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(Dix heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Richard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare ouverte la séance de la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation. Je rappelle le mandat
de la commission: procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 100, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole. Nous en étions à
l'étude détaillée du projet de loi.
M. le Secrétaire, au préalable, vous avez des
remplacements, je pense.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Beaudin
(Gaspé) est remplacé par M. Forget (Prévost), M. Dubois
(Huntingdon) par M. Cannon (La Peltrie) et M. Houde (Berthier) par M. Doyon
(Louis-Hébert).
Le Président (M. Richard): Messieurs, bienvenue à
notre commission. Je vous rappelle que nous en étions à l'article
21, particulièrement à l'article 69.03 de l'article 21, et que
nous avions un amendement présenté par M. le ministre.
Secteur exclusif (suite)
M. Pagé: Effectivement, M. le Président. On se
rappellera qu'à notre séance de mercredi dernier, le 11 janvier,
nous avions terminé nos travaux par une présentation de ce que
pourrait donner... On a rendu les données accessibles aux membres de la
commission et, par surcroît, des données illustrées par
quelques tableaux, nous indiquant sur quelle base la commission allait
s'appuyer pour établir dans une municipalité ce qu'allait
être un secteur exclusif ou encore un secteur sujet aux dispositions
généralement applicables de la loi depuis 1978. Partant de
là, c'est ainsi qu'on a abordé l'étude de l'article 21 qui
prévoit l'ensemble des dispositions relatives au secteur exclusif. La
commission était saisie d'un amendement concernant l'article 69.03,
article qui se réfère à l'adoption du plan de la zone
agricole concernant le secteur exclusif. Est-ce que l'amendement a
été distribué?
Des voix: Oui.
M. Pagé: Je présume que vous l'avez tous. L'article
69.03 est complètement refondu et se réfère à la
consultation. Cet amendement se réfère à l'engagement
qu'on a pris ici dans le cadre de cette commission comme quoi les
municipalités pourraient être consultées avant que le
gouvernement adopte le plan établissant le secteur exclusif dans une MRC
ou dans une municipalité. L'amendement est complètement refondu.
Je pense qu'il parle par lui-même. Au premier alinéa de l'article
69.03: "La commission soumet ce pian et la description technique à la
corporation municipale, à la municipalité régionale de
comté concernées et à la Confédération de
l'Union des producteurs agricoles qui peuvent, dans les 60 jours de son
dépôt, lui transmettre leurs recommandations sur le contenu de
ceux-ci. "Parallèlement, le gouvernement publie un avis à la
Gazette officielle du Québec Indiquant que le pian est disponible
pour consultation au greffe de la commission et qu'à l'expiration d'une
période de 60 jours suivant cette publication, il pourra être
approuvé avec ou sans modification. "À l'expiration de cette
période de 60 jours, la commission soumet au gouvernement pour
approbation le plan et la description technique, en prenant en
considération les représentations qui lui ont été
faites. "Si le plan est approuvé par le gouvernement, le décret
l'approuvant entre en vigueur le jour qui y est fixé."
Alors, essentiellement, c'est qu'une fois - te) qu'on l'avait vu
à l'article 69.02 - que la commission aura établi ce plan, II est
déposé et il est soumis aux Instances concernées.
Évidemment, on doit se référer à un
dépôt au greffe de la commission parce que publier ça
à la Gazette officielle, on m'indique que c'est physiquement
impossible. C'est tellement technique, ça se réfère
à des délimitations, à de l'identification de terrains,
etc. L'Union des producteurs agricoles, l'Union des municipalités
régionales de comté ou encore la municipalité ou la MRC
pourront en prendre connaissance. Nous publierons, à ce
moment-là, un avis comme quoi le plan est disponible, à quel
endroit il est disponible et les intervenants auront 60 jours pour faire des
représentations. Par la suite, le gouvernement fera son lit.
M. Brassard: M. le Président, j'avais posé une
question très précise à M. Nicolet, si je me souviens
bien, lors de son passage parmi nous. Je lui avais demandé, parce qu'il
avait répondu au ministre "ce n'est pas uniquement de la consultation
que l'on souhaite, c'est également une négociation", si, selon
lui, les municipalités et les MRC seraient satisfaites si on
prévoyait, pour ce qui est de la délimitation des secteurs
exclusifs, un mécanisme similaire à celui qui existe
présentement et qui est prévu dans la loi relativement à
la révision de la zone agricole. Si on se réfère à
la loi actuelle concernant la révision de la zone agricole, on se rend
compte que c'est une négociation dont il est question puisque la MRC
indique son intention de s'entendre avec la commission - c'est l'expression
qu'on retrouve à l'article 69.1 de la loi actuelle - sur un plan
révisé de la zone agricole de son territoire dans les 180
jours suivants la transmission de cet avis. Donc, il y a un délai, mais
ce délai constitue une période de négociation, de
pourparlers entre la commission et la MRC. Intention de s'entendre, si on
comprend le sens des mots, cela implique donc l'idée de
négociations, de discussions, de pourparlers entre la MRC et la
commission sur la révision de la zone agricole comme telle. Au bout de
180 jours. il y a une autre disposition qui prévoit que s'il n'y a pas
eu entente durant ce délai, la commission procède, elle transmet
au ministre son propre plan, son propre projet de révision et,
après ça, c'est l'étape du Conseil des ministres.
J'ai de la difficulté à saisir la cohérence entre
la démarche concernant tes secteurs exclusifs vis-à-vis des MRC
et celle qui est prévue actuellement à la loi concernant la
révision de la zone agricole. Pour ce qui est de la révision de
la zone agricole, on prévoit une véritable négociation
entre la commission et la MRC. Par conséquent, on présume que la
MRC est capable, qu'elle est apte à participer à une telle
négociation, donc qu'elle est en mesure de faire preuve d'une certaine
connaissance de son territoire, de la qualité de ce territoire agricole
pour pouvoir discuter et négocier avec la commission dans un
délai requis qui est de 180 jours. A la fin, s'il n'y a pas eu entente,
c'est la commission qui assume ses responsabilités, qui prépare
un plan révisé et qui l'achemine au ministre pour adoption. Je
comprends mal que dans le cas d'une révision de la zone agricole d'une
MRC, on présume, on tient pour acquis que la MRC est une instance apte,
capable de négocier, de discuter avec la commission sur la
révision de la zone agricole et que, pour les secteurs exclusifs, on
juge différemment, et que là on estime que la MRC n'est pas en
mesure, n'a pas les connaissances suffisantes ni les aptitudes requises pour
discuter, négocier avec la commission de la délimitation du
secteur exclusif. Il y a quelque chose d'Incohérent là-dedans. Il
me semble que, si on juge que la MRC a les aptitudes, les
responsabilités, les connaissances et les ressources requises pour
discuter, disons, d'égal à égal avec la commission de la
révision de sa zone agricole, cette aptitude n'est pas soudainement
disparue comme par magie, comme par enchantement quand vient le temps de
discuter de la délimitation des secteurs exclusifs.
Je trouve légitime, raisonnable et acceptable, quant à
moi, la demande de l'UMRCQ. du monde municipal, de faire en sorte que. dans le
cas des secteurs exclusifs, quand il s'agira de les délimiter et d'en
tracer les frontières, le mécanisme prévu pour la
révision de la zone agricole puisse être utilisé - je pense
que c'est là une demande tout à fait légitime - en y
incluant, comme c'est le cas présentement, une participation de l'UPA.
Cela m'apparaît normal, cela m'apparaît tout à fait
légitime et aller de soi aussi. Le rapport que nous fait le
président de la commission sur le cheminement de toute
l'opération révision de la zone agricole des MRC, ce que j'en
retiens, c'est un mécanisme qui est, comment dire, bien adapté
à la réalité, qui fonctionne relativement bien, qui, sur
le plan opérationnel, est un mécanisme très acceptable et
très convenable, que les discussions se font assez bien. La preuve,
c'est qu'il y a eu 19 décrets concernant 19 MRC qui ont
été adoptés sans problème. La MRC de
Lac-Saint-Jean-Est est dans ce cas-là. Il y en a un certain nombre qui
ont posé des problèmes, mais de nouvelles discussions avec les
intervenants, incluant l'UPA, semblent avoir donné de bons
résultats. Quand je parle du mécanisme de révision de la
zone agricole qui s'appuie sur une négociation entre ta MRC et la
commission - il y a des difficultés et c'est normal, c'est une
négociation - je suis obligé de conclure que je suis en face d'un
mécanisme qui fonctionne bien, qui donne des résultats
acceptables et, en tout cas, qui nous conduit là où on veut
aller, c'est-à-dire à une révision faisant l'affaire de
tous les intervenants ou presque, à une révision, dis-je, de la
zone agricole dans chacune des MRC du Québec. Alors, on introduit un
nouveau concept, le secteur exclusif qui est une zone qui se retrouve à
l'intérieur de la zone agricole révisée. Je me dis que si
le mécanisme de révision de la zone agricole fondé sur la
négociation fonctionne bien, si ça donne de bons
résultats, pourquoi ne pas avoir recours à ce môme
mécanisme quand viendra le temps de délimiter les secteurs
exclusifs?
Je n'ai pas l'intention de parler 20 minutes là-dessus. M. le
Président, mais je pense m'être bien fait comprendre en disant
qu'il n'y a pas de raison pour qu'il n'y ait pas une cohérence entre la
délimitation des secteurs exclusifs et la révision de la zone
agricole. Il n'y a pas de raison pour qu'on n'ait pas recours au même
mécanisme. Si ce mécanisme donne des résultats et donne
des fruits intéressants dans un cas, pourquoi n'en donnerait-il pas dans
l'autre cas qui est similaire? En somme, c'est similaire. Réviser la
zone agricole et délimiter un secteur exclusif sont deux
opérations semblables, deux opérations similaires. Dans un cas.
c'est vrai qu'on prétend que la protection va être
renforcée mais il s'agit toujours de protection du territoire agricole.
On est toujours dans le môme domaine. Donc, je ne vois pas pourquoi on
n'utiliserait pas le môme mécanisme. Dans ces conditions, je
considère la revendication des unions municipales légitime,
raisonnable, acceptable, convenable.
Je termine par une question: Pourquoi le ministre ne consent-Il pas
à prévoir le môme mécanisme pour la
délimitation des secteurs exclusifs qu'on retrouve dans la loi pour ce
qui est de la révision de la zone agricole?
M. Pagé: M. le Président, je crois que la
question du député de Lac-Saint-Jean est pertinente et je
vais lui expliquer. Le processus de révision de la zone agricole et
urbaine réfère à une procédure en vertu de laquelle
une municipalité régionale de comté, une
municipalité locale peut demander à la Commission de protection
du territoire agricole, dans sa négociation, de distraire de cette zone
agricole les superficies qui étaient à l'intérieur de la
zone agricole pour qu'elles soient affectées à un autre type de
zonage, par exemple, en zone blanche. L'objectif de la démarche est que
la municipalité locale, la MRC, puisse faire des représentations
et ultimement obtenir, en tout ou en partie, des superficies ou des espaces
nécessaires à ces perspectives d'aménagement. C'est
prévu dans la loi adoptée en 1985 et cela a cours
actuellement.
Ce sur quoi nous nous penchons ce matin peut présenter certaines
similitudes, mais ce sont des similitudes très relatives, et je
m'explique. Autant le premier mécanisme de révision de la zone
agricole et urbaine se réfère aux objectifs d'une
municipalité d'exercer sa juridiction dans un territoire distrait de
cette zone agricole, autant, Ici, on se réfère à des
secteurs, à des terrains, à des lots, à des espaces dans
des municipalités affectés et qui demeureront affectés
à un usage agricole. La seule distinction, ce n'est pas, dans ces
cas-là, le passage du vert au blanc, c'est le passage d'un secteur
exclusif à un secteur régulièrement sous la juridiction de
la loi sur la Commission de protection du territoire agricole. C'est
très différent. À cet égard-là, comme les
MRC... Je comprends que les MRC, peut-être pas les MRC, mais plus
spécifiquement le président de l'Union des municipalités
régionales de comté aspirerait et aspire toujours à ce que
le monde municipal ait une juridiction dans les espaces zonés agricoles.
Le gouvernement a adopté une position très claire et très
ferme qui, je présume, et si j'avais le privilège de poser des
questions, je pense que le député de Lac-Saint-Jean pourrait y
répondre, c'est très clair que le gouvernement a
décidé que les municipalités n'auraient pas juridiction
dans l'aménagement et dans l'affectation à l'Intérieur de
la zone verte au Québec. Je veux que cela soit très clair et je
le réitère ce matin. Que voulez-vous, c'est une aspiration, le
président de l'UMRCQ voudrait que les municipalités puissent tout
décider comme avant dans le territoire zone vert. Donc, ce
mécanisme en vertu duquel la commission échange avec une MRC pour
l'établissement du secteur exclusif ne résultera pas et ne peut
pas résulter dans le passage du vert au blanc de certains espaces.
Partant de là, ce qu'on a prévu initialement dans la loi,
c'est que la commission l'établissait, point final, à la ligne.
Des représentations nous ont été faites. L'Union des
municipalités du Québec nous a demandé, et je dis bien,
ici, dans son mémoire, dans le résumé de son
mémoire ceci, au point 4: L'Union des municipalités du
Québec n'a pas d'objection au principe d'instituer des secteurs
exclusifs mais les MRC et les municipalités locales désirent
être consultées par la commission avant que cette dernière
soumette au gouvernement un plan de zonage agricole comprenant un secteur
exclusif. Nous répondons oui à cette demande.
M. Brassard: C'est le mémoire de...?
M. Pagé: C'est le mémoire de l'Union des
municipalités du Québec. Maintenant, au comité technique,
j'ai Ici le document, d'ailleurs je pense qu'on vous l'a distribué,
faisant référence aux recommandations de l'Union des
municipalités du Québec et de l'Union des municipalités
régionales de comté en regard du projet de loi 100, au
comité technique, voici ce qui a été demandé au
point 4 aussi, par l'UMRCQ, le groupe de M. Nicolet: Les unions n'ont pas
d'objection au principe d'instituer des secteurs exclusifs, mais
désirent être consultées par la commission avant que cette
dernière soumette au gouvernement un plan de zone agricole comprenant un
secteur exclusif. On répond positivement à cela, sauf qu'il faut
bien connaître et comprendre la dynamique sur laquelle s'appuie l'Union
des municipalités régionales de comté dans les
représentations qu'elles font au gouvernement du Québec, et plus
particulièrement en matière de protection du territoire agricole.
(10 h 45)
Depuis trois ans que j'ai à administrer cette loi comme ministre,
c'est fréquent, c'est régulier que l'UMRCQ, par la voix de son
président, demande une chose et lorsque cette chose est obtenue ou est
en voie de l'être, l'UMRCQ, toujours par la voix de son président,
en demande plus ou change d'idée. La situation dans laquelle nous sommes
aujourd'hui...
Une voix:...
M. Pagé: Pardon? Non. La position du ministre de
l'Agriculture a toujours été très claire.
M. Brassard: Je parle des unions. Quand c'est l'UMRCQ qui demande
quelque chose, c'est l'UMQ qui renchérit.
M. Pagé: Je n'ai pas à juger des relations entre
l'UMQ et l'UMRCQ, mais je peux quand même qualifier le type de relations
que nous avons avec l'UMRCQ d'intéressant, de dynamique, sauf qu'il est
fréquent que M. Nicolet en demande plus en cours de route et parfois
même qu'il change d'idée une fois qu'il a formulé une
opinion sur un sujet donné. Cela dit, ces gens seront consultés.
Ils ne l'étaient pas. Ils le seront. Et, il faut bien avoir à
l'esprit que rétablir un mécanisme de négociation veut
dire quoi? Cela veut dire accorder le droit à une municipalité ou
encore à une municipalité régionale de comté
d'affecter, de revendiquer et de
négocier l'affectation d'un sol zone agricole. C'est très
clair, la déclaration des ministres responsables du développement
régional et du COMPAOR. le ministre de l'Environnement, le ministre des
Affaires municipales et le ministre de l'Agriculture l'ont dit clairement dans
leur conférence de presse à l'automne 1967. Alors, nous allons
dans le sens des demandes qui ont été formulées.
D'ailleurs, cela ne devrait pas Inquiéter le député de
Lac-Saint-Jean parce que lorsque j'ai dit et que J'ai rendu publique une
position comme ministre, comme quoi je n'entendais pas signer d'autres
décrets, c'est-à-dire recommander au Conseil des ministres
l'adoption de décrets ayant fait l'objet d'une négociation entre
la Commission de protection du territoire agricole et les MRC, j'ai
arrêté d'en signer. J'ai dit: II y a un moratoire et le moratoire
c'est à moi que je l'ai Imposé. J'ai dit: On ne signe plus, c'est
tout. Quelques semaines ou quelques mois après, la Commission de
protection du territoire agricole a eu des échanges avec certaines MRC
en vertu de la loi et c'est normal. À ce moment-là, je me
rappelle très bien, le député de Lac-Saint-Jean avait dit:
Malgré le moratoire du ministre, I y a encore des négociations.
J'avais dit à ce moment-là au député de
Lac-Saint-Jean: Ce ne sont pas des négociations, ce sont des
consultations. Le député de Lac-Saint-Jean m'avait dit. Des
consultations, c'est comme des négociations. Vous devriez être
satisfait de voir que le mot 'consultations* est là ce matin. Vous vous
rappelez cela? Oui, oui! Alors, M. le Président, notre lit est fait,
nous sommes prêts à passer à l'adoption de l'article, en ce
qui nous concerne. C'est un pas qui va dans le sens des représentations
de l'Union des municipalités du Québec, de l'Union des
municipalités régionales de comté. Cela va exactement dans
le sens de la demande de l'UMRCQ, avant que, comme d'habitude, elle ne change
d'idée.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je ne ferai pas toute la démonstration que le
député de Lac-Saint-Jean a faite avant moi, j'ai l'Impression
qu'il a très bien défendu le point de vue de l'Union des
municipalités régionales de comté.
Je veux juste ajouter quelques éléments par rapport
à ce que le ministre a répondu à la question que lui a
posée le député de Lac-Saint-Jean. C'est évident
que, dans une consultation, 1 peut y avoir toutes sortes
d'éléments. On va demander par exemple au point de vue de
l'urbanisme, au point de vue municipal et 1 faut s'attendre, par le langage
dans lequel on est habitué d'évoluer, qu'au point de vue
municipal une consultation va jusqu'à la tenue d'un
référendum. Quand on va consulter, cela veut dire qu'il y a une
décision à travers la consultation II y a une négociation,
cela sous-tend souvent, à travers le mot 'consultation', une
négociation, et cela va plus loin jusqu'à une prise de
décision Quand on dit: On fait une consultation populaire, on fait une
consultation au point de vue municipal, cela va jusqu'à un
référendum. C'est une consultation qui, en fait, est une
négociation et qui mène à une décision. C'est fort
comme consultation. Si on s'attend que le mot 'consultation' est un
échange entre les uns et les autres qui laissent les choses en suspens,
c'est un peu cela le problème qu'on a actuellement dans la consultation
que vous proposez. Il n'y a rien qui nous dit que cette consultation doit
déboucher sur quelque chose, on dit: On se consulte.
M. Pagé: Cela débouche sur une décret.
M. Dufour: Oui. mais la consultation entre les Intervenants
demeure en suspens. On dit: On s'est consultés et vous dites que cette
consultation satisfait la demande de l'Union des municipalités
régionales de comté.
M. Pagé: Ce sont des consultations où on se parie,
ce ne sont pas des consultations silencieuses.
M. Dufour II n'y a aucun pouvoir de... II n'y a pas un but très
précis.
M. Pagé: Je suis persuadé que la commission va
prendre en compte certaines revendications. Et à l'égard
d'autres, ce sera non. Ce sera très clair. Le tout sera traité
à la valeur des arguments, de la pertinence des demandes, des
requêtes qui sont formulées par les municipalités. Il y a
aussi une autre chose qu'il ne faut pas sous-estimer. c'est que l'Union des
producteurs agricoles et les municipalités seront assises autour de la
même table et pourront se parier. Ce sont elles qui vivent
l'aménagement sur le territoire. Ce sont elles qui vivent l'agriculture
sur le territoire. Je suis très confiant que ce mécanisme de
consultation, qui est un pas en avant dans une perspective de respect des gens
concernés que sont les agriculteurs et les municipalités, va
donner des résultats utiles; j'en suis convaincu. Vous m'en reparierez,
M. le député. Je suis persuadé que dans un an et demi -
oui, encore faudrait-il que vous et moi nous y soyons - vous allez me dire,
dans le corridor, à l'oreille: M. Pagé, vous aviez raison.
M. Dufour: Ha, ha, ha! Est-ce que ce serait..
M. Pagé: Connaissant votre gentilhommerie et le
caractère non partisan qui vous anime, vous le direz peut-être a
haute voix et non pas seulement dans l'oreille.
M. Dufour: Ha, ha, ha! C'est un bon plaideur.
M. Pagé: Adopté.
M. Dufour: M. le ministre, est-ce que ce serait une atteinte
très forte à votre pensée ou à votre volonté
si on explicitait d'une façon très claire que cette
négociation ou cette consultation, c'est dans le but d'en arriver
à une entente? Vous allez me dire que c'est sous-entendu. Mais si on
l'écrivait succinctement, est-ce que ce serait faire injure au jugement
de l'ensemble des Intervenants? Est-ce que ce serait sécurisant pour les
Intervenants de savoir ça, si je proposais des amendements qui
ressembleraient à ce qui suit: Par l'insertion, dans la quatrième
ligne du premier alinéa, après les mots "leur recommandation",
des mots "et en arriver à une entente".
M. Pagé: Vous allez m'obliger à poser un geste
négatif et je ne veux pas être négatif avec vous. Vous
êtes un gentilhomme.
M. Dufour: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Je vais être obligé de voter contre
votre amendement, M. le député.
M. Dufour: Vous votez contre.
M. Pagé: Ah oui! Savez-vous pourquoi?
M. Dufour: Vous ne pouvez pas me refuser ce plaisir.
M. Pagé: Savez-vous pourquoi?
M. Dufour: Je vais être obligé de présenter
mon sous-amendement, quitte à en discuter le moins longtemps possible
pour ne pas retarder les travaux de la commission. Je pense que, comme
intervenant à cette commission et aussi selon les représentations
qui nous ont été faites par l'Union des municipalités
régionales de comté... Je connais la dynamique aussi. Il est vrai
qu'on peut avoir des ententes qui vont un peu plus loin parfois. En fait, c'est
dans le but de nous sécuriser. Si on ne sécurise pas le ministre,
on doit faire notre travail jusqu'au bout. J'aimerais déposer un
amendement à l'article 69.03 qui se lirait comme suit:
Premièrement, par l'insertion, dans la quatrième ligne du premier
alinéa, après les mots "leur recommandation", des mots "et en
arriver à une entente" - c'est un sous-amendement - deuxièmement,
par l'insertion, dans la quatrième ligne du deuxième
alinéa, après les mots "cette obligation", des mots "et s'il n'y
a pas d'entente entre la commission et les parties intéressées";
troisièmement, par l'insertion, dans la première ligne du
troisième alinéa, après les mots "60 jours", des mots "et
s'il n'y a pas d'entente".
M. Pagé: M. le Président, je ne doute pas que
l'amendement est recevable. D'abord, pour les motifs que j'ai invoqués
tout à l'heure et aussi si on lit l'article tel qu'il est au
troisième alinéa, il est bien dit que la commission soumet au
gouvernement pour approbation le plan et la description technique en prenant en
considération les représentations qui lui ont été
faites. Comment l'interpréter? Vous allez me dire que c'est un terme
vague. C'est vrai que "prendre en considération", c'est un terme vague.
Cela veut dire ce que ça doit dire, à savoir qu'il y a des choses
qu'on retient et d'autres qu'on ne retient pas; on peut retenir une
totalité de revendications ou de demandes et on peut tenir compte
d'absolument aucune des demandes qui sont formulées.
L'autre élément qui n'est pas négligeable,
dites-le-vous bien, se convier à un mécanisme de
négociation systématique de l'établissement des secteurs
exclusifs, cela veut dire, premièrement, conférer indirectement
une juridiction aux MRC dans le secteur exclusif ou dans la zone verte et,
deuxièmement, cela veut aussi dire un mécanisme lourd et long, un
mécanisme qui réfère, dans le cas qui nous occupe... Comme
je vous l'ai indiqué, on a l'intention d'établir des secteurs
exclusifs dans près, sinon au-delà de 625 ou 650
municipalités au Québec. La protection... D'abord, l'adoption de
cet amendement serait de nature à diminuer, à diluer l'engagement
très clair et très ferme du gouvernement parce que cette loi
constitue un engagement pour l'agriculture au Québec de la part du
gouvernement. À cet égard, on ne pourra pas souscrire à la
proposition formulée par l'honorable député de
Jonquière, avec tout le respect que j'ai pour lui et pour son
expérience dans le monde municipal, notamment.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'ai bien entendu les mots du ministre concernant le
sous-amendement que je viens de présenter. Cela me confirme qu'on a
raison de te présenter. Je vais essayer de l'expliquer en quelques
mots.
Il est évident que le ministre nous dit: Cela ne change rien,
ça n'amène rien, on devrait fonctionner de cette façon. Ce
que nous cherchons, c'est d'abord de créer un climat favorable entre les
parties. Les gens sont habitués de vivre, on va le faire de cette
façon, même si c'est sous-entendu que la négociation se
fait précisément pour rechercher une entente. Le fait qu'on le
marque, ça ne devrait pas changer quelque chose, mais je vois bien que
ça change quelque chose. Le ministre dit: Non, on ne peut pas faire
ça parce que ça va nous créer un climat où on va
être obligé de négocier. Cela va renforcer et donner un
droit à quelqu'un. Dieu sait si ce droit ne m'inquiète pas, en ce
sens que s'il n'y a pas d'entente, dans le fond, au point de vue de la
consultation, ce qui va arriver dans les faits, c'est qu'il va certainement y
avoir des prises de position quelque part. Supposons que la municipalité
n'est pas d'accord - c'est ce qui se
produit - connaissant la dynamique du milieu. Il va se produire des
phénomènes; cela va créer sur le terrain un climat de
tension s'il n'y a pas d'entente. Il faut presque chercher une entente
au-dessus de tout; je pense que c'est ça qui faut chercher. Dans le
territoire du Québec, il ne faut pas toujours chercher qu'il y ait le
gouvernement, comme Dieu le père, qui décide à leur place
et pour eux. Il faut forcer les gens à s'entendre. Une des bonnes
façons, c'est une consultation où il y a un but: S'entendre. Cela
oblige donc des concessions.
Tout à l'heure, J'ai bien écouté les propos du
ministre qui me disait: Ce climat va se faire automatiquement, vous savez bien
qu'il n'y aura pas de problème. Si vous ajoutez ce petit sous
amendement, que je viens de souligner, ça va alourdir le processus,
ça va donner trop de force à l'un par rapport à l'autre.
Ce qui est vrai pour l'un est vrai pour l'autre. Ce n'est pas possible,
ça devient une question égalitaire. Si on le dit clairement,
ça rassure sûrement le monde municipal qui dit: Ecoutez un peu, la
commission ne vient pas pour rire, elle vient nous consulter, mais c'est dans
le but de trouver une entente Donc, les gens savent que le meilleur Intervenant
entre les deux, ça va être la commission qui va essayer de faire
pencher des balances. S'ils ne peuvent pas et que vous ne vous êtes pas
entendus... Écoutez un peu, notre mandat, c'était d'aller vous
rencontrer et de vous dire. Entendez-vous donc. On va essayer de vous trouver
un terrain d'entente; vous ne voulez pas vous entendre, on va vous Imposer le
décret. On va vous faire organiser ça par le gouvernement, si
vous ne voulez pas vous entendre.
Cela m'inquiète un peu de ne pas le marquer. Le sous-amendement
que je propose n'alourdit pas le processus, il fait seulement donner aux gens
une certaine sécurité en disant Écoutez un peu, ils
viennent nous rencontrer, ce n'est pas pour le "fun". Ils pourraient dire Ils
viennent nous consulter, mais après deux ou trois négociations,
les municipalités vont se consulter entre elles, elles vont aller voir
ce qui se passe sur le terrain. Il y aura deux ou trois négociations
où II n'y aura pas d'entente, les municipalités vont se
manifester et elles vont dire: Cela ne marche pas. Elles vont dire: Pourquoi la
commission vient-elle nous rencontrer? Elles ne veulent pas s'entendre du tout,
elles viennent pour la frime, ils viennent juste nous dire: On va vous
consulter, mais ça ne nous Intéresse pas, on va vous Imposer le
décret Et c'est ce qui m'inquiète par rapport à ça
Je suis convaincu que ça ne va pas plus loin. Je comprends la dynamique
de la table Québec-municipalités, pour y avoir assisté...
C'est quand j'étais président qu'elle a été
instituée, c'était à notre demande. (11 heures)
Je suis convaincu que les Intervenants peuvent bien oublier de petites
choses. Il est bien clair que l'UMRCQ pourrait avoir donné... Je ne dis
pas que le ministre a tort quand il dit qu'ils répondent à la
demande de l'UMRCQ, mais il ne faudrait pas dire non plus que, à partir
de cette table, l'Union des municipalités régionales de
comté ne peut pas avoir une demande qui va un petit peu plus loin, en ce
sens qu'on ne peut pas tout savoir au moment où ça se passe,
c'est un échange qui s'est fait. Je suis fondamentalement d'opinion que
le fait de dire que la commission aura un rôle d'arbitre, un rôle
de conciliateur va rassurer le monde municipal. S'il ne l'est pas Je vais vous
faire une confidence. Vous allez me le dire dans un an ou deux. Vous savez,
quand il y aura eu deux ou trois négociations où il n'y aura pas
eu d'entente - je connais la dynamique du monde municipal - vous allez voir ce
qu'ils vont dire. Ils vont repartir en guerre contre la commission. Bien oui,
et ils vont partir en guerre contre le ministre.
Une voix: Ils sont toujours en guerre.
M. Dufour: Bien non.
M. Pagé:. municipalités, M. Nicolet.
M. Dufour: Bien non,iIs ont fait erreur. Je pense qu'il y eu une
évolution extraodinaire Je pense aussi qu'il faut être redevable
à nos prédécesseurs qui ont pensé à une loi
où 1s ont mis une commission... Entre nous, le zonage agricole
n'était pas facile au départ. Je l'ai vécu. C'était
une bataille rangée On a réussi parce qu'il y a eu de la
négociation. Cela s'est fart et je pense que la commission de zonage
agricole a repris de la crédibilité et les municipalités
régionales aussi ont repris du panache en ce sens que, oui, elles se
sont affirmées. Elles ont appris à gérer le territoire.
Cela ne se faisait pas avant. C'est clair. J'étais un partisan de la loi
125. Je croyais que les municipalités devaient être
impliquées dans des dossiers municipaux et que ça allait un peu
plus loin que le dossier municipal comme tel. C'était bon pour le
Québec. C'était bon de savoir ce qui se passait.
Quand on parle de développement, il y a des coûts. Si les
choses sont mal faites, il y a un coût par rapport à ça.
Une erreur dans le développement, ce n'est pas juste une erreur
d'interprétation au moment où ça se passe. Si on fait une
erreur pour la pose d'infrastructures, si on ne passe pas les rues aux bonnes
places, si on ne fait pas le développement au bon endroit, il y a des
coûts très forts. En tout cas, i s'agit de regarder le territoire
du Québec. Les gens qui s'installent comme ils veulent, n'importe
où, n'importe comment. C'est la société qui paye le prix
de ça. Ce n'est pas l'individu nécessairement. Quelqu'un qui
s'installe à trois milles dans un rang et qui est seul, quand les
autobus scolaires circulent, qui paye le transport? C'est la
société. Je dis que tant que les gens n'occasionnent pas de
coûts à la société, ça ne me dérange
pas trop qu'ils aient leur liberté. Quand
je commence à être obligé de payer de ma poche,
ça me dérange un petit peu.
Par rapport à ce cheminement-là, je pense que ce serait
reconnaître tout de môme tout le cheminement qui s'est fait depuis
1979 ou 1978, et ne pas bousiller le travail qui a été fait,
cette compréhension qui s'est faite entre les deux. Parce que dans le
fond, souvent les batailles entre le monde municipal et le monde agricole ont
été amplifiées jusqu'à un certain point. Elles ont
été exagérées des fois. Parce qu'on a laissé
pourrir le climat autour de ça. On les a laissées aller. Cela a
grossi. Par contre, admettons que ce cheminement-là est fait. Et
là, on est en train de retoucher... On n'est pas contre le principe de
la loi. Je pense que notre formation ne dit pas que tout est faux dans cette
loi-là. Il y a des points qu'on conteste très fortement, mais on
n'est pas contre le zonage agricole. Nous disons que nous ne sommes pas
contents Bon, parfait. On a eu des représentations et je pense que le
sous-amendement que j'ai apporté est de nature à rassurer. Je ne
pense pas que ça change fondamentalement le but que vous poursuivez
comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
C'est effectivement de faire des échanges entre les groupes, s'assurer
que la commission cherche une entente entre les groupes. C'est juste ça
qu'on cherche. Et s'il n'y a pas d'entente, vous donnerez suite à ce qui
est écrit, en ce sens qu'il y aura une décision. On ne veut pas
paralyser la décision, on veut juste l'orienter. C'est ça.
M. Pagé: M. le Président, tel que je l'indiquais
précédemment, le fait d'établir une négociation
conférerait et reconnaîtrait de facto et de droit le pouvoir, pour
une MRC, de négocier à l'intérieur de la zone agricole
l'affectation d'un territoire, et c'est un principe qui va entièrement
à rencontre de la volonté gouvernementale. Pour ces motifs et les
autres que j'ai indiqués tout à l'heure, nous, notre groupe,
allons voter contre cette proposition d'amendement.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Oui
M. Brassard: Une dernière remarque, quant à moi,
pour ajouter à ce que j'ai dit au début et, évidemment,
pour exprimer mon accord avec le sous-amendement proposé par mon
collègue de Jonquière. Ce sous-amendement m'apparaît
raisonnable. En fait, il a pour but de mieux exprimer la pensée
môme du ministre, à savoir si ce que nous a dit le ministre tout
à l'heure était exact lorsqu'il manifestait son intention, au nom
de la commission et du gouvernement quant à la délimitation des
secteurs exclusifs, d'en arriver à une entente, à des ententes
avec les parties. C'est ce qu'il nous a dit. Nous, au fond, on l'a pris au mot.
Ce que mon collègue de
Jonquière vient de faire, c'est de prendre le ministre au mot. Il
a dit: C'est ça que vous voulez; vous voulez que ça se
déroule dans un dimat d'harmonie, dans un climat d'entente, et vous
voulez que ce soit le fruit d'une entente, cette délimitation des
secteurs exclusifs; bien, écrivez-le dans la loi. Voilà ce que
mon collègue de Jonquière dit de façon très simple
et très claire: Mettez-le dans la loi. C'est l'objet de son
sous-amendement, que ce soit le fruit d'une entente, dans toute la mesure du
possible. S'H n'y a pas entente, ce sera comme pour la révision des
secteurs agricoles: la commission prendra ses responsabilités et fera
une proposition au Conseil des ministres qui tranchera. Cela m'apparaît
raisonnable. Ce sous-amendement a pour objet de clarifier les choses, de les
rendre plus claires et plus compréhensibles. J'ajouterais
également, M. le Président, relativement à l'intervention,
tout à l'heure, du ministre qui a dit: Écoutez, je comprends la
revendication de l'UMRCQ; l'UMRCQ a toujours voulu exercer une juridiction dans
le territoire protégé. Peut-être. Peut-être que c'est
exact; peut-être que c'est vrai. Sauf que ce n'est pas ça qui est
en question. La question qui est en cause présentement, ce n'est pas une
question de juridiction. C'est une question de délimitation d'un
territoire, délimitation du secteur exclusif. L'UMRCQ ne dit pas: Nous
voulons avoir juridiction sur le secteur exclusif; nous voulons avoir
juridiction sur le territoire agricole protégé. Ce n'est pas
ça qu'elle dit. Elle dit: Nous voulons participer à une
négociation pour délimiter un secteur exclusif. Donc, la question
n'est pas une question de juridiction. C'est une question de
délimitation, de détermination de frontière, de limite.
C'est ça qui est en question. Il ne faut pas confondre les choses. Je ne
veux pas dire par là que l'UMRCQ ne souhaite pas avoir juridiction
là-dessus. Ce n'est pas ce que je veux dire. Probablement, et
effectivement on l'a vu l'autre jour d'ailleurs avec M. Nicoiet et je pense que
c'est son objectif, c'est sa prétention, c'est la prétention de
l'UMRCQ d'avoir une véritable juridiction sur le territoire agricole
protégé. Je n'en disconviens pas sauf que ce n'est pas ça
qui est en question. Ce qui est en question, c'est la délimitation de
secteurs exclusifs et non pas de déterminer qui a juridiction sur quoi.
