Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(début : November 27, 2018)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version finale du Journal est publiée dans un délai de 2 à 4 mois suivant la date de la séance de la commission.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Wednesday, November 13, 2019
-
Vol. 45 N° 40
Order of initiative – The alarming increase in the use of psychostimulants in children and young people in connection with attention deficit hyperactivity disorder (ADHD)
Aller directement au contenu du Journal des débats
11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Bon matin. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je vous souhaite
la bienvenue et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques dans le cadre
du mandat d'initiative concernant l'augmentation préoccupante de la
consommation de psychostimulants chez les enfants et les jeunes en lien avec le
trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements pour ce mandat?
La Secrétaire
: Alors, peut-être...
Non, attendez...
Le Président (M. Provençal)
: Alors... Oui, c'est vous qui devez... Madame.
La Secrétaire
: Je fais
l'annonce, pardon.
M. Lafrenière (Vachon) est remplacé par
M. Bachand (Richmond), M. Benjamin (Viau) est remplacé par Mme Nichols
(Vaudreuil), Mme David (Marguerite-Bourgeoys) par Mme Sauvé (Fabre), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine) par M. Gaudreault (Jonquière).
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je vais vous demander... Il est convenu que
M. Lafrenière de Vachon reprenne ses fonctions à titre de membre de la
commission pour la durée de la séance. Alors, j'ai besoin de votre
consentement.
Une voix
: D'accord.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Ouf. Nous entendrons ce matin, conjointement, les
docteurs Poulin, Falardeau et Labbé et nous sommes très heureux de pouvoir
échanger avec vous ce matin.
Comme la séance a commencé à
11 h 35, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de
l'heure prévue, soit 12 h 20? Consentement, merci.
Je souhaite maintenant la bienvenue à Dr
Poulin, Dr Falardeau et Dre Labbé. Il s'agit d'une audition conjointe. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite à vous présenter et à commencer votre exposé. Je vous cède maintenant la
parole.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Bonjour, Mmes, MM., les députés. Ça nous fait vraiment très plaisir de venir
vous exposer notre point de vue sur la problématique du TDAH et de
l'augmentation de consommation de psychostimulants.
Tout ça a débuté par une lettre ouverte
qu'on a écrite dans les journaux, nous trois, avec quelqu'un qui n'est pas là
qui s'appelle Joël Monzée, parce que, dans notre pratique, on constatait,
depuis quelques années, vraiment une augmentation importante des enfants qui
nous étaient référés pour évaluation, pour diagnostic et pour traitement de
TDAH de sorte qu'on a décidé d'écrire une lettre aux médias. On a envoyé un
courriel à quelques collègues et on a eu une réponse spectaculaire. En l'espace
de trois jours, il y a 50 collègues pédiatres qui nous ont répondu puis
qui ont dit : Go, on est d'accord avec ça, mettez notre signature. Ça fait
que la première lettre est parue.
Après ça, on s'est dit : Il ne
faudrait peut-être pas juste dénoncer l'augmentation de consommation de psychostimulants,
il faudrait peut-être proposer des solutions. Ça fait qu'on a écrit une
deuxième lettre, 15 jours après, qu'on a partagée à quelques pédiatres,
juste quelques courriels par les voies non officielles. Cette fois-là, on a eu
70 réponses de pédiatres qui nous ont répondu : Go, on est d'accord
avec vous autres, avec ce que vous recommandez. Puis les grands principes de ce
qu'on propose aujourd'hui ont été entérinés à l'assemblée générale de
l'Association des pédiatres en avril dernier. Donc, considérez donc que... vous
avec une lettre d'ailleurs en ce sens, que c'est la position de l'Association des
pédiatres du Québec.
Alors, dans notre pratique, comme je vous
disais, on est un peu inquiet de voir l'augmentation de consommation des
psychostimulants, puis, en fait, l'INESSS... les travaux de l'INESSS auxquels
j'avais participé en 2017 comme représentant de l'Association des pédiatres
sont venus montrer que notre impression était vraiment confirmée. Je vais
passer vite là-dessus parce que je pense que l'INESSS vous a fait sa
présentation, vous a montré ses chiffres de consommation et de prescriptions de
psychostimulants. Mais je suis allé chercher les derniers chiffres, puis ça
monte finalement. Si vous voyez le total de prévalence de l'utilisation des
médicaments pour le TDAH, en 2018‑2019, déjà, par rapport à 2014‑2015, quand on
avait fait les premiers travaux, ça a continué à augmenter. Donc, on est dans
une espèce de courbe d'augmentation des prescriptions de psychostimulants qui
continuent tout le temps.
L'INESSS avait fait des travaux... Ça, le
tableau que je viens de vous montrer, c'est les enfants qui sont assurés via la
Régie de l'assurance maladie. L'INESSS a fait des travaux aussi chez tous les
enfants via un organisme qui s'appelle l'IMS puis ça démontrait un peu la même
chose, c'est qu'on prescrit beaucoup plus, en fait, trois fois plus chez les 10
à 18 ans de psychostimulants que dans le reste du Canada. Ce qui est quand
même surprenant. On est à... Chez les 10-18 ans, on est à quelque chose
qui approche 15 % alors que la fréquence attendue du TDAH est plus de
l'ordre de 5 % à 7 %.
• (11 h 40) •
Aussi, l'Institut de statistique du Québec
avait publié des données recueillies un peu différemment à partir de
questionnaires qui ont été faits chez des adolescents,
60 000 adolescents à qui on a demandé de compléter des questionnaires
pour vérifier leur état de santé, de santé mentale, entre autres. Puis il y a
des...
M. Poulin (Pierre-Claude) :
...quand on dit du TDAH, c'est plus de l'ordre de 5 % à 7 %. Aussi,
l'Institut de la statistique du Québec avait publié des données recueillies un peu
différemment à partir de questionnaires qui ont été faits chez des adolescents,
60 000 adolescents à qui on a demandé de compléter des questionnaires pour
vérifier leur état de santé, de santé mentale, entre autres. Puis il y a des
chiffres qui sont inquiétants, entre autres, le niveau élevé de détresse
psychologique qui, en six ans, est passé de 21 % à 29 %, à partir des
réponses des jeunes. Puis les diagnostics de TDAH sont passés de 16 % à
27 % en 2016‑2017, ça, c'est des jeunes qui disaient qu'ils avaient eu un
diagnostic de TDAH fait par un médecin ou un professionnel de la santé. Les
troubles anxieux aussi, parce que, ça aussi, on est confrontés à ça. Dans cinq
ans, vous allez faire un comité, comme vous faites aujourd'hui, pour étudier
l'augmentation de consommation des antidépresseurs pour traiter l'anxiété chez
les enfants, je vous le promets, vous allez venir à ça.
Donc, suite à ça, bien, on a fait des
recommandations, on a fait six recommandations qu'on va partager avec vous
autres, parce qu'une fois qu'on a dit ça, il faut trouver des solutions
concrètes. Il faut trouver des solutions qui sont particulières au Québec,
parce que les enfants du reste du Canada, ils sont exposés aux réseaux sociaux,
ils jouent aux jeux vidéo, ils regardent la télévision. Pourquoi ici on a trois
fois plus d'enfants, 15 % de jeunes qui se font prescrire des
psychostimulants? Donc, il y a des causes médicales puis, en fait, le but de
tout ça, c'était d'amener la société québécoise à faire un effort de réflexion
sur ça. Puis on pensait d'ailleurs que le premier endroit pour faire cette
réflexion-là, c'est vraiment vous autres qui êtes le représentant de toute la
population à travers le Québec, d'où notre contentement d'être ici aujourd'hui.
