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Étude du projet de loi no 116
(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames et messieurs, reprise des travaux de la commission de
l'agriculture pour l'étude, article par article, du projet de loi no
116, Loi modifiant la Loi de la mise en marché des produits
agricoles.
Les membres de cette commission sont les suivants: M. Baril (Arthabaska)
remplacé par M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Beauséjour
(Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain), M. Garon
(Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Ran-court (Saint-François), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants seront: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé par M.
Verreault (Shefford), M. Mercier (Berthier), M. Picotte (Maskinongé), M.
Samson (Rouyn-Noranda).
Avant de débuter cette séance, suivant l'ordre de la
Chambre, les travaux devront être terminés à 12 h 30. Il y
a une autre chose que je tiendrais à faire remarquer à tous les
partis, à M. le ministre et aux partis de l'Opposition. C'est que tous
les amendements que vous aurez à apporter au projet de loi devront
être déposés avant une heure au bureau du secrétaire
général de l'Assemblée nationale. Je voudrais que ce soit
clair pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté.
M. Biron: Pas à une heure!
Le Président (M. Laplante): Avant une heure suivant les
règles de la Chambre. C'est l'instruction que j'ai eue du
président ce matin.
M. Biron: Une heure après le dépôt.
Le Président (M. Laplante): C'est ce qu'on m'a
demandé et je vous dis textuellement ce qu'on m'a dit. Vous pourrez
aller aux renseignements, s'il y a erreur dans mon information, on
précisera avant l'ajournement. D'accord?
M. Fontaine: Je pense qu'il faut se comprendre. C'est une heure
après le dépôt du rapport.
M. Garon: ... vendredi...
Le Président (M. Laplante): Écoutez...
M. Garon: Le président nous l'a dit avant de partir.
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Une minute! Si vous voulez,
nous allons commencer la séance et je vais retourner aux renseignements
pour faire corroborer ce qu'on m'a dit avant de venir ici. S'il y avait un
changement avant 12 h 30, je vous le communiquerai. D'accord?
M. Biron: Je voudrais juste vous donner un renseignement, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Lotbinière.
M. Biron: ... si j'ai le droit de parole. J'ai discuté
personnellement avec le leader du gouvernement, M. Charron; il était
question de deux heures après le dépôt du rapport, pour que
cela aille vers 16 heures cet après-midi. C'est moi qui ai dit que nous
aurions assez d'une heure après le dépôt du rapport
officiel. Il nous a dit: Je vais déposer le rapport au début de
la séance, vers 14 h 10 ou 14 h 15, et cela vous donnera une heure de
plus pour préparer vos amendements. C'est le sens de mes discussions
avec M. Charron, le leader du gouvernement jeudi dernier.
Le Président (M. Laplante): Seriez-vous assez bon, M. le
député de Lotbinière, d'avertir le leader afin qu'il
prévienne les membres de la commission, parce que je suis pris avec le
règlement? S'il y a eu une dérogation à une entente entre
les partis, moi, je suis prêt à respecter tout cela. Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: II serait absolument insensé de demander aux
parlementaires de faire des amendements alors qu'ils n'ont pas eu l'occasion de
prendre connaissance du rapport de la commission. Je pense que c'est
impossible. Le rapport de la commission va être déposé
à l'Assemblée nationale avant la période des questions,
à 14 heures. On ne peut pas faire des amendements à un rapport
qu'on ne connaît pas, à 13 heures.
M. Giasson: Durant la période des questions, vous
préparerez vos amendements si vous en avez. Une heure après,
après la période des questions...
Le Président (M. Laplante): Je vous transmettrai les
autres directives que je recevrai d'ici ce temps-là. J'espère que
M. le vice-président de l'Assemblée nationale m'entend
actuellement, grâce à son perroquet, afin qu'il puisse me donner
d'autres directives.
Maintenant, la parole était...
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
Télégramme de la coopérative
agricole de Granby
M. Fontaine: ... une demande de directive. J'avais
demandé, hier, au ministre de l'Agriculture s'il pouvait prendre des
informations afin de les communiquer aux membres de la commission. La
Coopérative agricole de Granby, dans son télégramme
d'hier, lui a dit: Nous réitérons les propos tenus dans nos
communications en date du 13 et du 21 décembre 1978. J'avais
demandé au ministre s'il pouvait prendre des informations auprès
de son cabinet afin de savoir s'il était possible de faire
connaître aux membres de cette commission ces documents. Le ministre
a-t-il pu avoir les documents en question aujourd'hui?
M. Garon: Je vais vous dire que j'ai vu le
télégramme, qui est prétendument du 21 décembre,
mais qui n'est pas daté, pour la première fois ce matin. Le
télégramme de Granby qui était sensé être
arrivé à mon bureau hier, je ne l'ai pas encore reçu. J'ai
demandé à tous les gens de mon cabinet de voir où on
reçoit les télégrammes habituellement et apparemment je
n'ai reçu aucun télégramme concernant Granby hier.
M. Fontaine: Mais celui du 21 décembre?
M. Garon: II y a un télégramme qui n'est pas
daté, qui est entré hier et que j'ai vu ce matin pour la
première fois. Les gens ne savent pas si c'est celui-là. Est-il
entré le 21 ou 22, alors qu'on était en session, dans la nuit? Je
ne l'ai pas vu. Je l'ai vu pour la première fois ce matin.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre pourrait nous faire part de
ce que dit le télégramme?
M. Garon: "Vu l'urgence de régler, dans
l'intérêt des producteurs agricoles du Québec, le
problème soulevé par le récent jugement de la Cour
suprême du Canada, nous désirons appuyer le projet de loi 116
uniquement en ce qui concerne les articles 2, 4, 7 et 8 et vous prions d'en
assurer l'adoption avant la fin de la présente session. En ce qui a
trait aux trois autres articles du projet, nous vous prions instamment de les
retirer afin d'en permettre une discussion plus éclairée à
la prochaine réunion."
M. Fontaine: À la prochaine session!
M. Garon: Un instant! Le télégramme que j'ai
reçu le 21 décembre, c'est-à-dire le
télégramme de la coopérative Fédérée
ou au nom de toutes les coopératives, me disait d'adopter le projet de
loi le plus rapidement possible avant Noël. Et dans la revue des
producteurs, la même chose est dite au mois de janvier. C'est un curieux
télégramme, le télégramme de Granby, parce que,
apparemment, eux non plus ne l'ont pas eu. Au mois de janvier, dans le journal
le Coopérateur agricole on lisait: le projet de loi no 16 n'est pas
mort. On y parlait des gens qui sont venus me rencontrer. On parlait du 10
décembre. On parlait du 21 décembre, un autre
télégramme. La Fédérée
réitérait à M. Garon et au premier ministre son accord
avec le projet amendé et exprimait la demande qu'il soit adopté
le jour même, ce qui, malheureusement, ne fut pas le cas. Et à ce
moment-là, la coopérative Fédérée ne faisait
pas état non plus de la dissidence de la coopérative de Granby.
Je trouve cela... Et je remarque que vous avez eu le télégramme,
que vous m'avez donné une copie le 17 et que je ne l'ai pas encore eu,
le télégramme de la coopérative de Granby.
M. Fontaine: Vous avez un problème de communication avec
votre ministère.
M. Garon: Je n'ai pas de problème de communication.
M. Fontaine: II faudrait vous en occuper.
M. Garon: II faudrait quand même... Je trouve cela un peu
curieux.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre met en cause la bonne foi de
la coopérative agricole de Granby?
M. Garon: Non. Je vous dis tout simplement les faits tels qu'ils
sont.
M. Cardinal: Pardon, M. le Président, est-ce que la
commission me permettrait d'apporter des précisions sur la
procédure d'aujourd'hui? Comme vous l'avez dit...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Provost...
M. Cardinal: Je vous ai entendu au perroquet. J'ai
déjà vérifié auprès du leader parlementaire
et comme vous, je ne connaissais pas l'entente qui avait été
faite. Je n'assistais pas à cette réunion des leaders
parlementaires. L'entente est la suivante et l'on me corrigera. C'est que le
dépôt du rapport de la commission soit fait au tout début
des affaires courantes, ce qui est absolument non usuel, mais ce qui a
été convenu. À quelle heure ce sera exactement? On le
verra. Et il y aura une heure de délai pour que chacun des partis, le
parti ministériel, les partis d'Opposition, le parti reconnu, puisse
déposer ses amendements. C'est une brèche au règlement
123, mais c'est une façon de l'appliquer en ce jour où cette
commission terminera ses travaux à 12 h 30. Est-ce que j'ai
répondu à toutes les questions? Sur cela, messieurs, je vous
souhaite une bonne séance.
Le Président (M. Laplante): C'est clair pour tout le
monde? Merci, monsieur. M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je ne peux pas
comprendre que le ministre de l'Agriculture n'ait pas reçu un
télégramme daté du 21 dé-
cembre 1978 qui lui était adressé par la
coopérative agricole de Granby qui représente 9800 producteurs ou
quelque chose comme cela et qu'il vienne nous dire en Chambre, le 21
décembre: II y a unanimité des coopératives. Elles veulent
qu'on adopte le projet de loi le plus rapidement possible, alors que la
journée même, il avait reçu un
télégramme...
M. Garon: C'est faux.
M. Fontaine:... qui lui demandait exactement le contraire.
M. Garon: C'est faux.
M. Fontaine: Si le ministre nous dit qu'il ne l'a pas
reçu, il va falloir qu'il nous le prouve.
M. Garon: Écoutez! J'étais dans mon bureau ce matin
et on m'a donné une copie du télégramme. La
secrétaire m'a dit que ce télégramme était
arrivé, à un moment donné, sur mon bureau. Dans la
journée du 21 au cas où vous ne le sauriez pas, il
faudrait peut-être que vous sachiez ceci on a siégé
toute la nuit. Le lendemain, nous sommes allés au Conseil des ministres.
Si le télégramme est entré je ne sais pas à
quelle heure il ait pu entrer mais la journée du 21 a
été longue.
M. Fontaine: Est-ce que le télégramme est
entré le 21 ?
M. Garon: Je ne le sais pas. Je ne le sais pas à quelle
heure il est entré, quand il est entré. Tout simplement, ce qu'on
m'a dit, la secrétaire à mon bureau, qui enregistre les papiers,
m'a dit qu'à un moment donné elle a trouvé ce
papier-là sur son bureau. Mais je ne l'ai pas vu.
M. Fontaine: Quand vous a-t-elle dit cela? M. Giasson:
Elle n'a pas estampillé celui-là.
M. Garon: Je ne sais pas quand elle l'a reçu. Est-ce
qu'elle l'a reçu dans le temps des Fêtes? Je ne le sais pas. C'est
possiblement à cause du brouhaha de la fin de la session, les 21 et 22.
C'est possiblement à cause de cela.
M. Fontaine: Mais comment se fait-il, M. le Président, que
le ministre de l'Agriculture, s'il nous dit qu'il n'a pas reçu le
télégramme le 21 d'accord, on va lui donner le
bénéfice du doute quoique le doute est pas mal fort...
M. Garon: Demandez-vous donc pourquoi le télégramme
de la Coopérative de Granby, que je suis censé recevoir en
même temps que vous, je ne l'ai pas encore reçu?
M. Fontaine: Non, est-ce que je peux continuer, M. le
Président?
M. Garon: On pourrait peut-être poser la question.
M. Fontaine: Si on laisse le bénéfice du doute au
ministre en ce sens qu'il n'a pas reçu ce télégramme le
21, pourquoi, en vertu de quel principe, pour quelle raison le ministre de
l'Agri-cultre ne nous a-t-il pas fait prendre connaissance aux membres
de la commission parlementaire de ce télégramme au début
de nos travaux, il y a une semaine ou au début de l'étude du
projet de loi, le 6 février, lorsque nous sommes revenus à
l'Assemblée nationale? Pourquoi ne nous a-t-il pas dit qu'il n'avait
plus cet appui-là? Il nous l'a caché. Pourquoi ne l'a-t-il pas
dit?
M. Garon: Pas du tout. Je l'ai appris ce matin. Je l'ai appris
quand on m'en a parlé dans le télégramme que j'ai vu hier.
J'ai demandé: "Avez-vous reçu un télégramme de
Granby?" Ce matin, on m'a remis un télégramme. J'ai plusieurs
témoins qui étaient dans mon bureau. (10 h 30)
M. Fontaine: C'est insensé.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'est comme
l'autre télégramme que je suis censé avoir reçu et
que je n'ai pas encore reçu.
M. Biron: M. le Président, je ne sais pas si je peux avoir
la permission...
Le Président (M. Laplante): II faudrait demander l'accord
des membres de la commission pour que monsieur...
M. Garon: II faut que vous remarquiez une chose. Dans le
télégramme que vous avez reçu, qu'est-ce qu'on dit? En
tout cas, je ne comprends pas. À la lumière des récents
événements et à la suite des pressions, la
Coopérative agricole de Granby désire vous informer qu'elle
retire son appui aux autres articles. Alors je peux vous dire une chose, ce
télégramme, je ne l'ai pas encore reçu.
M. Biron: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lotbinière, du consentement des membres.
M. Garon: Je ne sais pas où il a été
envoyé. J'ai demandé... Hier après-midi, quand vous m'avez
remis le vôtre, j'ai envoyé spécialement mon chef de
cabinet, M. Morasse, voir au ministère des Terres et Forêts
puisque c'est là qu'arrivent les télégrammes si le
télégramme était arrivé. Les nouvelles que j'ai,
c'est que je n'ai pas encore eu le télégramme de Granby. Que
voulez-vous que je vous dise!
M. Fontaine: Au ministère des Terres et Forêts?
M. Garon: C'est là qu'arrivent les
télégrammes.
M. Biron: M. le Président...
M. Garon: Le téléscripteur sur lequel arrivent les
télégrammes est là. Que voulez-vous que je vous dise? Ne
riez pas, vous êtes donc bien niaiseux, "crisse"!
M. Fontaine: Aïe, un instant!
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fontaine: Je me demande, ce matin, lequel des deux est le plus
niaiseux.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Les télégrammes arrivent là.
M. Fontaine: Vous recevez des télégrammes à
pleine poche et vous n'en prenez jamais connaissance.
M. Garon: Un instant!
M. Biron: M. le Président, je voudrais intervenir.
Peut-être pourrais-je faire une suggestion au ministre de l'Agriculture.
Il semble que dans l'entourage immédiat du ministre ce n'est pas
de mauvaise foi, je ne veux attaquer personne il y a des choses qui sont
cachées au ministre.
M. Garon: Non.
M. Biron: Je voudrais tout simplement... Le but de mon
intervention c'est tout simplement de suggérer au ministre de
vérifier très sérieusement dans son entourage ce qui se
passe. Le ministre a le droit, je pense, de savoir la vérité
vis-à-vis de certaines prises de position surtout au sujet d'un
projet de loi aussi important que le projet de loi no 116 d'une
coopérative comme la Coopérative agricole de Granby qui
représente à peu près 50% du mouvement coopératif
agricole au Québec.
De ce côté en particulier, je me demande__le voudrais avoir
l'attention du ministre, s'il vous plaît, j'essaie de vous aider, M. le
ministre...
M. Garon: Ce que je veux que vous sachiez simplement, c'est que
le 21 décembre, c'est la journée où les fonctionnaires ont
fermé la boutique. Est-ce qu'ils ont fermé le bureau des
télégrammes avant? Je ne le sais pas mais je n'ai pas eu le
télégramme. Soyez bien conscient de cela, c'est la journée
où la fonction publique fermait boutique.
M. Biron: Ce que je veux dire, M. le ministre, c'est que depuis
ce temps, on a reçu le télégramme et qu'il y a des gens
qui ne vous l'ont peut-être pas remis. Vous dites que vous venez de le
voir; il faudrait au moins faire le tour de tout le problème. Il y a un
problème important vis-à-vis du projet de loi no 116. La plus
importante coopérative agricole du Québec vous dit: Nous vous
donnons notre appui sur les articles 2, 4, 7 et 8. Ce que je voudrais
suggérer au ministre, c'est de suspendre cette commission, ce matin,
pour une demi-heure afin de vérifier avec les dirigeants de la
Coopérative agricole de Granby quand elle a envoyé le
télégramme, où c'est allé et tout cela. C'est
sûr que le ministre, à l'heure actuelle, s'il veut continuer
à s'entêter dans la même direction, il peut peut-être
continuer à le faire, mais il manque un consensus social important dans
le milieu agricole avant d'adopter une telle loi.
Le but de mon intervention, M. le Président, c'est finalement
d'aider le ministre, au niveau de son ministère et au niveau de
l'agriculture au Québec, à essayer justement de voir clair
à travers ces grands courants d'opinions que représente le
mouvement coopératif agricole. C'est tout simplement pour lui donner une
chance de vérifier à nouveau avec les gens de la
Coopérative de Granby, soit M. Lemire ou le directeur
général, et, finalement, de savoir exactement la
vérité, où on s'en va avec cela. Si le ministre,
après cela, revient en commission parlementaire et dit: J'ai
décidé de continuer et j'affronte la Coopérative de
Granby, vous le ferez, mais au moins ce sera votre décision. Mais,
à l'heure actuelle, je m'aperçois qu'il y a des choses dont vous
n'êtes pas au courant. Vis-à-vis du télégramme
d'hier ou de samedi, vous nous dites: Je ne l'ai pas reçu encore. Je
prends votre parole là-dessus, mais je pense que c'est important, M. le
ministre, que vous vérifiiez. C'est extrêmement important.
