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Etude du projet de loi no 90
(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture est réunie pour étudier
article par article le projet de loi no 90, Loi sur la protection du territoire
agricole.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lé-vesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt (Saint-François), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Orford) remplacé par M. Gratton
(Gatineau).
Les intervenants sont: M. Marcoux (Rimouski) qui remplace M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau (Verchères), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska) qui remplace M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Verreault (Shefford) remplace M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Picotte (Maskinongé), M. Samson (Rouyn-Noranda). A
l'ajournement...
M. Chevrette: Puis-je avoir le consentement de l'Opposition
pour... cela ne prend même pas le consentement, le matin, quand on
commence un changement: M. Chevrette remplace M. Baril (Arthabaska)?
Une Voix: Est-ce que M. Baril est d'accord? M. Chevrette:
II n'y est pas.
Le Président (M. Boucher): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm) remplace M. Baril (Arthabaska).
M. Chevrette: Et M. Baril devient intervenant.
Le Président (M. Boucher): M. Baril remplace M. Chevrette
comme intervenant.
M. Chevrette: Vous auriez trop de plaisir à dire que nous
n'avons pas quorum. Nous vous voyions venir!
M. Gratton: Voyons donc! On n'a jamais fait cela.
M. Chevrette: Vous aviez des sabots de métal.
Le Président (M. Boucher): A l'ajournement de vendredi
dernier, nous en étions à l'article 14. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je ne veux pas faire abstraction des règlements
qui régissent nos travaux, mais j'ai entendu aux nouvelles ce matin
je n'ai pas beaucoup d'autres endroits pour m'en informer que le
ministre de l'Agriculture aurait eu des rencontres en fin de semaine avec les
diri- geants des coopératives, ce qui a fait que les coopératives
se sont dissociées de la manifestation qui a lieu ce matin et qu'il y
aurait certaines ententes qui seraient intervenues entre le mouvement
coopératif et le ministère de l'Agriculture, relativement
à certaines dispositions de la loi 90 sur la protection du territoire
agricole que nous sommes chargés d'étudier à l'heure
actuelle.
Ce sont les informations que j'ai entendues à la radio ce matin.
J'aimerais que le ministre nous donne des précisions. Je me demande
d'abord quelles ont été les demandes des coopératives de
ce côté. Deuxièmement, si des ententes ont eu lieu, je
pense que ce serait normal que la commission en soit informée.
M. Garon: II n'y a eu aucune discussion sur la loi 90 avec le
mouvement coopératif. Il y avait simplement des interrogations face aux
articles de la loi 116. On a vu les articles un par un afin de savoir ce qu'ils
signifiaient. Vous savez combien, au fond, les mouvements coopératifs et
les mouvements syndicaux sont jaloux les uns les autres de leurs pouvoirs. A
certains endroits, j'ai dit que, lors de l'étude article par article,
j'apporterais des amendements pour améliorer la loi en tenant compte des
appréhensions qu'on pouvait avoir sur l'interprétation des
articles.
M. Roy: En somme, en ce qui a trait à la loi 90, le
ministre peut nous dire ce matin qu'il n'en a pas été question,
si j'ai bien compris.
M. Garon: Je pense qu'on n'a même pas mentionné les
mots "zonage agricole".
M. Roy: Parfait! Ma remarque se limite là, M. le
Président, et je vous inviterais à appliquer notre
règlement non pas avec rigidité, mais avec une certaine
fermeté, pour qu'on ne s'en écarte pas.
Commission de protection du territoire agricole du
Québec (suite)
Le Président (M. Boucher): Merci. Nous en étions
à l'article 14, sur lequel, je pense, il y avait eu plusieurs
interventions. Je demanderais si nous sommes prêts à adopter
l'article 14.
M. Gratton: Non, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je pense qu'il conviendrait que nous suspendions
l'étude de l'article 14 pour l'unique raison que le député
de Montmagny-L'Islet et le député de Laval en particulier
voulaient et avaient commencé à s'exprimer sur le contenu de
l'article 14. Compte tenu du fait que M. le député de
Montmagny-L'Islet est le porte-parole officiel de l'Opposition quant à
ce projet de loi, il me semble que ce serait une simple courtoisie que de
suspendre l'étude de l'article 14 jusqu'à son retour qui ne
devrait pas tarder de toute façon.
Le Président (M. Boucher): II y a consentement à la
suspension de l'article 14?
M. Chevrette: Cela a de l'allure. M. Roy:
Consentement.
Le Président (M. Boucher): Article 15? M. le ministre.
M. Garon: Nous n'avons pas de modifications à proposer
à l'article 15. "La commission établit, à son siège
social, un greffe où sont déposés les décrets
établissant les régions agricoles désignées et les
zones agricoles, les pians et descriptions techniques, les avis qu'elle
émet conformément à la présente loi et les
ordonnances et décisions rendues par elle-même ou par le
gouvernement en vertu de la présente loi ou de toute autre loi dont
l'administration lui est confiée." "Toute personne a accès au
greffe de la commission, pour y consulter les documents déposés
et en obtenir copie sur paiement des frais déterminés par
règlement."
Vous avez vu dans les frais déterminés par
règlement, j'ai indiqué $0.50 la page, c'est le tarif habituel.
"Une copie de tout document déposé au greffe de la commission est
authentique et a la même valeur que l'original, si elle est
certifiée conforme par le président, le secrétaire ou
toute autre personne autorisée à cette fin par la commission.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Le député de Beauce-Sud va
probablement faire une proposition qui est tout à fait semblable
à celle qu'on a eue vendredi soir dernier concernant les bureaux
d'enregistrement. C'est cela que le député de Beauce-Sud veut
amener peut-être comme amendement ou comme question. Je vais le laisser
passer à cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je remercie mon collègue. C'est la même
question qui se pose relativement à l'article 14 puisque lorsqu'on parle
de rétablissement d'un greffe au siège social de la commission,
il est évident qu'il y aura là des documents qui seront des
documents techniques, les plans, d'abord, et les descriptions techniques, les
avis que la commission émet conformément à la
présente loi et les décisions et les ordonnances qui sont rendues
par elle-même ou par le gouvernement. J'aimerais savoir si une copie de
ces plans, ces descriptions techniques, une copie des ordonnances seront
acheminées vers les bureaux d'enregistrement, les bureaux de
comté.
M. le Président, j'aimerais peut-être, pour ne pas
élaborer davantage sur cet article 15, étant donné que
c'est dit ailleurs, je ferais la suggestion à la commission que
l'article 15 soit suspendu en même temps que l'article 14 puisque cela
concerne la même chose et j'aimerais bien qu'on puisse voir ailleurs ce
qui en est pour qu'on puisse se comprendre là-dedans.
M. Verreault: Le ministre avait essayé de vérifier
vendredi soir dernier, M. le Président, et lui-même s'est
arrêté sur la question de pertinence soulevée par le
député de Montmagny-L'Islet et le député de
Beauce-Sud à savoir que les plans devaient être
déposés dans les bureaux d'enregistrement.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je vais essayer de trouver l'article. Bon. Concernant
les plans, aux articles 36 et 37, les plans provisoires sont envoyés
à chacun des bureaux d'enregistrement en deux copies.
M. Roy: 37, troisième paragraphe.
M. Garon: Les plans provisoires... les plans permanents
également sont envoyés. Article 67. Article 67, exclusion et
inclusion... En tout les cas, la commission envoie deux copies.
M. Roy: Pour préciser davantage la question que j'ai
posée. C'est que l'article 15 ne réfère pas seulement aux
plans et descriptions techniques. Il parle également des avis qu'elle
émet conformément à la présente loi et aux
ordonnances et décisions rendues par elle-même ou par le
gouvernement en vertu de la présente loi ou à toute autre loi
dont l'administration lui est confiée.
M. Garon: Par exemple, quand elle détermine une zone
permanente. Elle fait une recommandation au Conseil des ministres pour qu'elle
soit décrétée, pour qu'il y ait un avis. Cela n'a pas
d'affaire à aller nulle part. Cet avis n'a aucune force légale.
Si vous regardez tous les articles, vous verrez que les avis n'ont pas de force
légale. Ce sont les décisions qui ont force légale. (10 h
30)
M. Roy: Les ordonnances et les décisions rendues. On ne
fait pas référence, à l'article 37, aux ordonnances.
M. Garon: Non, mais vous allez trouver un article où on y
fait référence.
Une Voix: Lequel?
M. Gratton: On n'en a pas trouvé, nous.
M. Garon: Attendez un peu. Vous ne l'avez pas trouvé,
mais, vous, vous venez d'arriver dans le décor.
Une Voix: Tiens, tiens!
M. Gratton: M. le Président, question de règlement.
J'aimerais dire au ministre de l'Agriculture
que le fait que je n'aie pas été personnellement ici
n'empêche pas le service de recherche, les juristes au service de
l'Opposition officielle, d'avoir fait leur travail. Quand j'ai un rapport de
nos juristes, je n'ai pas besoin d'avoir été ici pendant trois
semaines pour savoir le lire. Je dis au ministre à moins qu'il
nous dise à quel article on y fait référence qu'on
n'en a pas trouvé. Qu'il nous dise où est la
référence et on en sera satisfait.
M. Picotte: M. le Président, cela fait longtemps que le
ministre est dans le décor et il n'est pas capable de nous donner
l'article.
M. Gratton: Peut-être bien que le juriste du ministre
devrait être ici lui aussi. Cela pourrait lui être utile ce
matin.
M. Garon: C'est à l'article 52. Vous aviserez vos juristes
de s'ouvrir les yeux. Si vos juristes ont fait des recherches, ils n'ont pas
cherché fort. Vous feriez mieux d'embaucher des gens
compétents.
M. Gratton: M. le Président, où trouve-t-on les
ordonnances à l'article 52? On n'a pas besoin d'être juriste pour
savoir lire. Lisons-le ensemble, M. le Président. "Le secrétaire
de la commission expédie deux copies certifiées conformes du
décret, du plan et de la description technique de zones agricoles au
greffier ou au secrétaire-trésorier de la corporation municipale
concernée ainsi qu'au registrateur de la division d'enregistrement dans
laquelle est située la municipalité, pour fins d'enregistrement."
Point. Il n'y a pas une référence au mot "ordonnance"
là-dedans, que je sache.
M. Roy: J'étais passablement dans le décor et je ne
l'avais pas trouvé moi non plus. Je me demande pour quelle raison
l'article 15 n'est pas plus précis et qu'on est obligé de se
référer à l'article 52 et au dernier paragraphe de
l'article 37?
M. Garon: Oui, mais l'ordonnance...
M. Roy: Si l'article 15 était complet et si la loi avait
été mieux structurée, ce serait pas mal plus facile, pour
régler un point...
M. Garon: Non.
M. Roy: ... d'envoyer tout simplement aux bureaux
d'enregistrement ou aux corporations municipales les copies des plans et des
dépôts qui sont au greffe. Si des mesures avaient
été prises de façon que cela se retrouve à
l'article 15, ce serait moins compliqué pour tout le monde. De toute
façon, M. le Président...
M. Garon: Ce n'est pas compliqué.
M. Roy: ... il n'est question ni à l'article 37...
M. Garon: Oui.
M. Roy: ... à moins que je ne sache pas lire, ni à
l'article 50 des ordonnances. Il n'en est aucunement question, à moins
qu'on ait encore dilué...
M. Chevrette: Aux articles 67 et 96, on parle de "toutes
décisions". C'est cela, l'ordonnance.
M. Garon: La question de l'ordonnance est à l'article 14
qu'on vient de voir. "Cette ordonnance est signifiée à la
personne visée conformément au Code de procédure civile et
une copie en est adressée à la corporation municipale..." Il est
question d'ordonnance à l'article 14.
M. Gratton: M. le Président, à l'article 14, c'est
manifeste, il ne s'agit pas des informations qui doivent être disponibles
aux bureaux d'enregistrement.
M. Garon: Non, mais je dis...
M. Gratton: II s'agit des informations qui doivent se trouver au
greffe de la commission. Or, M. le Président, ce qu'on veut, c'est que,
lorsqu'il y a transaction immobilière pour un terrain qui est
zoné agricole, ou même s'il ne l'est pas, il soit possible
à ceux qui participent à la transaction d'obtenir toutes les
informations au niveau local, c'est-à-dire la municipalité, bien
sûr, mais également le bureau d'enregistrement de la
localité. Ce qu'on veut éviter, c'est que la personne qui
participe à une transaction dans une région donnée ne soit
obligée de vérifier et au bureau d'enregistrement de sa
localité et au greffe de la commission. Or, la formulation de l'article
15, présentement, combinée avec celle de 14, avec celle de 52,
avec tous les articles qu'a cités le ministre, ne nous donne pas la
garantie que toutes les informations seront disponibles au bureau
d'enregistrement.
M. Garon: Vous savez pourquoi une ordonnance n'est pas là,
c'est que dans le cas d'une ordonnance le gars peut la contester et aller
devant les tribunaux.
M. Gratton: Oui, mais cela n'empêche pas... Que
l'ordonnance soit signifiée à la personne qui est
impliquée ne donne pas la garantie à celui qui pourrait
être participant à une transaction éventuelle qu'il aura
l'information disponible au bureau d'enregistrement. C'est ce qu'on veut
pouvoir faire. Autrement, chaque fois qu'il y aura une transaction dans une
région donnée, il faudra automatiquement que les personnes
impliquées viennent vérifier auprès du greffe de la
commission du territoire agricole.
M. Garon: Mais non. M. Gratton: Absolument.
M. Garon: Ne mêlons pas les affaires; l'article 15 dit ce
qui doit être gardé au greffe. C'est ce que
l'article 15 dit, il ne dit pas autre chose. Ce n'est pas l'endroit pour
dire autre chose. Ce projet de loi est ordonné; par la suite, concernant
chacune des sections, il va indiquer ce qu'il va falloir faire vis-à-vis
des plans provisoires, ensuitre les zones permanentes, les avis d'exclusion et
les décisions sur l'exclusion et l'inclusion. Cela a été
mis dans chaque section concernant l'étape où on est rendu,
tandis qu'ici cela concerne uniquement ce qui doit être gardé au
greffe.
M. Gratton: M. le ministre, on convient que tout doit être
au greffe, mais on voudrait que ce soit au bureau d'enregistrement
également, pour éviter que chaque personne soit obligée de
s'adresser au greffe de la commission quand elle a besoin d'une
information.
M. Garon: Mais, toutes les choses, qui doivent être au
bureau d'enregistrement, y sont.
M. Gratton: Les ordonnances n'y sont pas. M. Garon: Les
ordonnances ne vont pas là.
M. Gratton: Pourquoi pas? Il faut qu'elles soient là;
c'est évident. S'il y a un élément, dans l'ordonnance, qui
affecte le statut du terrain en question, sur lequel il y a transaction, il va
falloir que les praticiens, les notaires s'adressent automatiquement, chaque
fois qu'il y a une transaction, au greffe de la commission, pour savoir s'il y
a une ordonnance qui touche l'immeuble visé. C'est complètement
ridicule, on va doubler le travail pour tout le monde à ce
moment-là.
M. Roy: M. le Président...
M. Gratton: La municipalité n'est pas au courant des
ordonnances elle non plus.
M. Chevrette: Oui, elle reçoit une copie de l'ordonnance;
regardez à l'article 14.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît,
messieurs. M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Si cette question est
posée, actuellement, il est entendu qu'il faut référer aux
dispositions de l'article 14. Il faut surtout se rappeler les sous-paragraphes
3 et 4. Le sous-paragraphe 3 se lit comme suit: "De démolir les travaux
déjà exécutés." Le sous-paragraphe 4: "De remettre
le lot visé dans son état antérieur."
Cela constitue, à moins que je ne m'abuse, une aliénation
du lot, peu importe les termes que l'on choisira, mais c'est clair, c'est net
et ce n'est pas difficile à comprendre que c'est une aliénation
du lot; de démolir à l'article 14, sous-paragraphes 3 et 4
cela constitue une aliénation qui a la même portée
et qui comporte les mêmes obligations qu'une servitude.
Si une personne et j'ai posé le problème vendredi
achète un morceau de terre, pour laquelle une ordonnance a
été rendue et que, six mois plus tard, elle découvre,
après avoir payé comptant, après avoir fait les emprunts
hypothécaires et après que le vendeur ait été
totalement dégagé et après même que ce vendeur ait
peut-être disparu dans la brume, la personne qui vient d'acheter le lot
sera obligée de satisfaire les exigences de l'ordonnance rendue. Elle ne
le savait pas au moment où elle a passé son contrat, il a
été impossible pour elle, évidemment, d'en être
informée... parce que le bureau d'enregistrement a l'obligation de
fournir l'étude des titres, d'établir le type de
propriété, de façon que soient inscrites toutes les
transactions, toutes les servitudes.
Quand on regarde un rapport de titres ou un certificat de recherche sur
une propriété, qu'on fait relever 30 ans de transactions pour
établir la clarté des titres, pour établir que le lot ou
le lopin de terrain ou la terre que la personne achète soit
dégagée de toute redevance, qu'il n'y ait aucune servitude, aucun
droit autres que ceux qui sont inscrits dans le certificat de recherche... On
se retrouve dans une situation assez embarrassante avec cela, ce qui va obliger
les notaires à consulter quotidiennement le greffe provincial, à
chaque fois qu'une transaction aura lieu, d'où le risque d'engorgement
épouvantable, ce qui risque encore une fois de créer des frais
additionnels à l'acheteur, puisque toutes ces choses ne se font pas pour
rien. Cela ne se fait pas sous forme de bénévolat. Alors, il faut
payer pour ce genre de choses. Compte tenu du fait que parfois il faut attendre
dans les bureaux d'enregistrement... cela arrive parfois qu'il y ait
engorgement dans les bureaux d'enregistrement, ce n'est pas un reproche que je
fais aux personnes qui ont cette responsabilité ni au registrateur, mais
cela arrive parfois. Ce sont des situations que nous avons vécues, que
le milieu des affaires, le milieu des institutions financières qui font
du prêt hypothécaire ont eu à vivre.
Alors, s'il faut, en deuxième lieu, toujours aller
vérifier au greffe provincial pour voir si des ordonnances ont
été rendues sur ce terrain qui peuvent constituer une servitude
et qui constituent de fait une aliénation du lot, nous risquons d'avoir
encore des délais beaucoup plus longs, des coûts additionnels et
des embêtements pour les gens.
Ce n'est pas difficile, pour le ministre, ce matin, d'ajouter tout
simplement deux ou trois mots...
M. Garon: Regardez donc l'article 84 et les suivants.
M. Roy: Encore l'article 84! C'est compliqué
M. Garon: Ce n'est pas compliqué, c'est qu'il y a des
sections pour chaque chose. C'est la section des sanctions et des recours
civils.
M. Roy: "Si une personne ne se conforme pas au jugement, la
commission peut faire exécuter les travaux nécessaires pour
remettre le lot dans son état antérieur.
"La commission enregistre alors, sur le lot visé dans le
jugement, un avis qui indique l'exécution des travaux, les frais
encourus ainsi que le taux d'intérêt imposé
conformément au règlement adopté en vertu de l'article 28
de la Loi du ministère du revenu".
Vous me donnez raison.
M. Garon: Quoi?
M. Gratton: "L'enregistrement de l'avis constitue en faveur du
gouvernement un privilège qui prend rang immédiatement
après les frais de justice".
Comment la personne impliquée peut-être savoir cela? La
seule façon, c'est aller à la commission de contrôle, parce
qu'il n'y a rien qui dit que cela va être disponible dans les bureaux
d'enregistrement.
M. Picotte: Un enregistrement au greffe de la commission et un
enregistrement au bureau d'enregistrement, c'est doublement différent.
Il ne faut pas se tromper parce qu'il y a le mot enregistrement. Ce n'est pas
parce qu'on voit toutes les fois le mot enregistrement que cela donne la
possibilité à l'individu de se référer au bureau
d'enregistrement local et d'avoir le renseignement. Ce n'est pas du tout la
même chose.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Le ministre a dit tantôt si j'ai bien
compris que les ordonnances ne peuvent être faites aux bureaux
d'enregistrement régionaux ou locaux. Je ne sais pas s'il a dit que
c'est parce qu'il y avait possibilité d'appel ou quelque chose comme
cela. Est-ce que c'est cela que le ministre a dit tantôt?
M. Garon: Si c'est un avis de se conformer à des travaux,
cela peut être contesté.
M. Gratton: Contesté auprès de la commission.
M. Garon: Non, auprès de la Cour supérieure. La
commission ne se fait pas justice elle-même. C'est pour cela qu'on dit
ici: On va vous faire un jugement auprès de la Cour
supérieure.
Prenez l'article 85: "Si une personne ne se conforme pas à une
ordonnance de la commission émise en vertu de l'article 14..." Le
député de Beauce-Sud ferait bien d'écouter. "... le
procureur général, la commission ou la corporation municipale
où est situé ce lot..." C'est là qu'un des trois peut la
faire respecter. "... peut, par requête, obtenir d'un juge de la Cour
supérieure une ordonnance enjoignant à cette personne de s'y
conformer".
Si une personne ne se conforme pas à l'ordonnance de la
commission, il y a trois or- ganismes qui peuvent la faire respecter en allant
à la Cour supérieure.
M. Roy: Ce n'est pas la question du respect ou du non-respect de
l'ordonnance, c'est la question qu'à la suite d'une ordonnance un
jugement peut être rendu six mois, huit mois, un an après que
l'ordonnance ait été signifiée. Lorsque le jugement sera
enregistré, la propriété pourra avoir changé de
mains.
M. Garon: Ou on enregistre toutes les poursuites sur les
lots.
M. Roy: Lorsque cela peut faire l'objet d'ali-néation de
propriété, oui.
M. Garon: II n'y a pas d'aliénation de
propriété là-dedans. Qu'est-ce que c'est que cette
affaire-là?
M. Roy: II faut quand même les avoir.
M. Gratton: M. le Président, prenons l'exemple du ministre
qui voudrait acheter une ferme ou un immeuble quelconque. Il s'adresse au
bureau d'enregistrement de sa localité, dans sa municipalité; il
constate qu'il n'y a pas d'aliénation prévue autre que les
aliénations normales. Il se doit, d'après le texte actuel de la
loi, d'aller vérifier à la commission de contrôle, mais
supposons, pour les fins de l'exemple, qu'il ne le fait pas et
qu'effectivement, sur cet immeuble, il y a eu ordonnance de la commission de
contrôle qui prévoit des travaux qui coûtent
forcément de l'agent. Le propriétaire actuel de l'immeuble a
décidé qu'il ne les ferait pas, qu'il ne se conformerait pas
à l'ordonnance et c'est peut-être la raison pour laquelle il
essaie de se départir de l'immeuble, pendant ce temps. (10 h 45)
L'acheteur, qui est le ministre, ne peut le savoir d'aucune
façon, sans aller devant la commission de contrôle, sans
s'adresser au greffe de la commission de contrôle. Ce qui veut dire
qu'à toutes fins utiles, chaque fois qu'il y aura transaction
quelconque, on devra, par la force des choses, s'adresser à la
commission de contrôle. Si c'est l'intention du ministre en
présentant son projet de loi tel que rédigé, qu'il
reconnaisse au moins qu'il est en train d'additionner des démarches et
des coûts extraordinaires pour tout le monde qui va transiger sur des
immeubles visés ou pas par le zonage agricole.
Parce qu'il va falloir... au moins, au bureau d'enregistrement, il
pourra déterminer que son terrain ou que cet immeuble fait partie de la
zone protégée. Cela, il va pouvoir le faire; le plan et la
description sera au bureau d'enregistrement. Il va pouvoir également
savoir s'il y a des hypothèques sur l'immeuble en question. Parce que
c'est toujours indiqué au bureau d'enregistrement.
M. Garon: Ce n'est pas la même chose.
M. Gratton: II ne pourra pas s'assurer qu'il n'y a pas eu
d'ordonnance émise en vertu de l'article
14, parce qu'à ce moment-là, il n'y a rien dans le projet
de loi qui indique que la commission doit déposer aux greffes des
bureaux d'enregistrement copie de ses ordonnances. Ce qui veut dire que le
notaire et l'acheteur qui est le moindrement sérieux ne pourront pas
procéder à la transaction avant d'avoir fait cette
vérification auprès de la commission de contrôle. A ce
moment-là, on vient d'ajouter une autre facture, un autre délai
d'abord et une autre facture, parce qu'il y aura des coûts pour
l'acheteur aussi bien que pour le vendeur.
M. Roy: Cela devrait être fait, à mon avis, pour la
protection des acquéreurs, des acheteurs éventuels. C'est pour la
protection des gens, ce n'est pas pour la protection du ministre comme tel, que
je parle, c'est pour la protection des gens, des acquéreurs
éventuels. Il faudrait quand même qu'ils soient en mesure de
savoir si, pour la terre ou le morceau de terre qui est acheté,
l'ordonnance a été émise par la commission de
contrôle. C'est élémentaire.
M. Garon: ... élémentaire...
M. Roy: II faut le savoir. Une personne qui achète une
propriété, peu importe le prix... il y a une clause qu'il exige
dans son contrat... il veut avoir des titres clairs.
M. Garon: II va avoir des titres clairs.
M. Roy: II veut que toutes les servitudes soient indiquées
dans son certificat de recherche, les servitudes actives ou les servitudes
passives. Lorsqu'une ordonnance a été émise et que cette
ordonnance peut faire l'objet d'un jugement éventuel, d'un
enregistrement, voire d'une aliénation du lot... Une alinéation
du lot, il en est fait mention à l'article 84; c'est le ministre
lui-même qui y a fait référence tout à l'heure.
D'ailleurs, je l'avais lu, parce que je l'ai lu plusieurs fois.
Cela nous donne raison.
M. Garon: De quoi?
M. Roy: Comment une personne qui veut se porter acquéreur
d'une terre pourra-t-elle vérifier si des ordonnances ont
été rendues, surtout pour des terrains situés dans des
zones limitrophes? Ce sont surtout ceux-là qui vont être le plus
visés.
M. Garon: Dans les...
M. Roy: Ou des lots qui constitueront inévitablement des
îlots à l'intérieur de zones urbaines. Il y aura
sûrement des terres qui seront considérées comme
étant des terres protégées en vertu de la Loi du zonage
des terres et qui constitueront des îlots à l'intérieur des
zones urbaines. C'est évident.
On sait très bien que ce sont ces morceaux de terre qui sont le
plus sujet à ordonnance. Parce que ce sont ceux-là que la loi
veut conserver à l'agriculture, à cause justement de la menace
causée par l'environnement urbain. Si une person- ne veut se porter
acquéreur d'une terre pour des fins agricoles et que la personne aurait
effectué des travaux sur cette ferme, pour laquelle une ordonnance a
été émise, et que la personne ne peut pas le savoir au
moment où elle achète le lot, où elle achète la
terre, qu'est-ce qui arrive, six mois plus tard, si une ordonnance est rendue,
à l'effet qu'elle doit exécuter des travaux et que ça
constitue un privilège de premier rang, avant même le
créancier hypothécaire?
Qu'est-ce que vont faire, dans un deuxième temps... Quelle sera
l'attitude des institutions financières qui feront des prêts et
qui se verront, après une bonne première hypothèque, bien
établie, en vertu du certificat de recherche et de l'étude des
titres qu'en a fait le notaire concerné, après avoir
étudié toutes les transactions sur le lot, avoir établi
toutes les servitudes, dans les deux sens, qui se retrouvent, six mois plus
tard, avec une deuxième hypothèque?
Il faut quand même être pratique, il faut regarder les
choses telles qu'elles sont. Cela veut dire, de toute évidence, que
l'institution financière devra demander au notaire qui exécutera
le contrat de vérifier aussi à la commission provinciale pour
s'assurer qu'il n'y a pas eu d'ordonnance émise. C'est aussi simple que
cela. Ce n'est pas plus que cela. Pour éviter ces frais additionnels,
comme le disait le député de Gatineau, si le ministre veut qu'on
paie des frais additionnels et qu'on soit obligé de se
référer à la commission de contrôle provinciale...
tel que c'est indiqué dans la loi, c'est cela.
Si ce n'est pas cela que le ministre veut, il devra y avoir quelques
mots d'ajoutés à l'article disant que les ordonnances devront
être suivies, précédées ou accompagnées d'un
avis qui devra être inscrit sur le titre de propriété.
M. Garon: M. le député de Beauce-Sud, je vais vous
poser une question: Depuis quand les poursuites sont-elles enregistrées
au bureau d'enregistrement?
Une Voix: Ce n'est pas une poursuite, c'est une ordonnance.
M. Garon: C'est une poursuite. C'est comme une mise en
demeure.
M. Fontaine: Ce n'est pas une poursuite ordinaire, c'est une
poursuite qui affecte un droit de propriété.
M. Roy: Bon! c'est cela. Si je vous poursuis quant à votre
droit de propriété...
M. Fontaine: Si vous avez un jugement immobilier, vous êtes
obligé de le faire enregistrer.
M. Garon: Un jugement, c'est marqué un jugement à
l'article 84. Une ordonnance de la commission, ce n'est pas un jugement.
M. Fontaine: Mais cela vient après l'ordonnance.
M. Garon: Un instant! Ecoutez! si vous voulez passer toutes les
affaires du monde, vous les passerez. Mais il y a une chose, l'ordonnance de la
commission, c'est ni plus ni moins qu'une mise en demeure. Ce n'est pas autre
chose.
M. Picotte: Qui peut affecter quand même...
M. Garon: C'est une mise en demeure de faire telle chose. Si le
gars ne le fait pas...
M. Gratton: Démolir des travaux déjà
exécutés, c'est une ordonnance.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Garon: Cela pourrait être un particulier, cela pourrait
être n'importe qui demandant à quelqu'un de faire quelque chose.
Ce n'est pas enregistré. Ce qui est enregistré, ce sont les
jugements, les décisions finales. Ce n'est pas pour enregistrer...
M. Roy: M. le Président, quand il y a une ordonnance de
démolir des travaux exécutés sur le lot, qu'est-ce que
c'est si ce n'est pas une aliénation du droit de
propriété? J'aimerais que quelqu'un m'explique. Qu'est-ce que
c'est si ce n'est une aliénation du droit?
M. Garon: Je vais essayer de vous l'expliquer. L'ordonnance de la
commission, c'est un peu l'équivalent d'une mise en demeure de faire
telle chose. La Commission de protection du territoire agricole ne se fait pas
justice elle-même. C'est là que les articles 84, 85 et 86 entrent
en fonction.
L'article 85 dit: "Si une personne ne se conforme pas à une
ordonnance de la commission émise en vertu de l'article 14 donc,
mise en demeure, si vous voulez "le procureur général, la
commission ou la corporation municipale où est situé ce lot,
peut, par requête, obtenir d'un juge de la Cour supérieure une
ordonnance enjoignant à cette personne de s'y conformer."
Cela n'est pas le même genre d'ordonnance. L'ordonnance de la
commission et l'ordonnance de la Cour supérieure, ce n'est pas la
même chose. L'ordonnance de la Cour supérieure équivaut
à un jugement.
L'article 86 dit: "Le jugement du tribunal peut aussi ordonner que des
travaux soient effectués aux frais de la personne qu'il indique.
L'article 84 s'applique dans ce cas."
Si on retourne à l'article 84, maintenant: "Si une personne ne se
conforme pas au jugement" le jugement qui vient d'être
ordonné, l'ordonnance de la Cour supérieure; je ne parle pas de
l'ordonnance de la commission "la commission peut faire exécuter
les travaux nécessaires pour remettre le lot dans son état
antérieur. "La commission enregistre alors, sur le lot visé dans
le jugement, un avis qui indique l'exécution des travaux, les frais
encourus ainsi que le taux d'intérêt imposé
conformément au règlement... "L'enregistrement de l'avis
constitue en faveur du gouvernement un privilège qui prend rang
immédiatement après les frais de justice."
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau avait demandé la parole.
M. Garon: S'il faut commencer à enregistrer sur les lots
toutes les mises en demeure...
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je ne suis pas du tout d'accord sur
l'interprétation que fait le ministre des divers articles de la loi. Il
dit que les articles 82 à 86 donnent la possibilité à la
Cour supérieure de modifier une ordonnance. La Cour supérieure ne
peut pas modifier l'ordonnance émise par la commission, elle ne peut que
la confirmer ou la rejeter en bloc. La commission ne peut pas...
M. Garon: Qui vous dit cela, vous?
M. Gratton: C'est le projet de loi lui-même, les articles
17 et 95 du projet de loi. Lisez l'article 17. "Il n'y a lieu à aucun
recours extraordinaire ni aucune mesure provisionnelle prévus par le
Code de procédure civile contre la commission ou ses membres agissant en
leur qualité officielle. "Deux juges de la Cour d'appel peuvent, sur
requête, annuler sommairement tout bref ou toute ordonnance ou injonction
délivrée ou accordée..."
M. Garon: Je le sais, en fait. Voulez-vous qu'on ajourne
jusqu'à ce que M. Giasson soit là? C'est cela le
problème.
M. Gratton: Pardon?
M. Garon: Est-ce que c'est cela le problème? Si vous
voulez qu'on ajourne parce que vous attendez vos gars compétents pour en
parler, nous sommes prêts. Ecoutez, si vous venez dire des niaiseries...
Ce que vous dites là, en droit cela ne marche pas.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je ne sais pas ce que le ministre a mangé ce
matin, mais qu'il ne s'énerve pas.
M. Garon: Je n'ai rien mangé. Mais c'est une autre affaire
complètement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Gratton: M. le Président, ce que nous tentons de
démontrer ici, du côté de l'Opposition, c'est qu'il sera
nécessaire à tous ceux qui voudront... Est-ce qu'il va me laisser
parler?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Gratton: II parle de niaiseries. Je dirai au ministre que les
niaiseux ne sont pas nécessairement du côté de la table
qu'il pense. Ce matin, cela fait déjà trois quarts d'heure qu'on
lui demande de nous citer l'article du projet de loi qui permettra à
quelqu'un qui veut faire une transaction immobilière d'obtenir tous les
renseignements qu'il veut au bureau d'enregistrement, pas seulement une partie
des renseignements, mais tous les renseignements qui peuvent aliéner un
immeuble.
On fait valoir, du côté de l'Opposition, que tous ces
renseignements ne seront pas disponibles au bureau d'enregistrement, notamment
les ordonnances. Le ministre n'a pu encore trouver un article dans le projet de
loi qui nous satisfasse de ce point de vue.
Alors, il n'est pas nécessaire pour le ministre d'être
insultant ce matin, de parler de niaiseries, de nous prêter des
intentions, de vouloir faire perdre le temps de la commission en attendant que
d'autres députés arrivent. Il n'est pas question de cela du tout.
Qu'il nous donne satisfaction, qu'il nous démontre que dans la loi il
sera possible pour des personnes de faire des transactions sans qu'elles aient
à s'adresser à la commission de contrôle, ici à
Québec, avec toutes les dépenses et toutes les tractations que
cela nécessite. Quant à nous, on le votera, son article 15.
Quand on parle de l'article 14, d'ordonnances qui peuvent commander la
démolition de travaux déjà exécutés, le
ministre reconnaîtra que si je veux acquérir un immeuble
quelconque, qui est l'objet d'une ordonnance, à savoir démolir
une partie de cet immeuble, je n'ai aucun moyen présentement de savoir
s'il y a une ordonnance sans venir m'adresser au greffe de la commission de
contrôle.
On dit que si c'est l'intention du ministre de l'Agriculture d'exiger
que chacune des personnes qui veut faire une transaction immobilière, si
elle veut se protéger, s'adresse au greffe de la commission de
contrôle, qu'il le dise, on votera la loi et c'est lui qui sera pris avec
après. On essaie de démontrer qu'on ajoute un processus qui n'est
pas nécessaire, qui va imposer des dépenses de temps et d'argent
indues à ceux qui vont vouloir transiger sur des immeubles et qu'il y a
lieu d'amender le projet de loi quelque part pour faire en sorte qu'il ne soit
pas nécessaire pour ces gens de venir à la commission de
contrôle. Si le ministre n'accepte pas cela, il restera pris avec sa
loi.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, est-ce que vous
voulez répondre immédiatement? M. le député de
Nicolet-Yamaska, je vous ferai remarquer qu'il y avait une question
posée au ministre. Si le ministre veut répondre...
M. Fontaine: Je pourrais éclaircir, aider la commission
assez calmement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska, allez-y!
M. Fontaine: II faudrait que le ministre comprenne qu'il y a deux
étapes dans l'évolution du dossier. L'article 14, qui serait la
première étape, comme le ministre l'a dit, c'est une mise en
demeure ordonnant de cesser une contravention reprochée ou de
démolir certains travaux. Par la suite, si la personne ne
s'exécute pas, on peut s'en remettre aux articles 84 et suivants. A ce
moment, la commission demande à la Cour supérieure de rendre un
jugement, et ce jugement sera enregistré.
Entre le moment où la mise en demeure est envoyée et celui
où le jugement pourra survenir et être enregistré, il
pourra arriver qu'une personne vende son immeuble, parce qu'il y a justement un
avis de démolition, sans en avertir l'acheteur, et c'est ce dernier qui
sera aux prises avec ces problèmes après. On voudrait que le
ministre comprenne qu'entre le moment de la mise en demeure et celui du
jugement, il faudrait qu'il y ait un enregistrement quelconque qui puisse
indiquer à l'éventuel acheteur: Tu peux acheter cet immeuble si
tu veux, mais il faut que tu comprennes qu'il y a une ordonnance de
démolition d'exécution de certains travaux sur cet immeuble. Si
la loi n'indique pas, à l'article 14 probablement, que cette ordonnance
ou cette mise en demeure doit être enregistrée, il y aura
certainement des transactions qui pourront se faire sans que l'acheteur ne soit
au courant qu'il y a une ordonnance dans le dossier.
Pour éviter que les gens ne soient obligés de venir
vérifier à la commission, chaque fois qu'ils achètent un
immeuble agricole, s'il y a une ordonnance, on veut que la commission soit
obligée d'enregistrer ces mises en demeure ou ces ordonnances au bureau
d'enregistrement local, comme tout autre privilège ou hypothèque
qui peut affecter un immeuble est enregistré, pour que les acheteurs
soient immédiatement mis au courant, car en fait, l'ordonnance qui est
rendue par le commission est quelque chose qui grève cet immeuble. (11
heures)
M. Garon: Je vais vous dire, on va attendre si vous voulez. S'il
y avait un avis qui devait être émis comme cela, c'est à
l'article 14 et non pas à l'article 15.
M. Fontaine: Article 14.
M. Garon: Ce qu'on étudie actuellement, c'est l'article
15. L'article 14 est en vacance. On en discutera quand on reviendra sur
l'article 14. C'est là que les ordonnances ont une signification.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre comprend qu'on a quand
même un point...
M. Garon: Je vais vous dire une affaire. Je vais vérifier
dans le Code municipal qui a le même genre d'articles, faire
vérifier que les ordres de démolition, etc., c'est dans le Code
municipal concernant des actions qui sont faites contrairement à un
zonage. On va voir où ils envoient leurs avis et on fera une
correspondance.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: En ce qui me concerne, je ne veux pas couper la parole,
enlever quoi que ce soit à mes collègues, mais c'est à
l'article 14 qu'on devrait apporter un amendement. Je veux tout simplement dire
au ministre tout de suite, par votre entremise, M. le Président, qu'un
amendement devrait être apporté à l'article 14 pour
qu'à la troisième ligne du dernier paragraphe, après le
mot municipal, les mots "ainsi qu'au bureau d'enregistrement du district"
soient ajoutés. On y reviendra lors de l'article 14. Procédons
pour l'article 15 et les autres.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 16?
M. Garon: Article 16. "Les membres de la commission et son
personnel peuvent être poursuivis en justice en raison d'actes officiels
accomplis par eux de bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions." Je vous
ferai remarquer que c'est indiqué partout; dans tous les projets de loi,
on retrouve cela.
M. Roy: On retrouve cela dans tous les projets de loi...
M. Garon: Dans toutes les lois.
M. Roy: ... dans les lois des coopératives. Cependant, il
est bien indiqué que tous les officiers et employés qui violent
les lois, qui ne suivent pas les lois comme telles, qui se rendent coupables de
violation de loi dans l'exercice de leurs fonctions, sont personnellement
responsables.
M. Verreault: C'est d'actes officiels et de bonne foi.
M. Garon: C'est clair.
M. Roy: C'est clair comme la température de ce matin.
Le Président (M. Boucher): Article 16, adopté? M.
le député de Gatineau.
M. Gratton: Quant à nous, nous nous y opposons en
principe. On sent bien qu'on prêche dans le désert. La moue que me
fait le ministre, me le confirme. On est donc prêt à l'adopter sur
division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 17?
M. Roy: L'article 17, c'est un article qui est à peu
près du même genre.
M. Garon: A l'article 17, on trouve cela aussi dans à peu
près tous les projets de loi. "Il n'y a lieu à aucun recours
extraordinaire, ni aucune mesure provisionnelle prévus par le Code de
procédure civile contre la commission ou ses membres agissant en leur
qualité officielle." Les recours extraordinaires, vous savez ce que
c'est, ce sont les mandamus, les injonctions, des choses comme cela. "Deux
juges de la Cour d'appel peuvent, sur requête, annuler sommairement tout
bref ou toute ordonnance ou injonction délivrés ou
accordés à rencontre du présent article."
M. Roy: Si j'étais cynique, M. le Président, ce
matin, je dirais ceci: On ne sait pas qui va faire partie de la commission, on
ne sait pas d'où ils viennent et on dit ce qu'ils feront et on sait
très bien que ce qu'ils feront sera sans droit d'appel et là on
sait une chose, c'est qu'on ne peut pas les poursuivre, ils sont
irréponsables. Si j'étais cynique, M. le Président, je
dirais cela.
M. Garon: Heureusement que vous êtes qualifié avant.
On retrouve cet article dans tous les projets de loi, mais cela fait plaisir au
député de Beauce-Sud de jouer ce jeu. Il peut bien le jouer.
M. Roy: Je ne joue pas le jeu. J'ai dit: Si j'étais
cynique, mais comme je ne suis pas cynique, je ne le dirai pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre. Il nous a parlé, je pense, en deuxième
lecture qu'il y avait un droit d'appel. Est-ce que c'est le droit d'appel qui
est mentionné à l'article 17?
M. Garon: Qui vous a dit en deuxième lecture qu'il y avait
un droit d'appel?
M. Fontaine: Vous, vous avez dit cela.
M. Garon: C'est l'article 18, le droit de révision.
M. Fontaine: Ah oui, de révision, c'est la commission
elle-même qui révise ses propres dossiers; ce n'est pas un droit
d'appel.
M. Garon: Vous avez vu les gens qui sont venus de l'Office
national de l'énergie, ce sont les
mêmes choses que les gens nous disaient eux-mêmes. Ils
prennent des décisions de milliards de dollars concernant
l'économie canadienne. C'est le même genre d'article. Je leur ai
demandé et ils ont dit: Même chose.
M. Gratton: M. le Président, le ministre reconnaîtra
que lorsqu'on parle de la protection du territoire agricole, c'est à
chaque individu qu'on s'adresse alors que lorsqu'il parle de l'Office de
l'énergie, il parle de compagnies multinationales et ce n'est pas chacun
des individus, chacun des citoyens du Québec qui peut être
affecté. Alors il y a toute une marge dans la comparaison que fait le
ministre.
J'aimerais demander au ministre ce que veut dire exactement: Annuler
sommairement tout bref ou toute ordonnance ou injonction délivrés
ou accordés à l'encontre du présent article.
M. Garon: Cela veut dire que, si par erreur, un juge d'un
tribunal inférieur à la Cour d'appel accorde un recours
extraordinaire prévu au premier paragraphe, la personne contre qui le
recours a été pris pourra s'adresser à deux juges de la
Cour d'appel pour le faire annuler.
M. Gratton: En d'autres mots, la Cour d'appel est là pour
protéger la commission.
Une Voix: C'est cela.
M. Gratton: Ce n'est pas cela?
M. Garon: Vous le demanderez à vos avocats; vous aurez
confiance en ce qu'ils vous diront, mais cela ne vous donnera rien. Vous
trouverez cet article dans toutes les lois.
M. Fontaine: Cela dépend du fédéral.
M. Garon: Nous, on retrouve cet article dans tous les projets de
loi, dans toutes les lois.
M. Fontaine: Oui, sauf que dans d'autres projets de loi, on voit
également à côté de cela, un droit d'appel aux
tribunaux, soit à une autre commission ou... Prenez la Régie de
l'assurance automobile, il y a au moins un droit d'appel à la Commission
des affaires sociales. Mais ici, il n'y a aucun droit d'appel prévu.