Donc, j'en arrive aux propositions, la
première qu'on a faite, c'est de refaire... de remettre sur pied un comité
conjoint entre le ministère de la Santé puis le ministère de l'Éducation, comme
ça s'était déjà fait en 1999. Puis, encore là, moi, j'avais participé à ce
comité-là, parce que je commençais à être plus vieux, là, pour représenter
l'Association des pédiatres. Puis le comité avait mis sur pied en 1999, parce
qu'on constatait qu'il y avait une augmentation dans la consommation des
psychostimulants. Vous voyez les chiffres qui partent en 2000, 2004, 2005, les
chiffres de l'INESSS, le comité a fait beaucoup de recommandations qui ont été
appliquées puis qui étaient tout à fait fondées, mais ça n'a évidemment pas
empêché l'augmentation des prescriptions de psychostimulants. À ce moment-là,
le ministre de la Santé, c'était Pauline Marois, puis le ministre de
l'Éducation, c'était François Legault.
Donc, on pense qu'on devrait refaire ce
genre de comité là qui pourrait un peu, comme vous l'avez fait depuis une
semaine, recueillir les opinions et les recommandations de divers groupes qui
sont concernés. Si jamais vous décidez de le mettre sur pied, je vous offre mes
services, c'est sûr que ça m'intéresse encore de participer à ça. Pour les
autres recommandations, bien, je vais passer la parole à mes collègues, au Dr
Falardeau.
M. Falardeau
(Guy) : Bien, la deuxième recommandation, c'est des ressources
psychosociales. Actuellement, les enfants qui sont en souffrance, ça peut
prendre des mois et même, parfois, au moins une année avant qu'ils aient le
moindre service, et la plupart du temps, en tout cas dans ma pratique à Québec,
les services en psychologie et en pédopsychiatrie sont tout simplement refusés.
On offre au maximum des services de travailleur social, et on offre rarement
des services à l'enfant même. C'est-à-dire on offre des services aux parents.
Donc, il faut avoir plus de ressources et une meilleure utilisation aussi des
ressources parce qu'il y a un psychologue de CLSC qui m'a dit qu'à peu près la
moitié de son temps, il ne faisait que faire de la paperasse pour répondre au
ministère ou pour justifier son travail au lieu de passer du temps avec les
enfants. Donc, si on diminuait les paperasses, bien, on augmenterait la
possibilité d'aider des enfants.
Et c'est... On veut aussi valider les
questionnaires. On utilise... Une des choses qui nous est utile dans
l'évaluation, dans le diagnostic des enfants, c'est des questionnaires. C'est
sûr que c'est une aide seulement, mais on voudrait voir la valeur de ces
questionnaires-là dans notre milieu, ce qui n'a jamais été fait. Je vais passer
la parole à Valérie.
Mme Labbé (Valérie) :
...moi, je n'ai pas mes lunettes. En fait, pour les psychologues aussi, j'avais
un autre mot parce qu'évidemment, en venant ici, on a eu beaucoup d'appels de
gens puis tout ça. Puis les psychologues sont présentement, c'est ça, en train
de faire des démarches parce que, c'est ça, au niveau du public, ils ont
beaucoup de difficulté avec la rétention des psychologues qui s'en vont tous au
privé. Et une des raisons qu'on croit majeures là-dedans, là, c'est au niveau, c'est
ça, de leur salaire, là, qui est trois fois moindre au public qu'au privé.
Alors ça, ça cause une problématique. Alors, c'est ça. Bon, nous demandons que
l'Ordre des psychologues et le Collège des médecins refassent les lignes
directrices. Bon, on en a parlé.
Et par la suite, c'est ça, on voudrait
qu'il y ait une augmentation au niveau de l'activité physique. Comme tous les
enfants ont accès et doivent aller à l'école, on croit que c'est un bon
endroit, là, pour augmenter l'activité physique, là, chez les enfants. Il y a
une nouvelle récréation, là, qui a été ajoutée. On est bien contents de ça. Et
si on pouvait faire en sorte, là, qu'il y en ait davantage...
Mme Labbé (Valérie) : ...comme
tous les enfants ont accès et doivent aller à l'école, on croit que c'est un
bon endroit, là, pour augmenter l'activité physique, là, chez les enfants.
Il y a une nouvelle récréation, là, qui a
été ajoutée. On est bien content de ça. Et si on pouvait faire en sorte, là,
qu'il y en ait davantage d'accessibilité, on peut faire même... on suggérait,
là, un projet pilote, là, de 30, 45 minutes d'activité, là, par jour.
L'autre chose qu'on trouve très
préoccupante aussi, et vous avez dû en entendre parler puis, tout le monde, on
le constate, c'est la place des écrans dans la vie de nos jeunes. Ça a un
impact majeur. Encore une fois, j'ai un autre message à passer. Il y a les
médecins psychiatres aussi qui ont fait une sortie et qui ont proposé, là, de
l'éducation, là, en santé mentale à l'école, dès l'école primaire.
Alors, on est tous concernés par cette
omniprésence-là des écrans et on croit que de faire de la formation dès
l'entrée scolaire, de faire de la formation via des publicités et des émissions
de télévision pour que les parents soient bien au courant, là, de cette
problématique-là, ça pourrait aider tous nos jeunes.
Moi, j'avais un autre point qui était très
important pour moi. On n'a pas donné les statistiques par rapport au sexe des
enfants et je voudrais mentionner qu'il y a trois fois plus de diagnostics de
TDAH chez nos garçons. Ça, ça me préoccupe énormément parce que, vraiment, on
en voit beaucoup des garçons, qui viennent dans nos bureaux, qui sont
souffrants puis... c'est ça, c'est eux aussi qui se ramassent à avoir beaucoup
de médications, là, pour le TDAH.
Nos jeunes garçons baignent dans un milieu
complètement féminin dès l'école primaire, surtout au primaire. La pédagogie
est faite, là, par des femmes. C'est un petit peu tabou de parler de ça en
faisant une distinction par rapport au sexe. Mais si on veut inclure tout le
monde puis que tout le monde soit heureux, je pense qu'il faut se pencher sur
cette problématique-là. Spécifiquement chez les garçons, la pédagogie, elle
peut être différente. On a des nouvelles données via nos neurosciences affectives
qui montrent que nos cerveaux ont des différences puis pour la façon
d'apprendre, bien, qu'est-ce que qui nous intéresse, bon, tout ça.
Moi, j'aimerais beaucoup, beaucoup que si
un comité, là, soit formé, là, avec le ministère de l'Éducation puis le ministère
de la Santé, qu'on se penche, là, sur cette problématique-là étant donné que ce
sont eux qui ont le plus de diagnostics versus les filles qui, elles, à
l'adolescence, ont beaucoup plus de diagnostics d'anxiété. Alors, c'est ça.
Même si on veut inclure tout le monde, il y a des problématiques un peu
différentes, là, selon les sexes.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce que... le temps étant écoulé pour la
présentation, nous allons procéder à la période d'échange. Alors, le député de
Vachon.