Dans cette perspective, dans ces conditions, dans ce contexte, le
sous-amendement de mon collègue de Jonquière apporte des
précisions, clarifie la situation et détermine avec exactitude
l'objectif poursuivi qui est d'en arriver à des ententes avec les
intervenants et avec les parties. Je suis très à l'aise avec ce
sous-amendement et je vais voter pour, sans aucune réserve, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci. Je pense qu'on doit
maintenant voir ce que nous faisons avec le sous-amendement. Est-ce qu'il y a
un vote nominal ou si...
Une voix:
Le Président (M. Richard): Oui. Vote nominal, M. Comeau.
M. le secrétaire, si vous voulez bien faire l'appel des membres.
Le Secrétaire: Sur le sous-amendement
présenté par M. Dufour (Jonquière).
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
M. Brassard: Pour.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière).
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis).
M. Garon: Pour.
Une voix: Pardon?
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost).
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert).
M. Doyon: Contre.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe).
M. Messier: Je vote contre, sans aucune réserve.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine).
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf).
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: Contre: 5, pour: 3. M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Le sous amendement est
rejeté. Nous revenons donc à l'amendement principal. Est-ce que
nous faisons le vote nominal sur l'amendement principal ou si c'est le
même vote?
M. Brassard: Oui, sauf que, M. le Président...
M. Pagé: Inversé.
M. Brassard: C'est ça.
M. Pagé: II n'y aura même pas de consulta- tion. Il
est Inversé. Vous pouvez l'Inverser Vous pouvez ne pas l'inverser.
Le Président (M. Richard): Cela va? M. Brassard:
Oui.
Le Président (M. Richard): Alors, le même vote
inversé, M. le secrétaire Cela va. Donc, l'amendement est
adopté. L'article 69.03, tel qu'amendé, est-il...
M. Brassard: Évidemment. Bien enfin, ça
n'apparaît pas dans le procès-verbal mais c'est évident que
les délibérations et le débat qu'on a eus notre vote sur
l'amendement ministériel ne signifie en aucune façon qu'on
s'oppose à l'implication et à la présence active des
municipalités et des MRC dans le cas qui nous Intéresse,
c'est-à-dire la délimitation des secteurs exclusifs. Mais on
pense que ce n'est pas de cette façon qu'on aurait dû formuler les
choses.
Le Président (M. Richard): Donc, l'article 69.03 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division. J'appelle
maintenant l'article 69 04 qui est introduit par l'article 21.
M. Pagé: A l'article 69.04, M. le Président, il
s'agit essentiellement de la procédure conséquente à
l'article 69.03. II y est dit qu'une fois que le décret est
adopté par le gouvernement, le plan et la description techniques de ses
limites sont déposés au greffe de la commission. Cette
disposition correspond à l'article 51 actuel de la loi. Il s'agit du
processus actuel.
M. Brassard: C'est une procédure normale, habituelle.
Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 6904 est
adopté. J'appelle l'article 69. 05.
M. Pagé: Une fois que le plan est approuvé par le
gouvernement, les documents pertinents sont acheminés aux organismes
Intéressés, que ce soit... On réfère, entre autres,
à deux copies conformes du décret, du plan et de la description
technique avec tous les tenants et aboutissants, en termes de territoire. Elles
sont acheminées au greffier ou au secrétaire-trésorier de
la corporation municipale qui est visée par un tel secteur exclusif. On
en envoie à la MRC. On fait parvenir ces documents aussi à la
Confédération de l'Union des producteurs agricoles du
Québec, au régistrateur de la division de l'enregistrement, cela
va de sol pour qu'il y ait une Inscription conséquente, et c'est
enregistré. C'est la disposition actuelle de l'article 52.
M. Brassard: L'article 52 concernant la zone agricole?
M. Pagé: C'est ça. Et aussi le mécanisme de
révision. L'article 52 prévoit une telle procédure
lorsqu'une zone agricole est établie au moment où la toi 90 a
été adoptée en 1978.
M. Brassard: C'est la même...
M. Pagé: C'est la même chose, c'est la même
procédure.
M. Brassard: C'est ce qui me fait dire, M. le Président,
qu'on aurait fort bien pu prévoir le même mécanisme
puisqu'on prévoit les mômes procédures.
M. Pagé: Le mécanisme étant
l'accessoire.
M. Brassard: On se trouve donc à indiquer qu'il y a
similitude, par le fait même.
M. Pagé: C'est ce à quoi on réfère
ici. On ne réfère pas au principal, on réfère
à l'accessoire.
M. Brassard: Par l'accessoire, on peut finir par rejoindre
l'essentiel.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: La Commission municipale qui applique la loi 125 des
schémas d'aménagement, qui est dépositaire de tous les
changements qui se produisent dans les territoires des MRC, normalement est-ce
que ces avis ou ces changement vont lui parvenir? Il y avait une obligation,
pour les municipalités en tout cas. Quand vient le temps de poser un
geste, la Commission municipale pose un geste global par rapport à des
avis ou à des demandes qui lui sont faites. Elle est le gardien et
dépositaire de tout ce qui se passe sur le territoire.
Dans ces cas-là, est-ce que c'est volontaire, c'est un oubli
ou...
M. Pagé: Elles n'ont pas juridiction là-dessus.
M. Dufour: Non, mais la CPTA et la Commission municipale sont
deux entités. (11 h 15)
M. Pagé: Ce sont deux organismes différents, sauf
que l'organisme qui a le mandat d'authentifier le document ayant fait l'objet
de consultation et qui résulte dans un territoire exclusif et d'autres
territoires non exclusifs, le gardien et l'organisme habilité à
authentifier, à valider, à confirmer le contenu d'un tel secteur
exclusif, c'est la. Commission de protection du territoire agricole qui a
juridiction quant à la loi. Cela n'empêche pas évidemment
la Commis- sion municipale d'y requérir des renseignements et d'y
référer, mais elle n'a pas de juridiction là-dessus. Cela
ne cause pas de problème.
M. Dufour: Cela ne cause peut-être pas de problème
à la commission du zonage agricole, mais ça pourrait
peut-être en causer dans le temps. Si, dans les avis, les changements ou
les décisions qui se prennent sur le territoire, la
Commission municipale n'est pas au courant de ce qui se passe...
M. Pagé: II y a une unicité dans le gouvernement et
ces documents sont soumis au COMPADR où le ministre des Affaires
municipales est présent et où le sous-ministre des Affaires
municipales vient à l'occasion et, dans le texte original en 1978,
lorsque la négociation s'est faite avec chacune des municipalités
du Québec, ni la Commission de protection du territoire agricole ni le
ministre de l'Agriculture n'avaient l'obligation de faire parvenir, au nom du
gouvernement, le plan de la zone révisée à la Commission
municipale du Québec. La Commission municipale du Québec a ses
juridictions; si elle a à y référer dans le contexte d'un
commentaire à faire ou d'un avis à donner sur l'application du
schéma d'aménagement, connaissant la collaboration étroite
et spontanée de la Commission de protection du territoire agricole avec
les autres organismes quasi juridiciaires du gouvernement et les organismes
centraux du gouvernement, ils vont s'empresser de faire parvenir une telle
information, laquelle sera plus exacte et plus précise que de la
renvoyer à un document de renvoi exhaustif contenant des dispositions
comme, par exemple, le secteur exclusif s'applique pour 100 acres du
côté du rang Saint-Timothée dans telle municipalité,
voyons donc! Quand la Commission municipale aura besoin d'un renseignement,
elle sait où appeler et elle appellera; elle connaît probablement
le numéro et elle appellera et recevra son information pertinente,
pleine, complète et entière dans les meilleurs délais.
M. Dufour: M. le ministre, par votre article, vous vous obligez
à expédier deux copies, dont une au
secrétaire-trésorier de la Commission municipale du Québec
et de la municipalité régionale de comté. On parle de deux
copies...
M. Pagé: ...la municipalité.
M. Dufour: Deux copies conformes du pian et de la description
technique et, à la Confédération de l'Union des
producteurs agricoles.
M. Pagé: Oui.
M. Dufour: Bon. S'il y en a qui doivent être au courant de
ce qui se passe, c'est évident que vous pourriez me dire la même
chose. Pourquoi vous engagez-vous à le donner à ta
municipalité
régionale de comté? Est-ce que vous pensez qu'elle ne le
saura pas qu'elle a un décret? Elle pourrait dire: Un instant! Vous
pourriez dire ce que vous m'avez répondu pour la Commission municipale:
II y a l'unicité; nous en sommes le gardien et elle nous le demandera.
L'autre aussi va nous le demander. Pas de problème, ce sont eux qui sont
directement concernés.
La Commission municipale qui. elle, par la loi... Cela a
été changé; ça n'existait pas quand la
première loi a été faite, la Commission municipale du
Québec n'était pas là-dedans. II y avait une
commission...
M. Pagé: ...non plus.
M. Dufour: Bon. C'était...
M. Pagé: Mais elle existait en 1978.
M. Dufour: ...une commission qui s'appelait la commission pour la
loi 125. On a transféré la responsabilité. Donc, tous les
décrets, tous les actes et tout ce qui se passe sur le territoire, c'est
la Commission municipale du Québec qui en est la gardienne et la
dépositaire. Les municipalités, c'est là... quand elles
fonctionnent. Mais il me semble que ça ne coûterait pas beaucoup
plus cher de dire, par cet article, parce qu'elles auront aussi les
décrets de ça qu'elles tiendront dans leur dossier... Là,
ça a dû être de l'unicité d'une loi où tout le
monde a les mêmes renseignements en même temps.
Je voudrais juste vous demander si la Commission municipale du
Québec est au courant que cet article est en train d'être
adopté. Est-ce qu'elle l'a vu? Est-ce qu'elle sait ce qui se passe?
Est-ce que le nouveau ministre des Affaires municipales pourrait se poser la
question? Vous allez me dire qu'il sait tout ça, mais ce ministre n'a
pas vingt ans d'expérience dans le domaine municipal. Ce n'est pas lui
faire Injure de lui poser la question Est-ce que le ministre des Affaires
municipales a consulté la Commission municipale du Québec pour
savoir si, dans cet article, elle aurait aimé une copie du décret
au moment où ça se passe? C'est juste cette question-là.
Si vous me dites que la Commission municipale du Québec est consciente
de ça et que le ministre des Affaires municipales est conscient de
ça, je vais laisser faire.
M. Pagé: En vertu de la loi. le ministre des Affaires
municipales répond et parle pour et au nom du ministère et des
organismes relevant de sa juridiction. Le ministre des Affaires municipales m'a
indiqué sa satisfaction de voir le processus de consultation ainsi
accepté par le ministre de l'Agriculture.
M. Dufour: M. le Président, en dehors de l'assurance du
ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, je comprends que le ministre des
Affaires municipales ait dit cela.
Cela se pourrait-il, parfois, que ça se passe comme ça et
qu'en réalité, ce ne soit pas correct? Quand on sait qu'au moment
où ça se passe et qu'on a d'autres éléments ou
d'autres éclairages, on peut changer? Sans ça, on ne changerait
jamais les lois. Avec l'argument que le ministre me sert, on ne serait jamais
obligé de changer les lois, parce que le ministre, quand il fait adopter
la loi, i adopte la meilleure loi et il sait tout au moment où ça
se passe.
Je ne fais que vous dire: Est-ce que par rapport à cet article
vous êtes conscient que, d'abord, la Commission municipale du
Québec aurait aimé avoir le dossier au moment où ça
se passe...
M. Pagé: Vous parlez de représentation... M.
Dufour: Bien non.
M. Pagé: du juge Beaulieu, comme quoi
c'était...
M. Dufour: C'est une toi de l'agriculture Je comprends que la
Commission municipale du Québec n'a pas la trace de cela.
M. Pagé: ...fondamental et existentiel à un bon
déroulement de la commission d'avoir ce document exhaustif, technique,
descriptif, long et Us ne l'ont jamais demandé. En 1985, les
Intéressés ne l'ont pas demandé pour la révision de
la zone agricole et urbaine non plus. Votre gouvernement à
l'époque ne l'a pas donné.
M. Dufour: Je vous fais une demande dans ce sens.
M. Pagé: On a pris bonne note.
M. Dufour: Ça ne fait pas des enfants forts d'en prendre
bonne note. Je veux dire que ça ne me donne pas satisfaction. Cela me
donne l'impression qu'on parle pour ne rien dire, mais c'est ça, dans le
fond, la façon dont vous nous recevez, vous me dites: Ce n'est pas
grave. Le ministre savait ça. il a vu toutes les implications Je me
demande pourquoi on fait l'étude article par article. C'est un exercice
fou qu'on fait là, dans le fond. Une folie furieuse. .
M. Pagé: Bien, voyons donc! M. Dufour: Parce que bien
oui... M. Pagé: M. le Président, c'est...
M. Dufour: Vous m'avez dit tantôt que le ministre, quand il
fait quelque chose, quand il est consulté, V sait tout.
M. Pagé: Non.
M. Dufour: C'est vous qui m'avez dit ça
tout à l'heure.
M. Pagé: Je n'ai Jamais prétendu que je savais
tout.
M. Dufour: Vous avez dit que...
M. Pagé: Ce que je sais, je le sais, par exemple.
M. Dufour: Le ministre des Affaires municipales a
été consulté et il n'a pas fait de représentation.
Donc, il savait ça et il n'y a pas de problème. Si c'est vrai ce
que vous me dites, votre loi, parce que c'est vous qui la présentez, est
parfaite. Je pense que c'est un exercice futile de se consulter, parce que si
on vous apporte des suggestions ou des remarques et que vous me dites: On va en
prendre bonne note, j'ai l'air d'un beau con. Voyons. Ce n'est pas de cette
façon qu'on reçoit du monde. Ce n'est pas comme ça que
j'agis avec le monde. Ce n'est pas parce que je dis que cela a bien du bon sens
ce que vous dites, mais je ne m'en occupe pas du tout. On a l'air bien
déconnecté de la réalité. Arrêtez-moi donc
ça. Le monde municipal c'est le ministre. J'ai comme l'impression que
j'ai passé proche d'eux autres. Je ne suis pas passé au-dessus
d'eux autres. J'étais avec eux autres. Ce n'est pas encore loin de
nous.
J'avais juste cette remarque. Si vous ne voulez pas en tenir compte,
n'en tenez pas compte, mais je ne fais que vous dire que ce que je disais, ce
n'est pas si fou que cela.
M. Pagé: Là, je ne comprends plus le
député. On va adopter l'article, M le Président. Je
déplore, je suis peiné, Je suis chagriné et ça
parait certainement dans mon visage que le député nous dise
aujourd'hui: On perd notre temps. C'est fou raide. Je suis un con. Bien
non.
M. Dufour: Je voudrais être ici...
M. Pagé: Non. Le député me surprend ce
matin. Un jeune homme jovial, serein, dont l'appréciation à
l'égard du Parlement, des commissions, des membres de l'Assemblée
nationale n'est pas subjective pour avoir siégé Ici pendant
plusieurs années comme c'est le cas de certains députés,
etc. Des propos comme ceux-là... Ce n'est pas fou raide ce qui se passe
ici. C'est utile, c'est intéressant, c'est dynamique, c'est progressif.
C'est terrible de dire de sol-même qu'on a l'air d'un con.
M. Dufour: Vous m'avez donné cette impression. Vous nous
traitez comme ça.
M. Pagé: Au contraire. J'ai le plus haut respect et le
plus profond respect pour vous, M. le député, et Je comprends
très bien les motifs qui vous animent dans ce débat, compte tenu
de vos antécédents comme président de l'Union des
municipalités du Québec.
Le Président (M. Richard): L'article 69.05 est
considéré comme adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
69.06.
M. Pagé: C'est une obligation qui est faite à la
commission de publier à la Gazette officielle et le |ournal
diffusé dans la municipalité où est établie la zone
agricole, le secteur exclusif, un avis de l'entrée en vigueur du
décret de la zone agricole de cette municipalité comprenant le
secteur exclusif. En fait, c'est une obligation de diffusion publique de l'avis
et ça correspond à l'article 53.
M. Brassard: C'est la même chose. C'est pour la zone
agricole.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 69.06 est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 69.07.
M. Pagé: L'article 69.07 est un article très
Important. Il établit que la commission - c'est bref, c'est dit
simplement, c'est clair cependant et c'est précis - ne peut autoriser
l'exclusion d'un lot compris dans un secteur exclusif. On ne peut pas exclure
de la zone verte dans un secteur exclusif un lot.
En ce qui concerne les autorisations à des fins autres que
l'agriculture, c'est prévu à l'article 69.08 où il y a un
amendement d'ailleurs.
M. Brassard: La distinction entre exclusion d'un lot compris dans
un secteur exclusif ou dans une zone agricole, cela doit être la
même chose.
M. Pagé: Je vois que le président de la commission
bouge d'impatience de vous répondre.
M. Brassard: Si vous utilisez un lot à des fins autres que
l'agriculture, en pratique, vous vous trouvez à l'exclure?
M. Pagé: Non, utiliser à des fins autres que
l'agriculture ne change pas la classification du lot. Le lot demeure en zone
verte. Par exemple, autoriser la construction d'une maison en zone verte
aujourd'hui, cela Implique une affectation à des fins autres que
l'agriculture de la partie du terrain sur lequel est construite la maison.
Cependant, cet espace-là demeure dans la zone agricole. Ce n'est pas
exclu de la zone. D'aH-
leurs, c'est ce qui explique que dans les 19 décrets
adoptés à la suite de la négociation des zones agricoles
et urbaines, il y a des superficies importantes qui ont
été exclues de la zone mais qui étaient déjà
affectées à d'autres fins que l'agriculture pour des fins
d'utilisation. Je parlais à quelques reprises par exemple du Parc des
voltigeurs à Drummondville, les terrains, propriété de la
piste Sanair, à Granby, c'est encore en zone agricole mais
c'étaient des terrains utilisés à des fins autres que
l'agriculture.
M. Brassard: Je poserais peut être une question...
M. Pagé: Cela commande deux concepts
différents.
M. Brassard: ...si le président me le permet, au
président de la Commission de protection du territoire agricole.
M. Pagé: Le président bouge et brûle
d'impatience de vous répondre.
M. Brassard: Puisqu'il y a une distinction à faire entre
l'utilisation à des fins autres que l'agriculture et l'exclusion, est-ce
que la commission a pris beaucoup de décisions qui excluent des
décisions d'exclusion comme telle? Si je comprends bien, cela veut dire
qu'on a une zone agricole et un lot à l'intérieur de cette zone
agricole se trouve à être exclu de la zone agricole, donc, de la
zone verte et devient blanc. Par conséquent, cela devient une
espèce de fromage suisse et cela peut avoir ce résultat, s'il y
en a plusieurs de ces exclusions qui se font et qui se décident à
l'intérieur d'une même zone agricole. Ma question est la suivante.
Depuis dix ans que la loi est en vigueur, est-ce qu'il y a eu beaucoup de
décisions d'exclusion d'un lot dans une zone agricole?
M. Blain (Pierre-Luc): Je devrais dire sûrement quelques
centaines. C'est de l'ordre de centaines parmi les milliers de décisions
C'est vraiment l'exception, ce n'est pas la règle Je peux dire
plutôt ce qui serait peut-être utile pour votre commission quelle
est la pratique Le mot "exclusion" est dans la loi, comme le mot "inclusion"
depuis 1978. pour une raison concrète C'était Impossible à
l'origine de prévoir tous les cas; donc, il fallait laisser une porte de
sortie quelque part - c'était la commission - pour des ajustements de
zones, c'était le mot "exclusion" autour des périmètres
d'urbanisation et, à l'inverse pour des réinclusions pour les cas
individuels qu'on ne pouvait pas tous traiter dans un plan d'ensemble. C'est
encore la même chose aujourd'hui. Presque tout le temps quand il y a une
demande d'exclusion, elle est accompagnée de demande alternative
d'autorisation pour des fins d'agriculture. La pratique do la commission
à peu près généralement suivie, c'est que dans tous
les cas de demandes d'exclusion qui constitueraient un "spot zoning" hors
périmètre d'urbanisation, l'exclusion peut être
refusée alors que parfois l'usage "Inagricole* peut être
utilisé comme un usage dans la zone agricole, mais sans un "spot zoning"
ou une exclusion d'un petit coin dans le monde vert ou agricole C'est la
tradition courante. (11 h 30)
M. Brassard: C'est-à-dire que le lot demeure dans la zone
agricole.
M. Blain: Oui. Et très souvent, dans une...
M. Brassard: mais il peut être utilisé à
d'autres fins que l'agriculture.
M. Blain: Oui. Très souvent, dans une décision, on
peut trouver des termes comme ..
M. Brassard: L'exclusion n'est pas requise.
M. Blain: 'exclusion refusée" parce que ce serait
injustifié, parce que ce serait un 'spot zoning" ou un rezonage
sporadique dans la zone agricole Mais l'autorisation pour faire une
sablière, par exemple, est accordée. Cela peut arriver souvent
Alors, en nombre, c'est très certainement l'exception, l'exclusion, sauf
dans les cas où il fallait faire les ajustements d'année en
année, surtout avant que la loi ne sort modifiée, en 1985, et
même encore parfois maintenant, mais rarement, pour redéfinir des
petits coins. Parfois, ce sont quelques milliers de pieds carrés, des
ajustements de plans ou au cadastre, autour des périmètres
d'urbanisation D'autres fois, ce sont des secteurs nécessaires à
l'urbanisation. M. Cardinal. le directeur du contentieux, qui est avec moi, a
des chiffres un peu plus précis II me dit que ce sont quelques centaines
sur des milliers et des milliers de décisions il n'y en a pas beaucoup.
C est demeuré dans la loi, c'est encore là. C'est très
clair qu'il n'y aurait pas d'exclusion possible comme "spot zoning" en secteur
exclusif. C'est ce que veut dire l'article Cela inclut donc une parcelle du
secteur exclusif collée sur le périmètre d'urbanisation.
C'est le cas qui pourrait être pertinent devant la commission. Un coin du
secteur exclusif collé sur la zone non agricole ne pourrait pas
être exclu pour agrandir le périmètre d'urbanisation sur le
secteur exclusif Les autres cas ne se présentent à peu
près jamais devant nous
M. Brassard: M. le Président, par conséquent, je
suis heureux de ces informations. Au fond, cela confirme un peu ce qu'on
disait. Cela confirme notre thèse. Je dirais qu'il y a un
côté spectable à toute cette notion de secteur exclusif II
y a un côté "show". C'est le ministre qui veut montrer aux
producteurs agricoles qu'il est pour la protection du territoire agricole et
que. non seulement il est pour cela, mais il la
renforce, la consolide et l'accroît. La preuve, ou, je vous le dis
c'est qu'il fait un discours devant les producteurs agricoles en disant
qu'il a créé des secteurs exclusifs où on ne peut
autoriser l'exclusion d'un lot compris dans ce secteur. Sauf que, des
exclusions, ce fut l'exception. C'est marginal dans l'ensemble des
décisions, le ministre vient de nous le confirmer. Ce sont quelques
centaines sur des milliers et des milliers de décisions prises par la
commission. Là, on est dans le spectacle, l'État
spectacle. Absolument! C'est vraiment du show. Dans la pratique, la commission
n'a pris que très peu de décisions d'exclusion. Pourquoi? Le
président vient de nous le confirmer. Parce qu'on craint à juste
titre le "spot zoning" et qu'on ne veut pas en arriver à faire du "spot
zoning". Par conséquent, on prend très peu de décisions
d'exclusion. Alors, quand le ministre nous arrive avec son article ronflant, il
ne faut pas être dupe et il ne faut pas se raconter d'histoire non plus.
Ce n'est pas un changement majeur. Ce n'est pas un virage radical qu'il fait.
Ce n'est pas quelque chose d'absolument innovateur. Il fait juste confirmer ce
qui se pratique. Il confirme la pratique par une disposition
législative. Cela fait un peu partie du mirage que le ministre veut
susciter pour se donner une bonne Image au sein de la classe agricole. Il ne
faut pas être dupe de cette disposition. Cet article ne créera pas
une révolution dans le monde agricole parce que, en pratique, les
exclusions sont très rares. Et, avec raison d'ailleurs et il faut s'en
méfier. Par conséquent, il n'y aurait pas de secteur exclusif, il
n'y en aurait pas du tout; on resterait avec les zones agricoles telles
qu'elles existent depuis 1978 et c'est cela qui se passerait en pratique: la
commission continuerait toujours d'éviter de recourir à
l'exclusion. Dans ces conditions, je pense que le ministre fait le matamore,
mais au fond, cela ne changera pas grand-chose.
M. Pagé: M. le Président, le député
réfère à l'article 69.07 pour lequel, effectivement, ce
sont quelques centaines d'exclusions auxquelles on référait tout
à l'heure. Cependant, il ne réfère pas à l'article
69.08 où il y a eu des milliers d'autorisations à des fins autres
que l'agriculture. De plus en vertu des dispositions de la loi, la Commission
de protection du territoire agricole voit limiter, grandement et presque
totalement, le pouvoir d'autoriser l'utilisation à des fins autres que
l'agriculture des superficies dans le secteur exclusif qui représente
1/3 de la zone agricole du Québec, c'est-à-dire près de 2
000 000 d'hectares, et touchant 650 municipalités. C'est dans ce
sens-là, d'ailleurs, que l'Union des producteurs agricoles a
témoigne de sa satisfaction à l'égard du projet de loi et
a interprété, à juste titre, le projet de loi comme
étant un engagement très clair du gouvernement pour la protection
du territoire agricole. Je comprends que ça puisse chagriner le
député de Lac-Saint-Jean et ses collègues de voir que
l'Union des producteurs agricoles est satisfaite du gouvernement et de son
ministre de l'Agricul ture. C'est explicable, que voulez-vous? La position
adoptée par l'Opposition se rapproche presque entièrement des
demandes formulées par le monde municipal qui, comme on le sait, est en
opposition avec le monde agricole dans ce dossier.
A l'article 6908, vous ne pouvez pas faire le même commentaire.
Vous ne pouvez pas. D'ailleurs, c'est ce pourquoi, en bon stratège, le
député de Lac-Saint-Jean a fait son petit tour de piste sur le
sujet, à l'article 69.07.
M. Brassard: C'est là qu'il faut en parier.
M. Pagé: Vous pourriez en parler à l'article
69.08.
M. Brassard: On en repariera. Attendons d'être rendus
là, on est à l'article 69.07; il faut prendre article par
article.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 69 07 est
en phase finale?
M. Brassard: M. le Président, c'est toujours sur division
et je veux bien qu'on se comprenne relativement à ces articles,
concernant le secteur exclusif. C'est qu'on l'a dit très
clairement...
M. Pagé: Au début.
M. Brassard: ...à l'occasion du débat. On s'oppose
à ce concept et, par conséquent, c'est pour ça qu'on vote
contre l'article 69.07.
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 69 07 est
adopté sur division. J'appelle donc l'article 69.08 et nous avons un
amendement.
M. Pagé: À l'article 69.08, M. le Président,
est ce que j'ai le droit de poser des questions?
Le Président (M. Richard): Oui, je pense, si...
M. Pagé: Pour autant que je ne me les pose pas.
Le Président (M. Richard): ...les gens veulent y
répondre, j'imagine; sûrement, M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, si vous permettez,
j'aimerais demander au président de la Commission de protection du
territoire agricole de faire le même exercice pour l'article 69.08 que
celui qu'il a fait tout à l'heure pour l'article 69.07 et de nous
Indiquer - je ne le demande pas à dix dossiers près - à la
lumière de la vaste expérience qu'il a à la tête de
la Commission de protection du territoire agricole, combien d'autorisations
à des fins autres que l'agriculture ont
pu être accordées depuis dix ans. Il faut bien comprendre
que dans cet article, le pouvoir de la Commission de protection du territoire
agricole d'autoriser à des fins autres que l'agriculture une partie d'un
territoire qui est contenue en zone exclusive est très limité,
pour ne pas dire presque inexistant.
M. Blain: M. le Président, là-dessus, à
l'inverse de la demande d'exclusion, sur 5000 à 6000 demandes par
année, évidemment selon la nature des demandes, je dirais en
proportion de 2000 à 3000 autorisations par année d'usage non
agricole sur des parcelles pouvant varier de 20 000 pieds carrés
à 20 hectares, selon l'usage et la demande. Cela est courant. Si
l'article 69.08, tel qu'il est rédigé, permettait
désormais à la commission d'autoriser l'usage agricole que dans
un cadre très restreint, à cause de tout le contexte de la loi.
Cependant si l'article précédent, 69.07 n'existait pas. la
commission pourrait dire: On est très lié en secteur exclusif
mais on va exclure. Cela va faire pareil. Alors il faut couvrir les deux.
M. Pagé: C'est ça C'est-à-dire que si
l'article 69.07 n'était pas là, la Commission de la protection du
territoire agricole pourrait - je dis bien, pourrait - contourner ou
dévier le sens de l'article 69.08 qui vient baliser et limiter le droit
de la commission d'autoriser l'utilisation à des fins autres que
l'agriculture en disant: Pas de problème. On n'autorise pas
l'utilisation à des fins autres que l'agriculture, on l'exclut du
territoire Alors la commission n'aura le droit ni d'exclure du territoire, ni
d'autoriser à des fins autres que l'agriculture sauf sous certaines
conditions très bien balisées.
M. Brassard: M. le Président..
M. Pagé: Et on a un amendement.
M. Brassard: Oui, je sais que vous avez un amendement. On y
reviendra tantôt. Mais je voudrais bien qu'on se comprenne. Pourquoi nous
opposons-nous à la mise en place de secteurs exclusifs? Je pense qu'il
est important d'y revenir. On s'y oppose - et je répète ce qu'on
a dit lors du débat sur le principe - parce qu'on craint que si,
à l'Intérieur de la zone agricole on en prenne une partie pour
dire: ça c'est un secteur exclusif, il n'y aura pas d'exclusion et on ne
pourra pas permettre l'utilisation à des fins autres que l'agriculture
à moins qu'il soit démontré que c'est compatible avec
l'agriculture et que ça n'a pas d'effet sur la protection du territoire
agricole. C'est ça un secteur exclusif selon l'article 69.07. Notre
crainte, c'est qu'à partir du moment où on crée un secteur
exclusif avec ces conditions-là, ces contraintes-là, finalement,
cela ait pour effet de créer une dynamique de dézonage ailleurs,
en dehors du secteur exclusif, évidemment a contrario, puis- qu'on ne
peut plus ou presque permettre l'utilisation à des fins autres que
l'agriculture à moins... Où vont se faire les demandes
d'utilisation à d'autres fins que l'agriculture? Elles vont se faire
ailleurs. Elles vont se faire dans le reste de la zone agricole qui n'est pas
du secteur exclusif. Et là, comme la commission est liée par
69,08 et qu'elle est quasiment incapable d'accorder des demandes d'utilisation
à des fins autres que l'agriculture dans le secteur exclusif, notre
crainte c'est qu'elle va se montrer plus permissive ailleurs. Ce n'est pas
farfelu de le penser. Elle va avoir une tendance à être plus
favorable et plus compréhensive à l'égard des demandes
d'utilisation à des fins autres que l'agriculture ailleurs que dans le
secteur exclusif.
M. Pagé: Non.
M. Brassard: Le ministre dit :Non. Sa réponse...
M. Pagé: Je vais vous dire pourquoi.
M. Brassard: Vous le direz tantôt. Sa
réponse....
M. Pagé: J'attends.
M. Brassard: ne nous dérange en aucune façon. Si
aucune pression pour du dézonage ou des utilisations à des fins
autres que l'agriculture n'est possible dans les secteurs exclusifs, cette
pression-là va se déplacer ailleurs et va se faire sentir plus
fortement encore ailleurs dans la zone agricole. La crainte qu'on a c'est que
la commission développe une tendance à être plus
conciliante, plus compréhensive, plus favorable parce qu'elle est
très sévère, elle est très ferme, elle est
très déterminée dans le secteur exclusif et qu'elle se
montre plus favorable ailleurs. On l'a vu par les exemples en plus. Il y a du
3, du 4 et des bonnes terres qui vont être laissées de
côté. On ne pourra pas toutes les inclure dans le secteur
exclusif. (11 h 45)
On l'a vu par les exemples qu'on a examinés la semaine
dernière. Alors c'est dangereux qu'on permette que des bonnes terres
soient utilisées à d'autres fins que l'agriculture parce qu'elles
ne se situeront pas dans le secteur exclusif et que, ce faisant, on assiste
à un rapetissement et un ratatinement" du territoire agricole au
Québec par le biais de cette distinction qu'on introduit dans la loi
entre secteur exclusif et zone agricole ordinaire, une expression qu'on peut
maintenant utiliser, la zone agricole ordinaire et un secteur exclusif. C'est
là notre crainte. Notre crainte ne vient pas du fait que le gouvernement
a l'intention de protéger davantage certaines terres, certaines parties
du territoire agricole. Ce n'est pas ça. Cette intention-là ne
nous fait pas peur. On n'est pas effarouchés par cette intention. Ce qui
nous fait
craindre le pire, c'est justement que, parce qu'on prend une partie de
la zone agricole pour en faire un secteur exclusif, ailleurs se
développent une tendance et une dynamique plus conciliantes...
M. Dufour: Plus libérale.
M. Brassard: ...plus libérale, me souffle mon
collègue de Jonquière, à l'égard du dézonage
ou de demandes d'utilisation à des fins autres que l'agriculture. Je
pense que c'est important qu'on explique bien, encore une fois, notre
opposition à la mise en place d'un secteur exclusif. C'est parce qu'on
est préoccupés par la protection. On est favorables, très
fortement, à la protection du territoire agricole du Québec.
Forcément, c'est nous qui avons fait adopter cène loi pour la
première fois à l'Assemblée nationale. C'est
évident qu'on ne change pas nos orientations; bien au contraire. Mais
par le biais de cette notion nouvelle, par l'introduction de ce concept
nouveau, on craint que ça art des conséquences, finalement,
négatives, relativement à la protection véritable du
territoire agricole québécois.
M. Pagé: M. le Président, c'est le cas que le
secteur exclusif va éliminer sinon limiter très grandement la
possibilité pour un citoyen de pouvoir utiliser à des fins autres
que l'agriculture. Aussi une municipalité, une corporation, une
entreprise va pouvoir utiliser à des fins autres que l'agriculture une
partie de territoire dans le secteur exclusif. Partant de là, le
député de Lac-Saint-Jean et ses collègues soutiennent que
la pression va donc se transférer vers les lots, vers les parties de
territoire qui sont administrées conventionnellement, sous l'empire des
autres dispositions de la loi. Mais ce que le député oublie, ce
qu'il devrait prendre en considération, c'est que le processus de
révision des zones agricoles et urbaines qui est actuellement conduit
donne comme résultat que pour certaines municipalités, c'est
quelques hectares; pour d'autres municipalités, c'est aucun hectare de
terre qui est affecté à des fins autres que l'agriculture, qui
passe du vert au blanc; et pour certaines MRC, ce sont des centaines d'hectares
et, dans certains cas, ce sont des miniers d'hectares. Qu'est-ce que cela veut
dire concrètement? Cela veut dire que les municipalités devront
orienter leur développement, leur aménagement, leur urbanisation,
si je peux utiliser le terme, dans les secteurs qui sont passés du vert
au blanc plutôt que de tenter de venir chercher des affectations à
des fins autres que l'agriculture dans le territoire zone agricole, soit en
vertu des dispositions de la loi générale ou en vertu des
dispositions qui font de ces secteurs un secteur exclusif. D'ailleurs, vous
savez, c'est ce qui guide la commission. Ici, pour la région de
Québec, je lisais dans un article que la commission avait
autorisé beaucoup moins de superficie que dans la région de
Montréal. C'est simple, c'est clair. C'est environ 60 %, selon les
données que m'a fournies la direction de la protection du territoire
agricole, du territoire zone blanc dans la région de Québec, dans
la grande région de Québec, qui n'est pas utilisé. Quand
les MRC ou la communauté se présente en disant: On voudrait avoir
plus de blanc, on répond: Écoutez, commencez par aménager
60 % de territoire qui est blanc et que vous n'avez pas utilisé;
après, vous viendrez nous voir. Dans la région de
Montréal, c'est exactement l'inverse, c'est environ 27 %, 28 % du
territoire blanc qui n'est pas aménagé. Il faut bien comprendre.
L'intention du législateur, c'est quoi? Ce n'est pas de créer, de
transférer la pression qui pourrait être déployée
à l'égard des secteurs exclusifs vers le secteur zone agricole,
mais plutôt vers les zones blanches. Le député n'a pas de
motif de s'Inquiéter.
