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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Desbiens): On ouvre la séance de
la commission permanente des affaires culturelles qui se réunit pour
étudier article par article le projet de loi no 54, Loi modifiant la Loi
sur la Société québécoise de développement
des industries culturelles.
Les membres de la commission sont: M. Champagne (Mille-Îles), M.
de Belle-feuille (Deux-Montagnes) à la place de M. Charbonneau
(Verchères), M. Cusano (Viau), M. Blouin (Rousseau) au lieu de M.
Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Hains (Saint-Henri), M. Juneau (Johnson), M.
Lavigne (Beauharnois) à la place de Mme Lachapelle (Dorion), M. Proulx
(Saint-Jean), M. Richard (Montmorency), M. Rivest (Jean-Talon), M. Saintonge
(Laprairie).
Les intervenants sont: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), M.
Dupré (Saint-Hyacinthe) remplace M. Blouin (Rousseau), M. Charbonneau
(Verchères) remplace M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Mme Lachapelle (Dorion)
remplace M. Lavigne (Beauharnois), M. Leduc (Fabre), M. Sirros (Laurier) et M.
Vallières (Richmond).
Il serait dans l'ordre maintenant de nommer un rapporteur pour la
commission. Est-ce qu'il y a une suggestion?
M. Richard: M. le Président, je propose M. le
député de Deux-Montagnes.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Deux-Montagnes est proposé et devient, s'il y a consentement, le
rapporteur officiel de la commission. Consentement.
M. le ministre, voulez-vous faire les remarques
préliminaires?
Remarques préliminaires
M. Richard: M. le Président, nous avons fait le
débat - pour parler ainsi - de deuxième lecture hier
après-midi, à l'Assemblée nationale. Il y avait
unanimité quant au principe du projet de loi. Évidemment, il me
tarde de voir adopter ce projet de loi qui va donner une nouvelle impulsion
à la société qui sera désormais connue sous le nom
de Société de développement des industries de la culture
et des communications. Je n'ai pas, pour le moment, d'amendement à
proposer.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Hier matin, nous avons siégé à
la commission parlementaire, avant la deuxième lecture, ce qui nous a
permis de prendre connaissance de tout le dossier, du projet de loi et
même d'avoir des informations sur la société même. Le
seul point que je voudrais souligner au ministre, et que j'ai aussi
mentionné hier dans mon discours en deuxième lecture concernant
le fameux article 14. Évidemment, dans le cadre de l'étude
article par article, cela ne se soulève pas étant donné
que l'article 14 n'est pas amendé, mais le souhait demeure, quand
même, de trouver possiblement, si éventuellement le gouvernement
se penche sur le problème une façon de pouvoir limiter cela dans
le sens que le conseil d'administration de la société l'avait
noté. Cela semblait une difficulté réelle, en tout cas, au
cours des années puisque la recommandation que la société
faisait à la suite des remarques du vérificateur était
dans ce sens-là.
M. Richard: On aura peut-être l'occasion d'en reparler de
l'article 14 au moment où nous serons rendus là tout à
l'heure.
M. Saintonge: Le problème, c'est qu'on n'arrivera pas
à l'article 14, je pense; il n'est pas amendé.
M. Richard: Oui, mais on amende l'article 17. Alors, en passant
entre l'article 4 qui est amendé et l'article 17, on pourrait
peut-être s'arrêter pour parler de l'article 14. C'est la
proposition que je vous fais.
M. Saintonge: D'accord.
Étude article par article
Le Président (M. Desbiens): Alors, on passe article par
article. J'appelle l'article 1. L'article 1 est-il adopté?
M. Richard: Adopté. M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 1, adopté.
Article 2?
M. Richard: On salue l'arrivée de M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Desbiens): Article 2?
M. Richard: Adopté.
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 3?
M. Richard: Adopté.
M. Saintonge: Adopté.
Une voix: C'est à l'Opposition de dire ça.
