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(Onze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunît afin de
poursuivre l'étude détaillée des projets de loi 142, 124
et 139. Est-ce qu'il y a des remplacements aujourd'hui, madame?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M, Baril
(Rouyn-Noranda--Témiscaminque) est remplacé par M, Mardi
(Beauharnois), Mme Cardinal (Châteauguay) par Mme Trépanier
(Dorion), M, Chevrette (Joliette) par M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gauthier
(Roberval) par M. Filion (Taillon), M. Gervais (L'Assomption), par Mme Bleau
(Groulx), Mme Juneau (Johnson) par M. Blais (Terrebonne), M. Lemire
(Saint-Maurice) par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vermette
(Marie-Victorin) par M. Charbonneau (Verchères).
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président. Je voudrais vous soumettre,
ainsi qu'aux membres de la commission, la difficulté suivante, en ce qui
me concerne. Je voudrais être membre de cette commission pour les
séances de l'avant-midi et de l'après-midi, mais je ne pourrai
pas être de cette commission pour le bloc de ce soir. Je solliciterais le
consentement des membres de cette commission pour que je puisse être
remplacé dans la soirée.
Mme Bleau: ...je m'en irais chez nous parce que je remplace
quelqu'un et que je ne savais même pas que c'était jusqu'à
minuit ce soir. Cela ne fait pas mon affaire.
Mme Lavoie-Roux: La demande...
Le Président (M. Bélanger): C'est clair, cela va
jusqu'à minuit. Je pense qu'il y a un aspect dans la demande du
député d'Abitibi-Ouest, c'est que, s'il ne peut prendre son avion
à 18 heures ou 19 heures ce soir, cela ira à demain soir. Comme
il doit revenir dimanche soir, cela veut dire qu'il n'a pas de fin de semaine.
Je veux bien être partisan, mais je veux bien comprendre aussi dans
certains contextes.
M. Gendron: II n'y a pas de vol le samedi matin pour l'Abitibi de
Québec.
M. Joly: Je suis entièrement d'accord.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de problème. Si on pouvait
savoir cet après-midi qui le remplacera, j'aimerais cela.
Le Président (M. Bélanger): Le plus tôt
possible, si vous pouvez me donner le nom.
M. Gendron: Dès le début de la séance de cet
après-midi, je serai en mesure d'indiquer qui prendra ma place pour la
séance du soir.
Le Président (M. Bélanger): Cela convient à
tout le monde?
M. Joly: Pour aller avec la loi, respecter le côté
humanitaire.
Le Président (M. Bélanger): Dans l'esprit de la
loi.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela va. Le Président (M.
Bélanger): Excellent.
M. Blais: Qu'est-ce qui arrive? II n'y a pas quorum, je vais m'en
aller.
Mme Lavoie-Roux: Non, il y a quorum.
Motion de sous-amendement proposant
d'entendre aussi la Conférence
des CRSSS (suite)
Le Président (M. Bélanger): Nous sommes sur une
motion de sous-amendement pour ajouter les mots suivants: "La Conférence
des conseils régionaux de la santé et des services sociaux".
C'est proposé par M. Rochefort de Gouin. Cela avait été
débattu. M. le député de Gouin a fait son intervention.
Nous en étions donc à ceux qui voulaient intervenir sur cette
motion. Est-ce qu'il y a des interventions?
Mme Lavoie-Roux: Pas de notre côté, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): II n'y en a pas. M. le
député d'Abitibi-Ouest, vous avez dix minutes.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Sur la motion
sous-amendée par mon collègue, le député de Gouin,
afin d'entendre la Conférence des CRSSS, je voudrais juste indiquer que,
comme on a eu à le faire depuis de très longues minutes, il est
certain que l'intérêt d'entendre la Conférence des CRSSS
concernant le projet de loi 142 serait quelque chose qui permettrait à
chacun des membres de cette commission de comprendre pourquoi, eux aussi, ils
ont la prétention que le projet de loi 142 est inopportun à ce
moment-ci, inapproprié, et qu'il ne correspond pas à une demande
du milieu des intervenants de la santé et des services sociaux.
Vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que les CRSSS
sont les organismes chapeaux qui ont la responsabilité de la desserte de
l'ensemble des services de santé et des services sociaux dans chacune
des régions du Québec. En conséquence, ce sont
sûrement les intervenants les plus habilités à nous donner
un éclairage dans chacune des régions du Québec sur la
façon dont s'organise toujours cette nécessaire offre de services
de santé et de services sociaux aux clientèles anglophones et
allophones. Il serait sûrement intéressant d'avoir leur point de
vue quant è la capacité d'offrir ces services et également
de savoir, tout comme les signataires de ce qu'on a mentionné à
plusieurs reprises, soit le télégramme que la ministre a
reçu, pourquoi ils prétendent qu'à ce moment-ci le projet
de loi 142 n'est pas nécessairement requis, puisqu'ils ont la
prétention d'avoir la capacité, à l'intérieur de la
loi existante, d'offrir ces services de santé et ces services
sociaux.
Je suis convaincu qu'eux aussi auraient les mêmes
inquiétudes concernant l'affaiblissement de toute la question
linguistique depuis l'accession au pouvoir du Parti libéral. On sent
très bien qu'il y a énormément de lest qui a
été jeté en ce qui touche la Charte de la langue
française. Graduellement on assiste à une série de gestes
répétés de la part du gouvernement qui confirment
effectivement cet affaiblissement progressif du fait français dans
beaucoup de régions du Québec.
J'ai l'impression que ces gens qui depuis plusieurs années, dans
tout le Québec, ont fait de très sérieux efforts pour
s'assurer que les institutions hospitalières, de même que les
institutions du réseau, que ce soient les centres d'accueil, les CSS,
prennent les dispositions nécessaires en termes de clientèle,
pourraient nous indiquer que souvent s'ils n'ont pas été capables
d'assurer une desserte aussi grande, aussi valable qu'ils ne l'auraient voulu.
C'est beaucoup plus pour des raisons budgétaires, pour des raisons
financières, à cause de l'incapacité d'avoir les
enveloppes requises qu'à cause de cadres réglementaires. J'ai
l'impression que ces gens-là, qui ont l'habitude de l'organisation des
services de santé, pourraient très bien expliquer ici que
d'aucune façon ils ne se sont sentis lésés par le cadre
réglementaire qui les régit. D'ailleurs, cela a été
confirmé dans plusieurs documents qu'ils ont expédiés
à la ministre. Également, ces gens-là pourraient dire
qu'ils s'associent au mémoire présenté à la
ministre de la Santé et des Services sociaux par l'Association des
hôpitaux du Québec. Ils ont laissé voir, par la voix de
leur vice-président, qu'ils étaient complètement d'accord
qu'il y avait des dispositions gênantes dans le projet de loi 142 et
qu'ils partageaient... À titre d'exemple, je veux vous indiquer qu'ils
croyaient l'Association des hôpitaux du Québec et nous avons la
prétention que la Conférence des CRSSS a exactement la même
prétention. Entre autres...
Mme Lavoie-Roux: Ce serait par association.
M. Gendron: Oui, par association. De toute façon, Mme la
ministre, si ce n'était pas le cas, la meilleure façon, c'est de
les entendre et de leur permettre...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Gendron: Voilà! La meilleure façon, c'est de
leur permettre de venir nous dire si, comme je le prétends, ils ont
exactement le même point de vue que celui véhiculé par le
mémoire de l'Association des hôpitaux du Québec. Mais si
vous prétendez qu'ils sont en désaccord, permettez-leur de venir
le dire. À ce moment-là, on saura si ces gens-là partagent
autre chose. De toute façon, c'est plus qu'une prétention,
puisque je vous ai dit qu'ils avaient conjointement signé le
télégramme que vous avez reçu, pas pour présenter
des amendements au projet de loi 142, mais pour carrément exiger son
retrait.
À partir du moment où des gens sont d'accord pour que le
projet de loi soit retiré au complet, je comprendrais mat qu'ils ne
soient pas d'accord pour venir en commission parlementaire nous expliquer les
motifs qui les habitent pour exiger le retrait du projet de loi 142 au lieu de
le modifier.
Je veux vous siqnaler qu'ils nous diraient certainement que par la
modification apportée à l'article 18, par l'ajout du paragraphe h
confiant une nouvelle fonction aux conseils régionaux de la santé
et des services sociaux... C'est drôle, je viens justement de donner un
exemple précis qui les concerne et qui parle en leur nom dans le
mémoire que vous avez reçu? C'est l'Association des
hôpitaux du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Oui parle au nom des autres.
M. Gendron: Eh oui, sur cet aspect-là. Ils disaient
être convaincus qu'avec cet ajout vous modifiiez la fonction des conseils
régioniaux de la santé et des services sociaux; cela vient
affirmer la pérennité d'un tel organisme au palier
régional et lui attribue une fonction spécifique qui n'est pas
cohérente avec la description de ses autres fonctions dans un
système de santé. Qui plus est, disaient-ils, il nous
apparaît difficile de comprendre le rôle dévolu aux CRSSS
par rapport à celui du gouvernement, mentionné à l'article
173, deuxième alinéa.
Donc, on a un exemple précis où des intervenants du milieu
sociosanitaire et des intervenants de3 centres hospitaliers prétendent
qu'il y a des dispositions dans le projet de loi 142 qui altèrent,
modifient et changent la responsabilité qui traditionnellement a
toujours été dévolue aux CRSSS. À tout le moins,
c'était leur prétention.
Je suis convaincu que, si Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux permettait à ces intervenants de le dire à
chacun des membres de la commission, c'est clair que cet éclairage
contribuerait, lorsque l'on abordera un de ces jours les amendements
proposés, à avoir des amendements plus collés à la
réalité, des amendements qui correspondraient davantage au
vécu de ces institutions et qui risqueraient de s'inscrire à tout
le moins dans la capacité que les institutions auraient d'offrir des
services plus adéquats aux communautés allophones et
anglophones.
Ils disaient ceci: L'approche d'élaboration, au palier
régional, semble volontaire et harmonieuse alors que l'approche de
réglementation, au palier gouvernemental, semble coercitive et
rigoureuse. Tout en voyant là une fonction peut-être superflue, on
ne peut manquer de s'interroger sur son impact en l'absence d'indications plus
spécifiques.
Vous voyez là une constatation très claire
d'inquiétudes manifestées par les intervenants de la santé
concernant cette disposition eu égard aux CRSSS. C'est pour cela que mon
collègue, le député de Gouin, a présenté le
sous-amendement en disant qu'il y aurait lieu d'entendre en consultations
particulières des intervenants habilités à nous
éclairer davantage. Cela ne fait aucun doute et dans mon esprit et dans
celui de tous mes collègues, du moins les membres de l'Opposition.
J'espérais voir la même ouverture d'esprit chez mes
collègues ministériels. Les CRSSS sont sûrement des
instances du réseau qui pourraient le plus nous éclairer
concernant les inquiétudes qu'ils manifestaient quant à l'article
18 d'une façon très précise.
Ils disaient également, et c'est le point le plus important quant
à la pratique. L'éventail des modifications proposées pour
assurer des garanties linguistiques à des personnes ou
bénéficiaires d'expression anglaise repose sur une notion qui n'a
aucune résonance juridique particulière, ni dans la Loi sur les
services de santé et les services sociaux ni dans la Charte de la langue
française. Ils ajoutaient: Sur quels critères un
établissement de santé pourra-t-il ou devra-t-il se baser pour
respecter le droit proposé à l'article 517? La question à
savoir si une personne est, oui ou non, d'expression anglaise ne trouve pas
réponse objective.
M. le Président, vous m'indiquez que mon temps est
déjà écoulé. Je voudrais juste, en conclusion,
réaffirmer, en ce qui concerne les membres de l'Opposition, que ce
serait au moins opportun que vous, ainsi que la ministre de la Santé et
des Services sociaux, conveniez de la nécessité d'entendre au
moins un organisme et je pense que le plus habilité à nous
éclairer davantage sur les questions qu'on a à discuter, ce
serait sûrement la Conférence des CRSSS. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions quant aux remarques sur cette motion de sous-amendement?
M. le député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je vois que
nous avons la visite du ministre de la Justice et cela me permet - sa visite -
de parler d'un volet. Je crois que ce projet de loi 142 pourrait
éventuellement porter en lui deux facettes discriminatoires, soit du
côté juridique ou du côté budgétaire par
l'attribution ministérielle qui a en main le droit de distribuer les
ressources.
Si les membres de la Conférence des conseils régionaux de
la santé et des services sociaux pouvaient venir ici... Ils sont treize,
je crois, et éventuellement quatorze, Mme la ministre. Avec le choix des
régions que nous sommes à faire dans mon coin de pays, ils auront
éventuellement un quatorzième CRSSS.
Par cette loi, j'aimerais que la ministre me rassure. Prenons juste un
service, le service de la psychiatrie qui n'est que très difficilement
accessible aux francophones à l'extérieur des grands centres
montréalais. Pour donner un exemple dans ma région, région
des Laurentides, vous savez qu'à l'hôpital de L'Assomption,
où il y a plus de 700 malades psychiatriques, il n'y a aucun
psychiatre.
Mme Lavoie-Roux: L'Annonciation. M. Blais: L'Annonciation,
oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dit "L'Assomption".
M. Blais: Non, c'est L'Association, je sais bien où c'est,
j'ai fait mon cours classique à Mont-Laurier, je connais bien le coin.
Je suis originaire de Rouyn-Noranda, saviez-vous cela, Mme la ministre? Je suis
venu au monde à Saint-Placide-de-Béarn en 1931, le 5 juin.
À ce moment-là, nous avions de mauvais services scolaires pour
les francophones dans le Nord. Nous n'avions pas de collèges qui
s'appellent des "high school". En anglais, il y en avait, parce qu'ils
étaient 20 % de la population. C'était normal. Nous étions
80 % et nous n'en avions pas. Alors, il fallait que j'aille à
Mont-Laurier.
Mme Lavoie-Roux: Moi, c'était à
Rivière-du-Loup et il n'y en avait pas non plus.
M. Blais: II n'y en avait pas non plus, mais il y en avait pour
les anglophones.
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'y avait pas d'anglophones à
Rivière-du-Loup.
M. Blais: Ce n'est pas drôle. Pauvres eux autres! Il n'y en
avait pas. Ils faisaient bien pitié.
J'ai fait mon cours à Mont-Laurier. Je connais donc
L'Annonciation, L'Assomption. Tous les mystères de la foi
s'égrènent le long de la route. Il y a La Conception,
L'Annonciation, L'Assomption. Vous avez tous les mystères jusqu'à
Mont-Laurier.
Une voix: La Rédemption.
M. Blais: Cela demeure que Mont-Laurier est une ville très
ouverte et non mystérieuse pour autant. À L'Annonciation, il y a
plus de 700 malades sans soins psychiatriques. Si ces gens venaient ici, ils
pourraient nous dire et nous confirmer si c'est vrai. Je le sais, mais ils
pourraient le confirmer. C'est la question que je pose à la ministre.
Les francophones, de façon générale, à
l'extérieur de Montréal, n'ont pas accès à des
soins en psychiatrie, faute de médecins, faute de psychiatres, et ils
n'ont aucun recours. Par ce projet de loi 142, les anglophones auraient un
recours devant les tribunaux et pourraient exiger des soins. C'est une
éventualité et je demanderais ce renseignement à Mme la
ministre parce que j'ai eu un appel téléphonique, ce matin, d'une
personne de ma région me demandant de m'enquérir auprès de
la ministre des Affaires sociales de cette possibilité que le
francophone, s'il n'y a pas de service, n'a aucun recours, tandis que par cette
loi l'anglophone qui n'aurait pas de service pourrait avoir un recours devant
les tribunaux, parce qu'il aurait un droit écrit et pourrait exiger
ceci.
Ensuite, on me demande, dans le choix des régions, la même
chose pour les soins à domicile. Je suis dans une région
sous-alimentée financièrement et en services, une des
régions où il y a le moins de services dans tout le
Québec. Je n'ai même pas de centres d'accueil pour personnes en
perte d'autonomie dans ma MRC, en gros.
Mme Lavoie-Roux: Celui qui vous a été refusé
par le gouvernement.
M. Blais: Non, celui qui m'a été accordé
après par le ministre Chevrette.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Blais: II a été refusé par Taschereau en
1928. Le 16 mai 1928, M. Taschereau l'a refusé au député
de l'époque. Ce n'était pas Vautrin, il était à
Saint-Jacques. En 1928, il avait été refusé. Il a
été refusé par Sir Wilfrid Laurier, à Ottawa, en
1895 aussi.
Mais revenons à aujourd'hui. Je sais que M. Camille Laurin
l'avait refusé, faute de budget à l'époque, mais il m'a
été accordé au mois de juin 1985 par le ministre
Chevrette...
Mme Lavoie-Roux: ...par l'autorisation de...
M. Blais: ...avec autorisation, avec un CT accepté, un CA
accepté. Oui, madame, je l'ai vu. On en parlera à
l'extérieur. Mais si vous voulez qu'on en parle longtemps, on peut
passer une demi-heure là-dessus, si vous le voulez bien.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne serait pas pertinent. Nous serions
impertinents.
Une voix: Impertinents.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Non seulement je suis d'accord avec la ministre de
la Santé et des Services sociaux que ce serait être impertinent,
mais je pense aussi que ce n'est pas complètement respecter le droit de
parole du député de Terrebonne que d'entreprendre une
discussion.
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais qu'on
respecte effectivement le droit de parole du député de
Terrebonne.
M. le député de Terrebonne, si vous voulez continuer votre
intervention.
M. Blais: D'accord. J'aimerais beaucoup que la Conférence
des conseils régionaux de la santé et des services sociaux vienne
justement. D'abord, s'ils venaient - on sait qu'il
se créera un autre CRSSS dans ma région -on pourrait leur
demander de quelle façon les services seront répartis devant ce
nouveau projet de loi 142, qui implique des obligations è la plupart
d'entre nous, des obligations différentes de celles qu'on avait avant,
qui oblige certaines personnes du milieu à agir de façon
différente d'avant. On dit bien dans le projet de loi: "Mieux adapter
les services de santé et les services sociaux aux besoins de la
population en tenant compte des particularités linguistiques
régionales." Cependant, pour mieux connaître les
particularités linguistiques régionales, j'ai l'impression que
ces treize chefs de file régionaux des services sociaux et de la
santé pourraient venir nous rendre visite et nous dire, dans cette loi,
si, eux aussi, qui ne se sont pas prononcés en tant qu'entité,
sont contre. Si jamais ils étaient pour, ce serait la première
entité du milieu qui se prononcerait pour. Tous les groupes se sont
prononcés contre. (11 h 45)
La question que j'ai à poser à la ministre est à
deux volets. Je vais avoir le temps de la poser ici, parce que ce n'est pas
comme en Chambre, il n'y a pas de leader du gouvernement qui vient
m'arrêter. D'après le coup de téléphone que j'ai eu
ce matin, on aimerait que vous éclaircissiez la chose suivante:" Par
cette loi, est-ce que les anglophones ont un recours légal devant les
tribunaux pour qu'il y ait des services dans tous les domaines, même si
les francophones dans les régions n'ont pas ce recours? Ce n'est pas une
question de gens qui ont des préjugés, c'est une question,
d'abord, de respecter notre majorité. Il faut respecter la
majorité. Quand la majorité est bien protégée, elle
protège bien sa minorité. C'est normal. C'est archinormal qu'il
en soit ainsi. On l'a vu ce matin, j'ai trouvé cela très curieux
qu'on s'en soit enquis auprès de vous aussi lors d'une question en
Chambre. Cette loi vient suppléer à certaines lacunes qu'il y
aurait dans le système de soins pour les gens parlant une autre langue
que la langue française - j'aime mieux cette expression -tandis que la
majorité a, elle aussi, des difficultés dans la deuxième
plus grande ville française du monde à se faire servir dans sa
langue, dans certains hôpitaux.
Deuxième volet - on n'en a pas parlé ce matin - des
médecins nous ont contactés pour nous dire ceci: C'est à
cause de la loi 101, dans des hôpitaux, entre guillemets, reconnus comme
établissements anglophones, que des francophones ont commencé
à avoir accès, depuis un certain laps de temps, a des stages et
à donner des services, mais depuis que la classe qui examine les
devenirs, depuis à peu près deux ans, subodorait que le Parti
québécois perdrait le pouvoir, il semblerait qu'il y ait moins
d'accès à ces gens-là et que, depuis que vous êtes
là, ce soit complètement fermé. Il n'y a plus de
spécialistes, de médecins francophones qui viennent en stage dans
les établissements reconnus comme anglophones. Partant - c'est une
question sérieuse - dans les années qui viennent, les
francophones, dans cette section de la ville de Montréal, auront de
moins en moins de services. Je ne voudrais pas qu'on pense par là que je
dis qu'il ne faut pas que ceux qui parlent une autre langue que la langue
française, que les autres minoritaires, dont vous êtes les dignes
représentants ici, j'espère, je ne veux pas dire que vous n'avez
pas le droit d'avoir de services...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Blais: Je conclus en disant qu'il faudrait d'abord qu'on
regarde de façon spécifique et prioritaire que ceux qui parlent
le français, la majorité, aient ces services, parce que dans les
autres provinces les francophones n'ont tellement pas de services comme
minorité. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la ministre,
en réplique?
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais intervenir juste quelques instants.
D'abord, ce sont tes mêmes arguments qui reviennent, à savoir
qu'il pourrait y avoir un élément de discrimination. Je comprends
mal cette inquiétude, puisque la modification qui est apportée
à la Loi sur les services de santé et les services sociaux
conserve à tout le monde ses droits, parce que, si vous vous
référez à l'article 4 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux on dit: "Toute personne a droit de
recevoir des services de santé et des services sociaux adéquats
sur les plans à la fois scientifique, humain et social...
M. Blais: Alors, pourquoi la loi 142?
Mme Lavoie-Roux: ...avec continuité et de façon
personnalisée, compte tenu de l'organisation et des ressources des
établissements qui dispensent ces services." Ceci donne aux personnes le
droit de recourir à des services judiciaires ou de contester devant les
tribunaux, si elles sont lésées.
Comme je l'ai indiqué hier soir, il y a eu des cas qui ont
été contestés devant les tribunaux. Je ne sais pas si vous
avez fait référence à la Loi sur les services de
santé et les services sociaux par rapport à la Charte des droits
et libertés de la personne?
M. Blais: Je l'ai fait une autre fois, mais pas cette
fois-ci.
Mme Lavoie-Roux: Pas cette fois-ci. Je sens le discours du Parti
québécois glisser un peu vers le transfert de ressources des
milieux francophones vers les ressources anglophones. C'est évident, M.
le Président -et le député de Terrebonne le sait fort bien
ainsi que ses autres collègues - que toutes les ressources ne sont pas
disponibles dans toutes les régions du Québec. C'est pour cela
que le législateur a eu la prudence de dire: Compte tenu de
l'organisation et des ressources disponibles dans les établissements qui
rendent des services de santé.
À cet égard, vous avez soulevé le problème
de l'hôpital psychiatrique de L'Annonciation et du manque de psychiatres
de langue française dans la région. Vous avez sans doute appris,
même si cela n'a pas été annoncé officiellement,
qu'il y a quatre ou cinq psychiatres français qui iront dans la
région de Saint-Jérôme avec un permis restrictif, dont
certains rendront des services à l'hôpital de L'Annonciation. Sans
compter que, déjà, à l'hôpital de L'Annonciation,
des omnipraticiens rendent aussi des services en psychiatrie, comme ils le font
ailleurs dans le Québec.
En ce qui a trait à la population anglophone, elle n'en a pas du
tout, mais, quant à notre préoccupation de donner le plus
possible de services importants dans chaque région, tout le monde y
travaille. Je pense que vous y avez travaillé aussi pendant que vous
étiez au pouvoir. Là-dessus, je pense que d'essayer de jouer le
jeu que, tout à coup, quelqu'un va se mettre à être
favorisé par rapport à l'autre, on peut bien le jouer, mais on ne
créera pas des hôpitaux spécialisés ou
surspécialisés, en région éloignée, pour la
population anglophone. Les anglophones feront comme les francophones qui
doivent se déplacer vers Montréal, vers Québec ou vers
Sherbrooke pour trouver des services surspécialisés.
M. le Président, je voulais juste faire ces précisions. Je
voulais soulever quelques autres points. Encore une fois, comme tout autre
citoyen du Québec, les francophones ont toujours eu un recours s'ils
jugeaient que les services ne leur étaient pas disponibles. Les
tribunaux ont rendu les jugements appropriés dans ces circonstances.
Pour le moment, ce sont les seules remarques que je veux faire, M. le
Président. D'ailleurs, mes cinq minutes sont écoulées, je
pense.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de la
règle de l'alternance, la réplique de Mme la ministre est
possible pour cinq minutes, après chacune des interventions, et
n'interfère pas dans la règle de l'alternance. Donc, je
cède la parole au député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Cela va, pour le moment.
Le Président CM. Bélanger): Cela va? Bien. M. le
député de Taillon.
M. Claude Ftlion
M. Filion: M. le Président, j'écoute la ministre ce
matin et je l'ai écoutée évidemment à la
période de questions en Chambre. D'abord, il est remarquable, ce matin,
qu'elle nous cite les articles 4 et 5 de la loi actuelle, ce que nous nous
sommes employés à faire à cette commission l'autre jour,
et depuis déjà plusieurs journées, moi et mon
collègue, le député de Gouin,
Maintenant, elle nous dit: Premièrement, on a des ressources qui
sont limitées et il s'agit de les distribuer. C'est exactement ce que
l'Opposition prétend depuis le début. Au Québec, les
ressources ne sont pas illimitées; elles sont limitées. Les
décisions qu'il faut prendre, c'est dans la distribution de ces
ressources qui doit se faire conformément aux articles 4 et 5 de la loi
actuelle. S'il y a des francophones qui se présentent dans des
hôpitaux anglophones et qui ne reçoivent pas les services auxquels
ils ont droit, la ministre les réfère aux articles 4 et 5
actuels, de par la réponse qu'elle nous donne ce matin.
Mme Lavoie-Roux: Relativement à un droit de poursuite.
M. Filion: Relativement à un droit de poursuite, bien
sûr. C'est quand même l'état du droit; ce sont les articles
4 et 5 actuels. Pourtant, en ce qui concerne la situation des personnes
d'expression anglaise - parce que c'est ce que dit le projet de loi 142 - qui
éprouvent des problèmes à recevoir des soins dans leur
langue, la ministre croit bon de piloter le projet de loi qu'elle a
déposé depuis un mois et qu'elle tente de défendre depuis
un mois.
Je suis d'autant plus pertinent à ce stade-ci, M. le
Président, que le CRSSS est précisément l'endroit
où sont accumulées les plaintes des gens vis-à-vis des
traitements et des soins qu'ils reçoivent dans les institutions du
réseau des affaires sociales. La ministre, manifestement, s'est
attardée à une partie du fichier, c'est-à-dire, celle
portant sur les plaintes déposées par les anglophones qui
pourraient ne pas recevoir les traitements auxquels ils ont droit dans
certaines institutions, mais est-ce qu'elle a pris la peine, avant de
déposer son projet de loi linguistique, de vérifier quel est
l'état de la situation en ce qui concerne les francophones qui ont des
difficultés à recevoir les soins auxquels ils ont droit dans leur
langue d'origine qui s'adonne à être, comme par hasard, la langue
de la majorité sur le territoire du Québec?
Je pense que c'est cela qui est fondamental, M. le Président, et
c'est pour
cela que depuis que j'ai commencé à siéger à
cette commission-ci je prends la peine de lui répéter: Mme la
ministre, vous êtes en train de voter une loi linguistique; pour le
faire, ayez donc le portrait complet de la situation au lieu d'agir uniquement
dans un secteur. Là, on s'aperçoit que non seulement la vision
sectorielle de la ministre était bien incomplète par rapport au
tout linguistique, mais que, même à l'intérieur de son
secteur, la ministre n'a pas pris connaissance d'une partie des
problèmes linguistiques dans le réseau des affaires sociales.
Cette partie se trouve à être la portion qui touche l'état
de la situation pour les francophones qui reçoivent des soins, comme par
hasard, dans certains établissements, comme je l'ai déjà
dit, dans le secteur ouest de l'île de Montréal ou,
peut-être, dans l'Outaouais, dans l'Estrie ou ailleurs. Or, c'est cela,
la clef. Elle nous a dit ce matin, en Chambre... On a appris,
premièrement, que la ministre responsable de la loi 101, qui, elle, est
déjà sensibilisée à cette situation depuis huit
mois, n'a même pas pris la peine de communiquer ces informations et de
communiquer l'état de son dossier à la ministre de la
Santé et des Services sociaux qui, elle, avait l'intention de piloter le
projet de loi 142. Ils font quand même partie du supposé Conseil
des ministres, ces gens-là.
Quand on sensibilise une ministre qui est responsable de la loi 101, on
est quand même censé également informer de la même
souche, à cause, d'ailleurs, du principe de la responsabilité et
de la solidarité ministérielle, la ministre qui est responsable
de la santé et des services sociaux et ce, d'autant plus, encore une
fois, qu'elle est en train de nous présenter un projet de loi qu'elle
défend depuis un mois en cette Chambre.
Premièrement, la ministre responsable de la loi 101 sait depuis
huit mois qu'il existe une problématique particulière pour les
francophones qui désirent recevoir des 9oins dans certains coins du
Québec, particulièrement dans l'ouest de l'île de
Montréal.
Deuxièmement, ce qu'on a appris, mais là qui est
complètement incroyable, c'est que la ministre nous dit ce matin, en
Chambre, que ce n'est que depuis quelques jours, par l'intermédiaire
d'un député de l'Opposition, le député de Mercier,
qu'elle est sensibilisée, qu'elle a pris connaissance qu'il existe une
problématique pour les francophones qui désirent recevoir des
soins dans leur langue, la langue de la majorité.
C'est pour cela, Mme la ministre, que, quant à moi, je vous ai
dit et que, quant à nous, on vous a dit, depuis le début du
projet de loi: Ne touchez pas à ce secteur-là sans avoir une
vision globale, cela peut vous amener à faire des erreurs. Mais,
là, on constate que même votre information à la base
était erronée. Vous n'avez pas pris la peine de regarder
l'ensemble de la situation, vous allez demander aux CRSSS d'élaborer des
plans concernant la dispensation des soins, mais sans leur demander,
également, d'approfondir, d'étudier et, peut-être, de
proposer des mesures concrètes pour faire en sorte que la
majorité francophone puisse, elle aussi... (12 heures)
Ce n'est sûrement pas trop demander. Je vois le
député de Notre-Dame-de-Grâce qui n'a pas l'air sûr,
mais ce n'est sûrement pas trop demander que...
M. Scowen: M. le Président, qu'il arrête ses
insultes! Je n'ai rien dit.
M. Filion: Je ne l'ai pas insulté.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon, je vous demanderais de vous adresser au
président et uniquement au président, comme le veut le
règlement de cette Chambre.
M. Filion: M. le Président, je pense que la ministre, ce
matin, vient de vous confirmer ce que nous disions depuis le début.
Depuis le début que l'Opposition lui répète qu'un projet
de loi de la nature du projet de loi 142 ne peut être amené devant
l'Assemblée nationale sans un portrait complet, global, sans une
politique cohérente en matière de langue, bien sûr, mais
aussi sans une politique cohérente basée sur un portrait
précis, exact de l'ensemble de la situation découlant des
particularités linguitiques du Québec.
Il n'y a pas un Québec français, un Québec anglais,
un Québec chinois, un Québec grec et un Québec
haïtien. Il n'y a qu'un seul Québec composé d'une
majorité francophone, de minorités dont la plus importante
anglophone et d'autres minorités culturelles. C'est pour cela qu'au
Québec on n'a pas attendu le projet de loi 142 pour que, dans les faits,
les gens qui travaillent dans le réseau des affaires sociales puissent
accorder à tout le monde sans discrimination, conformément aux
articles 4 et 5 actuels de la loi, les soins auxquels ils ont droit. C'est
tellement vrai que la ministre se sert ce matin des articles 4 et 5 pour nous
dire: Voilà la base des recours pour les francophones qui sont
insatisfaits. Mme la ministre, voilà la base des recours pour les gens
d'expression anglaise qui pourraient être insatisfaits. C'est ce qu'on
dit depuis le début du projet de loi. Si vous voulez modifier cet
état de chose, il ne faut pas le modifier dans un sens seulement. Cela
ne peut qu'amener un déséquilibre dans la situation, d'autant
plus, encore une fois, que votre gouvernement a foutu le bordel sur le plan
linguistique au Québec. De plus en plus, les anglophones aussi bien que
les
francophones sont actuellement dans une situation d'extrême
inquiétude vis-à-vis de ce qui se passe.
J'ai eu l'occasion de rencontrer des personnes d'Alliance Québec
très récemment. Ils m'ont confié leur état
d'âme à la suite de ce qui se passait, à la suite des
amendements déposés à toute vapeur. Cela, Mme la ministre,
c'est de l'improvisation et de l'improvisation dangereuse sur le dos d'une
matière qui est hautement sensible, hautement fragile. On aurait pu fort
bien se passer des interventions du gouvernement fédéral depuis
un an dans ce secteur comme on pourrait fort bien se passer actuellement du
projet de loi 142. Prenez le temps qu'il vous faut, Mme la ministre, pour
réfléchir à l'ensemble de ces éléments, pour
refaire...
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Filion: Je termine là-dessus, M. le Président.
Prenez le temps de refaire un portrait global de la situation pour
peut-être revenir en Chambre, si vous le jugez à propos,
après avoir consulté les gens, au premier titre, M. le
Président - pour terminer sur la motion qui est devant nous -la
Conférence des CRSSS qui est une charnière
privilégiée pour nous informer de la situation et de la pleine
situation dans ce dossier. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, en
réplique.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il m'apparaît
clair que, poussée dans ses derniers retranchements pour faire son
obstruction systématique, l'Opposition, d'une part, continue de
mêler tous les problèmes et, d'autre part, n'hésite pas -
je dois dire que cela m'étonne quand même, du moins de la part de
certains représentants de l'Opposition - à nourrir ou rallumer
des vieux préjugés entre anglophones et francophones.
M. le Président, quand je dis qu'on mêle deux choses, c'est
que le projet de loi sur la santé et les services sociaux dit à
tous qu'ils peuvent recourir à des services de santé selon les
disponibilités ou les ressources qui existent en arrière des
établissements. Le seul endroit où on dît qu'ils peuvent
l'avoir dans une langue donnée, c'est par le truchement de la Charte de
la langue française, article 2: "Toute personne a le droit que
communiquent en français avec elle l'administration, les services de
santé et les services sociaux, les entreprises d'utilité
publique, les ordres professionnels..." Alors, là, il ne faudrait pas
mêler deux problèmes, celui de pouvoir obtenir des services dans
sa langue et celui de pouvoir obtenir des services comme citoyens du
Québec sans référence à la langue. Je pense que
c'est !a différence entre ceci dans la Charte de la langue
française et l'article 4 de la loi générale, si on peut
l'appeler ainsi, de la santé et des services sociaux.
M. le Président, je pense que c'est à cause de son
effervescence ou son enthousiasme; je ne peux pas lui prêter des
mauvaises intentions. Mais en revenant sur le fait que Mme la ministre n'a pas
pris le soin de vérifier si tous les Québécois
francophones pouvaient recevoir des services dans leur langue au Québec,
il sait qu'il exagère largement.
M. le Président, encore une fois, le député de
Taillon - et je sais qu'il est assez familier avec bon nombre de nos lois pour
connaître la distinction entre les deux -mêle les choses. Et c'est
ainsi depuis le début. Dans le cas où il y a infraction à
l'article 2, auquel je viens de faire référence, quant à
l'impossibilité qu'une personne puisse obtenir des services en
français, dans une langue, les dispositions sont dans la loi, de
même que les recours. À ce moment la personne peut porter plainte
auprès de la commission de protection et celle des enquêtes, tel
que prévue dans la Charte de la langue française.
M. Filion: Est-ce que je peux intervenir? Cela, c'est pour
l'aspect linguistique...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Filion: ...mais cela ne règle pas le problème
des traitements et des soins. C'est cela que je vous dis.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, vous mêlez deux choses. Il y a
la question linguistique et la disponibilité.
Une voix: Vous mêlez les choses.
Mme Lavoie-Roux: II y a la disponibilité des soins et
services qui est la disposition qu'on retrouve dans la loi
générale sur la santé et les services sociaux.
Dans le cas des francophones, pour revenir aux questions qui ont
été posées ce matin à l'Assemblée nationale,
quand il y a des plaintes qui sont portées à mon attention...
C'est ce que j'ai d'ailleurs dit au député de Mercier qui, tout
à coup, après un an, vient me dire qu'il y aurait des plaintes
à l'hôpital St. Mary's. Parfait! Je lui ai dit que je serais la
première, s'il pouvait m'apporter des faits précis - il
n'était pas tout à fait sûr que c'était St. Mary's -
à les faire examiner.
À partir de cela, on voudrait que je fasse enquête
régulièrement auprès des CRSSS pour savoir s'ils ont des
plaintes.
Quand elles existent, les plaintes me parviennent tant eu égard
à d'autres phénomènes, par les CRSSS et également
tant pour les francophones que pour les anglophones ou pour une foule de
problèmes. Les informations que j'ai lues quant à St. Mary's
disaient qu'aucune plainte n'a été portée au CRSSS du
Montréal métropolitain.
Ce qui m'inquiète, c'est que vous avez été au
pouvoir pendant dix ans, des plaintes furent portées, j'imagine que vous
avez fait ce qui s'imposait. C'est au moment où vous avez reçu
les plaintes ou que l'office, par le truchement de la Charte de la langue
française, a reçu les plaintes, que des sanctions ont
été prises ou des enquêtes ont été faites,
etc.
M. le Président, c'est ce que j'ai dit au député de
Mercier qui se réfère à des plaintes qui auraient
été portées, là il semble que ce soit au CRSSS, je
ne sais pas où les plaintes ont été portées ou
est-ce un individu qui est venu se plaindre au député de Mercier:
je lui ai demandé de me préciser les choses. Je peux prendre
l'engagement formel, comme je l'ai pris en Chambre ce matin, comme je l'ai pris
privément avec le député de Mercier, que nous
l'examinerons pour savoir si c'est fondé. Je peux vous dire
immédiatement, au moment où on se parle, que dans le cas de St.
Mary's... Évidemment, on peut bien se référer au
problème qui est arrivé il y a quatre ans parce que j'ai
l'impression qu'on sort tout du garde-robe. Pas vous. Pourquoi St. Mary's
arrive-t-il tout à coup dans le portrait? Est-ce qu'on sort tout
à coup les vieilles choses des garde-robes, avec les boules à
mite? Les squelettes des placards. Merci, M. le Président, pour
l'inspiration.
Ce qu'on me dit, à ce moment-ci, c'est qu'il n'y a pas eu de
plainte dans le cas de St. Mary's. Si d'autres plaintes devaient être
portées, elles peuvent être portées en fonction, d'une
part, au CRSSS ou encore en fonction de la Charte de la langue
française. Je prendrai mes responsabilités. À ce
moment-ci, d'aucune façon vous ne pouvez mettre en doute que je prendrai
mes responsabilités. Encore faut-il que je reçoive des plaintes.
La seule dont on me parle ce matin, c'est qu'on fait allusion à St.
Mary's. Les communications que j'ai me disent qu'il n'y a pas de plainte, mais
encore une fois, si le député de Mercier veut me l'apporter - il
m'en a parlé il y a trois jours - je vais l'examiner le plus
complètement possible et même la référer en
même temps aussi à l'Office de la langue française.
L'Office de la langue française me dit qu'ils n'ont pas
reçu de plainte, eux non plus. Alors je veux bien présumer qu'il
y a des coupables, mais encore faut-il que j'aie certains
éléments qui me permettent de justifier le bien-fondé des
représentations qui pourraient m'être faites.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui. À l'article 213, est-ce que la ministre
accepterait une question?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: M. le Président, dans un premier temps,
est-ce que la ministre ne reconnaît pas que le député de
Mercier a affirmé ce matin de son sièqe qu'il n'a pas
parlé il y a seulement trois jours de cette question; il y a trois jours
c'est la ministre de la Santé et des Services sociaux qui en a
parlé. Il y a huit mois, il en avait informé la ministre
responsable de la loi 101, ici, à l'étude des crédits.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je n'étais pas là.
M. Rochefort: Non, la ministre n'était pas là, mais
est-ce que la ministre ne reconnaîtrait pas que le député
de Mercier affirmait cela? Deuxièmement, est-ce que la ministre ne
reconnaîtrait pas que la ministre responsable de la loi 101 a
avoué ce matin ne pas en avoir informé la ministre de la
Santé et des Services sociaux? Troisièmement, est-ce que la
ministre de la Santé et des Services sociaux ne croit pas qu'elle
devrait vérifier l'état général des plaintes
à l'Office de la langue française et aux conseils
régionaux de la santé et des services sociaux pour vraiment
connaître quels sont les différents problèmes
d'accessibilité?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai pas du tout mis
en doute - je n'ai pas l'intention de le faire d'ailleurs l'affirmation du
député de Mercier, à savoir qu'il en a informé la
ministre en commission parlementaire il y a huit mois au moment de
l'étude des crédits. Je suis convaincue et la
vice-première ministre a affirmé ce matin -c'est du moins ce que
j'ai compris - qu'elle avait fait le suivi. Elle a examiné la question
qui lui avait été soumise par le député de
Mercier.
M. le Président, c'est quand même une responsabilité
qui relève au premier chef des fonctions du ministre responsable de
l'application de la Charte de la langue française. De mon
côté, je ne peux que réagir à des plaintes qui
m'arrivent, mais elles ne me sont pas parvenues. Alors, dès que
quelqu'un veut bien m'en indiquer une, immédiatement, je peux examiner
la plainte ou, enfin, examiner s'il y a un fondement. D'autre part, s'il y a un
fondement, je peux prendre les mesures nécessaires.
Alors, M. le Président, c'est le contexte dans lequel on se
situe.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Mme la ministre me permet-elle de poser une
question, M. le Président?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce serait
peut-être le temps qu'ils continuent de faire leurs dix et ving minutes?
À une autre occasion...
M. Rochefort: Un peu plus tard, vous me permettrez une autre
question.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Rochefort: Je vais quand même la mettre en suspens.
Le Président (M. Bélanger): En suspens. Mme
Lavoie-Roux: Non, sur la glace.
M. Rochefort: La glace est tellement mince.
Mme Lavoie-Roux: Pour vous, oui. M. Rochefort: Oh non,
madame!
Le Président (M. Bélanger): Alors, la parole
appartient à quelqu'un de l'Opposition en vertu de la règle de
l'alternance. Alors, je reconnais le député de
Verchères.
Mme Lavoie-Roux: Mme Bleau a demandé...
Le Président (M. Bélanger): Sur une question de
règlement?
Mme Bleau: Non, je veux prendre la parole.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de la
règle de l'alternance, je dois d'abord passer à l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont mes cinq minutes.
Mme Bleau: ...l'article 213. M. Rochefort: M. le
Président.
Une voix: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Vous avez parlé en vertu de l'article 246 et cinq minutes de
réplique après chaque...
Mme Lavoie-Roux: J'ai parlé combien de minutes?
Le Président (M. Bélanger): Six minutes. Une
voix: Mais ce n'est pas grave.
M. Rochefort: M. le Président, ma formation politique
consent à permettre à Mme la députée de Groulx
d'intervenir. Par la suite, mon collègue de Verchères...
Le Président (M. Bélanger): Puisque j'ai cet accord
unanime, Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Je suis toute nouvelle encore - un an, ce n'est pas
long - et je n'ai pas eu à recevoir de plainte au sujet de la loi 101.
Quand un patient a à se plaindre qu'il n'a pu recevoir les services en
français dans un hôpital, à qui doit-il adresser sa
plainte? Est-ce à l'Office de la langue française? Au
ministère de la Santé et des Services sociaux? Où doit-il
acheminer la plainte? Au bureau d'un député? Ce n'est pas la
place.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On respecte le droit de parole de Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Je demande à Mme la ministre où il faut
qu'il transmette sa plainte.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre... Un
instant, Mme la ministre consulte. Or, Mme la ministre, la
députée de Groulx veut savoir, en vertu des règlements
existants, à quel endroit un citoyen doit déposer sa plainte. (12
h 15)
Mme Lavoie-Roux: Il peut aller au conseil régional,
à la Commission des droits de la personne ainsi qu'à - il m'en
manque un - l'Office de la langue française. Parfois, me dit-on, il va
au bureau d'un député.
Mme Bleau: Oui, mais je pense que l'on ne peut pas formuler une
plainte par personne interposée. La personne qui n'est pas contente d'un
service doit elle-même déposer la plainte, non pas envoyer
quelqu'un d'autre è sa place.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est évident. Je ne peux pas
deviner quelles sont toutes les plaintes que les gens pourraient faire.
Mme Bleau: À ce moment-là, même si quelqu'un
fait une plainte à notre bureau, il faut que l'on dise à cette
personne: Allez vous plaindre à tel endroit.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. C'est de la référence.
Sauf qu'il y a peut-être un jugement...
Mme Bleau: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Mme la
députée de Groulx, est-ce que vous avez terminé votre
intervention?