Et l'amendement, M. le Président, à l'article 69.08,
introduit par l'article 21, est déposé. On peut lire cet
amendement parce qu'il est assez important. Il Indique: 1° Par le
remplacement, dans la sixième ligne du premier alinéa, des mots
"ailleurs dans la région" par les mots "ailleurs dans le territoire de
la corporation municipale". On voyait à l'article 69.08 tel qu'il
apparaît au projet de loi. "À compter de l'entrée en
vigueur d'un décret approuvant un plan de zone agricole comprenant un
secteur exclusif, la commission ne peut autoriser, dans ce secteur,
l'utilisation à des fins autres que l'agriculture, le lotissement ou
l'aliénatioin d'un lot, la coupe des érables ou émettre un
permis d'enlèvement du sol arable, à moins qu'U lui soit
démontré qu'U n'y a pas, ailleurs dans la région, d'espace
approprié disponible aux fins visées par la demande et que
celle-ci est compatible avec l'agriculture ou sans effet sur la protection du
territoire agricole compte tenu d'une disposition de l'article 62." Alors, on
remplace ici les mots "dans la région" par "ailleurs dans le territoire
de la corporation municipale". Cela se réfère entre autres
à des demandes formulées par la municipalité pour ses
infrastructures d'aqueduc et d'égout. D'ailleurs, j'y reviens au
troisième paragraphe de l'amendement où on dit: 2* par le
remplacement, dans la sixième ligne du deuxième alinéa,
des mots "ailleurs dans la région" par les mots "ailleurs dans le
territoire de la corporation municipale;" et, 3° par l'addition, à
la fin, de l'alinéa suivant: "Le deuxième alinéa ne
s'applique cependant pas à un réseau d'aqueduc ou d'égout
ou à une usine de traitement ou d'épuration des eaux."
Qu'est-ce que ça veut dire? Cela veut dire que la Commission de
protection du territoire agricole, pour autoriser, par exemple, la construction
d'un immeuble, d'un équipement dans le secteur exclusif, ça devra
être profitable à l'agriculture, compatible avec l'agriculture ou,
encore, sans effet sur la protection du territoire agricole. Mais compatible
avec l'agriculture, à quoi se réfère-ton? On se
réfère, par exemple, à la construction d'un centre de
grain, on se réfère à la construction d'un
équipement
immobilier pour satisfaire le plan de dotation d'infrastructures pour la
protection de l'environnement dans le secteur agricole. Comme vous le savez,
vous vous rappellerez que mon collègue de l'Environnement et moi avons
annoncé l'année dernière un programme d'infrastructures
très Intéressant pour les producteurs. C'est 400 000 000 $ qu'on
va dépenser. Un exemple concret, en vertu de ce programme, on va
créer fin 1989, début 1990, des coopératives dont la
propriété va être transférée aux producteurs
pour gérer les surplus de lisier, de fumier, etc., dans les
régions. Mais ça va commander des infra-structures. Alors si,
dans une municipalité, une MRC, dans une région donnée au
Québec, un tel équipement devait s'implanter dans un secteur
exclusif, la commission, sur la foi de la démonstration comme quoi c'est
compatible avec l'agriculture, pourra autoriser.
Pour le reste, l'autre balise Introduite par le projet de loi, c'est
qu'on se réfère à un réseau d'aqueduc et
dégoût, à une usine de traitement ou d'épuration des
eaux pour une municipalité et là on répond à une
demande formulée par la municipalité. Il faut comprendre aussi
que ça pourrait être très onéreux, très
coûteux... La notion "d'ailleurs dans la région", par exemple,
dire aux gens de Lauzon - je prends un exemple pour le bénéfice
du député de Lévis - votre réseau d'aqueduc, vous
ne le prendrez pas dans la municipalité de Lauzon, vous allez le prendre
à Saint-Agapit de Lotbinière. Ce serait quand même
exorbitant comme coût. Ou encore, votre réseau d'égout,
vous allez le faire passer par telle place et votre usine, vous allez la placer
de l'autre côté de Saint-Romuald, le petit quartier de
New-Liverpool entre Saint-Romuald et Charny. Cela coûterait les yeux de
la tête. Je pense que ça va dans le sens de l'intérêt
public et aussi dans le sens des demandes formulées par les
municipalités. Je présume que mes honorables collègues de
l'Opposition vont accepter cet amendement Donc, il y a lieu de remplacer
l'expression 'ailleurs dans la région" par "ailleurs dans le territoire
de la corporation municipale". La notion de région est floue par rapport
au territoire de la municipalité. Il peut également être
onéreux de devoir installer un équipement d'utilité
publique ailleurs que dans la municipalité, j'ai donné des
exemples, quand un service essentiel, comme un réseau d'aqueduc, ne
devrait pas être soumis aux critères du secteur exclusif mais
à ceux de la zone agricole comme c'est actuellement.
Le Président (M. Richard): Oui?
M. Brassard: Je reviens un peu sur le fond des choses. Quand
j'exprimais des craintes, tout à l'heure, que le ministre juge non
fondées, je lui rappelle que même l'Union des producteurs
agricoles, dans son mémoire qu'elle nous a exposé la semaine
dernière, qui est pourtant d'accord avec le projet de loi - elle est
d'accord avec le projet de loi et elle l'a exprimé - même
malgré cet accord, l'UPA, dans son mémoire, aux pages 8 et 9,
Indique ce qui suit. Elle exprime donc elle aussi certaines craintes: Nous
souhaitons, dit l'UPA, cependant que la notion même de secteur exclusif
ne soit pas utilisée par anticipation dans la révision en cours,
autant par la Commission de protection du territoire agricole que par les MRC
concernées, car ceci pourrait avoir un impact très Important en
termes de superficie protégée. L'UPA dit même:
Écoutez, on est d'accord avec le secteur exclusif, mais attention, si on
n'est pas vigilant, cela pourrait avoir des effets négatifs parce que
les municipalités pourraient réclamer davantage, sachant qu'il y
aura un secteur exclusif, pouvant grosso modo le déterminer sur la carte
puisque la loi dit que ce sont les sols 1, 2 et 3, donc elles peuvent dire:
Bon, cela ça va être secteur exclusif, et elles peuvent,
à ce moment-là, faire des demandes accrues de dézonage sur
les territoires qui, selon leur appréciation, ne seront pas partie du
secteur exclusif L'UPA en est consciente parce qu'elle dit: Nous souhaitons -
c'est un souhait, un voeu pieux évidemment, mais il y a quand même
une crainte derrière tout ça - que la notion de secteur exclusif
ne soit pas utilisée de cette façon parce que cela pourrait avoir
un Impact Important en termes de superficie protégée.
A la page 9, elle dit. Nous espérons que la protection accrue des
meilleurs sois ne s'obtiendra pas au détriment des sols agricoles de
moindre potentiel ou encore par la perte actuelle de très bons sols, en
prévision du jour où ils pourraient devenir exclusifs. Même
l'UPA qui est d'accord avec le projet de loi, qui est d'accord avec la
création de secteurs exclusifs, exprime certaines craintes; elle ne
demande pas d'amendements ou de modifications à la loi, elle ne fait
qu'exprimer des voeux, des souhaits, des craintes, des espoirs, alors nous
espérons, nous souhaitons...Mais il n'en reste pas moins que l'UPA voit
une possibilité d'utiliser ces nouvelles dispositions
législatives pour en arriver à réduire de façon
substantielle le territoire agricole protégé au Québec. II
y a là une possibilité réelle que même l'UPA voit,
reconnaît, et pourtant, elle est favorable à la loi.
Ce qui nous distingue de l'UPA, c'est qu'elle garde, malgré tout,
malgré ces possibilités qu'elle entrevoit, une vision optimiste
quant à l'application de la loi et nous, nous avons une vision, je
dirais, plus pessimiste, en tout cas différente de celle de l'UPA quant
à la suite des choses Ce qui s'est passé à Montréal
récemment n'est pas pour dissiper nos inquiétudes ou pour nous
apaiser. Ce qui s'est passé concernant l'île Bizard, le
dézonage de plusieurs hectares de terre qui a été
reconfirmé, peut-être près de 500 hectares de terre sur
l'île Bizard, alors que pourtant, dans le passé, on sait que la
commission avait refusé le dézonage à trois reprises,
cette fois-ci, elle l'a accordé. Il y a eu une
demande de révision et elle a maintenu sa décision. Des
décisions comme celle-là ne sont pas de nature à apaiser
nos craintes et à dissiper nos inquiétudes, d'autant plus que
môme une organisation comme l'UPA, fort bien enracinée dans le
milieu, je n'en disconviens pas, malgré son appui apporté au
projet de loi, évoque avec assez de précision les dangers
réels, les possibilités réelles qui risquent d'être
néfastes et négatives en matière de protection du
territoire agricole. Je pense que c'est Important de le signaler. (12
heures)
Quant aux amendements apportés par le ministre, j'aimerais savoir
pourquoi il n'a pas jugé utile de retenir les sites d'enfouissements
sanitaires et il y avait autre chose, également, je pense... la neige
usée. Pourquoi, finalement, il n'a pas retenu ces deux utilités
publiques.
M. Pagé: Pour deux éléments, c'est qu'il est
maintenant acquis que de telles affectations de terrain pour fins
d'enfouissement de déchets domestiques, ou encore pour fins de
dépôt de neige usée, ça se gère par les
régions, ça se gère par les MRC, ça se gère
par des régies intermunicipales, par exemple, de gestion des
déchets, etc. Là, le caractère local de la
municipalité n'intervenait pas. Pour nous, II est très clair dans
notre esprit que le secteur exclusif, l'engagement pour l'agriculture dans le
secteur exclusif passe par une limitation au droit pour des
municipalités d'y aménager de telles infrastructures. Comme vous
l'avez vu sur la cartographie qu'on vous a présentée, c'est par
blocs de 1000 hectares, le guide sur lequel entend s'appuyer le gouvernement et
la commission pour établir le secteur exclusif.
Vous avez vu que dans le secteur de Lac-Saint-Jean, par exemple, il y
avait des secteurs qui n'étaient pas en zones exclusives, dans la
région de Saint-Hyacinthe, dans la région de la Mauricie, etc.
Les MRC auront toujours à déterminer à quel endroit elles
procèdent à de tels équipements. Mais ce ne sera pas dans
le secteur exclusif. Il y a des espaces ailleurs, il y en a en zone blanche. Il
y a des zones blanches pour faire du développement, pour faire des
structures, pour bâtir de tels équipements, pas dans le secteur
exclusif. Le secteur exclusif, c'est de l'or qu'on doit bien conserver, bien
entretenir, bien frotter et qu'on veut mettre en valeur.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
69.08...
M. Dufour: J'aurais peut-être juste...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: ...une Intervention pour montrer la complexité
de ce dossier de la neige usée ou des enfouissements sanitaires. C'est
complexe. Môme si c'est en terre agricole, ce n'est pas toutes les terres
agricoles, même si elles le voulaient, qui seraient propices à
cela. Les bons sols agricoles, en principe, ne reçoivent pas
nécessairement, ne pourraient pas nécessairement recevoir
l'enfouissement sanitaire. Il y a des conditions, par exemple, très
fortes par rapport à l'environnement, il y a des conditions à
respecter. Dans les secteurs exclusifs, iI pourrait y avoir à
l'Intérieur, comme on a vu l'autre fois dans les cartes,
malheureusement, je n'ai pas assisté à toute la
démonstration, mais il y avait des endroits où ce n'est pas la
même qualité de sol nécessairement, quoique pour
l'homogénéité, il y a des sols 5 ou 6 qui pourraient
être considérés comme 2 et 3, s'ils sont à
l'intérieur d'un grand territoire.
Donc, il y a des difficultés, même pour les
municipalités, à gérer l'enfouissement sanitaire, les
neiges usées. Je ne sais pas si l'unicité du gouvernement, dont
le ministre nous a parié plus à bonne heure dans la commission,
va faire que quelqu'un va se pencher là-dessus à un moment
donné pour essayer de trouver des réponses. Si ce sont des
réponses juste avec des coûts d'argent, on n'a pas besoin de
personne, on peut le faire. Si ça coûte de l'argent, mettez la
main dans vos poches, on va tout régler. On pourrait même envoyer
nos déchets ailleurs. Mais il y a d'autres éléments qui
entrent en ligne de compte. Il y a des éléments de pollution, il
y a le transport, il y a toutes sortes de choses qui entrent en ligne de
compte. Je me dis, par rapport à ça, qu'est-ce qui va se produire
si on accepte toujours qu'il y ait de l'enfouissement sanitaire? Ce n'est pas
théorique. S'il y a de l'enfouissement sanitaire, il faut que ça
se fasse dans un terrain qui reçoit ces choses. S'il y a des centres de
tri, il faut qu'ils les fassent quelque part aussi. Mais je n'ai pas
l'impression qu'actuellement quelqu'un se penche là-dessus. Tout le
monde est pour la vertu et tout le monde est contre le vice. Mais, il y a un
problème. On ne jouera pas à l'autruche, je vous le dis
honnêtement. En tout cas, actuellement, il y a des problèmes
majeurs et on laisse les municipalités patauger là-dedans, se
débattre comme elles le peuvent, recevoir à peu près
n'importe quoi, être en chicane continuelle sur le territoire, et
personne n'a l'air de vouloir se pencher là-dessus. Même le
ministère de l'Environnement ne veut pas se pencher là-dessus,
parce qu'il dit... C'est correct et ce n'est pas correct parce qu'il ne donne
pas de solution. Alors, on ne gère pas, on est à la
va-comme-je-te-pousse sur le territoire. Personne ne décide quelque
chose, personne ne décide quoi que ce soit qui va se passer et personne
ne prend le leadership de ce dossier. Mol, je vous dis que c'est
désastreux. Il y a des coûts énormes que la population va
payer par rapport à cela. Je pense que, comme gouvernement, on ne prend
pas ses responsabilités parce qu'on ne donne pas l'heure juste.
C'est bien beau de dire aux gens... La neige usée, par exemple,
je vais vous conter ce que je vois chez nous. On n'envoie plus ta neige
usée, ou de moins en moins, dans les cours d'eau Cette neige-là,
où va-t-elle? Si je regarde chez moi, il y en a jusqu'au mois de juin
parce que la municipalité a acheté des terrains qui
étaient des terres agricoles parce qu'elle en a fait des parcs
industriels. Cela a été dêzoné même avant la
loi sur la protection du zonage agricole. On va mettre la neige usée
là-dessus. On forme des monceaux extraordinaires et on va jusqu'au
milieu de juin et même à la fin de juin avec de la neige sur le
terrain. Ce n'est pas beau du tout. Ce n'est pas correct. Le terrain est
souillé. Il n'y a rien qui empêche cela. On prend un
problème et on le remet ailleurs. Ce n'est peut-être pas la place
ou le bon forum, mais je vous dis qu'actuellement, en faisant et en prenant ces
décisions, on ne règle rien comme problème On fait juste
prendre le problème, on le regarde et ce n'est pas à nous.
L'environnement, ce n'est pas à nous autres. Les municipalités
c'est à elles. Qu'est-ce qui va se passer quelque part? Moi, je vous dis
que les municipalités, vous ne pouvez pas les laisser
indéfiniment comme cela, cela va monter quelque part, cela n'a pas de
bon sens. Quand on dit à du monde: II faut que vous disposiez de vos
déchets, une décharge contrôlée c'est mieux qu'une
décharge non contrôlée. L'enfouissement sanitaire, c'est
mieux qu'une décharge non contrôlée. L'Incinération
c'est mieux, mais ce n'est pas idéal. Le tri n'enlève pas tout.
Ce sont tout le temps des solutions qu'on regarde et personne ne veut les
régler et personne ne les regarde dans leur ensemble. Moi, je vous dis
honnêtement par rapport à cela, je n'ai pas de solution à
proposer, mais il y a quelque chose qui ne tourne pas rond quelque part. Ce
n'est pas possible qu'on laisse tout le monde dans l'incertitude comme cela et
qu'on ne soit pas capable.. Gérer, cela veut dire prendre action et
décider. Actuellement, cela ne gère pas. Cela laisse sur le
plancher comme cela et tout le monde étant partout dans la nature,
excepté qu'il n'y a personne qui a des... Il y a des solutions mais ce
ne sont pas des solutions applicables. II y a quelque chose qui ne tourne pas
rond là-dedans. Je vous dis, par rapport à cela, que je n'ai pas
de solution mais je vous dis seulement une chose, et sur cela je suis d'accord
avec mon collègue de Lac-Saint-Jean, s'il y a des secteurs exclusifs
attendez-vous que les pressions vont se faire sur les autres terrains et cela
par la force des choses.
M. Pagé: Pas dans vos zones blanches, monsieur.
M. Dufour: Mais cela pourra être aussi dans les zones vert
pâle.
M. Pagé: Écoutez, soyez conséquent avec
vous-même. Vous dites...
M. Dufour: Ils vont tous être...
M. Pagé: ...les sites d'enfouissement de déchets
domestiques vont aller dans la zone verte et vous, vous les voudriez dans le
secteur exclusif, voyons donc!
M. Dufour: Je vous dis qu'actuellement on accepte qui y ait de
l'enfouissement sanitaire. Au point de vue pratique. .
M. Pagé: Oui, je pense que oui, c'est comme le fait de
tirer sur une chaînette dans un bol de toilette.
M. Dufour: personne ne veut plus les avoir; ni les agriculteurs,
ni les urbains Personne ne veut plus les avoir. Voulez-vous aller voir sur le
plancher ce qui se passe? Demandez-lui ce qui se passe...
M. Pagé: D'où la responsabilité de la
municipalité de prévoir un aménagement sur les territoires
qui sont sous sa juridiction, les territoires blancs, un aménagement qui
fait fonction de l'atteinte des besoins, des objectifs des gens qui y
résident, des gens qui y demeurent, des gens qui sont à
proximité de ces sites C'est votre responsabilité sauf qu'avant..
Et cela, c'est donner davantage de responsabilités aux
municipalités et surtout aux MRC. Elles vont être obligées
de travailler un peu plus fort et cela va éveiller le sens d'une prise
de responsabilité qui est à la mesure de ce qu'elles soutiennent
pouvoir faire. Bien, qu'elles le fassent! Avant cela c'était quoi? Ce
n'était pas compliqué, c'est où le plus simple? Où
est-ce qu'on peut le mettre le site? Dites-le-nous. Toi. tu ne veux pas l'avoir
chez vous, toi tu ne veux pas l'avoir chez vous, toi tu as tant de voix au
conseil, toi tu as tant de voix au conseil, lui a tant de voix, c'est là
que cela va. C'était de même que cela se passait. Voyons donc!
Avez-vous vécu les MRC vous?
M. Dufour: J'ai envie de vous dire: Ce n'est pas beau cela! Vous
me le dites souvent.
Des voix: Ha, ha. ha!
M. Pagé: Les avez-vous vécu les MRC?
M. Dufour: Oui, j'ai vécu dedans.
M. Pagé: Les mauvaises habitudes du député,
pour le bénéfice du Journal des débats,
déteignent sur les autres collègues. Tous les
collègues en sont rendus à se montrer du doigt. Cela
déteint du député de Jonquière habitué dans
le monde municipal comme il l'était à pointer du doigt les
gouvernements supérieurs.
M. Dufour: Je vais vous dire que sur le territoire il y a eu des
centaines de milliers de
dollars de dépensés sans aucun résultat. Quand vous
me dites que les municipalités vont travailler plus fort...
M. Pagé: Dans mon propre comté... M. Dufour:
...chez nous.
M. Pagé: Dans mon propre comté aussi. Je pense que
ce sont 180 000 $...
M. Dufour: C'est pas mal plus que cela.
M. Pagé: ...de frais juridiques que les
municipalités ont dû dépenser.
M. Dufour: Est-ce qu'elles ont une solution? M. Pagé: Ils
sont relocalisés ailleurs.
M. Dufour: Oui, mais nous n'avons même pas cette
solution.
M. Pagé: Voulez-vous que |e vous raconte cela? Ce matin,
je me fais causeur.
M. Dufour: Oui, ce ne serait pas mauvais.
M. Pagé: La route passe ici. Le ministère de
l'Environnement a autorisé un site d'enfouissement ici, avant la loi sur
le zonage agricole. Ce site est en exploitation. Une requête est
déposée par la Régie intermunicipale de gestion des
déchets de Portneuf, demandant d'étendre la superficie du site
d'enfouissement qui est au nord du Grand-Capsa, à Pont-Rouge. La
Commission de protection du territoire agricole dit: Non, allez au sud. Ils ont
dit: Bon, on va aller au sud Ils se sont présentés au
ministère de l'Environnement et on leur a dit: Vous ne pouvez pas aller
au sud, vous devez aller au nord.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Alors, les gens se sont promenés du nord
au sud, et cela a coûté 180 000 $ de frais juridiques. Il y avait
une expropriation de terrains dans tout cela. Qu'est-ce que cela veut dire
concrètement? Cela veut dire ceci: Premièrement, des centres
d'enfouissement de déchets dans le secteur exclusif. Pourquoi "secteur
exclusif. "Sol à haut potentiel, politique de mise en valeur". Vous
savez, des municipalités de ville, dont 80 % du territoire est
zoné agricole, m'ont fait venir en pensant que, parce qu'elles
rencontraient le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et qu'elles le sensibiliseraient à cela, je reviendrais
ici paniqué et que je dirais au premier ministre: II faut
présenter un décret, il faut dézoner cela. Je leur ai dit:
M. le maire et MM. les conseillers, vous ne le savez pas, mais vous êtes
assis sur une mine d'or. L'agriculture est conviée à un
développement important au Québec, pour plusieurs facteurs:
écologiques, couche d'ozone, développement du secteur
agro-alimentaire au Québec, etc. Je n'étais pas le gars le plus
populaire en ville, cela va de soi, en tout cas dans cette ville.
M. Brassard: Est-ce que cela compromet votre
réélection?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: C'est très subjectif, tout cela. Je dois
dire que j'ai quand même passé un bon Noël et un bon Jour de
l'an. Et j'apprécie que le député de Jonquière
souhaite, à mots voilés, ma réélection dans
Portneuf. C'est beau de sa part.
M. Dufour: C'est le député de Lac-Saint-Jean, pas
de Jonquière.
M. Pagé: Le député de Lac-Saint-Jean. De
toute façon, le Saguenay, c'est une partie du Lac-Saint-Jean.
M. Dufour: Les terrains qui ont été
exploités...
M. Pagé: Cela dit, qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut
dire qu'à l'avenir, les règles du jeu seront claires. Ce qui a
causé un certain, entre guillemets, 'préjudice" par de faux
espoirs créés, ce sont des règles du jeu qui
n'étaient pas suffisamment claires. D'abord, il est de tradition que les
municipalités - ce n'est pas leur faire injure que de leur dire cela,
c'est un constat - souhaitent toujours prendre la voie la plus simple, la plus
facile et la plus efficace pour elles, aux fins d'aménagement. C'est ce
qui me permet de dire que souvent, non pas pour tous les maires, mais pour
plusieurs maires du Québec, un sol zoné agricole, ce
n'était pas compliqué, il l'était en attendant
d'être dézoné. Et quand on en aura besoin, on va aller
brailler sur les épaules du député, on va adopter des
résolutions, on va appeler l'Opposition. Et parce que c'est la mission
de l'Opposition de s'opposer, elle sera d'accord avec nous. On va faire
pression sur la CPTA, etc.
M. le député, des députés de l'Opposition me
demandent: M. Pagé, pourriez-vous nous conseiller sur la façon de
dézoner? C'est normal, les députés représentent
leurs concitoyens. Avec cela, "dans le secteur exclusif, c'est clair. Les seuls
équipements qui pourront être construits sont ceux qui sont
compatibles avec l'agriculture et qui la favorisent. Les maires vont savoir
à quoi s'en tenir.
On a une ouverture pour l'aqueduc qui, comme vous le savez, passe en
dessous de la terre. Comme je l'ai dit tantôt, faire passer l'aqueduc du
secteur sud de Jonquière par le secteur nord de l'ancienne ville
d'Arvida, cela pourrait coûter cher. Donc, on a une ouverture qui vise
à protéger l'intérêt public. Mais concer-
nant les sites d'enfouissement sanitaire, il n'en est pas question. Il y
a d'autres espaces. Les municipalités, par le biais de la
renégociation de la zone agricole et de la zone Manche, se voient
accorder des superficies. Qu'elles prennent leurs responsabilités,
qu'elles mettent leurs culottes, leur ceinture et leurs bretelles et qu'elles
fassent leur job. C'est clair.
M. Dufour: Est-ce que je peux vous poser une question par
rapport...
M. Pagé: Comme nous, nous allons faire la nôtre dans
notre zone agricole.
M. Dufour: ...au site d'enfouissement sanitaire qui est
exploité chez vous?
M. Pagé: Là, II est complet. M. Dufour: II est
complet.
M. Pagé: Les gens en ont trouvé un autre et tout le
monde serait d'accord.
M. Dufour: Qu'est-ce qu'on fait avec le terrain?
M. Pagé: L'Environnement et la CPTA aussi.
M. Dufour: Non, non, mais le terrain, une fois qu'il a
été exploité...
M. Pagé: Oui.
M. Dufour: ..vous en avez fait votre site...
M. Pagé: Là, ils ont mis de la terre dessus.
M. Dufour: ...qu'est-ce que vous fartes avec le site?
M. Pagé: Ils ont remis de la terre dessus. M. Dufour:
Est-ce qu'il est récupérable?
M. Pagé: II va être récupérable pour
l'agriculture, éventuellement, sauf qu'il faut dire que c'est dans une
zone sablonneuse. Je ne vous tiens pas grief de ne pas connaître mon
comté. (12 h 15)
M. Dufour: Je suis allé voir.
M. Pagé: Bienvenue chez nous. Vous auriez dû venir
faire un tour à la maison.
M. Dufour: II était très bien exploité
à part ça.
M. Pagé: Vous êtes venu chez nous sans venir me
voir?
M. Dufour: Cela fait quelques années de cela.
Une voix: Cela ne se peut quasiment pas. M. Pagé:
Bien, j'étais là.
M. Dufour: Je ne sais même pas si vous étiez au
monde. Cela fait déjà une vingtaine d'années, vous
n'étiez même pas député à ce
moment-là.
M. Pagé: Je n'avais pas le droit de vote.
M. Dufour: Non, voilà. Donc, il y a une bonne raison pour
laquelle je ne suis pas allé vous voir. Non, honnêtement...
M. Pagé: II n'a pas d'intérêt pour ceux qui
n'ont pas le droit de vote.
M. Dufour: ...on était allé voir le site parce que,
dans ce temps-là, on partait de faire de l'enfouissement sanitaire.
D'ailleurs, on s'est Inspiré de ça pour faire le nôtre.
M. Pagé: C'est réglé, il y a une couche
végétale dessus. Ce sont des terres sablonneuses.
Une voix: Des terres à patates.
M. Pagé: Oui, des pommes de terre, asperges, tabac.
M. Dufour: Mais il est récupérable.
M. Pagé: Oui, mais comme vous dites...
M. Dufour: C'est pour ça que je dis qu'il y a des nuances
quelque part, je ne sais pas où.
M. Pagé: Quand dites-vous être venu? Il y a vingt
ans?
M. Dufour: Oui, ce doit être à peu près
ça.
M. Pagé: Cela veut dire que votre demande vise à
priver un sol à très haut potentiel agricole de sa production
d'aliments pour vos enfants, pour vous et vos familles, pendant 20 ans. C'est
beaucoup, M. le député.
M. Dufour: Non. En tout cas, il faudrait peut-être faire
des évaluations par rapport à ça. Je vous dis -
peut-être que, chez vous, vous avez trouvé des réponses -
que dans l'ensemble du Québec, on n'a pas ces réponses-là
par rapport à ça. C'est un problème. Qu'on laisse les
municipalités zigonner là-dessus, avec leurs problèmes Si
on ne les aide pas..
M. Pagé: Je n'ai Jamais prétendu que les
municipalités étaient des zlgonneux, monsieur.
M. Dufour: Non. Ce n'est peut-être pas une question qu'on
peut régler ce matin, mais je vous
dis que ma perception de ce qui se passe sur le territoire du
Québec concernant les problèmes environnementaux qui se vivent un
peu partout, qui dépassent peut-être le problème de
l'agriculture, à ce moment-ci, que mon constat, c'est qu'il va falloir
qu'on fasse un petit peu plus que ça, sans cela, on les laisse seules
avec des problèmes qui durent et qui perdurent. Ce n'est pas une
question d'argent, parce qu'il s'en est mis de l'argent et cela ne s'est pas
réglé quand même.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement
à l'article 69.08...
M. Brassard: Avant de passer au vote, une question relativement
à la formulation de l'article 69.08, au premier alinéa, à
la fin. Quand on fait référence aux dispositions de l'article 62,
est-ce que ça signifie qu'on a à tenir compte de l'ensemble des
critères qu'on retrouve à l'article 62 ou si c'est limité
à certains critères? Ce n'est pas tout à fait clair. Parce
que si c'est l'ensemble des critères...
M. Dufour: C'est l'ensemble.
M. Brassard:... c'est lourd de conséquences.
M. Pagé: Non, mais ce sont les critères de
l'article 62 qui s'appliquent pour guider la commission dans ce qui doit
être compatible ou non avec l'agriculture.
M. Brassard: Est-ce que ce sont tous les critères ou
simplement les premiers critères qui portent sur le sol agricole comme
tel, car on en a ajouté un, obligatoire en plus?
M. Pagé: Pour analyser si...
M. Brassard: Vous savez qu'on a ajouté, par voie
d'amendement, le développement économique.
M. Pagé: Pour analyser si la demande est compatible avec
l'agriculture...
M. Brassard: "...sans effet sur la protection du territoire
agricole compte tenu des dispositions de l'article 62."
M. Pagé: ...elle doit se référer à
l'article 62. Voulez-vous dire, M. le député, que, pour vous,
pour garder le caractère rigoureux de la disposition de l'article 69.08
applicable à l'article 69, on devrait circonscrire l'application des
critères de l'article 62, en excluant de 62.9°? Si vous me dites
ça, je vous dis oui, parce que cela a du bon sens.
M. Brassard: Ce que je vous dis, c'est que le législateur
ne dit rien pour rien.
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: Et si le législateur veut dire qu'y faut se
référer de façon limitative à tel ou te)
critère, les trois premiers, par exemple, et qu'on ne le dit pas, il y a
une ambiguïté qui persiste. Il me semble que le législateur
ne doit pas, dans toute la mesure du possible, laisser d'ambiguïté
dans des projets de loi.
M. Pagé: Alors, M. le Président, pour satisfaire
l'inquiétude manifestée par le député...
M. Brassard: Ce n'est pas nécessairement pour nous
satisfaire, M. le ministre.
M. Pagé: Non, c'est pour être clair, pour être
précis.
M. Brassard: C'est simplement pour que le législateur
s'exprime clairement.
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: C'est ça. Ce n'est pas nécessairement
parce que je le demande, M. le Président.
M. Pagé: Non, non, mais...
M. Brassard: Je signale simplement une ambiguïté et
si l'intention du législateur, c'ost ce que vous venez de me dire, il
faudrait que cette intention-là se retrouve de façon
précise dans la disposition législative.
M. Pagé: Alors, M. le Président, pour être
certain que le texte de loi, tel qu'il sera adopté à la suite de
la modification qu'on a apportée à l'article 62, ne porte pas
atteinte à l'intention du législateur dans l'article 69.08
référant aux secteurs exclusifs, je suis en train de
préparer un amendement pour indiquer très clairement que, compte
tenu des dispositions de l'article 62, on réfère de façon
limitative à l'article 62.1°, 2°, 3°, 4°, 5°, 6°
et 7°.
M. Brassard: Le 8°?
M. Pagé: Le 8° ne s'applique pas. C'est le
morcellement de 100 hectares auquel on se référait plus tôt
dans la loi et 9°, c'est le critère économique de la MRC.
L'amendement se lirait comme suit: Remplacer dans le premier
alinéa les mots "de l'article 62" par "des paragraphes 1° à
7° inclusivement du deuxième alinéa de l'article 62".
M. le président de la Commission de protection du territoire
agricole et M. Cardinal, directeur du contentieux, m'indiquent qu'on devrait
inclure le 8°. On réfère ici au lotissement ou à
l'aliénation d'un lot, c'est-à-dire qu'un producteur dans le
secteur exclusif en production pourrait lotir à 100 hectares une terre,
supposons, de 200 hectares. Il pourrait la lotir, en faire deux lots, toujours
sans changer le carac-
tère exclusif, sans référer à l'agriculture.
On devrait inclure le 8°. Alors, je vais demander à Me Cavanagh,
directeur du contentieux, non pas de la commission, mais de mon
ministère, c'est-à-dire membre du contentieux, de reprendre
l'amendement.
Le Président (M. Richard): Allez-y, Me Cavanagh.
M. Cavanagh (Robert): Je fais une formulation. On pourrait
insérer, si ça convenait au secrétaire,
après...
M. Pagé: Au secrétaire et à
l'Opposition.
M. Cavanagh: Oui, mais d'abord pour la rédaction, avant de
la suggérer à l'Opposition. Après le mot "dispositions",
introduire...
Une voix: Ajouter les mots...
M. Cavanagh: Oui. "des paragraphes 1° à 8° du
deuxième alinéa".
Une voix: De l'article 62.
M. Cavanagh: Cela, c'est déjà là; on ne fait
que les insérer. Deuxième alinéa.
M. Dufour: On l'a mis obligatoire.
M. Cavanagh: C'est à 9°. On n'y touche pas.
M. Dufour: Le 9°, on l'a mis obligatoire. M. Pagé:
On n'y touche pas dans ça. Le Président (M. Richard):
De l'article 62. M. Cavanagh: C'est déjà
là.
M. Blain: En insérant "des paragraphes 1° à
8° du deuxième alinéa". C'est tout. Les autres y sont
déjà.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean, est-ce que vous Jubilez, vous, avec ça?
M. Brassard: Je ne jubile pas, moi. M. Pagé: C'est
raisonnable.
M. Brassard: Je veux simplement signaler une
ambiguïté. Le ministre admet qu'il y a ambiguïté et il
corrige...
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: ...pour que l'intention du législateur soit
la plus claire possible.
M. Pagé: Est-ce que M. le secrétaire pourrait lire
l'amendement?
Le Président (M. Richard): M. Comeau, M le
secrétaire.
La Secrétaire: On a déjà un premier
amendement dont il faudra disposer, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Est-ce que ça devient un
sous-amendement ou un deuxième amendement?
Le Secrétaire: Non, ce n'est pas un sous-amendement.
Le Président (M. Richard): C'est un deuxième
amendement.
Le Secrétaire: Cela ne touche pas les mêmes
choses.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement 69.08
est adopté, puisqu'il s'agit d'un autre amendement ici?
M. Pagé: II y a deux amendements.
Le Président (M. Richard): II y a deux amendements.
M. Brassard: Celui concernant le réseau d'aqueduc et
d'égout, l'usine de traitement...
Le Président (M. Richard): Oui. c'est ça.
M. Brassard: ...et "ailleurs dans le territoire de la corporation
municipale"?
Le Président (M. Richard): Exactement. M. Brassard:
Oui, c'est adopté.
Le Président (M. Richard): Oui. exactement. Alors,
l'amendement 69.08 tel que présenté est adopté.
Maintenant, nous avons un deuxième amendement qui est
présenté par M. le ministre. Vous en faites la lecture, s'il vous
plaît, M. Comeau, M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Oui. L'article 69.08 serait amendé
à la dernière ligne du premier alinéa en ajoutant
après le mot "dispositions" les mots "des paragraphes 1° à
8° du deuxième alinéa". On enchaînerait avec 'de
l'article 62".
M. Cavanagh: C'est déjà là.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté. Le
deuxième amendement est donc adopté. Est-ce que l'article 69.08
tel qu'amendé est adopté?
M. Brassard: Adopté, sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division. M. le
député de Saint-Hyacinthe?
M. Pagé: Le premier amendement est adopté, le
deuxième amendement est adopté et l'article...
Le Président (M. Richard): Le deuxième amendement
est adopté et l'ensemble de l'article tel qu'amendé est
adopté.
M. Pagé: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division. M. le
député de Saint-Hyacinthe?
M. Messier: J'aurais une question sur l'article 69.08 concernant
principalement Saint-Damase, dans le comté de Saint-Hyacinthe. On est en
train de finaliser notre dossier au ministère de l'Environnement
concernant une usine d'épuration des eaux. La Coop avicole de
Saint-Damase...
Une voix: Quoi?
M. Messier: La Coop avicole de Saint-Damase.
M. Pagé: Coopérative.
M. Messier: Oui. Elle se dissocie du projet en question. Ces gens
ont déposé une demande à la Commission de protection du
territoire agricole pour construire sur leur terrain leur propre usine et donc,
de faire un étang à ciel ouvert. Je voudrais savoir si la
commission va privilégier ces espaces, parce qu'ils ont demandé
à la commission d'avoir des espaces en zone agricole pour construire des
étangs. Est-ce qu'il y a une sorte d'association entre le monde
municipal? Ce sont surtout des compagnies qui veulent construire des
étangs pour épurer leurs eaux qui sont fortement polluantes.
