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Etude du projet de loi no 90
(Quinze heures)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Verreault: Je regrette, M. le Président, il faut
attendre le porte-parole du parti.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, nous avons quorum.
M. Garon: Allez donc le chercher.
M. Verreault: Je regrette infiniment, c'est lui qui a le dossier.
Jusqu'à maintenant, nous avons attendu le ministre, nous avons attendu
plusieurs députés ministériels. Je ne vois pas pourquoi
nous n'attendrions pas quelques minutes encore.
M. Garon: On se demande s'il n'a pas eu un accident.
Le Président (M. Boucher): Nous sommes déjà
trente minutes en retard.
Une Voix: Nous avons déjà commencé sans le
ministre.
M. Baril: II n'y a aucun député ministériel
qui a retardé la commission à cause de sa non-présence.
Nous avons toujours eu quorum. Le ministre également a toujours
été des plus présents. Quand il n'était pas assis
à son fauteuil, il était debout en arrière, à
parler à ses conseillers.
Le Président (M. Boucher): En vertu du règlement,
lorsque la commission a quorum, nous pouvons commencer.
M. Garon: C'est cela.
M. Verreault: M. le Président, je ne suis pas tout
à fait d'accord. S'il le faut, nous allons soulever des questions de
règlement.
M. Dubois: M. le Président, je suis d'accord pour que nous
commencions immédiatement.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Huntingdon.
La commission de l'agriculture est réunie pour étudier
article par article le projet de loi no 90, Loi sur la protection du territoire
agricole.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Ouellette
(Beauce-Nord) remplace M. Gagnon (Champlain), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt (Saint-François), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-
Jean) remplacé par M. Marcoux (Rimouski), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue)
remplacé par M. Lavoie (Laval), M. Mercier (Berthier), M. Picotte
(Maskinongé) remplacé par M. Lalonde.
M. Giasson: Non, nous gardons M. Picotte.
Le Président (M. Boucher): Vous gardez M. Picotte. M.
Picotte (Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Commission de protection du territoire agricole du
Québec (suite)
A l'ajournement d'hier soir, nous en étions toujours à
l'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys visant à
ajouter à l'alinéa d) de l'article 3 et à l'alinéa
e) un nouvel alinéa qui se lirait comme suit: "e) De créer, par
règlement, des conseils consultatifs régionaux
bénévoles de protection du territoire agricole pour les
régions qu'elle fixe, déterminer leur composition, leurs
fonctions, devoirs et pouvoirs et modalités d'administration de leurs
affaires".
Est-ce que nous en étions au vote?
M. Verreault: Non.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, il me semble bien que le
ministre de l'Agriculture a fait son lit, qu'il ne veut pas de douze
commissions régionales, qu'il ne veut pas prendre en
considération l'amendement ou le sous-amendement proposé par le
député de Rimouski, amendement très réaliste. Je ne
veux pas perdre plus de temps sur l'article 3 et je pense qu'il est temps qu'on
procède et qu'on passe à d'autres articles si on veut, mercredi
soir, avoir vu le projet de loi jusqu'au bout. C'est regrettable que le
ministre ne veuille céder un pouce au sujet des pouvoirs et des services
régionaux, c'est très malheureux.
Aussi, je peux évoquer un manque de sérieux de la part des
membres du gouvernement, des membres de cette commission qui siègent
devant nous. Je pense qu'ils ne réalisent pas quand même le besoin
d'avoir des commissions régionales, ou ils ne veulent pas le
réaliser. Je pense que c'est un manque d'objectivité
évident mais, de toute façon, le ministre ne veut pas de douze
commissions régionales. Il ne veut même pas penser à
d'autres formules qu'une commission qui siégera à Québec,
une régie d'Etat. Si c'est son désir, qu'on le laisse avec son
désir et il en subira les conséquences lui-même.
M. le Président, je suis prêt à procéder au
vote sur l'amendement et qu'on en finisse avec l'article 3. Je ne dirai pas
d'autres mots que ceux-là, parce que je vais me choquer.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Huntingdon.
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, très
brièvement, étant donné que les membres de la commission,
par le vote qui a été pris hier, ont décidé de ne
pas retenir la possibilité de décentraliser l'application de la
loi 90 par la création de commissions régionales, j'aurais
pensé tout au moins que le ministre accepterait d'inclure dans sa loi la
constitution de comités consultatifs formés de gens du milieu qui
auraient accepté de travailler de façon bénévole
à l'intérieur des activités d'une consultation populaire,
d'un forum populaire, et qui auraient pu certainement rendre service à
la commission provinciale, c'est indéniable.
J'aurais cru également qu'une motion dans le sens sauf si
on exclut le mot "bénévoles" motion qui avait
été proposée par son collègue, le
député de Rimouski, aurait pu retenir son attention et faire en
sorte que le ministre comprenne qu'il y a place pour une dimension
régionale dans l'application de cette loi. D'accord, la motion du
député de Rimouski, comme celle du député de
Marguerite-Bourgeoys qui fait l'objet du présent débat, ne
donnait pas de pouvoirs décisionnels aux comités consultatifs,
mais leur permettait tout au moins de jouer un rôle qui est essentiel.
C'est un rôle tellement essentiel qu'en quatre ou cinq occasions le
ministre nous avait indiqué qu'il croyait nécessaire de tenir une
espèce de forum populaire où les gens de la base, les gens venant
de tous les comtés et de toutes les régions pourraient faire
entendre leurs voix, pourraient apporter des suggestions qui auraient
été fort utiles dans certains cas peut-être pas dans
tous les cas, je le concède.
Il m'apparaît que le ministre manque une fort belle occasion de
créer par sa loi un outil qui ne coûterait pas un cent et qui
permettrait d'atteindre une des fins qu'il recherche, c'est-à-dire la
tenue d'activités, de rencontres, de réunions où les gens
de la base auraient pu faire entendre, au comité consultatif, leurs voix
et apporter une contribution valable en cours de route, à certains
moments, pour une meilleure exécution des décisions que la
commission doit rendre. Si la commission rend des décisions qui sont
impopulaires, qui font mal à des gens et qu'on n'a pas donné
l'occasion à ces gens de dialoguer au niveau d'un conseil consultatif,
la réaction va être plus radicale, plus dure.
On sait fort bien que si l'on permet à des gens de se faire
entendre, d'entendre d'autres sons de cloche, avant qu'une demande soit rendue
à la commission, ce sera beaucoup plus facile pour ces gens de
comprendre les réactions de la commission provinciale et les
décisions qu'elle doit rendre.
Sur ce, M. le Président, je ne veux pas prolonger davantage mon
droit de parole sur l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys. S'il n'y a pas d'autres intervenants, à vous de
décider de la disposition de cette motion.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: M. le Président, je crois que tout a
été dit sur la motion qui a été
présentée par le député de Marguerite-Bourgeoys.
Evidemment, nous avons pris la journée d'hier à essayer de faire
comprendre au côté ministériel, au côté
péquiste, le bien-fondé de la motion de mon collègue de
Montmagny-L'Islet. Elle était peut-être plus avancée que la
motion qui a d'abord été suggérée par le
député de Rimouski. Cette motion sur laquelle nous devons parler
a été amendée par le député de
Marguerite-Bourgeoys. D'un conseil régional, l'amendement qui a
été proposé par le député de
Marguerite-Bourgeoys a restreint à une consultation
bénévole au niveau des régions. Evidemment, le
député de Marguerite-Bourgeoys, le proposeur hier, a longuement
énuméré tous les avantages de cette motion. Les intentions
du député de Rimouski, qui a présenté cette motion,
étaient sûrement nobles. Nous avons cru bon de l'amender, parce
qu'elle n'était pas recevable. Dans les circonstances, le
député de Marguerite-Bourgeoys avec quelques corrections, a
reformulé la demande du député de Rimouski, que nous
croyons maintenant apte à être acceptée d'emblée de
la part de tous les membres de cette commission.
La loi 90 qui régit le territoire agricole au Québec est
une loi-cadre qui a une importance capitale. Nous avons gelé, depuis le
9 novembre dernier, une partie du territoire du Québec comme territoire
agricole. Il est évident que nous aurons éventuellement à
ajouter d'autres territoires au territoire actuel. La suggestion
première faite par le député de Rimouski, qui,
lui-même, n'est pas inclus dans cette zone, a été faite
d'une manière très sincère. C'est pour cela que je
considère que nous devrions, et particulièrement le ministre,
ainsi que son ministère, reconsidérer ces points. Nos
espérances semblent assez perdues maintenant, parce que le ministre a
catégoriquement affirmé hier, lors d'une séance de cette
commission, qu'il refusait cet amendement, cette motion d'amendement même
si elle avait été suggérée par le
député de Rimouski, un de ses collègues.
Pour ma part, je n'ai pas l'intention de prendre tout le temps qui m'est
alloué pour essayer de faire comprendre davantage le bien-fondé
de cette motion. Il n'en reste pas moins que les commissions régionales,
ainsi que les commissions consultatives qui ont été
proposées répondent à un désir exprimé par
toutes les personnes qui sont venues témoigner ici à cette
commission.
Les avantages qui découlent de ces deux suggestions, la
première sur les conseils régionaux et la deuxième sur les
conseils consultatifs, sont multiples; nous les avons déjà
énumérés lors de la motion présentée par le
député de Montmagny-L Islet. Il n'est pas nécessaire de
les répéter, de réitérer nos mêmes demandes.
J'en conclus et c est là le malheur, évidemment, ou le
désavantage que la volonté exprimée par les gens
qui
se sont présentés ici, qui ont présenté les
mémoires, qui ont pris le temps de les rédiger et de venir
répondre à nos questions, ne sera pas respectée.
Tout comme le député de Huntingdon le disait tout à
l'heure, le ministre aura à répondre de ses gestes; nous n'avons
pas à le juger. Je crois que I Opposition du Parti libéral a
voulu démontrer qu'il était avantageux, suite à la
consultation qui avait été faite par les gens qui ont
témoigné ici, de créer ces commissions régionales
ou encore de créer ces conseils consultatifs régionaux. Je n'irai
pas plus loin; nous allons essayer de procéder à l'étude
des articles qui suivront, mais c'est à regret. Nous le faisons parce
que le projet de loi gèle le territoire depuis le 9 novembre dernier et
crée actuellement des malaises au niveau des corporations municipales
dans toutes les régions concernées. Il crée
également des malaises au niveau des bureaux de notaires qui ne peuvent
rien décider pour le moment, faute d'amendements précis aux
articles de ce projet de loi et faute d'une distribution, telle que
demandée par l'Opposition, des règlements qui concernent le
projet de loi 90. Je me vois maintenant dans I obligation, malgré toute
l'insistance que nous y avons mise, de m'incliner devant cette commission qui
est majoritaire.
Je ne sais pas si mon collègue d'Orford aura quelques mots
supplémentaires à ajouter, mais I article 3 est un article
très important qui a une portée capitale sur tous les autres
articles. Je ne voudrais pas justifier le travail acharné que nous avons
mis à cet article par des amendements proposés, par des motions,
mais je sais que toutes les implications que comporte l'article 3 ont des
répercussions sur les 110 autres articles. Nous allons quand même
avoir d'autres motions secondaires à chacun des articles qui vont suivre
et mon collègue de Huntingdon en a également qui ont pour but de
bonifier cette loi. Quand on parle de bonifier cette loi, je crois que,
principalement, nous aurions dû et j'espère que le
ministre, même s'il a les yeux fermés ou semble dormir,
écoute ce que je dis accepter ou être compatissant aux
demandes générales qui ont été formulées et
consentir quelques petits correctifs à l'article 3 en acceptant les
motions et les amendements que nous avons proposés.
M. le Président, commencer à revoir l'article 3
immédiatement après la motion que nous discutons ne semble pas
nécessaire et le ministre, pour sa part, n'a également aucun
amendement à apporter. En ce qui me concerne, je crois que nous pouvons
accélérer en ce qui a trait à l'article 3. (15 h 15)
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Shefford. Est-ce que nous sommes prêts à
passer au vote? M. Baril, Arthabaska.
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour,
Iberville.
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois, Huntingdon.
M. Dubois: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Ouellette, Beauce-Nord.
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon, Lévis.
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson,
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Non.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt,
Saint-François.
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy, Beauce-Sud. M.
Vaillancourt, Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Boucher): La motion est rejetée
par six contre deux. Revenons à l'article 3. Est-ce que nous sommes
prêts à passer au vote sur l'article 3?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que cet article sera
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. M. Giasson:
M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... je crois qu'avant de passer à I adoption
de l'article 3, vous devriez mettre aux voix l'amendement global que j'ai
proposé en remplacement de l'article 3 parce que nous venons de disposer
au vote...
Le Président (M. Boucher): II a été
rejeté, M. le député de Montmagny-L'Islet. Votre motion
d'amendement a été rejetée hier.
M. Chevrette: Ce n'est pas un amendement qu'on vient de battre
d'abord.
Le Président (M. Boucher): C'est un amendement qu'on vient
de battre.
M. Chevrette: Ah! J'avais la même impression.
M. Giasson: Oui, mais l'amendement que nous venons de mettre aux
voix, le sous-amendement que nous venons de mettre aux voix est le
sous-amendement qui a été apporté à mon amendement
principal.
Des Voix: Non.
M. Garon: Non, on l'a battu hier.
M. Giasson: Est-ce qu'on n'a pas ajouté comme e)...
Le Président (M. Boucher): Si je comprends bien, M. le
député de Montmagny-L'Islet, nous avions voté sur votre
amendement. Il a été rejeté. Par la suite, il y a eu un
autre amendement qui est celui du député de Rimouski qui a
été rejeté et, après cela, celui du
député de Marguerite-Bourgeoys qui vient d'être
rejeté.
M. Marcoux: L'amendement du député de Rimouski n'a
jamais été rejeté, il n'a pas été
reçu.
Le Président (M. Boucher): Qui n'a pas été
reçu. D'accord, M. le député de Rimouski.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Une question de règlement. Est-ce que je suis inscrit, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Kamouraska-Témiscouata et vous avez voté.
M. Giasson: En votre absence.
Le Président (M. Boucher): Vous avez voté
contre.
M. Giasson: En son absence, il n'était pas là.
Le Président (M. Boucher): II était là.
M. Giasson: Quand vous avez appelé les voix, il
n'était pas arrivé.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je m'excuse, j'étais ici.
Le Président (M. Boucher): II était là. Je
l'ai appelé, il a voté, j'ai inscrit son vote. Merci.
M. Vaillancourt (Orford): II ne pouvait pas être là,
il demande s'il était membre de la commission.
Le Président (M. Boucher): Je ne marque pas des croix pour
les votes pour rien.
M. Vaillancourt (Orford): On ne fera pas de débat
là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Article 3, adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté, sur division.
Article 4?
M. Giasson: A l'article 4, M. le Président... Le
Président (M. Boucher): M. le ministre. M. Garon: Sur
l'article A...
M. Giasson: Est-ce que M. le ministre a des amendements à
déposer à l'article 4?
M. Garon: Non. Je n'ai pas d'amendement. La commission est
composée d'au plus sept membres. Je peux vous dire que ce n'est pas dans
mon intention qu'il y ait sept membres en commençant. On pense
plutôt à une commission de cinq membres. S il y avait besoin de
personnel additionnel... Dans plusieurs régies, il va pouvoir y avoir au
plus tant de personnes, mais on ne comble pas nécessairement tous les
postes. Un président, deux vice-présidents et quatre commissaires
nommés par le gouvernement pour une période d'au plus cinq ans.
Une fois déterminée, la durée de leur mandat ne peut
être réduite. Le gouvernement fixe le traitement et, s'il y a
lieu, le traitement additionnel, les allocations ou les honoraires des membres
de la commission. Un membre demeure en fonction à I expiration de son
mandat jusqu'à ce qu'il soit nommé de nouveau ou remplacé.
Le président et les vice-présidents de la commission exercent
leurs fonctions à temps plein.
Cela ne veut pas dire que les autres ne les exercent pas à temps
plein, mais le président et les vice-présidents vont être
à temps plein.
M. Giasson: M. le Président, je crois comprendre
que...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... le ministre a mis fin à ses commentaires
sur le contenu de l'article 4. Avant de prendre la parole sur le libellé
tel que nous le soumet la loi, j'aurais un amendement à proposer
à l'article 4. Mon amendement se lirait comme suit: "Que l'article 4
soit amendé en remplaçant tous les mots des deuxième,
troisième et quatrième lignes du premier alinéa par les
mots suivants, c'est-à-dire qu'après la première ligne ...
d'au plus sept membres se répartissant comme suit: "a) deux
représentants dont l'un vient de l'Union des municipalités du
Québec (UMQ), l'autre de l'Union des conseils de comté du
Québec (UCCQ);
"b) deux représentants de l'Union des producteurs agricoles du
Québec (UPA); "c) deux fonctionnaires nommés par le ministre; "d)
un juge nommé par le gouvernement et qui agit à titre de
président. "Deux vice-présidents nommés par le
gouvernement sont choisis de la façon suivante: un parmi les
représentants cités au sous-paragraphe a) qui touche les
représentants des municipalités et un autre parmi ceux
cités au sous-paragraphe b). Le président et les
vice-présidents sont nommés pour une période d'au plus
cinq ans. Une fois déterminée, la durée de leur mandat ne
peut être réduite."
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. Avez-vous des copies de votre
amendement?
M. Giasson: Je n'ai pas de copies malheureusement. Excusez, j'en
ai ici.
Le Président (M. Boucher): Merci. Alors l'amendement du
député de Montmagny-L'Islet demandant que l'article 4 soit
amendé en remplaçant tous les mots des deuxième,
troisième et quatrième lignes du premier alinéa par les
mots suivants: " ... se répartissant comme suit: "a) deux
représentants dont l'un vient de l'Union des municipalités du
Québec; l'autre de l'Union des conseils de comté du Québec
(UCCQ); "b) deux représentants de l'Union des producteurs agricoles du
Québec (UPA); "c) deux fonctionnaires nommés par le ministre; "d)
un juge nommé par le gouvernement et qui agit à titre de
président. "Deux vice-présidents nommés par le
gouvernement sont choisis de la façon suivante: un parmi les
représentants cités au sous-paragraphe a) et un autre parmi ceux
cités au sous-paragraphe b). Le président et les
vice-présidents sont nommés pour une période d'au plus
cinq ans. Une fois déterminée, la durée de leur mandat ne
peut être réduite."
M. Giasson: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Boucher): Sur la recevabilité, M.
le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Tel que libellé, l'amendement que je viens de
déposer n'engage pas de sommes d'argent au-delà des engagements
que l'article 4, tel que rédigé dans la loi, pourrait en engager;
donc, il ne s'agit pas d'une addition de dépenses ou d'engagements
financiers par rapport au contenu de l'article 4 tel qu'on le retrouve dans la
loi.
Il m'apparaît, M. le Président, que l'amendement que je
dépose va exactement dans le sens des préoccupations et des
intérêts qui ont été manifestés par les gens
qui ont comparu devant cette commission puisque les gens représentant
ies municipalités ont manifesté un désir évident et
fort bien marqué d'avoir une présence au sein de la commission
provinciale.
Il faut se rappeler également que l'UPA ainsi que les
fédérations affiliées ont indiqué qu'elles
souhaitaient ardemment une présence de l'UPA au sein de la commission
que le ministre devra créer. Dans ce contexte, je crois qu'il est de
mise que nous puissions faire accepter par le ministre le principe à
savoir bien vouloir constituer sa commission à partir du desiderata qui
a été manifesté par les groupes que je qualifierais
peut-être de parfaitement représentatifs en nombre de personnes et
de membres représentés lorsqu'ils sont venus devant nous.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, si vous voulez continuer à parler sur le fond,
allez-y, étant donné que l'amendement est recevable et que je le
reçois.
M. Giasson: Merci, M. le Président.
Si j'ai déposé cet amendement, M. le Président,
c'est qu'il m'apparaît que la commission créée par la
présente loi va devoir assumer un rôle fort important au
Québec; fort important parce qu'en définitive, selon tout le
contenu de cette loi, il devient assez évident que les décisions
rendues par la commission provinciale vont être des décisions
quasi définitives. La possibilité d'appel n'apparaissant pas de
façon fort explicite dans cette loi, les membres qui vont siéger
à la commission de protection du territoire agricole vont avoir une
tâche, une responsabilité assez lourde. C'est pour cela d'ailleurs
que je crois qu'elle doit être constituée avec grand soin. Je n'ai
pas de crainte que le ministre va examiner sérieusement les candidatures
qui déjà ont pu s'offrir parce qu'il est naturel de
présumer que déjà, des personnes se sentant
qualifiées et clouées dans le domaine agricole, surtout et plus
particulièrement dans le secteur des sols, aient pu offrir leurs
services.
Il y a également les demandes qui ont été
formulées, comme je le disais il y a quelques moments, par des
organismes qui sont venus devant nous. Il faut comprendre la raison des
demandes qui ont été exprimées. Lorsqu'on pense à
toute la situation nouvelle que vont connaître les municipalités
du Québec, qui a été assez bien étayée
devant nous par l'Union des conseils de comté du Québec, l'Union
des municipalités et par d'autres municipalités, il devenait fort
évident, au fur et à mesure que nos travaux progressaient, que
les municipalités de la province de Québec qui sont à
l'intérieur de la zone provisoire retenue allaient subir les
conséquences de la mise en application de la Loi de la protection du
territoire agricole. C'est à partir de cette réalité
nouvelle qui n'existait pas avant que cette loi soit déposée le 9
novembre, que les représentants des municipalités du
Québec ont commencé à examiner les conséquences
pratiques qui pouvaient en découler à l'intérieur de la
plupart des municipalités.
Il est évident que toutes les municipalités ne sont pas
touchées de la même manière. Vous avez
les villes qui, au départ, paraissent plus touchées par la
loi 90, et ce, depuis le 9 novembre. Il est facile, à partir de
l'étude menée par les municipalités qui se sont senties
nettement touchées ou impliquées par le dépôt de la
loi 90... Ces gens-là se sont penchés sur la situation nouvelle
qui leur était faite, ont décidé de faire l'examen, avec
la plus grande rigueur, de tous les articles que nous retrouvons à
l'intérieur de cette loi et ont pu, à partir de cette
étude et de cette recherche, commencer à évaluer quels
seraient les impacts, quels seraient les cheminements nouveaux qui devraient
être suivis par les municipalités, dans leur administration
interne de tous les jours et dans leurs projets d'expansion et de
développement, dans la capacité de créer des services
nouveaux dans des quartiers en voie de développement ou dans des
quartiers projetant un développement très prochain ou à
moyen terme.
Devant tous les faits nouveaux qui vont découler de l'application
de la loi, il était dans l'ordre logique des choses que les
municipalités viennent devant la commission parlementaire, fassent des
exposés et surtout une démonstration de la manière que la
loi 90 pouvait les affecter dans l'administration de chaque jour. Lorsqu'on
songe à des municipalités qui avaient décidé, sans
en avoir nécessairement les pouvoirs par le Code municipal ou la Loi des
cités et villes, mais qui avaient décidé, à cause
de l'expression d'une volonté de la base à l'intérieur de
leurs territoires, de procéder à l'aménagement du
territoire qu'on retrouve à l'intérieur des dites
municipalités... Ces gens-là n'avaient pas les pleins pouvoirs
pour zoner agricole puisque la Loi des cités et villes permet du zonage
à des fins de développement domiciliaire, à des fins de
développement industriel ou commercial, mais ne donne pas de pouvoirs
réels en matière d'aménagement agricole à
l'intérieur des limites d'une municipalité. Il en est de
même pour un des articles du Code municipal qui donne certains pouvoirs
aux municipalités rurales de procéder à de
l'aménagement, mais cet article ne fait pas mention, de manière
précise, de la capacité qu'auraient des municipalités
rurales, à l'intérieur du Code municipal, de procéder
à de l'aménagement agricole.
Le Code municipal permet à des municipalités rurales de
faire du zonage pour à peu près les mêmes fins que celles
permises aux villes par la Loi des cités et villes. M. le
Président, est-ce qu'on continue un bout de temps?
Le Président (M. Boucher): II y a vote à
l'Assemblée nationale. Nous devons suspendre jusqu'après le
vote.
La commission suspend ses travaux.
Suspension de la séance à 15 h 30
Reprise de la séance à 16 h 6
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Lors de la suspension pour le vote à l'Assemblée
nationale, la parole était au député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Effectivement, au
moment où la cloche a sonné nous appelant à
l'Assemblée nationale, j'étais à soutenir la motion
d'amendement que j'ai déposée au début de la séance
cet après-midi. Je crois que, lors de l'arrêt des travaux,
j'étais à rappeler de quelle manière les
municipalités du Québec peut-être pas toutes celles
qu on retrouve à l'intérieur de la zone verte,
c'est-à-dire de l'aire retenue sur une base provisoire la plupart
de ces municipalités se sont senties touchées par le
dépôt de ce projet de loi en date du 9 novembre dernier parce
qu'à toutes fins utiles le décret établissait une forme de
gel, c'est-à-dire qu'il interdisait beaucoup d'activités qui
pouvaient se mener habituellement à l'intérieur des
municipalités.
Il y avait c'est vrai quelques droits acquis dont la loi
faisait mention, mais au-delà de cela, il y avait une espèce de
paralysie sur des transactions de lotissement qui ne pouvaient plus se faire
parce que les municipalités, dans beaucoup de cas de la vie de chaque
jour, ne pouvaient plus procéder à l'émission de permis
comme cela se fait habituellement. Les municipalités, sachant qu'avec
l'application de la loi 90 elles devront vivre dans une situation qui va
être un peu nouvelle, tout au moins différente de celle qui avait
prévalu traditionnellement, ont fort bien indiqué à la
commission parlementaire et au ministre le besoin d une présence. Elles
l'ont indiqué d'une façon tellement marquée qu'elles ont
suggéré, dans un premier temps, au niveau de quelques
mémoires, qu'elles voulaient une commission formée de
représentants désignés presque exclusivement par les
municipalités.
Je ne veux pas mettre en doute la capacité qu ont ces élus
municipaux qui ont été choisis par une population de jouer un
rôle utile dans l'aménagement du territoire de leur
municipalité ou de leur ville, mais nous savons fort bien, nous savons
tous que, dans une ville ou une municipalité, I économie agricole
n'est pas la seule activité qui préoccupe ceux qui ont la
responsabilité de lad-ministration; nous savons tous qu'il y a d'autres
secteurs à développer et à aménager à
l'intérieur d'une municipalité et, même si la demande de
l'Union des municipalités, de l'Union des conseils de comté
partait d'un bon naturel, partait d un sujet de préoccupation qui est
constant chez les élus municipaux, pour un, je verrais mal et je
ne veux pas diminuer ou douter par mes propos de la capacité qu'ont ces
élus qu'on confie une commission uniquement à des
représentants désignés par les municipalités pour
les raisons que nous savons tous.
II peut se produire à certains endroits je ne dis pas que
ce serait cela effectivement que des besoins de développement,
des besoins d'expansion empiètent ou prennent le dessus sur le principe
fondamental de la loi, soit celui de protéger les meilleures terres
agricoles. C'est à partir de cette vision des choses que j'ai cru, dans
mon amendement, devoir réserver une place beaucoup plus limité
aux municipalités, aux conseils de comté que celle qui
était réclamée par les personnes qui se sont
présentées devant la commission.
J'ai limité dans la constitution de la commission par
l'amendement déposé, j'ai concédé une
possibilité de présence municipale par l'acceptation du principe
que deux commissaires soient nommés après désignation ou
suggestion venant et de l'Union des conseils de comté et de l'Union des
municipalités. Il ne s'agirait pas encore d'avoir des gens
imposés par ces deux organismes, mais que ces organismes
suggèrent des noms de personnes qui seraient là au nom de chacun
des organismes, quitte à ce que le ministre puisse faire un choix dans
la liste des noms proposés par les deux représentants des
municipalités.
Il m'apparaît également fort important que la commission
soit constituée de personnes qui viennent du milieu agricole. Quand je
dis du milieu agricole, là encore je crois qu'il faut respecter une
dimension, soit celle qui accepte le principe que l'association
accréditée qui représente le plus largement
présentement les cultivateurs au Québec, quelle que soit la
présence d'autres groupes, cette association accréditée
qui représente certainement le plus largement les agriculteurs au
Québec, c'est l'UPA. Il y a, bien sûr, d'autres organismes; il y a
la Coopérative fédérée, qui a à peu
près autant de membres que l'UPA. Vous avez les
fédérations de producteurs de spécialités. Je pense
au lait nature qui regroupe passablement de producteurs, mais au-delà de
tout cela, si on examine la réalité, je crois que c'est l'UPA qui
doit avoir le droit de siéger, qui est la représentation la plus
large des agriculteurs du Québec puisqu'elle couvre tout le champ du
syndicalisme à vocation générale et qu'au-delà de
cette dimension du syndicalisme à vocation générale, elle
compte parmi ses membres des fédérations de producteurs
spécialisés, enfin, toutes les structures que nous connaissons
à l'UPA en 1978.
J'avais même, M. le Président, je le signale, pensé
donner une place plus large à des suggestions de personnes possibles
venant de l'UPA, mais, d'un autre côté, si on donne une place
encore plus large à l'UPA, on laisse moins d'espace pour la
désignation de personnes, qui seraient le choix du ministre
lui-même, à l'intérieur de fonctionnaires de son
ministère ou de personnes qu'il a le droit de choisir personnellement.
Cela demeure l'une des responsabilités du ministre. Donc, j'ai
laissé dans mon amendement seulement une représentation de deux
personnes venant sur suggestion ou recommandation de l'UPA.
Quand on sait qu'en général les deux per- sonnes, les deux
fonctionnaires, quelle que soit l'appellation qu'on donne à ces
personnes qui sont désignées par le ministre, quand on sait que,
normalement, le ministre va faire en sorte que le choix, son choix personnel
sur deux fonctionnaires ou deux personnes désignées par lui... il
est facile de comprendre que le ministre va d'abord choisir des personnes dont
le premier sujet de préoccupation sera vraiment l'agriculture, la
protection du bon sol, la protection des bonnes terres au Québec. Cela
nous fait une constitution composée de deux personnes
désignées ou suggérées par les deux
représentations municipales, de deux personnes nommées par l'UPA,
donc des gens qui, croyons-nous, vont avoir une préoccupation d'abord
agricole, de deux personnes désignées par le ministre; encore une
préoccupation toute première du côté de
l'agriculture, ou même, ce que l'on pourrait appeler, un
préjugé. Ces personnes pourraient avoir un préjugé
favorable à l'agriculture et à la protection des terres.
Vous auriez deux personnes qui représenteraient
l'élément municipal et quatre personnes qui, à toutes fins
utiles, auraient une vision d'abord agricole de tout ce qui est
aménagement à l'intérieur de la zone provisoire qui, on le
sait, va être étendue suivant le dépôt de la loi du 9
novembre. Ces quatre personnes vont avoir le dernier mot à dire dans la
retenue de ce que seront les zones agricoles permanentes du Québec
lorsque les municipalités auront décidé de soumettre leurs
suggestions à la commission de contrôle du territoire
agricole.
Pour chapeauter tout cela, étant donné les autres aspects
auxquels les intervenants à cette commission ont fait allusion,
c'est-à-dire la possibilité d'un véritable droit d'appel,
tel qu'on l'entend depuis toujours à l'intérieur de nos
structures, pour compléter cette commission provinciale, il
m'apparaît fondé de proposer dans l'amendement qu'un juge
nommé par le gouvernement, encore une fois, soit là pour agir
à titre de président. Il est loisible de croire que ce juge,
choisi par le gouvernement et le ministre de l'Agriculture, qui a encore son
mot à dire de ce côté, pourra avoir également un
préjugé favorable à la protection la plus complète
des sols au Québec, ce qui, selon mon amendement, constituerait une
représentation fort équitable pour l'ensemble des organismes qui
représentent le plus largement les secteurs qui sont touchés par
la loi de protection. Il y a une présence très forte de gens qui
ont d'abord des intérêts agricoles. (16 h 15)
Cela se complète par deux représentants venant des
municipalités qui peuvent également avoir d'autres soucis que
celui de l'agriculture. La présence d'un juge nommé par le
gouvernement pour présider une telle commission viendrait
peut-être compléter cette absence de véritable droit
d'appel. Un juge, par sa formation juridique, par ses connaissances de tout le
système juridique au Québec, sera en mesure de présider
avec avantage une telle commission, sera en mesure d'indiquer ou de
suggérer aux six autres membres de
la commission les technicités juridiques sur des questions qui
seraient soumises à la commission provinciale. Cela nous assurerait, M.
le Président, un meilleur équilibre dans certaines
décisions qui il est facile de le concevoir seront assez
difficiles à rendre. La présence d'un homme de loi qui a une
large formation du secteur judiciaire, du monde juridique permettrait
peut-être pas ce qu'on recherche comme droit d'appel, mais, tout au moins
d'atteindre une partie des fins qui font le sujet de nos préoccupations
de ce côté-là.
L'article 4 de la loi propose deux vice-présidents qui viennent
appuyer le président de la commission. Là encore, on pourrait
atteindre un équilibre qui serait fort intéressant en choisissant
un des vice-présidents parmi les deux personnes désignées
par les organismes municipaux que j'ai mentionnés au paragraphe a) de
l'article 4, tel que je l'ai déposé. Un autre pourrait être
choisi parmi les personnes qui sont désignées par l'UPA pour le
cas des deux personnes et par le ministre pour le cas des deux fonctionnaires.
Ce serait la constitution d'une commisssion permanente qui, sans respecter
toutes les demandes qui ont été formulées ici, ferait une
espèce de consensus sur l'ensemble de la recherche qui a
été menée par les organismes qui sont venus devant nous,
Cela nous garantirait que les problèmes découlant du
fonctionnement de la commission provinciale ne seraient pas strictement vus en
fonction d'une préoccupation essentiellement agricole, sans tenir compte
d'autres difficultés ou d'autres problèmes qui pourraient
découler de l'application de la loi. Cela laisserait au moins une voix
à des représentants municipaux qui pourraient faire comprendre,
sur certains dossiers, à certains moments, aux quatre autres membres de
la commission représentant largement et véritablement le secteur
agricole, des aspects ou des difficultés que vivent certaines
municipalités à la suite de décisions qui auraient
été rendues par la commission lorsqu'il s'agira de retenir la
zone agricole permanente ou encore lorsqu'il s'agira d'examiner une multitude
de demandes venant des municipalités après que la zone permanente
aura été établie. On ne sait pas quand, cela peut
être dans deux ans, trois ans, cinq ans, on le saura exactement lorsque
la loi sera en vigueur. Cela permettrait à ces représentants des
municipalités de faire connaître des aspects ou des dimensions de
problèmes que certaines municipalités connaissent face aux
besoins d'expansion, que ce soit pour des fins résidentielles ou
d'autres fins qu'on retrouve à l'intérieur des
municipalités.
M. le Président, je ne voudrais pas prolonger indéfiniment
mon intervention. Je crois que le libellé de mon amendement est assez
précis. Il parle de lui-même. Il s'explique fort bien. Je ne dis
pas qu'il s'agit là de la structure la plus parfaite qui soit, mais j'ai
fait un examen de toutes les demandes qui ont été
déposées devant nous. Comme consensus possible pour constituer
une commission permanente de contrôle, l'indication que je peux donner
par l'amendement déposé à l'endroit de l'article 4 de la
loi me semble assez bien. Ceci ferait en sorte que la base, que les
régions, que les organismes les plus importants au Québec soient
représentés, aient une place à l'intérieur de la
commission, mais tout en gardant je le répète encore une
fois une dimension nettement agricole chez les personnes qui auront
été choisies pour constituer la commission provinciale.
M. le Président, comme je viens de l'indiquer, je ne poursuis pas
davantage les commentaires sur l'amendement que j'ai déposé et je
présume que le ministre va se donner au moins la peine de l'examiner
sérieusement. Je ne sais pas s'il pourra l'accepter. Cela devient son
choix, somme toute; cela devient un peu le choix de la commission lorsque vous
mettrez cet amendement aux voix. De toute manière, je pense
sincèrement qu'une commission constituée avec des personnes
venant des organismes qui sont mentionnés dans l'amendement
représente un consensus fort acceptable à l'endroit de toutes les
personnes qui sont venues devant notre commission parlementaire. Merci, M. le
Président.
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, je ne voterai pas en faveur de
cet amendement, non pas parce qu'il n'y a pas de bonnes idées
là-dedans nous avons réfléchi longuement à
la composition de la commission mais il y a des structures sur papier
qui paraissent toujours intéressantes mais qui, dans la
réalité, ne jouent pas le rôle qu'on pensait leur voir
jouer. Je pense que dans une commission, la préoccupation centrale est
la protection des terres agricoles; ce n'est pas de mettre dans une commission
des gens venant de différentes origines qui vont reconstituer dans la
commission des débats qui se retrouvent à l'extérieur de
la commission. Je pense que ce qu'il faut surtout, c'est que ce soit des gens
de grand jugement, qui ne sont pas des idéologues, des gens sortis de la
réalité, mais des gens de bon sens, des gens qui connaissent le
secteur agricole, qui connaissent l'agriculture, qui sont capables de faire la
distinction entre une structure agricole et l'absence de structure agricole. Je
pense, par exemple, dans une région, quant à des critères
qu'on a mentionnés dans la loi, à des gens qui sont capables de
tenir compte de ce qui est nécessaire au point de vue économique
pour qu'une communauté agricole puisse vivre.
Je pense qu'il y a des choses qui se sentent, qui se perçoivent,
à condition qu'on ait une connaissance profonde de ce milieu agricole.
Des gens venant de différents milieux comme ceux-là, étant
les mieux intentionnés du monde, s'ils n'ont pas cette connaissance
profonde, avec la meilleure bonne volonté, vont rendre la mauvaise
décision. J'ai vu plusieurs lois du ministère de l'Agriculture
où on mentionne qu'il va y avoir un çi, un ça, deux
ça... Je ne suis pas convaincu que ce sont de bonnes façons de
nommer des gens.
Evidemment, théoriquement, des secteurs sont
représentés; je dis bien théoriquement mais,
concrètement, ce qui fait la force d'un organisme, d'une régie ou
d'une commission, c'est le groupe des hommes qui les composent, non pas sur
papier, mais dans la réalité, les êtres en chair et en os
qui les constituent.