M. Garon: Mais ce n'est pas là-dessus. Un cas de recours
extraordinaire c'est donner un ordre à la commission de faire telle
chose. C'est cela. Un recours extraordinaire, c'est l'injonction, c'est le
mandamus.
M. Fontaine: Lorsque...
M. Garon: Alors, ce qui arrive, en premier... et on le dit bien
en deuxième paragraphe: "... qu'ils peuvent, sur requête, annuler
sommairement deux juges de la Cour d'appel tout bref ou toute
ordonnance ou injonction délivrés ou accordés, à
l'encontre du présent article..." pas à l'encontre du reste de la
loi, à l'encontre du présent article. Cela veut dire que s'il est
arrivé qu'un juge de la Cour supérieure ait accordé un
recours extraordinaire ou une mesure provisionnelle prévue par le Code
de procédure civile, alors que la loi lui dit qu'il n'y en a pas, alors
pour celui qui a eu l'ordre, l'injonction ou l'ordonnance, ou le bref, cela
peut prendre deux juges de la Cour d'appel pour le faire annuler. C'est
tout.
M. Fontaine: M. le Président, je comprends très
bien l'argumentation du ministre. Mais en deuxième lecture, même
sa réplique, il nous a dit que, si on n'était pas satisfait d'une
décision de la commission, on pourrait user des pouvoirs de
contrôle et de surveillance de la Cour supérieure, l'article 33 du
Code de procédure civile, alors que c'est complètement faux,
parce qu'on nous dit ici... on peut le faire, si la commission excède sa
juridiction.
M. Garon: C'est l'article 33 du Code de procédure civile,
alors qu'ici, ce sont les articles 843 et suivants, du Code de procédure
civile. Je ne peux pas vous faire un cours de droit!
M. Fontaine: C'est cela, mais si la commission excède...
un instant, M. le Président. Le ministre pense qu'il est bien en droit,
mais on peut lui en donner des cours, nous autres aussi!
M. Garon: J'en ai déjà donné et j'aurais
besoin d'en donner encore.
M. Fontaine: Oui, mais ce ne sont pas les vôtres qui m'ont
fait passer, en tout cas, certain!
M. Garon: Bien, je m'aperçois que peut-être bien que
j'aurais dû vous bloquer!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Garon: Je m'aperçois qu'en droit, vous n'êtes pas
fort! Ce n'est pas votre hache!
M. Fontaine: J'espère que ce n'est pas le ministre qui
donnait les cours du barreau!
M. Garon: II en dit des niaiseries.
M. Fontaine: Ecoutez un peu, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Gratton: ...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
M. Garon: Avez-vous l'intention de vous mettre dans le
camion?
M. Fontaine: Si le ministre veut être agressif, je peux
l'être. Mais j'essaie de lui faire comprendre quelque chose et il n'a pas
l'air de vouloir comprendre. Ce qu'on voudrait, c'est qu'il y ait un
véritable droit d'appel quelque part. Le ministre ne veut pas le donner
devant un tribunal de droit commun. D'accord, on lui concède ce droit.
Il ne veut pas qu'il y ait d'injonction, qu'il y ait de mandamus pris contre la
commission. On lui concède ce droit. Mais qu'il y ait un droit d'appel
prévu pour compenser cette affaire. Le seul appel qui est prévu
dans la loi, c'est que la commission peut réviser elle-même, ses
propres décisions. Je n'appelle pas cela un droit d'appel...
M. Chevrette: A l'article 18, pas à l'article 17.
M. Fontaine: C'est lorsque... un instant, M. le Président,
j'ai la parole. Lorsque quelqu'un rend une décision, il va pouvoir, de
lui-même, réviser sa propre décision; ce n'est pas un droit
d'appel. Un droit d'appel, c'est quelque chose qui est prévue dans la
loi et qui permet d'interpréter appel d'une décision qui a
été rendue par une commission, peut-être à une autre
commission ou à d'autres personnes, en tout cas, que celles qui ont
rendu la première décision. Si ce sont toujours les mêmes
personnes qui rendent la décision, bien sûr qu'elle sera toujours
la même. C'est cela que je voudrais faire comprendre au ministre. A
l'article 17, on enlève ce droit, on enlève tout recours à
la Cour supérieure, sauf lorsque la commission excédera sa
juridiction.
On sait très bien que, pour ceux qui ont pratiqué le
droit, je ne sais pas si le ministre l'a pratiqué; essayez obtenir des
injonctions et des mandamus ou des brefs quelconques devant la Cour
supérieure pour un excès de juridiction, vous allez vous
apercevoir que ça n'arrive pas souvent. Je n'en ai jamais fait, depuis
quatre années que je pratique.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
M. Fontaine: ... ne répond pas.
M. Gratton: M. le Président, je demanderais le vote
enregistré, parce que j'ai l'impression que le député de
Champlain a été quelque peu ébranlé par les
arguments du député de Nicolet-Yamaska et pourrait voter du
côté de l'Opposition.
Le Président (M. Boucher): Vote enregistré. M.
Chevrette (Joliette-Montcalm)?
M. Chevrette: Tel quel? Il n'y a pas d'amendement, je suis pour
l'article tel quel.
Le Président (M. Boucher): Pour l'adoption de
l'article.
M. Chevrette: Je ne vois pas pourquoi on demande un vote
enregistré quand on ne propose même pas d'amendement. En tout
cas...
Le Président (M. Boucher): Sur l'adoption de
l'article.
M. Gratton: Sur l'adoption de l'article, je pense que c'est tout
à fait normal.
M. Chevrette: Je vote pour l'article.
M. Gratton: Si vous votiez contre, l'article tomberait,
voyez-vous.
M. Chevrette: Oui, mais il n'y a pas de danger.
Le Président (M. Boucher): Sur l'adoption de l'article, M.
Chevrette, pour ou contre?
M. Chevrette: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson, M. Lévesque,
M. Rancourt (Saint-François)?
M. Rancourt: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Gratton (Gatineau)?
M. Gratton: Contre.
Le Président (M. Boucher): L'article est adopté,
quatre pour et trois contre. Article 17, adopté sur division.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Oui?
M. Gratton: Est-ce que vous avez bien nommé tous les
membres de la commission ayant le droit de vote?
Le Président (M. Boucher): Ceux qui sont présents,
oui, M. Giasson n'y étant pas.
M. Chevrette: ... était cinq, M. le Président. M.
Beauséjour: M. le Président, on est cinq.
Le Président (M. Boucher): Ecoutez, c'est ça que
j'ai dit.
M. Chevrette: Vous avez dit "quatre pour et trois contre."
Le Président (M. Boucher): Je reprends le vote. M.
Chevrette, pour; M. Beauséjour, pour; M. Gagnon, pour; M. Garon, pour;
M. Rancourt, pour. Cela fait cinq. Cinq contre trois.
M. Picotte: M. le Président, j'avais l'impression qu'un
des deux autres membres, le député de Shefford ou moi-même,
était remplaçant.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes intervenant, M.
le député de Maskinongé.
M. Picotte: Alors, le député de Shefford n'est pas
le remplaçant du député de Montmagny-L'Islet?
M. Chevrette: Je suis prêt à concéder cela,
à la condition...
Le Président (M. Boucher): Non. Le député de
Shefford remplace le député de Pontiac-Témiscamingue.
M. Chevrette:... que, lorsque M. Baril arrivera, il prenne ma
place et que, lorsque le député de Montmagny-L'Islet arrivera, il
prenne la place du député de Shefford. Je n'ai pas d'objection;
c'est cinq quatre, ça revient au même.
M. Gratton: D'accord, M. le Président.
M. Chevrette: On ne va pas s'embarquer là-dedans.
Le Président (M. Boucher): Ecoutez, le vote a
été pris, je ne peux pas...
M. Chevrette: Quand M. Baril va arriver...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé, jusqu'à l'arrivée du député de
Montmagny-L'Islet, il y a consentement de la commission pour que vous agissiez
comme membre.
M. Chevrette: Dans ce cas-là, on a le consentement pour la
même chose jusqu'à ce que le député d'Arthabaska
arrive.
Le Président (M. Boucher): Article 17, adopté sur
division. Article 18. M. le ministre, il y a un amendement.
M. Garon: Oui, il y a un amendement.
M. Garon: L'article 18 se lirait comme suit: "La commission peut,
pour cause et après avoir donné à toute personne
concernée l'occasion de faire des représentations, sur demande
d'une partie intéressée, réviser ou révoquer toute
décision ou ordonnance dans les trente jours de la date où elle a
été rendue. "La décision ou ordonnance entachée
d'erreurs d'écriture ou de calcul, ou de quelque autre erreur de forme,
peut être rectifiée par la commission. '
Vous aurez remarqué, dans les commentaires de la Chambre des
notaires, étant donné qu'il s'agit de décisions de la
commission qui concernent le droit immobilier et qu'il peut y avoir des
travaux, tout ça, que les notaires, avant de faire une transaction ou de
reconnaître un titre final avec tous ses droits, vont attendre que tous
les droits d'appel se soient écoulés, c'est-à-dire que
tous les recours aient été pris. On disait que le délai de
six mois pour demander une révision était trop long, puisque,
comme une révision est toujours possible, le titre n'était pas
vraiment complet parce qu'il y avait encore une période de temps. (11 h
15)
On nous a demandé de réduire le délai. On a mis le
délai concernant une demande en révision à trente jours.
Evidemment, la demande de l'article 18 que la commission peut, pour cause... Si
quelqu'un fait demander une révision à la commission, c'est parce
qu'il y a une cause. Ce n'est pas pour plaider la même affaire. C'est
parce qu'il y a une cause, une raison pour dire qu'il y a eu un mauvais
jugement, une mauvaise décision.
Donc, "La commission peut, pour cause et après avoir donné
à toute personne concernée l'occasion de faire des
représentations", les personnes qui sont concernées par
l'affaire, sur demande d'une partie intéressée et la partie
intéressée peut être la municipalité, l'individu,
des parties qui sont intéressées à l'affaire
"réviser ou révoquer toute décision ou ordonnance dans les
30 jours de la date où elle a été rendue." "La
décision ou ordonnance entachée d'erreurs d'écriture ou de
calcul, ou de quelque autre erreur de forme peut être rectifiée
par la commission." Cela veut dire qu'au premier pragraphe la commission doit
avoir une demande de révision tandis qu'au deuxième paragraphe si
on se rend compte à la commission qu'il y a eu une erreur
d'écriture ou de calcul, une erreur sous une autre forme, elle peut
réviser la décision elle-même ou l'ordonnance sans qu'on
lui demande de rectifier l'erreur. L'écriture, remarquez bien, ce ne
sont pas des erreurs, ou n'importe quelle erreur. Ce sont des erreurs de forme,
des erreurs d'écriture ou de calcul ou de quelque autre erreur de forme.
Pour les autres cas, sur le fond, la demande doit venir d'une partie
intéressée.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que... M. Gratton:
M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: Nous constatons qu'en nous proposant de modifier la
date des six mois et de la remplacer par 30 jours, le ministre s'est rendu
à la demande qui avait été faite en commission
parlementaire par la TransCanada PipeLines, en particulier.
M. Garon: Non, c'était la Chambre des notaires.
M. Gratton: La Chambre des notaires, mais il y avait
également la TransCanada PipeLines qui avait fait valoir auprès
de la commission les délais que les six mois pourraient leur faire
encourir par rapport à leur projet d'un gazoduc entre Montréal et
Québec.
M. Garon: Plusieurs ont parlé de réduire le
délai de révision. Je ne me rappelle pas. Mais ce sont les
arguments de la Chambre des notaires qui m'ont surtout influencé. Mais
je sais qu'il y avait d'autres mémoires où on en avait
parlé.
M. Gratton: Bon! Mais est-ce que le ministre doit me
concéder qu'il y avait au moins TransCanada PipeLines qui...
M. Garon: Je ne m'en rappelle pas.
M. Gratton: Bon! Les gens de TransCanada PipeLines seront
contents de savoir cela.
M. Garon: Je ne me rappelle pas de tous les mémoires par
coeur. Quand on a fait l'article, on a vu qu'il y avait plusieurs organismes
qui en avaient parlé et on a tenu compte de cette demande, mais je ne
peux pas vous dire les noms des organismes par coeur.
M. Gratton: II y a également l'Opposition officielle et
l'Opposition de l'Union Nationale qui l'avaient demandé en
deuxième lecture également.
M. Garon: C'est possible.
M. Gratton: Toujours est-il, M. le Président, que ma
question vise à savoir du ministre si les représentations de
TransCanada PipeLines quant à la possibilité pour eux de ne pas
être assujettis à l'application de la loi spécifiquement
pour la construction du gazoduc entre Montréal et Québec, si
cette suggestion ou cette demande de la compagnie a été retenue
par le ministre et si, au moment approprié, le ministre
présentera un amendement en ce sens?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Je m'excuse.
Le Président (M. Boucher): II y avait une question du
député de Gatineau. M. le député de Gatineau,
pourriez-vous répéter votre question pour...
M. Gratton: M. le Président, vous savez que je sens qu'il
faudrait que je parle fort parce qu'il y a beaucoup de bruit des producteurs de
porc qui appellent le ministre de leurs klaxons présentement. Je
demandais au ministre si...
M. Picotte: Avez-vous remarqué leur demande? Ils ont
demandé votre démission. Je ne sais pas si cela indique votre
genre de popularité.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Gatineau.
M. Garon: D'ailleurs, vous remarquerez...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Gatineau, vous avez la parole.
M. Garon: Vous remarquerez que tous les mouvements officiels sont
d'accord avec le ministre.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre! M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Voulez-vous qu'on demande au député de
Shefford qu'il dise ce qu'il pense?
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Vous avez la liberté de ne pas voter en faveur,
mais les conséquences...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre!
M. Garon: J'aurai l'occasion de le répéter dans les
prochains jours.
Une Voix: II ne passera pas.
Le Président (M. Boucher): Je demanderais la collaboration
des membres de la commission, s'il vous plaît! Vous enfreignez tous le
règlement.
M. Garon: Le fédéral coupera les subsides à
$2.66 au député de Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre! C'est M. le député de Gatineau qui a la parole. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je vous suggérerais
d'expulser le ministre. Cela lui permettrait en même temps d'aller
dehors. Je demandais au
ministre je le répète, M. le Président
s'il avait retenu la demande de TransCanada PipeLines à savoir ne
pas être assujettie, spécifiquement pour son projet d'un gazoduc
entre Montréal et Québec, aux dispositions du projet de loi, et
si le ministre entend, au moment opportun, présenter un amendement en ce
sens.
M. Garon: II y aura plus loin des articles concernant les
entreprises d'utilités publiques ou concernant des entreprises
particulières et dans les règlements également des
dispositions, mais ce n'est pas à ce moment-ci qu'on y touche, je vous
en dirai un mot un peu plus loin parce qu'on reparlera des services
d'utilités publiques qui sont, par exemple, Bell
Téléphone, Hydro-Québec, Gaz Métropolitain, etc. On
va avoir des dispositions concernant ces choses-là.
M. Gratton: Je prends note de ce que vient de dire le ministre,
M. le Président. Sur le fond de la question, à l'article 18, on
lit que "la commission peut, pour cause et après avoir donné
à toute personne concernée l'occasion de faire des
représentations..." Ce qui nous tracasse de ce côté-ci de
la table, M. le Président, c'est le fait qu'il n'y a pas d'obligation
pour la commission de réviser et de révoquer toute
décision ou ordonnance. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu parce
qu'on sait que c'est là qu'on retrouve la disposition qui empêche
une personne de faire appel ailleurs qu'à la commission elle-même
d'une décision rendue par la commission de contrôle...
M. Garon: L'article 18 ne parle pas d'appel, il parle de
révision; il y a un droit de révision prévu à
l'article 18 mais on ne parle pas d'appel.
M. Gratton: Qu'on appelle cela la révision ou un appel,
cela demeure que si une personne visée par une décision de la
commission n'est pas satisfaite de cette décision, c'est en vertu de
l'article 18 qu'elle peut s'adresser à la commission pour
révision et possiblement faire changer la décision en
question.
M. Chevrette: Demander une révision.
M. Gratton: Oui, mais la révision implique que la
commission pourrait se rendre à des conclusions différentes de la
décision initiale. C'est dans ce sens qu'on s'interroge sur ce mot
"peut". J'aimerais d'ailleurs demander au ministre ce qu'on veut dire
exactement lorsqu'on mentionne: "La commission peut, pour cause"; qui
détermine s'il y a cause ou non? Est-ce que je peux interpréter
l'article 18 comme voulant dire qu'une personne qui demande une révision
d'une décision rendue par la commission pourrait se voir refuser la
possibilité de se faire entendre et la possibilité même
qu'il y ait révision justement parce que la commission pourrait juger
qu'il n'y a pas cause à révision? Est-ce que je me trompe en
faisant cette interprétation?
M. Garon: Non, vous ne vous trompez pas.
M. Chevrette: Si tu n'as pas de fait nouveau, il n'y a rien de
neuf.
M. Gratton: Cela veut dire, à toutes fins utiles et
là, je ne veux pas charrier M. le Président, que si la
commission a rendu une décision, il y a lieu de croire que l'ayant
rendue, elle a étudié le dossier et qu'elle sait exactement
pourquoi elle a rendu cette décision. Elle peut, tout à fait
librement et à elle seule, décider que toute demande de
révision n'est pas fondée et, donc, ne pas entendre et ne pas
réviser sa décision. Est-ce qu'on ne trouve pas que c'est quand
même un pouvoir abusif que la commission a?
M. Garon: Habituellement, on trouve cela dans plusieurs articles
de loi.
M. Fontaine: Un seul cas.
M. Garon: Lequel?
M. Fontaine: Citez m'en un cas.
M. Garon: Dans plusieurs projets de loi, vous avez... C'est un
article qui a été pris dans d'autres projets de loi qu'on
retrouve dans des pouvoirs de révision; c'est le pouvoir de
révision en expliquant ce qu'est le problème. Il y a une cause
pour demander une révision. Il y a eu un jugement qui a mentionné
les raisons du jugement et on demande une révision en expliquant les
causes de sa révision, s'il y a, par exemple, des faits nouveaux ou,
à partir de la décision, il y a des choses qui ne sont pas
correctes. Si le jugement est correct, il n'y a pas de demande de
révision, c'est inutile. Si, par exemple, on dit que c'est du bon sol
alors que c'est du mauvais sol, ce sont des faits qui démontrent que la
commission a erré; alors, on explique les causes de sa demande.
M. Fontaine: M. le Président. M. Gratton: M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Le député de Nicolet-Yamaska me le
permettra sûrement. Lorsque le ministre dit qu'on retrouve cet article
dans toutes les lois, on retrouve également dans toutes ces lois,
à moins que je ne m'abuse, un droit d'appel. Je vais vous en donner un
exemple concret.
Je pense à la personne qui n'est pas satisfaite d'une
décision du ministère des Affaires sociales pour des allocations
d'aide sociale. Il y a d'abord la possibilité de demander une
révision au ministère, à l'aide sociale. Une fois non
satisfaite de cette révision, qu'elle ait lieu ou pas, il y a un droit
d'appel à la Commission d'appel des affaires sociales, alors qu'ici,
dans le projet de loi sur le
zonage agricole, on ne retouve pas cette possibilité. Si on a
jugé dans d'autres lois... C'est le ministre qui nous parle des autres
lois où on retrouve des articles semblables à l'article 18. Dans
les autres lois, on retrouve également un droit d'appel, si la
révision n'est pas satisfaisante. C'est là qu'est la
différence fondamentale entre ce que nous propose le ministre ce matin
et ce qu'on retrouve dans d'autres lois auxquelles il fait allusion. Si on
changeait le mot "peut" par le mot "doit", à l'article 18, on aurait au
moins l'assurance qu'il y aura effectivement révision. Remarquez bien
que la décision serait probablement maintenue dans 95% des cas, mais au
moins, il y aurait audience, il y aurait possibilité pour la personne
qui est visée par la décision originale de se faire entendre et
d'obtenir un semblant de justice. Mais, là, on ne le peut même pas
en disant "peut".
M. Garon: Cela n'a pas d'allure.
M. Gratton: Comment, cela n'a pas d'allure? Expliquez-moi
pourquoi.
M. Garon: Je comprends ce que vous voulez dire. Mais en mettant
"doit", cela ne dira pas ce que vous voulez dire. Si vous mettez "doit", cela
voudra dire que la commission devra réviser ou révoquer.
M. Gratton: Non.
M. Garon: Oui.
M. Fontaine: Doit, sur demande.
M. Chevrette: Bien oui, mais cela ne fait rien.
M. Fontaine: S'il n'y a personne qui le demande, il n'y aura pas
de révision.
M. Chevrette: Tu obligerais... M. le Président.
M. Garon: Non, réviser.
M. Fontaine: Ecoutez, c'est un droit d'appel ou cela n'en est pas
un. Si on demande un droit d'appel et que la commission dit: Non, je ne vous
entendrai pas, ce n'est pas un droit d'appel, ce n'est pas une
révision.
M. Garon: Ce qu'il veut dire, c'est qu'elle doit entendre, au
sujet de la demande de révision...
M. Fontaine: C'est cela.
M. Garon:... mais pas nécessairement réviser.
M. Fontaine: D'accord.
M. Garon: C'est pour cela que je dis qu'écrit ainsi cela
voudrait dire "doit réviser ou révoquer obligatoirement". Ce
n'est pas cela que je veux dire. Le mot "peut" veut dire, au fond, qu'elle
entend la cause. S'il y a une demande...
M. Fontaine: Ce n'est pas cela que vous avez dit
tantôt.
M. Garon: S'il y a une demande de la partie
intéressée pour cause, la commission, après avoir
donné à toute personne concernée l'occasion de faire des
représentations, peut réviser. La rédaction n'est
peut-être pas des plus élégantes, j'en suis conscient.
M. Fontaine: Ce que vous nous dites...
M. Garon: Cela veut dire, au fond, que, sur demande d'une partie
intéressée, la commission peut, pour cause, après avoir
donné à toute personne concernée l'occasion de faire des
représentations, réviser ou révoquer toute décision
ou ordonnance dans les trente jours. C'est cela que cela veut dire.
M. Fontaine: C'est le contraire de ce que vous nous avez dit
tantôt. Tantôt, la question du député de Gatineau
avait pour but de savoir si la commission pouvait tout simplement dire: Je ne
vous entends pas en appel, parce que vous n'avez pas de cause.
M. Garon: Elle pourrait dire cela.
M. Fontaine: Elle pourrait dire cela. On veut éviter cela
pour que la commission soit obligée d'entendre les gens en appel, de
réviser, s'il y a lieu, sa décision après avoir entendu
les parties.
Je comprends cela. La première fois que la commission rend une
décision, d'après ce que je peux voir, il n'y a rien dans la loi
qui l'oblige à entendre les parties. La règle audi alteram
partem, que le ministre connaît sans doute, est rejetée du revers
de la main.
M. Garon: C'est marqué là, "après avoir
donné à toute personne l'occasion de faire des
représentations..."
M. Fontaine: Non, cela, c'est la révision. Un instant! Je
parle de la première décision que la commission peut rendre. Elle
n'est pas obligée d'entendre les parties. Il n'y a rien dans la loi qui
le lui dit.
Quand on arrive au droit de révision de la commission, on lui
permet encore de refuser d'entendre quelqu'un pour cause. Ce qu'on veut, c'est
qu'au moins il n'y ait pas de règle audi alteram partem en
première instance. En appel, la commission pourrait dire: Je ne vous
entends pas. Au moins, qu'on l'oblige à entendre les parties. Ce n'est
même pas un véritable droit d'appel, c'est simplement une
révision de ses décisions. Elle pourrait dire: Je ne
révise pas la décision que j'ai rendue.
M. Garon: Elle entend les parties, mais elle demande des
représentations écrites. C'est ce qui est marqué
actuellement dans le projet de loi.
M. Fontaine: Vous nous avez dit tout à l'heure que la
commission pourrait tout simplement dire: Monsieur, je ne révise pas
votre cas, parce que... (11 h 30)
M. Garon: Mais vous dites qu'elle n'entend pas les parties.
Où est-ce que c'est marqué qu'elle n'entend pas les parties?
M. Fontaine: En première instance. M. Chevrette:
Elle les entend. M. Garon: Où cela?
M. Fontaine: Où c'est marqué qu'il y a des
ententes.
M. Garon: C'est marqué dans la procédure que toute
personne... Cherchez dans le projet de loi. C'est marqué dedans.
Articles 44 et 61.
M. Fontaine: C'est d'accord. M. Garon: Pardon? M.
Fontaine: D'accord.
M. Garon: Quand on va dire de faire des représentations
écrites, pourquoi? C'est parce que dans bien des cas, il n'est pas
nécessaire d'avoir de représentation verbale. Ce sont des papiers
écrits qui disent par exemple: Je vends ma terre, la moitié
à mon voisin de droite et la moitié à mon voisin de
gauche. Tous les papiers montrent cela.
M. Fontaine: Cela, c'est sur les demandes d'autorisation. Sur les
ordonnances?
M. Garon: Sur les ordonnances, elle fait un avis de mise en
demeure.
M. Fontaine: Oui.
M. Garon: De faire telle chose. Si la personne dit: Moi, je n'ai
pas d'affaire à faire cela, elle ne bouge pas. Elle attend la poursuite
pour aller en Cour supérieure.
M. Fontaine: D'accord.
M. Garon: Pour la zone permanente, on va en parler tantôt.
On va faire un forum au niveau municipal assez élargi. Ici, c'est pour
les demandes individuelles. "Avant de rendre sa décision, la commission
doit donner au demandeur et à tout intéressé l'occasion de
faire des représentations écrites." Pourquoi c'est mis comme
cela? Elle peut aussi tenir une audition publique. C'est que la bonne partie
des demandes va venir lorsque le notaire va faire son contrat et il va dire:
Sur ton lot, il y a telle chose. Il va écrire un mot à la
commission disant: Voici ce qu'on veut faire et la commission va
répondre immédiatement.
M. Fontaine: Si la loi permet à la commission de donner au
demandeur et à tout intéressé l'occasion de faire des
représentations écrites, elle peut aussi tenir une audition
publique. On n'est pas obligé de donner des auditions publiques. Elle
peut. Mais au moins la personne aura le droit de faire des
représentations écrites.
M. Garon: Oui.
M. Fontaine: On peut dire que la règle de droit que l'on
connaît sera respectée en première instance. Mais en appel,
si la commission a le droit de dire: Monsieur, je ne révise pas ma
décision et je ne vous entends pas. Ce n'est même pas en appel,
c'est une révision. Pourquoi n'obligerait-on pas la commission à
au moins entendre les parties lorsque quelqu'un désire faire
réviser son dossier?
En fait, c'est juste une révision de la même
décision qui avait été rendue par la commission. Ce n'est
même pas un droit d'appel et on permettrait à la commission qui a
déjà rendu une décision dans un dossier de dire: Je ne
révise pas ce dossier. Il me semble que c'est exorbitant. La commission
pourrait dire: Monsieur, j'ai déjà rendu une décision
là-dedans et je ne veux plus rien savoir de cela. Je ne révise
pas le dossier.
Il me semble qu'on devrait obliger la commission à au moins
entendre les parties et après cela, si elle veut confirmer le jugement
qu'elle a déjà rendu, elle le confirmera, mais il me semble que
c'est assez injuste pour les contribuables, les justiciables.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm
M. Chevrette: Ce que j'ai à dire là-dessus, c'est
que cela se retrouve non seulement dans les lois, cela se retrouve même
dans des contrats collectifs de travail et dans plusieurs conventions. Quand tu
fais ta demande de révision, tu expliques les motifs pour lesquels tu
demandes une révision. Si tu dis purement et sèchement: Je
demande une révision, je trouve que cela n'a pas d'allure. Tu n'apportes
aucun fait nouveau. Tu ne soulignes aucune erreur en droit ou aucun
préjudice. Est-ce que je peux continuer, je ne vous ai pas
interrompu.
M. Fontaine: Oui. Vous êtes à côté de
la "track".
M. Chevrette: II n'y a que vous qui avez le pas dans la salle.
Donc, elle peut, pour cause réviser, elle ne peut pas se lier par un
"droit", comme disait le député de Gatineau. "Doit
réviser", cela veut dire fait nouveau ou non, révise, si tu
marques "doit" alors que "peut", s'il y a des erreurs, si les motifs
allégués sont suffisamment bons ou représentent un motif
valable, elle a le pouvoir de le réviser. Cela suppose par contre que
l'individu qui demande la révision est forcé d'alléguer
quelque chose de neuf.
M. Garon: II y a un article qui dit que la décision de la
commission doit être motivée. Si, en
fonction des motifs qu'elle donne, la décision est correcte, si
la commission dit: Etant donné que vous avez un sol de première
qualité, étant donné telle ou telle chose, ce lot doit
rester dans la zone agricole. Si c'est vrai que le sol est de bonne
qualité, si les arguments que la commission donne sont vrais, il n'y a
pas de cause de révision. Mais si, à un moment donné, la
commission disait: C'est un sol qui n'est pas de bonne qualité. Les
arguments, à la commission, il n'y en a pas beaucoup parce qu'elle doit
protéger les bons sols agricoles; s'ils sont bons, elle les
protège, s'ils ne sont pas bons...
M. Fontaine: On a déjà fait témoigner des
experts en cour, en pratique. Il y a un expert de chaque côté et
ils ont raison tous les deux. Si la commission... ce n'est pas Dieu le
père, la commission. Si on le les oblige pas à entendre les gens
en révision, ils vont s'en tenir chaque fois à leur premiere
décision. Dans 95% des cas, ils vont dire: Notre expert a dit que
c'était un sol arable, que c'était de la bonne terre, notre
décision est rendue et on ne la change pas. Tandis que si on les oblige
à entendre les gens en révision, au moins, la personne va avoir
la satisfaction d'aller se faire entendre malgré qu'elle sera
obligée de venir à Québec, mais elle va au moins avoir la
satisfaction de se faire entendre devant la commission avec un expert qui
pourra donner ses arguments.
Il est bien sûr que dans la requête en révision qui
sera présentée à la commission, la personne inclura ses
arguments dans sa requête. Si on laisse la loi telle quelle, la
commission aura le pouvoir de dire: Non, monsieur, je ne vous entends pas,
quels que soient les arguments que vous ayez, je ne vous entends pas. Je veux
bien croire qu'on va nommer des personnes compétentes à cette
commission, mais il ne faudrait quand même pas leur laisser trop de
pouvoirs.
M. Garon: A ce moment-là, ils vont dire: II n'y a pas de
cause à votre demande de révision. N'oubliez pas une chose, la
révision de la commission se fait uniquement sur des faits, pas sur le
droit, ce sont des faits qu'elle administre, ce sont des faits qu'elle juge. A
ce moment-là, ce sont des faits qui seront assez faciles à voir
si la commission...
M. Fontaine: Pas seulement sur les faits, cela peut aussi
être sur le droit.
M. Garon: Donnez-moi donc des exemples.
M. Fontaine: Si la commission a rendu un jugement qui ne serait
pas conforme à un article de la loi, par exemple, la personne en
question pourrait demander la révision. Selon le deuxième
paragraphe de l'article 18, la commission pourrait réviser son
ordonnance parce qu'elle est entachée d'erreurs, mais elle pourrait
aussi dire: II n'y a pas d'erreur, je confirme que c'est bien comme cela qu'il
faut interpréter la loi. La personne n'aura pas le droit d'aller se
faire représenter en révision pour dire que la commission a mal
interprété la loi.
M. Garon: Ses décisions ne sont pas vraiment en droit,
elles sont en fait, sur des faits, l'analyse de faits.
M. Fontaine: Oui, mais il faut qu'elle se base sur la loi pour
rendre une décision.
M. Chevrette: Les erreurs de droit, c'est la Cour
supérieure, pas la commission.
M. Fontaine: C'est un excès de juridiction seulement, la
Cour supérieure.
M. Garon: En quoi va-t-elle rendre ses décisions en droit?
Je ne vois pas trop. Elle va rendre des décisions à savoir si ce
sont des bons sols agricoles ou non, si cela doit être gardé pour
l'agriculture.
M. Fontaine: Oui, mais pour rendre ses décisions, elle va
se baser sur la loi.
M. Garon: Où?
M. Fontaine: Dans tous les articles de la loi.
M. Garon: Ce n'est pas cela qu'elle analyse, ce sont des
faits.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: J'ai l'impression qu'une partie de la confusion qui
règne autour de l'article 18 part du fait qu'on l'interprète
comme étant un droit je n'ose pas appeler cela un droit d'appel
pour un individu de demander la révision d'une décision de
la commission alors qu'en réalité, la vraie raison de l'article
18, c'est de permettre à la commission de réviser ou de
révoquer une de ses décisions. J'ai l'impression que c'est bien
plus cela, la raison. Si l'article 18 n'était pas dans le projet de loi,
la commission ne pourrait pas réviser ou révoquer une de ses
décisions, même à la demande d'un intéressé
parce qu'on n'aurait pas prévu, nulle part dans le projet de loi, ce
pouvoir de la commission de réviser ou de révoquer sa
décision.
Si je ne me trompe pas en interprétant comme cela l'intention du
législateur, à ce moment-là, c'est probablement ailleurs
qu'il faudrait répondre aux appréhensions que nous avons
exprimées vis-à-vis de cela. Une des raisons pour lesquelles cela
porte à une interprétation différente est peut-être
la rédaction même de l'article.
J'aimerais faire une suggestion. Ce serait de le formuler dans un sens
différent et dire, par exemple, que, sur demande d'une partie
intéressée, la commission peut, après avoir donné
à toute personne et là, je m'interroge si on doit
ajouter
"pour cause" ou si on doit le laisser tomber, je laisse cela de
côté pour les fins de la discussion pour le moment
concernée l'occasion de faire des représentations, réviser
ou révoquer toute décision ou ordonnance dans les 30 jours de la
date où elle a été rendue. Cela répondrait à
la volonté du législateur de permettre à la commission de
réviser ou de révoquer une de ses décisions sur demande
d'un intéressé; s'il n'y a pas de demande, il n'y a pas de
révision, pas de révocation; s'il y a une demande, la commission
peut pour cause ou pas... A ce moment, il faudrait aussi cesser
d'interpréter l'article 18 comme étant un droit d'appel, parce
que ce n'en est pas un. Dans la rédacton actuelle, ce n'en est
absolument pas un parce que la commission peut décider d'elle-même
qu'il n'y a pas cause à révision, donc refuser la demande,
refuser d'entendre la partie intéressée et ne pas réviser
ni révoquer sa décision originale.
M. Garon: Dans plusieurs cas, quand vous allez à la Cour
d'appel, il faut demander la permission pour appeler et démontrer que
vous avez des causes d'appel. Cela arrive souvent.
M. Gratton: Oui, je suis bien d'accord, M. le Président,
le ministre a complètement raison, sauf que, règle
générale, c'est à la Cour d'appel justement ou à la
Cour suprême qu'on fait cette demande, tandis que là on parle
d'une commission qui a elle-même rendu la décision et qui,
forcément, va être, de façon naturelle, portée
à refuser toute demande de révision, parce qu'en acceptant de
réviser l'une de ses décisions, par le fait même, ce serait
presque une admission qu'il peut y avoir eu des choses qui auraient
échappé à l'attention de la commission. Il ne faut pas
trop en demander à la commission, d'être juge et partie à
cela, mais, dans le sens où l'on considère que l'article 18 est
strictement le pouvoir, pour la commission, de réviser et de
révoquer une décision, si elle le juge à propos, à
ce moment, il me semble qu'il y aurait lieu de faire la modification à
la rédaction que je viens de suggérer et que le ministre a
lui-même admis avoir pensée valable.
M. Garon: C'est-à-dire que commencer la phrase par: "Sur
demande d'une partie intéressée, la commission peut, pour
cause... Cela pourrait se rédiger comme cela.
M. Gratton: II me semble que l'intention du législateur
serait plus claire; cela ne règle pas encore le problème dont on
parle depuis le début, à savoir si la commission doit entendre
une personne qui en fait la demande; on pourra revenir à cela
tantôt, à l'article 44, j'ai l'impression.
M. Garon: Si on dit: "Sur demande d'une partie
intéressée, la commission peut, pour cause et après avoir
donné à toute personne concernée l'occasion de faire des
représentations, réviser ou révoquer toute décision
ou ordonnance dans les 30 jours de la date où elle a été
rendue"...
M. Gratton: M. le Président, je pose une question au
ministre. Je me demande si, "pour cause", ce n'est pas redondant parce que, de
toute façon...
M. Garon: Non, "pour cause", parce qu'il faut qu'elle explique la
cause de sa demande de révision.
M. Gratton: Oui, mais le fait demeure que c'est la commission qui
jugera s'il y a cause ou non.
M. Garon: Oui.
M. Gratton: Alors, au moment où la commission est saisie
d'une demande, elle pourra juger qu'il n'y a pas cause à
révision, donc elle ne l'entendra pas. Je ne vois pas ce que "pour
cause" fait là; en fait, que ce soit là ou que ce soit pas
là, cela ne changera pas grand-chose à mon avis.
M. Garon: Cela change quelque chose, parce que la plupart des
choses vont être des faits qui vont être là. On dit: C'est
du sol de telle qualité. Comme c'est du sol de telle qualité, la
commission a décidé que cela reste dans la zone agricole. S'il
n'y a pas d'autre fait que cela, vous allez demander une révision pour
quelle raison?
M. Gratton: Oui, c'est justement ce que je dis; c'est redondant
de le mentionner parce qu'il va falloir que la personne qui fait la demande...
C'est sûr qu'elle ne demandera pas... (11 h 45)
M. Garon: Non, mais ce qui est plus fort, c'est que cela aide la
personne en même temps parce qu'elle indique les causes de sa
révision. Si, à ce moment-là, en regardant l'affaire, les
gens disent qu'il n'y a pas de cause de révision tandis qu'elle dit
qu'il y a des causes à révision, elle met l'accent sur les points
sur lesquels elle veut faire réviser son affaire. Alors, au fond, cela
aide la personne bien plus que cela lui nuit.
M. Gratton: Oui, je pense que c'est évident qu'à
partir du moment où je me répète on parle de
l'article 18 comme étant le désir de donner un pouvoir de
révocation et de révision à la commission, il y a lieu de
trouver tous les moyens possibles pour qu'il y ait le moins de
révisions, le moins de révocations possible. En tout cas, le but
de l'article 18, ce n'est pas de donner un grand droit de demande; c'est de
permettre à la commission, lorsqu'elle le juge à propos, de
réviser ou de révoquer ses décisions. A ce
moment-là, en mentionnant "pour cause", cela réduit encore les
possibilités pour le demandeur d'obtenir satisfaction.
M. Garon: Pour autant que le demandeur doive indiquer, dans sa
demande, pourquoi il veut la révision. Cela met l'accent sur des points
sur lesquels il considère qu'il y a eu mauvaise décision. S'il
n'en a pas à apporter, étant donné la
décision de la commission, la révision va être
inutile, au fond.
M. Gratton: Je ne suis pas le ministre là-dessus, M. le
Président. Est-ce que je dois comprendre qu'il retient...
M. Garon: Je vais demander à une secrétaire de
taper le texte. On commencera: Sur demande d'une partie
intéressée, la commission... C'est sur votre suggestion. Je vais
vous dire bien franchement que j'avais écrit cela moi aussi sur un bout
de papier; il y a des places où je trouvais que cela se lisait
mieux.
Le Président (M. Boucher): Alors, si je comprends
bien...
M. Gratton: Je ne sais pas si je dois me réjouir ou
m'interroger si...
Le Président (M. Boucher): Si je comprends bien, M. le
député de Gatineau, vous n'avez pas fait de sous-amendement
à l'amendement du ministre.
M. Gratton: Non, mais je laisse au ministre le soin de le faire;
alors, je demanderais qu'on le suspende en attendant.
Le Président (M. Boucher): Alors, compte tenu que M. le
ministre veut réviser le texte et qu'il présentera un nouvel
amendement, on va le mettre en suspens.
M. Gratton: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Alors, suspendu...
M. Garon: II est suspendu pour la rédaction.
Le Président (M. Boucher): Alors, article 19.
M. Garon: A l'article 19, il y a un amendement. C'est à la
suite des appréhensions qui avaient été manifestées
par l'Opposition concernant les pouvoirs des enquêteurs. Alors- l'article
19 vient dire: "La commission peut faire les enquêtes nécessaires
à l'exercice de ses fonctions et à ces fins, les membres de la
commission sont investis des pouvoirs et de l'immunité des commissaires
nommés en vertu de la Loi des commissions d'enquête (Statuts
refondus, 1964, chapitre 11). Ses enquêteurs jouissent de
l'immunité conférée par cette loi. "Un enquêteur
peut, à tout moment, inspecter un lot assujetti à la
présente loi et y mener son enquête." "Un enquêteur a
accès à tous les livres, registres, comptes, dossiers et autres
documents relatifs à son enquête" pour qu'il ne fouille pas
pour autre chose "de tout propriétaire ou exploitant d'un lot
assujetti à la présente loi. "Toute personne qui a la garde, la
possession ou le contrôle de ces livres, registres, comptes, dossiers et
autres documents relatifs à son enquête doit lui en donner
communication, le laisser en prendre des copies ou des extraits et lui en
faciliter l'examen."
Or, dans un pouvoir d'enquête, on trouve habituellement ce
pouvoir-là, mais, comme des craintes avaient été
manifestées par l'Opposition concernant l'enquête que ferait
l'enquêteur, on dit qu'il a le droit d'obtenir des documents, mais
concernant son enquête. Alors, ce sur quoi il a enquêter,
normalement, c'est sur un lot, si le lot, je suppose, est subdivisé, ou
des choses comme cela. Remarquez bien que, d'une façon
générale, les actes qu'il va pouvoir voir seront au bureau
d'enregistrement et le lot lui-même, il va pouvoir le regarder, voir s'il
y a des bâtisses dessus; pas besoin de regarder dans les livres pour voir
s'il y a des bâtisses sur le lot. Cela va se voir à l'oeil nu.
Alors, c'est simplement pour restreindre le pouvoir d'enquête
à l'enquête même qu'il fait et non pas pour en profiter pour
faire autre chose.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, nous nous réjouissons
que le ministre se soit rendu à notre demande quant aux documents qui
peuvent faire l'objet de saisie ou l'objet d'étude au cours d'une
enquête, en ajoutant les mots "relatifs à son enquête", de
façon à limiter aux documents qui sont relatifs à une
enquête ceux que peuvent saisir, par exemple, les enquêteurs.
Il y a une autre appréhension que nous avions et elle touche le
deuxième alinéa de l'article, parce que, quant aux documents,
l'amendement du ministre y répond. Mais c'est quant à
l'enquête elle-même; il n'y a rien dans l'article 19 qui
définit le mécanisme pour tenir une telle enquête.
C'est dans ce sens que j'aimerais faire la motion d'amendement suivante:
Que l'article 19 soit amendé en ajoutant, à la fin du
deuxième alinéa, les mots suivants "selon les modalités
prévues à la Loi des commissions d'enquête (Statuts
refondus, 1964, chapitre 11)". A ce moment, je pense que cela n'affecte en rien
la possibilité de faire enquête, mais cela établit que
l'enquête qui a lieu doit être faite à partir de la Loi des
commissions d'enquête. A ce moment, cela veut dire ce que cela veut dire.
Ce que comportent les pouvoirs d'une commission d'enquête, c'est
défini à la loi dont l'amendement fait état et, à
ce moment, il n'y aura pas de méprise sur ce que peut faire
l'enquêteur par rapport à une enquête qui touche le
territoire agricole.
M. Garon: A ce moment, on pourrait laisser l'article en suspens,
parce que je ne connais pas par coeur la Loi des commissions
d'enquête.
M. Gratton: Je vous avoue qu'en faisant l'amendement, moi non
plus, je ne la connais pas du tout. Je me dis que, si on a...
M. Garon: A priori, cela ne me paraît pas quelque chose de
malin.
M. Gratton: Moi de même. Si on a jugé bon de faire
une loi pour définir les pouvoirs d'une commission d'enquête, il
serait tout à fait normal... Oui?
Le Président (M. Boucher): D'abord, est-ce que je me
prononce sur la recevabilité de la motion?
M. Gratton: Je suis sûr que vous allez dire qu'elle est
recevable.
Le Président (M. Boucher): Elle est recevable. M. le
ministre propose que l'on suspende l'article pour qu'il consulte ses
légistes à ce sujet.
M. Garon: Quel serait l'amendement? "Selon les
modalités...
M. Gratton: Ajouter, à la fin...
Le Président (M. Boucher): L'amendement serait: Que
l'article 19 soit amendé en ajoutant, à la fin du deuxième
alinéa, les mots suivants: "Selon les modalités prévues
à la Loi des commissions d'enquête (Statuts refondus, 1964,
chapitre 11)".