Pour appliquer un tel projet de loi dans le monde agricole, vous avez
besoin du consensus des coopératives et des producteurs agricoles et il
semble qu'il n'existe pas ce consensus. Tout ce que je veux vous permettre de
faire, c'est parler au téléphone avec M. Lemire, le
président de la Coopérative de Granby, et dire: Écoutez,
M. Lemire, je m'excuse, vous m'avez envoyé un télégramme
le 21 décembre et samedi, je ne l'ai pas reçu. Voulez-vous me
dire le fond de votre pensée sur cette affaire?
M. Garon: Je l'ai vu. Vous m'en avez donné une copie.
M. Biron: Vous l'avez vu, mais écoutez, quand on est
ministre de l'Agriculture, je pense qu'on doit parler à des hommes aussi
importants que le président de la Coopérative de Granby; il ne
faut pas se gêner.
M. Garon: Je l'ai rencontré pendant trois heures, le 16
décembre.
M. Biron: Est-ce que, depuis ce temps, vous l'avez
rencontré?
M. Garon: Non.
M. Biron: Vous avez un télégramme très
important contre quatre articles de votre projet de loi, le 21 décembre;
vous en avez un autre daté de samedi. Je crois que ce serait important,
M. le ministre. M. le ministre, je ne veux pas vous mettre en boîte, je
vous fais une suggestion très positive de suspendre pour quinze minutes,
une demi-heure, si vous voulez, de prendre le temps de téléphoner
au président de la Coopérative de Granby, de parler avec lui et
de savoir exactement le fond de sa pensée.
M. Garon: Je le connais, le fond de sa pensée.
M. Biron: Après cela, si vous voulez intervenir et si vous
voulez dire: Cela ne me fait rien, je les affronte directement, vous le ferez.
Je veux vous donner une chance, M. le ministre, de vous en sauver le plus
élégamment possible.
M. Garon: Vous êtes là pour m'aider. Je vous
remercie beaucoup.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre pourrait nous dire...
M. Biron: J'attends quand même, M. le ministre. Je pense
que j'ai fait une suggestion qui se tient.
M. Garon: Vous allez déménager à
Lévis aux prochaines élections et vous allez voter pour moi, je
suppose.
M. Biron: Je vous fais une suggestion, M. le ministre, qui se
tient. Vous n'avez pas parlé au président de la
Coopérative de Granby depuis le 16 décembre dernier. Cela
vaudrait peut-être la peine de lui parler, cela fait au-delà de
deux mois. Vous avez deux télégrammes de lui protestant contre
votre projet de loi. C'est la coopérative agricole la plus importante au
Québec. Je crois qu'il n'y a rien de plus élémentaire, M.
le ministre, que de prendre quinze minutes, d'aller lui
téléphoner, de le rejoindre il doit être quelque
part au Québec, M. Lemire et de lui dire: Qu'est-ce que cela veut
dire vos télégrammes, je veux le savoir? Vous reviendrez ici et
vous nous direz son état de pensée et, après cela, on
continuera les travaux.
M. Garon: Vous, quand vous serez au pouvoir, vous mènerez
cela comme vous voudrez. En attendant, je vais vous dire une affaire. L'Union
Nationale a été au pouvoir, vous avez adopté des lois dont
une sur la Régie des marchés agricoles, comme le Parti
libéral, avec le mouvement agricole complètement divisé et
vous avez voté ces lois. Actuellement, il y a une coopérative qui
mentionne qu'elle a des réserves après avoir donné son
appui. Vous comprenez que dans le monde agricole, s'il faut attendre d'avoir
l'unanimité totale chaque fois qu'on fait un mouvement, on ne bougera
jamais.
M. Biron: Je crois, M. le ministre, que l'appui n'a pas
duré longtemps, parce que le 21 décembre il y avait un
télégramme. Je veux vous aider, M. le ministre. Je comprends que
vous n'ayez pas reçu votre télégramme du 21
décembre, d'accord. Mais je veux simplement vous dire: Pourquoi ne
parlez-vous pas au téléphone avec M. Lemire? Personne ne va vous
le reprocher à travers la province. Au moins, parlez-lui à cet
homme. Vous êtes capable de parler le même langage que lui et dire:
Dites-moi le fond de votre pensée. Prenez le temps de lui
téléphoner à M. Lemire.
M. Garon: J'ai répondu à cela. Ne braillez pas
comme un enfant, je vous ai répondu, on continue la commission
jusqu'à midi et demi.
M. Biron: Vous affrontez la Coopérative de Granby.
M. Gagnon: M. le Président, est-ce qu'on pourrait revenir
à la pertinence du débat.
M. Biron: Si ce n'est pas pertinent, la Coopérative de
Granby, il n'y a rien à faire là-dedans.
M. Gagnon: Ce n'est pas pertinent.
M. Biron: La Coopérative de Granby, ce n'est pas
pertinent.
M. Gagnon: Ce sont vos propos qui ne sont pas pertinents.
M. Fontaine: Le ministre ne l'a jamais eu l'appui de la
Coopérative de Granby, et il le sait.
M. Garon: Hein?
M. Fontaine: Vous ne l'avez jamais eu, l'appui de la
Coopérative de Granby, jamais. Le télégramme le prouve,
à part cela.
M. Ouellette: Le télégramme dit "retire", pour
retirer il faut avoir d'abord...
M. Fontaine: Non.
M. Ouellette: Voyons donc.
M. Fontaine: Celui du 13 décembre.
M. Biron: Lis-le donc.
M. Fontaine: D'accord, je vais vous en lire des
télégrammes, si vous voulez en avoir.
M. Garon: ... de votre pensée.
M. Fontaine: Le 13 décembre 1978, M. le Président,
la Coopérative agricole de Granby, par l'entremise de son
président, M. Michel Lemire, adressait un télégramme au
ministre de l'Agriculture du Québec, M. Jean Garon: "M. le ministre, la
Coopérative agricole de Granby désire vous manifester si
le ministre veut écouter, s'il n'en a pas pris connaissance, je vais lui
en faire prendre connaissance son plus profond désaccord et
sa
grande appréhension devant le projet de loi no 116 visant
à modifier la Loi sur la mise en marché des produits agricoles
tel que déposé à l'Assemblée nationale. Nous ne
pouvons accepter ce projet dans sa teneur actuelle. "La Coopérative
agricole de Granby considère que le projet de loi no 116, dans sa
formulation actuelle, risque d'entraver d'une manière directe
l'autonomie de l'organisation coopérative de la mise en marché
des produits agricoles au Québec et d'entraîner à
brève échéance la mort de la coopération en
matière agricole. Le projet de loi no 116 risque de détruire la
coopération dans un secteur clé de notre économie,
là où elle a toujours fait preuve d'audace et joué un
rôle prépondérant en dotant les producteurs
québécois des outils nécessaires à leur
développement et à la croissance du Québec. "À
titre d'exemple, l'article 1 du projet de loi constitue une tentative
d'aiguiser, de vider le marché des produits agricoles en restreignant
considérablement la portée et l'application. Cet article risque
d'entraîner la paralysie complète et totale de l'activité
sociale et économique de la coopérative agricole. "Ce projet de
loi no 116 confère des pouvoirs exorbitants aux offices de producteurs
et risque de couper le lien essentiel du membre avec sa coopérative. Les
nombreuses années de labeur consacrées par les coopérants
dans l'édification d'un véhicule économique valable
feraient l'objet d'une expropriation injustifiée, camouflée et
contraire aux intérêts des coopérateurs du Québec.
Reconnaître aux seuls offices de producteurs le pouvoir absolu de
contrôler intégralement tous les aspects de la production et de la
mise en marché des produits agricoles équivaudrait à
créer de grands trusts syndicaux agricoles provocant ainsi la
disparition des coopératives. "Nous sommes convaincus que la politique
agricole de votre gouvernement ne cherche pas à détruire le
mouvement coopératif mais souhaite plutôt en faire un instrument
privilégié du développement économique du
Québec. Nous sommes de plus en plus convaincus que vous comprenez le
sens de notre intervention et que vous nous permettrez de vous exposer de vive
voix notre position et d'obtenir plus d'explications avant que le projet ne
passe en deuxième lecture." D'accord? C'est le 13 décembre.
M. Garon: Je les ai rencontrés le 16 décembre.
M. Fontaine: II y a eu une réunion le 16 décembre,
d'accord?
M. Garon: Oui, le 16 décembre.
M. Fontaine: Et le 21 décembre, à la suite de cette
réunion...
M. Garon: J'ai reçu un télégramme de la
Fédérée disant qu'au nom des coopératives au
nom desquelles elle parlait elle donnait son appui à la loi
116.
M. Fontaine: D'accord.
M. Garon: Je vous ferai remarquer...
M. Fontaine: Et vous vous êtes empressé M. le
Président, c'est moi qui ai la parole cette
journée-là de nous faire lecture, à l'Assemblée
nationale, du télégramme que vous aviez reçu de la
Coopérative fédérée disant que vous receviez
l'appui de la Coopérative fédérée. La même
journée, la Coopérative agricole de Granby vous adressait un
télégramme mais on n'a pas eu la lecture de celui-là
à l'Assemblée nationale. On n'en a même pas eu la lecture
à la reprise des travaux le 6 février.
M. Garon: Un instant! On a fini la session dans la nuit du 21. Un
instant!
M. Fontaine: Et le 6 février?
M. Garon: Tous les fonctionnaires sont partis chez eux le 21 et
le télégramme, je ne l'ai jamais eu. Un instant!
M. Fontaine: Celui de la Coopérative
fédérée était daté de la même
journée; celui-là, vous l'avez lu, par exemple. L'autre, vous ne
l'avez pas lu. Si cela continue, on va être obligé de vous accuser
de certaines choses.
M. Garon: Ne vous énervez pas! Le télégramme
de la Coopérative fédérée que votre chef avait, il
n'en a jamais fait état. Lui, il avait eu le
télégramme.
M. Fontaine: Et celui que vous avez reçu samedi?
M. Garon: II a été adressé le 18
décembre.
M. Fontaine: On nous dit également que vous avez
discuté trois heures de temps avec quelqu'un de la coopérative
samedi matin; est-ce vrai ou si ce n'est pas vrai?
M. Garon: II y a un avocat qui m'a appelé et il m'a dit
qu'il m'appelait officieusement et confidentiellement. Je suis
étonné que vous le sachiez.
M. Fontaine: Ah!
M. Garon: Je retiens que c'était confidentiel; cela fait
partie de l'équité des avocats.
M. Fontaine: Je ne sais pas ce qu'il vous a dit, en tout cas, et
j'aimerais bien ça le savoir. Vous avez eu une conversation avec
quelqu'un de la coopérative.
M. Garon: Je n'ai pas eu de conversation avec personne de la
coopérative, à moins que vous parliez... Non, je ne pense pas
qu'il parlait au nom de la coopérative.
M. Fontaine: Et le télégramme du 21 décembre
que vous n'avez pas lu à l'Assemblée nationale, lorsque vous
l'avez reçu, et que vous n'avez pas lu non plus le 6 février,
lorsque la session a recommencé en deuxième lecture, vous auriez
peut-être pu en faire état en disant que la coopérative
n'était pas d'accord avec l'adoption des articles 2, 4, 7 et 8 du projet
de loi. Vous auriez peut-être pu le dire. Excusez, les articles 1, 3, 5
et 7. Elle était d'accord avec 2, 4, 7 et 8. Vous auriez peut-être
pu le dire à l'Assemblée nationale.
M. Garon: L'article 6, on l'a retiré. Il ne reste pas
beaucoup d'articles sur lesquels ils ne sont pas d'accord.
M. Biron: Oh!
M. Gagnon: L'article 6, on l'a enlevé.
M. Biron: Les articles 1, 3, 5.
M. Garon: II reste 1, 3, 5 sur 7 articles.
M. Fontaine: C'est fondamental.
M. Garon: Je vous ferai remarquer qu'en 1962...
M. Fontaine: C'est fondamental.
M. Garon: ... quand le troisième paragraphe a
été enlevé de l'article 2, les mêmes arguments
avaient été donnés au premier ministre du Québec,
à ce moment-là, qui pilotait la loi de la Régie des
marchés agricoles. Ce serait la mort du mouvement coopératif s'il
n'y avait pas le troisième paragraphe de l'article 2. Les
coopératives ne sont pas mortes, elles ont prospéré plus
que jamais depuis 1962.
M. Fontaine: Vous pourriez au moins les entendre, entendre
leur...
M. Garon: Je les ai entendues; tout le mouvement au complet,
ensemble.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on revient à
l'article c)"j)?
M. Biron: M. le Président. Je ne voudrais pas que le
ministre s'entête. Je voudrais tout simplement qu'il
téléphone. J'insiste là-dessus parce que je pense que
c'est important. Ne les faites même pas comparaître, même si
M. Lemire a dit qu'il était prêt à comparaître; ne
les faites pas comparaître en commission parlementaire, mais vous,
personnellement, téléphonez-lui. Cela va prendre quinze, vingt
minutes, et vous... (10 h 45)
M. Gagnon: Ne parlez pas trop fort, M. le ministre!
M. Biron: ... pourrez nous dire exactement ce que M. Lemire, le
président de la Coopérative agricole de Granby, vous dit. Il me
semble que c'est élémentaire.
M. Garon: Vous pensez qu'il changerait d'idée encore une
fois, je suppose!
M. Biron: Non. Parlez-lui, au moins, et vous viendrez nous dire
en commission parlementaire ce qui est advenu finalement et quelle
décision vous prenez. Si vous l'affrontez, affrontez-le, mais vous
n'avez pas le droit de l'affronter avant de lui parler. Parlez-lui donc! C'est
un homme important, il dirige la Coopérative agricole de Granby, la plus
importante coopérative au Québec.
M. Fontaine: Vous faites des bouffonneries avec les producteurs
agricoles.
M. Gagnon: C'est vous qui faites des bouffonneries avec les
producteurs agricoles!
M. Garon: Nous allons étudier l'article de la loi, si vous
voulez.
M. Fontaine: Vos bouffonneries, on commence à en avoir
assez et les producteurs aussi en ont assez!
Contingentement (suite)
Le Président (M. Laplante): Article c)"j). M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Pouvez-vous me dire combien de temps il me reste, M.
le Président?
Le Président (M. Laplante): II vous reste treize minutes,
M. le député.
M. Dubois: Treize minutes. M. Gagnon: Cela va être
long!
M. Dubois: Cela va certainement être long! M. le
Président, hier nous avons insisté auprès du ministre,
très fermement et très vigoureusement, sur la
nécessité d'inscrire dans le texte du projet de loi un droit
d'appel devant un tribunal de droit commun. J'aimerais bien savoir du ministre
si, au cours de la nuit on dit que la nuit porte conseil le
ministre aurait changé son attitude d'hier afin de permettre ce droit
d'appel dans le texte du projet de loi? Un droit d'appel devant les tribunaux
de droit commun. C'est une question que je pose au ministre.
M. Garon: Je vais vous dire franchement. Le projet de loi no 116
n'a pas pour but de modifier les droits d'appel qui existent déjà
dans la Loi de la Régie des marchés agricoles. Maintenant, c'est
une question sur laquelle je me suis déjà interrogé, mais
à ce moment-ci cela prendrait des études juridiques plus
fouillées. Où devrait aller le droit d'appel? Est-ce qu'il
faudrait qu'il y ait des droits d'appel distincts selon les matières
concernées,
parce qu'il y a des matières différentes dans la Loi de la
Régie des marchés agricoles? Je pense que nous ne sommes pas
prêts à apporter des amendements concernant le droit d'appel. Je
pense que, éventuellement, dans une nouvelle législation, dans de
nouveaux amendements, c'est une question qui pourrait être
étudiée parce qu'elle demande des études juridiques
approfondies.
M. Dubois: M. le ministre, vous savez comme nous que le texte du
projet de loi inclut des mesures assez abusives; il permet à la
régie d'imposer, d'annuler... Enfin, il y a des contraintes vraiment
extraordinaires dans ce projet de loi qui sont possibles. Je pense qu'ici, au
Canada aussi bien qu'au Québec, on a accédé à un
standard de vie très élevé dans un monde passablement
libre, quand même. On sait qu'il y a toujours eu des contraintes dans
tous les domaines, mais on amène plus de contraintes que jamais,
présentement, dans l'agriculture. Si on a accédé à
un niveau de vie aussi élevé, tout en permettant, en toute
démocratie, aux citoyens du Québec de se défendre devant
une cour d'appel ou un tribunal de droit commun, je me demande comment il se
fait que dans un texte de loi qui met en cause la survie même de certains
producteurs agricoles... Par suite des privilèges que l'on cède
à la régie, je pense qu'il y aurait lieu, même si ce
n'était que pour quelques cas qui pourraient survenir, d'assurer les
producteurs qu'ils pourront se prévaloir d'un droit qui est fondamental
dans un régime aussi démocratique qu'on veut le laisser croire
aux gens. C'est pour cela que je sollicite de nouveau du ministre au moins de
vérifier le plus rapidement possible auprès de son contentieux
afin qu'il soit possible d'assurer les producteurs du Québec qu'ils
pourront avoir un droit d'appel devant un tribunal quelconque. Je pense que le
projet de loi pourrait quand même être amélioré au
moins au niveau d'une section de ce paragraphe, ce qui pourrait rassurer
l'office des producteurs pour qu'il puisse se dire: J'ai quand même un
droit d'appel. Je ne suis pas pris dans le carcan de cette loi sans droit
d'appel.