M. Richard: Je penserais que ça appartenait à
l'ensemble des membres d'une commission parlementaire d'adopter un projet de
loi.
M. Lalonde: Plus on voit de précipitation, plus on se pose
des questions.
M. Richard: M. le Président, s'il y a de la
précipitation, c'est parce que je voudrais aller m'occuper de la
grève du Grand Théâtre.
M. Lalonde: Cela va tellement mal partout, M. le
Président; on pourrait excuser le ministre immédiatement.
Le Président (M. Desbiens): Article 3, adopté.
Article 4? L'article 4 est-il adopté? L'article 4, adopté.
L'article 5 est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 5, adopté.
Article 6? Est-ce que l'article 6 est adopté?
M. Saintonge: Oui, adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 6, adopté.
Article 7? Est-ce que l'article 7 est adopté?
M. Saintonge: J'aurais une question à l'article 7;
ça concerne l'article 19. Si je comprends bien, M. le ministre, on dit
que l'article 19 est modifié "par la suppression du deuxième
alinéa"; donc, le premier alinéa reste comme tel: "Le ministre
des Finances est autorisé à payer à la
société, à même le fonds consolidé du revenu,
une somme de 10 000 000 $ pour 100 000 actions entièrement
acquittées de son capital social pour lesquelles la
société lui remettra des certificats."
À l'article 8, on ajoute un article 19.1 où on parle d'une
autre somme de 10 000 000 $. Est-ce qu'il y a un motif particulier qui fait que
vous avez scindé en deux articles cette possibilité au niveau de
l'émission?
M. Richard: Cela a été libellé ainsi par le
comité de législation.
M. Lalonde: Cela a l'air répétitif. On peut se
demander si on ne parle pas des mêmes 10 000 000 $. C'est cela le
problème, c'est l'expression "de plus". On pourrait mettre une somme
additionnelle de 10 000 000 $ pour 100 000 actions additionnelles, je ne sais
pas.
M. Richard: Cela fait deux fois "additionnelle". C'est
peut-être pour cela que le comité de législation...
M. Lalonde: Oui, il y a deux fois "additionnelle".
M. Richard: La difficulté provient du fait qu'il y a une
partie du capital-actions qui est déjà versée.
M. Lalonde: Oui, je sais, mais, quand on regarde cela dans le
temps, cela s'explique. Au moment où on se parle, l'objet du premier
alinéa de l'article 19 est disparu. L'article 19, premier alinéa,
est sans objet, parce que le paiement a été fait.
M. Richard: II faudrait faire attention.
M. Lalonde: Oui, je sais qu'il faut faire attention. Est-ce que
cela a été fait? Vous me dites que c'est fait.
M. Richard: II a été fait à 90%
peut-être.
M. Lalonde: II y a 9 000 000 $ qui sont entrés, et il y a
1 000 000 $ qui reste.
M. Richard: Oui. On ne veut pas le perdre.
M. Lalonde: D'accord. Qu'on le laisse, cela va bien pour
conserver la validité de l'autorisation, mais il y a l'article 19.1 qui
dit: Est, de plus, autorisé à payer une somme de 10 000 000 $
pour 100 000 actions. En fait, le problème, c'est que nous parlons des
mêmes chiffres.
M. Richard: Oui.
M. Lalonde: Je souhaite que cela ne soit pas contesté.
M. Saintonge: Dans le fond, M. le ministre, je ne sais pas le but
du comité de législation, mais si on dit que le ministre des
Finances est autorisé à payer une somme de 10 000 000 $, cela
fait 20 000 000 $. On
mentionne à l'alinéa suivant, à 19.2, que cela peut
être fait en un ou plusieurs versements dont les conditions sont
déterminées par le gouvernement. Ce qui est émis, cela ne
change rien. Pour ce qu'il restera à émettre des premiers 10 000
000 $, à 19.2, cela ne change absolument pas les conditions de l'article
19 comme tel.
