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Etude du projet de loi no 7
(Onze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture est réunie pour étudier
article par article le projet de loi no 7, Loi modifiant la Loi constituant la
Société québécoise d'initiatives
agro-alimentaires.
Les membres de la commission sont M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Léves-que
(Kamouraska-Témiscouata), M. Picotte (Maskinongé), M. Rancourt
(Saint-François), M. Roy (Beauce-Sud)
Une Voix: Un rapporteur.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt (Orford),
est-ce que vous êtes membre ou est-ce que vous remplacez M. Giasson?
M. Vaillancourt (Orford): Intervenant.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes intervenant.
Voulez-vous être membre pour remplacer M. Giasson?
M. Vaillancourt (Orford): Oui.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt (Orford)
remplace M. Giasson (Montmagny-L'Islet).
Les intervenants sont M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Garneau (Jean-Talon), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette
(Beauce-Nord) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Y a-t-il un rapporteur?
M. Rancourt: M. Lévesque.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata) agira comme rapporteur.
M. le ministre, avez-vous des commentaires préliminaires?
M. Garon: II n'y a pas beaucoup de commentaires à faire,
parce que je pense que les articles parlent par eux-mêmes. Il s'agit,
à l'article 1, d'augmenter...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que j'appelle l'article
1 immédiatement?
M. Garon: Non, je veux donner des précisions sur les
articles qui sont contenus là.
Le Président (M. Boucher): Ah bon! vous allez faire des
commentaires généraux sur tous les articles.
Discussion générale
M. Garon; L'article 1 a pour but de porter le capital de $10
millions à $40 millions.
L'article 2 prévoit les modalités. Evidemment, dans les
activités de SOQUIA, les montants impliqués peuvent varier. Il
peut y avoir des activités dans plusieurs entreprises dont les montants
sont de $100 000, $200 000 ou $500 000 et il peut y avoir des montants qui
peuvent être plus élevés à un moment donné
et, à ce moment-là, il faudrait venir devant la Chambre chaque
fois. A cause de cela, on a amendé la loi. (11 h 45)
Ce qui a été prévu comme mécanisme pour
avoir plus de souplesse, c'est que le ministre des Finances paie une somme de
$3 millions cette année et au cours des deux prochaines années,
par année, à SOQUIA. Il y aura également un fonds
additionnel de $21 millions. Il y a un fonds de $3 millions par année
qui sera versé automatiquement à SOQUIA. $3 millions
multipliés par 3, cela fait $9 millions sur trois ans. Il y a un fonds
de $21 millions, ce n'est pas vraiment un fonds, une somme de $21 millions qui
sera disponible et qui pourra être acquise par SOQUIA avec l'approbation
du gouvernement. A ce moment, le ministre des Finances paiera à SOQUIA,
avec l'approbation du gouvernement, selon les besoins de la
société, une somme qui pourrait aller jusqu'à $21
millions. Cela permet beaucoup plus de souplesse. Selon les besoins qui se
feront sentir, on pourra faire appel à ce montant de $21 millions,
autrement, SOQUIA recevrait $3 millions par année pendant trois ans.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je ne voudrais pas parler au
nom des autres, mais nous avons cru sentir, dans les discours de
deuxième lecture, qu'à peu près tous les membres de
l'Opposition et les membres du gouvernement semblaient très favorables
à l'adoption de ce projet de loi no 7. Je sais que le ministre l'a dit
quelque peu en deuxième lecture, on s'est posé des questions,
à un moment donné, sur les montants que SOQUIA avait investis
dans certaines entreprises. J'aimerais que le ministre commente peut-être
à nouveau les domaines dans lesquels SOQUIA s'est embarquée
depuis sa création. J'aimerais aussi avoir les perspectives d'avenir de
SOQUIA. On avait, à un moment donné, parlé de ce que, sur
une période de deux ou trois ans, seraient possiblement les orientations
que prendrait SOQUIA. On a dit aussi qu'on aimerait... Cela a été
le voeu de quelques députés lors du débat en
deuxième lecture, que SOQUIA continue à participer partiellement
à certaines entreprises. On semblait un peu perplexe quant à ce
que SOQUIA pourrait faire, peut-être s'embarquer dans une entreprise
quelconque et établir la majorité des actions. On trouvait
que
cela pourrait être une lacune. J'aimerais bien savoir du ministre
s'il y a des orientations spéciales face à cela. Enfin, je pense
que le ministre devrait nous brosser un tableau des perspectives d'avenir de
SOQUIA, surtout avec l'augmentation de capital, parce que, quand même, on
va passer de $10 millions à $40 millions. Il y aura sûrement lieu,
pour SOQUIA, de s'intégrer encore davantage au marché
agro-alimentaire. Si le ministre pouvait nous brosser un tableau sommaire des
orientations, je pense qu'en ce qui concerne l'autre, personnellement, cela
pourrait me satisfaire; par la suite, ce serait peut-être assez facile
d'adopter les trois articles qui sont devant nous.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui me concerne, je suis d'accord
avec le député de Maskinongé. On est favorable à
l'augmentation du capital-actions de $10 millions à $40 millions. Tout
ce que nous aimerions savoir, c'est quel va être l'avenir de SOQUIA avec
ces montants?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je crois qu'on a
précisé nos positions quand même lors du discours de
deuxième lecture. Nous sommes vraiment favorables à ce projet de
loi. Si le ministre répond aux questions du député de
Maskinongé, je reviendrai avec des questions supplémentaires
après.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-François.
M. Rancourt: Bien sûr, en deuxième lecture, nous
avons fait part de nos positions. Ce que j'aimerais ajouter, pour ma part, en
l'explicitant davantage, c'est que moi, comme député du
gouvernement, je tiens à faire savoir que je souhaite que le conseil
d'administration de SOQUIA n'ait pas peur de rencontrer dans les régions
les petites industries. On s'est aperçu que, dans certains autres
ministères, les fonctionnaires aiment bien travaillr avec les grosses
compagnies, avec les grosses entreprises, sur les gros projets. Dans le projet
de loi SOQUIA, je demande personnellement que les fonctionnaires, le bureau de
direction, les administrateurs se rendent dans les régions et n'aient
pas peur de rencontrer les petites industries, les très petites
mêmes, pour les aider, ce sont ces petites industries qui ont des chances
d'avenir et qui peuvent grossir, mais elles ont besoin d'aide; ce sont surtout
elles qui ont besoin d'aide, ce n'est pas la très grosse entreprise qui
a besoin d'aide, il ne faut jamais l'oublier.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je pense que le député de
Saint-François a résumé exactement les questions que je
voulais poser ou, enfin, les interrogations qu'on se pose face à SOQUIA.
La critique qu'on a actuellement, c'est qu'il semble justement que
SOQUIA se dirige vers les grosses entreprises. J'aimerais bien, pour ma
part c'est l'attente, je pense, de la classe agricole voir un
organisme comme celui-là aider les petites entreprises dans les
régions pour spécialiser certaines régions dans un secteur
quelconque du domaine alimentaire.
Ce sont à peu près mes positions, elles sont les
mêmes que celles du député de Saint-François dans ce
domaine. Je pense qu'à ce moment-là, on satisferait beaucoup la
classe agricole.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Champlain. M. le ministre.
M. Garon: Disons que les principales orientations de SOQUIA qui
ont été fixées par le gouvernement, portent sur les
objectifs et l'orientation de la société; elles ont
été émises dans la lettre de directives qui a
été adressée à SOQUIA, comme le veut la loi
constitutive de la société, à l'article 4, qui dit que le
ministre peut, dans le cadre des responsabilités et pouvoirs qui lui
sont confiés, et des ententes auxquelles il est partie, émettre
des directives portant sur les objectifs et l'orientation de la
société dans l'exécution des fonctions qui lui sont
confiées par la loi. Ces directives doivent être soumises au
lieutenant-gouverneur en conseil pour approbation. Si elles sont ainsi
approuvées, elles lient la société qui est tenue de s'y
conformer.
La lettre de directives émise pour que SOQUIA puisse commencer
à fonctionner, énonce les grands principes qui doivent guider la
société. C'était la première lettre de directives,
au début de l'année 1977, au mois d'avril 1977. Depuis ce temps,
il y a eu le sommet agro-alimentaire du mois dernier et, normalement, il y a un
suivi qui est en train de se préparer au sommet agroalimentaire et qui
va normalement amener un ensemble de mesures. A ce moment, je pense qu'il va
falloir, suite au suivi qui sera donné y avoir un ensemble de
mesures qui devront être énoncées, et approuvées par
le gouvernement, et cela pourra amener un changement aux directives
données à SOQUIA au printemps 1977. Je ne dis pas que ce sera
véritablement un changement aux directives, mais peut-être des
précisions sur des genres particuliers d'activités.
Actuellement, ce qu'on voit dans les objectifs de la
société, c'est de contribuer au développement des secteurs
agro-alimentaires de l'économie québécoise,
premièrement, en produisant des effets d'entraînement
économique au secteur de la production agricole québécoise
par le biais d'initiatives prises au niveau des secteurs secondaire et
tertiaire de l'agriculture; deuxièmement, en apportant une contribution
susceptible de maintenir, sous le contrôle des Québécois ou
en aidant à rapatrier entre les mains des Québécois la
plus grande part possible d'économie agricole du Québec, dans les
secteurs d'activité industrielle et commerciale agro-alimentaire.
On voit donc deux objectifs principaux qui ont été
mentionnés dans la directive à SOQUIA, contribuer au
développement agro-alimentaire, en suscitant des effets
d'entraînement économique en
ayant des initiatives dans les secteurs secondaire et tertiaire, et
aider à rapatrier entre les mains des Québécois la plus
grande part possible de l'économie agricole, pour que les centres de
décision ne soient pas à l'étranger, mais ici.
On peut voir, dans ce sens, que, dans les placements faits par SOQUIA,
il y a une partie qui contribuait à cela. Par exemple, je pense que le
placement dans Nutribec a contribué à rapatrier au sein des
entreprises québécoises les moulées "Miracle "...
M. Giasson: Miracle.
M. Garon: On dit Miracle.
M. Giasson: Faites vous confirmer cela par le
député de...
M. Garon: Oui, tout le monde disait Miracle, mais cela
appartenait à une multinationale.
M. Giasson: II n'y a pas de droit de propriété
absolue là-dessus. Toutes les nations en ont.
M. Garon: Oui. La deuxième, c'étaient les
moulées Super Sweet qui appartenaient également à une
entreprise multinationale qui a été rapatriée par
Nutribec. Cela veut dire qu'une compagnie comme Nutribec, qui occupe
aujourd'hui une part importante du marché québécois, 10%
du marché québécois, est une entreprise qui a
rapatrié les pouvoirs de décision au Québec et qui a mis
un troisième secteur qui peut jouer un rôle compétitif.
