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(Seize heures quarante minutes)
Le Président (M. Vallières): À l'ordre! La
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation reprend
ses travaux. Nous en étions à l'étude des crédits
budgétaires de 1985-1986, au programme 1, à l'intervention des
députés.
M. le député de Maskinongé.
Adoption du programme 1
M. Picotte: M. le Président, nous en étions au
programme 1. Je serais prêt à adopter le programme 1 et ses
différents éléments.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que le
programme 1 et les éléments 1, 2, 3 et 4 sont adoptés?
M. Picotte: Adapté.
Le Président (M. Vallières): Adapté. Nous
passons maintenant au programme 2 concernant le financement agricole.
Financement agricole
M. Picotte: Merci, M. le Président. Il y a une
augmentation de 27, 8 % du budget de gestion interne et du soutien au programme
2. On a adopté le programme 1.
M. Garon: Le financement agricole.
Gestion interne et soutien
M. Picotte: Oui, le financement agricole. À
l'intérieur du financement agricole, il y a l'engagement de 60
occasionnels, à un moment donné. Vous voyez ce à quoi je
fais référence?
Engagement de 60 occasionnels
Est-ce que cela va, M. le Président? Je peux poser une
première question? Au programme 2, élément 1, gestion
interne et soutien, on remarque une augmentation de 27, 79 % du budget et cela
fait sans doute référence à l'engagement de 60
occasionnels à cet article bien précis. J'aimerais que le
ministre nous dise, d'abord, où seront assignés ces occasionnels,
quand ils vont être engagés, quel sera leur rôle, leur
formation, leur expérience, de quelle façon on va
procéder. J'aimerais avoir certains détails à cet effet.
Après que le ministre m'aura brossé un tableau, il y aura sans
doute d'autres questions qui me viendront à l'esprit.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre.
M. Garon: Disons que les 12 postes qui apparaissent au budget
1984-1985 par rapport aux 72 en 1986, on l'explique comme ceci: il y avait l'an
dernier 20 personnes qui étaient autorisées depuis 1977 et qui ne
sont pas apparues dans les postes occasionnels parce qu'il y a eu une demande
dans l'intervalle pour les convertir en permanents. On a dit: Ce sont des
occasionnels depuis 1977, on a besoin de ce personnel, on devrait le convertir
en personnel permanent. Comme la demande était dans l'air, comme me le
dit M. Moreau, et que la décision n'était pas prise à ce
moment-là, mais qu'elle était dans le circuit, cela n'a
été mis ni à une place ni à l'autre. Ces 20
personnes-années devaient apparaître dans le budget de 1983-1984,
j'imagine. On aurait dû lire 32 au lieu de 12 en 1984-1985 puisqu'il
s'agissait de postes qui étaient là en suspens, à savoir
s'ils resteraient occasionnels ou s'ils deviendraient permanents.
Deuxièmement, il y a deux personnes-années, depuis le mois
d'octobre 1984 pour le projet spécifique de remboursement des
prêts de la Société du crédit agricole Canada, la
Société du crédit agricole fédérale pour
ceux qui ont un écart de 5 % par rapport aux taux
fédéraux. Il y a deux personnes-années affectées
à cela.
Il y a aussi une banque d'occasionnels de dix personnes. Elles ne sont
pas nécessairement affectées; c'est une banque dans laquelle le
crédit agricole peut faire des demandes sur besoin quand il y a des
surcroîts temporaires de travail, du remplacement d'employés en
congé de maternité, en congé sans traitement, en
congé de maladie, etc. Ces dix personnes-années peuvent
être utilisées ou non utilisées selon les besoins, mais il
y a une demande d'autorisation par les crédits.
Ensuite, il y a 38 personnes-années qui sont des effectifs qui
ont été inclus dans l'enveloppe des occasionnels par le Conseil
du trésor en attendant que ce dernier statue
sur les demandes d'effectifs réguliers en cours. Pourquoi? Entre
autres, je vous disais qu'il y avait un projet spécifique avec le
Conseil du trésor et l'Office du crédit agricole pour organiser
un programme de productivité pour raccourcir radicalement les
délais dans l'étude des prêts. Cela va dans le
système de réorganisation administrative avec un dossier unique.
En même temps, on prépare la refonte de la loi pour arriver
à une seule Loi sur le crédit agricole, à un seul dossier
par cultivateur afin de raccourcir les délais complètement.
Là-dessus, il y a 18 postes de prévus.
Il y a également des postes prévus pour les services de la
gestion des systèmes et pour la vérification interne. De plus en
plus, quand les boîtes sont assez grosses, il y a un service de
vérification interne pour pouvoir contrôler que tout se fait
correctement. Il y a 11 postes qui devraient être retournés sur
les 38. Ils restent dans la banque et ils ne sont pas affectés. C'est en
cas de besoin, s'il y a un surcroît, parce que, dans le crédit
agricole, il y a des hauts et des bas; il y a des périodes où les
demandes sont plus fortes et d'autres où les demandes sont moins fortes.
Ils sont indiqués dans la banque, mais ce ne sont pas des postes qui
sont là pour rester. Us sont là en cas de besoin.
M. Picotte: En principe, comme il y a des gens qui ne sont pas
utilisés, j'imagine que cela veut dire que, forcément, il y aura
des crédits périmés à ce poste. Vous dites que 11
postes vont être retournés. Par contre, il y a des postes de
vérification. Il y en a deux au cas où il arriverait du
remplacement de personnel. Est-ce que cela veut dire que, des 11 000 000 $ aux
14 000 000 $ dont il est fait mention, c'est-à-dire à peu
près 3 255 000 $, il y aura sûrement des crédits qui ne
seront pas utilisés?
M. Garon: C'est-à-dire que, quand vous faites votre
budget, vous faites un budget pour l'année. Après cela, il faut
justifier différentes choses auprès du Conseil du trésor.
Quand on adopte un budget, il est autorisé, mais cela ne veut pas dire
qu'on l'a de façon automatique ensuite. Il faut aller justifier les
différentes demandes qui sont en dehors du fonctionnement
régulier. Même dans le fonctionnement régulier, il faut
faire approuver les programmes chaque année. Il faut faire approuver
l'ensemble de la programmation article par article par le Conseil du
trésor. Quand le budget est adopté ici, ce n'est pas automatique,
on n'a pas ce budget. Il faut retourner ensuite faire approuver les
différentes demandes individuelles.
M. Picotte: Ce que je veux dire, c'est que vous savez
déjà qu'il y a 11 postes qui ne seront pas utilisés.
M. Garon: Non, on ne le sait pas. On dit qu'ils sont dans une
banque. Ce sont des postes en banque. S'ils sont nécessaires, ils seront
utilisés. S'ils ne sont pas nécessaires, ils ne seront pas
utilisés.
M. Picotte: Qu'est-ce qui ferait que ces 11 postes, entre
autres... Je suis heureux que vous ayez décortiqué cela un peu,
parce qu'on avait tous l'impression, avec ce qui était écrit,
qu'il y avait 60 occasionnels additionnels engagés, ce qui n'est pas le
cas, évidemment.
M. Garon: Ce qu'on essaie de faire, au fond, avec le Conseil du
trésor et l'Office du crédit agricole... Je suis heureux que le
Conseil du trésor ait sélectionné dans les
différents organismes gouvernementaux l'Office du crédit agricole
parce que, si le Conseil du trésor se rend compte que le système
nouveau qui sera mis en place à l'Office du crédit agricole
fonctionne bien, il y a de grosses chances que cela soit
généralisé dans d'autres services gouvernementaux. Ce
qu'il met en place, c'est une possibilité d'avoir accès à
des ressources temporaires lorsqu'elles sont nécessaires plus facilement
qu'habituellement. Pourquoi? Parce que souvent des gens se plaignent qu'il y a
des retards dans l'administration gouvernementale. Pourquoi? Parce que dans les
différents programmes qu'on administre il y a des hauts et des bas.