M. Garon: Là...
Le Président (M. Boucher): Nous suspendons l'article 19.
Article 20?
M. Garon: II va falloir regarder cela.
M. Gratton: Adopté, article 20.
Le Président (M. Boucher): Article 20, adopté.
M. Gratton: Vous voyez, quand cela a du bon sens, ce n'est pas
long!
Le Président (M. Boucher): Article 21 ? M. Gratton:
Adopté.
Région agricole désignée
Le Président (M. Boucher): Adopté. Section III,
article 22?
M. Gratton: Un instant!
M. Garon: A l'article 22, on n'a rien là. L'article 22
commence la section III, région agricole désignée,
décret de région agricole désignée. L'article 22
dit: Le gouvernement peut, par décret, identifier comme une
région agricole désignée toute partie du territoire du
Québec, c'est-à-dire peut désigner de nouvelles
régions.
M. Gratton: M. le Président, je pense qu'il est inutile de
répéter que nous nous opposons, en principe, à ce que le
gouvernement prenne toutes les décisions par décret et ainsi de
suite. On ne répétera pas tout ce qu'on a dit jusqu'à
maintenant.
M. Garon: Non, il peut, par décret... M. Gratton:
Oui.
M. Garon: ... identifier une région... Là, on a
identifié 614 municipalités. Demain, si on disait qu'on veut
prendre une autre région, prenons le Saguenay-Lac-Saint-Jean, il
faudrait, par décret, identifier les municipalités comprises dans
le territoire formant la nouvelle région désignée.
M. Gratton: Je relie mes remarques strictement au fait que nous
insistons depuis le début pour que la décentralisation ne soit
pas seulement des mots au niveau du gouvernement, mais que cela se fasse en
consultation avec les municipalités, que ce soit contrôlé
par les municipalités et les conseils de comté. Je demanderais au
ministre de ne pas essayer de me convaincre. Je ne suis pas "convaincable"
là-dessus. Nous acceptons donc d'adopter l'article 22 sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 23.
M. Garon: "Un décret adopté en vertu de l'article
22 entre en vigueur le jour qui y est fixé et un avis de son adoption
est publié dans la Gazette officielle du Québec ainsi que dans un
journal diffusé dans la région agricole désignée.
L'avis indique l'objet et les effets du décret et la date de son
entrée en vigueur; il contient une liste des corporations municipales
visées par le décret de région agricole
désignée et il peut être accompagné d'un plan
sommaire du territoire qui en fait partie.
M. Gratton: Adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 24.
M. Garon: Article 24: "Deux copies certifiées conformes de
l'avis et du plan" vous voyez, les avis dont vous parlez, il n'y en a
pas partout; tantôt, je reportais cela à l'article 24 "...
sommaire visés à l'article 23 sont déposées
à la commission et, pour fins d'enregistrement, au bureau de la division
d'enregistrement concernée par le décret".
Donc, le plan provisoire est enregistré là. "De
même, une copie certifiée conforme est expédiée
à chacune des corporations municipales dont le territoire est
touché par le décret. "Le greffier ou le
secrétaire-trésorier doit afficher une copie de l'avis et du plan
sommaire à son bureau ou, le cas échéant, à
l'endroit réservé pour l'affichage des avis publics
municipaux."
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Encore là, M. le Président, le ministre
semble dire: Voyez, vos appréhensions de l'article 14 n'étaient
pas valables. On le trouve à l'article 24. Je ferai remarquer au
ministre qu'on ne trouve...
M. Garon: On va revenir sur l'ordonnance. M. Gratton: ...
les ordonnances.
M. Garon: D'ailleurs, je vous dirai: Si dans l'ordonnance, le
Code municipal fait cela, je ne suis pas mordu dans le ciment pour... On a
demandé la raison pour laquelle au registre, on n'a pas payé une
ordonnance enregistrée.
M. Gratton: Si le ministre nous montre cette ouverture, à
ce moment-là, on va s'entendre beaucoup mieux parce que le ministre a
compris nos appréhensions à ce point de vue. Donc, à
l'article 24, il serait nécessaire, si le ministre devait s'aviser de
modifier l'article 14 au moment ou on y reviendra, et utile de faire le
même ajustement à l'article 24.
M. Garon: Non. L'article 24 ne concerne pas les ordonnances. Il
concerne le décret et il est prévu au premier alinéa que
cela va au bureau d'enregistrement.
M. Gratton: Ah! d'accord. M. Garon: C'est
prévu.
M. Gratton: D'accord. Une question d'information, M. le
Président. Lorsqu'on parle, à l'article 24, de l'avis et du plan
sommaire qui sont déposés à la commission et, pour fins
d'enregistrement, au bureau de la division d'enregistrement concernée
par le décret, est-ce que c'est automatiquement une obligation qu'on
fait au bureau d'enregistrement de signifier pour chaque lot ce que
prévoit le décret? En d'autres mots, pour un praticien, par
exemple, qui irait à un bureau d'enregistrement et qui voudrait faire
les recherches pour un lot X, est-ce qu'au registre pour ce lot X, il
retrouverait automatiquement les dispositions du décret du zonage
agricole concernant ce lot-là ou devrait-il faire une
vérification spécifique du plan et des avis ailleurs qu'au
registre du lot? Je ne sais pas si je me fais comprendre.
M. Garon: Vous me posez la question? M. Gratton: Oui.
M. Garon: Je pensais que vous la posiez au président et je
fouillais...
M. Gratton: Le président n'a pas l'habitude de
répondre.
M. Garon: Non. Je suis d'accord.
M. Gratton: Remarquez bien que le ministre non plus à
l'occasion, mais cela est une autre histoire.
M. Garon: Voulez-vous me répéter, s'il vous
plaît, votre question...
M. Gratton: Ma question?
M. Garon: ... sur l'amendement?
M. Gratton: C'est drôle comme, dans l'Opposition, on a
souvent l'impression de parler dans le vide, M. le Président.
M. Garon: Je pensais que vous parliez au président sur
quelque chose de particulier.
M. Gratton: Non. Je demande au ministre si je dois
interpréter l'article 24 comme voulant dire que l'avis et le plan
sommaire qu'on envoie au bureau d'enregistrement, pour fins
d'enregistrement...
M. Garon: Oui.
M. Gratton: ... est-ce que cela veut dire ou implique une
obligation pour le bureau d'enregistrement d'inscrire au registre de chaque
lot... Non?
M. Garon: Non. Quand le plan sera là, il y aura un
registre à part et là, les gens pourront consulter le plan
provisoire, sachant qu'il est arrivé après telle date, pour voir
s'il affecte le lot. Plus tard, quand la zone permanente sera indiquée,
la même chose va arriver. Mais après la date où la zone
permanente sera faite, à ce moment-là, il y aura des indications
sur les lots. On verra un peu plus loin, mais à ce moment-ci, non. Je
dois dire, à part cela, que le système qui est prévu pour
la protection du territoire agricole est supérieur à ce qu'on a
en matière de zonage urbain au point de vue d'information du public.
Mais ici, les gens sachant qu'à partir du 9 novembre 1978, il y a un
zonage agricole, à ce moment-là, ils vont vérifier au
registre s'ils sont couverts ou non. (12 heures)
M. Gratton: M. le Président, pour terminer
là-dessus, je dirai simplement que là, on se rend compte que...
Parlons d'un notaire qui doit préparer l'acte de vente d'un immeuble. Il
s'adresse d'abord au bureau d'enregistrement, consulte le registre pour ce lot
et y est informé de toutes les transactions antérieures. Il doit
en plus consulter le plan sommaire du zonage agricole et, effectivement, s'il
n'y a pas amendement à l'article 14, il devra également venir
à la commission de contrôle du territoire agricole. Je dis donc,
M. le Président, que, quant à nous, nous adopterons l'article 24
sur division. Etant donné qu'il est midi, M. le Président, je
demanderais au ministre, vu qu'on vient d'aborder la section III, s'il a
l'intention de déposer les règlements avant que nous revenions
cet après-midi.
Le Président (M. Boucher): Les amendements de la section
III?
M. Gratton: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Boucher): L'article 24 est adopté
sur division?
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait avoir la série
d'amendements pour la section III?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, vous distribuez
les amendements sur la section III?
M. Garon: Je pense que j'avais oublié les amendements.
Le Président (M. Boucher): La commission suspend ses
travaux jusqu'après la période de questions. Etant donné
que l'Assemblée siège à quatorze heures, nous devons
suspendre nos travaux jusqu'après la période de questions cet
après-midi.
M. Gratton: II me semble qu'il serait préférable
d'ajourner sine die puisque, cet après-midi, je suis sûr que le
leader parlementaire du gouvernement voudra, de toute façon, avoir la
latitude de faire une nouvelle motion.
Le Président (M. Boucher): La séance de la
commission est ajournée sine die.
Suspension de la séance à 12 h 2
Reprise de la séance à 16 h 45
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'agriculture est réunie pour
étudier article par article le projet de loi no 90, Loi sur la
protection du territoire agricole.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Lavoie (Laval) remplace M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Rancourt (Saint-François), M. Roy (Beauce-Sud), M. Picotte
(Maskinongé) remplace, en attendant, M. Giasson, M. Vaillancourt
(Orford), M. Marcoux (Rimouski) remplace M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Charbonneau (Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Verreault (Shefford) remplace M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue) et ce matin, M. Fontaine (Nicolet-Yamaska)
remplaçait M. Cordeau (Saint-Hyacinthe). M. Mercier (Berthier), M.
Ouellette (Beauce-Nord), M. Samson (Rouyn-Noranda).
A l'ajournement de ce midi, nous en étions à l'article 25.
Est-ce que l'article 25 est adopté?
M. Lavoie: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Sans faire une intervention structurée sur
cela, j'aimerais peut-être poser quelques questions au ministre. Si je
comprends bien, à l'article 25, on dit parce qu'il y a d'autres
articles qui se réfèrent au plan. A l'article 37, on parle du
plan qui a été déposé comme document sessionnel. En
somme, le décret de la région agricole désignée
comprend toutes les municipalités décrites à l'annexe A.
Au point de vue juridique, croyez-vous que c'est suffisant, sans que le plan ne
fasse directement partie de la loi en annexe? Les plans ne font pas partie de
la loi en annexe, n'est-ce pas?
M. Garon: La loi dit qu'on dépose les plans en même
temps; on peut, on n'est pas obligé de le faire.
M. Lavoie: Je lis... je crois que les articles 25 et 37 vont pas
mal ensemble.
M. Garon: C'est en vertu de l'article 37.
M. Lavoie: L'article 37; c'est cela que j'ai mentionné.
Mais vous ne jugez pas à propos que les plans deviennent des annexes
à la loi?
M. Garon: Non. Qu'est-ce que cela donne?
M. Lavoie: Qu'est-ce que cela donne? Au point de vue
légal, vous savez, soit un contrat notarié ou un contrat
passé devant un avocat, même s'il n'est pas en minutes, les
documents importants sont annexés au contrat et font partie du contrat
même. Si vous jugez que c'est assez clair, je n'ai pas d'objection, mais
je peux avoir des doutes. Si les plans qui font l'objet du décret, qui
ont gelé toute la zone agricole désignée, qui
gèlent les transactions, si vous jugez que c'est suffisant, je n'ai pas
d'objection.
M. Garon: Vous pensez que ce n'est pas suffisant?
M. Lavoie: Je peux avoir des doutes. En somme, votre annexe,
c'est seulement la liste des municipalités...
M. Garon: L'article 34 aussi.
M. Lavoie: ... et les municipalités dans leur
ensemble.
M. Garon: Oui.
M. Lavoie: Bon, si vous êtes satisfait de cela.
M. Garon: Dans chacune des municipalités, pas dans leur
ensemble.
M. Lavoie: Mais chacune, dans leur totalité.
M. Garon: Oui.
M. Lavoie: Bon, c'est cela la zone agricole
désignée?
M. Garon: Vous voyez à l'article 34: "Le ministre
prépare un plan provisoire identifiant l'aire retenue pour fins de
contrôle à l'égard de chaque municipalité..."
M. Lavoie: C'est dans l'avenir, cela. C'est pour les prochaines
zones que vous allez geler, soit le Lac-Saint-Jean, la Gaspésie, les
Cantons de l'Est. Les zones qui ne sont pas gelées dans le moment,
l'article 34 le prévoit pour l'avenir.
M. Garon: Oui, mais à l'article 37, on dit...
M. Lavoie: L'article 37, c'est pour les municipalités
actuelles.
M. Garon: "... un plan provisoire et une description technique
établis conformément au deuxième alinéa de
l'article 34." L'article 37 réfère à 34.
M. Lavoie: Si vous êtes satisfaits; adopté sur
division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 26, M. le ministre.
M. Garon: Article 26: "Dans une région agricole
désignée, une personne ne peut, sans l'autorisation de la
commission, utiliser un lot à une fin autre que l'agriculture."
M. Lavoie: Encore là, je ne voudrais pas retarder les
travaux, mais j'aurais certaines explications à demander au ministre ou,
par son entremise, à son conseiller juridique.
Le grand principe... C'est un article de base, de fond, un article clef
pratiquement du projet de loi, qui dit que dans une région agricole
désignée et comme on vient d'adopter l'article 25 la
région agricole désignée est composée des 614
municipalités qui sont en annexe... Cela comprend chacune de ces
municipalités en totalité. Dans une région agricole
désignée ce sont les 614 municipalités... "... une
personne ne peut, sans l'autorisation de la commission, utiliser un lot
à une fin autre que l'agriculture". C'est le grand principe
général, autant pour la ville de Laval, que pour d'autres grandes
municipalités, sauf ce n'est pas écrit dans l'article,
mais c'est ce que je comprends les droits acquis.
M. Garon: Et sauf les autorisations.
M. Lavoie: Les autorisations, quand la commission sera
créée et qu'elle sera en marche, mais au moment où je vous
parle, la commission n'est pas créée...
M. Garon: Sauf 39 également qui laisse des zones qui ne
sont pas réservées pour l'agriculture.
M. Lavoie: L'article 39, il faut le lire dans son ensemble, il
est vrai. "A compter du dépôt du plan provisoire ce qui a
été fait le 10 novembre les articles 26 à 33 et 70
ne s'appliquent qu'aux lots situés dans l'aire retenue pour fins de
contrôle". L'aire retenue, c'est la zone en vert.
M. Garon: Cela dépend.
M. Lavoie: La définition, c'est cela.
M. Garon: Pour les plus de 5000 âmes, c'est la zone en
vert; pour les moins de 5000 âmes, c'est un autre plan. Ce ne sont pas
des plans vert et blanc, ce sont des plans gris et blanc.
M. Lavoie: Mais les plans ne font pas partie de la loi, vous ne
les avez pas mis en annexe. C'est joliment compliqué votre affaire.
M. Garon: Ce n'est pas compliqué.
M. Lavoie: Je me demande quelle valeur juridique ont ces plans
s'ils ne sont pas identifiés et annexés à la loi. Dans ce
cas, on pourrait modifier ces plans.
M. Garon: Oui, la loi permet de les modifier.
M. Lavoie: Oui, mais avant la troisième lecture. Oui, en
vertu de 37, en déposant d'autres plans modifiés avant la
troisième lecture.
M. Garon: Vous le connaissez bien l'article 37!
M. Lavoie: Oui, on l'a étudié; je pense qu'on
connaît la loi autant que le ministre.
Vous reconnaissez, à l'article 26, des droits acquis en
vertu des articles qu'on va étudier un peu plus loin aux
propriétaires qui seraient dans ce qu'on appelle l'aire de
contrôle, la zone verte, sur certains plans de municipalités de
5000 âmes et plus. Vous reconnaissez des droits acquis à des gens
qui utiliseraient des lots, ou des terrains, ou des immeubles pour des fins non
agricoles; par contre, en même temps, vous ne reconnaissez pas
parce que la loi s'étudie dans son ensemble à l'article
106, je crois, pour des vrais agriculteurs, pour des producteurs agricoles,
vous ne leur reconnaissez aucun droit acquis au point de vue de
l'évaluation. Vous ne respectez pas l'évaluation de $150 l'acre,
du maximum d'un dollar les cent... ceux-là, vous les laissez pour
compte.
M. Garon: Ils auront le choix de demander l'inclusion.
M. Lavoie: Les vrais agriculteurs et il y en a beaucoup
dans les zones blanches n'auront pas de droits acquis.
M. Garon: C'est-à-dire qu'ils auront le choix de demander
l'inclusion; pour les agriculteurs, l'article 21 continue de s'appliquer,
mais...
M. Lavoie: L'article 21 ne s'applique plus.
M. Garon: Non, il s'applique jusqu'à ce que la zone
permanente soit définie. Tant et aussi longtemps que la zone permanente
n'aura pas été décrétée, l'article 21
continuera de s'appliquer. Avant, et même après que la zone
permanente ait été définie, on peut toujours demander
d'être inclus.
M. Lavoie: On peut le demander... M. Garon: Ecoutez...
M. Lavoie: On a...
M. Garon: On aurait pu faire l'un ou l'autre; je vais vous dire
ce qu'on a pensé. On s'est dit: Dans le cercle, le
périmètre urbain, il peut y avoir une ferme ou deux... on calcule
que des 614 municipalités il y en a environ 300 de différentes
natures.
M. Lavoie: A vocations multiples. C'est ce que vous voulez
dire?
M. Garon: Sur 26 000 fermes, il y en a environ 300 dans la zone
blanche. On se dit: S'il y a du développement domiciliaire dans la zone
blanche, cela va être l'endroit le plus urbanisé. Il va y avoir
des contraintes additionnelles pour ce gars-là. Pourquoi ne pas lui
donner le choix? Plutôt que de lui dire: Tu es zoné, on lui dit:
Tu as le choix. Etant donné qu'il va y avoir un périmètre
urbain et qu'il va y avoir plus d'urbanisation dans ce coin-là, il va y
avoir des contraintes pour lui. S'il dit: A cause des contraintes, j'aime mieux
vendre ma terre et aller m'en acheter une en zone agricole, il pourra le faire.
S'il veut rester là, il demandera l'inclusion. C'est une position en
or.
M. Lavoie: Oui, mais est-ce que vous allez apporter un amendement
à cet article? On a le choix de faire la demande, mais on n'a pas le
choix du résultat de la décision de la commission. On peut faire
la demande d'inclusion dans la zone agricole, mais la commission est libre de
dire oui ou non, à moins que vous apportiez un amendement à cela,
comme cela vous a été demandé par certains des
invités qu'on a eus. J'ai entendu de votre bouche, d'ailleurs, et je
pense que cela avait lieu dans cette salle après une séance de la
commission, que la commission sera tenue d'acquiescer aux demandes. Si on veut
être inclus dans la zone agricole, la commission sera tenue de
l'accepter. Avez-vous l'intention d'apporter un amendement à cet
effet?
M. Garon: Je ne l'ai pas dit de cette façon. Il y en a qui
pensent que cela devrait être automatique ou quasi-automatique, j'ai dit
qu'on pourrait regarder cela. Je n'ai pas dit qu'on le ferait, je n'ai rien
promis.
M. Lavoie: Votre lit n'est pas fait sur cela. M. Garon: II
n'est pas fait, mais...
M. Lavoie: Cela va se faire à l'article 106,
j'imagine.
M. Garon: Non, avant cela, aux articles 58 et 59; c'est cela,
l'article 58, le paragraphe 2, demande d'inclusion.
M. Lavoie: Oui, cela peut être là. On se comprend
bien, c'est bien clair. Vous nous l'avez répété 50 fois,
cela va être bien beau, on n'aura qu'à demander d'être
inclus. Vous n'avez pas dit toute la vérité. N'oubliez pas une
chose, c'est bien beau, on peut demander d'être inclus, mais l'article 58
est bien clair: "Une personne peut, sur autorisation de la commission, faire
inclure un lot en tout ou en partie dans une zone agricole en adressant sa
demande à la corporation municipale." La décision n'appartient
pas à l'agriculteur, elle appartient à la commission, et ce qui
est grave c'est que c'est sans appel, M. le ministre.
L'article 26, adopté sur division, M. le Président.
M. Garon: On regardera cela à l'article 58 quand on y
sera.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
L'article 27.
M. Lavoie: On peut se rendre là cet après-midi.
M. Garon: Non, cela n'ira pas aussi vite que cela. Cela
changerait en mosus, vous allez être essoufflé parce qu'on va
lentement.
Le Président (M. Boucher): L'article 27.
M. Lavoie: On est humain, on voit le ministre tellement mal pris
avec sa loi 90 et sa loi 116 qu'on ne veut pas... Vous savez, quand quelqu'un
est par terre, il n'est pas de notre habitude de le piétiner.
M. Garon: Je vais vous dire une chose, pour la loi 116, j'ai
reçu des télégrammes du mouvement de l'UPA et du mouvement
coopératif au complet demandant d'adopter 116; je suis en bonne
compagnie.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
ministre, nous sommes sur la loi 90.
M. Verreault: On imagine le tripotage qu'il y a eu
derrière cela.
M. Garon: Je ne sais pas si le député de Shefford
va être long.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
L'article 27. M. le ministre. (17 heures)
M. Garon: Article 27: "Une personne ne peut, sans l'autorisation
de la commission, utiliser une érablière située dans une
région agricole désignée à une autre fin, ni y
faire la coupe des érables, sauf
pour des fins sylvicoles de sélection ou
d'éclair-cie".
C'est dommage que le député de Beauce-Sud ne soit pas
là. Il faudrait quasiment aller le chercher pour voir s'il est d'accord
avec cela. Il est dans une région acéricole.
M. Lavoie: Je fais la suggestion qu'on suspende l'article...
M. Garon: D'accord. On va suspendre pour attendre le
député de Beauce-Sud.
M. Lavoie: ... parce que le ministre ne semble pas avoir pris en
considération les représentations des ingénieurs
forestiers qui sont venus.
M. Garon: Oui, on l'a fait par la modification de l'article 1,
à la définition de l'agriculture. On a tenu compte exactement de
ce qu'ils nous ont dit.
M. Lavoie: On suspend l'article 27.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 17 est
suspendu. L'article 28.
M. Garon: Article 28: "Une personne ne peut, sans l'autorisation
de la commission, effectuer un lotissement dans une région agricole
désignée."
M. Lavoie: Un instant. Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
M. Garon: Vous n'êtes pas pour cela?
M. Lavoie: On est contre votre projet de loi de l'article 1
à 117. Je pense qu'il n'y a pas un article qu'on... Chaque article sera
adopté sur division parce que ce projet de loi serait tout à
refaire.
M. Garon: D'après moi, c'est le parti qui est
divisé parce que d'après ce que disaient vos
députés de Notre-Dame-de-Grâce et de Roberval...
M. Lavoie: Ils auraient pu en faire une question de
privilège parce que cela a été mal
interprété par les journalistes.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît,
monsieur...
M. Lavoie: Non, il me pose une question, très
brièvement, on ne commencera pas de débat. Je peux vous dire que
cela a été une mauvaise interprétation des journalistes,
les paroles des députés de Notre-Dame-de-Grâce et de
Roberval ont été mal interprétées et soyez
assuré que de la manière dont vous êtes parti et surtout du
fait que vous n'avez pas pris en considération les
représentations qui ont été faites par une quarantaine
d'organismes qui sont venus...
M. Garon: Ce n'est pas vrai.
M. Lavoie: ... soyez assuré, et on vous avertit d'avance
qu'on va voter contre en troisième lecture.
Une Voix: On va voter contre le principe. Le Président
(M. Boucher): L'article 29.
M. Garon: On pourrait faire un tableau de toutes les demandes qui
ont été faites à la commission parlementaire et qui ont
été acceptées.
M. Lavoie: Le tableau va être mince. M. Garon: Le
tableau va être épais.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît,
l'article 29.
M. Garon: On comptera les amendements à la fin.
Le Président (M. Boucher): II y a un amendement, M. le
ministre, à l'article 29?
M. Garon: A l'article 29, oui. Il a été
distribué ce matin.
Le Président (M. Boucher): On ne m'en a pas
distribué, M. le ministre.
M. Garon: Comment cela? On va en distribuer d'autres copies.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le ministre, votre
amendement à l'article 29.
M. Garon: On a enlevé le troisième alinéa
qui a été mis dans la définition.
M. Lavoie: Qui a été mis dans la
définition?
M. Garon: Oui. Il ne s'en rappelle plus. Dans la
définition d'aliénation. On nous a dit que ce serait plus
clair.
Etiez-vous dans la manifestation, M. le député de
Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Exactement, mais la mienne.
M. Garon: Vous aviez dit que vous étiez avec les
spécialistes des protéines.
M. Giasson: Ma femme s'y connaît un peu en
protéines.
M. Garon: Le service des protéines doit être avec
celui des meuniers.
M. Giasson: Ma femme s'y connaît en protéines, M. le
ministre.
Le Président (M. Boucher): Alors, comme convenu...
M. Garon: Dans une région, cela veut dire...
Le Président (M. Boucher): ... M. Giasson de
Montmagny-L'Islet remplace M. Picotte de Maskinongé.
M. Garon: II perd sa job. Il est là en cas de besoin.
M. Picotte: Je vais en trouver une autre, vous allez voir.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé demeure intervenant.
M. Garon: Dans une région agricole désignée
une personne ne peut, sans l'autorisation de la commission, procéder
à l'aliénation d'un lot, si elle conserve un droit
d'aliénation sur un lot contigu ou qui serait par ailleurs contigu s'il
n'était pas séparé du premier par un chemin public."
C'est pour mettre cela plus clair. J'ai remarqué, au sujet de la
loi 116, que vos manifestants ne faisaient pas confiance à l'Opposition
pour clarifier le projet de loi. Ils veulent que je le clarifie directement
avec eux. Je leur ai dit: L'Opposition va faire cela, c'est sa "job" de
clarifier les projets de loi. Ils n'ont pas l'air d'avoir confiance.
M. Picotte: On vous a proposé tellement de choses que vous
avez pigé...
M. Lavoie: Soyez assuré d'une chose... M. le ministre, si
les manifestants connaissaient le règlement de l'Assemblée, ce
n'est pas avec le ministre qu'ils auraient discuté tout à
l'heure, c'est avec l'Opposition. Actuellement, à l'article 116, vous
êtes complètement à la merci de l'Opposition.
M. Garon: Je le leur ai dit, vous étiez là
d'ailleurs, pas loin. Je leur ai dit que je voulais adopter le projet de loi
avant Noël, mais que c'est l'Opposition qui déciderait, parce qu'en
vertu des règlements... Vous avez compris quand je leur ai dit cela.
M. Lavoie: Je n'ai pas saisi, à ce moment. M. Garon:
Je leur ai dit clairement... M. Lavoie: Je suis arrivé
à la fin.
M. Garon: ... à plusieurs reprises, que d'ici à
Noël, et je vais le dire tous les jours, je pourrais faire adopter le
projet de loi 116 avec des modifications, parce que c'est important pour la
population. Maintenant, l'Opposition a le choix de le permettre ou pas.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, il s'agit du
projet de loi 90...
M. Lavoie: M. le Président, je désire intervenir
très brièvement sur ce point capital. C'est un projet de loi
auquel autant les députés que la population sont sensibles. Je
voudrais que le ministre, parce qu'il reste trois jours à partir de ce
soir... S'il espère encore ou s'il considère qu'il peut apporter
des amendements majeurs qui pourraient convaincre l'Opposition de permettre son
adoption, il faudrait qu'il produise ces amendements aujourd'hui même,
avant ce soir.
M. Picotte: On est bien ouvert. M. Garon: Attendez un
peu!
M. Lavoie: Ecoutez, il reste trois jours à partir de ce
soir. Montrez-nous vos amendements ce soir et on vous dira si on est satisfaits
et s'il y a lieu de vous accorder notre consentement.
M. Picotte: Vous allez voir qu'on va faire vite et qu'on est
compréhensif, mais il faut les avoir un peu d'avance.
M. Garon: Si on s'entend, je pourrais vous les remettre demain
à 15 heures, parce que je dois rencontrer mes conseillers juridiques une
dernière fois; demain à 15 heures.
M. Lavoie: J'ai hâte de les voir.
M. Lavoie: Ils sont mieux d'être majeurs, je crois.
M. Dubois: Oui.
M. Picotte: Demain, 15 heures.
Le Président (M. Boucher): Ceci dit, revenons au projet de
loi 90. Il y a un amendement à l'article 29. Est-ce que cet amendement
est adopté?
M. Garon: Voyez-vous, pour vous expliquer cela plus clairement...
"L'aliénation de deux ou de plusieurs lots contigus ou qui le seraient
s'ils n'étaient pas séparés par un chemin public ne peut
être faite à plus d'une personne sans l'autorisation de la
commission. "La superficie d'un lot à l'égard de laquelle un
droit est reconnu en vertu de la section IX n'est pas réputée
contiguë."
Cela veut dire que s'il y a un droit, comprenez-vous, en vertu de la
section IX, en vertu des droits acquis... Prenons un exemple: un lot donnant
sur le bord du chemin, le chemin, un autre lot ici et un droit acquis sur un
demi-hectare; ce demi-hectare ne sera pas réputé contigu aux fins
de l'article 29. Le reste de...
M. Lavoie: Je vais vous donner un autre exemple.
M. Dubois: C'est la Chambre des notaires qui a demandé
cela.
M. Lavoie: Je vais vous donner un autre exemple qui...
M. Garon: Vous avez une bonne mémoire, M. le
député de Huntingdon.
M. Lavoie: M. le Président, je m'adresse au ministre de
l'Agriculture.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Prenons une terre large de six arpents et qui se
trouve des deux côtés d'un chemin public, une partie d'un
côté et une partie de l'autre. La grande partie de la terre de ce
cultivateur pourrait être au sud du chemin public cela arrive dans
le cas des terres qui ont été morcelées
l'emplacement où il demeure disons que sa grande terre a 100
arpents où se trouve sa résidence, a trois arpents et se
trouve de l'autre côté du chemin; cet emplacement ne serait pas
nécessairement contigu si le chemin n'était pas là. Il
peut être trois arpents plus loin, parce qu'il y a eu un morcellement de
terres. Qu'est-ce qui arrive? Je pense que vous me saissez...
M. Garon: Oui, j'ai compris. Ce n'est pas en face.
M. Lavoie: Cela peut être deux ou trois arpents plus loin,
parce que la terre a été morcelée. Ce n'est pas
contigu.
M. Garon: Ce n'est pas contigu. Contigu, c'est comme si on
effaçait le chemin, c'est un prolongement de la terre. Si cela arrive
bang, c'est contigu. Si l'autre est là-bas, ce n'est pas contigu.
Autrement... Remarquez bien une chose, par exemple. Si cela arrive comme cela,
c'est contigu. Mais si c'est comme cela, ce n'est pas contigu.
M. Chevrette: Fabien ne comprendra pas quand il va lire cela.
Nous ne sommes pas à la télévision ici.
M. Garon: Ecoutez bien, c'est parce que...
M. Lavoie: Pouvez-vous nous expliquer le troisième
alinéa, M. le ministre, la superficie d'un lot?
M. Garon: C'est cela. Il faudrait que je fasse un dessin pour que
ce soit plus facile à comprendre.
M. Giasson: Les droits acquis.
M. Garon: "La superficie d'un lot à l'égard de
laquelle un droit est reconnu en vertu de la section IX" n'est pas
réputée être contiguë.
M. Giasson: La section IX, ce sont les droits acquis.
M. Garon: C'est parce que les droits acquis, on ne peut pas
l'interdire à l'article 29 si on le permet ailleurs. Vous voyez, la
terre est comme cela et il y a un terrain d'un demi-hectare ici. "La superficie
d'un lot à l'égard de laquelle un droit est reconnu en vertu de
la section IX"...
M. Giasson: La section IX, c'est pour des fins autres que
l'agriculture. Ce sont des droits acquis pour des terrains situés
à l'intérieur d'une zone agricole, qui avaient une vocation autre
que l'agriculture le 9 novembre dernier ou qui détenaient des permis des
corporations municipales.
Je ne vois pas pourquoi vous incluez dans l'article 29 cette
spécificité-là, puisque l'article 29 parle de territoire
aricole sur lequel il n'y a pas de droit acquis, parle de territoire agricole
qui n'était pas utilisé à des fins autres que
l'agriculture le 9 novembre dernier. Je ne m'explique vraiment pas, M. le
Président, la raison pour laquelle on ajoute cette disposition à
l'article 29.
Les droits acquis à la section IX, cela touche les terrains
à l'intérieur de la zone provisoire dont la fin était
autre qu'agricole le 9 novembre. L'article 29 vient, à mon sens,
toucher, si vous voulez, des terrains et des lots dont la fin principale
était l'agriculture le 9 novembre.
M. Garon: Mais, en vertu de l'article 29, vous avez une terre
ici, une partie est d'un côté du chemin et l'autre partie est de
l'autre côté. A cause du chemin, ce n'est pas contigu. On dit
qu'elles le sont, comme si le chemin n'avait pas été là.
Maintenant, vous avez la même terre avec le même chemin. Il y a un
droit acquis ici. On dit: Celui-là, n'est pas réputé
contigu. Cela permet de laisser le reste contigu.
M. Giasson: Au lieu d'avoir une seule lisière qui fait que
les lots ne sont pas contigus, vous permettez deux lisières, la route et
l'autre lisière qui borde la route.
M. Garon: C'est cela.
M. Lavoie: Pour que les cultivateurs comprennent très bien
la loi, est-ce que le plan du ministre pourrait être annexé au
journal des Débats?
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a consentement?
Est-ce que cet amendement est adopté? M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, cela ne demeure pas clair
dans mon esprit, même en prenant le plan du ministre. M. le ministre, si
on prend votre plan et qu'on se reporte au 9 novembre dernier, et qu'on accepte
le principe que la terre en question ou que le lot en question n'était
pas utilisé pour des fins agricoles, qu'est-ce que l'article 29 vient
changer là-dedans?
M. Garon: Autrement, cela aurait été deux lots. Il
aurait pu en vendre un et garder l'autre. C'est éviter du morcellement
un peu partout et qu'on ne fasse des petits lots ici et là...
M. Giasson: La section IX à laquelle vous
référez touche des lots qui étaient utilisés
à des fins autres qu'agricoles. Que vient changer l'article 29
là-dedans? Votre dessin imaginez que c'était
utilisé à des fins autres qu'agricoles qu'est-ce que cela
vient changer là-dedans? Voulez-vous retourner, par l'article 29,
à des fins agricoles, des terrains qui étaient jugés comme
utilisés à des fins non agricoles en date du 9 novembre, tel
qu'indiqué dans la section IX? (17 h 15)
M. Garon: Cela donne un droit acquis sur un territoire restreint.
Dans la section des droits acquis, si c'est une maison, vous avez droit
à un demi-hectare. Si c'est un commerce, une entreprise industrielle,
vous avez un droit acquis à un hectare. Si, dans la
réalité, vous utilisez plus que ça, vous avez un droit
acquis pour ce que vous utilisez en réalité.
Pour le reste, on dit que c'est un droit acquis et ce n'est pas
réputé contigu. Il peut vendre le reste ensemble et garder ce
morceau-là... Pour clarifier, cela n'a pas de vertu... c'est uniquement
pour clarifier, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté... Pardon?
Qu'est-ce que vous dites? Qu'on n'est pas là pour améliorer sa
loi?
M. Lavoie: C'est vous qui êtes responsable de l'application
de la loi, on veut que vous ayez du plaisir.
M. Garon: Les amendements que vous proposez, justement, ce n'est
pas pour m'aider à améliorer ma loi.
M. Lavoie: On vous a apporté des amendements de base pour
la consultation.
M. Garon: Vous dites: On n'est pas là pour essayer
d'améliorer sa loi. Cela veut dire que les amendements que vous
proposez, c'est pour me fourrer?
M. Lavoie: Non, on n'a pas apporté d'amendements à
ces articles. On a apporté des amendements de base pour la consultation.
Vous vous rappelez, on veut une participation du milieu. Je pense que
c'était constructif, mais du fait qu'on a eu une fin de non-recevoir, on
est un peu découragé, c'est normal.
M. Garon: Non, mais écoutez, vous n'étiez pas
là, hier, jeudi ou vendredi; je disais même que s'il y a un
amendement qui a été apporté, c'est à cause des
représentations du député de Laval, en votre absence.
M. Lavoie: C'est bien, ça. Au moins, il va y avoir un
article qui va avoir du bon sens, dans la loi.
M. Chevrette: Le pire, c'est que vous avez voté contre,
sur division.
M. Lavoie: On a voté contre quoi? Je ne me rappelle
pas.
M. Garon: Non, c'est quand il y a deux membres de la
commission...
M. Lavoie: Ah, deux membres.
M. Garon: On dit que quand il y a deux membres, au lieu d'avoir
un vote prépondérant...
M. Lavoie: C'est aussi bien de n'en avoir qu'un.
M. Garon: ... s'ils ne sont pas unanimes, ça va à
la commission...
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous feriez, à propos d'un
article, si on vous présentait exactement...
M. Giasson: M. le ministre...
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on pourrait revenir
à l'amendement? M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... je veux tenter de comprendre exactement la
portée du troisième alinéa de l'article 29. Vous faites
référence aux dispositions de la section IX. Imaginons que c'est
la route qui existe, on va faire des dessins nous aussi. Le propriétaire
d'une terre utilisait, sur un côté, une partie de la terre pour
l'exploitation d'un garage. De l'autre côté de la route,
immédiatement sur la même terre, il y avait une épicerie.
Il y a de la terre à chaque bout. Vous êtes prêt à
lui concéder un hectare additionnel pour les besoins d'agrandissement de
l'épicerie et un hectare additionnel pour les fins d'agrandissement ou
les besoins du commerce. Non?
S'il a besoin d'un hectare pour chacun des commerces situés de
chaque côté de la route et que l'autre partie de la ferme... quels
que soient les besoins des deux commerces, parce qu'il y en a un de chaque
côté de la route, sur le même numéro de lot...
Imaginez le même numéro de lot, traversé par une route, il
y a un commerce d'un côté et il y a un commerce de l'autre
côté. A un moment donné, ce propriétaire a besoin
d'expansion pour ses deux entreprises. Cela peut être à peu
près à la même période ou dans une période
différente dans le temps. On le bloque là, sur un hectare, quel
que soit le nombre de commerces qu'il y aurait sur ce lot?
M. Lavoie: II peut se rendre à un hectare et demi, ou cinq
fois la superficie. C'est dans les droits acquis. Je pense que c'est l'article
105.
M. Garon: Est-ce que ça va mieux quand je ne suis pas
là.
M. Giasson: A l'article 103, on parle d'un demi-hectare. Un
demi-hectare, c'est quand le lot est utilisé à des fins
résidentielles; elle peut être portée à un hectare
s'il s'agit d'une utilisation ou d'un permis d'utilisation à des fins
commerciales,
industrielles ou institutionnelles. Un hectare, vous le limitez comme
permission possible, maximale, quel que soit le nombre de commerces
situés sur un lot de chaque côté d'une route qui coupe ce
lot. Il faudrait dire: "une personne peut, sans l'autorisation de la
commission", mais, si elle veut aller au-delà de cela, la commission
pourrait lui dire: Même si c'est du bon sol agricole, utilisez-le
à d'autres fins.
M. Garon: Elle va tenir compte du genre d'entreprise qu'il y a
là. Le gars est déjà là, on lui reconnaît un
droit acquis. Cela dépend de quoi il s'agit; s'il s'agit d'une
entreprise qui n'est pas facilement déplaçable, elle est
déjà là; s'il s'agit d'une autre affaire qui peut
facilement être localisée ailleurs et qui va empiéter sur
un grand nombre de territoires... Cela dépend de chacun des cas. Un gars
qui a une épicerie et qui veut l'agrandir un peu, on ne lui dira pas:
Change ton épicerie, va-t-en ailleurs. Si c'est un gars qui a une cour
à rebuts, qui utilise 100 pieds carrés et qui veut en utiliser
1000, on va lui dire: Un instant, déplace donc cela. C'est pour cela
qu'il faut laisser une certaine souplesse, afin d'évaluer avec bon
sens.
M. Giasson: Quand vous dites qu'elle peut être
portée à un hectare, elle n'est pas portée
automatiquement.
M. Garon: Le gars peut, mais on ne l'oblige pas à agrandir
son commerce.
M. Giasson: Cette superficie peut être portée
à un hectare, cela veut dire que ce n'est pas automatique dans la
loi.
M. Garon: S'il veut, cela dépend de lui. M. Dubois:
...
M. Garon: C'est cela. Il peut porter son utilisation à un
hectare sans l'autorisation de la commission, mais on ne l'oblige pas à
agrandir son commerce.
M. Dubois: La superficie ne peut pas dépasser un hectare;
autrement dit, elle pourrait être de deux hectares si c'était
contigu, si elle était réputée comme contiguë.
M. Garon: On ne veut pas que les gars qui ont besoin
d'agrandissement viennent à la commission; on dit que le gars, qu'il ait
une utilisation industrielle ou commerciale, peut se rendre jusqu'à un
hectare. S'il veut en prendre plus que cela, il demandera à la
commission. Pour ceux qui ont plus que cela, il y a un droit acquis à ce
qu'ils utilisaient dans les faits. C'est pour éliminer un paquet de
difficultés, en disant à certaines entreprises: Vous voulez
agrandir, vous avez votre utilisation jusqu'à un hectare. Un hectare,
c'est pas mal grand, c'est 127 000 pieds carrés.
M. Lavoie: Un hectare, c'est à l'article 104, je
crois.
M. Garon: Un demi-hectare, c'est aux articles 106 et 107.
M. Lavoie: Cela peut être moins en vertu de l'article 105,
où on dit cinq fois l'aire occupée.
M. Garon: Cela, c'est une autre chose. C'est celui qui est
déjà là et qui utilise déjà plus grand.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article 29
est-il adopté tel qu'amendé?
M. Garon: Je pensais que cet amendement serait adopté
à l'unanimité avec toutes ces belles explications.
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté tel
qu'amendé sur division.
M. Garon: L'article 29.
Le Président (M. Boucher): L'article 30.
M. Garon: A l'article 30, on a un petit amendement. C'est pour
être plus clair, c'est parce que d'autres disaient que cela voulait dire
ci, que cela voulait dire ça; alors, on le rédige plus
clairement. "Un lotissement, une aliénation... fait en contravention des
articles 28 ou 29 est annulable" au lieu de "nul".
M. Lavoie: Au lieu d'être une nullité absolue, c'est
une nullité relative.
M. Garon: ... une nullité absolue, cela devient une
nullité relative.
Une Voix: A la demande des...
M. Garon: Non, mais ils nous ont expliqué les
problèmes que cela pourrait causer. A part cela, "nul", c'est une
nullité absolue, cela veut dire que c'est pour tout le temps. Quelqu'un
a acheté d'un autre et, à un moment donné, cela s'est
transmis; le gars dit: C'est toujours nul. Pour des raisons de
sécurité juridique, il faut mettre un délai dans le temps,
parce qu'on aurait créé des préjudices à des gens
de bonne foi. C'est pour prévoir cela. Les notaires nous ont fait des
suggestions et, comme on écoute toujours les suggestions qui ont du bon
sens, on a dit: C'est d'accord.
M. Lavoie: Au deuxième paragraphe, pouvez-vous nous
expliquer la différence; les derniers mots du texte original
étaient: "... la Cour supérieure pour faire constater cette
nullité", maintenant vous changez le verbe "constater" pour "prononcer
cette nullité".
M. Garon: Comme c'est annulable, ce n'est pas
nécessairement nul, alors il faut faire...
M. Lavoie: Décider de cette nullité; "prononcer" me
semble...
M. Garon: Pour dire que c'est nul, c'est ce que cela veut dire en
réalité.
Je vais vous dire une chose...
M. Lavoie: Je ne vois pas au juste...
M. Garon: Non, moi non plus. Vous savez, parfois les
rédacteurs ont de vieux mots français, alors c'est possiblement
un vieux mot français qui est un peu plus précis. Ils prononcent
que c'est nul.
M. Lavoie: Cela veut dire qu'il n'y a pas de choix. Je ne sais
pas, je ne suis pas un expert, les juristes sont plus qualifiés que
moi.
M. Garon: Non, pour lui demander de dire que c'est nul, c'est ce
que je veux dire.
M. Lavoie: Je me demande si je peux me tromper le
premier paragraphe me donne l'impression d'une nullité relative et au
deuxième paragraphe, j'ai peur à une nullité absolue avec
le mot que vous employez.
M. Garon: Non, parce que si c'est une nullité absolue, il
faut faire constater que c'est une nullité absolue et, à ce
moment, le tribunal va, de façon obligatoire, dire que c'est nul; tandis
que si c'est seulement annulable, il y a une preuve à faire.
M. Giasson: Pourquoi n'utiliseriez-vous pas les mots "pour faire
juger cette nullité"?