Dans ce sens-là, elle a joué deux rôles: regrouper une
partie des centres de décision au Québec et permettre à
des intérêts privés québécois d'occuper une
partie du champ, ce qui suscite une certaine compétition qui est
souhaitable.
M. Picotte: Quand SOQUIA participe, comme cela, à
certaines entreprises, est-ce qu'elle a un droit de regard quelconque sur
l'utilisation ou les dépenses qui se font à l'intérieur?
Quelle est sa participation au niveau de l'administration?
M. Garon: C'est-à-dire que SOQUIA, normalement, va
participer sous forme de capital-actions ordinaire, de capital-actions
privilégié, et sous forme de prêt d'actionnaires,
c'est-à-dire qu'elle prête en étant actionnaire. Elle ne
consent pas de prêt sans être actionnaire. Normalement, elle va
avoir un représentant au conseil d'administration. Cela pourrait
être demandé lors de l'entente pour que SOQUIA puisse suivre les
activités de l'entreprise. A part les conditions qui peuvent être
indiquées lors de l'opération financière, le
représentant de SOQUIA au conseil d'administration se comporte comme un
membre du conseil d'administration. Le but n'est pas de diriger la compagnie
à la place des gens qui la possèdent. S'il y a des conditions
particulières qui doivent être mises au point de départ,
normalement, elles le sont. Après cela, le représentant de SOQUIA
se comporte comme un administrateur normal.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que par l'entremise de
SOQUIA...
Le Président (M. Boucher): M. le
député...
M. Garon: Je voudrais terminer. Je parle encore de l'entreprise
dans ce sens-là. Prenons Culinar où il y a une participation.
C'est une entreprise dont le centre de décision aurait pu être
déplacé. Qui nous dit que ce qui serait arrivé par la
suite une fois le centre de décision de Culinar... par Canada
Development Corporation. Le centre de décision aurait pu aller à
Toronto, une partie des opérations aurait pu aller ailleurs. Alors,
c'est une entreprise québécoise très importante qui a un
chiffre d'affaires de près de $100 millions et qui a surtout 33 000
points de vente. A ce moment-là, c'est un circuit. Vous savez, ce qu'il
y a de plus difficile, au fond, ce n'est pas la production, c'est souvent
d'organiser le circuit de distribution. Culinar avait un important circuit de
distribution et il s'agissait de garder au Québec, essentiellement, dans
le cas de Culinar, la propriété d'une entreprise. De plus, ce
n'est pas seulement ça, Culinar là, je ne voudrais pas
entrer dans les détails, vous comprendrez pourquoi a des projets,
comme toute entreprise de cette taille a des projets. Les gens qui
possédaient des actions, c'étaient des actionnaires des caisses
populaires réparties un peu partout, les différents actionnaires
des caisses populaires détenaient un certain nombre d'actions.
Cela ralentissait considérablement le processus
décisionnel au sein des conseils d'administration parce que chaque fois
qu'arrivait une décision importante, les gens devaient retourner
à leur caisse populaire, consulter leur caisse populaire et, dans le
fond, ce n'étaient pas des gens spécialisés dans le
domaine agro-alimentaire.
M. Dubois: Quel pourcentage des actions de Culinar est
détenu par SOQUIA?
M. Garon: 38,6% en actions ordinaires. M. Dubois:
38,6%.
M. Garon: La majorité des actions appartient à la
Société d'investissement Desjardins, SID et, à ce
moment-là, les caisses populaires, devant l'offre qui leur a
été faite, auraient pu possiblement je ne dis pas qu'elles
l'auraient fait penser à se départir de leurs actions et
alors, la Société d'investissement Desjardins qui joue un
rôle par rapport à l'entreprise et à SOQUIA, elles auraient
pu jouer un rôle ensemble. Evidemment, normalement, on peut s'attendre
à des développements à la compagnie Culinar au cours des
prochaines années.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, puisque nous sommes au
début du débat pour l'étude article par article, c'est
peut-être l'occasion de poser des
questions qui ont un caractère plus général avant
de commencer à discuter des articles de la loi. Puisque nous parlons de
Culinar, est-ce que le ministre pourrait nous dire quelle est la somme
d'argent...
M. Garon: Je voulais...
M. Giasson: ... que SOQUIA a souscrite en capital-actions
ordinaire à Culinar, et si elle avait souscrit du capital
privilégié, quel serait le montant de ce capital
privilégié et s'il y a eu prêt de l'actionnaire à la
compagnie, quel est le montant du prêt?
M. Garon: II n'y a pas eu de prêt d'actionnaires, il y a eu
l'achat d'une partie de debentures, $1 226 000 en debentures.
M. Giasson: De la compagnie Culinar.
M. Garon: Oui. A ce moment-là, il s'agissait de faire une
offre complète...
M. Giasson: Quel est le montant du capital-actions? (12
heures)
M. Garon: La transaction totale était de $10 955 867.
M. Giasson: En capital-actions.
M. Garon: Non. Donc $1 226 000 en déebentures.
M. Giasson: II s'agit d'actions ordinaires ou d'actions
privilégiées?
M. Garon: Oui, d'actions ordinaires.
M. Giasson: Pour nous remettre dans le portrait réel de
SOQUIA, qui sont les administrateurs de SOQUIA?
M. Garon: Chez SOQUIA, actuellement, il y a M. Normandin qui est
président, j'aurais dû vous le présenter...
M. Giasson: Je reconnais votre voisin de gauche.
M. Garon: Vous avez M. Jacques Marquis, sous-ministre à la
commercialisation au ministère de l'Agriculture, qui est
vice-président, pour faire le lien avec le ministère; M. Lesley
Jonas, président des Aliments Delisle, qui est au conseil
d'administration; M.Terrence Griffin, de la Société de
développement industriel, M. Roger Néron, de Culinar.
M. Giasson: Administrateurs au conseil d administration de
SOQUIA?
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Cela fait combien de membres?
M. Garon: Cinq.
M. Giasson: A Culinar, quel est le membre du conseil
d'administration qui est désigné officiellement? C'est M.
Normandin?
M. Garon: II y a M. Normandin, M. Jonas et, actuellement, il y a
M. Saint-Pierre, temporairement, qui fait le bond, parce qu'il aura une autre
nomination éventuellement.
M. Giasson: M. Saint-Pierre?
M. Garon: Oui, qui est directeur général
adjoint.
M. Giasson: A SOQUIA? M. Garon: Oui.
M. Giasson: Quels sont les projets d'expansion de Culinar pour
les années immédiates à venir?
M. Garon: Je ne peux pas entrer dans le sujet, parce que vous
savez, si Culinar a des compétiteurs, des concurrents, je pense que ce
ne serait pas correct de mentionner ces détails.
M. Giasson: Est-il possible de croire, dans la possibilité
d'une expansion et de développement chez Culinar, que SOQUIA puisse un
jour devoir souscrire, soit du capital-actions ou apporter une autre
contribution financière, à partir du moment où le
capital-actions, que nous allons lui autoriser par la loi no 7, et continuer,
au plan du capital ou du développement de Culinar, à
souscrire?
M. Garon: Nous nous attendons, au cours des prochaines
années, qu'il soit nécessaire de verser des fonds à
Culinar, qui a actuellement le statut, pour aller directement sur le
marché. Mais s'il arrivait que, dans des projets particuliers, Culinar
veuille s'impliquer et qu'une action gouvernementale soit nécessaire
pour la seconder dans des domaines particuliers, par exemple, cela pourrait
faire l'objet d'une étude spéciale.
Mais, d'une façon générale, une compagnie de
l'ampleur de Culinar est capable d'emprunter des fonds sans
problème.
M. Giasson: Mais Culinar, dans tous les produits qu'elle utilise
pour la transformation du produit fini, quelle est la proportion de
matière première, quel est le pourcentage des produits
québécois, c'est-à-dire produits au Québec, par
rapport à ce qui est importé de l'extérieur du
Québec?
M. Garon: Je ne pourrais pas vous répondre. M. Giasson:
Le sucre est importé...
M. Garon: Le sucre est importé.
M. Giasson: ... le cacao et le chocolat.
M. Garon: Vous savez qu'on produit une très faible
proportion du sucre consommé au Québec. Je pense que c'est moins
de 5%.
M. Giasson: Est-ce qu'on a une idée de la proportion,
somme toute, du produit québécois, vraiment
québécois, qui entre dans toute la gamme?
M. Garon: Je ne pourrais pas vous répondre d'une
façon précise, à ce moment-ci. Je sais, par exemple, que,
dans les gâteaux, il entre énormément d'oeufs. C'est
québécois. Il y a différents types de moyens.
M. Giasson: La farine. M. Dubois: Ou ontarien.
M. Garon: La farine, normalement aussi, elle devient au moins
québécoise.
M. Giasson: Elle devient québécoise.
M. Garon: C'est accepté, c'est excellent de prendre des
matières premières qui viennent d'ailleurs, qu'on ne produit pas
en quantité suffisante, pour les transformer ici. C'est excellent,
plutôt que d'acheter des produits finis.
M. Giasson: Dans un autre domaine, SOQUIA a examiné des
dossiers. Un des dossiers qui avaient été vus par Culinar
était celui de l'usine Belcan. Quel est l'état de ce dossier et
la participation de SOQUIA à l'intérieur de cette entreprise?
M. Garon: II y avait eu un projet et des discussions entre Belcan
et SOQUIA. SOQUIA, à ce moment-là, avait une proposition qui
avait été acceptée d'ailleurs par le Conseil des
ministres. Mais, entre-temps, Belcan a décidé de faire des
changements temporaires et de ne pas dépasser ce stade-là. Elle
ne s'était pas prévalue de l'offre qui était faite par
SOQUIA.
M. Giasson: Est-ce que les produits Belcan ont quand même
pris l'extension qui était projetée?
M. Garon: Elle a fait une suspension temporaire, pour
répondre aux normes de l'environnement. Essentiellement, il y avait une
question de normes d'environnement dans l'expansion, je pense, de Belcan. A ce
moment-là, il s'agissait de corriger certaines choses selon les normes
de l'environnement. C'est ce que Belcan a fait.
M. Giasson: Pour l'avenir, il n'y a pas d'autres projections par
la compagnie de produits Belcan?
M. Garon: Non.
M. Giasson: Dans la société et dans la compagnie
Nutribec, qui fabrique des concentrés et des moulées au
Québec, quelle est la participation en capital-actions, en capital
ordinaire ou en capital privilégié, ou encore d'autres
contributions financières de SOQUIA à cette entreprise?
M. Garon: Le pourcentage des actions ordinaires? C'est autour de
20% ou 22%.
M. Giasson: En volume d'argent, en volume pécuniaire?
M. Garon: En volume d'argent, il y a du prêt des
actionnaires là-dedans et une participation au capital-actions pour un
montant global de $600 000.
M. Giasson: Oui, mais le partage, la ventilation de cela, c'est
quoi? Le montant souscrit en capital-actions par rapport au prêt d'un
actionnaire de la compagnie?