M. Richard: Au fond, il y a l'article 19 qui prévoit 10
000 000 $ et la nouvelle somme de 10 000 000 $ est à l'article 19.1. Je
ne pense pas que cela crée d'ambiguïté.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que le ministre
reconnaîtra qu'on s'en était aperçu.
M. Richard: Oui.
M. Lalonde: La seule chose, c'est qu'on se demande si
réellement cela ne crée pas une confusion. Est-ce qu'il ne serait
pas plus simple de changer l'article 19.1 - je ne sais pas si c'est ce que le
député de Laprairie voulait suggérer - en
remplaçant 10 000 000 $ par 20 000 000 $ et 100 000 par 200 000 actions.
L'autorisation serait augmentée et ce qui aurait été
exercé dans l'autorisation est cette question de faits qui se
déterminent, qui se prouvent facilement. Autrement dit, qu'on augmente
le montant de l'autorisation chaque fois qu'on veut l'augmenter et non pas
qu'on ajoute un sous-paragraphe chaque fois que...
M. Richard: Je pense que la confusion est enlevée, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, par l'article 17.
M. Saintonge: Pour cette raison, on veut faire une
continuité avec l'article 17.
M. Richard: Le fonds social autorisé de la
société est de 20 000 000 $.
M. Lalonde: Je pense qu'on parle de deux choses. Je m'adresse au
ministre. Le capital-actions autorisé, c'est une chose. C'est le maximum
des actions qui peuvent être émises par la compagnie, par la
société. L'article 19.1, c'est l'autorisation du ministre des
Finances de souscrire.
M. Richard: C'est cela.
M. Lalonde: C'est une autre chose. À l'article 17, cela
pourrait être 200 000 000 $, cela pourrait être 500 000 000 000 $,
cela n'a pas d'importance. À l'article 19.1, on détermine le
montant auquel le ministre des Finances est autorisé à souscrire
par la loi. Il était autorisé, jusqu'à maintenant,
à 10 000 000 $. Vous voulez l'augmenter à 20 000 000 $. Pourquoi
ne pas changer le chiffre 10 000 000 $ par 20 000 000 $ pour 200 000 actions
acquittées? Si vous voulez l'augmenter à 100 000 000 $, à
un moment donné, vous changerez le chiffre 20 000 000 $ par le chiffre
100 000 000 $, c'est tout. Pourquoi ajouter un paragraphe chaque fois?
M. Richard: Je n'ai pas d'objection, sauf que j'allais vous dire,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, qu'en vertu des
règles d'interprétation qui veulent que les articles
s'interprètent les uns par les autres les dispositions
s'interprètent les unes par les autres. Ce que j'ai tout simplement
voulu dire, c'est que l'article 17 permet d'enlever toute confusion à
l'article 19.1. Je pense que cela paraît assez clair, ils
s'interprètent les uns par les autres. Je sais bien que cela n'a pas le
même sens et que c'est différent, mais cela permet d'enlever
la...
M. Lalonde: L'ancien avocat se souviendra qu'on a recours
à la loi de l'interprétation seulement dans des cas
d'obscurité. Étant donné qu'on est en train de faire la
loi, c'est aussi bien d'enlever l'obscurité.
M. Richard: Je n'ai pas d'objection, à condition qu'on
trouve une formulation.
M. Lalonde: Je vous suggère - je ne sais pas si c'est un
conseiller juridique qui accompagne le ministre - de changer le chiffre 10 000
000 $ par 20 000 000 $ dans le paragraphe. On l'a déjà fait
à l'article 17, pour le capital-actions autorisé, ensuite
à l'article 19.1 pour l'autorisation du ministre, 10 000 000 $ par 20
000 000 $ et 100 000 par 200 000.