M. Lavoie: Ou "décider de la question". Il me semble que
"prononcer cette nullité", c'est un constat.
M. Dubois: Quand on dit "prononcer", c'est rendre un verdict,
tandis que "constater" n'oblige pas nécessairement à rendre un
verdict, c'est pour cela que vous avez fait le changement, pour lui amener
l'obligation de rendre un verdict.
M. Garon: Je vais vous dire une chose, il paraît que quand
c'est le terme "constater", c'est pour constater une nullité absolue, on
la constate, le tribunal la constate et il doit immédiatement dire:
C'est nul. C'est annulable seulement, c'est une nullité relative et il
doit dire que c'est nul, il doit dire qu'il l'annule. A ce moment, dans les
termes employés habituellement par les juristes, le mot "constater" va
avec la nullité absolue, tandis que le mot "prononcer" va avec la
nullité relative.
M. Lavoie: Je prends la parole du ministre, j'espère qu'il
ne se trompe pas.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté...
M. Garon: Ecoutez, ce n'est pas moi comme vous, j'ai une
formation juridique qui rédige les projets.
Le Président (M. Boucher): ... sur division. L'article
30.
Une Voix: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 30 adopté, tel
qu'amendé, sur division. Article 31.
M. Garon: II divise tout le temps, il veut diviser ce que Dieu a
uni!
L'article 31 reste tel quel, pensez-vous que ce n'est pas aimable!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, M. le Président, je viens de lire
l'article 31, tel que rédigé. On dit: "... un lot vacant en vertu
d'un titre enregistré le 9 novembre 1978 peut y construire, dans les
trois ans de cette date ou, le cas échéant...", mais
qu'advient-il du cas où il n'y a pas de titre enregistré, mais
qu'il y a une promesse de vente enregistrée en date du 9 novembre?
Est-ce qu'une promesse enregistrée est un titre absolu?
M. Garon: Une promesse est rarement enregistrée.
M. Lavoie: Oui, mais le but de l'enregistrement est de rendre
public vis-à-vis de tout le monde, vis-à-vis des tiers, de faire
connaître la convention des parties d'une manière publique, c'est
le but de l'enregistrement.
M. Garon: A part cela on est sûr, quand c'est
enregistré avant le 9 novembre, que les papiers n'ont pas
été faits après.
M. Lavoie: Vous êtes rempli de trucs, vous; vous êtes
avocat, n'est-ce pas? (17 h 30)
M. Garon: J'ai appris des notaires.
M. Lavoie: Les notaires ne peuvent changer les minutes.
M. Garon: Mais savez-vous que, si tous les contrats
étaient bien faits, les avocats n'auraient pas beaucoup d'ouvrage?
Des Voix: Ha! ha!
M. Lavoie: Est-ce que c'est pour cela que vous êtes
politicien aujourd'hui? Vous n'aviez pas assez d'ouvrage dans la pratique?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet, est-ce que vous avez...
M. Garon: Des fois je pense au temps où je n'étais
pas dans la politique.
M. Giasson: M. le Président, pour autant que le ministre
me certifie de son fauteuil qu'une promesse de vente enregistrée a la
même valeur qu'un titre. Ce qu'on appelle un titre, c'est un contrat
notarié en bonne et due forme, transmettant la propriété
d'une personne à une autre?
M. Garon: Si vous regardez dans le Code civil...
M. Giasson: Ce n'est pas le Code civil, je veux la parole du
ministre.
M. Garon: Ne prenez pas ma parole, regardez dans le Code
civil.
M. Giasson: Je vous demande votre parole. J'ai besoin de votre
parole.
M. Garon: Je ne vous donne pas ma parole. Je vous dis que c'est
parce que les lois sur l'interprétation... Je ne peux pas promettre des
interprétations, mais je peux dire que, dans le Code civil, une promesse
de vente équivaut à vente.
M. Giasson: Je ne suis pas spécialiste et je n'ai
même pas de formation juridique, mais je me pose une question. Je ne
demeure pas convaincu, M. le ministre, si vous me le permettez, même dans
le cas d'une promesse de vente, en supposant qu'elle est enregistrée;
s'il n'y a eu aucun versement d'argent, j'ai des réserves.
M. Garon: II y a des promesses de vente avec possession.
M. Lavoie: II y en a sans possession aussi.
M. Garon: Sans possession, mais cela n'équivaut pas
à vente. C'est à l'article 11 ou quelque chose... Est-ce à
l'article 11? Au chapitre de la vente.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, j'aimerais savoir ce qui
arrive dans le cas où, par exemple, un commerçant veut
s'établir. Par exemple, il a une promesse de vente deux ou trois mois
avant ia date du 9 novembre et a attendu pour signer le contrat d'obtenir ses
emprunts. Admettons qu'il a demandé un emprunt, je ne sais pas, à
sa caisse populaire, au crédit agricole, peu importe où. Alors,
il a signé une promesse de vente deux ou trois mois avant, il a
demandé ses emprunts. Maintenant, il obtient la certitude qu'il peut
emprunter l'argent pour établir son commerce. Il a tout simplement une
promesse de vente qui n'est pas enregistrée. Est-ce que c'est...
M. Garon: Cela ne vaut rien.
M. Gagnon: Même si on peut prouver qu'en fait il en avait
tellement l'intention qu'il avait commencé ses démarches pour
obtenir l'argent et ainsi de suite avant?
M. Lavoie: Même, j'irais plus loin, suivant
l'interprétation que j'ai peut-être cru déceler du juriste
qui était à côté de vous; même si cela a
été enregistré, si c'est une promesse de vente sans
possession, cela ne vaudrait pas, parce que cela n'équivaut pas à
la vente, même si cela a été enregistré. S'il n'y a
pas possession du nouvel acquéreur, je pense que cela ne vaudrait rien
non plus.
M. Gagnon: Ce serait un cas que la commission pourrait
trancher.
M. Garon: C'est pour cela qu'on a mis "en vertu d'un titre
enregistré" pour que, quel que soit le titre, il soit valable. A
condition qu'il équivaille à donner la
propriété.
M. Lavoie: J'aurais un amendement, M. le Président,
à l'article 31. Certains ont eu un peu de planification, je ne dirais
pas familiale. Il y a des gens qui se sont acheté des terrains pour
leurs vieux jours ou pour s'approcher, retourner à la source, à
leurs origines, qui ont acheté peut-être un emplacement d'un
arpent, deux arpents, qui est dans une zone agricole. Mais ce sont des citadins
ou des gens qui, en prévision de leur retraite dans cinq, six, sept, dix
ans, dans l'intention de retourner, peut-être, dans leur localité,
dans leur région natale, près de leur famille, ont ces
lots-là. En vertu de la loi telle quelle est, s'ils n'ont pas bâti
d'ici trois ans, ils perdent le droit de bâtir. C'est assez
sérieux. C'est grave. Je trouve que le délai de trois ans est un
peu court.
M. Garon: Trois ans, c'est pas mal long.
M. Lavoie: Vous êtes toujours en désaccord avec
nous.
M. Giasson: Dans l'exemple que le député de Laval
vient de donner; ce n'est pas long, trois ans.
M. Lavoie: II peut y avoir quelqu'un qui a 45 ans ou 50 ans et
qui dit: Je prends ma retraite. Je vais m'acheter un petit morceau de terrain
à la campagne à Sainte-Philomène d'où je viens et
je bâtirai dans une dizaine d'années.
M. Garon: A Sainte-Philomène, il va pouvoir bâtir
n'importe quand. Il y a en masse des terres qui ne sont pas bonnes pour
l'agriculture.
M. Lavoie: Soyez donc sérieux, quand même. Je
pourrais vous nommer une des 614 municipalités qui feraient votre
affaire, si Sainte-Philomène ne fait pas l'affaire. On a tout un index
en arrière. On a le choix dans les 614. L'amendement que je fais, c'est
dix ans. Ces gens qui ont acheté un terrain ça peut
être des journalistes, ça peut être des anciens politiciens,
ça peut être des
fonctionnaires peut-être à l'île
d'Orléans ou ailleurs, prévoient se bâtir une petite maison
dans une dizaine d'années. Cela peut être des employés de
l'Assemblée nationale. Vous touchez beaucoup de gens dans cela, qui ont
acheté, qui peuvent acheter un terrain ou qui l'ont déjà
acheté en prévision de bâtir dans une dizaine
d'années.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, est-ce que je pourrais recevoir votre motion?
M. Lavoie: Voulez-vous changer trois par dix ans? Vous leur
enlevez un droit, quand même. Ce terrain-là, il n'a plus aucune
valeur. Personne ne peut bâtir dessus. Il faut qu'il reste vacant. Il
faut qu'il retourne au milieu agricole. C'est quand même du droit
exorbitant. Ils ne peuvent plus rien faire avec ce terrain. Quelqu'un peut
avoir cinq arpents. Il peut avoir payé cela $10 000 ou $15 000.
M. Giasson: Ils peuvent le laisser en friche ou sous couverture
végétale, si cela sonne mieux à l'oreille.
M. Lavoie: Je ne dis pas de bâtir plusieurs lots. Je ne
veux pas qu'ils fassent un lotissement, mais qu'au moins ils conservent le
droit de se bâtir une maison ou une résidence secondaire. Vous
leur donnez trois ans. Autrement, ils perdent tout ce droit. L'Etat va un peu
loin.
M. Dubois: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Lavoie: Vous les spoliez, vous les expropriez sans
indemnité. C'est cela, la loi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le ministre, un propriétaire qui aurait
acheté trois ou quatre lots qui auraient chacun une grandeur d'un
demi-hectare, qui les a achetés du propriétaire d'une ferme, peut
se servir d'un lot d'un demi-hectare pour construire sa maison, d'accord.
M. Garon: II a droit à un.
M. Dubois: Mais les trois ou quatre autres, il va être pris
pour les revendre ou les laisser là. Mais, étant donné
qu'il les a achetés pour les revendre, il va être pris pour les
revendre au propriétaire original de la ferme, à peu
près.
M. Lavoie: A quel prix?
M. Dubois: Là, il va être obligé de les
donner parce que le propriétaire va lui dire: Je ne suis pas pour te
payer le prix que tu as payé pour. Je vais te donner le quart du prix
que tu as payé, 35% du prix que tu as payé.
M. Lavoie: II ne peut pas les revendre à un autre non
plus.
M. Dubois: Non. Il faut qu'il les revende à un
propriétaire qui exploite une ferme pour fins agricoles. Il peut
être pénalisé de plusieurs milliers de dollars, ce
type-là qui a acheté de bonne foi avant le dépôt de
la loi.
M. Garon: II a trois ans pour construire.
M. Dubois: Oui, mais il ne construira pas sur trois ou quatre
lots. Il va construire sur un lot. Mais pour les trois autres lots, s'il en a
acheté quatre?
M. Garon: Le député de Laval parle d'un gars de 40
ans qui va prendre sa retraite. On ne peut pas lui donner un droit sur 25
ans.
M. Lavoie: Je vous demande dix ans. Personne ne va mourir. Ce
n'est pas cela qui va empêcher les exploitations agricoles alentour. Vous
ne faites de dommage à personne. C'est un cas, justement, où il
devrait y avoir une indemnisation. C'est un cas patent où le
gouvernement, s'il veut imposer des droits exorbitants, devrait
prévoir...
M. Dubois: II y a des cas particuliers.
M. Lavoie: ... une compensation ou un dédommagement.
M. Dubois: Parfois, une personne aura placé tout l'argent
qu'elle a à acheter trois ou quatre lots en se disant: Je vais les
revendre avec profit un peu plus tard. Mais là, elle va être prise
pour les donner au propriétaire de la ferme ou presque, parce que le
propriétaire de la ferme ne sera pas intéressé. Il n'est
pas forcé de les acheter.
M. Lavoie: Le ministre ne considère pas toutes les
implications. Le type peut avoir acheté ces lots-là... Je donne
un prix.
M. Garon: S'il a acheté trois ou quatre lots,
habituellement, ce sont des lots pour une maison.
M. Dubois: Souvent, à la campagne, on achète grand.
On achète des lots d'une acre ou trois ou quatre lots d'une acre.
M. Garon: Oui, mais...
M. Dubois: Tu n'es pas restreint au niveau du terrain. Tu n'es
pas à Laval où cela coûte je ne sais pas $15
000 ou $20 000 l'acre. Tu t'en vas dans des régions agricoles où
cela vaut $300 l'acre, $400 l'acre, mais, sur le bord d'un chemin, tu les
achètes à $3000 ou $4000 le terrain. Finalement, le
propriétaire de la ferme ne sera pas intéressé à
les acheter à $3000 ou $4000. Il va dire: Je vais te payer $150 l'acre.
Point final. Et il va les cultiver.
M. Lavoie: Savez-vous ce qui est le plus grave, M. le
ministre?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval, je m'excuse.
M. Lavoie: On discute amicalement.
Le Président (M. Boucher): Vous me donnez des
problèmes.
M. Garon: Une acre ou un arpent...
Le Président (M. Boucher): Si vous me promettez que vous
ne parlerez pas 20 minutes sur l'amendement.
M. Lavoie: Je vous le promets, je vous donne ma parole.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Lavoie: Prenez ma parole, je n'épuiserai pas mon droit
de parole.
M. Garon: ... c'est plus petit qu'un demi-hectare.
M. Dubois: Oui, mais cela peut être trois, quatre ou cinq
terrains d'une acre. C'est un petit peu plus petit qu'un demi-hectare, mais pas
tellement parce qu'un demi-hectare, c'est une acre et quart. Ce sont des cas
qu'on va voir assez souvent.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Où le propriétaire de ces terrains va
être très pénalisé. Souvent, c'est son argent
disponible qu'il a placé là-dedans.
M. Garon: II faudrait qu'il ait trois ans pour se construire. On
peut faire un petit boom de la construction.
M. Dubois: Quand bien même cela ferait un petit boom, il va
rester des terrains qui vont être revendus à des prix ridicules au
propriétaire original de la ferme.
M. Lavoie: M. le ministre, je voudrais quand même vous
ébranler.
M. Garon: II n'y a pas un mémoire qui nous a parlé
de cela.
M. Lavoie: Ecoutez, je vous l'ai dit une fois que ce qu'on a
entendu comme difficulté, on vous l'a dit en deuxième lecture et
je vais vous le répéter encore cet après-midi. Je l'ai dit
lorsque la Chambre des notaires est venue exposer devant nous la
possibilité de dizaines et de vingtaines de difficultés et j'ai
dit à ce moment que c'était uniquement la pointe de la banquise
parce qu'en droit immobilier, en droit de propriété on ne peut
jamais prévoir toutes les difficultés, les implications. C'est un
exemple que vous me donnez. Vous me donnez raison sur cela, que cela n'a pas
été soulevé.
Je vais vous donner un cas. Quelqu'un achète un endroit en vue de
ses vieux jours, disons, cinq arpents. Prenons l'exemple qu'il a payé
cela $10 000. Prenons un exemple payable $1000 par année. Là il
est en cours de paiement. Si pour une raison ou pour une autre, lui passe
inaperçue la période des trois ans, s'il ne bâtit pas, et
peut-être qu'il n'a pas les moyens non plus de bâtir dans les trois
ans... s'il ne me suit pas...
M. Garon: Je vous suis.
M. Lavoie: ... qu'il perd son droit d'une manière
draconienne, qu'au bout de trois ans il ne peut plus bâtir, le
cultivateur qui lui a vendu son morceau de terrain peut exiger les paiements
à venir parce que c'est une obligation personnelle qu'il a
contractée, même s'il dit, que selon la loi du zonage agricole, il
ne peut plus bâtir. Il a signé personnellement et son droit de
bâtir est prescrit; il peut avoir une saisie s'il ne veut pas payer, il
est tenu de payer et il n'a plus le droit de bâtir.
En plus de cela, deuxième difficulté qu'il y a dans cet
article, c'est que ce monsieur qui a cinq arpents en vertu de l'article 31 n'a
droit d'employer pour son usage secondaire, je crois, qu'un arpent et demi. Un
demi-hectare, c'est à peu près un arpent et demi. Qu'est-ce qu'il
va faire avec les autres, au point de vue technique, au point de vue de la
mécanique, lorsqu'il est dit: "et utiliser à cette fin une
superficie n'excédant pas un demi-hectare "qui est un arpent et demi.
Qu'est-ce qu'il va faire avec ses autres trois arpents et demi?
M. Gagnon: II va faire exactement ce qu'il voulait en faire. S'il
a acheté cinq arpents pour se faire construire une maison...
M. Lavoie: Résidence secondaire.
M. Gagnon: Pour une maison, qu'est-ce qu'il voulait faire avec le
reste? Il va faire exactement la même chose.
M. Lavoie: II voulait l'exploiter comme jardin ou n'importe
quoi.
M. Gagnon: II a le droit de le faire. Il va continuer cela. Il
n'y a aucun problème.
M. Lavoie: Mais comment voulez-vous expliquer la rédaction
de l'article: "et utiliser à cette fin une superficie n'excédant
pas un demi-hectare". Répondez à ma première
difficulté que son droit est prescrit, qu'il est obligé de le
payer, qu'il est spolié. Il n'a plus le droit de bâtir, il n'a
plus le droit de le vendre à un autre pour y bâtir, le cultivateur
n'est pas intéressé à l'acheter parce qu'il ne peut pas le
vendre à un autre pour y bâtir. Mettez donc dix ans, cela ne fera
pas de tort à personne.
M. Garon: Dans les trois ans, il peut construire une
résidence et avoir un demi-hectare qui pourrait servir à la
résidence, la lotir et tout cela sans l'autorisation de la commission.
Le reste, il peut faire ce qu'il veut.
M. Lavoie: II est obligé de vendre aux voisins pour des
fins...
M. Garon: Oui.
M. Lavoie: Pour des fins agricoles.
M. Giasson: Pas pour n'importe quelles fins parce que c'est un
titre enregistré avant le 9 novembre. (17 h 45)
M. Garon: II a bâti, il gardait cela pour ses vieux jours.
Il peut le garder, il peut se bâtir une maison dessus. Mais il ne peut
pas utiliser plus d'un demi-hectare sans l'autorisation de la commission. C'est
ce que cela dit. Après trois ans, s'il veut se bâtir, cela lui
prend l'autorisation de la commission.
M. Giasson: Encore une permission.
M. Lavoie: A quelle place elle est, la permission? Je me demande
si ce n'est pas strict, l'article 31.
M. Garon: A contrario. Avec l'interprétation a
contrario.
M. Lavoie: Avec quoi? On va interpréter nos lois avec des
lois de l'Ontario?
M. Garon: A contrario.
M. Lavoie: A contrario. J'ai compris à l'Ontario.
M. Garon: J'ai voulu vous parler en droit. Vous vous rappelez
cela, l'interprétation a contrario?
M. Lavoie: Une minute, écoutez. Cela fait des dizaines et
des cinquantaines d'interprétations juridiques que vous nous donnez sur
le bras, depuis que nous avons commencé à étudier ce
projet de loi.
M. Garon: Je pensais que vous disiez que cela faisait des
dizaines...
M. Lavoie: Dites-moi où, en vertu de l'article 31, la
commission a des droits? Peut-être vais-je vous donner la réponse.
Est-ce que c'est en vertu du douzièmement des règlements? Cela
veut dire que cela serait un joli blanc-seing. Cela peut exister dans la loi,
elle est tellement compliquée, votre loi.
Mais l'article 31, je crois que c'est du droit absolu. Même la
commission ne peut pas donner l'autorisation autrement, à moins que vous
me disiez à quelle place c'est écrit dans la loi, que la
commission peut déroger à cela.
M. Garon: On m'a même dit que M. Drummond avait
passé à la télévision pour dire qu'il trouvait que
c'était une bonne loi.
M. Lavoie: II s'est fait battre aussi... Non, il ne s'est pas
présenté.
M. Garon: Vous n'avez pas voulu qu'il se présente, parce
qu'il jurait avec vous autres.
M. Lavoie: II a été battu à la convention
sur cette loi. Imaginez-vous ce qui va vous arriver.
Une Voix: ... Huntingdon. M. Giasson: II a
été battu.
Le Président (M. Boucher): Après l'Ontario, on
parle du comté de Drummond.
M. Garon: Quand vous avez dit que cela faisait des dizaines
d'années, des cinquantaines d'années, je pensais que vous alliez
dire que je n'ai pas revu mes notes de droit.
M. Lavoie: Ecoutez, moi j'ai fait un amendement: 10 ans...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous êtes
prêts à disposer de l'amendement?
M. Garon: Ce que j'aimerais, ce serait laisser cette affaire en
suspens. On pourrait laisser l'article 31 en suspens.
M. Lavoie: On va s'acheter des bretelles si cela continue.
M. Garon: Non, mais moi, c'est le premier que je suspens.
Le Président (M. Boucher): Alors, il faut suspendre
l'amendement et l'article.
M. Garon: C'est le premier que je suspends. Je voudrais regarder
cela plus longuement. Cela ne veut pas dire que... On va y songer.
M. Giasson: M. le Président, avant de suspendre l'article
31, je ne vois pas l'urgence d'appliquer tout de suite la guillotine, la
suspension de cet article. Il m'apparaît d'abord, M. le Président,
que l'amendement déposé par le député de Laval est
fondé et concorde avec ce qu'on appelle le gros bon sens. C'est le gros
sens, M. le ministre. C'est tellement vrai que je vis personnellement une
situation où, au moment où mon père m'a vendu une parcelle
sur le coin de sa terre, si la loi avait été en vigueur, si je
n'avais pas construit dans les années qui ont suivi la vente que mon
père m'a faite, je n'aurais pas eu la possibilité de construire
après un délai de trois ans.
Le ministre nous laisse la possibilité de demander une
permission. D'accord.
M. Garon: Après trois ans.
M. Giasson: Cela ne veut pas dire que la demande de permission de
procéder à une construction dans un cas identique, le cas qu'on
étudie là, va nécessairement entraîner une
réponse favorable de la part de la commission. C'est loin d'être
sûr, M. le ministre.
M. Garon: Elle va regarder le sol. C'est bon ou ce n'est pas
bon.
M. Giasson: C'est loin d'être sûr. Si la commission
juge...
M. Garon: Si cela dérange ou si cela ne dérange
pas.
M. Giasson: ... que ce type de sol doit être
conservé pour des fins agricoles ou doit être laissé en
friche... Je ne suis tout de même pas forcé de vendre. Le morceau
de terre de cinq acres que j'aurais, la loi, si je l'ai bien
interprétée ne m'oblige pas à le vendre. Je peux le
laisser en friche, je peux laisser pousser des branches, les tailler, n'importe
quoi.
M. Garon: Vous êtes un emplacitaire, comme cela?
M. Giasson: Moi? M. Garon: Oui.
M. Giasson: Oui. Je n'ai jamais prétendu le contraire.
M. Garon: Avez-vous déjà, dans votre région,
entendu parler d'emplacitaire?
M. Giasson: Les emplacitaires, oui. Ce sont des gens qui
possèdent des emplacements, des emplacitaires.
M. Garon: Le député de Laval ne comprend pas.
M. Lavoie: Vous prononcez assez mal que je ne comprends pas.
M. Giasson: M. le député de Laval, dans ma
région...
M. Garon: II ne comprend pas le langage de la campagne.
M. Giasson:... celui qui possède un emplacement ou un lot,
couramment, les gens disent que c'est un emplacitaire.
M. Lavoie: Cela peut être un vieux mot français.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: C'est un mot français.
M. Lavoie: D'accord.
M. Garon: Quand on est en agriculture, il faut avoir les racines
profondes.
M. Lavoie: C'est un beau mot d'ailleurs. M. Garon: C'est
un très beau mot.
M. Giasson: Je ne comprends pas, M. le ministre, que sur
réception de l'amendement qui est présenté, vous ne
donniez pas votre accord de principe.
M. Garon: Non. Je regardais cela; 10 ans, cela me paraît
long. J'aimerais le suspendre... Vous en avez suspendu plusieurs et c'est le
premier que je suspends.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a accord pour
suspendre l'amendement et l'article 31?
M. Lavoie:... au dernier alinéa de... Je ne sais pas.
M. Garon: Cela ne donne plus rien de... M. Giasson:
D'accord. Suspendons.
M. Dubois: La banque de terres peut acheter ces terrains.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: La banque de terres pourrait les acheter?
M. Garon: Les cultivateurs voisins aussi. Vous pouvez demander
l'autorisation à la commission.
M. Giasson: En dépit des pouvoirs qu'elle aura, M. le
ministre, j'ai bien l'impression que la banque de terres n'expropriera pas
quelqu'un qui est propriétaire d'un lot qu'il ne désire pas
vendre.
M. Garon: Non. La banque de terres n'expropriera personne. Ce
sera uniquement des ventes de gré à gré et cela ne fera
concurrence à personne.
Le Président (M. Boucher): Article 32?
M. Giasson: S'il m'est permis de poser une question au ministre.
Est-ce qu'il a eu l'occasion d'écouter le ministre de l'Agriculture de
France hier?
M. Garon: Non, je n'ai pas eu l'occasion.
M. Giasson: C'est dommage.
M. Garon: Pourquoi? C'était à quel poste?
M. Giasson: Je ne sais pas si le ministre de l'Agriculture de
France, justement sur la protection des terres agricoles, toute la causerie a
porté là-dessus...
M. Garon: Oui, j'ai parlé avec lui à mon bureau. Ce
n'est pas le ministre actuel.
M. Giasson: L'ancien ministre.
M. Garon: C'est l'ex-ministre, dans le temps de De Gaulle, M.
Pisani.
M. Giasson: C'est cela, M. Pisani.
M. Lavoie: Pisani, oui, qui est au marché européen,
je pense, mainntenant.
M. Garon: II était très intéressé
à avoir une copie de notre projet de loi...
M. Lavoie: Edgard Pisani.
M. Garon: Edgard Pisani. J'ai discuté dans le temps avec
lui, un peu avant d'envoyer cela. Il était impressionné par notre
façon de voir les choses.
M. Giasson: Les propos qu'il a tenus hier, lors de
rémission de télévision, il s'est prononcé
nettement contre une centralisation des pouvoirs dans une seule commission. Il
a argumenté longuement sur la nécessité de procéder
avec des instances régionales.
Le Président (M. Boucher): Comme il y a vote en Chambre,
nous devons suspendre. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20
heures ce soir.
M. Garon: C'est parce que nous autres, on est des
Québécois, on n'est pas des Français.
Le Président (M. Boucher): C'est suspendu, M. le
ministre.
Suspension de la séance à 17 h 53
Reprise de la séance à 20 h 20
Le Président (M. Boucher): A la suspension à 18
heures, nous étions à l'article 32. M. le ministre.
M. Garon: Vous pensez qu'on se donne des juridictions
inutilement.
M. Giasson: Des juridictions?
M. Garon: Je vais dire autre chose, il y en a qui
prétendent même que la loi de la commission est annulable.
Le Président (M. Boucher): C'est commencé, M. le
ministre.
M. Garon: Ce n'est pas ma faute si Ottawa ne sait pas
légiférer, ce n'est pas ma faute si la Cour suprême rend
des décisions et ce n'est pas ma faute si le Parti libéral
s'oppose à ce qu'on change les lois, vous comprenez?
Le Président (M. Boucher): Article 32 du projet de loi
90.
M. Garon: Je suis dans une position en or, n'oubliez pas
ça, j'ai le gros bout du bâton, en péché. A moins
que ce soit un autre coup de la Brink's, dans le lait, pour qu'une
décision de la Cour suprême...
On était rendu à quel article?
Le Président (M. Boucher): Article 32.
M. Garon: Article 32, on était d'accord avec
ça.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Est-ce que le ministre a des commentaires à
l'article 32?
M. le Président, l'article 32 vient limiter les pouvoirs des
corporations municipales, conseils de comté ou communautés
urbaines, parce qu'ils ne peuvent émettre de permis de construction sur
un lot situé dans une région agricole désignée
à moins que la demande ne soit accompagnée d'un certificat
d'autorisation de la commission. Est-ce que jusqu'à maintenant la
commission a commencé à émettre des certificats
d'autorisation?
M. Garon: Non.
M. Giasson: Bon. Est-ce qu'il y a des demandes...
M. Garon: II n'y a pas de commission.
M. Giasson: ... qui sont parvenues au ministère pour une
requête de certificat?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Vous en avez combien, jusqu'à maintenant, M.
le ministre?
M. Garon: II y a des copies de déclaration de
requérants...
M. Giasson: Oui.
M. Garon: ... qui entrent au ministère.
M. Giasson: II y en a combien qui sont entrées? Vous
n'avez pas une idée approximative? Vous avez déjà entre 50
et 60 déclarations de requérants. Dans le cas de ces
requérants qui ont produit des déclarations à l'adresse de
la commission mais, comme elle n'existe pas, elle ne peut agir
c'est sans doute le ministère de l'Agriculture qui les a reçues,
elles sont au bureau du ministre.
M. Garon: Elles ne sont pas à mon bureau, je ne les ai pas
vues.
M. Giasson: Non, elles doivent être au bureau du
ministère. A quel endroit ces requêtes ont-elles été
déposées?
M. Garon: Apparemment, celles qu'on a reçues seraient
adressées au ministre de l'Agriculture, mais pour la commission.
M. Giasson: C'est adressé à la commission au soin
du ministre ou au ministre, au soin de la commission?
M. Garon: Un ou l'autre. Pour être franc avec vous, je n'ai
pas vu les enveloppes.
M. Giasson: Si vous avez déjà 50 ou 60
requêtes qui sont parvenues au ministère, est-ce qu'il s'agit de
requêtes qui proviennent surtout de municipalités, de
villes...
M. Garon: Non, ce sont des déclarations de gens qui disent
qu'ils ont des droits acquis.
M. Giasson: Est-ce que ce sont des individus ou s'ils...
M. Garon: Des individus.
M. Giasson: Cela peut être des corporations privées,
des individus seulement.
M.Garon: 105 ou 101.
M. Giasson: J'imagine que des entreprises avaient des projets de
développement qui étaient sur le point de se réaliser
à l'intérieur de la zone agricole provisoire. Ces organismes,
j'imagine, pour perdre le moins de temps possible, ne pas retarder des
opérations qui devaient être lancées incessamment, ont
dû déposer des requêtes?
M. Garon: Je ne peux pas vous répondre, je ne les ai pas
lues; je ne les ai pas vues. Elles ont été mises dans les
classeurs et, quand la commission va commencer à opérer, on va
s'occuper de cela. Je n'ai pas eu le temps de les voir, je suis ici tout le
temps.
M. Giasson: Mais ces déclarations peuvent être
faites de façon unilatérale. C'est la personne...
M. Garon: Oui.
M. Giasson: ... le groupe ou l'organisme... La commission devra
juger du bien fondé de la requête.
M. Garon: C'est-à-dire que la déclaration... Par
exemple, quelqu'un va faire une déclaration selon laquelle il a un droit
acquis. S'il n'a pas ce droit acquis, il va garder une autorisation. S'il
déclare avoir un droit acquis et qu'il ne l'a pas, si la commission s'en
rend compte, elle va agir. Normalement, les gens qui ont un droit acquis
envoient une déclaration pour que la commission prenne connaissance du
fait qu'ils estiment avoir un droit acquis.
M. Giasson: S'il est établi, lorsque le dossier de cette
requête va être étudié, que le droit acquis n'existe
pas et si, déjà, il y a eu des travaux de lancés, est-ce
que...
M. Garon: La justice va suivre son cours.
M. Giasson: Les dispositions qu'on retrouve à l'article 14
vont s'appliquer, d'après les pouvoirs qu'a la commission.
M. Garon: Normalement, la commission va fonctionner... Je suppose
qu'on va leur écrire et leur dire qu'au point où ils sont rendus
peut-être qu'ils ne sont pas rendus très loin ils
prétendent avoir un droit acquis et ils ne l'ont pas.
M. Giasson: Qu'est-ce qui va arriver? La justice va suivre son
cours, mais se peut-il qu'à un moment donné la commission...
M. Garon: Cela va dépendre où c'est rendu.
M. Giasson: Au lieu de demander à la justice de suivre son
cours et d'utiliser tous les pouvoirs dont elle dispose en vertu des articles
de la loi, l'article 14 entre autres, qu'elle dise: Mes bons amis, c'est vrai
que vous avez déjà fait des investissements, que vous avez
dépensé de l'argent. On va vous donner une permission
spéciale; on va oublier, à votre égard, la protection du
territoire agricole et on va faire en sorte que vous obteniez une autorisation,
une bonne permission de la commission. Allez-y, continuez. Est-ce que cela peut
aller jusque-là?
M. Garon: Non.
M. Giasson: Non. Si la requête déposée...
M. Garon: C'est une requête, non une demande.
M. Giasson: ... atteste qu'il y a des droits acquis et que ces
droits acquis n'existent pas, automatiquement, cette entreprise, cet organisme,
cet individu devra subir toute la rigueur de la loi.
M. Garon: Ce n'est pas comme cela.
M. Giasson: Expliquez-moi cela.
M. Garon: La commission va commencer à avertir...
Remarquez que les lettres ont commencé à entrer vers le mois de
décembre. Normalement, dans ce temps-là, il n'y a pas beaucoup de
construction. Alors, la commission va vérifier, je suppose, ces lettres,
ces déclarations et va se rendre compte ou bien que ces
déclarations sont...
M. Giasson: Fondées en fait.
M. Garon: ... fondées en droit, ou elle va
découvrir qu'il y en a une ou deux qui ne le sont pas. S'il y en a qui
ne le sont pas, la commission va entrer en communication avec ces gens pour
leur dire: Vous prétendez avoir un droit acquis que vous n'avez pas.
Alors, le dialogue va s'amorcer.
M. Giasson: Le dialogue, mais, s'il n'y a pas de droit acquis,
est-ce que ces entreprises vont devoir remettre le lieu, les terrains dans
l'état où ils étaient antérieurement au 9
novembre?
M. Garon: La première chose à faire, c'est
d'arrêter de faire ce qu'on est en train de faire si on n'a pas le droit
de le faire. Deuxièmement, faire une demande d'exclusion, dans leur cas.
Cela dépend de la situation.
M. Giasson: Une demande d'exclusion? M. Garon: Cela
pourrait être cela.
M. Giasson: II pourrait arriver que le grand pardon soit
accordé.
M. Garon: Cela dépend de la situation. Il y a
différentes possibilités dans la loi. Cela dépend de la
situation de chacun. Je ne veux pas commencer à discuter de cas
hypothétiques.
M. Giasson: Ce seront des cas réels; ils sont
hypothétiques tant et aussi longtemps que la commission n'a pas
commencé à disposer de ces requêtes mais, au moment
où elle va devoir les voir, toutes ces requêtes vont devenir des
cas réels.
M. Garon: C'est cela.
M. Giasson: J'aimerais savoir si on va appliquer la loi dans
toute sa rigueur si des gens ont décidé, après avoir
adressé une requête, de commencer à faire des
investissements sans avoir véritablement de droits acquis ou si la
commission va être généreuse, très large, et va
accorder une espèce d'absolution en émettant une autorisation de
continuer les travaux. (20 h 30)
Vous savez comme moi, M. le ministre, que, dans le volume des dossiers
que la commission va devoir étudier, elle ne dira pas toujours non; il
va parfois arriver qu'elle ait tendance, dans certains cas, à dire oui
et dans d'autres cas non. Cela va être laissé à son
gré parce que la marge de manoeuvre ou la marge décisionnelle que
la loi lui donne est très large, très vaste.
On a fait état du cadre opérationnel lors d'un
débat sur un article antérieur, l'article 12, je pense. On a
laissé une dimension très vaste aux "guidelines", aux lignes
directrices à l'intérieur desquelles la commission va pouvoir
opérer pour juger et disposer de toutes ces demandes, quelle qu'en soit
la nature. Selon l'article 14, si quelqu'un ne respecte pas une ou l'autre des
dispositions de la loi, cela peut aller très loin, vous le savez comme
moi. On va même jusqu'à dire de remettre le lot visé dans
son état antérieur.
M. Garon: Regardez bien. La déclaration qui est ici, c'est
la déclaration selon laquelle le projet faisant partie de la demande ne
requiert pas l'autorisation de la commission, mais on peut avoir eu
l'autorisation de la commission. Dans ce cas-ci, on a écrit que le
projet ne requérait pas l'autorisation de la commission parce qu'on a
des droits acquis. Si on a des droits acquis en vertu de l'article 105, c'est
parce qu'il y a un réseau d'aqueduc et d'égouts qui passe le long
du chemin, ou encore parce que le lot qu'on veut acquérir devient
adjacent à un chemin public qui a déjà un réseau
d'aqueduc et d'égouts ou qui en aura un en vertu d'un règlement
adopté avant le 9 novembre 1978, conformément à la
loi.
Cela, voyez-vous, n'est pas très compliqué à
vérifier. Ce n'est pas l'apocalypse.
M. Giasson: Non, là-dessus, cela va bien; c'est dans le
cas où des gens ne peuvent prouver des droits acquis, à moins
d'avoir un terrain déjà destiné à des fins autres
que l'agriculture avant le 9 novembre, cela va bien.
M. Garon: Bon!
M. Giasson: Mais si, immédiatement avant le 9 novembre,
une entreprise ou un individu a acquis des terrains et que le requérant
fait une déclaration dans laquelle il prétend avoir des droits
acquis, s'il ne les a pas, vous allez devoir appliquer la loi avec rigueur, M.
le ministre, ou la commission devra le faire. On va dire: Mon ami, c'est
dommage, mais vous n'avez pas de droit acquis. Ou la commission applique la loi
avec tous les pouvoirs que la loi lui donne, ou la commission devient
extrêmement large, extrêmement généreuse, et dit:
J'ai les pouvoirs d'appliquer cette loi dans toute sa rigueur, mais je peux
aussi décider qu'on vous donne une autorisation, une permission,
même si vous n'avez pas de droit acquis.
C'est pour vous indiquer que, par cette loi, vous mettez une
série de pouvoirs très vastes entre les mains de la
commission.
M. Lavoie: Est-ce que je peux continuer la même
argumentation?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, mon intervention va être
sous forme interrogative et elle s'adresse au ministre qui pourra consulter son
légiste qui est à côté de lui.
Est-ce que mon raisonnement est valable si j'interprète l'article
32 avec l'article 14 et l'article 85? Actuellement, quelqu'un se trouvant dans
une zone verte, dans les municipalités qu'on connaît, demande un
permis de construction à une municipalité. La commission
n'existant pas, tant que la zone agricole n'aura pas été
déterminée ce qui
peut prendre un certain temps il choisit la deuxième
option; de bonne foi, il pense avoir des droits acquis. Il peut avoir
l'égout devant sa porte ou un puits artésien. Selon son
interprétation, il est de bonne foi, un bon puits artésien, c'est
mieux que l'aqueduc. Il s'en va à la municipalité, demande un
permis de construction et fait une déclaration en bonne et due forme; il
l'envoie à la commission fantôme, si c'est à un moment
où elle n'est pas encore créée. Il produit une
déclaration avec sa demande, à savoir que le projet faisant
l'objet de sa demande ne requiert pas l'autorisation de la commission. Je
voudrais que l'avocat, Me Garon, me suive. Le type est de bonne foi, il obtient
son permis de construction et commence à bâtir. Là, et ce
seront des parties de questions que je vais poser au ministre, on
s'aperçoit qu'il a tort, ce requérant, d'obtenir son permis de
construction. La ville le lui a donné et il a commencé à
bâtir. L'article 14 s'applique. C'est référé
à la commission et celle-ci rend une ordonnance.
M. Garon: Vous n'avez pas confiance en vos
municipalités?
M. Lavoie: Laissez-moi finir. La municipalité est de bonne
foi, le type qui a fourni une déclaration à savoir qu'il n'avait
pas besoin de l'autorisation, qu'il avait des droits acquis.
M. Garon: On lui a donné un permis de construction, et il
n'y avait pas d'égout ni d'aqueduc là.
M. Lavoie: II y avait un égout et un puits
artésien. Dans certaines municipalités et dans bien des places,
un bon puits artésien, c'est mieux que l'aqueduc. L'eau est meilleure.
Laissez-moi finir. Là, l'article 14 s'applique. La commission est saisie
de cela et rend l'ordonnance de démolir la maison ou l'usine ou
l'industrie, n'importe quoi. Et là on s'en va à l'article 85. Le
type n'acquiesce pas, ne fait pas suite à l'ordonnance. L'article 85
s'applique. L'article 85 dit: "Si une personne ne se conforme pas à une
ordonnance de la commission émise en vertu de l'article 14, le procureur
général, la commission ou la corporation municipale où est
situé le lot peut, par requête, obtenir d'un juge de la Cour
supérieure une ordonnance enjoignant à cette personne de s'y
conformer." Encore nullité absolue. Ordonnance: Démolissez,
monsieur. La seule autorité de la Cour supérieure, c'est de
sanctionner ou de ratifier. Je vais vous poser quelques questions. Cela a
été soulevé par la Chambre des notaires.
Quelle est la prescription de cela? Il n'y a aucun délai. Cela
peut se faire deux ans, trois ans, cinq ans après. Le notaire qui a fait
cela, qui a mis un prêt hypothécaire sur cette maison ou sur cette
industrie ou ce commerce, à quelle place se trouve-t-il? Est-ce que le
notaire enjoint a des responsabilités de cela? C'est cela que votre loi
dit. Là vous ne me sortirez pas des interprétations sur le bras.
L'article 32 se lit avec 14 et avec 85. C'est la raison pour laquelle la
Chambre des notaires vous a dit, avec du droit exorbitant comme vous avez
actuellement: II faudrait quasiment un constat de droit acquis qui soit
enregistré au bureau d'enregistrement. Autrement, plus un notaire n'est
capable de pratiquer. Si le notaire fait cela, tout le monde est de bonne foi,
le créancier hypothécaire a mis de $20 000 à $25 000
d'hypothèques, si c'est démoli, il perd son hypothèque. Le
gars qui l'a bâti, il perd son équité dedans, et c'est quoi
la prescription? Est-ce que dans dix ans ils peuvent intervenir, la commission?
Quel est le délai quant à ce droit acquis qui flotte dans les
airs? Il va flotter et vous savez qu'en droit immobilier c'est 30 ans la
prescription. Et contre les commissions et les sociétés de la
couronne, même les 30 ans ne s'appliquent pas, il n'y a pas de
prescription.
Ce sont toutes des questions qu'on vous pose, que la Chambre des
notaires vous pose. Voulez-vous répondre? Je ne charrierai plus.
Voulez-vous répondre à cela? Arrêtez de rigoler et pensez
donc à cela; si vous avez un peu de biens ou si cela vous arrive
à vous ou à des gens de votre milieu, qu'est-ce que vous allez
répondre à cela? C'est cela qu'on appelle du droit exorbitant.
Interprétez-moi les articles 32, 14 et 85.
M. Garon: Si les libéraux l'avaient fait quand
c'était le temps, cela aurait été plus simple.
M. Lavoie: C'est pour cela qu'on ne l'a pas fait justement. C'est
à cause de ces implications.
M. Garon: C'est pour cela que vous ne l'auriez jamais fait non
plus.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît.
M. Lavoie: M. le Président, on est prêt à
l'adopter sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 32, adopté sur
division. Article 33.
M. Lavoie: Adopté, M. le Président. Ce sont
à peu près les mêmes remarques, M. le Président:
adopté sur division.
M. Garon: Si celui qui a son droit a son droit acquis, il n'y a
pas de problème, il a un droit acquis. Autrement, c'est la prescription
normale du Code civil qui joue.
M. Lavoie: 30 ans?
M. Garon: Non, cela dépend.
M. Lavoie: De toute façon il a été
adopté sur division, M. le Président. Je pense que cela
clôt la discussion.
Le Président (M. Boucher): Article 33, adopté sur
division.
M. Lavoie: Avec les mêmes remarques. Le Président
(M. Boucher): Article 34.
M. Lavoie: II n'y a pas d'amendement à cet article?
Le Président (M. Boucher): Le prochain amendement est
à l'article 35.
M. Lavoie: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: C'est une autre question que je pose au ministre. Je
comprends que c'est pour l'avenir, pour les régions qui ne sont pas
encore gelées, soit la Gaspésie, le Lac-Saint-Jean, les Cantons
de l'Est. Le processus que le ministre a employé dans la présente
loi peut s'appliquer et j'imagine que le ministre va l'appliquer graduellement
au reste du Québec.
Si vous avez jugé à-propos, dans votre première
étape, celle que nous étudions actuellement que pour les
municipalités qui sont en annexe, le plan de l'aire retenue doit
être accompagné d'une description technique, pourquoi à
l'avenir n'est-ce pas obligatoire d'ajouter une description technique?