M. Garon: II y a un droit d'appel actuellement dans la loi.
M. Dubois: Oui, mais le droit d'appel que vous avez
mentionné hier n'est pas tellement valable et, d'ailleurs, le
député de Nicolet-Yamaska a fait état de toutes les
procédures nécessaires afin d'y arriver et des coûts
prohibitifs que cela peut entraîner pour un producteur. À ce
moment-ci, je pense qu'il y aurait lieu pour la sécurité des
agriculteurs d'avoir au moins accès à un tribunal de droit
commun. Je pense que c'est un minimum à demander, c'est un minimum de
respect pour la classe agricole. Dans d'autres secteurs d'activités,
nous savons tous qu'il y a des droits d'appel à peu près partout.
Quand on arrive dans l'agriculture, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas si
l'agriculteur a une moindre importance pour le ministre, mais il reste que
c'est, je pense, abuser du producteur agricole, lui enlever un droit
fondamental.
M. Garon: Vous avez été au pouvoir pendant 20 ans.
C'est vous qui avez fait la loi et les droits d'appel. Il y en a plus
actuellement dans la loi que quand l'Union Nationale l'a faite en 1957.
M. Dubois: Écoutez, M. le ministre, je n'étais pas
là il y a 20 ans et il n'est pas question de revenir sur le
passé. On parle du futur, d'aujourd'hui et demain.
M. Garon: Je ne change rien dans les droits d'appel. Je garde
ceux qui sont là déjà dans la loi.
M. Dubois: Mais on arrive à des mesures...
M. Garon: Pensez-vous que cela va coûter meilleur
marché aux producteurs, alors que cela prendrait comme je vous l'ai dit,
d'après mes conseillers juridiques des études approfondies
concernant le tribunal qui aurait droit à l'appel? Est-ce que ce serait
mieux de mettre un droit d'appel sans être certain du tribunal qui
devrait l'avoir pour qu'on aille plaider la constitutionnalité du
tribunal? Pensez-vous que cela coûterait meilleur marché aux
cultivateurs?
M. Dubois: Hier, on a fait état de la Loi sur... M.
Fontaine: Mettez-le à la Cour supérieure. M. Dubois:
... l'assurance-récolte... M. Garon: II faudra d'abord
l'étudier.
M. Dubois:... je crois, aux articles 65, 66 et 67, qui permet
à l'agriculteur au niveau de l'assurance-récolte, de se
prévaloir des dispositions du droit d'appel.
M. le ministre, si vous n'avez pas l'intention d'accéder à
notre demande, je n'ai d'autre alternative que de présenter une motion
d'amendement à l'article c) qui se lirait comme suit: "Que le paragraphe
c) de l'article 3 soit modifié en retranchant tous les mots qui suivent
le mot "contingent" dans la septième ligne du nouveau paragraphe j) et
en remplaçant la virgule par un point-virgule." Je vous présente
l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Recevable.
M. Dubois: M. le Président, si vous me le permettez, on
enlèverait "prévoir les conditions d'annulation, de suspension ou
de réduction temporaire ou définitive du contingent d'un
producteur en raison de la violation par lui de la présente loi, d'un
plan conjoint, d'une ordonnance, d'un règlement, d'une convention
dûment homologuée ou d'une décision arbitrale à
condition que ce producteur ait eu préalablement l'occasion d'être
entendu par la régie, et prévoir les conditions de
réattribution du contingent. Alors, une bonne partie du paragraphe j)
disparaîtrait parce que le ministre ne veut pas permettre ce droit
d'appel, parce que c'est fondamental et que nous y tenons fermement.
Étant donné que le ministre ne veut
pas entendre raison à ce sujet, on dit: II faut laisser partir de
ce paragraphe-là tout ce qui est abusif. C'est la raison pour laquelle
je formule cette motion d'amendement, M. le Président.
M. Garon: Je n'ai rien à dire là-dessus.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, on comprendra qu'à la
suite de l'amendement proposé par le député de Huntingdon,
le nouvel article se lirait comme suit: "... obliger un producteur à
détenir un contingent pour produire ou mettre en marché un
produit commercialisé, déterminer les conditions auxquelles ce
contingent peut être émis, prohiber l'émission de tout
contingent au-delà d'une limite prescrite, prescrire la réduction
des contingents lorsque cette limite est atteinte ou susceptible de
l'être, interdire la production ou la mise en marché en violation
du contingent." Ce serait l'article. Je pense que cet article donne
suffisamment de pouvoirs à un office de producteurs pour pouvoir
fonctionner à l'intérieur d'un plan conjoint. Maintenant,
pourquoi fait-on cet amendement? C'est parce que, à la suite de toute
l'argumentation qu'on a faite hier concernant le droit d'appel d'un producteur,
le ministre n'a pas voulu accepter nos arguments. Je pense qu'il est essentiel
que le producteur, qui voit ses droits lui glisser des mains de plus en plus,
puisse obtenir le droit d'être entendu par un tribunal de droit commun.
Cette argumentation a été tenue par plusieurs juges avant nous et
je pense que les juges ont raison d'être méfiants face à
des situations qu'ils ont dû vivre dans la pratique à la suite de
causes qui ont été inscrites devant les tribunaux. Je vous citais
hier le jugement du juge Lacoursière de la cour de
Trois-Rivières. Je pense que c'est très important que le
ministre, encore une fois, puisse retenir l'argumentation qui a
été donnée par le juge Lacoursière qui disait: "Cet
organisme qu'est la régie est doté de pouvoirs
décisionnels. Par ailleurs, c'est cet organisme qui a créé
l'intimée". Dans la cause en question, l'intimée était la
Fédération des producteurs d'oeufs de consommation du
Québec. "Par ailleurs, c'est cet organisme qui a créé
l'intimée, ce qui la place dans une situation équivoque pour
décider des litiges entre sa création et des tiers."
On voit bien, M. le Président, par l'explication qui est
donnée entre autres dans ce jugement que la Régie
des marchés agricoles, d'après l'interprétation du
tribunal, est dans une situationn équivoque pour décider des
litiges. Si la régie est dans une situation équivoque et qu'on
lui permet de réviser les décisions qui sont prises par l'office
de producteurs, je pense que c'est du pareil au même. On ne peut pas
qualifier cette situation de décision d'un tribunal indépendant
parce que la régie est parfois même partie liée avec les
offices de producteurs dans certaines causes.
Le juge ajoutait: "On le constate d'ailleurs par la position que prend
la régie face à la présente requête où elle
est mise en cause, mais sans conclusion quant à elle. Au lieu de s'en
reporter à la justice, elle a délégué ses
procureurs pour s'opposer à la requête et lier ainsi partie avec
l'intimée." Je pense que c'est important que de telles situations ne
puissent se produire quand un producteur agricole décide de contester
une décision qui a été prise par un office de producteurs
à la suite d'un règlement qui a été adopté.
Si le producteur n'est pas satisfait de la décision, de
l'interprétation qui est donnée au règlement, je pense
qu'il est de son droit le plus fondamental de pouvoir être entendu par un
tribunal de droit commun. J'ai suggéré hier la Cour provinciale,
comme c'est le cas dans la Loi de l'assurance-récolte, et je ne pense
pas qu'il y ait eu de contestation de cet article dans la Loi de
l'assurance-récolte.
Si le ministre a peur que la Cour provinciale soit contestée
comme juridiction dans ce domaine, qu'il mette l'appel en Cour
supérieure. Je pense qu'il n'y aura pas de contestation du pouvoir de la
Cour supérieure d'entendre de telles clauses. De ce côté,
je pense que le ministre devrait faire bien attention à sa
réaction parce que les producteurs veulent ce droit d'appel; les
producteurs qui sont dans les champs, qui sont chez eux et qui sont
obligés de subir les décisions...
M. Gagnon: C'est peut-être pour cela qu'ils passent
à côté.
M. Fontaine:... soit de l'office de producteurs ou de la
Régie des marchés agricoles. Je pense que c'est important que ces
producteurs puissent avoir le moyen de contester de telles décisions ou
de tels règlements ou l'interprétation de tels règlements
lorsqu'ils se pensent lésés dans leurs droits et d'être
entendus par un tribunal tout à fait indépendant, non pas une
régie qui, parfois, est partie liée avec l'office en
question.
M. le Président, je pense que le ministre devrait comprendre. Je
sais qu'il ne bronche pas beaucoup, depuis le début qu'on lui parle de
toutes sortes de choses et cela lui coule sur le dos comme l'eau sur le dos
d'un canard. De toute façon, on dit ce qu'on a à dire et je
pense...
M. Garon: Un gros canard.
M. Fontaine: Oui, mais vous ne devez pas avoir de misère
à flotter, en tout cas. De toute façon, je pense que ce qui est
important pour nous autres...
M. Garon: C'est mieux de flotter que de couler.
M. Fontaine: ... et pour les producteurs agricoles, c'est de dire
ce qu'on a à dire. Le ministre fait son lit, il ne veut pas nous
écouter, il veut simplement adopter son projet de loi tel quel sans
modifications; d'ailleurs, c'est pour cela que j'ai fait, hier, une motion
d'ajournement de nos tra-
vaux, parce que je savais fort bien que je ne réussirais jamais
à convaincre le ministre de quoi que ce soit. (11 heures)
Si le ministre veut continuer de cette façon, il n'en tient
qu'à lui. Mais nous, on dit ce qu'on a à dire. Je pense que c'est
important pour les producteurs agricoles du Québec et on va continuer
à le faire jusqu'à ce que tous les règlements de
l'Assemblée nationale nous interdisent de parler. On va continuer
à en parler en commission parlementaire, à l'Assemblée
nationale, tant et aussi longtemps que le règlement nous le permettra.
On sait que le ministre ne nous entend pas, ne nous comprend pas. Il ne veut
pas nous comprendre, mais cela ne nous fait rien. Il y a des gens qui nous
comprennent. Il y a des producteurs qui nous entendent et il y a des
producteurs qui vont nous voir à l'Assemblée nationale
également.
M. Gagnon: Les douze minutes sont écoulées. M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Motion prête à la
mise aux voix.
M. Chevrette: Rejetée.
M. Dubois: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: ... sur cette motion, j'aimerais demander au ministre
s'il ne croit pas que le contenu de la partie qu'on aimerait voir demeurer dans
le paragraphe j), qui dit ce qui suit: "... prohiber l'émission de tout
contingent au-delà d'une limite prescrite, prescrire la réduction
des contingents lorsque cette limite est atteinte ou est susceptible de
l'être, interdire la production ou la mise en marché en violation
du contingent, prévoir les conditions d'annulation..." serait suffisant
pour permettre à un office de producteurs de bien protéger les
contingentements qui sont donnés à ses producteurs. Tout le
reste, ce sont des mesures abusives qui sont de droit nouveau et qui
n'étaient pas dans les anciens textes. Je pense que la lettre même
de ce qui resterait dans l'article aurait suffisamment de dents pour permettre
à un office de bien fonctionner quand même et à un plan
conjoint de vivre.
On enlève là les mesures abusives puisque vous ne voulez
pas donner un droit d'appel, dans votre projet de loi no 116; vous n'acceptez
pas qu'un producteur puisse aller devant une Cour d'appel. En face de cela on
n'a le choix que d'enlever les mesures abusives qui sont incluses dans cet
article. Il semble qu'il y ait quand même assez de contraintes qui
demeureraient encore dans l'article pour permettre à un office de
très bien fonctionner. Je ne comprends pas que vous n'ayez pas
accepté parce qu'on aurait pu arrêter nos discussions sur cet
article il y a quelques heures si vous aviez accepté ce fait, qui est le
droit ultime de toute personne de se défendre devant un tribunal de
droit commun. Je pense que le bon fonctionnement d'un contingentement
exécuté par un office de producteurs serait en
sécurité dans le cadre de ce qui resterait dans l'article.
M. Garon: Je dois dire que la deuxième partie du
paragraphe j), c'est la seule partie qui est du droit nouveau qui
n'était pas dans la loi fédérale avant. C'est la seule
partie. Qu'est-ce que vous voulez, on ne peut pas passer tout le temps qu'on
passe actuellement dans la dissidence comme cela. Il faut dire à un
moment donné: C'est fini. Pendant un an, plus d'un an, j'ai
discuté avec les dissidents. J'ai fait discuter mon chef de cabinet.
J'ai nommé un médiateur, mais que voulez-vous... J'ai acquis la
conviction qu'il n'y a rien à faire. Les gens m'avaient conseillé
au début de ne pas recommencer à zéro, disant que je
faisais exactement le même travail que les libéraux. J'ai voulu me
convaincre. Personnellement, j'ai repassé par les mêmes
étapes, les consultations ont duré plus d'un an. J'ai
essayé par tous les moyens. À un moment donné, je pense
qu'il faut quand même qu'il y ait des règles, qu'il y ait des
lois, qu'il y ait des règlements qui doivent être
respectés.
M. Dubois: Réglementer la production, M. le
ministre...
M. Chevrette:... les causes désespérées.
M. Dubois: Tu as le droit de parole et tu peux prendre tes 20
minutes si tu veux.
M. Chevrette: On dit "vous" en régime parlementaire.
M. Dubois: Vous, M. le député de
Joliette-Montcalm...
M. Chevrette: Vous apprenez, M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: ... si vous dites: Je vous dois respect, je vais vous
porter respect, M. le Président, j'ai dit que réglementer la
production, c'est une chose...
M. Chevrette: Vous, vous épousez les causes
désespérées.
M. Dubois: ... mais que prohiber la production, c'est tout autre
chose. C'est loin d'être la même chose que réglementer la
production. On accepte dans le projet de loi no 116 de prohiber certaine
production. On avait, avant cela, dans les anciennes lois,
réglementé la production, même si certaines mesures
étaient coercitives, et là on arrive avec des mesures encore plus
abusives et on prohibe certaine production. C'est un droit reconnu à une
personne de pouvoir produire quelque chose et ici on peut prohiber la
production agricole. C'est même inconcevable dans un régime qu'on
dit démocratique, prohiber la pro-
duction. Cela va loin, M. le Président. On sait tous cela. Vous
avez le droit de parole, M. le député d'Iberville. Vous pouvez
prendre vos 20 minutes aussi.
M. Beauséjour: C'est parce que vos arguments...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît. M.
Beauséjour: ... m'amènent à lire le texte.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le député d'Iberville a
demandé la parole, M. le Président.
M. Beauséjour: Je demande le vote, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Le ministre a
ajouté quelque chose tantôt qu'il n'a peut-être jamais dit
jusqu'à maintenant. Il a dit: L'article j), c'est vraiment du droit
nouveau.
M. Garon: La deuxième partie. Dites donc les choses
honnêtement. J'ai dit que la deuxième partie...
M. Fontaine: Si vous voulez parler d'honnêteté, on
va en parler.
M. Garon: Écoutez, votre groupe, là...
M. Fontaine: Parce que là, cela commence à
être le bout.
M. Garon: C'est ce que j'ai dit; j'ai dit que la deuxième
partie du paragraphe j), c'est la seule partie qui est du droit nouveau dans
cet article.
M. Fontaine: Puis, la deuxième partie, ce n'est pas dans
le paragraphe j), c'est à part?
M. Garon: La deuxième partie du paragraphe j), j'ai
dit.
M. Fontaine: La deuxième partie du paragraphe j) est
à l'intérieur du paragraphe j) et je dis que le paragraphe j),
c'est du droit nouveau.
M. Garon: Je n'ai pas dit que le paragraphe j) était du
droit nouveau; j'ai dit que la deuxième partie, c'est la seule partie
dans la loi qui est du droit nouveau. Pour le reste, les pouvoirs
étaient soit dans la loi fédérale ou soit de façon
implicite il y a des ambiguïtés qu'on a clarifiées
dans les amendements dans la Loi de la Régie des marchés
agricoles. Il n'y a pas de droit nouveau à part cette deuxième
partie de l'article j).
M. Fontaine: Parce que le ministre nous a toujours dit tant
à l'Assemblée nationale...
M. Garon: Vous parlez de l'article 2, peut-être.
M. Fontaine: ... qu'ici en commission parlementaire, que le
projet de loi no 116, c'était simplement pour boucher un trou de la Cour
suprême, un vide juridique créé par un jugement de la Cour
suprême et pour clarifier certains articles.
Ce matin, il vient de nous apprendre, il vient enfin d'avouer qu'il y a
une partie qui est du droit nouveau dans le paragraphe j). Il avoue que la
deuxième partie est complètement du droit nouveau et crée
des pouvoirs additionnels. Je pense que c'est la première fois que vous
dites cela.