M. Saintonge: Cela assurerait une continuité. Si vous avez
un capital-actions de 10 000 000 $, vous n'avez pas deux articles pour dire 10
000 000 $ plus 10 000 000 $ excédentaires. Vous arrivez à une
continuité, vous avez 20 000 000 $.
M. Lalonde: Vous l'avez fait de cette façon à
l'article 17.
M. Saintonge: Oui et l'amendement suivant serait que l'article 8
soit modifié. On dit: par l'insertion, après l'article 19, de
l'article suivant, 19.1, qui est l'ancien 19.2, et deviendrait 19.1.
M. Richard: Oui, je n'ai pas d'objection à accepter la
proposition qui est faite.
M. Lalonde: Alors, il s'agirait d'enlever...
M. Richard: Une somme de 20 000 000 $ pour 200 000. Alors...
M. Lalonde: Alors, au lieu de dire: l'article 19 est
modifié par la suppression du deuxième alinéa, on pourrait
changer le premier alinéa en remplaçant le nombre 10 000 000 $
par 20 000 000 $ et en remplaçant 100 000 par 200 000. On conserve le
deuxième alinéa, il faut le conserver: Ce paiement peut
être fait en un ou plusieurs versements.
M. Richard: II faut mettre le singulier peut-être.
M. Lalonde: Non, non, un paiement. M. Richard: Non, les
paiements.
M. Lalonde: Ou ces paiements. En fait, le ministre est
autorisé à payer, alors, on parle d'un paiement, pas dans l'acte
de payer, mais le concept juridique de payer pour les actions.
Le Président (M. Desbiens): Alors, il faudrait
peut-être rédiger l'amendement pour qu'on puisse se comprendre. On
pourrait peut-être suspendre. Je vous suggère de suspendre.
M. Lalonde: Voulez-vous que je vous le rédige? (10 h
30)
M. Richard: Pardon?
M. Lalonde: Voulez-vous que je vous le rédige?
M. Richard: II s'agit tout simplement de biffer...
M. Lalonde: Suspendons les articles 7 et 8, et dans deux ou trois
minutes on pourra...
Le Président (M. Desbiens): On suspend donc les articles 7
et 8. Article 9.
M. Saintonge: Article 9: La question, M. le ministre, concerne
les emprunts. Actuellement, le capital social est porté à 20 000
000 $; également, le gouvernement peut garantir jusqu'à 20 000
000 $ des emprunts de la société. J'imagine que c'est par
l'article 20, paragraphe 1, alinéa b: "contracter un emprunt qui porte
le total des sommes empruntées par elle et non encore remboursées
au-delà d'un montant déterminé par le gouvernement." Je me
rends compte que le montant en question pour la garantie d'emprunt,
actuellement, est établi à 20 000 000 $. Il n'y a aucune place
dans la loi qui fixe jusqu'à quel point le ministre des Finances est
autorisé à déterminer ce montant-là.
M. Richard: Non, je trouve souhaitable que ce ne soit par
indiqué dans la loi. Ce que je vous dis, c'est qu'il y a eu une
décision du Conseil des ministres à cet effet qui a
entériné une décision du Conseil du trésor. Je
pense qu'il faut laisser une certaine souplesse à la
société pour pouvoir, le cas échéant, augmenter ce
pouvoir d'emprunt. Ce que j'ai tout simplement indiqué à
l'Assemblée, c'est qu'il y avait déjà une décision
du Conseil des ministres pour porter à 20 000 000 $ cette
capacité d'emprunt, avec endossement du gouvernement.
M. Saintonge: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 9 est adopté.
L'article 10 est adopté sous réserve d'adopter les articles 7 et
8.