M. Lafrenière : Oui. Comme mes
collègues ont gentiment autorisé à me représenter moi-même, merci beaucoup.
Merci pour votre présentation, c'est très apprécié. Moi, c'est ma première dans
cette commission. Je ne peux pas vous dire que vous allez m'aider à bien dormir
ce soir comme père de famille, cependant, mais j'aimerais vous entendre sur quelque
chose qu'on n'a pas abordé aujourd'hui — peut-être que vous l'avez
fait avec d'autres intervenants — c'est l'automédication, le fait que
certains jeunes vont aller consommer du cannabis pour s'automédicamenter.
J'aimerais vous entendre sur ce sujet-là, s'il vous plaît.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Effectivement, on voyait les statistiques sur les troubles anxieux, là, puis on
dit ça prend un peu l'allure d'une épidémie. Moi, au début de ma pratique, des
troubles anxieux, je n'en voyais jamais. Du Prozac, je n'avais jamais pris ça
à... je n'avais jamais appris à prescrire ça, puis maintenant ça fait un peut
partie de ma pratique, puis ce n'est pas parce que je saute facilement sur les
pilules, c'est parce qu'il y a des enfants dont la vie devient complètement
gâchée puis ils sont incapables de fonctionner même si on leur offre un support
psychothérapeutique. Puis effectivement, pour certains adolescents, ça peut
être tentant de tomber dans le pot parce que ça a un peu un effet anxiolytique,
le pot, ça fait qu'il y en a qui vont utiliser ça pour traiter leurs phobies
sociales, leur timidité excessive ou leur anxiété, puis ça va les aider à dormir.
Parce qu'on a aussi beaucoup d'insomnie chez nos enfants puis nos adolescents.
Effectivement, c'est des données qui sont un peu inquiétantes pour nos enfants,
nos petits enfants ou nos neveux puis nos nièces.
Mme Labbé (Valérie) : Et si au
début ça diminue l'anxiété chez les jeunes, la consommation de marijuana, ce
que les jeunes ne savent pas, c'est que ça a tendance, après ça, à amener des
symptômes plutôt dépressifs lorsque vient une consommation, là, plus régulière
et une dépendance, puis des problèmes de sommeil. Ce qui les aidait au début
finalement devient encore pire par la suite, et ça crée beaucoup de
problématiques.
• (11 h 50) •
M. Lafrenière : Et selon vos
connaissances à vous, est-ce que c'est par absence de diagnostic, ou les jeunes
sont diagnostiqués et décident de prendre le cannabis au lieu de prendre un
autre médicament?
Mme Labbé (Valérie) : ...puis
des problèmes de sommeil. Ce qui les aidait au début finalement devient encore
pire par la suite, et ça crée beaucoup de problématiques.
M. Lafrenière : Et, selon vos
connaissances à vous, est-ce que c'est par absence de diagnostic, ou les jeunes
sont diagnostiqués, puis ils décident de prendre le cannabis au lieu de prendre
un autre médicament?
M. Falardeau (Guy) :
Non, non, je ne pense pas.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Non, ils ne sont pas diagnostiqués.
M. Lafrenière : C'est vraiment
en l'absence de diagnostic?
M. Falardeau
(Guy) : Moi, j'aimerais ajouter... Quand on regarde les
chiffres du tableau qui sont là, on diagnostique beaucoup plus de troubles
anxieux chez les filles et beaucoup plus de TDAH chez les garçons. Et d'après
moi, une des raisons, c'est que l'anxiété chez le garçon se représente souvent
avec des symptômes de TDAH, en particulier d'agitation et des problèmes de
comportement. Donc, souvent, les faux diagnostics de TDAH et les faux
traitements sont donnés chez des enfants anxieux et des garçons anxieux ne
réagissent pas nécessairement de la même façon qu'on s'attend à ce qu'ils
agissent quand ils sont anxieux, qu'ils manifestent leur anxiété de la même
façon.
M. Lafrenière : Est-ce que
vous parlez d'erreurs de diagnostic à ce moment-là? Ou...
M. Falardeau (Guy) :
Oh! Je suis convaincu qu'il ne peut pas y avoir 27 % ou 23 % des
enfants qui ont un TDAH. Je pense qu'il y a beaucoup de faux diagnostics, et
ces faux diagnostics là sont dus en partie, en grande partie, d'après moi, à
des enfants anxieux. En tout cas, dans ma pratique, j'ai vu beaucoup d'enfants
chez qui je mettais en doute le diagnostic et justement parce qu'il avait des
problèmes d'anxiété en dessous de ça. J'ai vu des enfants autistes qui se sont
fait diagnostiquer des TDAH, des enfants opposants, des enfants avec des
troubles de langage, par exemple, qui deviennent agressifs parce qu'ils ne sont
pas capables de s'exprimer par le langage et qu'à cause de leur comportement,
bien, on leur met un diagnostic de TDAH.
Alors, oui, il y a des faux diagnostics.
C'est pour ça qu'on veut qu'on refasse... qu'on donne des lignes directrices
pour bien faire les diagnostics, et en particulier de s'occuper de l'anxiété et
de vérifier l'anxiété des enfants avant de poser des diagnostics de TDAH.
Mme Labbé (Valérie) : Les
neuropsychologues nous disent que... parce qu'en neuropsychologie ils ont une
évaluation beaucoup plus grande. En fait, c'est comme notre Cadillac en 2019,
là, c'est la meilleure évaluation qu'on peut avoir actuellement. Et, encore là,
il y a toujours des limites, hein? Mais, c'est ça, les neuropsychologues,
lorsqu'ils voient entrer un enfant avec un TDAH dans leur bureau et qui... bon,
ça ne fonctionnait pas, tout ça, ils doivent le réévaluer, ils nous disent que
dans 90 % du temps, ils enlèvent le diagnostic du TDAH et trouvent autre
chose. Ça peut être, oui, du TDAH, mais avec un trouble d'apprentissage par
exemple, des difficultés d'apprentissage qui peuvent imiter les symptômes, là,
du TDAH. Ça peut être de l'anxiété, ça peut être un grave problème affectif à
la maison, ça peut être autre chose.
La problématique avec le TDAH, c'est que
c'est diagnostiqué souvent à partir de symptômes, des symptômes qui peuvent
imiter plusieurs autres problématiques, là, finalement, là, qui ne sont pas
toujours du TDAH.
M. Lafrenière : Terminer avec
un petit commentaire, Dre Labbé. Tantôt, vous avez parlé de la surutilisation
des tablettes. Dans une autre commission, la commission spéciale sur
l'exploitation sexuelle des enfants, on a une spécialiste qui est venue nous
voir et qui nous conseillait de faire de la formation aux futurs parents. Juste
pour vous dire comment vous étiez, là, vous êtes vraiment dedans pile-poil.
Mme Labbé (Valérie) : On
voulait mettre ça dans le Mieux vivre avec son enfant. Bien, ça, c'est
une de nos idées, mais en fait, à force de se parler tout le monde ensemble,
c'est génial, parce que les gens apportent des idées des fois qu'on n'a pas
pensé, parce qu'on se dit : Bon, où est-ce qu'on peut faire passer ce
message-là?