Votre personnel ne peut pas être prévu toujours quand vous
êtes en haut; s'il est prévu uniquement quand vous êtes en
bas, vous manquez de monde. Et si vous en demandez, on sait ce que cela prend
au gouvernement quand vous demandez quelque chose: il faut faire le tour, cela
implique certains délais. En juillet, il y a beaucoup de fonctionnaires
en vacances dans différents organismes et nous sommes dans une
période très intense d'action; si on n'a pas suffisamment de
postes, on a des problèmes.
La tentative qui est faite par le Conseil du trésor avec l'Office
du crédit agricole, c'est d'autoriser en principe une banque en
début d'année, banque dans laquelle le crédit agricole
pourra piger sur demande pour accélérer des dossiers au moment
où il y a un achalandage plus grand. En même temps, c'est une
façon aussi de tester la gestion dans les organismes gouvernementaux qui
ont une administration comme entité, pour voir si, avec cette
façon de fonctionner qui serait plus souple, ce serait possible d'avoir
une administration plus efficace, c'est-à-dire d'avoir des dossiers qui,
au lieu de prendre trois mois, prennent quinze jours ou trois semaines. C'est
cela qui va être testé avec l'Office du crédit agricole
cette année. C'est une méthode administrative
différente pour raccourcir les délais d'approbation au sein du
gouvernement.
M. Picotte: Mais quelle est la formation de ces gens, leur
expérience et tout cela, s'ils font partie d'une banque? Quelles sont
les exigences?
M. Garon: Ils ne sont pas dans la banque. Ce sont les postes qui
sont dans la banque.
M. Picotte: Oui, oui, les postes. Est-ce qu'on a des descriptions
de tâches? Evidemment, on en a. Mais est-ce qu'on a des ressources assez
rapidement et facilement du côté de la formation et de
l'expérience pour répondre aux besoins?
M. Garon: II ne s'agit pas d'occasionnels pour six mois. Il
s'agit d'occasionnels sur projets spécifiques. Habituellement, les gens
qui sont choisis sont des agronomes diplômés en zootechnie ou en
agro-économie, qui ont un cours intensif de formation en arrivant
à l'Office du crédit agricole et ensuite une période
d'entraînement. On dit que cela peut prendre entre trois mois et un an
pour que l'entraînement complet soit fait.
M. Picotte: En général, quand vous engagez des
occasionnels, on les fait travailler combien de temps en moyenne? Je sais que,
si vous remplacez, à un moment donné, quelqu'un qui est en
congé de maternité, cela peut durer X semaines. Il y a des gens
en vacances; vous. dites qu'on remplace des gens en vacances au mois de juillet
et tout cela. En moyenne, pour combien de temps vous les engagez quand vous les
engagez? Et quelle sorte de formation leur donnez-vous? Quand on dit qu'on leur
donne une formation, il s'agit de prêts?
Une voix: Remplacer des gens en vacances, par des occasionnels,
ce n'est pas admis. Deuxièmement...
M. Picotte: Le ministre m'a dit tantôt, au sujet de ces
banques, qu'il y avait des gens qui étaient en vacances et qu'on avait
de l'ouvrage à faire faire.
M. Garon: II y a deux types d'occasionnels. Il y a des
occasionnels occasionnels, des occasionnels six mois et il y a des occasionnels
sur projets spécifiques. Maintenant, il faut dire une chose, c'est un
problème que vous ne connaissiez pas beaucoup de votre temps parce qu'il
n'y avait pas de femmes qui travaillaient à l'Office du crédit
agricole ou à la Régie des assurances-agricoles. Par exemple,
à la Régie des assurances-agricoles, il y avait zéro femme
sur 50 professionnels ou techniciens dans le temps de Robert Bourassa.
Actuellement, sur 160 employés, il y a 50 femmes è la
Régie des assurances-agricoles.
Chez les professionnels et les techniciens, à l'office, le
pourcentage, qui était à 0 % dans le temps de Robert Bourassa
également est aujourd'hui de 17 %. Il y a beaucoup de femmes maintenant
qui travaillent dans nos régies et on espère arriver è un
ratio de 50-50.
Évidemment, il y a plus de congés de maternité.
Autrefois, il n'y avait pas de congé de maternité; dans le temps
de Robert Bourassa, il n'y avait pas de femmes qui étaient là. Et
il n'y avait pas de congé de paternité, non plus. Comme on a des
congés de maternité aujourd'hui et qu'on a plusieurs femmes,
lorsque c'est sur projet spécifique, on demande une personne pour
remplacer une femme pendant son congé de maternité. Normalement,
cela peut être un an ou plus parfois.
M. Picotte: Quand le ministre m'a parlé de vacances,
à un moment donné, c'était autre chose. Il faisait
référence à autre chose.
M. Garon: Des postes vacants; je ne voulais pas dire des gens en
vacances.
M. Picotte: On parlait de ces occasionnels qui sont
utilisés. Ne mêlez-moi pas deux choses. On parlait des
occasionnels qui sont utilisés. Vous me dites: On en remplace en
vacances et on en remplace dans des congés de maternité.
En passant, je pourrais vous dire qu'en 1969, par exemple, je connais
une femme qui a fait un cours d'agronomie: c'était la cinquième
femme au Québec à avoir suivi un cours d'agronomie. Il n'en
mouillait pas et il n'y en avait pas beaucoup. On ne pouvait pas en engager
à pochetée. Il n'y a pas de vantardise à faire de ce
côté. Vous pouvez bien vous vanter de cela si vous voulez, pas de
problème là-dessus. Vous ne nous ferez pas gober n'importe quoi
de toute façon, si vous essayez d'en faire gober à d'autres. Cela
est un aparté dans lequel je ne veux pas embarquer comme tel, sauf pour
vous rafraîchir la mémoire si jamais elle existe.
Ce que je veux vous dire, c'est que vous m'avez dit vous-même
tantôt, quand je vous ai demandé... Vous m'aviez
décortiqué les postes qui passaient de 12 à 72 et dit: II
y en a tant là, il y en a tant là. Vous m'avez dit finalement:
Qu'est-ce que font ces gens? C'est vous-même qui avez dit: Its remplacent
dans des vacances. Ils font ci, ils font ça. Bon.
Si ce n'est pas la même chose, retirez ce que vous m'avez dit.
Parlons d'abord d'une seule et même chose. C'est aux
occasionnels que je fais référence. S'il n'est pas
question qu'ils remplacent durant des vacances, d'accord. Je vous posais une
question sur ce que vous m'aviez mentionné tantôt. Ou bien on peut
demander à M. Moreau de répondre à votre place. Cela sera
inscrit è votre nom, mais au moins on va savoir ce dont on parle. Vous
ne nous mêlerez pas d'une façon quelconque. Commencez par vous
démêler et après on se démêlera tous ensemble.
(17 heures)
Ce que je veux savoir, c'est - vous me dites qu'il y a des occasionnels
- quelle sorte de formation ont ces gens-là, quelle sorte
d'expérience ils ont, dans quels projets spécifiques ils
travaillent et pour combien de temps ils travaillent à l'office. C'est
ce que je veux savoir. Si les occasionnels ne sont pas là-dedans, ne
m'en parlez pas; je ne vous en parle pas et je ne veux pas savoir cela, non
plus, Quand je voudrai savoir cela, je vous questionnerai là-dessus.
Répondez-moi sur ce sur quoi je vous ai questionné depuis le
début, sur les postes inhérents à ce qui est inscrit dans
le budget.
M. Garon: Je vous l'ai dit. J'ai dit les 72, par groupes: 20, 2,
10 et 38.
M. Picotte: Quelle sorte de formation ont-ils? Pendant combien de
temps travaillent-ils?
M. Garon: Cela dépend.
M. Picotte: Oui, mais ce que vous avez vécu jusqu'à
maintenant comme expérience. Je ne vous demande pas ce que vous allez
faire cette année, mais ce qu'ils ont fait jusqu'à maintenant. Il
y en a déjà eu d'engagés.