M. Garon: J'ai dit en Chambre si vous écoutiez ce
que je dis qu'essentiellement le projet de loi no 116 comblait un vide
juridique et qu'en même temps il y avait des clarifications
d'ambiguïtés. Pour les points particuliers j'ai dit: On regardera
cela à l'étude article par article. Ce n'est pas une cachette;
c'est la seule partie qui ajoute quelque chose véritablement. Le reste
se trouvait à l'une ou l'autre place.
M. Fontaine: Mais vous ne l'avez pas dit à
l'Assemblée nationale.
M. Garon: Bien oui. M. Ouellette: Bien oui.
M. Garon: J'ai dit ce que je vous dis là. J'ai dit qu'on
le verrait dans l'étude article par article. En deuxième lecture,
on étudie le principe du projet de loi. Le principe, je le dis et je le
répète encore, c'est pour combler le vide juridique de la Cour
suprême.
M. Fontaine: Quand on veut donner de l'information au public, on
la donne toute, on ne la donne pas partiellement.
M. Garon: Cela doit se faire en commission parlementaire, article
par article, dans les détails. Pensez-vous que je peux aller dans le
détail de la loi dans le discours de deuxième lecture?
M. Fontaine: II n'est pas besoin d'aller dans le
détail.
M. Garon: Un instant! Relisez mon discours de deuxième
lecture, vous allez remarquer que c'est un discours très technique
il n'y a aucune politique dedans pour expliquer les
mécanismes et dire pourquoi on faisait ce projet de loi. Il n'y avait
rien dedans.
M. Fontaine: Pour essayer d'en cacher le plus possible.
M. Garon: Non. Tout le reste du temps, c'est vous qui avez fait
des affirmations et moi, je ne pouvais pas répondre. J'attendais mon
droit de réplique. Tout le temps, c'est vous autres qui avez fait des
affirmations.
M. Fontaine: Quand on veut donner une information au public
à l'Assemblée nationale, M. le Président, et surtout aux
producteurs, on ne leur donne pas seulement des points techniques pour dire: II
va arriver telle situation à la suite d'un jugement de la Cour
suprême et il n'y a rien là-dedans. Après cela, on arrive
en commission parlementaire et on dit: On ajoute des pouvoirs nouveaux, du
droit nouveau. J'aurais aimé que vous le disiez à
l'Assemblée nationale au lieu de dire aux producteurs que c'était
simplement pour clarifier une situation, un vide juridique créé
par la Cour suprême, et pour clarifier certains articles.
Ce n'est pas tout à fait cela et vous auriez pu le dire à
l'Assemblée nationale. Vous auriez pu dire également que les
pouvoirs qui sont ajoutés dans le paragraphe j), ce sont des pouvoirs
nouveaux qui permettent à un office de producteurs d'annuler des quotas.
Vous auriez pu le dire, cela. Vous auriez pu dire également qu'il y a
des juges qui se sont déjà prononcés là-dessus et
qui ont dit que ce n'était pas comme cela qu'on devait
procéder.
Par exemple, le jugement du juge Deschênes qui dit: "II est
d'autant plus important de trouver une base juridique à ce pouvoir
d'annulation que la FEDCO s'est donné par règlement...
M. Garon: C'est ce qu'on fait.
M. Fontaine: ... qu'une semblable annulation est susceptible de
causer aux intéressés des effets désastreux". Vous auriez
pu le dire aux producteurs du Québec que, si on mettait cela dans la
loi, cela risquait de leur causer des effets désastreux. D'accord? "La
preuve démontre que les contingents ont acquis au cours des
récentes années une valeur substantielle...
M. Garon: Pas tous les producteurs. Seulement celui qui est
récalcitrant d'une façon...
M. Fontaine: Vous auriez pu dire également ce que le juge
dit à la page 71 de son jugement: "Or, dans la présente cause, on
est en présence d'une annulation pure et simple sans indemnité
c'est encore la preuve qui violente l'esprit tout au moins de
l'article 407 du Code civil à l'effet que nul ne peut être
contraint de céder sa propriété si ce n'est pour cause
d'utilité publique et moyennant une juste et préalable
indemnité".
Vous auriez pu le dire, aux producteurs du Québec, qu'on va
permettre aux offices de producteurs d'adopter des règlements pour
annuler leur quota, qu'ils ne seront pas indemnisés pour cela, et que
c'est contraire à l'article 407 du Code civil. Vous auriez pu le dire,
cela, à l'Assemblée nationale. Quand on veut donner toute
l'information au public, on la leur donne toute et non pas partiellement, comme
vous l'avez fait avec les télégrammes. Vous auriez pu le faire,
ça.
M. Garon: Le télégramme...
M. Fontaine: Vous venez nous parler d'honnêteté.
M. Garon: ... c'est bien simple.
M. Fontaine: L'honnêteté intellectuelle, cela existe
aussi.
M. Garon: Oui, mais les jeux politiques aussi, hein?
Là-dedans, vous faites de la politique depuis le début. Ne venez
pas me parler d'honnêteté.
M. Fontaine: On ne fait pas de politique, on parle...
M. Garon: Voyons donc!
M. Fontaine: ... des droits des producteurs.
M. Garon: Voyons donc!
M. Fontaine: Et je pense que c'est fondamental.
M. Chevrette: Vous êtes après la couler. M.
Fontaine: C'est fondamental.
M. Garon: Vous êtes devenu le parti de la dissidence.
M. Fontaine: Ce ne sont pas les articles de journaux et ce ne
sont pas les allusions du ministre à la dissidence et tout ce que vous
voudrez qui va nous faire changer d'idée. On a des principes, on y croit
et on les défend. Qui que ce soit qui nous appuie ou qui ne nous appuie
pas, cela ne nous dérange pas. On défend ce à quoi on
croit et ce n'est pas le ministre de l'Agriculture qui va nous faire changer
d'idée ni personne d'autre. Depuis le début de l'étude de
ce projet de loi, on a subi des pressions énormes de la part de
plusieurs personnes, en particulier de dirigeants de l'UPA, qui sont venus dans
nos bureaux à maintes et maintes reprises essayer de nous faire changer
d'idée. On avait décidé qu'on défendait ces
principes et on continue à les défendre.
M. Chevrette: Ils pensaient que vous aviez une tête sur les
épaules!
M. Fontaine: Personne ne peut nous reprocher de croire à
ce qu'on veut défendre.
M. Chevrette: C'est votre droit.
M. Fontaine: Ce n'est pas en faisant des allusions malveillantes
comme vous venez d'en faire que vous allez nous faire changer
d'idée.
M. Garon: Vous défendez ce à quoi vous
croyez...
M. Fontaine: On ne défend pas les dissidents...
M. Garon: ... et nous défendons ce à quoi nous
croyons.
M. Fontaine: ... on défend le producteur agricole du
Québec. C'est ce que nous défendons.
M. Gagnon: C'est faux, vous défendez les dissidents.
M. Chevrette: J'ai rencontré 150 jeunes agriculteurs hier
et ils m'ont parlé de vous autres.
Le Président (M. Laplante): Demandez-vous la parole, M. le
député de Joliette-Montcalm?
M. Chevrette: Oui, M. le Président, justement.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Hier soir, j'ai rencontré 150 jeunes
agriculteurs, la relève agricole du Québec.
M. Fontaine: Parlez-en de la relève!
M. Chevrette: Ils m'ont demandé quels étaient les
motifs fondamentaux de l'Union Nationale pour s'opposer au projet de loi no
116. Je leur ai dit: Cela fait à peu près 30 heures que je les
écoute, ils sont assez mêlés qu'il n'y a pas moyen de
savoir pourquoi ils sont contre.
M. Fontaine: J'aurais aimé mieux leur donner l'explication
moi-même que de la faire donner par le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: J'aurais aimé cela que vous y assistiez avec
moi. Ils auraient compris que vous n'aviez pas grand-chose à dire.
M. Gagnon: Cela, c'est comme les explications que vous avez
données sur d'autres lois.
M. Chevrette: ... se promener avec le vice-président de
l'Union Nationale!
M. Fontaine: Quand on parle de politesse, M. le Président,
on pourrait peut-être la pratiquer de l'autre côté.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous terminé votre
intervention, M. le député de Joliette-Montcalm?
M. Chevrette: Je voulais juste lui donner...
M. Gagnon: II a été le haut-parleur de Me
Paradis.
M. Chevrette: ... l'impression...
M. Garon: Ce n'est pas un domaine dans lequel vous donnez
beaucoup de leçons à personne.
M. Chevrette: ... que j'ai eue hier soir. C'est même
difficile pour les gens au pouvoir d'expliquer les motifs mêmes de la
dissidence de l'Union Nationale. Ce n'est pas des farces!
M. Gagnon: Ce serait facile.
M. Chevrette: II n'est pas toujours facile de transmettre les
idées d'un tiers qui n'est pas ici.
M. Fontaine: Ce n'est pas une dissidence, c'est une
opposition.
M. Chevrette: Quand le ministre a fait allusion à la
politique, tantôt, je comprends bien ce qu'il voulait dire. Moi, je le
dirais d'une façon un peu plus bête. Un président de
l'exécutif peut toujours transmettre les idées de son
vice-président, mais quand il n'est pas là pour vous souffler
à l'oreille, on ne transmet pas toujours fidèlement le
message.
M. Fontaine: Qu'est-ce qu'il veut dire par là, M. le
Président? Le vice-président? C'est qui, le
vice-président?
M. Garon: Vous savez ce qu'on veut dire.
M. Fontaine: C'est qui, le vice-président? Voulez-vous le
nommer?
M. Chevrette: Revenons donc au projet de loi no 116.
Le Président (M. Laplante): Oui, la pertinence du
débat, la motion du député de Huntingdon. Y en a-t-il
d'autres qui voudraient...
M. Fontaine: Ne parlez donc pas à travers votre
chapeau!
Le Président (M. Laplante): ... prendre la parole...
M. Fontaine: II n'y en a même pas, de
vice-président, il n'a pas été nommé encore!
Le Président (M. Laplante): ... là-dessus? M.
Gagnon: Non, mais il va venir.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que je peux appeler la
motion? J'appelle la motion du député de Huntingdon qui se lit
comme suit: "Que le paragraphe c) de l'article 3 soit modifié en
retranchant tous les mots qui suivent le mot "contingent" dans la
septième ligne du nouveau paragraphe j) et en remplaçant la
virgule par un point-virgule". Voulez-vous un vote enregistré?
J'aimerais que les membres de la commission suivent un peu le vote sur
cette motion. Voulez-vous un vote enregistré là-dessus?
M. Dubois: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette
(Beauce-Nord).
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre la perte de temps.
Le Président (M. Laplante): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Contre.
Le Président (M. Laplante): Huit contre, un pour. Motion
rejetée.
M. Chevrette: Pour les fins du procès-verbal, je serais
contre si j'avais le droit de vote.
Une voix: Moi, je serais pour.
M. Chevrette: Vous vous assoirez à la table, si vous
voulez parler.
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant le
paragraphe c) "j). Adopté sur division? (11 h 15)
M. Fontaine: M. le Président, un instant! On est en train
d'étudier le paragraphe j). Ce n'est pas le paragraphe c).
Le Président (M. Laplante): L'article 3c, paragraphe
j).
M. Garon: On va paragraphe par paragraphe. On voit le paragraphe
j) seulement.
M. Fontaine: D'accord. Mais le paragraphe j) n'est pas
adopté, encore.
Le Président (M. Laplante): Non monsieur. C'est ce que
j'ai appelé pour adoption. M. le député de
Nicolet-Yamaska, il vous reste deux minutes pour parler là-dessus et M.
le député de Huntingdon, il vous reste onze minutes.
M. Fontaine: M. le Président, tout ce que je peux vous
dire c'est que je déplore l'attitude du ministre, son intransigeance. Je
l'ai dit hier, il ne veut rien savoir, il ne veut rien comprendre, il ne veut
rien entendre. Je pense bien qu'on ne peut pas continuer à se battre
là-dessus tout en sachant fort bien d'avance qu'on ne peut rien gagner.
Je ne sais pas si mon collègue de Huntingdon aurait des choses à
ajouter, mais quant à moi j'ai participé à cette
discussion avec le plus de conviction possible et le ministre n'a pas
bronché. On va voter contre, c'est tout!
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je me demande si le ministre reconnaît que le
paragraphe j) est un des plus importants du projet de loi. C'est
celui-là qui cède des pouvoirs exorbitants à la
régie, sans droit d'appel, comme on l'a précisé maintes et
maintes fois. Le ministre nous a dit aussi qu'il n'y avait aucune relation
entre le problème qui existe, surtout dans le domaine laitier ou
l'affrontement qui existe entre le syndicalisme agricole et les
coopératives et le projet de loi 116.
M. Fontaine: C'est un conflit d'intérêts.
M. Dubois: Mais je pense que, effectivement, cela a beaucoup
à faire avec le projet de loi 116, énormément, puisque la
manifestation...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dubois: Les grandes manifestations ont commencé avec le
dépôt de ce projet de loi. Et quand on dit que le projet de loi
116 n'a absolument rien à faire avec le fait qu'il y aurait de la
dissidence, qu'il y aurait aussi une opposition très ferme de la part
des coopératives...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Nicolet-Yamaska, auriez-
vous la bonté d'écouter votre collègue, s'il vous
plaît!.
M. Fontaine: Je m'excuse, M. le Président.
M. Dubois: M. le Président, le ministre nous a toujours
dit qu'il n'y avait aucun lien entre le projet de loi 116 et le fait qu'il y
aurait une dissidence quelconque au niveau de certains producteurs et une
très grande dissidence au niveau des coopératives afin de ne pas
appuyer ce projet de loi-là. Mais je pense que c'est depuis qu'on
discute de ce projet de loi en commission parlementaire, et surtout depuis que
l'Union Nationale le tient vivant, que chacun peut formuler son
mécontentement vis-à-vis de certains articles. On a quand
même des preuves concluantes, suite à la lecture de
télégrammes reçus de la Coopérative de Granby, qui
est la plus grande coopérative du Québec, mais le ministre a
toujours persisté à dire que cela n'avait rien à voir avec
le projet de loi 116, que nous étions en dehors du débat. Mais je
pense que nous avions grandement raison de tenir ce débat vivant.
Je me demande comment il se fait que le ministre n'ait pas permis que
les opposants au projet de loi viennent se faire entendre en commission
parlementaire. Je ne sais pas. Je peux me demander, quand même, s'il n'y
aurait pas eu tractations, vraiment, quant aux projets de loi 90 et 116. On a
de quoi se poser des questions. S'il n'y avait rien eu, aucune entente
formulée, je pense que le ministre aurait dit: Oui, on va faire venir
les intervenants, surtout dans le domaine laitier, on va les entendre. On va
clarifier la situation une bonne fois pour toutes. Il aurait été
très important que cela se fasse. Mais le ministre nous dit: Cela n'a
rien à voir avec le 116. Mais c'est quand même depuis ce
temps-là que les gens font voir leur mécontentement, surtout
vis-à-vis d'une partie, j), ce qui est très abusif, qui ouvre la
porte à certaines contraintes. Pas seulement des contraintes. On permet
que le permis de produire d'un agriculteur lui soit enlevé. C'est un
droit fondamental reconnu que de produire. Produire, c'est vivre et on peut
l'interdire sans appel. On ne peut pas faire autrement que de ne pas vouloir
laisser passer des pouvoirs aussi abusifs à l'intérieur d'un
projet de loi. C'est incroyable. On aurait pu clarifier la situation. On aurait
pu entendre tous les intervenants. D'ailleurs, on a sollicité le
ministre à maintes et maintes reprises afin qu'il permette qu'on
écoute ces gens-là qui s'opposent au projet de loi. Il y a
vraiment une majorité au Québec qui s'oppose à ce projet
de loi dans sa rédaction actuelle.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article...
M. Dubois: M. le Président, je ne peux faire autrement que
de dénoncer l'attitude du ministre dans l'étude de ce projet de
loi.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 3c),
paragraphe j). Adopté sur division?
M. Garon: Le paragraphe c) qui ajoute le paragraphe j).
M. Fontaine: Vote.
Le Président (M. Laplante): Le paragraphe c) "j). Oui, tel
qu'amendé par le ministre.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette
(Beauce-Nord).
M. Ouellette: En faveur.
M. Fontaine: M. le Président, voulez-vous attendre le
député de Montmagny-L'Islet?
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: En faveur.
Le Président (M. Laplante): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: En faveur.
Le Président (M. Laplante): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet). M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pour le projet.
Le Président (M. Laplante): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Laplante): Sept pour, un contre.
Adopté.
J'appelle maintenant le paragraphe k).
M. Garon: C'est l'article 3, paragraphe c), qui ajoute au
paragraphe i) de l'article 67 un certain nombre de paragraphes. On vient
d'adopter j). Maintenant, on pourrait ajouter k) qui se lit comme suit:
"imposer à toute personne qui enfreint l'une quelconque des
prescriptions d'un règlement adopté en vertu des paragraphes c)
à h) ou j) une pénalité basée sur le volume ou la
quantité du
produit agricole concerné ou sur la superficie cultivée et
utiliser cette pénalité aux fins des articles 76 et 77 ou selon
les termes d'une entente prévue à la section XI." Ce sont tout
simplement les pénalités qui peuvent être prévues
dans un plan conjoint, dans un plan national surtout dans un plan
national pour des infractions au règlement. Je ne veux pas
élaborer plus longuement là-dessus. Cela ne change rien par
rapport à la situation existante. De toute façon, ces
pénalités étaient basées exactement comme cela.