M. Garon: Moitié moitié.
M. Giasson: 50%-50%. Quel est le volume d'affaires de Nutribec,
présentement, en 1978?
M. Garon: En 1978, les objectifs sont de $25 millions.
M. Giasson: Les objectifs. L'année
précédente, quel a été le volume des ventes ou des
opérations?
M. Garon: Autour de $20 millions.
M. Giasson: Comment cela se compare-t-il avec les autres grands
manufacturiers de concentrés et de produits qui servent à
l'alimentation...
M. Garon: Je pense qu'elle représente à peu
près 10% du marché québécois.
M. Giasson: 10%? M. Garon: Environ.
M. Giasson: Cela veut dire que le total du marché
québécois dans ce secteur serait de l'ordre de $200 millions,
incluant la Coopérative fédérée?
M. Garon: La Coopérative fédérée
occuperait environ 35%...
M. Giasson: Shurgain, filiale de Canada Packers.
M. Garon: ... 35%, Fédérée.
M. Giasson: Fédérée, combien?
M. Garon: Environ 35%. Cela peut varier un peu, je vous donne un
chiffre approximatif, à peu près 35%.
Fédérée.
M. Garon: ... est-ce que le ministre a la liste des compagnies
dont SOQUIA a le capital-actions?
M. Garon: C'est ce que j'étais en train de mentionner tout
à l'heure.
M. Giasson: On va vous laisser terminer
rénumération des entreprises dans lesquelles SOQUIA...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que cette liste pourrait nous
être distribuée, effectivement?
M. Garon: Oui, c'est un communiqué de presse qui a
été envoyé à tout le monde, ce que je mentionne.
Cela a été distribué... Je parlais de la
propriété québécoise, et de ses deux types de
participation, par exemple, Culinar, qui vont avoir des effets
d'entraînement en plus de garder la propriété au
Québec... Pour Nutribec, c'est la même chose. On rapatrie au
Québec une partie importante d'un secteur important, qui va aussi
susciter des effets d'entraînement. Au point de vue du
développement agricole, il y a eu l'acquisition du Centre de
distribution des médicaments vétérinaires
administré par le ministère. Comme le ministère n'est pas
un administrateur d'entreprise, on a préféré, pour des
fins administratives, transférer à SOQUIA SOQUIA a une
participation de 100% l'administration du Centre de distribution des
médicaments vétérinaires qui appartenait au
ministère. Evidemment, avec les inventaires et tout cela, cela a
été une participation qui a coûté moins cher
à SOQUIA, $132 500.
Dans la transaction, il y avait des comptes payables pour $1 132 500.
Comme on a réalisé $1 million, actuellement, le
déboursement équivaut à $132 500. Elle est actionnaire
à 100%. C'est la seule entreprise dont elle soit actionnaire à
100%. Elle a également une participation à la salaison Olympia
sous forme de prêts et d'acquisition d'actions ordinaires, 17% d'actions
ordinaires, ce qui a amené l'investissement de $350 000 pour la
réalisation d'un important projet d'expansion dans une charcuterie dont
un bon pourcentage des affaires est l'exportation de produits du porc.
Encore là, cela permet l'expansion d'une entreprise
québécoise qui n'aurait sans doute pas pu se faire sans la
participation de SOQUIA, ce qui m'a été mentionné, et un
fort pourcentage, à ce moment-là, de la production
québécoise de porc pourra être exportée, mais
après qu'une certaine partie du travail aura été faite
ici, ce qui fait que les effets d'entraînement, encore là, se
reflètent au niveau du Québec.
Il y a eu également la participation au projet de la fromagerie
de Corneville, une filiale des produits alimentaires Anco et c'est une... Anco,
comme vous le savez sans doute tous, est une compagnie de produits... C'est une
possession québécoise. Les actionnaires majoritaires sont des
Québécois, en grande partie, mais elle a un réseau de
distribution nord-américain, au Canada et aux Etats-Unis. Au point de
départ, Anco distribuait essentiellement des fromages importés
d'Europe. Ici, une partie de ces fromages est fabriquée à
Saint-Hyacinthe, des fromages brie et camembert, fabriqués ici,
alors que ces fromages étaient importés à 100%
auparavant.
Encore là, il s'agit au fond... C'est pour ça que, dans
certains cas, certaines fromageries, par exemple... Nous avons entendu des
déclarations de gens qui disaient: Pourquoi SOQUIA ne nous a-t-il pas
aidés plutôt qu'aider cette entreprise? Au fond, il s'agit d'une
entreprise qui n'enlève le marché à personne, qui avait
déjà son marché, qui avait déjà la ligne de
distribution de certains types de fromages et qui décide, au lieu de les
importer d'Europe, de les fabriquer ici. Cette entreprise, SOQUIA l'aidant
à s'implanter ici par sa participation, cette entreprise n'enlève
pas du tout le marché des autres. Au contraire, il s'agit d'enlever des
fromages importés pour les remplacer par des fromages produits au
Québec. Je pense que c'est un exemple d'un bel investissement où
l'intervention de SOQUIA va permettre de réaliser la production de
plusieurs millions de livres de fromage.
M. Picotte: Mais n'y a-t-il pas eu une demande similaire à
ça, ce dont je vous parlais l'autre fois, Fromageries réunies, je
pense, de Longueuil...
M. Garon: De Vaudreuil?
M. Picotte: ... de Vaudreuil, oui.
M. Garon: Non, il n'y a jamais eu de demande.
M. Picotte: II n'y a jamais eu de demande. Parce que,
apparemment, ils produisent les mêmes sortes de fromage.
M. Garon: Oui, possiblement, ils produisent les mêmes
sortes, mais ça ne veut pas dire qu'Anco aurait acheté des
fromages de Vaudreuil. Jusqu'à maintenant, elle les importait de
l'Europe, et elle va les produire ici. On me disait que les travaux devaient
commencer en juin, mais qu'ils devraient être complétés au
cours du mois de juillet.
M. Giasson: Est-ce que vous avez d'autres entreprises...
M. Garon: Oui, il y en a une autre...
M. Giasson: ... dans lesquelles il y aurait une participation de
SOQUIA?
M. Garon: La firme Leahy et Fils qui est
spécialisée dans la fabrication du jus de pomme, qui distribue...
Leahy et Fils ou Leahy & Son, est spécialisée dans la
distribution des produits et sous-produits des pommes elles-mêmes, ce qui
constitue un important débouché pour les pomiculteurs
québécois qui passent, qui vendent leurs produits par
l'intermédiaire de Leahy et Fils. Alors, il y a eu une participation
dans cette entreprise.
M. Picotte: De combien.
M. Garon: Une participation totale de $280 000. (12 h 15)
M. Giasson: Au moment où SOQUIA a...
M. Garon: Là-dedans vous avez les deux, achat des actions
et un prêt.
M. Giasson: ... souscrit du capital-actions, c'était en
vue de développer, d'agrandir l'entreprise Leahy et Fils, et quelles
étaient les fins auxquelles servait la souscription financière de
SOQUIA dans Leahy et Fils?
M. le ministre, vous pouvez permettre au directeur de SOQUIA...
M. Garon: Ce n'était pas une expansion, dans le cas de
Leahy et Fils, d'immobilisation, mais comme un fort pourcentage des pommes de
la région est distribué par Leahy et Fils, et Tellier
étant engagé dans différentes activités,
c'était pour l'aider à développer ce service de
distribution de la pomme et de sous-produits de la pomme, mais principalement
de la pomme.
M. Giasson: Donc, il est logique de croire qu'à ce moment,
la compagnie en cause avait déjà tout son capital
d'investissement pour le développement, je parle de bâtiments et
de machinerie, tout était déjà en poste. La venue de
SOQUIA était pour lui permettre d'atteindre quelle fin? De lui apporter
une liquidité dans la commercialisation du produit?
M. Garon: Partiellement.
M. Giasson: Au lieu d'aller sur les voies ordinaires du
marché pour se procurer une liquidité, l'entreprise s'est
tournée vers SOQUIA. Mais quelles étaient les fins
recherchées? J'imagine que si la compagnie était
déjà en excellente situation financière, et avait
financé tous ses équipements, quelle idée sous-tend de
demander à SOQUIA d'aller faire un placement dans cette compagnie, au
lieu de laisser faire les institutions financières ordinaires, qui,
habituellement, apportent à ces entreprises le capital requis pour les
opérations courantes?
M. Garon: Dans certains cas et dans ce cas en particulier, la
structure financière de l'entreprise n'aurait pas permis à Leahy
et Fils d'aller trouver les montants nécessaires sur le marché
financier.
M. Giasson: Est-ce qu'elle ne pouvait pas fournir les garanties
habituelles ou régulières, ou si c'était dans le but
d'éviter que cette entreprise passe entre les mains de capitaux
étrangers?
M. Garon: Non, ce n'était pas afin qu'elle ne passe pas
entre les mains de capitaux extérieurs. Pour oeuvrer dans le domaine de
la pomme, il y a un entreposage important qui doit être fait. Cela prend
une certaine...
M. Giasson: D'après ce que vous m'avez dit, c'était
fait. En matière d'équipement, d'installation...
M. Garon: Non, le produit lui-même. Il y a, je ne me
souviens plus, combien de centaines de milliers de dollars de pommes qui
doivent être entreposées à l'automne et qui se vendent au
cours de l'hiver.
M. Giasson: Oui, mais les entrepôts en question
étaient construits ou si...
M. Garon: Pas les entrepôts.
M. Giasson: ... la souscription financière de SOQUIA a
permis ces constructions?
M. Garon: Non, pas les constructions, mais l'entreprise avait
besoin de liquidité et sa structure financière n'aurait pas
permis d'obtenir ailleurs l'argent qu'elle a obtenu de SOQUIA. Mais, dans une
forme de liquidité d'une entreprise, comme celle dont Leahy et Fils a
besoin elle achète un tas de pommes, je ne sais pas combien de
milliers de boisseaux qui représentent plusieurs centaines de
milliers de dollars de pommes qui vont s'écouler au cours de l'hiver. A
moins que celui qui achète les pommes ne les paie pas à
l'agriculteur, normalement, il y a au moins certaines avances qui doivent
être faites pour acheter des pommes et les vendre au cours de l'hiver. A
ce moment-là, il y a un certain besoin de liquidité.
M. Dubois: ... un problème tel le feu qui aurait
détruit ses entrepôts il y a peut-être un an et demi et il
ne restait plus de fonds de roulement à la compagnie et il y avait un
choix à faire: fermer les portes, ce qui pénalisait un bon groupe
de producteurs de pommes de la région ou avoir une aide de SOQUIA et
continuer. Il y avait un choix à faire là.