M. Garon: Oui, mais il y a toutes sortes de personnes dans ces 72
postes. Il y a des conseillers en financement. Je vous ai dit la formation
qu'avaient ces gens-là.
M. Picotte: Bon! Pour les conseillers en financement, dites-moi
quelle expérience, quelle formation vous leur demandez et pour combien
de temps ils travaillent sur certains projets. C'est ce que je veux savoir.
Vous en avez déjà engagé, j'imagine.
M. Garon: Je vous l'ai dit; c'est ce que j'ai dit
tantôt.
M. Picotte: Quelle formation ont-ils?
M. Garon: Je l'ai dit: agronomes, zootechniciens. Quelques
technologistes.
M. Pieotte: Quelle expérience ont-ils? Pour combien de
temps travaillent-ils?
M. Garon: Quelques technologistes.
M. Picotte: Pour combien de temps travaillent-ils? J'imagine que
ces gens-là travaillent sur des prêts.
M. Garon: Cela dépend des projets.
M. Picotte: Oui, mais c'est important de le savoir. Si vous
engagez quelqu'un qui travaille quatre semaines pour les prêts, je ne
suis pas certain que le temps... C'est cela que je veux savoir. Je veux savoir
pour combien de temps vous les engagez normalement. 12, 15 ou 20 semaines?
M. Garon: Je disais tantôt que, sur les 20 postes, certains
étaient là depuis 1977. Quand on les a engagés, on ne
pensait pas en avoir besoin aussi longtemps. Mais on a vu que cela prenait du
temps et c'est pour cela qu'on a fait une demande pour transformer ces
postes-là en postes permanents. Il y a des remplacements qui sont pour
de plus courtes périodes. Parfois, aussi c'est pour des besoins et on ne
peut pas dire d'avance quels vont être les besoins.
M. Picotte: Comment sont répartis ces gens-là?
M. Garon: Quand on dit qu'ils sont dans une banque, c'est parce
qu'ils ne sont pas affectés encore. Cela sera selon les besoins.
M. Pieotte: L'an dernier, vous avez engagé de ces
gens-là. Vous me parlez de 1977. L'an dernier, où
étaient-ils affectés généralement en pourcentage?
Travaillaient-ils tous à l'office ici à Québec ou s'ils
étaient en région? C'est ce que je veux savoir.
M. Garon: II y en a à Québec et en
région.
M. Pieotte: Dans quel pourcentage environ, l'an dernier?
M. Garon: L'an dernier, il y en avait 20 sur le projet
spécifique de suivi des prêts, parce qu'on est dans une
période où il faut faire suivre davantage les prêts, et 10
qui étaient dans une banque: occasionnels pour les besoins de
l'organisme, surcroît temporaire de travail; remplacement
d'employés en congé de maternité, en congé sans
traitement ou en congé de maladie, etc. J'ai dit tout cela
tantôt.
M. Pieotte: Oui, mais quelle est la proportion de ceux qui
étaient en région et de ceux qui étaient à l'office
ici à Québec l'an dernier?
M. Garon: Quatre conseillers en
financement pour des congés de maternité: deux à
Trois-Rivières, une à Sherbrooke et une à Saint-Hyacinthe.
Pour les autres, c'était à l'intérieur,
c'est-à-dire des secrétaires ou différents postes de
soutien.
M. Picotte: Depuis quelques années en tout cas que cela se
pratique, cela se fait comme cela.
M. Garon: Quand je dis quatre pour des congés de
maternité, ce sont quatre femmes agronomes.
M. Picotte: Est-ce qu'on remarque que, d'une année
à l'autre, cela exige à peu près le même nombre de
personnes?
M. Garon: La banque, ce sont des ratios gouvernementaux qu'elle
applique dans tous les ministères, dans tous les organismes et, quand il
s'agit de projets spécifiques, c'est sur démonstration du
ministère ou de l'organisme public, comme l'Office du crédit
agricole, qui doit le démontrer chaque année.
M. Picotte: II y a eu combien de projets spécifiques l'an
dernier, par exemple, et pour l'exercice financier qui s'amène?
M. Garon: Un. Il y a un projet spécifique de suivi des
prêts, qui est prolongé cette année. Il y a des postes qui
sont rajoutés dans la banque pour répondre à la demande
d'effectifs.
M. Picotte: Une vingtaine de personnes pour ce projet
spécifique?
M. Garon: Oui. Il y en avait 20 qui existaient, qui avaient
été omis parce qu'ils étaient en suspens en 1984. Sur
projet spécifique, ces postes sont prolongés. Un des projets, par
exemple, c'est l'implantation du système informatique à l'Office
du crédit agricole, qui va nécessiter neuf postes sur projet
spécifique. Il y a l'implantation du système d'ordinateurs, du
système informatique. Il y a des postes là-dedans sur projet
spécifique.
Crédit agricole
M. Picotte: Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, j'aimerais connaître, puisqu'on doit le savoir au
moment où on se parle, quelle est, au fonds d'assurance-prêts en
mars 1985 la prévision pour pertes cette année comparativement
à l'année dernière. Est-ce qu'on pourrait me dire depuis
les trois dernières années les montants qui ont été
affectés aux prévisions pour pertes et qui reflètent la
réalité?
M. Garon: Ils sont en train de l'évaluer actuellement. Il
n'y a pas de chiffres définitifs.
M. Picotte: Vous allez, quand même, pouvoir me donner un
aperçu puisqu'on a été capable de nous donner un
aperçu des autres années. Vous allez être capable de me
donner un aperçu, j'imagine, puisque, les autres années, on nous
donnait un aperçu des prévisions pour pertes. Est-ce qu'il y
aurait possibilité, tout en regardant cela...
M. Garon: Vous avez demandé les documents officiels, et on
vous les a fournis. Vous avez cela dans vos documents.
M. Picotte: Cela ne fait rien. Je veux avoir une comparaison,
pour entretenir une conversation. Les documents, là...
M. Garon: Oui, mais vous nous demandez, l'Opposition, de fournir
des documents. Vous avez le fonds d'assurance-prêts agricoles et
forestiers. On vous a produit le rapport annuel 1983-1984. Tout cela est
indiqué là-dedans.
M. Picotte: Mais je veux savoir quand même les
prévisions.
M. Garon: Je vous réfère aux documents.
M. Picotte: Les prévisions qui sont faites pour cette
année, c'est quoi?
M. Garon: Vous les avez. L'analyse n'est pas terminée pour
1984-1985.
M. Picotte: Un aperçu?
M. Garon: Je ne veux pas faire d'aperçu. Je ne suis pas
là pour répondre à des questions hypothétiques.
Actuellement, le chiffre n'est pas déterminé.
M. Picotte: Est-ce que c'est autant que l'an dernier? Y a-t-il
une diminution? Est-ce que vous prévoyez une diminution ou une
augmentation?
M. Garon: Quand il y a des prévisions comme
celles-là qui sont inscrites au fonds d'assurance, ce sont des
prévisions pour plusieurs années à venir. Il y a plusieurs
dossiers qui sont en liquidation et cela peut prendre plusieurs années
avant que les montants soient établis de façon précise.
Ainsi, les prévisions ne sont pas pour une année, mais ce sont
des prévisions pour plusieurs années à venir. Les chiffres
apparaissent chaque année dans le rapport annuel.
Il y a des gens, à cause de bien des circonstances, pour qui la
réalisation peut être plus longue: par exemple, quand la
commission parlementaire intervient ou des
choses semblables. Cela fait en sorte que les gens apparaissent dans les
chiffres pendant plusieurs années de suite, mais ces chiffres ne
s'additionnent pas d'une année à l'autre. Les mêmes
chiffres que vous trouvez en 1983, 1984, 1985 ou 1986 peuvent apparaître
dans le total pour une même personne, une même entreprise, chaque
année, pendant plusieurs années, parce qu'on anticipe qu'il va y
avoir une liquidation, une perte qui devra être assurée par
l'assurance-prêts, mais sans savoir quand cela va se produire. Ces
montants ne représentent pas des additions d'une année è
l'autre, mais souvent les prévisions sont révisées d'une
année à l'autre sur plusieurs années. On prévoit
qu'il peut y avoir des pertes de tant de millions de dollars au cours des cinq,
six ou sept prochaines années, selon les personnes, les cas, avant que
la liquidation soit faite.