Mme Bleau: Oui, c'est tout.
Le Président (M. Bélanger): Je cède la
parole au député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, cela me fait une question
de moins à poser, je voulais justement poser cette question.
Mme Bleau: Les idées des grands hommes se rencontrent.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: J'espère qu'il y a de grandes femmes
aussi. Les grands esprits se rencontrent, paraît-il.
M. le Président, je me rappelle bien, parce que j'en ai de bons
souvenirs, les collaborations que l'on a eues, la ministre et moi, sur d'autres
questions. Je me rappelle bien le comportement de la ministre dans un certain
nombre de dossiers. Ce qui m'étonne actuellement, c'est de voir
l'entêtement qu'elle manifeste depuis le début de cette
commission, en fait, depuis même le début de la
présentation de ce projet de loi et de la discussion à
l'Assemblée nationale, pour empêcher, finalement, que l'on ait
toute consultation adéquate que ce soit sur ce projet de loi.
Connaissant la ministre, je suis convaincu que, si elle avait été
de ce côté-ci de la table, dans les mêmes circonstances que
nous, elle aurait déchiré son linge, elle aurait crié au
scandale. Elle qui est tellement préoccupée par la
démocratie, elle aurait crié au scandale de voir que le
gouvernement refuse de procéder à un minimum de consultations
publiques, en commission parlementaire, sur un projet de loi important.
Je reprends en cela les propos du député de Laurier qui a
admis... On ne s'entendait pas, lui et moi - et probablement vous et nous non
plus - sur le fait qu'il s'agissait d'un projet de loi linguistique ou d'un
projet de loi dans le secteur de la santé et des services sociaux. Mais
on s'était entendu sur une chose, par exemple, le député
de Laurier et moi, qui avons eu à intervenir l'un après l'autre
à l'occasion du débat en deuxième lecture. Le
député de Laurier avait même pris la peine de revenir et
d'utiliser le règlement pour corriger une impression que j'avais pu
laisser dans mon intervention, par rapport à ses propos, pour dire: Oui,
c'est un projet de loi important.
Je ne sais pas si la ministre a pris connaissance d'un éditorial
de Pierre Vennat, dans La Presse d'hier, concernant un autre projet de
loi, le projet de loi 119. La conclusion de Vennat, dans l'éditorial,
c'était: Écoutez, le gouvernement et les ministres devraient
prendre l'habitude, pour des projets de loi majeurs, de convoquer
automatiquement une commission parlementaire pour entendre les personnes
intéressées. Il trouvait que, dans le cas de la commission de
l'économie et du travail et du projet de loi 119, cela avait
donné de bons résultats, pas autant que l'on pouvait s'y
attendre, mais au moins cela avait permis au ministre d'apporter des
modifications et de faire quelques pas dans la bonne direction.
Finalement, l'éditorialiste de La Presse, qui est un des
éditorialistes et un des journalistes les plus chevronnés au
Québec, faisait ce commentaire en disant que cela devrait être une
pratique courante, normale, dans un processus démocratique, quand un
gouvernement aborde une question fondamentale, majeure, d'accepter de consulter
les groupes et les personnes concernés. J'ai beaucoup de
difficultés à comprendre l'entêtement de la ministre. Sans
doute verra-t-on là-dessus les futurs discours que l'on entendra dans
quelque temps pour la motion de clôture que le gouvernement va sans doute
nous amener, mais elle se surprend de notre attitude, de ce
côté-ci. Comment l'Opposition doit-elle se comporter quand un
gouvernement s'acharne à vouloir faire adopter à toute vapeur un
projet de loi fondamental sans accepter des consultations? Est-ce que
l'Opposition devrait laisser passer cela comme du beurre dans la poêle?
Est-ce qu'une Opposition responsable devrait ne formuler aucune critique et
n'utiliser aucun des moyens réglementaires et parlementaires pour
empêcher le gouvernement d'agir de la sorte? Est-ce qu'on pense qu'on
agirait d'une façon responsable à l'endroit du gouvernement et
à l'endroit de notre responsabilité, comme députés
et membres de la loyale Opposition de Sa Majesté, comme le
prévoit la constitution, de laisser la ministre faire ce qu'elle a
à faire sans lui présenter le barrage le plus ferme possible
à l'éqard de son attitude et de ses intentions? Ce qui est
inacceptable, c'est que la ministre s'entête à refuser une
consultation. Les motions que mes collègues ont présentées
et la motion qui est devant nous, c'est-à-dire de faire entendre la
Conférence des conseils régionaux de la santé et des
services sociaux, ce sont des motions, et celle-là autant que les
autres, qui s'inscrivent dans la foulée des interventions publiques qui
ont été faites autour de ce projet de loi. Je ne sais pas ce que
la ministre pense qu'elle va recueillir comme adhésion dans l'opinion
publique de s'entêter à se soumettre au processus
démocratique, elle qui, souvent, nous a fait des leçons
lorsqu'elle était dans l'Opposition à l'égard du
comportement démocratique que nous devions avoir, le Parti
québécois, lorsque nous exercions le pouvoir. J'ai de la
difficulté à comprendre la logique et le bon sens dans les propos
de la ministre, dans son attitude surtout.
Un projet de loi majeur - je reprends en cela les propos du
député de Laurier -c'est un projet de loi qui appelle une
consultation populaire, une consultation publique. C'est d'autant plus vrai que
cette règle doit s'exercer lorsque des groupes importants, influents
dans la société s'élèvent contre un projet de loi.
Il pourrait se produire qu'un projet de loi majeur et important ne recueille
que des adhésions. C'est évident qu'on ne perdra pas notre temps
à faire des consultations pour se faire dire les uns et les autres que
tout le monde est d'accord. Mais la ministre sait très bien que
l'exercice de la démocratie et du parlementarisme, dans notre
société, veut que, quand une majorité de personnes et de
citoyens, quand une majorité de groupes concernés disent à
un gouvernement, quel qu'il soit: Faites attention, vous allez trop vite, c'est
dangereux ce que vous faites, cela aura des conséquences
considérables, ce que vous dites n'est pas exact, alors, te processus et
la tradition de la démocratie au Québec veulent que le
gouvernement prenne le temps de faire les choses et consulte. C'est ce qu'on
lui demande par ce sous-amendement, c'est ce qu'on lui a demandé par les
autres amendements, c'est ce qu'on lui a demandé par la proposition
principale.
J'ai beaucoup de difficultés à comprendre. J'aimerais que
la ministre et nous nous retrouvions dans une situation... Je prends, par
exemple, l'émission Droit de parole, à Radio-Québec, ou
prenons une émission de même nature sur n'importe lequel grand
réseau de télévision. J'aimerais qu'on fasse un
débat, la ministre et moi, ou la ministre et n'importe lequel de mes
collègues, et qu'elle soutienne le fait que ce projet de loi n'a pas
besoin de consultations particulières, que ce projet de loi, il faut
l'adopter à la vapeur avant Noël, que ce projet de loi ne doit pas
être précédé d'auditions publiques et d'un temps de
réflexion et de consultations adéquat.
J'aimerais que la ministre soutienne ce propos en public, dans un
débat contradictoire, et qu'on fasse le test par la suite de l'opinion
publique. Je serais prêt à relever le défi avec la ministre
n'importe quand, sur n'importe quelle tribune où il pourrait y avoir un
jugement d'exercé, par la suite, par les gens qui écouteraient
les deux thèses en présence. Je sais que la ministre n'acceptera
pas de relever le gant, de relever ce défi, parce qu'elle le sait, elle
perdrait sur toute la ligne parce qu'elle serait incapable de soutenir que,
dans le contexte actuel, dans l'état actuel du dossier et compte tenu de
l'importance de ce projet de loi, quelle que soit l'approche qu'on peut avoir
pour qualifier ce projet de loi, de linguistique ou à l'égard des
services de santé et des services sociaux ou à l'égard des
droits fondamentaux, dans la mesure où c'est un projet de loi majeur et
un projet de loi contesté, le minimum, c'est de faire en sorte qu'on
prenne le temps de bien faire les choses.
Ce qui est aberrant, c'est de continuer aujourd'hui, après les
heures qu'on a déjà passées dans cette commission,
è soutenir ce point de vue inacceptable, indéfendable, alors que
maintenant, nous avons fait la démonstration qu'il y avait deux poids,
deux mesures comme si les Québécois francophones, comme si les
Canadiens français n'avaient pas suffisamment payé et subi cette
espèce de règle ancestrale de deux poids, deux mesures, dans ce
pays qui s'appelle le Canada.
Le gouvernement libéral, qui a été un des champions
pour continuer à maintenir cette règle de deux poids, deux
mesures, continue par son attitude à maintenir cette règle de
deux poids, deux mesures. Quand ce sont les droits des anglophones, quand ce
sont les droits, les plaintes et les préoccupations des anglophones, le
Parti libéral est toujours très pressé d'intervenir,
très pressé d'agir, mais quand ce sont les droits et les plaintes
des francophones, là, on n'est pas pressé du tout. Là, on
n'entend pas le député de Notre-Dame-de-Grâce
s'élever contre cela, ni le député de Laurier ni Alliance
Québec. On ne les entend pas depuis des mois défendre les
Canadiens français et les francophones du Québec. On ne les
entend pas défendre leurs droits. Ah! Ils voulaient se donner belle
conscience quand ces gens se retrouvaient dans l'Opposition avec le Parti
libéral et qu'ils prenaient la défense des francophones hors
Québec quand cela paraissait bien. Mais, depuis ce temps-là, on
ne les entend plus prendre la défense ni des francophones hors
Québec ni des francophones du Québec. Pourtant, les droits
humains et les droits fondamentaux sont les mêmes pour tout le monde, si
on reprend le discours libéral.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Charbonneau: En conclusion, M. le Président, je crois
que le sous-amendement qui est sur la table est un sous-amendement fondé
en droit, fondé en démocratie, fondé en bon sens et que le
comportement du gouvernement, à tous égards, demeure
inacceptable. Le gouvernement pourra - nous l'attendons de pied ferme - nous
ramener à l'Assemblée nationale pour faire un débat sur la
motion de clôture et tentera peut-être de nous faire des
leçons à l'égard de l'obstruction systématique,
mais je peux vous dire une chose: Si, dans le projet de loi 119
- je le dis avec toute la sincérité dont je suis capable -
on a essayé d'être constructif, ici aussi on essaie de le faire.
Mais ici, c'est une bataille encore plus rangée car ici la consultation
n'a même pas eu lieu alors que, dans le projet de loi 119, elle avait eu
lieu au moins. Ici, elle n'a pas eu lieu. La démocratie n'a pas pu
s'exprimer. Le processus démocratique et la tradition politique
d'ouverture et de consultation qui existent au Québec depuis des
années à l'égard des grands enjeux dans notre
société ont été bafoués par le gouvernement
libéral. Oui, on fait un barrage systématique. Oui, on
fait...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, mais vous
avez dépassé votre temps.
M. Charbonneau: ...une bataille rangée et on va continuer
de la faire jusqu'à la fin. Je peux vous dire cela.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur cette motion? M. le député de
Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Quelques précisions, M. le Président. Le
député de Verchères et le député de Taillon
- avant lui, je dois dire -ont abordé ou apporté une autre
argumentation aujourd'hui que celle qu'on avait entendue jusqu'à
maintenant. Encore une fois, c'est une argumentation qui fait appel à de
vieux discours, de vieux préjugés; je dirais même qu'elle
met en opposition constamment des groupes de Québécois, des
francophones et des anglophones. On nous dit et je cite, je pense, le
député de Verchères: Nous avons fait la preuve qu'il y a
dans le projet de loi deux poids, deux mesures.
M. Charbonneau: Non, je m'excuse, M. le Président. Est-ce
que le député de Laurier me permet une correction?
M. Sirros: Oui, oui.
M. Charbonneau: Ce que j'ai dit, ce n'est pas dans le projet de
loi, c'est dans votre attitude à l'égard de ce projet de loi et
du fait qu'on ne prend même pas la peine de vouloir consulter les gens.
C'est dans votre attitude même qu'il y a deux poids, deux mesures. Je ne
parlais même pas du projet de loi, mais j'aurais pu en parler.
M. Sirros: Bon, d'accord.
M. Charbonneau: Je parlais de l'attitude que vous avez autour de
la consultation qui doit entourer un projet de loi de cette nature et de
l'empressement...
M. Sirros: Non, non. On parlait...
M. Charbonneau: ...que vous avez à
légiférer.
M. Sirros: D'accord. M. le Président, c'est vrai que le
député de Verchères a parlé de l'attitude face a la
consultation, mais il a également dit - le député de
Taillon et le député de Terrebonne aussi - qu'il y avait
effectivement deux poids, deux mesures dans la façon d'aborder les
droits des francophones et des anglophones quant aux services de Santé
et aux services sociaux. On nous a servi de l'autre côté, M. le
Président, l'interprétation suivante: les anglophones auraient,
semble-t-il, selon le projet de loi 142, un souci tout a fait particulier pour
qu'eux reçoivent des services dans leur langue tandis que le
gouvernement n'avait pas le souci de s'assurer que les francophones
reçoivent des services de santé et des services sociaux dans leur
langue parce que, semble-t-il, la ministre ne se lève pas tous les
matins pour consulter religieusement tous les CRSSS pour voir s'ils ont eu des
plaintes. (12 h 30)
M. le Président, cela a été clairement
démontré par la ministre que, d'une part, le projet de loi S-5,
la Loi sur les services de santé et les services sociaux, établit
pour tout le monde un recours, un droit d'accès à des services
sociaux et de santé compte tenu, effectivement, des ressources. Cela
s'applique à tout le monde.
Le projet de loi 142, M. le Président -d'ailleurs, en ce qui
concerne le droit d'accès à des services en français, il
est aussi clairement établi dans la loi 101 - ne vient qu'affirmer que
les personnes d'expression anglaise ont le droit de recevoir des services
sociaux et de santé dans leur langue compte tenu de l'organisation et
des ressources des établissements. Les amendements qu'on a
présentés précisent aussi que ceci, c'est dans le cadre
d'un plan d'accessibilité qui serait élaboré par un
conseil régional. Il n'est nullement question d'avoir deux poids, deux
mesures. Il s'agit tout simplement de s'assurer que tous les
Québécois soient traités de la même façon et
de façon égale et équitable, M. le Président.
M. le député de Verchères a aussi entamé
son exposé par la façon dont il interprète les actions du
gouvernement en disant: II se préoccupe des anglophones. II ne
s'occupe pas des francophones. Les gens d'Alliance Québec, avant, pour
se faire bonne conscience, pariaient des droits des francophones hors
Québec alors que, maintenant qu'ils sont sous un gouvernement
libéral, ils se foutent carrément de tout cela.
J'aimerais juste pour son information -
je ne sais pas s'il lit les journaux ou s'il regarde les choses - lui
dire qu'Alliance Québec - ce n'est pas à moi de défendre
Alliance Québec ou d'autres personnes -vient de terminer le tour de
toutes les provinces canadiennes précisément sur la question des
droits des francophones hors Québec parce que ces gens voient bien que
c'est en harmonie que les deux peuples doivent se développer au Canada.
S'il y a des choses qu'Alliance Québec réclame pour les
anglophones au Québec, je pense que ce n'est que logique, normal et
équitable que ce groupe prenne aussi non pas la défense, mais la
part des francophones hors Québec parce que, finalement, il s'agit d'une
position par rapport à des minorités.
Je trouve regrettable que les députés de l'Opposition,
depuis... Je pense que la ministre a bien dit qu'ils sont maintenant,
semble-t-il, dans leur dernier retranchement parce qu'ils ont abandonné
tous les arguments qu'ils avaient au tout début. Chaque jour, ils
essaient de sortir un nouvel argument. Plus cela avance, M. le
Président, plus cela ressemble à un appel
désespéré, à un débat sans aucune nuance.
L'Opposition se préoccupe de moins en moins des nuances dans son
argumentation, M. le Président, et fait de plus en plus des affirmations
qui sont complètement gratuites...
M. Blais: Farfelues.
M. Sirros: ...parfois même farfelues, M. le
député de Terrebonne. Oui, j'en ai entendu quelques-unes que je
pourrais qualifier de farfelues. M. le Président, je trouve regrettable
que les personnes qui, normalement, en tout cas jusqu'à un certain
moment depuis qu'on les connaît ou que je les connais, avaient
démontré une certaine raisonnabilité, si vous voulez, qui
normalement sont conscientes que, quand on fait appel à des sentiments
qui sont autour d'un sujet sensible, on risque de semer des choses que, je
pense bien, aucune personne ne voudrait voir ranimer ici...
M. Blais: Arrêtez de nous menacer.
M. Sirros: II n'est pas question de menace, M. le
député de Terrebonne, je constate cela avec une certaine
tristesse.
M. Blais: Ce n'est pas à vous que je parle, c'est à
mon confrère.
M. Sirros: Tant mieux! Tant mieux, M. le Président!
Peu importe ce qui arrive, M. le Président, on sera de toute
façon ensemble et le mieux on pourra s'entendre et se comprendre, le
mieux, je pense, ce sera pour l'ensemble des Québécois. Je trouve
cela extrêmement regrettable que le Parti québécois ait
choisi cette voie dans son opposition qui est, à mon sens, strictement
motivée par des besoins partisans à court terme et à
courte vue. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur ce sous-amendement? Est-ce que le sous-amendement est
adopté?
Mise aux voix des motions de sous-amendement et
d'amendement
M. Rochefort: Vote sur appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vote sur appel
nominal.
M. Rochefort: Voulez-vous relire le sous-amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Oui, le sous-amendement
se lit comme suit: Que soient rajoutés à la fin les mots "la
Conférence des conseils régionaux de la santé et des
services sociaux".
J'appelle donc le vote.
Mme la députée de Groulx?
Mme Bleau: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Dorion?
Mme Trépanier: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Le député
de Laval-des-Rapides, contre. M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon? M. le député de
Terrebonne?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour: 4; contre: 7. Le
sous-amendement est rejeté. Ce qui nous amène à la motion
d'amendement présentée par le député de Taillon qui
se lit comme suit: Que la motion soit modifiée en y ajoutant à la
fin les termes "Association des centres d'accueil du Québec".
Du côté de l'Opposition, il n'y a plus d'intervention
possible. Du côté du pouvoir, est-ce que quelqu'un désire
intervenir? Tout a été dit. Je mets donc la motion aux voix.
M. Rochefort: Sur appel nominal.
Le Président (M. Bélanger): Sur appel nominal. Ce
ne sera pas long, on va seulement préparer la feuille ici. Si vous me
permettez quelques secondes. Je vais prendre la même feuille et je vais
relire la motion d'amendement: Que la motion soit modifiée en ajoutant
à la fin les termes "Association des centres d'accueil du
Québec".
Je vous en prie. Je vais procéder sur la même feuille, et
on modifiera. Alors, Mme la députée de Dorion?
Mme Trépanier: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Groulx?
Mme Bleau: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Le député
de Laval-des-Rapides, contre. M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour: 4; contre: 7.
L'amendement est rejeté.
Reprise du débat sur la motion
principale
Ce qui nous ramène à la motion principale. Alors, c'est la
motion du député de Gouin: "Que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 142, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, des consultations particulières quant à tous les
articles dudit projet et qu'à cette fin elle entende l'Association des
hôpitaux du Québec."
Un instant que je vérifie ma liste sur les droits de parole
possibles. Alors, dans les droits de parole, à titre d'information, il y
a M. Rochefort qui n'a plus le droit de parole, M. Scowen, de l'autre
côté, qui n'a plus le droit de parole, M. Filion qui n'a plus le
droit de parole. Il reste un droit de parole à MM. Gendron, Blais et
Charbonneau. Excusez-moi si j'ai donné les noms. Je les ai pris dans la
liste. Et les autres membres de l'Opposition...
M. Rochefort: Non. J'aimerais que vous les nommiez, comme vous
avez nommé les députés de l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): La
députée de Groulx, le député de Fabre, la
députée de Dorion, le député de Laurier et,
évidemment, la ministre, si elle désire s'en prévaloir, et
le président qui, dans cette commission, a décidé de ne
pas intervenir.
Alors, sur cette motion principale, est-ce qu'il y a... M. le
député de Verchères, vous avez dix minutes sur la
motion.
Mme Bleau: Est-ce possible de lire la
motion? Je ne sais pas où est la motion.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, vous avez le droit de parole.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. La raison pour
laquelle la motion a été présentée, c'est non
seulement dans la logique de ce que j'ai indiqué tantôt,
c'est-à-dire qu'on pense qu'autour de ce projet de loi on doit d'abord
procéder à des consultations particulières et
approfondies...
Il y a le fait qu'un certain nombre d'organismes particulièrement
touchés par l'application de cette loi et la Loi sur la santé et
les services sociaux ont pris position, et pas les moindres. C'est
évident que, parmi ces associations, pèse lourd l'Association des
hôpitaux du Québec.
À cet égard, je crois qu'il serait peut-être
opportun de prendre connaissance, d'une façon plus approfondie, du
mémoire que l'Association des hôpitaux du Québec a
présenté à la ministre. Le problème, c'est que la
ministre ne s'est pas organisée pour faire en sorte que ce
mémoire ait une large diffusion publique, qu'il soit discuté dans
la population et qu'il soit discuté en commission parlementaire, et que
les arguments qu'on y retrouve soient confrontés avec d'autres
arguments.
C'est la raison pour laquelle je crois que je vais vous lire certains
passages, des commentaires qui ont été présentés
par l'Association des hôpitaux du Québec. Elle nous dit d'abord:
"Consciente des particularités de la minorité d'expression
anglaise de la population québécoise, l'Association des
hôpitaux se rallie à l'objectif de lui assurer des services de
santé dans sa langue". Nous aussi, nous nous rallions à cela,
c'était notre position politique. "D'ailleurs, une partie des membres de
l'association, identifiée à la communauté anglophone, a
contribué au développement du système de santé
actuel. De plus, tous les centres hospitaliers ont de longue date fourni des
services accessibles aux bénéficiaires d'expression anglaise,
compte tenu de leurs ressources et de leurs organisations, conformément
à l'article 4 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, de même que sans discrimination, conformément à
l'article 5 de cette loi. Cependant, l'Association des hôpitaux du
Québec est d'avis que le choix des moyens proposés par les
dispositions du projet de loi 142 aux articles 1,2, 3 et 9 demeure
discutable."
Je ferme la citation pour le moment -de l'avis d'une des associations
les plus importantes, le projet de loi 142, dans ses modalités, demeure
discutable. Je crois que le minimum qu'on puisse faire, quand on
considère qu'il s'agit là d'un projet de loi important, c'est
d'en discuter et d'en discuter avec les gens qui émettent ce point de
vue. Donc, il faut les faire venir en commission et confronter les points de
vue.
Je sais que la ministre, au fond, sait très bien que nous avons
raison. Jamais elle ne le dira publiquement. Peut-être qu'elle n'osera
même pas, après cette intervention, me l'admettre
privément. Je la connais assez pour savoir qu'elle sait que j'ai raison
et qu'elle sait que mes collègues ont raison. Elle est prise avec la
solidarité ministérielle, prise aussi avec la
vice-première ministre responsable de l'application des politiques
linguistiques et de la loi 101, qui fait ses petites crises
régulières et qui, souvent, au Conseil des ministres, on le
sait... Comme journaliste, j'ai encore suffisamment de bonnes relations et de
bons contacts pour savoir que la ministre, encore récemment, a fait ses
crises, a mis tout son poids - pas vous, votre collègue - pour qu'on ne
la désavoue pas trop rapidement ou trop ouvertement.
N'empêche que la ministre de la Santé et des Services
sociaux sait que l'Opposition a raison de demander que ce projet de loi
soît bien discuté, bien sous-pesé et qu'on entende des
organismes. L'association dit, et je reprends la citation: "Nous soutenons que
l'insertion de l'article 5.1 dans la Loi sur les services de santé et
les services sociaux porte atteinte à l'économie
générale de la loi et n'ajoute rien de plus à ce que
consacre l'effet combiné des articles 4 et 5 de la loi. D'ailleurs, une
telle insertion risque de saper la portée parapluie de la Charte de la
langue française et vient mitiger la portée particulière
de son application aux établissements de santé et de services
sociaux".
Ce n'est pas n'importe qui qui dit cela et ce n'est pas n'importe quel
genre d'affirmations qu'on a dans ce mémoire. On va venir
prétendre que l'Opposition n'est pas justifiée de faire une
bataille rangée, de faire de l'obstruction pour réclamer que ces
gens soient entendus...
Une voix: ...
M. Charbonneau: Ils ne l'ont pas demandé, mais nous, nous
pensons que dans la mesure où un organisme de cette importance vient
dire que ce projet de loi est discutable et vient faire les affirmations qu'il
fait, qu'eux, ils n'aient pas jugé bon de demander, nous pensons qu'il
faut que ces gens soient entendus...
Une voix: ...
M. Charbonneau: Pardon! L'organisme dit plus loin: "La Loi sur
les services de santé et les services sociaux n'a pas pour
objet de supporter la déclaration de droits fondamentaux
généraux, surtout si on les retrouve déjà
suffisamment énoncés et protégés dans d'autres lois
comme c'est le cas de l'accès à des services dans une autre
langue que la langue française par l'application de la Charte de la
langue française, c'est-à-dire la loi 101. Ils'agirait là,
poursuit l'organisme, d'une insertion qui devient inédite dans
l'économie du droit québécois et qui risque de placer les
centres hospitaliers dans une position délicate". C'est l'Association
des hôpitaux du Québec qui vous dit, Mme la ministre, que vous
allez placer l'ensemble des centres hospitaliers dans une position
délicate et vous ne voulez pas les entrendre. C'est aberrant. C'est
insoutenable, inqualifiable et indéfendable.
Vous me regardiez avec des yeux compréhensifs tantôt. Je
sais que vous êtes d'accord avec nous, mais la solidarité
ministérielle vous oblige à faire une bataille contre vos
opinions profondes, contre vos convictions profondes et contre votre sens de la
démocratie. Il n'en demeure pas moins que nous avons raison de faire le
combat que nous faisons et nous allons le maintenir.
L'Association des hôpitaux du Québec dit plus loin dans son
mémoire: II en va de même de l'insertion du deuxième
alinéa de l'article 173 de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux qui bouleverse les conditions prévues à
l'article 113f de la Charte de la langue française en rendant
impérative la dispensation de services de santé en anglais, alors
que l'article 113f visait tout au plus à la reconnaissance du
caractère anglophone sinon bilingue de certains
établissements.
C'est important ce que disent les représentants de l'Association
des hôpitaux du Québec. Vous allez venir soutenir qu'il ne
faudrait pas les entendre. Vous allez dire: On ne peut pas les entendre parce
qu'ils ne nous ont pas demandé de les entendre. Vous avez une
responsabilité publique considérable. Vous avez à diriger
un des ministères les plus importants et qui draine le plus de
ressources collectives et financières au Québec. Vous avez un
organisme qui chapeaute... (12 h 45)
Je salue l'arrivée du premier ministre. J'imagine qu'il n'est pas
venu souvent en commission jusqu'à maintenant.
Une voix: C'est la première fois.
M. Charbonneau: Cela me fait plaisir qu'il me fasse l'honneur de
venir m'entendre.
Vous avez un des organismes les plus importants, l'Association des
hôpitaux du Québec, et vous soutiendriez sérieusement et
démocratiquement qu'il ne faut pas les entendre et que ce qu'on nous dit
ce n'est pas important. Je le répète parce que le premier
ministre n'a peut-être pas écouté tantôt; il
n'était pas ici et peut-être qu'il n'était pas à
l'écoute de son "perroquet", comme on le dit dans le jargon.
Avez-vous lu, vous et le premier ministre, l'éditorial de Pierre
Vennat dans La Presse d'hier concernant la loi 119? Vous vous en
êtes servi à votre façon, hier, pour le discours sur la
motion de clôture pour la loi 119, faisant la preuve que vous aviez bien
fait vos devoirs. Dans cet éditorial, ce que M. Vennat vous disait dans
La Presse -et c'est un des journalistes et des éditorialistes les
plus réputés au Québec -c'est: Pour les projets de loi
majeurs au Québec, vous devriez prendre l'habitude de faire en sorte que
des organismes soient entendus et que vous fassiez une commission
parlementaire. C'est ce qu'on vous a dit.
Motion d'amendement proposant d'entendre aussi le
CRSSS-MM
M. le premier ministre, le député de Laurier nous a dit en
Chambre que c'était un projet de loi important. C'est la raison pour
laquelle, compte tenu de cette importance et compte tenu de ce qui a
été discuté à l'Assemblée nationale ce
matin, notamment, avec le député de Mercier et le
député de Gouin, je présente la motion d'amendement
suivante à la motion principale: "Que l'on ajoute, à la motion,
le Conseil régional de la santé et des services sociaux du
Montréal métropolitain." Le CRSSS-MM.
Le Président (M. Bélanger): Puis-je l'avoir par
écrit, s'il vous plaît?
M. Charbonneau: Bien sûr, M. le Président.
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, sur une question de règlement.
M. Sirros: C'est surtout sur la recevabilité, M. le
Président. II me semble qu'on a débattu pendant quelque temps
tout à l'heure une motion qui voulait que l'on fasse venir la
Conférence des CRSSS. Là, semble-t-il, l'Opposition a
décidé de demander que chacun des CRSSS, individuellement, soit
invité.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
M. Sirros: II me semble que si la commission a
décidé de ne pas inviter la Conférence des CRSSS, il va de
soi que l'invitation à chaque CRSSS individuel serait incluse dans ce
rejet, M. le Président.
Une voix: Un instant!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, sur une question de règlement.
M. Rochefort: M. le Président, sur la même question
de règlement soulevée par le député de Laurier
quant à la recevabilité de l'amendement, je vous dirai qu'on
respecte la décision de la commission qui est de refuser de demander
à la Conférence des conseils régionaux de la santé
et des services sociaux de venir participer à nos travaux.
Le Conseil régional de la santé et des services sociaux du
Montréal métropolitain est un organisme différent et
distinct en tout point de la Conférence des CRSSS qui, elle, regroupe en
totalité et comme groupe collectif les treize conseils régionaux
de la santé et des services sociaux.
Puisque la majorité ministérielle refuse cette
conférence des treize conseils régionaux, nous respectons la
décision par vote de la majorité ministérielle, mais nous
considérons que, compte tenu de cette décision, il y a au moins
un conseil régional en particulier qui doit se présenter devant
nous et qui est celui du Montréal métropolitain qui est le plus
directement concerné par la portée et les conséquences
d'application de l'éventuelle loi 142.
Par conséquent, M. le Président, compte tenu qu'il s'agit
d'organismes nettement distincts l'un de l'autre, l'amendement du
député de Verchères est pleinement recevable.
Le Président (M. Bélanger): Or, sur la
recevabilité, est-ce que du côté ministériel on
aurait des commentaires?
M. Sirros: Je pense qu'il faut souligner, M. le Président,
que, si une invitation avait été faite à la
conférence des conseils régionaux, une invitation aurait
été adressée aussi au conseil régional de
Montréal par le fait même, si on avait convoqué la
conférence. Alors, il me semble que c'est super...
Mme Lavoie-Roux: Superfétatoire. M. Sirros:
Superfétatoire.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien dit. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Sur l'intervention du député de
Laurier, M. le Président, nous avons déjà vécu,
dans un dossier précis, une participation de la Conférence des
conseils régionaux de la santé et des services sociaux à
laquelle n'avait participé, en aucune façon, le Conseil
régional de la santé et des services sociaux du Montréal
métropolitain car, effectivement, il s'agit de deux organismes
distincts. C'est comme si on disait que, parce que la commission a
refusé de faire venir la fédération des CLSC du
Québec, le CLSC La petite patrie, lui, ne pourrait pas être
convoqué en commission parlementaire pour venir nous parler de ce qu'il
vit chez lui, dans son secteur de responsabilité qui est distinct de
l'ensemble des responsabilités de la fédération des CLSC,
ou si, par exemple, M. le Président, parce qu'on refuserait de faire
venir la Fédération des médecins omnipraticiens du
Québec ou la corporation des médecins du Québec, on ne
pourrait pas demander à un médecin en particulier du
Québec de venir participer à nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y ad'autres interventions sur la recevabilité?
Mme Lavoie-Roux: Nous attendrons votre décision, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
je vais consulter quelques minutes et on va rendre une décision. Alors,
on suspend deux minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
(Reprise à 12 h 54)
Le Président (M, Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Apres avoir pris en délibéré cette nouvelle motion
qui est présentée, je la juge recevable pour les motifs suivants:
la Conférence des CRSSS, c'est le regroupement de l'ensemble des centres
de services sociaux, mais cela n'annule ou n'enlève en rien les
expériences particulières ou les droits particuliers, cela ne
limite en rien les pouvoirs de chacun des organismes que sont les conseils
régionaux. Dans ce sens-là, nous devons reconnaître que le
conseil régional de Montréal est une entité
différente et autonome par rapport à l'entité ou au
regroupement que forme la Conférence des CRSSS.
La Conférence des CRSSS n'existe pas sans chacun des CRSSS; elle
est une entité qui n'a aucune valeur, à ce moment-là, et
n'est représentative de rien, mais le conseil régional de
Montréal, lui, existe sans la Conférence des CRSSS et, à
cette fin, je juge la motion recevable et aussi en vertu de l'article 170 qui
dit que "toute commission peut aussi, par invitation spéciale,
solliciter l'opinion de personnes ou d'organismes qui ont une connaissance ou
une expérience particulière du domaine qu'elle examine." En ce
sens et à sa face même, la motion est recevable.
M. Rochefortî Je ne suivrai pas la suggestion de la
ministre qui me rappelle qu'il y a 800 établissements dans le
réseau de la santé, je peux lui en donner l'assurance.
M. le Président, je vous remercie de votre décision. Vu
qu'il reste quatre minutes à nos travaux, que le député a
un droit de parole de 30 minutes et que la tradition veut que, lorsque la plus
grande partie d'une intervention doit être reportée à une
séance subséquente, on reporte l'ensemble d'une intervention pour
qu'elle puisse être faite d'un seul bloc à la séance qui
suit, M. le Président, compte tenu non pas des dispositions de notre
règlement à cet effet, mais des traditions qui ont d'ailleurs
été acceptées ici à cette commission, je
solliciterais votre égard et le consentement de la majorité
ministérielle pour que le député de Verchères
puisse faire son intervention d'un seul bloc à la reprise de nos
travaux, è 15 heures.
Le Président (M. Bélanger): Alors, s'il y a
consentement unanime... Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la demande du
député de Gouin me semble raisonnable, surtout que nous ne
voudrions pas interrompre le fil des idées du député de
Verchères quand il aura à débattre cette motion
très importante. Nous acquiesçons à la demande du
député de Gouin de suspendre nos travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! On débute officiellement.
Nous en étions à un sous-amendement è la motion
proposé par le député de Verchères qui se lit comme
suit: Ajouter à la motion le Conseil régional de la santé
et des services sociaux du Montréal métropolitain. M. le
député de Verchères, vous avez trente minutes pour
débattre votre motion. Nous vous écoutons.
M. Charbonneau: Seulement trente minutes. C'est tellement...
Le Président (M. Bélanger): C'est dommage, mais on
ne peut pas vous donner plus.
M. Charbonneau: C'est tellement court, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, M. le
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, je vais reprendre
certains des arguments que j'ai utilisés ce matin. Sans doute que la
ministre aura utilisé son temps de repos du midi pour
réfléchir un peu au sens de la démocratie et au sens des
enjeux. Il y a des gens qui rient un peu, mais qui oublient les propos du
député de Laurier, il y a peine deux ou trois jours à
l'Assemblée nationale, qui nous a rappelé, è juste titre,
qu'il s'agissait d'un projet de loi important. Comme je l'ai indiqué ce
matin à la ministre, je n'ai pas eu de réponse. Je lui disais
à ce moment-là que je la soupçonnais de partager mon
opinion. Jamais n'oserait-elle le dire publiquement et même
privément. Je ne sais pas si elle va se risquer à l'admettre un
jour.
Mme Lavoie-Roux: En confidence.
M. Charbonneau: Peut-être en confidence. Peut-être
attendra-t-elle dans ses mémoires pour nous l'admettre, mais je suis
convaincu que, dans le fond, elle sait très bien qu'un projet de loi de
cette importance, de cette nature et un projet de loi contesté, on ne
l'amène normalement pas à la fin d'une session parlementaire et
surtout, on accepte d'entendre les organismes et les personnes
concernés.
J'arrive difficilement à saisir les raisons pour lesquelles la
ministre et le gouvernement s'entêtent. J'ai vu que le premier ministre
avait daigné nous faire une petite visite, ce matin, en fin
d'avant-midi. S'il était resté plus longtemps, peut-être
aurait-il fini par comprendre l'argumentation qu'on lui sert et les raisons
pour lesquelles on mène cette bataille rangée. On ne se cache
d'ailleurs pas de mener cette bataille rangée en vertu des
règles. Sans doute utilisera-t-on ces propos pour nous les citer de
nouveau à l'Assemblée nationale pour nous dire: Voyez ce que vous
avez dit. Mais certainement. Je vous dis très clairement qu'on fait
cette bataille rangée parce qu'on a la conviction qu'il faut la faire,
qu'on a la conviction que c'est la seule façon de vous amener à
entendre raison. C'est la seule façon de vous amener à vous
comporter comme vous devriez vous comporter dans un système
parlementaire où la démocratie a ses droits et où la
façon de faire les choses à l'égard de projets de loi
majeurs, à l'égard de grands enjeux dans une
société, c'est de consulter les gens et de leur donner la parole,
c'est de faire en sorte que les décideurs politiques acceptent de
confronter leurs actions, leurs décisions avec ceux qui auront à
les vivre.
À partir de quelle logique aurait-on accepté d'entendre
jeudi et vendredi dernier, pendant deux jours, les parties patronales et
syndicales dans l'industrie de la construction pour un projet de loi important
et
n'accepterait-on pas cette fois-ci d'entendre les organismes
touchés? Est-ce qu'on juge que l'Association des hôpitaux du
Québec est un organisme sans représentativité? Est-ce
qu'on pense que le Conseil régional de la santé et des services
sociaux du Montréal métropolitain est un organisme qui a
tellement peu d'importance dans l'organisation des services de santé et
des services sociaux dans la région de Montréal qu'on n'a aucun
intérêt à leur demander ce qu'ils pensent, comment ils
reçoivent ce projet de loi et comment ils vont avoir à l'assumer
et à le mettre en application? Est-ce qu'on pense qu'on est suffisamment
imbu de la vérité et détenteur de la vérité
tranquille de l'autre côté pour refuser? Qu'est-ce qui presse
tellement pour qu'on refuse d'entendre des organismes comme le Conseil
régional de la santé et des services sociaux du Montréal
métropolitain? Je vous avoue que je ne comprends pas encore.
Je comprends la volonté politique du gouvernement de satisfaire
son électorat, et au plus sacrant d'ailleurs. Mieux vaut faire cela la
première année du mandat que de se retrouver avec ce genre de
crise linguistique que vous avez provoquée et créée six
mois avant les élections. Cela, je le comprends. Je comprends que la
seule urgence, dans le fond, c'est de régler le problème une fois
pour toutes, au plus vite, pour qu'on n'en parle plus et que les gens aient
oublié dans six mois, dans un an, dans deux ans, et que, finalement, en
espérant que l'apathie et la tranquillité reviendraient autour de
la question linguistique et que le gouvernement libéral pourrait faire
oublier les gestes inacceptables qu'il aurait fait adopter et qu'il aurait
commis au début de son mandat.
Quelle logique politique autre que celle-là, M. le
Président, que de se rendre compte qu'il y a une obstination sans borne
et irréductible de la part de la ministre et du gouvernement dans cette
volonté de refuser d'entendre? Quelle autre explication peut-on trouver,
alors que ce sont ces gens, la ministre la première, qui
réclamaient à cor et à cri, il y a quelques mois,
lorsqu'on présentait un certain nombre de projets de loi importants...
Quand nous étions de l'autre côté de l'Assemblée
nationale, quand nous assumions la responsabilité du gouvernement,
c'étaient ces gens-là qui nous faisaient le même genre de
discours et qui devraient peut-être dire: Bien, on a changé de
bord. Parce qu'on n'a peut-être pas assez compris, à des moments
donnés, on s'est retrouvé du côté de l'Opposition.
Peut-être que vous devriez écouter la leçon que vous nous
avez donnée à l'époque et comprendre qu'un gouvernement ne
peut pas impunément légiférer sur des enjeux majeurs dans
une société sans donner le droit de parole aux citoyens.
La démocratie n'est pas faite de telle façon qu'une fois
que le gouvernement a été élu, il peut faire tout ce qu'il
veut sans tenir compte de l'opinion des gens. Ce n'est pas une dictature
élective qu'on a. Le système parlementaire qu'on a et qu'on a
transformé avec les années, ce n'est pas une dictature
élective où les gens, une fois qu'ils sont élus peuvent
faire ce qu'ils veulent sans consulter personne, sans écouter personne,
sans tenir compte d'aucune réaction de leurs actions dans la
société. On est dans un système démocratique
où même si les gens ont élu un gouvernement, ils conservent
le droit de parole, le droit d'émettre des opinions, le droit
d'influencer ce gouvernement, le droit d'être entendus et le droit de
dire à ce gouvernement: Écoutez, il faut que vous changiez votre
approche. Cette approche est inacceptable. Cette approche est dangereuse. Cette
approche est lourde de conséquence. Cette approche risque de
créer beaucoup de problèmes. C'est ce que les organismes ont dit,
ceux qui se sont prononcés publiquement.
Ce qui est aberrant, c'est de voir avec quel entêtement on se
confine de l'autre côté pour refuser d'entendre raison, pour
refuser d'écouter les groupes. Ce matin, on a eu un bon exemple de
l'importance qu'il y aurait à entendre le Conseil régional de la
santé et des services sociaux du Montréal métropolitain.
Le député de Mercier nous a parlé de plaintes qu'il avait
formutées à la ministre responsable de l'application de la loi
101, il y a plus de huit mois, concernant, entre autres, un hôpital
anglophone de Montréal. Cette ministre...
Mme Lavoie-Roux: Juste un petit moment. Pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté sur ce problème, ce matin, j'ai cru comprendre
que c'était l'hôpital St. Mary's. Il y a eu, il y a quelques
années un problème à St. Mary's dont on se souvient tous.
J'ai fait la vérification depuis que le député de Mercier
a mentionné cela. C'est simplement pour l'information des gens ici. Je
vous donne l'information parce qu'elle est toute fraîche. Le directeur
général nous a affirmé qu'il n'y avait pas eu de plainte
et il aurait même réuni tous ses directeurs de services pour
être bien sûr qu'il n'y avait pas eu de plainte. L'information que
j'ai et qui est confirmée stipule qu'il n'y a pas eu de plainte. Je me
demande s'il n'y a pas une certaine ambiguïté dans la façon
dont tout le monde a peut-être compris la question. Je ne voudrais pas
que, è un moment donné, on fasse porter le blâme sur St.
Mary's en particulier - cela pourrait être un autre hôpital... Je
pense que c'est un peu le fait de l'incompréhension de la façon
dont le message a été transmis de la part du député
de Mercier. Je ne le sais pas. En tout cas, je vous dis cela pour votre
information. J'ai pris la peine de tout faire vérifier.
M. Charbonneau: Je vais vous répondre, Mme la ministre,
avec une autre information qui...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Non, cela n'est pas pour vous dire qu'il
n'y a pas de problème nulle part...
M. Charbonneau: Non, non écoutez.
Mme Lavoie-Roux: ...mais vu qu'on mentionne un hôpital et
que c'est celui auquel on a fait référence ce matin, je
voulais...
M. Charbonneau: Écoutez, cela aurait pu... Je n'ai pas
parlé au député de Mercier avant qu'il intervienne ce
matin à l'Assemblée...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Charbonneau: ...et ce n'est pas à moi qu'il a
formulé les commentaires, c'est à la ministre responsable de la
loi 101. Mais ce que je sais, c'est que cette semaine, j'ai eu un appel
téléphonique de quelqu'un qui travaille dans un hôpital
psychiatrique anglophone de Montréal. Il ne m'a pas donné le nom
de son hôpital, il ne voulait pas avoir de problème, parce qu'il
travaillait dans cet hôpital. C'est un infirmier ou un
préposé francophone. Il se plaignait de l'attitude du personnel
anglophone dans cet hôpital et il disait: C'est aberrant ce qui se passe.
II se révoltait de la façon dont vous traitiez le dossier. Ce
qu'il me disait, c'est que pour les patients francophones, on ne fait aucun cas
de leurs besoins et de leurs droits. Voici ce que j'ai suggéré
à ce monsieur. Je lui ai dit: Si vous avez peur de perdre votre emploi
et que vous êtes embêté parce que vous êtes un
employé de cet établissement, vous pouvez même utiliser un
pseudonyme et écrire une lettre ouverte aux journaux. Vous pouvez
même donner votre nom et demander aux journaux à qui vous pourriez
envoyer cette plainte, de publier cette information en préservant votre
identité véritable.