La commission va avoir pour mandat d'appliquer la loi, d'accorder, de
déterminer avec les municipalités des zones permanentes pour
l'agriculture, d'accorder des inclusions pour des gens qui vont demander
d'être inclus, d'accorder des exclusions pour des gens qui vont demander
d'être exclus; dans certains cas, de permettre des lotissements ou des
dérogations pour fins agricoles à certains territoires. Je pense
qu'à ce moment-là, cette commission va devoir avoir une
connaissance profonde du milieu agricole. Je pense qu'il serait mauvais de
figer dans la loi, non pas parce que certaines idées qui sont dans
l'amendement du député de Montmagny-L'Islet ne sont pas bonnes,
il y a certains aspects qui sont mentionnés dans l'amendement auxquels
nous pensons, mais je pense qu'il serait mauvais de figer dans la loi des
catégories de personnes. Nous pourrions alors nous priver
d'éléments ou d'hommes qui seraient les plus aptes à jouer
ce rôle, mais qui n'auraient peut-être pas les qualifications qu'on
mentionne sur papier. Je crois que, dans la composition d'une commission comme
celle-là, le choix ne sera pas facile. Il faut se garder toute la marge
de manoeuvre nécessaire pour choisir le plus possible des hommes qui
vont être capables de penser en fonction des besoins que l'application de
la loi va supposer. Cette loi doit être appliquée tous les jours
avec des dizaines de décisions par jour. Ces gens vont devoir prendre
des décisions rapidement en connaissance de cause et non pas
représenter des secteurs d'origine. Il m'apparaît que la loi est
en faveur de la protection du territoire agricole. La commission doit
être composée de gens dont les préoccupations agricoles
sont importantes. Dans le territoire, il y a des municipalités de
paroisses, des municipalités de villages, des petites villes et des
grosses villes. Je pense que celui qui actuellement est le plus démuni
face aux forces qui veulent dilapider le territoire agricole pour des
intérêts pécuniaires personnels, c'est l'agriculteur. La
commission, par sa composition, par le genre d'hommes qui vont en faire partie,
devra avoir un souci profond de protéger l'agriculture, mais non pas
comme des fanatiques, non pas d'essayer de faire de l'agriculture sur des
roches ou sur des terrains incultes ou encore, par ignorance, comme on l'a fait
au 19e siècle ou dans les années trente, d'envoyer des gens sur
des terres de roches pour les faire crever avec toutes les meilleures
intentions du monde. Avec toutes les meilleures intentions du monde, on peut
prendre des décisions mauvaises. C'est pour cela que, plutôt que
de déterminer des milieux d'origine, il va falloir prendre des gens qui
ont une connaissance profonde du monde agricole, de l'économie agricole,
du milieu dans lequel l'agriculture se fait et surtout, des hommes de grand
jugement. Je pense que mettre des catégories spéciales dans la
loi n'aidera d'aucune façon à faire un choix judicieux.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Il semble bien
évident que le ministre désire conserver sa pleine
autorité au niveau du choix des membres de cette commission. C'est
peut-être son privilège, mais il ne semble pas respecter du tout,
dans son exposé, un certain rôle des municipalités et des
conseils de comté ou des corporations municipales dans son choix de la
formation d'une commission. Quand le ministre aura choisi ces sept membres,
cela ne veut pas dire nécessairement qu'il aura choisi des gens qui
seront en possession de la vérité. Cela ne veut pas dire que ces
sept membres seront exactement des personnes toutes désignées
pour contrôler le territoire. Cela ne veut pas dire que leurs
décisions seront toujours justes, équitables et valables. Alors,
je me demande comment le ministre peut s'assurer que la commission, de la
façon qu'il l'entend, selon son choix personnel, sera toute
désignée pour juger de chacun des cas. (16 h 30)
A la suite des représentations que nous avons eues ici, des
mémoires que nous avons entendus, ce fut le désir de la
majorité qu'un certain rôle municipal soit conservé. Je
pense bien que la motion du député de Montmagny-L'Islet
répond bien à ce voeu formulé ici. Je pense qu'elle
n'empêche pas qu'il y ait une qualité d'administrateurs au sein de
cette commission, parce que la municipalité peut choisir un membre de la
commission et les conseils de comté peuvent aussi choisir un membre de
la commission, selon la formule présentée par le
député de Montmagny-L'Islet. Je pense que les corporations
municipales, aussi bien que les villes du Québec sont assez conscientes
du rôle que vont jouer les membres de cette commission et sauront choisir
ou proposer des personnes très valables au sein de cette commission. Je
pense qu'il est malheureux, quand même, que le ministre soit le seul
à juger des membres qui participeront à cette commission.
J'aurais eu un amendement à proposer, d'ailleurs, suite à
l'amendement proposé par le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Un sous-amendement.
M. Dubois: J'avais un amendement, mais je ne le proposerai pas.
Je voudrais quand même vous faire connaître la teneur de
l'amendement que j'aurais proposé. Peut-être qu'il aurait
été un peu plus souple que celui proposé par le
député de Montmagny-L'Islet. Après les mots "cinq ans",
dans la troisième ligne du premier alinéa, j'ajoutais les mots
suivants: Ces membres sont choisis parmi une liste de quinze noms fournie par
les organismes suivants: cinq par l'Union des producteurs agricoles
l'UPA avait suggéré cinq
noms cinq par l'Union des conseils de comté du
Québec et cinq par l'Union des municipalités du Québec, ce
qui forme un total de quinze noms.
Sur ce total de quinze noms, le ministre aurait eu quand même un
choix et il aurait existé une certaine souplesse. Il y en aurait eu cinq
par l'UPA, cinq par l'Union des conseils de comté et cinq par l'Union
des municipalités, à titre de suggestion, car ce sont des noms
suggérés. Alors, cela formerait une liste totale de quinze noms
dans laquelle le ministre aurait pu puiser sept noms pour former sa commission.
J'imagine que l'Union des conseils de comté, aussi bien que l'Union des
municipalités auraient certainement fourni des gens très valables
pour siéger à cette commission. Ils auraient fourni, quand
même, des noms de personnes très compétentes et l'UPA, qui
aurait eu, elle aussi, la possibilité de fournir cinq noms au ministre,
de son côté aussi, aurait désigné des personnes
très compétentes. Je pense que cette formule laisse une certaine
souplesse, quand même, et laisse la possibilité au ministre de
choisir sept noms parmi les quinze. Je pense que cela existe au niveau d'autres
commissions.
Je ne sais pas si le ministre a compris la suggestion que j'ai faite. Je
n'apporte pas un amendement, enfin, un sous-amendement, mais, afin d'arriver
avec plus de souplesse et de laisser au ministre un choix plus large, je
suggère une liste de quinze noms. Je pense qu'il pourrait en sortir sept
qui seraient valables étant donné qu'ils viendraient de trois
groupes différents qui nous préoccupent et qui, d'ailleurs,
préoccupent aussi le député de Montmagny-L'Islet. Je pense
que cela aurait été une formule plus souple. En tout cas, je n'en
ferai pas un sous-amendement. Je l'apportais à titre de suggestion,
mais, si le député de Montmagny-L'Islet n'avait pas fait cet
amendement, j'aurais proposé le mien. Etant donné que
l'amendement proposé respecte aussi le droit de parole de l'Union des
municipalités, de l'UPA et l'Union des conseils de comté, cela me
satisfait jusqu'à un certain point.
J'espère que le ministre pourra réviser un petit peu sa
position qui semble être très ferme, à savoir que c'est lui
qui désigne et que cela finit là. Il ne veut entendre personne
lui faire des propositions. Cela me semble être bien cela, en tout cas.
J'espère que les députés ministériels pourront
s'exprimer dans ce sens, parce que je pense que eux aussi doivent avoir des
opinions. Vous êtes toujours des "yes-men " et vous dites toujours: Oui,
M. le ministre, c'est beau, ce que vous avez dit, c'est correct.
M. Ouellette: Je réponds à ce que vous dites.
M. Dubois: Mais vous ne dites jamais non à ce que le
ministre dit. Est-il en possession de la vérité ou non? Cela doit
être cela. Pour vous, il est en possession de la
vérité.
M. Ouellette: Demandez cela au député de
Rimouski.
M. Dubois: J'aimerais bien, quand même, que vous vous
exprimiez dans ce sens. Je pense que c est important que le rôle des
municipalités et des conseils de comté puisse être
joué jusqu'à un certain point, quand même. Les territoires
à protéger, les 614 municipalités qu'on aura à
protéger, il y a quand même des conseils municipaux
là-dedans. Il y a des conseils de cités et villes. On les oublie
totalement. Le ministre les oublie totalement. Il dit: Je veux désigner
mes sept personnes en oubliant totalement le rôle que doivent jouer
l'Union des conseils des comté et l'Union des municipalités. Je
trouve que le ministre ferme la porte à toute possibilité de
suggestion venant de I'Opposition et aussi il ferme totalement la porte aux
suggestions faites par l'Union des municipalités et l'Union des conseils
de comté. Je trouve cela très regrettable et j'aimerais que mes
collègues d'en face puissent s'exprimer sur cet amendement
proposé par le député de Montmagny-L'Islet.
Je vous remercie M. le Président.
M. Verreault: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Huntingdon.
M. le député de Shefford, avant de vous donner la parole,
je vous ferai remarquer qu'aujourd'hui vous n'avez pas été
inscrit sur la liste des membres de la commission. Alors, pour vous accorder le
droit de parole, je demanderais le consentement des membres.
M. Beauséjour: Non.
M. Verreault: M. le Président, maintenant, sur la question
que vous soulevez, cela fait déjà près d'une semaine que
je suis assez régulièrement présent à cette
commission et on m'a toujours autorisé le droit de parole. Je concevrais
très mal de la part des péquistes d'en face...
M. Beauséjour: Non.
M. Ouellette: Si on était méchants, on dirait
non.
M. Beauséjour: On n'est pas méchants.
M. Ouellette: On n'est pas méchants, on va dire oui.
Le Président (M. Boucher): Vous avez déjà
été inscrit comme intervenant?
M. Giasson: Oui, au départ, je l'avais inscrit comme
intervenant.
M. Ouellette: Alors, consentement.
Le Président (M. Boucher):Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Beauséjour: M. le Président, à moins que
le député de Shefford se fasse inscrire...
M. Giasson: A la place du député de
Maskinongé.
Le Président (M. Boucher): A la place du
député de Maskinongé.
M. Verreault: D'accord.
Le Président (M. Boucher): D'accord, monsieur...
M. Beauséjour: Cela est accordé.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Je vous remercie, M. le Président.
Avant de parler sur la motion de mon collègue de
Montmagny-L'Islet, j'aimerais savoir de la part du ministre si on me
permet la question comment il entend composer cette commission, cette
supercommission, qui aura à appliquer cette loi. L'article no 4 du
projet de loi parle d'une commission qui serait composée de sept membres
au plus, aurait des pouvoirs, etc. Etant donné que cette commission sera
appelée à être créée immédiatement
après la sanction de cette loi 90, j'imagine que le ministre ne nage pas
entre deux eaux, parce qu'il va en perdre le souffle; il doit sûrement
avoir une idée de qui sera composée cette commission. Est-ce
qu'il aurait des noms à nous proposer ou suggérer aujourd'hui?
Peut-il nous dire de quelle provenance et de quel milieu sont ces gens et,
enfin, nous donner quelques renseignements relativement à cette
commission?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous posez la
question au ministre?
M. Verreault: C'est ce que j'ai demandé.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous voulez
répondre à la question immédiatement?
M. Marcoux: A la période de questions du 22
décembre.
M. Garon: Je pense qu'il est trop tôt pour répondre
à cette question. J'en ai dit un mot tantôt quand j'ai
parlé sur l'amendement proposé par le député de
Montmagny-L'Islet et je n'ai rien d'autre à ajouter.
M. Verreault: Comme cela, vous n'avez aucune idée qui va
faire partie de cette commission à part sept membres? Vous ne savez pas
de quel milieu ils viendront, vous n'avez pas d'idée en perspective,
vous n'avez aucune prévision ou vision de ce qui va se faire dès
que la loi, peut-être d'ici le 22 décembre, sera
sanctionnée?
M. Garon: J'ai dit tout cela tantôt.
M. Verreault: Est-ce que vous pourriez, d'abord pour le
bénéfice de la commission, répéter?
M. Garon: Non, mais vous pourriez lire cela dans le compte rendu;
j'ai dit tout cela tantôt en parlant à peu près dix minutes
là-dessus.
M. Verreault: De toute façon, M. le Président, je
vais quand même prendre quelque temps pour...
M. Ouellette: L'Opposition a déjà
suggéré sept candidats péquistes défaits.
M. Verreault: ... intervenir sur l'amendement de mon
collègue de Montmagny-L'Islet alors qu'actuellement nous faisons face
à deux articles qui sont complètement différents; celui du
ministre est face à un inconnu tandis que celui du député
de Montmagny-L'Islet va vers des choses précises. Le rôle qu'aura
à jouer la commission tel qu'interprété tout à
l'heure par le ministre de l'Agriculture me laisse perplexe parce que j'ai de
la misère à faire certains joints et j'espère que le
ministre en fera une réplique suite à mon allocution.
Cela me laisse perplexe, disais-je tout à l'heure, parce que,
d'une part, cette commission aura à protéger le territoire
agricole, et le ministre dit que cette commission aura un rôle
très spécifique. D'autre part, quand le ministre parle
d'agriculture à l'exception de la protection du territoire agricole, il
nous parle de l'autosuffisance, il nous parle de la rentabilité. Il nous
déclare, lorsqu'il dit que cette commission sera formée de sept
membres, qu'il faudra aller chercher les éléments les plus
valables. Les éléments les plus valables, lorsqu'on essaie de
comprendre ce qu'ils veulent nous dire à cette commission, en ce qui me
concerne personnellement, me laissent très songeur parce que, selon son
dire, je ne suis pas prêt à croire que les personnes qu'il a en
vue présentement pourraient répondre aux objectifs que
lui-même et son ministère se proposent d'atteindre.
Actuellement, l'article 4 tel que formulé dans le projet de loi
90 prévoit simplement sept personnes, dont on ne connaît pas les
sources, ni les références, ni les compétences. Elles
seront probablement choisies par le gouvernement et le ministre. Nous avons
assisté et participé à un long débat ici,
plutôt à une longue audition de mémoires. Tel que mon
collègue de Huntingdon le mentionnait, la plupart des personnes
étaient soucieuses du rôle de cette commission, et surtut des
personnes qui composeront cette commission. En général, la
plupart étaient d'accord pour proposer que des représentants de
l'Union des municipalités, de l'Union des producteurs agricoles ainsi
que de l'Union des conseils de comté en soient membres. Malheureusement,
dans l'article 4, on ne retrouve absolument rien qui nous indique cette
intention-là de la part du ministre et du ministère de
l'Agriculture.
Si on se réfère à l'amendement proposé par
le député libéral de Montmagny-L'Islet, nous retrouvons
l'essence même, le but et la volonté des participants qui sont
venus à cette commission
nous exprimer leur désir que cette commission soit formée
de gens qui sont déjà impliqués et concernés par le
projet de loi, de façon à rendre beaucoup plus équitables
et justes les décisions qui seront prises, de façon qu'en ce qui
a trait à la protection du territoire agricole, qui concerne les
municipalités, qui concerne également les producteurs, qui
concerne les villes, ils puissent avoir quelque chose à dire.
Evidemment, le député de Huntingdon renchérissait
tout à l'heure avec un voeu parce que, au lieu de présenter une
motion, il a tout simplement expliqué à cette commission de
quelle manière le choix serait fait. Je vous avouerai, M. le
Président, que la suggestion qui a été faite par le
député de Huntingdon me semble très valable et
intelligente. Ce choix n'était évidemment pas inclus dans
l'amendement du député de Montmagny-L'Islet, mais je crois que si
le député de Huntingdon l'avait inclus en sous-amendement, il est
sûr que tous les membres de l'Opposition à cette commission
auraient voté pour cet amendement et ce sous-amendement.
Tout à l'heure, le ministre nous a expliqué que le choix
des membres de cette commission ne serait pas facile. Il reste quand même
qu'il est évident que les super génies spécialistes dans
le domaine de l'agriculture ne se trouvent pas à tous les coins de rue.
Le ministre a laissé planer un certain doute tout à l'heure en
disant qu'il est possible qu'il puisse commettre des erreurs et que même
si nous incluions au projet de loi 90 l'amendement du député de
Montmagny-L'Islet, le risque d'erreurs ne serait pas plus gros. Est-ce que je
pourrais, à ce stade, conclure que le ministre veut que sa loi 90 soit
de sa juridiction totale, à savoir qu'il fera le choix des sept membres,
qu'il la contrôlera, qu'il en sortira les dossiers quand il le jugera
à propos, qu'il pourra contrôler chacun des membres de cette
commission, de sorte que les membres de cette commission, au lieu de
protéger le territoire agricole, protégeront uniquement les
intérêts du ministre dans sa politique? (16 h 45)
C'est peut-être une question fort embarrassante que je pose au
ministre, mais selon les renseignements qu'il nous a donnés tout
à l'heure, je ne peux faire autrement que d'y croire et j'aimerais quand
même que le ministre vienne repréciser sa pensée au sujet
de la formation de cette commission. Je ne crois pas que le Parti
québécois soit encore là pour de nombreuses années;
je ne le souhaite pas pour les Québécois, ce serait malheureux
pour eux. Evidemment, être ministre à $66 000 par année,
c'est quand même intéressant. Dans les circonstances, je crois
qu'en dehors des intérêts que le ministre pourrait avoir dans ce
projet de loi, il devrait faire comme son collègue, le ministre à
la consommation, et favoriser le cultivateur avant de favoriser ses
intérêts personnels.
M. le Président, il est tout de même regrettable que le
ministre, dans son intervention tout à l'heure, nous ait informé
qu'il voterait contre l'amendement présenté par le
député de Montmagny-L'Islet et qu'il ne tiendrait pas compte d'un
processus de sélection qui a été suggéré par
le député de Huntingdon. Je suis convaincu que le
député de Beauce-Sud interviendra sur cet amendement et qu'il
aura d'autres suggestions fort valables et fort pertinentes. Ce que je regrette
pour l'ensemble de la population agricole du Québec, c'est le peu
d'intérêt que porte le ministre à toutes les suggestions
qui lui ont été fournies par les gens qui se sont
présentés et qui ont présenté des mémoires
à cette commission, le peu d'intérêt qu'il a porté
aux membres de son parti, aux suggestions qui ont été
formulées par le député de Rimouski ou par d'autres
collègues péquistes ainsi que le peu d'intérêt qu'il
a donné aux brillantes interventions, aux brillantes suggestions que
l'Opposition, en général, lui a fait connaître depuis
quelques jours.
Malgré que le ministre ait dit qu'il votera contre l'amendement
du député de Montmagny-L'Islet, j'informe cette commission que
c'est avec grand plaisir que je vais appuyer l'amendement formulé par le
député libéral.
M. Ouellette: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: M. le Président, je vais voter contre cet
amendement pour un certain nombre de raisons très précises. Je
crois, au départ, que le député de Montmagny-L'Islet a
fait un grand effort pour être à la hauteur de sa tâche,
mais qu'il a été mal inspiré par son recherchiste en ce
sens que le député de Montmagny-L'Islet a très bien
défendu sa cause, mais la cause qu'il défendait n'était
pas à la hauteur du problème.
L'amendement qu'on a sous les yeux manque de précision tout
autant que l'article qu'il vise à amender. Au paragraphe a), par
exemple, on suggère deux représentants, on dit: "Deux
représentants dont l'un vient de l'Union des municipalités ". On
ne sait pas très clairement si ce sont deux représentants que le
ministre désigne parmi les gens qui oeuvrent dans l'UMQ ou si ce sont
des gens délégués par l'Union des municipalités
pour faire partie de ce conseil, de cette commission. C'est la même chose
au paragraphe b): Est-ce que ce sont des gens désignés par l'UPA
ou des gens que le ministre choisit parmi ceux qui oeuvrent dans l'UPA?
Par contre, le député de Montmagny-L'Islet a fait un
effort pour laisser un peu de latitude au ministre de l'Agriculture lorsqu'il
dit, en c), que le ministre peut nommer deux fonctionnaires. Là encore,
on ne sait pas si ce sont des gens que le ministre peut choisir parmi les
fonctionnaires qui oeuvrent actuellement au sein du ministère de
l'Agriculture ou s'il peut se permettre de choisir, en dehors de ces
fonctionnaires, deux nouveaux personnages qui viendront travailler sur la
commission.
C'est la même chose en d): S'agit-il d'un juge que le ministre
peut choisir parmi ceux qui existent déjà ou a-t-il le pouvoir de
nommer une per-
sonne qui n'est pas juge actuellement afin d'en faire le
président de cette commission.
La première raison, c'est donc le manque de clarté, tout
autant que celui qu'on peut reprocher à l'article lui-même. La
deuxième raison, je ne suis pas devin, mais j'ai l'impression que la
très grande majorité des plaintes ou des problèmes qui
seront présentés à la commission vont arriver à
cette dernière sous forme de demandes présentées par les
municipalités au nom d'agriculteurs, propriétaires de terrains
qui désirent que leur terre soit soustraite de la zone
protégée par la loi afin d'en faire du lotissement ou encore par
des municipalités qui, au nom de spéculateurs ou de lotisseurs,
désirent de la même façon faire soustraire du terrain
à la zone protégée en vue d'agrandir le
périmètre d'urbanisation autour d'une municipalité
existante. Il se peut, également et ce sera là, je
l'espère, la majorité des cas que ce soient des demandes
provenant de municipalités qui veulent, tout bonnement, sans
désir de spéculation ou autre, agrandir le
périmètre d'urbanisation autour de leur ville ou du villaqe
existant.
A partir de cette réflexion, j'ai l'impression qu'on devra
d'abord faire affaire avec des gens compétents le ministre l'a
souligné tout à l'heure avec des gens qui feront preuve de
bon jugement, avec des gens qui seront objectifs...
M. Verreault: Mon oeil!
M. Ouellette: J'ai l'impression que le député de
Shefford à mal aux yeux!
M. Verreault: Pour ne pas dire autre chose.
Une Voix: A la tête.
M. Ouellette: Ah! Bon, c'est moins pire.
M. Verreault: II y en a qui ont un doigt dans l'oeil et l'autre
ailleurs.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Ouellette: Et, bien sûr, autant que possible,
j'espère que les gens qui devront intervenir devant la commission auront
affaire à des gens qui proviennent du milieu d'où originent la
plupart des problèmes. Mais je ne suis pas assuré que les gens
qui pourraient être choisis par le ministre dans l'UMQ ou dans l'UCCQ ou
désignés par ces deux organismes répondent
nécessairement à l'ensemble de ces critères. Je ne suis
pas certain, non plus, que l'UPA dispose actuellement des personnes-ressources
capables de répondre à tous ces critères, parce qu'il ne
faut pas prétendre qu'il suffit d'être membre d'un conseil
municipal ou d'un organisme qui s'occupe d'urbanisme dans une
municipalité pour avoir nécessairement affaire à des gens
compétents, objectifs, compétents non seulement dans le domaine
municipal, mais également dans le domaine agricole. Je
préfère que la loi soit plus vague, laissant plus de latitude au
ministre qui pourra, d'après évidemment les besoins qu'il sentira
devoir résoudre, sur sa propre commission, choisir parmi les gens qui
répondent à tous ces critères. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Nord. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur
l'amendement? M. le député de Laval.
M. Lavoie: Cette motion d'amendement proposée par le
député libéral de Montmagny-L'Islet est une suite logique,
en somme, c'est un tout avec le premier amendement qui avait été
soumis à l'article 3 et qui avait été rejeté. Notre
position est assez claire, logique, transparente et elle se tient: nous voulons
une participation du milieu. C'est bien simple. On semble retourner en
arrière surtout avec les propos que vient de nous livrer le
député de Beauce-Nord, qui diffèrent beaucoup, d'ailleurs,
des propos du député de Beauce-Sud. Le député de
Beauce-Nord...
M. Ouellette: Je m'excuse, il n'a rien dit encore.
M. Lavoie: ... nous dit c'est cela qui a frappé mon
esprit qu'au lieu d'avoir une politique de consultation, de
concertation, de décentralisation en acceptant une participation du
milieu, il préfère, lui, une loi plus vague, donnant plus de
latitude au ministre. Moi, qui ai vécu au Parlement depuis un certain
nombre d'années, je dis qu'on retourne près de 20 ans en
arrière. C'était la politique qui existait au Québec il y
a une vingtaine d'années où il y avait des lois très
larges, des blancs-seings au gouvernement, des lois vagues, des lois qu'on
appelait discrétionnaires contre lesquelles se sont battus les deux ou
trois derniers gouvernements. C'est cela des lois vagues, des lois floues
donnant de la latitude au ministre. C'est l'autorité suprême du
prince. On a mis de côté justement ces politiques il y a 20 ans.
Je ne voudrais pas que le député de Beauce-Nord nous
ramène 20 ans en arrière alors que le Parlement n'existait que
pour la frime, alors que c'était l'autorité du prince qui menait
tout; latitude dans toutes les subventions, autant les affaires sociales, tout,
tout. Il n'y avait aucune norme d'établie. Même si j'ai plusieurs
années peut-être en âge je ne m'en flatte pas et je
ne suis pas plus heureux de cela que le député de Beauce-Nord
je ne suis pas prêt à reculer. Cela m'étonne que
cette nouvelle génération de députés veuille nous
ramener à ce pouvoir du prince, à ces lois vagues, à des
lois discrétionnaires laissant des blancs-seings au ministre. Je
regrette cette partie des propos du député de Beauce-Nord. Il me
déçoit beaucoup à cet égard.
M. Ouellette: Ce n'est pas grave. J'ai le temps de me
corriger.
M. Lavoie: Je vis toujours de foi et d'espérance et je
suis convaincu que le député de Beauce-Nord regrette
déjà les propos qu'il a tenus.
M. Ouellette: Ajouter la charité et il n'y aura plus de
problème. Je ne regrette rien, M. le député de Laval.
M. Lavoie: D'ailleurs, il peut revenir sur ses propos qu'il
regrette déjà vu qu'il n'a pas épuisé son droit de
parole sur cet article et j'aimerais l'entendre lorsque j'aurai
terminé.
Ce que nous disons du côté libéral, c'est que nous
croyons en un sain parlementarisme. Nous avons vécu cette
réforme. Le système des commissions parlementaires où on
invite la population à venir participer à l'élaboration
des lois n'existe qu'à peine pour votre information depuis
cinq ou six ans. Avant, les commissions parlementaires où il y avait des
auditions n'existaient d'aucune façon. Ce n'est quand même pas une
réforme du Parti québécois. Il y a eu des gouvernements
antérieurs. Cela a commencé, je crois, sous l'Union Nationale,
avec M. Bertrand. Je crois que cela a commencé avec une loi sur les
commissions scolaires...
M. Marcoux: Vous disiez cinq ou six ans et je pense que...
M. Lavoie: Sept ou huit ans. Cela va. On n'est pas pour se
chicaner pour deux ou trois ans. Cela a été vécu
intensément depuis 1970 et cela avait été amorcé un
peu avant 1970. Je crois que c'était la loi 62, sur les conseils
scolaires de la région de Montréal, ou quelque chose comme cela.
Cela a été institutionnalisé dans nos règlements.
Je crois que cela a permis d'avoir de très bonnes lois que je ne suis
pas obligé de nommer parce qu'il y en a eu plusieurs: le Code des
professions...
M. Ouellette: Le projet de loi 22.
M. Lavoie: La loi 101 qui est moins bonne. D'ailleurs, cela a
été une innovation au Québec. Ils sont très rares,
les Parlements qui ont cela dans le monde. Cela existe peut-être dans une
ou deux provinces canadiennes. C'est une initiative fort louable de faire
participer la population à l'élaboration des lois et d'entendre
les gens, ce que nous avons vécu et ce que nous avons fait avec la loi
90 que nous avons actuellement à l'étude. Au-delà d'une
cinquantaine d'organismes et d'individus se sont présentés ici,
même si on a dérogé aux règles normales qui sont,
après la première lecture, un avis de 30 jours dans la Gazette
officielle. Cela veut dire que, si on avait suivi le processus normal,
j'imagine qu'on aurait eu trois fois plus d'organismes que les 50 que nous
avons eus. Les 50 que nous avons eus ont dû se décider dans
à peine une semaine, dix jours, pour venir se faire entendre. Il n'y a
eu de publicité dans la Gazette officielle d'aucune façon.
La grande majorité de ces gens-là... On peut dire qu'il
s'est dressé à peu près deux clans, deux écoles
dans l'étude de ce projet de loi. Il y a eu, d'un côté, le
milieu agricole contrôlé et c'est assez évident, on
va le dire par l'Union des producteurs agricoles, bien manoeuvré
par l'organisme, bien dirigé, qui a partie liée dans ce projet de
loi. C'est une école de pensée qui est venue se faire entendre
ici et qui demande un contrôle absolu, un peu une mainmise de cet
organisme. Ce sont des droits auxquels ces gens peuvent prétendre, comme
un syndicat a le droit de défendre ses intérêts. Je ne les
blâme pas pour cela. Par contre, le ministre est malvenu et ce n'est pas
son rôle d'avoir une partie liée trop évidente avec une des
écoles sur une question ou sur un problème particulier. Je crois
que le rôle d'un ministre ou d'un gouvernement est plutôt
d'être modérateur, d'être arbitre lorsqu'il y a plusieurs
parties en présence.
Ce n'est pas un reproche que je fais à l'UPA. Je n'ai aucun
reproche à faire à l'UPA, mais j'en ai à faire au ministre
d'avoir partie liée avec une des parties et c'est cela qui
débalance l'étude objective du problème et empêche
d'apporter des solutions vraiment réalistes au problème que nous
voulons solutionner ici, soit la protection des terres agricoles. (17
heures)
Ceux qui sont venus se faire entendre, d'un côté, l'autre
école de la participation du milieu municipal, du milieu
régional, et même il y a des organismes originant, émanant
du milieu agricole, émanant de l'UPA, qui nous ont demandé,
à nous, à la commission parlementaire, qui ont demandé au
ministre, une participation du milieu.
Sans donner de chiffres et de statistiques, je pense qu'une
majorité des 44 sur les 60 que nous avons entendus, une majorité
de ceux-là, des personnes et des groupes que nous avons entendus, ont
insisté pour une participation du milieu.
Je ne peux pas comprendre que le ministre n'ait pas l'ombre ou le
début d'une ouverture dans ce domaine. Les municipalités, les
conseils de comtés existent. Nous ne demandons pas qu'il y ait une
majorité du côté régional ou du côté
local. D'ailleurs, la proposition que nous avons devant cette commission
actuellement est deux sur sept. Nous laissons une majorité très
large, et c'est normal, une participation très large au milieu agricole,
aux experts, aux professionnels de l'agriculture, lorsque nous suggérons
deux représentants de l'Union des producteurs agricoles et deux
fonctionnaires nommés par le ministre.
Sans le spécifier, je pense bien que les deux fonctionnaires
nommés par le ministre ne seront pas des fonctionnaires qui viennent du
ministère du Revenu! Ce ne sont pas des fonctionnaires qui vont venir du
Bien-Etre social! Ce ne sont pas des fonctionnaires qui vont venir des Affaires
culturelles! Je pense bien que ce seront des fonctionnaires nommés par
le ministre de l'Agriculture qui vont venir du milieu agricole.
Cela veut dire que nous suggérons quatre professionnels de cette
industrie agricole ou des exploitations agricoles, sans parler du juge
il peut venir de je ne sais quel milieu mais quatre sur sept, il y a
cette garantie d'un certain contrôle, d'une certaine suprématie
des professionnels de l'agriculture dans la commission.
Je ne peux pas m'entrer dans la tête que le ministre ne puisse
accepter au moins deux représentants minoritaires du milieu: un au
niveau lo-
cal, l'autre au niveau régional, surtout actuellement, lorsqu'on
discute de grands dossiers, entre autres, aux Affaires municipales, de
l'aménagement du territoire, où les ministres des Finances, des
Affaires municipales, dialoguent depuis des mois, lancent de grands programmes
et de grandes politiques de démocratie municipale, de participation
municipale, de décentralisation municipale. On donne l'occasion au
ministre de l'Agriculture, actuellement, de reconnaître, quand
même, la réalité de ses politiques et des engagements de
ses collègues des Affaires municipales, des Finances et de
l'aménagement du territoire.
On vous en demande deux. C'est quand même décevant
qu'à chaque fois qu'on fait des propositions qu'on pense quand
même constructives, ce ne soit jamais considéré.
Croyez-vous que parmi les gens, les organismes qui sont venus, qui se sont
déplacés, qui ont préparé des mémoires, la
majorité ait cru le ministre des Affaires municipales, le ministre de
l'aménagement, le ministre des Finances? Ils sont venus nous exposer
leur appui à cette politique, une politique de consultation du milieu,
et nous, nous n'avons aucune garantie que ces gens seront
écoutés.
Est-ce qu'on ne s'est pas moqué, est-ce qu'on n'a pas ri, en
somme? Pourquoi convoquer des commissions parlementaires, des auditions et des
"consultations si les ministres prennent une position statique et immuable
comme semble vouloir le prendre le ministre de l'Agriculture, en voulant dire
que la grande majorité de ces gens ont tort? Il n'y a que moi qui ai
raison, moi. Si cela continue comme cela ici cette commission sert
d'expérience et de modèle moi, à l'avenir, je ne
tiendrai plus à ce qu'on dérange les gens et qu'on leur fasse
"croire" quoi que ce soit.
Ces gens-là ont perdu leur temps à venir tenter
d'ébranler ou de faire des suggestions. Et nous, nous croyons,
peut-être, encore à cette consultation et à cette
participation. Ces gens-là nous ont convaincus du bien-fondé de
leurs représentations et c'est la raison pour laquelle, vous qui avez
toujours prêché, ces dernières années, la communion
constante avec la population, avec le milieu, vous nous faites une belle jambe
en rejetant cela et en vous riant de la présentation des gens.
Nous n'avons quand même pas perdu ce contact avec la population
parce que nous considérons que leur représentation est
valable.
Pour le moment, M. le Président, j'aimerais bien entendre le
ministre et je ne vois pas pourquoi il rejeterait du revers de la main les
représentations qui sont faites autant par ce côté-ci de la
table que par la majorité des organismes et des personnes qui se sont
fait entendre à cette commission.
Brièvement, j'aimerais parler sur certains propos tenus par le
député de Beauce-Nord. Il a dit que l'article n'était pas
assez précis, n'était pas assez clair lorsqu'il dit: "deux
représentants dont l'un vient de l'Union des municipalités ".
Libre à vous, vous avez le droit de proposer des clarifications et je
suis convaincu que le député de
Montmagny-L'Islet va accepter que vous modifiiez dans sa forme sa
proposition. Cela se fait couramment à l'assemblée. Si les mots
"vient de l'Union des municipalités" ne font pas votre affaire, si vous
êtes prêt à accepter "désignés par l'Union des
municipalités", et si, dans le b), vous voulez deux représentants
de l'UPA, marquez: "désignés par l'UPA". On ne se chicanera pas
sur la phraséologie. D'ailleurs, on sait que le ministre est bien mieux
équipé que nous en experts, fonctionnaires et légistes. Si
le ministre était en faveur du fond, on s'entendrait facilement sur la
formation de l'amendement.
Encore une fois, vous décevez tout le monde et moi, de plus en
plus, j'ai de forts doutes sur votre... Je ne prendrai pas de grands mots pour
soulever des débats sur votre honnêteté intellectuelle ou
quoi que ce soit, mais vous avez tellement rempli la tête des gens, les
oreilles de la population pour obtenir un mandat le quinze novembre dernier, en
disant que vous étiez dans le milieu, que vous vouliez participer, que
vous étiez du monde ordinaire, que votre coeur et votre pouls battaient
au même rythme que le monde ordinaire... Mais je vous garantis que le
respect que vous avez aujourd'hui du monde ordinaire, du monde du milieu, du
monde du milieu municipal et régional... Ce sera vraiment
décevant si vous n'acceptez pas au moins deux représentants de ce
milieu à une commission de sept. J'entendais encore le
député de Beauce-Nord dire que ces gens-là, qui viennent
des municipalités seront des lotisseurs, des spéculateurs, des
persona non grata, des exploiteurs de la population, etc.
M. Ouellette (Beauce-Nord): Je regrette, je n'ai pas le droit de
soulever une question de privilège, mais au moins une question de
règlement. Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. J'ai dit, par exemple,
que les gens qui avaient l'intention de continuer l'ancien régime, celui
qui prévalait dans certains milieux avant la présentation de
cette loi, vont devoir passer par les organismes municipaux qui, d'après
la loi, seront les intermédiaires de la commission. Alors, ce n'est pas
tout à fait cela.
M. Lavoie: Bon, je vais continuer. D'ailleurs, cela ne me fait
pas perdre le fil de mon idée. Il est vrai que les gens qui vont vouloir
des exclusions ou des inclusions dans la zone agricole vont passer par les
commissaires municipaux. Cela, c'est la valeur et la considération...
Cela va être des bureaux de dépôt. Vous savez, lors du
recensement, il y a des bureaux de dépôt où les gens vont
seulement porter des formules. Là, on peut mettre des petites filles de
17 ans ou des petits gars de 18 ans, qu'on va payer au salaire minimum, pour
recevoir des formules. Le soir, eux vont aller porter ces formules à la
commission de révision.
Alors, c'est tout le respect et la valeur que vous accordez aux
élus municipaux. Cela va être des bureaux de dépôt,
parce qu'ils n'ont rien à dire, ce n'est même pas consultatif. Eux
reçoivent les demandes et les font parvenir à la commission.
De toute façon, nous, nous respectons les élus de la
population, autant au niveau municipal qu'au niveau local, un peu plus que
cela. Par contre, nous ne voulons pas leur donner le contrôle, mais je
trouve que c'est logique qu'il y ait quand même, lorsque l'on sait que la
zone désignée couvre une énorme étendue du
territoire québécois, pour le moment de l'Outaouais à
Québec, éventuellement la Gaspésie, dans une autre phase
assez rapide le Lac-Saint-Jean et encore plus rapidement les Cantons de l'Est.