Entre autres, le Mieux vivre avec son
enfant, c'est comme un peu la bible des parents, qui est remis à tout le
monde. Là, c'est sûr qu'il ne faut pas que ça soit trop impressionnant non
plus, les gens ne le liront pas. Mais ça peut être une piste de solution :
faire de l'enseignement via les médias, via les médias sociaux, tu sais, c'est
très, très utilisé, mais c'est des pistes de solution... il faut les actualiser
finalement, puis voir comment on peut faire pour passer le message. Parce que
c'est vrai que nous, comme professionnels de la santé, actuellement, on a
énormément d'exposés sur les méfaits, les dangers potentiels de, bon, la
cyberdépendance, les écrans, puis tout ça, mais je ne pense pas que la
population en général est au courant de tout ça. Et c'est vraiment quelque
chose qui est archi, archipréoccupant.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Dans ce contexte-là, ça m'inquiète un peu de voir qu'on veut... où j'ai entendu
qu'on voulait proposer des problèmes de concentration en cyberjeu dans les
écoles secondaires. Pour moi, j'ai l'impression que c'est comme si on donnait
des concentrations de black-jack ou de poker au niveau secondaire. Ça
m'inquiète.
Mme Labbé (Valérie) : Moi, ce
qui me rassure énormément, j'étais en fin de semaine à un colloque international,
parce qu'on avait des invités de calibre international, et c'était sur Cerveau
et psychologie. C'était mené par Joël Monzée, qui est la quatrième personne,
là, qui ne pouvait pas être là aujourd'hui. Alors, deux de ses bons amis et
ministres étaient là. Le ministre Jean-François Roberge était là. Le ministre
Lionel Carmant était là. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec eux. Lionel
Carmant est entre autres venu parce qu'on avait un après-midi sur la
cyberdépendance, sur tous, bon, les médias... les tablettes finalement. Et, par
son propre gré, il est venu assister parce que justement c'est un sujet qui
l'intéresse et il m'a beaucoup rassurée en me disant que c'était une des
priorités du gouvernement actuel, la santé mentale chez les jeunes. Et nous, oui,
aujourd'hui, on parle du TDAH, mais vraiment...
Mme Labbé (Valérie) : ...les
tablettes, finalement. Et, par son propre gré, il est venu assister, parce que,
justement, c'est un sujet qui l'intéresse, et il m'a beaucoup rassurée en me
disant que c'était une des priorités du gouvernement actuel, la santé mentale
chez les jeunes. Et nous, oui, aujourd'hui, on parle du TDAH, mais, vraiment,
grosso modo, c'est de toute la santé mentale dont on est inquiets chez nos
jeunes, et la majorité de notre pratique, maintenant, est orientée vers la
santé mentale de nos jeunes. Et ce ne sont pas les pédopsychiatres qui voient
ces patients-là, eux, ils voient vraiment le bout du iceberg, mais ce sont les
pédiatres, les médecins de famille, et je vous dirais que c'est vraiment
épidémique, ça pourrait être... faire, finalement, 100 % de notre
pratique, là, il y a des listes d'attente partout pour nous voir, ça peut
prendre jusqu'à un an, puis tout ça, mais on a des demandes, des demandes, des
demandes. Autant au niveau organique on a fait énormément de progrès, autant je
crois qu'en 2019 on doit focuser beaucoup sur la santé mentale des jeunes, et, c'est
ça, comme, repenser à comment on peut aider tous ces jeunes-là.
Une voix
: Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : Bonjour. Merci
beaucoup d'être présents aujourd'hui. Un autre groupe, la semaine dernière,
nous disaient que selon eux, il y a une différence entre le reste du Canada et
le Québec, parce qu'au Québec la RAMQ rembourse les médicaments. Est-ce que
vous, vous croyez que c'est...
M. Poulin (Pierre-Claude) : Je
ne suis pas d'accord avec ça. C'est vrai que c'est un facteur qui peut jouer, parce
que de toute façon il y a des médicaments pour le TDAH qui ne coûtent pas cher.
Le Ritalin, ça ne coûte pas cher, ces des médicaments longue action qui sont
dispendieux. Puis j'ai vu qu'il y en a qui sont venus la semaine passée puis
qui ont dit qu'on n'a pas vraiment des preuves qu'il y a surconsommation de
psychostimulants, puis que finalement on a peut-être vraiment 15 % de TDH.
Si vraiment on 15 % de TDAH, on a un sérieux problème, alors qu'ailleurs
il y en a 7 %, puis si on en a 7 % mais qu'on prescrit quand même
15 % de psychostimulants, on a un sérieux problème aussi. Ça fait que, de
toute façon, on a un sérieux problème.
M. Falardeau
(Guy) : Il faut comprendre que c'est les médicaments longue
action qui ne sont pas remboursés, les médicaments à courte action sont
remboursés ailleurs, et, pendant des années, on a traité les enfants avec des
médicaments courte action, et ils sont disponibles dans les autres provinces.
Mme Labbé (Valérie) : Effectivement,
ça peut jouer un rôle, mais il faut se poser d'autres questions que juste dire
que c'est parce que c'est remboursé.
Mme Picard : Concernant
l'anxiété, qui est un problème qui va émerger, j'aimerais savoir comment on
peut travailler en amont, comment on peut travailler en prévention, selon vous,
au niveau de l'anxiété de nos jeunes?
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Bien, je pense que l'association des psychiatres a proposé, la semaine passée
ou il y a deux semaines, de faire de la formation auprès des enfants, des
adolescents puis des parents pour leur apprendre à gérer leur anxiété. Je pense
que ça serait une bonne chose...
Une voix
: Alphas
connectés.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Oui, de fermer la télévision, fermer les écrans, fermer le iPad puis fermer le
téléphone. Apprendre aux parents à faire ça puis à subir la révolte des jeunes
si on les oblige à fermer leurs écrans puis leurs téléphones. Ça serait déjà quelque
chose.
• (12 heures) •
Mme Labbé (Valérie) : L'activité
physique, encore une fois, c'est vraiment revenir à la base. C'est... tu sais,
c'est le sommeil, c'est l'activité physique, c'est moins d'écrans, c'est de
jouer avec des amis, d'avoir des jeux libres. Tout ça, c'est la base. C'est la
base qu'il faut qu'ils soient aussi... formation à l'école, ça, c'est... ça
serait vraiment quelque chose d'intéressant. Et puis, pour les cas plus
sévères, d'avoir un accès possible à des travailleurs qui sont spécialisés
là-dedans. Je prends ma propre fille, qui a un trouble anxieux, que je viens de
faire voir au privé parce que j'ai essayé, au public, d'y aller, et finalement,
ils ne voulaient pas la voir, c'est très, très long, ça a pris un an d'attente,
des rencontres, des rencontres pour remplir des papiers, impossible de voir un
psychologue, puis, tu sais, j'ai les moyens. Je voulais voir c'était quoi, parce
que je voulais voir comment mes patients à moi, tu sais, c'est quoi le chemin
qu'ils doivent faire. Je l'ai vu, je l'ai constaté, ce n'est peut-être pas
comme ça dans tous les milieux, mais c'est comme ça dans beaucoup de milieux,
puis encore une fois, l'accès aux psychologues, au public, est peut-être
quelque chose de difficile, parce qu'ils ne sont pas capables de les garder.