Par ailleurs, il peut survenir bien des événements. Par
exemple, il est évident qu'au sujet des grévistes de la faim il y
avait des entreprises là-dedans qui auraient été
liquidées. Comme il y a eu toutes sortes d'interventions, cela a fait en
sorte que ces dossiers ont pris plus de temps qu'ils n'en auraient pris
autrement. La liquidation des dossiers prend plus de temps à ce point de
vue.
Actuellement, le montant est déterminé pour 1983-1984 dans
le rapport annuel. Quand on déposera le rapport annuel 1984-1985... Je
ne voudrais pas donner lieu à des rumeurs en lançant des
chiffres; je ne veux pas répondre à des questions
hypothétiques.
M. Picotte: Vous dites dans votre rapport annuel 1983-1984: "Au
cours de l'exercice, le fonds a déboursé près de 5 000 000
$ des quelque 29 000 000 $ qu'il estimait devoir rembourser aux prêteurs,
au 31 mars 1983. Selon une analyse des prêts assurés au 31 mars
1984, le montant estimé des pertes que le fonds sera appelé
à rembourser aux prêteurs a été majoré pour
le porter à 53 000 000 $. Le déboursement s'étalera sur
les prochains exercices. " Le montant des 53 000 000 $ est une prévision
qui est étalée sur combien de temps?
M. Garon: Sur les 53 000 000 $ dont vous parlez
présentement, il y a 9 000 000 $ en tout qui sont payés. Cela
vous donne une idée que cela représente plusieurs années.
Cela existe depuis 1978. Les premières pertes étaient en
1979-1980. Vous voyez qu'en 1983-1984 on avait payé seulement 9 300 000
$. Cela veut dire que, sur une période de cinq ans, cela fait moins de 2
000 000 $ par année, sur un encours de 1 600 000 000 $. Les 9 300 000 $
étaient pour l'année qui vient de se terminer. Pardon. J'ai fait
une erreur. Ce n'était pas sur cinq ans, c'était sur
l'année qui se termine le 31 mars 1985.
M. Picotte; Alors, c'est 9 300 000 $ pour cette année...
M. Garon: Oui, en déboursés.
M. Picotte:... qui ont été déboursés,
oui. D'accord. On a fait allusion tantôt à la commission
parlementaire où on a pu questionner l'office à certains
égards. Il y a eu, je pense, des recommandations de la part de la
commission parlementaire concernant une commission d'appel et un comité
à être formés pour venir en aide à ceux qui sont en
difficultés financières. (17 h 15)
Est-ce que le ministre - je suis certain qu'il a pris bonne note des
recommandations - a déjà pris des décisions dans ce sens
ou si on est en train d'étudier ces possibilités de commission
d'appel? Je sais que le président de l'office nous a dit à ce
moment qu'il n'était pas nécessairement défavorable, qu'il
n'avait pas nécessairement d'objection à une commission d'appel,
loin de là. Sur le comité - évidemment, je ne m'avancerai
pas parce que je ne m'en souviens plus de mémoire -pour venir en aide
à ceux qui étaient en difficultés financières, je
pense que ta réponse était mitigée. Est-ce que le
ministre, de ce côté, a déjà des décisions de
prises ou s'il prévoit en prendre bientôt?
M. Garon: J'ai acheminé un document pour proposer qu'il y
ait un comité d'appel tant pour ceux qui sont refusés à
l'Office du crédit agricole que pour ceux qui sont près de la
liquidation. Je peux vous dire que les premiers commentaires n'ont pas
été très favorables au sein du gouvernement, au sein de
l'administration, auprès de ceux qui étudient ou analysent les
dossiers. Quand on fait la comparaison avec la Société du
crédit agricole fédérale, c'est facile de faire un
comité d'appel quand vous ne prêtez pas. N'importe qui peut faire
un comité d'appel. Si je ne prête pas, je peux faire un
comité d'appel n'importe quand. Les gens peuvent être
autorisés par le comité d'appel, mais s'il n'y a pas d'argent
à prêter, de toute façon l'engagement n'est pas fort.
Quand vous avez 22 000 dossiers à l'Office du crédit
agricole du Québec et que la principale institution prêteuse est
l'Office du crédit agricole du Québec, former un comité
d'appel pour se faire dire: Vous devriez lui prêter même si
l'office refuse son dossier, les conséquences sont un peu plus grandes.
Je dois vous dire qu'actuellement des gens à qui j'ai parlé du
projet que j'ai acheminé se posent beaucoup de questions parce qu'ils se
disent que, pour la société fédérale, c'est facile,
elle ne prête pas. Elle ne fait que très peu de prêts au
Québec. L'an dernier, elle a consenti combien de prêts? Dans les
onze premiers mois, la Société du crédit agricole
fédérale a
consenti 75 prêts, soit 4, 6 % des prêts du Québec.
Quand vous faites 85 prêts sur une période d'un an, vous pouvez
avoir un comité d'appel, vous pouvez vous permettre cela parce que, de
toute façon, vous ne prêterez pas, comité d'appel ou
pas.
Il n'y a pas de comité pour les gens en difficultés,
à ta société fédérale; il y a un
comité d'appel pour ceux qui sont refusés. Mais cela ne veut rien
dire car il n'a pas de budget. Au gouvernement du Québec, on a un budget
qui est assez considérable. Parmi tous ceux qui ont des fermes
rentables, jusqu'à présent, je pense que personne n'a
été refusé. On n'a pas eu de limitation au point de vue
des fermes rentables. Quand le projet est rentable, on ne refuse pas. Quand
cela dépasse la ferme familiale, on n'embarque pas, mais, à part
cela, tous ceux qui ont un projet rentable sont acceptés.
Dans ces cas, j'ai voulu, justement, que le débat se fasse sur un
comité d'appel. J'ai acheminé un document pour proposer la
formation d'un comité d'appel dans les deux cas. Mais je remarque
actuellement que les gens considèrent qu'il y a des conséquences
importantes à cela parce qu'il y a la responsabilité
financière des organismes, surtout quand vous prêtez. Maintenant,
si on avait le niveau des prêts de la société
fédérale, ce serait facile à accepter; cela voudrait dire
qu'à toutes fins utiles cela n'aurait aucune conséquence.
M. Picotte: On a dit tantôt que, quand cela dépasse
la ferme familiale, on ne prête pas. Quels critères de base sont
établis à l'office pour décider qu'il s'agit d'une ferme
familiale? Cela ne doit pas dépasser quoi? Quels sont les
critères sur lesquels l'office s'appuie pour dire que c'est une ferme
qui n'est pas considérée comme familiale?
M. Garon: C'est un équilibre entre l'utilisation des
ressources familiales et l'utilisation de la main-d'oeuvre employée. Si,
par rapport à la famille qui travaille sur la ferme, il y a un
très grand nombre d'employés, si le nombre d'employés est
trop grand par rapport à un père de famille qui travaille, on dit
que ce n'est plus une ferme familiale; c'est une ferme qui a un
caractère plus industriel puisque la prépondérance des
employés est beaucoup plus forte que la famille.
Il faut dire que c'est très extensif parce que cela n'a pas la
même signification, par exemple, dans le lait, dans le porc que dans les
légumes. Quelqu'un qui a besoin de beaucoup d'employés à
l'automne pour faire ramasser les pommes qui doivent être
ramassées dans une période limitée, c'est évident
qu'il engage beaucoup de monde. Cela ne veut pas dire que ce n'est pas une
ferme familiale. C'est pour cela que cela varie d'une ferme à
l'autre.