M. Pagé: Là-dessus, M. le Président, pour
répondre au député, le député comprend
très certainement que surtout à l'étude article par
article, ce n'est pas le moment privilégié pour la commission de
donner un avis sur un dossier qui ne lui est pas présenté, etc.
Le dossier devra être accepté, premièrement, par le
ministère de l'Environnement. Est-ce que l'Environnement et le
ministère des Affaires municipales vont accepter de sortir des sentiers
battus? Par exemple, est-ce qu'on permet à une entreprise comme
celle-là d'avoir son propre système d'assainissement des eaux en
dehors de celui de la municipalité? Auquel cas, il faut bien avoir
à l'esprit que ça pourrait conduire à une volonté
manifestée par des citoyens. Par exemple, dans le rang Saint-Georges ou
Sainte-Anne à Saint-Basile, dans mon village, ces citoyens pourraient
dire qu'ils ne participent pas à l'assainissement des eaux de la
municipalité, qu'ils font faire leur propre système, comme
propriétaires. Cela devrait donc être régie au
ministère des Affaires municipales. Si la décision du
ministère des Affaires municipales et du ministre de l'Environnement a
un impact en zone agricole, le dossier devra être acheminé
à la Commission de protection du territoire agricole qui va se guider en
fonction de la loi.
Le Président (M. Richard): Est-ce que ça
répond à votre interrogation, M. le député de
Saint-Hyacinthe?
M. Messier: Merci, M. le député de Nicolet.
Le Président (M. Richard): Là-dessus, est-ce que
l'article 21 tel qu'amendé est adopté?
M. Brassard: Surdivision.
Le Président (M. Richard): Sur division.
M. Pagé: Adopté, M. le Président. Je
comprends que, pour le député de l'Opposition, c'est sur
division, mais il est adopté, et on passe maintenant à l'article
22 où l'on réfère à la section V.1,
"Activités agricoles".
Le Président (M. Richard): Si vous me le permettez, M. le
ministre...
M. Pagé: À 14 heures, parce que j'ai un
rendez-vous.
Le Président (M. Richard): ...il est 12 h 30 et nous
suspendons les travaux. On vous souhaite bon appétit.
Les travaux reprendront à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 14 h 50)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
reprend ses travaux. Je vous rappelle que le mandat de la commission est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 100. Nous en étions à l'article 22. M. le ministre, à
l'article 22, avez-vous des petits détails techniques?
Activités agricoles Application
M. Pagé: C'est une section nouvelle qui a pour but de
protéger l'exercice normal des
activités agricoles, ce qu'on appelle, dans notre langage, le
droit de produire. À la première sous-section 1. "La
présente section s'applique aux activités agricoles suivantes: la
pratique de l'agriculture incluant le fait de laisser le sol en jachère,
l'utilisation de produits chimiques, organiques ou minéraux, de machines
et de matériel agricoles." C'est définitif que c'est une
définition différente de la définition initiale, telle
qu'on l'a vue dans les premiers articles, parce que, là, on ne fait pas
référence uniquement aux sols. On sait que la loi de 1978, dans
ses définitions, faisait référence aux sols. Or, compte
tenu du droit de produire et compte tenu d'une volonté du gouvernement
et de l'Assemblée, je l'espère, de légiférer de
façon à protéger les activités qui sont
effectuées sur ces sols, on doit élargir les
définitions.
On indique également: "Sont assimilés à des
activités agricoles l'entreposage, le conditionnement, la transformation
et la vente des produits agricoles sur la ferme." On a un amendement qui vise
à préciser la notion d'activité agricole et pour qu'elle
s'applique aux seules fins de la présente section puisqu'ailleurs dans
la loi, c'est la notion d'agriculture qui s'applique, en
référence aux sols. Ici, on apporte une précision pour
dire que c'est dans cette section-ci qu'on fait référence
à de telles activités. Vous avez pris connaissance de
l'amendement. On ajoute: "Sont assimilés à des activités
agricoles l'entreposage, le conditionnement, la transformation et la vente de
produits agricoles sur la ferme par un producteur dont la principale occupation
est l'agriculture." Cela revient à ce que j'avais déjà
indiqué en commission parlementaire, que ce qu'on vise à
protéger, c'est l'agriculteur, qui, par exemple, produit ses fruits, qui
a peut-être un petit centre de conditionnement, ou un centre
d'entreposage de pommes ou de pommes de terre. L'objectif, c'est de
protéger un agriculteur. Ce n'est pas de protéger la compagnie
Labatt qui, via Catelli, est propriétaire des champignonniaires à
Saint-Basile ou plutôt à Sainte-Julie. Cela ne vise pas à
protéger une entreprise. Cela vise à protéger le
producteur agricole qui peut avoir comme activité accessoire à sa
production agricole une activité de conditionnement, un poste
d'emballage, etc. C'est l'objectif de l'amendement.
Le Président (M. Richard): Avez-vous des commentaires, M.
le député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Non.
Le Président (M. Richard): L'article 22 est-il
adopté...
Une voix: L'amendement.
M. Brassard: Non, l'article 79.
Le Président (M. Richard): L'article 79.1. On ne fait pas
d'adoption... C'est à la toute fin. D'accord. L'amendement à
l'article 79.1 est-il accepté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'amendement est donc
adopté. L'article 79.1 tel qu'amendé est adopté.
M. Brassard: Adopté.
Plaintes
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 79.2.
M. Pagé: À l'article 79.2, j'ai fait
référence souventefois - je ne veux pas être
répétitif, je me limiterai à résumer la situation -
au fait qu'une municipalité peut, par un règlement municipal,
tenter de faire Indirectement ce qu'on ne prévoit par leur accorder,
comme pouvoir, de faire directement, c'est-à-dire régir les
activités agricoles, adopter des normes spécifiques concernant
les distances, les unités animales et certaines réglementations
qui avaient été appréhendées ou souhaitées
par certaines municipalités du Québec. Par exemple, dire, par un
règlement, que dans tel rang de la municipalité, ta production de
veau de lait ne peut pas augmenter plus de tant par unité animale; c'est
une façon de contourner la loi. Afin de tenter de concilier - je vais
utiliser le terme tel qu'il est utilisé dans le jargon des relations du
travail ou en cas de situations conflictuelles - c'est, en quelque sorte, un
"cooling off period" en vertu de laquelle on se doit de sortir le
problème qui occupe une municipalité et son producteur pour
tenter d'y trouver une solution.
Originellement, nous avions prévu des modifications à la
loi 125 qui visaient à créer des comités de concertation
agricole. L'Union des municipalités régionales de comté,
dans un premier temps, par la voix de son président, avait
manifesté son accord et dans un second temps, toujours par la voix de
son président, l'union est revenue sur sa décision, mais une fois
que les projets d'amendements ont été déposés par
le ministre des Affaires municipales d'alors, M. Bourbeau. Or, entre le moment
où le projet de loi a été déposé et te
moment où I a effectivement été étudié,
l'Union des municipalités régionales de comté est revenue
sur l'engagement, sur son acceptation, et cela a eu comme résultat que
Jamais ces comités de concertation n'ont pu s'appliquer. À ce
moment, nous avons étudié ce problème au COMPADR. On a
jugé qu'il était préférable de modifier et de
mettre complètement de côté ce mandat confié
à un comité de concertation municipale et, dans le cas de
problèmes, de remettre le tout entre les mains d'un commissaire
aviseur.
Le commissaire aviseur est nommé par le
ministre de ia Justice. Il sera appuyé par deux
représentants du ministère de l'Agriculture et deux
représentants du ministère des Affaires municipales. Lorsqu'un
producteur se sentira lésé, affecté, touché par un
projet d'intervention ou de règlements municipaux, il pourra en appeler
au commissaire aviseur lequel, après certains délais - on va voir
la procédure un peu plus tard dans les articles - peut décider
sur le banc avec les quatre collègues du ministère de
l'Agriculture et du ministère des Affaires municipales, peut entendre la
cause et peut même faire une audition sur le territoire de la
municipalité.
Je comprends l'inquiétude des municipalités à
l'égard de cette section parce qu'elles préféreraient
continuer et avoir la liberté d'intervenir indirectement pour tenter de
limiter la production ou d'intervenir en zone verte. Cependant, j'ai cru
comprendre, par les propos de certains maires, que leur grande crainte, c'est
de voir un genre d'audience publique dans leur municipalité, un
commissaire aviseur appelé à venir donner un avis sur un
règlement. Imaginez-vous donc! Quel drame que de voir arriver un
commissaire aviseur, par surcroît dans la même salle du conseil, et
peut-être occupera-t-il le fauteuil du maire? C'est très
inquiétant pour certains maires. Pour moi et pour vous, cela va
exactement dans le sens d'un rapprochement, d'une meilleure
compréhension mutuelle et de relations beaucoup plus cordiales, plus
amicales et plus civilisées entre le monde agricole et le monde
municipal.
À l'article 79.2, qui introduit des sujets qu'on va reprendre aux
articles 79.3 et suivants: "Le gouvernement nomme, pour la période et
aux conditions qu'il détermine, un commissaire pour entendre les
plaintes formulées en vertu de la présente sous-section. Le
gouvernement fixe, selon le cas, le traitement, les allocations ou les
honoraires du commissaire."
M. Brassard: M. le Président, je reviens avec une question
que j'ai posée à plusieurs reprises sur ce sujet. Pour que le
ministre en arrive à inventer un nouveau personnage dans le monde
municipal, qui s'appelle le commissaire aviseur, et pour qu'il y ait toute une
série de dispositions prévoyant un mécanisme de
règlement des plaintes à l'égard de règlements
municipaux d'urbanisme, j'imagine qu'il s'est appuyé sur des faits. Il
s'est appuyé sur des faits pour en arriver là, pour conclure que
c'était utile et nécessaire d'introduire ces
éléments tout à fait nouveaux, d'introduire ce droit
nouveau. Quel est le bilan des faits sur lesquels s'appuie le ministre? Combien
y a-t-il de plaintes? Combien de municipalités ont un conflit avec leurs
producteurs agricoles concernant des règlements municipaux d'urbanisme
ou relatifs aux nuisances? Combien y a-t-il de municipalités
impliquées sur les 1500 qui existent au Québec?
M. Pagé: Combien...
M. Brassard: Combien?
M. Pagé: ...de?
M. Brassard: De municipalités.
M. Pagé: Au Québec, il y en a 1600.
M. Brassard: On écoute le ministre depuis le début et
quand on l'entend discourir sur ce sujet, c'est à croire qu'il y a une
espèce de drame qui se vit au Québec entre les producteurs
agricoles et les municipalités, que c'est le désastre, qu'H y a
une incompréhension, un fossé qui s'élargit entre les
municipalités et les producteurs agricoles, que les municipalités
sont en train de multiplier partout des règlements contraignants qui
empêchent l'activité agricole, qui nuisent à
l'activité agricole. Combien y a-t-l de municipalités
actuellement qui sont l'objet de plaintes formelles, précises de la part
des producteurs agricoles, et qui vous ont incité, compte tenu de
l'ampleur du problème, à introduire ces éléments de
droit nouveau?
M. Pagé: M. le Président, à ce moment-ci, je
ne peux référer au nombre de plaintes. Il n'y a aucun
mécanisme pour recevoir les plaintes, on en crée un par la loi,
premièrement.
M. Brassard: Combien de conflits alors? (15 heures)
M. Pagé: Deuxièmement, ia question du
député est habile en ce sens qu'il sait pertinemment que le
ministre de l'Agriculture, aussi présent sur le territoire qu'il puisse
l'être, ne peut pas savoir, à la première séance du
mois de janvier, si la municipalité de Saint-X dans te comté Y, a
déposé un avis de motion afin d'intervenir, par voie
réglementaire, pour limiter le producteur dans son droit à la
production.
Je vais vous référer à deux approches.
Premièrement, il y a des cas types et des cas individuels. Les cas types
sont des genres de "test a case", en droit, qui sont véhiculés
par certaines municipalités qui sont dans une situation où elles
auraient une chance de faire valider un principe, créer un
précédent et une jurisprudence sur une question donnée.
Cela a été le cas de la municipalité de Pintendre qui, en
aucun temps, n'a reçu ou n'a fait l'objet d'une désapprobation
quelconque de la part des unions municipales au Québec. La
municipalité de Pintendre recherchait, voulait, par voie de
règlement municipal, limiter le développement de production
animale sur son territoire. Si cette disposition réglementaire
municipale avait été adoptée, si elle avait
été validée par te droit en semblable matière sous
l'empire de la Loi sur la protection du territoire agricole ou de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, ou encore si cette réglementation
municipale avait été validée par les tribunaux, c'est
sûr que le lendemain matin, M. le député, ce sont plusieurs
municipalités du
Québec qui s'en seraient prévalues. Il y a eu le cas de
Sabrevois aussi. Il y a d'autres cas, plus isolés, ceux-là, qui
sont régulièrement portés à notre attention. Une
municipalité veut faire des pressions sur le producteur, fait
comparaître nos producteurs devant la commission d'urbanisme pour voir la
possibilité de modifier les règles du jeu afin qu'à
l'avenir, bon, etc.
Encore tout récemment, en début de semaine, je lisais un
reportage dans le journal. Je ne me rappelle pas dans quelle
municipalité mais cependant, c'était dans la revue de presse chez
nous. Des gens d'une région du Québec sont allés voir leur
conseil municipal pour demander une réglementation particulière.
Ces bonnes gens, qui sont venus s'installer près de la zone verte, se
plaignaient et soutenaient que leur résidence avait perdu 50 % de sa
valeur parce qu'il y avait un cheval ou quelques chevaux derrière leur
résidence. Et ces quelques chevaux, par leurs hennissements, font du
bruit. Cela amène parfois rien de moins, n'en d'autre qu'un peu de
crotin de cheval. Et cela dérangeait et perturbait ces honorables
citoyens au plus haut degré tant et si bien qu'ils soutenaient avoir
perdu 50 % de la valeur de leur résidence. Mais je suis persuadé
que si les municipalités au Québec se voyaient accorder le droit
d'intervenir en semblable matière, dans ce cas-là, la semaine
prochaine il y aurait eu un avis de motion déposé et ça se
serait vite réglé, probablement au détriment du producteur
agricole qui est sur sa terre, qui l'a achetée, qui est arrivé
là avant et qui a un cheval.
Malgré ça, malgré les règles du jeu
très claires, il n'y en a pas des milliers heureusement et ce n'est pas
ce qu'on recherche parce que cette démarche vise à
éliminer de tels conflits. Cela ne réfère pas aux plaintes
à l'environnement. Vous dites: les plaintes à l'environnement,
les poursuites... C'est vrai qu'à l'environnement, il y a beaucoup plus
de plaintes qu'il y a de poursuites. On évalue à environ quelques
milliers les plaintes formulées au ministère de l'Environnement
contre des producteurs agricoles à chaque année. Et comme les
producteurs agricoles sont des bons citoyens, ta très grande
majorité de ces plaintes-là ne se rendent pas jusqu'aux
poursuites, nos producteurs respectent les règles du jeu. Mais
malgré que la plainte n'est pas accompagnée d'une poursuite
après vérification... Qu'est-ce que ça veut dire
concrètement? Cela veut dire des vérifications du
ministère de l'Environnement. Cela veut dire l'obligation pour le
producteur de rencontrer les inspecteurs qui sont régulièrement
chez eux. Le producteur a son certificat d'autorisation pour tant
d'unités animales. Il produit selon tant d'unités animales mais
malgré ça, il doit subir les aléas de visites
continuelles, quand ce n'est pas, par surcroît, une plainte
formulée au ministère de l'Environnement qui résulte en
poursuites. Souventefois, il y a des demandes en injonction, et ça
dépend de la santé financière des plaignants. Vous savez,
demander une injonction contre un producteur agricole pour faire fermer son
séchoir à loin le samedi matin à 6 heures, je pense que ce
n'est pas tous les citoyens qui sont prêts à investir des sommes
importantes pour aller empêcher le producteur de produire. Mais il y en a
qui l'ont et ces gens-là, parfois, se le permettent. Et qu'est-ce que
ça crée comme situation? Cela crée des situations de
déboursés très appréciables pour les producteurs
agricoles.
M. Brassard: On reviendra tantôt à l'occasion
de...
M. Pagé: Et le commissaire aviseur, nous en sommes
convaincus, va...
M. Brassard: Les mesures relatives au fonds spécial.
M. Pagé: ...amener un refroidissement des oppositions au
niveau municipal quand ça arrivera et ce sera positif, vous allez
voir.
M. Brassard: M. le Président, une question bien simple.
À Pintendre et à Sabrevois, ce sont toujours les deux cas qui
nous reviennent sur la table.
M. Pagé: Ce sont deux très gros cas. M.
Brassard: Deux très gros cas. M. Dufour: Ce sont de petites
places.
M. Brassard: Le ministre peut-il me dire comment ça s'est
réglé?
M. Pagé: Cela s'est réglé à
l'avantage des producteurs agricoles.
M. Brassard: De quelle façon? M. Pagé: Dans
quel cas? M. Brassard: Pintendre. M. Pagé: Pintendre?
M. Brassard: Pintendre.
M. Pagé: À Pintendre, c'est un producteur de veaux
de lait et la municipalité...
M. Brassard: Voulait limiter... M. Pagé: ...voulait
limiter la production. M. Brassard: Oui. Comment ça s'est
réglé? M. Pagé: Elle n'a pas réussi.
M. Brassard: Comment ça s'est réglé? La
municipalité n'a pas réussi? Pourquoi?
M. Pagé: Parce que le COMPAOR est intervenu de
façon à établir dans le schéma d'aménagement
que la municipalité n'avait pas le droit.
M. Brassard: M. le Président, la réponse...
M. Pagé: Et les schémas d'aménagement, une
fois qu'ils sont adoptés, si la municipalité recommence, est-ce
que ça va passer au COMPADR à chaque fois? Mais non.
M. Brassard: Oui.
M. Pagé: Bien non. Voyons donc!
M. Brassard: Toute modification du schéma
d'aménagement...
M. Pagé: Non, ce n'est pas ça que je dis.
Une fois que le schéma d'aménagement est adopté, la
municipalité agit. Si la municipalité adopte un
règlement...
M. Dufour: Mais avant d'être adopté...
M. Pagé: Oui. Est-ce que le député soutient
que tous les règlements municipaux au Québec doivent passer au
COMPADR?
M. Brassard: Non, ce n'est pas ce que je veux dire.
M. Pagé: Bon. C'est ça la différence.
M. Brassard: Ce n'est pas ça que je veux dire. Ce que je
veux dire, M. le Président, c'est que des cas, il n'y en a pas beaucoup,
premièrement.
M. Pagé: II y en a assez pour intervenir.
M. Brassard: Premièrement, il n'y a pas beaucoup de cas.
Il y en a très peu parce qu'à chaque fois qu'on pose la question,
c'est toujours les mêmes deux cas qui reviennent.
Une voix: Une chance...
M. Brassard: Une chance qu'il y a ces deux cas d'ailleurs parce
qu'à ce moment-là, il n'y aurait aucune justification à
ces dispositions législatives. C'est Pintendre et Sabrevois, c'est
réglé. Ces deux cas-là sont réglés. Comment?
À l'avantage des producteurs agricoles? Qu'est-ce que ça veut
dire, M. le Président? Cela veut dire que tout ça, c'est de la
frime, le commissaire aviseur... C'est de la frime. Ce n'est pas utile. Ce
n'est pas nécessaire. On n'a pas besoin de ça.
M. Pagé: Si c'était de la frime, ça ne
devrait pas vous inquiéter.
M. Brassard: Les producteurs agricoles n'ont pas besoin de
ça.
M. Pagé: Cela ne devrait pas vous inquiéter, si
c'est de la frime.
M. Brassard: Ils n'ont pas besoin de ça. M.
Pagé: Mais ce n'est pas de la frime.
M. Brassard: Oui. C'est parce que ça risque tout
simplement d'aggraver, de créer un climat entre les municipalités
et les producteurs agricoles qui sera mauvais, qui s'envenimera au fur et
à mesure parce que c'est, en quelque sorte, dire au conseil municipal
élu par la population: On vous tasse. Vous n'êtes pas capables de
faire la job ni de dialoguer avec une catégorie de votre population qui
s'appelle les producteurs agricoles. Vous êtes incapables de dialoguer
avec eux, ôtez-vous de là! On a nommé un commissaire, c'est
lui qui s'occupera d'engager un dialogue et de régler le problème
conflictuel qui existe entre vos producteurs agricoles et la
municipalité.
Or, ce n'est pas utile parce que dans les deux seuls cas qui impliquent
les producteurs agricoles...
M. Pagé: On n'a pas touché les cas isolés,
M. le député.
M. Brassard: On y reviendra.
M. Pagé: Non, non. Pour les cas isolés de
règlements municipaux, le président de la CPTA va vous indiquer,
à la lumière de son expérience à la suite de
l'application des règlements de contrôle intérimaire,
combien il a vu de règlements municipaux qui portaient atteinte aux
droits des producteurs. M. le président, allez-y donc.
M. Brassard: Oui et comment cela s'est-H réglé?
M. Blain: Ce n'est pas réglé, M. le Président. Mon
évaluation, ou celle des gens de la commission, est de plusieurs
centaines. On a commencé, à la demande du ministre dans le temps,
à vérifier pour le ministère des Affaires municipales,
conjointement avec lui, les règlements de contrôle
intérimaire. Après cela, plusieurs règlements municipaux
étaient plaides devant nous. Ils soulevaient tout le temps, parfois avec
des avocats et avec toute la chicane sur les mots incompatibles ou
inconciliables, l'article 98 de la Loi sur la protection du territoire agricole
qui dit qu'elle a priorité sur les règlements et les
schémas.
Ce que je peux dire là-dessus, c'est qu'à notre
connaissance, il y a des quantités importantes de règlements
municipaux, adoptés légalement, mais qui contiennent dans leur
texte même...
M. Pagé: Au sens du code municipal.
M. Blain: Oui, oui. Je dis: adoptés légalement par
le conseil mais qui contiennent dans leur texte des dispositions expresses qui
sont tout à fait incompatibles avec la pratique de l'agriculture ou qui
sont à leur face même une source de conflit, si bien qu'on plaide
l'article 98.
L'exemple le plus courant qu'on a, à peu près à
toutes les semaines, c'est la municipalité, légalement, qui dit:
Vous voulez bâtir une maison sur votre ferme? Vous allez me produire un
plan de subdivision d'arpenteur pour votre ferme. Il est obligé de lotir
et subdiviser une partie de sa terre en zone agricole, ce qu'il ne peut pas
faire en zone agricole, pour obtenir un permis municipal. C'est le
problème de l'incompatibilité ou du fait qu'elle soit conciliable
ou non. Mais déjà, dès 1980 - je me souviens, c'est un
vieux problème pour nous - dans la municipalité de l'ancien
président décédé de l'UMRCQ, il y avait cinq zones
agricoles: 1, 2, 3, 4, 5. Dans la zone agricole 5, qui avait 900 ou 1000 acres
à peu près, l'agriculture et les permis municipaux étaient
aux fins d'activités de plein air seulement, sans bâtisse, et les
cabanes à sucre. Comment un gars peut-il mettre une grange
là-dedans ou autrement? Dans la CRO, il y a 2000 acres zonées
conservation; ils ne peuvent délivrer aucun permis de construction. Ce
qu'il faut dire et admettre, c'est que, dans les règlements municipaux
faits, souvent, de bonne foi et dans l'intérêt
général, mais qui couvrent aussi la zone agricole, donc le
règlement peut être légal, il faut regarder leur
application. S'il y a quelqu'un de pointilleux qui applique à la lettre
un règlement dans la zone agricole, II n'aurait même pas de permis
pour bâtir une grange; ce n'est pas prévu dans le
règlement.
Des situations de conflits potentiels découlant des
règlements municipaux, il y en a à pleine poche. Quand, en
négociant, on se fait dire: Cela devrait être blanc parce que cela
pourrait nous assurer qu'il n'y aura pas de cochons près de nous, on
dit: Cela n'a pas de bon sens. Dans certaines MRC où J'étais, on
nous disait: Si on ne le fait pas de cette façon, on va le faire par des
règlements municipaux pour s'assurer qu'il n'y a pas de cochons. Je dis
qu'il y a des situations potentielles. Disons qu'en gros, selon l'article 98 de
cette loi, la situation de conflits potentiels entre les règlements
municipaux et l'agriculture est un problème qui n'est pas
réglé du tout; ce n'est pas non plus un problème faux ou
isolé. Quelques-uns sont rassortis et sont allés assez loin, Us
sont devant les tribunaux, et l'UPA a mis tout le paquet et tout le monde
là-dessus, mais ce n'est pas un problème résolu du tout.
Des situations conflictuelles dans les règlements sont là.
Savez-vous ce qu'ils font parfois? Le règlement dit que c'est
Interdit en zone agricole, mais ce qu'il faut vérifier, c'est le type
d'ap- plication - je ne dis pas l'application - qu'il faut Le règlement
est là, mais ils ne l'appliquent pas trop fort pour le moment. Mais le
règlement dit quand même qu'il y a des activités
Incompatibles, inconciliables, et qu'il y a sûrement des situations de
conflits.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Prévost.
M. Forget: M. le Président, tout simplement pour
répondre au député de Lac-Saint-Jean. J'ai une ferme, je
suis agriculteur. Une municipalité a adopté un règlement
qui prévoit que, si je n'ai pas 180 jours-animaux dans l'étable,
je n'ai plus le droit d'avoir d'animaux dans cette étable-là.
Dans la municipalité où je demeure, l'an passé les gens se
sont plaints et ont demandé à la municipalité d'adopter un
règlement pour empêcher de sécher mon maïs la nuit. On
travaille 24 heures sur 24 lorsque c'est le temps de ramasser le maïs. Je
vous dirai bien franchement que les municipalités adoptent des
règlements, drôlement. Surtout s'il y a une élection
municipale, cela joue là-dedans. D'accord? L'agriculteur est
isolé parce qu'il n'a pas grand vote là-dedans et la population
est beaucoup plus nombreuse. Alors, les agriculteurs ne sont drôlement
pas protégés à l'intérieur des
municipalités.
M. Brassard: M. le Président...
M. Pagé: La municipalité n'a pas juridiction sur le
territoire.
M. Brasaard: M. le Président, l'article 98 de la loi
actuelle est très clair.
M. Pagé: Si l'article 98 était très clair.
» n'y aurait pas 100 causes par année devant la commission.
M. Brassard: Ah oui! C'est évident. Écoutez bien,
M. le Président.
M. Pagé: II écoute.
M. Brassard: Des dispositions législatives très
claires, il y en a un joli paquet dans notre droit. Cela ne veut pas dire
qu'elles sont toujours respectées intégralement par tout le monde
et de façon unanime. Il y a des violations et des infractions qui sont
commises et ces violations et ces infractions sont Jugées par les
tribunaux. Améliorons l'article 98 dans ce cas-là, sauf que ce
n'est pas en nommant un commissaire qui n'a pas de pouvoir en plus. Il n'a pas
de pouvoir.
Une voix: C'est terrible.
M. Pagé: C'est un "cooling off perlod".
M. Brassard: I! fait juste examiner, regarder les choses et il
publie un rapport. Il ne peut pas décider de dire: Votre
règlement n'est pas conforme à l'article 98, à la Loi sur
la protection du territoire agricole, donc il est nul et non avenu. Il ne peut
pas dire ça. Il n'a pas ce pouvoir-là. Alors, qu'est-ce qu'i!
fait? Il ne fait pas grand-chose, sauf créer des situations
conflictuelles, de les envenimer et de les aggraver entre les producteurs
agricoles et les élus locaux, les élus municipaux. (15 h 15)
Je veux bien, et je suis d'accord avec l'article 98, qu'on dise qu'en
territoire agricole, c'est la Loi sur la protection du territoire agricole qui
a préséance, qui prévaut, qui prédomine. Je suis
pleinement d'accord avec ça. Je l'ai voté comme ça
à ce moment. J'étais là pour le voter moi aussi, en 1978.
Je suis pleinement d'accord avec ça. Mais ce n'est pas de la
façon que prévoit le projet de loi 100 qu'on va en arriver
à aplanir les difficultés et les problèmes entre les
producteurs agricoles et les municipalités. Je suis persuadé que
ça va avoir l'effet contraire. Cette personne qui arrive avec cette
espèce de Deus ex machina, la machine qui arrive et qui arrive dans une
municipalité et qui dit: Ôtez-vous de là, les élus,
tassez-vous, je vais regarder ça et je vais voir s'il y a moyen de
trouver un règlement et qu'il ne pourra pas l'imposer en plus.
Cela ne réglera pas le problème. Cela peut même
avoir un effet contraire. Le conseil municipal peut se buter, peut se braquer
devant le commissaire aviseur qui veut l'orienter d'une autre façon ou
qui juge tel règlement municipal contraire à la Loi sur la
protection du territoire agricole; ça risque d'avoir non pas un effet de
conciliation, mais un effet de braquage. Le conseil municipal peut dire: Vous
ne viendrez pas de Québec m'imposer et changer comme ça un
règlement qu'on a adopté en bonne et due forme, selon les lois
municipales, en conseil municipal. Tu ne nous obligeras pas à ça.
Si tu penses que le règlement n'est pas conforme à la loi, allons
devant les tribunaux pour en juger. Cela peut avoir l'effet contraire que vous
recherchez.
M. Pagé: Non. Si jamais ce cas de braquage arrivait, le
commissaire aviseur va entendre seulement le plaignant si la
municipalité qui fait l'objet de la plainte du producteur ne veut pas
être entendue, libre à elle. Le commissaire aviseur va
émettre un avis. Si la municipalité poursuit le producteur, ou
que le producteur décide de recourir à l'encontre du
règlement municipal devant les tribunaux, il va produire l'avis et il va
le déposer au juge. La municipalité pourra se braquer, mais elle
n'aura aucun intérêt à le faire. C'est tout.
Le Président (M. Richard): M. le député
de...
M. Brassard: Le tribunal ne sera pas lié par...
M. Pagé: Le tribunal ne sera pas lié, imaginez-vous
donc. C'est une loi d'ordre public. Si la municipalité ne veut pas y
aller, elle n'a qu'à ne pas y aller.
M. Brassard: II n'est pas lié.
M. Pagé: Elle ne sera pas partie aux
représentations. Ce n'est pas plus grave que ça.
M. Brassard: Où voyez-vous ça, vous, qu'un tribunal
ordinaire est lié ou va être lié par le rapport du
commissaire aviseur?
M. Pagé: Je ne vous dis pas qu'il est lié. Vous
êtes juge, vous, et dans la preuve...
M. Brassard: II peut le regarder, mais il n'est pas lié
par ça. Vous l'admettez.
M. Pagé: D'ailleurs, vous ne serez pas juge, je ne pense
pas.
M. Brassard: Non. Vous admettez qu'un juge n'est pas lié
par ça.
M. Pagé: La preuve, mon cher ami, et le juge décide
à partir de la preuve...
M. Brassard: Un avocat peut plaider ça.
Une voix:...
Le Président (M. Richard): Jonquière.
M. Dufour: J'écoute complètement et très
fortement ce qui se passe par rapport à cette discussion. Je vous dis
que j'ai de la difficulté à comprendre ce que le ministre...
M. Pagé: Pour un ancien président de l'UMQ, par
surcroît, c'est...
M. Dufour: Je vais vous dire pourquoi, M. le ministre. Si vous
avez la patience de m'écouter quelque peu, je vais vous dire que... Vous
avez dit ce matin qu'il y avait de l'unicité dans le gouvernement, de la
cohérence dans ce qui se passait. Avant les fêtes, on a
adopté une loi, la loi 86, qui abolissait la Commission de police au
Québec. Et quels étaient les arguments majeurs pourquoi on
l'abolissait? C'est que la Commission de police était un organisme qui
ressemblait au commissaire aviseur. Elle se fourrait le nez partout et elle
n'avait aucun pouvoir. Elle écurait tout le monde. Je disais, dans
mes mots, qu'elle jetait de la merde dans le "fan" et, après ça,
elle se sauvait. C'est ce que faisait la Commission de police. Pas un
n'était capable de suivre.
M. Brassard: C'était le gars qui avait le "flag" sur le
"hood".
M. Dufour: Elle venait de salir tout le monde, elle ne
réglait rien. Les municipalités qui voulaient suivre ça
étaient "poignées" parce qu'il y avait des gens qui allaient en
cour et qui contestaient. Quand on voulait appliquer la convention collective,
elle faisait la même chose. Ils étaient contestés, les
syndicats contestaient, le diable était aux vaches. Il n'y avait rien
qui se réglait. Dans un même souffle, vous arrivez avec un
tribunal qui ressemble à ça, qui vient dire au monde: Vous savez,
les petits garçons, vous n'êtes pas corrects. Ce que vous faites
n'a pas d'allure. Mais on va publier ça dans le journal. On va mettre de
la pression sur tout le monde, mais on n'a aucun pouvoir de décision.
Tout le monde va partir dos à dos, va être fâché bien
noir et vous n'avez rien réglé.
M. Pagé: Cela va rapprocher...
M. Dufour: M. le ministre, vous augmentez les coûts
à part ça! Vous ne me ferez pas accroire que...
M. Pagé: Me permettez-vous d'ajouter une
parenthèse?
M. Dufour: On va vous en donner la chance, ça ne
m'ôtera pas mon droit de parole.
M. Pagé: II y aura deux personnes nommées par le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et deux
personnes nommées par le ministre des Affaires municipales. Nous avons
la conviction qu'il va se dégager, à partir de là, du
rapprochement et ça va bien aller...
M. Dufour: Pouvez-vous nier...
M. Pagé: Le simple fait d'avoir cette
disposition-là va rapprocher les parties de façon à
éviter les conflits.
M. Dufour: M. le ministre, vous niez toute l'expérience
qu'on a vécue.
M. Pagé: Non seulement le diable ne sera pas aux vaches
mais, surtout, les vaches vont être tranquilles.
M. Dufour: Cela, moi, les vaches, elles ont leur place et le
monde aussi. Essayez de concilier ça. C'est ça, la
différence. Moi, je vous dis que vous niez tout le caractère
expérimental qui s'est passé sur le territoire du Québec.
On a enlevé la Commission de police. Ce n'est pas pour rien parce qu'on
a mis un commissaire en déontologie qui a des pouvoirs et qui va
être capable de se prononcer. Vous allez me dire que ce commissaire aura
le nez partout et qu'il n'a pas de pouvoir et que tout le monde va être
heureux de ça! Il y
a du monde municipal et 1 y a du monde agricole. À la Commission
de police, il y avait du monde de quelque part qui était là.
C'étaient des gens du Québec qui faisaient partie de la
commission municipale. On n'avait pas choisi ces gens comme ça, au
hasard. Il y avait aussi du monde de partout qui était à
l'intérieur de la Commission de police. Ils faisaient leur travail. Le
problème était qu'Us n'avaient pas de pouvoir. Ce n'est pas
compliqué. Quand ils faisaient des recommandations, ils ont même
fait des fois des recommandations assez importantes. Et durant ce
temps-là, ils mettaient des blâmes sur des policiers et il y a des
gens qui ont eu des grades. Ils ont été gradés, ils ont
été récompensés de leurs actions. Ce que vous
faites, vous nous proposez qu'il y ait un commissaire qui vienne dire aux gens:
Vous n'êtes pas corrects. La Commission de protection du territoire
agricole était respectée parce qu'elle avait un pouvoir. C'est
ça qui est arrivé à la longue. Tout le monde respectait la
Commmission de protection du territoire agricole parce qu'elle avait un
pouvoir. Le commissaire aux plaintes va se promener et il n'aura pas de
pouvoir. Il va dire: Vous savez, ce n'est pas correct ce qui s'est fait. Ce
n'est pas de même qu'on fonctionne sur le plan normal. Même le
gouvernement ne fonctionne pas de même. Il fonctionne en disant: La cour
va trancher. Combien de fois ai-je entendu ça depuis trois ans? La cour
se prononcera. On parle de n'importe quoi: La cour va se prononcer. Là,
ce n'est plus ça. Là, c'est: Je ne sais pas. Il va y avoir un
superman qui va arriver, qui va regarder ça et qui va analyser. Il aura
beau poser les gestes qu'il voudra, si n'a pas de pouvoir, il va régler
quoi? Il ne va rien régler. Il va mettre tout le monde en maudit. C'est
ce qui va se produire. Et il y a des coûts dans ça.
M. Pagé: Est-ce que le député aurait
préféré que le pouvoir n'en soit pas un d'avis, mais de
décision et que ce soit la Commission de protection du territoire
agricole?
M. Dufour: Ma préférence actuellement, c'est que ce
commissaire n'a pas de place là.
M. Pagé: Je vous demande...
M. Dufour: Vous me demandez, vous dites... C'est du sophisme que
vous faites là.