Ils vont tous au privé, et là, bien, il faut se demander pourquoi ils vont tous
au privé. Mais, je pense que de revenir à la base, une formation à l'école, on
appuie 100 % les psychiatres avec leur idée de Alphas connectés de
formation de la santé publique. Puis, après ça, pour les cas plus sévères,
qu'ils aient un accès. La psychologue qui voyait ma fille, la semaine dernière,
me disait : Bien, madame, elle a un trouble anxieux sévère, ça doit être
traité différemment qu'une anxiété généralisée, et voici ce qu'on va faire, et,
si on fait tout ça, il se peut que plus tard elle n'ait plus de problèmes. Si
j'étais allé avec le CLSC, ce qu'ils me donnaient, c'est les recommandations de
base, et ça se termine là. Alors, c'est sûr que c'est quelque chose, tu sais,
qui est important, là, finalement, que ça soit dans le programme Agir tôt,
hein, on dit beaucoup que plus on agit tôt, plus on a des chances de bien les
modeler pour éviter d'autres problématiques plus...
12 h (version non révisée)
Mme Labbé (Valérie) : ...de
base et ça se termine là. Alors, c'est sûr que c'est quelque chose aussi qui
est important, là, finalement, que ce soit dans le programme Agir tôt, hein? On
dit beaucoup que plus on agit tôt, plus on a des chances de bien les modeler
pour éviter d'autres problématiques plus graves par la suite. Merci beaucoup. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Dubuc.
M. Tremblay : Merci, M. le
Président. On a rencontré différents intervenants. Je me pose la question :
On vit... Les enfants sont agités, là, on reçoit des inputs de l'école. Comme
parents, on intervient, la situation se joue là, en temps réel. Il y a
différentes options. Est-ce qu'on travaille sur notre réalité de vie ou si...
J'aimerais savoir s'il n'y a pas eu un cycle de désengagement sociétal par
rapport au fait d'intervenir en amont pour apprendre à négocier avec
anxiété-là, qu'on a finalement créée, et puis où on entre dans un sentier de
médication, et puis qu'il y a des répercussions qui sont lourdes sur une
période qui peut s'échelonner sur plusieurs années. Est-ce qu'il n'y a pas eu
un cycle de désengagement par rapport à ce phénomène-là?
Par ailleurs, il y a le Dr Benoît
Maranger, qui est venu signifier qu'il serait peut-être intéressant d'avoir un
comité pour actualiser des lignes de pratique. Vous arrivez à des conclusions
similaires. Il y aura aussi la renaissance du commissaire à la santé. Est-ce
que vous croyez que c'est un mandat qui pourrait être prioritaire? Comment vous
le sentez?
M. Falardeau
(Guy) : Moi, je vous dirais que, oui, il y a eu un désengagement.
En tout cas, dans ma pratique, j'ai senti qu'à partir des années 2014, 2015,
2016, les services d'accès en santé mentale se bloquaient progressivement, les
disponibilités des professionnels étaient de moins en moins grandes et on
offrait de moins en moins de services ou ça prenait de plus en plus de temps.
Même chose, ceux qui s'occupent... le CRDI, qui s'occupe des enfants autistes,
encore là, les services sont rendus de un à trois ans avant que l'enfant ait
des services après le diagnostic.
Donc, oui, il y a eu beaucoup de coupures
de services et on espère que ça va... et le commissaire à la santé, oui, moi,
je serais d'accord avec ça, en tout cas.
M. Tremblay : Mais, si vous
me permettez, moi, j'allais ajouter du désengagement aussi au niveau de la
famille puis au niveau de la structure scolaire.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Bien, l'Institut de statistique du Québec — c'est les données qui
sont sur l'écran — le niveau de détresse psychologique... en fait,
ils ont fait beaucoup de variables — je ne vous ai pas tout dit ça,
parce que ça aurait pris la journée — pour vérifier qu'est-ce qui
était associé à un niveau de détresse psychologique chez les enfants puis,
entre autres, être dans une famille reconstituée, une famille monoparentale,
c'est 39 % et 38 % au lieu de 29 %.
Le niveau de scolarité des parents plus
bas, c'est un facteur de risque aussi; être moins à l'aise financièrement,
bien, on peut le comprendre, c'est un facteur de risque; si la performance
scolaire est inférieure à la moyenne, c'est un facteur de risque, mais c'est
des points sur lesquels c'est plus difficile de travailler, mais il y en a sur
lesquels on peut faire quelque chose. Si les jeunes travaillent plus de 16
heures par semaine, puis Dieu qu'il y en a, c'est un facteur de risque; s'ils dorment
moins, puis Dieu sait qu'il y en a, les jeunes dorment une heure de moins que
quand mes enfants étaient petits aujourd'hui puis s'il y a un niveau plus élevé
de supervision parentale, à ce moment-là, le risque devient faible ou moyen.
Donc, s'il n'y a pas de supervision parentale, c'est considéré comme un facteur
de risque pour avoir une détresse psychologique élevée.
Donc, ça répond un peu à votre question.
Je pense qu'il faut travailler avec les parents en amont, comme vous dites,
pour prévenir cette espèce d'épidémie d'anxiété puis de TDAH qu'on a.
Mme Labbé (Valérie) : Mais ça
a augmenté, et pas seulement chez les jeunes. Dans le fond, c'est le reflet de
toute la société. Si on regarde, nous autres, les femmes qui viennent
accoucher, on estime qu'il y a une femme sur cinq qui accouche alors qu'elle
prend actuellement, tu sais, comme des ISRS, là, qui sont des antidépresseurs.
Est-ce que ça affecte le bébé? Est-ce que... Tu sais, comme, ça, on ne le sait
pas encore, on n'a pas de données pour dire ça.
Mais, bref, les parents sont aussi plus
anxieux. Le rythme de vie a changé. Je veux dire, tout le monde l'a remarqué,
là, dans... Il y a quelques années, plusieurs femmes étaient encore à la
maison, s'occupaient des enfants. Tout allait moins vite. Et là bon, la
performance, tout va plus vite. Les fameux écrans qui nous tiennent à notre
travail, toujours, le soir, la nuit, le matin. Et puis il y a des choses que,
sans vouloir dire que... c'est la faute de qui, c'est la faute de quoi, c'est
arrivé progressivement dans la société, puis ça nous a pris un petit peu par
surprise, là. L'épidémie des écrans, les effets que ça a sur toute la
population entière, c'est énorme, et on ne s'y attendait peut-être pas autant
que ça, là. On a vu le positif, et puis maintenant on se rend compte qu'il y a
aussi beaucoup de négatif.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Nous allons maintenant continuer notre échange avec
l'opposition officielle. Alors, je reconnais la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, bonjour à vous, Dr...
Mme Labbé (Valérie) : et puis maintenant,
on se rend compte qu'il y a aussi beaucoup de négatif.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Nous allons maintenant... continuer notre échange
avec l'opposition officielle, alors je reconnais la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, bonjour à vous, Dr Poulin, Dr Falardeau, Dre Labbé, un
plaisir de vous entendre et d'avoir aussi sonné l'alerte pour dire qu'il faut
absolument se préoccuper de cette situation-là de façon importante. L'INESSS
nous l'a bien exprimé avec son analyse, mais vous le dîtes aussi. Vous faites
bien, il faut s'en parler.
