres mesures aussi, là, tu sais. Par exemple,
quand... On parlait de La Grande Corvée tout à l'heure. On a... Puis je l'ai
fait en coopération avec mon collègue de la Santé, puis mon collègue à la Santé
puis aux Services sociaux, puis à ma collègue qui s'occupe des Personnes
aînées, on a fait une Grande Corvée spécifique pour les résidences pour
personnes aînées, particulièrement dans le secteur privé, pour les aider à
recruter. Parce qu'il y a cet enjeu-là, là, de... entre... les conditions de
travail entre les résidences publiques puis les résidences privées.
Donc, ça a donné des résultats parce qu'on
a eu des communications, on a été, avec des conseillers aux entreprises,
rencontrer des directions de résidences pour personnes aînées, on a fait des
diagnostics, on a établi des besoins. On les a aidés à recruter puis on les a
aidés à mettre en place, quand c'était requis, des plans de gestion des
ressources humaines, comment planifier, comment s'assurer que l'organisation de
travail était convenable, et comment aussi gérer les ressources humaines de
façon concordante avec leurs objectifs.
Il y a aussi des projets innovants pour
amener plus de personnes à occuper un emploi dans les professions du secteur de
la santé et des services sociaux aux prises avec un manque d'effectif. Il y a
les chercheurs d'emploi, il faut que je vous donne cette statistique-là, le
PARAF, tu sais, quand on parle des chômeurs pandémiques ou des personnes qui
ont fait l'objet d'un licenciement dans les secteurs plus affectés par la
pandémie. On en a, à ce jour, 692, ce qui n'est pas peu, qui se requalifient
par des programmes de formation de courte durée ou en alternance
travail-études. Puis ça, ça se fait au niveau professionnel par l'obtention d'une
attestation d'études professionnelles ou, au niveau collégial, par l'obtention
d'une attestation d'études collégiales. C'est tout le temps des formations
qualifiantes qui permettent à ces personnes-là d'intégrer des établissements
dans le secteur de la santé et des services sociaux. Ça représente quand même
13,5 % de nos participants actifs, à ce jour, et puis ça, c'est 1 708
personnes, en tout, que ça représente, donc 1 708. 692, c'est les…
M. Boulet : ...Santé et
des Services sociaux, ça représente quand même 13,5 % de nos participants
actifs à ce jour. Et puis, ça, c'est 1 708 personnes en tout que ça représente,
donc, 1 708. Le 692, c'est les participations qui ne sont pas débutées,
mais qui vont débuter. Et les participations acquises, 1 708 personnes
qui veulent combler des besoins dans un secteur humainement névralgique de la
société québécoise. Moi, je suis fier de ce résultat-là. Puis on va continuer à
en faire plus. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Je cède la parole à Mme la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci, Mme
la Présidente. Alors, le ministre en parle très bien, la pénurie de
main-d'oeuvre, c'est un enjeu complexe qui demande des actions robustes. Je
pense qu'on aurait eu besoin d'avoir plusieurs heures pour parler de toutes les
actions potentielles ciblées sur des types de travailleur. Vous avez parlé justement
de réorienter certains travailleurs, vous venez juste de parler de chômeurs
pandémiques, on a brièvement parlé des Premières Nations. J'aurais pu parler également
de votre programme que vous avez mis en place pour mieux intégrer les personnes
handicapées, c'est vraiment plusieurs millions de dollars qui sont venus, puis
il y a des entreprises de Québec d'ailleurs qui en bénéficient.
J'aimerais également parler très
brièvement des travailleurs expérimentés, je me souviens, il y avait une
publicité, il y a quelques années, sur liberté 55, je pense qu'aujourd'hui on
s'entend qu'il faut casser ce mythe-là et ne pas se départir de ces travailleurs
expérimentés là qui sont précieux pour l'économie du Québec. On en a parlé
depuis plusieurs années, puis je pense que les gens s'habituent à l'idée de
travailler plus longtemps, là, donc… et que c'est très positif. Vous avez fait
des investissements de plus de 892 millions de dollars dans un plan
économique du Québec, 2019, pour des mesures qui visent justement à inciter les
travailleurs expérimentés à prolonger leur carrière, notamment dans le secteur
public, une bonification également du crédit d'impôt pour les travailleurs
d'expérience. On parle de 533 millions de dollars sur cinq ans, tout ça
pour intégrer les gens et les conserver le plus longtemps possible. Ces gens,
ces travailleurs expérimentés là deviennent des mentors pour les plus jeunes,
et puis ça continue justement… ça aide à supporter l'économie.
• (11 h 20) •
Donc, ça, c'était brièvement, mais je ne
peux pas ne pas parler d'un des facteurs économiques le plus important. Moi,
j'ai fait des études en économie, entre autres, et ce qu'on apprend en premier
lieu, quand on commence ces études-là, outre ceteris paribus, c'est
qu'un — je vois le sous-ministre qui sourit — c'est qu'un
des facteurs de productivité le plus important, c'est un investissement en
innovation. Le ministre l'a mentionné, environ 20 % des entreprises au
Québec peuvent se mettre à investir en robotisation, en transformation
numérique. Et puis je suis d'accord, là, on ne veut pas robotiser des
travailleurs qui travaillent justement en garderie ou des infirmières. On peut
leur donner les outils, parce que la transformation numérique, ce n'est pas une
finalité en soi, c'est justement mieux équiper les entreprises dans tous les
secteurs, afin d'augmenter leur productivité, faciliter leur travail, réduire
leur temps de travail également.
Mais ça peut avoir dans certains secteurs,
comme le secteur manufacturier, entre autres, un impact vraiment direct sur la
main-d'oeuvre. Je me souviens, le ministre est venu, avec moi, visiter une
entreprise qui travaillait en impression, l'entreprise La Clé…
M. Boulet : ...d'augmenter la
productivité, faciliter leur travail, réduire leur temps de travail également.
Mais ça peut avoir, dans certains secteurs, comme le secteur manufacturier
entre autres, un impact vraiment direct sur la main-d'oeuvre.
Je me souviens, le ministre est venu avec
moi visiter une entreprise qui travaillait en impression, l'entreprise La Clé.