Il y a un document - vous auriez dû le lire - le mémoire de
l'Office du crédit agricole qui avait été
présenté à la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation. On a l'impression que des fois les gens
ne lisent pas les mémoires qui sont présentés là.
Ils disent qu'ils s'intéressent à l'agriculture, mais pas
autant qu'ils le disent.
M. Picotte: Les mémoires ne sont pas toujours très
précis. Ils laissent beaucoup de place à l'évaluation
personnelle.
M. Garon: C'est très précis ici, à la page
8, du mémoire qui a été présenté par
l'office le 26 mars 1985. Je ne dis pas, si cela avait été un
vieux mémoire...
M. Picotte: Donnez-nous les détails précis.
M. Garon:... le député aurait pu avoir une
mémoire chancelante. Mais le mémoire a été
présenté très récemment à la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation, le 26 mars 1985,
à Québec. On dit: "II suffit de se référer à
la définition de la ferme rentable, sous-jacente à l'application
de tous les programmes de financement agricole, pour s'en convaincre. Il s'agit
d'une ferme susceptible de produire, compte tenu de l'ensemble de ses
ressources, un revenu permettant à celui qui l'exploite d'en acquitter
les frais d'exploitation, y compris l'entretien et la
dépréciation, de remplir ses obligations et de faire vivre sa
famille convenablement. On a vite remarqué une nette
référence à la famille et un concept de rentabilité
qui confine à celui de viabilité. En pratique, le critère
de la capacité de remboursement s'avère le seuil minimal que doit
franchir le requérant ou la requérante pour l'accès au
programme de financement agricole. " On dit: " Aussi, l'office s'assure-t-il
pour l'autorisation des prêts que subsiste un équilibre entre les
ressources de l'exploitation et la mobilisation des ressources de la famille.
De même que certaines demandes de prêt se voient refusées,
lorsque la capacité de paiement n'est pas démontrée, de la
même façon d'autres demandes seront refusées parce que
l'implication des membres de la famille s'avère une incidence dans
l'ensemble des activités de l'exploitation et ce, nonobstant le fait que
la rentabilité soit acquise. "
M. Picotte: Pour vous, c'est une question de rentabilité
surtout, qui fait qu'on évalue...
M. Garon: Non, non, l'implication des ressources de la famille
par rapport à l'ensemble des ressources et en tenant compte du
caractère de la production.
Comme je vous le disais tantôt, vous pouvez être dans te
lait, dans l'élevage des animaux ou dans l'horticulture où il y a
des périodes de cueillette importantes. Dans les fraises, si vous
ramassez les fraises vous pouvez les cueillir vous-mêmes. Vous n'avez que
quelques jours pour les ramasser. Cela vous prend plusieurs cueilleurs. Vous
pouvez avoir une ferme familiale tout en engageant plusieurs dizaines de
cueilleurs; la même chose dans les pommes; la même chose dans la
salade; dans les tomates, la même chose. Selon les types de produits, une
ferme familiale peut avoir plus ou moins d'employés par rapport à
la famille au niveau de la gestion, au niveau de l'administration de l'ensemble
de la ferme.
M. Picotte: En parlant de commission d'appel tantôt, vous
avez mentionné avoir acheminé un rapport...
M. Garon: Pas un rapport, un mémoire.
M. Picotte: Un mémoire à l'administration.
M. Garon: Pas à l'administration, au gouvernement.
M. Picotte: Un mémoire au gouvernement. Au Conseil des
ministres? Finalement, cela n'a pas été retenu par le Conseil des
ministres comme tel. C'est un point d'interrogation.
M. Garon: Non, non, je n'ai pas dit ça. Ce n'est pas
terminé; actuellement, c'est étudié à
différents niveaux pour des avis. Habituellement, il y a des avis
là-dessus. Mais quand vous avez un encours de 1 600 000 000 $, que vous
avez près de 21 000 dossiers, un comité d'appel a plus de
conséquences qu'à la société
fédérale. On donne souvent comme modèle la
société fédérale, sauf qu'elle ne prête pas:
75 prêts en onze mois.
M. Picotte: Étant donné que c'est en période
de réflexion, vous prévoyez être définitif à
ce sujet dans combien de temps? Vous n'avez pas d'idée non plus?
M. Garon: Dans les prochaines semaines.
Le Président (M. Vallières): Est-ce que, M. le
ministre, vous pourriez nous indiquer sur le même sujet - parce que c'est
la première fois qu'une commission fait des recommandations aussi
précises - le mécanisme qui va entourer la décision,
qu'elle soit positive ou négative? Est-ce que c'est par l'entremise d'un
communiqué ou à l'Assemblée nationale? Quel est le
mécanisme prévu pour l'annonce de la décision qui sera
prise?
M. Garon: Je n'ai pas envoyé le rapport à la suite
du rapport de la commission parlementaire de l'agriculture. Avant même
que la commission parlementaire de l'agriculture discute de ces questions,
j'avais dit que nous pensions parler du comité d'appel lors de la
conférence socio-économique sur le crédit agricole. Donc,
c'était dans l'air même avant la tenue d'une commission de
l'agriculture sur le crédit agricole. J'avais aussi en main des
documents avant que ces études soient faites, sur le crédit
agricole. Finalement, j'ai pensé - à la suite de certains
documents qui ont circulé à propos du crédit agricole, les
gens pensaient qu'il n'y avait pas de limite au crédit agricole -comme
il y aurait peut-être une certaine période additionnelle
nécessaire, plus longue que prévue au point de départ,
pour bien sensibiliser les gens à ce qu'est le crédit agricole et
pour qu'on ait un document qui examine toutes les facettes, qu'il serait
peut-être bon de saisir immédiatement le gouvernement d'une
question qui était dans l'air depuis longtemps. C'est pourquoi j'ai
jugé bon de préparer un document immédiatement et de le
faire parvenir au Conseil des ministres pour qu'il puisse donner son opinion
sur cette question. Si l'opinion est favorable, il y aura une annonce. 5i elle
est défavorable, il n'y aura pas d'annonce.
Le Président (M. Vallières): Je veux bien
comprendre le sens de votre réponse, parce que c'est nouveau. L'objet de
ma question était de savoir s'il y a un mécanisme qui est
établi. Dans ses recommandations, la commission s'adresse à des
ministres et je voulais savoir si on va être innovateur dans ce domaine.
Je pense que c'est la première fois qu'un ministre ou des ministres
auront à indiquer à une commission... Je ne sais pas si on
n'aurait pas à...
M. Garon: Non, non. On ne répond pas à la
commission. Je regrette. Le mémoire que j'ai présenté,
c'est pour proposer un projet au Conseil des ministres, mais pas pour
répondre à la commission. La commission a fait un document, son
document est public mais...
Le Président (M. Vallières): D'accord. Je vous
remercie de la précision. C'est parce que c'est nouveau et je voulais
vérifier le mécanisme qui serait utilisé.
M. Garon: Non, non. C'est un document public comme tous les
organismes qui font des documents publics. C'est un document qui est public,
qui est là. Mais le mémoire que j'ai présenté au
gouvernement n'est pas une réponse à la commission. On disait
que
c'étaient des documents déjà en préparation,
et comme beaucoup de gens avaient parlé de ces questions à
l'occasion de l'affaire de la grève de la faim - des gens dé la
région de Drummondville - je me suis dit qu'il serait mieux
d'éclairer la question tout de suite. J'ai alors acheminé un
document au Conseil des ministres en disant: Voici ce que pourrait avoir l'air
un comité d'appel et quelles pourraient être ses
responsabilités. À la suite de cela, normalement, le Conseil du
trésor va se prononcer, ainsi que les comités ministériels
de développement économique et le Conseil des ministres. Si le
projet est accepté, il sera annoncé. S'il ne l'est pas, il
ne sera pas annoncé.