M. Lalonde: M. le Président, autrement dit, il s'agit
essentiellement de modifier le premier alinéa de l'article 19 en
remplaçant 10 000 000 $ par 20 000 000 $ et 100 000 par 200 000, mais,
par souci d'esthétique, je pense qu'on devrait faire comme à
l'article 6 qui a remplacé l'article 17 par un nouvel article,
même si ce sont seulement des chiffres qui sont remplacés. On
remplacerait le premier alinéa de l'article 19 par le suivant qui se
lirait comme suit: "Le ministre des Finances est autorisé à payer
à la société, à même le fonds
consolidé du revenu, une somme de 20 000 000 $ pour 200 000 actions
entièrement acquittées de son capital social pour lesquelles la
société lui remettra des certificats." Le deuxième
alinéa reste tel quel et on enlève l'article 8.
M. Saintonge: À la rigueur, on pourrait ajouter dans le
deuxième alinéa "dont le montant et les conditions sont
déterminés par le gouvernement".
M. Lalonde: II faudrait regarder ça "dont les conditions",
c'est un ajout. Je ne le sais pas, mais le ministre va nous expliquer pourquoi
on a changé ce qui va devenir le deuxième alinéa de
l'article 19 en ajoutant "dont le montant et les conditions sont
déterminés par le gouvernement." Jusqu'à maintenant, dans
le deuxième alinéa de 19, le ministre des Finances pouvait payer
par plusieurs versements mais on ne demandait pas que le gouvernement
détermine les montants et les conditions de ces paiements. Pourquoi ce
changement?
M. Richard: C'est le comité de législation qui a
proposé cette formulation, je suppose dans un souci de clarté et
pour bien exprimer que le moment des versements est décidé par le
gouvernement, pour ne pas que la société puisse demain matin
réclamer 10 000 000 $.
M. Lalonde: Ah oui. Le changement est
quand même de taille. Jusqu'à maintenant le ministre des
Finances n'avait pas besoin de demander la permission au gouvernement pour
faire les versements. Deuxièmement, il n'y avait pas de conditions
attachées aux versements. Là il y a deux changements importants:
le ministre des Finances devra se faire autoriser par le gouvernement, donc par
un décret ministériel; deuxièmement, le gouvernement
pourra attacher des conditions aux versements. Si le gouvernement décide
de payer 2 000 000 $ il pourrait relier à ce paiement des conditions
comme, par exemple, qu'il faudra que ce soit relatif à l'usage des fonds
de la société; que ses fonds ne servent qu'à des
programmes de développement et non pas d'industries en
difficultés financières, ou des choses comme cela.
M. Richard: C'est ça, c'est voulu exactement pour
ça, dans le sens du projet de loi d'ailleurs.
M. Lalonde: C'est ça que j'aurais aimé que le
ministre m'explique.
M. Richard: C'est dans le sens du projet de loi, exactement comme
le projet de loi parle de directives du ministre. Hier, on a parlé du
sens et de la portée de l'expression "directives" dans la loi. Cela
permet au gouvernement, à chaque fois qu'il a à faire des
versements, de vérifier l'orientation de la société.
M. Lalonde: Cela, je comprends que les directives...
M. Richard: ... l'orientation générale.
M. Lalonde: Les sociétés d'État sont quand
même des sociétés d'État et elles ne doivent pas
travailler contre les objectifs du gouvernement, je le comprends. Mais ce que
je comprends mal c'est qu'on attache littéralement le paiement des
actions à ces conditions. Autrement dit, si on le prend à la
lettre, ce texte permettrait au gouvernement de se faire rembourser par la
société - parce que c'est un texte de loi, ce n'est pas un
discours politique - un versement qui aurait été fait, par
exemple 2 000 000 $, pour la raison que la société ne l'aurait
pas utilisé suivant les conditions ou aurait brisé les conditions
attachées au versement. Je ne sais pas ce que la société
en pense. Je n'ai pas eu le loisir, enfin, je n'ai pas pensé de poser la
question au président hier, mais je serais tout à fait mal
à l'aise, si j'étais président de société,
de voir le paiement de mon capital relié à des conditions telles
qu'il pourrait être rappelé. Je ne sais pas si vous voulez
commenter là-dessus. On a des directives et on ne les suit pas; à
ce moment-là, on est réprimandé ou on perd son job. Mais
que ces directives prennent la forme d'une condition de paiement d'un versement
de capital-actions, de sorte qu'un gouvernement qui ne serait pas satisfait de
l'usage qu'on a fait de ces versements pourrait dire: Je rappelle le montant,
je l'ai payé sous condition, la condition n'est pas remplie - je pense
également qu'il n'y a pas de problème, c'est cela qui est le
résultat - remettez-moi les 2 000 000 $, cela ne m'apparaît pas
être ce qu'un gouvernement devrait faire.