Cela veut dire que la mainmise ou l'autorité de cette loi s'applique sur
100% du territoire québécois, peut-être pas pour le
Grand-Nord ou à partir de la baie James, mais pour la partie
habitée.
Actuellement, on parle d'aménagement du territoire en même
temps et pour être logique dans cela, lorsqu'arrivera une loi de
l'aménagement du territoire, si une commission est créée,
j'aimerais que les agriculteurs soient représentés lors d'une loi
éventuelle de l'aménagement du territoire parce qu'ils sont des
partenaires importants et actifs dans le développement,
l'aménagement, l'usage du territoire et des sols. Si j'étais
à la place du ministre d'Etat au développement régional de
l'aménagement du territoire, je ferais une passe au ministre de
l'Agriculture pour la manière dont il est traité actuellement et
c'est la même chose pour le ministre des Affaires municipales.
Je me demande s'il n'y aura pas une petite vengeance,
éventuellement, à savoir lorsqu'il y aura des lois du ministre
des Affaires municipales ou du ministre d'Etat à l'aménagement du
territoire ils mettront complètement de côté, à leur
tour, les agriculteurs. Ils diront au caucus ou au cabinet: M. le ministre de
l'Agriculture, vous n'avez eu aucun respect des représentants
régionaux, vous avez une représentation non
équilibrée de votre côté, nous en avons une, soit
aux Affaires municipales ou à l'aménagement du territoire qui est
non équilibrée mais, avec deux déséquilibres, deux
négatifs, souvent, on fait un positif.
Je pense que le ministre de l'Agriculture est dans une mauvaise
lancée et c'est un strict minimum et s'il était de bonne foi le
moindrement, il accepterait au moins deux représentants du milieu local.
Si on ne peut pas le convaincre, je pense que c'est peine perdue.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laval.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: La motion qui est actuellement devant nous demande de
préciser les secteurs, les associations ou les organismes chez qui on
pourra aller chercher des représentants, aller chercher des personnes
qui devront faire partie de la commission de la protection du territoire
agricole du Québec. J'ai fait faire l'inventaire à partir de tous
nos statuts et de toutes les lois que nous avons votées depuis 1970,
mais je peux vous dire qu'il y a plus d'une loi qui indique de façon
bien claire la provenance des personnes qui doivent faire partie de tel
comité ou de telle commission. Il n'y a rien de sorcier
là-dedans, il n'y a rien de nouveau non plus.
Ce que mon collègue de Montmagny-L'Islet a présenté
comme motion... d'ailleurs, je sais que mon collègue de Huntingdon avait
une motion identique, une motion semblable...
M. Dubois: Complémentaire.
M. Roy: ... complémentaire, sa motion était
sensiblement identique à celle qui a été
présentée par mon collègue de Montmagny-L'Islet et
j'exprimais personnellement le même point de vue. Ce qu'il faut je
le dirai sans envolée oratoire, sans parler fort maintenant qu'on
en a parlé assez longtemps hier, et c'est la première
intervention que je fais aujourd'hui, j'espère qu'on ne croira pas que
je viens ici pour bloquer les travaux de la commission, mais il faudra qu'on
trouve les moyens, les formules pour rassurer un peu les gens du milieu.
Ce que je ne sais pas, à ce jour, c'est si ce sont des
fonctionnaires qui feront partie de la commission, des personnes qui sont
déjà engagées au service de l'Etat et qui dépendent
de l'Etat pour gagner leur vie; cela, je ne le sais pas. On ne sait pas non
plus si ce seront des gens du milieu, de quel organisme ils vont provenir, de
quelle association, si les municipalités en auront au moins un, on ne le
sait pas. Est-ce que le milieu agricole en aura au moins un? Je l'espère
bien. Si je me réfère à la loi, je ne le sais pas. Est-ce
qu'il y aura un agronome? On ne le sait pas non plus; ce n'est pas dans la loi.
(17 h 15)
Je suis obligé, M. le Président, en vertu de nos
règlements et en vertu de nos traditions, d'étudier les textes de
loi à partir de ce qu'ils contiennent, point. Je ne peux pas aller plus
loin. Je ne peux pas broder et je ne peux pas faire des analyses et des
hypothèses à partir des intentions que le ministre peut
avoir.
Ce qu'on ne semble pas comprendre du côté gouvernemental,
c'est qu'il y a beaucoup de gens qui sont inquiets de la loi. Ils sont inquiets
de l'application de la loi, parce que, des sept personnes qui feront partie de
la commission, on ne connait ni l'origine, ni l'expérience, ni la
représentativité. Cela fait en sorte que nous sommes dans
l'inconnu. Totalement dans l'inconnu. Et les agriculteurs, M. le
Président, nous envoient des requêtes. J'étais à mon
bureau tout à l'heure pour jeter un rapide coup d'oeil à mon
courrier, parce que le vendredi les bureaux ferment à 16 h 30, et j'ai
trouvé une pétition sur mon bureau, signée par des
agriculteurs. C'est quand même étonnant. Cela fait partie, M. le
Président, de mon droit de parole d'informer les membres de cette
commission de ce que contient la lettre signée par une centaine
d'agriculteurs: "M. le député, je vous demande de porter une
attention toute spéciale à cette lettre, car il s'agit du projet
de loi 90 sur le zonage agricole. Je n'ai
pas besoin de vous dire que je suis contre cette loi. Ce zonage brime la
liberté de l'individu... Je m'excuse de déranger! "Nos terres
sont des biens acquis, notre assurance pour l'avenir, l'héritage de nos
enfants et notre assurance-revenu en cas de malchance. Nous les avons
payées à la sueur de notre front. Il serait injuste d'être
brimés dans nos transactions futures. "Avant de prendre un vote
décisif, je vous demanderais d'étudier cette question et
d'essayer que ce projet de loi ne soit pas adopté avant d'être
certain que la majorité des agriculteurs sont pour cette loi. Moi, j'en
doute d'après la requête que j'ai fait signer: 90 cultivateurs sur
100 sont contre la loi. S'il y avait des requêtes qui étaient
signées dans chaque municipalité en disant en toute
honnêteté aux cultivateurs ce qui les attend, il y aurait des
surprises et cela serait plus démocratique avant d'adopter une loi qui
serait un fardeau pour les générations futures."
Ce n'est pas le député de Beauce-Sud qui parle, ce sont
des agriculteurs.
M. Garon: Est-ce qu'elle est signée?
M. Roy: Oui, elle est signée. Je continue. "Cette
loi...
M. Garon: Par qui?
M. Verreault: Tant que vous ne direz pas le nom des personnes qui
vont former la commission...
M. Roy: C'est signé. J'ai toutes les signatures. M.
Garon: Ce sont des gens d'où?
M. Roy: M. le Président, ce sont des gens de
Bernières, du comté de Lévis.
M. Beauséjour: Mais, M. le Président, est-ce qu'il
parle de la formation du comité? C'est le sujet de la motion.
M. Roy: Non, j'arrive justement à la formation du
comité pour exprimer les sentiments d'inquiétude que nous
retrouvons dans la population. Je n'ai pas l'intention de prendre la parole 20
fois pour dire cela. Je ne vais faire qu'une intervention là-dessus,
pour dire que s'il y avait possibilité de connaître dans la loi
quelles sont les représentants qui seront nommés ce sont
des gens d'où qui seront nommés à la commission? il
y aurait un élément de sécurité auprès de la
population. "S'il y avait des requêtes qui étaient signées
dans chaque municipalité en disant en toute honnêteté aux
cultivateurs ce qui les attend, il y aurait des surprises et cela serait plus
démocratique avant d'adopter une loi qui serait un fardeau pour les
générations futures." Je m'excuse d'avoir
répété. "Cette loi ne protège pas l'agriculteur.
Remarquez-le bien, M. le Président Au contraire les gros
deviendront plus gros. Ils seront comme des vautours pour s'approprier nos
biens à des prix ridicules, que cela soit le gouvernement ou les
agriculteurs eux-mêmes. Si vous voulez vraiment protéger
l'agriculteur, commencez par le commencement, c'est-à-dire en trouvant
des débouchés pour la vente de leurs produits, non pas en
laissant pourrir les pommes de terre et les légumes dans les caveaux,
faute d'acheteurs, non pas en laissant moisir les fraises et les framboises
dans le champ, non pas en laissant les pommes dans les vergers, non pas en
coupant les chèques de paie, parce qu'on produit trop...
M. Garon: Je pense bien que si...
M. Roy: Voilà la cause de la vente de nos terres.
M. Garon: On n'a pas l'impression que c'est un cultivateur qui
signe cela. Si les fraises pourrissent dans les champs, ce n'est toujours bien
pas à cause du gouvernement. Voyons donc!
Une Voix: Vous n'en mangez pas assez.
M. Garon: Les framboises au Québec, on en manque. Je vais
vous dire une affaire: Dites-moi le nom du producteur de framboises qui est
là-dedans et je vais lui trouver des débouchés tout de
suite. Je connais un tas de commerçants...
M. Roy: M. le Président, j'avais la parole.
M. Lavoie: II n'y en a pas de framboises, M. le
Président.
M. Roy: Je m'excuse, mais j'avais la parole, M. le
Président. Je n'ai interrompu personne tantôt, je ne l'ai pas
voulu, du moins.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Beauce-Sud, vous avez la parole.
M. Roy: Le ministre a ouvert une parenthèse. Il y a eu des
annonces qui ont été faites cette année, à
l'île d'Orléans, à l'effet qu'on donnait presque les
fraises pour permettre aux gens d'aller les récolter avant qu'elles se
gaspillent. Nos cultivateurs ne demandent pas mieux que de cultiver! Encore
faut-il pour cela avoir un salaire au moins égal à celui d'un
homme de métier pour faire vivre convenablement sa famille.
L'agriculture est un domaine très compliqué car il y a
beaucoup de facteurs qui entrent en ligne de compte. Cette loi enlève
toute motivation pour les générations futures. Ce sera, sans
doute, cause de révolte. Que diriez-vous, MM. les ministres et
députés, si vous possédiez une ferme que vous auriez
gagné de peine et de misère à la garder vivante et que
l'on viendrait vous dire: Par une telle loi, vous n'avez plus le droit de faire
ce que vous voulez de votre ferme?
M. Verreault: C'est vrai.
M. Roy: Que vous ne pouvez plus garder votre maison, mais qu'il
faudrait la vendre avec la terre? C'est clair, c'est très clair. Un
accident est vite arrivé. Vous voulez garder votre maison et garder le
reste de votre terre, parce que vous n'êtes plus capable de cultiver,
c'est un droit légal. Eh bien, non, on vous enlève ce droit.
Qu'est-ce qu'ils font de la justice, des droits de l'homme?
M. Garon: Je trouve cela bien...
M. Roy: Ou encore, si vous voulez vendre un morceau de terrain
pour vous dépanner en cas de malchance, pas le droit. On est pris au
piège comme des rats, et on continue. J'aimerais dire ceci: Par la
présente, M. le député, j'inclus une copie de la
requête que j'ai fait signer par des gens de la municipalité de
Bernières. Elle inclut seulement les signatures des propriétaires
et non des conjoints. J'en avais envoyé une copie, aussi, à M.
Maurice Bellemare, M. Julien Giasson, M. Camil Samson. Mais je n'en ai pas
envoyé à M. Garon, ministre de l'Agriculture, parce que je ne
voulais pas que les gens qui ont signé cette requête soient
pénalisés. On se croirait au règne de la terreur!
M. Garon: II avait plutôt peur qu'il les identifie!
M. Roy: Ce sont les gens de Lévis. Jamais les gens de
Beauce-Sud n'auraient crié des choses semblables à leur
député.
M. Baril: Les gens de Beauce-Sud sont bien informés par
leur député.
M. Roy: Si je vous l'envoie, c'est que M. Garon ne pourra pas
dire qu'il n'a pas eu d'opposition. Il sait très bien que c'est faux,
parce que nous avons forcé le maire et le
secrétaire-trésorier à avoir une rencontre avec lui. Cette
rencontre a eu lieu, mais ils se sont fait dire que c'est la commission qui
déciderait; encore une affaire pour faire vivre un tas de fonctionnaires
à nos dépens. Je n'ai rien contre les fonctionnaires; il en faut.
Mais je dois dire que nous avons des droits miniers avec SOQUIP, bail
signé. Qu'adviendra-t-il de tout cela? N'ont-ils pas les yeux
là-dessus et n'essaieront-ils pas, par toutes sortes de moyens, de faire
vendre nos fermes à leur profit?
M. le Président, des réflexions comme celles-là, je
vous dis que c'est malheureux. C'est malheureux à cause du
caractère et des objectifs mêmes de la loi que j'ai
considérée, que je considère encore comme étant la
quatrième grande loi d'importance dans le monde agricole. Mais on y va
avec des oeillères et on vient nous dire, avec candeur, pour essayer de
faire de nous, peut-être, des gens naïfs, les gens de l'Opposition:
On va nommer ceux qu'on voudra, point!
M. Verreault: Patronage!
M. Roy: Nous aurons les pleins pouvoirs...
M. Verreault: Point.
M. Roy: Pas de droits d'appel, point. Les mêmes pouvoirs
que l'empereur. Seulement un mot à l'endroit de mon collègue et
ami, le voisin de Beauce-Nord, qui a été maire, qui a
été un de mes maires, dans le temps où je
représentais toute la Beauce.
M. Ouellette: Je n'ai jamais été une
mémère.
M. Roy: Un de mes m-a-i-r-e-s. S'il fallait que cela soit
autrement, cela serait inquiétant! Je le connais assez, et je connais
assez la mentalité du Parti québécois pour avoir
siégé pendant six ans avec eux dans l'Opposition pour dire ceci:
Jamais, jamais, un seul député du Parti québécois
n'aurait accepté de donner au gouvernement libéral ce que nous
venons de leur donner aujourd'hui. J'ai terminé, M. le
Président.
Une Voix: Très bien.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Merci. M. le Président. Ce ne sera pas tellement long, j'ai deux
points. Voici le premier que je voudrais soulever. Je ne sais pas si, au
conseil d'administration étant donné qu'on parle d'un
poste ici, d'un poste là, représenté par l'un,
représenté par l'autre de la SAQ, Société
des alcools du Québec, il y a un ivrogne qui siège. C'est ma
première question.
M. Giasson: Très fort.
M. Roy: Cela peut être cela. On ne le sait pas. Vous avez
le droit de lui poser la question.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Cela peut être cela, on ne le sait pas; mais ce n'est pas dans la
loi.
M. Roy: Ce n'est pas dans la loi.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Deuxième question. Je ne veux pas avoir de réponse...
Suite aux inquiétudes...
M. Roy: M. le Président, c'est le privilège d'un
député de pouvoir je ne veux pas faire une question de
privilège comprendre ce qui se passe. Je voudrais demander, pour
voir si j'ai bien compris, à l'effet que le député ne veut
pas avoir de réponse. C'est ce qu'il a dit.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
C'est parce que mes questions ne demandent pas de réponse.
Le Président (M. Boucher): Je considère qu'il
voulait dire que c'étaient des commentaires.
M. Roy: On ne parle pas pour ne rien dire, je m'excuse, M. le
Président, mais on n'a pas de temps à perdre.
Le Président (M. Boucher): Je considère qu'il
voulait faire des commentaires.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
J'ai le droit de faire des commentaires. Mon deuxième
commentaire...
M. Giasson: Vous avez également le droit de parler sur
l'amendement qui est devant nous.
M. Lavoie: Parlez donc sur le fond.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Mon deuxième commentaire concerne la crainte du
député de Laval; justement, il a peur. Cela va être des
poings tout à l'heure. Tout cela.
M. Roy: Cela n'entre pas dans le journal des Débats.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Je comprends
la crainte du député de Laval. Après avoir vécu
avec le gouvernement qui nous a précédé, qui avait la plus
haute cote on sait dans quel domaine, je comprends ses craintes.
M. Lavoie: Voulez-vous préciser si vous avez quelque chose
à dire.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
J'ai dit que je comprends les craintes du député de Laval.
Oui, mais cela je l'ai dit. Je comprends ses craintes et qu'il s'oppose
à cela. On sait qu'ayant fait partie du gouvernement qui nous a
précédé et qui avait la plus haute cote, on peut le dire,
en patronage, je comprends ses craintes. C'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Verreault: M. le Président, vraiment, je soulève
une question de règlement. C'est de la foutaise de la part du
député de Kamouraska. Franchement, c'est la chose la plus
dégueulasse! Il fait des insinuations, il n'est pas capable de donner
des preuves. Il serait bien mieux de se taire.
M. Lavoie: Ce qui est plus grave, c'est que ce qu'il dit est
enregistré au journal des Débats. Les arguments de fond sont
inscrits au journal des Débats.
Le Président (M. Boucher): Je crois qu'on en a entendu
d'autres depuis le début.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
C'est tout enregistré.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Ce qui m'a étonné un peu tantôt
c'est quand j'ai vu le député de Beauce-Sud lire sa
pétition. Vous savez, je suis capable de vous en envoyer des
pétitions par la poste. Je suis capable de vous en envoyer. Les
pétitions qu'on reçoit par la poste, quand on ne les
vérifie même pas et on ne sait pas qui est là-dessous, je
pense que c'est facile un peu.
M. Roy: Nous avons l'adresse et le numéro de
téléphone, M. le Président.
M. Verreault: Cela le chicote. Ils ne voteront pas pour...
M. Roy: Mais ils n'ont pas écrit au ministre pour les
raisons suivantes, c'est la raison que j'ai donnée tout à
l'heure, mais mon collègue, le député de
Montmagny-L'Islet, en a une copie, M. Bellemare en a une copie, M. Samson en a
une copie.
M. Garon: Je vous dirai une chose, depuis le début de
toute cette affaire, on a parlé, il y a eu d'abord des articles pour
essayer de montrer justement le conflit d'intérêts à
Beaumont sur ma ferme. On a sorti toutes sortes de faussetés. Plus que
cela, on est allé à une séance du conseil municipal, tout
ce qui avait été dit a été démenti
publiquement par les gens du conseil, du comité d'urbanisme. On n'a plus
reproduit dans les journaux tous les démentis qui ont été
apportés alors que je n'étais même pas là. On ne les
a pas rapportés. On est venu ici, on a donné des exemples, on les
a pris dans mon comté, à Saint-David-de-l'Auberivière.
Là, on suscite une pétition, je ne sais pas par qui, à
Bernières. C'est la seule pétition qui est arrivée. Par
hasard, elle venait de Bernières. Comprenez-vous?
M. Verreault: Si le ministre avait fait une consultation avec son
ministère, il aurait vu qu'il y en aurait eu plus de telles
pétitions.
M. Garon: Un des endroits où il y a beaucoup de
spéculation justement dans mon comté, c'est à
Bernières. Je peux vous dire d'une façon générale
que, dans mon comté, des gens ont trouvé que la protection du
territoire agricole, ce n'était pas mal. On a essayé par
différentes façons je vais vous dire une chose. On
pourrait avoir tous les airs de candeur et de vertu mais, par ailleurs, je
m'attendais à cette lutte. Je m'attendais à pire que cela.
Pourquoi? Parce qu'il y a des intérêts en jeu. Il y a des
intérêts considérables en jeu. Il y a des
spéculateurs en jeu. On a même vu une compagnie multinationale,
une compagnie internationale, je ne suis pas trop sûr, qui ne voulait
plus payer ses taxes pour essayer d'énerver les gens. Ce n'est pas
énervant parce que si la compagnie internationale ne paie pas ses taxes,
la municipalité n'a qu'à vendre ses terrains pour taxes et on va
avoir une banque de terres avant longtemps qui sera très heureuse
d'acheter les terres pour les remettre à l'agriculture. On va essayer
par différents
moyens d'énerver le monde. Vous savez, le domaine des terrains,
c'est celui où il y a eu à peu près le plus de fraude. (17
h 30)
Je me rappelle qu'il y a des années des gens venaient ici vendre
des terrains en Floride. Les gens ne pouvaient aller les voir qu'à
marée basse parce qu'ils vendaient des terrains dans l'eau, ils
vendaient des marais. Il y a des entreprises qui font la même chose ici,
qui prennent des terrains et qui vont les vendre en Europe et partout dans le
monde. Rue Saint-Hubert, il y a 9500 terrains qui sont la
propriété de 6500 personnes dans le monde. Je vais vous dire une
chose. Devant la commission en Colombie-Britannique... J'ai
étudié ce qui s'est passé aussi. Ne nous trompons pas. Il
y a des intérêts considérables en jeu. Si le
député de Beauce-Sud veut jouer là-dedans, c'est son
choix. Mais quant à moi, je ne me laisserai pas intimider en aucune
façon par des pétitions, des pseudo-pétitions, des
arguments, du chantage, des menaces. Cela ne me fait pas peur du tout.
M. Verreault: Question de règlement!
M. Roy: J'avais soulevé la question de
règlement.
M. Garon: On a entrepris une lutte pour la protection du
territoire agricole...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, on a
soulevé une question de règlement. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, l'article que nous examinons
présentement n'est pas pour remettre en cause le principe de la Loi sur
la protection du territoire agricole. C'est pour faire en sorte d'avoir des
éclaircissements, d'avoir des précisions sur la composition de la
commission. Si cela pouvait se faire, M. le Président je suis sur
la question de règlement si on pouvait savoir d'où vont
venir les gens qui vont former la commission, avoir des indications. Qu'il y
ait des précisions dans la loi, à cause, justement, de toutes ces
implications et à cause de tout ce que le ministre vient de nous dire.
Je suis d'accord avec lui là-dessus. C'est la seule chose qu'on demande.
On aura d'autres choses à demander tantôt, mais là-dessus
c'est cela qu'on veut. C'est à ce moment-ci seulement qu'on peut parler
de la composition de la commission, à l'article 4 de la loi. On ne peut
pas en reparler ailleurs.
M. Marcoux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rimouski, question de règlement.
M. Marcoux: M. le député de Beauce-Sud a
invoqué une question de règlement indiquant probablement que le
ministre ne tenait pas le propos qu'il devait tenir. J'ai bien
écouté l'inter- vention du député de Beauce-Sud et
il ne s'en est pas tenu strictement à la composition de ce qui est
proposé. Il a terminé par des phrases très
générales sur l'ensemble de la loi, en indiquant...
M. Roy: Non, non. Excusez-moi!
M. Marcoux: Je vais vous citer au texte, quand vous avez dit que
l'ancienne Opposition n'aurait jamais accepté une telle loi dans son
ensemble, que c'était inacceptable.
M. Roy: Je n'ai pas dit: Une telle loi dans son ensemble, mais de
tels pouvoirs.
M. Marcoux: Oui. Je pense qu'il faut reconnaître au
ministre la possibilité de répondre de façon
générale à des commentaires qui ont été
généraux. La lecture de la pétition et les arguments dans
la pétition ne concernaient pas la composition stricte de
l'exécutif. Je ne veux pas remettre en question le droit du
député de Beauce-Sud de faire une intervention
générale sur un sujet particulier, parce que le mode de
composition est un sujet très important, mais je voudrais qu'il
reconnaisse au ministre le droit de faire aussi une intervention
générale dans le cadre de la question de la composition de
l'exécutif, de l'administration.
M. Verreault: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Je voudrais venir à la défense des
gens du comté de Lévis que le ministre accuse de vouloir faire de
la spéculation alors que tous savent que le ministre fait de la
"peculation "!
Le Président (M. Boucher): Question de vocabulaire. M. le
ministre.
M. Garon: J'ai été étonné un peu de
la part du député de Beauce-Sud de le voir lire une
pétition qu'il a reçue par la poste, comme cela! Dans ce
débat, je suis étonné parce que tout ce que je
reçois, à tous les jours, c'est des appuis. J'ai même
reçu des appuis de gens qui sont venus parler contre ici et qui m'ont
écrit pour me dire qu'ils étaient pour! C'est-y assez fort!
M. Lavoie: M. le Président, question de
règlement.
M. Garon: A tous les jours, ce matin...
Le Président (M. Boucher): Je vous vois venir, M. le
député de Laval. M. le ministre, il y a une question de
règlement.
M. Lavoie: Je veux vous aider et je voudrais aider les travaux de
cette commission.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie, M. le
député de Laval. J'allais en arriver là.
M. Lavoie: Je pense que le ministre de l'Agriculture
répond. Il a fait son point sur un aparté, sur une digression du
député de Beauce-Sud et je pense que vous devriez mettre fin
à cela. Je veux étudier la loi article par article. Demandez au
ministre de revenir à la pertinence. On veut l'étudier, ce projet
de loi.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Est-ce qu'on est
prêt à voter sur l'amendement du député de
Montmagny-L'Islet?
Une Voix: Oui. Adopté.
Une Voix: On est prêt à voter.
Le Président (M. Boucher): M. Baril (Arthabaska).
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon)... M.
Ouellette (Beauce-Nord).
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: En faveur.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt (Orford)?
M. Verreault: II m'a demandé de voter en faveur.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est donc
rejeté à six contre deux. Article 3?
M. Lavoie: Je vous demande le consentement pas pour M.
Vaillancourt parce qu'il n'a pas tellement participé aux débats
aujourd'hui, mais pour M. Dubois, de l'Union Nationale, qui est intervenu et
suit assidûment la commission. Il y travaille. Il est absent pour
quelques minutes, je pense. J'aimerais que vous donniez votre consentement pour
que son vote soit enregistré. Il est ici à toutes les
séances de la commission et il s'est prononcé.
M. Baril: Cela fait une demi-heure qu'il est parti. C'est contre
tous les règlements.
Le Président (M. Boucher): Ecoutez! On ne peut pas
présumer du vote de...
M. Lavoie: II a parlé en faveur de l'amendement.
M. Marcoux: Le Parti libéral n'est plus au pouvoir pour
faire voter les morts.
M. Beauséjour: Cet après-midi, il a parlé en
faveur de l'amendement et il a voté contre, M. le Président?
M. Marcoux: Si on se fie sur ce qu'il y a à la Chambre,
ils parlent en faveur et ils votent contre.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre!
M. Lavoie: Cela se fait en Chambre à l'occasion.
M. Marcoux: Ils parlent en faveur et ils votent contre.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: C'est ainsi. C'est clos.
Le Président (M. Boucher): Le vote est enregistré
et terminé. Nous revenons à l'article 4. L'article 4 est-il
adopté?
M. Giasson: Non, M. le Président. Une Voix: Non. Un
instant!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, le ministre nous a dit au
cours de l'après-midi qu'il n'était pas question, à son
avis, que le gouvernement se place dans une position difficile en acceptant que
sa commission de contrôle soit constituée de personnes qui ne
seraient pas le choix propre du gouvernement, le choix propre du ministre et,
surtout, de personnes qui n'auraient pas tout le jugement re-
quis ou les connaissances profondes des questions agricoles et surtout
de la protection du territoire agricole. Je me demande pourquoi des
cultivateurs ou des gens désignés par l'UPA n'auraient pas assez
de jugement, tel qu'on l'avait proposé, pourquoi des fonctionnaires
qu'il va nommer lui-même n'auraient-ils pas assez de jugement pour
prendre les nombreuses décisions qui vont s'imposer à la suite de
l'application de la loi. Cela me renverse je ne m'en cache pas
d'avoir entendu de la bouche du ministre de l'Agriculture...
M. Garon: Non....
M. Giasson: Oui.
M. Garon: ... je n'ai pas dit cela. J'ai dit...
M. Giasson: ... que cela prendrait des personnes de grand
jugement et que ce n'était pas nécessairement les gens qui
pourraient exhiber une feuille de route quasi phénoménale ou des
grands diplômes, mais que c'était surtout le jugement qui
comptait.
M. Lavoie: Est-ce que cela voudrait dire que le ministre serait
admissible?
M. Giasson: Les propositions qu'on avait faites, de toute
façon, laissaient place largement à des personnes de jugement,
puisqu'elles étaient désignées par l'UPA. J'aurais
douté énormément que l'UPA fasse des désignations
ou des suggestions à partir d'une liste de personnes qui n'auraient pas
eu ces qualités. D'ailleurs, ces fonctionnaires auraient
été choisis par le Conseil des ministres, mais sur recommandation
du ministre de l'Agriculture. Pour ma part, j'ai été
étonné de cela.
M. le Président, je remarque qu'à l'article 4, dernier
paragraphe, il est dit que "le président et les vice-présidents
de la commission exercent leurs fonctions à plein temps". Or, comme le
premier paragraphe fait mention que la commission sera composée d'au
plus sept membres cela peut être moins au départ si
on se garde une marge de nomination de sept membres, il est facile de
prévoir qu'avec la quantité énorme de travail qui va
assaillir la commission, ce ne sera pas long qu'on réalisera
l'obligation d'avoir au moins sept membres à cette commission, surtout
si la commission doit respecter un des pouvoirs qu'on lui donne un peu plus
loin, à la section II, soit celui d'aller siéger en subdivision
de la commission comme telle, c'est-à-dire la possibilité que la
commission siège sans que les sept membres ou tous les membres
déjà nommés puissent le faire ensemble, puisqu'on permet
des subdivisions de deux membres de la commission avec une voix
prépondérante à celui qui présidera la subdivision
de la commission.
Si on refuse, justement, des pouvoirs entre les mains d'instances
régionales, si on refuse la présence ou la possibilité
d'un comité consultatif, il faut croire que le ministre a
décidé que sa commission pourra siéger dans les
régions en subdivi- sion. A partir de cette réalité, une
commission qui va siéger dans des régions données pour
être plus près des problèmes, de la réalité
vécue sur le territoire et le terrain, je ne comprends pas que,
dès le départ, il soit dit, dans l'article 4, tel que
libellé, que seulement trois personnes pourront occuper une fonction
à plein temps. Serait-ce que ces trois personnes, au départ,
pourraient être engagées, ou serait-ce que ces fonctions vont
nécessiter une forme de concours, une liste d'admissibilité, une
qualification? Cela, la loi n'en parle pas.
Est-ce que les quatre autres personnes possibles, membres de la
commission, puisqu'au premier paragraphe, on dit toujours que la commission est
composée d'au plus sept membres comme je l'ai indiqué,
cela ne sera pas long que la commission va être constituée dans sa
plénitude, c'est-à-dire que nous y retrouverons sept membres pour
faire face aux besoins et aux attentes de tous les citoyens du Québec
qui seront touchés par l'application de la loi quelle est
l'intention du ministre vis-à-vis des autres membres, c
est-à-dire ceux qui ne seront ni président, ni
vice-présidents, qui occuperont une fonction à plein temps? Les
autres membres de cette commission, quel sera leur statut à
l'intérieur de la commission? Est-ce que le ministre a à
l'idée la possibilité d'engager des personnes sur une base
contractuelle? Est-ce que ces personnes vont être engagées sur une
base temporaire?
Il m'apparaît que la loi doit nous indiquer de quelle
manière va fonctionner la commission après sa constitution et
dès qu'elle aura reçu la nomination de ses sept membres, nous
dire de quelle manière le ministre et le gouvernement entend les
rémunérer. Serait-ce qu'on se garde la marge de manoeuvre de
nommer des personnes sur une base temporaire ou sur une base contractuelle,
afin de ne pas avoir à répondre aux critères et normes
habituellement requis lorsqu'il s'agit d'embaucher du personnel devant
travailler dans des organismes gouvernementaux ou paragouver-nementaux? Parce
que, même dans le paragou-vernemental, aujourd'hui, il y a des
conventions de travail, il y a la Loi de la fonction publique, il y a des
dispositions qui touchent les employés d'organismes du gouvernement ou
ce qu'on appelle les employés paragouvernementaux qui travaillent dans
le secteur de l'éducation, dans le secteur de la santé et des
affaires sociales.
Pourquoi le ministre n'a-t-il pas, à l'article 4,
précisé davantage le statut des autres membres de la commission,
c'est-à-dire des personnes qui n'agiront ni comme président, ni
comme vice-président? Il ne pourra pas dire, encore une fois, que les
règlements vont voir à régler tout cela. Mais, si on s'en
remet à ses propos antérieurs, en vertu desquels il a
tenté de nous convaincre que ce serait une loi avec une
réglementation absolument réduite et restreinte, j'en
déduis qu'il aurait fallu qu'à l'article 4, on détermine,
puisqu on veut faire le moins de règlements possible, le statut des
autres membres de la commission, sur quelle base ces gens-là vont
être engagés et quelle forme de rémunération ces
gens vont recevoir.
M. le ministre, j'apprécierais, pour ma part, puisque vous voulez
faire très peu de réglementation, que vous nous indiquiez
pourquoi l'article 4 ne répond pas aux attentes que je viens d'exprimer
au cours des dernières minutes.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, est-ce que vous
désirez répondre?
M. Garon: Bien! Il n'y a rien de particulier à
répondre. Le président et les vice-présidents vont
être à plein temps. Les autres pourront être à temps
partiel, pourront être à temps plein ou certains pourront
être des... Il pourra y en avoir un par exemple. Cela pourra être
plus cher, mais il pourra n'y en avoir qu'un. Ce pourra être un
fonctionnaire qui siégera à la commission et qui a un salaire par
ailleurs. A ce moment-là, on augmentera son salaire ou on lui donnera
une rétribution additionnelle. Il est prévu, dans un autre
article un peu plus loin, un cas à cet effet-là. Je pense qu'il
n'y a là aucun problème.
M. Giasson: Qu'est-ce qui est prévu plus loin? A la fin de
la loi, vous n'avez le personnel de la commission, à l'article 113.
L'article 113 fait référence justement à l'embauche du
personnel dont la commission aura besoin et aux modes de
rémunération jusqu'en juillet 1979.
M. Verreault: ...
M. Giasson: II y a l'article 9 du projet de loi qui fait
référence à des traitements. Il y a aussi l'article 10, en
vertu duquel il est permis à la commission de s'adjoindre des
spécialistes et des experts qui devront être
rémunérés, M. le ministre.
M. Verreault: Les amis vont être payés plus cher que
les autres.
M. Garon: Vous avez lu l'article 4? M. Verreault: Oui.
M. Garon: J'aurais pu penser que vous n'avez pas lu cela. Le
gouvernement fixe le traitement et, s'il y a lieu, le traitement additionnel,
les allocations ou les honoraires des membres de la commission. (17 h 45)
M. Giasson: Je l'avais vu, à l'article 2, mais j'ai
posé au ministre la question suivante: Est-ce que les autres membres,
au-delà du président et des vice-présidents, seront
payés sur une base contractuelle, temporaire ou autre?
M. Garon: Cela pourra être une ou l'autre; cela pourra
être des gens à temps partiel ou à plein temps.
M. Lavoie: Ils ne peuvent pas être à plein temps, je
crois. Il est dit, dans le dernier paragraphe: "Le président et les
vice-présidents de la commission exercent leur fonction à plein
temps...
M. Garon: Cela ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas.
Ce ne sont qu'eux qui y sont obligés.
La loi dit que dans le cas du président et des
vice-présidents, ce sera à plein temps, mais cela n'exclut pas
que les autres soient à plein temps. Evidemment, il faut tenir compte
des dépenses, à quel rythme cela va aller, de quelle façon
cela va fonctionner. On ne peut pas prévoir entièrement le rythme
de fonctionnement. Selon les circonstances, on peut ajuster la commission en
nommant des gens à temps partiel qui vont venir aider à la
commission. A ce moment-là, il faut donner une certaine souplesse. Ce
n'est pas comme un tribunal de la Cour supérieure ou un tribunal
où on connaît exactement le rythme de travail du tribunal ou de la
commission.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je n'ai pas reçu
vous l'avez constaté vous-même la réponse
claire, nette et précise que j'aurais été en lieu de
souhaiter de la part du ministre. Avant de laisser la parole à un de mes
collègues, est-ce qu'au moins le ministre pourrait nous dire, à
ce stade-ci de nos travaux, s'il a déjà à l'esprit les
premières personnes qui vont être nommées pour constituer
le départ de la commission, puisqu'on a tout lieu de croire que
dès la sanction de la loi par le lieutenant-gouverneur, le ministre se
devra de constituer, de mettre en place sa commission. Il y a certainement
trois personnes qui devront être nommées au départ.
J'aimerais, M. le Président, que le ministre nous dise quelles sont les
personnes dont les services seront retenus pour combler la première
partie de la commission de protection du territoire agricole.
M. Garon: Voyons donc! La demande du député de
Montmagny-L'Islet...
M. Giasson: Non, je sais que le ministre est un homme très
transparent, il est à l'image du gouvernement, il a de la transparence.
Ce n'est pas possible qu'à la date où nous sommes et tenant
compte du fait que la sélection devrait être faite, du moins de
ces trois personnes qui vont lancer la commission, il n'est pas possible de
croire, M. le Président, que M. le ministre ne sait pas qui seront ses
hommes de force. Ce seront des hommes de force pour lancer cette commission; ce
n'est pas possible que le ministre ne sache pas qui va constituer le lancement,
le départ de sa commission.
NI. Beauséjour: La loi n'est pas adoptée, il faut
attendre...
M. Giasson: Même si la loi n'est pas adoptée, ce
n'est pas possible.
M. Beauséjour: Officiellement...
M. Giasson: Une loi importante comme celle-ci qui va être
sous le contrôle total d'une com-
mission va requérir, pour la constitution de départ, des
gens de très fort calibre, des gens qui ont non seulement un jugement
indiscutable, mais des connaissances techniques, des connaissances
spécialisées dans les questions agricoles, dans les questions du
sol et dans d'autres questions telles que la situation vécue par les
municipalités; cela va prendre des gens d'envergure et je le dis sans
sourire parce que je sais que c'est ce qui va arriver.
Le ministre ne peut pas se permettre de procéder autrement. Donc,
à partir de cette situation, je suis assuré que le ministre sait
fort bien quelles sont les personnes qui répondent à toutes ces
qualifications, à toutes...
M. Garon: Question de règlement, M. le
Président.
M. Giasson: Oui.
M. Garon: Je pense qu'un ministre n'est jamais obligé de
répondre à des hypothèses. Comme c'est le gouvernement qui
nomme, ce n'est pas le ministre c'est bien dit: nommé par le
gouvernement je ne peux pas préjuger des nominations du
gouvernement.