M. Pagé: Ce ne sont pas des sophismes.
M. Dufour: Vous allez me dire: Vous allez faire ci ou faire
ça. En trois ou quatre mots, vous allez m'en donner cinq ou six, lequel
est le moins pire? Je vais vous en conter, des histoires. J'en al entendu
raconter, des choses, moi. Cela marche par la politique du moins pire. Aimes-tu
mieux ça ou bien ça? Est-ce mieux de la crème
glacée, de la crème dure ou de la molle? Aimes-
tu mieux de la crème non fabriquée parce que ça
peut faire du beurre? On peut en mettre des affaires. Je pourrais aller
à des choses comme ça à l'infini.
M. Pagé: On reconnaît la longue expérience de
maire du député de Jonquière.
M. Dufour: M. le ministre, je vais vous dire que moi, dans ma
tête, le commissaire qu'il y a là et que vous êtes en train
de mettre là, c'est un instrument. C'est dommage, j'appelle ça un
instrument et c'est un individu. Mais c'est un moyen que vous mettez en place
qui n'a pas lieu d'être. Il n'a pas d'affaire là du tout.
Là, vous êtes en train de changer les règles du jeu. Vous
allez faire la même chose avec le temps, vous allez convaincre tout le
monde que, là, ça va vous donner un autre pouvoir. C'est un peu
comme on a fait avec la Commission de police. Après quelques
années, vous avez dit: La, ça nous prend quelqu'un qui a du
pouvoir. Là, vous avez donné du pouvoir. On vient de créer
tout un mécanisme. On est en train de créer des choses. Dans le
fond, c'est comme un cancer. Il se guérit. Il se nourrit par
lui-même. Par ses attitudes, il va faire que tout le monde va dire: Cela
n'a pas de bon sens ce qui se passe là, M. le ministre. Après un
certain temps, ils vont oublier de quelle façon cela a été
mis sur pied. Ils vont dire: Le commissaire était là. Et personne
ne va poser de questions. Ils vont dire: il y a un commissaire et il faudrait
bien qu'il ait quelques pouvoirs, ce gars-là. Ils vont courir
après vous et vous allez dire: J'avais bien raison, n'est-ce pas? Parce
que j'ai mis un commissaire dont le monde a besoin, il faut que je le rende
officiel. Pour la Commission de police, c'est la même chose. Et le
président de la commission rit; il a été maire et il sait
ce qui s'est passé là-dedans... Les mêmes
municipalités ont dit: Cela n'a pas de bon sens, on ne peut plus vivre
de cette façon-là. Ce sont les municipalités qui ont
demandé d'aller plus loin dans leurs démarches. J'ai subi ces
pressions. Et de la façon dont elles l'ont demandé... Cela n'a
pas de bon sens comment ça s'est passé, pour cette loi. Je suis
encore convaincu que c'était de la foutaise et qu'on n'aurait pas
dû le faire comme ça. Cela va probablement être une loi pas
pire avec le temps. On va finir par vivre avec, mais ce n'est pas comme
ça qu'on aurait dû l'amener. Et le poste de commissaire qu'on est
en train de créer va entraîner des coûts
supplémentaires. Cela va exiger des municipalités qu'elles
préparent des dossiers. Il va bien falloir qu'elles se défendent,
elles vont être attaquées. Les agriculteurs vont faire la
même chose. Tout le monde va tomber là-dedans. C'est entendu que
si c'est ça, créer de l'emploi, c'est peut-être une bonne
façon. Je ne le sais pas, on peut dire n'importe quoi. Je vous dis qu'il
y a des coûts importants qui vont être... et qui vont aller je ne
sais où.
M. Pagé: Avec la réflexion et avec la transparence
qui nous animent, je vais vous dire qu'on avait cinq possibilités.
M. Brassard; Bon, allons-y! Un, deux, trois, quatre, cinq.
M. Pagé: Pour le bénéfice du Journal des
débats, le député de Lac-Saint-Jean vient de sortir
son crayon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je n'avais pas terminé mon intervention, mais
je reviendrai.
M. Pagé: On avait cinq possibilités, M. le
député: Premièrement, dans le cas où une
municipalité veut adopter un règlement ou dépose un avis
de motion ou un règlement, comme ie disait le député de
Prévost tout à l'heure, pour priver le producteur agricole en
zone verte...
M. Brassard: Entraver la production agricole.
M. Pagé: ...de son droit de faire sortir ses animaux. On
avait cinq possibilités. Pour la première, on dit: La Commission
de protection du territoire agricole, qui est un organisme quasi judiciaire, va
entendre la plainte et formuler une décision comme quoi le producteur
est dans son droit et que le règlement municipal n'est pas valide, n'est
pas légal en fonction de nos règles de droit. C'est certain que
le monde municipal disait: II n'est pas question d'envoyer ça à
la CPTA. La CPTA est un organisme qui doit protéger l'agriculture. En
partant, on va avoir trois prises ou, tout au moins, deux prises et le premier
coussin va être à 500 pieds. Comment être traité
objectivement par un organisme comme la CPTA? Le monde municipal disait
d'envoyer ça à la commission municipale.
M. Brassard: C'était la deuxième?
M. Pagé: C'était la deuxième. Il disait
d'envoyer ça à la commission municipale qui va juger. Le monde
agricole disait: II n'est pas question qu'on aille à la commission
municipale. Si on va à la commission municipale, on va partir avec deux
prises et le premier coussin va être à 500 pieds.
La troisième possibilité, c'était de créer
un autre organisme quasi judiciaire. Comme on ne veut pas multiplier les
organismes... Dites-vous bien que quand un organisme quasi judiciaire est
créé, il est habilité à recevoir une preuve avec
des représentations, des avocats, etc.
La quatrième possibilité, c'était de laisser
ça tel quel.
M. Brassard: Des tribunaux ordinaires.
M. Pagé: Des tribunaux ordinaires. Cela coûte cher,
c'est long. La Cour supérieure et un jugement, en moyenne, c'est dix
mois. En appel, c'est encore un an et demi, deux ans. Imaginez-vous donc
l'honorable producteur de Prévost qui ne peut pas sortir ses animaux
parce que la municipalité a décidé qu'ils ne sortaient
plus pour ne pas déranger M. X et Mme Tartamplon, qui ne sont pas
loin.
M. Brassard: M. le Président, on est à la
quatrième solution, c'est-à-dire les tribunaux ordinaires. Il ne
faudrait pas que le ministre nous donne l'impression que c'est une solution
qu'il a écartée.
M. Pagé: Non. On ne l'a pas écartée.
M. Brassard: II ne l'a pas écartée parce que les
tribunaux ordinaires...
M. Pagé: Ils vont être encore là.
M. Brassard: ...sont toujours dans le décor.
M. Pagé: Oui. On ne peut pas l'écarter non
plus.
M. Brassard: Après que le commissaire-aviseur...
M. Pagé: Mais comme on recherche un mécanisme de
compréhension mutuelle et de rapprochement plutôt qu'un
mécanisme d'affrontement, on a créé ce poste. À
défaut d'avoir des comités de concertation qui ne sont plus
acquis et qui n'étaient pas acceptés, on a créé le
poste d'un commissaire-aviseur. Et, une fois que le commissaire aura
donné son avis, si la municipalité veut poursuivre, ça va
aller devant les tribunaux. Le dossier du commissaire-aviseur sera
déposé en preuve, purement et simplement. Nous croyons que ce
nouveau mécanisme va éliminer un nombre substantiel de conflits.
On a une perception qui est très différente de la vôtre.
C'étaient les cinq possibilités qu'on avait. (15 h 30)
M. Brassard: Vous avez une perception jovialiste.
M. Pagé: Non pas jovialiste, mais réaliste.
M. Brassard: D'abord, j'en ai beaucoup contre cette
cinquième solution qui a été retenue par le ministre.
Pourquoi la classe agricole, les producteurs agricoles auraient-ils besoin d'un
commissaire pour aplanir les difficultés qui surgissent entre eux et une
municipalilté? C'est les considérer un peu comme des mineurs qui
ont besoin d'un protecteur, d'un défenseur, d'un ombudsman pour les
aider à régler les problèmes qu'ils vivent avec les
municipalités.
Dans cette lancée, demain matin, je ne vois pas pourquoi les
chambres de commerce, dans les municipalités ou dans les villes, ne
viendraient pas voir leur ministre responsable en disant: Écoutez, on
aurait besoin d'un commissaire aviseur pour nous aider à résoudre
et à aplanir les difficultés qu'on connaît et qu'on vit
avec les municipalités. Parfois, il y a des règlements qu'on juge
injustes, inéquitables à notre égard: des
règlements de stationnement, de zonage et de circulation qu'on juge
néfastes à notre commerce. Cela crée des
inconvénients à notre commerce, à nos activités
commerciales. On aimerait avoir un commissaire pour pouvoir porter plainte
devant ce commissaire afin qu'il puisse amorcer des pourparlers. Ils vont dire:
Les agriculteurs en ont un, pourquoi n'en aurions-nous pas un pour les
commerces? Il arrive que les commerces dans une municipalité se sentent
lésés par des règlements votés par la
municipalité. Cela arrive; cela arrive souvent aussi: des
règlements de circulation, des règlements de stationnement, des
règlements de construction, des règlements de zonage. Ils se
sentent lésés. Comment règlent-ils leurs problèmes?
Ils les règlent par l'intermédiaire de leur organisme
représentatif; la plupart du temps, c'est une chambre de commerce. Ils
vont rencontrer le conseil municipal; ils parlent, ils négocient et ils
entament des pourparlers. Ils font valoir leur point de vue et leurs droits.
Ils font signer des pétitions. Ils font à peu près tout ce
que des citoyens peuvent faire face à des élus. La plupart du
temps, ils réussissent à obtenir gain de cause.
Pourquoi les agriculteurs ne feraient-ils pas la même chose? C'est
les considérer comme une catégorie mineure. Ils n'ont pas la
majorité, ils sont incapables ou inaptes à se défendre
eux-mêmes ou à plaider leur cause auprès des élus
municipaux. C'est ça, au fond, qu'on retrouve comme fondement d'une
notion comme celle-là. Je dis que, si l'article 98 n'est pas clair,
clarifions-le. Si la préséance, la prédominance de la Loi
sur la protection du territoire agricole n'est pas claire par rapport aux
règlements municipaux, aux schémas d'aménagement, aux
plans directeurs et aux plans d'urbanisme, clarifions tout ça et
travaillons sur l'article 98, de façon que, devant les tribunaux, ce
soit clair, sans équivoque, sans ambiguïté. Je persiste
à croire que l'institution de cette nouvelle fonction va davantage
aggraver la situation, envenimer les choses, aggraver les conflits que d'avoir
pour effet de les régler. Les parties vont bien plus se braquer les unes
contre les autres qu'elles ne vont se rapprocher. En tout cas, je n'ai pas une
vision jovialiste, comme celle du ministre, de l'avenir ou des fruits d'une
telle institution.
En conséquence, je ne pense pas que ce soit la solution qu'il
convenait d'utiliser, d'autant plus que, je le répète, les cas de
conflits ne sont pas aussi nombreux. Il y a moyen de les régler, de les
résoudre d'une autre façon, d'autant plus que les producteurs
agricoles sont fort bien représentés. Ce n'est pas un monde
inorganisé,
celui des producteurs agricoles. Tantôt, on disait qu'ils
étaient isolés. Ils sont isolés géographi-quement,
physiquement sur le territoire, mais, comme groupe, ils sont drôlement
organisés, drôlement bien organisés comme groupe: un
syndicat de base, des fédérations régionales, une UPA
nationale. Ils sont drôlement bien organisés, donc ils sont
capables de se défendre. Ils ont les moyens et des organisations
suffisamment fortes et solides pour être capables de se défendre
face à un conseil municipal. Le syndicat de base dans une
municipalité - je le sais, j'ai des municipalités agricoles dans
mon comté - lorsqu'il n'est pas satisfait du comportement d'un conseil
municipal, je vous assure qu'il se rend, en groupe, à la prochaine
séance du conseil. Il est capable de s'exprimer et de faire entendre sa
voix. Le conseil municipal, à ce moment-là, ne fait pas la sourde
oreille, il est justifié de réagir positivement et
d'écouter ce que le syndicat de base, qui représente un bon
nombre d'agriculteurs, vient lui dire. Je pense que c'est un bien meilleur
moyen de résoudre des conflits possibles entre municipalités que
de parachuter, comme ça, un commissaire qui vient de la capitale pour
soi-disant rapprocher les parties. À mon avis, ce que vous dites aura
bien plus l'effet contraire.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière, on s'excuse. Tout à l'heure, on vous a coupé la
parole, je pense.
M. Dufour: On m'avait interrompu mais ce n'est pas tellement
grave. Cela me permet tout de même, pour mon entendement et selon mon
expérience...
Le Président (M. Richard): Je sais que vous nous le
pardonnez.
M. Dufour: ...d'écouter ce que les autres ont à
dire. C'est important.
M. Pagé: C'est commencé. M. Garon:
Continuons.
M. Dufour: C'est important; ça fait juste charger ma
batterie, comme on dit.
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, M. le
député.
M. Dufour: En fait...
M. Pagé: Allez, épuisez-vous.
M. Garon: As-tu la batterie basse?
M. Dufour: J'ai entendu, bien sûr, les cinq points et le
ministre dire: On aurait pu les retenir. On aurait peut-être pu en
retenir un autre. Je pense qu'on aurait pu permettre ou laisser aux
municipalités le droit de... Je vois qu'y y a beaucoup de perturbation.
Si j'avais un pouvoir, je donnerais même la possibilité de...
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, M. le
député de Jonquière. Excusez-moi.
M. Dufour: On pourrait même suspendre quelques minutes, si
ça fait votre affaire, parce que je sens qu'il y a beaucoup de
perturbation dans l'air. Il n'y a pas de faux atterrissage.
M. Pagé: Cela prendrait un président avlseur.
M. Dufour: Voilà. Je prétends qu'il y a
peut-être une solution qui a été écartée. On
aurait pu trouver, à travers... Ah, non, je ne parie plus. Je vais
attendre. On aurait pu donner la possibilité aux municipalités de
faire des règlements mais qui ne dépassent pas les normes
imposées par le gouvernement. Qu'on regarde... Ce n'est pas
"travaillable".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Est-ce qu'on peut suspendre, M. le Président.
Pour les besoins du Journal des débats, j'aimerais dire que le
ministre est en train de manger du chocolat. Ce n'est pas produit ici mais il y
a du lait là-dedans.
M. Garon: Aux cerises. Du chocolat aux cerises.
M. Dufour: Aux cerises. Il y a du lait là-dedans.
M. Brassard: II y a des produits agricoles de chez nous et il y a
des produits agricoles importés là-dedans.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: M. le Président, le député
met de côté une des règles de l'art du parlementarisme. En
fait, M. le Président...
M. Dufour: Est-ce que c'est affiché en anglais à
l'extérieur ou en français?
M. Pagé: ...je suis à grignoter
discrètement...
M. Dufour: Discrètement! Ha, ha, ha!
M. Pagé: ...un morceau de chocolat...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: ...en compagnie de beaucoup d'autres de mes
collègues, des deux côtés de la table.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Et, si mes collègues, de l'autre
côté de la table, ont les mains en dessous de la table, c'est
parce qu'ils sont en train de dépaqueter des chocolats.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: II faudrait peut-être remercier le
président de la commission.
M. Pagé: C'est ça. Le président de la
commission...
Le Président (M. Richard): II faut dire qu'il y a une
partie...
M. Pagé: On va suspendre deux minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Nous suspendons quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 39)
(Reprise 15 h 58)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission va reprendre ses travaux. Nous sommes toujours à
l'article 79.2. Je sais que vous aviez hâte de terminer cet article. Vous
aviez la parole, M. le député de Jonquière.
M. Brassard: Le député de Jonquière n'avait
pas complété son intervention.
M. Dufour: Surtout que j'avais de la difficulté à
me faire entendre...
Le Président (M. Richard): Pour des raisons
techniques.
M. Dufour: ...peut-être pas à me faire comprendre,
mais surtout à me faire entendre. Je disais qu'en regard des cinq
solutions retenues, il y a peut-être une sixième solution ou une
sixième voie qui aurait pu être explorée, à savoir
qu'il y a des réglementations à caractère gouvernemental
qu'une municipalité pourrait proposer, sans pouvoir les dépasser;
ce serait balisé avec un cadre très précis. On ne retrouve
pas ça. On l'a fait, par exemple, dans le domaine de l'environnement,
avec la lot 82. Il y a des normes qu'une municipalité ne peut pas
dépasser. Autrement dit, on est obligé de s'en tenir à la
réglementation gouvernementale pour appliquer les lois sur
l'environnement. On aurait pu, dans ce sens-là, explorer cette
sixième voie. Je vois, en tout cas, qu'on aurait pu aller un peu plus
loin.
En ce qui concerne le commissaire comme tel, je prétends qu'il y
a des augmentations de coûts extrêmement importants qui vont
être imposées aux municipalités et aux contribuables. Mais
ça ne va nulle part. La municipalité ne pourra même pas se
plaindre à ce commissaire-là. Le commissaire n'a qu'une fonction
agricole. Les plaintes ne pourront émaner que de ce milieu Donc, cela
laisse supposer qu'à chaque fois que le commissaire met en marche un
dossier, il y a un conflit, pas de la part, nécessairement, de la
municipalité, mais il y a un conflit et ce conflit-là est une
initiative des agriculteurs. Il a à aller chercher, par sa
démarche, tout un mécanisme. Il y a tout un mécanisme qui
est mis en place où il y a des exigences. Il peut obliger les gens
à comparaître, il peut retenir des salles, il peut faire publier,
c'est toute une action quasi judiciaire. À quel titre allez-vous
m'obliger à comparaître, me questionner et préparer des
documents? Je n'ai pas affaire à ça. Je vais vous dire:
Laissez-moi tranquille; Je ne veux rien savoir de vous autres. Mais le
commissaire, lui, aura le pouvoir de le faire. Quand i aura à
juger sa plainte... et même s'il y a des gens de l'agriculture et de la
municipalité dans le dossier, ça ne change pas la nature du
problème. La nature du problème, c'est qu'on est en train de
créer une commission, avec un commissaire, qui s'apparente
drôlement à la Commission de police. On sait ce que cela a fait
sur le territoire du Québec: au mois de décembre 1988. on a
décidé qu'assez c'était assez, et on a changé le
système, afin que ce soit vraiment parajudiciaire, parce que sinon
ça devient vraiment un tribunal. Le commissaire selon la
déontologie, se prononcera et ce sera fini, sans droit d'appel. Cela
nous a donc menés là.
Avec ce commissaire qui va se promener, 1 faut aussi comprendre le
monde. Que se passera-t-il sur le territoire? Les gens seront sensibles
à ce qui se passe. Comme iln'y a pas d'obligation de
décider, que restera-t-il? C'est la même chose que dans le cas du
journaliste qui écrit n'importe quoi avec sa plume, qui met ça
dans le journal et qui laisse ça aller. Tout le monde dit: Qu'est-ce qui
s'est passé? Peut-être que le monde s'habitue, à la longue,
à ce qui se passe, mais la perception demeure. La perception demeure,
soit que le commissaire va... Le monde s'habitue à ce qui se passe par
rapport à ça, mais ça fait des conflits perpétuels.
Cela fera un conflit perpétuel, en plus des coûts qui seront
engendrés par ça, les coûts directs et les coûts
indirects. J'ai l'impression que cette structure qu'on veut mettre en place
causera beaucoup plus de tort qu'elle ne réglera de
problèmes.
Quand le ministre nous parle du cas de Pintendre et de Sabrevois, vous
ne me ferez pas accroire que ces petites municipalités ont tellement
marqué le Québec: ce n'est pas la mort de Louis Riel. Il s'est
passé quelque chose de très grave quand on a tué Louis
Riel; ilne peut plus revenir. Dans le cas de Pintendre, mon
collègue, par ses questions, vous a fait dire ou
vous a fait admettre que ça s'est réglé
correctement. Sabrevois, c'est la même chose. Même s'il y a des
différends, la venue du commissaire ne changera pas ces
différends-là, Ils continueront quand même d'exister, et
les tribunaux continueront à exister et à donner l'heure juste
par rapport à ça.
On a de la difficulté à comprendre la mécanique qui
fait que ce commissaire a une quelconque utilité, si ce n'est le fait
d'avoir une nomination, d'avoir quelqu'un qu'on peut placer, de trouver un job
à quelqu'un. Mais, au point de vue pratique, sur le terrain, ça
donnera quoi de plus? Ce n'est pas l'ombudsman, ce n'est même pas un
ombudsman. Peut-être que le nom est mal choisi; c'est peut-être un
ombudsman qu'on voulait mettre en place, mais il n'est pas immunisé
contre tout. Québec s'est donné un ombudsman, on a pris
l'ombudsman de la ville de Québec, qui est en frais d'innover avec
ça, et on a dit: On est prêt à se soumettre à
ça. Mais l'ombudsman ne peut pas exiger d'autre chose; on le sait, tout
le monde le sait. Il vient faire une enquête, il s'en va avec ça,
et il dit: Vous devriez le faire de cette façon-là. C'est une
caution morale. Mais tout le monde aura son ombudsman.
On a une piste de course à Jonquière, M. le ministre la
connaît bien, elle s'appelle Pré Vert. Il y a plus de 100 chevaux
et on voudrait bien en avoir 200, mais c'est en plein coeur de la ville. Il n'y
a pas trop de plaintes de la part des gens, mais c'est évident que,
lorsqu'ils laissent les tas de fumier augmenter, les gens grouillent un peu, et
avec raison. Mais quand ils ramassent leurs affaires au fur et à
mesure... Je ne sais pas ce qu'il y a de drôle en disant ça; mon
collègue de Lévis est dissipé cet après-midi.
M. Garon: Ils ramassent quoi? M. Dufour: II est
dissipé.
M. Pagé: Ca se ramasse difficilement au fur et à
mesure; ça se ramasse régulièrement, mais pas au fur et
à mesure...
M. Dufour: Bon, au fur et à mesure. Quand je dis au fur et
à mesure, j'espère que vous comprenez...
M. Pagé: ...surtout sur une piste de course.
M. Dufour: ...que ce n'est pas au moment où cela se
fait.
M. Pagé: Là, vous référez au moment
où cela se ramasse.
M. Dufour: Pour moi, la tempête va durer encore, parce que
j'ai comme l'impression qu'il y a des gens qui... En tout cas! Pré Vert
existe, c'est dans la ville de Jonquière. On a continué et il y a
même des quartiers domiciliaires qui se sont construits autour; cela ne
les en a pas empêchés. Je peux vous dire, par exemple, que, dans
l'administration municipale, le problème industriel est beaucoup plus
grave et occasionne beaucoup plus de difficultés aux
municipalités.
M. Pagé: On est d'accord là-dessus. Les
municipalités devraient s'occuper davantage des secteurs industriels que
du secteur agricole.
M. Dufour: M. le ministre, laissez-moi parler. Elles le savent
parce que les zones industrielles sont beaucoup plus près du milieu
urbain que du milieu rural, à moins que je ne connaisse pas ce qui se
passe sur le terrain. Je vous dis carrément là-dessus que les
industries sont à l'intérieur du milieu bâti, donc elles
causent beaucoup plus de problèmes. On finit par faire de
l'aménagement, mais elles n'ont pas un commissaire pour les
défendre.
Une voix: Oui.
M. Dufour: Je ne vous cache pas que, demain matin... J'irai
même vous montrer des endroits où l'industrie pollue. Les gens
s'en plaignent, mais il n'y a pas beaucoup d'industries qui ont
été fermées jusqu'à maintenant. D'ailleurs,
j'espère qu'elles ne fermeront pas et qu'on va trouver des
mécanismes pour les améliorer et pour empêcher leur
fermeture. Je pense aussi que les gens ont arbitré ça; ils ont
choisi de le faire. Je ne vois pas, demain matin, les industries venir nous
dire: Nous aussi, on voudrait avoir un commissaire aux plaintes pour nos
organismes. Cela pourrait soulager du monde. Il y a des industries qui sont
dérangées et qui sont moins fortes, à part ça, que
les cultivateurs.
Comme mon collègue le disait, les cultivateurs et les
agriculteurs viennent dans les conseils municipaux pour parler. Quand on voit
des agriculteurs - et je pense que c'est rendu comme ça - aux conseils
municipaux, on ne le regarde pas comme un minable, une personne ordinaire, mais
comme une industrie, comme une personne qui a d'importants capitaux. En tout
cas, je vous donne ma vision des faits selon ce que j'ai vu chez nous. Les
cultivateurs et les agriculteurs, dans Jonquière, occupent, selon moi,
beaucoup de place et avec raison. Ils ont des valeurs et il faut en tenir
compte. Il y a des problèmes avec la ville, mais cela ne les a pas
empêchés. Au contraire, je ne vous cache pas qu'avant de faire un
plan d'urbanisme, on est allé les voir chacun individuellement pour leur
demander s'ils avaient le goût de produire et s'ils voulaient demeurer
sur leur terre. Cela a été respecté; on l'a fait. On est
allé les voir l'un après l'autre pour leur demander: Voulez-vous
continuer à cultiver votre terre? Êtes-vous corrects? Est-ce votre
idée? C'est parfait. Notre plan d'urbanisme a respecté ça
à la grandeur. On n'en a pas fait sauter un seul et on n'a pas
exercé de pression sur aucun. C'était notre
attitude par rapport à ça.
M. Pagé: Oui, mais les attitudes ne sont pas les
mêmes partout.
M. Dufour: Peut-être pas, mais je vous dis carrément
que, même avec certains désagréments - et j'en connais des
désagréments, Je pourrais les identifier, mais ce n'est pas
nécessaire; on les a laissés et je ne pense pas qu'ils soient en
danger - je serais l'un de ceux qui s'opposeraient au conseil municipal s'il
voulait faire des réglementations pour les déranger de
façon telle qu'ils ne puissent plus produire. Je pense qu'il faut
respecter ça.
M. Pagé: Vous pourriez vous opposer à l'article et
on l'adopterait.
M. Dufour: Pardon? Tout ça pour vous dire encore, M. le
ministre, que ce mécanisme que vous allez implanter sera
considéré dans le temps - je suis convaincu de ça - comme
une décision prématurée et surtout à
caractère discriminatoire parce qu'on ne peut pas le donner à
tout le monde. Discriminatoire dans le sens que, si on le donne pour ces
groupes, les autres groupes pourraient exiger d'avoir le même droit.
C'est du droit nouveau, alors ce sera aussi difficile de prétendre que
l'attitude qu'on adopte là correspond ou est cohérente avec ce
qui s'est passé dans d'autres dossiers à la Commission de police
où on a enlevé du terrain des gens qui n'avaient pas de pouvoir.
On a constaté que cela ne faisait que causer beaucoup de
désagréments, d'irritants et que c'était de nature
à dresser les gens, les uns contre les autres. Cette attitude-là
va donner la même chose. En tout cas, en terminant, je maintiens que la
sixième voie, celle que j'ai proposée, aurait pu être
applicable dans ce cas-là et que cela aurait sûrement
enlevé ce poste de commissaire aux plaintes que vous voulez
créer.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 79.2 est
adopté?
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division. J'appelle donc
l'article 79.3.
M. Pagé: L'article 79.3. En fait, tous les autres articles
sont des articles qui amènent de la chair sur l'ossature de 79.2.
À 79.3, l'objectif, en fait, c'est de décrire le champ de
compétence du commissaire et la procédure d'introduction d'une
plainte. L'article se lit ainsi: "Un producteur qui se croit lésé
ou qui estime pouvoir vraisemblablement être lésé par
l'application d'un règlement municipal d'urbanisme ou relatif aux
nuisances, qui affecte ses activités agricoles pratiquées dans
une zone agricole, peut adresser sa plainte, par écrit, au
commissaire."
M. Brassard: À propos du commissaire, 1 va y en avoir
combien? Un seul?
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Pour tout le Québec?
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): L'article 793 est adopté
sur division. J'appelle donc l'article 79.4.
M. Pagé: À 79.4, on vise à éliminer
ou à éviter la multiplication des plaintes individuelles
concernant les mêmes dispositions dans le règlement municipal. Le
commissaire fait publier le contenu de la plainte avec un avis selon lequel
toute personne intéressée peut intervenir et faire valoir son
point de vue. On dit que "dans les trente jours de la réception de cette
plainte - le commisssaire doit - faire publier dans un journal diffusé
dans le territoire de ta municipalité qui a adopté le
règlement faisant l'objet de la plainte: "1° un résumé
du contenu de la plainte; "2° le texte de la disposition du
règlement municipal en cause; "3° la mention que toute personne
Intéressée à intervenir et faire valoir son point de vue
concernant cette plainte doit, dans les trente jours de la date de cette
publication, en aviser le commissaire; "4° la mention que, durant ce
délai, toute personne intéressée peut, à sa
demande, obtenir du commissaire, le texte de la plainte." Cela va de soi.
M. Brassard: L'expression "toute personne
intéressée" comprend-elle également les organismes et les
associations?
M. Pagé: Oui. Personne, c'est la définition
généralement applicable.
M. Brassard: II n'est pas nécessaire que cette personne,
ce groupe ou cet organisme sort domicilié dans la
municipalité.
M. Pagé: Dès le moment où elle peut
démontrer, si c'est une personne morale que l'organisme ou le groupe
qu'elle représente a un intérêt dans le dossier et ce sera
au commissaire à en juger, selon les règles du droit habituelles
en semblable matière.
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): L'article 79 4 est
adopté sur division. J'appelle donc l'article 79.5.
M. Pagé: M. le Président, c'est le fart que
le commissaire peut, pas doit mais peut, tenir une audition afin
d'entendre les personnes qui se sont montrées intéressées
à faire valoir leur point de vue.
M. Brassard: Cela implique-t-il que cette convocation se fait
dans la municipalité elle-même?
M. Pagé: Par avis écrit.
M. Brassard: Mais l'audition, elle a lieu dans la
municipalité?
M. Pagé: Cela pourrait être à la convenance
des parties, sauf que je ne vois pas, par exemple, pour une plainte au
Lac-Saint-Jean, pourquoi on ferait venir du monde à Québec? Cela
ne sera pas nécessairement sur le territoire de la municipalité.
Cela pourrait être à la préfecture de la MRC. Par exemple,
une plainte concernant la belle municipalité de Saint-Basile,
d'où je viens, pourrait être entendue à la
préfecture, à la MRC de Cap-Santé à quelques milles
plus loin.
M. Dufour: Si le commissaire convoque les parties et qu'il y a
des parties qui décident de ne pas y aller, ça fait quoi?
M. Pagé: II pourra donner son avis... M. Dufour: II ne la
donne pas?
M. Pagé: Le commissaire va donner son avis sur la foi des
représentations qui lui ont été faites. Si aucune
représentation ne lui est faite...
M. Dufour: II ne peut pas les forcer.
M. Pagé: Non. Quelqu'un qui va requérir un avis de
i'ombudsman, il va se faire entendre. Si les parties qui sont invitées
par I'ombudsman à se faire entendre ne le font pas, ieur argumentation
ne sera pas prise en considération, elles n'auront pas été
formulées.
M. Brassard: Cette technologie constitue un manque de respect
à l'égard des institutions parlementaires.
Le Président (M. Richard): Nous suspendons pour deux
minutes et quart.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise à 16 h 16)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, la
commission reprend ses travaux. Nous étions à l'article 79.5.
Vous aviez une interrogation, M. le député de
Jonquière.
M. Brassard: Adopté, sur division.
Le Président (M. Richard): Adopté, sur division.
J'appelle l'article 79.6.
M. Pagé: Le commissaire peut juger à propos de
tenir une audience publique, selon les besoins. I! peut convoquer plus de gens.
Il fait alors publier, dans un journal diffusé dans le territoire de la
municipalité en cause, un résumé du contenu de la plainte
et indique le jour, l'heure et le lieu de l'audience s'il décide de
tenir une audience publique plutôt que d'avoir une rencontre
privée entre les parties concernées.
M. Brassard: Et c'est lui qui identifie les parties. On dit "les
intervenants". Les parties, cela va de soi mais, les intervenants, c'est lui
qui les sélectionne. M peut écarter certains intervenants qui
sont...
M. Pagé: Non. Ceux qui se sont manifestés. Mais il
peut faire une audience publique plutôt qu'une rencontre
privée.
M. Brassard: Est-ce qu'il peut faire une sélection des
intervenants?
M. Pagé: Non.
M. Brassard: Adopté, sur division.
Le Président (M. Richard): Adopté, sur division.
J'appelle l'article 79.7.
M. Brassard: C'est le comité dont vous nous avez
souventefois parlé.
M. Pagé: C'est ça. "79.7 Pour l'examen d'une
plainte, le commissaire est assisté de deux personnes
désignées par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation et de deux personnes désignées par le
ministre des Affaires municipales."
C'est le gouvernement, encore là, qui fixe leur traitement, leur
traitement additionnel, leurs allocations ou leurs honoraires.
M. Dufour:...
M. Pagé: Pardon?
M. Brassard: Quand vous dites: "Pour l'examen d'une plainte..."
est-ce que cela implique uniquement... C'est pour l'examen de toute plainte,
même s'il décide de ne pas aller en audience publique?
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: S'il va en audience publique, est-ce qu'il est
accompagné en audience publique
de ces quatre personnes? M. Pagé: Oui. M. Brassard:
Oui. Ce n'est pas clair.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 79.7 est
adopté?
M. Brassard: Adopté, surdivision.
Le Président (M. Richard): Adopté, sur division.
J'appelle donc l'article 79.8.
M. Pagé: En fait, la loi établit des guides et des
termes de référence pour le commissaire. Ces termes de
référence peuvent être les pratiques reconnues dans le
domaine de l'agriculture, les règles environnementales applicables dans
ce domaine. L'article dit très clairement: "Dans l'examen de cette
plainte, le commissaire prend en considération notamment les
règles de l'art en matière d'activités agricoles..." Par
exemple, est-ce normal de faire fonctionner un séchoir à foin en
période d'intenses récoltes? Je comprends, par exemple, que si le
règlement municipal visait à interdire aux producteurs de placer
un équipement motorisé à 30 pieds du voisin, faire
fonctionner une moissonneuse-batteuse le 25 décembre au matin à
côté de la fenêtre du voisin, à 6 heures et demie du
matin, là, il y aurait peut-être une conciliation qui se ferait.
Il suffit de se référer aux pratiques courantes et
habituelles.
M. Dufour: ...l'hiver, les portes sont fermées.
M. Brassard: Quand on fait référence au respect de
la législation, de la réglementation et des ordonnances autres
que celles prises en vertu de la présente loi qui régissent ces
activités...
M. Pagé: II y a les ordonnances du ministère de
l'Environnement aussi qui peuvent s'appliquer à l'égard d'une
production, à l'égard d'un producteur, et il y en a de la
commission. Il faut distinguer les deux.
M. Brassard: Mais la Loi sur la protection du territoire agricole
également est une des assises du commissaire dans son travail? Dans cet
article-là, on dit: Le commissaire prend en considération les
règles de l'art, le respect de la législation, de la
réglementation et des ordonnances autres que celles prises en vertu de
la présente loi. Cela veut dire que celles prises en vertu de la
présente loi... on a l'air de laisser entendre qu'il ne doit pas les
prendre en considération.
M. Pagé: Dans la loi, on utilise
régulièrement le mot "ordonnance". Si on ne distingue pas un
commissaire aviseur qui voudrait référer à une ordonnance,
la municipalité pourrait dire: Oui, mais il n'y a eu aucune ordonnance
de ta CPTA.
Une voix:...
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: Surdivision.
Le Président (M. Richard): L'article 79.8 est
adopté sur division. J'appelle donc l'article 79.9.
M. Pagé: À l'article 79.9, le commissaire, dans son
avis, sous forme de rapport motivé de ses constatations ou
recommandations... Ce pourrait être que certaines dispositions du
règlement municipal ne permettent pas un exercice normal et
légitime de certaines activités agricoles. Ce pourrait
également être que les pratiques culturales de production
devraient faire l'objet de correctifs. Le commissaire pourrait formuler cet
avis. C'est une recommandation. "Il fait publier ce rapport dans un journal
diffusé dans le territoire de la municipalité en cause"
M. Brassard: Sous forme d'encart ou quoi?
M. Pagé: Comme un avis de règlement municipal. Il y
a de fortes chances que ce soit un encart.
M. Brassard: Avec des photos? M. Pagé: Je ne pense
pas. M. Brassard: Surdivision.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
79.10.
M. Pagé: "79.10 Le commissaire peut, dans les deux ans de
la date d'un rapport, refuser de considérer toute nouvelle plainte
visant les mêmes dispositions d'un règlement municipal qui avaient
fait l'objet de ce rapport." Par exemple, les plaintes à
répétition sur un même sujet.
M. Brassard: Qu'est-ce qu'il fait dans ce..
M. Pagé: Pour nous, quand tous les intervenants...
M. Brassard: ...temps-là? Il se réfère
à ses rapports antérieurs?