M. Giasson: Mais normalement dans les opérations courantes
d'une entreprise, si cette compagnie achetait un volume de pommes aux
pomi-culteurs de la région, à ce moment-là elle aurait des
inventaires. Les pommes étaient achetées, la compagnie avait pris
possession de cette matière première, donc elle avait des
inventaires et dans l'opération courante des entreprises de ce type, les
inventaires permettent souvent d'aller chercher ce qu'on appelle le capital de
roulement ou la marge de crédits opérationnels. Parce que s'il
fallait que les compagnies ne puissent pas utiliser les inventaires ou que les
entreprises qui sont dans le commerce de la transformation ne puissent pas
utiliser les inventaires du stock qu'elles ont en main pour les fins de
l'obtention de marges de crédits, il n'y en a pas beaucoup qui
pourraient survivre.
M. Garon: Cela dépend, à ce moment-là,
à quel type...
M. Giasson: Si c'est un produit périssable sur lequel les
prêteurs n'ont pas une trop grande confiance, cela peut être une
raison.
M. Garon: J'ai dit un peu, tout à l'heure, que les pommes
peuvent être entreposées et entièrement payées au
début de la saison. Un certain montant peut être payé au
début de la saison plus au cours de l'année, mais là cela
dépend un peu...
M. Dubois: Là, il y a un autre problème, M. le
ministre.
M. Garon: ... des actifs qui peuvent être donnés en
garantie. A ce moment-là, il y avait beaucoup d'actifs qui
étaient déjà hypothéqués ou que la compagnie
ne possédait pas.
M. Giasson: Autrement dit, c'étaient des inventaires que
la compagnie ne possédait pas réellement en totalité,
parce qu'elle n'avait pas payé le stock qu'elle avait en entreposage.
C'était de la consignation.
M. Garon: II fallait qu'elle les vende, autrement les
agriculteurs auraient pu perdre des montants importants.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François.
M. Garon: Dans ce cas-là, je peux dire que
l'opération de SOQUIA aidait peut-être plus les pomiculteurs que
Leahy. Leahy aurait pu prendre la décision de dire: Je me retire du
commerce de la pomme alors qu'elle exploitait depuis plus d'une trentaine
d'années dans ce secteur. Il y avait quelqu'un là qui avait de
l'expérience et qui s'occupait du commerce, de la pomme provenant des
agriculteurs ou du sous-produit de la pomme.
M. Dubois: Si le ministre le permet...
M. Garon: Ce qu'on s'est dit un peu là-dedans, au fond
c'est que tantôt quelqu'un parlait d'aller voir des petites entreprises
et d'aider les petites entreprises. Parfois, dans un secteur
d'activités, on dirait qu'il faudrait que quelqu'un y joue un
rôle. On va le chercher et on ne le trouve pas. Là, il arrivait
qu'il y avait quelqu'un qui jouait déjà ce rôle, mais qui
manquait de financement. A ce moment-là on aurait normalement dit: Si on
veut que quelqu'un joue ce rôle-là on peut le chercher et
peut-être pas le trouver. On l'avait, il y avait une entreprise qui
jouait déjà ce rôle, mais qui n'avait pas tous les capitaux
nécessaires pour continuer à jouer son rôle, à cause
de difficultés de différents ordres.
M. Dubois: J'aurais aimé ajouter, M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, le
député de Saint-François a demandé la parole.
M. Rancourt: C'est justement dans cette ligne de pensée,
M. le Président, que je veux poser ma question. Est-ce qu'il ne serait
pas normal de retrouver, à l'intérieur du conseil
d'administration, justement un représentant de ces petites entrepri- ses
qui pourrait justement, en étant bien au courant de leurs besoins, faire
valoir le point de vue de la petite entreprise vis-à-vis du conseil
d'administration de SOQUIA, parce que, à ce qu'on peut voir actuellement
par les investissements qui ont été faits, ce sont des
investissements qui veulent dire que ces sociétés avaient
déjà un chiffre d'affaires assez élevé. Je me pose
la question, ce n'est peut-être pas ce qui s'est passé dans les
faits, mais je me pose des questions: De par les administrateurs qui sont
là, est-ce que ce sont réellement... Est-ce que parmi eux il
pourrait y avoir un représentant de la petite entreprise justement qui
serait réellement au courant des faits, de leurs besoins et des besoins
des autres.
M. Garon: Disons que, d'une façon générale,
il y a eu des offres qui ont été faites aux petites entreprises
qui ne s'en sont pas prévalues. Je pense, par exemple, à Belcan
qui était une petite entreprise. Parce que la petite entreprise demande
à SOQUIA, mais trouve une autre solution à son problème et
décide d'utiliser... Je pense, par exemple, à un autre cas
où le dossier n'a pas été plus loin, pas encore du moins,
parce que l'entreprise qui devait s'en prévaloir disait: Je viens de
voir qu'il y a une forme de prêt; si le crédit agricole a les
montants qu'on vient de voter actuellement, je pense qu'il ne sera pas
nécessaire pour moi de passer par SOQUIA, je pourrais passer par le
crédit agricole.
Il y a des choses comme celles-là qui font que... Dans la petite
entreprise, ce sont des montants qui sont moins considérables. SOQUIA,
jusqu'à maintenant, n'a pas prospecté, je dirais, d'une
façon générale, les initiatives qu'elle pourrait prendre
mais a reçu des demandes. Parmi les dizaines de demandes qu'elle a
reçues, elle les a analysées et elle a discuté avec des
gens. Dans certains cas, les gens venaient seulement voir ce qui se passait,
qu'est-ce qu'il serait possible de faire. Dans d'autres cas, au cours de
discussions, les entreprises trouvaient d'autres formules et souvent aussi, je
dois dire je ne sais pas si les gens de SOQUIA s'en sont rendu compte
eux aussi je m'aperçois que, dans certains cas, les gens allaient
à SOQUIA et à quatre ou cinq places en même temps, pour
tâter tous les terrains, en se disant...
Comme il s'agit de participation au capital-actions, j'ai vu des gens me
dire: Si je peux avoir un financement, ce ne serait pas une participation au
capital-actions. Je préfère ne pas en avoir parce que je vais
garder ma propriété à 100% et si, éventuellement,
mon entreprise grossit, s'il y a un gain de capital, à ce
moment-là, il n'y aura pas de partie qui va aller à SOQUIA. J'ai
vu arriver ça plusieurs fois, dans les petites entreprises surtout.
Tandis que la grande entreprise, ce n'est pas le même type. Je vous parle
de la grande entreprise. Il ne faudrait pas que je parle de la très
grande entreprise, l'entreprise moyenne ou même petite; quand on parle de
placements de $300 000 ou de $200 000, on n'est même pas dans I
entreprise moyenne.
Ce qui arrive, c'est que la petite entreprise va
souvent à plusieurs endroits et ceux qui connaissent un peu la
petite entreprise savent que les responsabilités des petites
entreprises, habituellement, reposent sur un homme. Habituellement, le petit
entrepreneur, la dernière chose qu'il veut voir arriver, c'est un
partenaire, alors que SOQUIA, c'est un partenaire. Quand elle arrive, SOQUIA
investit, c'est sous forme de capital-actions, mais cela lui donne voix au
chapitre.
Alors, souvent, ce qui peut arriver, c'est ça. Une des choses que
je regarde actuellement, c'est d'augmenter le nombre de membres au conseil
d'administration de SOQUIA...
M. Gagnon: ... petites entreprises à ce
moment-là.
M. Garon: II faut avoir les deux. Une des choses qu'il faut bien
se dire aussi... Cela paraît sympathique de parler seulement de la petite
entreprise, mais il y a une chose qu'il faut se dire. C'est qu'au
Québec, c'est une des conclusions évidentes du sommet
agro-alimentaire, ce qui est très important, c'est le regroupement
d'entreprises, à cause de la structure de distribution qu'on a au
Québec. On a quoi au Québec, au fond? Cinq grandes chaînes
de distribution; on a Steinberg, Dominion, Provigo, Richelieu-Métro et
d'autres chaînes comme les Epiciers Unis, la Fédération des
magasins Co-op.
Quand on a pris sept ou huit chaînes, on rejoint à peu
près 90% du marché, 85% du marché. A ce moment-là,
qu'est-ce qu'une entreprise veut? Souvent, c'est d'être capable d'obtenir
un produit dans une entreprise; elle va préférer une entreprise
qui va être capable de fournir une gamme de produits. Une des conclusions
qui était évidente au sommet agro-alimentaire je suis
persuadé que ça va revenir dans les suivis c'est qu'on
disait qu'au Québec, actuellement, ce qui est important, c'est de faire
du regroupement d'entreprises. Parce que trop de petites entreprises
isolées n'ont pas les reins assez solides pour faire du marketing, ne
sont pas assez solides pour imposer leur marque, ne sont même pas assez
solides pour fournir une partie du réseau de distribution. Qu'on le
veuille ou non, il est organisé comme ça au Québec, il
existe comme ça. (12 h 30)
Aujourd'hui, cela a des avantages et aussi des inconvénients.
C'est sans doute la raison pour laquelle les Québécois se sont
maintenus, avec autant de petits magasins indépendants, parce qu'ils ont
su se regrouper dans de grandes entreprises d'achat. Qu'est-ce qui arrive? On a
les Epiciers unis, on a Provigo, vous avez des entreprises qui achètent
pour tout le monde, afin d'obtenir des bénéfices, des
économies d'échelle.
Mais cela a aussi des inconvénients. Celui qui est trop petit
n'est pas capable de les fournir parce qu'il ne peut aller que dans quelques
magasins seulement. Et quand on fait des promotions, on ne pourra pas annoncer
les produits, parce qu'il faudrait annoncer quinze produits différents,
placés sur différentes tablettes, en disant à quel endroit
on peut trouver tel ou tel produit. Cela a des inconvénients.
Cela a l'avantage d'avoir maintenu des petits épiciers
indépendants, mais par ailleurs, pour ceux qui les fournissent, il faut
trouver des formules. Cela ne veut pas dire de faire disparaître la
propriété individuelle des entreprises, mais il faudrait en
arriver à certains types de regroupement. C'est une des conclusions du
sommet agroalimentaire qui est analysée actuellement.
Je suis convaincu que dans cette perspective, le rôle de SOQUIA
peut être appelé à avoir certaines orientations. Par
exemple, dans une perspective de regroupement d'entreprises, SOQUIA pourra
possiblement jouer le rôle beaucoup plus accentué, plus
prospecteur qu'actuellement. Mais il faut suivre la loi des étapes.
Il y a une chose que je dois dire également, c'est qu'au point de
vue de la prospection, il y a des cas qui viennent au ministère, et le
ministère lui-même peut discuter avec SOQUIA, à savoir que
dans tel secteur il y a tel rôle à jouer. Je pense à un
secteur que je ne veux pas mentionner actuellement, où le
ministère, SOQUIA et un petit ensemble d'entreprises travaillent
actuellement. Est-ce que cela va donner des résultats? Je ne le sais
pas. Il est trop tôt pour le dire.