Moi, je... j'ai été attentive aux
présentations précédentes et dans les questions que je veux vous poser, il y a
plusieurs pistes de solution dans votre mémoire, d'ailleurs je vais y revenir,
c'est excessivement intéressant. Toute la situation de prévalence des
médicaments pour les enfants qui ont le TDAH, évidemment, on a parlé de
diagnostic, vous, vous l'attribuez, le faux diagnostic davantage à de la
comorbidité, c'est-à-dire qu'il y a... bien, vous avez mentionné, par exemple
trouble anxieux, on peut faire en sorte qu'il y a plusieurs problématiques et
la conclusion du diagnostic va vers le TDAH, alors il faut un peu clarifier
tout ça.
Mais, on a entendu beaucoup des groupes
précédents, évidemment, l'évaluation, l'observation qui est fait par les
enseignants, par les parents dans la première étape vers le diagnostic et j'ai
eu l'occasion de dire à quel point tout le monde est de bonne foi, mais le
parent qui est devant son enfant et qui veut cet enfant aille mieux, il a des
préoccupations, il entend ce qui se passe, il veut qu'on trouve une solution.
Or la solution qui est devant lui, c'est souvent le traitement, le médicament.
Alors, quand vous dites qu'il y a des solutions à sensibiliser et peut-être
même éduquer les parents, j'en suis, je trouve ça excessivement important, mais
en même temps il faut tenir compte que, le parent, pour lui, il faut vraiment
qu'il y ait une solution et dans l'observation qu'il peut faire, parce qu'il a
des outils devant lui. Moi, je vous parlerai tantôt du questionnaire de
Conners, que vous avez questionné d'ailleurs, qui n'est pas un test
scientifique, bien, il est accessible pour les parents et les enseignants.
Alors, quand la première étape du diagnostic, on a beau faire de la prévention,
et c'est extraordinaire d'en faire, il faut en faire, mais quand même malgré la
prévention, réduire le temps à l'écran, stimuler l'activité physique, si après
ça dans la première étape d'évaluation, d'observation, on est devant la volonté
d'avoir un diagnostic TDAH parce que c'est le mieux-être de l'enfant qui vit
ça, comment on y arrive? Est-ce que ce que je vous dis, ça fait sens, c'est des
choses que vous observez, le parent qui a vraiment bien sûr la volonté d'aller
vers le diagnostic parce que son enfant souffre puis parce qu'il veut trouver
une solution?
M. Falardeau
(Guy) : C'est sûr que les médicaments, c'est une réponse rapide
pour soulager l'enfant, alors que justement, les services psychosociaux qui
sont de moins en moins disponibles, c'est une réponse à long terme. Je voulais
juste corriger une chose. Pour moi, la comorbidité, d'abord ça existe.
Comorbidité, ça veut dire que l'enfant a un TDAH et a par exemple un trouble
anxieux. Mais je pense que c'est beaucoup utilisé maintenant dès qu'on a un
enfant qui a un trouble anxieux ou un trouble oppositionnel, on crée un
diagnostic de TDAH en comorbidité qui n'est pas là, justement pour justifier la
prescription de médicaments et pour agir.
Et vous pouvez comprendre, quand on est
dans le bureau, qu'on a un enfant en souffrance, qu'on a des parents en
souffrance, qu'il y a des grosses difficultés, et que tout ce qu'on a à leur
offrir, c'est un système qu'on sait qu'ils n'auront pas de services avant un
an, la tentation de prescrire des médicaments est très forte et c'est très
facile de se trouver une raison pour les prescrire. Mais il faut arrêter que
les médecins cèdent à cette tentation-là en offrant d'autres services, d'autres
services aux enfants et aux parents.
• (12 h 10) •
Mme Sauvé : Bien d'accord
avec ce que vous dites. Effectivement, c'est le cycle vicieux en fait. Et quand
on parlait de diagnostic, après ça on vient au traitement puis effectivement,
vous venez d'en parler, c'est dommage effectivement que dans le traitement, il
n'y ait pas la juxtaposition, l'intervention psychosociale pour toutes les
raisons que vous avez nommées, l'exode des psychologues dans le privé, le
manque de ressources, parce que dans les faits, le meilleur traitement, le
traitement optimal, puis ça, les recherches le démontrent, on est capable de
traiter l'enfant de façon beaucoup plus intéressante et importante quand on
fait appel et aux médicaments et à l'intervention psychosociale. Hein, ça monte
de 60 % à 95 % dans bien des cas, donc, encore là, dans un monde
idéal où on est vraiment à vouloir régler la situation et favoriser la double
approche médicaments et intervention psychosociale, comment on change, comment
on change cette culture-là? Imaginons que les ressources sont au rendez-vous,
imaginons que tout est en place. Le médecin qui prescrit présentement dans la
pratique, il n'a pas souvent la référence...
Mme Sauvé : ...et favoriser la
double approche, médicaments et interventions psychosociales, comment on change
cette culture-là? Imaginons que les ressources sont au rendez-vous, imaginons
que tout est en place. Le médecin qui prescrit présentement, dans la pratique,
il n'a pas souvent la référence vers l'intervention psychosociale.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Moi, je dirais, dans ma pratique, ça fait 40 ans que je suis en pratique, il y
a quelque chose qui a changé. C'est qu'au début, là, pour prescrire... Parce
que ça existe, le TDAH, là, puis on ne dit pas que ça n'existe pas...
Mme Sauvé : Oui, on est tous d'accord.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
...puis il y a des enfants qui bénéficient clairement de la médication. Mais,
quand on voulait prescrire une médication à un enfant il y a 25 ans, il fallait
se lever de bonne heure, là, il fallait avoir vraiment des bons arguments pour
convaincre les parents de le faire. Aujourd'hui, on a l'impression que c'est le
contraire, qu'il faut avoir vraiment des bons arguments pour convaincre les
parents que ce n'est peut-être pas nécessaire que leur enfant prenne une
médication. Puis je ne sais pas si vous avez remarqué — moi, ça a
vraiment attiré mon attention — les données de l'INESSS, ils vous les
ont présentées par région. Vous êtes députée de Fabre. Dans la région de Laval,
il y a 4,3 % de prévalence de consommation de psychostimulants, alors
que — M. Gaudreault, je suis désolé, là, ça a piqué... ça vous a piqué,
mais c'est quatre fois la... — le championnat, c'est au
Saguenay—Lac-Saint-Jean avec 14 %. Donc, il y a des grosses différences
interprovinciales. De quoi ça dépend? C'est une question de culture,
d'acceptation de traitements avec une pilule pour des problèmes comme ça? Je
n'ai pas la réponse, mais je me pose la question. Je pense qu'il faut faire une
réflexion là-dessus.
Mme Sauvé : Vous avez raison.
M. le Président, je vais céder la parole... Oh pardon!
Mme Labbé (Valérie) : Puis se
rappeler que, pour la santé mentale des jeunes, on a une seule pilule... bien,
une seule... on a une catégorie, qui sont les psychostimulants. Il y en a
d'autres qui existent, mais ils sont très rarement utilisés. Pour l'anxiété,
nous, on a encore comme formation, puis j'espère que ça va rester aussi, que la
première ligne, c'est plutôt de la psychoéducation, psychothérapie et tout ça.
Alors, on est vraiment beaucoup plus frileux à donner des antidépresseurs, des
anxiolytiques, et c'est ça, c'est une pilule pour tous les maux.