Autrement dit, il y a bien des gens qui supportent en silence sans
nécessairement formuler des plaintes officielles à quelque
instance que ce soit. Il n'en demeure pas moins qu'ils vivent des
réalités. J'imagine que les gens qui sont allés voir le
député de Laurier ou le député de
Notre-Dame-de-Grâce et qui les ont amenés à vous pousser
dans le dos et è prendre les engagements politiques que vous avez pris
au cours des dernières années pour dire qu'il y a certaines
situations qui mériteraient qu'on voie nos droits garantis, ce n'est pas
tout du monde qui a fait des plaintes officielles en règle à la
Commission des droits de la personne du Québec ou à un autre
organisme. Il n'en demeure pas moins qu'ils ont vécu des situations. Ils
les ont vécues en silence. Ils ont été humiliés et
choqués de ces attitudes. Ce que je pense, c'est que, quelle que soit la
nature des informations qui ont été communiquées par le
député de Mercier à la ministre responsable de la loi 101,
ce qu'elle aurait dû faire, c'est de faire en sorte que l'office ou un
autre organisme ou l'administration puisse faire les vérifications qui
s'imposent pour voir ce qui se passe véritablement.
Je me souviens de M. Denis Lazure qui était ministre
délégué aux Relations avec le citoyen et qui nous
racontait comment, à des moments donnés, incognito, il allait
dans certains bureaux gouvernementaux pour voir comment les citoyens
étaient accueillis, comment les gens étaient accueillis par les
fonctionnaires et par l'appareil gouvernemental, dans les bureaux. C'est
évident que, dans la mesure où on prend tes moyens qui s'imposent
pour faire une enquête qui nous donne un portrait exact, on peut avoir
plus ou moins de résultat.
Quand j'étais journaliste et que je faisais certaines
enquêtes, je ne me vantais pas toujours d'être journaliste.
À partir du moment où tu arrives avec ton étiquette de
journaliste, les portes se ferment, les bouches se ferment également et,
tout à coup, plus personne n'est au courant de rien.
Une voix: Comme par hasard.
M. Charbonneau: Comme par hasard. C'est évident que dans
certaines situations, dans certains cas, pour faire une enquête
véritable, il faut y aller un peu incognito. Mais il faut avoir la
volonté d'aller au fond des choses. Ce qui est aberrant, c'est que la
ministre responsable de la loi 101 n'a rien fait. Elle n'a même pas
avisé sa collègue, la ministre de la Santé et des Services
sociaux, qui est devant nous, qui, elle, aurait pu prendre ce genre de
mesure.
Dans un cas comme dans l'autre, des gens continuent aujourd'hui
d'endurer des situations inacceptables. Ce ne sont pas tous des gens qui sont
informés de leurs droits et qui sont au courant de la façon de
procéder. La preuve, la députée de Groulx, elle qui est
députée, qui est normalement une citoyenne mieux informée
que la moyenne des gens, vous a demandé comment faire.
Mme Bleau: Je voulais bien...
M. Charbonneau: Je ne vous reproche pas d'avoir fait cela. Je
dis: Écoutez, si vous avez pris la peine de le faire...
Mme Bleau: Je voudrais vous donner la raison pour laquelle je
l'ai fait.
M. Charbonneau: Allez-y.
Mme Bleau: Je voulais bien montrer que, même s'il peut
arriver parfois que la personne qui se sent lésée vienne à
mon bureau, ce n'est pas à moi de signer la plainte, mais bien à
la personne elle-même. C'est cela que je voulais bien mettre...
M. Charbonneau: C'est vrai, mais vous indiquiez, par ce fait, que
si vous, vous n'étiez pas au courant, tout au moins la personne qui est
venue vous voir n'était pas suffisamment au courant car elle a senti le
besoin d'aller voir sa députée pour savoir comment s'y prendre.
Donc, cela veut dire qu'il y a beaucoup de gens qui subissent ces situations et
qui n'ont pas leur petit code du parfait plaignant dans leur poche. Ce n'est
pas tout le monde qui se promène avec son Code de procédure
civile, son code des droits et libertés, avec la Charte des droits et
libertés de la personne ou la Charte de la langue française, son
"kit" du parfait citoyen capable de se plaindre de n'importe quoi dans
n'importe quelle situation. Ce n'est pas tout le monde qui sait que l'on peut
se plaindre à l'Office de la protection du consommateur pour certaines
situations. Qui sait que les conseils régionaux de la santé et
des services sociaux sont des organismes qui peuvent être
habilités à recevoir des plaintes? À part les gens qui
travaillent dans le réseau, je vais vous dire qu'il n'y a pas grand
monde qui le sait. Je suis convaincu que si l'on faisait un sondage, même
parmi les gens qui sont dans le réseau des affaires sociales, de la
santé, il n'y aurait pas grand monde qui pourrait nous donner une
réponse juste.
Donc, ce n'est pas surprenant, Mme la ministre, qu'il puisse arriver que
vous fassiez effectivement des vérifications auprès de certains
organismes et qu'ils disent: Écoutez, on n'a pas eu de plainte. Cela ne
veut pas dire que la situation n'est pas condamnable. Ce que l'on vous dit,
c'est qu'un député - ce n'est pas n'importe qui, c'est un
député, donc, il a un mandat, il a été élu
par des citoyens - qui prend la peine de parler d'une situation inacceptable
à une ministre responsable - pas n'importe laquelle, c'est la ministre
responsable des questions linguistiques - celle-ci ne prend aucune mesure, ne
fait aucune vérification et, qui plus est, ne daigne pas avertir sa
collègue qui est responsable de ce secteur qu'elle pourrait s'informer
et faire des vérifications.
Une voix: C'est de la mauvaise volonté.
M. Charbonneau: On ne vous blâme pas, on blême votre
collègue de ne pas vous avoir informée. Je présume, vous
connaissant, que si l'on vous avait donné l'information, vous l'auriez
prise; c'est ce que vous nous avez dit, ce matin, en Chambre. Je vous connais
assez pour savoir que vous l'auriez fait. Si l'on vous avait donné une
plainte ou une information, vous auriez été au fond des choses.
Vous auriez vérifié si c'est exact.
Je crois que, dans le contexte actuel et compte tenu de ce qui s'est
déjà développé, il ne s'agit pas juste de mettre en
place des mécanismes où les gens, formellement, vont pouvoir
faire des plaintes. Je pense que, dans la mesure où, par exemple, un
gouvernement croit que le respect des droits linguistiques des citoyens et des
citoyennes est quelque chose de fondamental et important, il doit prendre les
moyens pour voir à ce que les institutions fassent en sorte que ces
services soient dispensés. On ne devrait même pas être
obligé d'attendre que des plaintes formelles soient
déposées pour que le gouvernement s'assure
régulièrement que dans les services de santé et dans les
hôpitaux de Montréal, entre autres, un francophone, un Canadien
français ou un Québécois de nouvelle souche francophone
puisse être servi en français, dans la mesure où, à
un moment donné, on devrait faire des vérifications. On sait
quelle est la nature de la situation parce que l'on sait d'où l'on part,
parce que l'on sait que les habitudes ne se changent pas du jour au lendemain
et parce que l'on sait qu'à un moment donné il faut avoir l'heure
juste et vérifier régulièrement et prendre les moyens pour
vérifier. Il ne s'agit pas de mettre une police linguistique sur les
dents, il s'agit d'avoir une cohérence, de ne pas uniquement mettre des
droits dans des lois et de ne jamais prendre les moyens pour que ces droits
soient respectés et exercés dans les faits.
Au fond, pour moi, votre réponse pourrait être une
réponse qui explique certaines choses mais qui ne justifie ni le
comportement de la ministre responsable de l'application de la loi 101 ni,
d'une certaine façon, le comportement des organismes chargés de
la protection de la loi 101 et du ministère de la Santé et des
Services sociaux. Je crois que le ministère et ses organismes doivent
prendre les moyens qui s'imposent pour vérifier et s'assurer
régulièrement que l'on puisse disposer de services en
français. (15 h 30)
Possiblement que la ministre aurait de la difficulté à
passer incognito dans certains hôpitaux de Montréal. Je ne sais
pas si sa cote de notoriété lui permettrait encore de se promener
incognito dans les hôpitaux. Qu'elle fasse le test ou qu'elle le fasse
faire par des amis ou des employés, des attachés politiques, des
conseillers. Qu'elle envoie des employés francophones se faire servir
dans certains hôpitaux de Montréal, dans certains services. Elle
serait peut-être surprise des situations qu'elle apprendrait.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est quand même pas le rôle du
ministère, c'est le rôle
de l'office de surveillance.
M. Charbonneau: Je pense que, oui, c'est le rôle de
l'office de surveillance...
Mme Lavoie-Roux: Et non pas le rôle du
ministère.
M. Charbonneau: ...mais c'est aussi le rôle du
ministère dans la mesure où je crois que vous introduisez, par
exemple, dans un projet de loi qui concerne la santé et les services
sociaux, des dispositions linguistiques. Vous nous dites: Écoutez, ce
n'est pas mon rôle. Dans ce cas, pourquoi introduire des dispositions
linguistiques dans la Loi sur les services de santé et les services
sociaux?
Mme Lavoie-Roux: C'est différent.
M. Charbonneau: Non, ce n'est pas quelque chose de
différent. Il y a une certaine logique dans tout cela. Dans la mesure
où la ministre de la Santé et des Services sociaux se sent la
responsabilité d'introduire dans la Loi sur les services de la
santé et les services sociaux des dispositions linguistiques, vous
considérez que vous avez une certaine responsabilité. De la
façon dont vous avez répondu à l'Assemblée
nationale ce matin, cela nous indique aussi que vous considérez que vous
avez une certaine responsabilité dans le respect des droits des
francophones d'être servis dans leur langue au Québec, à
Montréal. Je ne parle pas de Philadelphie, de Los Angeles, de New York,
de Boston, de Toronto ou même d'Ottawa, on parle de Montréal. On
parle du Québec. On parle du seul endroit au monde où on est
majoritaire, où on considère qu'on est chez nous. Dans ce sens,
on pense que oui, vous avez une responsabilité. Je termine cette
parenthèse parce que c'est la ministre qui m'a invité à en
parler dans la question.
Donc, faisons attention. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de plaintes
officielles que les problèmes n'existent pas. La personne qui m'a
téléphoné cette semaine ne voulait surtout pas que
j'utilise son nom pour ne pas avoir de problème éventuellement,
de crainte d'être harcelée par la suite et d'être
embêtée par ses compagnons ou compagnes de travail ou encore par
ses employeurs dans cette institution de services de santé
montréalaise.
Dans ce sens, voilà l'envers de la médaille. C'est ce que
je disais ce matin à nos collègues ministériels, ce qui a
fait bondir le député de Laurier, mais, dans le fond, il le sait
très bien, il y a deux poids deux mesures. Ce qui choque beaucoup les
francophones, ce qui les heurte profondément dans leur dignité,
dans leur fierté, ce qui aiguise leur, comment dirais-je? sentiment
nationaliste et qui tes exacerbe à un moment donné, ce sont ces
attitudes qui font qu'on a souvent l'impression qu'il y a deux poids deux
mesures.
On avait beau ce matin nous renvoyer la balle en nous disant: Vous
rallumez tes vieux préjugés, ce n'est pas nous qui avons
rallumé les vieux préjugés, c'est vous qui avez
décidé de rouvrir le dossier linguistique au Québec. C'est
vous qui avez décidé que la loi 101 et ce qu'elle avait permis de
vivre et le climat qui existait è l'égard de la situation
linguistique au Québec devaient être reconsidérés.
Ce n'est pas nous. Vous venez nous faire la leçon aujourd'hui en disant
qu'on rallume les vieux préjugés. Les vieux
préjugés, c'est vous qui les avez entretenus pendant des
années et des années, parce que c'est vous qui avez
alimenté la grogne, la hargne et le mécontentement de la
communauté anglophone de Montréal après la loi 101. C'est
vous qui avez encouragé des gens, par exemple, dans le secteur de
l'enseignement, à se comporter illégalement. C'est vous, par vos
discours, par vos déclarations dans vos hebdomadaires du West Island, et
le député de Notre-Dame-de-Grâce le sait très bien,
qui avez souvent encouragé des attitudes d'intolérance, des
comportements de Rhodésiens qu'on retrouve encore aujourd'hui à
Montréal. C'est vous qui avez encouragé ces attitudes.
M. Joly: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
M. Joly: En vertu du règlement 35.7, je demanderais que
monsieur fasse quand même attention à son langage et qu'il
s'adresse à la présidence et non pas sous forme d'accusation. Si,
s'adressant à vous, il disait: Ce sont eux, je l'accepterais, mais en
disant: C'est vous, je me sens visé.
M. Charbonneau: C'est exactement vous que je vise, entre autres,
M. le député de Fabre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de...
M. Joly: Passez par la bande.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député de Fabre. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, j'aimerais que le
député nous donne des exemples précis des articles que
nous avons écrits.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Le député de
Notre-Dame-de-Grâce prendra son droit de parole lorsqu'on sera rendu
là.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, je vous inciterais à vous
adresser à la présidence selon les règles convenues en
cette Chambre.
M. Charbonneau: M. le Président, je ne voulais pas vous
considérer comme une bande de patinoire, mais on compte souvent des buts
en utilisant la bande. Cela ne me dérange pas de marquer dans les buts
du député de Fabre en utilisant la bande du député
de Laval-des-Rapides qui est président de la commission, bien sûr,
pour dire à nos collègues que ce sont eux qui ont rallumé
les préjugés, que ce sont eux qui ont rallumé le dossier
linguistique, que ce sont eux qui ont rallumé des situations
inacceptables pendant des années où on a été au
gouvernement. C'est eux qui ont encouragé et milité pour que,
premièrement, Alliance Québec naisse et deuxièmement,
fasse le genre d'action qu'elle a fait pendant des années. Et puis, on
vient nous faire la leçon! Je vais vous dire une chose. Vous allez faire
bien des discours avant de me culpabiliser sur la question linguistique, sur
nos comportements. Je vais vous dire: Je suis de la génération
des Québécois francophones, des Canadiens français qui ont
fini de se faire culpabiliser par des anglophones du Québec pour des
attitudes à l'égard desquelles on n'est pas responsable.
Je vais vous dire une chose. En ce qui concerne le comportement et le
respect des minorités, on est très pertinent parce que le Conseil
régional de la santé et des services sociaux du Montréal
métropolitain est l'organisme qui a la responsabilité de
planifier, qui est d'une certaine façon le conseiller
privilégié de la ministre de la Santé et des Services
sociaux et du ministère de la Santé et des Services sociaux sur
la dispensation et l'organisation des services de santé et des services
sociaux.
Les problèmes dont je parle, ce sont des problèmes qui
sont particulièrement vécus à Montréal et sur
l'île de Montréal. Vous le savez très bien. Les attitudes
d'intolérance et les attitudes de mépris que les francophones ont
eu à subir pendant tant d'années, qui continuent maintenant et
qui reprennent de plus belle, les attitudes de Rhodésiens qu'on voit
refaire surface à Montréal dans le dossier de l'affichage, dans
le dossier des services, dans les commerces de Montréal et maintenant
dans l'attitude de certains médias anglophones, c'est vous autres qui
avez provoqué la résurgence de ces attitudes et de ces
comportements et qui, quand vous étiez dans l'Opposition, les avez
encouragés.
Cela ne vous fait pas plaisir d'entendre cela. Cela ne nous faisait pas
plaisir quand on était au gouvernement de vous voir alimenter toutes ces
choses, très subtilement souvent, avec le langage vertueux des gens qui
disent: Nous, on est les champions du libéralisme, du respect des droits
de la personne, du respect des droits humains, de l'ouverture, de la
pluralité. Comme s'il n'y avait que le Parti libéral et les
députés libéraux qui étaient sensibles à ces
questions. On comprend que des gens aient été sensibles à
votre message quand on regarde le comportement électoral de certains
groupes et de certaines communautés et on ne peut pas les blâmer.
Depuis que j'ai l'âge de voter que je vois du fanatisme de l'autre
côté de la clôture. Je me fais accuser d'être raciste
et intolérant par des gens de certains milieux montréalais parce
que j'étais un indépendantiste, parce que j'étais un
nationaliste et parce que je me battais au Québec pour les droits que je
considérais comme des droits fondamentaux: respect chez moi dans ma
patrie d'un minimum de décence, d'être servi en français
dans les commerces, dans les institutions de santé et de services
sociaux à Montréal, dans la métropole de mon territoire
national, dans la métropole de ma patrie, le seul territoire où
mon peuple est majoritaire. Je viens me faire faire la leçon par l'un et
par l'autre. Depuis l'âge où j'ai la possibilité de lire et
de comprendre ce qu'est l'information, l'actualité et les
événements et ce qui se passe dans la société qu'on
endure cela. Vous vous surprenez après cela que vos attitudes et vos
comportements soulèvent des passions, soulèvent des
préjugés. Vous avez entretenu ces préjugés pendant
tellement d'années. Vous avez pris corps et acte pour souvent...
M. Sirros: Je m'adresse à la présidence... Tout ce
que vous voulez...
M. Charbonneau: ...des attitudes inacceptables et humiliantes
pour les francophones du Québec et pour Ies Canadiens
français.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Sirros: Je suis prêt à entendre le
député faire ses tirades, mais je lui demanderais de parler sur
les conseils régionaux et s'adresser à la présidence, s'il
vous plaît, M. le Président.
M. Charbonneau: Mais, M. le Président,
je vous indique que ce dont je parle...
M. Sirros: J'imagine le député ne comprend pas la
présidence.
M. Charbonneau: ...c'est exactement sur la capacité
d'être servi en français à Montréal. C'est sur la
capacité aussi pour un Conseil régional de la santé et des
services sociaux du Montréal métropolitain qui...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, je vous rappelle que l'objet de votre
sous-amendement porte sur la pertinence d'entendre le Conseil régional
de la santé et des services sociaux du Montréal
métropolitain.
M. Charbonneau: J'ai l'impression, M. le Président, qu'il
y en a qui ont perdu le fil, parce qu'à un moment donné ils se
sentaient chatouiller un peu dans leur âme et dans leurs convictions. La
raison pour laquelle on veut que ces gens soient entendus, c'est justement pour
qu'ils nous expliquent comment ils vont appliquer le projet de loi qui nous est
présenté, comment cela va se vivre à Montréal,
comment ce projet de loi va améliorer la situation de cohabitation des
communautés culturelles et linguistiques à Montréal,
comment on va faire pour ne pas faire reculer les progrès du
français et de la communauté québécoise francophone
à Montréal avec ce projet de loi, comment on va évaluer -
et c'est ce qu'on voudrait que le conseil régional et les autres
organismes viennent nous dire en consultation - comment on va évaluer
les conséquences de ce projet de loi. On ne peut pas faire comme s'il
n'y avait pas de conséquences dans la mesure où ces organismes
sont venus effectivement nous dire que oui, il y aurait des
conséquences, oui, elles seraient non seulement graves et importantes au
plan juridique, au plan judiciaire, au plan administratif, mais
également au plan culturel. C'est évident et on a eu une
discussion lors de l'étude du principe du projet de loi avec le
député de Laurier. C'est évident et la ministre
également a pris cet argument. C'est évident que ce projet de loi
uniquement ne va pas favoriser l'assimilation, l'intégration des
immigrants à la communauté anglophone. Ce n'est pas juste parce
que les gens sont malades et vont se retrouver dans un service de santé
et dans un centre de services sociaux qu'il vont... Mais c'est un message plus
un autre, plus un autre. Ce n'est pas un élément. Le
problème, c'est que ce projet de loi et les services qu'il va amener
s'inscrivent dans toute une dynamique qui, elle, favorise l'intégration
et l'assimilation des nouveaux arrivants à la communauté
anglo-canadienne, anglo-québécoise.
C'est pour cela qu'on dénonce. C'est ce qui vous a
été dit par un certain nombre d'organismes. C'est le message que
vous continuez de véhiculer. Par ce projet de loi vous continuez. Dans
le fond, vous dites d'une autre façon ce que la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration dit souvent aux
communautés culturelles en s'adressant en anglais. Écoutez, la
langue anglaise au Québec, c'est la langue qu'il faut apprendre quand on
arrive au Québec. C'est cela que vous leur dites dans le fond. Nous, ce
qu'on dit...
Une voix: ...
M. Charbonneau: Oui, c'est ce que vous dites par ce projet de
loi. C'est ce que vous dites d'une autre façon parce que c'est le
même message que vous donnez avec des façons différentes de
le faire, par des actions différentes. Ce que vous dites aux immiqrants
qui sont ici au Québec, aux nouveaux Québécois, aux
nouveaux arrivants, aux Québécois de nouvelle souche, c'est que,
dans le fond, il n'y a pas de problème à ce qu'ils choisissent
l'anglais et la communauté anglo-saxonne pour maintenant et pour
l'avenir. C'est cela que vous leur dites à travers ce projet de loi,
parce que vous leur dites aussi que, comme gouvernement libéral, comme
gouvernement du Québec, vous considérez que c'est cette
communauté qu'il faut mettre en évidence, qu'il faut
protéger.
C'est comme si on oubliait constamment qu'on est 2 % de francophones en
Amérique du Nord. S'il y a des gens à protéger et pour
lesquels on doit faire en sorte que leurs communautés puissent se
renforcer et se maintenir, c'est bien la communauté francophone. Quand
on est 2 % face à 98 % d'anglophones en Amérique du Nord, c'est
un peu curieux d'entendre, finalement, des gens venir continuellement nous
faire des leçons de tolérance et de
générosité, d'humanisme, des gens de la majorité en
Amérique du Nord.
Ce n'est pas comme si Montréal était sur une
planète isolée. Montréal est au Québec, au Canada
et dans l'Amérique du Nord. C'est cela la réalité.
L'environnement joue tellement en faveur des gens que vous vous acharnez
à défendre au détriment, souvent, des nôtres. C'est
cela qui est inacceptable. C'est dans ce sens que ces propos n'ont pas
été tenus juste par des députés de l'Opposition.
Ils ont été tenus par beaucoup d'organismes de différentes
façons. Quand on a un projet de loi qui touche ces fibres importantes,
sensibles, on se donne la peine de consulter, on se donne la peine de prendre
le temps. Quand on veut justement, comme le député de Laurier
nous conseillait de le faire, éviter d'entretenir des
préjugés, éviter d'entretenir un climat de tension, on
prend le temps de faire des choses qui sont délicates, qui sont
susceptibles de créer des tensions, on ne brusque pas les choses
à la
fin d'une session parlementaire, on accepte d'entendre les gens, on
accepte de discuter avec eux, on accepte de leur donner le droit de parole, on
accepte de se rendre compte que le Conseil régional de la santé
et des services sociaux du Montréal métropolitain est un
organisme important.
Le comportement que vous adoptez est aberrant, est
antidémocratique. C'est antidémocratique, cela va è
l'encontre de toute notre tradition, cela va à l'encontre de tous les
discours que vous nous avez tenus pendant neuf ans quand on était
réticent à un moment donné et qu'on s'est finalement
laissé convaincre de tenir des consultations publiques sur des questions
importantes. Ce que vous êtes en train de faire et cela va contre tout
bon sens que de procéder à la vapeur à un projet de loi
litigieux et fondamental. (15 h 45)
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M, le
député.
M. Charbonneau: En conclusion. Je répète ce que
j'ai dit ce matin. On ne comprend pas le gouvernement. Non seulement on ne le
comprend pas, mais on est obligé de le combattre, parce qu'on le combat
actuellement sur des questions de principe, sur des questions de fond, sur des
questions qui sont reliées à la nature même de notre
fonctionnement démocratique et de notre société. Quand on
veut éviter des tensions et quand on sait qu'il y a des questions qui
sont plus délicates et plus susceptibles de créer des
problèmes dans une société...
Le Président (M. Bélanger): Brièvement, M.
le député.
M. Charbonneau: ...on prend les précautions et on utilise
le scalpel plutôt que la grosse hache pour travailler.
Le Président (M. Bélanger): Je dois vous
interrompre. Vous avez dépassé votre temps de parole. Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants? Mme la ministre, vous avez un droit de
réplique de cinq minutes.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste utiliser mon droit de
réplique, M. le Président, pour rectifier certaines choses. C'est
que le député de Verchères, à plusieurs reprises, a
attaqué la ministre responsable de l'application de la loi 101, la
vice-première ministre, en disant qu'elle n'avait pas pris ses
responsabilités. Grâce aux bons offices du député
d'Abitibi-Ouest qui m'a remis, pour une autre fin, la transcription des
débats de ce matin, je lis la réponse de la vice-première
ministre qui indique que, de fait, ce sont des réalités qui se
suivent régulièrement et que, quand des cas se présentent,
c'est l'office qui a la responsabilité. C'est quand même ce qui a
été dit dans la loi. Ce n'est quand même pas la
vice-première ministre qui va aller intervenir auprès des
institutions.
De laisser entendre qu'elle ne s'en est pas occupée depuis huit
mois, d'après les réponses que j'ai ici de la
vice-première ministre, à moins que vous puissiez prouver le
contraire, il faut que vous preniez sa parole à l'Assemblée
nationale. J'aimerais peut-être... Il l'a peut-être fait dans un
certain enthousiasme, mais le député de Verchères a
peut-être été un peu plus prudent dans les affirmations
qu'il faisait quant à l'indifférence - il n'a pas utilisé
le mot indifférence, mais ce qui apparaissait comme de
l'indifférence ou une non-prise de responsabilité - de la
ministre responsable de l'application de la loi 101.
M. Charbonneau: M. le Président, si la ministre me permet
de lui répondre puisqu'elle m'interpelle, sans prendre beaucoup de
temps, simplement pour vous dire que, finalement...
M. Marcil: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre est
d'accord,
Mme Lavoie-Roux: Si c'est très brièvement. Je pense
que c'est mieux de clarifier ces choses que de les laisser...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre est
d'accord, mais très brièvement.
M. Charbonneau: Très brièvement, simplement pour
dire à la ministre qu'on considère que, dans la mesure où
une ministre est responsable des questions linguistiques et qu'elle est
informée par un député d'une situation et que cette
situation est délicate, je crois que sa responsabilité est d'en
informer sa collègue. Vous nous avez confirmé qu'elle ne vous en
a pas parlé.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est exact que je n'en ai pas
été informée, mais, par contre, elle a pris ses
responsabilités. Et ce que vous disiez, tout à l'heure, c'est
qu'elle ne les avait pas prises, et je pense que c'est très
différent. Ses responsabilités, c'est de faire observer la loi
101 et elle l'a fait observer par le truchement de l'Office de la langue
française. M. le Président, je pense que la première
ministre a pris ses responsabilités et je ne veux pas...
Une voix: Pas la première ministre.
M. Rochefort: La vice-première ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...la vice-première ministre.
M. Rochefort: De grâce, de grâce, qu'on respecte le
droit de parole de la ministre.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
à l'ordre! À l'ordre! À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: Merci. M. le président de Laurier.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Elle n'a pas
été reçue, donc, il n'y a pas eu de question de
règlement.
M. Rochefort: Non, mais M. le Président, tout simplement.
Ce n'est pas pour être indélicat â l'endroit de la ministre.
Je pense que la ministre de la Santé et des Services sociaux ne souhaite
pas que personne interprète qu'elle souhaite le départ de M.
Bourassa pour le remplacer par Mme Bacon.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que personne
ici n'avait entendu cela, donc, on apprécie votre précision. Mme
la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Un deuxième point, M. le
Président. Quand le député de Verchères nous a
accusés bien directement de dire qu'on provoquait la hargne, qu'on
provoquait l'intégration des immigrants à la communauté
anglophone, je pense qu'il devrait mesurer ses paroles. Je me sens tout
à fait à l'aise dans un débat comme celui-là, et on
pourrait le mener assez loin. Je ne lui en fais pas reproche, il est plus jeune
que moi. Mais je dois vous dire que ma feuille de route à cet
égard est au moins aussi glorieuse que celle du député de
Verchères.
M. Charbonneau: S'il n'y avait que votre feuille de route,
madame.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Charbonneau: C'est cela le problème.
Mme Lavoie-Roux: Je pense aussi qu'il faut que le
député de Verchères réalise que mes
collègues aussi travaillent dans le même sens, et qu'encore une
fois il aurait peut-être mieux valu qu'il mesure ses arguments. Une
chose, par contre, qui me fait sentir qu'il y a un certain progrès,
c'est qu'on affirme qu'aller dans un hôpital anglophone ne veut pas
nécessairement dire que les gens s'anglicisent. C'est déjà
un progrès notable, sinon on serait vraiment mal en point, compte tenu
que c'est ce qui se produit depuis des décennies et compte tenu que la
Loi sur la santé et les services sociaux prévoit, toujours une
fois à l'intérieur des limites, etc., qu'on puisse faire le choix
de son institution. On a laissé les bénéficiaires du
réseau de santé et de services sociaux choisir leur institution
et ils ont, pour un bon nombre d'entre eux, choisi les institutions
anglophones, même s'ils parlent le français. Même le
Québec laisse ses francophones aller à l'extérieur
chercher des services en anglais dans les autres provinces. Si l'on veut
commencer à rebrandir des accusations contre les responsables de cette
situation, je ne veux pas entrer dans ce débat.
Je connais les sentiments nationalistes du député de
Verchères et je les respecte. Mais je voudrais aussi qu'il ne se voie
pas comme la seule personne, l'une des seules personnes ou qu'il ne voie pas
son parti comme le seul qui puisse défendre les intérêts du
français au Québec. Je pense que le Parti libéral en a
donné amplement l'exemple, puisque tout le monde estime que la loi 22
est l'un des facteurs importants de la défaite du Parti libéral
en 1976, alors que le gouvernement libéral du temps, à la
tête duquel se trouvait le premier ministre actuel, avait fait du
français la langue officielle du Québec, en avait fait la langue
du travail, et également la langue de l'éducation.
M. le Président, je veux bien écouter tout cela et je veux
bien admettre que c'est l'enthousiasme du député de
Verchères, mais il devrait peut-être nuancer un peu ses propos
quand il accuse les gens d'en face de ne pas prendre leurs
responsabilités. Et encore une fois - et je suis sûre que ce n'est
pas ce qu'il veut, à moins que ce ne soit très inconscient - il y
a des Québécois qui, au plan de l'intérêt national
et de l'identité nationale, sont de meilleurs Québécois
que les autres. C'est le message que vous transmettez. Je suis sûre que
ce n'est pas ce que vous voulez faire, mais c'est ce qu'on perçoit. J'ai
un peu de difficulté à l'accepter et je suis sûre que le
député de Verchères aura peut-être le ferme propos.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je reconnais maintenant le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: M. le Président, je voudrais faire deux
commentaires sur les sujets qui ont été abordés depuis
deux jours par les membres de l'Opposition quant aux
invitations qui s'appliquent autant à elle qu'aux autres. Avant
de les aborder, je voudrais simplement dire, à la suite des propos de la
ministre, que, moi aussi, je suis un peu fatigué d'entendre, directement
ou par insinuation, que les anglophones ne sont pas capables de défendre
les intérêts du Québec. Après huit ans ici comme
député à l'Assemblée nationale, après tout
ce qu'on a vécu, je dois vous dire - et je pense que je parle aussi pour
mon collègue de Laurier -que c'est fatigant d'entendre, directement ou
par insinuation, que nous, de ce côté, et surtout les anglophones
du West Island ou leurs représentants à l'Assemblée
nationale, ne défendent pas les intérêts du Québec.
Je pense que je n'ai fait que cela depuis huit ans et je parle pour mon
collègue aussi.
La première question que je veux soulever concerne surtout les
déclarations du député d'Abitibi-Ouest. Vous pensez
peut-être que nous sommes obsédés par cette
déclaration de votre chef, en campagne électorale, lors de la
dernière élection quand il s'est engagé à donner
par voie législative les droits qu'on va donner dans ce projet de loi.
Je sais que le chef de l'Opposition a donné au député
d'Abitibi-Ouest le mandat de l'expliquer. Il l'a fait hier et je l'ai
écouté attentivement. Il a fait un effort louable. Il est
allé aussi loin que possible dans son effort de faire l'impossible. Mais
j'ai réfléchi là-dessus depuis et je me suis souvenu que,
tous les deux ou trois ans, le Parti québécois se retrouve dans
un conseil général ou dans un conseil national et la question que
l'on s'y pose est: Qu'est-ce qu'il faut faire maintenant pour se rapprocher des
groupes minoritaires, les anglophones et les allophones? Il y a des petits
programmes, des "programmettes", qui sont préparés et des efforts
qui sont déployés, mais je suis persuadé que cette
promesse n'a pas été perçue par les anglophones, un groupe
minoritaire, comme l'a expliqué hier le député
d'Abitibi-Ouest. Ils croyaient que le gouvernement avait promis d'accorder ces
droits dont on parle aujourd'hui par voie législative. Un débat
sur l'expression des lois fondamentales, que ce soit une loi normale ou une
charte, c'est agréable de le faire ici, mais les gens ne comprennent pas
ces choses. Comme mon collègue l'a dit hier: Le plus comprend le moins.
Si vous êtes pour inclure ces droits dans une loi fondamentale, pourquoi
vous opposer à les instituer dans une loi normale?
Je le dis car je suis persuadé que vous êtes en train de
perdre une occasion en or de vous rapprocher un peu de cette communauté,
en acceptant aujourd'hui de voter pour le projet de loi et de l'appuyer. Vous
n'avez rien à perdre, quant è moi, car vous êtes en train
de vous enfermer dans un cuî-de-sac avec un discours qui, lorsque tenu il
y a dix ans, avait de la pertinence.
Aujourd'hui, si vous voulez bâtir un parti politique national au
Québec qui peut atteindre toutes les souches de la population, il y a
non seulement la minorité anglophone qui va se souvenir de ce geste que
vous posez cette semaine, mais il y a aussi les autres minorités qui
vont vous dire: Regardez ce qu'il a fait avec une minorité.
Honnêtement, je pense que vous allez payer un prix élevé et
tout à fait inutile pour l'attitude et le discours que vous tenez
à l'Assemblée nationale et ici en commission parlementaire. Je
vous dis ceci pour la réflexion du député
d'Abitibi-Ouest.
La deuxième question que je voulais aborder touche les
déclarations des députés de Taillon, de Terrebonne, de
Laviolette et, depuis quelques jours, celles du député de Gouin.
Ne serait-ce que pour le Journal des débats, je voudrais
rectifier quelques faits. On a entendu, à plusieurs reprises, que tous
les organismes qui se sont exprimés sont contre ce projet de loi.
À deux ou trois reprises, on a entendu que, pour la première
fois, les syndicats et les patrons s'entendent dans leur opposition. Des
références précises ont été faites hier
après-midi, quand le député de Taillon a mentionné
M. Laurent Picard qui a émis le texte sur la ville de Montréal.
Il a été question hier soir, vers 22 h 30, et non pour la
première fois, du Conseil du patronat. C'est le député de
Laviolette qui a parlé du Conseil du patronat et de son opposition au
projet de loi. Je ne sais pas combien de fois j'ai entendu parler de la
position de la Chambre de commerce de Montréal.
J'ai pris la peine de vérifier ces trois cas, et voici ce que
j'ai trouvé. J'ai parlé avec M. Laurent Picard. Il m'a dit que
dans son document et dans ses commentaires à La Presse par la
suite, il a dit - et c'est écrit dans le texte - qu'il recommande
l'assouplissement de la loi 101 pour encourager le développement
économique de Montréal. Il recommande, jusqu'à ce que la
loi soit assouplie, qu'elle soit respectée. II n'a jamais, en aucun
temps, dit un seul mot sur le projet de loi 142. Cela ne faisait même pas
partie de ses pensées et de ses réflexions. Il est disposé
à nous adresser un texte à cet effet, si on le souhaite.
Deuxièmement, quant au Conseil du patronat, je cite le
député de Laviolette qui a prétendu que le Conseil du
patronat s'était exprimé contre le projet de loi. Il y a un
article tiré du Soleil du 4 décembre, et la manchette se
lit ainsi: "Le patronat prie l'État de faire respecter la loi 101".
C'est clair et je vais le lire; je ne lirai pas tout l'article, mais je vais
lire la partie qui touche la loi 142. "Quant au projet de loi 142, qui assure
aux anglophones que les services sociaux et de santé leur seront
donnés dans leur langue, M. Dufour - qui est le directeur
général - affirme que cela va de
soi. Il rappelle d'ailleurs que le Parti québécois
s'était déjà engagé dans cette voie à
l'époque où il était au gouvernement." C'est ce que le
Conseil du patronat a dit. Il est pour le projet de loi 142.
Troisièmement...
M. Gendron: ...
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Blais: C'est de la démagogie. M. Scowen: Je
cite.
M. Gendron: Sérieusement... (16 heures)
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Laissez-le encore, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Gendron: Sérieusement... M. Scowen: Je vais le
relire. M. Gendron: Oui, sa parole...
M. Scowen: Je cite l'article du Soleil du 4
décembre 1986. M. Dufour a dit qu'il n'y a rien d'écrit à
ce sujet; c'était en réponse à une question aux
journalistes. Voici la réponse: "Quant au projet de loi 142, qui assure
aux anglophones que les services sociaux et de santé leur seront
donnés dans leur langue, M. Dufour affirme que cela va de soi. Il
rappelle d'ailleurs que le Parti québécois s'était
déjà engagé dans cette voie à l'époque
où il était au gouvernement." Cela va de soi.
M. Blais: Cela veut dire qu'on n'a pas besoin de loi pour cela.
On est déjà engagé dans le processus.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! La parole
est au député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: En terminant, M. le Président, j'ai pris la
peine de téléphoner à M. Dufour ce matin. Il
n'était pas là, j'ai parlé avec son attachée de
presse, Mme Annie Amisse qui m'a dit que M. Dufour, au nom du Conseil du
patronat, a pris position pour le projet de loi 142. Si vous n'êtes pas
d'accord avec mon interprétation, je vous demande de
téléphoner à M. Dufour, c'est clair.
La troisième source qui a été citée, c'est
la Chambre de commerce de Montréal et la déclaration, de la
bouche du président,
M. Marcel Daoust, est citée intégralement dans le journal
La Presse le mardi 2 décembre 1986. C'est une déclaration
de quatre colonnes. Je suis allé soiqneusement d'un bout à
l'autre. Le titre de la manchette, c'est: "La Chambre de commerce de
Montréal incite Québec à faire appliquer la loi 101". En
aucun moment dans cette déclaration, la Chambre de commerce de
Montréal ne fait référence directement ou indirectement au
projet de loi 142.
Donc, M. le Président, je veux simplement, pour le Journal des
débats, vous dire que c'est faux de prétendre que M. Laurent
Picard, dans son rapport sur la ville de Montréal, que le Conseil du
patronat, dans la déclaration de M. Ghislain Dufour touchant à la
loi 101 ou que la Chambre de commerce de Montréal, dans la
déclaration de M. Daoust au sujet de la loi 101, sont opposés au
projet de loi 142. Dans deux cas, ils n'en ont même pas parlé
directement ou indirectement et, dans le troisième cas, ils se sont
prononcés pour.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce. Je vais maintenant reconnaître le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Non, après le député de
Taillon.
M. Filion: Un à la fois.
Le Président (M. Joly): C'est parce qu'en premier lieu M.
le député d'Abitibi-Ouest avait mentionné...
Une voix: II vient de le reconnaître. Vous ne le
reconnaissiez pas avant?
Le Président (M. Joly): Je le reconnais, oui.
Une voix: Cela prend du temps avant de reconnaître les
gens. Cela fait longtemps qu'il a été élu.
M. Claude Filion
M. Filion: Ce qui est fascinant, M. le Président, dans les
derniers mots du député de Notre-Dame-de-Grâce, c'est que
ce serait un hasard si les gens, les organisations, les groupes, les
associations, les différents intervenants au Québec, ce serait un
hasard s'ils se sont tous levés les uns après les autres pour
dénoncer les agissements du gouvernement libéral. Ce serait un
hasard que le projet de loi 140 qui est toujours en haut et que le projet de
loi 142 qui est ici soient actuellement étudiés et ces gens,
notamment le président de la chambre de commerce, qu'il vient juste de
tenter de citer, quand il dit: Le débat linguistique
risque de menacer la paix sociale... C'est un hasard si la chambre de
commerce, en date du lundi 1er décembre 1986, est venue condamner les
agissements du gouvernement libéral. Pour lui, cela n'a rien à
voir avec le projet de loi 142.
C'est quand même extraordinaire que, dans une période
d'environ un mois, tout ce qui bouge au Québec, tout ce qui est actif au
Québec, autant quand on dit les travailleurs que le patronat - cela veut
dire de tous les milieux - se soit levé et ait adressé des
télégrammes, des mémoires, des lettres aux
députés et au gouvernement libéral pour leur dire:
Arrêtez vos improvisations. Arrêtez, dans un secteur aussi
délicat que la langue, de faire n'importe quoi, comme vous le faites
présentement. Pour le député de Notre-Dame-de-Grâce,
ces interventions ne touchent pas le projet de loi 140, ne touchent pas la loi
qui est actuellement à l'étude à l'Assemblée
nationale. C'est un hasard si le président de la chambre de commerce
s'est senti obligé de rappeler que le modus vivendi entre
Montréalais est fondé sur la reconnaissance de l'identité
distinctive de Montréal, d'île française en Amérique
du Nord. Il voulait parler... Il avait juste peur que cela se passe en 1991 et
il a dit: Je vais faire une conférence de presse et je vais le dire au
monde.
La Chambre de commerce de la rive sud, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, dans la même foulée que la Chambre de
commerce de Montréal, écrit... Comme je l'ai souligné,
c'est une déclaration que nous venons de recevoir. Ce ne sont pas des
gens qu'on peut accuser d'avoir des couleurs politiques de quelque nature que
ce soit.
Une voix: D'où?
M. Filion: La Chambre de commerce de la rive sud...
M. Scowen: Ah! De votre comté.
M. Filion: ...la deuxième plus grosse chambre de commerce
au Québec, saviez-vous cela? "En rouvrant le dossier linguistique par le
projet de loi 140 et le projet de loi 142, le gouvernement risque de
compromettre la paix sociale, de mobiliser inutilement les énergies dans
des débats et des déchirements sur des gains chèrement
acquis au lieu de les canaliser dans la construction du Québec. C'est
pourquoi, considérant que les dispositions essentielles des projets de
loi 140 et 142 ne visent aucunement la consolidation du développement du
Québec; "considérant que les dispositions conjuguées des
projets de loi 142 et 140, au lieu de généraliser l'usage du
français dans les services de santé et les services sociaux,
permettront d'institutionnaliser le droit à des services en anglais
à des non-francophones et d'inclure parmi ceux-ci les immigrants;
"considérant qu'il serait imprudent d'engager le Québec dans un
autre débat linguistique qui pourrait laisser des traces profondes et
troubler la paix sociale...
M. Scowen: La Chambre de commerce de la rive sud. Oui, c'est
mieux maintenant, vous vous limitez aux faits.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît!
M. Filion: Je ne me limite pas aux faits. Je suis en train de
vous lire ce qu'ils ont dit. "considérant que le gouvernement n'a pas
besoin de recourir à une loi pour faire des économies, assurer la
concertation des organismes de la Charte de la lanque française, exercer
sur eux les contrôles nécessaires; "nous demandons instamment au
gouvernement du Québec de retirer ces deux projets de loi, de mettre fin
aux travaux de son comité, etc." C'est clair.
M. le Président, j'écoute le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je pourrais lui citer, le Syndicat professionnel des
infirmiers et infirmières du Québec. Je ne sais pas si vous avez
pris connaissance... Je ne sais pas si eux aussi ont voulu communiquer leurs
intentions ou leurs appréhensions, devrais-je dire, à
l'égard des lois qui sont débattues actuellement au Parlement
uniquement par hasard. Ils réclament également le retrait des
projets de loi 140 et 142.
Je voudrais quand même revenir à notre propos principal qui
est le CRSSS de Montréal. J'ai déjà - la ministre se le
rappellera probablement - eu l'occasion de souligner à quel point le
CRSSS de Montréal représente un endroit de concertation
privilégié parce qu'ils ont l'expérience du terrain, ils
ont l'expérience de ce qui se passe. Ils ont, ma foi, réussi
à mettre sur pied Urgences-santé - c'était juste une
opération très sectorielle - dans un secteur bien précis,
mais qui est drôlement important, celui de l'engorgement du
fonctionnement des urgences. Le CRSSS était par la force des choses un
endroit de prédilection pour la consultation et également pour la
mise sur pied et le développement du programme d'Urgences-santé,
qui est d'ailleurs administré par le CRSSS. C'est un exemple. Ils l'ont
fait pour les urgences à Montréal. S'ils l'ont fait pour toutes
les urgences des hôpitaux de Montréal, est-ce que le CRSSS de
Montréal n'aurait pas une expérience, une expertise
privilégiée à fournir aux membres de cette commission et
à la ministre? D'ailleurs, quand elle va revenir avec nous, je vais lui
demander si elle a consulté le CRSSS de Montréal, un CRSSS qui,
si elle continue à vouloir piloter
le projet de loi 142 à bon port, aura des responsabilités
énormes sur le dos. Cela va être un CRSSS qui va être
appelé, si la volonté politique perdure, à se retrouver
dans une situation où le travail sera colossal. J'aimerais savoir de la
ministre tantôt, lorsqu'elle aura terminé son entretien, si elle a
consulté le CRSSS de Montréal. Si oui, je serais prêt, M.
le Président, à étudier notre vote sur le sous-amendement,
si elle est prête à nous livrer les observations, les commentaires
du CRSSS de Montréal sur son projet de loi.