Mais si cela donne des résultats, cela sera tout un secteur
d'activités agro-alimentaires où le Québec jouera un
rôle, SOQUIA jouera un rôle et le ministère aura joué
un rôle. Le travail de prospection est fait autant par l'équipe du
ministère. Si on dit à SOQUIA: Organisez-vous comme un
ministère, avec tout le kit, celle-ci va être obligée
d'engager un grand nombre d'employés. Il faut qu'il y ait une
coordination entre SOQUIA et le ministère.
Il y a également des phases là-dedans. Lorsque SOQUIA a
commencé à opérer, elle recevait des demandes; il fallait
qu'elle prenne le temps d'analyser les demandes, voir un peu quel genre de
demandes lui arrivaient. Aujourd'hui, elle a une expérience qu'elle
n'avait pas il y a un an et demi, sur ces dossiers. Je pense que cela suit la
loi des étapes.
Je suis convaincu que SOQUIA est appelée à jouer un
rôle considérable au Québec dans le développement
agro-alimentaire, un rôle de leadership. Mais il faut lui donner le
temps. Ce qu'il faut aussi, ce qui va être important et je pense
que c'est comme cela que cela doit se faire c'est l'action
coordonnée de SOQUIA et du ministère.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je voulais ajouter quelque chose sur le cas de Leahy.
Ces gens-là ont acquis, depuis nombre d'années, un bagage
d'expérience dans la transformation de la pomme, spécifiquement
dans la purée de pomme. Je pense qu'on perdrait de l'autosuffisance ici,
si on n'acceptait pas d'aider cette firme, au profit de la Nouvelle-Ecosse et
de la Colombie-Britannique surtout. Je
pense que cela a été un bon geste de la part de SOQUIA.
Cela touche une petite entreprise. Ce n'est pas une moyenne, c'est une petite.
Je pense que cela répond au voeu du député de
Saint-François qui souhaitait que SOQUIA ait, à son bureau de
direction, un membre d'une petite entreprise. Mais elle a aidé une
petite entreprise, jusqu'à maintenant, qui est le cas de Leahy.
Je suis très heureux de voir SOQUIA poser ce geste
vis-à-vis de cette entreprise. En fait, c'est de l'autosuffisance pour
le Québec et cela a été valable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain avait demandé la parole.
M. Gagnon: Ce que j'avais à dire a pas mal
été discuté. De toute façon, j'y attache beaucoup
d'importance et je sais que la classe agricole, dans ma région, le fait
savoir assez souvent. J'attache beaucoup d'importance au fait qu'à un
moment donné, à un conseil d'administration comme SOQUIA, on
retrouve, comme le disait le député de Saint-François, un
certain nombre, un ou deux, de représentants en vue, de petites
entreprises, de façon qu'on ne donne pas l'impression que les petites
entreprises sont ignorées. Et quand on parle de regroupement... Qui dit
regroupement, dit automatiquement un groupe de petites entreprises qui se
regroupent. Cela ne va pas à l'encontre des argumentations du
ministre.
Je voudrais attirer l'attention sur le fait que lorsqu'on adopte des
lois agricoles extrêmement importantes comme SOQUIA et on en a
adopté d'autres qui concernent le crédit agricole... Je voudrais
demander au ministre de trouver moyen, pour qu'il y ait une certaine promotion,
de diffuser l'information concernant ces lois qui ne semblent pas toujours
passer la rampe aussi facilement que d'autres lois qui touchent d'autres
secteurs.
C'est le sens de mon intervention. C'est important que la place
agricole, enfin, que le secteur agro-alimentaire sache bien que cela existe,
surtout en augmentant le capital-actions à $40 millions. C'est un peu
vrai pour l'ensemble des lois agricoles.
Souvent on parle avec des agriculteurs ou des gens du milieu. Je ne sais
pas pourquoi, mais on dirait qu'ils ne savent pas ce qui existe exactement pour
les aider.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: On parlait de la petite et de la moyenne entreprise
tantôt. Quelle est la valeur annuelle de marché que fait Leahy et
Fils? Combien d'emplois y a-t-il dans cette entreprise?
M. Garon: Cela varie selon qu'on est en saison ou hors saison.
Cela varie entre 60 et 85 employés. C'est une forte proportion de la
mise en marché des pommes de la région de Huntingdon qui passe
par Leahy et Fils. Je vais être assez imprécis en disant le
chiffre. De mémoire, je n'ai pas les données ici, mais on peut
parler du tiers des pommes du comté de Huntingdon qui passerait par
Leahy et Fils.
M. Dubois: II y a trois grandes firmes, Leahy... Une Voix:
Oui, ce peut être cela.
M. Garon: Est-ce que ce serait à peu près exact? De
mémoire, les chiffres que je me rappelle sont 30% ou 35%.
M. Picotte: Le montant annuel du chiffre d'affaires de Leahy et
Fils, vous ne l'avez pas?
M. Garon: Non, je ne sais pas cela par coeur. Le
député de Champlain disait tout à l'heure concernant les
nouvelles... Pour assurer le bon succès du crédit agricole, il y
aura une vaste campagne d'information pour informer toutes les institutions
financières sur les lois qu'on a adoptées cette semaine. Nous
allons les rencontrer. Dans chacune des régions, il y aura une vaste
tournée d'organisée pour que les gens soient vraiment au courant
de tout cela.
Sur ces lois de la société québécoise, il y
a eu quand même des articles. Je dois dire que Normand Girard du Journal
de Québec a consacré presque une page complète à la
société SOQUIA et à l'augmentation du capital. Ce sont
souvent les grands journaux intellectuels qui parlent le moins
d'événements comme ceux-là. On reproche souvent aux
journaux, comme au Journal de Québec et au Journal de Montréal,
de faire des potins, mais, d'une façon générale, ce sont
peut-être les journaux qui ont parlé le plus d'agriculture depuis
un an et demi. Souvent les journaux qui ont la prétention d'être
intellectuels sont tellement perdus dans la brume qu'ils perdent de vue la
réalité.
M. Picotte: Dans le bulletin des agriculteurs, qui entre dans
passablement de foyers...
M. Garon: Dans la Terre de chez nous... M. Picotte: ... la
Terre de chez nous...
M. Garon: Evidemment, il y a des journaux
spécialisés, des revues spécialisées qui
parlent...
M. Giasson: C'est là que notre information doit
être, M. le ministre, en premier, parce que les lois de crédit
agricole vont servir d'abord aux agriculteurs. Quels sont les revues ou les
journaux qui doivent diffuser largement l'information? Ce sont exactement ces
revues et ces journaux qui sont dédiés à
l'agriculteur.
M. Garon: Oui, mais il y a plus que cela. Je pense, par exemple,
que les grands quotidiens du Québec dans les régions
périphériques le font souvent. Les hebdos consacrent
habituellement un certain nombre de pages ou une page ou deux à
l'information agricole. Mais dans les grands quotidiens, comme le Devoir ou la
Presse, il n'y a
plus de journalistes attachés à l'agriculture comme avant
ou au secteur agro-alimentaire.
M. Giasson: C'est tellement compliqué l'agriculture que
c'est difficile d'avoir de bons journalistes pour bâtir des articles de
fond.
M. Garon: Je dirais que la direction devrait être plus
sensibilisée. Il s'agit d'un secteur important au point de vue
économique.
M. Gagnon: C'est cela.
M. Garon: Ce n'est pas les journalistes qu'il faut blâmer.
Si un journal décide d'affecter un journaliste à autre chose
qu'au secteur agro-alimentaire, le journaliste n'est pas à blâmer.
C'est la direction qui manque de clairvoyance. Evidemment, comme on le voit
aujourd'hui dans le journal, si une femme va au bureau de M. Trudeau lui
montrer ses fesses, cela fait un article. Mais cela manque un peu de sexe le
fait que SOQUIA donne...
M. Giasson: II n'y aurait pas là un peu
d'agro-alimentaire, non?
M. Garon: Je ne le sais pas, le premier ministre Trudeau
n'était pas là.
M. Giasson: II y a peut-être une dimension agro-alimentaire
dans le geste de la dame.
M. Garon: Je ne sais pas jusqu'où il serait
allé.
M. Picotte: Quand il arrive des projets de loi comme cela, M. le
ministre, est-ce que c'est dans l'habitude du ministère de l'Agriculture
d'acheter, par exemple, une page de publicité?
M. Giasson: Cela aide...
M. Garon: ... je ne le sais pas, sa femme l'ayant
quitté.
M. Giasson: Cela aide la consommation.
M. Picotte: Est-ce que c'est dans la coutume du ministère
de l'Agriculture d'acheter une page de publicité dans la Terre de chez
nous, face à des projets de loi qui sont susceptibles de renseigner les
agriculteurs?
M. Garon: Dans la Terre de chez nous, on trouve beaucoup
d'information, et aussi dans le Bulletin des agriculteurs, dans les
différents journaux et revues spécialisés. Je pense qu'il
faut dépasser cela. Dans les grands quotidiens, aussitôt qu'il y a
un chercheur qui trouve, qui s'imagine qu'il a trouvé ou qui
prétend qu'il a trouvé quelque chose qui nuirait à
l'agriculture, cela fait un titre à tout coup. S'il y a un produit
cancérigène, même si les études ne sont pas
très élaborées, vous avez immédiatement un grand
titre. C'est correct.
Quand il s'agit d'expliquer les vertus de l'alimentation, les
qualités du travail qui se fait, par exemple, au Québec, ou qu'on
parle du secteur agroalimentaire, à ce moment, il n'y a plus personne
pour en parler, parce qu'il n'y a plus de journalistes
spécialisés. Le Soleil avait un journaliste, Marc Lestage, qui
était spécialisé. Les autres journaux ont
abandonné. M. Pouliot, qui avait l'habitude d'en parler, parle
maintenant beaucoup plus des boîtes à fleurs sur les balcons ou
des petits jardins du printemps. Je ne le blâme pas, c'est bon pour
l'information. Le public a besoin de cela, pour contribuer à
l'embellissement des villes.
M. Picotte: II faudrait que cela dépasse ce stade.
M. Garon: Même M. Roesler, qui écrivait des articles
dans le secteur agro-alimentaire, a été affecté au secteur
économique en général. A ce moment, comme dit le
député de Montmagny-L'Islet, c'est un secteur agro-alimentaire
qui est complexe.
M. Giasson: Même le ministère de l'Agriculture a
contribué à dégarnir les journaux des spécialistes
en reportage agricole.
M. Garon: Oui. C'était pour permettre de mieux expliquer
les activités du ministère.
M. Giasson: II y a différents responsables, comme vous
voyez, M. le ministre.