Le Président (M. Boucher): Vous avez parfaitement raison,
M. le ministre. M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je laisse à mes
collègues la possibilité d'intervenir sur l'article 4 tel que
rédigé dans la loi.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je voudrais dire tout de suite une chose à
l'endroit de mes collègues. Si j'avais l'intention de faire du blocage
systématique et de nuire à l'avancement des travaux, il y aurait
une belle place pour deux motions. Il y aurait d'abord une place pour faire une
motion pour inclure de la consultation, pour déterminer que cette
nomination devra se faire après consultation avec tel ou tel organisme.
Ce serait une belle place pour faire une motion. Il y en aurait
également une autre. Elle m'échappe à ce moment-ci. De
toute façon, j'aimerais bien demander au ministre s'il a l'intention de
faire de la consultation seulement le lui demander, sans faire de motion
quant à la nomination, au choix de ces commissaires si on
peut les appeler ainsi premièrement, avec l'UPA;
deuxièmement, avec les conseils de comté; troisièmement,
avec l'Union des municipalités du Québec et,
quatrièmement, avec d'autres organismes possibles. C'est la
première question que je pose au ministre.
Deuxièmement celle-là est encore plus importante
et, là-dessus, il y a des députés qui ont de
l'expérience en administration municipale qui pourront corroborer mes
propos est-ce qu'on ne risque pas de trouver des subdivisions dans cette
commission, des départements comme on en retrouve actuellement dans tous
les autres ministères, dans tous les autres organismes? Par exemple,
à l'intérieur de la commission, qu'il y ait la section de la
planification, la sous-commission de la classification des sols, la
sous-commission de l'environnement, la sous-commission du développement
ou des programmes?
M. Baril: Vous en avez de bonnes!
M. Roy: Non. Quand le ministre des Affaires municipales
les députés le savent autant que moi a
décidé de normaliser les subventions dans le cadre du programme
PAIRA, on a organisé plusieurs directions générales: la
direction générale de l'urbanisme, la direction
générale de l'environnement, la direction générale
du financement, la direction de la planification, toute une série de
directions, à un point tel que, lorsque tous les dossiers ont fini de
franchir toutes les étapes, il faut forcer des réunions
interdirections pour pouvoir trouver une formule pour que les gens se parlent,
pour qu'on puisse faire franchir le dossier d'une direction
générale à l'autre. Qu'on regarde le nombre de directions
générales que nous avons à l'heure actuelle dans tous les
ministères du gouvernement, dans les organismes gouvernementaux, la
superstructure. C'est une grande inquiétude que j'ai et qui aurait
été évitée. Evidemment, je ne veux pas faire un
débat au sujet des commissions régionales. Au lieu de prendre les
grandes formules de structure à partir de normes très savantes et
très sophistiquées, on aurait fonctionné à partir
du gros bon sens de la population et de la grosse logique. Je ne
prétends pas que trois personnes qui sont obligées d'exercer
leurs fonctions à temps plein par la loi c'est le dernier
paragraphe de l'article 4 puissent être capables à elles
seules de remplir la grande mission qu'on leur a confiée de voir
à surveiller toutes les terres agricoles du Québec. Dans un
premier temps, pour savoir si le milieu des autorités locales aura droit
au chapitre, j'aimerais savoir du ministre, d'abord dans un premier
temps, je répète brièvement ma première question
s'il a l'intention de faire de la consultation et, si oui, avec qui.
C'est la première question. Deuxièmement, le ministre peut-il
nous dire si, oui ou non ma question sera assez claire il y aura
des sous-commissions qui seront dépendantes de la commission une fois
que cette commission sera en place, ou des secteurs, des divisions, des
subdivisions de la commission?
M. Garon: M. le Président, j'espère que le
député de Beauce-Sud a lu la loi puisque l'article 7 parle de
divisions. Quant à la consultation, cela fait deux ans que je consulte,
et en plus, en septembre, on a fait une tournée du Québec pour
recevoir 104 mémoires et...
M. Lavoie: La même consultation que vous avez faite avec
les gens qui sont venus ici?
M. Garon: Attendons que la loi soit finie. Vous verrez à
quel point on a tenu compte de la consultation.
M. Lavoie: Je ne veux plus entendre ce mot-là dans votre
bouche! Consultation!
M. Garon: Vous avez peur qu'on étudie la loi... On
"taponne", actuellement, justement, pour que les gens ne puissent pas se rendre
compte à quel point on a tenu compte de la consultation.
M. Lavoie: Et vous ne rougissez pas quand vous dites cela!
M. Garon: A la fin...
M. Roy: Excusez-moi. Je n'ai pas parlé de la consultation
générale. J'ai bien limité ma question. Uniquement si le
ministre a l'intention de faire de la consultation avec certains organismes
afin de nommer les membres de la commission. Je ne veux pas prolonger le
débat, M. le Président, juste cela, oui ou non.
M. Garon: Je consulte tout le temps et je vais consulter pour
cela comme pour d'autres choses.
M. Roy: Qui?
M. Garon: C'est confidentiel!
M. Roy: Ne nous donnez pas seulement un chèque en blanc,
on veut le carnet de chèques au complet! C'est le temps des Fêtes,
alors on veut le carnet de chèques!
M. Lavoie: Un ministre, en vertu du règlement, n'a pas le
droit de répondre que c'est confidentiel. Il doit dire que ce n'est pas
d'intérêt public.
M. Beauséjour: II n'est pas obligé de
répondre...
M. Lavoie: Ce n'est pas d'intérêt public de dire
auprès de qui vous avez fait la consultation?
M. Beauséjour: II n'est pas obligé de
répondre!
M. Garon: Ce n'est pas d'intérêt public. On va
consulter tout le monde possible. Je fais des consultations là-dessus
depuis bien longtemps! Cela me permet de voir ce que les gens ressentent.
Habituellement, on n'en avait pas besoin, mais j'ai commencé à
travailler là-dessus il y a deux ans. J'ai demandé l'opinion des
gens, il y a deux ans, justement pour qu'on ne puisse pas saisir trop que
c'était pour telle nomination. Evidemment, les conseils ne sont plus les
mêmes. Souvent, il y a des gens qui sont intéressés par des
nominations comme cela et il y a bien des gens qui se sont proposés.
Vous seriez surpris de savoir à quel point il y a des gens qui se sont
proposés pour des fonctions à la commission. On a l'embarras du
choix. Il faudrait quasiment former les douze commissions dont parlait le
député de Montmagny-L'Islet!
M. Giasson: Je n'ai pas de peine à le croire!
M. Lavoie: Est-ce qu'il reste autant de péquis-tes qui
n'ont pas encore de "job"?
M. Garon: Je pense que le critère est la
compétence.
M. Roy: La compétence. M. Bourassa nous avait dit cela:
compétence! Est-ce la même chose?
M. Garon: Pour moi, c'est le jugement. Un bon jugement et du bon
sens. Parce qu'on peut avoir beaucoup de compétence dans un domaine et
manquer de jugement. Cela arrive souvent, des gens qui voient les arbres, mais
qui ne voient plus la forêt. Ils sont trop compétents dans un
domaine trop spécialisé et je pense qu'il est important de voir
toute la forêt, même si on ne sait pas le nom de tous les
arbres!
M. Roy: Le ministre connaît-il la définition du
spécialiste? C'est un homme qui en sait de plus en plus, sur des sujets
de moins en moins nombreux, jusqu'à ce qu'il sache tout d'aucun
sujet.
M. Garon: C'est un homme qui en sait de plus en plus sur de moins
en moins de choses.
M. Roy: Jusqu'à ce qu'il sache tout sur aucun sujet.
M. Garon: Mais vous savez, il paraît que vous pouvez
devenir facilement un spécialiste des peintres flamands de la
deuxième partie du XVe siècle parce qu'il n'y en avait que deux!
Il y a différentes façons de devenir spécialiste. On a
besoin de spécialistes. Je pense que les spécialistes sont
importants. Je pense qu'il va être important que dans le groupe qui va
travailler avec la commission, il y ait des gens qui connaissent les sols. Cela
va être important.
M. Giasson: C'est un peu comme la thèse qui veut que moins
je pédale plus vite, plus je pédale moins vite.
M. Garon: J'aimerais dire aussi aux membres que je vais leur
distribuer tout à l'heure une série de règlements.
Evidemment, il y a des règlements qui ne sont pas rédigés
parce qu'on ne pense pas en avoir besoin immédiatement, mais on va vous
distribuer les règlements que j'ai, c'est-à-dire sept
règlements. Il y a une faute d'orthographe. La jeune fille qui a
tapé cela est peut-être une ancienne créditiste, parce que
au lieu d'écrire le ministre des Finances, elle a écrit le
ministre de la finance! Je voulais dire par ailleurs que ces
règlements...
M. Verreault: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Excusez... M. le
député de Shefford.
M. Verreault: II est 18 heures, et cela va empêcher le
ministre de faire des bêtises!
M. Garon: Je veux dire, à ce moment-là...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford, vous désiriez avoir les règlements, M. le ministre veut
les distribuer et je pense que vous pouvez attendre quelques secondes. (18
heures)
M. Garon: Je dois les distribuer. J'aimerais vous dire, par
exemple, que ce ne sont pas les règlements définitifs, qu'ils
devront être revus une dernière fois, lorsque la loi aura
été adoptée, présentée au Conseil des
ministres. Alors ils donnent une bonne indication de la réglementation.
Il me fera plaisir de le faire à 20 heures, à l'ouverture...
M. Lavoie: Vous ne pouvez pas nous distribuer et je
termine là-dessus comme on nous distribue des documents, la liste
des candidats possibles aux postes de la commission?
M. Garon: ...
M. Lavoie: M. le ministre, comme vous distribuez des... Il ne
veut pas m'entendre. On peut ajourner, on peut suspendre.
Le Président (M. Boucher): Alors la commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 1
Reprise de la séance à 20 h 25
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A la suspension de 18 heures, nous en étions à l'article
4. M. le député de Beauce-Sud avait la parole.
M. Giasson: M. le Président, étant donné que
mon collègue de Beauce-Sud n'est pas arrivé, par suite de
l'engagement que le ministre avait pris lors de la suspension de nos travaux,
il serait opportun, je pense, de l'inviter à déposer les
règlements qu'il avait retenus à 18 heures pour des raisons que
j'accepte bien; il m'avait donné ces raisons. Je crois que l'heure du
souper lui a permis de...
M. Garon: Non, on ne les a pas remis, mais cela ne sera pas
long.
M. Giasson: Ah bon! Nous attendons, M. le Président, que
le ministre passe à travers l'itinéraire et nous dépose
les documents.
Le Président (M. Boucher): En attendant, est-ce que
quelqu'un voudrait...
M. Garon: On peut continuer. M. Lavoie: Je peux
commencer.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Justement, mon intervention était sous forme
interrogative, M. le Président, et je ne voudrais pas... Je reviendrai
après... Vous en avez pour combien de temps? Je ne voudrais pas
retarder... Votre lecture est-elle...
M. Garon: Non, j'ai déjà pu y travailler; dans une
demi-heure, on aura terminé, je vais vous les donner ce ne sera pas
long. Ce n'est que pour voir s'il y a des erreurs.
M. Lavoie: M. le Président, d'après mes
informations, le ministre n'a pas d'amendement à apporter à
l'article 4, je crois.
M. Garon: Non.
M. Lavoie: Vous n'en avez pas. Pendant qu'à l'heure du
dîner, le ministre faisait la lecture de ses règlements, j'ai relu
attentivement la loi et, d'une manière particulière, l'article 4.
J'ai sans doute décelé une erreur parce que dans sa
rédaction actuelle j'espère que ce n'est pas volontaire
parce que ce serait assez sérieux il y a des petits mots qui en
disent beaucoup. Si c'est vraiment l'intention du ministre je ne
voudrais pas lui en prêter j'ai l'impression que ce serait
vraiment une pression et une latitude incroyables, à moins que mon
interprétation ne soit fausse.
Si vous le voulez bien, nous allons lire attentivement l'article 4 et
spécialement la troisième ligne: "La commission est
composée d'au plus sept membres, dont un président et deux
vice-présidents, nommés par le gouvernement pour une
période d'au plus cinq ans. Une fois déterminée, la
durée de leur mandat ne peut être réduite." Je laisse
tomber les autres alinéas, etc. Si on l'interprète à la
lettre, "au plus cinq ans", cela voudrait dire que le ministre pourrait nommer
des membres de la commission pour trois mois, six mois, et procéder par
renouvellement s'ils font l'affaire du ministre ou du gouvernement.
Je ne sais pas s'il y a déjà eu des lois comme
celle-là dans le passé. Je m'en fous, s'il y en a eu, sous
quelque gouvernement que ce soit, mais s'il faut qu'il y ait une
épée de Damoclès sur les commissaires et qu'ils soient
nommés à la pièce pour des périodes de six mois ou
d'un an et qu'on leur dise: Votre renouvellement est sujet à votre bon
comportement, là, j'ai mon voyage! J'ai mon voyage!
M. Garon: Là, il faudrait...
M. Lavoie: Si le ministre me dit qu'on va corriger cela, je vais
présenter un amendement tout de suite. Si vous faites toute la
consultation que vous voulez faire dans les milieux agricoles, les milieux que
vous voudrez... Vous ne voulez
peut-être pas consulter d'autres milieux, mais en tout cas... Si
votre choix n'est pas valable pour une certaine période, que c'est
nommé à la pièce et au petit cordon, on va faire une
bataille sur cela parce qu'il y a une limite.
Voici mon amendement. Que l'article 4 soit amendé en
remplaçant, à la troisième ligne du premier alinéa,
les mots "d'au plus" par les mots "minimum de". Si les légistes n'aiment
pas ma formule, ils pourront la modifier pour la forme. Cela se lirait comme
suit: "La commission est composée d'au moins sept membres, dont un
président et deux vice-présidents, nommés par le
gouvernement pour une période minimum de cinq ans."
Si votre choix n'est pas valable pour une durée de cinq ans,
amendez-la comme vous le voulez, mais je ne voudrais pas qu'ils soient à
la crèche pendant des nominations d'année en année,
suivant leur comportement et la satisfaction du ministre, du gouvernement ou de
l'UPA. (20 h 30)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, pour poursuivre sur le fond, je considère l'amendement recevable,
prima facie.
M. Lavoie: M. le Président, sans monter dans les rideaux
plus qu'il ne le faut, je crois que ce n'est pas acceptable. C'est sans doute
habile. Il faut le lire plusieurs fois pour découvrir une telle
rédaction. Cela ne viendra peut-être jamais ou quoi que ce soit,
je ne suis pas plus intéressé qu'il le faut, mais être
ministre et avoir le culot de demander un tel pouvoir, je pense que c'est un
peu fort. C'est très subtil; c'est très habile. Cela peut
même être cynique, si c'est cela parce que c'est cela que cela veut
dire quand même. Je n'ai pas à interpréter les lois
d'après le ministre qui est en place. Ce n'est pas une accusation que je
fais au ministre qui est là. J'ai connu cela dans le passé, les
ministres ne sont pas éternels. J'en ai connu un paquet de ministres
depuis plusieurs années; des ministres de l'Agriculture, je dois en
avoir connu sept ou huit.
M. Garon: Vous n'êtes pas si vieux que cela.
M. Lavoie: Attendez, je vais vous en nommer. J'ai connu
facilement Barré, à partir de là, Alcide Courcy...
M. Marcoux: Le curé Labelle.
M. Lavoie: Clément Vincent; j'ai connu M. Toupin, M. Kevin
Drummond; j'ai connu M. Garon et je connais quasiment son successeur.
M. Garon: Avez-vous connu Adélard Turgeon?
M. Lavoie: Non. Je crois, M. le Président, et c'est
l'intention, sans doute...
M. Garon: C'était en 1905.
M. Lavoie: C'est l'intention du gouvernement et du
Parlement...
M. Giasson: Onésime Gagnon, Edouard Ca-ron, Adélard
Godbout.
M. Garon: 1929: Caron.
M. Lavoie: ... qui adoptent une loi... Oui, Caron, on m'a dit que
c'était un avocat et qui, d'après Rumilly je pense, avait
été un des plus grands ministres de l'Agriculture; je n'ai pas
dit après qui mais je ne le dirai pas encore. Si mon amendement est
adopté, peut-être que j'ajouterai le nom.
Je crois que cette commission voudrait avoir une loi et je pense qu'on
veut des fonctionnaires, des commissaires c'est l'intention du ministre
honnêtes, des commissaires qui seraient à l'abri de toute
attaque sur la question de probité, qui aient une indépendance,
surtout dans le rôle capital qu'ils ont à jouer. On ne fera pas
notre débat de deuxième lecture, cela touche au droit de
propriété, cela touche au droit immobilier, cela touche au droit
de jouissance de sa propriété, etc., et je pense que ce serait
déprécider les commissaires que vous voulez nommer si vous les
nommez pour un an uniquement ou deux ans.
M. Garon: II n'est pas question de cela.
M. Lavoie: Je prends votre parole comme ministre de l'Agriculture
en date du 15 décembre 1978 mais c'est une loi qui va rester dans les
statuts du Québec.
M. Garon: Toute loi en fait a toujours la mention "d'au plus tant
d'années".
M. Lavoie: Non, mais je n'accepterai pas votre
déclaration. Vous me parlez de consultation et je ne vous crois plus.
Donnez-moi des exemples; allez chercher des statuts et montrez m'en.
M. Garon: Par exemple, pour le crédit agricole, c'est
écrit, si ma mémoire est bonne, "d'au plus dix ans"; à un
autre endroit, c'est écrit: c'est d'au plus tant d'années.
Partout où j'ai vu des lois, c'est cela que j'ai vu au ministère
de l'Agriculture.
M. Giasson: Oui, mais s'il les nomme pour six mois.
M. Garon: Vous savez bien que vous ne pouvez pas nommer des gens
pour six mois parce qu'immédiatement, si vous nommez des gens pour six
mois, cette commission n'aurait aucune crédibilité. Qui irait se
faire nommer à une régie pour six mois?
M. Giasson: Pour un contractuel, M. le ministre, pas de
problèmes.
M. Garon: Voyons! Je comprends mais il n'y a pas un gouvernement
sérieux qui...
M. Giasson: Comme cela, l'amendement est bien fondé de
droit et de fait.
M. Garon: Non, je pense...
M. Lavoie: Si vous trouvez qu'un minimum de cinq ans est trop
long, mettez trois ans; nous allons l'accepter mais acceptez quelque chose au
moins. On ne peut pas vous laisser une épée de Damoclès
comme cela dans les mains. Vous pouvez nommer pour un an. Après un an,
ce bonhomme-là va vouloir tout probablement continuer et pour pouvoir
continuer si c'est pour lui donner des coups de téléphone de
temps en temps, il va être pas mal réceptif, j'imagine. C'est
humain; où il y a de l'hommerie, vous savez...
M. Garon: C'est écrit que c'est un maximum mais,
normalement, vous ne nommez pas quelqu'un pour six mois ou un an à un
poste comme cela.
M. Giasson: II y a le minimum de X années.
M. Garon: Pourquoi?
M. Giasson: Pourquoi, parce que cela va...
M. Garon: Parce qu'il n'y a aucune loi faite comme cela.
M. Lavoie: Et d'au plus "minima"...
M. Garon: Pourquoi ne les faisiez-vous pas comme cela les lois
dans votre temps? Arrêtez donc d'être hypocrites, sacrifice!
M. Giasson: Non, mais...
M. Garon: Vous n'aviez qu'à en faire des lois comme cela
dans votre temps!
M. Giasson: Citez-nous des lois qu'on a faites et qui sont
rédigées de cette manière.
M. Garon: Sur toutes les lois, c'est écrit "d'au plus tant
d'années". Je n'ai jamais vu une loi où c'est écrit
"minimum tant d'années ". En tout cas. je n'en ai pas vu. Donnez-moi des
exemples.
M. Lavoie: J'étudie cette loi actuellement. M. Garon:
Oui.
M. Lavoie: C'est la loi et je voulais être pertinent aux
débats. Je ne peux pas parler des autres lois.
M. Garon: C'est écrit, à part cela, la garantie,
c'est quoi? Une fois déterminée, la durée de leur mandat
ne peut être réduite.
M. Verreault: Au ministère de l'Agriculture, on peut
douter que les gars y sont restés six mois.
M. Garon: Vous avez eu cette loi dans votre temps, 1975. Le
président est nommé pour une période n'excédant pas
dix ans; les autres membres de la commission sont nommés pour trois
ans.
M. Lavoie: Pour trois ans, pour trois ans.
M. Garon: Non, vous en avez d'autres qui sont nommés pour
deux ans. Il y en a d autres...
M. Lavoie: Pour deux ans. Inscrivez-le, deux ans ou trois ans,
bon.
M. Garon: II y en a d'autres pour un an.
M. Lavoie: Ils sont nommés... vous l'avez, l'exemple. Pour
les lois qu'on passait, au moins, il y avait un minimum.
M. Garon: Non, un minimum d'un an, cela donne...
M. Lavoie: Trois ans, c'est écrit là. Ils sont
nommés pour trois ans.
M. Garon: Le président n'a pas de minimum. Il a un
maximum, lui aussi.
M. Lavoie: Nommez-moi les autres.
M. Garon: Non, parce que j'ai I assurance-habitation; c'est la
dernière que vous avez votée en agriculture. Vous avez dit:
Président pour au plus dix ans et vous avez nommé des gens pour
trois ans, deux ans ou un an.
M. Lavoie: Oui, parce qu'il y avait une rotation dans la
durée.
M. Garon: Bon, quand vous dites: d au plus cinq ans,
normalement...
M. Lavoie: L'article au complet, s'il vous plaît... "au
moins pour trois ans", il y avait un minimum de trois ans.
M. Verreault: Ce n'est pas pour approximativement deux mois?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Garon: Si vous prenez la Loi des régies du
marché agricole... c'est écrit.
M. Lavoie: Relisez donc l'article dont vous venez de nous parler,
au complet.
M. Garon: Je peux le lire: "Le président est nommé
pour une période n'excédant pas dix ans...
M. Lavoie: Oui, continuez.
M. Garon: "II est, en même temps, le directeur
général de la commission et peut être choisi parmi les
fonctionnaires du gouvernement. Les autres membres de la commission sont
nommés pour trois ans...
M. Lavoie: Bon.
M. Garon: Attendez un peu. "Deux sont choisis parmi les
producteurs et deux sont choisis parmi les fonctionnaires du
gouvernement...
M. Lavoie: Exactement.
M. Garon: ... Toutefois, l'un des premiers membres choisi parmi
les producteurs est nommé pour deux ans...
M. Giasson: Pour deux ans.
M. Garon: Et l'un des premiers membres choisi parmi les
fonctionnaires est nommé pour un an".
M. Giasson: C'est cela. M. Lavoie: Vous voyez
là...
M. Garon: Vous nommez la Régie des marchés
agricoles...
M. Lavoie: ... vous lui donnez un autre argument, juste pour un
an, une digression, monsieur.
M. Garon: C'est un maximum. On peut bien leur dire
d'écrire "un maximum de dix ans". Cela ne donne rien.
M. Lavoie: Mais mentionnez "pour cinq ans". M. Giasson:
C'est cela.
M. Garon: Je ne marquerais pas "pour cinq ans"; on écrit
"pour un maximum de cinq ans". C'est évident que je ne nommerais pas des
gars à des fonctions semblables pour un an. Qui est-ce qui va laisser
une fonction pour être nommé un an à une commission?
M. Lavoie: De toute façon, vous aurez autant de
difficultés si c'est seulement pour cinq ans. S'ils n'ont pas de pension
ou quoi que ce soit, seulement pour cinq ans, des gens vraiment sérieux
ne quitteront pas leur poste.
M. Beauséjour: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: Dans ce que le ministre vient de lire,
c'est bien indiqué "n'excédant pas...
M. Lavoie: Pour trois ans... là, écoutez! M.
Beauséjour: "n'excédant pas...
M. Lavoie: A part cela, je ne discuterai pas avec vous. C'est
clair, ce qu'il vient de lire: "pour trois ans".
M. Beauséjour: D'ailleurs, M. le député de
Laval, je ne vous parle pas. Je parle aux gens qui sont assez intelligents pour
comprendre de votre côté. Alors, s'il vous plaît...
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez un droit de
parole, vous vous adressez au président.
M. Lavoie: Adressez-vous au président.
M. Beauséjour: M. le Président, que le
député de Laval s'adresse aussi au président!
"N'excédant pas", M. le Président, c'est la même chose que
"d'au plus de". C'est indiqué dans ce que le ministre vient de nous
lire. Je ne vois pas quelle différence il y a.
M. Lavoie: Vous ne voyez pas de différence entre les
statuts auxquels le ministre vient de faire allusion...
M. Beauséjour: Je ne vois pas de différence...
M. Lavoie: ... qui dit pour trois ans, pour deux ans, pour un
an?
M. Beauséjour: Je m'excuse, mais dans le premier
paragraphe, c'est indiqué: "n'excédant pas". C'est la même
chose que "d'au plus de".
M. Giasson: Non, "n'excédant pas", c'est clair et net que,
quelle que soit la conjoncture, qu'après un an, on pourrait dire: un
membre, en vertu du libellé de l'article 4, le ministre et la
commission, le ministre, entre autres, a le pouvoir de vous libérer et
de nommer quelqu'un d'autre à votre place.
M. Beauséjour: Mais c'est ce que le ministre vient de lire
dans l'autre loi, "n'excédant pas".
M. Giasson: Pas "n'excédant pas", "pour".
M. Garon: Quand vous nommez un fonctionnaire, quand vous le
nommez pour tant d'années, cela veut dire quoi, au juste?
M. Lavoie: La Fonction publique, c'est une autre affaire. La
Fonction publique ne s'applique pas ici.
M. Garon: Bien non, c'est la même chose. Nommer un
fonctionnaire pour un an, cela veut dire quoi?
M. Lavoie: Vous ne le nommez pas pour un an. Vous engagez un
fonctionnaire s'il passe un concours de la Fonction publique... et dans la
Fonction publique, vous ne l'engagez pas pour un terme
déterminé.
M. Garon: Quand vous nommez un fonctionnaire à une
régie ou à une commission, comme vous avez remarqué, c'est
théorique, au fond.
M. Lavoie: M. le Président, ce n'est pas théorique,
ce que le ministre vient de nous lire. Il a dit: "pour trois ans". Nous allons
l'avoir, le statut.
M. Garon: Pour un deux ans, pour un an. Cela veut dire que le
président...
M. Lavoie: Mais vous n'avez pas lu tout l'article, parce qu'il y
a une rotation. Vous allez voir, en tout cas. Il a seulement à dire...
cinq ans, bon.
Une Voix: On efface "d'au plus"?
M. Lavoie: M. le Président, peut-être que cela ne
fera pas l'affaire de nos amis d'en face mais il se dégage de leur
politique, depuis une couple d'années qu'ils sont là, un
dirigisme. On sent cela. Ceux qui ne le sentent pas, c'est qu'ils
n'étaient pas au Parlement avant, ils sont nouveaux. Ceux qui
étaient ici avant sentent que l'atmosphère est changée et
qu'il faut respirer au même rythme depuis quelque temps. On l'a
vécu en Chambre. Vous vous foutez des droits individuels et de la
liberté des gens. Je peux vous en donner des exemples: la loi 2, et il y
a eu deux ou trois remontrances de la part de la Commission des droits de la
personne. C'est une atmosphère que vous avez créée et que
vous voulez créer au Québec avec votre loi. Vous voulez la
créer avec vos fonctionnaires qui doivent marcher au même pas que
vous. On n'est pas obligé d'accepter cela et, en ce qui me concerne, on
ne l'acceptera pas. Crois ou meurs, c'est fini au Québec!
M. Baril: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Les personnes qui vont
avoir la responsabilité de cette commission n'auront pas la tâche
facile. Cette tâche va exiger et c'est la responsabilité et
les objectifs de la loi qui le déterminent qu'ils rendent des
jugements à la Salomon. Ces gens-là ne se feront pas toujours des
amis. Comment une personne sérieuse, compétente irait-elle
s'engager à accepter la présidence, la vice-présidence ou
même un poste de commissaire à cette commission sans avoir la
certitude d'un minimum garanti? C'est une question de principe. Aujourd'hui, on
fait encore une loi-cadre puisqu'on dit dans la loi: Une fois
déterminée la durée de leur mandat ne peut être
réduite. Ce n'est pas la loi qui va le décider, c'est le
ministre. Ce sont toujours des lois de plus en plus imprécises. Je ne
veux pas faire le parallèle entre le passé et le présent
parce que cela pourrait entraîner un débat.
M. Garon: Vous aimez mieux vous mettre la tête dans le
sable!
M. Verreault: Dans le fumier, pour certains.
M. Roy: C'est justement parce qu'on n'a pas la tête dans le
sable et qu'on ne veut pas l'avoir qu'on veut le plus de précisions
possible. C'est notre responsabilité et notre devoir de le demander. Ce
n'est pas compliqué de dire dans la loi que, si cinq ans c'est trop
long, ce sera une période de trois ans. Mais que ce soit dans la loi,
autrement la personne sera soumise au chantage. Je ne dirai pas que cela s'est
fait dans toutes les lois, le ministre pourra peut-être trouver des
lois... Mais ce sont des points sur lesquels nous avons insisté dans le
passé. Je ne chercherai pas ce soir à prolonger les débats
en reprenant les discours et les propos qui ont été tenus par mes
collègues au moment où ils étaient dans l'Opposition, au
moment où nous siégions du même côté de la
Chambre. Je ne ferai pas un débat de 25 minutes, je n'en ferai
même pas un de cinq minutes là-dessus. Mais quand on dit: Pour une
période de cinq ans au plus, cela peut être deux mois. Le ministre
va me dire que deux mois cela n'a pas de bon sens. C'est vrai. Si cela n'a pas
de bons sens, écrivons-le. Ce sont des garanties qu'on veut avoir dans
la loi. Mettez trois ans, si cinq ans c'est trop long. Si c'est trop long trois
ans, mettez-en deux. Pour un minimum de... Et on va passer à un autre
article.
M. Garon: C'est marqué partout. J'ai ici la commission de
police. La loi régissant la commission de police. Cela doit être
important! Les membres de la commission sont nommés pour un mandat
n'excédant pas dix ans. Le mandat, une fois fixé, ne peut
être réduit par la suite. On a pris la formule usuelle qu'on
trouve dans toutes les lois comme celle-là. L'Office de la construction
du Québec aussi. Combien voulez-vous de lois pour avoir des preuves?
M. Roy: Si vous prenez l'Office de la construction, vous
n'êtes pas sorti, parce qu'il y en a des lois là-dedans.
M. Garon: "L'Office est formé de trois membres dont le
président est nommé pour au plus dix ans. Une fois fixés,
la durée de leur mandat et le montant de leur traitement ne peuvent
être réduits."
C'est cela dans toutes les lois. On n'a pas forgé... Qu'est-ce
que c'est que cette affaire-là?
M. Ouellette (Beauce-Nord): La Loi de l'aide juridique, 1972.
M. Garon: C'est épouvantable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette (Beauce-Nord): M. le Président, j'ai ici la
copie de la Loi de l'aide juridique adoptée en 1972 sous le gouvernement
libéral. Elle dit: "Le président et le vice-président
à l'article 13 doivent être des avocats
nommés pour une période qui ne peut excéder dix ans et
qui, une fois déterminée, ne peut être réduite."
C'est exactement le texte du projet de loi actuel. Donc, si on a un
monstre, on ne l'a pas inventé. (20 h 45)
M. Roy: Si vous copiez les autres, ne les accusez pas.
M. Ouellette (Beauce-Nord): Ce sont eux qui accusent, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Garon: C'est évident, si vous nommez quelqu'un pour six
mois ou un an, il n'y a pas un chat qui va vouloir y aller. Cela ne me fait
rien de l'amender pour écrire "pour une période d'au plus dix
ans", cela ne me dérange pas, mais c'est évident que les gens
vont être nommés pour un certain nombre d'années. Cela
dépend de l'âge du gars, par exemple; si vous nommez un gars de 63
ans pour dix ans, c'est un peu bête.
M. Verreault: M. le Président, quand on sait ce qui se
passe au ministère de l'Agriculture, on y entre et on en sort assez
fréquemment, on peut quand même en douter.
M. Garon: J'aime mieux ne pas m'étendre sur
l'évaluation que vous avez faite parce qu'on...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre! M. Verreault:
... M. le ministre.
M. Garon: Non, on pourrait peut-être, à un moment
donné...
M. Giasson: Vous devriez, M. le ministre.
M. Lavoie: II y en a un pour trois ans. Pourquoi ne mettez-vous
pas un minimum de cinq ans?
M. Garon: Je ne la changerai pas. M. Lavoie: Vous ne
changerez pas.
Une Voix: C'est comme cela dans toutes les lois.
M. Lavoie: Voulez-vous qu'on s'en aille? Qu'est-ce qu'on fait ici
en commission? Est-ce qu'on est ici pour donner notre point de vue et tenter
d'améliorer la loi?
M. Garon: Oui, pour tenter d'améliorer la loi, non
pour...
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est prêt
à voter sur l'amendement? M. le député de Laval?
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, avant que vous ne mettiez aux
voix l'amendement déposé par le député de Laval,
j'aimerais faire quelques commentaires.
Voici qu'une commission va être formée, composée
d'au plus sept membres, dont un président et deux vice-présidents
nommés par le ministre ou par le gouvernement, le Conseil des ministres,
cela va de soi. A partir du moment où le ministre nous a indiqué
avec force arguments que les gens qui seront choisis pour siéger
à la commission de contrôle le seront non seulement en fonction de
leur compétence, mais aussi en fonction de la qualité de leur
jugement et de leur capacité d'appliquer la loi avec bon sens, le bon
sens traditionnel qu'on reconnaît en milieu rural ou en milieu agricole,
je ne m'explique pas que le ministre ne veuille accepter l'amendement qui est
proposé par le député de Laval.
Si le choix qui doit être fait s'appuie sur des qualités ou
des qualifications fort précises que ces personnes devront
posséder et ce, en fonction même des indications que nous a
données le ministre à deux ou trois reprises, je ne m'explique
pas qu'on doive mettre dans la loi des restrictions et qu'on n'apporte pas les
précisions voulues de façon à assurer une période
de permanence déterminée dans la loi. Le député de
Laval vient de proposer "pour une période minimale de cinq ans". On ne
se chicanera pas pour la durée de cette période; le
député de Laval a proposé une période de cinq ans,
cela pourrait être une période de trois ans; cela pourrait
même être une période de deux ans.
Je crois que le choix méticuleux et fort judicieux que le
ministre et le Conseil des ministres vont faire à l'endroit des
personnes dont les services vont être retenus mérite qu'on indique
dans la loi à l'article 4 c'est l'endroit, je pense, dans la loi,
pour le faire de façon précise une durée minimale
pour la fonction que ces personnes de grand calibre vont occuper à cette
commission permanente.
Si le président et les deux vice-présidents ne sont pas
présentement protégés par la Fonction publique, il est
naturel de croire que ces personnes au moment d'accepter une fonction de ce
genre, vont devoir renoncer aux activités qu'elles occupent
présentement. Il m'apparaît utile, il m'apparaît prudent que
la loi mentionne de façon déterminée quelle sera la
durée minimale du mandat puisque les personnes à qui on va offrir
les postes méritent tout au moins qu'on leur indique que l'emploi, que
l'occupation qu'elles laissent au moment d'accéder à la
commission permanente, leur garantit un poste, une fonction qui dure un minimum
de temps pour l'exercice de la responsabilité que le gouvernement leur
confie et de ces personnes vont vouloir accepter.
Si ces personnes étaient choisies à l'intérieur de
l'appareil de la fonction publique, il est facile d'imaginer qu'elles auraient
déjà la sécurité de services et la
sécurité d'emploi que le gouvernement pourrait leur garantir
à la suite de la mutation du poste qu'elles occupent dans la fonction
publique à la fonction de commissaires. Il est facile d'imaginer ou de
croire qu'à ce moment-là le gouvernement pourrait apporter des
garanties. D'ailleurs, je crois qu'il y a certaines dispositions
dans la Loi de la fonction publique ou, tout au moins, dans les
règlements spéciaux. Le Conseil des ministres peut décider
qu'il y a une certaine catégorie de hauts fonctionnaires qui ne sont pas
régis par la convention de travail que nous retrouvons dans la fonction
publique, mais dont l'échelle de salaires, dont les conditions de
rémunération, dont les modalités de services et d'emploi
sont déterminées par une réglementation adoptée par
le Conseil des ministres ou par le lieutenant-gouverneur en conseil, si on me
permet ce terme.
M. Garon: Vous êtes en train d'endormir le
président.
M. Giasson: C'est la première fois, si tel était le
cas, M. le ministre, que cela se produirait dans le cas de la
présidence.
Le Président (M. Boucher): J'écoute
aveuglément.
M. Giasson: Faut-il vous rappeler le nombre de fois où il
est arrivé au ministre qui patronne cette loi de s'endormir quelques
moments et de se réveiller en sursaut?
M. Garon: Jamais!
Le Président (M. Boucher): J'écoutais
aveuglément, M. le député.
M. Garon: Je ferme les yeux en écoutant pour mieux
concentrer mon attention.
M. Giasson: II est loisible de croire que même le ministre
de l'Agriculture a ses périodes de méditation et qu'il pourrait
être contemplatif à ses heures.
M. Garon: Probablement que votre chef vous influence.
M. Giasson: Non, c'est l'inspiration de la campagne qui guide les
propos que je viens de tenir parce que j'ai toujours vécu en milieu
rural.
M. Garon: La main du maître vous guide. Sentez-vous comme
une main qui vous guide?
M. Giasson: Je sens toutes sortes de mains, M. le ministre. Je ne
suis pas limité à une seule main, si c'est là le sujet de
vos préoccupations.
Une Voix: Cela dépend à qui la main.