M. Richard: Non, c'est une mesure essentiellement
préventive M. le député de Marguerite-Bourgeoys. En
pratique, de toute manière, c'est la propriété de
l'État, il pourrait toujours le faire. C'est essentiellement une mesure
préventive. Je vais vous donner un exemple. J'ai pu noter que, pour
toutes sortes de considérations, la société avait
été beaucoup moins présente en dehors de Montréal.
De toutes les régions du Québec, la société, pour
toutes sortes de raisons qui s'expliquent, d'ailleurs, a surtout
été présente à Montréal. Je souhaite que la
société soit aussi présente et puisse engager des actions
en dehors de l'agglomération montréalaise. Cela permet de
vérifier cela au moment du versement des paiements, entre autres, dire:
Écoutez, cela n'existe pas que pour Montréal, la
Société de développement des industries culturelles. C'est
une mesure, je pense, qui est essentiellement préventive.
M. Lalonde: M. le Président, je suis d'accord que le
ministre ait des souhaits, des désirs et des objectifs. D'ailleurs, la
loi lui permet de les exprimer de toutes sortes de manières, tellement
qu'il a lui même reconnu qu'il n'a pas eu besoin de le faire par
directive jusqu'à maintenant. Il peut même donner des directives,
mais de là à relier le paiement du capital-actions à des
conditions qui peuvent en faire annuler le paiement, il me semble que c'est
inutile, c'est exorbitant. J'enlèverais cela.
M. Richard: Oui, mais M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Parce que le ministre ne m'a pas donné de bons
arguments.
M. Richard: Non, j'ai répondu à cela hier, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. En ce qui concerne le
capital-actions, cela sera versé au fur et à mesure que les
besoins se feront sentir.
M. Lalonde: Oui, mais il y a des conditions...
M. Richard: C'est cela, les conditions. M. Lalonde: Non,
ce sont des modalités,
à ce moment-là, et non pas des conditions.
M. Saintonge: Il faudrait dire "dont les montants et les
modalités sont déterminés".
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que j'ai la
rédaction de l'article 7?
M. Saintonge: Le texte c'est: l'article 19 de cette loi est
remplacé par le suivant...
M. Lalonde: En fait, l'idée serait de s'entendre à
savoir si on conserve "les conditions déterminées par le
gouvernement." Le ministre ne réagit pas beaucoup...
M. Richard: Je pense que c'est une mesure essentiellement
préventive qui, en pratique, ne pose sans doute pas de problème.
Je ne vois pas pourquoi on l'enlèverait puisque cela ne pose pas de
problème.
M. Lalonde: Si je comprends bien, tout ce qu'on changerait c'est
le premier alinéa de l'article 19 actuel. Je l'ai lu tout à
l'heure.
M. Richard: On est d'accord avec cela.
M. Lalonde: En changeant 10 000 000 $ par 20 000 000 $ et 100 000
par 200 000. Le deuxième alinéa serait changé, mais ce
n'est pas mon amendement, en ajoutant: "dont le montant et les conditions sont
déterminés par le gouvernement". Ensuite on enlève
complètement l'article 8 du projet de loi 54.
M. Richard: Je vais revérifier auprès du
comité de législation. S'il n'y avait pas de problème en
troisième lecture, je n'ai pas d'objection à...