M. Garon: En même temps, cela permettait d'en former un de
plus pour celui qui prendrait sa place. Je pense que les grands quotidiens ne
jouent pas leur rôle. Je ne blâme pas les journalistes, mais la
direction des journaux, puisque c'est un secteur important du champ de
l'activité économique que le secteur agro-alimentaire. A ce
moment, le fait que l'ensemble de la population n'est pas assez informé
de cela, c'est qu'on ne voit pas l'importance des mesures. On ne comprend pas,
par exemple, quand une ligne hydro-électrique passe dans les champs pour
aller aux agriculteurs, pourquoi il faudrait supporter l'agriculteur quand une
route coupe une terre en deux sur cent milles, par exemple, la route 20, qui a
pris 25 000 acres. Il faudrait que les journaux puissent expliquer ce que
représentent 25 000 acres qui ont été accaparées
pour y mettre de l'asphalte, alors qu'on pourrait passer ailleurs que sur des
bonnes terres. C'est assez important pour que la presse
spécialisée...
M. Picotte: Faire comme...
M. Garon: ... enfin qu'il y ait une presse quotidienne qui
renseigne les gens qui sont avides de nouvelles dans ce secteur. Actuellement,
c'est l'engouement pour la campagne. Pardon?
M. Picotte: Faire comme l'autoroute 40, la passer dans le
fleuve.
M. Garon: La passer dans le fleuve, ce n'est pas le diable mieux,
mais on pourrait la passer...
M. Picotte:. C'est ce qui s'est produit chez nous pour sauver les
terres agricoles.
M. Garon: Pour renseigner le public qui connaîtrait,
à ce moment, les raisons pour lesquelles il y a une augmentation de
prix. Un journal anglophone disait cette semaine que ce n'est pas seulement au
Québec qu'on parle du concept de l'autosuffisance. Il y a un fort
mouvement au Vermont et au Massachusetts, pour assurer l'autosuffisance
alimentaire du Vermont et l'autosuffisance alimentaire du Massachusetts, parce
qu'ils ne veulent pas être dépendants des légumes de la
Californie. Ils ont payé aussi les pommes de laitue à $1.29
l'unité. On a abandonné la culture de ces produits. On
dépend actuellement d'un seul endroit pour l'achat de ces produits en
hiver.
Alors, ce qu'on dit, au Québec, au fond, pour devenir moins
dépendant... On n'a rien inventé au fond. Les gens du Vermont et
les gens du Massachusetts disaient la même chose vis-à-vis de la
Californie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je suis très heureux d'avoir soulevé ce
point sur la promotion ou la publicité autour des problèmes
agricoles, parce que cela a amorcé une discussion importante. Je
voudrais seulement ajouter que je suis convaincu qu'il faut sortir
l'agriculture des journaux uniquement spécialisés en agriculture,
parce que l'agriculteur lui-même, c'est vrai que par l'entremise de la
Terre de chez nous il peut avoir son information, mais le ministre a
touché exactement le point. C'est l'ensemble de la population. (12 h
45)
Les problèmes agricoles dépassent de beaucoup les cadres
du problème de l'agriculteur; c'est pour l'ensemble de la population
qu'il faut trouver des moyens pour sensibiliser à ces problèmes,
et c'est à ce moment qu'on aura plus de facilité à
travailler ou à améliorer la situation de l'agriculture au
Québec.
M. Picotte: Non, je n'avais pas l'intention de dire que les
autres journaux ne devraient pas avoir des spécialistes
là-dedans, mais je pense que le problème que vous aviez
soulevé, c'était le fait que plusieurs agriculteurs se plaignent
qu'il y a des mesures qui sont apportées et ils n'en sont pas au
courant. Je pense que la première chose qui devrait se faire, ce serait
de ce côté-là.
De toute façon, je pense qu'on s'éloigne du projet de loi
comme tel, même si c'est très intéressant.
Le Président (M. Boucher): Oui. M. Garon: Oui...
Une Voix: Article 1.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Avant d'arriver au but de mon intervention, le
ministre a ouvert une porte tout à l'heure en parlant d'une pomme de
laitue à $1.29. Je voudrais l'aviser immédiatement que dans trois
semaines peut-être ou un mois, nous aurons de la laitue
québécoise et plusieurs autres légumes
québécois. Alors, j'espère qu'on ne sera pas obligé
d'aller frapper à votre porte, comme l'an dernier, afin d'obtenir un peu
plus de publicité autour de nos produits ici, écrire aux
grossistes...
M. Garon: Mais ça, c'est...
M. Dubois: ... et avoir peut-être des spots à la
télévision, je ne sais pas, pour...
M. Garon: ... fait de façon régulière. L'an
dernier, je dois dire qu'étant donné la quantité de laitue
qui était produite au Québec, tous les spécialistes, en
tout cas dans ce secteur, m'ont dit qu'ils ont été
étonnés. Il a dû y avoir vraiment une collaboration des
chaînes de distribution et des grossistes pour utiliser la laitue
québécoise, parce qu'on aurait eu des surplus
épouvantables cette année.
M. Dubois: Vous savez quand même, M. le ministre, qu'au
moment où on a frappé à votre porte, il y avait 80% de la
laitue consommée ici, dans la ville de Québec, qui étaient
importés, soit de la Californie, d'Oswego ou de Fulton-York.
M. Garon: Pas 80%.
M. Dubois: Ici, dans la ville de Québec. A
Montréal, ce n'était pas le cas, mais dans la ville de
Québec, c'était le cas à ce moment-là, parce qu'il
y a eu une étude de faite avant qu'on aille frapper à votre
porte. C'est malheureux quand même quand on voit ces
situations-là. Les gens hersaient des champs de laitue au sud de
Montréal et on mangeait de la laitue californienne qui était
quand même trois fois le prix de la laitue locale. Disons que ce
n'était pas le but de mon intervention, mais je voulais seulement
soulever ce petit problème. Je pense que si on sensibilisait la
population du Québec au moment où des produits locaux arrivent,
ça nous aiderait quand même.
M. Garon: Oui, mais...
M. Dubois: Je ne dis pas que ça n'a pas été
fait, mais ça peut se faire...
M. Garon: Ce n'est pas l'information que j'ai. Quand vous dites
80%, ce n'est pas l'information que j'ai. Même dans la ville de
Québec...
M. Dubois: Je parle du début de la saison, l'an dernier,
au moment où on a hersé.
M. Garon: Non, on m'a dit qu'il y avait quelques entreprises
locales de distribution qui
importaient de la laitue l'an dernier dans la région de
Québec, mais l'immense majorité quand même prenait de la
laitue québécoise.
M. Dubois: J'aimerais que vous rencontriez privément les
grossistes dans ce domaine et ils vont vous le dire; ils ne le diront pas
devant la population. Parce que, à 10% la caisse, c'est bien plus payant
de vendre une caisse de $8 qu'une caisse locale de $3. C'est ça le
problème et c'est là qu'il se situe. Moi, si je suis grossiste,
je serai bien plus intéressé à faire $0.80 par caisse que
de faire $0.25, $0.30. C'est là qu'on retrouve tous les problèmes
dans l'alimentation au niveau des productions locales par rapport aux diverses
productions importées. C'est toujours plus payant de vendre les produits
cher que pas cher.
Je pense qu'il va falloir forcer un petit peu ou insister plus fortement
auprès des grossistes pour qu'ils soient plus respectueux.
M. Garon: ... les magasins qu'on vous a mentionnés qui
faisaient cela?
M. Dubois: Je n'aimerais pas mentionner de noms ici, parce que ce
n'est quand même pas respectueux pour ces firmes, mais je pourrais vous
le dire en privé et avec plaisir, à part cela.
Le Président (M. Boucher): Allez-y pour votre intervention
principale.
M. Dubois: Je voulais seulement indiquer que, malheureusement,
dans le passé on a toujours incité les producteurs à
augmenter la production de ferme, mais on n'a jamais pensé à leur
trouver des débouchés pour leurs produits. C'est pour cela qu'au
niveau des interventions de SOQUIA, j'aimerais que les $30 millions
d'augmentation qu'on vote soient pour un an au lieu de trois ans, pour
développer de plus en plus l'agro-alimentaire et la transformation, ici
au Québec, parce que je pense que si on n'a pas tellement
augmenté notre participation dans l'autosuffisance depuis nombre
d'années, ici au Québec, c'est parce qu'on n'a jamais
essayé de trouver des débouchés aux producteurs. On leur a
dit: Produisez aveuglément, mais sans savoir ce que vous allez faire de
vos produits. Je pense qu'on renverse les rôles.
M. Garon: Oui, mais cela, on va le changer!
M. Dubois: C'est une tendance, mais il va peut-être falloir
aller plus vite encore. C'est la remarque que je voulais faire, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, revenant à d'autres
entreprises où nous retrouvons une participation de SOQUIA, il y a les
Salaisons Olympia. Le ministre dit que si SOQUIA n'avait pas accepté de
souscrire des capitaux dans les Salaisons Olympia, cette entreprise n'aurait
pas pu naître ou se développer. Quels sont les principaux
actionnaires que l'on retrouve dans Salaisons Olympia, actionnaires autres que
SOQUIA?
M. Garon: J'ai dit "peut-être", je n'ai pas dit "pas pu";
j'ai dit: N'aurait peut-être pas pu.
M. Giasson: Bon, mais quels en sont les autres actionnaires
principaux?
M. Garon: II y a actuellement quatre actionnaires. Il y a SOQUIA
et deux producteurs de porcs...
M. Giasson: Propriétaires d'abattoirs
également?
M. Garon: Je pense que oui. Et un commerçant de porcs. Au
lieu de faire le commerce à l'état brut, c'est de pousser plus
loin le travail fait ici, au Québec, c'est-à-dire faire
l'abattage ou encore acheter des porcs abattus par eux, pour faire la
charcuterie. C'est-à-dire faire le plus d'opérations possible ici
pour dépasser l'élevage afin que les revenus
supplémentaires soient faits au Québec. Il y a une bonne partie
de ces porcs qui étaient exportés.
M. Giasson: Mais les installations de la compagnie, la salaison
elle-même est dans quelle localité?
M. Garon: Saint-Simon de Bagot.
M. Giasson: Et l'apport du capital souscrit par SOQUIA dans
l'entreprise a permis de développer une ligne de salaison dont les
marchés principaux se retrouvent où? Est-ce que c'est au
Québec.
M. Garon: II y en a une partie au Québec et une partie
à l'extérieur. Une bonne partie est exportée.
M. Giasson: Sur le marché japonais?
M. Garon: Le marché japonais est un des
marchés.
M. Giasson: Pour une bonne partie.
M. Garon: Je ne voudrais pas entrer dans tous les détails,
il y a toujours des affaires entre concurrents, mais je ne voudrais pas donner
trop d'information.
M. Giasson: II y a peu de concurrents dans ce
secteur-là.
M. Garon: Dans les exportations?
M. Giasson: Dans les exportations, mais il y a plus de
concurrents dans les exportations de porc. C'est une chaîne assez
limitée. C'est un club assez fermé.