Le Président (M. Provençal)
: Je reconnais le député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci. Merci, M. le Président. Bonjour, bonjour à vous trois, merci d'être avec
nous. Il y a deux moments, hein, il y a deux moments, essentiellement, là,
parce qu'on parle de surconsommation. Donc, il y a le moment où il y a la
prescription initiale, puis il y a le moment où il y a le renouvellement de la
prescription. Si on veut réellement diminuer, là, le nombre de... ou la consommation,
de façon générale... Et vous avez parlé de la difficulté, là... Il y a quelques
instants, vous avez parlé... il y a un certain temps, c'était difficile de
prescrire. Maintenant, c'est plus simple, disons, ou le parent s'attend à ça.
Quand je regarde vos statistiques que vous
nous avez amenées, chez les 10-12 ans, il y a 14 % d'enfants, disons, là,
qui utilisent, qui consomment des médicaments pour le TDAH, et après ça, on
passe de 9,9 % chez les 13-17 ans. Alors, il y a un moment, nécessairement,
où le médecin se dit : Je ne renouvelle pas pour cet enfant-là.
Mme Labbé (Valérie) : L'enfant
ne peut plus le prendre.
M. Fortin :
L'enfant ne peut plus le prendre?
Mme Labbé (Valérie) : Il ne le
veut plus. Il est ado, il ne le veut plus.
M. Falardeau
(Guy) : ...
Mme Labbé (Valérie) : Il
arrête.
M. Fortin :
Il ne le... C'est lui qui ne le veut plus. Ce n'est pas le médecin qui arrive à
dire : Tu n'en as plus besoin ou...
Mme Labbé (Valérie) :
Rarement, ça arrive.
M. Fortin :
Mais comment ça pourrait arriver davantage? Est-ce qu'on... Bien, si c'est la
bonne chose, cliniquement, à faire, là. Mais est-ce qu'il y aurait moyen de
sensibiliser, je ne sais pas, moi, les médecins, justement, à faire un certain
suivi, voir est-ce que l'enfant en a encore besoin? Est-ce que vous voyez
quelque chose qui peut être fait de façon additionnelle pour que... Ça peut
être légitime qu'on prenne un médicament pour le TDAH, mais peut-être, à un
certain point, qu'on peut faire un certain «phasing out», là, disons, de cette
utilisation-là. Est-ce que ça, c'est en place ou est-ce que les médecins font
simplement prescrire jusqu'au point où, comme vous le dites, l'enfant n'en veut
plus?
M. Falardeau
(Guy) : Juste une remarque. C'est que les enfants... D'abord,
les chiffres, les derniers chiffres, c'est 12,6 % chez les ados, et non
pas 9,9 %. Il faut comprendre que les ados d'aujourd'hui ont été... Et,
quand ils étaient plus jeunes, c'était l'époque où on faisait moins de
diagnostics et de faux diagnostics. Donc, je pense que c'est épidémique. Oui,
il y a des ados qui ne veulent plus. Et je ne pense pas que la problématique
est de prolonger les prescriptions parce que, dès que ça n'aide pas, l'ado est
le premier à ne pas vouloir prendre les médicaments.
La problématique est plus de faire des
faux diagnostics, et ça augmente de plus en plus. Et là on a la... même, le
problème des enfants aux garderies. La mère qui... on avait vu dans le... je
pense que c'est dans Le Journal de Québec, une mère qui s'est fait
demander par sa garderie de se faire... d'aller se faire prescrire des
médicaments, et elle a constaté que cinq des neuf enfants dans son groupe
étaient déjà médicamentés, et là on parle d'enfants de quatre ans. Alors, la
problématique, elle va en augmentant. Et ce n'est pas la prolongation, je
pense, qui est le gros problème. C'est le début, c'est la première
prescription.
M. Poulin (Pierre-Claude) : Et
vous avez raison. On devrait essayer de l'arrêter. D'abord, les statistiques
disent qu'il y a à peu près 50 % des jeunes chez qui les symptômes
disparaissent ou s'amenuisent en vieillissant, assez pour qu'ils soient
capables de fonctionner sans médication. Puis il y a l'étude, la grosse étude
sur le TDAH à laquelle vous vous êtes référé tantôt quand vous parliez de
l'efficacité de combiner le traitement psychosocial et... ça s'appelle l'étude
MTA. Elle a été poursuivie jusqu'à 25 ans. Puis il n'y a aucune étude qui a
démontré que c'était efficace à long terme, les psychostimulants...
M. Poulin (Pierre-Claude) :
...en vieillissant, assez pour qu'ils soient capables de fonctionner sans
médication.
Puis il y a l'étude, la grosse étude sur
le TDAH à laquelle vous vous êtes référé tantôt quand vous parliez de l'efficacité
de combiner le traitement psychosocial et... ça s'appelle l'étude MTA. Elle a
été poursuivie jusqu'à 25 ans. Puis il n'y a aucune étude qui a démontré que
c'était efficace à long terme, les psychostimulants, contrairement à ce qu'on
pense, oui. En fait, les gens, il y en a qui en prennent toute leur vie, mais
il n'y a aucune étude qui a démontré que c'était efficace à long terme. Puis
cette étude-là a démontré même qu'à long terme les enfants qui avaient toujours
été exposés aux psychostimulants, à 25 ans, mesuraient quatre centimètres de
moins. C'est quand même beaucoup, quatre centimètres, un pouce et demi de
moins, en moyenne. On n'entend pas parler de ça, là.
M. Fortin :
Je vous remercie. Ça va pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Nous passons la parole au député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci pour votre présence. On a parlé un peu des causes,
disons, les déterminants sociaux, là, qui peuvent favoriser l'émergence d'un
trouble de déficit de l'attention ou d'un trouble apparenté puis d'un
surdiagnostic. Vous avez mentionné, bon, certaines inégalités économiques, le
travail étudiant, l'hygiène de vie, l'absence de supervision parentale. Est-ce
que vous sentez aussi, par exemple, ce que d'autres ont dit, la pression du
parent payeur, là, qui dit : Moi, je paie pour l'évaluation, donc je veux
un diagnostic? Puis aussi, plus largement, quelles conclusions vous tirez sur
ce qui, dans notre société, fait qu'on est rendus là, nous, ici, au Québec?
C'est large, hein?
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Oui, c'est une grosse question. Bien, je pense qu'il y a plusieurs raisons.
Puis nous, on a fait attention de ne pas pointer un groupe en particulier. Puis
on ne dit pas que c'est la faute des parents, on ne dit pas que c'est la faute
des enseignants. On ne dit pas que c'est la faute des psychologues, des
neuropsychologues. On ne dit pas que c'est la faute des médecins, mais il reste
quand même que c'est nous autres qui les fait, les prescriptions, les médecins.
Mais je pense que c'est la faute des médecins, c'est la faute des parents,
c'est la faute des enseignants et c'est la faute des psychologues aussi, c'est
la faut de tout le monde. Ça fait que je pense qu'il faut réfléchir puis se
demander ensemble pourquoi on est rendu là. Il y a toutes sortes
d'explications, puis il y a des explications qui sont spécifiques au Québec,
là. Je le redis encore, dans le reste du Canada, ce n'est psa comme ça, là.
Puis il semble que dans la région de Montréal ça soit beaucoup moins comme ça
aussi.
Mme Labbé (Valérie) : 4 %
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Est-ce que c'est des facteurs culturels?