Le propriétaire nous a dit d'emblée qu'il avait un immense enjeu de main-d'oeuvre
et qu'il avait besoin que le gouvernement le soutienne pour investir en innovation,
en robotisation, en intelligence artificielle pour lui permettre de combler son
manque de travailleur. Donc, au lieu d'avoir cinq travailleurs qui faisaient
des tâches plus traditionnelles et plus longues, il dit : Je pourrais
engager une seule personne, parce qu'il était incapable de trouver ces
travailleurs-là, une seule personne avec un robot qui pourrait produire
beaucoup plus. Non seulement cette personne-là gagnerait beaucoup plus d'argent
donc... Des fois, on se fait critiquer pour dire qu'on... parce qu'on dit qu'on
veut créer des emplois payants au Québec, mais des emplois payants au Québec,
on a en besoin fiscalement parlant pour soutenir nos programmes sociaux. Alors,
l'investissement en innovation, robotisation dans les secteurs manufacturiers à
travers le Québec, c'est carrément, là, hyperimportant au niveau de
l'augmentation de la productivité.
Mais encore là faut-il avoir Internet pour
pouvoir investir en robotisation et en intelligence artificielle notamment en
région. C'est pour ça que, dans le dernier budget, on a mis cartes sur table,
on a dit qu'on allait investir près de 1,3 milliard de dollars pour
s'assurer que tous les Québécois et les entreprises québécoises à travers le
Québec allaient avoir Internet haute vitesse. Parce que c'est impossible
d'effectuer une transformation numérique ou d'investir en robotisation en
région si on n'a pas Internet. Donc, ça, c'est... pour moi, je suis très fière
de ça, parce que j'y crois énormément que d'investir en transformation
numérique, en robotisation, c'est très payant.
J'ai d'ailleurs déjà rencontré une
entreprise, peut-être que le ministre aimerait la rencontrer éventuellement,
M. Bastien Larouche, la compagnie Roboistic, qui est une compagnie qui
fait des armoires à Saint-Apollinaire. Ils avaient un immense enjeu parce
qu'ils manquaient de travailleurs. Ils ont robotisé à 100 %. Le
propriétaire m'a dit : Maintenant, je produis 24 heures sur 24 parce
que les robots n'ont pas besoin de lumière en plus puis ils peuvent travailler
de nuit sans problème, et j'exporte à travers le monde entier, ça a vraiment
changé la donne. Puis cette entreprise-là inspire d'autres entreprises.
Mais ces entreprises-là ont besoin du
soutien, justement, du gouvernement, du ministère de l'Économie et du ministère
du Travail pour justement accélérer cette transformation-là, augmenter
justement notre ratio. Je pense que le ministre du Travail s'intéressait à la
question de la main-d'oeuvre et de l'innovation bien avant d'être en politique.
C'est un enjeu très, très important. Et non seulement il va se servir de la
pénurie de main-d'oeuvre pour résoudre cet enjeu-là mais pour le transformer en
opportunité pour l'économie du Québec. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, Mme la députée. Alors, pour la cinquième série d'interventions, je cède
la parole à Mme la députée de Gaspé pour cinq minutes.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente, j'avais hâte de pouvoir rebondir sur plusieurs des réponses
qui ont été données par le ministre, que je salue, et son équipe. Et je salue
également le porteur de cette interpellation-là, ministre... le ministre, le
député de Nelligan. Et, bien, en fait, c'est ça, on a des réponses qui sont
très représentatives d'où on a mis les efforts dans le budget 2021‑2022.
J'entends parler de robotisation, j'entends...
Mme Perry Mélançon : ...puis je
salue également le porteur de cette interpellation-là, ministre... le ministre,
le député de Nelligan. Et, bien, en fait, c'est ça, on a des réponses qui sont
très représentatives d'où on a mis les efforts dans le budget 2021‑2022.
J'entends parler de robotisation, j'entends parler de construction, j'ai même
entendu parler... on a fait référence au projet de loi de la collègue, le projet
de loi n° 66, oui, parce qu'il y a des promesses électorales qu'il fallait
s'assurer de pouvoir réaliser. Alors là, il faut se rattraper rapidement, puis on
met le paquet, là, dans le recrutement, un gros 120 millions de dollars
qui a été injecté pour aller chercher des travailleurs dans ce domaine-là.
Je ne dis pas que ce n'est pas important
d'aller chercher des travailleurs dans le domaine de la construction, mais
pourquoi ne pas avoir mis autant d'efforts dans les services qui sont donnés
majoritairement par des femmes? Des femmes qui n'ont pas envie, là, de se
réorienter, elles veulent pouvoir travailler dans des conditions décentes.
Et là, moi, ça m'amène à parler du manque
de sommes qui ont été investies justement dans les services de garde, un
secteur particulier qui a vraiment... qui freine le développement économique
des régions et de partout au Québec. C'est les chambres de commerce maintenant
qui cognent à nos portes comme députés pour nous dire : Que c'est qu'on
peut faire avec les listes d'attente? Pouvez-vous intervenir? Les mamans et les
papas qui viennent aussi, qui nous interpellent dans la rue, là, dans la rue,
là, pour dire... désemparés, là, nous disent : Je suis 185e sur la liste,
est-ce que je peux avoir un peu d'espoir de retourner au travail? Ils
contribuent à la pénurie de main-d'oeuvre de façon bien involontaire, Mme la
Présidente.
Alors, ce n'est pas toujours d'essayer de
trouver du monde pour aller remplir les promesses électorales, d'aller dans les
secteurs de l'innovation. J'aimerais bien, en fait, qu'on prenne quelques
sommes investies dans le secteur de l'innovation puis qu'on aille aider, donner
des renforts à l'équipe du ministre de la Famille, peut-être qu'il y aura plus
de créativité pour trouver des solutions.
Mais parlant de solutions, ma collègue
députée de Joliette avait parlé de primes pour démarrer des milieux de garde en
milieu familial. On aurait pu avoir des primes. Nous, on offrait
4 000 $ pour ouvrir 4 000 milieux. On a aussi suggéré une prime
de rétention de 4 000 $ pour les intervenantes actuelles. Parce que
présentement celles qui sont propriétaires de milieux de garde, ce qu'on leur a
promis ou ce qu'on leur a annoncé pour le budget, c'est de l'aide d'une
assistance, mais rien pour améliorer leurs propres conditions. Alors là, on
voit en plus une baisse du ratio. Il y a vraiment... dans les services de
garde, il y a comme un désordre qui malheureusement ne m'a pas encouragée au
dépôt du budget parce qu'on a juste pris une de ces mesures-là et on l'a
appliquée.