Le Président (M. Vallières): Merci. M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, j'imagine que ce doit
être è cet article; si ce n'est pas cela, on me corrigera et je le
reporterai à un autre article. En ce qui a trait à la
relève agricole, concernant le choix des 8000 $ à
l'établissement et les 50 000 $ sans intérêt...
M. Garon: C'est fait. (17 h 30)
M. Picotte: Oui, je sais que cela marche, mais les gens avaient
le choix et ont eu le choix encore cette année. Les gens de la
relève nous ont demandé la possibilité d'interroger le
ministre pour savoir s'il prévoit leur offrir de garder ce choix pour
eux entre les 8000 $ ou les 50 000 $. Est-ce qu'on va leur donner encore le
choix ou si le montant de 8000 $ va disparaître de façon
définitive et c'est le montant de 50 000 $ qui va devenir uniquement le
point qu'ils pourront se procurer lorsqu'ils décideront d'entrer en
agriculture?
M. Garon: M. le Président, je suis content en même
temps d'avoir les chiffres. Vous savez qu'en 1984-1985, malgré ce que
disait le député de Maskinongé hier, c'est une
année où il y a eu plus d'établissements que n'importe
quelle année du régime Bourassa et ce, dans une période
qu'on dit difficile, où on dit qu'il y a beaucoup de faillites, disait
le député de Maskinongé. Pourtant il y a plus
d'établissements, le nombre des établissements augmente de
nouveau. Alors qu'on a connu le plus bas niveau, 1167, en 1983-1984 parce que
les taux d'intérêt étaient élevés, en
1984-1985 on est remonté à 1277 établissements, alors que
notre record était en 1981-1982 de 1598. Pour ceux qui disent qu'il y a
peu d'établissements, dans le temps de Robert Bourassa c'était
plutôt autour de 1000, 1050. On a habituellement, bon an, mal an, entre
200 et 500 établissements de plus par année sous le gouvernement
actuel.
La Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, les
subventions en vertu de cette loi, le montant a été de 5 000 000
$ en 1984-1985 - ce sont des données provisoires - et le nombre
d'exploitations, 569 pour 699 personnes; tandis que, en vertu de la Loi
favorisant l'établissement de jeune agriculteur, nombre d'exploitations,
525, nombre de personnes, 578 et montant des prêts sans
intérêt pendant cinq ans, 24 700 000 $, ce qui veut dire qu'on a
un total d'établissements de 1277.
On va regarder le comportement au cours de l'année 1985, dans les
mois qui viennent puisque actuellement le nombre de personnes qui utilisent
cette formule des subventions d'établissements a baissé de
façon dracronienne, alors qu'il a augmenté très rapidement
pour ceux qui préfèrent la formule des prêts sans
intérêt.
Je pense bien qu'au cours des prochains mois on sera mieux à
même de voir comment les gens utilisent une formule ou l'autre ou s'il ne
s'agit pas uniquement d'une période transitoire dans laquelle ceux qui
avaient intérêt à choisir la formule de mise en valeur des
exploitations agricoles se dépêchent de se prévaloir de
cette option en anticipant qu'elle en soit à ses derniers
moments.
II est fort possible que ce soit ça qui fait qu'il y en a encore
un certain nombre qui utilisent encore cette formule. Cela a baissé
considérablement si on pense qu'en 1981-1982 il y avait près de
12 000 000 $ de subventions d'établissement alors que c'est
baissé à 5 000 000 $, 4 200 000 $, 5 000 000 $ en 1983-1984,
1984-1985, ce qui veut dire que le montant a baissé
considérablement, alors que les montants prévus par la Loi
favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs ont augmenté
très rapidement.
M. Picotte: C'est à la lumière de l'utilisation que
vous allez songer à reconduire ou encore à donner le choix au
jeune qui veut s'établir ou le lui enlever finalement. Quand vous me
dites: II y a 12 000 000 $ qui ont été utilisés dans le
passé comparativement à 5 000 000 $ cette année ou
l'année qui vient de s'écouler, cela veut dire que dans vos
prévisions de moins en moins de jeunes utilisent le prêt à
l'amélioration des fermes de 8000 $.
M. Garon: Je parle d'une période transitoire. Dans une
famille où deux ou trois sont établis en agriculture, il y en a
déjà un qui a eu le montant et les multiples sont plus faciles
dans les 8000 $; dans les 50 000 $ sans intérêt, on parle
d'entreprise, et les multiples ne fonctionnent pas de la même
façon. C'est évident que dans une période transitoire, au
moment où les
50 000 $ n'étaient pas possibles, plusieurs personnes ont pris
d'autres formules et sont en société ou en compagnie ensemble.
Là, l'administration de la nouvelle formule est plus difficile.
Sans révéler de noms, beaucoup de gens qui ont
parlé pour le maintien des 8000 $; quand ils arrivent à faire des
calculs, ils utilisent les 50 000 $. Les 50 000 $ sans intérêt
permettent au jeune un certain établissement parce qu'avec 50 000 $,
à un taux d'intérêt subventionné de façon
régulière, cela lui fait un prêt qui a une valeur moyenne
qui est très faible. C'est à peu près autour de 4 %.
À ce moment, il dispose d'un certain montant pour s'organiser. Les 8000
$ permettent certains travaux, mais ce n'est pas un montant très
considérable. Par ailleurs, pour celui qui le paie, cela fait des bons
montants, 8000 $. Pour celui qui les reçoit, il ne fait pas beaucoup de
travaux avec cela aujourd'hui.
M. Picotte: Vous prétendez que les 50 000 $ sont plus
avantageux face aux 8000 $? Dans quelle proportion? Est-ce qu'il y a
déjà des chiffres là-dessus à l'office?
M. Garon: Quand on regarde en termes d'établissement des
jeunes, le montant qu'ils empruntent, pour celui qui s'établit seul, son
prêt moyen est de 108 041 $. La partie subventionnée en moyenne,
c'est 49 826 $, presque 50 000 $, ce qui fait un prêt moyen à un
taux de 4, 24 %. C'est au 1er avril 1985. Quand il s'agit d'une ferme de
groupe, le montant total prêté est de 156 723 $ et le taux
d'intérêt moyen est de 5, 95 %. Si on fait une combinaison en
additionnant tout cela ensemble, quelle est la moyenne? Le total, c'est 118 793
$ de prêt moyen aux jeunes qui s'établissent; la partie
subventionnée moyenne: 47 015 $, un taux moyen de 4, 76 %.
M. Picotte: Comparativement à ce qu'est le marché
et pour une période de cinq ans, cela veut dire...
M. Garon: Cela est pendant cinq ans.
M. Picotte:... une économie, pour une ferme moyenne, de
118 000 $, le dernier chiffre que vous m'avez donné, avec les quelque 47
000 $...
M. Garon: C'est-à-dire que, s'il y a 8000 $
d'intérêt, c'est 8000 $ d'intérêt. Mettons un taux
d'intérêt de 10, 75 %, comme c'était hier, mettons 11 %
pour faire un chiffre rond, pour un capital de 50 000 $, cela veut dire 5500 $
d'intérêt, plus 0, 5 %, c'est-à-dire un peu plus de 11 %;
5500 $ pendant cinq ans, cela équivaut à une subvention de 27 500
$. Vous avez fait rouler 50 000 $. À part cela - ce qui est très
important - avec vos 50 000 $, vous allez pouvoir fonctionner à 50 000 $
tout de suite. Autrement, si vous prenez 8000 $, ce que vous allez
acquérir après cela sera au taux inflationnaire. Tandis que vos
50 000 $, vous les avez au point de départ alors qu'au cours des
années qui s'en viennent il va y avoir de l'inflation dans vos travaux
ou dans vos achats. La formule des 50 000 $ sans intérêt est,
à moins que vous ne soyez dans des circonstances bien
particulières, beaucoup plus avantageuse. Là, les taux ne sont
pas très élevés, c'est encore très payant, mais
imaginez-vous si les taux augmentaient le moindrement demain matin.