M. Zanetti : Je précise ma
question. Quand vous avez, mettons, comme cliniciens, cliniciennes, des parents
qui viennent puis qui disent : Mon enfant, il se passe ci, il se passe ça,
trouvez une solution, qu'est-ce que vous sentez qui est l'inquiétude qui les
mène à vouloir, mettons, là, que vous leur prescrivez des médicaments?
M. Poulin (Pierre-Claude) : Ça
marche. Ça marche trop, en fait. C'est trop efficace les psychostimulants. Si
l'enfant bouge tout le temps, il est sur le bord de se faire mettre à la porte
de l'école puis qu'on lui prescrit un psychostimulant avec un diagnostic de
TDAH, ça va marcher, il va être plus calme. C'est trop efficace.
Mme Labbé (Valérie) : Ça
marche la journée même que tu le prends.
M. Falardeau
(Guy) : C'est très efficace. Et une des choses qu'on n'a pas
dites, il faut... C'est le rôle des compagnies pharmaceutiques. Donc, il y a
beaucoup de nouveaux médicaments et il y a beaucoup d'investissement, des
millions qui sont investis dans les compagnies pharmaceutiques pour publiciser
ces nouveaux médicaments-là après des médecins, et il faut savoir qu'au Québec,
la très grande majorité des formations médicales continues pour les médecins
sont commanditées par des pharmaceutiques. Ça ne veut pas dire que les
conférenciers sont biaisés, mais ça veut dire quand même que les médecins
trempent dans la rencontre des représentants pharmaceutiques.
Moi, il y a une compagnie qui est venue me
voir pour me donner un outil pour faciliter le diagnostic de TDAH. Donc,
c'était une feuille où il y avait la liste des symptômes, on n'avait qu'à les
cocher. Donc, pas d'analyse de la quantité ou de la force du symptôme, il est
là ou il n'est pas là, et il n'y avait pas du tout le reste. Mais, les
symptômes, ce n'est rien. C'est-à-dire, il faut s'assurer que les symptômes ne
sont pas dus à de l'anxiété, que les symptômes ne sont pas dus à un problème
affectif, un problème d'opposition, un problème de langage, etc., un problème
trouble d'apprentissage. Mais non, ils voulaient me faciliter la vie, et moi,
je lui ai dit que la seule place où je pouvais mettre ça, c'était dans la
poubelle, dans la récupération, et que c'était honteux d'offrir ça à des
médecins. Mais les autres médecins, naïfs souvent, bien, ils ont dit :
Oui, c'est vrai, ça nous facilite le diagnostic. Oui, ça facilite un
diagnostic, et donc de prescrire, et évidemment sur la feuille, bien, il y a le
logo de la compagnie pharmaceutique, ça fait qu'on est porté à prescrire
celui-là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je vais céder la parole, pour conclure, au député
de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci.
Écoutez, moi, je veux vous féliciter parce que, si on est ici, comme commission
parlementaire, c'est à cause de vous autres, c'est à cause du travail que vous
avez fait, des deux lettres que vous avez écrites, et je veux vous dire que
vous êtes la démonstration que ça marche d'interpeller des députés,
d'interpeller l'Assemblée nationale. Contrairement à un certain cynisme ambiant
où ce n'est bon rien, c'est juste des commissions parlementaires, faux.
• (12 h 20) •
Cependant, ça ne veut pas dire que votre
travail s'arrête aujourd'hui. Moi, je continue de croire, en tout cas, en votre
action puis la force de votre groupe, parce que, si, par exemple, on va vers un
comité conjoint MSSS et ministère de l'Éducation, bien, il ne faut pas qu'il demeure
sur une tablette, ce comité-là, puis il faut qu'il travaille. Alors, moi, je
compte sur votre groupe, là, de 60, puis...
M. Gaudreault : ...cependant,
ça ne veut pas dire que votre travail s'arrête aujourd'hui. Moi, je continue de
croire, en tout cas, en votre action, la force de votre groupe, parce que si, par
exemple, on va vers un comité conjoint, MSSS, ministère de l'Éducation, bien,
il ne faut pas qu'il demeure sur une tablette, ce comité-là, puis il faut qu'il
travaille. Alors, moi, je compte sur votre groupe, là, de 60, puis peut-être
qu'il va augmenter, pour continuer de mettre de la pression sur ce comité pour
arriver à des résultats.
J'aurais évidemment 1 000 questions à
vous poser, il y a beaucoup de sujets qui ont été — il faut que j'en
pose une, oui — il y a beaucoup de sujets qui ont été abordés par les
collègues. Il y a un point que vous avez soulevé qui n'a pas été soulevé par
les collègues. Vous êtes les premiers à nous dire : revoir les
questionnaires. Alors, est-ce que vous pouvez détailler un petit peu plus? Puis
il reste à peu près une minute, alors... c'est cruel, là, on n'a pas beaucoup
de temps.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Les questionnaires... Quand un médecin de famille demande une consultation d'un
pédiatre, il y a trois questionnaires qu'on demande, soit le Conners, soit le
Poulin ou soit le SNAP.
M. Gaudreault : Le Poulin,
c'est vous, ça?
M. Poulin (Pierre-Claude) : Le
Poulin, c'est moi, ça.
M. Falardeau
(Guy) : C'est lui qui a créé ce...
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Mais en fait il n'y a jamais eu de validation statistique au Québec de ces
questionnaires-là, qui sont quand même importants, là, c'est un outil
primordial dans le diagnostic qu'autant les médecins que les psychologues
utilisent. Le Conners, il a été validé statistiquement aux États-Unis. Jepense
que, si on faisait... on commençait par faire une validation statistique au
Québec, on pourrait voir, d'abord, à partir de ce questionnaire-là, est-ce
qu'on a toujours 15 % de TDAH. Puis on devrait ramener la norme à deux
écarts types, en fait, c'est ça, la norme du questionnaire de Conners. Puis on
pourrait faire la même chose avec le questionnaire de Poulin. Le questionnaire
de Conners, il a des droits d'auteur, le questionnaire de Poulin, ça va me faire
plaisir de vous laisser la possibilité de faire une validation.
M. Gaudreault : Donc, c'est un
mandat qu'on pourrait confier, entre autres, au comité...
M. Poulin (Pierre-Claude) : Ou
à l'INESSS.
M. Gaudreault : ...conjoint,
là, de... Mais même le comité, de s'assurer que ça se fasse.
M. Poulin (Pierre-Claude) :
Oui.
M. Gaudreault : Oui. O.K.
M. Poulin (Pierre-Claude) : Ça
me paraît vraiment important.
M. Falardeau
(Guy) : Moi aussi.
Mme Labbé (Valérie) : Moi
aussi.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Labbé (Valérie) : On est
tous d'accord.
Le Président (M. Provençal)
: C'est beau. Alors, je remercie les Drs Poulin, Falardeau
et Labbé pour leur contribution aux travaux de la commission, et je dirais même
pour être les initiateurs, d'une certaine façon, de cette commission-là. Avant
de conclure les auditions, je procède au dépôt des mémoires des organismes qui
n'ont pas été entendus lors des auditions publiques. Je vous remercie pour
votre contribution à nos travaux. La commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures, où elle poursuivra un autre mandat. Merci beaucoup de vous
être...
(Fin à 12 h 22)