Alors, moi, quand les parents viennent me
voir et me disent : Est-ce que je peux avoir de l'espoir?, ça ne me fait
pas plaisir de leur dire qu'il y a eu beaucoup d'argent mis dans le secteur de
la construction et très peu pour les éducatrices à l'enfance. Ça ne me fait pas
plaisir, Mme la Présidente, de dire : Bien, patientez, il y a un livre
blanc qui s'en vient à l'automne prochain. C'est... Pour moi, là, j'aimerais
pouvoir faire partie de la solution puis que nos propositions soient retenues.
Donc, pour moi, c'est important de mettre la table. J'ai pris quand même
plusieurs minutes de mon intervention parce que je veux que...
Mme Perry Mélançon : ...et
très peu pour les éducatrices à l'enfance. Ça ne me fait pas plaisir, Mme la
Présidente, de dire : Bien, patientez, il y a un livre blanc qui s'en
vient à l'automne prochain. C'est... Pour moi, là, j'aimerais pouvoir faire
partie de la solution puis que nos propositions soient retenues. Donc, pour
moi, c'est important de mettre la table. J'ai pris quand même plusieurs minutes
de mon intervention parce que je veux que les réponses du ministre portent sur
cet enjeu-là et me donne des réponses sur pourquoi on n'a pas mis plus de
mesures en place pour s'assurer de recruter un grand nombre d'éducatrices. Parce
que, là, ce qu'on prévoit, c'est 3 000, alors qu'il en manquera
10 000.
Je veuxterminer sur les postes de
fonctionnaire en région qui étaient une promesse aussi de la CAQ lors de
l'élection. On nous parlait de 5 000 postes de fonctionnaire, et dans
un premier mandat. Et là, finalement, on l'a étiré sur 10 ans. Moi, je
veux savoir, est-ce que ce sera réellement des postes de fonctionnaire qui vont
être décentralisés, donc, avec le pouvoir décisionnel qui va suivre? Parce
qu'aux dernières nouvelles, la ministre au Développement économique régional ne
nous a pas convaincus. Elle nous a dit : C'est archaïque de délocaliser
des personnes... délocaliser des postes. Maintenant, avec le télétravail, on va
pouvoir délocaliser des gens, des individus seulement, les déplacer dans les
régions. Ça n'a pas le même impact dans une région, Mme la Présidente. Là, on
parle d'individus, mais ce qu'on veut aussi, c'est du pouvoir décisionnel, des
postes de haute fonction. Alors, ça, pour moi, j'aimerais avoir une réponse
claire du ministre sur cet enjeu-là.
Alors, vous le voyez, là, pour moi,
vraiment, on a passé à côté d'une grande occasion de faire de cette relance économique
au Québec une relance féministe qui prend en considération les secteurs comme
la santé et l'éducation où on a beaucoup de travail à faire. Et je m'attendais
à des investissements majeurs. Donc, peut-être qu'on pourrait avoir plus de
réponses du côté du ministre de l'Emploi sur les services de garde. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Mme Nichols : Merci, Mme
la députée de Gaspé. Je cède la parole au ministre pour cinq minutes.
• (11 h 30) •
M. Boulet : Merci.
Content d'être avec vous ce matin et de partager vos préoccupations. Et content
aussi que vous participiez à cette interpellation. Je vais essayer de traiter
trois sujets. D'abord, construction, femmes. Je suis renversé de constater
qu'il y a à l'intérieur d'une période de cinq ans suivant l'embauche un taux
d'abandon phénoménal chez les femmes. On parle d'à peu près 55 % des
femmes qui abandonnent à l'intérieur de cinq ans. Et ce qu'on réalisait, c'est
qu'elles étaient victimes d'intimidation, de harcèlement, ce que je considérais
totalement inacceptable. Puis, bon, évidemment... Puis ce qui est intéressant,
je voyais dans un, je pense, c'était dans LaPresse il y a
un certain nombre de semaines, une résidence ou une bâtisse où il y avait
au-delà de 25 % de la main-d'oeuvre qui était féminine et où il y avait un
climat de travail extrêmement intéressant. Puis ce n'est pas un secteur qui est
à l'abri de l'automatisation. Et ça, je pense que c'est bénéfique pour
l'intégration des femmes. Et la Commission de la construction du Québec...
11 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...au-delà de 25 %
de la main-d'oeuvre qui était féminine et où il y avait un climat de travail
extrêmement intéressant. Puis ce n'est pas un secteur qui est à l'abri de
l'automatisation, et ça, je pense que c'est bénéfique pour l'intégration des
femmes, et, à la Commission de la construction du Québec, il y a un objectif
aussi d'accroître la présence féminine dans le secteur de la construction, et
ça passe par des politiques en matière de harcèlement, d'intimidation, de
menaces et autres, et ça passe aussi beaucoup par la rétention. C'est pour ça,
tout à l'heure, j'en ai fait référence, et, quand j'ai annoncé avec ma collègue
du Trésor le plan de 120 millions pour la construction, j'ai donné mandat
ce jour même à la présidente-directrice générale de la CCQ, Mme Diane Lemieux,
de travailler avec les partenaires patronaux et syndicaux puis de voir à me
soumettre un plan de rétention dans les meilleurs délais possibles. Et ça, pour
moi, c'est extrêmement important.
Mais, quand j'en parle à mes collègues, il
faut aussi s'assurer que les femmes intègrent des marchés où il y a des emplois
autres aussi, là. Il n'y a pas que la construction, il y a les technologies de
l'information, il y a le secteur manufacturier. Quand je parle avec Véronique
Proulx, qui est la P.D.G. des Manufacturiers et exportateurs, elle me
dit : Jean, on en a besoin. On en a besoin, d'inciter, d'intéresser les
femmes au secteur manufacturier, où il y a des emplois bien payés. Et ça passe
par une meilleure conciliation travail-famille et par l'automatisation, parce
que, quand on automatise, bien, il n'y a pas les mêmes exigences physiques, et
c'est certainement bénéfique à non seulement l'intégration, et à l'intégration
d'un nombre plus important de femmes.
Pour les éducatrices, bon, on en a parlé
tout à l'heure, là, je ne veux pas nécessairement me répéter, là, mais
Côte-Nord, Montérégie, Trois-Rivières, avec un nombre extrêmement
impressionnant de CPE qui y participent, des programmes de formation de courte
durée qui mènent — je n'ai pas eu le temps de le dire tout à
l'heure — à des attestations d'études collégiales. Donc, c'est des
attestations qui confirment le caractère qualifiant de la formation, puis on
parle de 2 250 éducatrices, puis il y a 45 millions qui vont être
investis au Québec pour ce type de formation là pour ultimement permettre aux
parents de réintégrer le marché de l'emploi. Il y a 18,6 millions pour
inciter 5 000 éducatrices à compléter la technique en éducation à
l'enfance, parce que... oui, la pénurie de main-d'oeuvre. On peut avoir le
nombre de places qu'on souhaite, mais, s'il n'y a pas assez de monde... C'est
pour ça que la pénurie de main-d'oeuvre ou la rareté de main-d'oeuvre, là, peu
importe de quel angle on se projette, mais elle est importante. Il faut
instaurer des services de qualification internes pour qualifier...