M. Pagé: Oui. Il va dire que c'est chose jugée ou
chose recommandée, chose avisée.
M. Dufour: II ne pourra pas dire "chose jugée", mais
"chose considérée".
M. Pagé: II va dire "chose avisée".
M. Dufour: II ne pourra pas dire "jugée".
M. Pagé: C'est le concept de chose jugée, en
droit.
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 79.11.
M. Pagé: À l'article 79.11, en vertu de l'article
19.1, c'est également le gouvernement qui approuve les règles qui
concernent la procédure devant la commission et l'acheminement des
demandes qui lui sont soumises. "Le gouvernement peut, par règlement,
établir les règles de procédure et d'administration des
plaintes reçues par le commissaire." C'est la même chose
qu'à l'article 19.1. C'est le gouvernement qui peut établir les
règles de fonctionnement.
M. Brassard: Sans vouloir revenir sur d'autres articles, j'aurais
une question sur le commissaire: Dans votre esprit, vous nommez ce commissaire
pour combien de temps?
M. Pagé: Jusqu'à son remplacement.
M. Brassard: II n'y a pas de durée de mandat. Ce n'est pas
fréquent dans...
M. Pagé: C'est le gouvernement qui la
détermine.
M. Brassard: ...notre législation.
M. Pagé: Le gouvernement va la déterminer pour
trois ans.
M. Brassard: Mais, normalement, cela apparaît dans la
loi.
M. Pagé: "La période qu'il détermine". Le
gouvernement va agir en semblable matière comme il agit dans
d'autres...
M. Dufour: Normalement, il fixe le temps.
M. Pagé: Si vous voulez indiquer "cinq ans", on n'a pas
d'objection. Le contentieux m'indique que, dans les nouveaux textes de loi, on
écrit "pour la période qu'il détermine" parce qu'il est
très clair que le gouvernement attend les recommandations des ministres
concernés par la réforme des tribunaux administratifs, notamment
le ministre de la Justice...
M. Brassard: Sauf que ce n'est pas un tribunal administratif.
M. Pagé: Si vous voulez mettre cinq ans, mettez-le.
M. Dufour: Ce n'est pas vrai pour toutes les lois. On vient
d'adopter la loi 86 et le temps qu'il est nommé y est indiqué. On
a fait une bonne discussion là-dessus.
M. Brassard: Pour le tribunal d'appel, vous avez mis cinq
ans.
M. Pagé: Oui. On va mettre cinq ans. Mettez-le!
M. Brassard: D'accord.
M. Pagé: M. le Président, on va revenir à
l'article...
M. Brassard: Au plus, cinq ans.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement qu'on
apporterait toucherait plusieurs articles?
M. Brassard: Au lieu de dire "pour la période et aux
conditions qu'il détermine", c'est "pour au plus cinq ans".
Une voix: Et aux conditions qu'il détermine.
M. Brassard: Oui.
Une voix: Pour une période d'au plus cinq ans et aux
conditions qu'il détermine, c'est d'y insérer, après le
mot "période", les mots "d'au plus cinq ans".
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): Alors, on désire, d'un
commun accord...
M. Brassard: Le remplacement de la période.
Le Président (M. Richard): ...rouvrir l'article 79.2.
Maintenant, on va identifier la formulation de ce nouvel article, en fait de
l'article modifié qui pourrait se lire comme ceci...
M. Brassard: Pour une période d'au plus cinq ans.
Le Président (M. Richard): Nous remplacerions les mots "la
période " les mots "pour une période d'au plus cinq ans".
À la première ligne, l'amendement se lirait comme ceci:
Remplacer les mots "la période" par les mots "une période d'au
plus cinq ans". Est-ce que ça va?
Une voix: Adopté. M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): Donc, la modification à
l'article 79.2 est adoptée. L'article 79.2,
tel qu'on vient de le modifier, est adopté. Adopté sur
division?
M. Brassard: L'article, oui.
Le Président (M. Richard): Toujours, d'accord, tel
qu'amendé. Nous revenons donc à l'article 79.11.
M. Pagé: ...l'Opposition est sur division. M. Brassard:
L'Opposition est cohérente.
M. Pagé: Elle est cohérente, elle est sur
division.
M. Brassard: L'article 79.11, sur division.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
79.12.
M. Pagé: À l'article 79.12, M. le Président,
c'est le ministre de la Justice qui est responsable de l'application des
articles 79.1 à 79.11. Comme le commissaire est une personne
indépendante du monde agricole et du monde municipal, la
responsabilité de l'application de la sous-section le concernant a
été confiée au ministre de la Justice.
M. Brassard: C'est lui qui recommande? M. Pagé:
Pardon?
M. Brassard: Cela présume implicitement que c'est le
ministre de la Justice qui recommande la personne...
M. Pagé: Au Conseil des ministres. M. Brassard:
Oui. M. Pagé: Bien oui.
M. Dufour: Ce n'est pas obligatoirement un avocat.
M. Brassard: S'il est responsable, oui, c'est vrai. S'il est
responsable de l'article 79...
M. Dufour: Oui, il recommande. Est-ce que ça peut
être aussi une personne autre qu'un avocat?
M. Pagé: Pensez-vous que le monde municipal sauterait de
joie si c'était nommé sur la recommandation du ministre de
l'Agriculture?
M. Dufour: Non, non, mais avec le peu de pouvoir qu'il va
avoir...
M. Pagé: L'Union des municipalités dirait
probablement oui...
M. Dufour: ...je ne suis pas sûr que les
municipalités vont grimper bien fort.
M. Pagé: ...mais l'UMRCQ dirait non.
M. Dufour: Ce n'est pas sur la nomination du commissaire que les
municipalités vont parler, c'est bien plus sur son fonctionnement parce
qu'il est perdu dans la nature. Ce n'est pas nécessairement quelqu'un
qui aura une formation en droit.
M. Pagé: De préférence. Écoutez, pour
faire une audition, il y aura peut-être des experts à entendre, il
y aura deux personnes du monde agricole, du monde municipal... Si c'est un voeu
du député de Jonquière, je vais en glisser un mot à
l'oreille du ministre de la Justice. Adopté?
M. Brassard: Sur division. (16 h 30)
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
79.13.
Mesures relatives aux activités
agricoles
M. Pagé: L'article 79.13 est un article très
important, en ce sens qu'il est substantiel. Cette sous-section 3
réfère aux mesures relatives aux activités agricoles.
L'article 79.13 Indique qu'une personne n'encourt pas de responsabilité
et ne peut être empêchée d'exercer ses activités
agricoles en raison de poussières, d'odeurs ou de bruits si elle exerce
ses activités en respectant les législation,
réglementation ou ordonnances en la matière. Ces dispositions ne
restreignent toutefois pas le ministre de l'Environnement d'émettre des
ordonnances pour faire cesser ces activités, notamment si elles portent
atteinte à la santé du public. Cet article-là dit que le
producteur qui pratique son activité selon les règles de l'art,
qui est réglementaire... Par exemple, il a son certificat d'autorisation
pour sa porcherie. C'est là qu'on introduit le concept
d'immunité.
M. Brassard: M. le Président, quant à moi, en tout
cas, je suis disposé à voter en faveur de cet article parce que
je pense également qu'un producteur agricole qui respecte, comme le dit
l'article, la législation, la réglementation et les ordonnances
en vertu de la Loi sur l'environnement, n'a pas à encourir de
responsabilité à l'égard d'un tiers parce qu'il exerce son
activité agricole en respectant, en zone agricole, en territoire
agricole, toutes les législations relatives à l'environnement. Je
suis disposé à voter en faveur de cet article-là.
Le Président (M. Richard): L'article 79.13 est donc
adopté. J'appelle l'article 79.14.
M. Pagé: À l'article 79.14, M. le
Président,
c'est comme à l'article 79.13. Il protège le producteur
qui respecte les lois et règlements en matière de
poussières, de bruits et d'odeurs. Il appartiendra au demandeur qui veut
le poursuivre de prouver qu'il y a eu contravention de la part du producteur.
En fait, c'est un fardeau de preuve.
M. Brassard: C'est le transfert du fardeau de la preuve. Je pense
qu'il faut être cohérent avec l'article 79.13. Je pense que
ça va éviter des poursuites farfelues ou frivoles si ces
plaignants ont à assumer le fardeau de la preuve.
M. Pagé: Adopté?
M. Brassard: Quant à moi, oui.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 79.15 et nous avons un amendement.
M. Pagé: M. le Président, l'article 79.15
réfère à la norme de réciprocité, le concept
de réciprocité. Il s'agit d'un article de
réciprocité entre les producteurs agricoles et les
non-producteurs. Le producteur agricole doit respecter des normes de distance,
notamment pour l'exploitation d'un élevage intensif. À l'inverse,
lorsqu'un non-producteur voudra s'établir à l'intérieur
des distances minimales fixées pour une telle exploitation, il devra
déposer une déclaration par laquelle il renonce à se
plaindre contre le producteur près duquel il s'est établi. Alors
la modification qu'on apporte vise à préciser que la
réciprocité ne s'applique pas aux bâtiments agricoles, mais
bien aux résidences, commerces ou autres bâtiments non agricoles.
La deuxième modification qu'on apporte à l'article 22 ou 79.15,
premier et deuxième paragraphes... On indique que la deuxième
modification permet de ne limiter l'enregistrement de la servitude qu'en faveur
du seul producteur susceptible d'être affecté par la construction
résidentielle. Alors les amendements, c'est par l'insertion, à la
deuxième ligne du premier alinéa et après le mot
"bâtiment", des mots "autre qu'agricole".
Le Président (M. Richard): M. le député
de...
M. Pagé: Et le deuxième, c'est par le remplacement
du troisième alinéa où on dit: "Cette déclaration a
l'effet d'une servitude; elle doit être enregistrée contre le lot
visé par la demande..." Cela va se lire: "Cette déclaration a
l'effet d'une servitude réelle; elle doit être enregistrée
contre le lot visé par la demande et à l'égard de celui
sur lequel sont situés les bâtiments ou infrastructures servant
à l'activité agricole soumise aux normes de distance."
Une voix:...
M. Pagé: C'est ça.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais savoir quelles sont les dispositions qui ont
été adoptées par le ministère de l'Environnement,
les réglementations concernant les poussières, les odeurs ou les
bruits.
M. Pagé: II y a des directives. Il y a des
règlements qui sont en élaboration actuellement.
M. Garon: il n'y a pas de règlement, que je sache. Il n'y
en a aucun.
M. Pagé: Non, mais il y en a qui s'en viennent. Ils vont
être couverts par ça. On n'ouvrira pas la loi une fois que les
règlements vont être en... Il y a un règlement sur
l'eau.
M. Garon: II y a un règlement sur l'eau. C'est pour
ça que l'article 100 avait été mis justement pour
que...
M. Pagé: II y a une directive sur les distances. Il y a une
directive sur... Bien ça, c'est la directive sur les distances et sjr
l'air. Et sur le bruit, il y a des choses préliminaires qui sont en
élaboration. Il y a un règlement qui s'en vient sur l'air et il y
a un règlement modifié qui s'en vient sur l'eau, selon le
ministre de l'Environnement.
M. Garon: Sur l'eau? Une modification au règlement sur
l'eau. Il y a un règlement sur l'eau. Justement, c'était un des
objets...
M. Pagé: II y a un règlement. Il y a des
modifications qui s'en viennent et la directive sur l'air est en voie de passer
à un règlement lorsque les étapes de consultation seront
complétées et les étapes d'adoption et de
prépublication.
M. Garon: À l'article 100 de la loi, on
réfère à la loi et au règlement justement pour que
les gens aient à se conformer à la loi et au règlement.
Ils ne peuvent se conformer à rien d'autre qu'à la loi et au
règlement, il y avait déjà une directive interne au
ministère. Comment voulez-vous que les gens se conforment à des
directives internes au ministère? Si on ajoute dans la loi des notions
qui vont plus loin, on va obliger les gens à s'assujettir à
d'autres dispositions que la loi et le règlement, alors qu'il me semble
que... Quand vous référez, par exemple, à la notion
d'ordonnance, est-ce que des ordonnances pourraient être prises en vertu
de directives?
M. Pagé: On parie de l'article 79.15.
M. Garon: A l'article 79.13...
M. Pagé: II a été adopté, l'article
79.13.
M. Garon: ...avant, on disait: La réglementation et les
règlements. C'étaient la loi et les règlements. Là,
on ajoute la législation, la réglementation et les ordonnances.
Le ministère de l'Environnement a eu tendance dans le passé
à se référer à des directives internes de sorte que
c'était le bordel, à toutes fins utiles. Comment voulez-vous
fonctionner avec des directives internes où on peut jouer avec les
permis et, en même temps, par ailleurs, on ne peut pas aller faire
renforcer ça devant les tribunaux? Les gens ne savent pas quoi plaider,
ils ne savent pas ce qu'on applique et ils ne savent pas ce qu'il y a. Alors,
le ministère de l'Agriculture a un peu forcé le ministère
de l'Environnement à arriver à un véritable
règlement.
M. Pagé: II s'en vient.
M. Garon: Cela a pris des années à
l'élaborer, mais il a été élaboré pour
qu'après les gens... C'est un règlement public.
M. Pagé: Sur l'air.
M. Garon: Non, sur l'eau.
M. Pagé: Sur l'eau. Mais ça s'en vient sur l'air,
M. le député.
M. Garon: Un instant. Alors, les gens savent à quoi ils
sont obligés. Si on réfère à autre chose que la loi
et les règlements, les cultivateurs ne sauront même pas ce qu'on
leur applique, un peu, à mon avis, comme la loi 178. Si on fonctionne
avec des directives internes, vous avez vu que la Régie de la langue
française n'a pas joué là-dedans. À ce
moment-là...
M. Pagé: Excusez-moi. Prenez le cas des porcheries, M. le
député.
M. Garon: Pour avoir un caractère légal, c'est la
loi ou les règlements. Cela ne peut pas vraiment être autre
chose.
M. Pagé: C'est ce qu'on dit. C'est ce qu'on dit à
15.
M. Garon: Oui, mais vous référez aussi aux
ordonnances. Les ordonnances de qui?
M. Pagé: Prenons le cas de l'environnement. Une voix:
...l'article 79.15.
M. Garon: Non, à différents articles. On
réfère à 14 aussi, à différents
articles.
M. Pagé: Prenez le cas...
M. Garon: On réfère aux ordonnances.
M. Pagé: Si le député voulait écouter
au lieu de parler.
M. Garon: Les ordonnances sont prises en vertu de quoi?
M. Pagé: Est-ce que je peux parler au
député?
Une voix: Oui.
M. Pagé: Prenons le cas des porcheries. Il y a une
directive qui prévoit qu'une porcherie doit être à 600
mètres de la résidence la plus près.
M. Garon: Ce n'est pas ça. Une voix: Oui, oui. M.
Pagé: Oui.
M. Garon: Je comprends ça, mais ce n'est pas ça
que...
M. Pagé: II dit que ce n'est pas ça. Mais c'est
ça.
M. Garon: Je comprends. Oui, je comprends ça.
M. Pagé: Bon. Si vous regardez sur le territoire comment
ça se passe, les producteurs agricoles sont informés des
dispositions de ces directives. Ils savent pertinemment que le règlement
qui s'en vient va soit reconduire, soit renforcer les normes qui sont contenues
dans la directive, et ça s'applique.
M. Garon: L'article 100 va s'appliquer dans ce cas-là. Il
y a un article 100 dans la loi actuelle.
M. Pagé: Oui, je sais.
M. Garon: C'est ça qui va s'appliquer.
M. Pagé: Prenons un projet de construction d'une
porcherie, aujourd'hui 19 janvier 1989.
M. Garon: Une nouvelle porcherie.
M. Pagé: Une nouvelle, oui. Cette porcherie va s'implanter
sous l'empire de la directive qui s'applique. Deux cas ont récemment
été portés à mon attention. Pas de problème.
Je respecte la directive.
M. Garon: Directive interne au ministère.
M. Pagé: Directive sur les normes de
distance à être appliquées.
M. Garon: Le règlement ou la directive?
M. Pagé: Le règlement s'en vient, c'est ce que je
vous dis, et vous l'avez convenu...
M. Garon: En vertu de quoi? Sur l'eau? Il y a un règlement
sur l'eau.
M. Pagé: Sur l'eau, II y a un règlement. Pour les
normes de distance référant aux odeurs des porcheries, par
rapport aux bruits...
M. Garon: Cela n'a pas de bon sens. Cela ne peut pas
fonctionner.
M. Pagé: Bien oui. M. Garon: Non.
M. Pagé: Vous l'avez dit vous-même qu'il y a des
directives...
M. Garon: Je sais, mais c'est une façon absurde de
fonctionner. Il devrait y avoir un règlement...
M. Pagé: ...avec lesquelles vous avez fonctionné
avec toute la complaisance nécessaire pendant des années.
M. Garon: Non, non.
M. Pagé: II n'y en a jamais eu. Ne venez pas me dire qu'il
y en avait un dans votre temps.
M. Garon: II n'y en avait pas. Je le sais.
M. Pagé: Bon. On est en train d'en faire un, laissez-nous
faire.
M. Garon: Non, non, mais s'ils font une directive, les gens,
après ça, sont obligés d'appliquer une directive interne
à un ministère. Quel est le cadre juridique dans lequel on
fonctionne?
Je comprends qu'il y ait une loi et un règlement, mais des
directives internes, après ça, auxquelles les gens doivent se
soumettre, et après ça, on donne des permis ou on n'en donne pas,
en fonction de directives internes...
M. Pagé: Ce qui se passe aujourd'hui, c'est exactement ce
qui se passait le 19 janvier 1985.
M. Garon: ...je vais vous dire une affaire, c'est le
système de la république de bananes. Cela ne marche pas, ce n'est
pas de même.
M. Pagé: Bien oui, mais si, M. le Président, vous
fonctionniez de même et c'est une république de bananes,
l'exploitant du bananier a été vous pendant un maudit bout de
temps.
M. Garon: Non, non.
M. Pagé: Bien voyons donc!
M. Garon: Non, pas du tout.
M. Pagé: C'était ça.
M. Garon: Non.
M. Pagé: Bien voyons!
M. Garon: C'était ça quand on est arrivés au
gouvernement en 1976. Et on a fait mettre des règles dans l'eau sous
forme d'un règlement.
M. Pagé: Oui, puis? M. Garon: Après
ça...
M. Pagé: Dans les distances, vous avez fait quoi?
Rien.
M. Garon: Dans l'eau. C'est dans le règlement.
M. Pagé: Bien non.
M. Garon: Toutes les distances concernant l'eau, les points
d'eau, les rivières, tout ça, c'est dans le règlement.
M. Pagé: Mais i'éloignement?
M. Garon: De sorte que c'est plaidable et c'est une règle
ouverte, devant tout le monde. Mais quand ce sont des directives internes que
les gens ne connaissent même pas...
M. Pagé: Ils les connaissent, puisqu'ils les
appliquent.
M. Garon: ...et après ça, qu'on applique de
façon arbitraire, ce n'est pas ça, le système de la
règle de droit.
M. Pagé: Notre loi ne s'appliquera qu'aux lois et
règlements, et je vous dis que sur les normes d'odeurs et de bruits, il
y a des règlements qui s'en viennent. Entre-temps, il y a des directives
qui s'appliquent, à défaut d'avoir un règlement, et qui,
par surcroît, sont respectées par les gens. Qu'est-ce que vous
voulez de plus? On est en train de faire mieux, on est en train de corriger ce
que vous avez toléré. Voyons, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Non, il n'y en avait pas... On met un règlement
ou on ne met rien.
M. Pagé: Bien oui. Mais dans votre temps, il y avait des
directives.
M. Garon: Ce n'est pas ça. Par exemple, respecter la
vitesse sur la route, ça ne prend pas une directive interne d'un
ministère, il faut que ce soit dans la loi ou dans les
règlements. C'est dans la loi. Mais là, si on dit que le cadre
légal que doivent respecter les gens sont les directives internes des
ministères, ça ne marche pas.
M. Pagé: Cela fait six ans qu'il y a des directives.
M. le Président, qui croire? Le député de
Lévis dit qu'il n'y avait pas de directive dans son temps, et
l'honorable président de la Commission de protection du territoire
agricole me dit... Quelle date? Bien écoutez, je l'ai ici: Directives du
ministère de l'Environnement relatives à la protection contre la
pollution de l'air provenant des établissements de production animale,
le 24 juillet 1981. Ecoutez, si vous ne l'avez pas vu passer, M. le
député, ce n'est pas mon problème.
M. Garon: Ce n'est pas ça. Non, un instant. Il y avait
l'article 100, qui référait à quoi? La loi ou les
règlements. Qui ne réfère pas aux directives.
M. Pagé: Ici, je réfère à la loi ou
aux règlements.
M. Garon: Vous référez aussi aux ordonnances.
M. Pagé: Pas dans la réciprocité.
M. Garon: Vous référez aux ordonnances. Les
ordonnances prises en vertu de quoi?
M. Pagé: L'article 79.13 ne réfère pas
à la réciprocité, il réfère à
l'immunité. Si jamais il y a eu une ordonnance du ministère de
l'Environnement... Il n'écoute pas.
L'article 79.13 réfère au concept de l'immunité et
non pas au concept de réciprocité. Dans le concept
d'immunité, à l'article 79.13, on dit: "En respectant la
législation, la réglementation et les ordonnances prises en vertu
de la Loi sur la qualité de l'environnement."
Supposons que le ministre de l'Environnement, demain matin, pour un
motif, pour cause, émet une ordonnance sur tel titre de production, si
le producteur ne respecte pas cette ordonnance, je ne vois pas comment il
pourrait alléguer l'immunité. C'est seulement ça qu'on
dit.
Et dans le concept de réciprocité, à l'article
79.15, on parle de loi et règlements. On ne parle pas de respect des
directives, malgré que les directives soient quand même un guide
qui, dans la pratique, est appliqué. Des porcheries, il ne s'en
construit pas en deçà de 700 mètres, maintenant. Et cette
directive n'est pas née d'hier, je viens de vous le dire: 1981. Vous
étiez là comme ministre de l'Agriculture, dans le temps. Vous
l'avez oubliée ou vous n'en avez pas pris connaissance entre 1981 et
1985.
M. Garon: Non. Le ministère a arrêté
d'appliquer les directives, I a appliqué des règlements.
M. Pagé: Oui, mais il n'y en avait pas de règlement
sur la pollution de l'air.
M. Garon: Oui, mais à ce moment-là, c'est
justement...
M. Pagé: Donc, vous n'avez rien appliqué.
M. Garon: Ce n'est pas moi qui administrais le ministère,
mais le ministère, les ententes qu'il avait, c'était qu'il
administrait les règlements. Quand il n'y avait pas de règlement,
qu'est-ce que vous voulez... Autrement, c'est l'arbitraire total.
M. Pagé: D'accord. Pour les besoins de la conversation,
quand il n'y avait pas règlement, il appliquait quoi? Rien.
M. Garon: Bien, il ne pouvait pas, en vertu des...
M. Pagé: Qu'est-ce que vous appliquiez quand il n'y avait
pas de règlement?
M. Garon: En vertu de l'article 100, ça donnait
l'obligation au ministère de l'Environnement de faire des
règlements.
M. Pagé: Est-ce qu'ils ont été faits, dans
votre temps?
M. Garon: Le règlement sur l'eau, je comprends.
M. Pagé: Non, non, je parle de l'air.
M. Garon: II y a eu assez de travail fait là-dedans.
M. Pagé: Sur l'air.
M. Garon: C'est un règlement sur l'eau.
M. Pagé: Sur l'air, iI n'y en avait pas? (16 h 45)
M. Garon: II n'y en avait pas, mais il n'y avait pas de poursuite
en vertu de ça.
M. Pagé: Oui, mais il y avait quand même une
directive.
M. Garon: II était couvert. Je comprends ça, mais
cela dépend de la manière dont on fonctionnait avant.
M. Pagé: Et ilrefusait d'émettre les permis
qui ne respectaient pas au moins la directive.
Écoutez, ne me demandez pas d'aller interpréter ce que
vous avez fait et ce que vous n'avez pas fait.
M. Garon: Non, il ne refusait pas.
M. Pagé: Je sais ce que je fais et je sais où je
m'en vais.
M. Garon: Les permis étaient refusés en fonction de
l'eau. C'était l'eau.
M. Pagé: M. le président de la CPTA voudrait
ajouter un commentaire.
M. Biain: Avec la documentation que nous avons à ia commission,
M. le Président, on a les directives depuis toujours, parce qu'elles
sont souvent invoquées devant nous dans des auditions pour des
cultivateurs ou des voisins. Il y en a eu plusieurs versions. Il y a eu des
projets de règlement, à notre connaissance. Il y a un
règlement sur l'eau - je n'en connais pas la date exacte - qui dicte
l'endroit où mettre le puits et quelle distance respecter entre une
maison ou un bâtiment et un puits. Cela, c'est l'eau potable pour ne pas
polluer l'eau qu'on boit. Mais le reste n'a pas donné lieu à un
règlement. Ce n'est pas allé jusque-là, en tout cas.
C'est, quant à moi, l'état de ma connaissance du dossier. Tout ce
qu'il y a concerne l'eau à boire dans le puits.
Pour les autres distances, il y a toujours des normes qui s'appliquent
et, si ce n'est pas conforme aux normes, le gars n'obtient pas de permis.
M. Pagé: C'est ça.
M. Blain: En gros, c'est cela.
M. Garon: Non, non. Le règlement sur l'eau n'est pas
seulement en fonction des puits.
M. Pagé: II va au-delà de ça.
M. Garon: II va beaucoup plus loin que ça.
M. Pagé: Oui. Il va au-delà de ça pour
contraindre un producteur à ne pas polluer la source d'eau de la
municipalité.
M. Garon: II comprend tous les points d'eau qui sont autour de la
ferme; il touche les agrandissements, les unités animales et toute la
question de l'eau dans ses moindres détails.
M. Pagé: Ce ne sont pas les odeurs, ça. M.
Garon: Non, non.
M. Pagé: C'est ce que le président a voulu
démontrer.
M. Garon: Pour cela, il y a un règlement qui est
adopté régulièrement. Il a été
discuté longuement et les parties à la discussion ont
été l'Union des producteurs agricoles, le ministère de
l'Agriculture et le ministère de l'Environnement.
Une voix: Sur l'eau. M. Garon: Oui, sur l'eau.
M. Pagé: C'est ça. On s'entend. Le
député de Lévis, mon prédécesseur, doit
convenir qu'il y a une directive qui s'applique et qui, par surcroît, est
respectée, même si le député dit que cela n'a pas
force de loi et que cela ne vaut pas grand-chose. C'est respecté et ce
n'est pas une directive nouvelle; elle date du 24 juillet 1981. Alors,
l'article 79.15, M. le Président, j'ai déposé
l'amendement.
Le Président (M. Richard): L'amendement de l'article 79.15
est-il adopté?
M. Brassard: Oui.
M. Dufour: J'aurais une question, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Oui. Allez-y.
M. Dufour: Quand on donne la permission aux gens lorsque les gens
doivent donner une servitude concernant les constructions, c'est dans un cadre
connu. Autrement dit, la personne qui veut établir un bâtiment
autre qu'agricole s'en va quelque part dans le territoire...
M. Pagé: Le cas patent, c'est la résidence.
M. Dufour: ...elle examine tout ce qui se passe autour. Elle dit
oui, cela fonctionne et accepte d'enregistrer ce droit-là. Au bout de
deux ou trois ans, les conditions extérieures changent.
M. Pagé: Quelles conditions extérieures?
M. Dufour: Je peux bien accepter, au moment où je demande
le droit de m'établir, cela peut bien ne pas me déranger que
l'étable, je ne sais pas trop...
M. Pagé: Prenons un exemple: la porcherie. La directive,
c'est 600 mètres.
M. Dufour: La porcherie, d'accord, 600 mètres.
M. Pagé: Oui, et si vous voulez, vous dites: Cela ne me
fait absolument rien d'être à 400 mètres.
M. Dufour: D'accord, à 400 mètres. Bon. C'est
connu, mais elle n'a pas toujours été
comme ça, mais supposons-le. À 400 mètres, je suis
prêt à m'établir là.
M. Pagé: Si cela ne vous fait rien.
M. Dufour: Je connais les conditions. Au bout de trois ans...
M. Pagé: Vous changez d'idée?
M. Dufour: Non, pas moi, les personnes autour décident
d'aller plus loin dans leur démarche.
M. Pagé: Quelle démarche?
M. Dufour: Parce qu'elles pourraient... La maison pourrait, je ne
sais pas comment l'illustrer...
M. Pagé: Dessinez, faites-nous un dessin.
M. Dufour: Cela pourrait être... En tout cas, on va essayer
de le faire. La personne s'établit ici et y y a 600 mètres. Elle
décide de s'établir à 400 mètres, mais,
effectivement, il y a 800 mètres qui existent. Non, mais il pourrait y
avoir 800 mètres, théoriquement. La première maison
pourrait être à 800 mètres et on en établit une
à 400 mètres pour d'autres raisons.
M. Pagé: Oui, la deuxième?
M. Dufour: La deuxième, celle pour laquelle la personne va
enregistrer son droit.
M. Pagé: D'accord.
M. Dufour: Au bout d'un certain temps, on décide de
grossir de façon Importante ou on change la nature de l'exploitation.
Aujourd'hui, on dit que c'est la porcherie qui est le projet majeur, mais il
pourrait y avoir une autre sorte d'élevage que je ne connais pas ou une
autre sorte d'exploitation qu'on ne volt pas actuellement, qui a
été accordée et cela pourrait changer la servitude qui est
là et avec laquelle j'ai accepté de vivre. On veut amener autre
chose qui pourrait exister s'il n'y avait pas ça. Quelle est
l'application par rapport à ça?
M. Pagé: Le problème auquel se réfère
le député sera traité selon les règles de la loi et
des règlements à ce moment-là.
M. Dufour: Ce qui veut dire que ça pourrait être de
nature à poser des contraintes supplémentaires...
M. Pagé: À qui?
M. Dufour: À l'agriculteur.
M. Pagé: Pas nécessairement, non, parce que la
personne a renoncé à ses droits. L'enregistrement du droit
réel, c'est une servitude de droit.
M. Dufour: Mais la servitude est donnée sur une chose
connue.
M. Pagé: Qui le touche, lui, ses successeurs, ses ayants
droit, l'acheteur de la maison, etc.
M. Dufour: S'il y a des changements de comportement...
M. Pagé: Encore une fois, ce sera en tenant compte du
règlement qui va s'appliquer à ce moment-là.
M. Dufour: Ce qui veut dire que ça pourrait être de
nature à mettre une contrainte supplémentaire, et ça
revient à mon raisonnement. C'est que ça devient une contrainte
supplémentaire.
M. Pagé: II faut un permis. Il va agrandir et il va devoir
satisfaire aux normes. C'est comme ça. Par contre, il pourra toujours
soutenir qu'y a un droit acquis.
M. Dufour: Vous savez, quand une personne est établie sur
un territoire, sa servitude va s'appliquer, mais s'il arrive des choses
nouvelles, cette personne pourrait avoir d'autres droits où elle va les
appliquer. Qui peut perdre dans ça? La personne le peut peut-être,
parce qu'elle dit qu'y y a une servitude. Mais des augmentations
d'occupation...
M. Pagé: Vous avez bien des hypothèses.
Une chose est certaine, c'est un droit réel qui est
enregistré au bénéfice du producteur l'exemptant de
plaintes, de poursuites ou quoi que ce soit.
M. Dufour: C'est le même principe que la personne qui
s'établit dans un rang, qui connaît les conditions.
M. Pagé: Quoi?
M. Dufour: Quelqu'un qui s'installe dans un rang, actuellement,
en vertu de l'ancienne loi, dit - le cultivateur vend un terrain, ça
fait son affaire; il va chercher quelques piastres et laisse un individu se
construire là - deux ans après, que les senteurs et tout
ça le dérangent...
M. Pagé: De moins en moins avec la loi.
M. Dufour: De moins en moins avec la loi, nous vivons ça.
Qu'est-ce que cela a fait? Cela nous oblige à adopter des lois.
M. Pagé: C'est ça
M. Dufour: Voilà. C'est ça l'histoire. Par rapport
à ce droit qui est enregistré, ou à la servitude qui est
enregistrée, ça va amener d'autres démarches probablement
subséquemment, par voie de conséquence.
M. Pagé: S'il y a des conséquences, le
législateur va y voir en temps opportun.
M. Dufour: Oui, vous avez raison. Mais sur un territoire
où demeurent des individus, le législateur devra tenir compte
aussi du futur. Le principe que vous aviez, c'était presque que le droit
de l'agriculteur était un droit inaliénable et pratiquement
intouchable par rapport à ce qu'on fait là. J'ai de la
misère à comprendre que vous pensiez qu'on pourrait encore,
à l'avenir, toucher à des choses. Je pensais que ce qu'on faisait
aujourd'hui, c'était dans une perspective beaucoup plus large.
M. Pagé: Une perspective à long terme. Vous
émettez des hypothèses et vous dites que si jamais ces
hypothèses démontraient que le législateur doit rouvrir...
Il rouvrira. Vous l'avez dit vous-même ce matin.
M. Dufour: Oui, mais il demeure tout de même que, dans le
droit commun comme dans le droit public comme tels, quand on peut
prévoir des situations, on essaie de les contourner, d'empêcher
qu'elles ne se produisent. Je pense que c'est aussi une autre approche. Si on
avait prévu telle largeur, par exemple, pour les voies
charretières dans les municipalités, parce qu'on aurait pu penser
qu'il y aurait des automobiles et toutes sortes de choses, le droit de vue, si
les municipalités avaient pu prévoir ça, elles auraient
organisé cela, n'est-ce pas?
M. Pagé: Elles ne l'ont pas fait.
M. Dufour: Non. Elles ne l'ont pas fait.
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
M. Dufour: C'était difficile à prévoir, par
exemple, dans le temps.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
79.15 est-il adopté?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article...
Une voix: Sur division?
M. Brassard: Non, pas quant à moi, en tout cas. Ce n'est
pas sur division. Je suis d'accord avec ça.
Le Président (M. Richard): Ça va. Est-ce que l'article
79.15 tel qu'amendé est adopté? M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 79.16.
Fonds spécial
M. Pagé: À 79.16, M. le Président, on fait
référence au fonds spécial. En vertu de cette disposition,
on institue au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, un fonds, le Fonds des activités agricoles, qui a pour
objet d'assurer la défense des producteurs. On a un amendement qui
prévoit des modifications visant à utiliser le fonds que dans des
causes civiles et non en matière d'ordonnance de l'Environnement ou
d'infraction pénale et seulement si le producteur respecte les lois,
règlements et ordonnances qui régissent les poussières,
les bruits et les odeurs. Cela concorde avec 79.13 où c'était
introductible de droit en fonction de respect.
M. Brassard: M. le Président, je dois reconnaître
que l'amendement ou la reformulation de l'article se trouve à
répondre en partie à l'une de nos objections où l'on
évoquait, vous vous en rappellerez, on l'a fait également
à l'occasion du débat sur le principe, î hypothèse,
absurde mais réelle, qui pouvait se produire, selon laquelle le
ministère de l'Environnement aurait pu poursuivre un producteur agricole
qui ne respectait pas la loi ni les règlements et ce même
producteur aurait pu être soutenu financièrement par le fonds
spécial en provenance du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Cela aurait été absurde.
Là, on le reformule de façon que l'utilisation du fonds ne puisse
se faire que par un producteur qui respecte la législation, la
réglementation et les ordonnances prises en vertu de la loi, ce qui
signifie, par conséquent, que s'il n'y a pas ce respect et s'il est
démontré que ce respect n'est pas réel, à ce
moment-là, le recours au fonds n'est pas possible.
Cependant, il n'en demeure pas moins, quant à nous, que cela ne
supprime pas toutes les objections que nous avions. La principale, c'est qu'on
trouve inopportun de créer ainsi un fonds des activités agricoles
pour, en quelque sorte, privilégier une catégorie de la
population. Une catégorie bien respectable, j'en conviens, que sont les
producteurs agricoles. On se trouve ainsi à les privilégier par
rapport à d'autres catégories de la population, par rapport, par
exemple, aux dirigeants de PME, par rapport à d'autres catégories
de la population. Cela m'ap-paraîl introduire une discrimination
inacceptable dans nos lois. Je considère que ce n'est pas du ressort de
l'État de créer un fonds de soutien à une catégorie
de la population qui risque de se retrouver devant les tribunaux.
Remarquez bien, d'ailleurs, que j'ai voté pour ces dispositions
et que j'étais pleinement d'accord avec ce qu'on appelle
l'immunité et que je suis pleinement d'accord avec ce qu'on appelle la
réciprocité. J'ai voté pour ces dispositions concernant
les mesures relatives aux activités agricoles. Je pense qu'on ne doit
pas aller plus loin et que si un producteur agricole se retrouve devant un
tribunal parce que quelqu'un a porté plainte contre lui, eh bien, de
deux choses l'une. Ou il est démontré - et en plus le fardeau de
la preuve appartient au plaignant - qu'il respecte bien la Loi sur la
qualité de l'environnement et qu'il respecte bien les règlements
en découlant. À ce moment-là, le plaignant perd sa cause.