M. Garon: Parce qu'à l'avenir, il faudra peut-être
procéder plus rapidement. On avait le choix, au moment du
dépôt de la loi, mais à l'avenir il peut arriver à
un endroit, comme la loi a été déposée, que se
produise un mouvement spéculatif et on pourra geler immédiatement
et faire les descriptions techniques plus tard. Cela nous permet d'agir
beaucoup plus vite.
M. Lavoie: Je pense, pour que ce soit clair et pour aider le
ministre... Du fait qu'il a établi un précédent avec une
description technique actuellement... Vous savez, vous ne
légiférez pas dans le vide, vous légiférez sur le
terrain. Je ferais un amendement pour enlever "le cas échéant".
Vous en avez fait des descriptions techniques, ce n'est pas long.
M. Garon: Non, je sais de quoi il est question et c'est long.
Cela veut dire que, à ce moment, il va falloir geler tout le territoire
et prendre un mois, un mois et demi ou deux mois pour faire la description
technique.
M. Lavoie: C'est encore joliment des... "Le plan provisoire
définit l'aire retenue pour fins de contrôle et..." Actuellement,
le plan ne fait pas directement partie de la loi, ni les descriptions
techniques qui ont été faites non plus. (20 h 45)
Elles ne font pas partie intégrante de la loi, on y
réfère. Les notaires qui pratiquent dans les bureaux
d'enregistrement veulent bien savoir... Un contrat notarié, ce n'est pas
un bail de trois semaines ou de trois mois. La devise des notaires, c'est
scripta manent, ou quelque chose comme cela.
M. Garon: Scripta manent, verba volent; les écrits
restent, les paroles s'envolent.
M. Lavoie: Vous êtes avocat, cela veut dire que les paroles
s'envolent; je suis notaire, j'aime mieux que les écrits restent. C'est
important. On dit en notariat que nos erreurs nous suivent, parce qu'elles sont
écrites, elles sont minutées et elles sont enregistrées.
Pourquoi ne voulez-vous pas sécuriser le droit de
propriété, et tout cela, par au moins des prérequis
minimaux? Vous faites cela...
M. Garon: Techniquement, on n'a pas besoin de description
technique, avec le millième qu'on adopte pour les cartes. La description
technique est nécessaire selon le type de carte qu'on utilise. Pour plus
de sécurité juridique, par exemple, au dix millième, on
n'aurait pas besoin de description technique; au vingt millième, c'est
préférable, mais cela pourrait suffire; au cinquante
millième, c'est nécessaire.
Par ailleurs, s'il fallait agir rapidement dans un endroit, on pourrait
immédiatement déclarer telle zone désignée, faire
une carte, rapidement, et définir les descriptions techniques plus
tard.
M. Lavoie: Voici mon amendement; on peut en disposer. Je propose
que "le cas échéant" soit enlevé de l'article. Cela
voudrait dire: Le plan provisoire définit l'aire retenue, et
à l'avenir pour fins de contrôle, est accompagné
d'une description technique de ses limites. Je pense qu'en vue de la
clarté pour tout le monde, pour savoir exactement si les personnes
affectées seront concernées ou non, c'est une garantie minimale
qui est normale, comme celle que vous avez appliquée dans votre
première étape. C'est l'amendement que je fais.
Le Président (M. Boucher): Votre amendement est recevable,
M. le député de Laval. M. le ministre? Est-ce qu'il y a des
intervenants sur l'amendement?
M. Giasson: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Dans l'hypothèse où le ministre
déciderait d'étendre à d'autres régions du
Québec, à une ou plusieurs ou à l'ensemble des basses
terres du Québec, le décret ou d'émettre un nouveau
décret désignant toutes les basses terres du Saint-Laurent qui ne
sont pas couvertes par le décret du 9 novembre, j'imagine qu'on ne
pourrait pas procéder uniquement à partir d'un plan provisoire
identifiant très sommairement l'aire retenue. Pourquoi? C'est qu'avec la
désignation des zones permanentes que chacune des municipalités
va étudier et soumettre au ministre, quand les municipalités, en
présumant qu'il y en a beaucoup, sur réception de l'avis, vont
mettre une équipe au travail pour tenter de déterminer le mieux
possible à l'intérieur du territoire de la municipalité ce
qui doit être la zone agricole permanente, disséquant ce qui leur
apparaît être un sol moins propice à l'agriculture,
là encore, il va falloir que l'équipe de personnes, de
spécialistes, que le ministère a
retenue pour préparer, dans un premier temps, avant le
dépôt de la présente loi... Il faudra, dis-je, que cette
équipe de spécialistes qui travaille et surveille les
descriptions techniques travaille également sur les projets que les
municipalités vont soumettre à la commission de
contrôle.
Il faut reconnaître que les municipalités ne sont pas
toutes équipées en matière de personnel qualifié
pour procéder à la description technique quant aux suggestions
que ces municipalités vont déposer à la commission
relativement à la zone agricole permanente. Déjà, les
spécialistes du gouvernement, du ministère de l'Agriculture ou
des autres ministères qui ont travaillé sur ces cartes qui ont
été déposées, ces plans qui ont été
déposés aux municipalités, vont devoir réexaminer
ce que les municipalités vont faire parvenir à la commission
comme recommandation de zone permanente.
Donc, si ce personnel qualifié est déjà
affecté à des tâches nécessitées par la mise
en application de la loi et le retour des plans des municipalités,
à moins qu'on puisse croire que toutes les municipalités vont
requérir le personnel nécessaire pour soumettre à la
commission de contrôle un plan très détaillé de la
zone permanente avec une description technique fort à point, à
moins que ce soit ça, les personnes qualifiées au gouvernement
vont devoir travailler là-dessus.
A quel moment pourront-elles reprendre une tâche sur les terres
touchées par le nouveau décret? Cela peut laisser supposer
facilement que les municipalités touchées par un nouveau
décret étendant la zone provisoire pourront attendre des
semaines, pour ne pas dire des mois, les descriptions techniques qui
normalement devraient accompagner les plans de cette zone provisoire nouvelle
à l'extérieur de celle que nous connaissons
déjà.
Dans ce contexte, même s'il fallait payer le prix ou si on devait
reconnaître que ça peut retarder une décision du ministre
d'appliquer un nouveau décret pour ces zones qui n'ont pas
été touchées jusqu'à maintenant, je pense que
ça vaudrait le coup de mener l'opération et de créer de
nouvelles zones provisoires, en dehors de celle déterminée le 9
novembre. Cela vaudrait le coup de retarder de quelques semaines ou de quelques
mois et de permettre aux municipalités et à toutes les personnes
intéressées à ces nouveaux territoires de connaître
exactement quelle est la description détaillée et réelle
du plan déposé par le ministre dans une extension de son
décret.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet. M. le député de
Laval.
M. Lavoie: L'article suivant, 35, mentionne-Vous permettez, M. le
ministre, qu'on passe à l'article 35? Cela s'étudie
ensemble.,
M. Garon: Oui.
M. Lavoie: Au dernier alinéa de l'article 35, que vous
avez modifié par un amendement, on dit: Le plan provisoire est aussi
déposé en deux copies pour fins d'enregistrement au bureau de la
division d'enregistrement concerné par le plan. Je vous dirais que c'est
inutile d'écrire ça, parce que si vous envoyez seulement les
plans au bureau d'enregistrement, sans description technique et sans
numéro cadastral, le registrateur ne pourra pas les enregistrer sur
l'immeuble; ça ne veut rien dire. Vous envoyez des plans au bureau
d'enregistrement, s'il n'y a pas de description technique, il y a un plan qui
montre 500 lots, qu'est-ce qui va forcer le registrateur à l'inscrire
à l'index aux immeubles?
Il va être affiché au bureau d'enregistrement et c'est
tout. Il y a des cas comme ça que je me rappelle, le
fédéral impose certaines servitudes. Parce que ce sont des
servitudes que vous imposez, ce sont des droits réels que vous imposez,
défense d'aliéner, ce sont de grosses servitudes. Au
fédéral, à l'aéroport de Cartierville ou de Dorval,
ils ont des servitudes de hauteur des immeubles environnants. Ils ont une
ordonnance, une commission fédérale, c'est annoncé dans
les journaux, c'est déposé au bureau d'enregistrement et c'est
enregistré sur chacun des immeubles. A partir des pistes de
l'aéroport, ils n'ont pas le droit de bâtir plus de trois
étages, après, quatre étages, cinq étages, à
mesure qu'ils s'éloignent de l'aéroport.
A l'article 35, vous dites qu'on envoie des plans au bureau
d'enregistrement. Je pense que cela a été un autre souhait, une
autre remarque de la Chambre des notaires; ça ne veut rien dire si vous
envoyez des plans au bureau d'enregistrement, uniquement des plans, sans
description technique. C'est un autre amendement qu'on va faire à
l'article 35, pour que ce soit porté à l'index aux immeubles;
autrement, ça ne veut rien dire.
C'est pour ça que je reviens à l'article 34 et je pense
que c'est absolument nécessaire que les plans soient accompagnés
d'une description technique. Autrement, l'article 35 ne veut rien dire. Ils
vont prendre les plans au bureau d'enregistrement, ils vont les mettre, je ne
sais pas, dans les archives, dans les classeurs, ou bien ils vont les afficher
sur les murs.
Le but de l'enregistrement, c'est de rendre public les droits
réels qu'ils ont contre un immeuble. Les notaires ne pourront pas savoir
si l'immeuble sur lequel ils ont une transaction à faire est
affecté ou non de cette servitude si ce n'est pas enregistré
contre l'immeuble.
M. Garon: La description technique n'est pas enregistrée
contre l'immeuble de toute façon, pour le plan provisoire.
M. Lavoie: A l'article 35, il faudrait que vous ajoutiez une
disposition pour dire que les plans et les descriptions techniques sont
envoyés au bureau d'enregistrement et requérir le registrateur de
porter cette mention à l'index aux immeubles.
M. Garon: Seulement les immeubles.
M. Lavoie: Oui, c'est cela que la Chambre des notaires vous a
demandé parce qu'autrement il n'y a pas un notaire qui peut pratiquer.
C'est pour cela que je vous dis que votre loi est plus compliquée que
vous ne le pensez.
M. Garon: Non, on l'a analysée.
M. Lavoie: En tout cas, à votre goût. On va disposer
de l'amendement et voter contre, c'est tout.
Le Président (M. Boucher): Vote enregistré sur
l'amendement.
M. Garon: Vous avez été maire de Laval?
M. Lavoie: Oui, j'ai été maire. J'ai
été maire de trois villes, sans déménager à
part cela.
M. Garon: Combien avez-vous de plans de zonage qui ont
été enregistrés?
M. Lavoie: Ce n'est pas pareil, non, parce que ce n'est pas un
droit réel; le zonage municipal est un droit d'utilisation. Tout le
monde connaît les règles du jeu quand on s'en va dans une ville;
avant d'acheter un lot, on va à l'hôtel de ville voir quel est le
zonage qui s'applique.
M. Garon: Et ce n'est pas une servitude? M. Lavoie: Mais
on connaît les règles du jeu.
M. Garon: Cela ressemble au zonage municipal.
M. Lavoie: Quelqu'un qui s'en va à Sainte-Foy
n'achète pas une maison dans une rue résidentielle dans le but
d'ouvrir une boucherie. Cela est entré dans la mentalité, dans
les traditions, tandis que vous êtes dans du droit nouveau.
M. Garon: Cela n'aurait pas été nouveau si vous
l'aviez fait il y a dix ans.
M. Lavoie: Je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud) n'y est
pas. M. Vaillancourt, M. Picotte (Maskinongé)?
M. Garon: Vérifiez...
Le Président (M. Boucher): M. Lavoie (Laval)?
M. Lavoie: Favorable.
Le Président (M. Boucher): Alors, la motion d'amendement
est rejetée 5 contre 3. L'article 34 est-il adopté?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
M. Garon: Vous allez voir, les gens vont trouver cela tellement
beau la sécurité juridique du zonage agricole que le zonage
urbain va être influencé par le zonage agricole. Vous saurez me le
dire dans un proche avenir.
M. Lavoie: M. le Président, sur la remarque du ministre,
je ne suis pas le seul à avoir le pas. La Chambre des notaires... Vous
vous rappelez le notaire Audet qui est venu nous faire un exposé
très brillant? Il avait approfondi la loi encore plus que les membres de
la commission, du moins dans sa spécialité, le droit notarial. Je
pense que personne n'a osé faire de farce ou de facéties sur ses
propos. Je pense que je ne suis pas le seul à avoir le pas. On va le
vivre, votre projet de loi. Je ne suis pas le seul à avoir le pas. Vous
n'avez pas interrompu trop souvent la Chambre des notaires lorsqu'elle est
venue.
M. Garon: Une fois qu'elle est partie, on la consultée,
par exemple, la semaine dernière concernant tout le projet de loi.
M. Lavoie: Elle vous a parlé d'un constat de droits
acquis, je m'en souviens. Autrement, le droit immobilier et le droit de
propriété vont être flottants pendant un sacré bon
nombre d'années.
Le Président (M. Boucher): L'article 35; il y a un
amendement, M. le ministre?
M. Garon: Oui, j'ai un amendement à l'article 35.
M. Lavoie: Là, ce n'est pas "le cas
échéant", c'est "s'il y a lieu". Je propose qu'on biffe "s'il y a
lieu".
M. Garon: Voyons!
Le Président (M. Boucher): Vous faites un sous-amendement,
monsieur?
M. Lavoie: Vous avez beaucoup de vocabulaire; dans un article,
vous employez "le cas échéant" et après "s'il y a lieu".
Je propose qu'on biffe "s'il y a lieu" et le même vote, si vous le voulez
tout de même.
Le Président (M. Boucher): Même vote que pour
l'amendement à l'article 34?
M. Lavoie: Oui... (21 heures)
Le Président (M. Boucher): Rejeté cinq contre
trois.
M. Giasson: M. le Président.
M. Garon: C'est un amendement...
Une Voix: II serait bon de lire l'amendement avant de
poursuivre.
Le Président (M. Boucher): Qu'on biffe, à la
deuxième ligne du premier paragraphe, les mots "s'il y a lieu". C'est un
sous-amendement à l'amendement du ministre.
M. Giasson: Est-ce que vous avez disposé du
sous-amendement?
Le Président (M. Boucher): Oui, on a disposé du
sous-amendement.
M. Giasson: Sur l'amendement déposé par le
ministre, j'aimerais connaître les raisons pour lesquelles le ministre
enlève de l'article 35 l'obligation d'expédier deux copies
certifiées conformes à chacune des corporations municipales
visées.
M. Garon: C'est parce que, normalement, les copies vont
être certifiées par l'arpenteur-géomètre. Ce n'est
pas le ministre qui certifie que les copies sont conformes.
M. Giasson: Oui, mais le ministre peut déposer les copies
certifiées, si un arpenteur...
M. Garon: Ce sont les arpenteurs qui font les descriptions
techniques, c'est à eux de certifier leur travail, ils vont l'avoir
signé. Cela ne donne rien au ministre d'expédier des copies
certifiées conformes. D'ailleurs, nous avons discuté de cette
question avec la Chambre des notaires qui trouvait qu'il n'y avait Das
là de problème.
Je dis la chambre... pas la chambre au complet.
M. Giasson: Avec un notaire. M. Garon: Avec le
représentant.
M. Lavoie: Votre plan qui s'applique actuellement est-il
effectivement signé par un arpenteur-géomètre?
M. Garon: Quel plan? M. Lavoie: Le plan qui...
M. Garon: Non, c'est une indication. C'est une carte de la
province.
M. Lavoie: C'est une annexe, un instant! J'écoute votre
légiste. Il est plus sérieux que vous, il dit que c'est une
annexe.
M. Garon: Desquels vous parlez?
M. Lavoie: Les plans qu'on a, qui sont déposés
comme documents sessionnels, est-ce qu'ils sont signés par un
arpenteur-géomètre?
M. Garon: Oui. M. Lavoie: Oui?
M. Garon: Les descriptions techniques le sont.
M. Lavoie: C'est cela que je voulais savoir.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Giasson: Un instant!
M. Garon: Est-ce que vous avez l'amendement?
M. Lavoie: J'aurais un sous-amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Qu'on ajoute, à la fin du dernier
alinéa, les mots suivants: "et qu'il soit porté à l'index
de chacun des lots compris dans le plan." "Le plan provisoire est ainsi
déposé en deux copies pour fins d'enregistrement au bureau de la
division d'enregistrement concerné par le plan" et j'ajoute... M. le
Président, si vous voulez continuer la lecture.
Le Président (M. Boucher): "et qu'il soit porté
à l'index de chacun des lots compris dans le plan".
M. Garon: Non. Vous voyez bien que cela n'a pas de bon sens,
c'est le plan provisoire.
M. Lavoie: Etes-vous prêt à l'accepter pour la zone
agricole finale?
M. Garon: Cela va être indiqué. Il va y avoir un
plan à telle date et, après cela, toutes les modifications vont
être enregistrées. Cela va être plus sécuritaire que
le zonage urbain.
M. Lavoie: Pourquoi cela va-t-il être plus
sécuritaire que le zonage urbain?
M. Garon: Parce qu'il n'y a rien d'enregistré dans le
zonage urbain.
M. Lavoie: Dans le zonage urbain, ce n'est pas le bureau
d'enregistrement qui émet les permis de construction.
M. Garon: Je le sais bien.
M. Lavoie: C'est la municipalité et les plans sont
disponibles à la municipalité.
M. Garon: Là, on va avoir les deux.
M. Lavoie: Mais vous touchez au droit de
propriété.
M. Garon: Je sais cela.
M. Lavoie: Quelqu'un n'a pas le droit de vendre, quelqu'un n'a
pas le droit d'hypothéquer, quelqu'un n'a pas le droit de donner. C'est
bien plus que du zonage urbain, M. le ministre.
M. Garon: Je le sais.
M. Lavoie: Aux fins du journal des Débats, vous avez dit
que vous le saviez.
M. Garon: Je sais que c'est le zonage agricole.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes prêts
à voter sur l'amendement?
M. Lavoie: Même vote, si vous voulez, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Même vote que pour
l'amendement à l'article 35 et à l'article 34? Rejeté cinq
contre trois.
M. Garon: Vous savez, quand vous dites cela... dites-moi ce que
vous pouvez faire dans le zonage urbain. Vous pouvez donner autant en zonage
agricole qu'en zonage urbain, excepté que vous ne pouvez pas morceler et
lotir en zonage urbain comme vous le voulez, pas plus en zonage agricole.
M. Lavoie: Qu'est-ce que vous dites? En zonage urbain, vous
n'avez pas le droit de lotir? Depuis quand?
M. Garon: Pas comme vous le voulez. Vous avez des règles
à respecter.
M. Lavoie: Oui, mais ce sont des règles connues,
habituelles, entrées dans les moeurs.
M. Garon: Qui dépendent de votre règlement.
M. Lavoie: Si quelqu'un veut se bâtir une maison à
Sillery, avant de s'acheter un lot, il va aller voir avant. Il ne
l'achètera pas à l'aveuglette. S'il veut bâtir quatre
logements, il va aller voir à la ville pour savoir s'il a le droit de
bâtir quatre logements sur ce lot...
M. Garon: C'est cela.
M. Lavoie: ... ou si c'est uniquement unifami-lial.
M. Garon: Oui. Quand vous êtes obligé d'avoir telle
grandeur ou tel type de construction pour tel quartier de maisons, etc., on ne
viole pas votre droit de propriété? Je suis certain qu'il
n'obtiendra pas ce qu'il veut pour son terrain. C'est la même chose.
M. Lavoie: Du tout. C'est dans un milieu urbain, et le zonage
urbain existe depuis cent ans ou cinquante ans, si vous voulez.
M. Garon: Cela a commencé à un moment
donné.
M. Lavoie: Le zonage agricole, c'est du droit nouveau. Je vous
dis que les garanties qu'on vous exige au bureau d'enregistrement et tout,
c'est un strict minimum.
M. Giasson: M. le ministre, vous reconnaissez tout de même
que les règles du jeu de votre loi du zonage agricole sont totalement
différentes de celles des règlements de municipalités et
de villes. Si je possède un terrain dans une ville à
l'intérieur d'un secteur qui est zoné résidentiel, pour
disposer de mon terrain à l'endroit d'une personne qui veut
l'acquérir, je n'ai pas de permission à demander à une
commission de contrôle. On parle toujours du même...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse. On parle toujours
sur l'amendement ou sur...
M. Garon: On parle pour parler.
Le Président (M. Boucher): L'amendement a
été rejeté.
M. Giasson: On parle pour parler, mais on dit la
réalité.
Le Président (M. Boucher): Le sous-amendement a
été rejeté. A ce moment, vous parlez de l'amendement du
ministre.
M. Garon: ...
M. Giasson: Ecoutez, M. le ministre, si vous n'acceptez pas cela,
c'est sûr qu'à ce moment on
parle inutilement, parce que c'est différent. Si je
possède un terrain en ville, à l'intérieur d'une zone qui
est déclarée résidentielle, je peux disposer de mon
terrain avec beaucoup plus de facilité. Je peux le lotir même, si
c'est toujours à des fins résidentielles, tandis que si j'ai une
ferme à la campagne dans une zone agricole, je ne peux plus faire ces
opérations. Il y a au moins cette différence, vous le
reconnaissez.
M. Garon: Oui, mais il y a plus que cela. Il y a toutes sortes de
règles. Quand vous avez un terrain...
M. Giasson: C'est le même phénomène que de
posséder du terrain dans une ville avec des règlements de zonage
à des fins urbaines, que ce soit résidentiel, industriel ou
autres.
M. Garon: Oui, vous êtes obligé de vous bâtir
à six pieds du voisin de la ligne séparative. Selon que vos
fenêtres sont obliques ou directes, vous allez être obligé
de vous bâtir à deux pieds. Vous avez toutes sortes de contraintes
dans... Dites-vous que le droit de propriété est violé?
Est-ce parce que ce n'est pas de l'anarchie?
M. Lavoie: Est-ce qu'il y a des contraintes qui vont aussi loin
que faire perdre à un type qui ne bâtit pas dans les trois ans son
droit de bâtir, comme vous avez dans votre loi? Est-ce que cela va aussi
loin qu'empêcher un cultivateur qui a 300 arpents, de son vivant, de les
partager entre ses deux fils 200 à un et 100 à l'autre? Est-ce
que cela va aussi loin que cela dans le zonage urbain?
M. Garon: Je vais vous répondre. Dans le zonage urbain,
vous ne reconnaissez que les droits acquis, mais en plus des droits acquis, on
donne l'article 31. Dans le zonage urbain, vous n'avez pas l'article 31. C'est
un droit supplémentaire au zonage urbain qu'on donne, un
privilège. Dans le zonage urbain, vous n'avez que les droits acquis,
rien d'autre. On a été plus généreux que dans le
zonage urbain, parce que le coeur du terroir est plus large que le coeur
des...
M. Giasson: Dans le zonage urbain, si j'ai quatre terrains
contigus, je ne suis pas empêché de bâtir quatre
résidences...
M. Lavoie: Ou deux ou une.
M. Giasson:... ou deux ou une. Il y a toujours une petite
différence. Si ce n'est pas évident... On utilise même
l'article 31 que vous venez de citer.
M. Garon: Oui. Si vous avez un terrain résidentiel dans un
zonage urbain, bâtissez-vous un commerce et une industrie?
M. Giasson: Je vous ai dit... M. Garon: Non, pas plus.
M. Giasson:... qu'il y avait des différences. Il y a des
choses qui peuvent être similaires, mais, dans votre loi sur la
protection du territoire agricole, vous avez des différences
marquées, comme marge de manoeuvre...
M. Garon: Encore plus large que le zonage urbain, parce que,
quand dans le zonage urbain vous êtes zoné domiciliaire...
M. Giasson: ... plus large que dans le zonage urbain.
M. Garon:... vous êtes zoné domiciliaire. Vous
bâtissez des maisons seulement, tandis que dans le zonage agricole, avec
permission de la commission, vous allez pouvoir bâtir une industrie, un
commerce, ou autre chose.
M. Lavoie: C'est tellement plus large, le vôtre, que pour
protéger les terres agricoles vous permettez de laisser cela en friche,
alors que dans les zones urbaines, au moins, on n'a pas le droit de laisser
cela.
M. Garon: Oui, mais vous allez voir.
M. Lavoie: L'inspecteur ne vous le permettra pas.
M. Garon: Vous allez voir quand on va faire l'inventaire des
terres en friche. Quand on a pris le pouvoir... on se reverra dans quelques
années.
M. Lavoie: Je vous garantis qu'après deux ans, aux
prochaines élections, vous allez avoir le temps de défricher! Je
vous le garantis!
M. Garon: Vous allez voir qu'on va défricher.
M. Lavoie: Vous allez défricher dans deux ans. Vous allez
avoir du temps libre!
Le Président (M. Boucher): L'amendement proposé
à l'article 35 est adopté?
M. Beauséjour: Mais lequel, celui du député
de Laval?
Le Président (M. Boucher): Non, c'est un
sous-amendement.
M. Beauséjour: Ah bon. M. Giasson: Division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division?
L'article 35 adopté, tel qu'amendé.
M. Garon: Y a-t-il un autre amendement à l'article 36?
Le Président (M. Boucher): L'article 35 est-il
adopté, tel qu'amendé?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article 36.
M. Garon: On va le lire tranquillement, tranquillement pas vite.
"Le ministre peut modifier le plan provisoire en déposant à la
commission un plan et une description technique additionnels modifiant l'aire
retenue pour fins de contrôle à l'égard d'une ou plusieurs
municipalités comprises dans la région agricole
désignée". Alors...
M. Lavoie: Vous devriez ajouter "s'il y a lieu".
M. Garon: ... "additionnels", c'est évident, s'il y a
lieu.
M. Lavoie: C'est évident! Vous devriez admettre...
voulez-vous que je fasse un amendement pour dire "s'il y a lieu"?
M. Garon: Non, c'est correct. C'est correct comme cela. C'est une
hypothèse qui est peri capiat. "Avis en est donné
conformément à l'article 35, après envoi de deux copies
à chacune des corporations municipales visées et au bureau de la
division d'enregistrement concernée par le plan pour fins
d'enregistrement ".
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Est-ce en vertu des pouvoirs que le ministre se
donne, à l'article 36, qu'il va être en mesure...
M. Garon: On n'a pas besoin de le signaler. Je vais vous
expliquer pourquoi. Ou bien on a déposé un plan, ou bien on n'en
a pas déposé. Si on a gelé tout, on n'a rien
déposé. A ce moment, on n'en a pas besoin, si on en dépose
un premier.
M. Giasson: S'il y a lieu à une description technique?
Regardez, le plan provisoire qui est déjà déposé a
été déposé accompagné de descriptions
techniques, je présume, si j'ai bien compris.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Bon, à partir de cette réalité,
on pourrait dire: Le ministre peut modifier le plan provisoire en
déposant à la commission, un plan, et, s'il y a lieu, une
description technique additionnelle, modifiant l'aire retenue pour fins de
contrôle.
M. Garon: Oui, mais si on fait quelque chose additionnelle, on
arriverait à ajouter "une description technique" pour plus de
clarté, pour ne pas que les gars taponnent les plans provisoires.
M. Giasson: Tantôt, cela n'avait pas lieu et là,
cela a lieu.
M. Garon: Si on le modifie, on ajoutera "une description
technique".
M. Giasson: Ce que j'aimerais savoir du ministre, M. le
Président, c'est qu'au cours des récentes semaines, nous avons eu
l'occasion, à la commission, d'entendre plusieurs représentations
de différents groupes ou de municipalités, entre autres, deux ou
trois municipalités, trois municipalités, si ma mémoire
est bonne, et même davantage. J'ai à l'esprit: Saint-Hubert,
Repentigny, Laval, il y en a d'autres. Il y a également la
Communauté régionale de l'Outaouais.
Le ministre, après les échanges qui ont eu lieu entre les
membres de la commission et ses invités, ces gens qui étaient
devant nous, a indiqué qu'il prenait en considération et de
façon prioritaire les demandes qui avaient été
formulées tant par les municipalités que par la communauté
régionale.
Est-ce que c'est en vertu de l'article 36 que le ministre va
régler rapidement les problèmes que vivent ces
municipalités ou cet organisme qui se sont présentés
devant nous?
M. Garon: Bien, pas dans mon esprit. Vous avez le cas de
Repentigny...
M. Giasson: Bon, si ce n'est pas le...
M.Garon: Me laissez-vousfinir? J'avais dit dans le cas de
Repentigny, qu'on devrait procéder plutôt par une demande
d'exclusion si on prévoyait que leurs différentes zones
permanentes pourraient être plus longues, pour une plus longue
période de temps, première chose. Dans le cas de Saint-Hubert,
c'est un cas particulier. Leur problème était le nombre de
terrains, 19 500, qui étaient la propriété de 6500
individus différents répartis dans l'ensemble des pays du monde.
C'est un autre problème. Le maire nous disait qu'il fallait qu'il envoie
500 mises en demeure à ces citoyens du monde entier pour rembourser,
payer leurs taxes. Le projet de Saint-Hubert, c'est un projet
complètement différent. (21 h 15)
M. Giasson: Les municipalités de Saint-Lin et de La
Plaine.
M. Garon: C'était plutôt un promoteur, un M.
Chartrand qui est venu exposer son cas.
M. Giasson: Le maire d'une de ces paroisses est venu à la
commission également.
M. Garon: Je ne me le rappelle pas. Je me rappelle du promoteur.
Le maire, je ne me souviens pas d'avoir vu un maire de La Plaine.
M. Giasson: C'est de Saint-Lin ou de La Plaine qu'est venu
à la commission le maire avec un groupe?
M. Lavoie: Saint-Lin. M. Giasson: La Plaine.
M. Lavoie: Le notaire de La Plaine est venu.
M. Giasson: Oui, mais le maire était dans un groupe qui
s'est présenté devant nous.
M. Chevrette: II accompagnait les gens du CRD.
M. Giasson: CRD.
M. Garon: Mais il n'avait pas parlé.
M. Chevrette: II a parlé une fois ou deux.
M. Garon: Ah bon.
M. Chevrette: II était ici en retrait et il est venu
s'asseoir; quand on lui a demandé une opinion, il est venu
s'asseoir.
M. Giasson: Egalement, Me Asselin qui est maire d'une des
paroisses du comté de Joliette-Montcalm ou de Berthier, je ne sais trop
dans lequel des deux comtés. Il était accompagné du maire
de Saint-Ambroise-de-Kildare. Donc, ces gens faisaient également des
représentations par rapport à leur municipalité puisqu'ils
s'étaient donné la peine de préparer un plan
d'aménagement de l'ensemble de ces municipalités et ont fourni
maints détails et maintes informations aux membres de la commission.
L'échange avait duré assez longuement.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire quels seraient les cas
éventuels pour lesquels il veut utiliser les pouvoirs de l'article 36?
Est-ce que ce serait dans le cas de l'implantation éventuelle d'une
grosse industrie. Quels sont les phénomènes qui peuvent jouer
afin de permettre au ministre, par-dessus les pouvoirs de la commission, de
modifier une description technique accompagnant un plan provisoire? Quels
seraient les cas où un nouveau plan, en vue de modifier...
M. Garon: En cas de besoin, question hypothétique.
M. Giasson: En cas de besoin, mais sur quels cas possibles?
M. Garon: Une erreur administrative, par exemple.
M. Giasson: Bon, pourquoi n'avez-vous pas jugé bon de
l'inscrire, ce terme, dans votre article 36?
M. Garon: Je vous donne un exemple. Il aurait pu arriver, par
exemple, que sur 614 plans c'est pour cela que je l'avais prévu
à l'article 37 il aurait pu arriver une erreur grossière:
mêler des plans, quelque chose de même. Je me rappelle quand j'ai
demandé d'inscrire cela, j'ai dit: S'il arrivait des erreurs sur un
ensemble de plans comme ceux-là; à un moment donné, il
aurait pu arriver des erreurs il en est peut-être arrivé
je voulais me garder une porte de sortie pour corriger une erreur
administrative ce qui aurait pu arriver étant conscient
aussi que cela pourrait servir à autre chose, si c'était
nécessaire. C'est cela. Il y a une prudence de Sioux là-dedans.
Je savais qu'il y avait, en face de moi, des Comanches sur le sentier de la
guerre...
M. Giasson: Des Comanches?
M. Garon: Doubles d'un caractère de Cheyen-nes et d'une
ruse d'Apaches.
Le Président (M. Boucher): II est temps qu'on avance plus
rapidement dans le projet de loi. Est-ce que l'amendement proposé par le
ministre est adopté?
Des Voix: Sur division.
M. Garon: Cela aurait été encore plus prudent si
j'avais su qu'à la commission parlementaire il y avait le
député de Laval. Je n'avais jamais imaginé qu'il aurait pu
être là.
M. Giasson: Pourquoi pas? C'est un notaire de profession.
M. Garon: Je n'aurais jamais pensé cela.
M. Giasson: Vous voulez toucher immédiatement le droit
immobilier au Québec, je pense qu'il est tout à fait normal.
M. Garon: C'est pour cela, quand il parle, je l'écoute
avec beaucoup d'attention. Je sais que c'est un domaine qu'il
connaît.
Le Président (M. Boucher): Article 36, adopté sur
division tel qu'amendé. Article 37?
M. Garon: A l'article 37 aussi il y a un amendement pour les deux
copies des plans, dans le troisième alinéa de l'article 37.
M. Lavoie: J'aurais un amendement, M. le Président,
à l'article 37.
Le Président (M. Boucher): Vous le proposez comme un
sous-amendement à l'amendement du ministre?
M. Lavoie: On est prêt à accepter tout de suite
l'amendement du ministre sur division, pour ne pas que ce soit un
sous-amendement, puis on va revenir à l'article principal.
Le Président (M. Boucher): Amendement adopté sur
division.
M. Garon: Même cet amendement est adopté sur
division!
M. Lavoie: On n'est pas près de se rapprocher.
M. Garon: Ils ne pourront pas voter pour en troisième
lecture s'ils votent tout sur division comme cela.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Et votre amendement se lirait
comme suit...
M. Lavoie: ...oui, allez-y.
Le Président (M. Boucher): ... "Que l'article 37 soit
amendé en retranchant tous les mots du deuxième
alinéa."
M. Chevrette: Article 37 ou article 38?
M. Lavoie: Article 37. Mon argumentation est très simple
et elle sera très brève. Plusieurs municipalités,
plusieurs personnes sont venues et ont demandé, entre autres, dans le
cas de Laval, dans le cas de Saint-Eustache, dans le cas de Repentigny, dans le
cas de la Communauté régionale de l'Outaouais, que le ministre
modifie le plan qu'il a déposé à l'Assemblée et
comme il a une tête - je n'ai pas dit les animaux qui se sont
promenés dans le parlement aujourd'hui assez dure, c'est du bois
franc, et qu'il ne peut pas se servir de l'article 37, par mesure
d'économie, pour qu'il ne soit pas réimprimé inutilement
dans les statuts du Québec, je demanderais que le deuxième
alinéa... étant donné qu'il ne veut pas du tout modifier
son plan, je vois qu'il n'y a aucune utilité à avoir ce
deuxième alinéa dans le projet de loi.
M. Garon: Oui, mais je ne sais pas quand le projet de loi sera
adopté. On peut en avoir besoin.
M. Lavoie: De toute façon, j'ai fait mon amendement, M. le
Président.
M. Garon: Je vais voter contre l'amendement parce qu'on peut en
avoir besoin. La loi n'est pas encore adoptée.
M. Lavoie: Pouvez-vous envisager que d'ici la fin de la session,
vous pourriez modifier votre plan provisoire à la demande de certains
organismes, certaines municipalités? Si vous ne prévoyez pas
de...
M. Garon: On ne le sait pas. Il pourrait arriver une erreur
manifeste qui ne m'a pas encore été signalée, mais qui me
sera signalée et...
M. Lavoie: II y a beaucoup d'erreurs, mais elles ne sont pas
assez manifestes pour le ministre.
M. Chevrette: M. le député de Laval a peur de voir
arriver le ministre avec de grandes cartes vertes.
Le Président (M. Boucher): Proposez-vous le même
vote qu'aux amendements aux articles 34 et 35.
M. Lavoie: Non. On ne le sait pas.
Le Président (M. Boucher): Alors, on va voter de nouveau.
M. Baril (Arthabaska).
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon). Il n'y
est pas?
M. Garon: II n'est pas là. Il s'est tanné.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Lavoie (Laval).
M. Lavoie: Pour l'amendement.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François). Il n'est pas là?
Une Voix: II n'y est pas. Il serait contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud). . M.
Giasson (Montmagny).
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est rejeté,
cinq contre deux.
M. Lavoie: Du côté ministériel, cela vote
d'une manière monolithique. Je pensais qu'il y avait seulement le
député d'Iberville qui avait fait le voeu d'obéissance.
Cela a l'air qu'ils l'ont tous fait, le voeu d'obéissance.
M. Garon: C'est parce qu'on est unifié.
Le Président (M. Boucher): L'article 37 est-il
adopté tel qu'amendé?
Des Voix: Adopté.
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 38.
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 39.
M. Garon: L'article 38 a-t-il été adopté?
Le Président (M. Boucher): Oui. Article 39.
M. Lavoie: "A compter du dépôt du plan provisoire,
les articles..." Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 40. M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: J'ai des questions de clarification.
Le Président (M. Boucher): Sur l'article 40?
M. Chevrette: Oui, mais si vous voulez le présenter
avant-Une Voix: Pourquoi?
M. Chevrette: On en avait parlé. J'ai des questions
à poser sur l'article 40.
M. Lavoie: II n'y a pas de formalisme. Cela va bien.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, dans le deuxième
paragraphe de l'article 40, il y a une objection qui a été
soulevée par un groupe de mon milieu. Je n'avais pas les réponses
à leur donner et je vais en profiter pour poser des questions qui me
permettraient de répondre à ce groupe. "La construction d'une
résidence en vertu du présent article n'a pas pour effet de
soustraire le lot ou la partie du lot sur laquelle elle est construite à
l'application des articles 28 à 30." Mon interprétation est que
si le cultivateur construit pour un ou plusieurs de ses fils ou son
employé, il doit incorporer le tout dans le prix de la ferme.
L'objection majeure qu'on rencontre, c'est qu'un lot qui n'est pas
soustrait, même si c'est pour son fils... le garçon n'est plus
admissible au prêt bancaire ou au prêt des caisses pour la
construction desdites maisons. C'est le père qui doit tout emprunter en
fonction de la construction des maisons de ses enfants.
A partir de là, on peut penser qu'à la demande de la
commission... Je voudrais poser une première question précise au
ministre à partir de cette interprétation: Est-ce qu'il est
possible que la commission, à la demande d'un propriétaire
foncier, puisse soustraire un lot?
M. Garon: Oui. Je vais vous faire l'historique de cet
article.
M. Chevrette: Je voudrais avoir aussi...
M. Garon: Les producteurs agricoles m'ont demandé ceci
dans leur mémoire du mois de septembre: Que ce soient seulement les fils
travaillant à la ferme à temps plein et les employés de la
ferme qui puissent se construire et habiter la ferme, et que tous les autres
soient exclus de la ferme.
J'ai demandé d'en retourner, intentionnellement. Le
député de Saint-François est témoin. A toutes les
personnes qui sont venues, qui étaient agriculteurs ou dans le domaine
agricole, j'ai demandé ce qu'elles pensaient de cela, sauf, si ma
mémoire est bonne, lorsque j'étais au Cap-de-la-Madeleine,
à l'hôtel Le Sapin bleu. Chez les gens de la
fédération de la Mauricie pas celle de Nicolet il y
a eu comme un flottement chez mes témoins.
Par ailleurs, les autres étaient unanimes. Cela me paraissait,
même si c'était demandé, un peu excessif. Ne même pas
permettre aux fils de se construire... je n'ai jamais pensé,
personnellement, que tout le monde, des familles entières, se
bâtirait à côté de leur père et de leur
mère. Je pense que c'est exceptionnel. Les familles sont rarement des
poulaillers et les enfants, habituellement, les filles, ne se bâtissent
pas à côté de leur maman et de leur papa, ils se
bâtissent à l'endroit où ils travaillent.
Mais il peut arriver dans certains cas qu'il y en ait qui veulent le
faire, par exemple, celui qui va travailler avec son père. Il y en a
d'autres qui vont travailler au village et cela leur donne l'occasion de
travailler avec leur père, ou la fille avec son mari, parce qu'ils
aiment la ferme; pour différentes raisons de cette nature, ils peuvent
le faire.
Cela m'apparaît quand même exceptionnel, pas dans le sens
que cela n'arrive quasiment jamais, mais c'est quand même assez rare.
Or, j'ai pensé qu'on pourrait mettre dans la loi une permission
de bâtir... Remarquez bien que cela s'adresse à la personne dont
la principale occupation est l'agriculture, pas à n'importe quelle
personne qui a une ferme, pas à un gentleman-farmer, pas à un
homme qui a acheté une ferme, qui n'est pas cultivateur.
L'article 40 s'adresse uniquement à la personne dont la
principale occupation est l'agriculture et, d'une façon automatique,
sans l'autorisation de la commission, elle peut construire sur sa ferme une
résidence pour elle-même, ses enfants ou ses employés sans
autorisation.
En vertu des articles 28 à 30, on dit: Tout ce qui fait partie
intégrante de la ferme doit être vendu avec la ferme, sans
autorisation de la commission, mais l'article 28 dit bien qu'une personne ne
peut, sans l'autorisation de la commission, effectuer un lotissement dans une
région agricole désignée. Donc, elle peut en effectuer un
avec l'autorisation de la commission.
A ce moment-là, il s'agissait, sans prévoir un
dictionnaire d'exemptions, de laisser de la souplesse pour que la commission
sache si c'est vraiment l'enfant de l'agriculteur qui se bâtit sur la
ferme, ou s'il s'agit, d'une façon détournée, d'un
développement. J'ai l'impression que la commis-
sion va permettre à un fils d'agriculteur de se bâtir sur
la ferme pour qu'il aide son père, n'est-ce pas? (21 h 30)
Nous avons préféré avoir une loi simple, des
autorisations simples, plutôt qu'une loi fiscale, genre loi de
l'impôt, avec 600 pages en prévoyant tous les cas d'exemption.
C'est plus simple, les gens se retrouvent là-dedans plus facilement.
M. Lavoie: est-ce que ça répond...
M. Chevrette: J'aurais une sous-question. Dans l'hypothèse
d'un père de famille qui a... Cela arrive dans mon coin,
l'électricité est arrivée un peu plus tard que chez les
autres, on a encore d'assez grosses familles dans le milieu rural. Il y a des
pères de famille qui ont une dizaine et même une douzaine
d'enfants...
M. Giasson: A peu près partout au Québec.
M. Chevrette: ... qui travaillent chez les producteurs de
patates. Vous avez des individus qui ont des emplois saisonniers et qui,
dès que le printemps revient, les semences, l'entretien de la
récolte, reviennent travailler sur la terre.
A ce moment-là, s'il y en a trois... Je prends un exemple bien
précis d'un type que je connais, dans une paroisse de
Saint-Thomas-de-Joliette, qui serait prêt à bâtir pour trois
de ses fils qui sont mariés, qui vivent dans une situation d'emploi
temporaire à l'extérieur de la maison pour la période
hivernale, qui reviennent travailler chez eux quand arrive le temps des
semences ou des récoltes, qui demeurent à l'emploi du
père.
Dans la conjoncture actuelle, les trois sont mariés.
M. Garon: Ah.
M. Chevrette: II serait prêt à bâtir. Il a
même prévu les lopins de terre où il devait
éventuellement bâtir pour eux.
M. Garon: Ce sont des fils d'agriculteur.
M. Chevrette: Sauf que le père n'a pas l'argent pour
investir sur les trois maisons. Cela peut être $100 000, alors que, s'il
pouvait lotir, les jeunes pourraient emprunter $30 000 chacun à une
caisse populaire. Je vous dis que ça va créer tout un
problème. Je ne sais pas s'il n'y aurait pas lieu d'aménager la
clause en disant ceci. Remarquez bien que je lance des hypothèses, ce
n'est pas facile, parce que vous voulez éviter la construction des rangs
en entier pour ne pas que ça puisse devenir un commerce. L'objet de mes
propos, ce n'est pas ça non plus.
Dans une situation aussi précise, je ne sais pas si c'est par
règlement, ou par une formule légale de bail
emphytéotique; je ne sais pas comment on peut organiser ça, je ne
suis pas spécialiste des lois. Il n'en demeure pas moins que dans une
situation comme celle-ci qui prouve hors de tout doute que ce sont des gens qui
travaillent sur une ferme, on demande au père un investissement beaucoup
trop lourd.
D'autre part, on sait que les enfants sont prêts à
s'établir pour continuer à travailler, surtout dans le domaine de
la patate ou dans le tabac, vous savez que c'est très saisonnier. Ce
n'est pas dans le domaine du lait où vous pouvez avoir des gens qui
travaillent à l'année avec le père. Dans le domaine du
lait, dans le domaine du porc, ça se comprend, ça s'explique.