M. Boulet : ...le nombre de
places qu'on souhaite, mais s'il n'y a pas assez de monde, c'est pour ça que la
pénurie de main-d'oeuvre ou la rareté de main-d'oeuvre, là, peu importe de quel
angle on se projette, mais elle est importante. Il faut instaurer des services
de qualification interne pour qualifier, dans les meilleurs délais possible,
l'ensemble des 30 000 éducatrices au Québec. Puis il y a des
formations... on adapte des formations universitaires pour des cadres pour
fidéliser les éducatrices qualifiées, pour 2 190 cadres. Donc,
cette préoccupation-là, je la partage et, bon, on n'a jamais le temps, là,
parce que Mme la Présidente s'assure du respect des règles, mais les
technologies de l'information, le télétravail, ça va favoriser la présence des
bureaux de service Québec, la possibilité pour les personnes de travailler dans
les régions. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Alors, je cède la parole au député de Richelieu pour
cinq minutes.
M. Émond : Oui, merci, Mme la
Présidente, pour mon dernier bloc. J'entendais tantôt les collègues parler à
raison de différentes façons de régler les problèmes de pénurie de
main-d'oeuvre, entre autres l'immigration, les travailleurs expérimentés également,
et je vais vous parler, moi, si vous permettez, Mme la Présidente,
d'intégration professionnelle des jeunes, puisque, selon un récent portrait de
la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec, il y avait plus de
200 000 jeunes de 17 à 34 ans au Québec qui n'étaient ni en
emploi, ni aux études, ni en formation, 200 000 Mme la Présidente. Et M.
le ministre en parlé tantôt également, c'est un chiffre... c'est
200 000 jeunes sans emploi qui ne sont pas en formation, bien, c'est
d'abord et avant tout un drame personnel, bien entendu, pour chacun d'entre
eux, mais c'est aussi, Mme la Présidente, un drame de société, parce qu'il est
important pour nous de faire en sorte de travailler très fort pour leur
permettre de raccrocher... de minimalement obtenir un diplôme qualifiant. M. le
ministre le disait tantôt, il y a différentes passerelles de disponibles, les
attestations d'études collégiales, mais également les diplômes d'études
professionnelles sont une voie de passage.
Donc, il faut, Mme la Présidente... il ne
faut pas y voir un problème, mais plutôt une solution ou une opportunité. C'est
un chiffre qui nous incite à travailler encore plus fort pour permettre à ces
jeunes de se réaliser au sein de la société québécoise, et c'est pourquoi nous
avons annoncé 96 millions de dollars pour favoriser l'intégration
professionnelle et sociale des jeunes, 10 millions de dollars pour
financer le prochain plan d'action jeunesse qui vise à accompagner les jeunes
tout au long de leur parcours, des études vers l'autonomie. Alors, on parle
d'un investissement total de 107 millions de dollars, c'est quelque chose
de majeur, Mme la Présidente.
Alors, par rapport aux jeunes, ni à
l'emploi, ni aux études, ni en formation, en particulier, c'est
31,4 millions de dollars qui seront ajoutés afin de permettre à ces jeunes
de développer les compétences globales de base nécessaires à une intégration...
M. Émond : ...total de 107 millions
de dollars, c'est quelque chose de majeur, Mme la Présidente. Alors, par
rapport aux jeunes ni à l'emploi, ni aux études, ni en formation, en
particulier, c'est 31,4 millions de dollars qui seront ajoutés afin de
permettre à ces jeunes de développer les compétences globales de base
nécessaires à une intégration durable dans une démarche d'employabilité, ainsi
que pouvoir les accompagner dans leur recherche d'emploi, de stage ou de
réorientation de carrière. Puis en ajoutant les crédits actuels du ministre
déjà alloués à cet enjeu, c'est plus de 47 millions de dollars qui sont
alloués afin d'intégrer ces jeunes au marché du travail.
Je disais employabilité, recherche
d'emploi, réorientation, un mot-clé, Mme la Présidente, parce que la pandémie
qu'on traverse actuellement, sûrement dans votre entourage aussi, Mme la
Présidente... on a été
appelés, dans les derniers mois, la dernière
année, à être, malheureusement, plus souvent avec soi-même uniquement, hein, ou
avec nos conjoints, conjointes. Et ça, ça nous a amenés à réfléchir, et plusieurs
Québécois, Québécoises en ont profité pour s'interroger sur leur travail professionnel,
sur une volonté de se réorienter vers une autre forme de travail. Et, comme le
gouvernement l'annonce, bien, on les accompagne dans ce cheminement-là.
Il y a également une mesure qui est très
intéressante et qui vise à bonifier les fonds accordés aux carrefours
jeunesse-emploi, des organismes qui sont très bien ancrés dans leur milieu et
qui accompagnent les jeunes dans leurs démarches d'insertion sociale et
économique. Les CJE, comme on les appelle, fournissent des services notamment
via le Fonds de développement du marché du travail, et c'est près de 51 millions
de dollars additionnels qui seront versés aux CJE afin de leur assurer une
stabilité au niveau du financement.
Et ça, j'en profite pour féliciter le
ministre parce que c'est une mesure qui a été très bien reçue de la part du
réseau des CJE, une forme de financement à la mission, plutôt que par projet.
Moi, pour vous dire que j'ai eu des commentaires très, très positifs de la part
des responsables du Carrefour jeunesse-emploi Pierre-De Saurel, M. Mario
Fortin, entre autres, qui, tout de suite après une rencontre avec M. le
ministre, a pris la peine de m'appeler pour saluer l'initiative du
gouvernement.
Alors, tout ça pour dire, Mme la
Présidente, que, quand on parle de mesures structurantes, on ne parle pas juste
d'un coup de baguette magique, avec une solution temporaire, mais on parle de
mesures qui vont avoir un impact durable dans le temps, de mesures qui vont
réellement permettre de régler le problème, plutôt que de seulement le
déplacer. Et en terminant, quoi vous dire d'autre qu'investir dans notre
jeunesse, investir dans la formation, notamment pour les jeunes en recherche
d'emploi, bien, ça, c'est une autre raison qui me rend fier encore une fois,
comme mes collègues, de faire partie du gouvernement de la CAQ.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Alors, la parole est au député de Nelligan pour
1 min 30 s.