Comme vous m'indiquez qu'il ne me reste que deux minutes et que
j'aimerais beaucoup que la ministre puisse me répondre si elle veut bien
le faire, si elle daigne bien me répondre, j'apprécierais dans la
dernière minute qu'elle puisse m'apporter vingt secondes d'attention.
D'accord.
Mme la ministre, on veut faire venir le CRSSS de Montréal ici. Ma
question est la suivante. Je serais prêt à étudier notre
vote sur cette proposition si vous pouviez, dans votre temps de
réplique, me dire si, premièrement, vous avez consulté le
CRSSS du Montréal métropolitain sur le projet de loi.
Deuxièmement, si vous avez consulté ces personnes, j'aimerais
beaucoup, si vous daignez le faire - vous n'êtes pas obligée de le
faire - que vous nous favorisiez de vos commentaires, de leurs commentaires, de
leurs observations, de leurs notes sur ce projet de loi. Peut-être cela
pourrait-il nous éviter de les faire venir, parce que le CRSSS vit les
situations sur le terrain. Depuis un mois, entre vous et moi, Mme la ministre,
on n'a pas eu le temps de rencontrer beaucoup monde dans nos comtés.
Mais le CRSSS a dû sûrement recueillir des observations et des
commentaires très pertinents. En ce sens-là, dans son temps de
réplique, M. le Président, si la ministre m'a maintenant entendu,
j'apprécierais beaucoup qu'elle puisse fournir une réponse
à cette question. Sans quoi, je pense bien qu'on va devoir, comme vous,
admettre que ce serait une bonne chose que le CRSSS de Montréal vienne
à cette commission parlementaire.
Le Président (M. Joly): Ne me prêtez pas de paroles
ou d'intentions, monsieur.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Taillon. Mme ta ministre, est-ce que vous prenez votre droit de parole?
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas de...
M. Rochefort: Vous ne répondez pas? M. Filion: Pas
de réponse?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, si vous voulez une
réponse...
M. Filion: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...le contact que nous avons eu avec le CRSSS de
Montréal a été principalement en relation avec le chaos
que vous avez créé...
M. Filion: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...quand est arrivée la question des
transferts CSS-CLSC, qu'il était nécessaire de clarifier, mais
qui peut être clarifiée par ce projet de loi. Il y avait
nécessité de la clarifier le plus tôt possible.
M. Rochefort: M. le Président, à l'article
213...
M. Filion: Sur le projet de loi, vous n'avez eu aucun
commentaire?
Mme Lavoie-Roux: J'ai eu des contacts avec des CRSSS, mais pas
particulièrement avec le CRSSS de Montréal.
M, Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Joly): En vertu de l'article 213, Mme la
ministre, est-ce que vous acceptez de répondre à une question du
député de Taillon?
M, Rochefort: De Gouin, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je viens de répondre
à sa question.
Le Président (M. Joly): II en a une autre.
M. Rochefort: De Gouin, de Gouin, M. le Président.
M. Filion: C'est le contraire.
Le Président (M. Joly): De Gouin, je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Je lui répondrai une autre fois. Qu'il
prenne son temps de parole, M. le Président. Cela fait quinze heures
qu'on nous fait perdre notre temps.
M. Filion: J'ai fini mon temps de parole.
M. Rochefort: Ce n'est pas le député de Taillon, M.
le Président, c'est le député de Gouin.
Le Président (M. Joly): C'est le député de
Gouin, Mme la ministre, qui...
M. Filion: J'ai fini mon temps de parole, Mme la ministre.
Le Président (M. Joly): Bon, parfait. Je vais...
M. Rochefort: Est-ce que je dois comprendre, M. le
Président, que la ministre a refusé de répondre à
ma question?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Joly): Vous avez compris exactement la
même chose que moi, M. le député de Gouin. Merci.
M. Rochefort: Ah!
Mme Lavoie-Roux: Ha! Ha! Ha!
M. François Gendron M. Gendron: M. le
Président...
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais exercer, à
ce moment-ci, mon droit de parole sur la motion qui est sur la table, mais dont
on n'a pas beaucoup entendu parler, surtout pas de la part du
député de Notre-Dame-de-Grâce qui n'en a pas dit un mot. Je
pense effectivement que, lorsque mon collègue, le député
de Verchères, a proposé que ce serait intéressant
d'entendre le Conseil régional des services sociaux du Montréal
métropolitain, c'est parce que c'est peut-être une des
premières instances les plus concernées dans la "dispensation"
des services de santé et des services sociaux. Dans la région
métropolitaine, le problème est sûrement plus important
qu'ailleurs, compte tenu de la concentration des anglophones et des allophones.
(16 h 15)
Cela fait plusieurs années que le conseil régional a
instauré des programmes d'accessibilité de services de
première ligne et qu'il a pris des mesures concrètes dans un
programme assez bien élaboré, pour essayer que la qualité
de l'offre assure des services de santé aux immigrants et aux
immigrantes parlant, bien sûr, une langue différente de la
nôtre. Comme ils ont été les premiers dispensateurs de
cette offre agrandie - si vous me permettez l'expression - il serait
sûrement intéressant d'entendre leur point de vue et de savoir
quelle motivation les a poussés à comprendre la
nécessité de ces services pour la communaté anglophone. Je
ne pense pas que je puisse discourir longtemps là-dessus, puisque l'on
aura beau apporter les plaidoiries que l'on voudra, il y a une obstruction
systématique de la part des députés ministériels
à entendre qui que ce soit. Ils ont le monopole de la
vérité. Ils sont bien assis sur leur vérité et on
ne réussira sûrement pas à les convaincre.
Cependant, je voudrais reprendre quelques propos du député
de Notre-Dame-de-Grâce lorsqu'il disait que mon collègue, le
député de Laviolette, avait indiqué que le Conseil du
patronat n'avait absolument rien dit concernant le projet de loi 142, si ce
n'est la référence qui nous a été faite qu'il
était d'accord avec le projet de loi 142. C'est la même chose pour
ce qui est de la Chambre de commerce de Montréal.
Je cite le texte du député de Notre-Dame-de-Grâce,
il disait: "...aucune référence directe ou indirecte à la
loi 142 concernant la Chambre de commerce de Montréal." Je pense qu'il
est dans l'erreur parce qu'il y avait une référence à tout
le moins indirecte quand on sait lire. Quand la chambre de commerce s'est
exprimée là-dessus, elle a d'abord dit, en manchettes: On veut
que le Parti libéral qui est l'actuel gouvernement ne néglige
absolument rien pour assurer le respect de la loi 101. Il me le dira
tantôt, je suis convaincu que le député de
Notre-Dame-de-Grâce est d'accord là-dessus - un instant - que la
demande de la Chambre de commerce de Montréal était d'assurer le
respect intégral de la loi 101 et que, tant qu'il n'y avait pas de
modifications apportées à la loi 101, dans une perspective
d'ouverture plus grande aux anglophones pour améliorer
l'économie, elle affirmait: Au moins, prenez les mesures qui s'imposent
pour respecter la loi 101. Là-dessus, je pense que l'on est
d'accord.
Or, dans le communiqué et dans le mémoire de fond de
l'Association des hôpitaux du Québec, ces gens ont la
prétention... Pour l'instant, en tout cas, c'est une prétention.
Supposons, encore là, qu'ils sont dans les patates, cela n'aurait pas
coûté cher de les entendre et de s'expliquer avec eux pour voir
sur quoi ils se basent pour affirmer que le projet de loi qui est sur la table
a comme conséquence d'affaiblir la Charte de la langue française.
Que l'on se comprenne bien, la Charte de la langue française, c'est la
loi 101. Si une instance demande que la loi 101 soit respectée et qu'un
projet de loi qui s'appelle le projet de loi 142 ait comme conséquence
d'affaiblir ce que nous demandons qui soit respecté à 100 %, je
pense que le député de Notre-Dame-de-Grâce a assez de
logique - je lui en prête encore un peu - pour convenir qu'il y a
là, à tout le moins, un lien indirect. C'est pourquoi je suis en
désaccord complet avec lui quand il prétend que, ni directement
ni indirectement, la chambre de commerce ne s'est prononcée sur le
projet de loi 142. Il peut bien en rire, mais je cite à nouveau trois
phrases. Dans le mémoire de l'Association des hôpitaux du
Québec, on dit...
M. Scowen: De l'Association des hôpitaux du Québec
ou de la chambre de commerce?
M. Gendron: Non, de l'Association des hôpitaux du
Québec. Je vais y revenir à la chambre de commerce. Dans le
mémoire de l'Association des hôpitaux du Québec, de
façon très claire, on dit: "Par les effets combinés des
articles 4 et 5 du projet de loi 142, une telle insertion des articles 4 et 5
du projet de loi 142 risque de saper la portée parapluie de la Charte de
la langue française et vient mitiger la portée
particulière de son application aux établissements de services de
santé." Première référence.
Deuxième référence: "L'accès à des
services dans une autre langue que la langue française, par application
de la Charte de la langue française, par rapport à la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, n'a pas pour objet de
supporter la déclaration de droits fondamentaux généraux,
surtout si on les retrouve déjà suffisamment
énoncés et protégés dans d'autres lois, comme c'est
le cas de la Charte de la langue française."
Troisième référence: "II en va de même de
l'insertion d'un deuxième alinéa à l'article 173 - je sais
que vous n'avez pas lu cela, vous - de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux qu'il bouleverse - ce n'est pas moi qui le dis, c'est
l'association des hôpitaux - les conditions prévues à
l'article 113f de la Charte de la langue française. Donc, les
intervenants qui ont eu à traiter de la loi 142, on peut au moins
conclure qu'il y en a qui ont fait un lien de cause à effet entre la loi
142 et la Charte de la langue française. Comme par hasard personne n'en
a parlé en termes de renforcement. Personne n'a vu un lien dans la loi
142 avec la loi 101 qui aurait comme conséquence de renforcer la loi
101, qu'on appelle la Charte de la langue française. Conclusion
évidente, oui, si on est d'accord avec la loi 142, on assiste à
un affaiblissement de la loi 101.
Un instant! La chambre de commerce dit: On veut le respect
intégral de la loi 101. Est-ce que je suis légitimé de
croire que ces gens-là, en affirmant le respect intégral de la
loi 101, ont les mêmes inquiétudes que d'autres intervenants ont
exprimées par rapport à la loi 142? Ma réponse est oui, M.
le Président, sans aucun doute.
Supposons que j'aie tort, ce qui est possible, pourquoi avez-vous peur
de les entendre? Pourquoi avez-vous peur qu'on les fasse venir ici pour le leur
demander... La même logique que je viens de suivre, pensez-vous que
j'aurais peur de la défendre et de la débattre en présence
des gens ici, que ce soit l'association des hôpitaux? Mais, pour le
moment, on est en train d'exiger la présence du Conseil régional
de santé et de services sociaux du Montréal
métropolitain... Ça ne me dérangerait pas que le Conseil
régional de santé et de services sociaux du Montréal
métropolitain soit présent ici et que je puisse lui poser les
mêmes questions que je suis en train de soulever où il y a un lien
très direct entre la loi 101 et la loi 142...
Si ces gens-là étaient autorisés à
être présents ici, ce que nous souhaitons et désirons, non
seulement je pourrais uniquement toucher les questions que je viens
d'évoquer, mais je pourrais également leur demander sur quels
motifs ils se sont appuyés pour prétendre que ce qu'ils donnent
comme services de santé, services sociaux et services hospitaliers
à la communauté anglophone et à la communauté
allophone ils sont en mesure de les offrir et même de les maximiser sans
une reconnaissance spécifique à l'intérieur de la loi.
Il est clair que même si je prenais deux heures de plus pour
essayer de convaincre le député de Notre-Dame-de-Grâce qui,
manifestement, n'a pas entendu les arguments que j'ai utilisés quand il
prétend que, pour nous, il s'agit d'une volte-face et que dans son
esprit il n'y a aucune différence entre une loi majeure, maîtresse
du Québec qui embrasse l'ensemble des droits collectifs et non pas
uniquement les droits individuels conférés par la loi 142...
Même si je reprenais tous les mêmes arguments en disant qu'il n'y a
pas de volte-face, l'engagement, on l'a pris, on n'y renonce pas, on l'a pris
dans un contexte bien particulier. On n'a jamais dit qu'on était
d'accord pour avoir une loi spécifique qui confère des droits
individuels qui seront source de droit nouveau, qui créeront des
complications juridiques. Actuellement il y a même des avocats qui ont
cette prétention avec un projet de loi tellement passoire, tellement
plein de trous. Les amendements promis ne corrigent absolument rien quant
à la restriction à laquelle la ministre s'était
engagée. Il me semble que si ces gens-là étaient
convoqués, s'ils étaient devant nous, on pourrait au moins
entendre leur point de vue. J'aimerais que ce soit eux plutôt que
l'Opposition qui me disent: M. Gendron, vous êtes dans les patates, comme
j'entends tout le temps de l'autre côté de la Chambre. Nous, notre
engagement, c'est de respecter nos engagements. J'aimerais mieux qu'ils le
disent moins et qu'ils le pratiquent un peu plus. Ce n'est pas au niveau du
dire que j'ai des problèmes, c'est au niveau du faire. Dans l'action
concrète, on assiste constamment à des gestes de non-respect des
engagements de ce gouvernement-là. Par contre, dans le discours, ils
répètent constamment que leurs engagements est de s'engager. Je
veux plus que ça pour être capable de voir concrètement si
les engagements qu'ils ont pris et la résultante, c'est la même
chose. Ce n'est
jamais la même chose. Ce serait intéressant que ce soit dit
par tes intervenants, M, le Président.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Gendron: Oui, je conclus que je suis convaincu que la ministre
sera d'accord pour nous dire: Vous avez raison. Il est urgent, si on veut
progresser dans nos travaux, de faire venir le Conseil régional de la
santé et de services sociaux du Montréal métropolitain.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Est-ce que le député me permettrait deux
courtes questions? Elles sont très précises.
M. Gendron: Bien sûr, bien sûr, je vous permets
toutes les questions que vous voudrez.
M. Scowen: Avec le genre d'arguments que vous avez, je suis
persuadé que vous pouvez établir un lien entre votre
grand-mère et ma grand-mère. Il n'y a pas de problèmes
pour vous.
M. Gendron: Non, je suis sûr qu'il y aurait des
problèmes. Je peux vous jurer que c'est absolument impossible.
M. Scowen: Si c'était possible, vous seriez la personne
capable de le faire. Je vais vous poser deux questions très
précises. Je sais très bien que vous avez votre opinion, je parle
maintenant de l'opinion de la Chambre de commerce de Montréal. Dans la
déclaration de la Chambre de commerce de Montréal, est-ce que
vous êtes capable de trouver une référence directe au
projet de loi 142, ou aux services de santé et services sociaux dans le
texte de la Chambre de commerce de Montréal? C'est ma première
question. Si oui, voulez-vous me la montrer? La deuxième question:
Est-ce que vous croyez que l'argumentation que vous avez utilisée en
établissant un lien entre la loi 101 et le mémoire de
l'association des hôpitaux justifie la prétention que vous avez
manifestée à maintes reprises que la Chambre de commerce de
Montréal s'oppose au projet de loi 142?
M. Gendron: D'accord, une réponse aux deux questions,
très rapidement.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Gendron: À la première question, la
réponse est oui, je vois un lien et je l'ai très bien
expliqué, parce que je le cite au texte. Le député de
Notre-Dame-au-Grâce dit qu'il n'y a aucune référence
directe ou indirecte à la loi 142. Moi je réponds à la
question posée: Oui, il y a une référence indirecte au
projet de loi 142; par le biais des notes explicatives de votre loi, c'est une
loi à caractère linguistique. Lorsqu'une chambre de commerce
dît: J'exige le respect de la loi 101 et que la conséquence du
projet de loi 142 est d'affaiblir la portée de la Charte de la langue
française...
Une voix: ...avoir dit "lâcheté".
M. Gendron: Si vous avez peur de cela, faites venir les
intervenants, je vous l'ai dit. Ce ne serait plus le député
d'Abitibi-Ouest qui vous parlerait, ce seraient les intervenants et ils vous
diraient exactement la même chose que moi. À la deuxième
question, à savoir si dans le mémoire de la chambre de commerce
il est fait référence aux services sociosanitaires, la.
réponse est non.
M. Scowen: Non. La deuxième question, c'était:
Est-ce qu'il y a quelque chose dans les déclarations de la Chambre de
commerce de Montréal qui vous justifie de dire que celle-ci s'oppose au
projet de loi 142?
M. Gendron: Bien oui. Elle exige le statu quo linguistique et le
projet de loi 142 a comme conséquence d'affaiblir la Charte de la langue
française; ce n'est plus le statu quo.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, question de règlement?
M. Sirros: Non, est-ce que c'est l'alternance? Mon droit de
parole...
Le Président (M. Bélanger): Ah, sur l'alternance,
oui, vous avez dix minutes.
M. Sirros: Cela va être très court. Je veux,
malgré son absence...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Gouin.
Une voix: C'est un hasard.
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais juste que vous
me disiez si le député est déjà intervenu
là-dessus.
M. Sirros: Non.
Le Président (M. Bélanger): Non, le
député de Laurier n'est pas intervenu sur
cette motion.
M. Rochefort: Merci, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Vous vous êtes absenté, M. le
député de Gouin.
Le Président (M. Bélanger): Non, je le surveille
là-dessus; il n'y a pas de problème.
M. Sirros: Cela va être très court, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui est légitime.
M. Sirros: Malgré l'absence...
M. Rochefort: J'avais compris de votre part qu'une telle
affirmation était légitime.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaîtl
M. le député de Laurier, la parole est à vous.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Malgré l'absence du député de
Verchères, j'aimerais le remercier, parce que je pense que l'Opposition
commence à comprendre, en dépit de toutes les tirades. Ils
avouent, ils ont finalement compris ce qu'on dit depuis le début. Cela a
été avoué très clairement. Il me fera plaisir de
retrouver cela demain dans les galées du Journal des débats.
Le député de Verchères, qui n'est pas la moindre des
personnes difficiles à convaincre, a finalement avoué que, quant
à lui, le projet de loi en soi... Je le cite de mémoire: II est
vrai que le projet de loi ne contribue pas à l'intégration des
communautés culturelles à la minorité anglophone. Je pense
que l'Opposition a fait un pas énorme en comprenant ce fait. Le
député de Verchères a effectivement avoué qu'il
reconnaissait que le projet de loi en soi ne contribue pas à
l'anglicisation des communautés culturelles. Il a compris après
tout ce temps-là. J'aurai un extrême plaisir à retrouver
cela demain dans le Journal des débats et j'espère qu'il
arrivera à convaincre ses autres collègues de l'Opposition d'ici
lundi.
Une voix: Vous ne voulez pas siéger demain?
M. Sirros: On peut, si vous voulez. Ce qu'il a réussi
à comprendre finalement sera compris, éventuellement, j'en suis
certain, par les autres membres de l'Opposition. Je pense que c'est quand
même un aveu important, surtout venant du député de
Verchères. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je cède la
parole à un député de Terrebonne. M. le
député.
M. Rochefort: À un député de Terrebonne?
Est-ce qu'il y en a deux, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): J'allais dire à
un député de la formation de l'Opposition, mais c'est le
député de Terrebonne, en l'occurrence. Je m'en excuse.
Mme Lavoie-Roux: C'est un député avec deux
têtes.
Une voix: Oh! Une voix: Quoi?
Mme Lavoie-Roux: ...deux têtes. C'est un compliment.
M. Blais: Merci beaucoup "bicéphalement", M. le
Président. (16 h 30)
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, la ministre dira
peut-être que je me répète, et que je me
répète.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Blais: J'ai dit que la ministre va peut-être dire que je
me répète, mais je me dois ici d'insister encore une fois...
Mme Lavoie-Roux: Et de me répéter...
M. Blais: ...que ce projet de loi 142, j'aimerais bien que,
devant ce projet de loi, vienne ici le CRSSS-MM pour qu'il constate comme moi
que ce projet de loi, sa qrande faiblesse, c'est qu'il est un manifeste ma!
engagé, mal orienté, qui laisse paraître, sans l'ombre d'un
doute, un manque de respect du législateur envers les allophones
québécois. Depuis le début que je dis cela. Je n'ai jamais
dit que ce projet de loi était un facteur d'anglicisation des
allophones. Je n'ai jamais dit cela. Moi, je ne l'ai jamais dit.
Des voix: ...
M. Blais: Non, non, je n'ai pas entendu quelqu'un le dire.
Une voix: Voyons donc!
M. Blais: Je ne l'ai jamais dit. Ce n'est pas un facteur
d'anglicisation des allophones. C'est un facteur où les allophones
peuvent aller dans les institutions anglophones recevoir des soins.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Blais: Non, mais c'est correct. Ce que je dis, écoutez
bien... Ne vous regardez pas dans le miroir, écoutez ce que je vous
dis.
M. Sirros: M. le Président, question de
règlement.
M. Blais: Je le répète...
M. Sirros: II n'y a pas de miroir ici.
M. Rochefort: Non, non. Moi, je ne vois pas de miroir.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
ce n'est pas une question de règlement! M. le député de
Terrebonne, continuez votre intervention.
M. Blais: Les deux députés de la majorité se
regardaient l'un et l'autre.
M. Rochefort: Ah! Les deux.
M. Blais: Alors, je disais qu'ils se regardaient dans un miroir.
Ils disent exactement la même chose. Si Caïphe dit une chose, Pilate
dit la même chose, ils se parlent tous les deux comme cela. C'est tout
simplement ce que je veux dire. Ce projet de loi... M. le député
de Laurier, par l'intermédiaire du président, j'aimerais vous
dire ceci...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
À l'ordre!
M. Blais: Je répète encore la même chose. Ce
projet de loi est un manque de respect du législateur envers les
allophones. Vous appelez cela comme cela. Moi, j'aime mieux dire: envers les
personnes qui n'ont pas le parler français ou le parler anglais, tous
ceux qui parlent les autres langues. Ce projet de loi manque de respect
à leur endroit. Depuis le tout début que je le dis. Je le
répète encore, car je suis un type qui respecte toutes les
communautés qui habitent Québec, ma province et mon pays un jour,
je l'espère. J'ai un respect total. J'y ai été
amené par l'expérience. Par la culture, on apprend beaucoup
à connaître les gens, les peuples et les minorités. J'ai
fondé Le Patriote à Montréal en 1964. Pourquoi ai-je
fondé Le Patriote? On appelait cela la scène de la parole.
Pourquoi? Parce que ceux qui sont d'expression autre qu'anglaise - et je
choisis chaque mot - au Québec, ceux qui sont d'une expression autre
qu'anglaise n'avaient pas de scène pour manifester leur culture de
façon publique, fût-ce par le poème, par la chanson, par la
musique ou par la danse. C'est pour cela qu'on a créé tout ce
réseau par, j'allais dire, réaction positive devant le fait que
toutes les scènes étaient dirigées par des unions
anglo-saxonnes et américaines, brimaient les personne d'expression autre
qu'anglaise et ne leur ouvraient par leurs portes pour qu'elles puissent
s'exprimer. Les exceptions étaient tellement rares qu'on pouvait en
faire une règle générale. Là, sont arrivées
toutes les séries de boîtes à chansons pour que les
minorités s'expriment. Chez moi, presque tous les peuples minoritaires
sont venus et j'en ai fait une spécialité. Bien sûr que la
grosse partie était francophone.
J'ai participé à ce qu'on appelait dans le temps les
"Nation Builders" à Toronto. Je me suis rendu compte quand même
qu'un seul peuple n'avait pas de chanson ni de danse folkloriques dans le monde
entier et que c'était le peuple anglais. Il n'y a pas de folklore de
danses anglaises, ni de folklore de chants anglais. Je suis resté
moi-même très surpris de voir qu'il n'y en avait pas. Il n'y en a
pas. Quand on veut représenter l'Angleterre pour le chant, on prend des
chansons irlandaises et, quand on veut représenter la danse, on va
chercher des danses écossaises. Mais l'Angleterre elle-même n'en a
pas. C'est curieux, mais c'est comme cela. Le peuple grec est un peuple
très fort en folklore et un folklore de grande qualité
d'ailleurs. Mais le peuple anqlais même, pur, de souche "England"...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Pas de bruit dans la salle.
M. Blais: Aucun folklore, soit de danse ou de chant. Cela a
été très curieux, et je me souviendrai, parce que
j'étais un des trois juges de ce concours - c'est une petite anecdote,
soit dit en passant, si vous me le permettez - avec M. Gérard Pelletier.
Vu qu'il n'y avait personne dans la chanson anglaise, parce que le peuple
anglais n'a pas de folklore chanté...
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, M. le député de Terrebonne. Je voudrais rappeler
à l'ordre! Il y a beaucoup de bruit dans la salle. S'il vous
plaît!
M. le député de Terrebonne, vous pouvez continuer votre
intervention.
M. Blais: À ce moment-là, j'avais fait une sorte de
protestation parce que la chanson française n'était pas
représentée. On appelle cela "Nation Builders",
c'est-à-dire ceux qui ont bâti le Canada. Cela s'appelait comme
ça, à Toronto. Il y en a un tous les ans. J'ai assisté au
septième, huitième ou neuvième; je ne m'en souviens plus.
J'avais protesté. On m'avait dit: On ne prend pas la chanson
française vu que le peuple anglais, un des grands fondateurs, n'a pas de
chanson
propre. Alors, ni l'un ni l'autre n'était
représenté. On n'était pas là par défaut.
Cela m'avait toujours frappé et j'ai développé, au fil des
ans, à compter de 1964, un amour, un respect envers tout ce qui est
minoritaire, parce que j'en avais souffert comme minoritaire canadien. Je veux
absolument que vous compreniez la sincérité, parce que les gestes
de 20 ans de ma vie en sont la preuve tangible. On ne peut pas douter. Je n'ai
pas perdu 20 ans à faire semblant. J'ai agi.
Je reproche donc à ce projet de loi de ne pas avoir le respect
auquel les allophones ont droit, parce que c'est, en soi, discriminatoire et
porteur d'une discrimination éventuelle devant les gens parlant une
autre langue que le français et l'anglais. Je crois que s'il y a de
l'autre côté de la Chambre, au pouvoir, des gens qui sont dans ces
catégories, ils devraient se lever et faire faire les amendements
nécessaires pour ne pas que les gens qui sont de souche anglaise
profitent des budgets et des montants d'argent déjà
alloués aux allophones pour les consacrer seulement à cette
minorité dominante au Québec. J'ai l'impression que ce n'est pas
manquer de respect que de mettre ce point-là... J'insiste depuis le tout
début là-dessus. Chaque fois que je prends la parole, j'insiste
sur ce côté-là.
Il y a l'autre côté aussi et c'est le côté
juridique. J'ai peur que ce côté-là entraîne des
accusations en cour pour des personnes qui ne donneraient pas les services,
comme je le disais ce matin, les services nécessaires dans la langue
anglaise aux gens qui, par ce projet de loi, peuvent dorénavant le
réclamer. Et ce n'est porteur d'aucune accusation. Ce n'est pas
présumer que je n'ai pas de bonne volonté. C'est tout simplement
en lisant que l'on voit cela. Je ne sais pas pourquoi on nous trouve
marécageux et ombrageux. Nous sommes tout de même très
clairs là-dessus. Combien cela fait-il de fois que j'insiste sur ce
côté-là, le côté des poursuites
éventuelles contre les personnes qui ne donneraient pas les services?
J'ai donné hier, à ce sujet - je le répète
-l'exemple d'un individu qui serait à Mingan, qui souffrirait de
névrite qui aurait besoin d'un spécialiste. S'il n'y en a pas de
disponible, il pourrait poursuivre la personne - c'est ce que je disais hier -
parce qu'il n'a pas de service dans sa langue. Par ce projet de loi, on
l'oblige presque. Les juges seraient les seuls à nous dire si c'est
correct ou pas. Je ne peux pas accepter ce projet de loi à cause de
cela. Il faut tout de même qu'on dise, de ce côté-ci, qu'on
a de la bonne volonté quand même. On n'est pas là juste
pour maugréer. Je ne comprends pas qu'on nous trouve... Le mot que vous
employez souvent, M. le député de Laurier, c'est... Comment
dites-vous cela? "Préjugé". Voyez- vous, je n'en ai tellement pas
qu'il faut que je cherche le mot.
Vous nous dites toujours qu'on a des préjugés. C'est comme
de l'argent; on en prête quand on en a. On en prête à
d'autres quand on en a. Vu que je n'en ai pas, je cherche même le mot.
Pourtant, je ne suis pas un type qui manque de vocabulaire. Mais ces
mots-là, ils sont loin de moi, parce qu'ils ne m'habitent pas. Ils ne me
tourmentent pas. J'ai passé par-dessus cela à travers les
décennies. Le respect que je demande aux autres d'avoir envers ce que je
suis, je le donne aux autres pour ce qu'ils sont, et tout le monde est
égal. Dans ce projet de loi, on n'est pas tous égaux sur le
territoire québécois. Il y a un faible pour certaines personnes
et je voudrais qu'on le corrige. Je sais qu'il y en a d'autres qui pensent la
même chose de votre côté. Je suis d'une grande
sincérité et je vois à votre regard que je commence
à vous ébranler et que vous commencez à le savoir.
Même le député de Notre-Dame-de-Grâce commence
à baisser l'échine un peu.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: J'aimerais bien qu'il réfléchisse
à cela. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de la
régie de l'alternance, est-ce que du côté
ministériel on a des commentaires à faire?
Mme Thérèse Lavoie-Roux Mme Lavoie-Roux: M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est une chose que j'ai déjà
dite, mais en l'absence du député de Terrebonne. Excusez-moi, mon
micro... Je répète. Ce ne sera pas la première fois qu'il
y aura une répétition ici. J'ai dit: Je vais
répéter une chose que j'ai déjà dite en l'absence
du député de Terrebonne et qui le touchait. C'est pourquoi je
vais le répéter en sa présence.
II y a une façon de voir les choses chez une partie de
l'Opposition qui, d'ailleurs, est fort divisée sur cette question et les
membres du côté ministériel, alors que le chef de
l'Opposition reconnaît que ta minorité anglophone du Québec
a des droits historiques. C'était d'ailleurs le sens de sa proposition
qui était contenue dans les propositions constitutionnelles comme,
d'ailleurs, celui de l'engagement électoral qu'il avait pris.
Pour sa part, le député de Terrebonne n'accepte pas ce
principe-là. Pour lui toutes
les minorités sont semblables au Québec. Elles sont
semblables au Québec quant à des services à recevoir, mais
quant à la possibilité de les recevoir dans leur langue, je l'ai
dit dans un discours de deuxième lecture, ce n'est que la
minorité anglophone - on peut aimer ou ne pas aimer cela - qui peut se
réclamer d'avoir des dispositions législatives qui assurent
l'exercice de ce droit, comme d'ailleurs dans les autres provinces. C'est
à peu près ce que j'ai dit dans mon discours de deuxième
lecture avec beaucoup moins de succès, mais ils tentent quand même
de l'obtenir dans leurs provinces respectives.
Alors, quand vous dites: C'est une discrimination si on donne ce droit
inscrit dans une loi d'avoir des services en langue anglaise dans le domaine
des services culturels à la minorité anglophone, c'est que l'on
ne pourra jamais faire le pont entre nous deux ou entre le côté
ministériel et au moins une partie du côté de l'Opposition.
Tout votre discours est rattaché à ce concept que, d'aucune
façon, on ne doit leur donner ce droit, parce qu'à ce
moment-là on va faire une discrimination à l'endroit des autres
communautés culturelles qui ne réclament pas le même droit.
Elles réclament le droit d'être servies dans leur langue le plus
possible, mais elles ne réclament pas que ce droit soit inscrit dans une
législation parce qu'au plan historique les raisons sont
différentes. Le député de Terrebonne n'aime pas que je
dise cela, mais la minorité anglophone au Québec, comme les
minorités francophones dans le reste du Canada, sont des
minorités dites nationales.
M. le Président, c'est simplement ce que je voulais dire au
député de Terrebonne, mais cela devient inconciliable. C'est
évident qu'il est en opposition avec son propre chef là-dessus et
c'est clair et net dans les propos qu'il nous tient et que je respecte bien,
c'est tout à fait son droit de penser comme cela. Mais il faudrait
peut-être qu'on essaie à l'intérieur de l'Opposition
d'établir une certaine cohérence sur ces principes qui sont quand
même des principes importants. Merci, M. le Président.
M. Blais: J'aimerais poser une question selon l'article 213.
Mme Lavoie-Roux: Je ne réponds plus aux questions.
M. Blais: Vous ne voulez pas? J'aimerais en poser une petite.
Mme Lavoie-Roux: Une petite question. D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Brièvement, M.
le député de Terrebonne.
M. Blais: Avec grand plaisir.
M. Rochefort: C'est aux miennes qu'elle ne veut pas
répondre.
Mme Lavoie-Roux: Je réponds souvent à vos
questions, M. le député de Gouin.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
La parole est au député de Terrebonne.
M. Blais: Considérez-vous que ma façon de voir
serait la suivante: Je voudrais un système à base francophone,
avec des établissements qui seraient reconnus comme anglophones, puis
avec une décentralisation qui donnerait des services dans toutes les
autres langues pour autant que les budgets peuvent se faire? (16 h 45)
C'est ce que je veux et c'est ce que je manifeste. Je ne crois pas que,
dans cette loi, ce soit que vous offrez. C'est pour cela qu'il y a
contradiction, mais c'est ce que j'affirme depuis le début et c'est ce
à quoi je crois. Voilà! Ce n'est pas le projet de loi que vous
faites.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Peut-être pouvons-nous nous rejoindre
là-dessus? Je pense qu'on est tous d'accord pour dire que le
réseau des services de santé et des services sociaux est un
réseau francophone à l'étendue du réseau, car,
partout, il y obligation de dispenser des services en français. Mais on
dit que certaines institutions...
M. Blais Qui seront désignées.
Mme Lavoie-Roux: ...seront désignées comme
étant tenues de donner des services en anglais. Quant à
l'ensemble du réseau, je pense que les efforts doivent continuer
d'être déployés pour qu'on les rende le plus accessibles
possible aux communautés culturelles, compte tenu du regroupement
géographique de certains groupes de populations, pour les servir le plus
possible dans leur langue d'origine.
M. Blais: ...une deuxième question.
Le Président (M. Bélanger): Une deuxième
brève question au député de Terrebonne.
M. Blais: Aussi brève que la première. Mme
Bleau: J'en ai une à poser aussi.
M. Blais: Oui, mais tout de suite après, ma belle dame, si
vous le voulez bien?
Le Président (M. Bélanger): On va
continuer avec M. Je député. Ce n'est pas la
période des questions. Il faudrait bien s'entendre. Mme la ministre,
est-ce que vous acceptez une deuxième question?
Mme Bleau: Une petite petite, Mme la ministre, toute prête,
pour me faire comprendre.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, je
pense qu'on est en train de faire une période de questions, et ce n'est
pas le temps. Nous sommes dans le débat...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que j'ai suffisamment enlevé le
droit de parole à ces gens qui ont beaucoup à dire.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
L'article 213 dit très bien que le député peut demander la
permission de poser une question à un député qui vient de
terminer une intervention. Mais la question -non pas les questions - et la
réponse doivent être très brèves. Ce n'est pas une
période de questions, et le débat ne peut s'étendre
à d'autres personnes.
Mme Bleau: Je crois que cela peut éclaircir un point.
Le Président (M. Bélanger): Je regrette, Mme la
députée de Groulx, Je m'excuse, mais vous aurez le droit
d'intervenir tout à l'heure. Vous pourrez, dans le cadre de...
Mme Bleau: ...cette fois-ci.
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'espère que le
député de Notre-Dame-de-Grâce ne se prend pas pour le
député de Gouin.
M. Scowen: Absolument pas. Laissons parler...
M. Rochefort: Sur ma question de règlement, je voudrais
comprendre en vertu de quel article la députée de Groulx ne peut
prendre la parole dans cette commission? Est-ce parce que vous ne lui
reconnaissez pas le droit de parole ou parce que la ministre refuse de
répondre a sa question?
Le Président (M. Bélanger): La ministre n'a pas
refusé...
M. Rochefort: Je m'informe. Ne vous impatientez pas!
Mme Lavoie-Roux: Elle ne m'a pas posé de question, elle
l'avait posée au député de Terrebonne.
M. Rochefort: II accepte de répondre. Quelle est
l'affaire? Pourquoi n'a-t-elle pas le droit de parole?
Le Président (M. Bélanger): Je tiens simplement
à signaler ceci. La députée de Groulx peut intervenir en
vertu de l'article 209 en tout temps, c'est-à-dire lorsque sa formation
aura le droit de parole en vertu de la règle de l'alternance. Elle
pourra faire l'intervention qu'elle voudra. Et, comme c'est, en vertu de cette
règle d'alternance toujours, au parti au pouvoir à prendre la
parole, si Mme la députée de Groulx veut exercer son droit de
parole... Mme la députée de Groulx et, ensuite, nous
reconnaîtrons M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
Question de règlement, M. le député de
Notre-Dame-de-Grêce.
M. Scowen: Puisque c'est possible que la députée de
Groulx ait une question plutôt qu'une intervention, est-ce qu'on peut
demander le consentement unanime pour permettre à la
députée de Groulx de poser une question?
M. Rochefort: Non, mais question de règlement, M. le
Président! M. le Président, on n'a pas à donner de
consentement unanime pour permettre à Mme la députée de
Groulx de prendre la parole dans cette commission. C'est son droit le plus
strict comme parlementaire. Voyons donc!
Le Président (M. Bélanger): Je regrette. J'ai rendu
une décision et j'ai dit que Mme la députée de Groulx
pouvait, à l'intérieur de son intervention, en vertu de l'article
209, prendre la parole et j'ai reconnu ta députée de Groulx. Je
demanderais donc à la députée de Groulx de bien vouloir
procéder, s'il vous plaît!
M. Marcil: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Marcil: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Pas de discussion autour de la salle, pour qu'on se comprenne.
M. Marcil: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Beauharnois, en vertu de quel article, s'il vous
plaît?
M. Marcil: 213.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
M. Marcil: On dit bien: "Tout député peut demander
la permission de poser une question au député qui vient de
terminer une intervention. La question et la réponse doivent être
brèves." La ministre a terminé son intervention. Un
député lui a posé une question et un autre
député peut également lui poser une question.
Une voix: Bien oui.
M. Marcil: C'est en vertu de l'article 213 que vous devriez
normalement lui-Une voix: Elle ne le peut pas.
Le Président (M. Bélanger): Ce que je disais, M. le
député de Beauharnois, c'est que nous ne sommes pas dans une
période de questions. Ce n'est pas l'objet du travail d'une commission
de procéder à des périodes de questions. Mme la
députée de Groulx a le droit de parole. Elle pourra, à
l'intérieur de son droit de parole, poser une question et, en vertu du
droit de réplique du ministre à toute intervention, Mme la
ministre pourra, à la fin de son intervention, répondre à
la question, ce qui est tout à fait dans l'ordre des choses. Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Je ne voulais qu'une confirmation. Même si ce
n'est pas écrit dans un projet de loi, si, à un certain moment,
la ministre voit un besoin déterminé dans une région
donnée d'avoir un interprète portugais, italien ou autre, rien ne
l'empêcherait de faire cela?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est même dans le projet de loi, car
le projet de loi ajoute, à l'article 2, de nouvelles
considérations qui doivent être faites dans la dispensation des
services. On tenait déjà compte des régions.
Désormais, on va devoir tenir compte des caractéristiques
linguistiques et socioculturelles qui indiquent que, justement, dans un coin
donné, se retrouverait... Prenons comme exemple la région de Hull
où il y a un bon regroupement de Portugais.
Mme Bleau: Dans ma région aussi.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce serait...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Groulx, est-ce que...
Mme Lavoie-Roux: Il faudrait faire des efforts dans ce sens.
C'est dans ce sens que travaille le fameux comité dont je vous ai
parlé hier et qui est sous la coordination de mon adjoint parlementaire,
M. le député de Laurier.
M. Rochefort: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de...
M. Rochefort: Question additionnelle, M. le Président,
à Mme la ministre.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas une
période de questions.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
En vertu de...
M. Rochefort: En vertu de l'article 215, sur le même sujet,
je voudrais demander à la ministre si elle accepte...
Le Président (M. Bélanger): Non, je regrette, je
refuse pour les mêmes raisons que tout à l'heure. Vous pouvez le
faire en vertu de l'article 209 dans votre droit d'intervention.
M. Rochefort: En vertu de l'article 213?
M. Filion: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon, nous sommes déjà sur une
question de règlement, cela ne donne rien de crier. J'entends le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'invoque l'article 213 du
règlement. C'est è la ministre de refuser si elle ne veut pas me
répondre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, c'est
rigoureusement exact, en vertu du règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai répondu
à beaucoup de questions. Plus tard.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. Rochefort:
Encore le courage!
Le Président (M. Bélanger): La parole appartient
donc à l'Opposition sur le sous-amendement. Nous entendrons le
député de Gouin. M. le député de Gouin.
M. Jacques Rochefort M. Rochefort: M. le Président, si
le
député de Laurier veut parier, il pourra utiliser les
droits de parole que notre règlement et que vous, j'imagine, comme
président, allez lui accorder. Sinon, il pourrait peut-être
respecter le droit de parole des autres. C'est cela aussi, la tolérance,
M. le Président.
Le projet de loi 142 a été déposé à
la toute dernière minute des dates prévues à notre
règlement pour permettre son adoption avant l'ajournement des
fêtes. Ce projet de loi n'a été l'objet d'aucune
concertation du monde de la santé et des services sociaux. Ce projet de
loi a été reconnu par tous comme un projet de loi
précipité, mal rédigé, plein de trous,
qualifié par le premier ministre d'une passoire, sur le plan
linguistique. Malgré les trois amendements déposés par la
ministre, ce projet de loi se retrouve aujourd'hui sous une forme qui non
seulement n'est pas conforme aux engagements du premier ministre d'apporter des
amendements pour éviter la passoire linguistique qu'il y avait
observée, mais & l'engagement, à l'annonce faite par la
ministre dans son discours en deuxième lecture à l'effet
d'apporter un amendement pour circonscrire à la communauté de
langue anglaise les droits qu'elle voulait inscrire dans l'ensemble de nos lois
par le projet de loi 142.
Ce projet de loi fait l'objet d'un vaste consensus, dans notre
société, des groupes du secteur de la santé et des
services sociaux et de l'ensemble des autres milieux actifs de notre
société qui demandent le retrait, l'interruption, qui demandent
de surseoir à l'étude de ce projet de loi. Personne n'est venu
appuyer le projet de loi de la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Malgré tout ce cheminement et toutes ces oppositions, la
ministre a décidé de poursuivre et d'aller de l'avant avec son
projet de loi 142 en utilisant le rouleau compresseur, en faisant en sorte que
l'on siège deux nuits de suite pour étudier ce projet de loi, que
l'on siège jusqu'à minuit tous les soirs en commission
parlementaire pour étudier ce projet de loi.
M. le Président, nous avons...
M. Scowen: C'est le règlement.
M. Rochefort: C'est le règlement, mais lorsque l'on n'a
pas honte de ce que l'on fait, on peut le faire en plein jour, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait deux jours que vous...
M. Rochefort: M. le Président...
M. Filion: M. le Président, pouvez-vous...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaîtl
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais qu'il dise la
vérité.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaîtl
On respecte le temps de parole du député de Gouin.
M. Filion: C'est important.
M. Rochefort: M. le Président, nous avons fait des
motions, comme cela a toujours été le cas dans le passé,
pour permettre à des groupes, particulièrement aux principaux
groupes du réseau de la santé et des services sociaux qui sont
directement concernés, qui ont émis des opinions, qui ont fait
des représentations sur ce projet de loi, des groupes qui, sans
s'être compromis d'aucune façon sur le contenu ou sur des
questions entourant ce projet de loi, avaient une contribution absolument
essentielle à nos travaux pour nous permettre de bien saisir la nature
des problèmes qui existent et la portée réelle et
l'implication réelle de l'ensemble des dispositions du projet de loi
142.
La ministre de la Santé et des Services sociaux refuse le droit
à la Fédération des CLSC du Québec de venir ici.
Elle refuse le droit & la Fédération des travailleurs du
Québec de venir ici. Elle refuse le droit à l'Association des
centres de services sociaux du Québec de venir ici. Elle refuse le droit
à l'Association des centres d'accueil du Québec de participer
è nos travaux. Elle a indiqué tantôt son refus de permettre
à la Conférence des conseils régionaux de la santé
et des services sociaux de venir participer à nos travaux. Elle
exprimera, dans les minutes qui viennent, par son vote négatif qu'elle a
annoncé, son refus de permettre au Conseil régional de la
santé et des services sociaux du Montréal métropolitain de
venir participer à nos travaux. J'imagine, puisqu'elle nous l'a
annoncé, qu'elle s'opposera aussi à la participation de
l'Association des hôpitaux du Québec aux travaux de notre
commission parlementaire.