Dans le domaine du poulet, ça peut être la même chose. Quand
il s'agit de culture de patates ou de culture du tabac, c'est saisonnier.
Je me suis engagé vis-à-vis d'eux à
présenter le problème. Je me demande s'il n'y a pas une formule
légale. Il y a des juristes beaucoup plus compétents que moi,
mais que ce soit au niveau de la réglementation, au niveau des
directives à donner ou au niveau d'un amendement à apporter, pour
permettre cette chose, parce qu'effectivement, je me suis fait confirmer par un
gérant de caisse, samedi, que ça l'inquiétait. Les
gérants de caisse m'ont expressément dit qu'ils ne prêtent
pas...
M. Giasson: C'est ça.
M. Chevrette: ... quand un lot n'est pas détaché
d'un ensemble.
M. Garon: C'est évident. Cela dépend...
M. Giasson: II n'y aura pas de règlement, ni d'amendement,
ça va être avec la permission de la commission de contrôle.
Tout ce que le ministre nous a dit depuis qu'on discute de cette loi est clair
et net...
M. Garon: On a eu à peu près 15 ou 20 amendements,
jusqu'à maintenant.
M. Giasson: Tout ce que vous nous avez dit concernant ce point
particulier soulevé par le député de Joliette-Montcalm,
est sujet à la permission de la commission de contrôle. En vertu
de l'article 12, vous avez le corridor opérationnel de la commission qui
est très large et c'est elle qui a les pouvoirs. Ce sont les
"guide-lines", les lignes directrices.
M. Lavoie: Pas l'article 12.
M. Chevrette: Ce doit être l'article 28, plutôt. Je
pensais que c'était plutôt l'article 28.
M. Lavoie: Oui, cela a du sens.
M. Chevrette: L'article 28 a de l'allure.
M. Lavoie: L'article 28.
M. Chevrette: C'est de cet article dont vous parliez
tantôt.
M. Garon: Avec autorisation de la commission. On ne peut pas
prévoir tous les cas dans la
loi, quand même on voudrait, même pas par règlement.
C'est préférable de le laisser à la commission. Elle
pourrait demander une autorisation préalable...
M. Giasson: Ensuite, les...
M. Lavoie: J'ai assisté à l'argumentation du
député de Joliette-Montcalm je ne veux en priver personne
on comprend que pour de grandes exploitations laitières, de
maïs ou autres, les grandes terres, les crédits agricoles soient
assez généreux. Pour permettre cela, le bonhomme bâtit une
maison pour son fils ou son employé; il va chez le notaire ou au
crédit agricole et il augmente son prêt en conséquence.
C'est un des moyens, mais c'est assez dispensieux également. S'il a
déjà un prêt de $100 000 et qu'il l'augmente à $130
000, ce sont des frais... mais les notaires sont assez raisonnables.
Mais, comme le dit le député de Joliette-Montcalm, il y a
des terres plus petites, celles pour la culture de la pomme de terre ou autre.
Ces terres sont moins grandes et les prêts hypothécaires moins
généreux.
M. Garon: Pour la pomme de terre, c'est grand.
M. Lavoie: C'est moins grand que pour le maïs,
écoutez...
M. Garon: C'est aussi grand.
M. Lavoie: Disons qu'il a déjà atteint son summum
et qu'il a de la difficulté à augmenter son hypothèque
dans le cas de deux maisons; deux maisons de $30 000, cela fait $60 000. Il
peut être limité dans son crédit, ne pas avoir l'argent.
Cela voudrait dire qu'il ne pourrait pas loger ses fils, il ne pourrait pas
leur bâtir de maisons. Il ne pourra pas obtenir de prêts
spécifiques, soit de la caisse populaire, de la caisse d'entraide
économique ou autre, d'une compagnie d'assurances ou d'une fiducie, il
ne le pourra pas, également, en vertu de votre deuxième
alinéa de l'article 40.
Je vous soumets cette question: II y a d'autres contraintes dans votre
premier alinéa. On dit: Une personne dont la principale occupation est
l'agriculture. Je me sers de l'exemple du député de
Joliette-Montcalm; quelqu'un a une terre à pommes de terre dans le bout
de Sainte-Béatrice ou dans ce coin et travaille sept mois
par année dans la construction, parce que la culture de la pomme de
terre peut aller de mai à septembre.
M. Giasson: S'il entrepose, c'est plus long.
M. Lavoie: D'avril à septembre. Il vend cela pour les
croustilles, commence à cultiver et produit assez rapidement. Il ne les
laisse pas en terre plus longtemps... Si elles se vendent bien, il les sort
plus vite. Attendez une seconde, cela dépend du marché. Mais
disons que...
M. Giasson: Les primeurs...
M. Garon: Les primeurs, c'est au mois de juillet ou au mois
d'août, à la fin de juillet, mais, habituellement, on ne vend pas
tout en primeur. Un champ de primeurs, je n'ai jamais vu cela.
M. Lavoie: Vous me donnez raison, là. Disons que pendant
six mois et demi par année il est dans la construction ou il a un garage
au village, parce qu'il a plusieurs enfants. Pendant cinq mois et demi il
produit des pommes de terre. Est-ce que l'agriculture est encore sa principale
occupation, s'il a un garage au village, douze mois par année, et que
pendant cinq mois et demi il produit de la patate? Alors, il ne pourra pas
bâtir de maison ni pour son fils, ni pour son employé. Il est
limité. Qui va déterminer quelle est sa principale
occupation?
M. Giasson: La commission de contrôle.
M. Lavoie: Moi si j'étais notaire pratiquant et qu'on
demande même une augmentation de son gros prêt agricole pour
bâtir une maison pour son fils... On dit, "sans l'autorisation de la
commission..." Si c'est un notaire consciencieux ou sérieux, il dira: Je
ne prends pas de chance, va à la commission de toute façon. Il va
être obligé d'aller à la commission pour garantir les
titres.
M. Giasson: II va être obligé de faire cela. Si
c'est un lotissement, il n'aura pas le choix.
M. Lavoie: Ce n'est pas le notaire qui va décider. Qui va
décider que sa principale occupation est l'agriculture? Pour se couvrir
de tous bords tous côtés, il va falloir l'autorisation de la
commission. Ce seront encore les permissions et les délais que cela
représente.
En cours de route, on vous souligne les difficultés de votre
projet de loi et c'en est une. On en a déjà parlé et vous
nous avez dit: Cela est un cas... Relié à cela, pourquoi pas les
gentlemen-farmers? Il a dit que cela ne s'appliquerait pas aux
gentlemen-farmers. Je connais des gentlemen-farmers qui ont investi des
milliers de dollars dans des terres, qui font de l'élevage, qui perdent
de l'argent, mais qui produisent énormément dans
l'agro-alimentaire; ils sont peut-être avocats, ils sont peut-être
politiciens, ils sont peut-être ministres de l'Agriculture, mais ils
aiment l'agriculture et ils perdent $50 000 par année avec cela. Ils
aiment faire de l'élevage ou la culture des pommes à Oka. Eux
n'auraient pas le droit de bâtir pour leur employé, pour leur
fermier. Ils n'auraient pas le droit pour leur fermier, même s'ils
produisent dans l'intérêt de la suffisance dans l'alimentation.
Ils n'auraient pas le droit, parce que ce n'est pas leur principale occupation.
C'est une autre difficulté qu'on vous soulève.
M. Baril: Ce n'est pas leur principale occupation. C'est le
revenu qui compte.
M. Lavoie: On va lire la loi. Je ne prendrai pas
l'interprétation du député d'Arthabaska. Je lis l'article
de la loi. "La principale occupation", c'est sûr que s'il est ministre de
l'Agriculture, sa princi-
pale occupation, c'est d'être ministre de l'Agriculture, non pas
d'être gentleman-farmer à Beaumont ou avoir des pommes, être
pommiculteur à Oka. Là, il voudrait que son verger soit en
très bon état, qu'il produise la meilleure qualité des
pommes, "Quebec approved", et tout cela, mais son employé ne pourrait
pas se faire construire. Cela pousse jusque-là votre projet de loi, ce
ridicule pour l'autosuffisance dans l'alimentation? Un dernier point...
Répondez donc à cela, j'en ai un autre. Je vais vous le dire tout
de suite. Il y a des avantages fiscaux, autant au fédéral qu'au
provincial...
M. Garon: C'est vrai.
M. Lavoie:... pour que les gens accèdent à la
propriété, pour que les fils, les jeunes... Il y a des avantages
fiscaux, je pense que ce sont les crédits au logement ou quelque chose
comme cela, où on peut déduire je n'ai pas les chiffres en
mémoire $1000 par année non taxables. C'est vrai, mais en
vertu de votre loi, il ne pourra pas le faire...
M. Garon: C'est un des plus grands "loopholes" de la taxe
fédérale, d'ailleurs.
M. Lavoie: Etes-vous contre cela? Si vous avez des fils qui
veulent se bâtir et qui mettent $1000 de côté non taxables
pendant trois, quatre ou cinq ans pour procéder à la
propriété et être propriétaire de sa maison,
j'espère que vous n'êtes pas contre cela. Il y a des avantages
fiscaux non taxables en vertu de votre article. Le type qui veut se bâtir
ne pourra pas en profiter, parce que la propriété va être
au nom du père. Il ne pourra pas avoir la propriété en son
nom et bénéficier de ces avantages pour avoir accès
à la propriété. C'est pour cela que votre loi, on va vous
l'adopter, comme cela! Vous vivrez avec.
M. Garon: Voyez-vous, ce sera toujours possible de le faire, en
demandant l'autorisation à la commission.
M. Lavoie: Répondez donc aux trois points. Le premier du
député de Joliette-Montcalm, comme le mien, dit qui va
déterminer la principale occupation? Deuxièmement, le
gentleman-farmer, et troisièmement, le crédit au logement.
M. Gagnon: M. le ministre, avant de répondre à ces
trois points, j'aimerais en ajouter...
M. Lavoie: Un autre? C'est sûr, il y en a certainement
d'autres.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, M. le député de Huntingdon avait demandé la
parole.
M. Dubois: Continuez, si c'est sur la même question.
M. Gagnon: Ce serait seulement pour suggérer... Selon moi,
à l'article 40, il y a assurément un problème. Je
comprends le ministre aussi qui ne veut pas ouvrir la porte. C'est bien
compréhensible qu'il ne faut pas ouvrir la porte si on ne veut pas que
se construise un village sur chaque ferme. Il y a des cas bien précis
où cela va créer un problème. J'aimerais que les juristes
puissent peut-être y repenser. On n'a pas fini d'étudier la loi.
Il y aurait peut-être possibilité de faire une modification
quelconque. Je pense à quelqu'un, par exemple, un père de famille
qui est rendu à 50 ans. Il n'y a plus de grandes possibilités
pour lui d'emprunter de l'Office du crédit agricole à cause de
son âge. On va dire que pour aller... A 50 ans, les prêts
commencent à être limités.
M. Giasson: C'est compliqué pas mal. On va demander une
société père et fils, et cela va mieux aller.
M. Gagnon: Oui. On va dire aussi un cas que je connais
bien la rentabilité de la ferme ne permettrait pas la
construction d'une maison d'une trentaine de mille dollars. Si le père a
fait une crise cardiaque et s'il va à la caisse, il a de la
difficulté à emprunter et à assurer son prêt, compte
tenu qu'il est dans une situation où il a de la difficulté
à assurer sa vie. Tout cela complique la situation. Si le fils pouvait
emprunter, à ce moment, il va falloir qu'il donne certaines garanties.
Il va falloir détacher un terrain.
M. Giasson: Une permission de la commission.
M. Gagnon: Je suis d'accord que par la commission, on peut
régler le problème probablement, mais s'il y avait une
possibilité de trouver une formule pour des cas précis comme
ceux-là, sans nécessairement ouvrir la porte. Je ne veux
pas...
M. Garon: Cela va être difficile de prévoir dans la
loi des cas précis comme ceux-là où le père a eu
une crise cardiaque...
M. Gagnon: Non, sans être un cas précis comme
celui-là, je veux dire que s'il y avait une possibilité de
l'amender, parce que dans des cas...
M. Garon: On peut le laisser en suspens et le regarder. On l'a
déjà regardé et ce n'est pas facile. Ce n'est pas facile
de faire un article particulier qui ne laisse pas une ouverture large comme une
porte de grange. Ce n'est pas facile. (21 h 45)
M. Gagnon: Je vais suggérer la réponse que j'ai
donnée chez moi. Je ne sais pas jusqu'à quel point cela aura du
bon sens, M. le ministre. Par exemple, quelqu'un pourrait construire sur un
terrain loti et ce terrain resterait, je ne sais par quelle formule, option
d'achat. La maison ne pourrait être vendue à personne d'autre
qu'au
propriétaire de la ferme le jour où elle serait à
vendre. Donc, en premier lieu, cela devrait être la ferme.
M. Giasson: II n'y a pas de prêteurs qui vont accepter une
telle restriction. Vous changez tout le jeu du marché naturel.
M. Garon: C'est pour cela que l'idéal est de
laisser...
M. Giasson: Si la permission est accordée par la
commission, il faut laisser jouer les règles du marché
naturel.
M. Garon: C'est cela. On ne peut pas prévoir que le fils
trouvera un emploi ailleurs, déménagera et revendra la maison.
C'est impossible de prévoir cela.
Une Voix: ...
M. Lavoie: Adopté sur division, M. le
Président.
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon, sur l'article 40.
M. Dubois: Je voulais indiquer au ministre que je ne trouve pas
cet article tellement réaliste. Je me demande jusqu'à quel point
cela peut rendre service à l'agriculture, si on prend les grandes
exploitations de production maraîchère, et j'en connais plusieurs
au sud de Montréal; quatre, cinq ou six fils peuvent se bâtir sur
la même ferme. 200 acres de production maraîchère peuvent
bien faire vivre quatre ou cinq familles. Là, on arrive avec un
problème majeur.
M. Garon: Prenons un producteur maraîcher associé
avec son fils qui bâtit une maison sur la terre, comme vous le dites, de
400 à 500... De quelle grandeur dites-vous?
M. Dubois: 200 acres de production maraîchère bien
diversifiée. Cela fait bien vivre quatre ou cinq familles.
M. Garon: S'il demande l'autorisation de bâtir sur la
ferme, le fils travaillant avec son père, cela m'étonnerait bien
gros qu'il ne l'obtienne pas.
M. Dubois: Pardon?
M. Garon: Normalement, il devrait l'obtenir.
M. Dubois: II l'obtiendrait. Je pense que les dispositions de loi
le lui permettent étant donné qu'il fait de l'agriculture
à temps plein.
M. Garon: A des fins agricoles. Si le fils travaille avec son
père à la production maraîchère, il peut se
bâtir autant qu'il peut faire une grange.
M. Dubois: Ma question est: Est-ce qu'on rend vraiment service
à l'agriculture de le permettre, finalement? Parce qu'au niveau de la
transmission des biens et de la dissociation, il y aura un problème par
la suite. Remarquez bien que les jardiniers maraîchers ne se construisent
pas des maisons de $30 000, c'est $75 000 souvent qu'ils mettent pour une
maison.
M. Garon: Le problème, c'est qu'il est impossible de
prévoir toutes les possibilités d'exemption. Ce n'est pas
possible. Dans la réalité, ce serait beaucoup plus facile
à trancher.
M. Dubois: On a voulu plaire aux fils de producteurs ou aux
producteurs agricoles en permettant que les fils qui travaillent à la
ferme se construisent. Finalement, je me demande si on rend service parce qu'on
cause des problèmes pour l'avenir. Cela peut être un
élément de problèmes pour l'avenir que de permettre
à quatre ou cinq fils de se construire sur la terre du père.
Enfin, cela fait toujours partie de l'unité de la ferme.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais au moins dire
ceci: II n'y a pas une ferme qui n'a pas un coin de terre inculte, qui n'est
pas propice à l'agriculture.
M. Giasson: II y en a beaucoup au Québec
présentement.
M. Chevrette: Je vous dis que dans ma région il y a
toujours une pointe isolée par un mosus de ruisseau et quand on fait du
labour avec des charrues de 20 pieds et des grosses machines, on ne va pas
labourer des terres de même sur une butte quand il y a à peu
près 150 pieds. Je suis allé voir des terrains moi-même,
samedi...
M. Giasson: On prend des chemins d'entrée pour aller dans
ces cavités.
M. Chevrette: ... à Saint-Paul-de-Joliette où je
demeure. S'il y a deux buttons séparés par un ruisseau, cela fait
partie de la terre d'un individu. C'est bien évident que tu ne mettras
pas de la machinerie lourde là-dessus pour risquer de se prendre et de
la briser. On n'est plus à l'ère du labour avec un boeuf et une
petite charrue à deux manchons. Il faut bien comprendre cela et il y a
des coins accidentés, tout à fait naturels, qui donnent sur la
façade d'un chemin, qui auraient, à mon sens... Bien sûr,
la commission pourrait toujours avoir à trancher et dire: Pour ce lopin,
il n'y a pas de problème.
Je suis prêt à aller jusque-là, à
reconnaître que la commission devra être cohérente. Je suis
prêt à dire aussi que l'article 40 ne doit pas permettre de
bâtir un village sur chaque terre. Mais, par exemple, si j'avais la
conviction que les gens qui seront nommés à la commission
je ne les connais pas moi non plus, je ne sais pas qui ils vont être
s'il fallait qu'ils soient le moindrement
sévères, on risquerait, dans certains milieux, en tout
cas... c'est vrai qu'on n'est pas tous dans la plaine du Saint-Laurent, il y a
des terres accidentées, il y a des terres qui ne sont pas propices trop
trop à l'agriculture. Il y en a des morceaux sur des terres. Je le sais,
j'en vois à longueur de journée dans mon propre milieu des terres
peintes en vert en maudit. Je n'ai rien contre cela. Je suis très
heureux que ce soit peint en vert. Mais la souplesse...
De toute façon, je serais prêt à proposer sa
suspension jusqu'à demain, parce que ce n'est pas une formule. Si on
n'en trouve pas une, au moins, on aura cherché,
élégamment. Et il y a des arguments des gens qui nous disent:
Ecoutez une minute. J'aime mieux avoir mes fils pour travailler deux jours par
semaine, à $5 ou $6 l'heure, s'il le faut, que d'engager une
main-d'oeuvre à $3 qui me casse tout. Je ne peux pas toujours les avoir,
mais ce sont mes garçons, ils sont près de moi et ils peuvent me
donner un coup de pouce.
Ce sont des arguments, sur le plan humain, qui me frappent
énormément.
M. Garon: Moi aussi. Mais de là à mettre le
garçon sur une butte, au diable vauvert, il va lui falloir faire un
chemin bord en bord de la terre et faire un pont pour traverser le
ruisseau.
M. Chevrette: Non, ce n'est pas cela.
M. Giasson: Mais il faut une permission pour bâtir le
chemin dans le bon sol arable aussi.
M. Chevrette: Mais M. le ministre, j'ai apporté cet
argument et ils m'ont dit: Tu ne peux plus faire ce chemin. L'Union des
conseils de comté de Joliette-Montcalm...
M. Garon: Tu peux faire un chemin certain. Tous les cultivateurs
ont un chemin sur leur terre.
M. Chevrette: Ils ne peuvent pas construire de chemin à
l'intérieur d'une terre, ce n'est pas cela.
M. Garon: Non.
M. Chevrette: On pourrait mettre des restrictions aussi
bêtes que celles-ci: que c'est dans le même sens que la
façade de la maison actuelle, avec des terrains de 26 000 pieds
carrés, prévoir une fosse septique et un puits, pour qu'il n'y
ait pas de pollution. Cela pourrait être aussi limiter, faire un quota X
et dire que cela prend l'autorisation, sur une terre propre à
l'agriculture... Je ne sais pas.
Je sais que c'est complexe, mais je demanderais l'ajournement sur
ce...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres sont
d'accord pour suspendre l'article 40? L'article 40 est suspendu. Article
41.
M. Garon: A l'article 41, il y a un petit amendement, pour tenir
compte encore de quelques mémoires.
M. Giasson: Le ministre des Communications peut jeter un coup
d'oeil, services d'utilité publique.
M. Garon: Non, voyez-vous, c'est parce qu'on ne veut pas que les
gars qui posent un poteau de téléphone à une maison
demandent une autorisation pour poser un poteau de téléphone.
M. Lavoie: Pourquoi pas? M. Garon: Bien non.
M. Lavoie: Quant à en demander, on est aussi bien d'en
demander. Ce n'est pas une de plus ou une de moins.
M. Giasson: Pour moi, le ministre a reçu des demandes
formulées par son collègue ministre des Communications.
M. Garon: Non, non. J'ai vu les gens des compagnies de
téléphone, des compagnies d'électricité, des
compagnies de gaz et comme c'est un projet de loi réaliste, basé
sur le bon sens, on dit que cela a du bon sens.
M. Lavoie: C'est-à-dire que tant que les gros font des
pressions, vous les entendez. Les grosses compagnies d'utilité publique,
vous acquiescez à leur demande, mais quand les municipalités et
les contribuables viennent, vous n'accédez pas à leur
demande.
M. Garon: Les municipalités sont comprises.
M. Lavoie: Le gros ministre acquiesce seulement aux grosses
représentations.
M. Garon: II y avait des grosses compagnies cet après-midi
et vous voyez. Article 41. "Une corporation municipale, une corporation de
comté, communauté ou tout organisme public, ou un organisme
fournissant les services d'utilité publique peut, sans l'autorisation de
la commission, utiliser un lot situé dans l'aire retenue pour fins de
contrôle à des fins municipales" vous voyez, municipales "ou
d'utilité publique, identifiées par règlement".
M. Giasson: Un instant. M. le ministre, si l'amendement que vous
venez de lire était adopté, je pense qu'il ne serait pas mauvais
de définir les services d'utilité publique.
M. Garon: Ce n'est pas nécessaire.
M. Giasson: Ce n'est pas nécessaire, on a défini
d'autres termes utilisés dans la loi.
M. Garon: Oisons qu'on a parlé aux experts en
législation et on a dit: Un service d'utilité publique, c'est
tellement évident que ce n'est pas nécessaire de le
définir.
M. Giasson: Une corporation municipale, cela doit être
assez évident et c'est défini.
M. Lavoie: Une corporation municipale! Avez-vous parlé au
même légiste?
M. Garon: Non, des corporations municipales, il peut y en avoir
plusieurs.
M. Lavoie: II y a des corporations de ville, des corporations de
campagne et quelle autre existe-t-il à part cela? Des communautés
urbaines, mais ce ne sont pas des corporations municipales.
M. Garon: Non, on avait une définition qui englobait six
ou sept différents types, l'autre fois.
M. Giasson: Vous avez des corporations de cités et villes
et des corporations rurales, des corporations régies par la Loi des
cités et villes et des corporations régies par le Code
municipal.
M. Garon: II y en a plusieurs.
M. Giasson: Je n'en vois pas d'autres en dehors de ces deux
catégories. Vous avez des corporations qui peuvent administrer des
territoires non organisés, mais cela demeure des corporations
municipales tel que prévu au Code municipal. Ce n'est pas une
spécificité autre que celle qui est décrite au Code
municipal.
M. Garon: J'ai dit que la définition qui
précédait celle qu'on a actuellement était beaucoup plus
complexe. A toutes fins utiles, ce n'est pas autre chose que le
téléphone, l'électricité, l'essence, cela va
être inclus dans les règlements.
Une Voix: L'Hydro-Québec.
M. Garon: L'électricité.
M. Giasson: Les coopératives.
M. Garon: II n'en reste qu'une coopérative, je pense.
M. Lavoie: L'Hydro-Québec ne sera pas tenue à
votre...
M. Garon: C'est un organisme public.
M. Giasson: Oui.
M. Lavoie: Ce serait couvert pas cela.
M. Garon: L'Hydro-Québec était couverte par
"organismes publics".
M. Lavoie: Ce qui veut dire que, maintenant,
l'Hydro-Québec n'a plus besoin d'autorisation pour ses lignes.
M. Garon: Comment cela?
M. Lavoie: Vous les excluez ici.
M. Garon: Bien non!
M. Lavoie: Fournissant des services d'utilité publique
elle fournit l'électricité et sans autorisation de
la commission, ... utiliser un lot dans l'aire retenue pour fins de
contrôle..."
M. Garon: Bien non! Où avez-vous vu cela? A quel
article?
M. Giasson: A l'article 41, tel que rédigé. M.
Lavoie: A l'article 41, tel que rédigé. M. Garon: Bien
non!
M. Lavoie: Ou un organisme fournissant des services...
M. Garon: C'est identifié par règlement, le fil qui
va à la maison pour transporter l'électricité, ou quand
ils posent un fil dans la terre ou quand ils posent un poteau parce que la
maison est éloignée du chemin...
M. Lavoie: De la façon que je le lis, c'est que
l'Hydro-Québec qui voudrait passer une ligne de transmission de la baie
James de 200 pieds de large...
M. Garon: Ah non!
M. Lavoie: C'est couvert, ils sont exemptés par l'article
41.
M. Garon: Bien non! Ce ne serait pas dit dans le
règlement.
M. Lavoie: Ah!
M. Garon: Le règlement existe pour apporter un service
dans une maison, dans une aire définie. Vous n'avez jamais vu comment
l'électricité est installée par l'Hydro-Québec?
M. Lavoie: Vous allez modifier le règlement que vous nous
avez soumis?
M. Garon: Oui. Je vous l'ai dit que c'était une oeuvre
d'art que nous ciselions jusqu'à la dernière minute.
M. Lavoie: Elle va être tellement ciselée que ce ne
sera pas de l'art roman; cela va être de l'art gothique tellement que
cela va être ciselé.
M. Giasson: Grotesque. M. Lavoie: Oui, baroque.
M. Garon: Le gothique, ce n'est pas si laid.
M. Lavoie: C'est très beau.
M. Garon: C'est très beau, j'aime cela.
M. Lavoie: Ce n'est pas la ligne du ministre, par contre, c'est
très élancé le gothique.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement...
M. Giasson: Le ministre est plutôt dans le roman, lui.
M. Lavoie: Le roman parce qu'il nous amène au Xllle
siècle, à peu près.
M. Garon: Vous savez que les lignes rondes sont les lignes de
l'infini. Si vous avez lu Teilhard de Chardin dans "Phénomènes
humains" quand il parle de l'alpha et de l'oméga, et du rôle que
jouent la spirale et le cercle...
M. Giasson: Le Corbusier pratiquait cela aussi.
M. Garon: Vous voyez, à un moment donné, que les
formes rondes sont les formes les plus universelles, les plus cosmiques.
M. Giasson: Les plus féminines, aussi.
M. Lavoie: Je pense que le ministre aurait dû
s'arrêter plus vite dans Teilhard de Chardin, il a été trop
loin.
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
41 est-il adopté?
M. Lavoie: Un instant!
M. Garon: II me semblait que c'était un bel amendement.
Vous ne pouvez pas ne pas être contre cela, c'est une recommandation des
gens qui sont venus se faire entendre.
M. Lavoie: Pourquoi soumettez-vous les municipalités
à une réglementation du gouvernement? Vous ne faites pas
confiance aux municipalités, s'ils ont un parc industriel ou s'ils
veulent bâtir un garage municipal ou un incinérateur ou quoi que
ce soit, ils ont déjà une protection, les municipalités ne
feront pas de folies. Pourquoi, en plus d'une tutelle sur l'aménagement
du territoire, leur imposez-vous une autre tutelle pour l'usage de leur propre
terrain qui leur appartient à eux?
M. Garon: Concernant le projet de loi sur l'aménagement du
territoire, vous aurez peut-être l'occasion, avant longtemps, de voir ce
qu'il y a dedans. Vous pourrez peut-être voir que l'harmonisation entre
les deux lois... (22 heures)
M. Lavoie: Répondez à ma question, on n'est pas
à la période des questions, en Chambre, où vous ne
répondez jamais.
M. Garon: Je réponds toujours.
M. Lavoie: Pourquoi impose-t-on une double tutelle aux
municipalités? Vous leur avez déjà enlevé
l'aménagement de leur territoire...
M. Garon: ...
M. Lavoie: Laissez-moi terminer, M. le ministre, vous me donnerez
une réponse globale. Pourquoi est-ce qu'une municipalité, sur son
propre terrain...
M. Garon: Oui.
M. Lavoie: D'ailleurs, c'est prévu un peu plus loin, dans
la loi, où il y a des parcs industriels. Si une ville veut bâtir
sur son propre terrain à des fins municipales c'est prévu
dans son propre règlement municipal vous lui imposez une
deuxième tutelle, actuellement. Il va y avoir un pouvoir de
réglementation à tout. Les municipalités sont là
pour... Ce sont des agents actifs de l'économie, du mieux-être
québécois, pourquoi leur imposez-vous un deuxième carcan,
une deuxième réglementation du gouvernement pour la protection du
territoire agricole? Elles sont déjà soumises à la
Commission municipale, en plus.
M. Garon: II y a plusieurs municipalités qui ont dit
qu'elles étaient d'accord avec moi, avec le projet de loi. Encore
avant-hier, on disait: Les maires des municipalités sont d'accord avec
Garon. Je reçois des télégrammes tous les jours de maires
qui disent qu'ils sont d'accord avec le projet de loi, pas le principe.
M. Lavoie: Non, mais répondez donc à ma
question.
M. Garon: Non, c'est à des fins d'exclusions. Vous en avez
eu un échantillon dans le projet de règlement que nous avons
déposé la semaine dernière. C'est ce qui va être mis
dans le règlement. Le règlement pourra, au fil des années,
comprendre les exemptions additionnelles.
M. Lavoie: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement est
adopté sur division et l'article 41 est adopté...
M. Lavoie: Je n'aime pas plaider dans le désert, surtout
pas devant un sourd qui est dans le désert.
Le Président (M. Boucher): ... tel qu'amendé sur
division. Article 42.
M. Lavoie: Dans combien de temps?
M. Giasson: L'article 42 prendra effet dans combien de mois? Cela
va porter dans combien de mois, M. le ministre? Approximativement,
naturellement, cela ne peut pas être...
M. Garon: Cela va dépendre du rythme auquel les
municipalités vont préparer leurs contrepropo-sitions sur la
protection du territoire agricole.
M. Dubois: Est-ce qu'il y a plusieurs municipalités qui
vous ont fait part qu'elles étaient prêtes, que leur plan
était tout fait...
M. Garon: Oui, il y en a un certain nombre.
M. Dubois: Ils attendent que la commission soit
formée.
M. Garon: C'est une pomme rouge, je vais me dépêcher
de la manger pour que la couleur disparaisse.
M. Lavoie: Est-ce que vous prévoyez, d'après les
effectifs que la commission va avoir, surtout beaucoup d'enquêteurs et
tout, dans combien de temps la zone agricole finale pourra être
définie dans la première phase soit les 614 municipalités?
Est-ce que vous pensez que d'ici à une couple d'années cela
pourra être fait?
M. Garon: Je pense que les municipalités vont vouloir
procéder rapidement. Il yen a qui m'ont déjà dit: On est
tellement contentes du plan provisoire qu'on va marcher longtemps avec
ça. Les municipalités n'ont pas toutes la même hâte
de venir discuter. Il y en a qui sont pressées, il y en a qui ne le sont
pas. Cela va dépendre de chacune.
M. Dubois: Celles qui ont plusieurs terrains et tous les services
sont peut-être moins pressées que d'autres.
M. Giasson: C'est ça.
M. Garon: Les gens commencent à se rendre compte, les
municipalités qui sont... Evidemment, quand, au conseil municipal, les
gens sont dans le commerce, ils espèrent une augmentation de la
population pour avoir un chiffre d'affaires accru dans leur commerce.
M. Dubois: Cela va de soi.
M. Garon: Quand les gens, au niveau municipal, n'ont pas
d'intérêts personnels eux-mêmes, le développement
domiciliaire pour lui-même n'est pas un objectif très attirant,
parce qu'il fait augmenter les taxes de tout le monde.
M. Giasson: Pardon, M. le ministre. M. Dubois: Quand c'est
bien planifié...
M. Giasson: II y a des cas qui vont jouer totalement à
l'inverse. Dans ma municipalité, les édiles municipaux sont
cultivateurs à très forte majorité. Ce qu'ils
désirent, c'est de la construction nouvelle le long des rangs, parce que
cela ne leur coûte pas un sou de services additionnels; ces nouveaux
résidents contribuent à augmenter, à accroître le
volume des taxes, ce qui permet de diminuer le taux de tarif dans le $100 de
l'évaluation pour tout le monde, parce que ces municipalités qui
sont rurales, dans lesquelles il n'y a pas de village, ne donnent à peu
près aucun service. Il n'y a pas de service de police, pas de service
d'éclairage de rue, pas d'aqueduc et d'égouts. Donc la charge
principale, c'est l'entretien des chemins d'hiver. Et plus vous allez avoir des
citoyens qui vont être construits en bordure des rangs, plus vous entrez
de taxes par le volume de participants, de contribuables, donc vous avez des
possibilités soit de réduire le taux dans le $100 ou de le
maintenir à son niveau actuel.
C'est exactement la situation, là, je vous donne une description
parfaite de ce qu'on vit dans la municipalité, chez moi.
M. Baril: Par contre, M. le député, vous savez
aussi qu'il n'y a rien de plus fatigant pour une municipalité que
d'avoir des journaliers qui restent dans les rangs, parce qu'eux, à 5
heures ou à 6 heures le matin, il faut que le chemin soit ouvert pour
leur permettre d'aller travailler et quand le gars ne passe pas ou qu'il y a
une tempête, beau temps, mauvais temps, il faut qu'il y aille. Tandis que
nous, les cultivateurs, nous sommes habitués dans les rangs puis on
n'attend pas 2 ou 3 jours, c'est bien entendu...
M. Giasson: Je regrette, chez moi, les travailleurs s'en vont
à leur travail à la même heure que les autobus scolaires.
Je vous assure que cela ne change pas grand-chose.
M. Baril: Ouais! Ouais!
M. Chevrette: Ça commence tard par chez vous ou bien les
jeunes commencent de bonne heure.
M. Giasson: Ce sont les jeunes qui commencent trop à bonne
heure.
M. Baril: II y a des inconvénients quand même.
M. Dubois: Je pense que cela vaudrait la peine d'étudier
cet article avec les explications... Il y en a qui se construisent le long des
chemins ruraux, puis, comme le disait le député de
Montmagny-L'Islet, il n'y a pas de frais à imposer à la
société parce qu'il n'est pas question d'avoir des subventions
pour des maisons construites le long des chemins ruraux tandis qu'au niveau des
services municipaux, c'est très dispendieux pour la
société, quand vous arrivez avec des subventions de millions. Je
prends seulement une petite paroisse comme Saint-Isidore, dans le comté
de Huntingdon, qui a besoin de $3 400 000, pour une population d'environ 600
personnes. Je trouve que c'est plutôt dispendieux. Alors, si on
permettait, pour les fils de cultivateurs, de construire le long des
chemins.
Une Voix: $3 millions?
M. Dubois: $3 400 000, pour 600 résidents, et il n'y a pas
d'autre porte de sortie. C'est cela.
Une Voix: Ah! Ah!
M. Dubois: Ah! bien écoutez, le ministre a fait l'offre de
$3 400 000 et ils en veulent $3 700 000, alors c'est pour cela qu'ils ne se
sont pas encore arrangés.
M. Gagnon: Vous avez des contacts, vous. M. Garon: Les
chemins municipaux?
M. Dubois: Non, pour égouts et aqueduc. Enfin, c'est une
charge pour la société quand même. Il y a $3 400 000 qu'on
a offerts, en subvention, sur une base de 10 ans. Ces besoins-là, on va
les amplifier de plus en plus par le fait qu'on ne peut plus construire le long
des chemins ruraux. Je ne serais pas d'accord pour que tout le monde construise
d'une façon sauvage mais, pour les fils de cultivateurs qui travaillent
sur la ferme, je serais bien d'accord qu'on les laisse se construire, qu'on les
laisse retirer leurs lots parce qu'on élimine un problème d'un
côté, on élimine aussi une charge nationale.
M. Chevrette: Oui, mais le long des routes, je veux dire le long
des chemins de ligne...
M. Dubois: Non, je parle sur une ferme, les fils de producteurs
qui travaillent pour leur père, mais qu'on puisse retirer ces lots,
quand même. Qu'ils ne doivent pas nécessairement être
revendus avec l'exploitation. Mais, d'un côté, je pense qu'il faut
aller à peu près dans le milieu, parce que finalement, on va
forcer ces fils-là à aller se construire dans le village et on va
pousser encore plus de services municipaux.
M. Beauséjour: Oui, mais je pense à l'article 42,
là.
M. Dubois: Ces 2 articles, je pense qu'ils devraient être
étudiés ensemble, parce que les 2 se rejoignent de
près.
M. Beauséjour: Merci.
Le Président (M. Boucher): L'article 42 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Lavoie: Le ministre n'a pas répondu à ma
question. Est-ce que vous prévoyez quand même... Vous avez fait
une planification; d'ici à une couple d'années, cela pourrait
être réglé avec toutes les municipalités.
M. Garon: Selon les besoins de la population, selon le rythme des
demandes.
M. Lavoie: Vous n'avez pas prévu, un an, 2 ans, 3 ans.
Quand même, avant de décider de mettre 614 municipalités,
avant de décider d'avoir une commission de 7 membres, avant de
décider qu'il n'y ait qu'une commission, qu'il n'y ait pas de commission
au niveau régional, avant de décider qu'il y ait des bancs de 3,
vous devez avoir prévu combien de temps cela allait prendre pour les 614
municipalités.
M. Garon: Ce n'est pas véritablement 614. Il y en a 541
qui ont un plan provisoire. Il y en a 52 qui n'ont pas de plan du tout.
M. Lavoie: Une autre chose également. Durant cette
période, si cela prend une couple d'années, vous allez
peut-être imposer d'autres zones protégées?
M. Garon: Je ne sais pas!
M. Lavoie: Répondez-moi, quand même, vous êtes
payé pour être ministre. Est-ce qu'il va y en avoir d'autres,
d'autres régions, au Québec?
M. Garon: Cela dépend du gouvernement; je ne peux pas
présumer. Question hypothétique, c'est le gouvernement qui va
décider.
M. Lavoie: Mais vous, qui êtes responsable de la protection
des terres agricoles, de l'autosuffisan-ce dans l'alimentation, etc., vous avez
un mot à dire dans cela.
M. Garon: Je suggère.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez l'intention de proposer, dans un
délai de X mois, d'autres zones qui vont s'ajouter aux 540 que vous
avez?
M. Garon: On va regarder comment cela va aller et selon les
besoins, selon le rythme de fonctionnement, à ce moment... C'est
difficile à dire, c'est mieux d'attendre les
événements.
M. Gagnon: Mais la volonté politique est de
protéger tout le territoire agricole du Québec,
éventuellement?
M. Garon: Oui, mais vous allez voir qu'il y aura d'autres mesures
qui vont venir; c'est un domaine délicat, il ne faut pas trop
parler.
M. Lavoie: Est-ce que vous n'avez pas dit, dans une
déclaration publique que, dès le début de l'année
prochaine janvier ou février il y aurait d'autres zones
protégées? Avez-vous dit cela oui ou non?
M. Garon: Non, il y en a qui ont dit dans six mois, j'ai vu des
articles là-dessus. J'ai toujours été assez évasif;
j'ai dit: cela veut dire dans six mois, un an, deux ans, cela dépend.
Voyez-vous, on est dans une matière délicate.
M. Lavoie: Vous le reconnaissez, là?
M. Garon: J'ai toujours été prudent, c'est pour
cela que le 9 novembre, quand cela a été
déposé.
les gens ont été surpris. Je n'avais jamais donné
d'indication personnellement et si j'avais pu, jusqu'à la fin, garder
tout confidentiel, mais c'est moins facile à la fin.
M. Lavoie: M. le Président, devant ces propos
incohérents et évasifs, nous sommes prêts à adopter
l'article 42 sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 42 adopté sur
division.
Demandes d'autorisation
Article 43.
M. Garon: Article 43...
M. Lavoie: Un instant. Ce n'est pas une contribution
nécessairement positive de galoper sur un projet de loi d'une telle
importance, M. le député d'Iberville.
M. Beauséjour: Arrêter de parler et lisez, cela va
aller plus vite.
M. Lavoie: Apportez donc une contribution ou retournez donc dans
votre patelin.
M. Lavoie: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 44.
M. Lavoie: Le ministre n'a pas d'amendement à 44?
Le Président (M. Boucher): Non, le prochain amendement est
à 45.
M. Lavoie: Pour la question des auditions, vous n'avez pas
l'intention, au lieu de les rendre facultatives, de les rendre au moins
obligatoires? "... elle peut aussi tenir une audition publique".
M. Garon: Si c'est nécessaire. Si elle a tous les faits et
sait qu'elle a tous les faits. Nous sommes en droit immobilier, comme vous le
disiez, et c'est du droit beaucoup plus écrit que n'importe quel autre
droit, on n'est pas dans les accidents d'automobiles ou des choses du genre.
Habituellement, la plupart des renseignements dont on a besoin sont
écrits. Si une audition est nécessaire, elle va appeler une
audition.
M. Lavoie: Pourquoi, pour la protection du contribuable ou du
justiciable... Il n'y a pas seulement des questions de droit, il peut y avoir
des questions de faits pour qu'il puisse établir que sa principale
occupation est l'agriculture ou autre. Qu'il y ait une audition publique, oui,
si le justiciable le demande; c'est un strict minimum, avant de se faire juger,
des décisions qui seraient pas mal importantes. Si la commission dit:
Non, on n'en tient pas d'audition publique et s'il a des témoins
à apporter, etc., il pourrait même se faire refuser une audition
publique. Est-ce que c'est ce que cela veut dire? (22 h 15)
M. Garon: Non. Cela veut dire justement que ça prend une
preuve par témoin. S'il demande une audition publique, il va l'avoir.
C'est pour lui permettre de tenir une audition publique, tandis que la
requête est là pour permettre à la commission de tenir des
auditions publiques, non pas pour lui dire qu'elle ne tiendra pas, mais pour
lui permettre d'en tenir. C'est pour l'habiliter à en tenir.
M. Lavoie: Pourquoi n'ajoutez-vous pas un petit
élément? C'est sûr que s'il y a une audition qui est assez
simple, uniquement sur des questions de fait ou de droit surtout qu'il
va y avoir des frais et tout cela la personne concernée ne
tiendra pas, dans certains cas, à avoir une audition publique, elle ne
l'exigera pas. Si le justiciable juge à propos que, pour la protection
de ses droits, il y a avantage à avoir une audition publique, pourquoi
ne lui donnez-vous pas au moins ce minimum? C'est comme si, dans un
procès, les tribunaux avaient le droit de ne pas tenir d'enquête.
Ils pourraient dire à l'avocat: Envoyez-moi votre plaidoirie, l'avocat
de la poursuite et l'avocat de la défense, et il n'y aura pas
d'audition. Cela va jusque là.
M. Garon: Pas dans ce sens. Regardez le deuxième
alinéa, par exemple. On dit: Elle peut également requérir
du demandeur des renseignements et des documents qu'elle juge pertinents.
M. Lavoie: Oui, mais elle peut siéger en catimini, in
camera, elle peut exiger cela aussi.
M. Garon: Je comprends, mais ce dont elle a besoin surtout, c'est
d'avoir tous les renseignements nécessaires. La plupart du temps, en
droit immobilier, ce sont des documents écrits. S'il est
nécessaire d'avoir une audition publique, elle va être heureuse
d'en tenir. C'est pour lui donner...
M. Lavoie: Oui, mais c'est du droit qui va rester dans les
statuts pendant des années. Dans cinq ans, peut-être que le
ministre ne sera plus là, ou il sera peut-être encore là.
Les commissaires qu'il va nommer lui-même seront peut-être encore
là, ou c'en sera d'autres. Ce sont des lois qui restent dans les
statuts. Pourquoi donner la discrétion absolue à la commission de
dire: On n'aura pas d'auditions. Il y a des droits essentiels, des droits
importants des gens. La commission pourrait dire: On a trop d'ouvrage. On est
assez éclairés. Pas d'auditions. Je ne vous force pas à en
tenir dans tous les cas, mais à la demande d'un justiciable et il
est même appelé à payer les frais de cela en vertu de votre
réglementation c'est une garantie minimale dans notre tradition
de sauvegarde de nos droits. C'est comme si je disais que la Cour provinciale
ou la Cour supérieure n'est pas obligée de tenir un
procès. C'est la
même chose. S'il ne juge pas à propos... Ecoutez, on
pourrait faire...