M. Giasson: Sérieusement, M. le Président,
au-delà des propos que vient de tenir le ministre de l'Agriculture, je
ne vois vraiment pas de problème majeur à ce que le ministre
précise dans sa loi une durée de mandat qui serait
déterminée pour une période minimum. Cela n'empêche
pas que ces personnes qui vont siéger comme président ou
vice-présidents à la commission puissent excéder cette
période minimum qui serait déterminée et fort bien
inscrite dans la loi. En effet, les qualifications que le ministre va exiger
des personnes qui vont venir à la commission nous laissent croire que
ces personnes pourront fonctionner non seulement pour une période
déterminée sur une base minimum dans la loi, mais pourraient,
sauf raisons vraiment majeures, maladie ou autre, excéder la
période minimum que la loi mentionnerait. Si le ministre veut s'opposer
formellement à la motion qui est déposée par le
député de Laval, je vous dis, M. le Président, que je ne
comprends pas son attitude parce que cela ne pose vraiment pas d'obstacle
fondamental, d'obstacle réel qu'on précise davantage à
l'article 4 une période de temps minimum à laquelle seraient
assujettis les trois commissaires qui devront officier soit comme
président ou vice-présidents de cette commission. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: ... un dernier rappel que je veux faire au ministre.
J'ai ici les statuts de 1975. Dans la même année, j'ai au moins
trois exemples où il y a des minimums. Dans le cas qui a
déjà été cité, la Loi sur
l'assurance-stabilisation des revenus agricoles, le président il
est vrai que le président a une période plus étendue
est nommé pour une période n'excédant pas dix ans.
L'autre article, l'article 16, dit: "Les autres membres de la commission sont
nommés pour trois ans". Cela veut dire qu'il y a l'assurance que c'est
au moins trois ans. D'autres sont nommés pour deux ans et d autres pour
un an.
M. Garon: Pourquoi avez-vous fait cela? Sa-vez-vous pourquoi?
M. Lavoie: M. le Président, je vais terminer mon
intervention...
M. Garon: Ce sont tous des gens à temps partiel, sauf le
fonctionnaire; c'est pour assurer une rotation. C'est différent.
M. Lavoie: Vous avez une assurance de trois, au moins, qui sont
à temps complet; on ne sait pas si les quatre autres seront à
temps partiel, je ne sais pas quoi. Vous avez dit qu'ils pouvaient être
permanents; permanents pour un an ou pour six mois, ce n'est pas une longue
permanence.
J'ai un autre exemple. Loi constituant la Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires, chapitre 42 de 1975.
"Les affaires de la société sont administrées par un
conseil d'administration de cinq membres nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil pour une période d'au moins un an et
d'au plus dix ans." Il y a au moins un minimum d'un an. Vous avez un autre
exemple
dans les Statuts de 1975, la Loi de la qualification des entrepreneurs
de construction, la Régie des entrepreneurs de la construction du
Québec, chapitre 53: "Les cinq autres membres sont des entrepreneurs
d'expérience nommés pour trois ans."
M. Garon: Oui, au conseil d'administration.
M. Lavoie: Pour trois ans. Je ne plaiderai pas toute la nuit; si
vous ne voulez pas décrocher, on s'en reparlera à d'autres
étapes et cela vous reviendra couramment sur le nez à cause de
votre intransigeance. On se demande... Si vous ne voulez pas accepter un
minimum de trois ans, si le choix que vous allez faire ne mérite pas au
moins une garantie de trois ans pour mettre ces gens à l'abri de toute
ingérence, de toute attaque... Je pense que, de votre part, M. le
ministre, ce serait au moins une expression de bonne foi.
M. Garon: Ici, on me donne des exemples, au fur et à
mesure. Commission des affaires sociales, au plus dix ans; Régie de la
langue française, née en 1974, le président et les
vice-présidents, au plus dix ans et les autres membres, au plus cinq
ans; la Commission des droits de la personne, un mandat n'excédant pas
dix ans. C'est partout la même chose.
M. Lavoie: Je vous dis, M. le Président, que, dans ce
cas-ci et à cause de l'importance de la décision qu'ils devront
rendre, des décisions qu'ils prennent, tout le monde reconnaît que
cette loi a des implications énormes sur la jouissance des biens d'une
personne et tout, je pense que vous devriez les mettre à l'abri de toute
ingérence ou de toute pression.
J'ai terminé. Si vous ne voulez pas l'accepter, refusez-le.
M. Ouellette: M. le Président, M. le député
de Laval nous est arrivé avec ce qui semblait être la catastrophe
du siècle et il a même laissé entendre que le ministre
avait glissé, sans dire volontairement ou involontairement, une erreur
capitale dans l'article 4 du projet de loi qu'on étudie. Il a même
laissé entendre que cela pouvait donner au ministre des pouvoirs de
maître chanteur sur le personnel à être
éventuellement nommé à la commission.
C'est sans doute une catastrophe du Parti québécois
puisque le projet de loi protégeant les terres agricoles est une audace
du Parti québécois; le ministre actuel, en tout cas, est
certainement du Parti québécois, à n'en pas douter, et
c'est en regardant dans les statuts du Québec sous l'administration du
gouvernement libéral qu'on a découvert un certain nombre
d'exemples parfaitement identiques, tous dans la même année,
1971.
Par exemple, la Loi de la commission de contrôle des permis
d'alcool, à l'article 3, dit ceci: "Un organisme" c'est l'alcool,
en plus, c'est enivrant comme exemple "est constitué sous le nom,
en français, de Commission de contrôle des permis d'alcool du
Québec et en anglais..." Passons, c'était avant la loi 101. "Cet
organisme est composé de quatre commissaires dont un président et
un vice-président nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil
pour une période déterminée qui ne peut excéder dix
ans. Ce dernier fixe également leur rémunération. Une fois
déterminés, la durée de leur mandat et le montant de leur
rémunération ne peuvent cependant être réduits."
C'est textuel dans la loi.
M. Lavoie: Est-ce que je peux poser une question au
député de Beauce-Nord?
M. Ouellette: Volontiers.
M. Lavoie: Vous savez que le président de cette
commission, à l'époque, était un juge, en
général. On sait qu'un juge ne peut pas être nommé
pour un an; s'il ne fait plus l'affaire à la régie, il s'en va
sur le banc; au moins, il est à l'abri, il a une certaine
sécurité, dans la plupart de ces commissions. Tandis qu'ici et
dans plusieurs commissions également, les commissaires font partie de la
fonction publique. (21 heures)
M. Ouellette: Alors, c'est ce que j'allais vous
répondre.
M. Lavoie: Ils entrent dans la fonction publique et ils ont leur
garantie. Ils savent qu'au moins, s'ils ne font plus l'affaire du ministre,
s'ils veulent résister au ministre et ils peuvent résister
au ministre ou aux pressions des députés ils peuvent
être mutés, mais ils ont leur garantie de la fonction publique.
Alors qu'ici, il n'y a aucune garantie de la fonction publique. C'est une autre
paire de manches. J'en connais des commissaires à la Commission des
transports, entre autres, où il y a plusieurs commissaires, mais ils
sont membres de la fonction publique.
Une Voix: Où sont les autres?
M. Garon: C'était pour nommer vos amis, des anciens
députés...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Avez-vous des accusations à porter? Non, mais
quand même, avec le député de Beauce-Nord, on défend
un point de fond, je pense...
M. Ouellette: Au contraire, M. le député de Laval,
je n'ai pas d'accusations à porter. J'allais vous demander si, dans les
exemples que j'ai à citer, vous avez eu à déplorer du
chantage exercé de la part de vos ministres à l'endroit de ces
gens nommés par eux-mêmes. A ma connaissance, non. Ce qui veut
dire que ce que vous laissiez sous-enten-dre, tout à l'heure, à
savoir qu'une loi aussi permissive risquait d'entraîner du chantage de la
part
du ministre envers les membres des commissions, cela tient plus ou
moins, selon l'expérience, en tout cas.
M. Lavoie: Voulez-vous mettre un autre amendement? Si vous voulez
me dire qu'une fois nommés, ils sont protégés par la
fonction publique, nous allons l'accepter tel qu'il est. Je vais retirer mon
amendement.
M. Ouellette: M. le Président, j'aimerais pouvoir
continuer mes exemples, puisque je pense qu'ils sont tout à fait
pertinents.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord, vous avez la parole.
M. Ouellette: Ici, c'est une deuxième loi, celle de la
Société des alcools du Québec où, à
l'article 8 toujours 1971, donc, toujours sous le gouvernement
précédent, enfin le gouvernement de M. Bourassa on dit:
"Le lieutenant-gouverneur en conseil fixe le traitement, les honoraires, les
allocations ou le traitement additionnel de chacun des membres du conseil
d'administration". Mon Dieu, je n'ai pas le bon article! C'est plutôt
à l'article 7: "Les affaires de la société sont
administrées par un conseil d'administration de sept membres dont un
président, nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil, pour
une période déterminée qui ne peut excéder dix ans
dans le cas du président, et trois ans dans le cas des autres membres.
Les membres du conseil d'administration sont les administrateurs de la
société au sens de la Loi des compagnies". Et, il n'y a
absolument rien d'autre. Ce qui veut dire que cela répond exactement
à l'exemple qu'on dénonce.
La Loi de la Société de développement immobilier du
Québec, chapitre 43 toujours en 1971 dit ceci: "5. La
société est formée d'un président et de deux autres
membres, tous nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil qui fixe
les honoraires, allocations ou traitements ou, suivant le cas, les traitements
additionnels de chacun d'eux. "6. Tout fonctionnaire, etc.."
M. Lavoie: Oui, justement, vous me donnez deux exemples
où, dans ces corporations, ce sont des sous-ministres, la plupart du
temps, qui sont membres du conseil d'administration.
M. Ouellette: II n'y a rien dans la loi qui le précise, de
toute façon. Voici un exemple qui devrait intéresser
particulièrement le ministre de l'Agriculture, puisqu'il s'agit de la
Loi de la Société des traversiers Québec-Lévis.
Là on a quitté l'alcool, on est sur les flots.
Article 7: "Les affaires de la société sont
administrées par un conseil d'administration de cinq membres, dont un
président et un vice-président, nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Ces membres sont les administrateurs de la
société au sens de la Loi des compagnies".
Article 8: "La durée du mandat et le traite- ment ou, s il y a
lieu, le traitement additionnel, les allocations ou les honoraires des membres
du conseil d'administration sont déterminés par le
lieutenant-gouverneur en conseil".
M. Lavoie: Est-ce que le député me permettrait de
faire un commentaire?
M. Ouellette: Oui, il y a suffisamment d exemples, je pense.
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut comparer l'importance des
décisions des commissaires sur le zonage agricole avec celles des
administrateurs de la traverse Québec-Lévis? Quelles pressions
peut-il y avoir sur les administrateurs de la traverse
Québec-Lévis?
M. Ouellette: Je ne connais pas de loi... Des Voix:
Vote.
M. Lavoie: Nous sommes prêts à voter, M. le
Président...
M. Ouellette: ... qui puisse se permettre de laisser passer les
petites fraudes.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est prêt
pour voter sur l'amendement?
M. Lavoie: On n'est pas pour perdre notre temps, quand
même. Est-ce que le ministre est prêt à apporter une
modification ou...
M. Ouellette: Si cela devait consoler le député de
Laval, qui a possiblement raison de vouloir préciser davantage le projet
de loi, je suis prêt à faire une motion proposant au plus 10
ans.
M. Lavoie: On va finir celle-là, vous la ferez
après si vous voulez.
Le Président (M. Boucher): Alors, nous ne pouvons pas
avoir 2 motions d'amendement en même temps.
M. Lavoie: Vous la ferez après, une à la fois, non?
Est-ce que le ministre est prêt à accepter à cause
des implications des décisions qu'ils peuvent prendre un minimum
peut-être de 3 ans, si 5 ans est trop long? Je fais confiance au choix du
ministre, mais je voudrais que son choix vaille au moins pour 3 ans. S'il
décide de choisir des commissaires, au moins, il va le faire
sérieusement. Ces gens valent au moins une garantie de 3 ans. Autrement,
cela serait déprécier votre choix.
M. Garon: J'aime bien la proposition du député de
Beauce-Nord parce que dans certains cas, cinq ans, c'est peut-être
court.
M. Lavoie: Finissons la mienne.
Le Président (M. Boucher): Nous allons voter sur la motion
du député de Laval d'abord. Après
cela, nous pourrons aborder d'autres motions, s'il y en a.
M. Lavoie: Vous ne voulez pas donner un minimum, une garantie
minimale de deux ou trois ans?
Le Président (M. Boucher): J'appelle donc le vote, M. le
député de Laval. M. Baril d'Arthabaska.
M. Lavoie: Est-ce que c'est oui ou non. Attendez j'ai posé
une question avant le vote. Mais c'est pour l'enregistrement du journal des
Débats. Est-ce que vous dites oui ou non, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): J'enregistre le vote. M. le
député de Laval, vous avez demandé le vote et j'ai...
M. Lavoie: J'ai remarqué que le ministre ne veut pas se
prononcer. Il fait seulement un signe négatif de la tête...
Le Président (M. Boucher): J'ai appelé le vote.
M. Lavoie: ... pour les fins du journal des Débats, M. le
Président!
Le Président (M. Boucher): Le vote est appelé, M.
le député de Laval. M. Baril, Arthabaska.
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Ouellette (Beauce-Nord).
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François)..
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt: Pour.
Le Président (M. Boucher): La motion est rejetée
six contre quatre, M. le ministre... M. le député de Beauce-Nord,
si vous voulez faire votre motion d'amendement.
M. Ouellette: M. le Président, je propose une motion pour
qu'on amende l'article 4 en remplaçant à la troisième
ligne, le mot "cinq" par "dix".
Le Président (M. Boucher): Pourriez-vous inscrire votre
motion sur un papier?
M. Ouellette: Avec plaisir, M. le Président.
M. Garon: Au plus, dix ans; cela a du bon sens!
M. Roy: J'ai quelque chose à dire là-dessus...
quand ce sera prêt.
Le Président (M. Boucher): En attendant, je déclare
la motion recevable!
M. Roy: M. le Président, avant que vous ne
déclariez la motion recevable, j'aimerais bien vous faire remarquer que
vous avez rendu une décision hier et que le fait d'augmenter le nombre,
cela augmente les deniers, le coût, l'implication des deniers de l'Etat.
Alors, ou votre jugement était bon hier et vous rejetez la motion, ou
vous avez fait erreur hier et vous acceptez la motion. Je regrette, M. le
Président, mais c'est une question de principe. On n'analysera pas... un
instant...
M. Marcoux: Sur la recevabilité, M. le
Président.
M. Roy: ... c'est sur la recevabilité. On n'analysera
pas...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, je l'ai déclarée recevable... je regrette.
M. Roy: Non, M. le Président, vous...
Le Président (M. Boucher): Vous savez fort bien, M. le
député de Beauce-Sud, pour en avoir discuté hier, que la
motion est recevable. Que ce soient cinq ans ou dix ans, c'est le même
argent!
M. Roy: M. le Président!
Le Président (M. Boucher): Ils ne paieront pas deux
présidents; ils vont en payer juste un!
M. Roy: Vous allez quand même payer plus longtemps.
Le Président (M. Boucher): Ils vont le payer année
par année. M. le député de Beauce-Nord, j'ai votre... la
motion du député de Beauce-Nord est qu'à la
troisième ligne de l'article 4, le mot "cinq" soit remplacé par
le mot "dix". La motion est recevable. Reçue.
M. Giasson: M. le Président, si on me le permet,
étant donné que le député de Beauce-Nord vient de
proposer un amendement qui est recevable, j'aimerais entendre ses commentaires
au soutien de la motion qu'il vient de déposer. Je pense que c'est le
minimum qu'on puisse demander au député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: Très brièvement, M. le
Président. Tout à l'heure, on a créé une
espèce de tempête dans un verre d'eau, à savoir que la loi,
telle que présentée par le ministre, était vraiment
imprécise et prêtait à toutes sortes de jeux possibles de
la part du ministre. Pour répondre à ces prétentions
négatives venant, non pas de l'adversaire, mais de l'Opposition, je
pense qu'il était sage d'essayer de préciser davantage ce projet
de loi. En accordant une période plus longue au président, on
peut assurer une continuité, ce qui semblait effrayer quelque peu les
gens de l'Opposition. C'est là la seule et unique raison.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous êtes
prêts à voter sur cet amendement?
M. Roy: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson:... à la suite de l'amendement que vient de
déposer le député de Beauce-Nord, je serais, quant
à moi, plus enclin à accepter cet amendement s'il avait voulu,
dans son libellé, l'accompagner d'une garantie minimum de la
durée du mandat des commissaires qui vont être choisis par le
gouvernement. Si le député de Beauce-Nord, dans le texte de la
motion qu'il vient de déposer, avait voulu ajouter, après
"nommés par le gouvernement", "pour une période minimum de deux
ans, mais n'excédant pas une durée maximum de dix ans", j'aurais
été enclin à voter pour l'amendement déposé
par le député de Beauce-Nord.
Le Président (M. Boucher): En faites-vous une motion de
sous-amendement?
M. Giasson: II me paraît aussi important, même plus
important de déterminer et de fixer un délai minimum de garantie
d'emploi aux commissaires que le ministre va engager, dont il va retenir les
services, que de garantir à ces personnes un maximum de dix ans. Je
pourrais fort bien, M. le Président, lancer un débat en proposant
un sous-amendement à la motion du député de Beauce-Nord.
Je ne le ferai pas, de manière à ne pas perdre de temps, mais je
peux tout au moins indiquer que j'aurais accepté beaucoup plus
facilement, et sans doute de façon favorable, la motion telle que
rédigée par le député de Beauce-Nord s'il avait,
dans son libellé, indiqué une période minimum garantie
pour la fonction des commissaires.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: M. le Président, il est vrai que le ridicule
ne tue pas parce que, si c'était le cas, en ce qui concerne le
député de Beauce-Nord, il me coûterait au moins $1 par
année, pendant dix ans, pour lui envoyer du chiendent.
M. Ouellette: Je ne comprends pas ce genre d insultes. Venant de
lui, ce sont peut-être des compliments, je ne sais pas trop.
Le Président (M. Boucher): Sommes-nous prêts
à voter sur l'amendement?
M. Giasson: Vote, M. le Président, pour autant que nous
sommes concernés.
M. Ouellette: Pourriez-vous expliquer vos niaiseries? M. le
Président, ai-je le droit d'avoir des explications sur les
insignifiances que le député de Shefford vient de prononcer?
M. Roy: Ce débat enfreint le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord, écoutez...
M. Roy: On n'est pas ici pour étudier les niaiseries.
M. Verreault: Je réponds de la même manière
que le ministre répondait tout à l'heure: Tu liras le journal des
Débats!
Le Président (M. Boucher): Comme je le disais cet
après-midi, on en a entendu d'autres! Au cours des débats, je
pense qu'il s'en est dit du genre des deux côtés de la table! M.
le député d'Arthabaska, voulez-vous opiner?
M. Roy: "Filibuster ".
M. Baril: M. le Président, ce n'est pas parce que je
voudrais déplaire à mon collègue de Beauce-Nord, mais, si
on regarde les nouvelles lois qui
sont votées par le gouvernement, les dernières lois, au
lieu d'allonger la durée des nominations, on est plutôt
porté à la réduire. Rien n'empêche, par contre, ce
même gouvernement de renommer deux ou trois fois, peu importe, le
même président. Je ne ferai pas un "filibuster" parce que cela
fait assez longtemps que l'Opposition en fait; c'est uniquement pour dire que
je voterai contre l'amendement pour les raisons que j'ai invoquées.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député d'Arthabaska. M. le ministre.
M. Garon: J'étais séduit, au début, par
l'idée de voter favorablement, mais je préfère garder cela
à cinq ans. Je voyais dix ans dans un certain nombre de lois, mais on me
dit que, dans les lois récentes c'est l'information que je viens
d'avoir on écrit plutôt cinq ans. Ceci pour une raison
très simple. Au cours d'une période de dix ans, il y a toutes
sortes de choses qui peuvent survenir. J'ai vu, par exemple, des gens qui ne
sont pas assidus à l'ouvrage, toutes sortes de choses qui se produisent.
A ce moment-là, il n'y a pas lieu de renommer quelqu'un. Si on fait des
nominations de dix ans, on se retrouve avec des gens qui sont
dépassés par les événements, qui ne sont pas
capables de fournir un travail. On est pris avec des nominations de gens qui ne
font pas leur travail ou qui, parfois, ont acquis des habitudes qu'ils
n'avaient pas lorsqu'ils ont été nommés. Je pense que
quelqu'un qui fait un bon travail, qui est nommé pour cinq ans, va
être automatiquement nommé pour cinq autres années.
Autrement, les gouvernements seraient fortement critiqués. Je pense
qu'il est important de suivre ce qu'on me dit être je
n'étais pas au courant la tendance récente de nommer pour
des périodes de cinq ans plutôt que de dix ans. (21 h 15)
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
J'appelle le vote. M. Baril (Arthabaska).
M. Ouellette: Un instant!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Nord, voulez-vous ajouter quelque chose?
M. Ouellette: Ce que je veux dire, c'est qu'après avoir
écouté les propos de mon voisin de droite, le
député d'Arthabaska, et ceux du ministre il m'est revenu à
la mémoire qu'effectivement, depuis deux ans, on vote des projets de loi
créant différentes sociétés et qu'on avait tendance
à réduire soit à cinq ans, soit à trois ans les
périodes de nomination des membres siégeant aux conseils
d'administration. Je suis tout disposé, M. le Président, à
retirer mon amendement puisqu'il...
M. Roy: Votre motion a été reçue et cela
prend un consentement pour la retirer.
M. Ouellette: Je sollicite un consentement unanime pour retirer
ma motion.
M. Roy: Non. On va voter.
Le Président (M. Boucher): Vous devez faire une motion de
retrait et dire pourquoi vous la retirez.
Des Voix: Allons au vote. Votons contre.
M. Ouellette: Laissons aller. Ce n'est pas plus grave que
cela.
Une Voix: Je ne pensais pas, mon cher collègue, que
j'étais aussi convaincant.
Le Président (M. Boucher): Sur la motion de retrait de
l'amendement du député de Beauce-Nord, êtes-vous
prêts à voter?
Des Voix: Votons.
Le Président (M. Boucher): C'est une motion de
retrait.
M. Roy: II ne faudrait quand même pas multiplier les
motions. Votons et on...
M. Giasson: Votons, M. le Président. M. Garon:
Votons.
Une Voix: Vous n'avez pas fait de motion de retrait.
Le Président (M. Boucher): Vous n'avez pas fait de motion
de retrait? Je n'ai pas entendu.
M. Giasson: Vote sur la motion du député de
Beauce-Nord, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Vote sur la motion. M. Baril
(Arthabaska).
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Ouellette (Beauce-Nord).
M. Ouellette: Pour.
M. Garon: II veut la voter.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Boucher): Pour?
M. Roy: Oui.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Contre.
Le Président (M. Boucher): La motion de M. le
député de Beauce-Nord est rejetée à sept contre
trois.
M. Garon: On va demander au...
Une Voix: C'est la première fois qu'on gagne sur une
motion.
Une Voix: C'est vrai.
M. Giasson: II fallait que ce soit une motion du
député de Beauce-Nord pour qu'on la gagne.
Le Président (M. Boucher): Article 4, s'il vous
plaît!
M. Garon: Je vais demander au jeune homme de passer les copies de
règlements. Je ne voudrais pas que vous pensiez que ce sont des copies
de règlements qui sont figés dans le ciment, parce qu'ils n'ont
pas encore été présentés, mais j'en ai un certain
nombre huit qui sont indicatifs du genre de règlements sur
les points importants, les principaux points du règlement.
Une Voix: On n'étudiera pas cela ce soir.
M. Garon: Non. On ne les étudiera pas. Ce n'est pas pour
retarder le débat, mais simplement pour être indicatif du type de
règlements qu'on peut retrouver pour faciliter l'administration de la
commission et la vie des gens qui sont touchés par la Loi sur la
protection du territoire agricole.
Le Président (M. Boucher): L'article 4 est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 5. M. le ministre.
M. Garon: A l'article 5, je pense qu'il n'y a rien de
spécial: "La commission a son siège social à l'endroit
déterminé par le gouvernement; un avis de l'établissement
ou de tout changement du siège social est publié dans la Gazette
officielle du Québec. "Elle peut tenir des séances à tout
endroit du Québec." Or, normalement...
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Giasson:
M. le Président...
M. Garon: ... on peut s'attendre que la commission se
promène au Québec pour entendre des gens dans leurs
régions, surtout pour faciliter la tâche quand il y aura des
audiences publiques; les gens pourront venir la rencontrer dans son
travail.
M. Giasson: Merci. M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... je suis heureux d'entendre le ministre de
l'Agriculture faire part aux membres de la commission qu'il y aura
possibilité pour les citoyens du Québec d'accueillir et de
recevoir autant de fois que ce sera nécessaire des membres de la
Commission de protection du territoire agricole. Je l'accepte fort bien parce
que cela va un peu dans le sens des demandes que j'ai formulées à
cette commission depuis que nous avons commencé l'étude du projet
de loi article par article.
Nous avons appuyé constamment sur la nécessité que
les citoyens puissent se faire entendre, cela, non seulement à partir de
forums populaires auxquels rêve le ministre, mais au-delà des
consultations que les municipalités vont devoir faire pour être
certaines que les recommandations qu'elles vont faire dans un premier temps
à la commission de contrôle sur la zone permanente seront
acceptées par la commission. Mais j'apprécie cette ouverture et
cette mobilité que le ministre de l'Agriculture veut donner à la
commission. Il y a tout lieu de croire que des subdivisions de la commission
comme telle pourront assez facilement siéger dans différentes
régions du Québec afin de ne pas paralyser ou de retarder le
moins possible les décisions qui vont devoir être rendues par la
commission sur la multitude de demandes qui vont venir de citoyens, que ce soit
pour la vente de fermes, pour du lotissement sur des fermes à
l'intérieur de la zone agricile permanente, pour le re-
trait de la zone permanente, pour l'inclusion dans la zone, enfin le
nombre fort important de demandes qui vont venir des municipalités qui
vont faire face à des pressions, à des besoins nouveaux
d'expansion du territoire, soit du village ou de la ville.
Au-delà de cette mobilité que pourront avoir les
commissaires de la commission pour qu'elle soit le plus présente
à l'intérieur des régions, ce qui va dans le sens de notre
désir d'avoir des commissions régionales ou encore de voir la
consultation la plus grande possible, j'aimerais que le ministre puisse nous
indiquer, à ce moment-ci, s'il y a tout lieu de penser que le
siège permanent de la commission de contrôle, ou la commission de
protection, serait à Québec, même s'il nous indique la
facilité qu'auraient les commissaires d'aller dans les différents
comtés ou territoires de la province de Québec. Y a-t-il lieu de
croire que le siège social de la commission permanente se situerait
à Québec, M. le ministre?
M. Garon: Je ne voudrais pas répondre avant que la
décision soit prise par le gouvernement, puisque je n'ai pas eu de
discussion encore, au sujet du siège social, avec le gouvernement. Mais
il est possible qu'il soit fixé à un endroit temporaire, quitte
à le changer d'endroit éventuellement. Ce que je voudrais
surtout, c'est qu'ils entendent des demandes un peu partout au Québec,
d'autant plus que dans une phase initiale il y a seulement une partie du
territoire qui est couverte. Cela veut dire que, normalement, la commission va
avoir à rencontrer les gens de la région de Montréal plus
souvent dans la première phase. Mais, éventuellement, il va y
avoir plus de gens, ailleurs, qui vont venir d'autres régions, quand la
région de Montréal aura été faite, qu'une zone
permanente aura été déterminée autour des
municipalités de la région de Montréal. Il n'y a pas de
décision finale de prise. Je pense que son rôle sera surtout
d'être une commission itinérante puisque, en même temps,
elle va avoir aussi un rôle d'explication, de méthode, une
façon de travailler, comment elle fonctionne. Ce serait bon qu'elle
puisse rencontrer les gens sur place pour qu'il y en ait davantage qui puissent
la connaître.
M. Giasson: M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue d'Orford. J'apprécie les propos du ministre.
Effectivement, nous connaissons l'étendue du territoire qui a
été déterminée par décret pour la zone
agricole provisoire, zone qui s'étend à l'est de la ville de
Montmagny jusqu'à la frontière de l'Ontario, incluant
également la région des basses terres de l'Outaouais, en plus des
basses terres du Saint-Laurent. Dans un premier temps, avant qu'il y ait
expansion de la zone du territoire agricole protégé, avant que de
nouveaux décrets étendent cette zone vers l'Est de la province,
vers la Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
déjà, à ce moment-ci, puisque nous connaissons le
territoire provisoire qui est décrit dans la loi par
l'énumération des municipalités touchées par
l'application du décret, j'ai presque envie de faire une motion pour que
la commission ait son siège social à Berthier en haut, dans le
comté de Berthier. Cela m'apparaît être un endroit, à
l'intérieur de la zone verte déterminée à l'heure
présente, qui se situe assez bien au centre de cette région
désignée de façon provisoire puisque, de Berthier, on
pourrait assez bien desservir la partie qui est située à l'est de
Berthier en haut parce que j'ai également Ber-thier-en-Bas, dans
mon comté, mais je parle de Berthier en haut et qui se situe
assez près de la région métropolitaine pour, de là,
desservir assez facilement une région comme les basses terres de
l'Outaouais.
Le Président (M. Boucher): Un instant, s'il vous
plaît. Je pense que M. le député de Montmagny-L'Islet vient
de faire une motion voulant que le siège social soit situé
à Berthier. Il n'appartient pas à la commission de fixer le
siège social puisque, à l'article 5, il est mentionné
que...
M. Giasson: M. le Président, si vous me permettez une
rectification, je n'ai pas dit que je faisais motion.
Le Président (M. Boucher): ... l'endroit est
déterminé par le gouvernement. La commission n'est pas le
gouvernement.
M. Giasson: J'ai dit que j'aurais eu le goût de faire une
motion afin de déterminer le siège social, dès le
début des opérations de la commission, dans le comté de
Berthier.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez fait
motion ou non?
M. Giasson: Je n'ai pas fait motion.
Le Président (M. Boucher): Ah! Excusez-moi.
M. Giasson: J'ai dit que j'avais le goût de faire une
motion, ce qui est différent.
Le Président (M. Boucher): J'avais compris que vous
vouliez faire une motion, M. le député de Montmagny-L'Islet. Vous
avez terminé?
M. Giasson: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud avait demandé la parole... M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, en ce qui me concerne, en
toute logique, je crois que la commission devrait être située
à Québec, étant donné que les effectifs du
ministère de l'Agriculture sont tous ici, que tous les hauts
fonctionnaires sont ici. Je pense qu'il serait inconcevable de voir une
commission située dans une petite ville du Québec. Je n'ai rien
contre la petite ville qui a été nommée, mais je pense que
c'est à Québec que la commission devrait avoir son siège
social, étant
donné que cette commission pourra siéger n'importe
où au Québec, à n'importe quel moment.
En ce qui me concerne, pour autant que la commission ait beaucoup de
souplesse et de rapidité dans ses décisions, c'est tout ce qui
m'importe. Qu'elle soit située à Montréal ou à
Québec, je m'en fous éperdument. Ce que je désire, c'est
une commission qui rendra des services rapides à la population et aux
demandes qui seront formulées. C'est tout simplement cela. Je n'ai rien
de plus à ajouter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, il est entendu qu'il va y avoir
un travail beaucoup plus grand à faire pendant les premiers mois
d'activités de la commission à cause, justement, du territoire
agricole qui est actuellement gelé. Je pense que l'endroit où
tenir un bureau, faire des affaires, une place d'affaires, c'est une chose, et
le siège social, c'en est une autre. Je pense que Québec doit
demeurer le centre du Québec rural, le centre de l'économie
agricole. Je partage le point de vue de mon collègue de Huntingdon
à savoir que Québec devrait être le siège social de
la commission. Il faut penser aux gens du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie; il faut penser aux gens d'un peu partout et il faut aussi
penser que c'est le siège social du gouvernement et du ministère
de l'Agriculture comme tel.
En ce qui me concerne, je ne ferai pas de motion pour ne pas alourdir
les travaux, mais j'aimerais bien que le ministre je serais prêt
à ce qu'on suspende l'article discute de cette question et que ce
soit bien inscrit dans la loi que le siège social de la commission est
à Québec. J'y tiendrais, M. le Président, parce qu'on a
tendance d'ailleurs il va y avoir bien des débats au cours de
l'année 1979 à l'Assemblée nationale là-dessus
à déménager trop de services gouvernementaux
à Montréal. On déménage énormément de
services gouvernementaux à Montréal. Il y a beaucoup de lois dont
toute l'administration est centralisée à Montréal,
à ce jour, et les gens qui demeurent tout près de Québec
et même à Québec sont obligés d'aller à
Montréal pour avoir les services dont ils ont besoin.
Pour ce qui est de tenir des séances à tout endroit du
Québec, c'est une excellente chose. Cela ne dérange pas le
siège social de tenir des séances et d'être le plus
près possible des régions, d'être le plus près
possible de la population pour fonctionner le plus rapidement possible de
façon à éviter les délais. C'est non seulement une
chose à laquelle nous souscrivons, mais c'est une recommandation que
nous faisons, encore une fois, au gouvernement.
J'aimerais n'avoir qu'un petit mot du ministre à savoir s'il
serait prêt, à un moment donné, à examiner ia
question avant que l'étude de la loi soit terminée pour voir s'il
n'y aurait pas possibilité que ce soit inscrit dans la loi.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. Le député de Rimouski peut
poursuivre le sondage sur l'endroit du siège social de la
commission.
M. Marcoux: Je voudrais d'abord simplement poser une question au
député de Beauce-Sud. Lorsqu'il dit qu'il y a eu plusieurs
services j'ai cru comprendre que c'était dans les derniers mois
ou les deux récentes années qui étaient
déménagés de Québec vers Montréal,
j'aimerais avoir des illustrations. C'est ma première question.
M. Roy: D'abord, la...
M. Marcoux: Une seconde, je veux finir parce que je ne veux pas
reparler; je ne veux pas étirer le sujet. La deuxième chose que
je voulais indiquer, je pense que la commission comme telle n'est
peut-être pas la mieux placée pour juger à quel endroit ce
sera nécessairement. Mais je sais que le premier ministre a
affirmé, il y a un an et demi ou deux ans, qu'à l'avenir les
nouveaux services gouvernementaux qui seraient créés, autant que
possible, devraient être situés dans des centres autres que
Montréal et Québec, mais qu'on aurait à faire la preuve
pour les services qui devaient demeurer à Québec ou à
Montréal. Au lieu de présumer que cela doit aller à
Québec ou à Montréal, il faudrait présumer que cela
peut aller ailleurs et les ministres qui voudraient que tel siège social
demeure à Québec ou à Montréal devraient faire la
preuve, dis-je, que c'est nécessaire. Je conçois qu'une
organisation aussi importante que la Commission nationale de protection du
territoire agricole qui devra agir très rapidement devrait probablement
être située, au point de départ, près des
ministères qui ont toutes les cartes, le personnel disponible, etc. Je
ne sais pas si on pourrait avoir quelques commentaires généraux
de la part du ministre, comment il envisage cela, sans indiquer, pour le
moment, une réponse précise. Est-ce absolument inconcevable que
ce soit en dehors de Québec ou Montréal, peut-être pas pour
les premiers mois, mais à moyen terme?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Ce que le député de Huntingdon disait,
c'est un peu ce que je pensais. Initialement, les gens du ministère qui
sont ici peuvent fournir des services techniques, mais il y a aussi d'autres
ministères avec lesquels la commission va avoir à travailler. Je
pense, par exemple, au ministère des Transports pour les routes, les
tracés de routes. A ce moment-là, il y a des habitudes de travail
à prendre. Je pense au ministère des Affaires municipales aussi
qui aura 31 personnes qui vont être affectées aux
municipalités dans le territoire pour les aider à faire leur
travail. Au point de départ, je pense que la commission devrait
être, je ne dirais pas à Québec, mais dans la région
de Québec.
M. Roy: Faites attention! Sous un monument, parfois, il y a un
cercueil.
M. Garon: Mais il faut voir venir les choses. Comme le disait le
député de Huntingdon, je pense qu'il doit y avoir un bureau dans
la région de Montréal également, un pied-à-terre.
Il peut arriver, pour faire des rencontres dans la région de
Montréal, qu'on ne puisse pas trouver une salle facilement. A ce
moment-là, il pourrait y avoir un bureau. Les gens pourraient venir et
ils connaîtraient le bureau. J'aimerais mieux qu'on adopte l'article tel
quel, qu'on ne fixe pas un endroit dans le ciment parce que, à l'usage,
on verra ce qui est le mieux. Si cela fonctionne bien comme cela, cela peut
rester comme cela. Je pense, comme l'a dit le député de
Beauce-Sud, que, dans la phase initiale, le poids va être dans la
région de Montréal et, après cela, il y a d'autres
régions qui vont s'ajouter. Je ne suis pas convaincu qu'à ce
moment-là le centre ne sera pas plutôt à Québec.
M. Roy: Après, oui.
M. Garon: On peut faire les deux et je pense que ce ne sera pas
nécessaire de l'indiquer dans la loi. Les arguments que vous avez
employés correspondent un peu à ce que je pensais. Mais je
souhaite que la commission se déplace pour rencontrer les gens. On va
voir dans les articles suivants qu'il y a des possibilités d'audiences
publiques. Si je regarde, par exemple, ce qui s'est fait en
Colombie-Britannique, dans les deux premières années, la
commission a tenu près de 300 audiences publiques. Cela a un effet de
vulgarisation; il s'agit de discussions avec les gens qui peuvent poser des
questions, demander pourquoi il se passe telle chose, pourquoi protéger
telle terre. Il y a tout un effet à cela. C'est évident, comme
tous les membres de la commission l'ont mentionné, que c'est une loi
importante qui va affecter toutes nos habitudes, qui va nous amener à
nous poser des questions. On voit que les gens se posent des questions, on a vu
les éditoriaux des journaux. Je pense que, si la commission prend
l'habitude et je le souhaite; c'est pour cela qu'on a dit qu'elle peut
tenir des séances partout au Québec de se promener partout
au Québec, comme cela, elle va en même temps faire un travail non
seulement de protection des terres agricoles, mais d'éducation aussi,
car elle va expliquer comment va fonctionner cette protection.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Berthier.