M. Derraji : Oui. Pour une
minute, madame... 1 min 30 s. Je sais comment vous êtes très, très
sévère sur la gestion de temps. Je vais... On apprend ça...
M. Émond : ...collègues, de
faire partie du gouvernement de la CAQ. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député. Alors, la parole est au député de Nelligan pour
1 min 30 s.
M. Derraji : Oui. Pour une
minute, madame... 1 min 30 s, je sais comment vous êtes très,
très sévère sur la gestion de temps. Je vais... On apprend ça, moi et M. le
ministre, on est des délinquants au niveau du temps. Donc, je vais me contenter
d'une seule demande, parce que je vais revenir dans mes 10 minutes pour
reprendre un peu quelque chose qui a été dit par les collègues, que ce soit la députée
de Jean-Talon ou le député de Richelieu ainsi que le ministre.
• (11 h 40) •
Je vais juste répéter ma demande parce que,
juste, je n'ai pas entendu la réponse du ministre. Ma demande au gouvernement aujourd'hui,
c'est de dévoiler le portrait des postes vacants dans le secteur public et
privé en termes de nombre, de rendre l'information disponible par trois mois, par
trimestre, et que l'information soit rendue publique. Le but est très simple,
Mme la Présidente, on ne peut pas, justement le collègue de Richelieu vient de
le dire... le député de Richelieu vient de le dire, on ne peut pas déplacer
juste la main-d'oeuvre, mais ça nous prend de la prévisibilité, ça nous prend
une bonne planification. Donc, ce que je demande... je réitère ma demande et
j'espère que le ministre va le dire au micro qu'il est d'accord par rapport à
ces idées, c'est de... Je demande au gouvernement de dévoiler le portrait des
postes vacants dans le secteur public et le secteur ou dans le secteur public
par trimestre et que l'information soit rendue publique.
Donc, le ministère a les informations. Au
lieu de nous démontrer l'état d'équilibre avec des flèches ou le nombre de
régions où il y a l'état d'équilibre versus le déséquilibre, je pense que le
public a besoin de savoir le nombre exact des postes vacants. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Alors, nous en sommes maintenant aux dernières
interventions, soit la conclusion. M. le ministre, je vous cède la parole pour
une période de 10 minutes.
M. Boulet : Oui, merci, Mme la
Présidente. Oui, on va fournir l'information qui est à notre disposition, là.
On va demander de partager l'information, comme je vous ai mentionné tout à
l'heure, sur le nombre de postes vacants par secteur.
Est-ce que ça peut être obtenu par
trimestre? Je vais voir ce que les équipes sont capables de faire, comme je vous
ai mentionné tout à l'heure, à la CPMT, à mon ministère puis au ministère des
Finances. Ce qui est disponible sera partagé, bien sûr. Moi, je suis totalement
confortable à partager ça avec mon collègue de Nelligan. Et qu'on puisse
travailler ensemble sur comment on peut l'utiliser par ailleurs pour... à des
fins, bien sûr, de lutter contre la rareté de main-d'oeuvre.
Comme c'est la dernière fois que je parle,
je vais en profiter pour donner quelques informations. Puis je n'aime pas
nécessairement lancer des chiffres, là, mais il y a quand même des
investissements substantiels qui ont été consentis pour la rareté de
main-d'oeuvre. Puis je rappellerai à mon collègue que mon ministère bénéficie
d'un fonds qui est un peu plus que 1 milliard pour intervenir à l'aide de
ces partenaires, parce qu'on fait affaire avec des ressources externes, des
organismes en employabilité puis des organismes communautaires, mais par nos...
M. Boulet : ...pour la
rareté de main-d'oeuvre. Puis je rappellerais à mon collègue que mon ministère
bénéficie d'un fonds qui est un peu plus que 1 milliard pour intervenir à
l'aide de ses partenaires, parce qu'on fait affaire avec des ressources
externes, des organismes en employabilité et puis des organismes
communautaires. Mais par nos mesures on a soutenu 300 000 personnes.
On a soutenu 18 000 entreprises. On a permis l'intégration en emploi
de 138 000 personnes en 2019‑2020. Je ne suis pas peu fier de ça.
Pour le budget 2019‑2020, je pense
que ça a été soulevé par un de mes collègues, 892 millions pour le retour
en emploi ou le maintien en emploi des travailleurs expérimentés. Et quand
j'aurai des chiffres de taux d'emploi, parce que je comparais beaucoup les taux
d'emploi des personnes 60 à 64 puis 65 à 69, puis c'était inférieur,
notamment en Ontario, et on me disait un peu plus tôt que l'écart se rétrécit,
mais quand j'aurai des chiffres plus précis, je pourrai les partager avec vous.
Le taux d'emploi, d'ailleurs, des 15 à 64 ans au Québec, il est, je pense,
à égalité avec la Colombie-Britannique, mais le plus élevé au Canada, là. Ce
n'est quand même pas peu. C'est signe qu'il y a de l'efficacité dans nos
mesures de soutien des individus au Québec.
Pour les personnes immigrantes,
souvenez-vous, peut-être que vous étiez présent au premier sommet immigration à
Montréal, j'étais là avec mon collègue du MIFI à l'époque, et j'y ai annoncé le
programme PRIIME, des subventions salariales pour l'intégration des personnes
immigrantes, pour des missions de recrutement à l'international, pour des frais
de déménagement, pour des frais de consultation pour assumer des honoraires
professionnels.
Dans la mise à jour économique qui a été
soumise par mon collègue à l'automne dernier, 114,6 millions de dollars
pour mettre en place différentes initiatives, notamment le PARAF auquel je fais
souvent référence, que j'ai annoncé au mois de novembre dernier, qui vise
essentiellement la requalification puis le rehaussement des compétences. Puis
mon collègue sera fier de dire que, puis je pense qu'il y a participé
d'ailleurs, le forum complètement virtuel qu'on a tenu le 16 octobre
dernier avec tous les partenaires du marché du travail, qui nous a permis de
dégager des consensus au Québec dans le contexte d'une relance. Et la
requalification et le rehaussement des compétences, ça faisait partie des
consensus.