M. le Président, toutes ces motions qui ont été
faites par l'Opposition visaient è faire en sorte que ce projet de loi
soit débattu avec ceux et celles qui vivent au jour le jour dans le
réseau de la santé et des services sociaux, qui dispensent des
services non seulement aux Québécois francophones, mais aux
Québécois de langue anglaise et aux Québécois des
différentes minorités culturelles pour permettre à ces
organismes qui ont dit: Nous ne sommes pas d'accord avec ce projet de loi,
à ces organismes qui disent: Nous considérons dangereux
l'adoption du projet de loi 142,
nous considérons que ce projet de loi va nous mener à des
situations imprévues, sous-évaluées, pour ne pas dire non
évaluées par la ministre de la Santé et des Services
sociaux, et nous avons des choses à dire là-dessus...
La ministre refuse. Nous avons souhaité que ces groupes
participent, comme pour tous les projets de loi importants qui ont
touché le secteur de la santé et des services sociaux ces dix ou
quinze dernières années, il y a toujours eu commission
parlementaire pour permettre aux groupes de venir se faire entendre. Cela,
c'est la nouvelle marque de commerce de la nouvelle ministre de la Santé
et des Services sociaux qui fait adopter la loi 75 avec le rouleau compresseur,
une loi 75 qui nécessite de refaire trois fois une décision du
Conseil des ministres, qui nécessite d'apporter des amendements en mars,
parce qu'elle avait, encore une fois, improvisé, précipité
le projet de loi 75, elle n'avait pas consulté l'ensemble des groupes
concernés; et on se retrouve dans la même situation avec le projet
de loi 142.
Non seulement, M. le Président, nous avons observé, au
cours de ces débats, de ces motions visant à faire
comparaître des groupes ici en commission parlementaire, le refus de la
ministre de permettre à ses partenaires de venir dire ce qu'ils pensent
de ces projets de loi, non seulement nous avons observé qu'elle les
traitait de façon cavalière, qu'elle ne posait aucun geste pour
faire en sorte qu'ils ne perçoivent plus le projet de loi 142 comme un
blâme, comme un jugement d'incompétence, d'insatisfaction de ce
qu'ils ont fait jusqu'à ce jour pour donner des services à la
minorité anglophone et aux différentes minorités
culturelles du Québec, mais cette ministre se retrouvera dans la
situation où elle traitera cavalièrement ses partenaires à
qui, demain, elle demandera de la confiance, de la collaboration, une
contribution, un dynamisme exemplaire pour lui permettre d'arriver aux
objectifs qu'elle s'est donnés. Quand on veut se mettre dans une
situation où on peut aller chercher cette collaboration, cette
confiance, on montre un peu de respect et de considération pour ces
groupes.
D'autre part, l'ensemble de ces motions ont permis à l'Opposition
d'étayer l'ensemble des éléments qui ont été
mis de l'avant par nous ou par d'autres groupes de notre société
pour justifier notre opposition au projet de loi. Ces motions, lorsqu'elles
étaient débattues, nous ont permis de vérifier, de
confronter nos opinions avec celles de la ministre de la Santé et des
Services sociaux, avec celles de ses collaborateurs de la majorité
ministérielle.
M. le Président, non seulement nous n'avons pas été
rassurés par les propos qui ont été tenus par la ministre
de la Santé et des Services sociaux, mais nous considérons que
ces propos ajoutent à l'incertitude qui règne, à la
confusion, aux raisons de s'opposer au projet de loi 142 que nous avons mises
de l'avant et que les groupes ont mises de l'avant depuis le début du
cheminement législatif de ce projet de loi. Les informations, les
interprétations, les affirmations faites par la ministre dans le cadre
de cette commission ont fait en sorte que cela a ajouté des motifs de
s'opposer au projet de loi.
M. le Président, nous avons fait ces motions dans le sens que je
viens d'exprimer. La ministre refuse, nous en prenons bonne note. C'est son
droit et c'est surtout sa caractéristique.
M. le Président, quant à nous, la motion visant à
faire comparaître le Conseil régional de la santé et des
services sociaux est notre dernière motion visant à faire
comparaître des groupes à cette commission parce que nous avons
observé un refus total, automatique, de la part de la ministre de la
Santé et des Services sociaux, une attitude autoritaire refusant ce
droit légitime à l'ensemble des organismes du réseau de la
santé et des services sociaux. Deuxièmement, M. le
Président, parce que les affirmations... (17 heures)
M. Filion: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Taillon, question de règlement*?
M. Filion: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M, Filion: Je suis assis à peu près à six
pieds du député de Gouin. Je l'écoute attentivement, et je
dois avouer que, depuis une minute ou deux, j'ai peine à l'entendre
convenablement.
Le Président (M. Bélanger): C'est vrai qu'il y a
beaucoup de bruit dans la salle. Je demanderais aux gens, s'il vous
plaît, si vous avez à échanger des propos, faites-le d'une
façon très discrète de façon à ne pas nuire
au droit de parole du député de Gouin.
M. le député de Gouin, si vous voulez continuer votre
intervention.
M. Rochefort: M. le Président, comme je le disais, ce sera
notre dernière motion. Nous prenons acte des refus systématiques
de la ministre et aussi nous jugeons que les informations, les positions
qu'elle a prises au cours de ces différents débats, non seulement
n'ont pas rencontré les objections de l'Opposition, mais ont fait en
sorte d'ajouter
des raisons de s'opposer au projet de loi et ont ajouté encore
plus d'incertitude et de confusion autour du projet de loi.
M. le Président, la position de ma formation politique demeure
toujours la même. Nous considérons que ce projet de loi n'est pas
le bon véhicule pour atteindre les objectifs fixés, que ce projet
de loi n'arrive pas au bon moment, que ce projet de loi est le fruit de
l'improvisation et de la précipitation, qu'il a été mal
rédigé, qu'il comporte des effets considérables sur
l'allocation des ressources et sur la judiciarisation de cette allocation des
ressources. Ce projet de loi ne comprend même pas les amendements que la
ministre avait annoncés en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale et ne comprend même pas les amendements qui
devaient faire en sorte d'éliminer la passoire linguistique qu'avait
évoquée le premier ministre à la suite d'une lecture qu'il
avait faite du projet de loi 142.
Le gouvernement a décidé de nous bousculer? Soit! Nous
déposerons, dans les minutes qui viennent, des amendements au projet de
loi 142 qui sont ceux de ma formation politique. Ces amendements ne rendront
pas ce projet de loi un meilleur véhicule qu'il ne l'est. Ces
amendements ne nous permettront pas de considérer ce projet de loi
acceptable, pas plus qu'ils ne permettront aux intervenants du réseau de
la santé et des services sociaux comme à l'ensemble des autres
intervenants des différents milieux organisés de le juger
acceptable.
Nous n'avons pas la prétention que les amendements que nous
déposerons, M. le Président, feront en sorte que le projet de loi
ne comportera plus les dangers, les lacunes graves que nous avons
évoqués jusqu'à ce jour de même que les responsables
du réseau de la santé et des services sociaux et les
différents groupes organisés de notre société.
Le Président (M. Bélanger): On m'informe que la
cloche est pour le quorum. Je m'excuse, M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, nous déposerons des
amendements qui tournent autour des quatre points suivants: un premier
amendement qui permettra à la ministre de la Santé et des
Services sociaux de respecter l'annonce qu'elle a faite en deuxième
lecture à l'Assemblée nationale et qui sera celui d'ajouter
"communauté de langue anglaise du Québec".
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, vous avez dépassé votre temps de
parole.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. J'ai
présumé que j'avais le consentement pour poursuivre pendant deux
ou trois minutes.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
demander le consentement, s'il vous plaît? Est-ce qu'il y a consentement
pour que le député de Gouin présente des amendements au
projet de loi et continue son intervention?
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowern Oui, allez-y!
Le Président (M, Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même clarifier quelque
chose. Si le député de Gouin n'en a que pour quelques minutes
à continuer son intervention, je n'ai pas d'objection. D'un autre
côté, je voudrais bien vérifier, M. le Président,
que je conserve toujours mon droit de réplique à l'intervention
de dix minutes du député de Gouin.
Le Président (M. Bélanger): Absolument, Mme la
ministre, sans aucune restriction.
M. Scowen: Est-ce que je peux suggérer que le
député termine ses commentaires sur la résolution et qu'il
apporte ses amendements plus tard lors d'un autre discours.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Blais: II y a consentement.
Le Président (M. Bélanger): À moins que vous
vous objectiez? On pourrait tout de suite...
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qui arrive à la
résolution de l'amendement?
M. Rochefort: Elle sera votée après mon
intervention. C'est qu'il y a un consentement pour que mon intervention soit un
peu plus longue que prévu.
Le Président (M. Bélanger): C'est qu'avant
d'accepter le dépôt...
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on devrait...
Le Président (M. Bélanger): Oui, on peut entendre
les propos du député, mais avant de les accepter de façon
écrite, nous devrons d'abord disposer des sous-amendements et ensuite
accepter.
M. Rochefort: M. le Président, je fais une intervention de
même nature que celle que la ministre a faite hier où elle a
évoqué
des amendements sans que cela constitue un dépôt formel
d'amendements à la commission. C'est de même nature que ce qu'on a
permis à la ministre de faire hier.
Mme Lavoie-Roux: Avant-hier.
Le Président (M. Bélanger): Si on est d'accord sur
une base d'un "gentlemen's agreement", je pense que c'est la base de cette
Assemblée, nous permettrons au député...
Mme Lavoie-Roux: Non, moi, je pense qu'on devrait attendre, M. le
Président, que ce soit déposé formellement. Moi, j'avais
oublié qu'on discutait une résolution. Je pense qu'on devrait
voter sur les résolutions et, après cela, discuter des
amendements.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. M. le
député de Gouin. Question de règlement soulevée par
le député de Laurier.
M. Sirros: Est-ce qu'il reste encore du temps au
député de Gouin?
Le Président (M. Bélanger): Non, son temps de
parole de dix minutes est écoulé.
M. Sirros: Alors je propose que l'on vote sur la motion, M. le
Président.
M. Rochefort: M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Je veux répliquer à cela.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Sur la question de règlement, si je
comprends bien, la majorité ministérielle, la ministre et son
adjoint parlementaire en tête nous refusent le consentement de prendre
deux minutes additionnelles pour nous permettre de présenter les
amendements que nous avons à présenter au projet de loi,
contrairement à ce que nous avions fait pour la ministre qui avait pu
présenter ses amendements pour informer les membres de la commission
avant-hier. C'est ce que je prends en note, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Ce que je
comprends...
M. Sirros: Question de règlement pour que l'on prenne en
note les bonnes choses.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
La question s'adressait au président. On va laisser le président
répondre.
M. Sirros: C'était une interprétation de ce que
j'avais dit.
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais d'ouvrir
le micro du président ou de celui qui a la parole pour éviter
toute confusion. On est allé sur une base d'une entente ou d'un
consentement entre nous pour permettre... Ce consentement n'est pas retenu. Mme
la ministre voudrait d'abord réagir aux propos que j'avais tenus
préalablement. C'est son droit de réplique en vertu du
règlement. Nous nous conformons au règlement, c'est-à-dire
que nous disposerons des motions et des sous-amendements, et ensuite nous
pourrons accepter, M. le député de Gouin, de vous donner la
parole pour proposer votre amendement et la poursuite des travaux.
D'accord?
Mme la ministre, vous avez cinq minutes pour le droit de
réplique.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Avant de répliquer, je veux soulever une
question de règlement. M. le Président, je veux faire remarquer
au député de Gouin que j'ai déposé mes amendements
au moment des remarques préliminaires et non pas au moment où
nous étions à discuter d'une motion qui doit être
acceptée ou rejetée, selon les formes.
M. le Président, je voudrais quand même...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Il y a du bruit dans la salle. S'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous avons
assisté à une dernière charge quelque peu agressive du
député de Gouin, à savoir que tout le monde voulait
être entendu en commission parlementaire.
M. Rochefort: Je n'ai jamais dit cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que vous nous avez dit que tout le
monde était aux portes à attendre pour se faire entendre. Je
concède qu'il ne l'a pas dit comme cela cet après-midi. C'est
vrai. Je suis toujours prête à...
M. le Président, il faudrait quand même rappeler à
cette Assemblée que jamais l'Opposition n'a demandé
elle-même une commission parlementaire d'une façon formelle et
deuxièmement qu'aucun des groupes qui ont envoyé des
télégrammes n'a demandé une commission parlementaire. A
cet égard, ce serait intéressant de réviser chacun... Non,
personne n'a demandé de commission parlementaire. Certains ont
demandé de surseoir...
Une voix: ...surseoir...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Nous
sommes dans le temps de parole de Mme la ministre. Elle a ses cinq
minutes de réplique et je voudrais bien qu'on les respecte. Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, tout à l'heure
nous entendions le député de Taillon qui nous disait: Cela fait
un mois que le gouvernement essaie de nous vendre son projet de loi. Là
on nous dit: C'est adopté à la sauvette la nuit, le soir, le
jour. On nous fait siéger en commission parlementaire jusqu'à
minuit.
M. le Président, il faut quand même réaliser que
nous siégeons en commission parlementaire sur ce projet de loi depuis
avant-hier à partir de 18 heures et que cela fait maintenant quinze
heures au moins, sinon seize, que nous débattons ce projet de loi.
Pendant ces seize heures - et c'était leur droit - ils ont
décidé de faire de l'obstruction systématique et à
aucun moment ils n'ont indiqué qu'ils étaient prêts
à étudier article par article. Je suis fort aise de voir qu'ils
veulent étudier le projet de loi article par article. C'est avec
beaucoup de plaisir que nous étudierons les amendements comme l'ensemble
du projet de loi quand le temps sera venu et que nous aborderons l'étude
du projet de loi article par article.
M. le Président, ce projet de loi, je le répète,
n'est pas arrivé par surprise. J'imagine que le gouvernement y avait
pensé quand il a fait ses promesses en mai, il y a maintenant
près d'un an et demi, et quand il les a refaites au moment de la
campagne électorale. Dans le discours d'ouverture, nous avons
annoncé notre intention. J'ai à maintes occasions, devant des
représentations qui m'étaient faites relativement à la
question du partage des ressources entre les CSS et les CLSC qui étaient
gelées à cause d'une décision administrative qui avait
été prise par le gouvernement antérieur et à
laquelle M. Jean-Pierre Proulx du Devoir a fait allusion en disant que
cette mesure était un des éléments qui avaient
contribué à soulever tout ce problème et à faire se
demander à la communauté anglophone si, petit à petit, ses
institutions disparaîtraient. Je pense que les gens que j'ai
rencontrés à ce sujet étaient heureux que nous tentions,
au plan législatif entre autres, de prendre les mesures qui nous
permettraient éventuellement de corriger cette lacune.
M. le Président, je dois dire en terminant que je suis fort aise
que l'Opposition officielle, finalement, se décide, semble-t-il,à aborder ce projet de loi article par article dès que la
motion de sous-amendement et la motion principale auront été
mises aux voix.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
ministre.
Alors, sur le sous-amendement proposé par le
député...
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: La ministre me permet-elle une question? C'est ma
question en suspens depuis deux ou trois interventions.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, c'est le temps.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article 113,
oui.
M. Rochefort: C'est le temps? M. le Président, la ministre
nous dit -et elle nous l'a dit, je l'ai noté mot à mot -qu'on
avait laissé comme gouvernement le chaos - dans un chaos ou le chaos, je
ne sais pas comment elle avait dit cela - du transfert CSS-CLSC à
Montréal et que le projet de loi 142 réglerait le problème
créé par le chaos des transferts CSS-CLSC. Vous avez bien dit
cela?
Mme Lavoie-Roux: Dans l'essentiel, oui.
M. Rochefort: Comment le projet de loi 14? réglera-t-il ce
problème, selon la ministre?
Mme Lavoie-Roux: II faut bien réaliser... Et je pense que
là-dessus, si vous avez lu l'article de Jean-Pierre Proulx - je sais que
vous le lisez attentivement et avec raison, d'ailleurs - il a indiqué
hier comment le transfert des CSS vers les CLSC faisait qu'une institution qui
était traditionnellement reconnue comme une institution anglophone,
à tort ou à raison, mais en tout cas, dans les faits, craignant
de s'effriter, de finir par disparaître devant les appréhensions,
encore une fois, fondées ou non, avait opposé... Il ne le dit pas
dans son article...
M. Rochefort: Mais la loi, elle? On donne l'article de M. Proulx,
mais ce n'est pas M. Proulx qui légifère.
Mme Lavoie-Roux: Non, non...
M. Rochefort: Mais quel article de la toi permet de régler
le problème que vous évoquez?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'à ce moment-là le
CSS...
M. Rochefort: Quel article?
Mme Lavoie-Roux: ...Ville-Marie sera reconnu comme...
M. Rochefort: En vertu de quel article?? Mme Lavoie-Roux:
...qu'avec...
M. Blais: Quand on arrivera à l'article, on lui dira.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Qu'avec l'article 113 ou...
M. Rochefort: L'article 113?
Mme Lavoie-Roux: Pas l'article 113, c'est-à-dire l'article
9 qui se réfère à l'article 113f...
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...des institutions seront
désignées comme étant tenues de donner des services en
anglais. Parmi ces institutions, on peut présumer, puisqu'elles sont
choisies, entre autres, particulièrement à Montréal, parmi
la liste déjà désignée pour les fins de
communication interne dans une autre langue, que le CSS Ville-Marie... Je pense
que ceci sera probablement suffisant. On a des indications dans ce sens pour
permettre qu'éventuellement d'autres mesures administratives...
M. Rochefort: Est-ce qu'il jappe ou quoi?
Une voix: Oui, il jappe.
Mme Lavoie-Roux: ...puissent être prises.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que je dois
comprendre que le transfert des ressources du CSS Ville-Marie au CLSC du
territoire du CSS ne s'effectuera pas en conséquence?
Deuxièmement, est-il possible que la ministre donne le mandat au Centre
de services sociaux Ville-Marie de donner des services aux anglophones de toute
l'île de Montréal avec le projet de loi 142?
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que, lorsque
nous serons rendus à l'article, nous pourrons en examiner la
portée.
M. Blais: Cela veut dire oui.
Le Président (M. Bélanger): C'est une conclusion
hâtive, M. le député de Terrebonne. Mme la ministre a dit
qu'on le verrait en étudiant...
M. Blais: Je n'ai pas demandé de commentaires.
Le Président (M. Bélanger): ...l'article.
M. Blais: Je n'ai pas demandé de commentaires à
personne.
Le Président (M. Bélanger): Donc, sur l'amendement
proposé par le député de Verchères qui était
d'ajouter à la fin de la motion: le Conseil régional de la
santé et des services sociaux du Montréal métropolitain.
Est-ce que l'amendement est accepté ou rejeté?
M. Rochefort: Vote sur appel nominal. Une voix: Appel
nominal.
Le Président (M. Bélanger): Vote sur appel nominal.
Bien.
M. le député de Beauharnois?
Une voix: Un instant!
Le Président (M. Bélanger): On va attendre un
instant. On va probablement savoir si c'est le quorum ou...
M. Blais: Un, deux, trois, quatre, cinq, six... (17 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Alors, je continue
l'appel du vote.
Mme Trépanier: Contre. Je rejette...
Le Président (M. Bélanger): Contre. Mme Bleau
(Groulx)?
Mme Bleau: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. M. Joly
(Fabre)?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Laporte
(Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre,
Le Président (M. Bélanger): Mme Legault
(Deux-Montagnes)? Elle est absente. M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce)?
M. Scowen: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Sirros
(Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Président CM. Bélanger): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Gendron
(Abitibi-Ouest)? Il n'est pas là, excusez-moi.
M. Rochefort: II était pour, a-t-il dit, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): C'est une procuration?
M. Filion (Taillon)?
M. Rochefort: Non, j'ai sa clé pour voter.
M. Filion: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Blais
(Terrebonne)?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M. Rochefort
(Gouin)?
M. Rochefort: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Charbonneau
(Verchères)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour? Nous avons quatre
pour et huit contre. Donc, le sous-amendement est rejeté. Ce qui nous
amène à la motion principale qui se lit comme suit: "Que la
commission tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi... M. le
député de Gouin, sur une question de règlement.
M. Rochefort: M. te Président, puisqu'il s'agit de ma
motion, est-ce que je n'ai pas le droit de conclure?
Le Président (M. Bélanger): Pardon?
M. Rochefort: La motion principale, c'était ma motion.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: Est-ce que j'ai le droit de conclure?
Le Président (M. Bélanger): Je vais
vérifier. Je vais consulter deux minutes.
M. Rochefort: Consultez-vous.
Le Président (M. Bélanger): Nous suspendons la
séance un instant, juste pour vérifier...
(Suspension de la séance à 17 h 17)
(Reprise à 17 h 18)
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, je suis un peu embêté. Dans les
règlements, je ne trouve nulle part une disposition disant qu'il y
aurait un temps de parole pour conclure sur une motion.
M. Rochefort: M. le Président, si on le prenais autrement.
Si vous ne trouvez aucune disposition qui l'empêche et, d'autre part,
compte tenu... Un instant! M. le Président, est-ce que je peux terminer
ma question?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Continuez votre
intervention, M. le député, je vous écoute.
M. Rochefort: J'espère que vous n'aurez pas une telle
approche pour donner des services aux gens. Ce ne sera pas drôle.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député, je présume que vous vous adressez toujours
à moi.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Rochefort: Compte tenu du fait que vous ne trouvez aucun
article qui m'enlève ce droit et que, en contrepartie, il y a un
article, dans notre règlement, qui dit que les règles de
l'Assemblée nationale, de la Chambre, s'appliquent mutatis mutandis en
commission parlementaire, est-ce que, de ce fait, je n'ai pas un droit de
conclure?
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaîtî Un instant! Bon, alors, je vous écoute si cela peut
nous aider.
M. Sirros: Je vous réfère à l'article 209
qui dit clairement que tout député a le droit de parler une seule
fois sur une motion. Je pense qu'il est clair que le député de
Gouin n'a pas le droit de répliquer. Il va falloir qu'il attende soit
à une motion du mercredi ou qu'il redevienne ministre...
Le Président (M. Bélanger): À l'article 209,
c'est écrit: "Sauf dispositions contraires, un député peut
s'exprimer une seule fois sur une même question. Son temps de parole est
de dix minutes pour une motion de forme et de vingt minutes pour toute autre
affaire. "Cependant, l'auteur d'une motion, le premier ministre et les autres
chefs de groupes parlementaires, ou leurs représentants, ont un temps de
parole d'une heure pour les motions de fond et de trente minutes pour les
motions de forme."
Ce n'est pas prévu. Il y a une façon de régler
cela. Je pense que la commission est souveraine et maîtresse de ses
travaux. S'il y a consentement unanime, je serai prêt à vous
entendre. Je demande s'il y a... Vous ne souhaitez pas que l'on demande le
consentement unanime? Bien.
M. Rochefort: Je ne veux pas indisposer le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, je
procède donc à la lecture de la motion. Elle se lit comme suit:
"Motion pour tenir des consultations particulières. Que la commission
tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet
de loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les services de santé et
les services sociaux, des consultations particulières quant à
tous les articles dudit projet et qu'à cette fin elle entende
l'Association des hôpitaux du Québec." C'est bien cela?
Est-ce que la motion est acceptée ou rejetée?
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, c'est une question de règlement? Le
vote est appelé.
M. Sirros: Sur la motion principale? Le Président (M.
Bélanger): Oui.
M. Sirros: Je vous avais indiqué, M. le Président,
que j'avais l'intention de parler sur la motion principale.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, je vais
vérifier. Oui, vous avez encore du temps pour parler sur la motion
principale. Avant que l'on procède au vote, je...
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Est-ce que la règle de l'alternance ne
s'applique pas sur la motion principale? Est-ce, qu'à ce
moment-là, ce n'est pas à un député de ce
côté-ci de s'exprimer sur la motion principale? Je pense en
particulier au député de Verchères qui n'est pas intervenu
sur cette question.
M. Sirros: Je serais d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon, à l'époque, je dois dire parce
que cela date de plusieurs heures, le dernier qui était intervenu sur
cette motion d'amendement était le député de Gouin.
M. Filion: Excellent.
Le Président (M. Bélanger): Or donc...
M. Filion: La règle de l'alternance.
Le Président (M. Bélanger): ...en vertu de la
règle de l'alternance, nous cédons la parole au
député de Laurier.
M. le député de Laurier.
Reprise du débat sur la motion
principale
M. Christos Sirros
M. Sirros: Moi? Justement. M. le Président, je constate
que le député de Verchères est revenu et j'aimerais
reprendre un peu ce que j'avais dit à son égard tout à
l'heure à la suite de son intervention et je l'ai remercié. Je
l'ai remercié, M. le Président, parce que j'ai constaté
que le député de Verchères, malgré toute la tirade
dans laquelle il a entouré tout ce qu'il a dit, a dit néanmoins
qu'il a finalement compris que le projet de loi ne favorisait en soi d'aucune
façon l'anglicisation des communautés culturelles. Je pense que
c'était à peu près le mot à mot de ce qu'il a dit.
Je suis très content de l'entendre le dire publiquement, "on the record"
comme diraient d'autres collègues, parce que c'est exactement ce que
j'ai prétendu dès le début, M. le Président, que ce
projet de loi ne favorise en rien I'anglicisation des communautés
culturelles...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
il y a beaucoup de bruit dans la salle. S'il vous plaît! M. le
député de Laurier.
M. Sirros: ...que ce projet de loi n'enlève rien aux
communautés culturelles pour le donner ailleurs.
J'avais commencé, en écoutant le député de
Verchères dire cela, à avoir l'espoir que, finalement,
l'Opposition se rallierait au projet de loi, commencerait à voir le bon
sens du projet de loi et commencerait à voir ces appréhensions
face à cette anglicisation des communautés culturelles qui
avaient été développées d'ailleurs par plusieurs
membres de l'Opposition en Chambre, même en commission parlementaire,
comme un des arguments principaux qui les empêcherait de voter pour ce
projet de loi...
J'étais quand même assez surpris, agréablement, je
dois vous le dire, M. le Président, d'entendre le député
de Verchères reconnaître ce que nous n'avons pas cessé de
répéter dès le départ et ce, malgré toutes
les affirmations contraires que faisaient plusieurs de ses collègues. Je
pense que même lui, lors de son intervention en Chambre, il avait fait
l'affirmation que le projet de loi était un autre élément
qui contribuait à I'anglicisation des communautés culturelles.
C'est quand même assez étonnant, agréable pour ma part, de
l'entendre réviser sa position comme cela de
façon aussi claire, aussi limpide en disant très
clairement qu'il reconnaissait que le projet de loi 142 était un des
éléments qui ne ferait absolument rien quant à
l'anglicisation des communautés culturelles.
Étant donné que c'était un des arguments majeurs
que l'Opposition avait développé au départ lors de la
discussion sur l'adoption du principe de ce projet de loi, il me fait plaisir
de voir qu'ils s'enlèvent à eux-mêmes un argument
d'opposition et il reste l'espoir que l'Opposition pourra se rallier au projet
de loi.
Il y a une autre chose assez intéressante et étonnante qui
s'est passée durant la commission parlementaire, M. le Président,
et c'est venu de la bouche du député de Terrebonne qui a aussi
compris le sens, la direction et la description du projet de loi et a
enlevé un autre argument à ses collègues en disant que ce
qu'il voulait voir au Québec, dans le réseau de la santé
et des services sociaux, c'était un réseau à base
francophone, un réseau qui permettrait par la suite de désigner
des établissements qui pourraient dispenser des services en anglais et
un réseau qui permettrait également la dispensation de services
là où cela était possible dans d'autres langues.
M. le Président, nous entamerons prochainement, j'espère,
l'étude article par article de ce projet de loi et le
député de Terrebonne ainsi que vous et tous les autres membres de
la commission pourront constater que c'est exactement, mais exactement ce que
fait le projet de loi 142. Dois-je vous rappeler, M. le Président, que
le réseau de la santé et des services sociaux est effectivement
francophone à la base dans le sens que toutes les institutions, qu'elles
soient identifiées comme francophones ou anglophones dans l'esprit des
gens, sont tenues de dispenser des services en français à
l'ensemble de la population du Québec. Je ne peux que conclure par cela,
M. le Président, qu'il s'agit d'un réseau à base
francophone.
Le projet de loi 142, dans deux de ses articles, l'un parle des
programmes d'accessibilité et l'autre parle de désignation parmi
les établissements déjà désignés par
l'article 113f de la loi 101, permettra de faire exactement ce que le
député de Terrebonne souhaite, c'est-à-dire
désigner des établissements qui dispenseront des services en
anglais. Dans certains cas, ce serait l'ensemble de leurs services et, dans
d'autres cas, ce seraient certains de leurs services. Mais c'est exactement ce
que le député de Terrebonne voulait voir dans le réseau de
la santé et des services sociaux: un réseau à base
francophone et un réseau qui désignerait des
établissements afin de dispenser des services en anglais. Il ajoutait un
autre élément au projet de loi 142, il souhaitait voir un
réseau de la santé et des services sociaux qui permettrait la
dispensation des services en d'autres langues pour d'autres communautés
culturelles, M. le Président.
Dois-je encore une fois vous faire remarquer que c'est la
première fois qu'est introduite dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux cette même notion qu'on a de tenir
compte des caractéristiques socioculturelles et linguistiques sans
spécifier quelle langue ou quelle culture on parle, ce qui permet de
tenir compte des particularités régionales. Par exemple, si la
députée de Groulx était intéressée à
un groupe de Portugais, dans son comté, qui ont besoin de certains
services, dans l'organisation des services, on pourrait tenir compte des
particularités socioculturelles et linguistiques de cette
clientèle, ce qui permettrait d'adapter ou d'offrir des services en
portugais, en créole, en grec, en italien ou en vietnamien, là
où c'est possible, selon les particularités.
Je vous fais constater, M. le Président - et, par votre
entremise, au député de Terrebonne aussi - que le projet de loi
rencontre, dans tous ses points, un par un, tes souhaits exprimés par le
député de Terrebonne quant à l'orqanisation du
système de santé et de services sociaux au Québec, et ce
faisant, je me demande pourquoi on a dû assister, durant tous ces jours
et toutes ces heures, à toutes ces tirades contre un projet de loi qui
était évidemment mal compris par l'Opposition. Si, après
trois jours, les membres du côté ministériel ont pu, d'une
part, faire comprendre au député de Verchères que ce
projet de loi ne contribuait d'aucune façon à l'anglicisation des
communautés culturelles, chose qu'il a affirmée, et je suis
très heureux qu'il l'ait affirmée ici, parce qu'il ne pourra pas
dire qu'il ne l'a pas dit puisque ce sera inscrit dans le Journal des
débats et si, de l'autre côté, le député de
Terrebonne trouve dans le projet de loi 142 le reflet de ses désirs, M.
le Président, il me semble qu'il y a, pour le moins, une certaine
incohérence jusqu'à maintenant dans ce que l'Opposition nous a
fait subir, je dirais, pendant ces heures de commission parlementaire, pendant
les discours, enflammés parfois, passionnés d'autres fois et
intéressants parfois lors de l'adoption du principe - et amusants
parfois, je dois l'admettre - durant le discours d'adoption en deuxième
lecture, M. le Président. Si, après tout cela, l'Opposition
démolit, je ne dirai pas démolit ses propres arguments, mais
arrive à comprendre que ses arguments étaient avancés sans
fondement, il me semble que la chose honorable et respectable, la chose que
toute personne ferait en reconnaissant son erreur, jusqu'à un certain
moment, serait de le reconnaître publiquement et de se raviser, car la
seule erreur, comme le disait quelqu'un récemment, c'est de ne pas
reconnaître ses
erreurs.
Vous avez entendu le député de Notre-Dame-de-Grâce,
en particulier souligner aux membres de l'Opposition qu'il estimait - je dois
dire que je partage cette opinion - que l'Opposition commettait une grave
erreur en s'opposant d'une telle façon...
Le Président (M. Bélanger): Une minute, M. le
député. (17 h 30)
M. Sirros: ...è l'adoption de ce projet de loi, M. le
Président, parce qu'elle manquait le bateau. Loin de moi de souhaiter
qu'elle arrive à embarquer sur le bateau, mais quand même, je
pense que, pour le bénéfice du développement harmonieux
des relations interculturelles et interethniques dans cette
société et dans le Québec, il serait dommage qu'elle
manque le bateau en ne faisant pas une démonstration claire tant
à la communauté anglophone qu'aux communautés culturelles,
qui comprennent leurs besoins particuliers, qui sont prêtes à
collaborer de façon responsable et sérieuse à la recherche
de solutions qui permettraient effectivement de s'éloigner autant que
possible des discours enflammés et qui opposent une communauté
à une autre, qu'ils se ravisent comme ils doivent le faire à la
suite des interventions du député de Verchères, du
député de Terrebonne - et on en trouvera d'autres, j'en suis
certain, pendant les discours qui ont été faits - qu'ils se
ravisent et qu'ils acceptent de voter pour ce projet de loi, M. le
Président. Merci.
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, en vertu de l'article 213?
M. Blais: Question très courte en vertu de l'article 213
au député de Laurier. Vous me dites que je suis d'accord, mais je
ne suis pas d'accord avec ce projet de loi de la façon qu'il est
rédigé. Ne croyez-vous pas que ce projet de loi place dans un
état d'infériorité les allophones ne parlant ni
français ni anglais? Est-ce que les francophones ne serviront pas
juridiquement de cible s'ils ne donnent pas des services en anglais?
Troisièmement, ouvre-t-il la porte à un service parallèle
ou non? Je crois que oui. C'est pour cela que je ne suis pas d'accord avec le
projet de loi tel que rédigé.
M. Sirros: II y avait trois éléments? M. Blais:
Trois éléments.
M. Sirros: Le premier étant, je m'excuse.
M. Blais: Ce projet de loi fait des allophones des
minorités inférieures. Deuxièmement, les francophones qui
ne donneraient pas des services dans n'importe quelle municipalité
pourraient être poursuivis, parce qu'ils ne donneraient pas des services
en langue anglaise. Troisièmement, ce projet de loi, par sa mauvaise
rédaction, ouvre la porte à un service anglophone complet
parallèle.
M. Sirros: M. le Président, quant au premier aspect,
est-ce que ce projet de loi ne consacre...
Le Président (M. Bélanger): Brièvement, M.
le député.
M. Sirros: Brièvement, M. le Président. Non, je ne
pense pas qu'il y ait une communauté culturelle au Québec qui se
sentirait comme une minorité inférieure, parce qu'on ne
connaît pas explicitement dans un projet de loi au Québec, le
droit à des services de santé et des services sociaux dans sa
propre langue, étant donné que toute personne issue des
communautés culturelles arrivées en grande nombre, surtout
après la deuxième guerre mondiale, reconnaît qu'il y a
effectivement des droits historiques qui appartiennent à la
communauté anglophone comme il y a des droits historiques qui
appartiennent è la communauté francophone dans les autres
provinces. Il n'y a vraiment rien là, M. le Président, du
côté des communautés culturelles.
Quant aux poursuites, M. le Président, je ferai remarquer au
député de Terebonne qu'actuellement, sans ce projet de loi, la
Loi sur les services de santé et les services sociaux donne le droit
à des personnes de poursuivre, qu'elles soient francophones ou
anglophones ou quoi que ce soit, quand elles estiment qu'elles n'ont pas les
services adéquats humains, etc., et qu'il y a dans la loi actuelle un
paragraphe, un alinéa qui dit que les services doivent être
dispensés compte tenu de l'organisation et des ressources disponibles
dans les établissements et qu'il y a une jurisprudence constante,
à savoir que ce n'est pas parce que quelqu'un estime qu'il n'a pas les
services qu'il pense devoir avoir, mais que le contenu permet d'aménager
les ressources d'une certaine façon.
Je fais remarquer que le même contenu existe dans le projet de loi
comme tel et qu'en plus, selon les amendements qu'on a déposés,
le droit est encore circonscrit à l'intérieur d'un plan
d'accessibilité, de telle façon que nous sommes certains qu'il
n'y a pas de danger quant aux poursuites et que toute l'argumentation quant aux
imbroglios juridiques qui pourraient en résulter n'a aucune connexion
réelle, M. le Président, avec des craintes réelles.
Quant à l'existence d'un réseau
parallèle, il faudrait que l'on clarifie de l'autre
côté ce qu'on entend par réseau parallèle, parce que
si le député de Terrebonne souhaite un réseau à
base francophone avec des établissements désignés pour
desservir la communauté en anglais et dans d'autres langues, dans
d'autres instances, c'est exactement ce qui existe. Par exemple, il n'y a pas
une seule structure additionnelle ajoutée. Il n'y a aucune nouvelle
institution créée. La désignation des
établissements se fera parmi les établissements qui font
déjà partie du réseau existant. Alors, s'il n'y a pas
maintenant un réseau parallèle qui dit: Ici, ce sont seulement
les Anglais et là, ce sont seulement les Français, il n'y a pas
là non plus de crainte...
Le Président (M. Bélanger): Conclusion, s'il vous
plaît!
M. Sirros: M. le Président, là non plus il n'y a
pas de crainte. Il n'y aura pas de réseau parallèle, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Nous
mettons donc la motion pour tenir des... M. le député de
Fabre.
M. Joly: J'ai un droit de parole en vertu des règlements.
Je n'ai pas eu la chance d'intervenir.
Le Président (M. Bélanger): Non, M. le
député. Vous avez épuisé votre droit de parole...
Un instant!
M. Joly: Je m'excuse.
Le Président (M. Bélanger): Un instant! Un
instant!
M. Joly: J'aimerais qu'on vérifie.
Le Président (M. Bélanger): Effectivement, on avait
pris une autre colonne. On s'excuse. C'est notre erreur.
M. Joly: Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez effectivement
le droit de parole. M. le député de Fabre.
M. Jean A. Joly
M. Joly: Merci, M, le Président. Seize heures
déjà ou à peu près qu'on est assis autour d'une
table à essayer de se convaincre mutuellement du bien-fondé de
chacun de nos arguments. Après seize heures, je serais quasiment
tenté de me poser une question. Est-ce que j'ai vécu un
rêve ou une mise en scène bien orchestrée? Je serais
tenté d'y répondre moi-même, M. le Président, et de
dire que c'était une mise en scène bien orchestrée.
D'ailleurs, dans sa déclaration, le député de
Verchères n'a pas appelé cela une mise en scène, mais une
bataille rangée.
De cet aveu, je dois conclure une chose. Je dois conclure que,
même en apparence, on n'a pas réussi à convaincre, tant les
députés de Verchères, de Gouin, de Terrebonne, de
Laviolette et de Taillon qui, très souvent, ont pris la parole et,
à leur façon, ont essayé de nous démontrer, soit
des craintes, soit des appréhensions. Parfois, cela avait l'air
tellement sincère qu'on aurait pu imaginer que c'était des
certitudes avec des preuves à l'appui. Mais encore là, il n'y
avait pas de preuves à l'appui. À un certain moment, on a
même essayé de défaire ce qui avait été dit
tant par l'ancien premier ministre de l'époque, M. Johnson, que par
l'ancien ministre des Affaires sociales, M. Chevrette. On a essayé de
nous convaincre que ce qui avait été écrit dans les
journaux, ce n'était pas ce qui avait été vraiment dit, ou
si cela avait été dit, ce n'est pas ce qui avait
été pensé.
Donc, on a essayé de défaire, M. le Président, ce
qui avait été publiquement annoncé, autant en
français qu'en anglais, pour nous amener à écouter pendant
seize heures des gens qui n'étaient pas plus convaincus que vous, que
moi, que quiconque dans la population, qui n'avaient souvent aucune notion du
dossier.
On a tour à tour essayé de faire refléter que cela
devenait un réseau parallèle pendant que nous, de notre
côté, avons clairement dit et clairement expliqué que le
fait de regrouper des ressources, que le fait de redistribuer des services
n'était pas nécessairement de donner à la clientèle
anglophone un réseau parallèle mais plutôt d'analyser les
vrais besoins et de faire en sorte de mieux les répartir. C'est cela, M.
le Président, qui a ressorti le plus souvent. Éliminez
l'idée d'un réseau parallèle, parce que
définitivement, ce n'est pas fondé.
De l'autre côté, on a dit: On va essayer de vous
éclairer. Si on n'a pas réussi à nous éclairer, M.
le Président - remarquez bien que je ne leur demandais pas de jouer le
rôle du Saint-Esprit même si, dans leurs têtes, ils
semblaient détenir la vérité absolue est-ce parce que la
lumière qu'ils diffusaient n'était pas assez intense? Je ne veux
pas dire qu'il manquait des watts de l'autre côté, M. le
Président. Ce n'est pas cela du tout. Est-ce que les arguments qu'ils
nous ont servis qui, en dernier, commençaient à coller au fond
parce que c'était vraiment des arguments réchauffés,
étaient vraiment des arguments sincères, des arguments qui
n'étaient pas strictement avancés, mis de l'avant pour
brûler du temps? C'est la question que je me pose, M. le
Président.
Ce que je trouve malheureux dans tout cela, c'est qu'on ait pris seize
heures qu'on aurait pu, de façon très constructive, mettre
à la disposition de nos concitoyens, dépenser chacun dans nos
comtés a régler les problèmes du terrain, les vrais
problèmes. Tout ce qu'on a fait, on a brûlé !e temps de
parlementaires qui étaient beaucoup plus disposés à
travailler qu'à s'asseoir et écouter. C'est sûr
qu'occasionnellement, comme le soulignait mon confrère, mon
collègue de Laurier, c'était agréable. C'était
agréable, parce qu'on a fait des tours de province, des tours de
carriole, pour ne pas dire qu'on s'est fait charrier, mais quand je dis des
tours de carriole, c'est un petit peu ô cela que je fais allusion, M. le
Président. Tout cela mis ensemble fait qu'à un moment
donné j'ai mis en doute un peu la valeur de mon rôle ici et
j'espère que l'Opposition qui a été élue, tout
comme nous, va prendre un pas de recul, pas trop loin en arrière, pour
pouvoir mieux évaluer son rôle et faire en sorte qu'en cours de
route, si on a à travailler ensemble à des lois pour
améliorer le bien-être de la collectivité, hé bien!
qu'eux, à ce moment, redéfiniront leurs objectifs et nous
serviront d'une autre façon ce qu'est une implication des deux
côtés et un travail d'équipe!
Ce n'est pas parce que ces gens sont considérés comme de
l'Opposition qu'ils ne doivent pas être considérés comme
faisant partie de l'équipe. D'ailleurs, ils auraient voulu nous
convaincre, ils auraient voulu faire en sorte qu'on se rallie à eux,
mais, dans le fond, ils savaient très bien que les arguments qu'ils nous
apportaient, on savait à l'avance qu'ils étaient pour nous les
apporter, on savait qu'ils n'étaient pas sincères.
Moi, je me pose une question. On dit toujours que, pour commander le
respect, il faut se respecter. J'espère une chose, c'est qu'en cours de
route ces gens vont analyser de nouveau la situation dans laquelle ils se sont
mis et avec nous voteront pour le projet de loi qui est mis de l'avant
strictement pour améliorer la santé et le mieux-être de
toute cette communauté.
Alors, messieurs de l'Opposition, une belle occasion vous est fournie,
on peut quasiment dire que c'est une opportunité qui vous est
présentée actuellement sur un plateau d'argent. Vous êtes
des fiers batailleurs, si on peut dire, mais il ne faut pas toujours s'imaginer
que les gens sont dupes à écouter pour écouter. Messieurs,
je vous rallie à la majorité ministérielle pour faire en
sorte que les gens respectent encore la crédibilité qui peut vous
rester. Merci.
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, sur une question de règlement.
M. Blais: M. le Président, on a dit de l'autre
côté qu'on a fait perdre du temps, alors, qu'on ne parle plus et
qu'on arrive à l'article 1, s'il vous plaît!
Une voix: Vous pouvez nous écouter 20 minutes, on vous a
écoutés pendant...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur cette motion? Mme la députée de
Dorion.
M. Violette Trépanier
Mme Trépanier: Merci, M. le Président. Je voudrais,
moi aussi, exercer mon droit de parole. Alors, s'il y a un projet de loi sur
lequel je croyais qu'il n'y aurait pas trop d'opposition et d'obstruction,
c'est bien le projet de loi 142, parce que c'est un projet humanitaire et on
travaille tous pour le mieux-être des Québécois, et de tous
tes Québécois en général.
On est porté à croire, chez l'Opposition, quand on entend
le mot "anglais", que c'est comme un affaiblissement assuré de la loi
101. Vous savez, moi, je représente un comté à 80 %
francophone, mais il y a aussi, les 20 % qui englobent certains anglophones,
des alllophones, des Italiens, des Portugais, des Espagnols, et je veux que
cette partie de la population soit assurée de son droit strict d'avoir
les services sociaux dans sa langue et d'être hospitalisée,
d'avoir des soins de santé, dans sa langue.