M. Roy: Excusez-moi, M. le Président, mais le
député de Rimouski m'a posé des questions tout à
l'heure et j'aimerais bien y répondre!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Berthier... Je m'excuse, M. le député de Beauce-Sud.
M. Ouellette: Vous avez fait une affirmation comme cela...
M. Roy: Les questions que vous m'avez posées... Alors,
c'est une affirmation que j'ai faite. J'ai bien cru comprendre que
c'étaient des questions que vous m'avez posées. Vous m'aviez
demandé si je pouvais vous donner des exemples. Je vais vous donner des
exemples bien clairs: Le bureau du financement des partis politiques; ce n'est
pas un déménagement, mais c'est une loi qui a été
votée à Québec par l'Assemblée nationale.
Actuellement, on est obligé d'aller à Montréal chaque fois
qu'il y a des réunions, parce que le siège social et les bureaux
sont à Montréal. C'en est un.
Deuxièmement, la Commission de contrôle des permis
d'alcool; on a tout déménagé à Montréal.
C'était à Québec et on déménage tout
à Montréal, à un tel point que, si quelqu'un veut aller
chercher ou renouveler son permis, il faut qu'il communique avec
Montréal ou il faut qu'il aille à Montréal.
La Régie des entreprises de la construction, même chose;
les commissaires au placement dans l'industrie de la construction qui
découlent de l'application du règlement.
Québec est la capitale provinciale. Ce n'est pas la place,
évidemment, pour en faire un débat, M. le Président, mais
il va falloir qu'on y pense sérieusement si on veut faire en sorte de
garder à Québec sa place de capitale provinciale. Si cela
continue, il va falloir déménager la moitié du Parlement
à Montréal. La raison est que je crains... On n'en fera pas un
débat parce que Beauce-Nord voudrait l'avoir si on pouvait l'amener
à Beauce-Sud.
M. Ouellette: Je veux dire qu'on va déménager la
partie où réside l'Opposition à Montréal.
M. Roy: Je le crains et c'est la raison pour laquelle je tenais
à ce que ce soit demandé dans la loi. Je n'interviendrai plus sur
ce plan. Mais étant donné qu'actuellement, c'est dans la
région de Montréal et la grande plaine du Saint-Laurent qu'il
doit y avoir le plus gros travail à faire, si la régie s'installe
à Montréal, la commission va rester à Montréal et
cela m'inquiète.
M. Giasson: Berthier, d'abord; Québec, après. M.
Roy: Berthier, quand même...
Le Président (M. Boucher): On va demander l'opinion du
député de Berthier. M. le député de Berthier, sur
le sondage Gallup.
M. Mercier: Je remercie M. le député de
Montmagny-L'Islet de cette délicate attention qu'il a à
l'égard de mon comté. Evidemment, à première vue,
pour certains qui ont tendance à voir tout ce qui est fonction publique
dans les grands centres, cela peut paraître un peu hors de l'ordinaire.
Mais enfin, je pense que c'est dans un milieu où 16 municipalités
sur 28 sont zonées agricole; c'est un milieu extrêmement rural,
avec le médaillé d'or, le
médaillé d'argent en plus. Evidemment, je ne pense pas que
ce soit dans la loi de faire un choix ce soir, mais je suggère au
ministre de considérer avec attention cette suggestion du
député de Montmagny-L'Islet.
Enfin, je peux dire, en terminant, que, si la décision devait
être favorable à Berthierville, il y aurait là, sur place,
un député pour surveiller cette commission qui croit beaucoup au
zonage, à la protection des terres agricoles.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Berthier.
M. le député d'Orford.
M. Marcoux: Cela devrait être le principal
critère!
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, je pense que le
siège social d'une commission de cette envergure, qui doit
étudier de nombreux dossiers, en ce qui me concerne, je pense que le
siège social devrait être à Montréal,
c'est-à-dire que le siège social devrait être à
Québec et à Montréal en même temps, comme cela se
fait dans d'autres, comme la commission de contrôle des permis.
Autrefois, il y avait un bureau à Québec et à
Montréal et il y a plusieurs autres commissions; les dossiers d'une
certaine partie de la province sont à Québec et les dossiers de
la région de Montréal sont à Montréal. En ce qui me
concerne, c'est la seule suggesion que j'ai à faire.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député d'Orford. L'article 5 est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 6.
Une Voix: Adopté.
M. Garon: A l'article 6, il n'y a pas d'amendements.
M. Giasson: M. le Président, je conversais avec mon
voisin. Tout à l'heure, lorsque j'ai indiqué mon intention du
goût d'une motion proposant Berthier, évidemment, je ne voulais
pas indiquer par là que je souhaitais voir le siège social
établi de façon permanente à Berthierville. C'était
en fonction de la zone retenue au départ, à compter du 9
novembre. Il est facile de comprendre que, lorsque le territoire sera
prolongé à tout le territoire du Québec où il y a
de bons sols arables, je me range assez facilement à l'idée
émise, à savoir d'avoir cela soit à Québec ou tout
près de Québec, si cela peut plaire à l'actuel ministre de
l'Agriculture.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. Alors, l'article 5 est
adopté. L'article 6, M. le ministre.
M. Garon: L'article 6 est un article qui ne pose pas de
problèmes. Le quorum de la commission est de trois membres. Au cas
d'égalité des voix, le président a un vote
prépondérant. En cas d'incapacité d'agir ou d'absence du
président, il est remplacé par le vice-président
désigné à cette fin par le gouvernement et, à
défaut de ce dernier, par l'autre vice-président.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, M. le
ministre...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le ministre, étant
donné que le quorum est de trois, la commission, qui va être
composée de six ou sept membres, va pouvoir siéger à deux
endroits en même temps, ou même à trois endroits.
M. Garon: C'est à l'article 7, ce n'est pas à
l'article 6.
M. Giasson: C'est à l'article 7, cela.
M. Vaillancourt (Orford): Ah bon! Je pensais que c'était
à cet article qu'on devait poser la question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, à la lecture de
l'article 6 que vient de nous faire le ministre de l'Agriculture, je remarque
qu'on dit: En cas d'incapacité d'agir ou d'absence du président,
il est remplacé par le vice-président désigné
à cette fin par le gouvernement et, à défaut de ce
dernier, par l'autre vice-président". Je crois qu'il n'y aurait pas lieu
de conserver le texte dans sa rédaction intégrale. Voici pourquoi
je vous signale cela.
Je viens de prendre connaissance d'un des règlements qui a
été déposé au début de la séance par
le ministre de l'Agriculture. A l'intérieur du texte de
règlements relatifs aux règles de régie interne de la
Commission de protection du territoire agricole du Québec, Loi sur la
protection du territoire agricole (1978), projet de loi 90, article 80,
paragraphe 6, quand nous allons au numéro 1.02, il est dit ceci:
"Vice-président. Le vice-président désigné assume
les devoirs et responsabilités du président au cas d'absence ou d
incapacité d'agir de ce dernier. Le deuxième
vice-président assume les devoirs et responsabilités du
président au cas d'absence ou d'incapacité d agir de ce dernier
et du vice-président désigné".
Je pense je le soumets tout au moins à l'attention du
ministre que dans le règlement qu'on retrouve à 1.02 il
aurait été plus facile d'inscrire "le premier
vice-président désigné' .
M. Garon: On ne corrige pas le règlement.
M. Giasson: Non, mais je le porte à l'attention du
ministre, je ne veux pas en faire une motion; d ailleurs, je ne pourrais pas
faire de motion sur
les règlements qui nous ont été
déposés ce soir. Même si le règlement fait partie de
la loi, ce n'est pas le texte de loi comme tel, j'en suis conscient. Je porte
tout simplement la chose à l'attention du ministre, ce qui
éviterait de devoir demander au gouvernement de désigner un
vice-président lorsque le président ne serait pas en mesure de
présider les séances de la commission.
Dans les règlements, si on avait désigné un premier
vice-président et un deuxième, cela aurait allégé
la mise en application de la loi elle-même.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Cette formule n'est pas de moi, mais du comité
de législation, c'est la façon de faire les choses. Disons que le
président n'est pas là, qu'il n'a pas pu notifier qu'il ne
pourrait pas être là, pour une raison ou pour une autre; il peut
être malade, avoir eu un accident, n'importe quoi, A ce moment-là,
il y a le premier vice-président ou le vice-président
désigné à cette fin par le gouvernement. C'est une
façon polie de dire que c'est le vice-président qui remplace le
président et que, si ce vice-président désigné par
le gouvernement ne peut pas agir, c'est l'autre vice-président qui le
remplace, plutôt que de parler du prermier ou du deuxième
vice-président. Ceci apparaît dans l'arrêté en
conseil qui nomme le vice-président.
Le Président (M. Boucher): L'article 6 est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté, M. le Président. Des Voix:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article 7.
M. Garon: A l'article 7, j'aurais un amendement. J'aurais une
feuille qui tient compte, justement...
M. Giasson: C'est un amendement modifié par rapport
à celui qui a été déposé. (21 h 45)
M. Garon: Or, c'est un amendement qui tient compte des remarques
qui ont été faites c'est regrettable que le
député de Laval ne soit pas là puisqu'il tient compte en
particulier de ses remarques pour modifier l'article 7 et qui se lirait comme
suit, tel qu'indiqué, à gauche, au complet: "Sauf dans les cas
où elle doit fournir son avis et dans les cas où elle
siège en révision en vertu du premier alinéa de l'article
18, la commission peut aussi siéger en division composée d'au
moins deux membres, dont le président ou l'un des
vice-présidents. Une division peut entendre toute affaire de la
compétence de la commission et en décider. La décision
d'une division doit être unanime, à défaut de quoi elle est
déférée à la commission, siégeant
conformément à l'article 6".
Cela veut dire, au fond, que cela améliore, je veux dire que
quand il s'agit de donner son avis au sujet d'une zone permanente, il ne
s'agira pas d'une décision de deux membres, il faudra une
décision de la commission siégeant au complet. Dans les cas de
révision, la décision ne pourra pas, non plus, être rendue
seulement par deux membres, mais par la commission au complet. Et quand il y
aura des décisions qui seront prises, par exemple, sur des demandes
individuelles, et qu'il n'y aura pas eu unanimité des deux membres, au
lieu de donner un vote prépondérant au président ou
à un des deux membres dans ces cas, il faudra se référer
la décision à la commission. Je pense que cela tient compte des
arguments qui ont été présentés par l'Opposition
lors de ses commentaires et je pense que cela bonifie considérablement
cet article.
M. Giasson: Je sais gré au ministre et je le
félicite parce que l'amendement qu'il vient de déposer à
l'article 7 m'apparaît véritablement une avenue dans le bon sens.
Et il l'a indiqué d'ailleurs dans ses propos il y a un instant, nous
avions dit, lors de discussions antérieures, que nous trouvions curieux
la possibilité qu'aurait une sous-division de siéger à
deux personnes et qu'en cas de divergence entre les deux personnes, la personne
qui présidait la sous-division avait voie prépondérante et
décisionnelle.
Les modifications apportées m'apparaissent fort bienvenues,
contribuent à améliorer de façon sensible le
mécanisme qui avait été prévu à l'article 7,
lorsqu'une sous-division devait siéger. J'en remercie le ministre;
d'ailleurs, cela va exactement dans le sens d'un amendement que nous nous
proposions de présenter à la commission pour modifier l'article
7. Le libellé qu'on avait préparé atteindrait exactement
les mêmes fins que l'amendement proposé par le ministre.
Merci!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je pense que beaucoup
d'intervenants, au moment de l'étude des mémoires, ont fait part
de leur inquiétude à savoir qu'il y aurait possiblement une
personne qui prendrait toutes les décisions. Etant donné, s'il y
avait... le vote prépondérant était inclus dans l'article
de la loi et s'il y avait un vote égal, quand il y avait deux personnes
sur la commission, le président ou un des vice-présidents avait
un vote prépondérant. Je pense qu'on était tous
réfractai-res à cette idée, étant donné
qu'une personne pouvait prendre toutes les décisions. Alors je pense que
c'est une correction importante qu'on apprécie beaucoup et
j'espère qu'en contrepartie, le ministre acceptera des suggestions et
des amendements qui ont toujours beaucoup de sens quand ils sont
proposés par l'Opposition et j'espère que le ministre sera aussi
réceptif qu'on l'est présentement aux moments opportuns.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Huntingdon.
L'amendement est-il adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 7 adopté, tel
qu'amendé.
M. Marcoux: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 8.
M. Garon: Alors l'article 8. Il n'y a pas de proposition
d'amendement. L'article 8 se lit: "Aucun membre de la commission
exerçant ses fonctions à plein temps ne peut sous peine de
déchéance de sa charge, avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise mettant en conflit son intérêt
personnel et celui de la commission. Toutefois, cette déchéance
n'a pas lieu si un tel intérêt lui échoit par succession ou
par donation pourvu qu'il y renonce ou s'en départisse avec toute la
diligence possible. "Tout autre membre de la commission ayant un
intérêt dans une entreprise doit, sous peine de
déchéance de sa charge, le révéler par écrit
au président et s'abstenir de participer à toute décision
portant sur l'entreprise dans laquelle il a un intérêt".
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, à la lecture de
l'article 8 que vient de faire le ministre, il m'a paru nécessaire de
préciser des situations qui pourraient découler de cet article.
En résumé, l'article veut régir les commissaires qui,
à un moment donné, pour des raisons qui sont fort possibles,
pourraient avoir un intérêt, soit un droit de
propriété totale ou un droit de propriété partiel
ou encore pour d'autres raisons, des garanties hypothécaires qu'un
commissaire pourrait détenir sur un bien qui est touché par une
décision à rendre. Est-ce qu'il faut entendre, quand on dit "un
intérêt direct ou indirect dans une entreprise", ce qui pourrait
être une résidence possédée par l'un des
commissaires, résidence qui serait située à
l'intérieur d'une zone permanente retenue ou résidence qui est
naturellement construite sur un terrain? Cela touche uniquement les
entreprises?
M. Garon: Dans notre esprit, il s'agit d'entreprises comme, par
exemple, une compagnie de développement immobilier, une maison de
courtage. Il ne s'agit pas, dans notre esprit, d'une ferme.
M. Giasson: Ce ne serait pas une entreprise agricole.
M. Garon: Pas dans...
M. Giasson: Dans l'hypothèse où un commissaire
posséderait une ferme c'est possible que ça se produise
s'il y a des agriculteurs ...
M. Garon: II y a des chances.
M. Giasson: ... à ce moment-là, est-ce que le terme
entreprise s'étendrait à ce qu'on entend par une entreprise
agricole? Parce qu'aujourd'hui l'agriculture, c'est devenu une entreprise.
Qu'on le veuille ou pas, dans la plupart des fermes au Québec, c'est une
industrie, l'agriculture. Cela va continuer de l'être encore pour des
années.
M. Verreault: En attendant la réponse du ministre,
j'aimerais savoir...
Le Président (M. Boucher): Un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Shefford.
M. Garon: On pourrait suspendre l'article. J'aimerais mieux
m'informer au comité de législation pour qu'il n'y ait pas de
doute.
M. Giasson: C'est possible, parce qu'il pourrait se
produire...
M. Garon: II peut y avoir un agriculteur...
M. Giasson: Je ne verrais pas pourquoi un agriculteur,
propriétaire d'une ferme, dans l'hypothèse où il serait
choisi comme commissaire, serait obligé de vendre sa
propriété pour agir comme commissaire. Parce qu'il peut se
produire, un jour ou l'autre, qu'il soit devant ce qu'on pourrait appeler une
forme de conflit d'intérêts, s'il devait avoir une demande
à placer personnellement, comme propriétaire. Ce n'est pas une
impossibilité que, pour des fins parfaitement acceptables, il puisse
demander de faire un lotissement pour un de ses fils ou quelque chose du
genre.
Le Président (M. Boucher): Alors, on suspend l'article
8.
M. Garon: Si vous étiez d'accord, à l'article 1, on
avait laissé un article en suspens. Je me suis informé au
comité de législation concernant les organismes publics,
deuxième paragraphe...
M. Giasson: Oui, on parlait des établissements de
santé ou de services sociaux, je pense.
M. Garon: Le comité de législation nous a
suggéré de laisser l'article comme il est là, parce qu'il
y a trop de chartes particulières dans ce secteur, il y a trop de
statuts différents. Si on compliquait trop les choses, on risquerait de
faire des erreurs inutilement. Comme la plupart de ces établissements ne
sont pas dans la zone agricole, mais sont plutôt dans la zone exclue, on
nous suggérait de laisser l'article comme ça; autrement, on
pourrait créer des problèmes, au lieu de les solutionner.
M. Giasson: Tout de même, concernant le paragraphe 12 de
l'article 1, vous êtes conscient, M. le ministre, qu'on a quelques
établissements de santé et de services sociaux qui sont à
l'intérieur de l'aire provisoire. Dans mon comté, j'ai un
seul
hôpital, l'Hôtel-Dieu de Montmagny et il est situé
dans la zone provisoire.
M. Garon: Oui, mais je ne pense pas qu'il soit dans un endroit
vraiment agricole; c'est plutôt dans un boisé, sur un terrain
assez rocailleux, si ma mémoire est bonne. Je sais très bien
où il est; il me semble que je me rappelle ça.
M. Giasson: L'Hôtel-Dieu de Montmagny possédait une
ferme. Il y a le site de l'Hôtel-Dieu de Montmagny, mais également
la ferme qui est rattachée à ça.
M. Garon: II y a toutes sortes de statuts, hôpitaux
privés, publics.
M. Giasson: M. le ministre, si vous êtes d'accord,
étant donné qu'on l'avait suspendu, on pourrait peut-être
clore le débat, pour l'instant, sur le paragraphe 12 de l'article 1. Il
va y avoir certainement, lorsqu'on va arriver au dernier article de la loi,
quelques articles en suspens et on pourra faire un débat global sur
chacun des articles qui seront en suspens.
M. Garon: Vous aimeriez mieux qu'on le laisse en suspens?
M. Giasson: Je vous suggère de faire ça, de revoir
tous les articles...
M. Garon: Je pourrai avoir des renseignements...
Le Président (M. Boucher): On reviendra à la fin
aux articles qu'on aura suspendus. Article 9.
M. Garon: Article 9: "Le gouvernement nomme le secrétaire
de la commission et fixe, le cas échéant, son traitement ou son
traitement additionnel et ses allocations. "Le secrétaire et les autres
membres du personnel de la commission sont régis par la Loi de la
fonction publique (1965, première session, chapitre 14)".
M. Giasson: Je constate, M. le Président, à
l'article 9, que la formulation est très précise et ne laisse pas
de doute possible sur les mécanismes discrétionnaires que peut
avoir le ministre ou ceux qui vont devoir diriger la commission, en ce qui a
trait aux conditions d'embauche et aux prérequis pour retenir les
services du secrétaire et des autres membres du personnel de la
commission.
Je ne pourrais pas faire le même commentaire en ce qui a trait
à l'article 113. Je comprends difficilement pourquoi on y va avec une
rigueur certaine, fort précisée à l'article 9, en ce qui a
trait à l'application des règles de la fonction publique et qu'on
donne autant de marge de manoeuvre à l'article 113, marge de manoeuvre
qui, d'ici juillet 1979, demeure totalement entre les mains du ministre comme
tel pour ce qui est de l'embauche du personnel dont aura besoin la commission
pour fonctionner normalement.
M. Garon: En réalité, ce n'est pas pour la
rémunération, c'est pour l'embauche, puisque, autrement, il va y
avoir tout le système de publication, de concours qui ferait que la
commission commencerait à fonctionner sans doute après
Pâques. Cela n'a aucun sens. Toutes les lois qui créent des
commissions ou des régies ont ces dispositions, mais pour une
période limitée, pas pour une longue période. On m'a dit
que dans certains cas, on avait des périodes d'un ou de deux ans. On a
voulu mettre ça le plus court possible, six mois environ. Cela n'a pas
pour but d'avoir des rémunérations différentes ce
seront les mêmes mais de faire en sorte que l'engagement se fasse
plus rapidement.
M. Giasson: M. le Président, je remarque également
qu'à l'article 9, il y a une inscription qui ne correspond pas à
la fine pointe de la réalité. On dit: "le secrétaire et
les autres membres du personnel de la commission sont régis par la Loi
de la fonction publique (1965, première session...)." Etant donné
que la Législature du Québec a voté beaucoup plus
récemment une nouvelle loi de la fonction publique, ne vaudrait-il pas
mieux d'inscrire 1978?
M. Garon: Mais elle n'est pas en vigueur.
M. Giasson: A quel moment doit-elle entrer en vigueur? On n'a
aucune indication. Avril 1979.
M. Garon: Elle n'est pas en vigueur.
M. Giasson: Cela veut dire que pour l'article 113, la nouvelle
loi va être en vigueur en juillet 1979, puisqu'elle doit entrer en
vigueur en avril. Il est facile de prévoir que le secrétaire et
les autres membres, pas nécessairement tous les membres du personnel,
les premières personnes qui vont être embauchées comme
personnel à la commission pourraient l'être avant l'entrée
en vigueur de la loi 50 sur la fonction publique, la nouvelle loi votée
en 1978.
Pour tenir cette loi à jour, est-ce qu'on peut imaginer
qu'après l'entrée en vigueur de la loi 50 sur la fonction
publique, il y aura un amendement apporté à l'actuelle loi?
M. Garon: J'imagine qu'elle va être abrogée...
M. Giasson: Est-ce qu'il y a une disposition, dans la loi 50, qui
dit qu'elle remplace toutes les références qu'il peut y avoir
à la Loi de la fonction publique de 1965?
M. Garon: Pour être franc avec vous, c'est une disposition
qui a été suggérée pour la création d'une
commission et on nous a dit qu'il fallait se référer à la
loi actuellement en vigueur, qui serait automatiquement remplacée par la
nouvelle loi, lorsqu'elle sera en vigueur. (22 heures)
Je vous dis ça sous toute réserve; ce sont les
informations que me donnent les gens qui m'entourent. C'est le comité de
législation qui aurait
fourni ces indications, les avocats du comité de
législation.
Au fond, ce qu'on recherche, c'est pour les premiers mois... Ce ne sont
pas les avis dans les journaux, vous le savez comme moi, qui font qu'il y a un
engagement au gouvernement.
M. Giasson: C'est toute une opération.
M. Garon: Cela prend entre six mois et un an.
M. Giasson: C'est toute une opération.
M. Vaillancourt (Orford): Quel est le nombre de gens que vous
serez obligé d'engager au début?
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Quel est le nombre de personnes
requises?
M. Garon: C'est un personnel qui va s'accroître
graduellement, mais qui ne devrait pas dépasser... c'est-à-dire
que c'est un personnel qui ne serait pas tellement nombreux.
M. Vaillancourt (Orford): Vous devez avoir une idée de
l'envergure du personnel?
M. Garon: C'est moins de 75 personnes.
M. Vaillancourt (Orford): Moins de 75 personnes.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): C'est pour s'occuper de la zone
désignée actuellement.
M. Garon: En comprenant tout.
Le Président (M. Boucher): Article 9, adopté?
M. Vaillancourt (Orford): Avec les analystes, tout ça?
M. Giasson: M. le Président...
M. Garon: Oui.
M. Giasson: J'aurais...
M. Garon: Je dois dire que c'est tout ça que vous avez
dans les dispositions de la loi. On ne veut pas bâtir un stade qui va
être là avec tout ce que ça suppose de permanence au
gouvernement, mais on dit qu'on peut, à l'occasion, engager, pour un
travail particulier, des experts dans un certain domaine, pour les fins d'un
besoin immédiat. Il ne faudrait pas bâtir une structure. Je suis
persuadé que vous savez que, quand vous avez bâti une structure,
c'est facile de l'augmenter, mais que c'est difficile de la réduire.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il est possible que vous vous
serviez des personnes pouvant être disponibles dans les
régions?
M. Garon: Oui. C'est pour ça quand on a parlé,
à un moment donné je me rappelle quand le
député de Johnson en a parlé qu'il y aurait 1000
inspecteurs. Dans notre esprit, il n'y a pas une grosse équipe
d'inspecteurs parce que, quand on regarde tous les bureaux locaux du
ministère, sur 84 bureaux locaux, 12 bureaux régionaux, dans les
différents organismes agricoles du milieu, ce sont quasiment tous des
inspecteurs, en réalité. Il s'agit d'avoir un certain nombre
d'inspecteurs qui surveillent ce qui se passe, qui sont au courant des... qui
ont des relations avec les gens des bureaux. Le ministère est tellement
étendu sur tout le territoire; il y a un système, en soi,
d'inspection.
M. Vaillancourt (Orford): D'après la convention
collective, est-ce qu'il est possible, pour la commission, de se servir des
employés des régions ou des comtés?
M. Garon: II n'y a pas besoin d'écrire ça dans la
convention, je pense que ça va se faire de façon automatique.
Vous savez, c'est un peu comme lorsque l'Union des producteurs agricoles va
discuter au niveau des municipalités. Je pense que, de façon
naturelle, les gens du ministère de l'Agriculture, en région ou
localement, vont travailler avec eux aux cartes de sol, des choses comme
ça, comme on l'a fait c'est ce que la Communauté
régionale de l'Outaouais nous expliquait alors que le
ministère de l'Agriculture avait discuté avec eux dans la
région.
Je pense que c'est parfaitement normal qu'il y ait une certaine
coordination, et que tous ces services qui sont dans la région soient
reliés ensemble. En fait, il s'agit d'avoir un éclairage
technique, pour qu'une bonne décision soit prise, qu'on sache, quand on
décide que là, c'est un mauvais sol, là, c'est un bon sol,
pour ne pas que les gens fassent des erreurs inutiles. Cela ne veut pas dire
qu'il n'y en aura pas.
M. Vaillancourt (Orford): Quand prévoyez-vous
déposer les règlements d'embauche?
M. Garon: Normalement, assez rapidement, il va falloir aller au
Conseil du trésor pour aller discuter avec eux.
M. Vaillancourt (Orford): Dans la loi, il n'est pas
indiqué...
M. Garon: La loi n'est pas votée encore.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il n'est pas marqué
dans la loi que les fonds proviendront du fonds consolidé?
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Cela sera pour l'embauche. Vous ne
savez pas quand il va vous être possible de déposer les
règlements d'embauche, pour les gens que vous allez devoir engager d'ici
le 9 juillet 1979?
M. Garon: Oui, mais pas avant l'adoption de la loi.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord, mais la loi va être
adoptée d'ici à la fin de la session.
M. Garon: L'article 113 dit: "Malgré l'article 9, le
personnel requis par la commission est, jusqu'au premier juillet 1979,
nommé et rémunéré d'après les normes,
effectifs et barèmes établis par la commission et
approuvés par règlement".
Le règlement ne peut pas être adopté avant que la
loi n'ait été adoptée. Ce sera donc le cheminement normal,
le Conseil du trésor, le Conseil des ministres, etc.
M. Vaillancourt (Orford): Je comprends qu'à partir du 1er
juillet 1979 ça va être la Fonction publique qui va établir
les normes et trouver le personnel additionnel dont vous allez avoir besoin,
mais d'ici au 1er juillet 1979, vous prévoyez qu'il va y avoir combien
d'employés embauchés sans qu'ils aient à passer par la
Fonction publique?
M. Garon: C'est difficile à dire, parce que...
M. Vaillancourt (Orford): Les employés qui vont être
engagés d'ici au 1er juillet 1979, est-ce que ce sont des personnes qui
vont devoir faire application à la Fonction publique pour conserver leur
emploi?
M. Garon: Ceux qui auront été engagés avant
le 1er juillet 1979 l'auront été en dehors des règlements
de la Fonction publique.
M. Giasson: Selon les règlements que vous allez...
M. Garon: Oui.
M. Giasson:... faire adopter pour l'application de l'article
116.
M. Garon: Comme cela prend un an pour obtenir la permanence, et
que le 1er juillet 1979 cela fera seulement six mois que la lui sera
adoptée, possiblement, ou que le règlement sera mis en vigueur,
nécessairement, le système de permanence sera appliqué
selon les lois de la Fonction publique. Là aussi, il y aura un transfert
de fonctionnaires. Alors, les fonctionnaires qui seront
transférés, seront régis par les lois de la Fonction
publique...
M. Vaillancourt (Orford): Ceux qui sont déjà en
place...
M. Garon: Ils sont déjà en place.
M. Vaillancourt (Orford): ... seront transférés
pour être employés de la commission.
M. Garon: J'imagine...
M. Vaillancourt (Orford): Mais pour les nouveaux qui vont venir
de l'extérieur de la Fonction publique, quels vont être les
critères? De quelle manière allez-vous déterminer leurs
qualifications, tout ça? Est-ce que vous allez leur faire passer des
examens par la Fonction publique? Il va falloir que vous les trouviez, ces
personnes. Est-ce qu'il va y avoir des mini-concours?
M. Garon: Mes fonctionnaires me disent qu'il va y avoir... le
règlement va prévoir les mêmes normes que celles de la
Fonction publique, sauf les délais. C'est-à-dire qu'il y aura un
jury, il y aura un concours? Il n'y aura pas... il va y avoir des jurés.
Un membre de la Commission de la Fonction publique va faire partie de chaque
jury qui va choisir les personnes.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, vous allez mettre
des annonces dans les journaux, vous allez inviter des personnes à faire
application et lorsque...
M. Garon: Ce n'est pas obligatoire.
M. Vaillancourt (Orford): ... les applications vont être
faites, il va y avoir un jury qui va les passer l'un après l'autre pour
juger de leurs qualifications. Ils vont être engagés...
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): ... à titre occasionnel.
M. Garon: Non.
M. Vaillancourt (Orford): Non.
M. Garon: II y a les deux. Il y a les gens qui vont avoir des
fonctions menant à la permanence et les autres qui seront occasionnels.
Il y aura des transferts de fonctionnaires. La seule chose, c'est que tout va
fonctionner comme si c'était la Fonction publique, sauf pour
l'affichage, les délais; tout cela ne fonctionnera pas de la même
façon. Mais aussitôt qu'il y aura un certain nombre de candidats
ou de personnes qui auront été invitées de
différentes façons, ça peut être par l'affichage,
sur invitation... Ce sont des domaines un peu spécialisés, vous
aurez besoin, par exemple...
M. Vaillancourt (Orford): De quelle manière allez-vous les
trouver, ces gens-là? Est-ce que ça va être sur
recommandation de députés ou...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
C'était votre formule, avant; cela ne marche plus.
M. Vaillancourt (Orford): C'est une formule qui est bonne en
autant que les personnes sont qualifiées; il faut les trouver, ces
personnes.
M. Garon: II y a déjà des gens qu'on avait...
M. Vaillancourt (Orford): Elles peuvent être
recommandées par un député, mais cela ne veut pas dire que
la personne qui va être recommandée par un député va
réussir l'examen.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple concret, je vais vous
donner une indication. Pour faire les cartes, tout cela dans les services de
protection du territoire agricole au ministère, ce qu'on a fait pour le
dépôt: des gens travaillaient là et une partie de ces
personnes sont susceptibles d'être transférées à la
commission. Ces gens ont été engagés normalement.
M. Giasson: Comme occasionnels. M. Garon: Pas tous. M.
Giasson: En partie.
M. Garon: II y a eu des transferts de ministère. A ce
moment donné, vous avez besoin...
M. Giasson: Oui, je comprends, quand c'est une mutation, vous
prenez quelqu'un qui est déjà dans la fonction publique, quel que
soit le ministère, et vous l'amenez pour un travail plus
spécialisé, mais vous avez certainement retenu les services
d'occasionnels pour faire l'énormité de ce travail qui
était la constitution des cartes et des plans, que vous avez
déposés, des 614 municipalités.
M. Garon: La banque de la fonction publique.
M. Giasson: La banque de la fonction publique, la banque des
disponibilités.
M. Garon: Quand il s'agit de secrétaires, des choses comme
cela, on passe directement par la fonction publique, comme d'habitude, sur les
listes au centre de main-d'oeuvre, si c'est un occasionnel.
M. Vaillancourt (Orford): Les personnes qui vont travailler dans
le champ, les analystes.
M. Garon: S'il s'agit, par exemple, d'un urbaniste ou d'un
agronome. Des agronomes, on en a assez pour en transférer; un urbaniste,
c'est quelque chose d'assez spécialisé ou si c'est un
arpenteur-géomètre. Ce sont soit des gens dans un domaine
très technique, ou des géographes ou des dessinateurs de cartes
et des secrétaires. C'est à peu près le genre de personnel
dont on a besoin.
M. Vaillancourt (Orford): Cela va vous prendre des professionnels
et des techniciens en la matière.
M. Garon: Oui, c'est cela.
M. Vaillancourt (Orford): C'est en partie des personnes comme
cela dont vous aurez besoin.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député d'Orford. L'article 9 est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, quand on lit l'article 9: "Le
gouvernement nomme le secrétaire de la commission et fixe, le cas
échéant..." ce n'est pas une réserve, mais cette
indication est là sans doute en fonction de la possibilité que le
secrétaire désigné puisse être quelqu'un qui est
déjà à l'intérieur de la fonction publique.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: II s'agit de revoir sa
rémunération.
M. Garon: C'est cela, parce qu'il aura des responsabilités
additionnelles.
M. Giasson: D'accord, M. le Président. Le
Président (M. Boucher): Adopté.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il est trop tôt pour
connaître certains noms?
M. Garon: II est trop tôt.
M. Vaillancourt (Orford): En ce qui concerne le président,
il y a des rumeurs; je ne sais pas si elles sont fondées.
M. Giasson: II y a une rumeur, M. le ministre, qui court depuis
plusieurs jours déjà, pour ne pas dire des semaines. Sans doute
que c'est une rumeur à laquelle il ne faut pas ajouter foi.
M. Garon: Non.
M. Giasson: Je suis sûr que cette rumeur est totalement non
fondée.
M. Garon: Je ne peux pas commenter des rumeurs, ce sont des
hypothèses; je ne suis pas obligé de commenter cela.
M. Giasson: Des hypothèses!
Le Président (M. Boucher): L'article 10.
M. Giasson: Tant et aussi longtemps que ce ne sera pas
officialisé, cela va demeurer une rumeur, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): L'article 10.
M. Garon: Vous comprenez, dans une commission comme
celle-là, je pense qu'on l'a assez mentionné. Il faut que les
personnes qui seront nommées à une commission comme
celle-là aient une haute crédibilité; autrement, une
commission comme celle-là qui n'a pas une haute
crédibilité ne pourra pas durer longtemps. Je pense que
c'est...
Article 10: "La commission peut nommer ou s'adjoindre les experts
qu'elle juge nécessaires. Leur rémunération est
fixée par règlement. "Elle peut nommer ou s'adjoindre les
enquêteurs nécessaires à l'application de la
présente loi, ou de toute autre loi dont l'administration lui est
confiée, et elle pourvoit à la rémunération de ceux
qui ne sont pas nommés et rémunérés selon la Loi de
la fonction publique selon les barèmes établis par
règlement." Vous avez le règlement. Ce sont toutes les normes de
la fonction publique...
M. Vaillancourt (Orford): C'est le règlement que vous avez
déposé.
M. Garon: ... et du Conseil du trésor. M. Giasson:
M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Puisque le ministre vient de nous indiquer que nous
avions en main le règlement qui se réfère à
l'article 10, et que c'est bien indiqué dans le règlement
déposé, en prenant connaissance du règlement, à
l'article 1, il est dit: "Les tarifs d'honoraires autorisés pour les
services professionnels rendus au gouvernement et apparaissant au
règlement adopté par arrêté en conseil no 2270-77 du
6 juillet 1977 et ses amendements présents futurs, c'est à
venir s'appliquent au contrat..." etc, est-ce qu'il y aurait
possibilité d'avoir une copie du règlement no 2270-77?
M. Garon: C'est le barème standard de tous les
professionnels du gouvernement.
M. Giasson: Ce sont des classes de professionnels. (22 h 15)
M. Garon: Oui. Ils sont mentionnés au bas du paragraphe.
Si vous voulez regarder 1 : Les tarifs d'honoraires fixés par cet
arrêté en conseil pour les architectes, ingénieurs
forestiers, évaluateurs agréés ou urbanistes... Le
deuxième concerne les avocats et les notaires et le troisième les
experts ou enquêteurs. C'est ce dont on pense avoir besoin. Quant aux
agronomes, on pense qu'on en a assez au ministère et c'est pour cela
qu'on n'a pas...
M. Giasson: Est-ce qu'il y a lieu de croire que les
arrêtés en conseil auxquels fait référence la
réglementation touchant l'article 10 ont déjà
été publiés dans la Gazette officielle du Québec?
Si ce n'est pas publié dans la Gazette officielle, ce n'est pas un
document qu'on peut appeler public. Les arrêtés en conseil no
2270-77, 2349-78 et 2270-70.
M. Garon: Cela doit avoir été publié.
M. Giasson: Je ne veux pas retarder inutilement, non plus, mais
s'il y avait possibilité, au cours d'une prochaine séance,
d'avoir copie de ces arrêtés en conseil. Mais je ne veux pas
soulever un débat.
M. Garon: Non, non. D'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 10, adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Giasson: M. le Président, avant de procéder
à l'adoption, je ne voudrais pas être désagréable
à mes collègues de la commission, mais on pourrait
peut-être le mettre en suspens. On prendra connaissance des copies des
arrêtés en conseil et si tout est conforme à nos
prévisions, on l'adoptera.
Le Président (M. Boucher): Alors, nous suspendons
l'article 10? Article 11. M. le ministre.
M. Garon: "Lorsque la commission décide d'une demande,
elle peut assujettir sa décision aux conditions qu'elle juge
appropriées." "Elle peut aussi fixer les frais et les dépens des
enquêtes qu'elle conduit ou des auditions qu'elle tient,
conformément au tarif fixé par règlement."
Vous avez aussi ce règlement oui, vous l'avez qui
correspond à ce que je vous disais. Une personne
intéressée qui intervient, c'est $5, le prix des photocopies
varie de $0.50 la page à $2 pour une carte. On a essayé
d'émettre des tarifs. Maintenant, pour les organismes publics, il n'y a
aucun taux parce qu'on sera peut-être appelé autant à
demander des renseignements aux municipalités qu'à leur en
fournir, alors on ne leur demandera rien et on s'attend qu'elles ne nous
demandent rien en retour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Garon: Les frais d'enquête et d'audition, c'est $6 la
demande.