M. Garon: Ce n'est pas un procès... M. Lavoie: Ce
n'est pas un procès.
M. Garon: Regardez bien l'article. Lisez-le comme il le faut:
Avant de rendre sa décision...
M. Lavoie: C'est comme la commission Cliche, il pourrait vous en
parler, le député de Joliette-Montcalm. Il dirait: Pas
d'audition, amenez-nous les dossiers. Ceux qui ont des représentations
à faire, plaidez par écrit et envoyez-nous cela. Pas de
témoins, pour ne pas se faire éclairer. S'il n'y a pas
d'audition, il n'y a pas de témoins et il n'y a pas de renseignements
supplémentaires. Je vous dis qu'elle est épouvantable votre loi!
Ce sont des cas comme cela, ce sont des accrocs aux libertés des
gens...
NI. Garon: Regardez ce qui est écrit. Avant de rendre sa
décision, la commission doit donner au demandeur et à tout
intéressé doit donner l'occasion de faire des
représentations écrites. Elle peut aussi tenir une audition
publique. On est en droit immobilier. Ce sont tous des écrits dans ce
domaine.
M. Lavoie: II y a un paquet de faits. Si le fils veut se
bâtir ou si trois fils veulent se bâtir sur la terre, ce n'est pas
dans les titres. Ce n'est pas écrit. Ce n'est pas du droit immobilier.
C'est le père qui va venir expliquer pourquoi il veut avoir ses fils
là pour obtenir une autorisation de la commission. Il ne peut pas tout
couvrir dans un écrit. Une fois que les écrits sont rendus, le
dossier est quasiment fermé, surtout s'il y a un paquet de cas devant la
commission, les commissaires, pour être plus expéditifs, vont
dire: On est prêt à rendre le jugement.
M. Garon: On va regarder cela.
Le Président (M. Boucher): Article 44, suspendu?
M. Lavoie: Pardon?
M. Chevrette: Vous allez être obligés de voter pour,
si on change cela.
M. Ouellette: Iriez-vous jusque là? M. Lavoie: On
est encore loin.
M. Ouellette: Iriez-vous jusqu'à voter pour, si on vous
écoutait?
M. Lavoie: Sur un amendement mineur comme cela, voyons! Il
faudrait que tous les articles soient refaits, surtout l'esprit. Il faudrait
que la mentalité de la loi soit changée avant qu'on vote
pour.
M. Ouellette: Le problème est majeur, mais l'amendement
est mineur et pourtant, il règle le problème.
M. Lavoie: Ecoutez! Le civisme, c'est une multitude de petites
choses. Ce n'est pas parce que vous êtes en faveur d'une petite chose que
l'atmosphère est tout à fait bonne. Si vous étiez
prêts à accepter au moins 150 amendements qu'on vous ferait,
peut-être qu'on voterait pour et 150, ce n'est pas limitatif.
M. Ouellette: Quinze abolitions de...
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a consentement
pour suspendre l'article 44?
M. Lavoie: M. le Président, on aurait un amendement; le
ministre pourra le considérer. Au lieu d'attendre qu'il nous donne sa
décision sur ce point, pour faciliter les travaux, nous allons exiger,
demander, avec le plus d'insistance possible, qu'il y ait appel. Nous allons
proposer un amendement au dernier alinéa, où il est dit: Sous
réserve de l'article 18, la décision de la commission est finale
et sans appel. Nous allons demander, étant donné que c'est
beaucoup plus qu'un tribunal administratif beaucoup plus que cela, je ne
répéterai pas encore toutes les implications un droit
d'appel à la Cour provinciale du Québec, et je vais vous dire
pourquoi. Il y a des tribunaux administratifs, c'est vrai, où il n'y a
pas d'appel mais ils n'ont pas les implications de cette commission. Je vais
vous en donner un exemple: Au tribunal de l'expropriation, qu'on pourrait
considérer comme un tribunal administratif, un droit d'appel existe sur
l'indemnité, à la Cour provinciale. Si vous allez devant le
Tribunal de l'expropriation, que le tribunal vous accorde $20 000 et que vous
n'êtes pas satisfait, vous pouvez faire appel à la Cour
provinciale.
Ici, c'est encore plus grave; c'est même de l'expropriation sans
indemnité. C'est beaucoup plus qu'administratif. Vous allez le prendre
en considération et dire: Vous avez déjà dit que ce n'est
pas un tribunal d'experts comme ici dans l'agriculture, etc. Je vous dirais que
la Cour provinciale est assez polyvalente; si elle peut traiter autant des quo
warrante que des mandamus, des accidents d'automobiles, des dommages et
même je ne suis pas un avocat, je ne veux pas m'aventurer dans
toutes sortes d'affaires des réclamations de
dommages-intérêts, etc., sur l'expropriation, je pense que, s'ils
sont capables de se dépatouiller dans tous ces domaines, ils sont
capables de se dépatouiller dans une décision finale dans
l'application de votre loi. Pensez-y, l'article est en suspens mais nous allons
y revenir avec un droit d'appel à la Cour provinciale à cause des
nombreuses implications de cette loi.
Le Président (M. Boucher): L'article...
M. Lavoie: Je propose mon amendement immédiatement si le
ministre et la commission n'ont pas d'objection.
Le Président (M. Boucher): Qu'on le mette en suspens lui
aussi?
M. Lavoie: Oui, tout l'article est en suspens.
Le Président (M. Boucher): L'article est en suspens ainsi
que l'amendement. L'article 45.
M. Garon: A l'article 45, on a un petit amendement à
proposer. Je pense que vous en avez reçu le texte. Vous voyez qu'on
propose un tas d'amendements; on ne fournit pas d'écouter vos
représentations; on ne peut pas toutes les écouter. "La
commission peut autoriser, aux conditions qu'elle détermine,
l'utilisation à des fins autres que l'agriculture le lotissement ou
l'aliénation d'un lot. Lorsque, de l'avis de la commission, le projet
faisant l'objet d'une demande est susceptible de mettre en cause le processus
d'élaboration de la zone agricole, cette commission peut, pour ce seul
motif, différer sa décision jusqu'à ce que la zone
agricole soit établie."
Le Président (M. Boucher): Amendement adopté sur
division?
M. Lavoie: Oui. Ce sont les articles 45 et 46? M. Garon:
45.
M. Giasson: Quelle est la prudence que veut se donner le ministre
dans le deuxième alinéa de l'article 45?
M. Garon: C'est l'ancien article 46.
M. Giasson: C'est l'ancien article 46, mais, tout de même,
qu'aviez-vous à l'esprit pour...
M. Garon: On va mettre un article 46 après.
M. Giasson: Ce n'est pas cela que je vous demande. On regardera
votre nouvel article 46 après celui-là.
M. Garon: S'il arrive des demandes concernant la zone, des
individus, tout cela, cela rend peut-être sympathique le fait de faire la
zone éventuelle. Alors, on est aussi bien d'attendre ou de le faire avec
la zone permanente.
M. Giasson: Vous jugiez, à ce moment-là, qu'il n'y
aurait pas possibilité de faire l'implantation qui est requise à
des fins autres qu'agricoles dans un autre secteur de la municipalité
que celle-ci n'a pas retenu comme étant un bon sol agricole?
M. Garon: Ce pourrait être cela.
Le Président (M. Boucher): L'article 45 est-il
adopté, tel qu'amendé, sur division?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Article 46.
M. Giasson: Attendez un peu, M. le Président. On attend
les commentaires du ministre.
M. Garon: Cela peut arriver, dans une municipalité,
d'avoir un paquet de demandes d'individus et la municipalité dirait:
Ecoutez, vous avez tous réglé mon sort avant de me consulter.
M. Lavoie: Article 46?
M. Garon: Non, c'est l'article 45.
M. Lavoie: On est encore à l'article 45?
M. Garon: Les gens vont dire: Vous avez tous réglé
mon sort dans la zone agricole de la municipalité, sans me consulter,
avec des demandes individuelles.
M. Lavoie: Ce n'est pas cela du tout.
M. Giasson: Lorsque quelqu'un voudra utiliser un sol agricole ou
déterminé comme tel par le plan provisoire à des fins
autres que l'agriculture, je présume que, dans un premier temps, il va
à la municipalité, à moins que ce soit d'une urgence telle
qu'il serait obligé de passer outre à l'étape de la
demande à la municipalité. Généralement, vous avez
gardé une marge de consultation à l'endroit des
municipalités. C'est le seul rôle qu'elles ont, celui de
suggérer d'abord la zone agricole permanente à la commission et,
deuxièmement...
M. Garon: Voyez l'article 43. Il y a eu deux amendements. C'est
parmi...
M. Giasson: C'est que le rôle de la municipalité, ce
sera seulement lorsque la zone permanente sera établie.
M. Lavoie: C'est bizarre, à l'article 45, que vous ayez
deux éléments qui ne sont pas reliés du tout ensemble.
D'habitude... Il n'y a pas de relation du tout entre le premier paragraphe et
le deuxième, à mon avis. Le premier dit que: "La commission peut
autoriser...
M. Garon: Oui.
M. Lavoie:... l'utilisation à des fins autres que
l'agriculture, le lotissement ou l'aliénation d'un lot." Ils vont dire,
ils peuvent aussi bien dire: On va permettre l'aliénation d'un lot sur
une terre uniquement pour un garage. C'est ce que cela veut dire, "aux
conditions qu'elle détermine, l'utilisation à des fins autres
que... C'est ce que cela veut dire, le premier paragraphe. "La commission peut
autoriser, aux conditions qu'elle détermine, l'utilisation à des
fins autres que l'agriculture, le lotissement ou l'aliénation d'un lot."
(22 h 30)
Ils peuvent aussi bien dire: On va vous permettre de lotir un lot d'un
arpent, pour ne pas que
cela fasse du tort aux zones agricoles alentour. Je le comprends...
c'est un élément. L'autre c'est bizarre, c'est tout un
élément complètement étranger au premier
alinéa le deuxième dit que durant le plan provisoire,
comme actuellement nous le sommes, avec la première étape du plan
qui est déposé, si quelqu'un fait une demande à la
commission pour une autorisation quelconque, la commission a le droit de
retarder sa décision tant que la zone finale agricole ne sera pas
définie. Cela devrait faire l'objet de deux articles. En tout cas, je ne
m'oppose pas, si vous voulez les mettre dans le même.
Le Président (M. Boucher): L'article 45 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article 46.
M. Garon: L'article 46 est-ce l'article nouveau?
M. Giasson: Ce qui est à l'aire provisoire...
M. Lavoie: C'est l'article 66 attelé en double, que
j'appelle. L'article 66 s'applique quand la zone agricole est
déterminée, finale. Le gouvernement peut décider de sortir
de la juridiction de la commission.
M. Giasson: Mais après avoir pris son avis, contrairement
à l'article 96.
M. Lavoie: A l'article 96, c'est... c'est attelé en
double, c'est cela que cela veut dire.
M. Garon: "Le gouvernement peut, après avoir pris l'avis
de la commission, autoriser, aux conditions qu'il détermine,... d'un
ministère ou organisme public." Bon. "La décision du gouvernement
est déposée au greffe de la commission."
Si le ministère de la Voirie passe une route, par exemple, il va
falloir qu'elle passe quelque part. Il va falloir se trouver un tracé,
à un moment donné, le moins dommageable possible, mais il ne
pourra pas passer en l'air.
M. Lavoie: C'est un droit que le gouvernement... Le gouvernement
nous fait une belle jambe. Vous avez mis un bel article au début,
l'article 2. C'est bien beau; c'est l'écran de fumée au
début qui dit: "2. La présente loi s'applique au gouvernement,
à ses ministères et à ses organismes." C'est pour dire: Le
gouvernement est égal à tous les citoyens et on se met les
mêmes contraintes. Dans la première rédaction du projet de
loi, vous aviez l'article 66 d'abord, où "le gouvernement peut,
après avoir pris l'avis de la commission, exclure un lot ou partie de
lot d'une zone agricole finale pour les fins d'un
ministère ou organisme public." Là, vous avez oublié
quelque chose. Vous vous êtes attelés en double, avec le nouvel
article 46, que si vous voulez vous soustraire de la loi avant la zone agricole
finale, sur l'aire réservée actuellement, vous avez le droit de
vous soustraire de l'autorité de la commission. Maintenant, vous
êtes attelés en triple avec l'article 96, où vous pouvez
soustraire de la juridiction de la commission tous les cas. Je me demande ce
que l'article 2 fait là. Est-ce qu'on a l'air si cave que cela!
Voyons!
M. Garon: Le gouvernemnt...
M. Lavoie: On dit à l'article 2: Grand principe, le
gouvernement est soumis à tout cela.
M. Gagnon: M. le député de Lavai. M. Lavoie:
Répondez à cela.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Je vais vous donner un exemple: Actuellement, pour les
lignes de l'Hydro, qui est un organisme public, on a négocié, on
a discuté avec le ministère de l'Agriculture, et on a
trouvé un tracé le moins dommageable possible. Les lignes doivent
passer quelque part. On se trouve un endroit qui endommage...
M. Lavoie: Le moins possible. M. Garon: ... le moins
possible.
M. Lavoie: Ce n'est pas la commission qui décide. Pour le
petit quidam, le citoyen, c'est la commission. Mais pour l'Hydro-Québec,
ce n'est pas la commission, c'est le gouvernement. Ne me dites pas à
l'article 2: "La présente loi s'applique au gouvernement, à ses
ministères et à ses organismes." Enlevez donc cet article.
M. Garon: Mais je vais vous dire une chose: On va prendre un
exemple concret: Dans le cas de la ligne Châteauguay-U.S.A., tous les
organismes recommandaient que cela ne passe pas en plein milieu de
Châteauguay dans des terres agricoles. Mais malgré les organismes,
le président de l'Hydro est allé voir le premier ministre du
temps, M. Bourassa, et ils ont réglé ensemble dans son
bureau.
M. Lavoie: C'est cela. Bien, vous me donnez la preuve! La
commission n'a plus de juridiction, elle va aller voir le premier ministre
actuel, pardessus la tête de la commission!
M. Garon: Non, quand la commission de protection des terres va
dire: On a trouvé un tracé, et le tracé le meilleur
possible, c'est à tel endroit; ils vont arriver, ils vont discuter, ils
vont dire: II y a une ligne qui doit passer. Il faut trouver le meilleur
tracé possible. Evidemment, l'Hydro va avoir des opinions sur son
tracé. Et la commission va avoir une opinion, et elle va dire: Voici mon
avis où cela
devrait passer, et le gouvernement ne pourra pas normalement changer
l'opinion de l'Hydro à moins d'avoir des raisons excessivement
bonnes.
M. Lavoie: M. le ministre, je pense que vous allez être
d'accord avec moi. Vous êtes pas mal cabotin sur les bords, mais je pense
que la vérité a ses droits... Cabotin est tout à fait
parlementaire.
M. Garon: Je n'ai pas dit un mot. C'est moralement que j'ai mes
élégances, comme disait Chesterton...
M. Lavoie: Pour le cas que vous nous avez donné, la ligne
Châteauguay-USA, dans le temps de M. Bourassa, qu'est-ce qu'ils vont
faire actuellement à l'Hydro-Québec? Ils vont dire: Si on est sur
le plan provisoire avant la zone finale ils vont prendre votre nouvel
article 46 la zone agricole finale n'est pas déterminée
dans Châteauguay, dans Sherrington et dans les coins où cela
passe. Ils vont aller prendre l'avis de la commission et ils peuvent le mettre
dans le panier et décider entre le premier ministre, - qui ne s'appelle
pas M. Bourassa mais qui s'appelle René Lé-vesque et
l'Hydro... Laissez-moi terminer.
Si la zone finale est déterminée, vous allez prendre un
autre article qui finit par 6; avant, c'était 46 et là vous allez
prendre l'article 66. Ils vont prendre l'avis de la commission et si l'avis ne
fait pas leur affaire et s'ils ont dans la tête de la passer là,
ils vont mettre l'avis dans le panier et ils vont la faire.
Troisième hypothèse. La commission se tient sur ses deux
jambes, résiste et dit: C'est dégoûtant ce qu'ils font
là. On a créé une commission et notre avis, vous allez le
respecter. Il y a des conférences de presse, la commission est
formée de gens responsables, des gens honnêtes, cela n'a pas de
maudit bon sens de leur avoir passé pardessus la tête en vertu des
articles 46 et 66. Le gouvernement va dire: Ils sont bien achalants eux. Il va
prendre un autre article qui finit par 6, soit 96, et il va aller voir la
commission et dire: Messieurs les commissaires, on vous soustrait ce dossier.
"Lorsque le gouvernement se prévaut des pouvoirs qui lui sont
conférés au présent article, le secrétaire de la
commission doit lui remettre une copie du dossier et aviser par écrit
les intéressés que l'affaire a été soustraite
à la juridiction de la commission. Le gouvernement est alors saisi de
l'affaire avec les mêmes pouvoirs que la commission."
C'est cela que vous appelez de la transparence? Je vous demande pourquoi
l'article 2, M. le ministre? Arrêtez de rire de nous. Pourquoi l'article
2 quand vous dites que... Surtout, c'est un article important, l'article 2,
tout de suite après les définitions: "La présente loi
s'applique au gouvernement, à ses ministères et à ses
organismes." Arrêtez de rire de nous.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Ce que je ne comprends pas du député de
Laval, c'est que lorsqu'on a passé à l'article 2, il a
argumenté exactement à l'inverse. Si vous regardez la
transcription de l'argumentation du député de Laval sur l'article
2, il disait que le gouvernement devait se soustraire de la commission dans
tous les cas.
M. Lavoie: Non. M. Gagnon: Oui.
M. Lavoie: Vous allez me citer le journal des Débats,
monsieur. A quel nom cela a-t-il été inscrit?
M. Gagnon: Je ne l'ai pas textuellement.
M. Lavoie: Je n'étais pas ici lorsque l'article 2...
M. Gagnon: Si ce n'est pas vous, c'est un autre membre du
parti.
M. Lavoie: Je vous demanderais de retirer ce que vous avez dit
pour les fins du journal des Débats; je n'étais pas ici quand
l'article 2 a été...
M. Gagnon: Je vais vérifier; si je fais erreur, je le
retirerai mais je sais que cette argumentation est venue de votre
côté de toute façon.
M. Lavoie: De qui?
M. Giasson: C'est moi, M. le Président, qui ai
commenté l'article 2 et j'ai signalé que dorénavant...
M. Gagnon: En disant que même le gouvernement...
M. Giasson: Le ministère que j'ai choisi... M. Gagnon:
Je n'ai pas fini, attendez un peu.
M. Giasson: ... c'est le ministère des Transports.
M. Lavoie: Vous l'avez impliqué, laissez-le au moins
s'expliquer.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Gagnon: J'aime bien que ce soit le président qui
préside et non votre recherchiste qui me fait signe de me taire.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre! M. le
député de Champlain, terminez votre intervention et je donnerai
la parole au député de Montmagny-L'Islet immédiatement
après.
M. Gagnon: De toute façon, si ce n'est pas le
député de Laval, je sais, comme disait le député
de
Montmagny-L'Islet, que c'est l'argument qu'on a tenu. On disait:
Même le gouvernement devra demander à la commission. On avait tenu
l'argument suivant: Le gouvernement devrait être soustrait de
l'obligation de demander à la commission. A l'article 46, on
prévoit certains cas où le gouvernement pourrait se soustraire,
pour des raisons bien précises, et actuellement, on argumente le
contraire encore. C'est tout simplement ce que je voulais signaler.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: En vertu d'une question de règlement, d'abord,
à la suite des propos que vient de tenir le député de
Champlain, parce que c'est moi qui suis mis en cause par les propos qu'il vient
de tenir. Pour l'Opposition officielle, dans le débat ou les
commentaires cela n'a même pas été un débat;
cela a été des commentaires touchant l'article 2 j'ai dit,
à ce moment-là on reverra la transcription que dorénavant,
par les dispositions de l'article 2, les ministères... J'avais
cité comme exemple, d'abord, le ministère des Transports qui
devra, lorsqu'il aura à construire ou même élargir des
routes existantes, c'est-à-dire obtenir une nouvelle emprise dans la
zone agricole que définit la loi zone provisoire qui se
devra d'obtenir de la commission de contrôle l'autorisation
d'acquérir ces terrains, sauf les pouvoirs que le gouvernement s'est
donnés par l'article 96. Il faudra revoir, si vous ne me croyez pas, les
propos que j'ai mentionnés lorsqu'on a discuté l'article 2.
M. Gagnon: Je pense que c'est pas mal textuellement ce que j'ai
mentionné; c'est tout simplement que je trouve qu'il n'y a pas de
cohérence entre cette argumentation et celle que nous avons tenue
à l'article 2. C'est juste cela.
M. Giasson: Oui, mais il y a de la cohérence. M.
Gagnon: Non.
M. Giasson: Lorsqu'on a débattu l'article 2, j'ai
signalé que les organismes gouvernementaux, les ministères
étaient assujettis, sauf d'autres pouvoirs que le gouvernement s'est
réservés dans d'autres articles de la loi. On discute justement
sur l'un de ces articles; un article nouveau, parce que 46, tel que
libellé, n'était pas dans la loi; on a retranché l'ancien
libellé de 46, on l'a passé à 45 et on a
créé un nouveau 46.
M. Gagnon: Je voulais simplement vous faire remarquer qu'au
moment de l'étude de l'article 2 vous ne sembliez pas d'accord avec le
fait que le gouvernement était soumis à cette loi. Vous avez
mentionné que...
M. Giasson: Je n'étais pas d'accord avec le principe qui
voulait qu'on place le gouvernement, mais par des articles qu'on retrouvait
plus loin, et que cela vienne débâtir ce que l'article 2 faisait.
C'était cela l'objet du débat.
M. Lavoie: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est adopté
sur division et l'article 46 est adopté, tel qu'amendé, sur
division.
M. Lavoie: Oui, sur division, il y a de la division "all the
way"
Zone agricole Le Président (M. Boucher): Article 47.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre est prêt à
déposer ses amendements à la section IV?
M. Garon: L'article 46 a-t-il été adopté?
Le Président (M. Boucher): Oui. M. Lavoie: Sur division!
M. Garon: 45 et 46?
Le Président (M. Boucher): Adoptés sur division,
tels qu'amendés.
M. Garon: Je sais, c'est pas mal toujours sur division.
M. Lavoie: On va dire: Sur séparation!
Le Président (M. Boucher): Alors, il y a un amendement
à l'article 47, M. le ministre.
M. Garon: Vous voyez qu'on n'a pas été
gêné d'amender notre projet pour tenir compte des recommandations
de la population.
M. Giasson: Ce n'est pas une question de ne pas être
gêné, M. le ministre, c'est une question de logique et de bon
sens.
M. Garon: C'est pour cela qu'on vous dit que c'est une
véritable consultation.
M. Giasson: Cela aurait été honteux si vous n'aviez
pas tenu compte des nombreuses considérations déposées
devant la commission; honteux et inacceptable.
M. Garon: C'est cela la démocratie.
C'est un amendement fondamental à l'article que je vous avais
déjà annoncé, concernant une consultation mieux
institutionnalisée pour établir la zone. Dans les 180 jours, on
avait dit, d'un avis de la commission... sur le plan de la zone agricole...
Bon, on va laisser faire, le journal des Débats ne pourra jamais
entendre cela!
M. Giasson: Merveilleux!
M. Lavoie: On se croirait au théâtre de dix
heures!
M. Garon: J'aime parler plus rapidement parce que ma gorge
commence à être en feu.
M. Lavoie: Cela prendrait un...
M. Giasson: Cela remonte jusqu'à la gorge.
M. Garon: Je vais être correct après Noël. Je
vais sortir de ces maisons surchauffées. (22 h 45) "Dans les 180 jours
d'un avis de la commission à cet effet une corporation municipale
s'entend avec cette dernière sur le plan de la zone agricole de son
territoire. La commission publie copie de cet avis dans un journal
diffusé dans la municipalité et en adresse copie à la
Confédération de l'Union des producteurs agricoles, à la
corporation municipale de comté et au Conseil régional de
développement. Toute personne intéressée peut faire des
représentations à la corporation municipale visée et en
aviser la commission ou lui en transmettre copie. "La corporation municipale
doit tenir une assemblée publique pour entendre les
représentations des personnes intéressées en en donnant un
avis d'au moins dix jours dans un journal diffusé dans la
municipalité et aux organismes mentionnés au premier
alinéa du présent article."
Cela, c'est pour permettre une grande consultation sur le plan
local.
M. Giasson: Le forum populaire.
M. Garon: Le forum populaire dont on a longuement parlé.
Les municipalités recevant l'avis , ces organismes vont se
préparer et, éventuellement, vont arriver en assemblée
publique et les gens vont venir discuter de leur zone agricole. Le délai
de dix jours est un peu court.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté.
M. Giasson: M. le Président, nous venons d'adopter
l'amendement déposé par le ministre; j'aurais un
sous-amendement.
M. Lavoie: Non, un nouvel amendement.
M. Giasson: Un nouvel amendement puisqu'on vient d'adopter
celui-ci.
L'amendement que je dépose se lirait comme suit; il s'agirait
d'ajouter ceci à la fin du premier alinéa: "Cet avis doit
parvenir aux municipalités dans les soixante jours de la sanction de la
présente loi." Cela va dans le sens des demandes qui ont
été formulées par quelques municipalités qui sont
venues devant la commission parlementaire.
M. Garon: Ce ne serait pas un bon amendement, je vais vous dire
pourquoi. Les municipalités, aussitôt qu'elles vont indiquer
qu'elles sont prêtes, la commission va leur envoyer un avis disant: On
est d'accord. Mais si vous mettez 60 jours immédiatement, les
municipalités qui ne sont pas prêtes vont être
encarcanées dans un processus qu'elles ne souhaitent pas. Ce serait trop
bureaucratique, à mon avis, de faire ça; tandis que là,
les municipalités, j'en suis convaincu, dans un an, n'auraient pas voulu
commencer à négocier leurs zones permanentes.
Mais pourquoi les encarcaner dans des obligations aussi rapides que
ça?
M. Giasson: Pourquoi dites-vous ça, que les
municipalités, dans un an, n'auraient pas encore accepté de
définir ou d'examiner ce que devrait être la zone permanente?
M. Garon: Parce qu'il y en a qui ne se sentent pas
pressées. Il y a des municipalités qui m'ont déjà
fait savoir qu'elles trouvaient le plan provisoire parfait pour un bon bout de
temps et qu'elles n'étaient pas pressées de négocier la
zone permanente.
M. Giasson: A ce moment-là, elles n'ont qu'à
déclarer tout le territoire de la municipalité zone agricole
permanente. Si c'est un bon sol agricole que vous retrouvez de façon
totale à l'intérieur des limites, je ne verrais pas pourquoi la
municipalité ne demanderait pas cela, sauf ses besoins de
développement autour du village, si c'est une municipalité
à l'intérieur de laquelle il y a le village, puisqu'on retrouve,
au Québec, quelques municipalités qui sont entièrement
rurales, c'est-à-dire que vous avez une municipalité de village
et une municipalité rurale.
Donc, si la condition du sol qu'on retrouve dans les
municipalités allait dans le sens des propos que vient de tenir le
ministre, il n'y a même pas d'objection à ce qu'elles demandent
à la commission de procéder immédiatement à une
reconnaissance de tout le territoire de la municipalité comme zone
agricole permanente.
M. Garon: Mais, c'est mettre des délais fixes qui ne sont
pas nécessaires. Les municipalités n'auront pas besoin
nécessairement de ça. Quand les municipalités vont montrer
qu'elles sont intéressées à commencer à
négocier, à ce moment-là, on va leur envoyer un avis, mais
on ne doit pas les y forcer avec un délai aussi rapide. Parce qu'il y en
a qui sont prêtes à parler...
M. Giasson: Pourquoi ne pas les forcer? Si elles ne s'entendent
pas sur la définition de cette zone agricole permanente, j'imagine que
la commission va procéder.
M. Garon: Mais qu'est-ce que ça leur donne? M. Giasson:
L'article 48 dit quoi?
M. Garon: On ne peut pas faire ça comme un hold-up. Je
veux faire ça d'une façon harmonieuse.
M. Giassoh: Ce n'est pas un hold up. Je ne vois pas pourquoi le
ministre fait un tel commentaire. Ce n'est pas un hold up. Absolument pas.
M. Garon: Bien oui.
M. Giasson: Si la municipalité n'est pas tenue, dans les
60 jours, de recevoir l'avis de la commission, avis à la suite duquel
elle a encore 180 jours pour étudier le plan de zonage permanent qu'elle
doit suggérer à la commission de contrôle, cela ne me
paraît pas un hold up. De la date de la sanction de la loi, ça
donne quoi? Cela donne au-delà de six mois, huit mois. J'ai bien
l'impression que la plupart des municipalités, dans un délai de
huit mois, ont le temps voulu pour examiner la situation du zonage agricole
dans leur territoire.
M. Garon: Je suis certain que non. C'est pour ça que je
préfère qu'on ne mette pas de délai comme celui-là.
Aussitôt que les municipalités seront prêtes à
recevoir un avis, elle le manifesteront à la commission qui leur en
enverra un. Autrement...
D'autant plus que le ministère des Affaires municipales doit
mettre sur pied je ne sais pas si c'est fait actuellement, ça
doit être fait incessamment une équipe de fonctionnaires en
région pour aider les municipalités à la
préparation de leur zone, pour répondre à leurs
questions.
M. Giasson: Est-ce que le ministère des Affaires
municipales va apporter de l'aide aux municipalités pour la mise en
place des mécanismes qui vont déterminer les zones agricoles
permanentes ou est-ce qu'ils vont demeurer en fonction après
l'acceptation de la zone agricole permanente, pour aider les
municipalités qui vont recevoir des demandes venant de contribuables
à l'intérieur de la municipalité? C'est quoi le
phénomène?
M. Garon: Si vous lisez la dernière revue,
Municipalités 1978, on a expliqué quel va être le
rôle de ces officiers du ministère des Affaires municipales en
région. Ils vont être là pour aider les
municipalités.
M. Giasson: Aider dans quel secteur et à quelles fins?
M. Garon: Répondre à leurs questions, leur
expliquer la loi, travailler avec elles dans l'élaboration de leurs
zones, leur indiquer leurs pouvoirs, etc.
M. Dubois: Je pense qu'elles n'en auront pas besoin.
M. Garon: Elles n'en auront pas besoin. Mais le montant.
M. Dubois: Souvent il y a des services municipaux très
dispendieux auxquels on a besoin d'ajouter un secteur pour le rentabiliser.
J'imagine que là, la commission municipale peut travailler.
M. Garon: Non, aussitôt que les municipalités n'ont
pas de services organisés.
M. Giasson: J'ai l'impression, M. le Président, que si on
n'apporte pas des délais maximums, il peut se trouver, dans certaines
municipalités, des citoyens qui vont souffrir d'un préjudice.
Vous allez me dire: Ils n'ont qu'à se présenter à leur
conseil municipal. C'est vite dit. Il peut y avoir quelques cas où des
citoyens subiront des préjudices, à cause d'un défaut ou
d'un retard que la municipalité mettrait à déterminer,
à l'intérieur de son territoire, ce qui doit être
considéré comme zone agricole permanente et ce qui doit
être détaché de la zone agricole permanente.
Imaginez le cas d'une municipalité dont une bonne partie du
territoire est du bon sol, mais qu'il y a également à
l'intérieur de son territoire un coin ou des sections qui ne sont pas
constituées de bon sol agricole, où il y aurait pour ces
propriétaires qui sont à l'extérieur de la zone agricole,
une possibilité qui doit être retenue parce que le sol est
très bon. Mais vous avez des propriétaires en dehors de cela,
qui, à cause de retard que la municipalité mettrait à
recommander à la commission quel doit être son territoire agricole
permanent, pourraient subir des préjudices dans des transactions
possibles, dans des ventes, dans différentes utilisations.
C'est une municipalité du comté de Huntingdon qui a
comparu devant nous, je ne me souviens pas de laquelle, je pense que c'est
Franklin, qui se retrouve avec une bande de rocher...
M. Garon: De roches, soit quatre milles sur six milles.
M. Giasson: ... à l'intérieur, qui est retenue
comme zone agricole, dans le plan provisoire. C'est un rocher, c'est une
montagne.
M. Garon: ...
M. Giasson: Vous pouvez avoir d'autres types de sols qui ne sont
pas nécessairement un rocher, un massif rocheux, mais qui sont vraiment
impropres à l'agriculture. Et parce que la municipalité ne bouge
pas, ne se décide pas à proposer ce qu'elle recommande comme zone
agricole permanente, par rapport à ce qu'elle détache de la zone
agricole permanente parce que le sol n'est pas bon, vous pouvez retrouver des
personnes qui peuvent être lésées dans leur droit de
propriété, leur capacité de transaction, dans cette partie
de la municipalité qui n'est pas du bon sol agricole, pour l'unique
raison que la municipalité ne bouge pas.
M. Beauséjour: Mais pourquoi la municipalité ne
bougerait-elle pas? Ce sont des gens responsables.
M. Giasson: Pourquoi? M. Beauséjour: Oui.
M. Giasson: C'est le ministre qui nous a indiqué, il y a
à peine quelques minutes, qu'il y a des municipalités qui lui ont
déjà indiqué qu'elles préféraient s'en tenir
très longtemps au plan proposé par le ministre comme zone
agricole provisoire. C'est lui qui vient de nous dire cela. Ce n'est pas moi
qui l'ai découvert. Je cite les paroles du ministre, les exemples que le
ministre a apportés.
M. Beauséjour: Vous craignez que des préjudices
soient causés à des citoyens?
M. Giasson: Oui. Vous allez me dire que peut-être la
municipalité veut retarder la préparation du plan de zonage
agricole permanent, parce que, elle-même a une petite banque de terrains
autour du village et empêcher que se vendent des terrains pour fins de
lotissement et de construction de résidence dans la partie qui est
vraiment non agricole, de manière à forcer ces citoyens à
venir s'implanter en bordure du village, si la municipalité a une
espèce de banque ou une réserve de terrains. C'est possible.
Là encore, on brime le droit d'un citoyen, dans l'exemple que j'apporte,
de se porter acquéreur d'un terrain ou d'acheter ce qu'il lui faut pour
une construction, dans un secteur de la municipalité qui n'a aucune
utilité agricole, parce que le sol est impropre à
l'agriculture.
Je vous donne cet exemple, il y aurait d'autres hypothèses
possibles. Ce n'est pas la seule hypothèse qu'on peut prévoir.
(23 heures)
M. Lavoie: Si vous trouvez que 60 jours c'est trop rapide, vous
avez le droit de le sous-amender. Mettez 90 jours.
M. Garon: J'aime mieux ce délai pour plus de
souplesse.
M. Lavoie: Plus évasif.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est prêt
à voter sur l'amendement du député de Montmagny-L'Islet?
M. Baril.
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour.
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain). M. Garon
(Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Lavoie (Laval).
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque (Karri ou
raska-Tém iscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est rejeté,
six contre trois. Voulez-vous voter, M. Cordeau?
M. Cordeau: Pour.
Une Voix: II n'a pas le droit de vote.
Le Président (M. Boucher): Vous êtes intervenant. Je
ne peux pas accepter votre vote.
M. Cordeau: Je suis intervenant. Je vous ai trouvé
très généreux quand vous m'avez demandé si je
voulais voter.
M. Garon: Article 48. Il a été adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 47, tel
qu'amendé.
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 48?
M. Garon: Tel qu'amendé par moi. Il ne faut pas
mêler les gars.
Le Président (M. Boucher): Oui, l'amendement a
été adopté. L'amendement du député de
Montmagny-L'Islet a été rejeté et votre amendement a
été adopté.
M. Lavoie: On a accepté l'amendement, mais l'article est
adopté, tel qu'amendé, sur division, parce qu'il n'est pas
complet. On a demandé un amendement. On a adopté la petite
amélioration qui a été apportée, mais on est contre
l'article même qui fait partie du concept total.
Le Président (M. Boucher): Article 48? Il y a un
amendement, M. le ministre.
M. Garon: "S'il y a entente entre la corporation municipale et la
commission, après avoir pris en considération les
représentations faites par les personnes intéressées, la
commission prépare le plan de la zone agricole dans une
municipalité de même qu'un mémoire d'entente" ce qui
aurait été entendu. Elle prépare le plan et le
mémoire d'entente "A défaut d'entente, la commission
prépare le plan de la zone agricole dans une municipalité en
prenant en considération les représentations qui nous sont faites
et celles qui sont faites à la corporation municipale."
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: L'Ordre des agronomes avait demandé au moment
de sa comparution qu'à défaut d'entente la tenue d'audiences
publiques par la commission devienne obligatoire. Je ne sais pas si le
ministre...
M. Garon: II y en a de toute façon à la demande des
personnes intéressées. A l'article 47, c'est cela qu'on vient de
voter.
M. Dubois: A 47, il n'est pas dit: "à défaut
d'entente."
M. Lavoie: Ce n'est pas une audition, c'est une consultation
publique qu'il y a au niveau du conseil municipal, mais la commission n'est pas
tenue de tenir encore des auditions.
M. Dubois: A l'article 47, on ne traite pas de défaut
d'entente. C'est à l'article 48 qu'on traite du défaut d'entente.
Tout ce que je veux savoir, c'est si vous avez pris en considération
cette demande de l'Ordre des agronomes. On prend en considération les
représentations, mais il n'y a pas d'audience publique.
M. Garon: II n'y a rien qui l'interdit. La commission va avoir
tendance à faire des audiences publiques.
M. Dubois: Comme tout à l'heure, on dit dans cet article
"peut", mais on n'est pas nécessairement obligé d'en tenir
une.
M. Garon: Une commission comme celle-là, va avoir tendance
à écouter les gens, à parler du zonage avec les gens,
qu'est-ce que cela vous fait à vous-autres...
M. Dubois: C'est une entente municipale versus la commission; ce
n'est pas une entente d'un individu versus la commission, cela regarde toute la
municipalité.
M. Garon: Après avoir pris en considération les
représentations faites par les personnes
intéressées...
M. Dubois: II est sur document, ils vont lire le document et vont
dire: On prend une décision, cela ne veut pas dire qu'ils vont tenir une
audience publique.
M. Lavoie: Je crois que suite à la... M. Garon: ...
tendance à faire.
M. Lavoie: Tendance. Suite à l'avancé du
député de Huntingdon, je crois que ce serait une garantie
supplémentaire au citoyen. Vous voulez de la consultation ou, du moins,
un semblant de consultation ou de concertation. La municipalité, elle,
est tenue de tenir une assemblée publique où les gens peuvent se
faire entendre. Après cette phase, cette étape, le dossier s'en
va à la commission qui, elle, peut décider en vase clos, in
camera.
Les citoyens qui ont fait des représentations à
l'assemblée publique, quelle garantie ont-ils que la municipalité
va transmettre le point de vue ou la position des gens qui sont là? Si
cela ne fait pas l'affaire de la municipalité et que la
municipalité envoie le dossier sans en tenir compte il peut y
avoir 25 ou 30 personnes qui viennent se faire entendre et s'il n'y a
pas d'audition publique, quelle garantie y a-t-il que l'assemblée
publique de la ville a été tenue suivant les règles
normales d'équité?
M. Garon: L'article 47, paragraphe 2.
M. Lavoie: Oui, d'accord, mais vous savez que dans une
enquête, dans une audition, il y a souvent des... M. le Président,
dans une assemblée publique tenue par des électeurs, il y a un
mémoire, il peut y avoir un mémoire. Comme on l'a vu dans
plusieurs cas, il y a beaucoup de gens qui font des représentations et
ne s'en tiennent pas uniquement au mémoire. C'est souvent dans une
discussion ouverte lorsque quelqu'un fait des représentations qu'il
invoque d'autres arguments ou développe des arguments d'autres personnes
lorsqu'il y a des auditions publiques.
Tout à l'heure, il m'était permis de développer
l'argumentation du député de Joliette-Montcalm. Si j'avais eu
à comparaître devant une commission uniquement par écrit,
peut-être ne m'en serais-je pas servi pour tenter de développer
l'argumentation du député de Joliette-Montcalm. La même
chose peut arriver lors d'une assemblée publique des contribuables. Le
mémoire peut avoir deux pages, mais une personne qui est bien au fait de
l'affaire peut, lors de l'assemblée publique, développer d'autres
argumentations et d'autres points de vue et là, ce message ne sera pas
nécessairement transmis à la commission parce que tout ce qui
sera transmis à la commission, ce sera la représentation
écrite.
Ecoutez, on va le lire ensemble le deuxième paragraphe de
l'article 47: "Toute personne intéressée peut faire des
représentations à la corporation municipale visée et en
aviser la commission en lui en transmettant une copie". La personne
intéressée fait des représentations à la
corporation
municipale lors d'une audition publique et en avise la commission en lui
en transmettant une copie une copie de quoi? Une copie de la
représentation qu'elle a faite à la municipalité? Suite
à la représentation qu'elle fait par écrit à la
municipalité dont copie est envoyée à la commission, il
peut y avoir d'autres argumentations postérieures et la commission ne
sera pas mise au courant de cette argumentation postérieure.
Là, le dossier s'en va à la commission et si cette
argumentation postérieure ne fait pas l'affaire de la
municipalité, quelle garantie le contribuable a-t-il que la
municipalité, dans son rapport transmis à la commission, va faire
état de ces représentations? Je pense que c'est assez clair.
M. Dubois: Je pense que quand on connaît les secteurs
ruraux, les petites municipalités où, possiblement, cela
s'effectue l'été alors qu'il y a beaucoup de travaux dans les
champs, les gens n'auront pas le temps, ils ne penseront pas à aller
faire des représentations. S'il n'y a pas d'audience publique
annoncée, je pense que cela peut être un manque flagrant.
M. Lavoie: II y a un autre accroc à notre tradition
d'auditions et de procès juste et équitable; en plus de cela, la
décision de la commission est sans appel. Je vous garantis que le
citoyen est encarcané dans cela.
M. Dubois: L'Ordre des agronomes c'est quand même
bien représentatif de l'agriculture s'ils ont fait cette mention,
c'est parce que c'est important, j'imagine.
M. Beauséjour: ... M. le Président, qu'une
association ou un groupe puisse, après avoir été entendu
devant la municipalité, laisser savoir à la commission son
désaccord ou...
M. Lavoie: Ne trouvez-vous pas qu'avec cette loi-là et les
autres lois, il y a une tendance, pas seulement de votre gouvernement, mais des
gouvernements antérieurs, une tendance générale et qu'il y
assez de papeterie, de paperasserie, de demandes et de permissions?
M. Garon: Ce qu'on fait, en réalité...
M. Lavoie: Est-ce que vous allez demander à un
contribuable, à un cultivateur chez vous qui se sent brimé, qu'il
fasse encore par écrit une deuxième représentation en
commission? C'est assez, non? C'est assez de paperasse. C'est assez de formules
et d'argumentation par écrit et tout. A moins que tous aient recours
à des avocats.
M. Dubois: Dans les paroisses de 500 âmes... M. Cordeau:
Les prix vont augmenter.
M. Dubois: ... il n'y a pas de mouvement en place qui s'occupe
d'aménagement du territoire. Il n'y a aucun de ces effectifs-là.
Il y a beaucoup de petites paroisses qui n'ont quand même pas de...
M. Gagnon: L'UPA est décentralisée au point
où il peut y en avoir dans chaque paroisse.
M. Dubois: Oui, mais ce n'est tout de même pas le
rôle de l'UPA de se présenter devant la commission pour une
municipalité quelconque.
M. Gagnon: Mais c'est peut-être le rôle de l'UPA par
exemple, de tenir des assemblées et d'informer les gens sur leurs droits
là-dedans.
M. Lavoie: Oui, mais il n'y a pas que l'UPA dans le monde. Il
peut y avoir un membre de l'UPA qui peut avoir des intérêts
divergents avec l'UPA.
M. Gagnon: Je suis entièrement d'accord. Vous parliez du
cultivateur qui se trouvait démuni, je pense que le député
de Huntingdon l'a mentionné, enfin, il y en a un qui en a parlé,
l'UPA pourrait l'aider. C'est un fait Face au cultivateur, l'UPA peut aider.
Face à d'autres gens, il y a d'autres personnes qui peuvent aider.
M. Dubois: Mais supposons que ces choses-là se
réalisent au mois de juin, par exemple, où tout le monde est
occupé aux champs. Les producteurs agricoles n'ont pas de temps à
mettre là-dedans. Alors, à moins qu'on les avertisse au moyen
d'une lettre recommandée qu'il y a une commission qui siège,
qu'il y a audience publique...
M. Gagnon: Dans une municipalité, ce n'est pas l'ensemble
des contribuables qui vont se présenter et qui auront des choses
à dire là-dessus, parce que la plupart sont d'accord. Pardon?