C'est à lui d'assumer les frais et les coûts de la poursuite.
C'est comme cela que ça se passe devant les tribunaux. Et le producteur
agricole n'a pas à dépenser son propre argent. Ou il est
démontré et prouvé qu'il ne respecte pas la loi et les
règlements, et à ce moment-là, il doit en subir les
conséquences, s'il est traîné devant les tribunaux, et en
payer le prix. Par conséquent, dans ces conditions-là et dans ce
contexte-là, je trouve que ce n'est pas opportun, ce n'est pas
souhaitable et ce n'est pas acceptable de créer ainsi un fonds
spécial pour soutenir financièrement une catégorie
particulière de la population que sont les producteurs agricoles. (17
heures)
Je pense qu'à ce producteur agricole, c'est déjà
beaucoup qu'on lui accorde la réciprocité, c'est
déjà beaucoup qu'on lui accorde l'immunité. Ce sont
là déjà des privilèges et en plus, c'est le
plaignant qui a le fardeau de la preuve. Déjà, le producteur
agricole a un statut spécial. En plus, il y a le commissaire.
Déjà, il a un statut spécial par la
réciprocité et l'immunité qu'on lui accorde. Je trouve que
ce serait aller trop loin que d'enrichir encore ce statut spécial par la
mise en place d'un fonds des activités agricoles pour soutenir
financièrement le producteur agricole qui risque de se retrouver devant
un tribunal, à la suite d'une plainte par une tierce personne.
À ce moment-là, si le raisonnement vaut pour les
producteurs agricoles, il devrait valoir pour d'autres catégories de la
population. J'ai donné l'exemple des PME. Cela m'apparaît un
exemple pertinent. Les petites entreprises non plus n'ont pas de ressources
considérables pour se défendre devant les tribunaux. Ce n'est pas
comme une multinationale, comme l'Alcan ou l'Abitibi-Price. Les PME aussi sont
sans ressources pour se défendre, au même titre que le producteur
agricole. À ce moment-là, elles pourraient parfaitement
réclamer, de la part du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie, la mise en place d'un fonds spécial pour faire face
à des plaintes en provenance de personnes qui les poursuivent ou qui
veulent les poursuivre pour violation de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Il peut arriver que des petites entreprises violent la Loi sur
la qualité de l'environnement ou commettent des infractions à
cette loi et se retrouvent devant les tribunaux. Il peut aussi arriver que ces
entreprises respectent cette loi, mais qu'elles se retrouvent quand même
devant les tribunaux avec des plaintes. Ces PME pourraient prétendre
avoir droit aussi à un fonds spécial. On pourrait ajouter
d'autres catégories de la population. La liste pourrait être
longue.
Je ne vois pas pourquoi les producteurs auraient droit à un fonds
des activités agricoles, financé par l'État,
financé par le gouvernement, à même les fonds publics, leur
créant ainsi un statut privilégié. Je trouve
intéressante l'idée que l'UPA, comme organisation syndicale,
comme organisme représentatif des producteurs agricoles, trouve utile de
donner un soutien financier. L'UPA a des ressources. L'UPA n'est pas
menacée de faillite. La formule Rand s'applique. Alors, les 47 000
producteurs agricoles sont obligés de verser des cotisations syndicales
à l'UPA. Elle a des ressources, on le voit quand on va à son
siège social. Ce n'est pas une petite organisation, elle a des budgets
importants. Que l'UPA crée un fonds semblable pour aider ses membres qui
sont poursuivis devant les tribunaux, je trouverais cela normal et
légitime. Mais que ce soit l'État qui le fasse, je ne peux pas
accepter cela. Cela m'apparaît un précédent dangereux et
cela crée un statut privilégié pour une catégorie
de la population au détriment des autres. Donc, c'est discriminatoire
envers les autres. Et, dans ces circonstances, il est évident qu'autant
j'étais en faveur de la réciprocité, de l'immunité
et du transfert du fardeau de la preuve, autant je suis en désaccord
avec la mise en place d'un fonds spécial des activités agricoles.
Je trouve qu'on va trop loin et qu'on accorde des privilèges excessifs
à une catégorie de la population.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais poser une question. Il y a une chose qui me
frappe dans cette loi. Ici, on se réfère, avec le fonds
spécial de défense, au seul secteur où à n'y a pas
de règlement. Il n'y a pas de règlement sur les
poussières. Il n'y a pas de règlement sur les odeurs. Et 1 n'y a
pas de règlement sur les bruits. Mais le secteur de l'eau, où il
y a un règlement, n'est pas couvert. Pourquoi? Actuellement, que je
sache, il n'y a aucun règlement dans le domaine des poussières,
des odeurs et des bruits. Au fond, qu'est-ce que cela veut dire? C'est une
protection bidon qui ne veut rien dire. Comment cela peut-il fonctionner si,
concrètement, on veut un règlement - une force légale -
adopté légalement en vertu de la loi sur l'environnement? Comment
pourrait-on prendre action, par exemple, en vertu d'un règlement qui
n'existe pas sur les poussières, les odeurs ou les bruits?
M. Pagé: M. le Président, je vais m'en
remettre à ce que j'ai indiqué tout à l'heure. J'ai
indiqué que, concernant les poussières, les odeurs et les bruits,
il y a des règlements qui sont en voie d'être
préparés. Actuellement, ils sont en préparation pour ces
questions. La loi va s'appliquer en fonction du contenu du règlement,
lorsqu'il sera adopté. Entre-temps, en ce qui concerne les odeurs et les
distances, on a indiqué tout à l'heure qu'il y a une directive
qui s'applique. Dans le cas où un producteur ferait l'objet d'une
poursuite de la part d'un voisin se référant à la
directive, le producteur pourrait démontrer qu'il respecte la directive
ou encore le producteur pourrait remettre en cause la validité d'une
poursuite en fonction d'une directive.
À ce moment-là, l'objectif qui nous anime dans la
présentation de cet article est simple. C'est que le producteur - je
suis revenu plusieurs fois là-dessus - se voit placé dans une
position précaire, délicate, en raison des coûts
exorbitants qui sont enclenchés bien souvent par des gens qui, dans le
voisinage, se plaignent et qui ont les moyens de se battre devant les
tribunaux. Le concept du fonds, j'y ai référé à
plusieurs reprises. Le concept de cette disposition doit être lu en
fonction de règlements qui s'en viennent et, entre-temps, de directives
qui s'appliquent. Le producteur, pour se prévaloir du fonds, doit donc
produire en respectant la législation, la réglementation et les
ordonnances, tel qu'on l'a indiqué à l'autre article. Dans
certains cas, il peut y avoir une ordonnance.
M. Garon: En vertu de quoi peut-il y avoir une ordonnance? Des
directives?
M. Pagé: II pourrait y avoir une ordonnance en vertu de la
loi qui habilite le ministre de l'Environnement; par exemple, ça
pourrait être en vertu de l'article 20. Le ministère de
l'Environnement pourrait émettre une ordonnance concernant certains
bruits, certaines odeurs, un certain nombre de distances et, à ce
moment-là, l'ordonnance devrait être respectée.
M. Garon: Les normes ne sont pas dans la loi?
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Les normes ne sont pas dans la loi?
M. Pagé: Non. Elles s'en viennent dans un
règlement.
M. Garon: D'accord. Actuellement... M. Pagé: Oui.
M. Garon: ...quand vous écrivez: "Est institué, au
sein du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, le Fonds des activités agricoles qui a pour objet
d'assurer la défense des producteurs... M. Pagé: Oui.
M. Garon: ...contre qui une action en
dommages-intérêts ou une procédure en injonction est
intentée - cela peut être un voisin...
M. Pagé: C'est ça.
M. Garon: ...en raison des poussières, des odeurs ou des
bruits qui résultent d'activités agricoles en zone agricole s'ils
les exercent en respectant la législation, la réglementation et
les ordonnances prises en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement qui régissent les poussières, les odeurs ou les
bruits résultant d'activités agricoles en zone agricole."
M. Pagé: C'est ça.
M. Garon: Actuellement, il n'y a aucune règle là-dessus.
Il n'y a pas de loi, pas de règlement et pas d'ordonnance.
M. Pagé: II y a des directives.
M. Garon: Les directives ne sont pas couvertes par la loi...
M. Pagé: Sauf...
M. Garon: ...et les règlements.
M. Pagé: ...qu'il y a un règlement qui s'en vient et
probablement que l'application de la loi...
M. Garon: Cela veut dire que, dans l'état actuel des
choses...
M. Pagé: Là, on ne peut pas...
M. Garon: ...il n'y a aucune protection là-dedans.
M. Pagé: Bien, je m'excuse. Actuellement, 1 est
protégé à peu près contre tout.
M. Garon: Bien non. M. Pagé: Bien oui.
M. Garon: Oui, mais "s'il respecte la loi*. Il n'y a pas de
normes à respecter concernant les poussières, les odeurs et les
bruits, actuellement.
M. Pagé: C'est exactement l'inverse. Je comprends que vous
voulez discréditer le projet de loi, dans le fond, ou faire valoir que
ce n'est pas grand-chose, mais je m'excuse, c'est exactement le contraire. Au
moment où l'on se parle, puisqu'il n'y a pas de règlement, le
propriétaire d'une entreprise agricole qui serait poursuivi...
M. Garon: Oui.
M. Pagé: ...n'aurait pas de difficulté à
démontrer qu'il respecte le règlement, il n'y en a pas; donc, il
n'enfreint rien.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Donc, il aura le droit de recourir au fonds.
M. Garon: Là, il y en a un qui s'en vient.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Concernant...
M. Pagé: Le député change de sujet.
M. Garon: Non, non, je veux essayer de vous faire voir l'affaire.
Concernant les activités, y a-t-il des poursuites actuellement?
M. Pagé: II y en a de temps en temps.
M. Brassard: II y en a?
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Combien?
M. Pagé: Ah bien! En troisième lecture, on pourra
essayer de faire faire un inventaire; on va regarder les plumitifs.
M. Garon: Oui, mais vous n'avez pas fait ça sans voir s'il
y en avait.
M. Brassard: Une vingtaine?
M. Pagé: Ah non!
M. Garon: Combien?
M. Brassard: II y en a combien...
M. Garon: À quel rythme?
M. Brassard: ...qui sont devant les tribunaux actuellement?
Combien de plaintes...
M. Pagé: Ah bien là, je ne peux pas vous dire si le
rapport...
M. Brassard: ...portées contre les producteurs agricoles
en vertu de la Loi sur la protection de la qualité de
l'environnement?
M. Pagé: Je ne peux pas vous dire exactement combien ont
été inscrites hier, combien le 5 janvier.
M. Brassard: Non, non écoutez, franchement. Je me souviens
d'une question - je pense que c'est la semaine dernière que je l'ai
posée - où on faisait une distinction entre des plaintes
portées, déposées au ministère de l'Environnement
et des poursuites comme telles devant les tribunaux.
M. Pagé: Des poursuites civiles.
M. Brassard: Alors, j'imagine que vous le savez.
M. Pagé: Non, mais écoutez, va-t-on envoyer des
fonctionnaires faire le tour des districts judiciaires au Québec? Voyons
donc!
M. Brassard: Oui, mais ce n'est pas ça. Le
ministère de l'Environnement le sait lui.
M. Pagé: Pas nécessairement Pas les plaintes
civiles. La personne qui. au Québec, poursuit le producteur agricole
d'à côté en dommages-intérêts pour avoir
perturbé sa quiétude estivale, qu'est-ce que nous en savons?
M. Brassard: Oui, mais c'est basé sur quoi d'abord?
M. Pagé: On se base sur des situations de fait.
M. Brassard: Vous vous êtes basés sur quoi d'abord?
Vous vous êtes basés sur quoi pour créer un fonds?
M. Pagé: On se base sur des situations de fait qui nous
sont dénoncées.
M. Brassard: Vous créez un fonds pour défendre les
producteurs agricoles. C'est donc qu'il y a un problème...
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: ...d'une gravité telle que ça vous
incite à innover sur le plan juridique...
M. Pagé: Exactement.
M. Brassard: à créer du droit nouveau. Bon. Il doit
bien y avoir un problème majeur.
M. Pagé: il y a un problème.
M. Brassard: Vous devez avoir un bilan de ce problème.
M. Pagé: II y a un problème majeur pour tout
producteur lorsqu'il en est l'objet.
M. Brassard: Vous avez introduit ces nouvelles dispositions sur
le plan juridique, sans avoir une idée exacte et précise...
M. Pagé: D'accord, on peut vous dire...
Écoutez, on peut vous dire...
M. Brassard: ...de ce qui se passe devant les tribunaux en
matière de plaintes.
M. Pagé: Ce n'est pas ça que vous avez
demandé. Vous m'avez demandé combien il y avait de plaintes
actuellement en cours, de poursuites civiles.
M. Brassard: Oui, oui.
M. Pagé: L'évaluation que nous pouvons vous donner
c'est environ 40 plaintes par année. Mais ne me demandez pas d'aller
faire le tour des greffes, d'envoyer mes fonctionnaires faire le tour des
greffes demain matin pour calculer le degré d'avancement de chacune des
poursuites civiles entre un producteur et un voisin. On évalue, qu'il y
a environ 40 plaintes par année.
M. Dufour: Un dixième de 1 %.
M. Brassard: Parce que quand on propose un remède - parce
que c'est un remède - c'est parce qu'on a fait préalablement un
diagnostic. En tout cas, c'est comme ça que mon médecin de
famille fonctionne. Il pose un diagnostic et après ça, il me
prescrit les médicaments et là, je vais à la pharmacie.
Cela, c'est le médicament. C'est le remède.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: J'imagine que...
M. Pagé: Ce n'est pas le remède.
M. Brassard: ...cela a été
précédé d'un diagnostic pour déterminer l'ampleur
du problème et l'ampleur du mal.
M. Pagé: Ce n'est pas un remède.
M. Brassard: Vous n'êtes pas capable de...
M. Pagé: C'est une assistance.
M. Dufour: Une pilule.
M. Brassard: Si l'on veut. C'est une chaise roulante. C'est une
prothèse.
M. Dufour: Cela éloigne le mal.
M. Pagé: Allez dire ça aux producteurs que c'est
une chaise roulante. Vous allez voir ce qu'ils vont faire.
M. Brassard: Non, non, mais écoutez un peu...
M. Pagé: Ce sont 40 plaintes.
M. Brassard: ...quel est votre diagnostic pour en arriver
à cela?
M. Pagé: C'est un minimum d'une quarantaine de poursuites
par année.
M. Brassard: Bon, d'accord. C'est bien. C'est ça que je
voulais savoir. Cela prend du temps à l'avoir. Une quarantaine de
poursuites par année.
M. Pagé: C'est ce qu'on m'indique. Ce n'est pas ça
que vous m'aviez demandé. Vous m'aviez demandé combien II y avait
de poursuites actuellement inscrites devant les tribunaux. Et comme j'ai le
sens de l'exactitude, je ne pouvais pas vous le dire.
M. Brassard: Arrêtez de jouer sur les mots.
M. Pagé: Écoutez, comment est-ce qu'il y en a eu
hier dans le district de Bedford, comment est-ce qu'il y en a eu...
M. Brassard: Arrêtez de jouer sur les mots. Ce que je vous
demandais c'est sur quelle base vous avez décidé d'introduire
dans le projet de loi des dispositions semblables.
M. Pagé: II y a environ une quarantaine de producteurs qui
sont affectés de plusieurs milliers de dollars par année.
M. Brassard: Vous me dites qu'il y a une quarantaine de
producteurs qui sont traînés devant les tribunaux par
année.
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: Bon, parfait. Très bien.
M. Dufour: ...d'argent.
M. Pagé: Quant à l'argent, ça va être
établi par le règlement.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais savoir à quelle phase
d'élaboration est actuellement rendu ce règlement qui semble
imminent?
M. Pagé: Quel règlement?
M. Garon: Le règlement...
M. Pagé: Sur le fonds?
M. Garon: ...sur les poussières, les odeurs ou les bruits.
À quelle phase est-il rendu? Est-ce que l'UPA a été
consultée...
M. Pagé: Un mécanisme de consultation est
en cours dans certaines productions.
M. Garon: ...sur le contenu des poussières, des odeurs ou
des bruits? Est-ce qu'on la consulte actuellement?
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu un brouillon sur lequel on discute
ou un texte?
M. Pagé: Je ne peux pas répondre au nom du ministre
de l'Environnement. Je peux vous dire, comme ministre de l'Agriculture, que les
fonctionnaires de mon ministère ont eu, à un moment ou à
l'autre de cette démarche, à y être associés. Il y a
des consultations qui ont été menées dans certaines
productions animales, notamment. C'est en consultation. C'est en voie
d'élaboration. Je pense que c'est plus qu'un brouillon. Je peux vous
dire que c'est plus qu'un brouillon. Ce n'est pas encore prêt pour le
dépôt. On m'indique que ce le sera en cours d'année.
M. Garon: Maintenant, dans les règlements sur les
odeurs...
M. Pagé: Oui.
M. Garon: ...pour les agriculteurs - il doit y avoir des normes
comme des décibels. Ce ne sont peut-être pas des décibels
comme pour le bruit, mais des "déci" pour les senteurs - en même
temps, est-ce qu'il va y avoir des règlements concernant les compagnies
de papier situées en territoire urbain, par exemple, comme
Trois-Rivières, Windsor? Concernant les odeurs, est-ce que ça va
être un règlement...
M. Pagé: Je peux vous indiquer que pour le secteur...
M. Garon: ...qui visera uniquement l'agriculture ou s'il va y en
avoir pour d'autres secteurs qui dégagent des odeurs?
M. Pagé: Je ne peux pas répondre sur cette question
pour et au nom du ministre de l'Environnement, M. le député. (17
h 15)
M. Garon: Les bruits. Est-ce que ça va être
uniquement un règlement pour les bruits en agriculture ou pour tous les
bruits?
M. Pagé: Même chose. Le secteur des bruits va venir
après le secteur des odeurs. C'est ce qu'on m'Indique à
l'Environnement. Cependant, concernant les bruits, je ne pourrais pas vous
donner le nombre de décibels aujourd'hui. Là aussi, il y aura des
consultations et ce sera au ministre de l'Environnement de vous indiquer si des
secteurs autres que l'agriculture seront affectés. Vous comprenez que je
m'occupe de mon propre jardin. Je m'assure que mes clientèles soient
consultées et que mon ministère est associé à cette
démarche.
M. Garon: Mais votre ministère étant
associé, êtes-vous assez intéressé par le sujet pour
suivre le dossier un peu et savoir où 1 est rendu?
M. Pagé: Oui. Je peux vous dire que ça chemine
très bien.
M. Garon: Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir une copie du texte
sur lequel vous travaillez concernant les bruits?
M. Pagé: Non, il n'est pas d'intérêt public
de déposer, donc de rendre public un document avant qu'il soit
mené à ternie au moins pour prépublication.
M. Garon: SI y a déjà deux ministères, s'il
y a déjà un organisme comme l'UPA qui est dans le coup...
M. Pagé: Posez votre question au ministre de
l'Environnement, M. le député.
M. Garon: Est-ce que les municipalités sont dans le coup
ou si elles ne sont pas dans la consultation?
M. Pagé: Posez votre question au ministre de
l'Environnement.
M. Garon: Mais c'est vous qui pilotez la loi.
M. Pagé: Dans ma loi?
M. Garon: Vous pilotez la loi. C'est vous qui avez le fonds.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: On vous demande concernant le règlement. Tout
ça est fondé un peu sur la législation, la
réglementation et les ordonnances. Mais là vous n'avez pas l'air
d'être bien...
M. Pagé: Vous me demandez si les municipalités sont
consultées par le ministre de l'Environnement...
M. Garon: Je veux savoir.
M. Pagé: ...dans un mécanisme que Je ne
contrôle pas.
M. Garon: Vous avez dit que vous avez des gens de l'Agriculture
qui suivent le dossier au ministère de l'Environnement et l'Union des
producteurs agricoles est dans le coup. Est-ce qu'il y en a d'autres? J'aurais
pu dire tout simplement: Est-ce qu'il y en a d'autres que ces trois?
M. Pagé: Probablement, parce que le ministre de
l'Environnement est allé à la table
Québec-municipalités, il y a peu de temps. Probablement que les
municipalités sont consultées et très certainement
qu'elles l'ont demandé. Si elles l'ont demandé, très
certainement que leur demande va être bien véhiculée par le
ministre des Affaires municipales.
M. Garon: Est-ce que le ministre de l'Agriculture s'assure que
les normes concernant les poussières, les odeurs ou les bruits sont des
normes qui touchent uniquement le secteur de l'agriculture ou qui touchent
aussi d'autres secteurs qui génèrent des poussières, des
odeurs ou des bruits?
M. Pagé: Les représentations du ministre de
l'Agriculture par ses représentants à ces comités de
consultations vont dans le sens de l'exercice des responsabilités qui me
sont imparties en vertu de la loi et aussi, ça va de soi, de toute
question relative ou susceptible d'affecter l'agriculture et
l'agro-alimentaire.
M. Garon: Ici, on réfère à des
poussières, des odeurs et des bruits qui résultent
d'activités agricoles en zone agricole. Les poussières, les
odeurs et les bruits, ce n'est pas propre à l'agriculture.
M. Pagé: Non, mais on réfère à un
droit d'un producteur agricole.
M. Garon: Un droit de?
M. Pagé: Le droit de produire.
M. Garon: Mais non. Vous allez référer au droit, le
devoir qu'il a de respecter les normes normalement.
M. Pagé: Bien oui. Pas le droit, l'obligation.
M. Garon: Le devoir, l'obligation de. Est-ce que vous allez le
faire ou bien non?
M. Pagé: Faire quoi?
M. Garon: Par rapport à d'autres activités que
l'agriculture. Les poussières, les odeurs ou les bruits, est-ce que
ça va être des règlements uniquement concernant les
cultivateurs ou d'autres productions...
M. Pagé: II y aura des dispositions qui vont
référer à l'activité agricole.
M. Garon: ...qui produisent des poussières, des odeurs ou
des bruits?
M. Pagé: Prenons un exemple. Pour votre
bénéfice, je vais essayer de vous aider. Prenons l'exempte d'un
producteur qui décide de faire brûler les vieux pneus de
tracteurs, de véhicules qu'il a. Cela peut faire des odeurs. Cela peut
faire des poussières. Cela peut déranger le voisin. A ma
connaissance, ce n'est pas une activité agricole. Il ne pourra pas
recourir au fonds s'il y a une poursuite à la suite de dommages.
M. Garon: Ce n'est pas ça que je veux dire. M.
Pagé: Que voulez-vous dire?
M. Garon: Je veux dire un règlement concernant les
poussières...
M. Pagé: Normalement, ce qui se conçoit bien
s'énonce clairement.
M. Garon: Quant aux règlements qui vont être
produits, que vous annoncez et qui sont en consultation, qui régissent
les poussières, les odeurs ou les bruits résultant
d'activités agricoles en zone agricole, est-ce que vous vous assurez
qu'il y a seulement le secteur agricole qui va être
réglementé concernant les poussières, les odeurs ou les
bruits...
M. Pagé: Non. Je ne peux vous assurer...
M. Garon: ...ou si les autres secteurs vont être couverts
aussi? Est-ce que ce sera un règlement général?
M. Pagé: Je ne peux vous assurer que le secteur agricole
sera le seul réglementé tout comme je ne peux vous assurer que
d'autres secteurs le seront. Je peux vous assurer cependant, si c'est un
règlement général qu'il y aura un chapitre, une section,
un volet qui s'appliquera spécifiquement au secteur agricole compte tenu
du caractère particulier de l'agriculture. Dans les directives, il y en
a pour les usines, il y en a pour les émanations d'odeurs, les mines,
etc., et ce sera reconduit dans un...
M. Brassard: M. le Président.
M. Pagé: II me semble que mon collègue, le
député de Lévis devrait revoir un peu ses affaires.
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Brassard: M. le Président, je pense qu'il est
peut-être important de le signaler, cela rejoint un peu les questions de
mon collègue de Lévis, c'est qu'il y a tout un ensemble de
dispositions là-dedans. Il y en a pour lesquelles on a voté en
faveur, d'autres contre, mais il y a tout un ensemble de dispositions, y faut
le reconnaître, et je pense aussi qu'il faut le savoir, en être
bien conscient, qui sont carrément inapplicables, tant et aussi
longtemps...
M. Pagé: Le 19 janvier.
M. Brassard: ...et qui seront inapplicables même si la loi
est adoptée et sanctionnée. Ils seront inapplicables tant et
aussi longtemps...
M. Pagé: Cela ne peut pas être sanctionné
avant le 17 mars.
M. Brassard: ...qu'il n'y aura pas de règlements, en vertu
de la Loi sur la qualité de l'environnement, régissant les
poussières, les odeurs et les bruits résultant d'activités
agricoles.
M. Pagé: Cela est applicable tout de suite. M.
Brassard: II n'y a pas de règlements.
M. Pagé: Oui, mais supposons que vous, comme citoyen, on
parle du fonds de défense...
M. Brassard: Voyons donc, il n'y a pas de règlements.
M. Pagé: Oui, mais raison de plus. Vous êtes
citoyen, vous vous plaignez contre votre voisin qui est producteur agricole. Le
producteur agricole recourra au fonds spécial, en indiquant qu'il
respecte le droit actuel.
M. Brassard: Non, non, mais soyons logiques.
M. Pagé: Bien non, soyons logique!
M. Brassard: Non, non, soyons logiques. Vous pouvez bien mettre
vos articles en vigueur...
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: ...mais c'est évident que si vous n'avez pas
de règlements sur les odeurs, les poussières et les bruits
résultant d'activités agricoles sur lesquels un plaignant peut
s'appuyer pour porter plainte, ce ne sera pas applicable comme tel.
M. Pagé: M. le Président, on va ajouter.
M. Brassard: En pratique, c'est ce qui arrivera.
M. Blain: II y a eu des cas devant la commission, à notre
connaissance, M. le Président, où des voisins font état de
poursuites judiciaires, entre eux, qui sont connues. Ils font une demande
à la commission, qui aurait peut-être pour objet de solutionner en
partie leur conflit: il y en a un qui demande d'agrandir son terrain, puis
l'autre, de déménager un peu plus loin à cause de la
poursuite du voisin; cela aurait pu faire partie d'une entente de
règlement hors cour dans des poursuites civiles. On a eu une dizaine de
cas semblables, des tentatives d'arbitrage de conflits de voisinage par des
autorisations de la commission. Ces poursuites dont on a pris connaissance,
neuf fois sur dix, sont fondées sur un recours civil d'un voisin qui
prétend avoir droit à une injonction ou à des
dommages-intérêts.
Mais ils ne disent pas, dans ces procédures, qu'il s'agit de
poursuites fondées sur le fait qu'on ne respecte pas des
règlements ou des ordonnances en vigueur. Pour moi, en droit, quelqu'un
respecte des lois et règlements s'ï ne contrevient à aucune
loi et règlements qui le réglemente, sans faire un
pléonasme.
M. Brassard: M. le Président, je m'excuse, on ne se
comprend pas. Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas de poursuites qui se sont
produites dans le passé, on parie d'au moins une quarantaine. Je ne vous
dis pas qui n'y en aura pas dans l'avenir, même avec la loi en vigueur.
Je vous dis que les dispositions qu'on étudie présentement,
concernant un règlement sur les poussières, les odeurs et les
bruits résultant d'activités agricoles n'entraineront pas une
quantité inimaginable de plaintes à ce sujet, tant que le
règlement n'existera pas. C'est ce que je veux dire.
Un individu ne pourra porter plainte contre un producteur agricole parce
qu'il fait trop de poussière, ou parce qu'l a des odeurs incommodantes
tant et aussi longtemps qu'ï ne pourra pas s'appuyer sur un
règlement.
Le ministre nous dit que le règlement s'en vient, et je veux
simplement lui signaler que ces dispositions de la loi seront pleinement
effectives et auront un véritable sens au moment où 1 y aura un
règlement.
M. Pagé: Oui. Le sens complet.
M. Brassard: Au moment où il y aura un
règlement.
M. Pagé: L'article peut s'appliquer dès
l'entrée en vigueur de la loi; avant que les règlements
s'appliquent, une personne pourra recourir au fonds spécial.
M. Brassard: Oui, oui, je ne veux pas...
M. Pagé: Bon. Bien, c'est l'objectif de l'article.
M. Brassard: Le fonds spécial, cela va. M. Pagé:
Alors sur division. M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): L'amendement de l'article 79.16
est adopté sur division. M. le député de
Jonquière?
M. Dufour: Tout à l'heure, j'écoutais les
réponses du ministre concernant le nombre de plaintes. 40 plaintes par
année; c'est environ 0,1 % de l'ensemble des producteurs. 40 sur 47 000,
c'est environ 0,1 %. Je connais des endroits où des gens ont
institué des fonds de secours, des municipalités ou des unions
municipales se sont donné des fonds de secours payés par leurs
membres pour défendre leurs intérêts. Dans le cas qui nous
préoccupe, on dit que le gouvernement va suppléer à
ça. On va créer un dangereux précédent, selon moi,
par rapport à ça. Deuxièmement, on aurait pu comprendre
que le ministère aurait pu accorder un fonds de démarrage; en
forçant, ii aurait été acceptable que le ministère
fournisse un fonds de démarrage à l'UPA pour la défense de
ses membres. Mais que le gouvernement ou le ministère se substitue au
groupe de pression me semble un cadeau un peu empoisonné parce que,
demain matin, les gens qui savent qu'ils auront un statut particulier...
M. Pagé: Vous avez fait ce commentaire-là
tantôt, M. le député.
M. Dufour: Non, M. le ministre. Je m'excuse, mais je n'ai pas
parlé du fonds.
M. Pagé: Allez-y.
M. Dufour: J'espère que vous aurez au moins cette
délicatesse. Je ne parlerai pas durant des heures. Je n'ai pas dit que
je parlerais durant une heure là-dessus, ni même durant vingt
minutes. Je veux juste rappeler que cela existe ailleurs et je pense que, pour
les fins du débat, c'est aussi important qu'on fasse connaître
clairement nos positions. D'aucuns pourraient nous dire n'importe quand
pourquoi vous n'allez pas défendre ça.
Dans d'autres ministères, des gens sont poursuivis et on pourra
dire à ce moment-là, et avec raison, aux municipalités et
je pourrais dire au ministre des Affaires municipales: Vous allez créer
un fonds de défense pour l'application de vos règlements
où les municipalités, en les appliquant, se feront planter. Les
municipalités se font régulièrement organiser, même
quand elles appliquent des mesures de l'environnement ou d'urbanisme. Ce sont
les lois gouvernementales qui leur donnent le pouvoir de le faire. Quand elles
se font poursuivre, elles pourraient bien dire dans un même temps et dans
un même souffle au gouvernement: Protégez-nous. Les
municipalités ne l'ont pas demandé; elles n'ont pas
été assez fines pour y penser. Là, je comprends que les
municipalités vont devenir des agents de pression, des agents qui auront
les mêmes exigences par rapport à ça.
Donc, je pense qu'il faut le dire puisque, si le ministre s'engage dans
cette voie-là, il doit être conscient qu'il ouvre la porte
à d'autres ou il faudra aussi que son gouvernement accepte aussi, en
adoptant cette loi, que d'autres aient les mêmes recours et les
mêmes droits, sinon on pourra s'insurger contre ce qui se passe ailleurs.
On traitera ces gens-là de façon telle qu'ils deviendront une
classe privilégiée dans tout le Québec, et c'est dangereux
quand on commence à identifier des groupes privilégiés par
rapport à l'ensemble de la population. De plus, on n'a pas fait la
preuve que l'UPA serait incapable de se défendre et de constituer son
propre fonds de secours. Ce n'est pas de la charité publique. C'est
rendu qu'on prend l'argent pour se protéger. C'est sûr que ce
n'est pas la première fois. Le gouvernement l'a fait pour des groupes;
on a un groupe, en tout cas, qui a actuellement des problèmes, dans ce
cas, le gouvernement paie pour se faire poursuivre. C'est le monde à
l'envers. À mes yeux, cela ne fonctionne pas beaucoup.
C'est tout ce que j'ai à dire concernant le fonds spécial.
On pourrait peut-être voter, mais j'aurais une question à poser
concernant l'article 79.14. Quand on parle de la réglementation ou de
l'ordonnance, est-ce la réglementation gouvernementale ou la
réglementation municipale?
M. Pagé: C'est par réglementation municipale.
M. Dufour: Ce n'est pas la réglementation municipale.
M. Pagé: Voyons donc! Ce serait conférer une
juridiction.
Le Président (M. Richard): Alors l'article...
M. Dufour: La loi, c'est la même chose?
M. Pagé: La Loi sur l'environnement...
M. Dufour: L'environnement, toujours.
M. Pagé: C'est ça.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
79.16 est adopté sur division.
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): L'article tel qu'amendé
est adopté sur division.
M. Brassard: Sur division, oui.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 79.17.
(17 h 30)
M. Pagé: M. le Président, les articles 79.17
à 79.25, les huit articles qui suivent, sont une reproduction mutatis
mutandis des dispositions semblables de la Loi modifiant la Loi sur le
ministère des Communications qui a été sanctionnée
le 17 juin 1988 et du projet de loi modifiant
la Loi sur le ministère des Approvisionnements et Services et
deux autres, la Loi modifiant la Loi sur le ministère de
l'Énergie et des Ressources et la Loi sur le ministère de
l'Éducation qui ont été adoptées et
sanctionnées le 23 décembre 1988. Pour la Loi sur le
ministère de l'Éducation, c'est le 13 décembre 1988. Pour
la Loi modifiant la Loi sur le ministère de l'Énergie et des
Ressources et qui vient établir les règles de fonctionnement de
dotation de fonds de gestion, de déficit, d'actif, de passif, etc., du
fonds en question, l'article 79.17 dit que "Le gouvernement détermine,
pour ce fonds, la date de son début d'activité, ses actifs et
passifs. Il détermine également la nature des biens et services
financés par celui-ci - donc, par règlement - ainsi que la nature
des coûts qui doivent lui être imputés.".
M. Brassard: J'aurais juste une question à poser
concernant le fonctionnement de ce fonds. Est-ce que le producteur poursuivi
qui décide de recourir au fonds, aura le choix de son avocat? Est-ce que
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
puisqu'il recourt au fonds, va lui en désigner un d'office?
M. Pagé: Ce sera son choix. Ce n'est pas prévu au
règlement, mais, normalement, ce sera son choix. Comme les mandats
d'aide juridique.
M. Brassard: Même s'il a recours au fonds, le producteur
garde le droit de choisir son avocat.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Les frais d'avocat, est-ce que ça va être
n'importe quels frais?
M. Pagé: Ça va être tarifé dans le
règlement. On dit que s'il y a un recours au fonds, le requérant
devra se soumettre à telle règle, payer tant pour un avocat, et
faire ci et faire ça.
M. Brassard: Adopté sur division.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
79.18.
M. Pagé: Article 79.18. Le fonds peut être
constitué de montants provenant, premièrement - de mémoire
- de frais à la suite d'un jugement favorable, exemple, le producteur
gagne, à la suite d'une poursuite de son voisin. Le mémoire de
frais prévoit le paiement d'une partie des frais, de sommes
tirées du Fonds consolidé du revenu, ou encore de crédits
alloués à cette fin au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Brassard: Étant donné que vous avez
amendé 79.16 en stipulant que seul le producteur qui respecte la loi, la
réglementation et l'ordon- nance, aura droit au fonds, ainsi te
producteur qui est poursuivi, on le saura uniquement une fois que le tribunal
se sera prononcé s'il a respecté loi, règlement et
ordonnance, est-ce qu'à ce moment, ça veut dire...
M. Pagé: Pas nécessairement. Exemple, quelqu'un
qui...
M. Brassard: ...qui est poursuivi devant un tribunal.
M. Pagé: Non, pas tout le temps. Exemple, quelqu'un qui
fait l'objet d'une demande...
M. Brassard: Je parle d'une poursuite devant le tribunal.
M. Pagé: ...d'injonction. Je vais donner un exemple. Oui,
mais attendez un peu. La personne se construit une porcherie, d'accord?
Généralement, les premières pressions viennent de la part
de voisins sur le conseil municipal. Le conseil municipal va
référer à la directive et va dire: II respecte la
directive. On l'autorise et on émet le permis de construction.
M. Brassard: Ce n'est pas ce que je veux dire.
M. Pagé: Attendez un peu. Il va chercher son permis de
construction, iI va chercher son certificat d'autorisation au ministère
de I'Environnement et malgré ça, le voisin demande une
injonction. Nous, avec la production du certificat d'autorisation du
ministère de l'Environnement, on va dire: II respecte les directives, il
respecte les normes.