Quand on dit sur le volume, mettons que c'est tant par 100 livres ou des choses
comme cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): ... j'aimerais avoir plus de
précisions du ministre, en ce qui concerne sa loi, sur cette
pénalité "aux fins des articles 76 et 77." Le ministre
pourrait-il nous expliquer un peu ces deux articles-là?
Le Président (M. Laplante): Etudiez-vous les paragraphes
k) et I) ensemble?
M. Vaillancourt (Orford): De plus, j'aimerais savoir ce que veut
dire "les termes d'une entente prévue à la section XI." Cela veut
dire quoi?
M. Garon: "Selon les termes prévus à la section
XI", c'est exactement pour les fins d'une entente au plan national, des
ententes avec d'autres gouvernements. Donc, c'est avec les autres provinces ou
avec le fédéral. "... utiliser cette pénalité aux
fins des articles 76 et 77 ou selon les termes d'une entente..." Les articles
76 et 77, c'est comme si c'étaient des contributions, selon l'un ou
l'autre cas. Si ce sont des pénalités dans le cadre d'une entente
ou si ce sont des pénalités qui sont...
M. Vaillancourt (Orford): À qui vont les montants qui sont
payés en pénalités? Est-ce que cela va aux offices ou cela
va-t-il au gouvernement?
M. Garon: Habituellement, ils vont aux agences formées en
vertu de la loi fédérale.
M. Vaillancourt (Orford): À quelle fin s'en servent-elles,
ces agences-là? Êtes-vous au courant?
M. Garon: Cela va dans le fonds de roulement.
M. Vaillancourt (Orford): Dans le fonds de roulement...
M. Garon: Oui, de l'administration...
M. Vaillancourt (Orford):... de l'administration du plan
concerné?
M. Garon: C'est cela, de l'agence. M. Vaillancourt (Orford):
De l'agence.
M. Garon: Quand on signe les ententes avec les différentes
provinces, c'est ce que prévoit le plan national et quand des
dépassements de quotas surviennent, par exemple, il y a des
pénalités. C'est le cas le plus fréquent. Les
pénalités vont dans le fonds de l'agence.
M. Vaillancourt (Orford): Dans le fonds de l'agence pour son
administration. C'est cela. Cela fait partie de ses revenus pour
l'administration de son plan.
M. Garon: Oui. C'est pour cela qu'on a dit selon les articles 76
et 77 comme s'il y avait des contributions parce que c'est ce à quoi on
s'engage. Ce à quoi les producteurs s'engagent quand ils font des plans
nationaux.
M. Vaillancourt (Orford): Disons que c'est le plan conjoint
provincial, de la province, qui s'engage à payer au fonds national, au
plan national, les amendes ou les pénalités, ce qui permet
à cet organisme de survivre avec les amendes et les cotisations qui lui
sont accordées. C'est un peu cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Dans le projet de loi original, l'article 6 ajoutait
un article, soit l'article 121a qui se lisait comme suit: "Lorsqu'une poursuite
relative à une infraction à un règlement visé au
paragraphe k de l'article 67 est intentée par un office de producteurs,
l'amende perçue est versée à ce dernier qui peut
l'utiliser pour défrayer les dépenses encourues dans
l'application d'un plan conjoint et des règlements qu'il peut
administrer ou d'une entente prévue à la section XI." Le ministre
ou son conseiller juridique pourrait-il nous dire ce que cela change par
rapport à l'article k)? D'après moi, il n'y a pas grand-chose de
changé. Cela revient à peu près au même.
M. Garon: M. le Président, l'article qui a
été enlevé, l'article 6, s'appliquait aux amendes qui
étaient imposées dans le cas de poursuites. On avait dit: Quand
c'est un office qui poursuit, il devrait normalement garder l'amende. De toute
façon, l'article est disparu. Tandis que l'article 67k concerne des
pénalités qui ne résultent pas nécessairement de
poursuites. En effet, il y a des pénalités dans les oeufs, par
exemple, qui parfois se paient volontairement en vertu des conventions. Alors,
quand l'office provincial perçoit ces pénalités, il peut
les utiliser à deux fins, soit pour les remettre à l'agence
fédérale conformément à
l'entente; s'il y a une petite différence, il utilise le reste
dans ses fonds généraux pour administrer le plan. Mais,
essentiellement, l'article k) s'applique qu'il y ait poursuite ou non.
M. Fontaine: Cela veut dire que, dans certains cas, s'il y a une
pénalité, elle va être perçue à la base comme
dans le cas du lait, par exemple.
M. Garon: Elle l'est parfois. M. Fontaine: Oui.
M. Garon: Elle est déduite presque automatiquement parfois
par l'agence fédérale. Alors, on nous a fait remarquer que
l'article 6 ne visait peut-être pas tout à fait le but qu'on
poursuivait parce qu'il ne s'agissait pas seulement de donner le produit des
amendes, mais surtout de pouvoir utiliser les pénalités
perçues sous l'article 67k) pour les verser à l'agence
fédérale et non pas les amendes qui sont perçues devant
les tribunaux.
M. Fontaine: Mais, dans les cas où c'est impossible de les
déduire à la base, va-t-il y avoir des poursuites?
M. Garon: II va y en avoir, oui.
M. Fontaine: Les poursuites sont faites en vertu de la Loi des
poursuites sommaires?
M. Garon: Oui.
M. Fontaine: C'est l'office des producteurs qui va garder les
amendes?
M. Garon: Non. Je pense bien qu'en vertu de la Loi des poursuites
sommaires les amendes appartiennent à la couronne, que je sache, en tout
cas. J'avais vérifié dans le temps, mais je dis cela sous toute
réserve. C'est pour cela que l'article 6 existait originairement, mais,
en vertu de la Loi des poursuites sommaires, l'amende appartient au
ministère, elle fait partie du fonds consolidé de la
province.
M. Fontaine: Cela veut dire que des offices vont être
pénalisés par rapport à d'autres concernant les
poursuites. Il y en a qui peuvent les retenir à fa base et d'autres sont
obligés de poursuivre en vertu de la Loi des poursuites sommaires et de
remettre l'argent aux fonds publics.
M. Garon: Non, ils ne seront pas pénalisés, mais il
faut faire une distinction. La loi contient d'autres articles que l'article 67.
L'amendement que la commission étudie actuellement concerne seulement
les pénalités qui seront imposées pour des fins de quotas,
autrement dit pour des excès. Il peut y avoir d'autres infractions qui
entraînent des amendes ou des pénalités. On ne touche pas
à celles-là. Cela reste, comme dans les autres lois,
propriété du fonds consolidé, tandis que les amendes ou
les pénalités qui résultent d'infrac- tions au
règlement de quotas, il en est disposé conformément aux
ententes interprovinciales ou fédérales-provinciales. Si on s'est
engagé à payer $8 au fédéral par cent livres de
lait, à ce moment-là, la fédération prendra les $8
du producteur X qui a excédé son quota et les versera au
fédéral. Dans le cas des oeufs, je pense que c'est $3 la
douzaine; je ne me rappelle plus. Cela peut avoir varié, mais
c'était substantiellement l'ordre de grandeur. (11 h 30)
Évidemment, comme on s'engage à payer ces montants et que
le gouvernement garantit ces montants à l'agence fédérale,
il faut bien pouvoir les percevoir de la personne qui s'est rendue coupable de
l'infraction, si on peut appeler cela coupable d'une infraction, en tout cas,
qui n'a pas suivi la loi.
M. Fontaine: Dans le cas où c'est perçu à la
base, je pense qu'il n'y a pas de problème; à ce
moment-là, on les enlève tout simplement au producteur sur son
chèque. Mais dans les cas où ce n'est pas possible de le faire,
si vous me dites qu'ils sont obligés d'aller chercher ces montants en
vertu de la Loi des poursuites sommaires, cela veut dire que les montants ne
sont pas retournés à l'office.
M. Garon: Je ne pense pas avoir dit qu'on était
obligé d'aller chercher ces montants en vertu de la Loi des poursuites
sommaires. Je pense avoir dit que les poursuites pour infractions à
cette loi s'intentaient sous la Loi des poursuites sommaires. Mais il n'y a
rien qui empêche ici d'aller percevoir une pénalité selon
le paragraphe 67k, à mon humble point de vue, par action en civil, parce
que c'est le résultat d'une entente et ce sera aussi imposé par
le règlement de contingentement qui, lui, va refléter l'entente
interprovinciale ou l'entente fédérale-provinciale. Du moins,
c'est comme cela que je le vois. Le ministre me faisant signe que oui, c'est
sûr que je le vois comme cela.
C'est un peu comme une clause pénale en droit civil, au fond.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Si je comprends bien, les amendes qui sont
perçues par le paragraphe k) sont en plus des amendes qui vont
être perçues par l'article 6. Maintenant, est-ce qu'il existe
d'autres activités, d'autres secteurs d'activité où les
amendes vont comme cela à une agence ou à un plan conjoint ou
à un office? Ordinairement, cela va dans le fonds consolidé du
gouvernement, les pénalités ou les amendes pour des infractions
encourues.
M. Garon: C'est-à-dire que dans un contrat civil, par
exemple, toutes les clauses pénales qu'on trouve dans des contrats
civils sont l'équivalent de cela, au fond. On trouve cela dans des
contrats. Quand vous vous engagez à faire ou à ne pas
faire quelque chose dans un contrat civil et que vous prévoyez des
dommages-intérêts, au fond, par une clause pénale, je
trouve que c'est un peu l'équivalent.
M. Vaillancourt: Si je comprends bien, c'est une loi un peu
spéciale qui permet au gouvernement de se rembourser des engagements
qu'il a pris lors de la signature du plan conjoint national. Ce sont des
revenus, c'est là qu'il va chercher les sommes nécessaires pour
rembourser s'il y a des infractions dans le plan national.
M. Garon: II y a même des cautionnements fournis dans ces
ententes.
M. Vaillancourt: II y a même des cautionnements de fournis
pour que ce soit...
M. Garon: C'est un engagement à respecter le plan.
À ce moment-là, les plan conjoints qui s'occupent des provinces
sont signataires, et le gouvernement de la province est signataire
également de l'entente.
M. Vaillancourt: Je suis bien d'accord pour qu'une loi ait des
dents parce que si on veut faire respecter...
M. Garon: De toute façon, c'est exactement la situation
qui existe.
M. Vaillancourt: ... un plan conjoint... M. Garon: Cela ne
change rien.
M. Vaillancourt:... c'est entendu qu'il faut que les offices
aient des pouvoirs pour le faire respecter. Depuis qu'il existe des plans
conjoints dans certaines catégories de production, je pense que les
producteurs font de l'argent et le consommateur sait un peu où il va. Si
cela existait actuellement dans le boeuf comme cela existe dans d'autres
secteurs de notre économie, je pense qu'on ne verrait pas des
augmentations comme on en voit actuellement de $0.15 à $0.20 la livre
par semaine. La structure serait qu'on aurait assez de production, et
actuellement on n'en a pas parce qu'on ne sait pas où on va avec cette
catégorie de producteurs. Pour ma part, je n'ai pas autre chose à
ajouter.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Les
pénalités sont-elles imposées par la régie ou par
l'Office de producteurs?
M. Garon: Par règlement de la régie.
M. Dubois: Ces règlements sont interprétés
par l'office?
M. Garon: Approuvés par la régie.
M. Dubois: Mais l'interprétation des règlements est
faite par l'office? C'est un peu cela. N'y aurait-il pas lieu d'avoir des
balises de pénalités? C'est vague quand même, on dit:
Apposer...
M. Garon: Tout producteur peut aller devant la régie pour
se plaindre au sujet de l'application d'un règlement, en tout temps.
M. Dubois: Est-ce que le règlement lui-même
prévoit des balises de pénalités, disons tant par 100
livres de lait, tant par production...
M. Garon: Bien oui.
M. Dubois: ... est-ce qu'il y a des balises d'établies
à ce jour?
M. Garon: Les plans?
M. Dubois: Sur les plans. Est-ce que vous avez des exemples
à nous donner dans ce sens?
M. Garon: C'est prévu dans les ententes.
M. Dubois: Dans les ententes sur la formulation du plan
conjoint.
M. Garon: C'est déterminé par le gouvernement
fédéral.
M. Dubois: Les 100 livres de lait, c'est $8.60? M. Garon:
C'est environ cela.
M. Dubois: C'est à peu près tout le revenu net de
100 livres de lait.
M. Garon: C'est cela, mais c'est imposé par le
fédéral. C'est le fédéral qui oblige à cela,
autrement il ne verse pas de subvention dans le domaine du lait.
M. Dubois: Dans les oeufs, c'est $0.60 la douzaine. Je pense que
c'est $0.60 la douzaine dans les oeufs? Je crois bien que ce soit $0.60 dans
les oeufs, M. Gagnon, est-ce que c'est cela?
M. Vaillancourt (Orford): C'est regrettable que le ministre n'ait
pas toutes ces informations.
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): C'est regrettable que le ministre n'ait
pas toutes ces informations ici en commission parlementaire sur le projet de
loi en question.
M. Garon: On peut les avoir, mais je ne sais pas tous les
chiffres par coeur. D'une année à l'autre, les montants peuvent
changer. Je ne me le rappelle pas par coeur.
M. Dubois: M. le Président, nous avons un expert dans
l'administration de FEDCO en la personne de M. Gagnon, député de
Champlain. J'aimerais cela si M. Gagnon pouvait nous donner des renseignements
au niveau du fonctionnement de FEDCO et des pénalités. Est-ce que
M. Gagnon pourrait nous donner des renseignements? Il connaît bien le
domaine dans les oeufs.
M. Garon: II a respecté son quota, alors il n'a jamais
payé de pénalité.
M. Dubois: Vous n'êtes pas administrateur de FEDCO?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Champlain.
M. Dubois: Est-ce que ce serait trop vous demander, M. Gagnon, de
nous donner des renseignements sur le mode de pénalité? Le
député de Champlain, pardon.
M. Gagnon: Écoutez, cela fait déjà trois ans
que je suis sorti de la ligne. Je ne suis plus administrateur de FEDCO. Si je
me souviens bien, le coût de la pénalité c'était $1
par poule par mois, par poule additionnelle au contingent. Sous toute
réserve, il faudrait que je vérifie. Comme disait le ministre,
j'ai toujours respecté les contingents, donc, je n'ai jamais payé
de pénalité.
M. Dubois: Est-ce que c'est pour cela qu'on disait environ $0.60
la douzaine?
M. Gagnon: II me semble, mais il faudrait vérifier.
M. Dubois: Ne croyez-vous pas, M. le ministre, que cela
dépasse à ce moment le coût de production? Cela
dépasse le coût de production de pas mal.
M. Garon: La pénalité a pour but d'empêcher
de produire hors quota.
M. Dubois: D'accord.
M. Garon: Si la pénalité est tellement basse que
cela devient payant de produire hos quota, cela ne donne rien.
M. Dubois: Toute la réglementation au point de vue des
pénalités est approuvée par la régie
préalablement à l'application. C'est parce que c'est quand
même assez vague. On concède les pouvoirs...
M. Garon: Ce sont les pouvoirs qui sont dans des ententes...
M. Dubois: Je suis d'accord.
M. Garon: ... dans toutes les provinces du Canada et ils
prévoient cela à l'occasion d'un plan national.
M. Dubois: Ils ont cela dans un texte de loi.
M. Garon: On ne conserve pas les chiffres toujours par coeur
parce qu'à chaque fois que les ententes sont renouvelées
ce ne sont pas des ententes ad vitam aeternam les montants sont
changés pour tenir compte de l'inflation.
M. Dubois: Je comprends que les montants sont changés,
mais antérieurement on ne voyait pas dans un texte de loi exactement ce
qui est formulé ici. L'office de producteurs peut se servir
intégralement du texte de loi et dire: C'est cela. Si la régie
n'exerce pas une surveillance très étroite vis-à-vis des
règlements appliqués par l'office de producteurs, on peut se
retrouver avec des abus. Pardon? Je n'ai pas compris.
M. Garon: Quand c'est signé, c'est la régie qui
représente le gouvernement du Québec lors des négociations
pour la province de Québec. La régie est là avec les
producteurs, elle sait quels sont les montants, elle est au courant de tout le
plan.
M. Dubois: Je m'excuse, dans le paragraphe k).
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Orford.
M. Dubois: Je vais revenir tout à l'heure, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, en ce qui
concerne le paragraphe k), on parle d'amende.
M. Garon: On ne parle pas d'amende.
M. Vaillancourt (Orford): C'est-à-dire qu'on parle de
pénalités.
M. Garon: Ce n'est pas la même chose.
M. Vaillancourt (Orford): On se réfère aux articles
76 et 77; est-ce que le ministre pourrait me dire combien il y a d'individus
parmi les dissidents qui vont avoir à payer rétroactivement,
à l'office de mise en marché, selon le plan conjoint auquel ils
appartiennent, que cette loi va obliger...