M. Garon: II y en a quelques-uns quand même. Les
exportations de porc du Québec, cette année, depuis le
début de l'année, ont été assez fortes.
M. Giasson: Oui, mais quel est le nombre d'entreprises qui
participent au marché de l'exportation, M. le ministre?
M. Garon: Je ne veux pas vous donner de chiffre exact, mais il y
en a quelques-unes.
M. Giasson: C'est très limité.
M. Garon: Evidemment, ce n'est pas l'ensemble des producteurs de
porc.
M. Giasson: C'est très limité.
M. Garon: Mais ce sont des porcs qui ont été
produits ici. Tout ce qu'on espère c'est que la nouvelle classification
fédérale de janvier 1978 ne nuise pas à notre commerce
d'exportation, parce qu'elle encourage la production de porc plus gras alors
que les Québécois réussissaient très bien à
faire du porc maigre, ce que ne réussissaient pas à faire les
producteurs de l'Ouest. La nouvelle classification fédérale a
pour but de classifier A du porc plus gras, ce qui va encourager, possiblement,
les producteurs québécois à faire du porc plus gras, alors
que les marchés d'exportation recherchent du porc plus maigre.
M. Giasson: Oui, mais, effectivement, si les producteurs
québécois maintiennent la production de porc plutôt maigre,
qui est de nature à répondre à la demande naturelle de
pays importateurs, même si les gens de l'Ouest continuent de faire du
porc gras, on aura toujours cet avantage de répondre beaucoup mieux aux
demandes et aux désirs des consommateurs.
M. Garon: Oui, excepté que vous n'avez pas le prix que
vous aviez quand le porc que vous classez A est le porc gras. Vous classez A un
porc qui est gras alors que vous devriez classer A, à mon avis, un porc
qui est plus maigre. Evidemment, à ce moment-là, cela paie de le
rendre plus gras. On peut perdre des marchés. On se retrouve dans un
cercle vicieux. Je ne suis pas convaincu. C'est un des sujets que j'ai
l'intention de traiter à la conférence
fédérale-provinciale du mois de juillet et j'ai hâte qu'on
sorte davantage de données sur les implications de cela. Je souhaite que
cela n'ait pas d'implication trop considérable.
M. Giasson: Cela ne modifiera pas la demande en soi, s'ils
désirent des grands...
M. Garon: Cela ne modifiera pas la demande.
M. Giasson: Ce serait au point de vue des revenus à la
ferme chez le producteur qui pourrait profiter davantage d'un prix ou d'une
prime...
M. Garon: C'est-à-dire qu'on est...
M. Giasson: ... que verse le gouvernement sur un porc de telle ou
telle qualité.
M. Garon: C'est ça. Cela concerne aussi les consommateurs.
Les acheteurs préfèrent acheter du porc maigre, parce que le
gras, très peu de gens le mangent. Au fond, il est bon le gras, mais les
médecins ne le recommandent pas. Le maigre du porc est une des viandes
la plus maigre qui existe, contrairement à ce que vous en pensez. Il y a
des études qui démontrent que c'est une des viandes qui se
digèrent le mieux. C'est un animal maigre, à condition de ne pas
manger la couche de gras qui entoure le maigre.
Ce qui arrive c'est que, quand on fait un porc plus gras, cette couche
tend à être plus épaisse.
M. Giasson: C'est le meilleur, M. le ministre. M. Garon:
Hein?
M. Giasson: Les gens refusent de manger le meilleur, sous
prétexte que les médecins jugent que ce n'est pas bon.
M. Garon: J'ai toujours pensé que ce qui était
dangereux, c'est un gars qui mangeait du gras occasionnellement, qui ne
s'entraînait pas à manger du gras.
M. Giasson: C'est ça.
M. Garon: Quand il est bien entraîné, il peut
digérer facilement.
M. Giasson: L'individu qui absorbe du gras chaque jour, que ce
soit du gras animal ou du gras végétal, le gras de lait inclus,
il ne s'en porte pas trop mal, d'habitude.
M. Dubois: On s'éloigne un peu des $40 millions de
SOQUIA... On est rendus dans le rosbif.
M. Garon: On s'en éloigne sans s'en éloigner trop,
parce qu'on parle de la commercialisation et on montre de ce fait la
fragilité du commerce des secteurs agro-alimentaires. Ce n'est pas un
commerce comme un autre où on fait un bibelot qui sort de la machine,
c'est toujours le même bibelot. Ici, on tombe, au point de vue
commercialisation, dans un secteur assez délicat.
M. Giasson: M. le ministre, vous avez eu l'occasion, au tout
début de votre mandat, de faire une très forte sortie sur les
problèmes découlant de l'entreposage des céréales
venant des autres provinces. Vous jugiez qu'il était inacceptable que
les producteurs du Québec puissent, à certains moments, au cours
de la saison hivernale, manquer de grains à la ferme. Vous aviez
même indiqué une priorité qui vous était
chère, soit celle de créer un office de commercialisation,
d'entre-
posage ou même de transport, parce que vous aviez même
prévu des bateaux pour transporter les céréales...
M. Garon: Non, je n'ai jamais parlé de ça.
M. Giasson: Relisez le journal des Débats.
Est-ce que, dans les perspectives d'avenir, devant l'augmentation du
capital-actions qu'on accorde à SOQUIA par la présente loi, le
ministre voit une possibilité de créer enfin ce
bébé nouveau, soit un office de commercialisation des grains, des
céréales avec tout ce que cela comporte, suite aux commentaires
qu'il avait faits, au tout début de l'année 1977?
M. Garon: Quand je parlais des bateaux, de la possibilité,
je pensais...
M. Giasson: Vous avez même dit que cela pouvait être
le départ d'une marine marchande.
M. Garon: Parce que je pensais que cela pouvait être
construit à Lauzon, à la compagnie de Lévis.
M. Giasson: Dans votre comté, dans le comté de
Lévis.
M. Garon: Dans le comté de Lévis. Mais comme le
disaient les députés de Bellechasse, de Lotbinière, de
Beauce-Nord, dans l'ensemble de la région de Lévis, à peu
près 50% des travailleurs viennent de mon comté. Les autres
viennent des comtés environnants.
C'est une possibilité. Je dois dire qu'actuellement, on travaille
là-dessus. La preuve, c'est qu'à 14 h 30, j'ai encore une
rencontre à ce sujet.
M. Giasson: Une rencontre avec le chantier?
M. Garon: Non pas avec le chantier, avec le comité qui
travaille sur les grains, afin de savoir quelles devraient être les
responsabilités d'une régie. Actuellement il y a des travaux qui
sont faits, il y a des rapports qui sont en préparation, pour voir
quelles devraient être les responsabilités. Il y a des
problèmes juridiques.
J'avais demandé qu'on étudie d'abord, avant de commencer
par les problèmes juridiques, quel rôle peut jouer une
régie, quelles sont les différentes possibilités d'une
régie, et suite à cela, regarder dans ces différentes
possibilités ce qui, constitutionnellement, peut être joué
par un organisme comme celui-là au niveau d'une province, ce qui ne peut
pas être joué, et ensuite, faire des choix là-dedans.
D'ailleurs, je n'ai pas renoncé à la possibilité
d'une commission parlementaire là-dessus, suite à des
études plus poussées, au sujet d'une régie des grains de
provende. Il est certain qu'un des rôles qu'elle devrait jouer, c'est au
point de vue de la qualité des grains qui sont importés au
Québec pour la consommation et l'alimentation du bétail. Elle a
un rôle à jouer au point de vue de la qualité des aliments
du bétail.
M. Gagnon: Est-ce qu'on pourrait revenir à l'article 1, M.
le Président?
M. Dubois: M. le Président.
M. Gagnon: M. le Président, est-ce qu'on pourrait revenir
aux articles 1, 2 et 3, parce que je vois que l'heure avance?
Le Président (M. Boucher): Si les membres ont encore des
questions à poser, je vais être obligé de demander s'ils
sont d'accord pour prolonger, maintenant, l'étude du projet de loi.
Sinon, il faudra revenir cet après-midi. (13 heures)
M. Giasson: M. le Président, si tout le monde se mettait
d'accord, même si on dépassait légèrement 13 heures,
on pourrait sans doute passer assez rapidement chacun des articles.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Giasson: J'aurais une autre question. Le ministre dit qu'il
est à examiner les possibilités de la création d'une
régie des grains de provende.
Quel est le rôle qu'il serait prêt à confier à
SOQUIA, dans un vaste programme d'autosuffi-sance en matière de
céréales, ou de moins grande dépendance du Québec,
vis-à-vis de ses besoins de céréales?
M. Garon: SOQUIA a joué un rôle avec Nutribec. Ce
que nous avons orienté, au ministère, suite à l'entente
fédérale, c'est l'entreposage à la ferme. Québec
administre un programme, à la suite des compensations qui sont
versées par Ottawa, à cause du retrait des subventions sur le
transport, en 1976, tant pour les céréales produites à la
ferme pour l'alimentation du bétail que pour l'entreposage des
fourrages, ce qui diminue l'importation d'aliments pour le bétail.
Il y a les silos régionaux qui sont actuellement en construction.
Pour le programme qui a été préparé, on doit me
faire un rapport bientôt sur les demandes qui se font actuellement, un
peu partout dans la région, pour l'entreposage dans les
régions.
Nous sommes à travailler également sur un plan
d'assurance-stabilisation pour le maïs-grain. A ce moment-là, on
compléterait la possibilité d'une régie des grains de
provende. Quelle sera toute la structure juridique? Ce n'est pas
déterminé. Il y a des travaux qui se font.
M. Giasson: Demain.
M. Garon: A ce moment-là, je pense que l'ensemble du champ
serait occupé, en plus de deux autres programmes qui s'en viennent,
concernant certaines machineries nécessaires pour les récoltes et
également pour les productions de grains de semence.
A ce moment-là, on couvrirait à peu près le champ
de l'auto-approvisionnement en céréales. Je pense bien qu'on
commencerait plutôt avec cela.
M. Giasson: Le ministre a-t-il songé qu'il avait
déjà constaté, à l'intérieur du programme du
Parti québécois, la nécessité absolue que le
Québec s engage dans la fabrication de machineries de ferme? Le ministre
pense-t-il qu'il peut y avoir un rôle futur pour SOQUIA, par une
participation? Il ne s'agit pas, comme je l'avais indiqué dans le
discours de deuxième lecture, de demander à SOQUIA d'être
une entreprise qui suscite d'autres entreprises qui seraient entièrement
sa propriété, mais est-il possible de penser que SOQUIA pourrait
participer au capital-actions d'une entreprise qui pourrait enfin lancer la
réalisation d'un des éléments fort importants de la partie
agricole du programme de son parti?
M. Garon: SOQUIA pourrait le faire, mais il s'agit actuellement
de voir les possibilités avec des entreprises qui souhaiteraient la
participation de SOQUIA.