Actuellement, on vit dans une période de bas taux d'intérêt
et il n'y a pas beaucoup de gens qui pensent qu'on va revenir aux taux de 4 %,
5 % et 6 % qui étaient les taux dans les années quarante ou
cinquante ou même au début des années soixante. Quand on
parle des taux à 10, 75 % actuellement, on ne parle pas de taux qui sont
très hauts...
Une voix:... exagérés...
M. Garon:... dans le cadre des années qu'on vient de
vivre. Quel sera l'avenir dans les taux d'intérêt? Beaucoup plus
de gens pensent que les taux vont se maintenir au niveau actuel ou seront plus
hauts qu'il n'y en a qui pensent qu'ils seront beaucoup plus bas. Plus les taux
sont bas - c'est évident -moins les 50 000 $ sont avantageux, mais, plus
les taux sont hauts, plus les 50 000 $ sont avantageux. De quoi a surtout
besoin un jeune qui s'établit? Il a surtout besoin de
sécurité financière. 50 000 $ sans intérêt
pendant cinq ans...
M. Picotte: Quelles sont les raisons qu'on invoque quand les gens
exigent qu'on leur laisse le choix pour les 8000 $?
M. Garon: C'est parce qu'ils ne le savent pas. À ce
moment-là, ils n'ont pas leur dossier, souvent ils n'ont pas fait leur
calcul. Certains ont un montant qu'ils veulent investir immédiatement,
faire quelque chose immédiatement et avoir les 8000 $ en entier tout de
suite. Cela peut être aussi un jeune qui s'établit avec son
père sur une ferme ou son père lui transfère la ferme...
Il y a le jeu des multiples aussi qu'on n'a pas dans la loi parce que, s'il
avait fallu faire des multiples de prêts sans intérêt,
là on serait revenu à des affaires qui n'auraient pas eu de bon
sens. On aurait pu se mettre cinq ensemble pour 250 000 $ sans
intérêt. Dans des régions un peu plus
périphériques, on achetait quasiment le rang au complet.
Là, on dit: Soyons prudents! C'est pour cela.
Il y a aussi une autre affaire très importante, c'est qu'au
ministère on fonctionne de plus en plus avec la notion d'entreprise
plutôt qu'avec la notion de
producteur agricole. De plus en plus, un plus grand nombre de
producteurs opèrent en société ou en compagnie. C'est pour
cela, par exemple, que la mesure qui est dans le discours sur le budget
d'enlever la taxe sur le capital jusqu'à un niveau de 300 000 $,
c'était justement pour exempter de la taxe la ferme familiale. Pourquoi
on a dit 300 000 $? Pour qu'il n'y ait pas de montant à payer sur la
taxe sur le capital au niveau d'une ferme familiale. On n'a pas voulu le mettre
trop gros non plus. On a dit 300 000 $. Les agriculteurs qui fonctionneront
dans le cadre prévu par la loi au niveau corporatif n'auront pas de
taxes à payer. Là encore, c'était une mesure pour tenir
compte de cela. (17 h 45)
M. Picotte: La moyenne, puisqu'on en parle, de la valeur des
fermes, de ceux qui sont organisés en compagnie, c'est quoi? Est-ce 500
000 $, la moyenne, 600 000 $, 300 000 $?
M. Garon: L'actif moyen de l'emprunteur au crédit agricole
est de 366 000 $ en 1984-1985.
M. Picotte: De ceux qui sont organisés en compagnie ou
dans l'ensemble?
M. Garon: C'est très intéressant de mentionner - je
comprends que vous n'avez pas les données, et dans l'Opposition on
affirme plus un peu n'importe quoi - que l'emprunteur moyen au crédit
agricole, en 1976, avait un avoir net qui équivalait à 40, 77 % -
40, 8 %, si vous voulez - du total de ses actifs. Cela veut dire qu'il devait
60 % de ses actifs et le total de ses actifs, en 1976, n'était que de
128 085 $. En 1984-1985, l'actif moyen est de 366 063 $.
M. Picotte: Dans l'ensemble de...
M. Garon: Attendez un peu! Et l'avoir net est de 198 078 $, soit
54, 1%. Quand on essaie de dire que le cultivateur est plus endetté au
Québec qu'avant, le gars qui dit ça, ou bien il est
incompétent ou bien il n'a pas de dossiers ou bien il prend des bases
comme la société fédérale. Nous, au crédit
agricole - c'est quand même une marque que l'ensemble des prêts ont
été bien faits -l'avoir net, en 1984-1985, sur 366 063 $ d'actifs
est de 198 078 $, soit 54, 1 %. D'avoir passé d'un avoir net, en 1976,
de 40, 7 % à 54, 1 %, c'est une augmentation de l'avoir net de 35 %. Ce
n'est pas rien comme réalisation. Vous disiez hier - on essayait de le
faire croire - que l'agriculteur, à l'époque de Robert Bourassa,
était heureux et faisait de l'argent; je ne sais pas où il
mettait son argent mais il ne le mettait pas sur ses prêts, certain,
parce qu'il devait 60 % de sa ferme alors qu'aujourd'hui il doit seulement 45 %
de sa ferme et que son actif est passé de 128 000 $, en 1976, à
366 000 $, en 1984. Ce n'est pas rien.
C'est pour cela que demain ou n'importe quand je serais prêt
à faire un débat avec Robert Bourassa sur la situation
financière des agriculteurs du Québec, à partir des 21 000
dossiers de l'Office du crédit agricole du Québec. Mais si le
fédéral a prêté à des taux
d'intérêt trop élevés à des agriculteurs qui
sont allés là comme on allait autrefois chez Household Finance ou
chez Niagara Finance ou chez d'autres compagnies de finance où on
empruntait à des taux d'intérêt exorbitants de 14 %, 15 %,
16 % ou 17 %, comme a prêté la Société du
crédit agricole du Canada, qu'est-ce que vous voulez? Vous ne pouvez pas
demander au gouvernement du Québec d'assumer toutes les turpitudes du
crédit fédéral.
M. Picotte: Mais il faudrait peut-être commencer par faire
le débat avec tous ceux qui sont venus nous voir en commission
parlementaire. L'UPA et les fédérations nous ont donné des
chiffres pareils. Peut-être qu'en commençant par faire ce
débat avec eux vous les convaincriez finalement qu'ils sont venus
charrier, élégamment ou non, en commission parlementaire.
Probablement que ce sont des gens qui ne connaissent pas grand-chose. Je tiens
cela pour acquis, compte tenu de vos réponses, puisque ces gens sont
venus nous le dire en majorité d'un peu partout. Je m'engage à
leur faire parvenir les galées pour leur démontrer jusqu'à
quel point ils ne sont pas sérieux ni comme organismes, ni comme
fédérations et ni comme agriculteurs individuels. En fait, ce
sont des choses qu'on a entendu dire et disons que ces gens sont venus charrier
en commission. Je vous remercie de nous l'avoir dit. Je vais sûrement
leur faire parvenir ce qu'il faut pour leur démontrer qu'une commission
parlementaire, finalement, c'est plus sérieux que cela. Ils ne devraient
pas venir nous dire n'importe quoi.
Mais vous n'avez pas répondu à ma question en ce qui
concerne les compagnies. Quelle est la moyenne d'avoirs ou d'investissements de
ceux qui se forment en compagnie et qui empruntent à l'Office du
crédit agricole? Est-ce 250 000 $? 300 000 $? 400 000 $? 500 000? La
moyenne, quelle est-elle? C'était l'essentiel de ma question. Mais je
suis quand même très heureux que vous m'ayez donné la
réponse que vous m'avez donnée tantôt. Cela me satisfait au
plus haut point.
M. Garon: Ce que je vous donnais comme chiffres tout à
l'heure concernait les emprunteurs de cette année, en 1984-1985.
Tantôt, je pourrai vous donner tous les emprunteurs de l'Office du
crédit agricole.