M. Brassard: Vous savez très bien...
M. Pagé: Par surcroît, il n'a même pas de
règlement pour le contrôler.
M. Brassard: Ce n'est pas ce que je veux dire.
M. Pagé: Oui, oui.
M. Brassard: Ce n'est pas toujours aussi clair que ça.
Voici ce que je veux dire. Un producteur agricole a une plainte qui est
portée contre lui et ça se rend devant les tribunaux. Là
ce n'est pas aussi clair que le cas que vous citez. Ce n'est pas aussi clair.
Là I faut que les parties... Il y a un procès, quoi, bon! iI y a
un procès. Le tribunal prend une décision. Il décide que,
finalement, le producteur agricole a ou n'a pas respecté les lois en
vigueur. Tant et aussi longtemps que la décision du tribunal n'est pas
rendue, on ne sait pas si c'est conforme à 79.16. Je veux dire que tant
et aussi longtemps que le tribunal n'a pas rendu sa décision. On
ne sait pas si le producteur agricole a respecté loi,
réglementation et ordonnance. À ce moment, ce que je veux
dire, voici la question que je pose: Est-ce que le fonds va apporter son
soutien financier dès le départ de la plainte à un
producteur agricole dont on ignore jusqu'à la décision du
tribunal s'il est respectueux des lois, des règlements et des
ordonnances en vigueur. À ce moment-là, si la décision du
tribunal dit: Le producteur agricole est fautif, il n'a pas respecté
telle disposition, à ce moment l'article 79.16 n'est pas respecté
et il devrait rembourser s'il a été soutenu
financièrement...
M. Pagé: Par règlement.
M. Brassard: ...au prélable, avant. Est-ce que vous
attendez la décision du tribunal pour dire: Comme le tribunal a
décidé que vous étiez respectueux des règles,
à ce moment-là, vous avez droit au soutien financier, on vous
l'accorde, mais juste à la fin? C'est cela que je demande. Ou si vous
vous l'accordez, dès le départ et compte tenu de la
décision du tribunal vous lui laissez le soutien financier ou vous lui
retirez et il a à rembourser?
M. Pagé: Le jugement final qui détermine... M.
Brassard: Ce qu'on a...
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez m'écou-ter?
M. Brassard: Bien sûr.
M. Pagé: ...s'il y a un jugement final qui
détermine que le producteur agricole ne respectait pas les
règles, la loi ou l'ordonnance comme le fonds s'adresse à ceux
qui doivent respecter le fonds, les règles, les lois et les ordonnances,
le producteur ne pourra pas en bénéficier. Il va devoir
rembourser s'il y a eu des avances de faites.
M. Brassard: S'il y a eu des avances, il va devoir
rembourser.
M. Dufour: Là, il est de bonne foi. D'après moi il
n'aura pas besoin parce que la cour, s'il a raison, va le dédommager
pour ses frais.
M. Pagé: Ce n'est pas la même question que
l'autre.
M. Dufour: Non?
M. Brassard: Est-ce que cela veut dire que vous allez tout de
môme faire des avances, vous n'attendrez pas la décision du
tribunal?
M. Pagé: Cela va être prévu par le
règlement, s'il y a des avances. Vous devez comprendre, M. le
député, que les avances vont être faites conditionnelles au
respect de règles du jeu qui vont être prévues au
règlement, dans les cas où la personne poursuivie, qui recourt au
fonds, est déboutée dans son argumentation.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vais poser une question au ministre. Si le
cultivateur invoque qu'H respecte la loi, les règlements, les
ordonnances mais qu'H ne respecte pas la directive, considérez-vous
qu'il est protégé ou qu'il n'est pas protégé
puisque la directive n'a pas un caractère légal?
M. Pagé: On va suivre les règlements, M. le
député.
M. Garon: Les règlements ne pourront pas en dire plus que
la loi.
M. Pagé: Non.
M. Garon: Sur cela le règlement ne peut pas aller plus
loin que la loi, autrement cela va être une autre loi qui va être
votée. Si le cultivateur dit: Moi, j'ai respecté la loi, j'ai
respecté les règlements, je n'ai pas de redevances mais je n'ai
pas respecté la directive interne du ministère.
Considérez-vous qu'il va être protégé par le fonds
ou non?
M. Pagé: On ne parie pas de directive à l'article
79.16, M. le député.
M. Garon: Cela veut dire que le cultivateur n'a pas à
respecter les directives.
M. Pagé: Mais non, parce que, comme vous le dites, la
directive n'a pas force de loi ni de règlement.
M. Garon: Tantôt vous vous êtes
référé à la directive dans vos explications.
M. Pagé: Je me suis référé aux
municipalités qui accordent des permis de construction. Même si le
député de Lévis soutient que la directive n'a pas force de
loi, les municipalités se réfèrent aux directives pour
l'émission ou non d'un permis de construction dans la plupart des cas de
production animale. Vous devriez savoir cela puisque cela s'applique depuis
1981.
M. Garon: Non, ce n'est pas vrai cela, pourquoi dites-vous
cela?
M. Pagé: Je vous le dis, moi, que c'est cela. M. Garon: Ce
n'est pas vrai.
M. Pagé: D'ailleurs, j'ai produit le document ici. Je n'en
ai pas produit un faux.
M. Garon: Cela ne fait rien.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, je n'en ai
pas produit un faux.
M. Garon: Au moment où vous avez dit cela, ce n'est pas
cela, il y a des pratiques qui existent dans un ministère. Alors, il
peut bien avoir un cadre directif dans un ministère mais avoir un
caractère légal ou non, ce sont deux choses. S'en servir comme si
c'était un règlement c'est une autre affaire.
M. Pagé: ...un règlement de fonds.
M. Garon: À ce moment, ce que vous me dites, c'est que le
ministère de l'Environnement considère ces directives avec la
môme force que si cela avait un pouvoir réglementaire ou un
pouvoir prévu dans la loi. Je regrette, c'est nouveau depuis vous.
M. Pagé: Ce que je peux vous dire ici, j'ai un document,
une directive du ministère de l'Environnement relative à la
protection et à la pollution de l'air provenant des
établissements de production animale: 24 juillet 1981. Pour le
bénéfice des membres de la commission, je suis même
prêt à le déposer. Vous le ferez distribuer, M. le
Président, après les travaux de notre commission ou à la
prochaine séance. Je ne sais trop. Cela s'applique depuis le 24 juillet
1981. J'authentifie que ce document n'est pas un faux.
M. Garon: Non, mais c'est une pratique. Ce n'est pas cela que je
dis. Je dis qu'essentiellement, c'est une directive d'un ministère
considérée comme un document interne ou comme un document sur
lequel on se fonde comme s'il avait la même valeur qu'une loi ou un
règlement. J'ai vu cela. Quand je suis arrivé au
ministère, en 1976, il y avait une directive interne à
l'Environnement. On m'a dit: Votre directive, vous allez la mettre sous la
forme de règlement parce que les gens doivent être dans la
position d'avoir un règlement normal, public et connu. Autrement, c'est
une autre affaire d'appliquer des directives Internes. Par exemple, quelqu'un
qui demande un permis a le droit de savoir sur quoi on se fonde pour faire
l'émission d'un permis. Autrement, c'est une valeur
discrétionnaire. Si un cultivateur ou qui que ce soit se base sur une
directive qui n'a pas un caractère juridique, on fait un système
de droit...
M. Pagé: Comme je vous ai dit, M. le
député.
M. Garon: Par ailleurs, il va y avoir un fonds.
M. Pagé: Le règlement sur l'air et les odeurs s'en
vient. Personnellement, Je pense - je ne peux pas en prendre l'engagement, je
ne suis pas ministre de l'Environnement - qu'il va être en vigueur au
mois de juin. Surtout, si cela traîne comme cela traîne en
commission parlementaire, nous prévoyons que la loi peut être
sanctionnée au plus tôt le 17 mars. Elle ne s'appliquera pas le 18
mars parce qui y a le tribunal là-dedans. On va prendre le temps de
mettre la structure en place. Normalement, la structure devrait s'appliquer au
mois de juin. On travaille de façon que la réglementation et
l'application de la loi se croisent. On pourrait pérorer
là-dessus jusqu'au 17 mars. Mais, entretemps, tant et aussi longtemps
qu'il n'y a pas de règlement, il y a une directive qui sert de guide. Le
producteur n'est pas obligé de respecter ce guide. Mais si le guide dit:
La porcherie sera à 600 mètres, le producteur peut toujours dire:
Je vais construire a 300 mètres, Je vais faire le "smart". Le
député de Lévis l'a dit en Chambre: La directive, ce n'est
pas bon, cette affaire-là. Parfait! Qu'il construise à 300
mètres, mais quand le règlement va arriver, par exemple, il va
avoir un droit acquis. Il pourra se battre pour maintenir son droit acquis,
mais quand ï voudra agrandir: Pas question, monsieur. C'est cela,
l'état du droit actuel.
Je comprends que depuis trois ans, 1 n'y a pas eu de règlement.
Je pense que vous êtes très mal placé pour dénoncer
cette situation compte tenu du fait que vous avez été là
pendant un bon bout de temps et vous ne vous êtes pas entendu avec le
ministère de l'Environnement. Nous autres, on ne s'entend pas tout le
temps, mais cela va pas mal. On a réglé le problème des
infrastructures et plusieurs choses. On fait notre possible.
Le Président (M. Richard): L'article 79 18 est
adopté sur division. J'appelle l'article 79.19.
M. Pagé: La gestion du fonds, comme tous les fonds
créés en vertu des autres lois précitées, est
confiée au ministre des Finances, mais c'est le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui en assure la
comptabilité.
M. Brassard: C'est le cas de tous les fonds spéciaux. Sur
division.
Le Président (M. Richard): Est-ce adopté? M.
Brassard: Surdivision. M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Richard): Adopté sur division.
J'appelle l'article 79.20.
M. Pagé: Alors que le fonds est financé à
partir du fonds consolidé du revenu, une partie des sommes
allouées au fonds peuvent retourner temporairement au fonds
consolidé lorsqu'elles ne sont pas requises à court terme. C'est
une disposition qui apparaît dans tous les autres fonds.
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Richard): Adopté sur division.
J'appelle l'article 79.21.
M. Pagé: C'est une disposition d'ordre
générai qui prévoit que, si les employés sont
affectés aux activités reliées au fonds, ils seront
rémunérés à même ce fonds dans le cadre de la
Loi sur la fonction publique. Par exemple, supposons qu'on embaucherait un
occasionnel, c'est sûr que ses paiements, ses conditions de travail,
l'administration, les chèques, etc.
M. Brassard: Surdivision.
Le Président (M. Richard): Adopté sur division.
J'appelle donc l'article 79.22.
M. Pagé: À l'article 79.20, on a indiqué que
les sommes inutilisées pouvaient retourner temporairement au fonds
consolidé du revenu. Cet article indique que les surplus, s'il y en
avait, retourneraient au fonds consolidé dans la mesure que
détermine le gouvernement.
M. Brassard: Annuellement?
M. Pagé: Pas nécessairement, non, selon la
façon dont le gouvernement va le déterminer, par exemple, s'il y
a moins de requêtes que celles qu'on prévoyait, etc.
M. Brassard: Surdivision.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 79.23.
M. Pagé: Les prévisions budgétaires du fonds
doivent être soumises au Conseil du trésor, de même que les
engagements de crédit, les paiements de deniers. Le fonds est soumis
à la section de la Loi sur l'administration financière concernant
les comptes publics. Ce sont les mêmes dispositions qui s'appliquent dans
tous les autres fonds qui ont été créés.
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 79.24.
M. Pagé: L'article 79.24, l'année financière
du fonds se termine le 31 mars, comme tous les autres éléments
budgétaires du gouvernement.
M. Brassard: Surdivision.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 79.25.
M. Pagé: C'est une disposition, M. le Président,
qu'on nous a demandé de prévoir parce qu'elle s'applique aussi
dans les autres fonds. J'ai de la difficulté... Une voix: II
n'est pas là.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Pagé: La disposition qu'on a à l'article 79.25,
c'est le comité de législation qui, se référant aux
dispositions apparaissant dans les autres fonds nous a demandé d'ajouter
cet article qui s'explique... Je peux vous l'expliquer en vous disant que, bien
que le gouvernement ne soit généralement pas partie dans les
conflits entre un producteur agricole et d'autres citoyens, le fonds,
apparemment, selon le comité de législation, pourrait être
appelé à défrayer des sommes à payer en vertu d'un
jugement contre la couronne. J'ai peine à croire dans quelle
possibilité cela pourrait s'appliquer dans le cas qui nous concerne.
C'est pourquoi on nous demande malgré tout de prévoir, dans le
sens que trop fort ne casse pas, que "malgré toute disposition
contraire, le ministre des Finances doit, en cas d'insuffisance du fonds
consolidé du revenu..." Je ne vois pas comment on pourrait avoir
insuffisance du fonds consolidé du revenu. (17 h 45)
Une voix: Temporaire en fin d'année budgétaire.
M. Brassard: C'est curieux comme...
M. Pagé: Oui, mais c'est dans les mêmes autres
fonds.
M. Cavanagh: En fin d'année financière, quand les
tiroirs sont vides et que le fonds a encore de l'argent, on pourrait en prendre
dans le fonds pour payer le jugement contre nous dans une cause semblable,
quitte à se faire rembourser le 1er avril qui suit, bien sûr. J'ai
le texte intégral dans toutes les autres lois, on ne sait pas où
est-ce que ça va...
M. Brassard: On l'a vu aux Communications. M. Cavanagh:
D'accord.
Le Président (M. Richard): L'article 79.25...
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): ...est adopté sur
division. Est-ce que l'ensemble de l'article 22 est adopté...
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): ...tel qu'amendé?
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division.
J'appelle donc, avec grande joie, l'article 23. M. Brassard:
Pourquoi avec grande joie? Une voix: Pour changer de sujet.
Le Président (M. Richard): Non, non, c'est... juste une
question de changer d'article.
M. Brassard: Soyez neutre, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Oui, absolument. Donc,
l'article 23 est amendé?
Une voix: Pardon?
Le Président (M. Richard): Vous avez un amendement
à l'article 23?
M. Pagé: L'article 80 de la loi actuelle prévoit
que le pouvoir de réglementation, c'est-à-dire: Outre les
pouvoirs de réglementation qui lui sont conférés par la
présente loi, le gouvernement peut, par règlement:
déterminer les conditions requises de toute personne qui demande un
permis ou son renouvellement en vertu de... etc. Et à 6° on se
réfère au fait que le gouvernement a le pouvoir de définir
les règles de régie Interne de la commission, son fonctionnement,
etc. Et ici, l'article 23 prévoit le rajout à 6°
définir les règles de régie interne de la commission et
aussi du tribunal d'appel. Et le paragraphe 3° de l'article 23 du projet
loi est remplacé par le suivant: 'par l'insertion, à la
deuxième ligne..." C'est au deuxième.
M. Brassard: Quel paragraphe est remplacé? Le paragraphe
2°, lui?
M. Pagé: On aborde le paragraphe 2°.
M. Brassard: Le paragraphe 2° n'est pas remplacé, il
est tel quel? 2° par l'insertion, après le paragraphe 7°...
M. Pagé: À 2° c'est: par l'insertion,
après le paragraphe 7°, du suivant: "7.1° - dans 80, identifier
les fins municipales et d'utilité publique auxquelles s'applique
l'article 41 - Identifier les fins d'utilité publique auxquelles
s'applique l'article 69.08."
M. Brassard: C'est l'article concernant le secteur exclusif?
M. Pagé: C'est ça. C'est de concordance tout
simplement. Et, à 3°...
M. Brassard: À 3°, vous amendez...
M. Pagé: ...par l'Insertion, à la deuxième
ligne du paragraphe 8°, après le mot "commission", des mots "au
tribunal d'appel". Il y avait eu une coquille on avait marqué
comité d'appel.
M. Brassard: Oui parce qu'un comité d'appel ça
n'existe pas.
M. Pagé: Tribunal d'appel.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Brassard: Oui, adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 23, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Brassard: Oui, adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article... M.
le député de Lévis.
M. Garon: Pourquoi se sent-on l'obligation de définir les
fins d'utilité publique? On utilisait déjà les fins
d'utilité publique antérieurement dans la loi, je ne me rappelle
pas à quel article, peut-être que le président se rappelle
à quelle place on utilisait les fins d'utilité publique. On
n'avait pas senti le besoin de définir par règlement les fins
d'utilité publique parce qu'on disait que c'était une notion
reconnue...
M. Pagé: Article 41.
M. Biain: Ce sont les mêmes termes, M. le Président,
qu'à l'article 41 qui a donné lieu à un règlement,
il y a plusieurs années déjà, pour définir les fins
d'utilité publique qui n'étaient pas définies.
M. Pagé: Dans le règlement c'était à
6°. Une corporation municipale, une corporation de comté, une
communauté, un organisme public ou un organisme... Regardez, là
on se réfère à un texte qui a été mis
à jour en 1984: Une corporation municipale, une corporation de
comté, une communauté, un organisme public ou un organisme
fournissant des services d'utilité publique peut procéder
à des travaux de réfection ou d'élargissement des chemins
publics, d'amélioration ou d'implantation d'un système
d'égouts et d'aqueduc ou de fourniture de services d'utilité
publique sans l'autorisation de la commission dans les cas suivants: 1°
lorsque les travaux ont pour effet de porter l'emprise existante d'un chemin
public à une largeur maximale de 20 mètres. C'était
là la modification qui avait comme objet qu'une municipalité
dépose une seule demande pour l'élargissement d'un chemin
à 20 mètres plutôt que de déposer autant de demandes
individuelles qu'il y avait de propriétaires affectés dans le
petit rang qu'on voulait rénover.
M. Garon: Est-ce que l'expression "des services d'utilité
publique...'
M. Pagé: Cela s'est fait en 1984, M. le
député.
M. Garon: ...était définie quelque part? 1984?
M. Pagé: 1984.
M. Garon: Ce n'était pas défini par
règlement.
M. Pagé: Bien oui.
M. Garon: En vertu de l'article 84?
M. Pagé: L'article 41.
M. Garon: Pardon?
Des voix: L'article 41, adopté.
M. Garon: L'article 41 ne réfère pas au
règlement.
M. Pagé: Bien oui.
M. Garon: Les services d'utilité publique qui vont
être définis par règlement, c'est marqué
où?
M. Cavanagh: À la fin du premier alinéa de
l'article 41.
M. Garon: D'accord.
M. Pagé: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 24.
M. Pagé: À l'article 24, l'article 85 de cette loi,
de la loi actuelle, est modifié par le remplacement, à la
première ligne du deuxième alinéa, des mots "La
commission" par les mots Tout intéressé, dont le Procureur
général, la commission ou la corporation municipale où est
situé le lot". En fait, cette nouvelle disposition permet à tout
intéressé, et non seulement à la commission, de
présenter une requête en Cour supérieure pour faire cesser
une contravention à la loi ou pour faire respecter une ordonnance. C'est
de concordance avec l'article 30.
M. Brassard: En vertu de l'article 85... M. Pagé:
L'article 30 dit que... M. Brassard: Le deuxième
alinéa.
M. Pagé: ...tout intéressé, dont le
Procureur général, la commission, la corporation municipale
où le lot est situé... C'est la reproduction de l'article 30 de
la loi actuelle adopté en 1978, modifié en 1985.
M. Brassard: Quant à moi, adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 24 est adopté.
J'appelle donc l'article 25.
M. Pagé: L'article 25, M. le Président, se
réfère à l'article 96 de la loi. En vertu de l'article 96
actuel, le gouvernement peut soustraire une affaire à la commission et
agir avec les mêmes pouvoirs que cette dernière. Or, le nouvel
article 69.07 prévoit que la commission ne peut autoriser l'exclusion
d'un lot compris dans un secteur exclusif, et cet article-là
prévoit laisser ce pouvoir au gouvernement. C'est-à-dire que,
dans un secteur exclusif, c'est seulement le gouvernement qui pourra agir par
décret.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 26.
M. Pagé: C'est strictement un amendement de concordance
qui prévoit l'insertion, à la troisième ligne du premier
alinéa, à l'article 100.1, après le mot "prévu",
des mots "par l'article 31.1". Il s'agit d'une modification qui se
réfère à la déclaration prévue au nouvel
article 31.1. Et vous vous rappelez que l'article 31.1 concernait le
privilège, on s'était référé au fait qu'une
personne qui utilisait les privilèges, par exemple, dont la maison
était détruite par un incendie ou était recouverte d'une
couche végétale pendant plus d'un an, cette personne qui avait
utilisé un privilège avait le droit de reconstruire, alors que
l'autre qui utilisait un droit n'avait pas le droit de reconstruire. Alors cela
va avec cette modification. Pour ce faire, elle doit déposer une
déclaration au greffe de la commission, accompagnée de son titre
de propriété et d'un plan décrivant la superficie sur
laquelle la résidence sera construite, tel que prévu à
l'article 31.1. C'est correct?
M. Cavanagh: L'article 100.1 parle des déclarations. On en
introduit une nouvelle avec notre projet de loi, mais à l'article 100.1,
on rajoute celle, par référence à celle qu'on a introduite
à l'article 31...
M. Brassard: Alors c'est l'article 26,1°, là. Cela va
pour l'article 26,1°, mais 2°, pourriez-vous nous l'expliquer?
M. Pagé: Allez-y donc, monsieur...
M. Blain: M. le Président, nous avions, par l'amendement
de 1985 - et nous l'avons toujours - l'obligation de donner, dans les trois
mois, un avis de non-conformité de toute déclaration reçue
à la commission. Cela est de l'ordre d'à peu près 10 000
déclarations par année, de toutes sortes, y compris une
déclaration anodine de quelqu'un qui dit: Je vous soumets un papier
parce que je bâtis un deuxième silo sur ma ferme. Il
y a de tout, là-dedans: J'agrandis ma galerie, je bâtis un nouveau
bâtiment, j'exerce un droit acquis.
La loi est silencieuse sur le fait qu'il s'agisse ou non d'une
décision de la commission, avec tout le réseau quasi judiciaire.
Cela a été soulevé par certains Juristes. Nous nous sommes
posé la question à savoir s'il fallait faire une décision
de commissaire sur toutes les déclarations soumises, ce qui n'a pas de
bon sens. Le meilleur état du droit est que c'est une question
administrative. Et dans toutes les traditions, surtout nord-américaines,
c'est un fonctionnaire qui donne un avis comme celui-là. Nous avons,
depuis tout le temps - déjà, je l'avais dit -
considéré que ça ne serait pas correct de
n'émettre, dans les trois mois, que les avis de non-conformité,
pour nous éviter de l'ouvrage; et dans la très grande
majorité des cas - parce qu'il y en a 95 % qui sont conformes, à
leur face même - de laisser attendre les gens trois mois pour qu'ils
puissent conclure, par défaut d'avis de non-conformité, que
c'était conforme. Alors nous émettons aussi des avis de
conformité. Il s'agissait de régler, à ce moment-ci dans
la loi, ce qui est une bonne chose à faire, je crois, la qualification
de cet avis de conformité, pour rendre clair ce qui ne l'était
pas, mais qui, pour nous, le paraissait sûrement. Il ne s'agit pas d'une
décision quasi judiciaire, mais d'un avis de fonctionnaire.
Dans le deuxième paragraphe, puisque cela a été
également soulevé devant la commission, on a reçu un avis
de non-conformité ou de conformité, mais c'en est un de
non-conformité dans ce cas, mais on voudrait plaider là-dessus,
le droit de le contester, et là, cela deviendra une décision dans
un processus quasi judiciaire. Cela combinerait deux choses:
l'efficacité des avis donnés par des fonctionnaires qui sont
capables de le faire et qui sont compétents et, s'il y a contestation
sur la nature de l'avis, comme les permis émis par un inspecteur ou
n'importe quoi, il peut y avoir contestation, mais là, cela aussi serait
confirmé, ce qui ne l'était pas avant. Les gens pouvaient-ils
demander à la commission une audition pour contester un avis de
non-conformité? On leur disait: Allez voir le juge. Mais cela prenait
trois ans et cela coûtait cher. Alors, ils faisaient une demande qui
avait pour objet de contester un avis de non-conformité, en tout cas,
des affaires sorciers. Mis clair comme ça, c'est un bon état du
droit administratif, je pense.
M. Brassard: Vous clarifiez parce que...
M. Blain: On clarifie ce qui n'est pas clair actuellement ou ce
qui est silencieux.
M. Brassard: ...dans le cinquième alinéa, quand on
dit "lorsque la commission a avisé la personne qui l'a effectué
de sa non-conformité avec la présente loi", là, vous
voulez être bien clair que la commission ne veut pas
nécessairement dire un commissaire, cela veut aussi dire un
employé de la commission.
M. Blain: Oui.
M. Brassard: Un membre ou un employé de la commission.
Une voix: C'est ce qu'on fait depuis toujours.
M. Blain: Et cela correspond à la pratique de la
commission, mais c'est pour l'indiquer très clairement.
M. Brassard: Cela correspond à la pratique. mais c'est
pour le clarifier dans la loi.
M. Blain: II y en a peut-être un ou deux qui ont dit: Un
fonctionnaire n'a pas le droit de me donner un avis de non-conformité,
c'est une décision quasi judiciaire; la règle audi alteram partem
n'a pas été suivie, etc. On dit que cela n'a pas de sens dans le
cas d'un avis de conformité. Tout le monde émet ça dans
des ministères ou dans des régies. Alors mettons-le clair pour
que cela ne soit pas contesté, mais donnons un droit de contestation si
quelqu'un se plaint d'un avis de non-conformité. Comme cela, ça
permet de donner un avis à tout le monde, y compris de
conformité, ce qui me paraît plus positif, lis le reçoivent
dans les trois ou quatre semaines, l'avis de conformité, au lieu
d'attendre trois mois.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 26 est donc
adopté. J'appelle l'article 27, mais au préalable, puisque nous
sommes à quelques fractions de secondes de 18 heures, est-ce que, d'un
commun accord, nous allons pouvoir continuer sur l'élan? (18 heures)
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Ça va? Consentement.
Nous continuons donc, et j'appelle officiellement l'article 27.
M. Pagé: À l'article 27, le paragraphe 11° de
l'article 1 de la Loi sur la protection du territoire agricole définit
le mot "ministre" comme étant le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Toutefois, en vertu de l'article 79.12,
c'est le ministre de la Justice qui est responsable de l'application de la
nouvelle section sur les activités agricoles, qui traite des plaintes
des producteurs qui se croient lésés par l'application d'un
règlement municipal. Toute la section du commissaire aviseur doit
être sous la juridiction du ministre de la Justice.
Le Président (M. Richard): Ça va?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle
maintenant un papillon que vous avez, qui est un nouvel article, 27.1.
M. Pagé: À 27.1, M. le Président, il s'agit
d'une modification de concordance à l'intérieur de la Loi sur
l'acquisition de terres agricoles par des non-résidents où la
référence à la procédure de révision doit
être remplacée par celle d'appel au tribunal d'appel.
M. Brassard: C'est 21.01 et 21.0111...
M. Pagé: C'est 21.01 à 21.011.
M. Brassard: C'est tout ce qui concerne le tribunal d'appel.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Alors que l'article 18 concernait la
révision.
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: C'est la concordance.
M. Pagé: Tout simplement.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté.
M. Pagé: L'amendement.
Le Président (M. Richard): Le nouvel article 27.1 est
adopté. J'appelle donc l'article 28.
M. Pagé: À l'article 28...
Le Président (M. Richard): Vous avez un papillon, M. le
ministre.
M. Pagé: On a reformulé l'article 28. Il s'agit
d'une mesure transitoire concernant l'audition des causes pendantes au moment
de l'entrée en vigueur de la présente loi. Vous l'avez le nouvel
article 28, M. le Président?
M. Brassard: Demande de révision. C'est ça? M.
Pagé: Non, toute demande. M. Brassard: Toute demande.
M. Pagé: Alors, les causes dont l'audition est
commencée se continueront sous l'ancien régime. Les autres seront
régies par les nouvelles dispositions de la loi en ce qui concerne les
demandes de révision ou les demandes d'appel.
Et, M. le Président, pour ajouter en termes d'explication plus
technique. Celles qui sont en délibéré...
M. Blain: Dans le cas d'un changement de juridiction ou des
critères, n'importe quoi, il faut absolument éviter d'avoir deux
régimes concurrents. Il faut toujours faire des dispositions
transitoires. Le paragraphe un dit: La loi s'applique à toute demande
faite à compter de telle date. Demande n'étant pas
qualifiée, c'est n'importe quelle demande. Donc, les nouveaux
critères, 62, 69.7, 69.07, etc.
M. Brassard: ...vont s'appliquer si la décision n'a pas
été rendue.
M. Blain: ...à toute nouvelle demande, c'est ça,
même pendante devant la commission, sauf celles qui ont été
entendues devant les commissaires et qui sont en délibéré.
Autrement dit, à toutes les décisions qui ne sont pas rendues
parce qu'on pourrait, le même mois, avoir des commissaires qui
décideraient en vertu des vieux critères désuets, qui sont
abrogés... Parce que l'état du droit, c'est le suivant,
très clair: toute loi n'a aucun effet rétroactif sur une
procédure commencée qui, elle, est régie par les
dispositions applicables au moment où la procédure a
été commencée. Il y en a qui sont commencées depuis
deux mois qui peuvent se finir dans quatre mois au bout de la révision.
Alors, on finirait par avoir de la révision, de l'appel en même
temps, et on aurait tout ça en même temps. Alors, on dit tout ce
qu'il y a devant la commission, c'est la nouvelle loi qui s'applique, sauf les
décisions en délibéré qui ne sont pas rendues par
les commissaires. Cela, c'est le paragraphe un. Au moins, ça met une
affaire claire. On dit: Les gens, c'est la nouvelle loi qui s'applique, les
nouveaux critères.
M. Pagé: Paragraphe deux.
M. Blain: Paragraphe deux, c'est l'appel.
M. Brassard: C'est l'appel. Il s'applique aux ordonnances et
décisions rendues avant... Bon, mais pour la période non
écoulée du délai qui était prévu pour
déposer une demande de révision.
M. Pagé: La personne qui avait une décision de
rendue, mais dont le délai de révision n'était pas
échu pourra aller recourir devant le tribunal d'appel.
M. Cavanagh: C'est le même délai, mais devant un
autre tribunal.
M. Brassard: D'accord.
M. Cavanagh: On n'enlève pas ses 60 jours qu'elle
avait.
M. Brassard: Troisième alinéa.
M. Pagé: Une demande de révision
déposée au greffe après la date d'entrée en vigueur
de la loi devient de plein droit une demande d'appel au sens de la
présente loi.
M. Cavanagh: On ne l'aurait pas dit, mais... M. Pagé:
Trop fort casse pas. M. Brassard: Ça va.
Le Président (M. Richard): L'amendement est-il
adopté pour l'article 28? L'article 28 tel qu'amendé est donc
adopté.
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 29.
M. Pagé: À l'article 29, M. le Président, il
s'agit de mesures transitoires concernant l'audition des causes pendantes au
moment de l'entrée en vigueur de la présente loi.
M. Brassard: À 29?
M. Pagé: À 29.
M. Brassard: Ah oui!
M. Pagé: Les sommes requises pour l'application... On
pensait que la loi serait adoptée avant les fêtes, mais les
fêtes sont passées, alors on va se référer à
1989-1990.
M. Brassard: ...bonne année, merci beaucoup.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: On a un papillon pour changer d'année. Les
sommes requises pour l'application de l'article 6 de la présente loi et
des articles 79.1 à 79.12 édictés par l'article 22 de la
présente loi sont prises pour l'année 1989-1990 sur le fonds
consolidé du revenu dans la mesure que détermine le gouvernement.
Il y a un papillon.
M. Brassard: C'est ce qui concerne le tribunal d'appel.
M. Pagé: C'est tout.
M. Brassard: C'est le commissaire aviseur.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Tous les éléments nouveaux.
M. Pagé: Oui, tous les éléments nouveaux.
Cela va entrer en vigueur définitivement sur le budget 1989-1990. Alors,
le papillon a pour objet de changer 1988-1989 par 1989-1990. Le 1989 prend la
place du 1988.
Une voix: Vous aviez présumé de vos forces.
M. Brassard: Cela va.
Le Président (M. Richard): L'amendement est adopté.
L'article 29 tel qu'amendé est adopté.
M. Pagé: L'important c'est le résultat. M.
Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle
l'article 30. Il y a un amendement.
M. Pagé: À l'article 30, le papillon vise
uniquement à modifier encore une coquille, il s'agit d'une correction
technique visant à remplacer l'expression "secteur de protection accrue"
par celle de "secteur exclusif".
M. Brassard: Vous avez hésité entre les deux?
M. Pagé: Non, ce sont les légistes qui ont...
Une voix: ...qui nous ont conseillé de mettre exclusif et
on en a échappé un...
M. Brassard: Cela veut dire que le premier terme que vous avez
utilisé.
Une voix: Ce n'est pas le premier. M. Brassard: Non, ce
n'est pas le premier? Une voix: Ce n'était pas assez sexy. M.
Pagé: On ne lui dira pas.
M. Brassard: Est-ce que c'était le plus sexy?
M. Cavanagh: Le soir après le comité de
législation, dans la nuit, on a oublié un mot.
M. Brassard: Ah bon! Cela va pour l'amendement.
Le Président (M. Richard): L'amendement est adopté.
J'appelle l'article 30.
M. Pagé: L'article 30 prévoit que les
révisions des zones agricoles actuellement engagées devraient
être complétées avant que la commission n'établisse
des secteurs de protection accrue. D'ailleurs, c'est commencé. Il faut
que l'ensemble des MRC soit traité sous l'empire des mêmes
dispositions évidemment. Entre-temps, toutefois la commission ne pourra
permettre
l'exclusion d'un lot constitué de sols 1, 2 et 3 ou de sols
organiques. Elle devra également appliquer les critères de
l'article 69.08 si elle veut accorder des autorisations sous de tels lots comme
par exemple, exiger qu'on lui démontre qu'il n'y a pas d'espace
approprié ailleurs dans la région. Mesures transitoires.
M. Brassard: Si je comprends bien, donc, il faut que la
révision soit faite dans une MRC avant qu'on approuve un secteur
exclusif? C'est clair, c'est le premier alinéa.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Le deuxième c'est que tant qu'il n'y a pas de
secteur exclusif la commission ne peut autoriser l'exclusion d'un lot qui est
classé 1,2 et 3...
M. Pagé: Ou sols organiques, c'est ça.
M. Brassard: Ou sur des sols organiques. D'accord. C'est pour
éviter que... Une voix: ...qu'il y ait des jeux entretemps.
M. Pagé: C'est ça, entre le moment où la
loi...
M. Brassard: Durant cette période, elle peut accorder des
autorisations dans le cadre de l'article 62.
M. Cavanagh: II n'y a pas de spéculation entre les deux.
Comme en 1978 cela été lors du dépôt pour
éviter la spéculation, alors ici, spéculer sur les
décisions revient à la commission.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 30 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 31.
M. Pagé: A l'article 31, on se réfère
à la... C'est un article classique en matière de l'entrée
en vigueur de la loi.
M. Brassard: Adopté.
Adoption
Le Président (M. Richard): Adopté. Je vous demande
donc si les titre, chapitre, sections et sous-sections de ce projet de loi sont
adoptés?
M. Pagé: Ils sont adoptés. M. Brassard:
Adopté.
Le Président (M. Richard): C'est adopté. Est-ce que
le titre du projet de loi est adopté?
M. Brassard: Adopté. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Richard): Je vous félicite.
J'accepterais sûrement la présentation d'une motion de
renumérotation, M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président... M. Brassard:
Cela s'impose.
M. Pagé: ...tel que veut la coutume, je fais une motion de
renumérotation.
Le Président (M. Richard): Nous vous en remercions. Le
global projet de loi tel qu'amendé est adopté?
M. Brassard: Adopté, sur division.
Le Président (M. Richard): Surdivision.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, est-ce que vous
avez un commentaire?
M. Pagé: Je voudrais remercier les membres de la
commission, remercier le personnel et vous remercier, M. le Président,
pour votre délicatesse, votre compréhension et aussi vos bonbons.
Je salue le collègue, je veux saluer mon collègue le
député de Lac-Saint-Jean ainsi que le personnel qui l'a soutenu
dans cette démarche et je veux leur exprimer ma satisfaction.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous avez un commentaire?
M. Brassard: Tous mes remerciements aux membres de la commission
et à vous, M. le Président, en espérant que la prochaine
fois quand même votre stock sera plus important.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Je remercie le ministre aussi. Même si on a
eu, à plusieurs reprises, des désaccords, je pense que le tout
s'est déroulé dans un climat de
sérénité.
M. Pagé: Et de respect.
M. Brassard: Et de respect mutuel.
Le Président (M. Richard): Sur ce, mesdames, messieurs,
nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 11)