M. Dubois: Je voudrais savoir, M. le ministre, si les frais de
transcription et de notes sténo-graphiques sont assumés par la
commission?
M. Garon: Non. Comme dans tout endroit, si quelqu'un demande les
notes sténographiques, il
assumera lui-même les frais de ses notes
sténo-graphiques.
M. Dubois: Alors, à ce moment-ci j'aimerais faire motion
afin que les frais des notes soient assumés par la commission.
M. Garon: C'est dans le règlement! Le règlement a
été adopté par le gouvernement.
M. Dubois: Mais cela pourrait être ajouté à
la fin, comme un troisième alinéa à l'article 11.
M. Garon: Vous voudriez qu'on ajoute que chacun doit assumer les
frais de ses notes sténo-graphiques?
M. Dubois: C'est-à-dire que les frais soient
assumés par la commission. Il y a des frais engagés à
chacun des articles. Le ministre va le reproposer...
M. Garon: II y a l'article 6 qui dit: "Les frais...
M. Giasson: M. le Président, excusez-moi, mais je fais une
révision des règlements déposés par le ministre ce
soir et je ne trouve pas d'allusion à l'article 11 dans les
règlements.
M. Garon: Quel article 11 ?
M. Giasson: II y a l'article 80, paragraphe 7, article 80,
paragraphe 6, article 80, paragraphe 5... Article 70 et 80,
troisièmement.
M. Garon: De quoi parlez-vous, là?
M. Giasson: On parle des mots "fixé par règlement"
à l'article 11. Le dernier paragraphe se termine ainsi: "...
conformément au tarif fixé par règlement."
M. Garon: Le paragraphe 8? Le paragraphe 8 qui se
réfère à l'article 11 ou l'article 11 qui se
réfère au paragraphe 8?
Une Voix: Vous n'avez pas tout dedans.
M. Garon: Oui, c'est évident. C'est parce que, pour les
autres, il n'y en a pas.
Une Voix: Vous n'avez pas mis autre chose que cela.
M. Garon: C'est parce qu'il n'y en a pas d'autres.
Une Voix: On n'a pas mis autre chose là-dedans.
M. Giasson: II n'y aurait donc pas de frais d'enquête?
M. Garon: Non. C'est écrit ici.
M. Giasson: Ah! oui. "Elle peut aussi fixer les frais et les
dépens des enquêtes qu'elle conduit ou des auditions qu'elle
tient..."
M. Garon: C'est écrit. C'est le premier article du
règlement. "En vertu de l'article 5, la loi peut tenir lieu de frais et
dépens d'enquêtes et d'audition." C'est $10 pour la demande et il
n'y a pas d'autres frais additionnels.
M. Verreault: M. le Président, en ce qui concerne les
règlements, j'aimerais savoir du ministre...
M. Giasson: II aurait peut-être été bon, dans
ce règlement...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Giasson: ... de faire également référence
à l'article 11.
M. Garon: Oui, mais le titre de l'article 80 comprend toute la
réglementation qu'il est possible de faire.
M. Giasson: Dont on fait mention dans d'autres articles.
M. Garon: ... dans d'autres articles. Or, l'article 80 comprend
tout. Lorsqu'il y aura des individus qui seront concernés par des
demandes, ce peut être un cultivateur, ce peut être un voisin, on
ne voulait pas imposer des frais élevés. C'est pour cela que les
frais ont été réduits au minimum: une demande, $10;
l'intervention, $5; pour l'enquête, pas de frais. Par ailleurs, les frais
de sténographie qui peuvent être assez élevés sont
à la charge de la partie qui la requiert, sur autorisation de la
commission.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Garon: Comprenez-vous pourquoi, au fond? En grande partie,
c'est que, comme il s'agit d'une révision et que l'appel est en droit
seulement et non pas un appel en fait c'est la commission qui juge des
faits à ce moment-là, comme l'appel est en droit, les
notes sténographiques seront assez rares.
M. Dubois: Un contribuable qui voudrait avoir la transcription
des notes...
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Un contribuable qui voudrait avoir une copie de la
transcription des notes, à ce moment-là, sera obligé
d'assumer des frais lui-même et ces frais-là peuvent quand
même être assez coûteux.
M. Garon: Normalement, il n'aura pas besoin de notes
sténographiques. Si le gouvernement les
paie, ces notes sténographiques, cela va coûter cher.
M. Dubois: Je pense que c'est quand même...
M. Garon: Entre vous et moi, les discussions vont se faire
à une table, avec des plans et on va discuter de plans. Les gens
regarderont des plans. Ils regarderont des cartes. Prendre des notes
sténographiques dans ces conditions ne sera pas toujours facile. Ce ne
sera pas un tribunal formel comme la Cour d'assises, la Cour supérieure.
Ce sera...
M. Dubois: Mais, si quelqu'un n'est pas satisfait de la
décision de la commission et désire revenir devant la commission
puisqu'il a un droit d'appel devant la commission, je pense que cela sera
important pour lui d'avoir une copie des notes sténographiques.
M. Garon: II aura une décision. Il aura une
décision motivée.
M. Dubois: Oui, mais cela ne fait rien. C'est important de
repartir du début et d'avoir des notes quand il voudra revenir devant la
commission.
M. Baril: Oui, mais, dans son jugement, la commission va le
décrire. Elle va décrire son jugement. Elle n'enverra pas cela
par téléphone.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Garon: Les régies qui ont des notes
sténographiques sont assez rares.
M. Dubois: Un secrétaire sera là et il y aura un
sténographe...
M. Garon: Non.
M. Dubois: ... j'imagine, dans certains cas.
M. Garon: Un sténographe officiel et un
procès-verbal, c'est différent. Un sténographe officiel
coûte cher. Un secrétaire qui rédige un
procès-verbal, c'est une autre affaire.
M. Dubois: Dans la plupart des auditions, il n'y aura pas de
sténographe officiel.
M. Garon: Non, sauf si quelqu'un en demande l'autorisation. Il le
peut.
M. Dubois: Mais, normalement, il n'y en aura pas.
M. Garon: Mais il va le demander et il va le payer
lui-même. On ne voit pas en quoi cela peut être vraiment
nécessaire.
M. Dubois: D'accord. Passons.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Huntingdon. M. le député de Shefford.
M. Verreault: C'est un complément d'information, M. le
Président. C'est relativement aux règlements distribués
par le ministre tout à l'heure. A l'article 4, les honoraires, on dit
que toute personne peut obtenir une copie certifiée, etc. On mentionne
les montants. A l'article 5, on dit: "Sont exemptés du paiement des
droits et tarifs prévus au présent règlement le
gouvernement, les ministères, etc." Voici ce que je voudrais savoir.
Quand on parle du gouvernement, des ministères, est-ce qu'on inclut
également l'Assemblée nationale et les membres de
l'Assemblée nationale?
M. Vaillancourt (Orford): C'est l'Assemblée nationale qui
paie les frais.
M. Garon: A ce moment, la demande va être faite par
l'Assemblée nationale, je suppose.
M. Vaillancourt (Orford): On peut faire une
réquisition...
M. Giasson: Ou les membres de l'Assemblée nationale.
M. Verreault: Si je veux avoir des copies certifiées.
M. Vaillancourt (Orford): Tu peux les avoir en les demandant.
M. Verreault: Je vais pouvoir les demander?
M. Garon: Vous les demandez à l'Assemblée
nationale. L'Assemblée nationale est un ministère et elle les
obtiendra.
M. Verreault: Alors, c'est clair.
M. Garon: Mais le député n'est pas couvert, comme
tel. Il va les demander par l'intermédiaire de l'Assemblée
nationale.
M. Vaillancourt: II n'est pas couvert directement, mais lorsqu'un
député veut obtenir quelque chose, il prépare une
réquisition et l'envoie au pourvoyeur de l'Assemblée nationale et
c'est l'Assemblée nationale qui paie pour ces documents.
Le Président (M. Boucher): L'article 11 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
12.
M. Garon: M. le Président, l'article 12 se lit comme suit:
"Pour rendre une décision ou émettre un avis dans une affaire qui
lui est soumise, la commission prend en considération notamment les
conditions biophysiques du sol et du milieu, les possibilités
d'utilisation du lot à des fins d'agriculture et les conséquences
économiques
qui découlent de ces possibilités, l'effet d'accorder la
demande sur la préservation du sol agricole dans la municipalité
et la région ainsi que l'homogénéité de la
communauté et l'exploitation agricoles".
Cela veut dire qu'on tient compte, au fond, de la situation de
l'individu et de la situation de la collectivité aussi. Par exemple, si
on demande d'en exclure un certain nombre, on garde la valeur du sol, etc.,
mais on tient compte aussi de la déstructuration du territoire
causée par la disparition de fermes dans cette région
puisqu'à ce moment, cela ne sera plus viable, parce qu'il n'y aura pas
un nombre suffisant de fermes pour maintenir les services nécessaires
aux agriculteurs pour qu'il y.ait une communauté agricole qui puisse
fonctionner. Par exemple, quand on a moins qu'un certain nombre d'agriculteurs
dans une région, la coopérative ne rencontre plus ses frais ou la
meunerie n'a plus le volume suffisant ou, dans le cas du lait, cela peut
être une route de lait que les gens ne veulent pas utiliser, parce
qu'elle est déficitaire, elle coûte cher, toutes sortes de
facteurs comme cela. Ce sont des facteurs que la commission pourrait
considérer.
Cependant, ce qu'elle doit considérer en premier lieu, ce sont
les conditions biophysiques du sol et du milieu, si le sol est bon ou pas, les
possibilités d'utilisation du lot à des fins d'agriculture et les
conséquences économiques qui découlent de ces
possibilités. Il y a toutes sortes de facteurs qui peuvent faire que le
sol peut être correct, mais économiquement inutilisable pour
différentes raisons. Ce sont tous ces facteurs qui vont être
considérés par la commission, des facteurs assez larges pour
permettre de s'adapter à chacune des situations.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, à mes yeux, l'article
12 est d'une importance très grande, parce qu'il détermine, en
somme, une espèce de cadre à l'intérieur duquel vont
fonctionner les commissaires qui devront examiner tous les dossiers qui vont
venir de la commission, en tenant compte d'un tas de facteurs, dont une partie
est déjà prévue. C'est à peu près l'article,
à mon sens, qui définit le mieux le cadre opérationnel
à l'intérieur duquel vont devoir évoluer les commissaires.
La rédaction de l'article laisse une marge de manoeuvre fort grande. Il
ne s'agit pas de normes ou de critères précis. Cet article laisse
les choix ou les décisions des commissaires au bon jugement, pur et
simple, de ceux qui vont devoir étudier les situations découlant
des requêtes ou des demandes formulées et des conséquences
que telle ou telle autre décision pourra amener sur le territoire
à l'intérieur d'une municipalité. (22 h 30)
Je comprends, M. le Président, qu'il aurait peut-être
été beaucoup plus difficile de vouloir préciser davantage
le cadre à l'intérieur duquel les commissions pourraient
évoluer. Mais il y a un tas d'éléments qui peuvent
être découverts ou trouvés sur le terrain même ou le
territoire touché par les décisions devant être rendues qui
peuvent guider les commissaires dans leurs décisions. Il pourrait se
produire aussi, selon les propos que vient de tenir le ministre, qu'à un
moment donné, pour des raisons qu'on ne peut pas voir
immédiatement, par suite d'une évolution normale, des paroisses
agricoles subissent des transformations fort importantes. Il peut se produire
des développements nouveaux qui ne sont pas faciles à
prévoir au moment où l'on discute et qui pourront amener des
changements. D'ailleurs, on a certaines lois déjà qui sont
déposées devant l'Assemblée nationale qui demandent des
pouvoirs additionnels pour les offices de producteurs, des pouvoirs que je
considère, pour ma part, comme très étendus, des pouvoirs
nouveaux qui pourraient permettre, par exemple, à des offices de
producteurs de suspendre, d'annuler ou de retirer les quotas ou les
contingentements que détiennent certains producteurs. Je ne voudrais pas
entrer dans le débat de cette loi, mais cela m'a laissé songeur
quand j'ai pris connaissance de certaines dispositions de la loi 116.
Au-delà du texte qu'on a dans l'article 12, est-ce que la marge
de consultation qui était recherchée par le ministre, est-ce que
cette possibilité d'obtenir l'avis du milieu, de la base, va être
subordonnée au contenu de l'article 12, ou si l'article 12 va
s'appliquer une fois qu'on aura procédé à la recherche des
avis que la base pourrait donner, d'abord, les citoyens et, dans un
deuxième temps, les organismes qui les représentent, les
municipalités, entre autres? Est-ce que cela aura priorité sur la
consultation à laquelle le ministre a fait largement
référence dans différentes interventions qu'il a faites
ici à la commission?
M. Garon: En fait, au début, quand on a travaillé
sur ce projet de loi, cela un peu pour regarder l'ensemble, pour donner
un peu le problème comme il se présente il y a beaucoup
d'experts qui nous suggéraient de ne mettre aucun critère, pour
que la commission puisse travailler avec le plus d'équité
possible. Mais ne mettre aucun critère, cela me paraissait un peu fort,
trop large. Il fallait qu'il y ait un certain cadre et c'est là qu'on a
déterminé ce cadre. A ce moment, les représentations qui
vont être faites par les municipalités, toutes les
représentations de fait, factuelles... par exemple je pense à
Repenti-gny qui est venue nous voir pour nous dire que dans tel secteur il y
avait des aqueducs, des égouts, qu'à un autre endroit il y avait
des égouts sanitaires et pluviaux, mais que l'aqueduc n'était pas
là. Il y avait différents facteurs. Je pense que la commission va
considérer cela, va considérer aussi la qualité du sol et
le fait qu'il y a une période un peu transitoire, si on veut, dans une
municipalité. Je pense qu'on va en arriver à des zones, on va
fixer des zones permanentes. On va dire: II y a une zone agricole. La zone va
être établie. En établissant la zone agricole, la
commission doit tenir compte de la qualité du sol, de la
qualité de la communauté. Je pense, par exemple, que s'il
y avait une ferme en plein milieu d'un village, en plein milieu d'une ville...
Apparemment je ne sais pas où, il y a un agriculteur à Outremont.
Si tout le monde parle d'exclusion dans le cas de l'agriculteur à
Outremont, même si la terre est bonne, il faut tenir compte aussi de
l'ensemble des autres facteurs. Si l'agriculteur veut abandonner, il est
à Outremont... Si la municipalité est d'accord et que
possiblement elle veut faire un espace vert avec cela, etc., la commission va
se servir de sa tête pour dire à ce moment-là: On va
l'exclure. Si, par ailleurs, l'agriculteur veut demeurer, il a toujours
été là, mais, la municipalité est possiblement
contre, et qu'il ne dérange personne, je pense que la commission devrait
pencher du côté du cultivateur pour ne pas lui faire perdre
autant.
On peut dire qu'en dehors de la zone, on a maintenu les droits acquis
pour les utilisations non agricoles. Il faudra aussi, à
l'intérieur de la zone urbaine qui n'est pas la zone agricole, tenir
compte des agriculteurs existants. On n'a pas, en traçant le
périmètre, comme la Colombie-Britannique l'a fait, dit que toutes
les fermes existantes étaient zonées. On n'en a pas dit un mot
pour laisser le choix à l'individu qui est là. S'il est à
l'intérieur d'un périmètre urbain, il a sûrement des
contraintes. Mais la situation est différente si c'est une porcherie ou
un élevage laitier, une serre ou un producteur horticole ou
maraîcher. La situation n'est pas la même dans un cas ou dans
l'autre, tenant compte de tous ces facteurs.
Je pense que les facteurs qui sont là sont assez larges pour
permettre à la commission de juger avec bon sens, en tenant compte des
opinions des individus, de la qualité et de la possibilité
agricoles du sol et du milieu. Je pense que, dans 90% des cas, cela va
être simple; il y a 10% des cas où cela va être difficile.
Jusqu'à ce jour plusieurs cas m'ont été mentionnés;
tous les cas individuels qui m'ont été mentionnés
jusqu'à maintenant étaient simples, le cultivateur qui vendait la
moitié de sa terre, par exemple, à son voisin de gauche et
l'autre moitié à son voisin de droite.
M. Giasson: A des fins agricoles.
M. Garon: A des fins agricoles. Je pense que c'est automatique,
l'autorisation est automatique; aussitôt reçu, aussitôt
retourné, et c'est fait. Il y a des cas comme ceux-là. Il y a des
agriculteurs, par exemple... J'ai un cas qui m'a été
mentionné par le député de Portneuf: un agriculteur a
vendu une moitié de sa terre et veut garder l'autre, il est
obligé de vendre l'autre moitié de sa terre après avoir
vendu la première moitié et il voudrait garder son
boisé.
Normalement, je pense que, même s'il garde son boisé, c'est
un morcellement qui ne détruira pas la ferme, il s'agit de
l'apprécier. Je pense, pour ma part, que cela peut être possible.
Les cas, quand on les voit dans les faits, sont beaucoup plus faciles que quand
on les voit théoriquement; ils sont dans les faits. Il restera des cas
difficiles, mais ce ne sera qu'une petite partie des cas. La commission va
établir une certaine jurisprudence pour les cas plus difficiles.
M. Vaillancourt (Orford): Qu'est-ce qui arrive si une ville a des
terrains agricoles à l'intérieur de ses murs?
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford, M. le député de Huntingdon avait demandé la
parole.
M. Dubois: Merci, M. le Président. J'aimerais faire
remarquer au ministre que la rédaction de cet article m'apparaît
très limitative. Lisons-le attentivement: "Pour rendre une
décision ou émettre un avis dans une affaire qui lui est soumise,
la commission prend en considération notamment cela, c'est
important les conditions biophysiques du sol et du milieu, les
possibilités d'utilisation du lot à des fins
d'agriculture..."
Je me pose une question: Est-ce que le rôle de la commission est
strictement de juger de la valeur agricole d'un lot? N'est-ce pas de juger de
la valeur d'un lot à des fins agricoles ou autres?
Je pense qu'il y aurait lieu de faire disparaître le mot
"notamment" et d'ajouter, après le mot "agriculture", les mots "ou
à d'autres fins". Comme c'est là, la commission ne juge que de la
valeur agricole d'un lot, mais il y a d'autres fins dans un lot.
M. Garon: II s'agit des dispositions générales dans
cette section, des grandes règles. A l'article 65, au paragraphe 2, vous
avez d'autres règles. "A l'examen de la demande, la commission peut..."
quand il s'agit d'exclusion, pas pour la zone permanente, mais d'exclusion. Il
va y avoir l'établissement de la zone permanente. L'article 12 vise
l'ensemble des dispositions, soit pour la zone permanente, soit pour des cas
individuels; l'article 12 est général.
Concernant une demande individuelle, une fois que la zone permanente
aura été établie ou avant qu'elle ne le soit, c'est
l'article 65 qui dit...
M. Dubois: Si on dit que l'article 12 est très
général, on amplifie...
M. Garon: On dit: "A l'examen de la demande, la commission peut
considérer l'effet du projet sur le développement
économique de la région et la disponibilité d'emplacements
autres que ceux qui font l'objet de la demande, en tenant compte des
critères prévus à l'article 12."
En plus des critères prévus à l'article 12, on va
tenir compte de l'effet du projet sur l'avenir économique de la
région et de la possibilité de trouver d'autres emplacements qui,
eux, n'auront pas de valeur agricole. C'est cela qui...
D'une façon générale, on va être d'accord
pour qu'une entreprise qui veut s'établir dans telle
municipalité, pour différentes raisons habituellement
quand quelqu'un veut s'établir dans une municipalité c'est parce
qu'il a des raisons garde la possibilité de se déplacer
ailleurs, sur des
terres qui ne sont pas bonnes pour l'agriculture. Aussi, on va tenir
compte du facteur économique pour cette municipalité, du
développement économique de la région. Il y a des genres
d'entreprises qui peuvent se situer n'importe où. Il y a d'autres genres
d'entreprises qui n'ont pas le choix. Cela va tenir compte de cela.
M. Dubois: Je trouve que, pour un article qui devrait être
général, il est assez limitatif. Notamment, on touche à
l'agriculture, on ne touche pas à autre chose, là.
M. Garon: Non, non. "Notamment" veut dire...
M. Dubois: Parce qu'il y a des fins agricoles, mais il y a aussi
d'autres fins qu'agricoles aussi. Alors, on pourrait ajouter "ou à
d'autres fins " après "agriculture".
M. Garon: "Notamment" veut dire entre autres.
M. Dubois: Entre autres, mais on appuie fortement sur
l'agriculture. Je suis d'accord que c'est la protection des sols qu'on vise,
mais il y a d'autres fins. Alors à des fins agricoles, à des fins
d'agriculture ou à d'autres fins. Il me semble que ce serait encore plus
global, plus général. Vous dites vous-même que c'est un
article d'aspect général.
M. Garon: Mais les autres fins, on les retrouve à
l'article 65, pour des demandes individuelles, tandis que l'article 12 tient
compte des demandes individuelles et l'établissement de la zone
permanente. Dans rétablissement de la zone permanente, les principaux
facteurs qui vont jouer vont être les facteurs agricoles. On ne
considérera pas, par exemple, l'établissement futur,
éventuel, possible d'entreprises. On va l'établir en fonction de
l'agriculture. Mais quand arrivera une demande individuelle, on
considérera l'article 65 en plus de l'article 12, l'article 65,
deuxième paragraphe, en plus de l'article 12. Là, cela veut dire
qu'on considérera les facteurs agricoles, mais aussi s'il y a un autre
emplacement que celui dont on demande l'exclusion pour loger l'entreprise,
d'autres emplacements qui n'ont pas une bonne valeur agricole, et
deuxièmement, si cela a un impact économique sur la
région.
M. Dubois: A l'article 65, "A la demande d'une corporation
municipale ou d'une communauté...", qu'est-ce qui arrive dans les cas
d'une corporation, d'un propriétaire unique? Si l'article 12 est
général, je pense qu'il est pas mal limitatif parce que l'article
65 ne tient pas compte d'une demande privée ou de celle d'une
corporation; c'est seulement pour les corporations municipales et les
communautés. En tout cas, j'en fais motion, à la troisième
ligne, à savoir rayer le mot "notamment" et ajouter après
"d'agriculture" les mots "ou pour d'autres fins".
Le Président (M. Boucher): Puis-je avoir le libellé
de votre motion, s'il vous plaît!
M. Vaillancourt (Orford): Article 12, troisième ligne?
M. Dubois: A la troisième ligne, biffer 'notamment" et
ajouter "ou à d'autres fins", à la quatrième ligne,
après "d'agriculture".
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement se lit
comme suit: "Que l'article 12 soit modifié en retranchant, au
début de la troisième ligne, le mot "notamment ' et en ajoutant,
dans la quatrième ligne, après le mot "agriculture", les mots "ou
à d'autres fins". L'article ainsi modifié se lirait comme suit:
"Pour rendre une décision ou émettre un avis dans une affaire qui
lui est soumise, la commission prend en considération les conditions
biophysiques du sol et du milieu, les possibilités d'utilisation du lot
à des fins d'agriculture ou à d'autres fins, et les
conséquences économiques qui découlent de ces
possibilités, l'effet d'accorder la demande sur la préservation
du sol agricole dans la municipalité et la région ainsi que
l'homogénéité de la communauté et de l'exploitation
agricoles". Alors, la motion me paraît recevable, à
première vue. M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je pense que j'ai
expliqué tout à l'heure les raisons pour lesquelles je propose
cette motion d'amendement, étant donné que c'est un article
d'aspect général et que l'article 65 ne clarifie pas la situation
d'un cas individuel. J'aimerais bien que ce soit clair, quand même,
étant donné que le ministre a dit lui-même que l'article
est d'aspect général. Mais, là, on prend en
considération seulement les fins agricoles et non pas les autres fins.
C'est la raison pour laquelle j'ai proposé cet amendement. (22 h 45)
M. Giasson: Me permettez-vous une question? Que visez-vous par
cet amendement? Vous visez d'autres fins qui ne seraient pas
nécessairement de l'agriculture pure, mais est-ce que ce seraient
d'autres fins qui auraient une relation directe avec le monde de
l'agro-alimentaire?
NI. Dubois: Cela peut être n'importe quelle autre fin.
Comme c'est là, si on relit l'article lentement: "Pour rendre une
décision ou émettre un avis dans une affaire qui lui est soumise,
la commission prend en considération notamment les conditions
biophysiques, les possibilités d utilisation dudit lot à des fins
d'agriculture." Mais les autres fins, est-ce qu'on ne les considère pas?
C'est un article d'aspect général et l'article 65 ne clarifie pas
du tout la situation. Il la clarifie pour deux groupes individuels, mais pas
pour une corporation ou un individu qui possède un lot. A ce
moment-là, je pense qu'il y a lieu de clarifier l'article 12,
étant donné que l'article 65 ne tient pas compte des
individus.
M. Garon: Mais oui! C'est l'article 65 qui tiendra compte des
individus.
M. Dubois: Corporations municipales ou d'autres
communautés, à la demande d'une corporation municipale. C'est
à l'article 65.
M. Garon: Lisez l'article au complet. "A la demande d'une
corporation municipale ou d'une communauté, la commission peut, aux
conditions qu'elle détermine, exclure de la zone agricole un ensemble de
lots, ou parties de lots, dont la corporation municipale ou la
communauté projette d'autoriser le lotissement ou l'utilisation à
une autre fin que l'agriculture." Quelqu'un qui veut lotir une terre va tout
simplement faire une demande à une corporation municipale pour savoir si
elle est d'accord avec le lotissement. A ce moment-là, on va faire une
demande d'exclusion et, si la municipalité ne veut pas accorder le
lotissement à une fin autre que l'agriclture, qu'est-ce que cela va
donner d'exclure?
M. Dubois: L'individu a le droit de se présenter seul
devant la commission, sans passer par la corporation municipale.
M. Garon: Oui, mais si la corporation municipale ne veut pas que
cela soit à une autre fin que l'agriculture dans ce zonage-là ou
ne veut pas qu'il y ait de lotissement...
M. Dubois: La dernière décision est toujours prise
par la commission, n'est-ce pas?
M. Garon: Non. C'est par le zonage...
M. Dubois: A moins qu'il y ait des règlements municipaux
qui arrivent à...
M. Garon: ... de la municipalité.
M. Dubois: C'est cela. Il y a bien des paroisses qui n'ont pas de
règlements municipaux.
M. Beauséjour: M. le Président, avez-vous
reçu l'amendement?
Le Président (M. Boucher): Oui, je l'ai reçu.
M. Garon: Voyez aussi le troisième alinéa de
l'article 65. "Si la commission accorde cette demande, elle doit le faire
à la condition que le règlement visant à mettre en oeuvre
la décision soit adopté et en vigueur dans les six mois qui
suivent la date où la décision a été ainsi rendue,
faute de quoi celle-ci devient caduque." Pourquoi? Si la municipalité a
besoin d'un lot, de l'exclusion d'un lot, pour des fins de lotissement ou
d'utilisation autres que l'agriculture... Ce n'est pas pour permettre une
spéculation ou quelque chose comme cela. Parce qu'elle va tenir compte
de tous les facteurs, si c'est bon ou si ce n'est pas bon pour l'agriculture,
plus ou moins bon. Mais, à ce moment-là, c'est parce qu'elle en a
besoin. Elle n'en aura pas besoin dans 20 ans. Elle en a besoin
immédiatement. Mais il faut tenir compte que l'article 65 vise
essentiellement... Une fois que la zone permanente est établie, le
zonage est fait, ce ne sont plus des plans provisoires. Mais, pour
l'établissement des plans provisoires, il faut tenir compte
essentiellement de l'article 12. Comment peut-on tenir compte d'autres fins
inexistantes? Cela peut seulement être...
M. Beauséjour: La construction d'une maison, un
développement domiciliaire.
M. Dubois: Cela peut être une usine agro-alimentaire. Cela
peut être bien des choses.
M. Beauséjour: Oui, mais, à ce moment-là,
c'est la porte ouverte à tout.
M. Dubois: Parce que c'est vague quand même.
M. Garon: Oui. Je comprends. Si la municipalité veut faire
autre chose, qu'elle veut faire du développement, s'agrandir, etc., si
les sols ne sont pas bons, la commission dira: Parfait, les sols qui ne sont
pas bons, on vous les laisse. Ils ne sont pas bons pour l'agriculture. La
commission n'a pas intérêt, on n'a pas intérêt
à garder des terres pour l'agriculture sur lesquelles des gens vont
vivoter, seront pauvres ou... Mais il faut développer les sols qui ont
une valeur agricole.
M. Dubois: Cela rendrait cet article beaucoup plus clair et
beaucoup plus général.
M. Garon: Oui, mais, à ce moment-là, comment
voulez-vous protéger les terres si, dans votre préoccupation, ce
sont d'autres fins que l'agriculture?
M. Dubois: Je n'enlève pas la protection du sol ni de
l'agriculture là-dedans.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Je n'enlève pas la protection de l'agriculture.
Il n'est pas question d'enlever la protection des sols agricoles.
M. Garon: Elle va en tenir compte, on dit "notamment". Elle va
tenir compte, dans une demande, d'un territoire municipal, admettons, de 10
milles carrés...
M. Dubois: La commission prend en considération, c'est la
commission qui considère. Je suis d'accord là-dessus. Mais, comme
c'est là, elle prend en considération l'agriculture; les autres
fins ne sont même pas indiquées ici. il y a d'autres fins que
l'agriculture. On ne gèle pas le territoire en disant: Ce n'est que pour
l'agriculture, il y a d'autres fins. Si on veut être explicite...
M. Beauséjour: Les possibilités d'utilisation du
lot à d'autres fins que l'agriculture, cela peut
aussi être de la construction domiciliaire, du
développement. C'est beaucoup trop vaste.
M. Dubois: Oui, mais c'est la commission qui prend la
décision; on n'enlève pas la décision à la
commission...
M. Beauséjour: A ce moment-là, elle est
guidée...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
député d'Iberville, c'est le député de Huntingdon
qui avait la parole! Vous vous adressez au président et vous...
M. Garon: Prenons le cas de votre entreprise d'engrais
chimique.
M. Giasson: ... agricole.
M. Garon: C'est une fin agricole. La commission peut dire: Y
a-t-il d'autres endroits où vous pourriez vous installer? Vous avez dit
que l'entreprise d'engrais chimique voulait s'installer sur une bonne terre
à maïs-grains.
M. Dubois: La voie ferrée passait là, elle ne
passait pas ailleurs.
M. Garon: Oui. La première interrogation qui se pose
c'est là que vous voulez vous installer pour desservir la
clientèle qui en a besoin est-ce que dans votre
municipalité il y a d'autres endroits où vous pourriez vous
installer? Avez-vous besoin d'être près de la voie ferrée
où est-ce déjà déstructuré? Dans ce cas, il
n'y aura pas de dédommagement, vous serez aussi bien situé. Elle
va regarder cela; s'il n'y en a pas, j'imagine à moins que ce
soit la destruction terrible qu'elle va dire oui parce que c'est
avantageux pour l'agriculture. Mais, dans un premier temps, elle va regarder
s'il n'y aurait pas d'autres endroits qui seraient aussi bons pour l'entreprise
sans déranger l'agriculture.
M. Dubois: Je suis d'accord sur le fait de ne pas déranger
indûment l'agriculture. Je ne veux pas éterniser le débat
là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je crois comprendre le sujet
de préoccupation du député de Huntingdon. Il est
évident qu'il va se produire des événements en vertu
desquels, pour des besoins bien spécifiques et des
réalités justifiées par les requérants voulant
obtenir l'autorisation de la commission d'utiliser un lot ou une parcelle de
lot à des fins autres que l'agriculture...
Je crois comprendre votre intervention suivant un exemple qu'a
déjà donné le ministre. Le ministre avait dit que
l'article 96 qu'on retrouve dans la loi et qui donne des pouvoirs vraiment
discrétionnaires au gouvernement, c'était pour pallier des cas
pouvant se produire au cours des prochaines années. Il avait
donné comme exemple l'implantation d'une industrie nouvelle au
Québec qui, elle, s'établirait ici à la condition que ce
soit à tel endroit spécifique pour des questions de transport ou
toute autre raison.
Est-ce que ce sont des cas similaires que vous avez à l'esprit?
Si un fabricant d'automobiles disait au gouvernement du Québec: On songe
à s'implanter au Québec, mais on n'est pas prêt à
aller n'importe où. Il y a tel ou tel secteur qui nous intéresse;
si on vient au Québec, dans la négociation du projet, il faut que
vous acceptiez que ce soit l'un des sites que nous avons étudiés,
recherchés, et le hasard peut faire que le ou les sites retenus par une
grande entreprise qui veut s'installer au Québec soient justement
à l'intérieur d'une zone agricole permanente. C'est cela que vous
avez à l'esprit?
M. Dubois: Je n'ai pas à l'esprit des cas extraordinaires,
comme on en a soulevé une fois, celui de General Motors qui viendrait
s'établir quelque part près d'une ville du Québec et qui
prendrait 500 acres de terre fertile pour s'implanter. Ce n'est pas dans ce
sens, mais cela peut être n'importe quoi. Cela peut être une usine
d'engrais, cela peut être une petite usine d'agro-alimentaire, cela peut
être un besoin qui doit être situé quelque part. On dit que
c'est un article d'aspect général. Je ne le trouve pas tellement
général, cet article.
Je ne pense pas à un investissement de $500 millions, je pense
à un petit investissement.
M. Giasson: Même si votre motion n'était pas
adoptée lors du vote, avez-vous l'impression que lorsque la commission
va devoir étudier des cas, hypothétiques pour l'instant, mais qui
vont devenir une réalité au fur et à mesure que les
années vont passer...
M. Dubois: On peut se mettre dans la tête...
M. Giasson: Croyez-vous que la commission va toujours dire non
à des demandes d'installation d'entreprises dans la zone agricole
permanente lorsque les personnes qui produisent une demande ou font une
requête arrivent avec un dossier joliment étoffé et
qu'elles sont en état de prouver que, pour la rentabilité, pour
donner un meilleur service à la clientèle à desservir, il
est important que l'entreprise soit située à tel endroit par
rapport à d'autres sites possibles.
M. Dubois: Je n'ai pas de crainte que la commission ne soit pas
objective et ne puisse pas juger de la valeur d'un cas en particulier, mais
étant donné que cet article décrit à peu
près le rôle de la commission qui est de juger de la valeur d'une
terre agricole, il me semble qu'il y a d'autres fins que l'agriculture aussi
qu'il faudra considérer. Je me dis que si on veut avoir une optique
d'aspect général, qu'on l'inclue. Cela ne coûte pas cher de
le mettre dedans. C'est toujours la com-
mission qui a le dernier mot. La commission est formée pour
préserver les sols arables, d'accord. C'est le premier but, mais il y a
d'autres buts aussi. La commission pour toutes sortes de raisons
devra juger de la valeur d'exclusion d'un lot, pour d'innombrables fins.
M. Giasson: Oui, je crois comprendre ce qui fait l'objet de vos
préoccupations ici. Je ne serais pas opposé à ce que les
membres de la commission retiennent votre proposition d'amendement, mais
là encore, il va falloir que la commission de contrôle ou de
protection soit très vigilante et ne soit pas trop large...
M. Dubois: C'est le rôle de la commission...
M. Giasson: ... dans les demandes d'utilisation du sol à
d'autres fins que des fins agricoles, parce que...
M. Dubois: Cela n'enlève pas le rôle de la
commission, absolument pas. Son rôle, c'est de préserver le sol
agricole d'accord. Je suis bien d'accord là-dessus, mais on se limite
quand même à l'agriculture.
M. Ouellette: M. le Président, est-ce que je pourrais
solliciter la faveur d'entrer dans ce dialogue pour en faire un
"trialogue".
M. Giasson: Voici, si le député de Beauce-Nord me
le permet, il y a eu un échange entre le ministre et le
député de Huntingdon, où l'un tentait de répondre
aux questions de l'autre, et j'ai cherché également à
faire préciser la pensée du député de
Huntingdon.
M. Ouellette: Ce n'est pas une critique du tout que je formule;
au contraire, j'aimerais entrer dans la discussion parce que j'ai l'impression
que ce que vous expliquez au député de Huntingdon est tout
à fait fondé.
Le Président (M. Boucher): Nous reprendrons ce "trialogue"
après le vote à l'Assemblée nationale. La commission
suspend ses travaux.
Suspension de la séance à 22 h 58
Reprise de la séance à 23 h 17
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! A la suspension, nous en étions... M. le
député de Beauce-Nord, vous aviez la parole.
M. Ouellette: J'essayais de devenir le troisième du
dialogue. J'ai écouté tout à l'heure les propos du
député de Huntingdon, de même que ceux du
député de Montmagny-L'Islet et j'ai apprécié les
talents pédagogiques du député de Montmagny-L'Islet, mais
j'ai regretté les difficultés d'apprentissage du
député de Huntingdon!
Voici, il faudrait peut-être que le député de
Huntingdon comprenne le principe fondamental de ce projet de loi 90 qui vise la
protection du territoire agricole. Dans un premier temps, au moment du
dépôt de la loi, toutes les terres agricoles ont été
gelées au Québec. Mais comme on ne peut pas les garder
gelées indéfiniment, on crée une commission dont le
principal rôle sera d'étudier les demandes des différents
intervenants pour savoir si on doit laisser certaines parcelles du territoire
gelé à d'autres fins que les fins agricoles. Cette commission
sera formée de sept membres et pourra agir en vertu de la loi et des
règlements qui en découlent.
L'article 12 de cette loi dit clairement: Pour prendre une
décision...
Une Voix: ... il n'est pas loin du zoo de Granby...
M. Ouellette: ... on aurait dû geler certains
députés avec cette loi. "Pour rendre une décision ou
émettre un avis dans une affaire qui lui est soumise, la commission
prend en considération notamment les conditions biophysiques du sol et
du milieu, les possibilités d'utilisation du lot à des fins
d'agriculture...". C'est normal, c'est son rôle de protéger
l'agriculture...