Et on a parlé que ça devait se faire dans
une perspective de parcours personnalisé parce qu'il n'y a pas deux personnes
qui ont le même cheminement, qui ont les mêmes intentions, ou objectifs, ou
ambitions, et qu'il fallait développer au Québec une culture de formation
continue. Les lieux de travail vont devoir se transformer en milieux
apprenants. De plus en plus, ce qu'on constate, c'est que les entreprises
veulent des...
M. Boulet : ...deux personnes
qui ont le même cheminement, qui ont les mêmes intentions, ou objectifs, ou
ambitions, et qu'il fallait développer au Québec une culture de formation
continue. Les lieux de travail vont devoir se transformer en milieux
apprenants. De plus en plus, ce qu'on constate, c'est que les entreprises
veulent des compétences, pas que des certificats et des diplômes. Et cette
culture-là, on l'intègre graduellement grâce à la collaboration des partenaires
du marché du travail.
Il y a un montant de 65.1 millions de
dollars pour favoriser la formation dans des secteurs stratégiques, notamment
les technologies de l'information. Il y a la mise en place d'un programme qui
va concerner plus spécifiquement les technologies de l'information. Les
allocations de requalification, là, de 500 $, il ne faut pas négliger le
fait qu'on a au-delà de 11 000 agents d'aide socioéconomique qui
accompagne les individus. Si monsieur X ou madame Y a besoin de support,
l'agent d'aide socioéconomique est transformé en véritable conseiller. Mais il
ne le fait pas en vase clos, il rencontre la personne, il établit son profil
puis il vérifie l'offre de formation au niveau professionnel, collégial et
universitaire, et il s'assure d'un arrimage qui est compatible avec le profil et
dans un secteur où il y a de bonnes perspectives d'emploi. Et c'est fait bien
sûr en collaboration avec les organismes en matière d'employabilité.
Il y a 45 millions de dollars, j'en
ai fait référence tout à l'heure, pour les formations de courte durée, notamment
pour assurer une meilleure réponse à la demande d'éducateurs et d'éducatrices
pour les services de garde à la petite enfance.
Il faut que j'en parle, parce que mon
collègue le connaît bien, le projet de loi n° 59, il
vise notamment à répondre à nos défis en matière de rareté de main-d'oeuvre. Si
on augmente la prévention dans les milieux de travail, c'est ultimement pour
diminuer la fréquence et la gravité des accidents de travail. Et mieux... Et
plus on fera de la prévention, c'est ce qu'on est en train de se donner comme
cadre législatif, plus ce sera bénéfique pour les entreprises.
Et on parle beaucoup de réadaptation.
D'ailleurs, on a pensé... on a adopté beaucoup d'articles en matière de
réadaptation qui ne peut se faire actuellement que lorsque la personne est
consolidée, c'est-à-dire guérie et qu'elle a une atteinte permanente à son
intégrité physique ou psychique. Dorénavant, la réadaptation va être accessible
à tous travailleurs. On va éviter que des personnes soient laissées pour compte,
n'aient pas accès à la réadaptation avant d'être consolidées avec une atteinte
permanente. Et on va donc diminuer les risques de chronicisation des...
M. Boulet : ...adaptation va
être accessible à tous les travailleurs. On va éviter que des personnes soient
laissées pour compte, n'aient pas accès à la réadaptation avant d'être
consolidées avec une atteinte permanente. Et on va donc diminuer les risques de
chronicisation des accidents de travail. On va permettre aux personnes de
revenir dans leurs milieux de travail plus rapidement par le biais de la
réadaptation, par le biais du devoir d'accommodement des employeurs, par le
retour progressif au travail, par l'assignation temporaire. C'est tous des
articles qui ont fait l'objet d'adoption avec la collaboration, encore une fois,
je le redis, de mon collègue de Nelligan, de Bonaventure aussi et d'Hochelaga-Maisonneuve.
Il faut, bien sûr... Je n'ai pas la
prétention qu'on va tout faire. Mais il faut aussi accentuer nos actions pour
réduire la rareté de main-d'oeuvre en créant des emplois bien rémunérés. Et mon
collègue de Nelligan sait ce que mon collègue à l'Économie et l'Innovation fait
pour créer des emplois bien rémunérés. Rehausser la productivité, ça va aider à
compenser la rareté de main-d'oeuvre. Augmenter le PIB par habitant,
c'est-à-dire le niveau de richesse par habitant pour réduire les écarts qui
nous séparent non seulement avec l'Ontario, mais les autres pays membres de
l'OCDE. Développer des filières d'avenir. Contribuer au développement
économique régional. Tirer le maximum des leviers qui sont à notre
disposition : la formation, la productivité, l'intégration des clientèles
dont nous avons fait référence, l'immigration. Le Programme des travailleurs
étrangers temporaires, j'aimerais tellement en parler de façon plus détaillée
avec mon collègue Nelligan et je suis convaincu qu'il va accepter mon
invitation qu'on fasse des rencontres seul à seul avec un conseiller ou une
conseillère pour discuter du Programme des travailleurs étrangers temporaires
et de ce qu'on a fait pour moderniser notre système d'immigration. Enfin, agir
de façon ciblée, ordonnée et prioritaire sur les professions qui sont bien
rémunérées, qui offrent de bonnes perspectives d'emploi, c'est-à-dire les
technologies de l'information, le génie, la construction, la santé, la
transformation agroalimentaire, les services de garde éducatifs à l'enfance et
le secteur de l'éducation pris dans sa globalité.
Alors, ça complète, Mme la Présidente.
Merci beaucoup.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Alors, je cède la parole au député de Nelligan pour sa
dernière intervention de 10 minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Et écoutez, je tiens à le dire, et je le dis dans plusieurs
échanges avec le ministre, c'est un homme qui est très pragmatique. J'ai eu
l'occasion d'échanger avec lui dans d'autres... dans le cadre de... dans
d'autres projets de loi. Et je salue son invitation de travailler avec lui...
M. Derraji : ...Mme la
Présidente. Et écoutez, je tiens à le dire, et je l'ai dis dans plusieurs
échanges avec le ministre, c'est un homme qui est très pragmatique. J'ai eu
l'occasion d'échanger avec lui dans d'autres... dans le cadre de... dans
d'autres projets de loi. Et je salue son invitation de travailler avec lui sur
la pénurie de main-d'oeuvre. Je suis très disponible, Mme la Présidente. Si
c'est pour le bien de notre Québec, ça va me faire un grand plaisir de
contribuer et de partager mes connaissances terrain que, j'en suis sûr et
certain, le ministre apprécie. J'aurais aimé dans le quatrième bloc parler de l'économie,
mais je vais aller en vrac par rapport à des choses que je n'ai pas eu le temps
de partager.