M. Garon: Ce n'est pas l'article de
rétroactivité.
M. Vaillancourt (Orford): Oui, mais j'en profite.
M. Garon: II faudrait poser cette question à l'article
7.
M. Vaillancourt (Orford): Étant donné qu'on
parle...
M. Dubois: ... selon les articles 76 et 77...
M. Garon: Si vous avez le goût de vous y rendre, je vous
donnerai le renseignement à l'article 7.
M. Vaillancourt (Orford): Selon les articles 76 et 77.
Premièrement, j'ai bien peur qu'on ne se rendra pas là et
j'aimerais avoir la réponse.
M. Garon: Je vous le dirai rendu à l'article 7.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je donne la parole à mon collègue.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Juste un cas concret, pour essayer de comprendre
davantage la situation. Supposons qu'un office de producteurs adopte un
règlement de pénalités, et c'est un office de producteurs
où il est impossible de percevoir à la base; il y a un producteur
qui décide qu'il ne veut pas payer cette pénalité, parce
qu'il se croit en droit de ne pas la payer pour quelque raison que ce soit.
Qu'il ait raison ou qu'il n'ait pas raison, il décide de contester.
Est-ce que cela voudrait dire que l'office de producteurs pourrait, à la
suite de l'adoption d'un règlement dans ce sens, immédiatement,
avant même qu'il puisse se défendre, soit devant la régie
ou en Cour supérieure ou jusqu'en Cour suprême... On pourrait lui
suspendre son quota, l'annuler ou le réduire, tout en lui imposant une
pénalité.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a une
réponse à cette question, M. le ministre?
M. Fontaine: J'ai bien peur que je vais être obligé
de la répéter.
M. le Président, c'est un cas concret que je présentais au
ministre et je voudrais avoir une réponse là-dessus. Supposons le
cas où il y a un office de producteurs qui a un règlement de
pénalités, mais c'est un office où il est impossible de
retenir la pénalité à la base, sur le fait, et il y a un
producteur dans cet office qui décide de contester le pouvoir de
l'office de percevoir cette pénalité. Est-ce que cela veut dire,
par les pouvoirs qu'on a donnés à l'office dans la loi, que
l'office pourrait, à la suite de l'adoption d'un règlement en ce
sens, suspendre, annuler ou réduire le quota de cette personne avant
même qu'elle ait pu se défendre en cour?
M. Garon: Non, parce que ce n'est pas l'office qui enlève
les quotas, c'est la régie, d'après l'article que vous venez de
voter.
M. Fontaine: Oui, d'accord, mais supposons que la régie le
fait et que le gars veut contester en Cour supérieure, il veut aller
jusqu'en Cour suprême, son quota va être annulé pendant tout
ce temps?
M. Garon: Bien non.
M. Fontaine: À ce moment, les pouvoirs qu'on donne, de
suspension et d'annulation...
M. Garon: On n'est plus là-dessus, on l'a voté
tantôt. Là on est au paragraphe k), sur les
pénalités. C'est évident que...
M. Fontaine: Oui, mais cela touche la pénalité.
M. Garon: Non, la pénalité, on va essayer de la
percevoir d'abord.
M. Vaillancourt (Orford): Cela va être rétroactif,
les pénalités, comme pour les oeufs?
M. Garon: Ce n'est pas le paragraphe k). Là, on est au
paragraphe k), comment fonctionnent les pénalités. L'article de
la rétroactivité, c'est l'article 7. On en parlera tantôt.
Mais là, on est au paragraphe k).
M. Vaillancourt (Orford): On parle aussi de
pénalités dans cet article.
M. Garon: À l'article 7, tous disaient qu'ils
étaient d'accord. (11 h 45)
M. Vaillancourt (Orford): Mais j'aimerais savoir si les
pénalités seront rétroactives en ce qui concerne le plan
conjoint je pense, là où il y a des
pénalités...
M. Garon: Mais là, votre propos est non conforme au
règlement, parce que vous parlez de l'article 7.
M. Vaillancourt (Orford): ... à collecter, c'est sur le
paragraphe k; ou l'article 7, en tout cas, cela peut se poser aussi bien
à k) qu'à 7.
M. Garon: Non.
M. Vaillancourt (Orford): En particulier sur les oeufs,
j'aimerais savoir si les amendes ou les pénalités seront
rétroactives?
M. Garon: Le paragraphe k), c'est pour l'avenir; c'est l'article
7 qui est l'article de la rétroactivité.
M. Vaillancourt (Orford): Cela peut se demander sur les deux.
M. Garon: Non. Le paragraphe k), c'est pour l'avenir.
M. Vaillancourt (Orford): En vertu de l'article 7, je suis
d'accord que vous allez percevoir, mais en vertu du paragraphe k), vous allez
dépenser l'argent
M. Garon: Non, non.
M. Vaillancourt (Orford): C'est pour cette raison qu'on aimerait
savoir de quelle façon vous
allez dépenser l'argent, combien d'argent vous allez avoir
à dépenser. Combien allez-vous percevoir en vertu de l'article 7
pour dépenser en vertu du paragraphe k)?
M. Garon: Pardon? À l'article 7, on justifie...
M. Vaillancourt (Orford): M. le ministre, j'admets que c'est
l'article qui vous permet de percevoir des amendes, des
pénalités, etc., mais en vertu du paragraphe k), on vous permet
de les dépenser.
M. Garon: Oui, cela va être selon le plan.
M. Vaillancourt (Orford): Bon. Combien aurez-vous d'argent
à dépenser selon le paragraphe k)?
M. Garon: Le paragraphe k), ce sont les pénalités
en vertu des plans nationaux existants.
M. Vaillancourt (Orford): En tout cas, espérons qu'on va
se rendre. Combien de nouvel argent allez-vous dépenser en vertu du
paragraphe k)?
M. Garon: Cela change toutes les semaines. Il y a des dissidents
qui ne paient pas depuis des années.
M. Vaillancourt (Orford): Quels sont les fonds que vous avez
actuellement en vertu du paragraphe k)?
M. Garon: Comment, les fonds qu'on a? On n'a pas de fonds en
vertu du paragraphe k).
M. Vaillancourt (Orford): Vous n'avez pas de fonds en vertu du
paragraphe k)?
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire par là?
M. Vaillancourt (Orford): C'est juste pour vous agacer.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Lafontaine: Je voudrais revenir à l'exemple que j'ai
donné tantôt. Le ministre, tantôt, par l'entremise de son
conseiller juridique, nous a dit qu'en vertu du paragraphe k) on va pouvoir
aller devant les tribunaux de droit commun civil pour réclamer les
pénalités. D'accord?
M. Garon: Cela existait déjà.
M. Fontaine: Si on va devant un tribunal pour réclamer les
pénalités, est-ce que la régie va pouvoir pendant ce
temps-là, elle, soit que la cause ait été entendue ou non,
pendant qu'il y a une cause en droit civil, annuler ou suspendre un quota?
M. Garon: Le règlement de l'annulation des quotas n'est
pas fait. Il va falloir qu'il soit fait d'abord. On dit: Le règlement
doit prévoir les conditions d'annulation, de suspension et de
réattribution. Trouver une entente avec le règlement, il n'y a
pas de règlement à cet égard actuellement.
M. Fontaine: Mais ils vont avoir le pouvoir de le faire, de
l'inscrire dans un règlement.
M. Garon: Bien oui. M. Fontaine: Bon.
M. Garon: Mais il n'est pas dedans. Vous revenez à
l'article j). Il a été adopté.
M. Fontaine: Cela touche les pénalités. M.
Garon: Bien non.
M. Fontaine: Oui. Si un tribunal va devant une cour de droit
civil pour réclamer des pénalités et qu'un producteur veut
contester cela, pendant ce temps-là, si l'Office de producteurs a fait
adopter par la régie un règlement dans ce sens-là, la
régie va pouvoir annuler, probablement à la demande de l'office,
le quota de la personne en question alors qu'elle conteste cette
réclamation devant les tribunaux.
M. Garon: Et qu'est-ce que vous pensez qu'il arriverait, vous qui
êtes avocat? Qu'est-ce qui arriverait?
M. Fontaine: Cela peut arriver.
M. Garon: Oui, mais qu'est-ce qui arriverait si on faisait
cela?
M. Fontaine: Bien...
M. Garon: Comme avocat, vous ne le savez pas?
M. Fontaine: Qu'est-ce que vous allez faire, vous?
M. Garon: Qu'est-ce que vous feriez?
M. Fontaine: Je ne le sais pas.
M. Garon: Vous êtes avocat.
M. Fontaine: Je ne le sais pas.
M. Garon: Vous ne le savez pas?
M. Fontaine: Non, non.
M. Garon: Je ne vous confierais pas ma cause.
M. Fontaine: Non, je ne le sais pas. Dites-le-nous. Dites-nous ce
que vous allez faire.
M. Garon: II y a des procédures dans ces
cas-là.
M. Fontaine: Bien oui.
M. Garon: Bon. Les gens vont prendre des procédures.
M. Fontaine: Si le règlement lui permet de le faire et que
la régie a le droit de le faire, d'accord?
M. Garon: Non, vous ne pouvez pas...
M. Fontaine: Si vous voulez parler de litispendance, on peut vous
en parler.
M. Garon: On ne peut faire des affaires de même.
M. Fontaine: Cela pourrait se produire, cela va probablement se
produire et on vous en donnera des cas quand cela se fera.
M. Garon: Non. Vous ne pouvez pas régler le quota d'un
gars parce qu'il n'a pas payé ses pénalités, alors que
vous êtes en train de les collecter pour faire ia preuve que vous les
devez devant les tribunaux. À part cela, d'après le
règlement, je ne suis pas censé donner d'opinion juridique ici.
Vous lui demanderez...
M. Fontaine: C'est exactement les pouvoirs que vous donnez dans
la loi!
M. Garon: Voyons donc! Je ne donnerai plus d'opinion juridique,
on n'est pas censé le faire, en vertu du règlement, à je
ne sais quel article.
M. Fontaine: Vous feriez mieux de ne pas en donner.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que nous sommes ici...
M. Garon: II y a un article du règlement qui traite
spécifiquement de cela.
M. Vaillancourt (Orford): ... en commission parlementaire, pour
avoir des éclaircissements sur les articles que nous
étudions.
M. Garon: Oui, mais pas des opinions personnelles, des opinions
juridiques constantes.
M. Vaillancourt (Orford): Oui, mais on a le droit de vous
demander quelle est la portée de l'article qu'on étudie.
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Garon: Vous êtes censé avoir des conseillers pour
cela!
M. Dubois: Afin de répondre aux interrogations du
député d'Orford, n'y aurait-il pas lieu de permettre au ministre
de regarder un peu l'article 7 avec le paragraphe k), parce qu'il y a quand
même un lien direct entre les deux.
M. Garon: Non. Non.
M. Dubois: Parce qu'il est question de pénalité
dans les deux cas. Ou qu'on suspende temporairement le paragraphe k) pour
passer à l'article 7 et revenir ensuite.
M. Garon: Vous n'avez pas voulu étudier l'article 7. C'est
votre problème!
M. Dubois: Le ministre ne veut rien concéder.
M. Garon: Écoutez, là. On a perdu assez de temps.
On aurait eu le temps d'étudier tous les articles. Vous avez voulu jouer
ce jeu-là, c'est votre problème!
M. Vaillancourt (Orford): Mais si on étudiait les deux
articles ensemble, étant donné que cela concerne les
pénalités...
M. Garon: Non. L'article 7 concerne toutes sortes de choses, pas
seulement cela.
M. Vaillancourt (Orford): Cela ferait un tout!
Le Président (M. Laplante): Est-ce que j'appelle le
paragraphe k) à ce moment-ci?
M. Dubois: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division. M.
le député de Huntingdon.
Motion pour passer à l'étude de
l'article 7
M. Dubois: Je voudrais faire motion pour qu'on suspende
immédiatement le paragraphe k) et qu'on aille à l'article 7.
M. Garon: On a eu une motion comme cela hier et elle a
été battue.
M. Dubois: Cela ne fait rien. Cela permettrait au
député d'Orford d'avoir réponse à ses questions. Je
pense que c'est important, quand même, parce qu'il y est question de
pénalités...
M. Garon: Je pense que la motion est irrecevable. On a fait une
motion comme cela hier et elle a été battue.
M. Fontaine: C'est une autre motion!
M. Garon: On a établi qu'on procéderait
d'après l'ordre des articles.
M. Fontaine: En vertu du règlement, M. le
Président, on a le droit de faire une motion à chaque
article...
Le Président (M. Laplante): C'est une motion parfaitement
recevabie. Voulez-vous en discuter?
M. Fontaine: Oui, M. le Président. Est-ce que le
député d'Orford veut prendre la parole là-dessus?
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, je peux bien
dire quelques mots. En ce qui me concerne, je pense qu'il serait important,
étant donné qu'il nous reste à peine 35 minutes pour finir
l'étude du projet de loi et qu'en ce qui me concerne, je n'ai pas fait
de "filibuster" et je pense que mon collègue de Montmagny-L'Islet n'en a
pas fait non plus... Nous n'avons pas eu la chance de poser des questions sur
les articles après le paragraphe k). Étant donné que le
paragraphe k) et l'article 6, avec les amendements, parlent de
pénalités et d'amendes, on aimerait des éclaircissements
en ce qui concerne les pénalités. Il y a plusieurs dissidents qui
sont inquiets, qui se demandent ce qui va leur arriver à la suite de
l'adoption de cette loi. Cela pourrait éclairer plusieurs personnes qui
sont très inquiètes dans le moment, en sachant d'avance si les
amendes seront rétroactives ou ne le seront pas. C'est pour cette
raison...
M. Garon: Ma réponse va être très
simple...
M. Vaillancourt (Orford): ... que nous vous demandons de
suspendre le paragraphe k) pour passer à l'article 7 ou de les
étudier tous les deux ensemble.
M. Garon: Non. On peut les étudier article par article tel
qu'on l'avait prévu hier. Ces gens ont voulu faire des motions
dilatoires, c'est leur problème. C'est leur responsabilité. Je
dois dire en même temps que tous les partis d'Opposition étaient
d'accord pour adopter l'article 7, même avant Noël. Alors, j'ai
l'impression que vous étiez éclairés pour dire que vous
étiez d'accord pour voter l'article 7 avant Noël. Le voter avant
Noël ou le voter maintenant... Supposons que vous vouliez voter avant
Noël, c'est comme s'il était voté. Vous avez tous
déclaré cela. J'ai l'impression que vous n'avez pas donné
des opinions comme cela avant Noël sans connaissance de cause.
M. Vaillancourt (Orford): C'est parce qu'on avait hâte de
connaître la portée de l'article en question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je pense que ma motion
était bien fondée, étant donné qu'on parle depuis
quelques minutes, quand même, d'imposer des pénalités. Au
nouvel article 6 qui remplace l'ancien article 7, il est question de
rétroactivité sur des pénalités. Je crois que le
lien est tellement direct entre les deux articles...
M. Garon: On n'a qu'à voter k), I), 4, 5, et on va arriver
à l'article 6.
M. Dubois: Oui. C'est pour cela que je pense que c'était
bien fondé qu'on puisse utiliser les deux ensemble, aller à
l'article 7 immédiatement pour revenir plus tard au paragraphe k). Je
pense que cela répondrait au voeu du député d'Orford,
puisqu'il l'a quand même formulé tout à l'heure à
maintes reprises. Il est question quand même de
rétroactivité de prélevés perçus et
imposés. On parle précisément au paragraphe k) de
pénalités. Je ne sais pourquoi le ministre s'entête tout le
temps à ne jamais rien céder à cette commission parce que
cela aurait pu aller pas mal plus vite. On aurait pu étudier bien
d'autres articles. Mais le ministre s'entête tout le temps à ne
rien accepter.
M. Garon: Mais non. Le ministre ne s'entête pas.
M. Dubois: II s'entête carrément.
M. Garon: Le paragraphe k) est simple et le paragraphe I), il n'y
a rien là. L'article 4, il n'y a rien là. L'article 5, c'est la
reproduction intégrale de la loi fédérale. On arriverait
directement à l'article 6 et on va en parler. Alors, votons les
paragraphes k) et I) et les articles 4 et 5 et on arrivera à l'article
6.
M. Dubois: M. le Président, il est toujours
question...
M. Garon: Votre stratégie, vous l'avez faite. Supportez-en
les conséquences. Nous ne sommes pas des enfants.
M. Dubois: Si vous aviez répondu favorablement à
certaines de nos demandes, M. le ministre, cela aurait fonctionné pas
mai mieux que cela. Vous savez cela. Vous avez été têtu
tout le long et vous nous avez poussés à agir de cette
façon en ne cédant...
M. Garon: Vous avez fait perdre le temps. Vous l'avez même
dit officiellement.