On parle de danger d'angliciser des communautés culturelles. Ce
n'est pas cela. On veut répondre à leurs besoins dans leur
langue. Il n'est pas vrai que c'est dans les soins de santé et dans les
services sociaux qu'on va angliciser. Cela se fait par la langue de travail et
l'éducation. C'est seulement d'être humain, d'être capable
d'obtenir ces services dans notre langue. On dit que ce serait un service
parallèle, cela est aussi faux. Ce que l'on veut faire, c'est une
réorganisation de ressources. Jamais on n'a dit qu'on établirait
de nouvelles structures, jamais! (17 h 45)
Le Parti Québécois était d'accord dans son
programme de 1982 et dans sa nouvelle version de 1985. Le chef de l'Opposition
s'est prononcé en faveur aussi avant l'élection. C'est
évident que c'était une belle question que la question
linguistique? Et comment ne pas résister à l'envie de tout
ramener à une question linguistique? Le projet de loi 142 n'est pas une
question linguistique. Moi, je vous dis: Remplissons donc nos engagements pris
envers la population du Québec. Le projet de loi 142 doit être
adopté pour ces questions humanitaires. Cela n'a rien à voir avec
une
question de langue.
Vous savez, c'est une francophone qui vous parle, bien contente
d'être francophone et très attachée à la très
grande majorité des articles de la loi 101. J'ai vécu dans ma
famille, bien souvent, des problèmes à ce sujet parce je suis
malheureusement dans une famille où il y a beaucoup de malades et de
handicapés, où des gens ont été obligés,
avant l'adoption de la loi 101, d'aller dans un hôpital anglophone et ils
ont eu des problèmes à se faire soigner. Je suis autant contre
cela... Et c'est pour cela que je veux absolument qu'on règle ce
problème, surtout dans certaines régions plus
éloignées où il y a vraiment des lacunes.
Je demande à l'Opposition d'être conciliante, de revenir
à la raison et de faire en sorte qu'on adopte ce projet de loi 142 dans
un climat serein, et ce, pour le bien de toute la population du
Québec.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
intervenants? M. le député de Taschereau.
M. Blais: On passe à l'article 1, s'il vous plaît,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vais
reconnaître le droit de parole au député de Taschereau.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Taschereau, M. le
Président, n'a vraiment pas abusé de son droit de parole.
M. Blais: Je tiens à le dire, mais, comme vous parlez
toujours de l'urgence de l'adopter, nous avons hâte que vous passiez
à l'article 1, M. le Président.
M. Scowen: Après 20 heures d'obstruction, je pense qu'on a
le droit de dire un ou deux petits mots.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
La parole...
Mme Lavoie-Roux: On a le droit de prendre une demi-heure pour mes
collègues.
Le Président (M. Bélanger): La parole appartient au
député de Taschereau. M. le député de Taillon, sur
une question de règlement.
M. Filion: M. le Président, je comprends très bien
qu'actuellement, du côté de la majorité
ministérielle, on essaie de gagner du temps. On utilise les amendements
qu'on a refusé de nous laisser déposer. Je comprends très
bien que c'est ce que l'on fait actuellement, et on les comprend.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Jean Leclerc
M, Leclerc: M. le Président, je suis heureux a ce
moment-ci de sentir un certain dénouement. Je suis heureux de voir
qu'enfin nous allons passer l'étape des remarques préliminaires,
des motions, des amendements, des sous-amendements. C'est une étape que
nous avons subie, en quelque sorte, de ce côté-ci de la table.
Nous avons tenté de la subir de la façon la plus sereine
possible. Cela n'a pas toujours été facile. Et je rends hommage
à mes collègues de ce côté-ci, notamment au
député de Notre-Dame-de-Grâce qui est un anglophone, au
député de Laurier qui est un allophone, parce que ces gens ont
dû subir, ont dû entendre, ont dû endurer des remarques pas
toujours gentilles et pas toujours élégantes de la part de
l'Opposition.
Je dois leur rendre hommage pour leur grande patience et pour le grand
sérieux qu'ils ont mis à répondre aux objections de
l'Opposition, grand sérieux qu'ils ont mis aussi à
développer, à essayer d'expliquer l'attitude et l'objet du
gouvernement dans le dépôt du projet de loi 142. De notre
côté aussi, les francophones du parti, nous avons tenté
d'expliquer pourquoi. Tous les députés parlent français
mais évidemment un certain nombre sont davantage identifiés. Nous
avons tenté d'expliquer à l'Opposition comment ce projet de loi
ne niait en rien les droits des francophones, ne touchait en rien au
réseau tel qu'on le connaît actuellement, qui n'est pas un
réseau parallèle. Nous ne voulons pas de réseau
parallèle. Il n'est pas question que nous formions d'une façon
directe ou indirecte un autre réseau dans le réseau des affaires
sociales comme on peut le connaître pour des raisons historiques que tout
le monde conçoit et concède dans le réseau de
l'éducation.
Je suis donc heureux de voir poindre à l'horizon un certain
déblocage que j'espère salutaire et qui j'espère va nous
permettre d'en arriver à l'adoption de ce projet de loi dans les
meilleurs délais, pour que la commission qui nous occupe puisse passer
à d'autres sujets. Nous savons que nous avons d'autres sujets à
aborder avant la fin de la présente session.
Par conséquent, je salue bien bas le fait que l'Opposition
veuille maintenant passer à l'étude article par article, je salue
bien bas le fait qu'enfin ce débat un peu vain, il faut le dire, sur des
motions d'amendement et de sous-amendement pour recevoir toutes sortes de
groupes de la société, ce débat qui, tout le monde le
conçoit et en commençant par les journalistes n'avait lieu
simplement que pour étirer les travaux de notre commission,
n'avait lieu simplement que pour retarder l'étude article par
article de ce projet de loi...
Donc, enfin, dès 20 heures, je l'espère, nous passerons
à cette étude article par article qui devrait nous permettre
enfin avec l'Opposition... Excusez-moi, M. le Président, est-ce que j'ai
encore la parole?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!,
Oui, oui. M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci. Cette étude article par article qui
devrait nous permettre de nous confronter avec l'Opposition qui devrait...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Question de règlement. On respecte le temps de parole du
député de Taschereau, s'il vous plaît! Je vous prie de
procéder dans l'ordre. M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: Comme je le disais, cette étude article par
article permettra è l'Opposition de bonifier le projet de loi, si elle
entend le faire et j'ai cru comprendre qu'elle entendait le faire, en
déposant des amendements, en nous expliquant de quelle façon
concrètement sur le terrain elle voit que notre projet de loi pourrait
être bonifié. Nous attendons de cet échange, qui s'annonce
pour ce soir, qu'il soit fructueux et positif surtout et que finalement nous
nous occupions de l'essence même de la loi, que nous nous occupions des
articles mêmes de la loi qui garantira aux anglophones du Québec
des droits de recevoir des services de santé et des services sociaux
dans leur langue. Ce qui est, c'est admis de tout le monde, normal et sain dans
notre société et ce qui dans les faits se voit au jour le
jour.
Je salue donc cette bonne foi de l'Opposition. J'anticipe avec beaucoup
de joie que nous ayons finalement un débat plus sain. Après 20
heures de patience, ce n'est pas une récompense, mais enfin c'est un
dénouement normal après une telle patience des collègues
de ce côté-ci, de Mme la ministre, qui en plus d'avoir à
participer à nos débats, en plus d'avoir à répondre
à l'Opposition, doit continuer les lourdes charges de son
ministère. À elle aussi je voudrais rendre hommage pour sa grande
patience, malgré le fait qu'elle ait, tout en légiférant,
à garder l'oeil sur l'énorme réseau, on le sait, de
santé et de services sociaux de toute la province.
Bref, M. le Président... Peut-on me dire combien il me reste de
minutes, s'il vous plaît!
Le Président (M. Bélanger): II vous reste quatre
minutes.
M. Leclerc: Quatre minutes. Comme je ne veux pas abuser de mon
temps de parole en cette commission, vous me permettrez de conclure en disant
qu'enfin, nous allons passer à cette étude article par article,
enfin nous allons collaborer - j'espère que l'Opposition va collaborer
avec nous - afin de faire en sorte que nous présentions à la
population un projet de loi qui sera le meilleur possible et dans
l'intérêt de tous, dans l'intérêt des francophones,
bien sûr, dans l'intérêt des anglophones qui sont
visés par le présent projet de loi, dans l'intérêt
de toute la population, dis-je, pour que le climat serein au niveau de la
santé et des services sociaux que nous avons connu depuis plusieurs
années puisse continuer et que les gens puissent, où qu'ils
soient au Québec, quels que soient leurs problèmes de
santé ou problèmes sociaux, qu'être reçus,
soignés le mieux possible par notre réseau, notre réseau
que tout le monde qualifie comme un des meilleurs au monde, comme un
réseau de santé et des services sociaux qui fait l'envie de
beaucoup de pays industrialisés. Par conséquent, le projet de loi
142 que nous étudions et que nous étudierons ce soir article par
article va venir encore conférer è notre réseau de
santé et de services sociaux cette longueur d'avance qu'il a et qu'il
doit continuer d'avoir sur les réseaux ou les systèmes d'autres
pays que plusieurs citoyens qui nous visitent à l'occasion envient
énormément.
Je pense qu'il ne me reste qu'une minute et demie, comme il m'est bien
signifié par le député de Terrebonne qui a tous les
instruments pour le faire...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Leclerc: Enfin, M. le Président, nous passons aux
choses sérieuses et je me ferai un devoir ce soir d'être
présent aux délibérations. J'espère que nos cinq
collègues du côté de l'Opposition seront là avec
nous pour discuter du fond des amendements qu'ils apportent. J'espère
que nos collègues... C'est toujours la bonhomie du député
de Terrebonne qui nous égaie... J'espère que cela se fera dans un
climat serein et je vous assure, pour ma part, M. le Président, de toute
ma collaboration comme j'assure è l'avance l'Opposition de toute ma
collaboration et de tout mon sérieux pour étudier les amendements
qu'ils nous apportent et dont je prendrai connaissance dans les
meilleurs...
M. Rochefort: Une question de règlement, M. le
Président, sur la pertinence du débat puisque...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît... On écoute le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, puisque
la majorité ministérielle a refusé que je
dépose les amendements, je pense que le député ne peut
aborder les amendements. Par contre, M. le Président, pour conclure sur
ma question de règlement, puisqu'ils ne veulent pas aborder l'article 1
avant l'heure du souper, on consent à mettre fin à nos travaux
avant 18 heures. Cela va être plus simple, M. le Président.
Une voix: Non.
M. Sirros: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Une question de
règlement... S'il vous plaît! M. le député de
Laurier, s'il vous plaît, c'est une question de règlement.
M. Sirros: M. le Président, il n'y a personne qui a
refusé quoi que ce soit à l'Opposition ici et je pense que c'est
l'exercice normal des députés de s'exprimer et de prendre leur
temps de parole...
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas une
question de règlement, M. le député de Laurier, je
m'excuse.
M. Sirros: Je tenais à le préciser, M. le
Président. Je pense que vous pouvez entendre la fin de...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Deux-Montagnes.
M. Leclerc: Est-ce que mon temps de parole est
terminé?
M. Sirros: II n'a pas fini, on l'a interrompu.
Le Président (M. Bélanger): C'est vrai,
excusez.
M. Blais: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne sur une question de règlement.
M. Blais: C'est-à-dire une question de directive.
J'aimerais vous demander en vertu de quel règlement nous pourrions
déposer des amendements avant 18 heures, les amendements de
l'Opposition?
Mme Lavoie-Roux: Notre droit de parole n'est pas
épuisé, je regrette.
Le Président (M. Bélanger): Nous avons simplement
suivi la procédure normale, M. le député de Terrebonnne et
celle-ci doit suivre son cours.
M. Blais: En vertu de quel règlement peut-on les
déposer avant 18 heures? C'est ce que je vous demande, c'est une
question.
Mme Lavoie-Roux: Quand vous aurez le droit de parole.
M. Blais: C'est une question de directive. Ce n'est pas mon droit
de parole, c'est une directive.
Le Président (M. Bélanger): La façon...
À moins d'un consentement unanime...
Mme Lavoie-Roux: Quand on aura disposé de la motion...
M. Rochefort: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
messieurs! La question du député de Terrebonne...
Une voix: ...
Le Président (M. Bélanger): Non, elle n'est pas
prise en délibéré. Lorsque nous procéderons
à l'étude article par article, nous pourrons, à ce
moment-là, déposer les amendements...
M. Rochefort: À moins d'un consentement, comme vous l'avez
dit...
Le Président (M. Bélanger): ...à moins d'un
consentement qui a été refusé
précédemment.
M. Rochefort: ...qui nous a été refusé par
la majorité ministérielle. Il est 18 heures et trente secondes,
M. le Président.
Une voix: Non, il est 17 h 58.
Le Président (M. Bélanger): II est exactement 18
heures. Nous suspendons les travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous pouvons commencer nos travaux. S'il vous plaît! M. le
député de Laurier, si chacun veut bien regagner sa place pour que
l'on puisse commencer nos travaux.
Mme Lavoie-Roux: Fermez les portes aussi...
Le Président (M. Bélanger): On n'arrivera pas plus
vite à minuit, mais ce
sera plus le "fun".
Une voix: Plus amusant.
Le Président (M. Bélanger): Vous l'avez, oui, plus
amusant.
M. Rochefort: Surtout dans le débat qui nous occupe.
Le Président (M. Bélanger): Heureusement que ce
n'est pas un débat linguistique.
Alors, la commission des affaires sociales reprend ses travaux.
M. Rochefort: Faut-il comprendre que vous avez changé de
façon d'agir et que vous avez décidé de participer au
débat?
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales se réunit afin de continuer ses travaux sur la loi
142, le projet de loi 124 et le projet de loi 139. Nous étions au projet
de loi 142 et nous en étions à la motion pour tenir des
consultations particulières. Il nous reste quelques intervenants, mais
auparavant je tiens à souligner la présence du
député de Saint-Jacques, qui remplace le député
d'Abitibi-Ouest comme il avait été convenu par entente cet
après-midi. Donc, on n'a pas besoin du consentement puisqu'il avait
déjà été accordé. Or, M. le
député de Saint-Jacques, vous êtes le bienvenu.
M. Rochefort: M. le Président, j'imagine que les membres
de la commission reconnaissent bien le député de Saint-Jacques
qui a une participation significative dans le débat tenu jusqu'à
ce jour entourant le projet de loi 124.
Le Président (M. Bélanger): C'est un homme qui
avait la dent longue.
Une voix: Avez-vous consulté votre collègue du
ministère des Affaires culturelles avant de dire cela?
Une voix: C'est une déclaration très incisive.
Le Président (M. Bélanger): Donc nous en
étions aux interventions sur la motion pour tenir des consultations
particulières. La motion se lit comme ceci: "Que la commission tienne,
avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
142, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les services de la santé et les
services sociaux, des consultations particulières quant à tous
les articles dudit projet et qu'à cette fin elle entende l'Association
des hôpitaux du Québec."
Alors, y a-t-il encore des intervenants sur cette motion?
M. Rochefort: M. le Président, pouvez-vous faire le point
quant aux membres qui ont encore un droit de parole sur cette motion?
Le Président (M. Bélanger): Absolument, monsieur.
Le député de Saint-Jacques et le député de
Terrebonne pourraient intervenir sur cette motion principale pour l'Opposition.
Pour le parti ministériel, le député de Sainte-Marie
pourrait intervenir. Le député d'Abitibi-Ouest n'était pas
intervenu. J'ai bien corrigé sur ma liste, oui. Un instant, je vais
vérifier au niveau ministériel.
M. le député de Beauharnois pourrait intervenir, M. le
député de Taschereau pourrait intervenir et M. le
député de Sainte-Marie pourrait intervenir. C'est tout. La
députée de Deux-Montagnes, aussi. Je cède donc la parole
au député de Terrebonne. Sur la motion principale, vous avez, M.
le député, dix minutes.
M. Blais: M. le Président, je ne prendrai pas mes dix
minutes. Je voudrais tout simplement dire que nous avons donné notre
opinion sur l'ensemble de la loi depuis un certain nombre d'heures. Nous avons
dit nos priorités, nous avons dit, entre autres, que nous serions
d'accord pour regarder cette loi et qu'on sorte de cette loi avec les trois
principes suivants: Que cette loi n'infériorise pas les non parlant
français ou anglais. Deuxièmement, que la cible, ce sont les
francophones; ils sont la cible de poursuites judiciaires très possibles
d'après la loi actuelle. Il faudrait que ceci soit amendé et
corrigé et, ensuite, qu'on voit de façon très claire et
très nette à ne pas ouvrir la porte à un réseau
parallèle. Ainsi, pour ce faire et protéger les allophones,
j'aimerais qu'on passe le plus vite possible à l'article 1 de cette
loi.
Le Président (M. Bélanger): Donc, vous proposez que
nous disposions tout de suite de la motion principale.
M. Blais: C'est exact, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, est-ce qu'il y a
consentement? II y a consentement. Sur la motion principale, est-ce qu'on
considère la motion principale comme rejetée ou
acceptée.
Mise aux voix de la motion principale
M. Rochefort: Vote sur appel nominal.
Le Président (M. Bélanger): Vote sur appel nominal.
Je vais me prévaloir de ma petite feuille. Alors, M. le
député de Beauharnois?
M. Marcil: Non.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre?
M. Joly: Non.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau?
M. Leclerc: Non.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Non.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Non.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre de ta
Santé et des Services sociaux?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (NI. Bélanger): Le
député de Laval-des-Rapides est contre. M. le
député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon?
M. Filion: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, pour: 4; contre:
7. Donc, la motion est rejetée. J'appelle donc l'article 1 du projet de
loi 142. Mme la ministre.
Étude détaillée
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'article 1 de la loi
142 se lit comme suit: "L'article 3 de la Loi sur les services de santé
et les service sociaux est modifié par le remplacement du paragraphe d
par le suivant: d) à mieux adapter les services de santé et les
services sociaux aux besoins de la population en tenant compte des
particularités régionales, y compris les particularités
physiques, géographiques, linguistiques et socioculturelles de la
région, et à répartir entre ces services les ressources
humaines et financières de la façon la plus juste et rationnelle
possible;".
Alors, les éléments nouveaux que nous y retrouvons, c'est
d'ajouter au-delà des particularités régionales...
Excusez-moi. Non, non. Il s'agit, M. le Président, de mieux adapter les
services de santé et les services sociaux aux besoins de la population.
Cet article ajoute la nécessité de tenir compte des
particularités physiques, géographiques, linguistiques et
socioculturelles d'une région. Plus exactement, ceci veut dire que nous
ajoutons des préoccupations particulièrement linguistiques et
socioculturelles aux aspects qui sont déjà
considérés dans l'article 3.
Nous croyons devoir assurer le plus possible aux
bénéficiaires qui vont chercher des services de santé et
des services sociaux une qualité de services et que cette qualité
de services se traduise par des préoccupations linguistiques et
socioculturelles auxquelles on tente de répondre. On pense, d'une part,
non seulement à la communauté anglophone, mais également
aux communautés socioculturelles qui, comme j'ai eu l'occasion de le
répéter plusieurs fois, font l'objet de préoccupations
toutes particulières de la part de mon ministère. Un des premiers
gestes que mon ministère a posés lorsque nous avons pris la
direction du Québec a été de mettre sur pied un
comité qui vise à tenter de trouver des moyens pour rendre les
services de santé et les services sociaux plus accessibles aux
communautés culturelles.
On sait que ce projet de loi veut donner le droit à la
communauté anglophone de recevoir des services de santé et des
services sociaux dans sa langue. La loi prévoit - et elle vient, d'une
certaine façon, le consacrer - ce droit qui, déjà, dans
une bonne mesure, est exercé par la communauté anglophone. Nous
ne pouvons oublier qu'il y a également, parmi les citoyens du
Québec, un bon nombre de citoyens d'origines autres que française
ou anglaise, et c'est dans ce sens que nous voulons que cette
préoccupation de notre ministère et du gouvernement puisse
s'étendre et offrir une meilleure accessibilité aux citoyens des
communautés culturelles.
Le débat a été soulevé à plusieurs
reprises ici en cette commission parce que... Du moins, en tout cas, certains
porte-parole de l'Opposition ont fait valoir que le droit qui était
donné à la communauté anglophone devrait être
donné tout à fait dans le même cadre aux communautés
culturelles. Je pense que, tout en reconnaissant que nous devions tenter de
travailler a améliorer ou à rendre plus accessibles ces services
aux communautés culturelles, compte tenu de facteurs historiques - le
chef de l'Opposition, lui, a parlé de droits historiques; je
préfère parler de facteurs historiques - seule la
communauté anglophone peut réclamer des droits linguistiques
inscrits dans une législation.
C'est dans ce sens qu'on retrouvera, à l'article qui suit, cette
disposition qui a trait plus spécifiquement à la
communauté anglophone. Nous voulions quand même, dans l'esprit
général de la loi, inclure cette préoccupation
linguistique et socioculturelle d'une région, particulièrement
pour indiquer non seulement notre préoccupation, mais également
notre désir de servir le mieux possible les communautés
culturelles du Québec dont le pourcentage est maintenant
considérable et, probablement, qui est appelé à
s'accroître même si l'on tient compte des politiques que notre
gouvernement a adoptées en matière d'immigration qui, entre
autres, prévoient de doubler le nombre de personnes provenant de
communautés culturelles ou d'immigrants qui seront accueillis au
Québec, ou, du moins, le nombre que l'on souhaite accueillir au
Québec dans la prochaine année. Je pense que c'est suffisant pour
expliquer l'esprit dans lequel les mots "particularités
géographiques, linguistiques et socioculturelles" ont été
ajoutés. Ces qualificatifs - si je puis m'exprimer ainsi - indiquent
cette volonté de mieux servir tous les groupes culturels au
Québec. C'est l'esprit de ce premier article.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, si je
comprends bien - vous me corrigerez si je me trompe - sont ajoutés dans
cet article d, après les mots "particularités régionales",
les mots suivants: "y compris les particularités physiques,
géographiques, linguistiques et socioculturelles de la région".
M. le député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, il est plus exact de dire
qu'à la loi actuelle sont ajoutés les deux seuls mots
"linguistiques et socioculturelles". Tout le reste existe actuellement dans la
loi. On y ajoute...
Une voix: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non, les autres n'existent pas.
Le Président (M. Bélanger): Je vais bien
vérifier.
Mme Lavoie-Roux: Non, ils n'existent pas.
Le Président (M. Bélanger): L'article d,
actuellement, se lit comme suit: "à mieux adapter les services de
santé et les services sociaux aux besoins de la population"...
Mme Lavoie-Roux: C'est une erreur du député de
Laurier, M. le Président.
M. Sirros: C'est une erreur.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être faudrait-il que je
développe les mots "physiques" et "géographiques". Je pense que
l'on peut se référer, è ce moment-là, à des
particularités géographiques. Je vais donner comme exemple les
communautés autochtones. Je pense que c'est peut-être dans leur
cas que le caractère physique ou géographique est le plus
évident. Également, s'ajoutent, pour eux, les qualificatifs
"linguistiques" et "socioculturelles". C'est vraiment pour tenter de tenir
compte le plus possible de tous les facteurs qui peuvent influencer la
dispensation des services, de telle façon que la qualité des
services réponde le mieux possible aux besoins des
bénéficiaires qui les reçoivent.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Dans un premier
temps, j'ai un certain nombre de questions à poser à la ministre
quant à la notion que l'on retrouve dans l'article 1. Qu'est-ce que la
ministre entend par des "particularités physiques, géographiques,
linguistiques et socioculturelles"? Â quoi pense-t-elle?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que je viens de
l'expliquer, mais je suis prête à répéter mes
explications. Il faut dire que le député de Gouin - je ne lui en
fait pas reproche - était peut-être un peu distrait et à
discuter...
M. Rochefort: Non. M. le Président, sérieusement,
j'ai écouté toute la première intervention de la ministre.
J'ai parlé deux minutes à un de mes collaborateurs, le
député de Taillon. J'écoutais ce que la ministre disait.
Qu'est-ce que c'est une particularité linguistique?
Mme Lavoie-Roux: Une particularité linguistique, c'est,
par exemple, quelqu'un qui s'exprime dans une autre langue que le
français, qui est quand même la langue officielle au
Québec. Par rapport à l'ensemble ou par rapport à la
langue officielle, si vous vous exprimez dans une autre langue, on indique
qu'il s'agit d'une particularité linguistique. De la même
façon, sur le plan socioculturel, je pense qu'il s'agit de...
M, Rochefort: Donc, si je comprends bien, une
particularité linguistique, c'est quelqu'un qui s'exprimerait dans une
autre langue que le français. Et les francophones, eux?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
M. Rochefort: Non, je suis sérieux. Sont-ils compris ou
exclus de cela?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est la loi générale; alors,
cela s'adresse à tout le monde.
M. Rochefort: Donc, une particularité linguistique, cela
peut être de s'exprimer en français aussi.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Oui?
M. Blais: Cela commence bien. Êtes-vous un particulariste
linguiste?
Mme Lavoie-Roux: Toutes les langues. M. Rochefort: Dans
toutes les langues.
Mme Lavoie-Roux: Cela peut se référer aux
communautés autochtones, à toutes les communautés.
M. Rochefort: Ce n'est pas plutôt le socioculturel qui
s'adresserait aux communautés autochtones?
Mme Lavoie-Roux: Non, elles ont aussi des particularités
linguistiques. C'est pour cela, d'ailleurs, que les...
M. Rochefort: Mais on ne les considère pas comme des
minorités culturelles.
Mme Lavoie-Roux: Non, et c'est pour cela d'ailleurs que, de la
même façon, vous ne considérez pas les francophones au
Québec comme une minorité culturelle. La même chose
s'applique à eux.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre pourrait me donner l'exemple
de particularités linguistiques dans une région? On parle bien de
régions: "en tenant compte des particularités régionales".
Donc, ce ne sont pas des particularités de n'importe quelle nature. Ce
sont des "particularités régionales, y compris physiques,
géographiques, linguistiques et socioculturelles de la région."
J'aimerais avoir des exemples de particularités linguistiques de
régions au Québec.
Mme Lavoie-Roux: On peut commencer par la région de
Montréal, par opposition avec une région comme le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, même si on y retrouve aussi des
Amérindiens. Mais on trouve regroupés à Montréal
des citoyens dont la langue d'expression est... On peut retrouver
différentes expressions linguistiques à Montréal, pour
prendre cet exemple. Dans une autre région, vous trouverez
peut-être davantage l'expression linguistique limitée, par rapport
à ce que je viens de décrire, à l'utilisation
majoritairement du français et minoritairement de l'anglais.
Une voix: La communauté chinoise à
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: J'en ai parlé. À Montréal,
je pense que tout le monde s'entend qu'il y a peut-être...
M. Rochefort: Sortons donc de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: D'est cela; je viens de vous donner la
Gaspésie comme exemple. Dans les Cantons de l'Est, on y retrouve,
à quelques exceptions près auxquelles je ne pense pas, des
communautés qui s'expriment majoritairement en français et
minoritairement en anglais.
M. Rochefort: Dans les régions hors de Montréal,
est-ce qu'il y a, selon vous, au sens du texte de loi que vous souhaitez faire
adopter, des particularités linguistiques autres qu'anglaises ou
françaises?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on pourrait dire que
dans certains coins du Québec... Par exemple, on a parlé cet
après-midi de la région de Hull où on sait qu'il se trouve
une forte communauté portugaise, alors que les autres
communautés, d'une façon générale, sont la
communauté francophone et la communauté anglophone.
Mais, M. le Président, ce que je voudrais dire au
député de Gouin, c'est que ce qui est vraiment exprimé
dans ce premier article, c'est ce principe de reconnaître la langue comme
moyen d'expression qui peut caractériser une région et que, dans
la dispensation des services, on doit tenter d'adapter les services, avec les
ressources qui sont disponibles, aux différents groupes qu'on peut y
retrouver.
M. Rochefort: M. le Président, si je reprends l'exemple de
la ministre de la Santé et des Services sociaux qui nous parle de
particularités linguistiques de régions en soulignant la
présence d'une communauté portugaise relativement importante
à Hull, Hull est une ville du Québec, ce n'est pas une
région du Québec. On ne trouve pas de Portugais dans toute la
région de l'Outaouais comme, par exemple, on trouve des anglophones
partout dans la région de l'Outaouais. (20 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais la ville de Hull, en tenant pour
acquis... Je ne saurais le dire avec une aussi grande certitude que le
député de Gouin qui dit qu'ils sont tous à Hull. Hull est
partie d'une région. Alors, à l'intérieur de cette
région, vous trouvez... Sont-ils à Hull? Sont-ils à
Gatineau? Sont-ils entre les deux? C'est que, dans la région de Hull,
vous retrouvez un groupe linguistique particulier, assez important pour tenter
de
pouvoir adapter vos services à leurs besoins linguistiques.
M. Rochefort: M. le Président, que les Portugais soient
à Hull ou à Gatineau ou entre les deux, comme le disait la
ministre, reconnaissons que ce n'est pas une particularité
régionale. Le Conseil régional de la santé et des services
sociaux s'occupe de services de santé et de services sociaux pour toute
la région administrative de l'Outaouais qui va bien au-delà et
qui est bien plus grande que la région immédiate de Hull et de
Gatineau.
Mme Lavoie-Roux: II s'occupe aussi de toutes ces parties, non
seulement d'un endroit en particulier, mais de toutes ces parties. Il doit
tenter de répondre, dans le domaine de la santé et des services
sociaux, à des besoins qui peuvent aussi être de nature
individuelle et à des individus qui peuvent aussi constituer un groupe
culturel ou un groupe linguistique.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce qu'il y a eu des
demandes de la région pour ajouter des dispositions comme
celles-là: particularités physiques, qéoqraphiques,
linguistiques, socioculturelles?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que la
discussion ou les discussions que nous avons eues depuis maintenant trois jours
et même quatre jours démontrent que les efforts que le
ministère doit faire ou que le gouvernement veut faire à
l'égard de ses citoyens et ses citoyennes, dans le domaine de la
santé et des services sociaux - je pense que cela peut être une
préoccupation, mais c'est ce qui nous préoccupe ce soir -c'est de
tenter d'améliorer le plus possible la qualité des services. On
sait qu'un des facteurs de l'amélioration de ces services, c'est de
tenter de les adapter, toujours en tenant compte des ressources, etc., aux
différentes caractéristiques des populations qui composent les
différentes régions.
M. Rochefort: M. le Président, si on relit bien l'article,
on dit: "À mieux adapter les services de santé et de services
sociaux aux besoins de la population en tenant compte des particularités
régionales, y compris - comme si on disait notamment -les
particularités physiques, géographiques, linguistiques et
socioculturelles de la région." Qu'est-ce que cela ajoute de
préciser cela? Au fond, en quoi le fait de donner une description d'un
certain nombre de particularités ajoute-t-il? De toute façon, on
parlait dans l'article qui existait auparavant de particularités
régionales, au pluriel. Il y avait aussi les particularités
linguistiques, de toutes natures. En quoi est-il nécessaire d'ajouter
cela pour atteindre des objectifs qu'on retrouve dans les autres articles du
projet de loi?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que ceci
indique des aspects particuliers, spécifie des aspects particuliers sur
lesquels on pense que l'accent doit être mis, comme notamment les
particularités régionales peuvent être... II peut y avoir
dans les particularités régionales la langue, les aspects
socioculturels. Je pense que c'est une reconnaissance que le gouvernement veut
donner à cette réalité qui est devenue de plus en plus
importante au Québec de tenir compte de ces facteurs linguistiques et
socioculturels dans la livraison des services de santé et de services
sociaux.
M. Rochefort: M. le Président, le fait de préciser
quatre - on parle de physique, géographique, linguistique et
socioculturelle -particularités, est-ce que cela ne peut pas avoir pour
effet de minimiser d'autres particularités puisque dans l'expression
"tenir compte", en tenant compte des particularités régionales,
on parle de toutes les particularités et celles-ci sont toutes sur un
même pied? Quand on se met à spécifier un certain nombre de
particularités, est-ce qu'on ne vient pas minimiser ou même mettre
de côté d'autres particularités régionales qui sont
très importantes quand on se préoccupe de la mise en place de
programmes ou de services de santé et de services sociaux? Par exemple,
une région qui, pour des raisons congénitales, serait
affectée d'un tel type de problèmes de santé, cela fait
partie des particularités régionales dont la ministre doit tenir
compte à l'article d dont on discute.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que cela
n'exclut aucune particularité et que cela vient mettre l'accent sur des
aspects qui nous apparaissent importants et qui ne sont pas non plus
limitatifs.
M. Rochefort: Mais, au-delà du fait que cela ne soit pas
limitatif, M. le Président, si la ministre ne reconnaît pas que
cela affaiblit les autres particularités régionales qui ne sont
pas là, je me permets de souligner qu'il n'y a pas de
particularité santé ou services sociaux, dans
"particularités physiques, géographiques, linquistiques et
socioculturelles".
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, M. le député de Gouin, j'aurais peut-être un
exemple qui pourrait illustrer...
M. Rochefort: M. le Président, je veux bien, mais j'ai dit
la même chose à mes collègues: On va poser chacun nos
séries de questions, sinon on risque de ne pas suivre notre fil.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne vols pas de quelle
façon ceci affaiblit le contexte général qui est un
contexte régional. Cela indique une volonté gouvernementale de
sensibiliser et d'attirer l'attention et dans sa planification et dans sa
livraison de services de tenir compte d'une façon particulière
des facteurs linguistiques et socioculturels.
M. Rochefort: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le député de
Gouin, mais vous avez ajouté que cela ne tient pas compte de certains
facteurs de santé ou de services sociaux. Je pense que la livraison des
services de santé et des services sociaux en soi inclut ces facteurs.
C'est inhérent à la nature des services que la loi
générale de la santé et des services sociaux
prévoit donner.
M. Rochefort: Est-ce que, M. le Président, on n'aurait pas
pu ajouter des particularités socio-économiques? Hier, le
député de Notre-Dame-de-Grâce nous faisait part de ses
préoccupations quand il nous parlait de statistiques et de courbes de
pauvreté selon les langues des différentes communautés de
la région de Montréal. Est-ce que les particularités
socio-économiques n'ont pas une influence sur le type et la
quantité de services de santé et de services sociaux dont une
population a besoin?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais rappeler au
député de Gouin qu'il ne faudrait pas lire le nouvel article d,
même amendé, quand l'amendement sera adopté,
indépendamment de l'ensemble de l'article.
M. Rochefort: De l'article 3 de la loi?
Mme Lavoie-Roux: Dans l'article 3 de la loi, on prévoit:
améliorer l'état de santé; rendre accessible à
toute personne de façon continue, etc. - je ne lis pas l'ensemble;
encourager la population - c'est la motion de participation - et les groupes
qui s'y forment à participer à l'instauration, etc., et,
finalement, mieux adapter les services de santé et les services sociaux
aux besoins de la population en tenant compte des particularités
régionales. Mais, encore une fois, c'est la volonté du
législateur de dire que, dans ces particularités
régionales dont il faut tenir compte: On désire mettre l'accent
et sensibiliser ceux qui dispensent et qui planifient les services à ces
dimensions qui nous apparaissent très importantes dans la livraison des
services de santé et des services sociaux.
M. Rochefort: M. le Président, j'avoue que je suis un peu
moins bien. On nous dit que tout cela est compris dans a, b, c, d, e et
f...
Mme Lavoie-Roux: Non. Je dis qu'il faut le lire en l'associant
à a, b, c, d et e.
M. Rochefort: Non, mais vous m'avez répondu cela, par
exemple, à propos de "socio-économique". Je maintiens que
"socio-économique" va même, à mon sens, beaucoup plus loin
en termes d'absolue nécessité de préoccupation de
situations de fait dont on doit tenir compte pour l'organisation des services
de santé et des services sociaux que la langue. La langue, en soi, n'est
pas un facteur qui nous permette de distinguer des communautés ou des
groupes d'individus les uns des autres par rapport à des profils qui
font en sorte qu'ils ont des besoins particuliers en termes d'activités
de santé ou d'activités de services sociaux.
Par contre, la particularité socio-économique, tout le
monde le reconnaît - à partir de l'ensemble des études de
Mme Blanchet du Conseil des affaires sociales et de la famille - voilà
un élément important qui doit orienter une politique de
santé, alors que l'élément linguistique, c'est
plutôt par rapport à une préoccupation
d'accessibilité, non pas par rapport à une préoccupation
d'organisation, de mise en place de fournitures, d'orientation de proqrammes de
santé, de mise en place de plans de santé ou de plans de services
sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je demanderais au
député de Gouin de se référer au paragraphe a.
M. Rochefort: De l'article 3 toujours, M. le
Président?
Mme Lavoie-Roux: De l'article 3, "à améliorer
l'état de santé de la population et l'état du milieu
social dans lequel elle vit et les conditions sociales des individus, des
familles et des groupes". Quand on parle des conditions sociales, on se
réfère à des facteurs économiques, entre autres. Il
est généralement acquis dans le langage sociologique, si on veut,
que la condition sociale se réfère, entre autres, à des
facteurs économiques.
Il nous apparaît que, dans la prestation des services, la
dimension linguistique et culturelle, la dimension culturelle ayant des
connotations sociales, sont des éléments sur lesquels nous
voulons mettre un accent particulier ou au moins indiquer l'intention du
législateur que, lorsqu'on planifie la prestation des services de
santé, on doit tenter de répondre à ces
particularités.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, la ministre me fait
la réponse suivante: À 3a, on parle des conditions sociales des
individus,
des familles ou des groupes; on n'en tient pas compte comme
particularités régionales. On en tient compte globalement, pour
l'ensemble du Québec. Mais quand vient le temps de se préoccuper
des particularités régionales, on ne veut pas se
préoccuper des particularités socio-économiques qui,
à partir, notamment de la dernière étude du Conseil des
affaires sociales et de la famille, ont une influence directe et
détermine presque un profil du type et de la quantité des
services qui doivent être dispensés à des populations
particulières dans différentes régions du
Québec.
Donc, si la - préoccupation des particularités
socio-économiques n'est pas celle qu'on veut inclure dans les
particularités régionales spécifiées, comment dire
que les particularités socioculturelles ou linguistiques doivent
être reliées aux particularités régionales et non
pas à l'ensemble des autres responsabilités ou orientations de
responsabilités que la loi donne à la ministre?
Deuxièmement, ce que je veux souligner, c'est que la ministre
nous dit oui, mais c'est pour indiquer aux gens du réseau que cela va
être un critère, une préoccupation importante qui devra
être bien présente dans leurs responsabilités. Mais ce
n'est pas le réseau de la santé et des services sociaux qui doit
tenir compte de... Excusez, c'est écrit "le". Mais c'est la ministre qui
"exerce les pouvoirs que la présente loi lui confère de
façon à"... La loi n'est pas un message au réseau.
Mme Lavoie-Roux: C'est un message au réseau, mais les
intervenants ou les planificateurs du réseau ont quand même la
responsabilité d'appliquer la loi. Sans cela, même a, b, c ou d ne
s'appliquerait à personne. Le législateur indique qu'il s'agit de
mieux adapter les services de santé et sociaux aux besoins de la
population en tenant compte des particularités dont» entre autres,
d'une façon particulière et notamment.
C'est la volonté du législateur d'indiquer que,
maintenant, ce sont des dimensions. Cela l'a toujours été, d'une
certaine façon, mais en le spécifiant dans la loi on indique
cette préoccupation du législateur de dire: Adapter les services,
cela veut aussi dire tenir compte, dans la mesure du possible, de ces
particularités linguistiques et socioculturelles.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce qu'on ne devrait pas
plutôt prendre une expression qui correspond mieux à la
présentation que nous en fait la ministre, qui serait, par exemple,
"particularités démographiques"? Quand on va au dictionnaire et
qu'on regarde ce que veut dire démographique, on lit - c'est dans le
Petit Robert; j'imagine que c'est un dictionnaire reconnu - "Qui
appartient è la démographie; qui est envisagé sous
l'aspect de la démographie. Phénomène
démographique, bilan démographique. Par extension, de la
population (du point de vue du nombre). Poussée démographique."
Puisqu'on dit "qui appartient à la démographie", allons voir
à "démographie".
La démographie est l'étude statistique des
collectivités humaines. Les éléments de statistiques
humaines ou démographiques comparés, ouvrage de Guyard. On donne
des exemples: Tables de mortalité, natalité, nuptialité
données par la démographie. On parle d'études
quantitatives des populations humaines ou animales et de leurs variations. Ne
devrait-on pas parler - compte tenu des réponses fournies par la
ministre - de particularités démographiques plutôt que de
particularités linguistiques et socioculturelles, par exemple? (20 h
45)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'intention du
législateur dans ce premier article est d'indiquer sa volonté que
les services soient mieux adaptés aux particularités
linguistiques et socioculturelles d'une région. Vous pouvez
peut-être avoir d'autres préoccupations qui peuvent être
bonnes en soi, mais dans ce projet de loi nous voulions et nous tenons, compte
tenu de l'évolution de la société québécoise
du point de vue de l'intégration des communautés et de l'apport
des communautés de plus en plus considérable, à ce que ces
particularités soient mises en évidence et retiennent l'attention
des planificateurs de la santé. Je ne nie pas qu'on puisse avoir des
préoccupations démographiques, la démographie aussi se
référant au nombre. Évidemment, le nombre, cela prend plus
de services ou cela prend moins de services, mais notre préoccupation
profonde est vraiment les dimensions linguistiques et socioculturelles.
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu des
échanges qu'on a, la ministre et moi, depuis un certain temps - quelques
minutes - ne devons-nous pas conclure que c'est plutôt une façon
d'introduire dans une loi relative à la santé et aux services
sociaux une portée linguistique, justement? N'a-t-on pas là une
belle illustration que c'est par le biais de l'article 3d de la loi sur la
santé et les services sociaux qu'on veut introduire la dimension et
toute la portée linguistique qu'on a évoquée depuis tout
le temps qu'on a abordé cette question, que tous les intervenants du
réseau de ta santé et des services sociaux ont identifiée,
que tous les groupes organisés de la société qui se sont
penchés et qui ont pris des positions sur le projet de loi 142 ont
identifiée? Est-ce que, compte tenu des réponses que la
ministre nous sert, quand vient le temps de parler de l'aspect
socio-économique. Non, ce n'est plus une particularité
régionale, on met cela dans les responsabilités
générales. Quand on lui parle de particularités
plutôt démographiques, parce que c'est beaucoup plus ce dont on
parle, elle nous dit: Non, nous tenons au côté linguistique, c'est
ce que nous voulons passer comme message. Après cela, elle nous parle de
passer un message au réseau, de s'occuper de linguistique. Je dis: Oui,
mais l'article fait référence aux obligations de la ministre.
Elle répond: C'est le réseau qui applique la loi. La loi, c'est
exact, mais l'article 3, ce n'est pas: Le réseau doit, c'est: La
ministre exerce les pouvoirs en fonction de... Il y a des articles - et on les
verra plus loin - dans la loi sur la santé et les services sociaux qui
donnent des mandats et les obligations et des responsabilités des autres
membres du réseau de la santé et des services sociaux.
M. le Président, je dois conclure de l'échange que j'ai
avec la ministre que nous avons l'illustration de cette volonté
arrêtée d'introduire dans la loi sur ta santé et les
services sociaux des articles à portée linguistique. On nous dit
que la communauté portugaise de l'Outaouais est une particularité
régionale de l'Outaouais. Ce n'est pas une particularité
régionale de l'Outaouais. C'est peut-être une particularité
locale de la municipalité de Hull ou de Gatineau. Ce n'est pas une
particularité régionale, on ne rencontre pas des Portugais comme
on rencontre des anglophones partout dans l'Outaouais! Je conclus que la
discussion que nous avons, la ministre et moi, les réponses qu'elle nous
fournit, c'est vraiment qu'au fond, ce qu'ils veulent, c'est utiliser
d'entrée de jeu l'article 3 de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux pour lui donner une dimension et une portée
linguistique.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si le
député me permet de répondre, je trouve une certaine
contradiction dans l'interprétation qu'il fait ici de l'aspect
linguistique et socioculturel alors que pendant des heures - vous en
conviendrez - vous avez tenu un discours où vous avez dit que
c'était extrêmement important qu'on tienne compte des dimensions
linguistiques et socioculturelles de groupes autres que les anglophones. Je
pense que j'ai entendu cela à plusieurs reprises. Une grande partie des
discours, particulièrement en Chambre, qui furent assez
répétitifs - Dieu merci! - mais c'était encore une fois
votre droit le plus strict, cela a été pour nous faire la
démonstration que, dans les services de santé et les services
sociaux, on tenait compte des particularités socioculturelles et
linguistiques des communautés culturelles.