C'est aussi bon. Mais, si vous voulez vous référer comme
il faut aux paroles que j'ai prononcées, j'ai dit: Ceux qui ont fait des
études sur le crédit agricole ont dit que le cultivateur du
Québec était très endetté. Je ne sais pas où
ils ont pris leurs données car ce n'est pas la situation. Il est
évident que, si on prend comme source la Société du
crédit agricole du Canada, cela ne vaut rien.
M. Picotte: Je prends votre parole, M. le ministre. On laissera
juger cela par les gens à qui...
M. Garon: Ah! Vous pouvez dire ce que vous voudrez. Vous
êtes...
M. Picotte: C'est ça. Non, je prends votre parole. Je ne
dis pas ce que je veux. Je vous dis que je prends votre parole. Quoi? Cela ne
vous satisfait pas. Je prends votre parole.
M. Garon: Non. Vous essayez de dire que j'ai dit que l'UPA avait
dit de telles choses. Je n'ai pas parlé de I'UPA, j'ai parlé de
ceux qui ont fait des études. Je n'ai pas dit I'UPA pour que vous
puissiez dire que j'ai parlé de I'UPA, j'ai dit ceux qui ont fait des
études sur le crédit agricole...
M. Picotte: Ce n'est pas ce que je vous ai dit. Je vous ai dit
que lorsque vous me mettez des paroles dans la bouche comme celles qui ont
été dites hier... Je vous dis qu'en commission parlementaire,
quand on a circulé, on a entendu des gens nous dire cela. Vous nous
dites que ce n'est pas exact. Les gens qui nous ont dit cela sont des
agriculteurs des fédérations et I'UPA.
M. Garon: Oui.
M. Picotte: Vous dites que ce n'est pas exact.
M. Garon: Non, mais...
M. Picotte: Parfait, je suis bien heureux de leur dire que ce
n'est pas exact, ce qu'ils sont venus nous dire. Ils sont venus nous dire des
choses qui n'étaient pas exactes. Laissons-les juger de cela. Je prends
votre parole comme si c'était une parole d'évangile. Je vous
connais, d'abord, et je sais que c'est rare que vous amplifiez les choses,
c'est rare que vous faites de l'enflure verbale et autres choses. Je prends
votre parole et je suis bien satisfait de cela. Je vous connais bien, on est
deux bons "chum", d'ailleurs. Je prends votre parole comme une parole
d'évangile et j'en suis fort heureux. Vous devriez être content
que je prenne votre parole de cette façon. Je dis: Laissons juger les
gens. C'est écrit et on leur enverra cela.
Ce que je veux savoir, c'est au point de vue des compagnies, des gens
qui empruntent chez vous et qui ont formé une compagnie. Quel est leur
actif, en moyenne? Quel est le montant?
M. Garon: Le député de Maskinongé a dit
qu'on était de bons "chum". Moi, je suis très sélectif
pour mes amis. Je dois dire...
M. Picotte: C'est libre à vous, vous en avez le droit.
M. Garon: On est députés en même temps...
M. Picotte: Comme élu du peuple, je vous considère
très bien, je vous considère comme un ami face à moi.
M. Garon:... mais je ne veux pas que les gens pensent qu'on est
de grands amis qui font...
M. Picotte: Je ne veux pas vous obliger à dire ce que vous
pensez de moi; cela, c'est votre problème.
M. Garon: M. le Président, est-ce que j'ai la parole ou si
je ne l'ai pas?
M. Picotte: Cela, c'est votre problème, pensez ce que vous
voulez. Moi, je vous considère comme l'honorable ministre.
M. Garon: M. le Président, présidez-vous
toujours?
Le Président (M. Vallières): Oui, oui, vous avez la
parole.
M. Garon: Je pense que j'avais la parole. Je comprends que je ne
suis pas libéral mais j'aimerais quand même, quand j'ai la
parole... J'attends mon tour quand le député parle.
M. Picotte: Répondez à ma question, cela sera
déjà pas mal.
Le Président (M. Vallières): Jusqu'à
présent, M. le ministre, vous n'avez pas hésité à
prendre la parole quand elle vous revenait. Si vous préférez que
je vous donne la parole chaque fois, de même qu'au député
de Maskinongé, je peux le faire.
M. Garon: Non, mais, quand je l'ai, votre devoir comme
président est de préserver mon droit de parole.
M. Picotte: Pauvre petit! Pauvre petit martyr!
Le Président (M. Vallières): Allez-y, M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Picotte: Allez-y, pauvre martyr! Les deux poignets, cela
aurait l'air encore plus martyrl
Le Président (M. Vallières): M. le ministre, s'il
vous plaît!
M. Garon: C'est parce que le président s'est
déjà plaint en Chambre que je l'attaquais. Je ne veux pas
l'attaquer, c'est pour cela que je voudrais qu'il fasse son travail
correctement et qu'il préserve mon droit de parole.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre, vous
avez la parole, procédez, s'il vous plaît!
M. Picotte: Allez, démontrez que c'est bien sur le poignet
que vous êtes tombé.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Maskinongé, s'il vous plaît!
M. le ministre, vous avez la parole.
M. Garon: Je disais au député de Maskinongé
que je suis très sélectif pour mes amis et je ne veux pas
être accusé par qui que ce soit d'être un ami. Les gens
pourraient penser, après... Les gens qui disent "mes amis d'en face"...
Vous remarquerez que je n'ai jamais utilisé cette expression parce qu'il
y a trop de personnes qui pensent qu'en politique les gens font des
affirmations mais qu'en arrière des rideaux ils sont comme des acteurs,
de bons larrons en foire. Ce n'est pas mon cas. Je veux simplement dire que je
ne partage pas les opinions du député de Maskinongé dans
le domaine agricole. Je ne voudrais pas qu'on laisse entendre que je les
partage de quelque façon que ce soit.
Pour la question qu'il a posée...
Une voix:...
M. Garon: Je vous remercie. Voyez comme je suis
discipliné.
Le Président (M. Vallières):...
M. Garon: Quand le député pose des questions de
statistiques, il faut regarder les tableaux statistiques. J'ai ici des
centaines de pages de tableaux statistiques. Le député doit quand
même être estomaqué qu'on réponde à chacune de
ses questions parce que nous n'avons pas honte de notre bilan dans le
domaine.
Selon un sondage, l'actif moyen de tous les emprunteurs il y a douze
ans, lors du premier prêt, était de 101 687 $. Actuellement, c'est
257 076 $. Pour les groupes, il y a douze ans, c'était 397 731 $ et,
actuellement, c'est 577 016 $. Si vous remarquez le niveau d'inflation qu'il y
a eu au cours des dernières années, cela veut dire que les fermes
de groupe sont beaucoup plus familiales aujourd'hui qu'autrefois. Si vous
actualisez le montant de 397 731 $ il y a douze ans sur les fermes de groupe
-aujourd'hui elles sont de 577 016 $, - je suis convaincu qu'actuellement les
fermes de groupe sont beaucoup plus de la catégorie familiale qu'il y a
douze ans.
Le pourcentage d'endettement, d'avoir net, qui était chez les
individus de 50, 8 % pour l'ensemble, lors du premier prêt il y a douze
ans, est aujourd'hui de 68, 1 %, ce qui veut dire que l'agriculteur est moins
endetté que jamais.
Le Président (M. Vallières): Merci.
Là-dessus, nous terminons la période de temps qui
était dévolue, aujourd'hui, à l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Nous avons convenu de part et d'autre que demain nous pourrions
siéger de 10 heures à 12 heures et non pas de 10 heures à
12 h 30. Alors, je demanderais aux membres de la commission d'être
présents et d'être à l'heure. C'est en cette salle. Non'?
On m'indique que c'est dans une autre salle, à la salle du Conseil
législatif, demain, à 10 heures, et nous terminerons à 12
heures. La commission ajourne donc ses travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 17 h 59)