Le Président (M. Desbiens): L'article 7 devient - si vous
voulez relire.
M. Lalonde: L'article 7 se lirait comme suit: "L'article 19 de
cette loi est remplacé par le suivant: 19. Le ministre des Finances est
autorisé à payer à la société, à
même le fonds consolidé du revenu, une somme de 20 000 000 $ pour
200 000 actions entièrement acquittées de son capital social pour
lesquelles la société lui remettra des certificats."
Une voix: L'article 19.2.
M. Lalonde: Non, deuxième alinéa. "Ce paiement peut
être fait en un ou plusieurs versements dont le montant et les conditions
sont déterminés par le gouvernement." Je tiens à ajouter
que je ne fais que lire ce que je pense être le désir de la
commission jusqu'à maintenant, mais je n'appuie pas le deuxième
amendement.
Le Président (M. Desbiens): Je relis: "L'article 19 de
cette loi est remplacé par le suivant: 19. Le ministre des Finances est
autorisé à payer à la société, sur le fonds
consolidé du revenu...
M. Lalonde: ... à même le fonds... je ne sais
pas.
Le Président (M. Desbiens): À même le
fonds.
M. Lalonde: S'il en reste.
Le Président (M. Desbiens): Je prends les mots qui sont
déjà là, ce sera plus simple pour moi et pour le journal
aussi... "sur le fonds consolidé du revenu, une somme de 20 000 000 $
pour 200 000 actions entièrement acquittées de son capital social
pour lesquelles la société lui remettra les certificats." "Ces
paiements...
M. Lalonde: On parle de versements, mais c'est "un" paiement.
Le Président (M. Desbiens): Donc, "ce paiement peut
être fait en un ou plusieurs versements dont le montant et les conditions
sont déterminés par le gouvernement." Ceci constituera le nouvel
article 7.
M. Lalonde: Le 8 disparaît.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le nouvel article 7
tel qu'amendé est adopté?
M. Saintonge: On devrait dire à ce moment-là que le
9 devient 8 et le 10 devient 9.
M. Lalonde: Vous enlevez l'article 8, cela va.
Le Président (M. Desbiens): Alors, l'article 8
disparaît.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Desbiens): L'article 9 devient l'article
8.
M. Lalonde: C'est cela.
Le Président (M. Desbiens): L'article 10 devient l'article
9.
M. Lalonde: C'est cela.
Le Président (M. Desbiens): Alors, pour le titre, cela va?
Loi modifiant la Loi de la
Société québécoise de développement
des industries culturelles, c'est adopté. Est-ce que le projet de loi no
54 tel qu'amendé est adopté?
M. Richard: Adopté.
M. Lalonde: II reste la troisième lecture. Là, le
"filibuster" commencera. Nous autres, on a une stratégie.
M. Richard: Le "filibuster" en troisième lecture.
M. Lalonde: On veut tromper l'adversaire: on commence le
"filibuster", en troisième lecture.
Le Président (M. Desbiens): Alors, je demande donc au
rapporteur... Oui.
M. Richard: Étant donné qu'il y a des conditions
attachées au paiement et non pas à la souscription - c'est comme
cela que je le lis, si je peux vous aider - est-ce que le gouvernement pourrait
revenir sur le capital déjà émis et payé de 8 500
000 $ pour dire: On y attache telle condition?
M. Lalonde: II n'y a pas eu de condition; la condition devait
être attachée au moment du versement.
M. Richard: Au moment du versement.
M. Lalonde: Alors, vous êtes sauf pour 9 000 000 $.
M. Richard: Vous êtes sauf pour 9 000 000 $.
Le Président (M. Desbiens): Je demanderais donc au
rapporteur de faire rapport à l'Assemblée nationale dans les plus
brefs délais.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Je remercie tous les membres
de la commission et la commission permanente des affaires culturelles ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 10 h 47)