Premièrement, je salue les collègues qui
ont mentionné deux bonnes mesures libérales. Je vous invite la prochaine fois à
partager les bonnes mesures avec vos collègues quand ils se lèvent, critiquer
le bilan libéral. Je salue la députée de Jean-Talon qui a mentionné le crédit
d'impôt pour le prolongement des carrières. Vous avez raison de le mentionner. Il
y a un bon article aujourd'hui dans le journal Le Soleil. Vous
savez quoi? C'est initiative, c'est dans le budget de 2011. C'est une initiative
du gouvernement libéral, qui a mis sur la table cette initiative. Et ça a
permis, avec raison, de ramener pas mal de bons travailleurs expérimentés.
Donc, vous le savez qu'on peut toujours travailler ensemble et respecter la
paternité de certaines idées. Mais ça, c'est une très bonne idée libérale qui, d'ailleurs,
a été amplifiée et maintenue par le gouvernement de la CAQ par la suite.
Vous avez mentionné, M. le ministre, le
programme PRIIME. C'est encore une fois une très bonne mesure libérale pour
intégrer les gens issus des minorités culturelles. Donc, je vous invite la
prochaine fois, quand il y a des questions sur la pénurie, ou sur la rareté de
la main-d'oeuvre, ou de l'emploi, pas juste dire qu'il y a un mauvais bilan et
que, quand la CAQ a commencé au pouvoir, c'est là où on a pu découvrir les problèmes.
Je vais revenir au défi de la main-d'oeuvre.
Je tiens juste à vous rappeler une citation. «Quand on me dit que le plus grand
défi économique est la pénurie d'employés, je ne suis pas d'accord. La plus
grande pénurie au Québec, c'est des emplois payants à 25 $ ou 30 $
par heure.» Ça, c'est la citation du premier ministre du Québec. Je ne suis
pas... Je ne sais pas qu'est-ce que vous en pensez, M. le ministre. Est-ce que
vous partagez l'entièreté de cette déclaration? Cette déclaration a été faite
en Estrie, mais par la suite dans plusieurs régions. Ça remonte à la campagne
électorale. Donc, juste pour vous dire que probablement la CAQ a évolué
maintenant, où on pense que, vraiment, il y a un réel problème de pénurie de
main-d'oeuvre, mais je ne veux pas me concentrer sur uniquement cet aspect.
Je salue aussi l'ouverture du ministre de
nous permettre d'avoir d'une manière publique les informations que vous allez
avoir le temps de colliger et de dévoiler publiquement les postes vacants dans
le secteur public. Donc, quand je dis dans l'ensemble des secteurs publics, je
consulte assez religieusement les documents de la CPMT. Et je tiens encore une
fois à les remercier parce que ça nous donne un bon, un bon indicateur. C'est
du très bon travail, du très bon... C'est du data extrêmement pertinent. Mais,
encore une fois, la transparence est extrêmement importante...
M.
Derraji : ... Donc, quand je dis «dans l'ensemble des secteurs
publics», je consulte assez religieusement les documents de la CPMT et je tiens
encore une fois à les remercier, parce que ça nous donne un bon indicateur.
C'est du très bon travail, du très bon... c'est du data extrêmement pertinent.
Mais, encore une fois, la transparence est
extrêmement importante, et, quand je dis «la transparence», c'est parler de la
pénurie au niveau du secteur public, parce que ça va nous permettre de suivre
les paramètres et les indicateurs. Est-ce qu'on forme assez? Et est-ce que les
services à la population rendus ne seront pas menacés? L'exemple parfait, c'est
ce qui se passe en Montérégie. Est-ce que... Trouvez-vous que c'est normal que,
pour des femmes, se déplacer du comté de Vaudreuil pour aller à Montréal pour
trouver une place? C'est anormal. Trouvez-vous que c'est normal, des
éducatrices spécialisées qu'on n'arrive même pas maintenant à trouver pour des
services de garde et qu'il manque 50 000 places?
Moi, je trouve que c'est là où il faut agir. Mais, pour agir, ça nous prend une
transparence au niveau des données, et par la suite on peut s'asseoir, M. le
ministre, on peut s'asseoir pour dire : Écoutez, on doit agir sur quel
niveau? Est-ce qu'on doit ramener plus de jeunes? Est-ce qu'on doit revoir la
façon avec laquelle on ramène le personnel expérimenté sur le marché du travail?
Vous avez maintenu les mêmes cibles en immigration, 22... au niveau de la
contribution. Quand j'entends le collègue parler tout à l'heure de la réforme
de l'immigration, je tiens à lui rappeler qu'il y avait une baisse au niveau
des taux d'immigration.
Donc, parlons sérieusement
de l'enjeu de la main-d'oeuvre. Mais, moi, je suis prêt à travailler avec vous
sur cet enjeu quand on va mettre sur la table le portrait réel. Déposez le
portrait réel par secteur, par ministère aux trois mois. Nous sommes au mois
d'avril, vous serez capable de déposer le portrait des trois premiers mois de
2021. Je vous garantis ma collaboration entière à travailler avec vous sur
l'enjeu de la main-d'oeuvre. On l'a fait au RQAP, on le fait maintenant au p.l.
n° 59, on travaille en toute collégialité, je suis prêt à travailler avec
vous sur l'enjeu de la main-d'oeuvre. Mais je ne peux pas commencer à
travailler sur les enjeux de la main-d'oeuvre si je n'ai pas le portrait, je
n'ai pas accès à l'ensemble — que je salue — l'ensemble de
votre équipe et des fonctionnaires, qui font un travail formidable et qui ont
accès aux données. Partagez-nous les données, et ça va me faire un grand
plaisir de continuer avec vous ce travail.
Tout à l'heure,
vous avez mentionné le PARAF. Ce qu'on mentionne, et, probablement, on a accès
aux mêmes informations, l'information qu'on m'a partagée est qu'au 26 février il
y avait des participations non complétées, et on parle de 6 % sur
l'ensemble de population... de participants. Je ne sais pas où c'est rendu maintenant,
si vos équipes peuvent nous partager ça par la suite, mais on parle de
motifs... «Pour ces participations non complétées, on remarque que les
problématiques vécues par les participants représentent 50 % des motifs de
fin de participation : difficultés d'apprentissage; problèmes de santé;
les retours en emploi comptent pour leur part pour 9 %, et les gens se
posent des questions sur l'impact des mesures d'aide au MFOR-e, que vous
connaissez très bien, et l'impact sur le PARAF.