M. Dubois: ... jamais un pouce de terrain. Ce n'est pas comme
cela qu'ordinairement, on peut s'entendre dans une commission. Je pense qu'il y
a d'autres façons de s'entendre. M. le Président, si le ministre
ne veut rien comprendre, on va revenir encore au k). On va continuer. La motion
est là. Tu la places, ta motion?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je pense qu'il y a un
lien à faire entre les paragraphes k) et I) et ce serait important, et
le paragraphe k) et l'article 6 que nous voulons étudier; je pense que
ce serait important de faire cette relation. Le
paragraphe k) est le paragraphe qui permet d'imposer des
pénalités pour l'avenir à la suite de l'adoption du projet
de loi 116 et l'article 6, que nous demandons d'étudier
immédiatement ou conjointement avec le paragraphe k), est l'article qui
permet la rétroactivité pour des pénalités qui
devraient déjà être imposées par les offices de
producteurs concernés. L'article 6 dit: "Tous frais ou redevances
imposés à un producteur ou perçus d'un producteur avant le
(insérer ici la date d'entrée en vigueur du présent projet
de loi) sous l'autorité de la Loi sur les offices de commercialisation
des produits de ferme ou de la Loi sur l'organisation du marché des
produits agricoles en rapport avec un produit commercialisé produit au
Québec ou mis en marché dans le commerce intraprovincial au
Québec, sont réputés avoir été
imposés ou perçus". Imposés ou perçus, il faudrait
peut-être essayer de faire la différence là-dessus, et on
dit: "depuis la date de leur imposition ou perception sous l'autorité de
la Loi de la mise en marché des produits agricoles 1974, chapitre 36),
telle que modifiée par la loi, ou sous l'autorité d'un plan
conjoint, d'une ordonnance ou d'un règlement adoptée ou mis en
vigueur sous l'autorité de ladite loi".
On voit bien qu'il y a une relation très étroite entre ces
deux articles, soit le paragraphe k) de l'article 3 et l'article 6 du projet de
loi. Ce que nous demandons au ministre, c'est bien simple, c'est de pouvoir
utiliser ces deux articles, soit immédiatement passer à l'article
6 ou étudier les deux conjointement. Je pense qu'à ce
moment-là, la compréhension des parlementaires qui sont membres
de cette commission serait grandement améliorée et la
compréhension du public également. Cela nous permettrait
d'étudier ces deux questions ensemble de façon approfondie afin
que tous et chacun aient une meilleure vision d'ensemble de la portée du
projet de loi. Ces deux articles sont très importants, même si le
ministre nous dit qu'il n'y a rien là, et entre autres, l'article 6,
parce qu'il y a un grand principe là-dedans qui est touché, c'est
celui du partage des pouvoirs entre le législatif et le pouvoir
judiciaire. C'est un pouvoir qui est touché très grandement par
l'application de cet article. Je pense que la rétroactivité d'un
projet de loi, ce n'est jamais bon. Il faudrait que le ministre soit en mesure
de nous expliquer pourquoi il veut introduire cette mesure dans son projet de
loi, et nous expliquer également comment il se fait qu'on aborde dans
cet article la question de la séparation des pouvoirs. Il y a eu des
jugements rendus par la cour à ce sujet. À la suite de ces
jugements, le législatif, qui concerne tous les parlementaires de
l'Assemblée nationale, a à décider si ces jugements vont
à l'encontre de jugements qui ont été rendus par la Cour
suprême. Je ne me prononce pas sur l'opportunité de dire oui ou
non, mais je pense qu'il serait important que nous soyons
éclairés à ce sujet avant d'aborder le problème.
(12 heures)
On peut également se poser des questions sur un autre aspect. Les
gens qui ont contesté ces réglementations et qui ont eu gain de
cause, on pourrait peut-être dire qu'ils ont exercé une
espèce de recours collectif et que le gouvernement du Québec
vient d'instaurer une loi sur le recours collectif. À la suite de cet
amendement proposé, on dit tout simplement: "Le recours collectif que
vous avez exercé, messieurs, ne vaut pas; on n'en tient pas compte et on
vous fait payer rétroactivement ce sur quoi vous avez eu gain de cause."
M. le Président, je pense que toutes ces raisons font que ce serait
important que la motion proposée par le député de
Huntingdon, en vue de suspendre pour l'instant l'étude de l'article k)
et d'aller immédiatement à l'article 6, pour que nous puissions
discuter de ces questions importantes pour un bon nombre de producteurs
agricoles du Québec qui, à la suite de l'adoption de cet article
6, se verront dans un état assez déplorable... Ils seront
peut-être obligés, ces producteurs, de vendre leurs quotas de
production. Le ministre et plusieurs députés ministériels
de l'Assemblée nationale, lors de l'étude de ce projet de loi,
nous disaient que ce seraient les intégrateurs qui
bénéficieraient de la non-intervention du ministre de
l'Agriculture dans ce domaine-là.
M. Beauséjour: Question de règlement. M. Garon:
Pardon! Je n'ai pas dit cela.
M. Fontaine: II faudrait peut-être également se
poser la question, à savoir...
Le Président (M. Laplante): Question de règlement,
M. le député d'Iberville.
M. Fontaine: ... si ces gens-là sont obligés de
vendre leurs quotas...
Le Président (M. Laplante): Question de règlement.
M. le député d'Iberville.
M. Fontaine: II faudrait peut-être savoir qui va les
acheter. Est-ce que ce sont les intégrateurs qui vont les acheter?
Le Président (M. Laplante): Question de règlement.
M. le député d'Iberville.
M. Beauséjour: Est-ce que vous pourriez relire la motion
qui a été présentée?
Le Président (M. Laplante): C'est la motion de suspendre
l'article k) et d'étudier l'article 7.
Une voix: L'ancien article 7 qui devient l'article 6.
Le Président (M. Laplante): Moi, je l'ai tel qu'au projet
de loi.
M. Fontaine: C'est l'ancien article 7 qui est devenu l'article
6.
M. Garon: Les paragraphes k) et I) concernent l'avenir et
l'article 7, qui est devenu l'article 6, que
vous étiez prêts à adopter avant Noël, concerne
le passé. Il n'y a pas de lien entre les deux.
M. Fontaine: Oui, c'est justement.
M. Garon: Non, il n'y a pas du tout de lien entre les deux.
M. Fontaine: II y a un lien.
M. Gagnon: Vous perdez du temps et on n'aura pas le temps de
l'étudier.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais continuer mon
argumentation...
M. Garon: Vous remarquerez, à l'article...
M. Fontaine:... à savoir que, si l'article 6, que le
ministre s'entête à ne pas vouloir étudier
immédiatement, était adopté tel quel, il y a des questions
à se poser. Les producteurs agricoles, qui ont eu gain de cause devant
la Cour suprême en exerçant un recours collectif, vont-ils devoir
vendre leurs quotas? S'ils doivent vendre leurs quotas, qui va les acheter?
À ce moment-là, on retouche exactement le problème qu'on a
toujours voulu régler par la loi 116, c'est-à-dire le
problème des intégrateurs.
M. Garon: Non, non, non.
M. Fontaine: Qui va acheter les quotas des producteurs agricoles
qui vont être obligés de les vendre?
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président.
M. Fontaine: Ce seront les intégrateurs. M.
Beauséjour: Question de règlement.
Le Président (M. LapIante): Oui, M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: Je voudrais que vous m'indiquiez si on
parle toujours de la motion qui a été
présentée?
Le Président (M. Laplante): Oui, on parle toujours de la
motion. C'est parce qu'il évoque actuellement les raisons pour
lesquelles il aimerait suspendre un article pour en étudier un autre.
Tant qu'il ne parlera pas du fond de l'article 7, je n'ai aucun recours.
M. Garon: Concernant la question de règlement, M. le
Président, afin qu'on n'induise pas les gens en erreur, j'aimerais dire
qu'il n'y a jamais eu de recours collectif. C'est un appel du gouvernement de
l'Ontario à la Cour suprême; c'est le gouvernement de l'Ontario
lui-même et l'Union Nationale qui véhicule cela. Pourtant, c'est
la première ligne du jugement de la Cour suprême qui dit que c'est
une matière déférée à la Cour d'appel par le
gouvernement de l'Ontario. Alors, il ne s'agit pas d'un recours collectif, etc.
C'est une demande du gouvernement de l'Ontario à la Cour suprême
qui a amené la décision de la Cour suprême. Il faut
arrêter de conter des chansons, ce n'est pas vrai, ce que vous dites.
M. Fontaine: En vertu de l'article 96, M. le Président. Ce
que j'ai dit, c'est que les gens qui se sont joints, si on veut être
précis, à la cause de référé demandée
par la cour de la province de l'Ontario, ont exercé une espèce de
recours collectif. Si le ministre me permet de donner le nom des parties
à la cause de la Cour suprême, il y a les producteurs d'oeufs
intéressés, le Procureur général de la province de
Québec représenté par Me Marcel Trudeau et Me Yves
Sylvestre, l'Association des producteurs d'oeufs québécois
représentée par Me Pierre Paradis et Me Gérald-A.
Beaudoin...
M. Garon: Ils n'étaient pas obligés d'y aller.
M. Fontaine: ... qui est un membre de la commission
Pépin-Robarts.
M. Garon: Ce n'est pas leur procès, c'est le procès
de l'Ontario.
M. Fontaine: II y a également la Fédération
des producteurs d'oeufs de consommation du Québec
représentée par Me Pierre Blain qui est maintenant en poste
à la Commission du zonage agricole. Je pense bien que ces gens avaient
un intérêt à aller plaider à la Cour
suprême...
M. Gagnon: II y en a un autre qui est en poste à l'Union
Nationale.
M. Fontaine:... et ils ont réussi à avoir gain de
cause en Cour suprême. C'est pour cette raison que je vous dis qu'ils ont
exercé une espèce de recours collectif et que, maintenant, par un
article d'une loi, on va rendre ce jugement applicable.
M. Garon: Non, non, non. Écoutez, vous êtes avocat;
c'est un référé du gouvernement de l'Ontario.
M. Fontaine: Bien oui.
M. Garon: Écoutez, les autres sont là, ils sont
assis là; ce ne sont pas eux qui font le procès.
M. Fontaine: Ah! non.
M. Garon: Bon, écoutez, la plaidoirie, c'est le
gouvernement de l'Ontario qui dirigeait toutes les affaires
là-dedans.
M. Fontaine: Ainsi, le gouvernement du Québec a
dépensé de l'argent pour rien s'il a envoyé Me Trudeau
là pour rien?
Le Président (M. Laplante): II faudrait revenir à
la motion. M. le député de Huntingdon.
M. Garon: II allait voir ce qui se passait.
M. Dubois: M. le Président, je crois qu'il y a un lien
direct entre l'article 7 et le paragraphe k), en ce qui a trait à la
nouvelle loi...
M. Garon: Le paragraphe k) parle de pénalité et
l'article 7 parle de frais et de redevances.
M. Dubois: Mais dans le cas où un groupe de producteurs
je vais vous poser la question, M. le ministre se sentirait
lésé...
Le Président (M. Laplante): J'ai ouvert le chemin
très large, mais je voudrais que vous vous en teniez à la motion
que vous avez présentée. Vous n'êtes pas sur la motion.
M. Dubois: II y a un lien direct. On parle de
pénalité au paragraphe k) et puis...
Le Président (M. Laplante): Vous dites le pourquoi de ce
que vous aimeriez mais ne posez pas de question sur le fond des deux
articles.
M. Dubois: Suite à la nouvelle loi qui a été
adoptée à l'Assemblée nationale qui permet un recours
collectif, il y a lieu de se poser une question savoir si, par le biais du
paragraphe k) et de l'article 7, un groupe de producteurs aurait droit à
un recours collectif sur les pénalités qui seraient abusives.
Cela peut quand même arriver qu'un office de producteurs décide et
que le règlement soit approuvé par la régie, voulant que
des pénalités soient très élevées et, suite
au dépôt du projet de loi no 39, possiblement que cela donnerait
un recours collectif à un groupe de producteurs. De là
l'importance de regarder l'article 7 et le paragraphe k) intégralement;
cela nous permet de poser des questions précises au ministre dans ce
sens.
M. Gagnon: M. le Président, depuis tantôt qu'on sait
que ce serait important d'adopter tous les articles du projet de loi. On vient
de perdre à peu près dix minutes à savoir si on va
discuter l'article 6 avant le paragraphe k) mais, finalement, on va être
rendus à midi et demi et on n'aura pas le temps d'étudier ni l'un
ni l'autre. Revenons donc sur les articles qu'on doit étudier et passons
à travers, de façon à pouvoir étudier l'article 6.
Il reste environ 20 minutes.
M. Fontaine: Si vous aviez accepté tout de suite, ce
serait fait.
M. Gagnon: Vous voulez tout simplement faire perdre du temps.
M. Fontaine: Bien non, bien non. Vous en avez fait perdre
assez.
Le Président (M. Laplante): D'autres intervenants sur la
motion? J'appelle le vote.
M. Gagnon: Le vote.
Le Président (M. Laplante): Je mets aux voix la motion du
député de Huntingdon, voulant suspendre l'article k) et
étudier l'article 7 qui devient 6. Rejeté sur division?
M. Fontaine: Vote enregistré.
Le Président (M. Laplante): Vote enregistré. M.
Ouellette (Beauce-Nord).
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Laplante): Contre. M. Beau-séjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet). M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre la perte de temps.
Le Président (M. Laplante): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Laplante): Deux pour; six contre. Motion
rejetée. J'appelle l'article k).
M. Fontaine: Pourriez-vous vérifier si la voix du
député de Kamouraska-Témiscouata est enregistrée au
journal des Débats? Parce qu'il a mis un paquet de cigarettes sur son
micro, ce n'est peut-être pas enregistré.
Contingentement (suite)
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 3,
paragraphe k). Vous êtes prêts à voter?
M. Dubois: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: ... nous avons insisté fermement pour avoir un
droit d'appel sur tout le projet de loi no 116. Là, il est question de
pénalités basées sur le volume ou la quantité de
produits agricoles concernés. S'il y avait pénalité
abusive je suis d'accord que la régie revoie le règlement
de l'Office des producteurs, qu'elle l'approuve, je suis d'accord encore. Mais
il reste quand même qu'on s'est aperçu dans le passé et
à la suite des débats entre la Fédération des
producteurs de lait, d'une part, et les coopératives, d'autre part,
qu'il y a lieu d'avoir un recours.
M. Garon: On peut aller jusqu'en Cour suprême sur k). La
pénalité va être réclamée au civil. Il peut
aller jusqu'en Cour suprême s'il le veut. Qu'est-ce que c'est que cette
affaire?
M. Dubois: Oui, mais écoutez...
M. Garon: Sortez-vous cela de votre chapeau comme un lapin de
magicien?
M. Dubois: Vous ouvrez la porte à des
pénalités qui ne sont pas indiquées dans le projet de loi,
qui sont indiquées dans le règlement et le producteur,
après cela, a quoi? Le producteur va se rendre en Cour suprême,
vous pensez?
M. Garon: Ce n'est pas une amende, c'est une
pénalité qui se poursuit au civil et ils peuvent aller jusqu'en
Cour suprême s'ils veulent, en vertu de k); pourquoi dites-vous des
affaires de même?
M. Dubois: Des prélevés et des
pénalités, on s'aperçoit où cela peut aller.
Regardez seulement les prélevés dans le lait. $0.025 qui ont
permis quand même d'amener tout le problème. C'est cela qui a
amené tout le problème dans le lait, vous le savez. Depuis ce
temps, la Coopérative de Granby ne prélève plus les $0.025
et envoie ses prélevés directement à Ottawa. Vous
êtes conscient de cela.
M. Garon: C'est une autre affaire.
M. Dubois: C'est une autre affaire, mais cela ne fait rien. Des
pénalités, des prélevés, on voit où se
dirigent les fonds après, on peut se poser des questions quand
même et des précisions, on en a besoin dans les projets de loi. Il
est de plus question ici de production... Enfin, les contingentements se font
sur des productions sans sol. Présentement, tout ce qui est
contingenté, c'est sur production sans sol. Je ne pense pas qu'il y ait
de contingentement dans la production céréalière ou des
légumes au champ, il n'y en a pas présentement. À moins
que je ne fasse erreur.
M. Gagnon: C'est une production sans sol, le lait.
M. Dubois: Une production animale jusqu'à un certain
point...
Si on ne contrôle pas la grandeur du champ de blé, de
maïs-grain ou le pâturage d'un producteur, mais on inscrit quand
même dans le projet de loi qu'on peut imposer des pénalités
sur la superficie cultivée... Dans le tabac, il y a de la
réglementation au niveau de la production. Je pense que c'est la seule
production, d'ailleurs, qui est réglementée au niveau de la
superficie, d'accord? Êtes-vous au courant des
pénalités?
M. Garon: Des pénalités, mais il y a un quota
basé sur la superficie dans le tabac, si ma mémoire est
fidèle. C'est tant d'acres qu'on a le droit de cultiver.
M. Dubois: Pénalité qui sera imposée dans le
tabac. Si quelqu'un dépassait le nombre d'acres qu'il a le droit de
cultiver dans le tabac, qu'est-ce qui arriverait?
Une voix: II est mieux de le fumer.
M. Fontaine: M. le Président, le ministre tantôt m'a
bien fait rire quand il a dit que les producteurs peuvent aller jusqu'en Cour
suprême. On en a eu un exemple de producteurs qui sont allés en
Cour suprême...