On a assisté à un long chapelet de tel
CLSC qui avait tant de personnes qui parlaient le chinois, de tel autre
qui en avait tant qui parlaient le portugais, etc. Je ne sais pas si le
discours que vous teniez était un autre discours, mais, nous, nous
jugeons qu'une attention particulière doit être apportée,
et c'est pour cela qu'on la spécifie dans la loi, pour des services de
santé et des services sociaux qui visent la plus grande qualité
possible, reconnaissant que la langue dans laquelle s'exprime quelqu'un est un
outil important de communication et, par le fait même, de relation quand
il s'agit d'interventions psychothérapeutiques ou psychologiques, et
même strictement physiques, parce qu'on ne peut pas séparer le
psychologique et le physique au couteau. Cela nous apparaît important de
l'indiquer comme étant une intention réelle et véritable
du législateur. Le député de Gouin a droit à ses
opinions et peut l'interpréter différemment. Évidemment,
ce que je commence à saisir, c'est qu'on veut tenter encore une fois de
prouver que le projet de loi est un projet linguistique, alors que la langue et
les éléments socioculturels sont parmi d'autres des
éléments qu'il nous apparaît important de signifier
à l'intérieur de la loi sur la santé et les services
sociaux.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, je ne veux pas le
prouver. La ministre le prouve beaucoup mieux que moi. La dernière
réponse de la ministre, c'est quoi? Elle ne nous a pas parlé de
santé et de services sociaux. Elle ne nous a pas parlé de
caractéristiques qui orientent, qui indiquent les fondements des
problèmes de santé qu'on retrouve dans certaines régions
ou pour certaines populations, elle nous parle qu'elle veut absolument voir
apparaître les particularités linguistiques et socioculturelles,
alors qu'elle n'est pas en mesure de les justifier en fonction des
préoccupations d'état de santé ou préoccupations
d'orientation politique de santé, par rapport à des
particularités précises de problèmes de santé.
C'est vraiment là l'entrée, pas à l'article 10, à
l'article 1, du projet de loi 142; on entre avec toute la portée et
toutes les dimensions linguistiques que tout le monde, sauf la ministre,
reconnaît présentes dans le projet de loi.
M. le Président, quand la ministre nous dit: Oui, mais vous nous
avez fait des grands discours sur les autres... Justement, M. le
Président, et on aura des amendements sur cela. On verra comment les
programmes d'accessibilité doivent être orientés et envers
qui, vers quelles communautés. Mais, là, quant à la
ministre quî dit que dans les particularités régionales,
les particularités dont on se préoccupe, ce sont les
particularités, non pas de santé, ce sont les
particularités linguistiques... Après cela, on nous dit: Non, ce
n'est pas un projet de loi
linguistique, c'est la loi sur la santé et les services sociaux.
M. le Président.
Motion proposant de substituer les
mots "et démographiques" aux mots
"linguistiques et socioculturelles"
Moi, je pense que cela ne fonctionne pas et, en conséquence, M.
le Président, pour permettre encore une fois, comme je tenterai de le
faire au cours de la soirée et des journées de lundi, mardi et
mercredi, à la ministre de la Santé et des Services sociaux
d'avoir une loi qui soit conforme à son discours, je propose
l'amendement suivant: "L'article 3 tel qu'édicté par l'article 1
du projet de loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les services de
santé et le services sociaux, est modifié par le remplacement
dans la quatrième ligne du paragraphe d) des mots "linguistiques et
socioculturelles" par les mots "et démographiques"."
Le Président (M. Bélanger): Alors, si je lis
l'article au complet, pour être sûr que je comprends bien ce que
vous dites...
M, Rochefort: Lisez, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Le paragraphe d se
lirait comme ceci: "à mieux adapter les services de santé et les
services sociaux aux besoins de la population en tenant compte des
particularités régionales, démographiques"...
M. Rochefort: Non, non: les particularités
régionales, y compris les particularités physiques et
géographiques.
Le Président (M. Bélanger): Donc: "... y compris
les particularités physiques, géographiques et
démographiques et à répartir entre ces services les
ressources humaines et financières de la façon la plus juste et
rationnelle possible." C'est bien cela?
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): On se comprend
bien?
M. Rochefort: Oui. Et "de la région", n'est-ce pas?
Le Président (M. Bélanger): Et "de la
région", oui.
M, Rochefort: On enlève "linguistiques et
socioculturelles" et on les remplace par "démographiques".
Le Président (M. Bélanger): C'est recevable, il n'y
a pas de problème. Excusez- moi.
M. Rochefort: On se le demandait un peu.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, oui, oui.
Il y avait effectivement un problème. Le président tardait
à donner signe de vie. Excusez-moi.
M. Rochefort: Merci d'avoir répondu à la
préoccupation du député de Fabre, M. le
Président,
Une voix: ...il enlève "linguistiques et
socioculturelles".
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que le
député de Laurier a la parole sur mon amendement avant moi?
M. Sirros: Je ne parle pas...
M. Blais: II ne parle pas, il grogne. Il bouboulel
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît;
S'il vous plaît! On ne commencera pas cela.
M. Blais: C'est vrai, monsieur bouboule.
Le Président (M. Bélanger): On va suspendre
quelques instants, le temps d'avoir des copies.
Des voix: On peut...
Le Président (M. Bélanger): On peut continuer sans
avoir les copies?
Une voix: On va continuer.
Une voix: J'aimerais bien avoir une copie.
(Suspension de la séance à 20 h 57)
(Reprise à 21 heures)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission reprend ses travaux. Nous en étions à
l'amendement proposé par le député de...
M. Rochefort: De Gouin.
Le Président (M. Bélanger): ...Gouin. Excusez-moi.
J'ai comme des blancs. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être veut-il parler
là-dessus?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je suis heureux de voir que
je pourrai présenter mon amendement.
M. le Président, j'ai discuté pendant de longues minutes
avec la ministre de la Santé et des Services sociaux pour tenter de
comprendre les raisons profondes qui l'amenaient à préciser les
particularités d'ordre linguistique et socioculturel. Les
réponses que la ministre nous a fournies, M. le Président, ne
sont pas satisfaisantes. La ministre compare cela a des responsabilités
qu'elle a. Quand je lui parle de socio-économique, elle me dit: Je l'ai
dans a à cause des conditions sociales. On ne retrouve aucune
préoccupation de santé dans les particularités qui sont
là, alors, M. le Président, que si on prend
"démographie".
Vous me permettrez d'abord, M. le Président, dans un premier
temps, de dire que démographie, c'est un mot qui provient de deux mots
grecs, "demos" et "graphos", qui sont l'image de...
M. Boulerice: Graphos, graphia, graphein.
M. Rochefort: ...qui veut dire l'image de la population, M. le
Président. Quand je regarde le dictionnaire, le Petit Robert, celui avec
lequel tout le monde travaille, qu'est-ce qu'on dit? Démographique, "qui
appartient à la démographie, qui est envisagé sous
l'aspect de la démographie: des phénomènes
démographiques, les bilans démographiques. De la population (du
point de vue du nombre)": les poussées démographiques et
démographie. Qu'est-ce que démographie dit? C'est l'étude
statistique des collectivités humaines: les éléments de
statistiques humaines ou de démographie comparée, les tables de
mortalité, de natalité, de nuptialité sont des
données transmises par la démographie, des études
quantitatives des populations humaines ou animales et de leurs variations.
M. le Président, je pense qu'en plus, à partir de
préoccupations qui doivent être celles de la ministre de la
Santé et des Services sociaux, donc d'une préoccupation sociale
de santé, "démographie" est beaucoup plus large, parce que cela
inclut aussi les particularités socio-économiques.
M. le Président, j'imagine que les particularités
socio-économiques sont importantes dans l'orientation de l'organisation
des services de santé et de services sociaux au Québec. Prenons
tous les programmes de la Régie de l'assurance-maladie qui s'adressent
particulièrement à des gens qui reçoivent l'aide sociale.
Donc, c'est à partir d'une préoccupation socio-économique
qu'on a mis en place ces programmes de la Régie de l'assurance-maladie
du Québec qui s'adressent à des gens dont les conditions
socio-économiques sont particulières et qui nécessitent
donc des programmes particuliers. En ce sens-là, M. le Président,
nous croyons qu'il s'agit là de particularités, quand on parle de
particularités démographiques, qui englobent aussi des choses qui
ont un poids, une signification dans l'orientation des services de santé
et des services sociaux au Québec, notamment ces particularités
socio-économiques. Cela n'infirme pas, lorsqu'on dit plus haut dans
l'article "aux besoins de la population en tenant compte des
particularités régionales", qu'elles sont toutes là. On
précise: physiques, géographiques et démographiques. Cela
évite justement, M. le Président, qu'on se retrouve avec les
réponses suivantes: La communauté portugaise de l'Outaouais est
une particularité linguistique de l.'Outapuais.
M. le Président, j'ai une communauté italienne dans mon
comté, mais je ne peux pas prétendre que mon comté a des
particularités régionales italiennes.
Mme Lavoie-Roux: Je suis certaine de ce que je
réponds.
M. Rochefort: Des quartiers de mon comté. Ah!
Mme Lavoie-Roux: Cela fait partie des...
M. Rochefort: ...des quartiers de mon comté. Ah! Non,
mais, un instant, ce ne sont plus des particularités réqionales.
Un des nombreux quartiers de mon comté... M. le Président, une
région...
Mme Lavoie-Roux: Les quartiers sont dans une région.
M. Rochefort: II n'y a pas 8324 conseils régionaux de la
santé et des services sociaux au Québec; il y en a 13. J'imagine
que tout le monde s'est entendu sur la définition d'une région.
Donc, M. le Président, je pense qu'il faut que les choses disent ce
qu'elles veulent dire. Encore une fois, on ne veut pas adopter les discours,
les présentations, les interprétations que donne la ministre
à son projet de loi. On est conviés à adopter une loi.
L'Assemblée nationale du Québec n'est pas un lieu qui dispose de
discours, mais un lieu qui légifère, qui fait des lois qui seront
utilisées par l'ensemble des membres de notre collectivité.
M. le Président, je pense que si l'on se bute à vouloir
battre l'amendement que je présente pour maintenir
"particularités linguistiques et socioculturelles", d'une part, c'est
que le discours était effectivement erroné et non pas le projet
de loi. Ce que
l'on voulait, c'est que la loi sur la santé et les services
sociaux ait une portée linguistique, d'entrée de jeu, dans les
pouvoirs de la ministre que l'on retrouve à l'article 3. D'autre part,
M. le Président, on doit donc ne plus écouter les discours, les
présentations et les interprétations que l'on nous fait, ni le
sens que l'on nous dit vouloir donner à la loi, on doit vraiment se
coller encore plus au texte. On s'aperçoit que c'est au texte de la loi
que l'on tient et non pas aux discours de présentation que l'on nous en
fait.
Aussi, M. le Président, on m'a refusé, à deux
reprises aujourd'hui, la possibilité de présenter les amendements
que l'Opposition souhaite voir adopter.
M. Sirros: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, question de règlement.
M. Sirros: Personne n'a refusé quoi que ce soit au
député de Gouin, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'était pas
une question de règlement, M. le député de Laurier.
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
M. Rochefort: M. le Président, je suis heureux...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît'
M. Blais: Question de règlement, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, je tiens à souligner que
j'ai demandé deux fois que l'on dépose les amendements et on a
refusé systématiquement.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas une
question de...
M. Blais: On a refusé quand même.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, ce n'était pas une question de
règlement. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Est-ce que je peux revenir à mon droit de
parole?
Effectivement, M. le Président, à deux reprises, on a
refusé le consentement pour que je dépose, pour que je
présente et pour que je distribue pour information des amendements que
ma formation politique souhaite voir apporter au projet de loi, contrairement
à ce que l'Opposition avait fait en permettant à la ministre de
présenter les amendements qu'elle a distribués pour information
alors que l'on n'en était pas è l'étape d'être
saisis des textes des amendements au projet de loi.
Quand on décide de proposer un amendement qui vise à
inclure les particularités démographiques, c'est parce que l'on
est cohérent quant aux autres amendements que l'on souhaitera voir
adopter. Par exemple, on aura un amendement après l'article 1. Ce sera
l'article 1.1 qui dira: "à favoriser à l'intention des
différentes communautés culturelles du Québec la mise sur
pied de programmes d'accessibilité à des services de santé
et des services sociaux dans leur langue". Donc, dans les différentes
responsabilités, nous sommes d'accord qu'il y ait des programmes mis en
place, donc "favoriser à l'intention". On dit à l'intention de
qui: "la mise sur pied de programmes d'accessibilité à des
services de santé et des services sociaux dans leur langue". On n'entre
pas une portée linguistique dans une loi qui n'est pas une loi
linguistique, mais qui est la loi sur la santé et les services sociaux
où l'on nous demande de mettre dans les responsabilités de la
ministre celle de se préoccuper des particularités linguistiques.
M. le Président, c'est ce qui donne aussi une cohérence à
l'amendement que l'on apporte.
De la même façon, on présentera un amendement qui
fera en sorte que l'on parle plutôt de la communauté de langue
anglaise du Québec parce que c'est l'amendement que nous a
annoncé la ministre de la Santé et des Services sociaux à
l'Assemblée nationale, dans son discours de deuxième lecture.
De la même façon, M. le Président, on apportera une
série d'amendements qui élimineront le plus possible toute la
dimension discrétionnaire dans l'application du projet de loi qui sera
non seulement entre les mains de la ministre, mais entre les mains des conseils
régionaux, avec les amendements que la ministre a déposés.
On fera en sorte qu'il y ait un contrôle parlementaire de l'application
de cette loi pour que les élus du peuple puissent maintenir leur
contrôle réel sur la portée de cette loi.
De la même façon qu'on apportera un amendement pour que les
allophones du Québec se voient garantir dans la loi le niveau de
ressources qui leur sont accordées aujourd'hui dans le réseau de
la santé et des services sociaux pour éviter, tel qu'on le craint
et qu'on l'a exprimé à de multiples reprises, qu'on n'utilise des
ressources qui sont aujourd'hui accordées aux minorités
culturelles du Québec qui ne parlent ni le français, ni l'anglais
dans le réseau de la santé et des services sociaux, pour les
envoyer au secteur anglais où, de toute façon, la ministre
nous dit: Je veux envoyer au secteur anglais, au fond, tout ceux qui sont
d'expression anglaise, dont l'ensemble des communautés culturelles qui
voudront y aller. Nous voulons qu'on puisse les servir dans leur langue au nom
du principe que c'est dans la langue qu'on maîtrise le mieux qu'on doit
Être soigné, qu'on doit recevoir nos services.
Finalement, on aura un amendement pour éviter les recours
judiciaires et pour que les juges n'aient pas à décider, à
la place des élus ou des administrateurs du réseau, de
l'allocation des ressources dans le réseau de la santé et des
services sociaux et que, deuxièmement, on ne puisse poursuivre au
pénal des individus, professionnels de la santé, dans les
établissements qui ne pourraient pas donner un service dans la langue
anglaise ou dans une autre langue sans mauvaise volonté, mais parce
qu'ils ne possèdent pas suffisamment bien cette langue.
Voilà, M. le Président, l'ensemble des amendements qu'on a
tenté, à deux reprises, de présenter aux membres de la
commission parlementaire et que je dois présenter au moment où
j'ai un droit de parole sur un amendement que je fais, car on m'a refusé
le consentement à deux reprises, consentement que nous avions, nous,
accordé è la ministre pour qu'elle présente ses
différents amendements. Pour nous, M. le Président, cela ne fera
pas de ce projet de loi un projet de loi meilleur, un projet de loi qui
deviendrait le bon véhicule, mais cela fera un projet de loi moins pire
que ce qu'il est dans sa forme actuelle et un projet de loi qui sera un peu
plus collé au discours que nous tient la ministre de la Santé et
des Services sociaux. Si son discours est juste, si ce n'est pas le texte du
projet de loi 142 qu'on doit prendre en considération, mais ses
discours, ses interprétations, les réflexions philosophiques qui
l'entourent, c'est le sens qu'elle donne et la portée qu'elle voit
à son projet de loi lorsqu'elle nous dit: Non, ils ne pourront pas faire
ceci avec cela ou, non, je ne veux pas qu'ils fassent cela avec tel article. M.
le Président, on permettra à la ministre d'appuyer son projet de
loi à son discours pour qu'au moins il soit un peu moins pire que ce
qu'il est et, surtout, un peu plus conforme aux présentations et aux
discours que nous tient la ministre de la Santé et des Services
sociaux.
Ce sont là les grands amendements qu'on aura à apporter au
projet de loi, même s'il y en aura probablement d'autres qu'on souhaitera
voir apporter sur des articles moins significatifs, je le reconnais. En
apportant l'amendement à l'article 1, donc, à l'article 3d de la
Loi sur les services de santé et les services sociaux, en changeant
"linguistiques et socioculturelles" par "démographiques", on pense que
l'ensemble des particularités régionales qui ont une importance
dans l'orientation de l'organi-sation et dans l'orientation des politiques de
santé du ministère eu égard à une région, on
pourra au moins avoir un terme qui dit ce qu'il veut dire et qui inclut des
choses aussi fondamentales que des particularités
socio-économiques.
En même temps, M. le Président, je le répète,
c'est pour permettre à la ministre de la Santé et des Services
sociaux d'avoir une loi qui corresponde mieux aux discours qu'elle nous tient
et à la présentation qu'elle nous en fait. Elle nous dit: Non, ce
n'est pas une loi linguistique, et encore moins une loi à portée
linguistique. M. le Président, il n'y pas de raison qu'on retrouve des
particularités linguistiques. Je vais vous dire en toute
sincérité que, si cet amendement pour changer "linguistiques et
socioculturelles" par "démographiques" est apporté comme je le
fais, non pas à la dactylo, mais on vient de le rédiger, je me
suis dit que peut-être la ministre me convaincra-t-elle que ce ne n'est
pas pour des raisons linguistiques et qu'elle est vraiment en mesure de bien
justifier et de bien développer des raisons pour justifier qu'on
insère "linguistiques et socioculturelles".
J'ai posé peut-être une vingtaine de questions à la
ministre pour lui permettre de bien préciser le sens de la
présence de ces deux éléments dans le projet de loi et
pour lui permettre de bien décrire les situations auxquelles elle
faisait référence. J'ai aussi essayé de vérifier en
termes d'échelles de valeurs et de grandeur par rapport à des
particularités socio-économiques qui sont, je le
répète, fondamentales dans l'orientation des politiques de
santé d'une société où cela se situait. Elle m'a
dit: Non, cela n'est pas important. Je le retrouve à l'article 3a qui
dit que, oui, je dois m'occuper aussi des conditions sociales des gens, alors
qu'on retrouve des régions qui ont des particularités
socio-économiques bien précises qui font qu'elles devraient
orienter les politiques de la santé du gouvernement actuel. On nous dit:
Non, ce n'est pas important. Ce à quoi on tient, c'est l'aspect
linguistique et socioculturel. En matière de santé, dans les
politiques de santé d'un gouvernement libéral, cela a beaucoup
plus de poids que les particularités socio-économiques qu'on
retrouve dans des régions données. (21 h 15)
M. le Président, de deux choses l'une, ou la ministre est
sincère et va donc appuyer l'amendement que nous avons
présenté et pourra ensuite, donc, bien assumer ses
responsabilités de ministre responsable de la Santé et des
Services sociaux et non pas de la langue, de la Santé et des Services
sociaux au Québec... En
conclusion, M. le Président, ou bien que la ministre... M. le
Président, cela permettra donc à la ministre, peut-être,
d'avoir un projet de loi, je le répète, plus conforme à
son discours et ce qu'elle dit souhaiter réellement.
M. le Président, je serai heureux de voir l'attitude de la
ministre par rapport à cet amendement, compte tenu que son leader, le
leader du gouvernement, a déjà convoqué une rencontre avec
le président de l'Assemblée nationale, ce qu'on appelle une
conférence des leaders, au cours de laquelle il a déjà
annoncé son intention de mettre la guillotine sur les travaux de notre
commission pour empêcher une discussion des amendements du Parti
québécois sur le projet de loi. On comprend pourquoi on nous a
refusé le consentement eu dépôt de nos amendements, c'est
qu'on ne veut pas se rendre aux amendements, on a peur d'avoir un projet de loi
qui soit conforme au discours qui est tenu, aux annonces faites par la
ministre, aux caractéristiques que le premier ministre y donne - qui est
celle, par exemple, d'être une passoire - et on se retrouvera,
peut-être, si cette guillotine que le leader vient d'annoncer à
l'occasion d'une conférence des leaders officiellement tenue il y a
quelques minutes, avec ce projet de loi peut-être maintenu tel quel parce
qu'on refusera même... Non seulement on ne voudra pas adopter les
amendements que nous présentons, mais on ne voudra même pas en
discuter. On va faire tomber la guillotine avant qu'on s'y rende pour faire en
sorte que ce projet de loi demeure la même passoire linguistique, le
même projet de loi mal rédigé, bâclé et qui ne
fait l'affaire de personne, et dans le réseau de la santé et des
services sociaux, et dans l'ensemble des corps organisés de notre
société, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, votre
droit de réplique.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant d'aborder...
Le Président (M. Bélanger): Pourrait-on respecter
le temps de parole de la ministre, s'il vous plaît? Mme la ministre, je
vous en prie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant d'aborder
l'amendement proposé par le porte-parole officiel de l'Opposition, je
voudrais faire quelques remarques quant au comportement absolument
antiparlementaire que l'Opposition a affiché cet après-midi.
M. le Président, le chef de l'Opposition officielle convoquait la
presse cet après-midi à 14 h 30 - du moins, je pense - pour
remettre, avant même que la commission parlementaire n'en soit saisie,
les amende- ments que l'Opposition se préparait à déposer
à cette commission parlementaire. M. le Président, c'est un
véritable mépris des règles de ce Parlement. Et, à
ma connaissance, je ne me souviens pas dans les dix dernières
années, alors qu'une commission siégeait, étudiait un
projet de loi, que le porte-parole officiel de l'Opposition - et pis encore,
sous le leadership du chef de l'Opposition - ait convoqué la presse et
ait déposé, avant même que nous en soyons saisis à
cette commission... Alors que, depuis 16 heures on faisait une obstruction
systématique aux travaux de cette Assemblée, on a rendu, d'une
façon tout à fait inacceptable, ces amendements publics. Nous les
avons obtenus par les journalistes.
M. le Président, je n'ai jamais vu semblable comportement au
cours des dix dernières années, depuis que je suis à
l'Assemblée nationale. Jamais je ne l'ai vu, et je pense que c'est une
moquerie, un mépris absolument inacceptable de la part de l'Opposition,
eu égard aux règles qui s'appliquent à ce Parlement.
M. le Président, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on
essayait - et ce ne sont pas des motifs que j'impute, si on a d'autres
explications on me les donnera et je pourrai changer d'idées - de
manipuler la presse, on tentait une manipulation des journalistes, sinon,
expliquez-moi pourquoi vous avez procédé de cette façon,
à moins que le Parlement et les règles parlementaires ne
veuillent plus rien dire pour l'Opposition. Après avoir vu ce que nous
avons vu pendant seize heures d'affilée, aucun désir d'aborder le
projet de loi, de procéder de cette façon et qu'on veuille nous
faire pleurer sur la bonne volonté de l'Opposition officielle, M. le
Président, je me permets d'avoir des doutes. Je voudrais revenir sur ce
point...
M. Filion: Me permettez-vous de répondre?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président, c'est mon droit de
parole.
Le Président (M. Bélanger): C'est le droit de
parole de Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: J'ai combien de temps? Une heure?
Le Président (M. Bélanger): Vinqt minutes.
Mme Lavoie-Roux: Vingt minutes.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, dois-je comprendre quand la
ministre...
M. Sirros: Quel article, M. le Président? Quel article, M.
le Président!
M. Rochefort: À partir du même article par lequel la
ministre a demandé... 209, M. le Président. La ministre a
demandé pendant combien de temps elle avait le droit de parler, je veux
savoir, M. le Président, quand la ministre demande si elle a une heure,
si c'est pour "filibuster" sa propre commission et empêcher qu'on
étudie les amendements du Parti québécois.
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas l'intention de parler une
heure.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est parce que je ne
crois pas que j'aie à être interrompue en plein milieu de mon
intervention.
Le Président (M. Bélanger): Alors, Mme la ministre,
vous avez la parole et on ne vous...
M. Boulerice: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Bélanger): Ce n'était pas
une question de règlement. Alors, ce n'est pas recevable. Je vous prie,
Mme la ministre, de continuer votre intervention. M. le député de
Taillon. Quel article'?
M. Filion: Ma question de règlement est la suivante: La
ministre, dans ses derniers propos, a dit que l'attitude de l'Opposition
était antiparlementaire. C'est l'article... Pesez-moi le
règlement, je vais vous le trouver.
Le Président (M. Bélanger): Je présume que
c'est l'article 35,7°.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous avons le droit de
parole.
M. Blais: Arrêtez de faire le président. Pour qui
vous prenez-vous ici?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît, la parole est au député de Taillon. Je
demanderais à tout le monde de se taire et de laisser le
député de Taillon s'exprimer sur sa question de règlement.
M. le député de Taillon, à l'article 35,7° : "se
servir d'un tangage violent, injurieux ou blessant à l'adresse de qui
que ce soit."
M. Filion: Alors, la ministre a qualifié l'attitude de
l'Opposition, aux articles ... Une voix: Les articles 35,6° et
35,7°.
M. Filion: ...35,6° et 35,7°, d'antiparlementaire. Elle a
dit qu'elle n'avait jamais vu cela depuis dix ans, alors que son propre
collègue, le ministre M. Paradis, a fait la même chose. C'est bien
connu qu'un projet d'amendement est toujours un projet tant qu'il n'est pas
déposé. C'est comme sur un projet de loi. La vice-première
ministre a fait la même chose, son projet d'amendement à la loi
140 n'a jamais été déposé en commission.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
ici vous n'êtes pas sur une question de règlement.
M. Filion: Oui, oui, c'est une question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Non, je m'excuse, vous
plaidez sur le fond et cela, je ne l'accepte pas.
M. Filion: Sur les articles 35,6° et 35,7°.
Le Président (M. Bélanger): L'article 35,7°
dit: "se servir d'un langage violent, injurieux ou blessant à l'adresse
de qui que ce soit."
M. Filion: Les articles 35,5°, 35,6° et 35,7°; elle a
attaqué la conduite de l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): L'article 35,5°
dit: "attaquer la conduite d'un député", et non pas de
l'Opposition.
M. Filion: Bien oui, mais elle a dit: des députés
de l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, de toute évidence
on ne veut pas entendre mes propos, n'est-ce pas?
M. Rochefort: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin. Est-ce que vous pouvez me dire l'article, s'il
vous plaîtî
M. Rochefort: Oui. M. le Président en vertu des articles
35,5° , 35,6° et 35,7°. À l'article 35.6° , on dit qu'il
est défendu à un député qui a la parole d'imputer
des motifs indignes à un député ou de refuser d'accepter
sa parole.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas imputé de motifs à qui
que ce soit.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, il s'agit de motifs
indignes que de prétendre que...
Mme Lavoie-Roux: À l'Opposition... M. Sirros: C'est
qu'il a la mouche...
M. Rochefort: M. le Président, que la ministre me laisse
poursuivre ma question de règlement. Et à l'article 35,5°,
quand on parle d'attaquer la conduite d'un député, je vous
soulignerai une jurisprudence dont j'ai été victime,
moi-même, par une décision du président de
l'Assemblée en Chambre, où il me disait que lorsque je parlais du
patronage libéral, ce n'était pas respectueux de notre
règlement, parce que cela comprenait les députés
libéraux. Or, quand la ministre attaque l'Opposition, cela comprend les
députés, membres de l'Opposition.
M. le Président, si la ministre veut parler de manipulation,
manipuler, c'est annoncer un amendement qu'on ne dépose même
pas.
M. Sirros: M. le Président, sur une même question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président.
M. Rochefort: Ce qu'elle avait fait dans son discours de
deuxième lecture.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le député de Laurier, sur une question de règlement,
brièvement, s'il vous plaît!
M. Sirros: Sur la même question de règlement, M. le
Président, si le député de Taillon a des
récriminations contre le ministre du Travail, j'imagine que ses
collègues prendront ces responsabilités...
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas une
question de règlement, M. le...
M. Sirros: M. le Président...
M. Filion: II n'a pas déposé ses amendements en
commission.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Ce que le ministre du Travail a fait à une autre commission, cela
regarde l'autre commission.
M. Sirros: Cela n'excuse en rien ce qui a été fait
cet après-midi, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Sirros: Selon les règles du Parlement, les
amendements...
M. Blais: Quel article? Vous ne lui avez pas demandé le
numéro de l'article.
Le Président (M. Bélanger): Je le lui ai
demandé.
M. Blais: Quel article?
M. Sirros: C'est le même article, M. le Président.
"Les amendements sont déposés devant les membres d'une commission
parlementaire qui est saisie..."
M. Rochefort: M. le Président, sur quoi parle-t-il?
Le Président (M. Bélanger): Sur l'article
35,7°.
M. Sirros: Écoutez, vous allez comprendre: "...des travaux
de cette commission parlementaire devant la loi.", et non pas devant les
journalistes, avant même d'être déposés.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas une
question de règlement. Ce n'est pas recevable. Je ne voudrais pas que
l'on plaide sur le fond. Je prierais Mme la ministre de continuer son
intervention. Je voudrais que l'on respecte le temps de parole de Mme la
ministre, s'il vous plaît!
M. Rochefort: ...nos amendements...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaîtl
À l'ordre, s'il vous plaît! On écoute Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais
immédiatement rétablir deux faits. On m'a dit que j'avais
annoncé à l'Assemblée nationale les modifications que
j'apporterais au projet de loi. J'étais dans le Parlement; je
n'étais pas à l'extérieur du Parlement. Quand la
vice-présidente a demandé de déposer et d'exposer ces
amendements, elle était au Parlement. Elle n'a pas convoqué de
conférence de presse. Je n'ai pas convoqué de conférence
de presse pour déposer mes amendements parce que j'en ai d'abord
parlé au Parlement. Vous savez fort bien que c'est
généralement de cette façon qu'un ministre indique ses
intentions quant à des modifications à un projet de loi. M. le
Président, c'est fort différent d'une Opposition ou d'un chef de
l'Opposition qui convoque la presse pour lui communiquer tels quels ses
amendements. Je pense que c'est
important, c'est une différence notable.
Également, on répète que nous avons
empêché l'Opposition de déposer ses amendements cet
après-midi. M. le Président, nous étions à discuter
une motion qui était sur la table. À ce moment-là, il
fallait disposer de la motion; c'est clair dans nos règlements
également. Quand j'ai déposé, dans mes notes
d'intervention, les amendements, d'abord, je dois dire que le
député de Gouin m'avait manifesté le désir que je
les dépose le plus rapidement possible et qu'il m'avait même dit
que cela pourrait conditionner le déroulement de nos travaux.
M. Rochefort: Cela l'a conditionné, vous n'avez même
pas déposé les amendements que vous aviez annoncés.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaîtl
On respecte le droit de parole de Mme la ministre. Je ne voudrais aucune
intervention, ni d'un côté, ni de l'autre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'il ne faut
pas déformer les faits. Ce sont les faits, tels qu'ils se sont
présentés et ce n'est pas ce que l'Opposition voudrait nous faire
croire. Je termine sur ce point particulier en disant qu'il s'agit d'un
mépris évident du Parlement et de ses règles.
J'en arrive maintenant à l'amendement qui est
déposé devant nous et qui veut que nous remplacions les termes
"linguistiques et socioculturelles" par les mots...
Des voix: ...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaîtl
S'il vous plaît, un seul débat à la fois. Actuellement,
c'est Mme la ministre qui a la parole.
Mme Lavoie-Roux: ...par les mots "et démographiques". M.
le Président, puisque l'on s'est référé abondamment
au dictionnaire le Petit Robert pour tenter de justifier cet amendement,
je veux vous faire savoir que la démographie, c'est une science
statistique qui fait des études quantitatives. L'esprit de ce premier
article est d'inclure dans la règle générale, dans
l'économie générale de la loi, des notions qui nous
apparaissent extrêmement importantes au moment où nous assistons,
au Québec, à une variation ou à une diversité sur
le plan linguistique et sur le plan socioculturel. Quand on nous fait valoir
que le plan socioculturel ne comprend pas des dimensions économiques,
à ce moment-là, on pourrait mettre
"socio-économico-culturelles", si l'on préfère. Mais,
troquer les mots "linguistiques et socioculturelles" pour le mot
"démographiques" qui s'applique strictement à une science, M. le
Président, et je le répète, c'est strictement ce que vous
retrouvez dans le Petit Robert, à une science: étude
statistique des collectivités humaines, étude quantitative des
populations humaines ou animales et de leurs variations, M. le
Président.
Je veux dire au député de Gouin que les
préoccupations que nous avons, sans aucun doute, nous ne pouvons pas
faire une planification de nos services de santé et de nos services
sociaux sans nous référer à des données
démographiques. La quantité de services que l'on met à la
disposition de quelqu'un dépend des nombres que l'on retrouve dans une
région, dans une sous-région et ceci est inhérent à
la planification même et à l'organisation même de nos
services de santé et services sociaux. Et tenter de faire croire que
c'est cette expression qui peut remplacer les notions d'adapter des services
à des particularités linguistiques et socioculturelles me semble
tout à fait inacceptable. Pour cette raison, nous voterons contre
l'amendement proposé par le député de Gouin. (21 h 30)
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres gens
qui désirent... M. le député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, tout d'abord j'aimerais relever
le fait que Mme la ministre nous a dit que nous avons dans l'Opposition du
mépris pour le règlement et les règles dans cet
Hôtel du Parlement. Il y a à peu près quinze minutes, en
haut, on imposait la guillotine justement pour faire tomber toutes ces
règles après seulement seize heures d'étude d'un projet de
loi aussi important pour l'ensemble de la communauté
québécoise. Eh bien, je ne crois pas qu'ici ce sont nous qui
ayons du mépris par nos propositions d'amendement pour bonifier ce
projet de loi que nous étudions. Premièrement, je ne croîs
pas que ce soit nous qui avons du mépris. Deuxièmement, on
annonce en pleine Assemblée nationale qu'on a un amendement à
présenter - alors, que les journalistes nous écoutent - soit en
deuxième lecture, soit en période de questions. Je l'ai ici, on
dit qu'on va présenter des amendements et on ne les présente
même pas. C'est la ministre qui a fait circonscrire la façon de
desservir les communautés d'expression anglaise. Elle n'a pas
présenté cet amendement et je crois que c'est berner le Parlement
et ceux qui ont été élus au suffraqe démocratique.
Troisièmement, pour moi, ce qui est encore pire comme mépris,
c'est cette façon de se carapacer et de se cambrer derrière un
projet de loi après l'avoir fait en catimini à la dernière
minute, sans aucune consultation. C'est un mépris du Parlement, c'est un
mépris des élus. C'est le premier volet du mépris du
Parlement. Le deuxième volet du mépris du Parlement dans cette
façon de se cambrer, de s'obstiner, de
se caparacer devant un projet de loi est de faire autour de soi une
barricade de sorte que personne ne nous voie et, surtout, que l'on ne voie
personne. Eh bien, je dis ceci: Depuis le tout début de ce Parlement
jusqu'à aujourd'hui, dans les lois refondues du Québec, nous
avons une loi qui s'appelle Loi sur les services de santé et les
services sociaux...
M. Marcil: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Beauharnois.
M. Marcil: Normalement, on devrait discuter sur l'amendement.
Une voix: Un instant, s'il vous plaît!
M. Rochefort: M. le Président, sur la même question
de règlement. La pertinence en vertu de l'article 211.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, en vertu de l'article 211.
Si le député de Terrebonne n'est pas pertinent, il faut que vous
demandiez à Mme la ministre de retirer l'essentiel des propos qu'elle a
tenus pendant son intervention.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, si vous voulez continuer votre
intervention.
M. Blais: La deuxième partie de cette troisième
façon de mépriser le Parlement, c'est celle-ci. Tous les gens qui
ont été élus dans ce Parlement ont fait des lois ont fait
une loi qui s'appelle Loi sur les services de santé et des services
sociaux et, dans cette loi, il n'y a absolument rien de linguistique, II n'y a
rien de linguistique, M. le Président, si vous voulez le dire au
député de Notre-Dame-de-Grâce qui se cambre. Cette loi 142
vient modifier par l'amendement - je deviens pertinent un peu plus - qui ne
parle en rien de la chose linguistique. Est-ce que ceci, en l'amenant dans une
loi qui ne doit pas parler de choses linguistiques... Tous les parlementaires
à venir jusqu'à aujourd'hui, depuis la création de ce
Parlement, depuis l'avènement de la démocratie ici, tous les
législateurs ont été assez intelligents et pertinents pour
ne pas mêler les lois linguistiques d'une communauté et les lois
d'application de services sociaux. Ce sont deux choses différentes et
c'est comme la... Vous allez me dire que ce sont des rails de chemin de fer qui
conduisent une locomotive. Certainement, je vais vous dire que c'est vrai. Mais
il y a un rail qui dit: Qu'est-ce qu'un service social? Qui doit le
recevoir?
Maintenant, l'application de cela, c'est dans la charte des droits ou
des choses semblables ou la charte de la langue. Cela dépend des
provinces, cela dépend des Parlements, la façon de l'appliquer.
Trouvez-moi dans cette loi quelque chose qui dise la façon d'appliquer
un service. Il y a l'article 4 qui parle du droit aux services. Qui a droit aux
services sociaux au Québec? "Toute personne a droit de recevoir des
services de santé et des services sociaux adéquats sur les plans
à la fois scientifique, humain et social, avec continuité et de
façon personnalisée, compte tenu de l'organisation et des
ressources des établissements qui dispensent ces services." On ne dit
pas en quelle langue le service est donné.
Ensuite, on dit sans discrimination. C'est une autre affaire. II n'y a
pas de discrimination dans les services. Et je suis d'accord avec cela. Ce
n'est pas parce que je suis contre. C'est parce que je ne veux pas me faire
dire que j'ai des préjuqés parce que je vois certaines barbes qui
me regardent. Ici, "Discrimination interdite". "Les services de santé et
les services sociaux doivent être accordés sans distinction ou
préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la
religion, la langue..." La langue, c'est bien sûr. Ils disent qu'on doit
donner le service à tout le monde même à ceux qui
parleraient arabe, grec, italien, français et anglais, mais ils ne
disent pas comment le rendre. Ils ne disent pas comment rendre le service. Ils
ne disent pas en quelle langue servir le monde. C'est complètement
différent.
Alors, dans ceci, Mme la ministre, êtes-vous capable de me dire
qu'il y a une façon décrite par la loi? Dans les services de
santé et les services sociaux, est-ce qu'on décrit la
façon dont le service doit être rendu? Dans quelle langue le
service doit-il être rendu? II n'en est pas question. Et on amène
une loi pour venir modifier celle-ci. Si dans celle-ci il est prouvé
qu'il n'y a rien de linguistique, comment prétendre que ce petit volet
n'est pas une loi linguistique maintenant? J'espère que vous comprenez
de l'autre côté. Et si on dit toujours que cette loi n'est pas
linguistique, c'est rendre un mépris total à tous ceux qui ont
travaillé dans ce Parlement depuis sa création.
C'est là-dessus que je vous attends dans le détour, Mme la
ministre, parce que si dans cette loi, qui est la loi fondamentale, de la
façon dont on donne les services au Québec on ne dit pas en
quelle langue ces services doivent être rendus, comment peut-on
prétendre après qu'on légifère et qu'on sorte une
loi qui viendrait amender celle-ci sur un point dont nulle part dans cette loi
il n'est question? Vraiment, si ce n'est pas cela mépriser... Vous ne
méprisez pas que nous, qui sommes devant vous, vous méprisez
tous
ceux qui ont fait que cette loi se retrouve dans les lois refondues du
Québec depuis la création du Parlement. Alors, si ce n'est pas
cela mériter le trophée du mépris des législateurs,
eh bien! je ne sais pas ce que c'est! Et tenir le discours que cette loi n'est
pas linguistique.., Je serais presque capable de... La loi parle
d'elle-même.
On dit que ce n'est pas une loi linguistique quand la loi parle
d'elle-même. À la septième ligne de la loi qu'on
amène, le premier mot de la ligne, c'est "linguistiques". C'est curieux:
"à mieux adapter les services de santé et tes services sociaux
aux besoins de la population en tenant compte des particularités
régionales, y compris les particularités physiques,
géographiques, linguistiques..." Et on passe notre temps à nous
dire que cela n'est pas une loi linguistique. Eh bien! C'est cela, se braquer,
avoir une sorte de raisonnement marécageux.
Mme la ministre, jusqu'à la toute fin, je vais essayer de vous
faire confiance pour que vous apportiez des changements. Mais si vous vous
braquez comme un piranha sur sa proie devant cette loi, je vais manquer de
confiance. Je crois que vous êtes obnubilée par votre voisinage,
que vous manquez de bonne volonté ou que vous avez vraiment l'esprit
obstiné complètement, puisque vous ne comprenez pas ce que
l'Opposition vous dit depuis 17 heures. Je trouve cela incompréhensible
de votre part. Alors, le mépris n'est pas de ce côté-ci de
la Chambre et je tiens à vous dire qu'il n'y a pas de différence
entre le respect que nous avons ici de tous ceux qui ont fait les lois, il n'y
a pas une grande différence, il n'y a que la largeur de la table, M. le
Président, et je continuerai plus tard. Merci pour le moment.
Le Président (M. Bélanger): Alors, est-ce que
quelqu'un du parti ministériel désire s'exprimer? M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Merci, M. le Président. La semaine
passée, la vice-première ministre a déposé des
amendements en Chambre concernant le projet de loi 140. L'Opposition a presque
déchiré ses vêtements en disant que c'était un
mépris de la commission parlementaire que...
Des voix: ...
M. Filion: Question de règlement.
M. Sirros: M. le Président, je tiens à mon droit de
parole.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon, une question de règlement en vertu de
quel article?
M. Filion: Une question de règlement.
Ce que le député de Laurier dit est tout à fait
inexact, tout à fait inexact, M. le Président. Le document qui a
été déposé contenait des intentions. Ce qui a
été spécifié par les deux leaders...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
s'il vous plaît! M. le député de Taillon, s'il vous
plaît! Ce n'est pas la place pour faire ses colères ici ou pour
régler d'autres comptes. Je voudrais, lorsqu'on fait une intervention
sur un point de règlement, qu'on donne d'abord l'article; c'est une
question d'ordre. Des gens se prévalent de questions de règlement
pour faire des commentaires qui sont impertinents. Cela fait plusieurs fois que
j'interviens sur cela et je ne voudrais plus avoir à le faire, s'il vous
plaît! Nous sommes dans la période de parole de M. le
député de Laurier et je voudrais qu'on respecte ce temps de
parole. Si on a des choses sur lesquelles réagir après, les gens
de l'autre côté, l'Opposition, ont un temps de réplique;
vous utiliserez votre temps de réplique et vice versa, selon
l'alternance. C'est la façon de procéder qui a été
établie et je souhaite qu'on la respecte à l'avenir. Alors, M. le
député de Laurier, je vous en prie.
M. Sirros: Merci, M. le Président, si le
député de Taillon a des choses à dire, il se
prévaudra de son droit de parole et il les dira. Quant à moi, je
me rappelle très bien les objections fortes de l'Opposition quant
à la façon dont la vice-première ministre avait
procédé, en déposant devant le Parlement, devant tous les
députés parlementaires les amendements qu'elle avait l'intention
d'apporter à la commission parlementaire qui étudiait le projet
de loi 140.
Ici, M. le Président, nous avons eu l'exemple d'une façon
de procéder qui est tout à fait contraire, qui frôle pas
mal l'hypocrisie, M. le Président, parce que non seulement ils n'ont pas
déposé leurs amendements devant la commission parlementaire qui a
été saisie du projet de loi 142, mais ils ont
décidé au moins trois heures et quart avant même de
prétendre qu'ils voulaient les déposer devant la commission
parlementaire, ils ont procédé à une convocation de la
presse pour effectivement déposer devant la presse des amendements qui,
normalement, doivent, selon les règles parlementaires, venir au
Parlement. Il est évident depuis longtemps, M. le Président, que
l'Opposition ne respecte nullement, ni les règles du Parlement, ni
même le Parlement lui-même, je dirais, M. le Président, et
à peu près tout ce qui l'intéresse, c'est de
déformer, autant qu'elle peut, les faits, la situation, et de manipuler
l'information. Elle a procédé exactement de cette façon
cet après-midi en convoquant la presse à 14 h 30 avant de parler
à la commission parlementaire des
intentions qu'elle avait quant aux amendements, M. le Président.
Je trouve que, pour le moins, cela sape pas mal la crédibilité
des gens d'en face, si cela n'est pas déjà sapé, M. le
Président.
Concernant l'amendement et les amendements de l'Opposition, et surtout
l'intervention du député de Terrebonne qui a essayé de
nous dire que le projet de loi était un projet de loi linguistique,
qu'il ne fallait pas que ce soit un projet de loi linguistique et qu'on devait
enlever le mot "linguistiques" de l'article que le gouvernement avait devant
lui, j'aimerais simplement le référer à ses propres
amendements qui parlent plus précisément encore de la langue qui
disant qu'on veut que cela soit donné en langue anglaise à la
communauté de langue anglaise, etc. Il y a une certaine
incohérence! soit qu'on est contre le projet de loi, M. le
Président, à cause de cela...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, sur quel article?
M. Sirros: Quel numéro, M. le Président, quel
article?
M. Rochefort: M. le Président, par exemple, ce n'est pas
le député de Laurier qui est président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
laissez le président faire son travail! M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: L'article 211, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): L'article 211, oui.
M. Rochefort: On est à l'amendement qui vise à
changer "linguistiques et socioculturelles" par "démographiques"...
Le Président (M. Bélanger): Or, tout
discours...