Donc, écoutez,
c'est sûr qu'on va avoir l'étude de crédits, c'est sûr qu'on va en parler en
long et en large, mais, quand on monte des programmes, et vous voulez notre
adhésion, il faut qu'on partage les bons coups, pourquoi ça ne marche pas et
comment on peut travailler ensemble. L'enjeu de la main-d'oeuvre, ce n'est pas uniquement
l'enjeu du Parti libéral...
M. Derraji : ...au ... que vous
connaissez très bien, et l'impact sur le PARAF.
Donc, écoutez, c'est sûr qu'on va avoir l'étude
des crédits, c'est sûr qu'on va en parler en long et en large, mais on monte
des programmes, et vous voulez notre adhésion, il faut qu'on partage les bons
coups, pourquoi ça ne marche pas et comment on peut travailler ensemble.
L'enjeu de la main-d'oeuvre, ce n'est pas uniquement l'enjeu du Parti libéral
du Québec. C'est l'enjeu de la nation québécoise. Quand il va y avoir un impact
sur les services... Encore une fois, j'utilise l'exemple de ma collègue, de la
présidente de cette commission. C'est alarmant, ce qui se passe en Montérégie.
C'est alarmant, ce qui se passe en Abitibi. C'est alarmant, ce qui se passe au
niveau des services de garde. C'est alarmant, ce qui se passe au niveau du
secteur de l'éducation. On ne peut pas rester les mains liées.
Et je ne veux pas jouer mon rôle uniquement
de critique officiel, d'opposition par rapport à ces enjeux. Je veux
contribuer. Si on peut contribuer ensemble, aucun problème. Mais soyons au
moins clairs, transparents avec le premier pas. Moi, le premier geste de la
bonne collaboration, mettons cartes sur table, le vrai portrait réel.
Maintenant, passons au volet économique.
Le volet économique me préoccupe beaucoup, M. le ministre, et je sais que vous
êtes sensible parce que je vois vos déclarations en Mauricie. Ça me touche parce
que je sais que vous êtes sensible. Mais est-ce qu'on est rendus aujourd'hui à
ce qu'on ne vous donne pas les moyens pour fonctionner? Est-ce qu'on vous donne
assez d'argent pour faire... accompagner l'ensemble de ces travailleurs? Est-ce
qu'au niveau de la main-d'oeuvre disponible, la population active, vous êtes
bien armé pour répondre aux besoins, que ce soit du secteur manufacturier, ou
autres?
J'entends les gens qui disent qu'on peut
ramener des gens sur le marché du travail. Mais quand on parle de la
robotisation ou de l'automatisation, ça prend un profil très spécialisé. On ne
peut pas les former en claquant les doigts. C'est des profils très spécialisés.
Donc, c'est pour cela, aujourd'hui... Moi, ma demande était pour le ministre
des Finances parce que j'ai ciblé les sommes allouées pour que vous puissiez
fonctionner, pour que l'éducation puisse fonctionner, pour que la santé puisse
fonctionner, pour que la famille puisse fonctionner. Mais ça vient des
Finances.
Le ton vient du premier ministre aussi.
Est-ce qu'il prend au sérieux l'enjeu de la main-d'oeuvre, ou bien, l'obsession
de créer des emplois payants, c'est... ça, c'est ce qui le motive? Qu'il soit
clair avec nous. C'est aussi louable que dire que moi, en tant que premier
ministre, je ne veux créer que des emplois payants. D'ailleurs, il l'a dit. Il
s'est adressé aux restaurateurs en leur demandant d'augmenter le salaire à
20 $, à 25 $. Mais quel modèle économique, quel modèle économique
qu'on veut pour le Québec? Donc, soyons juste clairs.
Le temps doit venir. Qu'est-ce qu'on veut
créer au Québec? Est-ce que le mandat de diminuer le retard de richesse avec
l'Ontario passe par la création d'emplois payants? Il faut qu'on soit clair.
Parce que votre mandat, c'est répondre maintenant à l'ensemble des associations
patronales. Plus précisément, dans votre région, on commence à voir des pertes
de contrats et des refus de contrats. C'est très alarmant pour moi. Et, j'en
suis sûr et certain, vous êtes un homme sensible, qui a à coeur ces
préoccupations, et vous ne pouvez pas rester les bras croisés et ne pas
répondre aux manufacturiers et au Conseil du patronat, qui
vous déclarent, qui vous demandent d'agir rapidement parce que c'est l'économie
qui va payer. Ça, c'est au niveau économique.
• (12 heures) •
Au niveau secteur public, c'est un bon
pas...
12 h (version non révisée)
M. Derraji : ...qui a à coeur
ces préoccupations, et vous ne pouvez pas rester les bras croisés et ne pas
répondre aux manufacturiers et au Conseil du patronat qui
vous déclarent, qui vous demandent d'agir rapidement parce que c'est l'économie
qui va payer. Ça, c'est au niveau économique.
Au niveau secteur public, c'est un bon pas
que je tiens aujourd'hui avec votre engagement, et je vous remercie, parce que,
pour moi, c'est un bon départ, ce qu'on fait aujourd'hui. La suite du travail
s'en vient après le dévoilement du portrait. Mais soyons sûrs, soyons
responsables, il y a matière à discussion par rapport à la pénurie dans le
secteur de la santé, de l'éducation et de la famille, parce qu'au bout de la
ligne l'ensemble de ces trois secteurs ont un impact sur la vie des Québécois
dans toutes les régions du Québec.
Mme la Présidente, ce fut un plaisir
d'échanger avec l'ensemble des collègues. M. le ministre, je remercie son
équipe qui l'accompagne aujourd'hui. Et au plaisir de continuer l'échange avec
lui. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Malheureusement, on est... Puis je suis très...
Une voix
: ...
La Présidente (Mme Nichols) :
Oui, alors je note que M. le ministre remercie, là, l'ensemble des collègues et
du personnel, là, qui l'accompagne.
Et à mon tour de vous remercier évidemment
pour votre discipline, du respect alloué. Et je note d'ailleurs cette belle
collaboration, là, de part et d'autre.
Alors, je lève la séance ayant accompli
son mandat, ajourne les travaux au mardi 20 avril 2021, à
8 h 45, où se tiendra une séance de travail. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 12 h 1)