M. Garon: Ce ne sont pas les producteurs, c'est le gouvernement
d'Ontario.
M. Fontaine: ... le gouvernement arrive immédiatement
après et il adopte le projet de loi pour rendre cela rétroactif
pour ne pas qu'ils puissent avoir gain de cause. Les appels en Cour
suprême, cela ne donne pas grand-chose.
M. Garon: C'est complètement faux.
M. Fontaine: Dans la loi de l'Ontario... ce n'est pas vrai?
À ce moment, pourquoi voulez-vous adopter un projet de loi pour combler
le vide juridique créé par le jugement de la Cour suprême?
Si ce n'est pas vrai, on n'a pas besoin de cela. Si c'est vrai qu'il y a un
vide juridique, c'est parce qu'il y a des gens qui se sont occupés de
leurs affaires pour aller faire valoir leurs droits et ils ont eu gain de
cause. Si ce n'est pas cela, vous allez m'expliquer cela. Le gouvernement
arrive par après et fait adopter une loi pour dire: Monsieur, c'est
rétroactif, la loi, et vous êtes obligé de payer vos
redevances. Je pense que le recours jusqu'en Cour suprême que le ministre
a invoqué tantôt, c'est absolument illusoire pour un producteur du
Québec de pouvoir y arriver. Si jamais un producteur pouvait le faire,
je suis sûr que le gouvernement du Québec arriverait encore par en
arrière avec une loi rétroactive pour empêcher que
quelqu'un ait gain de cause dans ces choses. (12 h 15)
Dans la loi du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario, on n'a pas
procédé de la même façon. Dans ces provinces, c'est
le lieutenant-gouverneur en conseil qui peut, par règlement, accorder
à un
office local ou à une agence de commercialisation de tout produit
réglementé localement dans les limites de la province, la
faculté de fixer, d'imposer, de percevoir des redevances ou des frais de
la part des personnes adonnées à la production ou au placement de
la totalité ou d'une partie de ce produit et, à cette fin, les
classer en groupes et fixer les redevances, frais différents que devront
acquitter les membres des différents groupes, en divers montants,
d'employer ces redevances ou frais, et tout le reste de l'article. Ce qui est
important là-dedans, c'est que, dans ces provinces, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui peut, par règlement. Et ici, on a
délégué ces pouvoirs aux offices de producteurs.
Il n'y pas d'article qui concerne spécifiquement les
pénalités comme le paragraphe k) ici. Le seul article dans les
autres provinces, c'est l'article 5 qui dit: "Quiconque omet de se conformer ou
contrevient à un règlement par un arrêté ou une
directive établi en vertu de la présente loi commet une
infraction et est passible, sur déclaration sommaire de
culpabilité, d'une amende d'au plus $500 dans le cas d'une
première infraction et d'au plus $5000 dans le cas d'une infraction
subséquente".
Est-ce qu'on pourrait m'expliquer pourquoi dans ces provinces on a
procédé par arrêté en conseil et par infractions
plutôt que par pénalités.
M. Garon: Vous le demanderez à l'Ontario. Si l'Ontario a
fait une loi et a voulu procéder par infractions et que nous autres on a
voulu procéder par pénalités où on peut aller au
civil, vous le demanderez à l'Ontario. Je ne le sais pas, moi, pourquoi
l'Ontario a procédé comme cela.
M. Fontaine: C'est parce que les provinces ont
spécifié la teneur de l'amende ou de la pénalité.
Ici, on laisse cela libre, on ne met pas de balises. Est-ce qu'on ne pourrait
pas mettre des balises dans le paragraphe k)?
M. Garon: Des infractions, on en a dans le Québec aussi.
Regardez les articles 113, 114, 115, etc.
M. Fontaine: J'ai tout cela ici.
M. Garon: Ce n'est pas la même chose. Là, ce sont
des pénalités.
M. Fontaine: Non, mais ils n'en ont pas.
M. Garon: Voyons! L'Ontario s'engage comme nous dans les plans
nationaux.
M. Fontaine: Oui, mais c'est fait par règlement, par
arrêté en conseil. Ce n'est pas la même chose.
M. Garon: Non, l'Ontario prend les mêmes engagements que
nous dans les plans nationaux. Quand on fait un plan national dans le dindon,
dans le lait ou dans les oeufs, l'Ontario contracte, et les autres provinces,
les mêmes obligations que celles du Québec. C'est un plan qui est
signé par tout le monde.
M. Fontaine: Oui, ces gens imposent les pénalités
qu'ils veulent, mais par arrêté en conseil. Ici, c'est l'office
des producteurs qui impose les pénalités.
M. Garon: Non, il les délègue à l'office.
Lisez l'article.
M. Fontaine: Oui, le pouvoir est délégué aux
offices de producteurs, mais, en Ontario, c'est le règlement
adopté...
M. Garon: En Ontario, la régie délègue
à l'office de producteurs.
M. Fontaine: Dans la loi, c'est le lieutenant-gouverneur en
conseil qui peut, par règlement, accorder à un office local...
C'est le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Garon: Non, non.
M. Fontaine: L'article 2.1 de la loi du Nouveau-Brunswick.
M. Garon: Oui, mais là...
M. Fontaine: C'est la même chose en Ontario.
M. Garon: Non, ce n'est pas la même chose. Mon
modèle, ce n'est pas le Nouveau-Brunswick; comprenez-vous? C'est pas mal
plus petit que nous autres, au Nouveau-Brunswick; on ne peut pas comparer le
Nouveau-Brunswick et le Québec au point de vue de la production. C'est
tout petit. Il n'y a que quelque centaines de producteurs au Nouveau-Brunswick
et c'est surtout de la patate. Ce n'est pas la même chose. Quand on se
compare, il faut se comparer à des provinces comparables. Quand le
Québec se compare, il se compare surtout à l'Ontario, à la
Colombie-Britannique, à l'Alberta.
M. Fontaine: On parle des mécanismes, on ne parle pas de
la quantité de production.
M. Garon: Si vous regardez l'Ontario, ce n'est pas cela que vous
voyez du tout. Je vois l'article 8 de la Loi de l'Ontario, paragraphe 1): "The
board may make regulations generally or with respect to any regulated product."
Vous avez, après cela, le paragraphe 13: "Authorizing a local board".
Cela veut dire que la régie peut faire des règlements pour
autoriser un office de producteurs. Là, vous avez des pouvoirs qui sont
larges.
Le Président (M. Laplante): D'autres commentaires? Article
k), adopté?
Une voix: Vote.
Le Président (M. Laplante): M. Ouellette
(Beauce-Nord).
M. Ouellette: Sur quoi on vote?
Le Président (M. Laplante): Sur l'article k). Pour?
M. Ouellette: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Dubois (Huntingdon).
M. Dubois: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Gagnon (Champlain).
M. Gagnon: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Garon (Lévis).
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet).
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Roy (Beauce-Sud). M.
Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Laplante): Huit pour, un contre.
Adopté.
J'appelle l'article 3, paragraphe I).
M. Garon: Non, c'est l'article 3, paragraphe c)...
Le Président (M. Laplante): Paragraphe c), "I).
M. Garon: ... "I) qui est ajouté... M. Giasson: Le
sous-paragraphe.
Le Président (M. Laplante): Le sous-paragraphe,
d'accord.
M. Garon: ... au paragraphe i) de l'article 67.
M. Gagnon: Adopté, M. le Président. M. Dubois:
Même vote, M. le Président.
M. Garon: Ce qui se lit là: Déterminer donc
si on revient encore... l'Office de producteurs peut, par règlement,
"déterminer la quantité d'un produit commercialisé qui
constitue le surplus de ce produit pour toute période que l'office
détermine et affecter, en tout ou en partie, au paiement des
dépenses ou des pertes qui résultent de la disposition de ces
surplus les contributions prévues aux articles 76 et 77."
Le Président (M. Laplante): Adopté... M. Dubois:
M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Garon: C'est un article qui concerne la disposition des
surplus. Cela ne change rien par rapport à la situation existante.
M. Dubois: Vous avez demandé le texte...
M. Garon: Suite à plusieurs jugements de la Cour
suprême, il faut faire... Dans ce cas-là il s'agit même de
jugements de la Cour suprême de 1977. Cet article-là est
absolument nécessaire pour la disposition des surplus.
M. Dubois: M. le Président, du texte original au texte
amendé, on voit qu'on a enlevé que l'office peut s'en porter
acquéreur. Je suppose que cet amendement a été fait
à la demande de quelqu'un.
M. Garon: La coopérative.
M. Dubois: Maintenant, on voit plus bas qu'on peut disposer de
ces surplus. C'est l'office qui peut disposer des surplus présentement,
je crois. Est-ce vrai?
M. Garon: C'est le règlement qui va le prévoir.
M. Dubois: Mais comment l'office pourrait-il disposer des surplus
si on lui enlève le droit de s'en porter acquéreur? C'est
là que je trouve cela incohérent. Est-ce l'office qui verrait
à...
M. Garon: C'est le plan national qui va le prévoir. Quand
il y a un plan national.
M. Dubois: Ordinairement, quand on dispose de...
M. Giasson:... les dispositions de l'assemblée
générale des producteurs de l'office.
M. Dubois: Le pouvoir de disposer des surplus par un office lui
est donné par le plan national dans ce cas-là.
M. Garon: Qu'ils s'entendent là-dessus. Il faut qu'il y
ait des réglementations pour qu'il y ait des surplus. S'il n'y a pas de
quotas de production fixés, il n'y a pas de surplus. Dans le boeuf au
Québec, il n'y a pas de surplus.
M. Dubois: Je suis d'accord. On parle de cas où il y a une
réglementation quelconque.
M. Garon: Ce qui est produit en excédent, constitue des
surplus. Le plan national prévoit ce qui sera fait avec ces surplus.
Pour cela, il faut des dispositions dans la loi québécoise, ce
qui existait d'ailleurs auparavant.
M. Fontaine: Les surplus, actuellement, par exemple dans le
domaine du lait, qui sont produits. Ces produits sont transformés. Qui
récupère l'argent de ces produits qu'il produit en surplus? C'est
l'office ou la commission?
M. Garon: Non. La Commission canadienne du lait. La
coopérative qui reçoit le lait envoie la pénalité
à la commission canadienne. Elle paie le surplus à la commission
canadienne.
M. Fontaine: Et la commission canadienne s'en sert pour payer les
frais d'entreposage et ces choses-là?
M. Garon: Elle s'en sert pour son fonds général. Le
plan ne fait pas un sou avec cela. Les gens pensent qu'un plan conjoint...
M. Fontaine: Non, mais c'est important de le dire.
M. Garon: II ne fait pas un sou avec cela. Cela ne lui passe
même pas, je pense, entre les mains. Dans certains cas, l'argent s'en
va... c'est-à-dire que le lait arrive en surplus à la
coopérative. La coopérative envoie le montant des
pénalités pour le surplus directement.
M. Giasson: D'ailleurs, les provinces ont de l'argent
déposé vis-à-vis des offices nationaux.
M. Garon: Selon l'entente.
M. Giasson: La plupart des plans conjoints administrés
dans les provinces déposent de l'argent garanti à l'office
national.
M. Garon: Oui, c'est vrai.
M. Fontaine: C'est important que le ministre de l'Agriculture du
Québec le dise aux producteurs agricoles. Il y a bien des producteurs
qui pensent qu'il y a des gens qui font...
M. Garon: Je ne suis pas capable de courir après tous les
cancans, toutes les rumeurs, toutes les menteries qui se racontent pour
rétablir les faits. Je ne suis pas capable de faire cela.
M. Fontaine: On vous donne l'occasion de le dire aujourd'hui.
C'est bien simple, cela.
M. Garon: Vous auriez dû dire cela pendant vos deux
mois.
M. Fontaine: II fallait arriver à cet article et on en est
arrivé là.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien de surplus il y a eu
en 1976-1977 dans la production laitière?
M. Garon: Non. Je n'ai pas les chiffres ici.
M. Fontaine: Vous ne le savez pas. Beaucoup...
M. Garon: C'est-à-dire qu'en 1976-1977, il y a eu
remboursement des pénalités qui a été fait par la
Commission canadienne du lait à ceux qui avaient produit des surplus.
D'ailleurs, cela amène des difficultés d'administration
après, parce que celui qui produit hors quota peut, par la suite, se
faire rembourser la pénalité qu'il a produite alors que l'autre
qui a produit à l'intérieur de son quota ne reçoit pas un
sou. Ce n'est pas la meilleure façon de faire les choses.
M. Fontaine: Quelle est la différence entre les deux
textes? Y a-t-il un amendement important qui a été apporté
ou est-ce tout simplement un amendement pour satisfaire les
coopératives, mais qui ne change pas grand-chose au texte?
M. Garon: C'est-à-dire que les coopératives, je ne
peux pas juger. Il ne faut pas que je me mette à la place des autres
pour juger leur intention ou non. Les coopératives ont demandé
on a discuté ensemble les inquiétudes qu'elles avaient
et ont suggéré certains amendements. On en a
discuté ensemble. Il nous semblait, à ce moment-là, que ce
qu'elles demandaient à cet endroit pouvait être accordé
sans mettre en danger les plans nationaux et les plans conjoints. À ce
moment-là, on a accepté leurs demandes, car on considérait
que cela ne mettait pas en danger la structure existante. Je n'ai pas à
préjuger de leur intention ou des raisons pour lesquelles elles
demandent cela. J'ai respecté leur opinion simplement.
M. Fontaine: Je vous pose la question parce que plusieurs
amendements ont été demandés par les coopératives.
En fait, on s'est aperçu que les amendements qui ont été
accordés ne changeaient pas grand-chose au texte de loi. Elles sont
retournées chez elles et ont dit: "On accorde notre appui au projet de
loi la Coopérative fédérée a dit cela
parce qu'il y a eu des amendements." Il me semble que cela est un peu
superficiel et si la Coopérative agricole de Granby, par exemple, nous
dit dans des télégrammes qu'elle n'est pas d'accord avec cette
situation, je pense qu'elle a raison parce que les amendements qui ont
été
consentis par le ministre sont tout simplement des amendements de
surface et il n'y a pas grand-chose de changé dans la loi comme telle
depuis sa présentation au début.
M. Garon: Voulez-vous dire que toutes les coopératives et
la Coopérative fédérée ont tort? Ce n'est que la
Coopérative de Granby qui aurait raison?
M. Fontaine: Écoutez! La Coopérative de Granby, ce
n'est pas n'importe qui.
M. Garon: Non, excepté qu'elle dit bien que c'est à
cause... Moi, j'ai pensé que le principal argument je dois dire
un argument important qui a été apporté c'est qu'il
y avait peut-être des mots à certains endroits qui ont
semblé inutiles et qu'elles ont préféré voir
retrancher. À ce moment-là, on a donné une
interprétation à ces mots. Je pense au mot "également"
dont on a parlé dans le premier article. Je pense que c'était le
point majeur, comme on dit. Ce mot est là et il va être
interprété. On a dit: "Parfait, vu votre appréhension, ce
que vous pensez que cela peut vouloir dire, ce n'est pas cela qu'on veut dire,
si, en enlevant le mot "également", cela vous satisfait, on est
prêt à l'enlever, parce que si le mot "également" veut
faire dire cela, ce n'est pas cela qu'on veut faire dire." Comme en enlevant le
mot "également", cela ne nuisait à rien dans notre esprit, on a
dit aux coopératives: "D'accord, on va enlever le mot
"également"." C'est dans cet esprit que la discussion a eu lieu. C'est
la même chose au paragraphe I). (12 h 30)
M. Dubois: C'est un peu comme quand vous avez enlevé
"prévoir que l'office peut se porter acquéreur". Cela ne change
pas grand-chose, en fait, parce que c'est finalement toujours l'office qui
reprend en main le produit et en dispose. C'est jouer un peu sur les mots parce
que cela ne change pas beaucoup la portée de la loi. On sait que,
finalement, la régie décide qui se porte acquéreur.
M. Garon: On ne peut pas préjuger de l'opinion des
coopératives. Est-ce que les coopératives actuellement veulent
s'en porter acquéreurs? Je ne peux pas préjuger de cela. Elles
ont fait ces représentations. J'ai écouté leurs
représentations, je n'ai pas essayé de lire dans leurs
pensées.
M. Fontaine: Raison de plus pour avoir accepté une
commission parlementaire. Si vous aviez accepté cela, vous auriez
peut-être pu savoir exactement ce qu'ils pensaient sans préjuger.
M. le Président, il est midi et trente.
Le Président (M. Laplante): Vous demandez l'ajournement?
M. le député de Nicolet-Yamaska demande l'ajournement. Avant de
clore les travaux de la commission, suivant l'ordre de l'Assemblée
nationale lors de sa dernière séance, je prierais le rapporteur
de faire rapport à l'Assemblée nationale que nous avons
étudié les articles du projet de loi no 116; les articles 1, 2,
3a, 3b, 3c, paragraphes j) et k), ont été adoptés avec
amendements et les autres articles, de 3c I) à 8 inclusivement n'ont pas
été étudiés.
Les travaux de cette commission sont ajournés sine die.
Fin de la séance à 12 h 32