M. Dubois: Cela prendrait un autre I " à SOQUIA pour dire
industrielle et agro-alimentaire, parce que, si on s'en va vers la production
de machineries ou si on s'intègre dans cela...
M. Garon: Non.
M. Giasson: Je posais des questions au ministre.
Une Voix: On pourrait seulement mettre une lettre de plus et cela
ferait pareil, SOQUIA
M. Garon: Je pense que le mandat est assez large à
l'article 3.
M. Giasson: J'aurais une dernière question. Est-ce que le
carnet de commandes, de demandes présentement adressée à
SOQUIA est fort garni? Est-ce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui sollicitent
une collaboration ou une participation de capital-actions?
M. Garon: Actuellement, il y a un ensemble de demandes, mais le
caractère...
M. Giasson: Agro-alimentaire de chacune?
M. Garon: Non. Souvent, ce sont seulement des demandes de
renseignements. C'est simplement quelqu'un qui vient à la pêche,
qui veut avoir des renseignements, mais qui n'est pas décidé. Sur
une trentaine de demandes, des demandes qui ont un caractère...
M. Giasson: Sur trente demandes, combien > aurait-il de
demandes fermes, qu'on peut qualifier de demandes fermes?
M. Garon: Sept.
M. Giasson: Sept.
M. Garon: Des cas qui sont retenus pour étude. La personne
qui arrive ne demande pas comme tel à SOQUIA; elle dit: Dans mon cas,
j'ai un projet, j'ai quelque chose. Qu'est-ce que je peux faire par rapport
à cela? Selon ce que SOQUIA discute avec elle et selon le
résultat des discussions, la personne dit: D'accord, cela
m'intéresse ou cela ne m'intéresse pas.
M. Giasson: Ce seraient plutôt des gens qui veulent
développer et qui recherchent l'avis de SOQUIA pour un
développement dans tel champ d'activités données. C'est
plutôt cela la nature des demandes, si je comprends les explications que
le ministre vient de fournir.
M. Garon: Non. Parfois les gens disent: On peut faire une demande
à SOQUIA, on peut faire une demande à une banque, on peut faire
une demande à la SDI. Il y a différents endroits. Ils vont voir
à chaque endroit. Ils magasinent, si vous voulez. Après cela, ils
disent: Je vais faire mon choix après. Evidemment, au cours de
l'entrevue, cela paraît. Il y en a d'autres, par ailleurs, qui ont
été à différents endroits et qui se rendent compte
qu'en vertu du développement, c'est plutôt une aide de
participation au capital-actions, une aide qui correspond au rôle que
joue SOQUIA et, à ce moment, cela paraît aussi dans leurs
discussions avec SOQUIA qu'ils veulent pousser à bout leur projet
plutôt que de faire une demande rapide de renseignements. Cela
paraît dans l'entevue.
M. Giasson: Donc, si j'ai bien compris, présentement, il y
aurait sept demandes qui font l'objet d'études sérieuses de la
part de SOQUIA.
M. Garon: Sur une trentaine.
M. Giasson: Une trentaine, mais celles qui feraient l'objet
d'études vraiment poussées, ce seraient des demandes venant de
sept entreprises. De ces sept, les espoirs de passer à l'action ou
à la réalisation, quels sont-ils en moyenne?
M. Garon: II y en a qui sont sur mon bureau depuis peu. C'est
difficile à dire. La réponse ne dépend pas de SOQUIA, elle
dépend de l'interlocuteur.
M. Giasson: M. le Président, je serais prêt à
passer au débat, article par article.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais savoir si, dans les activités
futures de SOQUIA, vous avez l'intention de restreindre votre aide à
l'industrie privée ou si vous voulez aller aussi aider les
coopératives dans le développement agro-alimentaire.
Jusqu'à maintenant, ce furent en partie des investissements dans
l'industrie privée ou de l'aide à l'industrie privée.
M. Garon: Oui, mais il n'y a rien qui...
M. Dubois: Dans le cadre de la loi de SOQUIA, il faut y aller
largement d'un côté ou de l'autre, c'est ça?
M. Garon: Oui, mais il pourrait y avoir différentes formes
juridiques. Il n'y a rien qui empêche SOQUIA de participer à des
entreprises coopératives. Mais les formes juridiques pourraient
constituer des modalités.
M. Dubois: J'ai seulement une autre courte question. Est-ce que
vous avez l'intention d'inciter l'établissement de nouvelles usines de
transformation dans des domaines nouveaux comme la congélation? Est-ce
que SOQUIA a un caractère incitatif ou n'aide-t-elle que ceux qui le lui
demandent?
M. Garon: SOQUIA n'a pas un caractère incitatif,
c'et-à-dire que c'est de la participation sous forme... Elle a un
caractère incitatif en ce sens que si une entreprise veut
développer dans le congelé, par exemple, et qu'elle ne peut pas
faire de profits pendant une certaine période, un an, deux ans ou trois
ans, parce qu'elle s'implante, à ce moment-là, évidemment,
si elle va emprunter d'une institution financière habituelle, les
prêts peuvent recommencer assez rapidement, tandis qu'elle pourra trouver
à SOQUIA du capital-actions sur lequel elle n'aura pas de paiements
à faire. C'est là son rôle. Quand on dit: Une
société d'initiatives agro-alimentaires... Souvent, l'entreprise
qui démarre, ce dont elle a besoin, c'est d'un capital risque qui l'aide
à démarrer, et non pas de prêts qu'il lui faut commencer
à rembourser le lendemain matin.
Vous avez parlé de la congélation. Je vous ai
déjà indiqué que la congélation était un des
secteurs prioritaires pour lequel nous voulions faire quelque chose, mais les
partenaires susceptibles d'être associés à SOQUIA sont peu
nombreux, parce que c'est un secteur peu développé au
Québec.
M. Dubois: La raison pour laquelle je pose cette question, c'est
que j'ai déjà soulevé le cas d'ailleurs, on en a
parlé tout à l'heure des six ou sept grands de
l'alimentation au Québec, qui ont quand même 90% du marché
de détail. Ces gens pourraient être partenaires avec SOQUIA au
développement de la transformation, comme de toutes les
congélations et toutes les hydratations, ce qui nous manque
énormément au Québec. Mais je ne sais pas si SOQUIA irait
de l'avant pour inciter ces grandes chaînes à investir, pour que
la mise en marché existe immédiatement dès que l'usine
serait en fonctionnement.
M. Garon: Quand vous parlez d'entreprises comme celles-là,
elles n'ont pas besoin de SOQUIA. Si elles veulent occuper un tel champ, elles
ont la structure financière, elles ont les reins assez solides pour s'en
occuper par elles-mêmes.
M. Dubois: Oui, mais il ne semble pas qu'elles soient
intéressées à bouger dans le domaine de la
transformation.
M. Garon: Mais souvent, vous savez, c'est pour autre chose, pour
d'autres raisons. Les capitaux ne sont pas toujours la raison. Les capitaux
aident celui qui a des idées et des connaissances techniques, ou quelque
chose comme cela. Mais souvent, ce qui manque, c'est la connaissance technique
de produits nouveaux.
Par exemple, il y a certains types de production qu'on voudrait
développer au Québec. Ce qui manque, ce sont les interlocuteurs
pour les développer.
M. Dubois: Je pense qu'il pourrait être intéressant
de rencontrer à une table ronde ces gens-là, les six ou sept
secteurs de l'alimentation, et SOQUIA, de même que des gens qui ont les
connaissances technologiques dans la transformation, aussi bien que dans la
déshydratation et la congélation, et peut-être les inciter
à investir des fonds, parce qu'on sait que, tout de suite après,
la mise en marché existera. Le fait qu'une usine en serait
indépendante ne veut pas dire que les six ou sept grands seraient
intéressés à acheter le produit fait au Québec,
à ce moment-là.
S'ils sont actionnaires dans la compagnie, ils seront peut-être
intéressés à vendre au moins leurs marques et la
production à eux.
M. Garon: Non. C'est un rôle qui est joué par le
ministère de l'Agriculture, par le service de la mise en
marché.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Une dernière question. Est-ce que SOQUIA
aurait eu des demandes venant du secteur coopératif, dans le
passé ou présentement?
M. Garon: Depuis un an et demi, il n'y a pas eu vraiment de
demande de participation.
M. Picotte: D'accord.
Adoption des articles
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 1 serait
adopté?
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 2.
M. Garon: Si on l'élimine... Ce que je veux dire, c'est
que c'est une discussion qui a été conjointe. Prenons le cas de
Culinar, par exemple, Culinar est un mouvement coopératif, qui est
partenaire de SOQUIA.
M. Giasson: Je me récuse. Cette fois-ci, ce n'est pas
moi.
Le Président (M. Boucher): L'article 2 est-il
adopté?
M. Giasson: Attendez un peu.
Le Président (M. Boucher): Avez-vous un amendement, M. le
député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: D'accord, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3? M.
Picotte: II n'y a pas d'amendement.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Alors, le projet de loi no 7, Loi modifiant la loi constituant la
Société québécoise d'initiative agroalimentaire est
donc adopté. Je prie le rapporteur de la commission de faire rapport
à l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission. M.
le député de Maskinongé.
M. Picotte: En terminant, on pourrait remercier, je pense bien,
M. Normandin, M. le ministre, ainsi que ceux qui ont participé à
nos travaux et en souhaitant à tout le monde une courte bonne fin de
semaine.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Maskinongé. M. le député de
Huntingdon, est-ce que vous avez des...
M. Dubois: De même, je remercie M. le ministre pour ses
réponses précises ainsi que M. Normandin, et peut-être un
autre fonctionnaire qui est en arrière, et les membres de cette
commission également. Je pense que cela a été quand
même agréable de discuter de ce projet de loi. Je pense que le
ministre a l'intention d'arriver à quelque chose. On va lui pousser dans
le dos, et, un jour...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, pour un court
mot de la fin.
M. Garon: Je voudrais remercier M. Normandin, le président
de SOQUIA, d'être venu assister à la commission pour donner des
réponses plus précises aux questions qui sont venues des
différents députés qui sont membres de la commission
parlementaire de l'agriculture. Je voudrais remercier aussi les
députés des différents partis, les partis d'Opposition et
le parti ministériel, pour leur collaborateur à l'adoption de ces
articles ce matin. Je pense que ceux qui vont lire les débats de cette
commission parlementaire vont voir que toutes les délibérations
sont faites dans un caractère très positif et que tous les
députés qui ne sont pas très nombreux qui
participent à l'agriculture veulent vraiment le développement de
l'agriculture au Québec.
M. Picotte: Cela va bien depuis un bout de temps avec vos lois
agricoles. Ce serait peut-être le temps de présenter votre projet
de zonage.
M. Garon: Je veux vous garder comme cela.
Le Président (M. Boucher): La commission de l'agriculture
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 15)