M. Dubois: Non, mais ce sont ceux qui ont des revendications
à présenter, quand même. Mais il faut quand même
qu'ils le sachent et qu'il y ait un mouvement assez fort. Je pense qu'on
rendrait service à certaines municipalités, mais pas à
toutes. Je ne pense pas que ce soit une demande exorbitante.
M. Lavoie: II est temps que cela finisse.
Le Président (M. Boucher): L'article 48 est-il
adopté?
M. Garon: J'ai hâte de voir le Père Noël, moi
aussi.
M. Lavoie: Adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): L'article 48 est donc
adopté sur division. Article 49.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Si la commission ne fait
pas assez d'auditions, je vous promets qu'on va revenir faire des
amendements...
Une Voix: Des promesses.
M. Garon: ... au cours de l'année 1979.
M. Cordeau: Cela peut bien aller sans tenir d'auditions si tout
le monde s'entend.
M. Garon: C'est cela. Je vais vous dire comment cela va se faire,
en réalité, lis vont se réunir dans une salle avec des
cartes. Ce ne seront pas de grands procès qui vont s'y tenir. Il y aura
une carte. On regardera la carte. La commission, la municipalité, l'UPA
et le conseil de comté vont regarder la carte et vont dire: A quelle
place le cercle devrait-il être fait? Comme cela, en regardant, en
déposant des cartes de sols. Ils vont discuter de cela ensemble. C'est
ainsi que le zonage agricole se fait, au fond. Je les ai vus travailler
à l'aide de cartes. Ils mettent des cartes de sols et ils superposent
des cartes par-dessus. Ils regardent cela. Ils ont cela et ils voient toutes
les maisons. Tout est sur la carte, les maisons, les granges, toutes les
routes. On voit tout cela.
M. Lavoie: Les cartes que vous avez de l'Ile Jésus avec
dix ans de retard...
M. Cordeau: On peut être sûr qu'il les a
regardées.
M. Lavoie: Je te dis que les cartes...
M. Cordeau: Par chez nous aussi. On a regardé vos
cartes.
M. Lavoie: II y a des routes qui ont été faites il
y a dix ans et qui ne sont même pas sur la carte.
M. Cordeau: Etant donné que les antiquités prennent
de la valeur, ils ont dit: On va la conserver, celle-là.
M. Dubois: Cela pourrait quand même éviter des
demandes de révision dans certains cas.
M. Lavoie: II y a trois ou quatre endroits dans Laval où
il y a 400 ou 500 maisons. Cela ne paraît pas sur votre plan. C'est tout
en vert sur votre plan.
M. Garon: On a fait cela volontairement.
M. Lavoie: C'était... (23 h 15)
Le Président (M. Boucher): Article 49. Article 49, s'il
vous plaît.
M. Garon: A l'article 49, je ne propose pas d'amendement.
M. Lavoie: Division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 50?
M. Garon: Attendez un peu. D'accord.
M. Lavoie: Encore là, vous n'avez pas prévu qu'au
moins le plan final de zonage, qui va être définitif
celui-là, au bureau d'enregistrement, soit porté aux immeubles.
C'est quand même plus grave. Ce n'est pas le plan provisoire, c'est le
plan définitif qui va affecter ces lots pour quelques
générations, j'imagine.
M. Garon: Ils vont être tellement précis qu'ils vont
parler par eux-mêmes. Un peu comme un plan de zonage municipal. Pas
nécessaire de porter le zonage aux immeubles parce qu'il est
précis. Au cinq millième, par exemple, au dix
millième.
M. Lavoie: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division, article 49?
Article 50.
M. Giasson: L'article 50, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: La commission est tenue de soumettre au gouvernement
pour approbation le plan de zonage agricole permanent. Si le plan est
approuvé par le gouvernement, le décret approuvant ou
reconnaissant la zone agricole permanente entre en vigueur. Si le plan n'est
pas accepté, quelle est l'autre étape qu'on franchit?
M. Lavoie: Là le gouvernement, le ministre appelle la
commission et dit: Enlevez-moi donc telle terre de zonage et modifiez-moi donc
cela. Les représentations des députés de Champlain,
d'Arthabaska, de Rimouski et de Joliette-Montcalm, avec les pressions qu'ils
vont faire sur le ministre... Non, je ne suis pas en contact direct avec le
ministre de l'Agriculture et ce n'est pas dans mes habitudes. Le ministre va
appeler le président de la commission et ils vont dire: Modifiez donc
votre plan, on ne l'approuve pas tel quel. C'est le quatrième droit de
regard que se réserve... On a dit qu'il y a l'article 46 attelé
en simple, l'article 66 attelé en double, l'article 96 attelé en
triple, et là, ici, vous êtes attelés en deux doubles.
C'est encore l'ouverture au patronage, à la discrétion du
ministre. C'est clair, écoutez. Si le plan est approuvé par le
gouvernement...
M. Baril: ... tellement longtemps là-dedans et penser que
tous les gens sont pareils.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre.
M. Baril: Voyons donc, ils ne sont pas tous comme vous
autres.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Dubois:... nécessairement dans la commission qu'il
formera. En principe, cela veut simplement dire cela.
M. Chevrette: Je demanderais au député de
Saint-Hyacinthe de nous expliquer cela, je ne comprends rien.
M. Cordeau: Ce n'est pas la première fois que vous ne
comprenez pas.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît. A l'ordre! S'il vous plaît!
M. Lavoie: Est-ce que vous avez répondu à la
question de M. le déouté de Montmagny-L'Islet?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Lavoie: Qu'est-ce qui arrive si le gouvernement dit: Non, on
ne l'approuve pas votre plan.
M. Garon: Ils continuent à discuter. M. Garon: Ils
continuent à discuter. M. Lavoie: Entre qui et qui? M. Garon:
Sur un autre plan.
M. Lavoie: S'il n'est pas approuvé, ils vont faire un
autre plan.
M. Giasson: Le gouvernement détermine le plan de la zone
agricole permanente et impose à la municipalité...
M. Dubois: Ils ont confiance en la commission.
M. Giasson: ... à l'intérieur de cette
municipalité.
M. Lavoie: Et à la commission également.
M. Giasson: La commission et le gouvernement, cela va être
proche parent.
M. Lavoie: Ils vont coucher dans le même lit.
M. Giasson: Pour moi, ils vont être sur la même
longueur d'onde.
M. Dubois: Cela peut s'interpréter comme un vote de
non-confiance envers la commission.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
ministre.
M. Garon: Le plan préparé par la commission et
approuvé par le gouvernement. Le gouvernement, ici, à l'article
50, ne peut pas modifier le plan. Il peut l'approuver ou ne pas
l'approuver.
M. Lavoie: S'il ne l'approuve pas, qu'est-ce qui arrive?
M. Garon: II ne l'a pas approuvé. Il retourne à la
commission et dit: Je ne l'ai pas approuvé.
M. Dubois: II peut quand même dire: Je l'approuve si vous
amenez tel changement, vous pouvez quand même le dire. La porte est
ouverte à cela.
M. Cordeau: Attendez un peu. Ils vont dire: Qu'est-ce qu'il y a
à changer dessus? Le gouvernement a dit qu'il ne le reconnaît
pas.
M. Lavoie: Ils vont dire: Pourquoi le gouvernement ne
l'approuve-t-il pas? Là qu'est-ce que vous allez leur dire? Vous allez
dire que c'est parce que tel député a fait des
représentations?
M. Garon: Je vais vous dire une chose, s'il ne l'approuve pas, on
va normalement en entendre parler un peu partout.
M. Lavoie: Vous ne faites pas confiance à la
commission.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Si le gouvernement ne l'approuve pas, qu'est-ce qui
se produit? La commission avise la corporation municipale et les citoyens qui
ont pu se présenter. Là on leur dit: Votre affaire, cela ne
fonctionne pas. Si vous voulez avoir une zone agricole permanente
approuvée par le gouvernement et la commission... subissez notre
décision. Cela va être ça au fond.
M. Garon: Supposons que la municipalité et la commission
se sont entendues.
M. Giasson: Si la municipalité et les
intéressés disent: C'est cela, le plan qu'on veut. Qu'advient-il?
Le gouvernement retourne encore et dit: Cela prend un autre plan.
M. Lavoie: Allez-y, vous êtes bien partis. Même s'il
y a entente, le gouvernement peut passer par-dessus.
M. Garon: Non, j'ai dit qu'il pouvait arriver deux
hypothèses; une hypothèse, la commission et la
municipalité ont le même plan...
M. Lavoie: Et elles s'entendent.
M. Garon: La commission le faisant, le gouvernement, normalement,
n'a pas de raison et va l'approuver.
M. Lavoie: Attention, ce n'est pas écrit dans la loi, ce
point-là.
M. Garon: Non, mais voyons la réalité.
Deuxièmement, la commission et les instances locales ne sont pas
d'accord. La commission fait une proposition au gouvernement et les gens ne
sont pas d'accord. Le gouvernement peut dire: On n'approuve pas, discutez-en
ensemble.
M. Dubois:... le gouvernement, la commission et la corporation
municipale.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: C'est implicite dans la loi, comme vous dites; de la
façon que vous l'expliquez, c'est implicite dans la loi? Est-ce que vous
allez faire parvenir au moins une copie du journal des Débats de cette
commission à tous les membres de la commission, pour qu'ils sachent au
juste comment procéder? Parce que ce n'est pas avec le projet de loi
qu'ils vont venir agir; il va falloir qu'ils relisent le journal des
Débats pour connaître votre pensée.
M. Chevrette: ... suffisant, on n'a pas besoin du journal des
Débats.
M. Garon: Le gouvernement approuve ou n'approuve pas; s'il
n'approuve pas, cela veut dire qu'il n'est pas d'accord avec le plan.
M. Cordeau: Oui, mais sur quoi n'êtes-vous pas d'accord? Il
faudrait peut-être qu'il y ait un article et que le gouvernement informe
la commission de son point de vue.
M. Garon: II va le dire formellement; c'est parce qu'il y aura un
très fort désaccord au plan local.
M. Cordeau: Oui, mais...
M. Dubois: Pourquoi n'ajoutez-vous pas: L'obligation
d'informer...
M. Cordeau: ... la commission de votre point de vue? Tandis que
là, vous pouvez la rejeter sans donner d'explication.
M. Garon: Cela ne sera pas à la commission.
M. Dubois: L'obligation d'une audition publique.
M. Cordeau: Oui, vous l'avez dit tantôt. Et si vous ne
l'acceptez pas, ce sera très rare, j'en conviens avec vous.
M. Garon: II ne pourra pas modifier, le gouvernement va pouvoir
approuver ou ne pas approuver, point.
M. Cordeau: Oui, mais, si cela n'est pas approuvé,
qu'arrivera-t-il? Il me semble que ce serait si facile de placer une petite
phrase pour expliciter ce qui arrive après.
M. Dubois: Ce sera dans les règlements.
M. Cordeau: Votre conseiller, qui est responsable, peut
incorporer une simple phrase et cela va amender.
M. Garon: Vous diriez que c'est du patronage.
M. Cordeau: J'ai travaillé à d'autres commissions
cette semaine, on faisait des suggestions et les gens les prenaient, on
bonifiait le projet de loi et on a passé à travers.
M. Giasson: Sans doute étaient-ce des lois plus
parfaites!
M. Chevrette: M. le Président, puis-je parler?
Le Président (M. Boucher): C'est M. le
député de Saint-Hyacinthe qui a la parole.
M. Chevrette: Vous n'avez pas fini.
M. Cordeau: Non.
M. Chevrette: Excusez-moi, cher notaire!
M. Garon: De quelle loi parlez-vous?
M. Cordeau: De la loi 69 sur l'environnement.
M. Garon: Vous avez proposé quoi?
M. Cordeau: On a proposé des amendements au ministre.
M. Garon: Mais vous?
M. Cordeau: Moi? En causant, le ministre a dit: C'est cela, on va
ajouter telle chose. Il a une ouverture d'esprit, il est très facile de
travailler avec lui.
Une Voix: M. le Président, il essaie de faire du chantage
avec le gouvernement!
M. Cordeau: Vous pensez? Non, c'est peut-être...
M. Garon: II y a des gens qui embrassent pour mieux
étouffer!
M. Cordeau: Je vais dire cela à M. Léger; il va me
surveiller.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Si on avait le malheur de marquer, à
l'article 50, si on prenait au mot la suggestion du député de
Saint-Hyacinthe et si on écrivait que le gouvernement devra motiver son
refus, à toutes fins utiles, cela voudrait dire que le gouvernement
vient de faire son lit pour la commission ou pour la municipalité dans
de tels cas.
M. Cordeau: Non, c'est que le gouvernement...
M. Chevrette: Est-ce que je peux finir? M. Cordeau:
Excusez-moi, monsieur.
M. Chevrette: A ce moment, M. le Président, l'esprit de la
loi, c'est de rechercher le maximum d'entente entre la commission et la
municipalité. Vous vouliez à tout prix, dans toute votre
argumentation en deuxième lecture, qu'il y ait le maximum de forums sur
le plan local pour qu'on puisse s'entendre. On laisse ici ouverture à
l'entente et cela ne fait pas votre affaire. Il faudrait peut-être, quand
vous prenez une "trail", que vous la suiviez jusqu'au bout; autrement, cela a
l'air un peu incohérent sur les bords.
Je suis d'accord que le gouvernement n'ait pas à motiver un refus
d'entériner un plan. A la minute où il motiverait le refus, il
placerait la commission dans une situation de remodifier en fonction des
considérations du gouvernement, alors que, tel que c'est là, le
gouvernement dit oui, j'endosse le plan. S'il dit non, ça veut dire: II
y a quelque chose qui accroche, retournez au plan local.
M. Cordeau: Sans raison. M. Giasson: M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je viens d'écouter avec attention
l'argumentation du député de...
M. Chevrette: Bien sûr!
M. Giasson: ... Joliette-Montcalm. Fort habile. Après
qu'un forum populaire s'est tenu dans la municipalité, que tout le monde
a été avisé qu'il y avait des séances pour discuter
du plan de zonage, qu'un consensus très large s'est fait, la
municipalité a soumis un plan à la commission, qui accepte.
Après acceptation de la commission, celle-ci le soumet au gouvernement,
qui dit non. A quoi sert le forum populaire?
M. Chevrette: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Giasson: A quoi sert le forum populaire, si le gouvernement
dit non?
M. Chevrette: Ce n'est même pas ça le sens de mon
argumentation. Ce que j'ai donné comme...
M. Giasson: Vous avez fait référence à la
consultation.
M. Chevrette: Est-ce que je peux expliquer l'argumentation que
j'ai donnée?
M. Giasson: D'accord.
M. Chevrette: J'ai dit que dans les cas où la
municipalité et la commission sont en accord...
M. Giasson: Avec la population.
M. Chevrette:... je ne vois pas ça va de soi
pourquoi le gouvernement dirait non. Parce que là vous pourriez le
taxer, comme Opposition, et je vous vois tout de suite...
M. Giasson: Indiquons-le.
M. Chevrette: Vous pourriez dire: Le gouvernement...
M. Giasson: C'est très simple, mettons-le dans la loi.
M. Chevrette: ... considère les intérêts d'un
particulier, puisque la municipalité et la commission en sont venues
à une entente. Vous diriez: Si le gouvernement dit non, c'est purement
et simplement parce qu'il y a du lobbying d'un ou deux "peddler". Alors que,
s'il y a mésentente entre la commission...
M. Giasson: Qu'est-ce que vous faites de la population qui a dit
oui?
M. Chevrette:... et la municipalité, le gouvernement
pourrait placer la municipalité dans un état tel qu'elle ne
pourrait pas intervenir ou pourrait placer la commission dans un état
où elle devrait constater que c'est la municipalité qui a raison.
Le fait de dire que tu refuses donne de la place pour s'asseoir à
nouveau et conclure une entente. C'est dans le cas où il y a
mésentente entre la commission et la municipalité que c'est le
plus dangereux. Quand il y a entente, il n'y a pas de problème, tu
entérines.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Giasson: Ce n'est pas ce que l'article dit... M. Cordeau:
Je crois que... M. Giasson: Lisez l'article 50.
M. Cordeau: ... il y a une entente entre la corporation
municipale et la commission. C'est soumis au gouvernement. Il y a un mot de
trop dans le texte, c'est le mot "si". On devrait dire: Le plan est alors
approuvé par le gouvernement, le décret l'approuvant entre en
vigueur le jour qui y est fixé. Cela vient de finir. Le mot "si" est de
trop là-dedans. Quand il y a eu entente avec la commission dans toutes
les procédures antérieures et qu'il y a accord à tous les
points de vue, cet accord est soumis au gouvernement, le gouvernement
l'approuve et le décret entre en vigueur à telle date. Le mot
"si" est de trop. Vous n'expliquez pas le mot "si".
M. Lavoie: En faites-vous un amendement? M. Cordeau: Oui,
j'en fais un amendement. M. Beauséjour: M. le
Président...
M. Lavoie: II y a un amendement devant la commission, enlever le
mot "si".
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous me rédiger
votre amendement, M. le député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Après le deuxième aliéna,
a-l-i-é-n-a...
M. Lavoie: Alinéa. M. Garon: Aliéna.
M. Cordeau: En tout cas... le plan est alors approuvé par
le gouvernement...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, pour les archives, il me le faudrait par écrit.
M. Cordeau:... et le décret l'approuvant entre en vigueur
le jour qui y est fixé. Je corrigerai le texte tantôt.
M. Lavoie: On va lui faire. M. Picotte: On va lui faire.
M. Beauséjour: M. le Président... M. Garon: Si
quoi?
M. Dubois: Vous enlevez le mot "si", au deuxième
alinéa. Le plan est approuvé par le gouvernement.
M. Garon: Pourquoi voulez-vous enlever le mot "si"?
M. Cordeau: Pourquoi en avez-vous un? M. Dubois: Cela ne
vous ouvre pas la porte...
M. Lavoie: On veut enlever le pouvoir discrétionnaire au
gouvernement. C'est aussi simple que cela.
M. Garon: Ah bon.
M. Beauséjour: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Je m'interroge, je ne sais pas si le
député de Saint-Hyacinthe va écouter. On parle de
décret, mais ce décret, je suppose, est approuvé par le
gouvernement par arrêté en conseil. Je ne connais pas de loi qui
oblige le gouvernement à adopter un arrêté en conseil.
M. Cordeau: Le gouvernement ratifie l'entente entre...
Une Voix: "Si" dans la loi.
M. Cordeau: ... la commission et la corporation municipale, qui
est survenue après audition.
M. Garon: On n'a jamais vu dans une loi, comme dit le
député d'Iberville, que le gouvernement doit adopter par un
arrêté en conseil une décision d'une commission,
obligatoirement.
M. Beauséjour: Cela n'existe pas. (23 h 30)
M. Lavoie: La même chose que vous faisiez dans votre loi,
dans le texte original, quand la Cour supérieure n'avait aucun choix,
sauf reconnaître la nullité absolue. Elle devait reconnaître
uniquement la nullité absolue. C'est la même chose.
M. Cordeau: Ou si vous laissez le mot "si", expliquez le mot "si"
par la suite. Actuellement, il n'y a aucune explication du mot "si".
M. Garon: II n'est pas besoin.
M. Beauséjour: Le mot "si" s'explique d'une façon
bien simple, c'est-à-dire...
M. Garon: Si le gouvernement est d'accord il va l'approuver, et
s'il n'est pas d'accord il ne l'approuve pas.
M. Beauséjour: Si le gouvernement prend une
décision.
M. Cordeau: Et qu'est-ce qui arrive après?
M. Garon: Pardon?
M. Cordeau: Qu'est-ce qui arrive après?
M. Dubois: Ce serait la dernière étape. On serait
aussi bien de l'indiquer.
Le Président (M. Boucher): Nous sommes prêts
à voter sur l'amendement du député de Saint-Hyacinthe.
M. Lavoie: II ne veut rien comprendre.
Le Président (M. Boucher): M. Baril (Arthabaska)?
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
M. Garon: II n'a pas le droit de faire de proposition?
Le Président (M. Boucher): Oui, il a le droit. M. Garon
(Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
M. Giasson: Abstention. Une Voix: II est
découragé. M. Giasson: Abstention. M. Garon: C'est
un sage.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Lavoie (Laval)?
M. Lavoie: Je comprends mon collègue le
député de Montmagny-L'Islet qui est déprimé, mais
je ne suis pas aussi déprimé que lui. Je vote pour.
Le Président (M. Boucher): Contre: 6 Pour: 3
L'amendement est rejeté. L'article 50 est-il adopté?
M. Dubois: Sur division, M. te Président.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article 51.
M. Garon: "Le décret ainsi que le plan de la zone agricole
et la description technique de ses limites sont déposés au greffe
de la commission."
M. Lavoie: Tout est divisé, c'est clair?
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 52.
M. Garon: II a peur que ses collègues votent pour, en
troisième lecture. Il veut tout voter sur division et il va leur dire:
Vous ne pouvez pas voter pour, on a tout adopté sur division. C'est la
dictature.
Le Président (M. Boucher): L'article 52, s'il vous
plaît!
M. Garon: "Le secrétaire de la commission expédie
deux copies certifiées conformes du décret, du plan et de la
description technique de la zone agricole au greffier ou au
secrétaire-trésorier de la corporation municipale
concernée ainsi qu'au registrateur de la division d'enregistrement dans
laquelle est située la municipalité, pour fins
d'enregistrement."
M. Lavoie: Vous ne voulez pas non plus le porter à l'index
aux immeubles?
M. Garon: Non.
M. Lavoie: Pour faciliter l'étude des titres et tout? Vous
ne voulez pas? Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 53.
M. Cordeau:... ni au conseil de comté, rien au bureau
d'enregistrement, dépôt, rien...
M. Lavoie: A l'article 53, j'aurais un amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: "Article 53. La commission publie, dans la Gazette
officielle du Québec et dans un journal diffusé dans la
municipalité où est établie la zone agricole, un avis de
l'entrée en vigueur du décret de la zone agricole de cette
municipalité."
Je voudrais proposer, M. le Président, un deuxième
alinéa, qui se lirait comme suit: "L'entrée en vigueur du
décret de la zone agricole de cette municipalité n'est valide
qu'après avoir été ratifiée par
référendum au niveau de la municipalité,
référendum à la charge de la municipalité
concernée."
M. Garon: Contre.
M. Lavoie: Je vais essayer d'argumenter. On a même souvent
parlé du zonage municipal, urbain pour lequel, d'après notre
tradition, pour un plan de zonage et des modifications, les contribuables ont
le droit de s'exprimer par référendum.
Ajoutez-le, si 10% le demandent. Je n'ai pas d'objection. Vous allez
l'améliorer. Je vais vous donner la chance d'améliorer mon
amendement, si vous voulez faire un sous-amendement. Je dis que pour
l'aménagement, en somme, de territoire
dans une municipalité, c'est le développement même
de la municipalité où il y existe ou non des infrastructures,
où il existe ou non des plans d'aménagement déjà en
place: En somme, je pense que mon argumentation se tient, M. le
Président, parce que dans beaucoup de municipalités je
n'ai pas le nombre, cinq cent et quelques ou six cent quatorze il y en a
certainement plusieurs... Non, parce que c'est aux frais de la
municipalité; ce n'est pas aux frais de l'Etat.
Le Président (M. Boucher): Ecoutez, les dépenses de
deniers publics.
M. Lavoie: Un instant, M. le Président, je ne voudrais pas
vous mêler mais je pense bien que...
Le Président (M. Boucher): Ce n'est pas...
M. Lavoie: Je fais une parenthèse sur la
recevabilité; l'article 64, c'est lorsque cela grève ou
amène un impôt additionnel ou des frais au budget de la province.
Ici, c'est la raison pour laquelle on a imposé le
référendum au niveau local.
Je dis que dans plusieurs municipalités moyennes ou importantes,
il existe déjà des plans de zonage qui ont été mis
en place souvent par voie de référendum, par la décision
des citoyens. Tout le monde reconnaît que votre plan de zonage chambarde
tous les plans de zonage qui existent actuellement. C'est tout à fait
logique que si on modifie le plan d'aménagement du territoire qui est
déjà en place dans une municipalité, pourquoi est-ce que
le ministre ou la commission aurait plus de pouvoirs que l'ensemble des
citoyens qui ont le droit à ce référendum? C'est
complètement aberrant si vous ne leur donnez pas ce pouvoir. Ils l'ont
déjà. Pour le moment, je voudrais avoir la réaction du
ministre.
Dans un deuxième volet... J'ai participé à une
autre commission parlementaire sur une autre loi qui s'appelle la Loi de la
consultation populaire. J'ai passé des semaines à étudier
la loi...
Une Voix: Vous voulez qu'elle soit mise en pratique.
M. Lavoie: Certainement que je veux qu'elle soit mise en
pratique. On m'a tellement dit que l'idéal, c'était la
démocratie directe, la consultation des citoyens, que ce gouvernement
voulait tellement consulter les citoyens qu'il était même
prêt à mettre de côté des droits qui lui appartenait
depuis notre tradition parlementaire. On a dit qu'il faut faire des
référendums. Le référendum au niveau provincial est
du droit nouveau. Il y a eu très peu d'exemples dans le passé
mais ici, ce n'est pas du droit nouveau en demandant un
référendum au niveau municipal; c'est déjà
prévu dans la Loi des cités et villes qu'une municipalité
peut... Je pense que c'est l'article 69 de la Loi des cités et villes,
ou alors 67, qui permet aux municipalités de soumettre au
référendum toute question qu'elles veulent porter à la
décision des citoyens. Lorsqu'on parle d'aménagement du
territoire, lorsqu'on parle de... On le voit dans un article un peu plus loin
que votre plan de zonage agricole prime sur tout plan de zonage, tout plan
d'aménagement du territoire. Je pense bien que notre demande est logique
dans la pensée et toute l'argumentation du gouvernement actuel qu'il a
faite lors de l'étude de la loi 92 sur la consultation populaire et,
raison de plus, dans un cas d'aménagement du territoire, de zonage.
Pour le moment, je vais m'en tenir à cela pour donner l'occasion
à d'autres membres de cette commission de s'exprimer sur ce sujet.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, on ne peut pas
adhérer à cette...
M. Lavoie: Juste un mot. Si vous trouvez que dans certaines
municipalités ce n'est pas nécessaire, je vous invite si
vous voulez à mettre: Les municipalités de 5000 âmes
et plus. Améliorez mon amendement. J'ai parlé sur le fond de la
consultation populaire, d'accord?
M. Chevrette: C'est sur le fond même de l'argumentation,
à plus forte raison s'il fallait qu'on mette "municipalités de
5000 âmes et plus". Cela voudrait dire qu'il y aurait une concentration
plutôt urbaine parce qu'avec 5000 âmes, il n'y a sûrement pas
5000 cultivateurs dans cela; il peut y avoir une minorité de
cultivateurs. Si on arrivait avec un plan de protection des sols arables et on
soumettait cela à un référendum dans des
municipalités de 5000 âmes et plus, cela voudrait dire qu'on
voudrait délibérément faire battre le plan de zonage
agricole. Par essence même, cela va contre le principe même de la
loi. On passe une loi précisément parce que les
municipalités n'ont pas su, par la réglementation qu'elles
avaient, assumer la sauvegarde des sols arables. On ne peut pas adhérer
à cela, c'est impossible. C'est nier...
M. Lavoie: Vous êtes contre le
référendum.
M. Chevrette: Excusez, je vais finir. Ce n'est pas une question
d'être contre le référendum, c'est que le passé est
garant de l'avenir. Le passé nous prouve qu'au niveau municipal, ils
n'ont pas su par des plans de zonage protéger les sols arables, ils ont
laissé développer le domiciliaire de façon sauvage si bien
que l'Etat est obligé d'intervenir. C'est comme n'importe quelle loi de
n'importe quel gouvernement. Qu'il soit bleu, rouge ou péquiste, l'Etat
intervient quand? Il intervient quand il y a des abus. Et en laissant à
des groupes le soin de se prononcer par référendum sur la
protection du sol arable ce qui pourrait fort bien dans un milieu le
moindrement urbanisé faire détruire au grand complet l'objectif
même de la sauvegarde des sols arables. Cela ne tient pas debout.
Pensez-vous que la population de Laval, de quelque
260 000, va se battre pour le petit maraîcher qui est
encerclé dans un îlot blanc? La tache verte? Ils sont venus nous
dire qu'ils étaient minoritaires. Il y avait à peu près
500 cultivateurs qui étaient derrière ces micros. 500
cultivateurs nous l'ont dit, sur un bassin d'à peu près 260 000
âmes, allez donc en référendum pour 500 grelots, ils vont
se faire décapiter et ils vont dire: Des zones vertes, on n'en veut pas,
on veut du développement domiciliaire.
M. Lavoie: Est-ce que le député me permettrait une
question? Est-ce que cela veut dire que toute la population de Laval est contre
la protection des terres agricoles? Je vous dis que non.
M. Chevrette: Non.
M. Lavoie: Dans Laval, ils en veulent des terres agricoles.
M. Chevrette: Ce n'est vraiment pas cela que j'ai dit, M. le
député de Laval, parce que bien au contraire, il y a
sûrement beaucoup de citoyens de Laval qui veulent vraiment du zonage
agricole, si bien qu'ils sont surpris aujourd'hui d'apprendre que leur
député a voté contre le principe de la loi. Donc, c'est
bien sûr.
M. Lavoie: Vous durerez 19 ans dans votre comté. Je suis
prêt à faire une petite gageure pour le résultat de la
prochaine, vous, dans votre comté et moi, dans le mien.
M. Chevrette: On le fera juste avant.
M. Garon: Vous serez peut-être nommé sénateur
d'ici ce temps-là.
M. Lavoie: Vous seriez efficace. Cela veut dire que je suis sage,
non? Parce que les sénateurs, ce sont des sages en
général. Vous n'êtes pas encore prêt pour être
sénateur avec la loi que vous présentez.
M. Chevrette: II m'a interrompu habilement. J'ai un argument
additionnel à donner.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Vous savez, quand une municipalité fait un
plan de zonage pour un quartier donné, seulement les gens
impliqués votent ou les résidents des lots contigus, dans toutes
les municipalités. Je ne parle pas des cités et villes. Je parle
des municipalités au Québec. Quand une municipalité
décide de zoner tel secteur agricole, commercial, ou industriel, ce sont
les propriétaires du lot impliqué par le règlement qui
votent et les résidents des lots contigus. Donc, déjà
votre amendement est presque irrecevable en vertu de la Loi des
municipalités. On ne se cassera pas la tête longtemps pour le
battre.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Merci, M. le Président. Mes
arguments ont été évoqués par le
député de Joliette-Montcalm.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'amendement? Vote.
M. Lavoie: Je veux vous voir prononcer contre la consultation
populaire et la démocratie directe. Je vais vous demander de vous
exprimer par un vote enregistré ceux qui sont contre le
référendum.
Le Président (M. Boucher): M. Baril (Arthabaska)?
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Abstention.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Giasson (Montmagny-L'Islet)?
Absent.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)? Absent.
M. Rancourt (Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Roy (Beauce-Sud)?
Absent.
M. Lavoie (Laval)?
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Boucher): La motion d'amendement est
rejetée à cinq contre un. Est-ce que l'article 53 est
adopté? (23 h 45)
M. Lavoie: Oui, avec une grosse division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division?
M. Lavoie: Un instant, M. le Président. J'y suis
allé un peu vite. J'aurais un autre amendement, en
ajoutant à l'article 53 l'alinéa suivant: "Dans les 180
jours de l'adoption de la zone agricole visée au présent article,
une municipalité peut faire appel à la commission municipale de
Québec pour que cette dernière détermine la compensation
que devrait verser le ministère des Affaires municipales à ladite
municipalité en raison d'une infrastructure déjà en place
dans la zone agricole ou d'une perte de revenu découlant de
l'application de la Loi de l'évaluation foncière. La
décision de la Commission municipale doit être rendue dans les 90
jours de la demande."
Comprenez-vous notre point de vue? Je ne plaiderai pas longtemps sur
cela, mais il y a deux cas... On a des cas de municipalités dont toute
la planification, tout l'aménagement du territoire sont
chambardés. On a eu le cas de Repentigny, entre autres; toute sa zone de
réserve urbaine est maintenant contrôlée et sous le
contrôle du zonage agricole. Il y a eu plusieurs autres cas. Il y a eu le
cas de Saint-Eustache. Une trentaine de municipalités de cette
région; le plan d'aménagement de la région de Mirabel. Il
y a la CRO, la Communauté régionale de l'Outaouais, à qui
on a dit que si le zonage agricole était appliqué tel quel... Il
y a la ville de Laval. Je pourrais mentionner plusieurs municipalités.
Si jamais le plan restait tel quel ou était imposé avec trop de
rigueur, certaines municipalités pourraient se voir acculées
à la faillite en étant privées de revenus
énormes.
C'est toute la question des implications de l'application du zonage
agricole. S'il est appliqué également avec beaucoup de rigueur,
c'est sûr que cela va affecter énormément l'assiette
fiscale et la fiscalité générale de ces
municipalités. S'il y a 100 terres qui passent d'une évaluation
de $1000, $2000 ou $3000 l'arpent, comme on en connaît, qui sont incluses
dans le zonage agricole où elles seront assujetties à la
protection prévue par l'article 21 de la Loi de l'évaluation
foncière, l'évaluation va joliment baisser et aussi
également les revenus directs de la municipalité.
Il y a la ville de Laval qui a dit que si le zonage s'appliquait tel que
le plan est prévu actuellement, il y aurait un manque à gagner de
$2 millions par année. Je crois que vous n'avez pas le droit, par le
biais du ministère de l'Agriculture, de pénaliser ces
municipalités. Je pense que vous avez peut-être plusieurs
municipalités au Québec qui peuvent être directement
affectées par cela. Je crois qu'il serait normal que ces
municipalités obtiennent l'aide du ministère des Affaires
municipales.
M. Chevrette: Permettez-moi une question. M. Lavoie:
Oui.
M. Chevrette: 500 propriétaires, c'est 500, si je me
rappelle les statistiques, qui rapporteraient $2 millions de taxe à la
ville de Laval?
M. Lavoie: Non. Je vais vous expliquer ce qui en est. Ce n'est
pas cela. Il y a un peu moins de 500 producteurs agricoles dans la ville de
Laval. Mais, actuellement, le plan qui a été
déposé...
M. Chevrette: A cause de la zone blanche. D'accord, c'est
exact.
M. Lavoie: ... à cause de la zone verte actuellement, qui
est beaucoup plus grande, je crois, que d'après les besoins de la ville
de Laval. La ville de Laval est prête à offrir de protéger
pour fins agricoles prenons un exemple 15 000 arpents, alors que
le plan imposé par le ministère actuellement couvre 45 000
arpents. Si jamais ces 45 000 arpents restaient pour fins agricoles, je crois
que cela représente une évaluation de plusieurs millions de
dollars d'évaluation. Il y a des terres actuellement à Laval qui
sont évaluées à $7000 ou $8000 l'arpent et qui vont tomber
à $125 l'arpent, parce que c'est $150 l'acre. Elles vont tomber à
$125 l'arpent. Imaginez-vous la perte au point de vue revenus de la
municipalité, au lieu d'être taxées sur $7000 ou $8000
l'arpent à $1.60 environ les $100 d'évaluation et si la
commission scolaire également tombe à $125 l'arpent, la limite
d'évaluation, avec un taux maximum de $1 les $100. C'est pour cela que,
dans le cas que je connais le mieux, celui de la ville de Laval, il y a un
manque à gagner de $2 millions par année. Je ne dis pas que cela
va rester aussi vaste que cela, la zone agricole finale, mais, même si
elle est réduite de 50%, la ville de Laval aura un manque à
gagner qui, s'il n'est pas de $2 millions, sera de $1 million.
M. Gagnon: Oui, mais quand vous parlez d'un manque à
gagner de $2 millions, il reste tout de même qu'il y a quelqu'un qui paie
ces $2 millions actuellement. Si je comprends bien, c'est un manque
éventuel, une fois que ce territoire serait construit, pas
actuellement.
M. Lavoie: Non, actuellement.
M. Giasson: Par le changement d'évaluation.
M. Gagnon: Cela fait à peu près $40 000 par
cultivateur.
M. Lavoie: Non, vous ne comprenez pas.
M. Giasson: C'est parce que vous avez beaucoup de fermes qui ne
sont pas cultivées, possédées par des spéculateurs
ou autres, qui paient sur une évaluation de $500, $1000 et $2000...
M. Chevrette: M. le Président, toute terre non
cultivée est taxable, ce ne sont que les terres cultivées qui ont
un plafond.
M. Giasson: Non, relisez la définition du terme
"agriculture" dans la loi. Même en friche...
M. Chevrette: Le bonhomme qui ne cultive pas sa terre et qui ne
produit pas le minimum correspondant au statut de l'agriculteur...
M. Giasson: $1000 par année de mise en marché de
produits agricoles.
M. Chevrette: ... il est taxé à pleine valeur.
Donc, c'est faux de prétendre qu'il y aurait une perte
considérable.
M. Lavoie: Je connais le cas, prenez ma parole. Il y a une loi,
dans la Loi des cités et villes ou dans la charte de la ville de Laval,
et dans la Loi de l'évaluation foncière, qui dit que, dès
qu'une terre fait l'objet d'une transaction dans un but de spéculation,
elle perd la protection de l'article 21 de la Loi de l'évaluation
foncière. Si c'était un cultivateur auparavant, le cultivateur a
$120 de limite d'évaluation par arpent; dès que la terre fait
l'objet d'une transaction spéculative dans le but d'un
développement, il n'y a plus de protection. A Laval, on a certains cas
à $10 000 l'arpent et, dans d'autres cas, c'est encore plus
élevé.
Ces gens paient actuellement à $10 000 l'arpent au plein taux de
la ville. Je vous dis que, si cette terre, même si elle est en friche,
est incluse dans la zone verte, que va faire le propriétaire? Il va
aller au bureau de révision de l'évaluation foncière et va
dire: Ma terre n'est plus zonée pour des fins de développement,
elle est zonée pour des fins agricoles, je demande une évaluation
de $120 l'arpent.
M. Chevrette: D'après moi, M. le député de
Laval, c'est là qu'il y a méprise.
M. Lavoie: Non, en vertu de l'article 106 de la loi.
M. Chevrette: L'article 21 de la Loi de l'évaluation
foncière dit que toute terre non cultivée est taxable à
pleine valeur.
M. Lavoie: A pleine valeur.
M. Chevrette: Cela n'a rien à voir avec la
définition du mot "agriculture" qu'on retrouve ici.
M. Lavoie: Je ne suis pas d'accord avec vous.
M. Giasson: Dès que vous vous faites reconnaître
comme producteur agricole par la Régie des marchés pour la ville
de Montréal et les autres villes autour...
M. Chevrette: II doit la cultiver s'il veut avoir le rabais.
M. Giasson: II n'a qu'à ensemencer sa ferme de
céréales ou faire produire du foin et qu'il prouve qu'il vend
pour $1000 par année...
M. Chevrette: II la cultive.
M. Giasson: Oui, mais il se fait reconnaître. Pensez-vous
que le propriétaire de ferme, à Laval ou ailleurs, avec les
nouvelles dispositions qu'en apporte dans cette loi...
M. Chevrette: Quelle différence y a-t-il entre la loi qui
est présentée ici et ce qu'il y avait avant?
M. Lavoie: Je vais vous l'expliquer.
M. Chevrette: C'est la même chose. S'il cultivait pour
$1000, il pouvait avoir le rabattement.
M. Lavoie: Je vais vous l'expliquer, je connais le cas...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Joliette-Montcalm, terminez votre intervention.
M. Gagnon: C'est vrai actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, M. le député de Joliette-Montcalm parlait.
M. Chevrette: Actuellement, un producteur qui produit pour $1000
a droit au plafond de 40% tel que prévu dans la loi.
M. Lavoie: Oui.
M. Chevrette: Celui qui va continuer à produire pour $1000
à moins que cela change et que cela devienne $2000; actuellement,
c'est encore $1000 va avoir droit au rabattement de 70%.
M. Lavoie: S'il est dans la zone verte. Je suis d'accord avec
vous jusque-là.
M. Chevrette: S'il s'est fait reconnaître, quelle que soit
la zone, s'il produit, il va avoir droit à 70%.
M. Lavoie: Je suis d'accord avec vous sur ce point, mais je vais
vous donner un autre cas.
M. Chevrette: C'est là que je veux voir; quand vous
affirmez que, parce que la ville de Laval entrevoyait de réduire les 15
000 acres... Je suppose que la ville en voulait 30 000 et le ministre en met 45
000, peu importent les chiffres.
M. Lavoie: La ville voulait 15 000 acres et il y en a 45 000 dans
le moment.
M. Chevrette: Le fait que le producteur soit dans les 15 000 de
trop...
M. Lavoie: Non, 30 000 de trop.
M. Chevrette: Oui, 30 000 de trop. Votre exemple c'est 30 000 de
trop. S'il continue à produire, soit dans la zone projetée ou
non, il a le droit au rabattement de 70%.
M. Lavoie: On est d'accord sur cela. Il y a un autre aspect que
vous ne couvrez pas. Vous couvrez seulement l'aspect...
M. Chevrette: Expliquez-moi l'aspect que l'on ne couvre pas,
parce qu'il n'y a rien de différent...
M. Lavoie: L'aspect que vous couvrez, c'est le producteur
agricole qui est dans Laval actuelle-
ment, il y en a 500 qui ont des terrains, qui sont des cultivateurs qui
ont les bénéfices...
M. Chevrette: Des produits.
M. Lavoie: Des produits agricoles. Ils ont le
bénéfice de la limite de $125 l'arpent et $1 du $100. Ce que je
veux vous dire, c'est que dans les 45 000 qu'on applique. Je vais vous lancer
un chiffre. Il doit y avoir dans cela peut-être 20 000 arpents, qui sont
possédés par des non-producteurs agricoles. Les
développements du nord-est. La plus grande part de ces
développements ce sont des compagnies en plus de cela. Ces 20 000
arpents sont évalués actuellement dans Laval entre $4000 et $12
000 l'arpent. Il y a 20 000 arpents comme cela. Les gens paient $1.56 et $1.35
au scolaire. D'accord? C'était avant le 9 novembre. Maintenant, ils sont
zones agricoles. Uniquement pour des fins agricoles, temporairement,
possiblement, d'une manière définitive. Ces gens ne resteront pas
assis sur leur derrière avec des évaluations entre $4000 et $12
000. Qu'est-ce qu'ils vont faire? Ils vont aller au bureau de révision,
et ils vont dire: C'est pour fins agricoles, cela n'a plus la même
valeur. Mettez-moi à $150, on va cultiver, on va faire n'importe
quoi.
M. Giasson: On va faire cultiver.
M. Lavoie: On va faire cultiver, n'importe quoi. C'est sûr
que le bureau de révision ne pourra pas les laisser à $8000, $10
000, $12 000 l'arpent s'ils sont limités à un usage agricole.
Pour cela, cela enlèvera à la ville de Laval actuellement, si le
plan reste tel quel, $2 millions par année de manque à gagner. Si
c'est réduit de $45 000 à $25 000, cela va être $1 million
de manque à gagner par année. Est-ce que vous comprenez M. le
député, l'autre aspect? Cela va arriver à Repentigny, cela
va arriver à Joliette. Il y en a sans doute sur la rive sud. Cela va
arriver dans l'Outaouais, à Saint-Eustache.
Mon amendement a pour but de donner une chance à ces
municipalités de ne pas venir en mauvaises affaires et d'obtenir de
l'aide des Affaires municipales pour compenser, cette aide
déterminée par la commission municipale qui est un peu un
spécialiste en ce domaine.
M. Chevrette: Je comprends que c'étaient des terres en
spéculation en fonction du résidentiel. Elles étaient
évaluées au plein prix. Le gars voyant qu'il est dans une zone
verte, il va faire cultiver ou il va cultiver lui-même.
M. Giasson: II va faire cultiver quand...
M. Chevrette: Oui, s'il s'agit d'une compagnie, elle va faire
cultiver, mais l'objectif même de la loi, M. le député de
Montmagny-L'Islet, le titre même de la loi, c'est de maximiser la
culture.
M. Lavoie: Oui, d'accord, on est bien d'accord avec cela,
mais...
M. Chevrette: Votre exemple démontre fort bien qu'elle
aurait un objectif heureux dans le présent cas.
M. Giasson: On ne dit pas que l'objectif n'est pas bon, on dit
que la municipalité va perdre des revenus.
M. Chevrette: Ecoutez, même si l'objectif est bon, vous ne
forcerez pas...
M. Giasson: La municipalité va perdre ses revenus quand
même. Cela ne change rien.
Le Président (M. Boucher): II est minuit, nous devons
ajourner sine die.
Fin de la séance à 23 h 59