M. Dubois: Ou à d'autres fins.
M. Ouellette: ... et les conséquences économiques."
En d'autres mots, si la commission juge qu'une parcelle du territoire
réservé à des fins agricoles devient plus rentable
à d'autres fins pour l'ensemble de la collectivité, elle peut lui
enlever ce gel qui est décrété par la loi, afin de
permettre à quiconque de l'utiliser à des fins économiques
meilleures pour la collectivité. Cependant, la commission devra entendre
les raisons invoquées par ceux qui souhaiteraient voir cette vocation
changée. Je pense que c'est très clair.
Cet article 12 en dit très long et si on se réfère,
en plus, à l'article 65, cela devient encore plus clair. "A l'examen de
la demande, la commission peut considérer l'effet du projet sur le
développement économique de la région et la
disponibilité d'emplacements autres que ceux qui font l'objet de la
demande, en tenant compte des critères prévus à l'article
12. Ce qui veut dire que la commission ne sera pas une création
butée qui se refusera à tout changement de vocation territoriale,
mais formée de gens dont on a donné les qualités, tout
à l'heure, c'est-à-dire des gens compétents, des gens qui
travaillent sur une base rationnelle et qui sont capables de considérer
autre chose que la seule vocation agricole.
M. Dubois: Vous pensez à quoi, M. le député
de Beauce-Nord? Vous avez avancé à quoi?
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Nord. M. le député de Huntingdon,
vous vous adressez au président, s'il vous plaît.
M. Dubois: Je l'ai lu dix fois, l'article.
M. Ouellette: Je m'excuse, M. le Président, mais on me
pose une question. Le député de Huntingdon me demande si cela a
avancé. S'il n'a rien compris, évidemment j'ai perdu mon temps et
lui aussi.
M. Dubois: Tout ce que vous avez fait, c'est de lire l'article.
J'ai lu l'article au moins dix fois, mais vous êtes buté et c'est
tout. Quand cela vient de l'Opposition, vous ne voulez rien recevoir, mais vous
voulez avoir notre consentement sur tout ce que vous exposez.
Le Président (M. Boucher): A Tordre, s'il vous
plaît! s'il vous plaît!
M. Dubois: C'est ridicule.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous êtes
disposés à voter sur l'amendement? Alors, j'appelle le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): Le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Lévis.
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Abstention, M. le Président.
Le Président (M. Boucher):
Kamouraska-Témiscouata.
Une Voix: Absent.
Le Président (M. Boucher): Saint-François.
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): Beauce-Sud; Orford.
M. Vaillancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): Alors, la motion est
refusée et rejetée à 6 contre 1. L'article 12 est-il
adopté?
M. Giasson: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet demande la parole.
M. Giasson: Tout à l'heure, le ministre, lorsqu'il a pris
la parole, suite à l'amendement déposé par le
député de Huntingdon, a fait des commentaires qui ont
éveillé des questions chez moi.
On sait que sur l'île de Montréal, présentement, il
n'y a pas eu de gel, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de zonage provisoire,
c'est totalement en zone blanche; par contre, il y a des
réalités, aussi, qui sont là. C'est qu'il demeure à
l'intérieur de l'île de Montréal, comme à
l'île Perrot, je crois, quelques entreprises agricoles, que ce soit de la
grande culture, que ce soit de la culture spécialisée,
également de la culture maraîchère et en serres. Si des
propriétaires de ferme ou d'entreprises agricoles qui ne sont pas des
fermes de grande culture demandaient que leur propriété, que ce
soit des serres, que ce soit de petites fermes de culture
maraîchère, soit incluse à l'intérieur de la zone
agricole, peut-on croire que la commission pourrait accueillir favorablement
les demandes de ces producteurs sur l'île de Montréal?
M. Garon: Disons tout d'abord que les cartes... Il y a eu des
plans provisoires pour l'île Perrot, je pense, qui couvrent je ne
voudrais pas faire d'erreur la moitié de l'île, l'île
Bizard, apparemment; on dit que l'île Bizard serait peut-être le
meilleur endroit pour les légumes, au Québec. Mais, pas pour
l'île de Montréal. L'île de Montréal, si on
calcule... Sur l'île de Montréal, il y aurait 45 agriculteurs et
il y a une concentration, si ma mémoire est bonne je ne voudrais
pas faire d'erreur à Pierrefonds et Sainte-Anne-de-BelB-10 levue;
Pierrefonds a le gros nombre; je pense que c'est 27, si ma mémoire est
bonne. A Senneville aussi. Maintenant, prenons le collège Macdonald, par
exemple; je souhaiterais qu'il demande d'être zoné agricole, mais
c'est délicat. Alors...
M. Giasson: Mais pourquoi dites-vous que c'est délicat, le
collège de Bellevue? On peut facilement croire, si l'institution demeure
à l'intérieur des activités qui sont siennes depuis fort
longtemps, que la ferme du collège de Bellevue va continuer de
fonctionner comme une ferme et vraiment demeurer du territoire agricole,
même si c'est en plein coeur de la ville de Montréal.
M. Garon: Je souhaiterais qu'il demande d'être inclus. La
position qu'on a prise, à tort ou à raison, c'est qu'à un
moment donné, on s'est dit que, si on veut maintenir des espaces pour
l'agriculture, il faut faire des choix. Si, à un moment donné, on
dit qu'il reste de bons sols agricoles sur l'île Bizard ou sur
l'île Laval, il faut quand même
laisser des places pour que les gens puissent se loger, bâtir. On
a dit: II y a tellement de déstructuration dans l'île de
Montréal, c'est réimplanter l'agriculture alors qu'elle est
partie de l'île de Montréal. Cela va être une entreprise
assez difficile pour donner quels résultats? Il faudrait d'abord voir si
les gens qui sont là ont la volonté de demeurer dans
l'agriculture, alors qu'il y a des difficultés, même si ce
n'était que le coût du terrain. C'est pour cela qu'on n'a mis
aucune inclusion sur l'île de Montréal. C'est là que
certaines personnes ont dit, par exemple, que l'article 106, sur la
fiscalité, c'est là qu'il doit jouer son rôle
entièrement. Les gens vont avoir vraiment un choix à faire. Parce
que, sur l'île de Montréal, ce sont des terrains qui ont une
valeur économique assez élevée et, à ce
moment-là, si des gens veulent être agriculteurs sur l'île
de Montréal, ils font un choix, ils font leur demande à la
commission, mais, par ailleurs, il ne faudrait pas qu'ils fassent ce choix en
disant: Nous allons rester dans l'agriculture un certain nombre
d'années, le prix du terrain va augmenter encore et là, nous
allons en sortir, quand ce sera le bon temps. A ce moment-là, si les
gens demandent que leur terrain soit inclus, le décompte...
M. Giasson: Mais l'article 21a prévoit que, si le gars se
retire et veut changer l'utilisation de son...
M. Garon: Oui. Alors, c'est difficile à dire. Je pense
qu'il doit y avoir un délai et il va y avoir un avis à chacune
des municipalités de l'île de Montréal. Mon opinion,
honnêtement, ce qui va arriver à l'île de Montréal,
c'est ceci. Supposons un cas concret: Pierrefonds. L'avis est envoyé
à la municipalité de Pierrefonds. La municipalité de
Pierre-fonds dit si elle veut garder quelque chose ou si elle ne veut rien
garder pour l'agriculture. On n'a rien réservé dans le plan
provisoire. Les gens, les agriculteurs de Pierrefonds sont des gens qui,
normalement, doivent être au courant et qui doivent surveiller cela de
près.
M. Giasson: J'imagine, oui!
M. Garon: Alors, il va arriver que, lors de la discussion avec la
municipalité, je pense que ces gens-là, pour l'UPA ou d'autres
façons, vont être avisés d'une position. Il va arriver que,
sur les 25 ou les 27, il va y en avoir un certain nombre qui veulent être
dans l'agriculture, mais il n'y en a pas beaucoup. Tout cela va situer mieux
les choses que... Si les 27 demandent à être inclus, il n'y a pas
de problème. J'ai l'impression, à ce moment-là, que ce
serait une continuité. Si j'étais de Pierrefonds, je demanderais
possiblement l'inclusion. Je serais favorable à ce que ces
gens-là soient inclus. Parce que, éventuellement, il n'y a pas
beaucoup d'agriculture sur l'île de Montréal; maintenant, c'est
appelé à voir un développement. On n'a pas
réservé là et c'est tellement déstructuré;
à cause de la valeur des terrains aussi; il y a des bâtisses, des
places Ville-Marie ou des choses comme cela, cela prend une valeur soudaine. Il
peut aussi y avoir un intérêt pour l'île de garder des
cultivateurs parce que, éventuellement, cela fera des espaces verts dont
on aura peut-être besoin. Il y a des facteurs spécifiques à
l'île de Montréal qui devraient être
considérés, selon la façon des gens de fonctionner. On
aurait pu fonctionner à l'inverse, c'est-à-dire que toutes les
fermes existantes seraient protégées. On n'a pas pris cette
méthode-là. On avait le choix entre les deux méthodes.
M. Giasson: M. le ministre, vous devinez facilement la crainte de
certains agriculteurs, quelle que soit leur spécialité en
agriculture, qui sont sur l'île de Montréal, qui ont eu de la
difficulté à se faire reconnaître comme producteurs, qui
ont dû passer à la Régie des marchés agricoles pour
se faire vraiment reconnaître comme producteurs agricoles et qui, en
apprenant qu'il n'y avait pas de zones vertes sur l'île de
Montréal, connaissant également l'attitude des villes à
l'intérieur desquelles ces fermes, ces entreprises étaient
situées, parce qu'ils savaient que la ville voulait aller chercher le
maximum d'évaluation pour fins de revenus, sans se soucier des
problèmes que cela pouvait causer aux propriétaires de la petite
entreprise agricole, ne pensez-vous pas que ces gens-là, depuis le 9
novembre, sont drôlement inquiets de la possibilité de se faire
inclure à l'intérieur d'une zone agricole permanente
protégée, quitte à comprendre les dimensions de l'article
21a qu'on inclut à l'article 106 de notre loi... (22 h 30)
M. Garon: Je pense qu'il faut...
M. Giasson:... et à assumer les conséquences si, un
jour, ils n'ont pas de continuité et décident de vendre cette
entreprise à des fins autres qu'agricoles.
M. Garon: II va falloir regarder les faits. Est-ce un agriculteur
professionnel ou un agriculteur à $1500, l'agriculteur dont parle le
député de Huntingdon de temps à autre? Si le gars qui
demande d'être inclus est un cultivateur à $1000 ou $1200... Par
ailleurs, si c'est une ferme professionnelle d'élevage, si c'est une
vraie ferme où on fait l'élevage de 200 ou 300 boeufs, quelque
chose comme cela, ce n'est pas la même affaire. Je n'ai pas l'inventaire.
Je sais le nombre, mais ce qu'ils font pratiquement, je ne peux pas vous le
dire par coeur. J'ai déjà vu ces chiffres, mais je ne me les
rappelle plus. Cela fait un bon bout de temps. Je pense qu'il faut regarder les
faits. Il serait bien difficile de se prononcer. Mais je pense qu'une ferme, un
endroit mettons sur l'île de Montréal où le
terrain vaudrait je ne sais pas $1 le pied, si c'est un
agriculteur qui coupe le foin et qui fait $1500 de foin et qui demande
d'être inclus ou un médecin qui fait $1500 de foin, ce n'est pas
la même situation que si c'est un gars qui a un élevage de 300
boeufs, par exemple. Il faut tenir compte de cela, et, à ce
moment-là, tenir compte des projets de la municipalité.
M. Giasson: M. le ministre, à moins que vous n'ayez au
conseil municipal des personnes qui sont vraiment sensibles à la
protection du territoire agricole, qui sont prêtes à oublier les
revenus additionnels qui découleraient d'une évaluation à
la valeur marchande de ces entreprises agricoles, c'est s'abuser un peu de
croire que les municipalités vont très largement conseiller
à ces propriétaires agricoles de réclamer l'inclusion dans
la zone agricole permanente. Elles vont plutôt tenter de justifier le
bien-fondé de ne pas les inclure dans la zone agricole parce qu'elles
vont espérer rentabiliser davantage les services municipaux qui
contournent cette petite oasis verte, comme on le dit, parce que, pour la
municipalité, cela représente des revenus additionnels fort
importants. Comme je vous le dis, à moins d'un souci exceptionnel de la
part des édiles municipaux des villes où ils sont situés,
c'est demander beaucoup de vertu à ces gens. C'est pour cela qu'il
m'apparaît que la commission va devoir être sensible, quelles que
soient les recommandations ou les suggestions des municipalités, aux
demandes de ces quelques agriculteurs situés à l'intérieur
d'une zone blanche.
M. Garon: C'est ce que je répète tous les
jours.
M. Giasson: On me dit qu'il y a une serre pas très loin du
stade olympique, dans le bout de la rue De Coubertin. Le propriétaire
exploite cette serre qui serait assez rentable, mais il jouit de
l'évaluation telle que prévue à l'article 21 de la Loi sur
l'évaluation foncière et il redoute la poussée de la ville
qui ne voudrait pas reconnaître qu'il s'agit là d'une entreprise
qu'on devrait intégrer dans la zone agricole permanente.
M. Garon: Je peux vous dire une chose quant aux
préoccupations que vous avez à ce point de vue. Je l'ai dit
souvent: Je suis loin de vouloir prévoir toutes sortes
d'hypothèses qui sont difficiles à prévoir. Vous pouvez
être certain qu'une fois la commission créée je serai
personnellement très attentif à ce qui se passe pour voir ce qui
se passe. Personnellement, si je constatais que la commission ne tient pas
suffisamment compte des demandes des individus, vous pouvez être certain
que je reviendrais avec des amendements au projet de loi pour qu'on en tienne
compte davantage. Je pense qu'il faut tenir compte de la réalité.
Je pense qu'on peut difficilement mettre un tas de critères dans une loi
en commençant sans arriver avec une loi qui, en voulant régler
des hypothèses, va en oublier d'autres, va en déranger d'autres.
Mais je pense qu'il faudra surveiller la commission, la regarder fonctionner en
espérant on l'espère qu'elle va bien fonctionner.
Si, à un moment donné, il arrivait que la commission ne tienne
pas assez compte des demandes individuelles des agriculteurs existants, je
pense qu'il faudra revenir avec d'autres amendements. Mais il faut commencer
sans avoir trop de normes et permettre à la commission devant tout ce
changement de pouvoir apprécier les situations dans chacun des cas.
Le Président (M. Boucher): L'article 12 est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 13?
M. Roy: Je n'ai pas de commentaire en ce qui me concerne.
M. Garon: Je corrige: Un ministère, une corporation de
comté, une corporation municipale, une communauté ou un organisme
public doit fournir à la commission des renseignements qu'elle requiert
pour l'exécution de ses fonctions. La commission peut aussi consulter
toute personne qu'elle considère intéressée par une
demande qui lui est présentée; consulter ou entendre. On pourrait
demander, dans certains cas, à des agriculteurs ou à un voisin.
Supposons que quelqu'un demande l'exclusion, on pourrait demander aux deux
voisins de venir expliquer, les consulter pour voir si cela les dérange
ou... Pardon?
Le Président (M. Boucher): Article 13, adopté?
M. Giasson: Un instant, M. le Président. C'est le dernier
paragraphe de l'article 13. La commission peut aussi, elle n'est pas tenue;
c'est à son choix. Elle peut mener une consultation.
M. Verreault: Des gens qu'elle considère
intéressés aussi.
M. Garon: Une demande lui est présentée. Supposons
que quelqu'un veut faire une demande même s'il y a des exemptions
automatiques prévues; enlèvement de la couche arable pour des
fins de gazon. Je pense que la commission devrait, avant de donner un permis
automatique, vérifier de chaque côté, par exemple les
voisins, si cela cause des dommages à ces gens.
M. Verreault: M. le Président, je reprends la
dernière phrase: La commission peut aussi consulter ou entendre
j'imagine que c'est par audition, on parle de la commission toute
personne qu'elle considère intéressée par une demande qui
lui est présentée. Alors, toute personne, cela peut-être
aussi le voisin, comme vous dites. Cela me fait perdre ma journée, et je
suis concerné, parce qu'on veut juste me demander si la clôture va
me déranger ou quelque chose de même.
M. Garon: Entendre, cela ne veut pas nécessairement dire
entendre...
M. Verreault: C'est consulter ou entendre. M. Garon: Oui,
un ou l'autre.
M. Verreault: D'accord. Entendre c'est par audition, j'imagine;
en tout cas, on peut donner l'interprétation qu'on veut. Peut-être
par lettre. C'est fort embarrassant.
M. Garon: On peut lui dire qu'on veut avoir son opinion, on peut
lui dire: Est-ce que vous avez quelque chose à dire? Il y a telle
demande. Il faut l'aviser d'abord. Il y a une demande concernant tel lot, cela
peut vous affecter. Etes-vous intéressé à dire quelque
chose ou si vous n'êtes pas intéressé? Nous, on est
prêts à vous entendre si vous êtes intéressé
à dire quelque chose. Aimez-vous mieux nous écrire ou...
M. Verreault: D'autre part, si on interprète
différemment, je le formule, l'article dit "peut". Si je dis non, elle a
quand même des pouvoirs.
M. Garon: Non. C'est plutôt un article, il me semble, pour
protéger l'individu qu'elle veut consulter.
M. Verreault: Elle a des pouvoirs, la commission. La commission
peut aussi consulter ou entendre. Si, moi, je décide de ne pas y aller,
ce n'est pas tes affaires.
M. Garon: Non, mais à ce moment-là...
M. Verreault: Oui, mais je ne connais pas la loi par coeur, sur
le bout des doigts, comme on dit, mais n'y a-t-il pas de
pénalités pour des gens qui...
M. Garon: Cela dépend, c'est un peu comme un mari qui veut
garder sa femme de force à la maison. Théoriquement on le peut,
mais c'est bien difficile.
Une Voix: II l'attache après la patte du poêle.
M. Verreault: Pas de force.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, si j'ai signifié une
réserve dans la formulation du dernier paragraphe de l'article 13, c'est
à cause d'une question que je me suis posée: Est-ce que la
commission peut aussi consulter ou entendre toute personne qu'elle
considère intéressée, après que cette
dernière aura placé une demande par écrit ou fait des
représentations par écrit, tel que stipulé à
l'article 44? Parce qu'à l'article 44 on dit qu'une personne qui veut se
faire entendre, plaider la cause qu'elle veut défendre devant la
commission peut faire des représentations par écrit. Est-ce que
la possibilité de consulter ou d'entendre toute personne vient
après une demande de reconsidération écrite que cette
personne ou cet intéressé peut produire à la
commission?
M. Garon: Ce n'est pas la même chose. L'article 44
prévoit un droit à être entendu. C'est une demande qui
vient de lui, il a le droit d'être entendu.
M. Giasson: II n'y a aucune relation avec les dispositions du
dernier paragraphe?
M. Garon: Ce n'est pas un demandeur. L'article 13, c'est une
autre personne qu'un demandeur. Un demandeur est évidemment
intéressé. Alors, ici, on dit: "Toute personne qu'elle
considère intéressée." Or, l'article 44, cela va de soi,
c'est celui qui fait une demande; de droit, il est intéressé. Si
l'autre personne ne fait pas une demande, mais qu'elle pourrait être
intéressée, qu'elle considère intéressée par
une demande qui lui est présentée, une demande de quelqu'un
d'autre qui lui est présentée, elle peut nous faire venir pour
dire: II peut être intéressé par cette demande. Cela peut
l'affecter. A ce moment, elle lui demande de se faire entendre, si elle est
prête à l'entendre ou à le consulter.
M. Giasson: C'est la commission qui peut juger, sur une cause
qu'elle a entre les mains, un dossier qu'elle a entre les mains, qu'il y a
telle ou telle autre personne qui semble, à la commission,
intéressée par les décisions qui peuvent être
rendues, quelle que soit la raison de cette demande qui est devant la
commission...
M. Garon: Oui.
M. Verreault: Oui, normalement...
M. Giasson:... que ce soit pour inclure, exclure, modifier,
lotir, etc.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: ... modifier les terres et utiliser une parcelle
à des fins autres que l'agriculture.
M. Verreault: Comme à la Commission des transports,
lorsqu'il y a des gens qui font des demandes, il y a un avis public qui
paraît dans les journaux et toute personne qui veut s'opposer a dix jours
pour le faire.
Une Voix: ... d'y aller.
M. Verreault: S'ils le font, ils y vont.
M. Garon: Si quelqu'un fait une demande devant la commission, le
voisin ne le saura pas.
M. Vaillancourt: Ce n'est pas affiché?
M. Garon: Même si c'était affiché, il ne peut
pas y avoir un système de publicité. Cela coûterait trop
cher. Là, il s'agit d'aviser les voisins.
M. Vaillancourt (Orford): De tous les mécanismes de la
loi, il doit y avoir, certainement, une façon...
M. Garon: Mais ce sont seulement certaines demandes.
M. Vaillancourt (Orford): Oui, une façon de...
M. Garon: La plupart des demandes... si vous achetez la terre de
mon voisin, cela n'intéresse pas les voisins. Mais, il peut arriver
quelque chose qui fasse que la demande qui est présentée en
commission peut affecter des gens. C'est dans ce sens que je considère
que ces gens sont intéressés à se faire entendre, parce
que cela peut les affecter. Je dirais que 90% ou 95% des demandes ne les
affecteront pas.
M. Vaillancourt (Orford): Seulement, si quelqu'un veut
construire, soit une porcherie ou des affaires semblables, c'est
l'environnement qui règle cela. Cela n'a rien à faire
là-dedans.
M. Garon: Bien non, on n'a rien à faire là-dedans.
La commission ne dit pas à un gars quoi faire sur sa terre. Il se
construit une porcherie, ce n'est pas notre problème. Il construira ce
qu'il voudra.
M. Vaillancourt (Orford): Non, c'est cela qu'il y a... cela
relève d'autres mécanismes, d'autres lois...
M. Garon: La commission n'est pas là pour dire quoi faire
sur les terres.
Le Président (M. Boucher): L'article 13 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
14.
M. Garon: "Lorsque la commission constate qu'une personne
contrevient à l'une des dispositions de la présente loi ou aux
conditions d'une ordonnance ou d'un permis, elle peut émettre une
ordonnance enjoignant à cette personne, dans un délai imparti:
Premièrement, de n'effectuer aucun lotissement ou travail sur le lot
visé; deuxièmement, de cesser la contravention reprochée;
troisièmement, de démolir les travaux déjà
exécutés; quatrièmement, de remettre le lot visé
dans son état antérieur. "Cette ordonnance est signifiée
à la personne visée conformément au Code de
procédure civile et une copie en est adressée à la
corporation municipale sur le territoire de laquelle la contravention est
commise."
Qu'est-ce qui arrive ici? Il peut arriver toutes sortes de
phénomènes. Je vais vous donner un exemple: Je voyais dans le
journal, l'autre jour cela s'est passé en
Colombie-Britannique...
M. Giasson: II y a du jus dans cet article, n'est-ce pas?
M. Garon: Oui, mais il faut que les pouvoirs autrement... pas
tant que cela.
M. Giasson: Oh! On va en discuter tout à l'heure, vous
allez voir, M. le ministre, que cela peut avoir de drôles de
conséquences.
M. Garon: Oui, il peut arriver toutes sortes de
phénomènes. Quelqu'un, par exemple, dit: J'ai une terre, je vais
la rendre impropre à l'agriculture avant de demander d'être
dézoné. Il y avait un cas, par exemple, que je voyais dans le
journal. C'était un cas qu'on citait comme exemple, en
Colombie-Britannique. Alors, la première chose qu'il a faite, cela a
été de "plumer" la terre. Je ne sais pas si la loi je ne
m'en rappelle pas de la Colombie-Britannique le permettait ou ne le
permettait pas. Il a commencé par "plumer" la terre et une fois
"plumée", il ne restait plus de matières organiques sur la terre.
Là, il s'est rendu à la commission et il a dit: Selon sa texture,
ma terre ne vaut rien pour l'agriculture.
Alors, il peut arriver toutes sortes de phénomènes. La
commission peut dire de cesser la contravention reprochée.
M. Vaillancourt (Orford): Selon les articles 3 et 4, elle en est
capable.
M. Garon: Ce sont les mêmes pouvoirs que le Code municipal.
Le Code municipal, c'est exactement la même chose. Si, dans un cas de
zonage, au niveau municipal, quelqu'un contrevient au zonage, le Code municipal
permet à la municipalité d'ordonner la démolition des
travaux qui sont faits en contravention. (23 h 45)
M. Roy: Je suis bien d'accord avec cela, M. le Président,
mais il y a quand même... Je ne discute pas sur l'opportunité ou
la non-opportunité d'avoir les dispositions 1, 2, 3 et 4. Dans le
dernier paragraphe, lorsqu'on dit: "Cette ordonnance est signifiée
à la personne visée conformément au Code de
procédure civile et une copie en est adressée à la
corporation municipale sur le territoire de laquelle la contravention est
commise". Je suis bien d'accord avec cela, mais, si une personne veut s'acheter
une propriété et qu'elle veut savoir ce qu'il en est de cette
propriété, qu'est-ce qu'on fait? Qu'est-ce qu'un citoyen fait? Il
va voir son notaire, il examine les titres. Le notaire fait faire une recherche
au bureau d'enregistrement pour savoir quelles sont les servitudes actives,
quelles sont les servitudes passives qui sont inscrites dans le rôle, les
quittances, les hypothèques, les balances dues, les
mainlevées.
Si on envoie une copie de l'ordonnance conformément au Code de
procédure civile uniquement à la personne, c'est une chose; mais
une copie est adressée à la corporation municipale. La
corporation municipale n'a aucune obligation de tenir un registre de ces
choses. Il faut cependant, à mon avis, que la corporation municipale
soit avisée, mais il faudra, je pense et, à mon avis, il
manque quelque chose dans l'article que, dans ce genre de choses, il y
ait une copie au bureau d'enregistrement du district. Il faudrait qu'il y ait
quelque chose au bureau d'enregistrement du district.
J'en ai discuté avec mon collègue de Montmagny-L'Islet
tout à l'heure. Nous avons eu une consultation discrète et, sans
être notaires ni l'un
ni l'autre, mais ayant une longue expérience politique... Le
petit bruit n'est pas dans le journal des Débats.
M. Garon: II faudrait lire les articles 84 et 85 qui traitent
exactement de ce dont vous parlez actuellement.
M. Giasson: Vous dites "exactement", M. le ministre.
M. Roy: "Si une personne ne se conforme pas au jugement, la
commission peut faire exécuter les travaux nécessaires pour
remettre le lot dans son état antérieur. La commission enregistre
alors, sur le lot visé dans le jugement, un avis qui indique
l'exécution des travaux, les frais encourus, ainsi que le taux
d'intérêt imposé conformément au règlement
adopté en vertu de l'article 28 de la Loi du ministère du Revenu
(1972, chapitre 22). L'enregistrement de l'avis constitue en faveur du
gouvernement un privilège qui prend rang immédiatement
après les frais de justice." C'est l'article que vous avez
mentionné tout à l'heure.
M. Giasson: C'est de cela qu'on discutait, M.le
député.
M. Roy: C'est cela. "Si une personne ne se conforme pas à
une ordonnance de la commission émise en vertu de l'article 14, le
procureur général, la commission ou la corporation municipale
où est situé ce lot peut, par requête, obtenir d'un juge de
la Cour supérieure une ordonnance enjoignant à cette personne de
s'y conformer." Je vais prendre un exemple, M. le Président, un exemple
terre à terre. Une personne vient de recevoir une ordonnance...
M. Garon: L'article 13 est aussi important.
M. Roy: Oui, je comprends. Une personne vient de recevoir une
ordonnance; elle n'avise pas la commission qu'elle n'exécutera pas
l'ordonnance. La commission présume qu'elle a fait son devoir; elle a
avisé la personne. Elle va vérifier après un certain temps
si la personne a donné suite aux avis, aux recommandations. Dans
l'intervalle, la personne vend sa propriété, elle va chez son
notaire pour faire relever tous les titres de servitude, tous les liens qui
peuvent entacher la propriété et il n'y a rien. On va à la
corporation municipale; le secrétaire de la municipalité est
absent, c'est la petite secrétaire qui répond: Savez-vous, on n'a
pas d'informations là-dessus; les municipalités ne sont pas
obligées de fournir ces informations.
Qu'est-ce qui arrive? La personne achète en toute bonne foi, paie
l'autre personne, la paie au comptant ou, encore, la paie au comptant en
hypothéquant la propriété, mais elle s'engage
personnellement vis-à-vis du créancier hypothécaire. Il
s'aperçoit, trois mois plus tard, après que le prêt a
été déboursé, après que le contrat a
été payé comptant, qu'il y avait une ordonnance qui avait
été émise. A ce moment-là, tout ce qu'il lui reste
à faire, c'est revenir contre la personne, mais cette dernière
est partie aux Etats-Unis. Je vous explique un cas bien terre à terre,
une situation qui peut se produire et qui se produit. Il faut travailler dans
le domaine des prêts hypothécaires, dans le domaine des contrats
pour se rendre compte que ce sont des choses qu'il nous faut vérifier
constamment. Il n'y a aucune chance à prendre de ce
côté-là.
J'estime que, si effectivement la corporation prêteuse peut
être tierce, ce ne serait pas une dépense extraordinaire. Ce
serait tout simplement normal. Lorsqu'une ordonnance émise affecte la
propriété, affecte le titre de la propriété, une
copie devrait être émise au bureau d'enregistrement pour que le
bureau d'enregistrement de district puisse être en mesure de fournir aux
acheteurs éventuels, aux investisseurs, aux prêteurs toutes les
informations dont ils ont besoin. Je le dis, M. le Président, en toute
humilité.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Comme l'indiquait le député de
Beauce-Sud, nous avons eu un entretien, au moment du vote tout à
l'heure, et nous nous sommes posé des questions sur les
conséquences pratiques qui pourraient découler de l'application
de l'article 14, comme des autres articles auxquels le ministre a fait allusion
tout à l'heure.
Je suis d'avis que tous les individus, toutes les corporations, toutes
les institutions qui détiennent des garanties hypothécaires sur
des entreprises agricoles qui sont situées à l'intérieur
de la zone provisoire ou qui seront situées à l'intérieur
des zones permanentes vont devoir surveiller ces entreprises agricoles sur
lesquelles ils détiennent des garanties hypothécaires. S'ils ne
surveillent pas cela, ils ne savent pas quel jour le débiteur pourrait
entreprendre des activités sur la ferme ou sur le bien agricole
classé à l'intérieur de la zone permanente. Cela pourrait
amener la commission à donner des avis formels de devoir démonter
les constructions qui auraient pu être aménagées sans
autorisation, parce qu'elles ne seraient pas à des fins proprement
agricoles ou encore surveiller si le propriétaire d'une ferme ne
procède pas à du décapage du sol arable pour fins de
vente. Si la commission découvre qu'un individu, dans une zone agricole
permanente, a décidé de décaper le bon sol pour fins de
vente et qu'après il ne remet pas en état le terrain sur lequel
il a fait ces activités de décapage et que la commission retienne
les services d'entrepreneurs ou de camionneurs, enfin le matériel qui
est requis pour remettre dans les mêmes conditions cette terre, je vous
assure que la créance hypothécaire, dans certains cas, n'aurait
plus aucune valeur.
Vous allez me dire que c'est au créancier de surveiller
l'entreprise agricole sur laquelle il a une créance, sur laquelle il a
des garanties; d'accord, mais j'invite tous les Québécois ou
même les Non-
Québécois qui détiennent de telles créances
sur des entreprises agricoles qui sont situées dans la zone provisoire
ou qui seront situées dans les zones permanentes de surveiller de
près les activités que va avoir le propriétaire, qu'elles
soient effectuées par lui-même ou par contrat, si ce
propriétaire faisait appel à des sous-traitants ou à des
entrepreneurs. Il y a des garanties hypothécaires qui n'auront pas une
grande valeur s'il fallait qu'un tel propriétaire décide de
procéder à des activités pour lesquelles il n'a pas eu
d'autorisation, activités qui vont dans un sens contraire à la
loi que nous avons devant nous.
Le député de Beauce-Sud suggère d'examiner la
possibilité d'une disposition, soit à l'article 14 ou encore aux
autres articles que nous avons cités, de faire enregistrer l'ordonnance
ou même le permis dans le cas de permis qui vont être
accordés pour l'utilisation de sol arable pour fins de vente.
Je crois que cela ne pose pas de problème majeur que d'admettre
le principe de faire enregistrer une telle ordonnance ou un tel permis
émis par la commission. Ce serait de nature à protéger
d'autres Québécois qui peuvent être aussi bons que
l'agriculteur ou aussi bons que toutes les personnes qui sont autour de la
table de notre commission ici, mais qui pourraient être
véritablement lésés dans certains droits qu'ils
détiennent. Les pouvoirs qu'on donne par l'article 14 comme les articles
84, 85 et 86 sont énormes. Les pouvoirs qu'on donne à la
commission sont très grands parce qu'elle peut obliger un
propriétaire de ferme qui n'aurait pas respecté un bien agricole,
à l'intérieur d'une zone agricole à causes des
préjudices incalculables à l'endroit de certaines personnes ou de
certaines institutions qui détenaient déjà des garanties
hypothécaires.
Il y a également le phénomène possible auquel a
fait allusion le député de Beauce-Sud tout à l'heure. De
bonne foi, quelqu'un va acheter, pour fins agricoles, une entreprise; il a
oublié de vérifier s'il n'y avait pas eu des activités
contraires à l'esprit de la loi et se retrouve, après avoir
payé cette ferme, dans une situation qui a comme conséquence une
perte considérable d'argent.
Cela pourrait être également le même
phénomène pour quelqu'un qui prête de l'argent à une
autre personne, qui prend une garantie sur le bien, et qui découvre, au
bout de deux, trois ou même six mois, que le bien sur lequel elle a pris
une garantie hypothécaire est déjà chargé
d'engagements financiers ne respectant pas la Loi sur la protection du
territoire agricole.
Je crois, M. le ministre, qu'il y a possibilité de
prévoir, à l'un ou l'autre des articles qu'on a cités,
l'obligation de travailler avec les bureaux d'enregistrement lorsqu'il s'agit
d'une ordonnance faite à quelqu'un de remettre en état ou
d'enlever les bâtiments qui ont été construits sans avoir
eu les autorisations requises. Est-ce que, M. le ministre, vous êtes
prêt à considérer cet aspect?
M. Garon: Dans les ventes non légitimées, une
ordonnance est une obligation personnelle, ce n'est pas une obligation qui vise
la personne, à savoir faire ou de ne pas faire quelque chose, cesser une
chose, une contravention. A ce moment-là, si elle enregistrait une
ordonnance sur le lot, cela équivaudrait un peu à se faire
justice à elle-même tant qu'elle n'a pas obtenu un jugement;
même si elle a déposé une ordonnance, l'ordonnance peut
être contestée. A ce moment-là, l'individu qui est en cause
peut dire: Je ne bouge pas, je me considère dans mon droit; la
commission me poursuivra, je contesterai.
Je pense que quand cette loi sera en vigueur, comme il y aura un greffe
et qu'il sera possible pour un notaire de vérifier s'il y a eu
ordonnance contre un lot, ce serait beaucoup moins onéreux que d'aller
faire enregistrer cela au bureau d'enregistrement. Le notaire va savoir que sur
un lot agricole, il peut y avoir une ordonnance et il pourra vérifier
à la commission, ce qui évitera d'avoir un papier additionnel,
avec des délais possibles, alors qu'en vérifiant à la
commission il aurait l'ordonnance dès le départ et
l'enregistrement ne pourrait plus retarder puisqu'il ne peut pas acheter un lot
alors qu'il n'a pas encore été enregistré.
Je pense que les notaires vont s'habituer à fonctionner avec
cette loi. Ils savent que quand ils rédigent un contrat, normalement,
ils ont quatre, cinq, six ou sept choses à vérifier; ils auront
cela à vérifier afin que s'il y a une ordonnance sur ce lot, en
vertu de la Commission de protection du territoire agricole...
M. Giasson: M. le ministre, vous êtes conscients que cela
affecte de façon sérieuse; ce n'est pas léger comme
conséquence.
M. Garon: Je sais.
M. Giasson: Le droit immobilier traditionnel qu'on a toujours
connu au Québec, du moins depuis au moins trente ans, c'est que les
notaires, généralement, lorsqu'ils doivent effectuer un travail
suite à un mandat reçu, la source normale, naturelle
d'information, c'est le bureau d'enregistrement.
M. Garon: Pas en matière de zonage parce qu'il y a des
zonages municipaux, à d'autres fins, où ce n'est jamais
enregistré. Dans un plan municipal, il peut y avoir des zonages
résidentiels, commerciaux, industriels, etc., récréatifs
et ce n'est pas enregistré.
M. Roy: II y a une différence, M. le Président. Le
zonage municipal, le zonage local, tout va au bureau du secrétaire de la
municipalité, c'est local; c'est facile à vérifier, c'est
facile d'accès et il n'y a pas de problème à ce niveau. Il
ne faut pas oublier une chose, les citoyens qui demeurent dans une petite
municipalité, dans une paroisse, dans un comté
éloigné, évidemment, vont faire des transactions, vont
chez leur notaire.
On parle d'un greffe sur le plan provincial. Il ne faut pas oublier que
si le notaire, en plus de vérifier au greffe du comté, au greffe
du district, au bureau d'enregistrement du district, doit faire
une vérification et faire venir des papiers du greffe provincial,
et qui va payer? Cela va coûter encore plus cher pour faire faire un
contrat parce qu'il faudra... et je ne connais pas l'implication sur le plan
légal parce que je sais que les notaires...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, je vous signale qu'il est minuit.
M. Roy: En plein milieu d'une phrase!
Le Président (M. Boucher): On ne peut pas siéger
après minuit.
M. Garon: II y aurait deux possibilités...
M. Roy: S'il est minuit pour moi, M. le Président, il est
minuit pour le ministre.
Le Président (M. Boucher): La commission ajourne donc ses
travaux...
M. Garon: II y a deux possibilités, au fond, il y a
déjà vérification...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, je m'excuse, il
est minuit et on ne peut pas siéger après minuit.
La commission ajourne ses travaux jusqu'au lundi 18 décembre
à 10 heures.
Fin de la séance à minuit