M. Rochefort: ...non pas à l'amendement qui vise la
communauté de langue anglaise du Québec.
Le Président (M. Bélanger): "Tout discours doit
porter sur le sujet en discussion." Remarquez, jusqu'à maintenant, que
j'ai été assez tolérant vis-à-vis de la pertinence
et peut-être que, si on revenait directement aux amendements, tels qu'ils
sont proposés, on aurait moins de difficulté à mener nos
débats. Je souhaiterais que, de part et d'autre, et je dis bien de part
et d'autre, puisqu'il y a eu des abus de part et d'autre, on puisse à
l'avenir s'en tenir à la règle de la pertinence. M. le
député de Laurier. (21 h 45)
M. Sirros: Je veux seulement m'assurer, M. le Président,
que ce n'est pas sur mon temps de parole que les questions de règlement
s'appliquent.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas sur votre
temps de parole, M. le député.
M. Rochefort: M. le Président, effectivement, sur
l'article 211...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: ...je n'ai jamais soulevé cette question
pour les autres interventions, compte tenu que je respectais que vous acceptiez
qu'on débatte le sujet qui était un peu plus...
Le Président (M. Bélanger): ...élargi.
M. Rochefort: ...élargi. Mais, on parle d'un tout autre
amendement et on commence à développer un raisonnement sur un
autre amendement et, là, M. le Président, je pense que c'est
dépasser la limite.
Le Président (M, Bélanger): II faudrait faire
attention et s'en tenir à la pertinence. Faisans, tout le monde
ensemble, un bon effort. Et je vous prierais de continuer M. le
député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, c'était exactement dans
la ligne et très pertinent à ce que je disais parce que je
faisais le parallèle entre les paroles que le député de
Terrebonne tenaient quant aux arquments que l'Opposition avait concernant le
projet de loi et les raisons qui l'amenaient à présenter un
amendement. À moins que l'Opposition ne reconnaisse qu'ils peuvent
être complètement incohérents en parlant sur une chose
strictement, à un moment donné, dans un hout de phrase et en
revenant avec exactement le contraire quelques minutes plus tard. Je faisais le
lien simplement, M. le Président, pour indiquer qu'il y a une
contradiction flagrante avec l'argumentation qui a été
avancée pour l'amendement qui nous est présenté. Et
l'argumentation vise à nous dire qu'ils ne veulent pas que le projet de
loi soit sur une loi linguistique. Il nous arrive aussi avec des amendements
linguistiques. Alors, c'est complètement contradictoire. C'est tout
à fait pertinent, M. le Président, de soulever les contradictions
évidentes, flagrantes, de l'Opposition, à la vue de tout le
monde. Les contradictions sont là. Ils se fautent, d'une part, des
règles du Parlement et de la logique évidente et normale.
Après cela, M. le Président, ils voudraient qu'on les prenne
au sérieux quand ils nous parlent des amendements qu'ils veulent
proposer. Il y a peut-être des choses qu'on pourra retrouver
là-dedans et qu'on va examiner d'une façon sérieuse-
J'aimerais bien souligner que la façon dont ils ont
procédé jusqu'à maintenant, ce n'est aucunement
sérieux. C'est complètement inacceptable, cette façon dont
ils ont procédé jusqu'à maintenant, M. le
Président.
Je dirais même, M. le Président, que certains amendements
seraient peut-être acceptables. Je serais curieux de voir si
l'Opposition, en amendant le projet de loi, serait prête à voter
avec le gouvernement dans un projet de loi qui pourrait faire un consensus.
À moins que ce ne soit simplement notre jeu que l'Opposition voulait
jouer, de présenter des amendements, de voter pour s'il y avait des
terrains communs et voter contre le projet de loi, M. le Président. Il
me semble que, normalement, si on estime, comme l'a dit le député
de Gouin, que le projet de loi est inacceptable, "inamendable", etc., on ne
joue pas le jeu de présenter des amendements à moins que tout ce
qui les concerne de l'autre côté ne soit effectivement de jouer le
jeu parce qu'ils sont mal pris avec leur propre position, d'une part, et avec
la réalité que vivent les communautés culturelles et la
communauté anglophone, les positions qu'ils ont prises dans le
passé, et qu'ils essaient de camoufler tout cela en procédant
d'une façon complètement antiparlementaire, complètement
illogique et incohérente, M. le Président, pour ne pas parler des
discours basés, qui reflètent...
Je serai peut-être rappelé à la pertinence, mais je
donne l'argument qu'il est tout à fait pertinent de souligner les
contradictions qui sont avancées ici par l'Opposition, étant
donné qu'on a fait référence à l'amendement qui
vise à restreindre seulement à des personnes d'expression
anglaise le droit d'avoir recours aux tribunaux, au cas où elles se
sentiraient méprisées par le système. Il y a un
amendement, proposé par l'Opposition, qui est discriminatoire à
sa face même. J'inviterais le député de Terrebonne, qui a
dit qu'il démissionnerait si jamais son parti prenait des mesures
discriminatoires, à bien le lire avant de l'appuyer et peut-être
qu'il décidera de démissionner.
M. le Président, les avocats de l'autre côté
conviendront avec moi que toute notion dans une loi qui est un déni de
justice, en empêchant quelqu'un, dans la loi même, d'avoir recours
aux tribunaux s'il se sentait lésé par cette loi doit être
perçue comme un amendement complètement discriminatoire. Je fais
référence à votre amendement qui touche...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, en vertu de quel article?
M. Rochefort: L'article 211, M. le Président. Si le
député de Laurier souhaite aborder immédiatement cet
amendement, nous sommes prêts à suspendre les règles pour
passer immédiatement à l'article prévu.
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Je vous ai dit au tout début qu'il y a, dans
une argumentation, la nécessité quelquefois de faire ressortir
les contradictions qui animent les arguments avancés par l'Opposition.
Je vous souligne et j'invite particulièrement les avocats à bien
noter cette disposition que l'Opposition voudrait nous faire accepter, M. le
Président.
Je reviens précisément à l'amendement au projet de
loi tel que nous l'avons présenté. Il est clair que c'est
l'intention du gouvernement de spécifier, de dire "notamment" quant
à certains aspects, certains éléments dont on doit tenir
compte quand on parle d'adaptation des services sociaux et de santé, il
est clair que c'est l'intention du gouvernement de tenir compte des aspects
socioculturels et linguistiques des clientèles pour que les services
puissent être adaptés afin qu'ils soient plus adéquats,
plus humains et plus en mesure d'être reçus.
Oui, M. le Président, plus humains. Le député de
Terrebonne disait aussi tout à l'heure que le projet de loi stipule
qu'on va donner les services, mais il ne dit pas à qui on va les donner.
On aimerait qu'on tienne compte des personnes à qui on va donner les
services. C'est pour cette raison qu'on veut introduire la notion
socioculturelle et linguistique dans les particularités dont on veut
tenir compte afin que les services sociaux et de santé soient mieux
adaptés, soient plus humainement adaptés et que ce soient des
services qui répondent aux besoins des clientèles. Je l'ai dit
souvent, quiconque veut bien voir la question avec une certaine
objectivité va tout de suite admettre que les caractéristiques
socioculturelles et linguistiques d'un bénéficiaire jouent quant
à la qualité des services qu'il reçoit. Ce que le
gouvernement veut faire, c'est effectivement de faire ressortir, dire de
façon claire que la ministre a les pouvoirs et qu'elle doit les exercer
afin de mieux adapter ces services en tenant compte des caractéristiques
socioculturelles et linguistiques. Cela permettrait plus
particulièrement aux communautés culturelles d'avoir la
possibilité de s'appuyer non pas sur la bonne volonté du
réseau, mais sur un texte de loi et de pouvoir dire à la
ministre: Mme la ministre, la loi dit que vous allez adapter les services
en tenant compte de ces caractéristiques; alors, on vous
demanderait de tenir compte de ces choses-là. Cela donne plus
particulièrement aux communautés culturelles, y inclus les
anqlophones, les Portugais, les Grecs, les Créoles, les
Vietnamiens...
Une voix: Les Arméniens.
M. Sirros: ...les Arméniens si chers au
député de Saint-Jacques et à moi-même, cela leur
donne la possibilité de s'appuyer sur un texte de loi afin de demander
que des services sociaux et de santé soient adaptés à
leurs besoins, à leurs caractéristiques socioculturelles et
linguistiques. Où est le malheur dans tout cela? Quelle chose affreuse
va se produire si, en organisant des services sociaux et de santé, on
tient compte de ces aspects?
L'amendement qui nous est présenté, c'est de remplacer, de
jeter dehors, par la fenêtre, toute notion socioculturelle et
linguistique dans l'adaptation des services et d'introduire une notion
complètement anodine qui n'a rien à voir avec l'organisation des
soins et des services dispensés à des humains, mais qui est
basée sur une science de statistiques qui peut parler, de façon
quantitative, des humains ou des animaux, nous dit le Petit Robert.
Où est la logique dans tout cela, M. le Président? Je n'en vois
aucune, si ce n'est simplement que l'Opposition a décidé, depuis
le début, de jouer à un jeu et de mépriser
complètement le sérieux des travaux de ce Parlement et de cette
commission parlementaire.
M. le Président, c'est absolument inconcevable que les personnes
qui ont fait des discours pendant deux jours en Chambre et pendant trois jours
en commission parlementaire nous aient dit que ce projet de loi fait des
communautés culturelles des groupes minoritaires de seconde classe.
Une voix: C'est vrai.
M. Sirros: C'est vrai, me dit le député de
Terrebonne. Comment se fait-il que ces mêmes personnes ne veuillent
même pas tenir compte des aspects socioculturels et linguistiques de ces
mêmes communautés culturelles dans l'adaptation des services
sociaux et de santé et décident de jeter tout cela par la
fenêtre, de remplacer les mots "socioculturelles et linguistiques" par le
mot "démographiques" qui, je le répète, selon le Petit
Robert, est une science de statistiques qui parle, de façon
quantitative, des humains ou des animaux?
M. le Président, vous comprendrez, si je vous dis que je suis
totalement opposé à l'amendement, que cela ne fait pour moi que
souligner l'incapacité de l'Opposition à aborder ce sujet, je
dirais avec objectivité, je dirais avec sérieux, je dirais avec
une attitude responsable.
Une voix: Excellent.
M. Sirros: Nous étudions ce projet de loi depuis cinq
jours, cela a commencé lundi passé, en deuxième lecture,
et cela s'est poursuivi pendant trois jours ici en commission parlementaire,
lors de l'étude article par article. Pas une seule fois l'Opposition n'a
été amenée à discuter de façon
sérieuse ce projet de loi. Encore une fois, aux dernières heures
de vendredi, trois jours après le début des travaux de cette
commission parlementaire, l'Opposition voulait commencer à parler des
amendements en voulant substituer "socioculturelles et linguistiques" par
"démographique" après avoir pris soin, quatre à cinq
heures avant d'aborder ces amendements ici en commission parlementaire, de les
avoir, de façon complètement antiparlementaire,
déposés devant les journalistes afin de servir encore une fois -
et je le maintiens, M. le Président - ses intérêts à
courte vue, partisans et qui ne visaient que la manipulation et la confusion.
Tout ce qu'ils ont fait pendant ce temps, c'est d'essayer de lier ce projet de
loi à un débat linguistique qui, ils le savent fort bien, suscite
des passions et des émotions fortes. On n'a jamais caché
qu'effectivement le débat linguistique suscite ces émotions mais
on a dit, à plusieurs reprises, à l'Opposition: Faites attention,
ce n'est pas un projet linguistique comme un projet de loi qui modifierait, par
exemple, la loi 101. Ce n'est pas un projet linguistique qui parle des affiches
bilingues. C'est un projet qui parle des aspects socioculturels et
linguistiques dans l'adaptation des services sociaux et de santé pour
des humains, pour des personnes. Pour des raisons partisanes, è courte
vue, qui ne visaient qu'à camoufler leurs propres divisions internes...
Je leur dis, M. le Président, qu'à très court terme, sinon
à moyen terme, cela va les servir très mal dans leur
stratégie, surtout au chef de l'Opposition actuel.
On me dit, M. le Président, que le ministre du Travail avait
déposé ces amendements en commission parlementaire et que c'est
seulement après qu'il a parlé aux journalistes. C'était
pour rectifier quelque chose que le député de TailIon avait dit
en comparant ce que l'Opposition a fait tout à l'heure en se basant sur
une présumée mauvaise façon...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on pourrait
revenir è la pertinence du sujet, M. le député de
Laurier?
M. Sirros: Oui, M. le Président. Je m'excuse, je tenais
simplement à rectifier ce fait. L'amendement que l'Opposition
présente
consiste, encore une fois, à dire qu'ils ne veulent pas tenir
compte des aspects socioculturels et linguistiques dans l'adaptation des
services sociaux et de santé et qu'ils veulent remplacer cela par le mot
"démographiques". Je ne reviendrai pas encore une fois sur la
définition du mot "démographiques", mais je reviendrai sur ce que
cela signifie. Cela signifie que tous les discours que l'on a entendus sur
l'intérêt que manifeste l'Opposition vis-à-vis les
communautés culturelles plus particulièrement, ne peuvent
être interprétés que comme des mots vides de sens, M. le
Président, parce que si l'Opposition est sérieuse, si
l'Opposition voulait vraiment tenir compte des besoins des communautés
culturelles plus particulièrement dans l'adaptation des services sociaux
et de santé, ce n'est pas ce genre d'amendements qu'elle aurait
présentés, M. le Président. Ce n'est pas le genre
d'obstruction qu'elle a menée pendant tout ce temps-là qu'elle
aurait menée. Ils auraient dit: Nous sommes d'accord qu'on accepte la
réalité et la réalité est que les aspects
socioculturels et linguistiques des bénéficiaires sont importants
dans l'adaptation des services sociaux et de santé. C'est cela qu'ils
auraient dû faire, M. le Président, s'ils étaient
sérieux. Alors, tous les mots qu'ils ont prononcés pendant ces
discours concernant les communautés culturelles et leur
intérêt à voir à ce que les services soient
livrés aux communautés culturelles dans leur langue ne peuvent
être interprétés que comme étant vides de sens, M.
le Président. Cela ne voulait rien dire, cela ne voulait absolument rien
dire parce que tout cela a été véhiculé strictement
dans le but, encore une fois, de faire des différences entre des
catégories de Québécois, de dire! Les Anglais, on les
hait, on ne les aime pas...
Des voix: Ah! Ah! Wo! wo!
Une voix: Franchement! Franchement!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît...
Une voix: Un peu de modération, s'il vous
plaît...
Le Président (M. Bélanger): Un instant... Wo! wo!
wo!
Une voix: ...sur les cartes d'ahésion au Parti
libéral.
Le Président (M. Bélanger): Vous n'avez pas le
droit de parole!
Une voix: Chez nous, ce n'est pas inscrit cela.
Le Président (M. Bélanger): Personne n'a le droit
de parole pour le moment. Du calme, s'il vous plaît!
Une voix: ...origine ethnique...
Le Président (M, Bélanger): On peut être
indigné... Vous aurez votre droit de réplique tout à
l'heure et vous pourrez...
M. Sirros: M. le Président, je veux retirer le mot
"haïr". Je demanderais aussi au Journal des débats de le
retirer.
M. Rochefort: Vous devriez retirer un paquet de mots que vous
avez prononcés... (22 heures)
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On respecte le temps de parole du député de Laurier et vous
voulez préciser que vous avez retiré les termes que vous avez
dits.
M. Sirros: Quels termes, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
vous pouvez reprendre ces termes...
M. Sirros: Je remplacerais le fait qu'ils ont dit
"haïr".
M. Filîon: On n'a pas dit cela quand même. C'est vous
qui le dites.
M. Sirros: C'est vrai, vous n'avez pas prononcé le mot
"haïr". Je le retire, M. le Président.
M. Filion: Tout ce que vous avez dit, c'est vous...
M. Sirros: M. le Président, mon droit de parole.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon, s'il vous plaît! Vous n'avez pas le
droit de parole.
M. Sirros: C'est vrai que cela n'a pas été
utilisé. M. le Président, je le retire, mais c'est le fait de
voir des choses comme l'amendement à l'article 9.2 qui m'a
peut-être fait réagir de cette façon. Pour toutes ces
raisons, je ne peux croire pour un instant que l'Opposition était
sérieuse dans ses discours et dans ses présentations
d'amendement. Mais si, par hasard, il y a des choses là-dedans qui sont
acceptables et qui bonifient la loi, nous les accepterons et j'inviterai,
à ce moment, l'Opposition à être plus conséquente
avec ses gestes et paroles, et à reconnaître que la loi
améliorera la prestation des services sociaux et de santé. Pour
toutes ces raisons, M. le Président, je pense qu'il est évident
que je voterai contre
l'amendement qui est présenté.
Le Président (M. Bélanger): Sur l'amendement,
est-ce qu'il y a d'autres personnes qui désirent s'exprimer? M. le
député...
M. Blais: Je vous ai donné mon nom, il y a quinze
minutes.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne. Je reconnais actuellement le
député de Taillon qui a demandé la parole il y afort longtemps sur cet amendement.
M. Filion: Je demande la mise aux voix.
Le Président (M. Bélanger): Vous demandez la mise
aux voix de l'amendement. Un instant, je vais vérifier au niveau de la
procédure, si vous me le permettez. Je ne sais pas si on peut le faire.
M. le député de Taillon, pouvez-vous préciser? Vous voulez
qu'on passe au vote.
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): D'accord, d'accord. La
mise aux voix, c'est une autre procédure.
M. Filion: On passe au vote.
Le Président (M. Bélanger): Vous appelez le vote
sur la motion.
M. Filion: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): Un instant. S'il n'y a
pas d'autre personne qui désire intervenir, nous pourrons
procéder au vote sur la motion. Il ne s'agit pas de restreindre le droit
de parole des gens. Est-ce que d'autres personnes désirent intervenir
sur cet amendement précis? Oui?
M. Rochefort: Sur une question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, je vous en prie.
M. Rochefort: Oui, sur la demande du député de
Taillon. Dois-je comprendre, M. le Président, après que la
ministre de la Santé et des Services sociaux et le député
de Laurier ont dit qu'ils voteraient contre notre amendement, qu'ils veulent
continuer à prendre du temps pour éviter de parler sur d'autres
amendements qu'on a déposés?
Le Président (M. Bélanger): C'est une
interprétation qui n'est pas une question de règlement. Je
m'excuse.
M. Rochefort: Non, vous avez raison, M. le Président.
C'est mon Interprétation personnelle.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Gràce, est-ce que vous
désirez toujours... Oui? Je vous reconnais, vous avez le droit de
parole.
M. Scowen: Premièrement, il me semble que selon quelques
journalistes, le chef de l'Opposition a déclaré cet
après-midi que même si tous les amendements proposés par
l'Opposition aujourd'hui sont adoptés, l'Opposition a quand même
l'intention de voter contre le projet de loi. Je pense que c'est une
déclaration qui a été faite cet après-midi. Donc,
si je suis le raisonnement du député de Gouin, c'est absolument
inutile de continuer à faire le débat avec vous. Je trouve que
l'argument du député de Gouin ne tient pas debout du tout. J'ai
deux ou trois commentaires que je veux faire d'une façon responsable sur
cet amendement. Le député de Terrebonne, en pariant de
l'accusation de mépris à l'Assemblée nationale, dont le
ministre a fait part, a dit qu'il n'était pas d'accord, ce que je
comprends, mais il a dit que le vrai mépris, c'était d'avoir
déposé un projet de loi qui va donner des droits è la
minorité anglophone dans la prestation des services.
M. Blais: Règlement, article 71, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Article 71. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce, comme d'habitude, me cite mal. J'ai dit que Mme la
ministre...
M. Scowen: M. le Président, je pense que...
M. Blais: M. le Président, voulez-vous demander au
député de Notre-Dame-de-Grâce de me laisser parler, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Allez, allez, je
vous en prie.
M. Scowen: Il me semble que si le député
trouve...
M. Blais: M. le Président, j'ai une question de
règlement.
M. Scowen: ...que je dis des choses avec lesquelles il n'est pas
en accord, il peut parler après.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. En vertu de l'article
71...
M. Blais: Article 71. Je suis mal cité, monsieur,
regardez.
Le Président (M. Bélanger): II faudrait invoquer
plutôt...
Une voix: On n'est pas en Chambre, là, c'est 212.
M. Blais: 212, d'abord.
Le Président (M. Bélanger): ...ici l'article
212.
M. Blais: 212. J'ai été mal cité. M.
Scowen: Selon 71, il a le droit...
M. Blais: M. le Président, voulez-vous demander qu'on
ferme le micro du député de Notre-Dame-de-Grâce? C'est moi
qui ai la parole.
Le Président (M. Bélanger): Personne n'a la parole
pour le moment, elle appartient au président qui vérifie sur quel
article vous voulez intervenir parce que 71...
M. Blais: 212, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): 212: "II doit donner
ces explications immédiatement après l'intervention qui les
suscite. Elles ne doivent apporter aucun élément nouveau à
la discussion, ni susciter de débat."
M. Blais: Cela veut dire, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Quand le
député de Notre-Dame-de-Grâce aura fini son intervention,
vous pourrez, en vertu de 212, intervenir et demander rétractation.
M. Blais: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Blais: Est-ce que je dois entendre toutes les fausses
déclarations du député de Notre-Dame-de-Grâce avant
d'intervenir?
Le Président (M. Bélanger): On doit respecter le
droit de parole du député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Blais: C'est cela? On va être patient, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): C'est ce qu'il faut
faire. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, je vous en
prie, continuez votre intervention.
M. Scowen: Bon, je continue. Le député de
Terrebonne a proposé, a suggéré que le vrai mépris
était celui de la population lorsque le gouvernement a proposé ce
projet de loi qui vise à donner des droits linguistiques à un
groupe minoritaire.
Une voix: ...maudite affaire. Des voix: Chut!
M. Scowen: Cela, c'est une solution, il n'est pas obligé
d'écouter.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Darne-de-Grâce, je vous en prie. S'il vous
plaît, à l'ordre!
M. Scowen: Tout ce que je veux dire, si on suit ce raisonnement,
c'est que tout projet de loi proposé par un gouvernement est un
mépris lorsque vu par une personne qui n'est pas d'accord. Je pense que
c'est un peu le comble du ridicule de proposer un projet de loi avec lequel
vous n'êtes pas d'accord; c'est, en conséquence, un mépris
envers la population. Il faut, je pense, regarder sérieusement
l'amendement proposé par le député de Gouin qui propose de
remplacer l'expression "linguistiques et socioculturelles" par l'expression
"démographiques". Mon impression est que le député de,
Gouin est un peu perdu dans cette affaire; non pas perdu dans le sens qu'il ne
peut trouver le West Island, mais perdu dans le sens de l'expression
"démographique".
Si je comprends bien le sens du projet de loi, on a fait ressortir
quatre particularités régionales spécifiques sur
lesquelles le gouvernement veut placer un accent important. Les deux
premières sont les particularités physiques et
géographiques. Je pense comprendre pourquoi. Le territoire du
Québec est énorme, il comporte des régions très
différentes sur les plans géographique et physique et on a
décidé de mettre l'accent sur ces deux aspects. Je trouve que
c'est tout à fait normal. Il peut y en avoir d'autres qui sont
importants aussi, mais ces deux-là, il me semble, comportent des aspects
très défendables dans ce projet de loi.
Les deux autres, linguistiques et socioculturelles, vont, en effet, au
coeur des autres articles dans le projet de loi parce que trois des articles
qui suivent portent directement sur la question linguistique et, par
référence, sur l'aspect socioculturel.
Si on décide d'enlever ces deux mots pour les remplacer par le
mot "démographiques", on va changer deux objectifs très
précis pour quelque chose qui est essentiellement un moyen de faire
connaître les détails, la nature des aspects linguistiques et
socioculturels. La démographie, c'est une étude, c'est une
science statistique des collectivités humaines.
Donc, dire que vous allez tenir compte de la démographie, ce
n'est pas préciser du tout les sujets que vous voulez étudier. Ce
pourrait être cependant toute une série de choses comme
l'âge et nombre d'autres sujets.
Si le projet de loi porte essentiellement sur les droits des personnes
d'expression anglaise d'avoir des services dans leur langue, il va de soi que
l'aspect linguistique doit faire partie de l'article 3. Parce que le
socioculturel est aussi quelque chose de très important, je suis
persuadé que le mot socioculturel est beaucoup plus intéressant
que le mot socio-économique, parce que ce n'est pas la richesse de
quelqu'un qui est importante dans notre capacité de définir ses
besoins en matière de santé et de services sociaux, mais ce sont
des choses qui se dégagent de sa situation économique qu'on
définit très bien par le mot "socioculturelles".
Donc, il me semble qu'avec cela vous avez les quatre
éléments qui sont les plus importants. Deux traitent de la nature
de notre territoire, qui, je le répète, est parfois très
différent de région en région, et deux autres aspects vont
au coeur même du débat, au coeur même du projet de loi.
J'essaie de trouver un argument pour les remplacer par une expression qui
voudrait dire: étude statistique des collectivités humaines, et
je ne vois aucune raison de le justifier. Je suis donc porté à
croire qu'il serait utile pour l'Opposition de retirer cet amendement pour nous
permettre de voter ensemble et unanimement sur ces quatre
éléments. Je pense que l'Opposition a manifesté à
maintes reprises dans les débats, depuis cinq jours maintenant, son
intérêt pour des services de santé et des services sociaux
qui tiennent compte de l'aspect socioculturel et linguistique. Je le
répète, Mme la ministre a fait référence à
vos nombreuses références au CLSC Parc Extension et la liste de
tous les groupes socioculturels et linguistiques qui sont bien traités.
C'était rendre spécifique cet intérêt que vous avez
manifesté et que nous manifestons nous-mêmes.
En conclusion, M. le Président, j'espère que le
député de Gouin va retirer cet amendement et accepter quelque
chose de plus précis et de beaucoup plus près de leur discours
autant que du nôtre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Juste une question à la ministre, juste
une question! Est-ce que la ministre, qui n'aime pas le mot
démographique...
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai expliqué pourquoi.
M. Charbonneau: On se comprend, là?
Vous n'aimez pas cela. Vous avez ajouté un bout de phrase dans
l'article de la loi qui existe déjà. À mon sens,
"particularités physiques et géographiques", c'est redondant.
Cela veut dire la même chose. La géographie comprend les
particularités physiques d'un territoire. Qu'est-ce que la
géographie? C'est justement l'étude physique d'un territoire,
etc. Linguistique comprend socioculturel. Ce qui manque, c'est
socio-économique. Pourquoi n'aceepteriez-vous pas de dire: y compris les
particularités géographiques, socioculturelles et
socio-économiques?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à la question du
député de Verchères, à mon point de vue,
l'élément "socio" comprend déjà les dimensions
économiques. Les particularités physiques et géographiques
n'impliquent pas la même chose. Il faudrait que vous m'en fassiez la
démonstration.
M. Charbonneau: Je pense que c'est tellement clair que je n'ai
pas le goût de vous faire un cours. S'il n'y avait qu'un minimum de bonne
foi, on s'entendrait et on passerait à l'autre amendement qu'on a
proposé. On s'entendrait pour parler de particularités
géographiques, et même vous pourriez dire physiques et enlever
géographiques, socioculturelles et socio-économiques, parce qu'il
y a une différence entre une réalité socioculturelle et
une réalité socio-économique. Il me semble que ce n'est
pas compliqué. Demandez à vos légistes, ils vont vous le
dire.
Mme Lavoie-Roux: Je vais examiner cela.
Le Président (M. Bélanger): Si vous n'y voyez pas
d'objection, Mme la ministre, on peut suspendre nos travaux quelques minutes,
histoire de faire le tour de la salle et de s'aérer.
(Suspension de la séance à 22 h 15)
(Reprise à 22 h 20)
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, comme la ministre sent le
besoin de réfléchir un peu plus longuement, je propose qu'on
suspende l'article et qu'on passe à notre proposition d'amendement
d'ajouter un nouvel article 1.1.
Une voix: Faites vérifier cela par vos légistes et
on reviendra tantôt.
M. Rochefort: Qu'on revienne. On
suspend tout l'article 3d...
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Rochefort: ...et on va passer au suivant. Nous avons des
articles à débattre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): De toute façon
il faut disposer de l'autre avant d'en accepter un nouveau.
M, Rochefort: On peut le suspendre si on n'est pas prêt
à poursuivre.
M. Charbonneau: La ministre pourrait faire travailler cela par
ses légistes et on se reprendra tantôt.
Le Président (M. Bélanger): ...de l'amendement du
député de Verchères et on revient a l'article 1.1.
M. Rochefort: Le député de Verchères n'a pas
fait d'amendement.
M. Charbonneau: M. le Président, juste une correction.
J'ai posé une question à la ministre. Je lui ai demandé,
et je pense que c'est ce qu'elle avait commencé, de faire
vérifier le bien-fondé des propos que je lui ai tenus. Elle peut
très bien demander à ses légistes qui sont en
arrière de vérifier cela et accepter la proposition du
député de Gouin qui, je pense, est de bonne foi. Cela arrive
souvent.
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête à vous donner une
réponse.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, après
vérification, il apparaît qu'il puisse y avoir une certaine
redondance, je ne sais pas si l'expression est juste en l'occurrence, je parle
comme le député de Terrebonne, entre physique et
géographique. En fait le géographique est plus large que le
physique.
M. Blais: Cela dépend des personnes.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on n'entend pas physique dans ce
sens-là. Je n'ai pas d'objection à ce qu'on parle des
particularités, y compris les particularités
géographiques, mais je crois qu'il nous faut conserver "linguistiques et
socioculturelles" parce que justement pour faire... Les députés
d'en face nous ont souvent parlé du discours que nous avons tenu et un
des outils que l'on veut privilégier dans le respect des
caractéristiques socioculturelles des différentes
communautés, c'est la langue qui est un outil privilégié
de communication dans la thérapie, particulièrement dans la
thérapie psychologique et également dans la thérapie
médicale mais plus d'ordre physique. Alors, je pense que nous pourrions
accepter d'enlever le mot "physiques" et de réduire cela à: "y
compris les particularités géographiques, linguistiques et
socioculturelles de la région."
M. Charbonneau: Je suis d'accord avec les mots
"géographiques" et "physiques", mais je pense que la ministre n'a pas
compris la notion de culture; elle sait très bien que la question
linguistique intervient dans la notion de culture. Par ailleurs,
"socioculturelles" et "socio-économiques", ce n'est pas pareil.
Mais, cela, écoutez, vous avez fait votre lit, très bien,
on va passer au vote et c'est tout. Je n'ai pas le goût de me chicaner
avec vous.
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous
retirez...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on pourrait mettre
"géographiques, linguistiques socioculturelles et
socio-économiques" parce que peut-être que la motion... Mon
impression, c'est que "socio" peut comprendre...
M. Charbonneau: On comprend pourquoi vous voulez laisser
"linguistiques", mais en tout cas.
Mme Lavoie-Roux: "Socio" peut comprendre des dimensions
économiques, mais pour ne pas qu'il y ait d'ambiguïté
là-dessus, peut-être que "socioculturelles" peut se définir
différemment de "socio-économiques" et nous serions prêts
à accepter "y compris les particularités géographiques,
linquistiques, socioculturelles et socio-économiques de la .
région, et à répartir entre ces services les ressources...
En tout cas, c'est le reste du paragraphe.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, je n'ai pas
l'intention d'intégrer ce que vient de dire la ministre à ma
proposition d'amendement. Alors, j'aimerais qu'on revienne à mon
amendement pour qu'on puisse voter.
Le Président (M. Bélanger): On va revenir à
l'amendement tel qu'édicté au départ et qui se lisait
comme suit: "L'article 3 tel qu'édicté par l'article ] du projet
de loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les services de santé et
les services sociaux, est modifié par le remplacement, dans la
quatrième ligne du paragraphe d, des mots
"linguistiques et socioculturelles" par les mots "et
démographiques". Alors, c'était l'essence même de la
proposition d'amendement du député de Gouin. Est-ce que d'autres
personnes désirent intervenir sur cet amendement?
Une voix: Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que d'autres
personnes désirent intervenir sur cet amendement?
M. Rochefort: De notre côté, M. le Président,
on est prêt à passer au vote.
Le Président (M. Bélanger): Du côté
ministériel, est-ce que des gens désirent intervenir sur cet
amendement? Tout le monde s'est fait entendre? Alors, puisque le
député de Gouin nous demande le vote, est-ce que l'amendement est
accepté ou rejeté?
M. Rochefort: II est accepté en ce qui nous concerne.
Le Président (M. Bélanger): Alors, cet amendement
est rejeté sur division, si je comprends bien? Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais proposer un
amendement...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, Mme la
ministre, on va disposer d'abord de ce premier amendement et on y
reviendra.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Excusez-moi. C'est un vote nominal ou
quoi?
Le Président (M. Bélanger): Alors, il n'y a pas de
vote nominal c'est qu'il est rejeté sur division. C'est bien cela?
Donc, nous revenons è l'article 1, te! que formulé, et
avec la proposition de Mme la ministre. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais proposer un
amendement à l'article 1, paragraphe d, à la troisième
ligne: "Retrancher, après le mot "particularités", le mot
"physiques" et retrancher le "et" entre "linguistiques et socioculturelles",
remplacé par une virgule, et d'ajouter "et socio-économiques de
la région".
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on pourrait
l'écrire, s'il vous plaît, pendant ce temps je vais vous le
relire. Alors, l'article 1d se lirait comme ceci: "à mieux adapter les
services de santé et les services sociaux aux besoins de la population
en tenant compte...
M. Rochefort: Un moment, s'il vous plaît!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, c'est parce que je veux
bien qu'on comprenne sur quoi on va voter. Je veux que vous lisiez non pas le
texte refondu mais le texte de l'amendement de la ministre parce que c'est sur
le texte de l'amendement qu'on va voter.
Le Président (M. Bélanger): Ah! le texte de
l'amendement, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: "Retrancher à la troisième ligne,
après le mot "particularités", le mot "physiques" et retrancher,
entre les mots "linguistiques et socioculturelles, le mot "et", qui devrait
être remplacé par une virgule, de toute évidence, et
d'ajouter, après le mot "socioculturelles" "et
socio-économiques". (22 h 30)
Le Président (M. Bélanger): De la région. Je
relis donc l'article...
M. Rochefort: L'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Seulement l'amendement?
D'accord. "Y compris les particularités géographiques,
linguistiques, socioculturelles et socio-économiques de la
région".
M. Rochefort: Ce n'est pas cela l'amendement. La ministre ne
propose pas, M. le Président, qu'on amende "linguistiques" par
"linguistiques"...
Le Président (M. Bélanger): Non, non.
M. Rochefort: ...la ministre propose qu'on amende en biffant le
mot "physiques", le mot "et" et en ajoutant les mots "et
socio-économiques". C'est cela l'amendement.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. Une
voix: C'est cela.
M. Rochefort: Est-ce qu'il y aurait moyen de l'avoir
écrit, car je veux savoir sur quoi on vote.
Une voix: En n'oubliant pas la virgule.
Le Président (M. Bélanger): Une minute...
M. Rochefort: On n'a pas besoin de suspendre, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Non, non. On est en
train de le rédiger. Y a-t-il quelqu'un qui est en train de
l'écrire?
Mme Lavoie-Roux: Oui, quelqu'un va l'écrire pour que vous
l'ayez en bonne et due forme.
Le Président (M. Bélanger): II s'en vient à
l'instant qui suit.
Est-ce qu'on a la copie de l'amendement?
Mme Lavoie-Roux: "L'article 3 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, est modifié par le remplacement du
paragraphe d par le suivant: "d) à mieux adapter - c'est plus simple de
le faire comme cela que de faire des retranchements et biffer - les services de
santé et les services sociaux aux besoins de la population" - je vais
lire le texte ici...
Le Président (M. Bélanger): "en tenant
compte..."
Mme Lavoie-Roux: ..."en tenant compte des particularités
régionales, y compris les particularités géographiques,
linguistiques, socio-culturelles et socio-économiques de la
région, et à répartir entre ces services les ressources
humaines et financières de la façon la plus juste et rationnelle
possible."
M. Rochefort: M. le Président, je pense que tout a
été dit en ce qui nous concerne. Nous sommes prêts à
passer au vote et j'indique immédiatement que nous voterons contre
l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous me permettrez quand
même de plaider?
Le Président (M. Bélanger): Absolument, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Surtout, le député de Gouin se
rappellera que, tantôt, j'ai moi-même reconnu son droit de parole
sur...
Le Président (M. Bélanger): Vous avez une heure,
Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: ...nous avions reçu une sugqestion du
député de Verchères qui m'apparaissait pertinente sous
plusieurs aspects. Il y avait peut-être une sorte de redondance entre les
mots "physiques et géographiques". Après vérification, il
semble exact que le mot "géographiques" englobe les
caractéristiques physiques. II a également fait part, non
seulement lui, mais je pense qu'auparavant le député de Gouin le
disait, qu'il fallait peut-être davantage tenir compte, dans l'adaptation
des services, des différents niveaux économiques des populations
que l'on doit desservir et que, dans certains milieux, compte tenu des
ressources économiques dont ils disposent, peut-être faudrait-il
songer strictement, quant aux modes d'intervention et peut-être
également quant è la quantité ou à la nature des
services, à fonctionner autrement. Je pense que ce sont là des
remarques qui m'apparaissaient appropriées. C'est pour cela que j'ai
tenté de répondre aux demandes du député de
Verchères.
Le député de Verchères m'avait également
demandé de retrancher le mot "linguistiques". À cet égard,
M. le Président, je veux répéter - ce fut d'ailleurs la
teneur de nos discours de part et d'autre, mais peut-être pas
nécessairement au même diapason sur toute la ligne - que les
aspects linguistiques ou la notion de la langue comme outil de dispensation des
services aux bénéficiaires sont un élément
très important de communication, je dirais, un élément
privilégié dans la relation qui doit s'établir entre celui
qui reçoit les services et celui qui les dispense. C'est évident
que nous voulons, dans ce projet de loi, privilégier cet outil qui nous
apparaît très important parce que, au fond, quel serait le
bien-fondé... Si l'on se réfère à la
communauté anglophone ou aux communautés culturelles, il nous
apparaît que tous les efforts doivent être déployés,
justement, pour faciliter cette communication entre celui qui donne et celui
qui reçoit les services. C'est d'ailleurs pourquoi l'on reconnaît,
à d'autres articles de la loi, ce droit de la communauté
anglophone, particulièrement à l'article 5.1, de recevoir en
langue anglaise des services de santé et des services sociaux, compte
tenu de l'organisation et des ressources des établissements qui
dispensent ces services.
Alors, de toute évidence, dans ce projet de loi, entre autres
dimensions, nous voulons privilégier...
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: ...l'élément ou le facteur
linguistique, et nous n'avons pas à le cacher, M. le
Président.
Évidemment, on a exprimé pendant assez longtemps autour de
cette table le fait que la langue était un outil
privilégié. J'ai souvent entendu l'argument et je voudrais
à ce moment-ci le replacer dans son contexte réel. Il n'y a pas
très longtemps, le député de Terrebonne a invoqué
une fois de plus le fait que la question de la langue se retrouve dans la
Charte des droits et libertés de la personne et qu'elle se retrouve
d'ailleurs même dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. Nous retrouvions déjà cette expression "la
langue" dans la Loi sur les services de santé et les services
sociaux
et, pourtant, personne ne prétendait ou ne clamait que
c'était une loi linguistique, comme veut le faire croire l'Opposition,
parce que dans les deux cas, qu'il s'agisse de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux ou qu'il s'agisse de la Charte des droits
et libertés de la personne, lorsque l'on se réfère
à la langue, on s'y réfère comme à un
élément devant empêcher la discrimination: que vous
utilisiez la langue chinoise, anglaise, grecque ou autre, on ne peut vous
refuser des services ou vous refuser des droits prévus à la
Charte des droits et libertés de la personne, ou on ne peut vous
refuser, dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux,
des services basés sur la langue, et on se réfère
strictement à l'élément discrimination.
Dans le cas de la loi 142, on y ajoute une dimension qui touche à
la dispensation des services, l'adéquation ou la qualité des
services dispensés, et on y ajoute un élément nouveau qui
est celui de la dispensation des services dans la langue des
bénéficiaires. C'est dans ce sens-là que nous tenons
à ce que l'élément linguistique demeure a l'article 1,
parce qu'il est la condition d'une meilleure qualité de livraison des
services de santé et des services sociaux. Évidemment, depuis le
départ, l'Opposition s'oppose à ce que soit reconnu à la
communauté anglaise ce droit, même s'il a déjà
été dit que c'est un droit dont devrait jouir la
communauté anglophone. Cela a déjà été
exprimé par le chef de l'Opposition. L'Opposition, ici et à
l'Assemblée nationale, n'a cessé de s'opposer à ce que
ceci soit inscrit dans la loi 142,
L'objectif de la loi 142, M. le Président - il faut bien le dire;
les termes veulent dire ce qu'ils veulent dire et nous n'allons pas les faire
disparaître, sinon nous allons faire disparaître la loi 142 - ce
que nous voulons accorder par la loi 142, c'est ce droit de recevoir des
services de santé et des services sociaux dans la langue d'expression
des personnes de langue anglaise et, en même temps, nous voulons
orienter, sensibiliser et indiquer l'intention gouvernementale ou l'intention
législative, à savoir que cette dimension linguistique est
importante, non seulement pour les personnes d'expression anglaise à qui
on consacre le droit de recevoir dans leur langue les services de santé
et les services sociaux, mais aussi, dans la mesure où nous devons viser
à adapter le mieux possible les services de santé et les services
sociaux aux besoins de toute la population, nous disons également qu'il
faut retenir cette dimension linguistique en ce qui a trait aux
communautés culturelles. (22 h 45)
M. le Président, c'est inutile. Je sais que je ne convaincrai pas
l'Opposition, mais je ne veux pas non plus faire croire que nous voulons diluer
cette intention du gouvernement d'accorder, d'une part, ce droit à la
communauté anglophone de recevoir ces services de santé et ces
services sociaux dans la langue anglaise et également marquer d'une
façon très claire dans la Loi sur les services de santé et
les services sociaux que cette même préoccupation linguistique
doit s'exercer à l'endroit des communautés culturelles.
Cela serait peut-être un peu présomptueux de penser que
j'ai convaincu l'Opposition, mais c'est vraiment l'intention de la loi et je
pense qu'il nous faut conserver cet objectif de la loi. C'est celui que nous
avons fait valoir depuis le début de ce débat. C'est un objectif
auquel la population concourt. J'aimerais rappeler, à ce ' moment-ci,
que même des députés de l'Opposition nous ont dit -
peut-être un peu tardivement, mais ils nous l'ont dit - qu'eux aussi
concouraient à cet objectif de permettre de donner des services de
santé et des services sociaux dans la langue anglaise à la
communauté anglophone. Et les autres groupes auxquels vous avez souvent
fait allusion ont également dit qu'ils concouraient à cet
objectif.
Si je regarde le télégramme de la CEQ, si je regarde le
télégramme des trois groupes ou de l'Association des
hôpitaux qui est même revenue dans une deuxième lettre avec
encore plus de force pour exprimer cette nécessité de
répondre aux besoins d'une livraison de services en langue anglaise aux
citoyens de langue anglaise, M. le Président, nous croyons que nous
devons conserver ce mot "linguistique" parce que, justement, il traduit
l'intention véritable du législateur. L'Opposition pense que
c'est un autre véhicule qui pourrait traduire ce droit de la
communauté anglophone à recevoir des services de santé et
des services sociaux en langue anglaise. C'est tout à fait son droit.
Mais nous croyons que compte tenu que c'est un outil qui améliore la
qualité des services, qui assure une meilleure qualité de
services et une meilleure adéquation entre les services et leur
qualité, nous croyons que c'est dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux que doit se retrouver cette disposition.
C'est un choix que le gouvernement a fait. C'est un choix que le gouvernement
veut maintenir. Et nous croyons que c'est ici que doit s'inscrire cette
réalité linguistique ou, enfin, cet engagement linguistique, et,
encore une fois, en terminant, non seulement pour la communauté de
langue anglaise, mais comme une orientation bien affirmée du
législateur et du gouvernement que cette même orientation doit
s'appliquer dans une recherche d'adaptation des services ou de meilleurs
services aux communautés culturelles.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, juste une question. La ministre
a dit qu'elle espère nous avoir convaincus. Je vais lui dire que c'est
une belle logorrhée qu'elle vient de nous faire.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres personnes qui désirent s'exprimer sur cet amendement de la
ministre?
Avant, pour respecter la règle de l'alternance, est-ce qu'il y a
des gens de l'Opposition qui désirent prendre la parole? Non?
M. Rochefort: Non, M. le Président, j'ai indiqué
nos positions. Nous sommes prêts à voter, puisque la ministre nous
a indiqué que sa formation politique voterait pour, et que j'ai
indiqué que nous voterions contre. Alors, je pense que tout a
été dit. On peut voter pour en arriver aux autres amendements que
l'Opposition a déjà annoncés depuis un bon moment.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, je vais à mon tour
essayer de convaincre l'Opposition qu'elle pourrait voter avec nous sur cet
amendement et, en particulier, le député de Verchères.
J'espérais convaincre l'ensemble des membres de l'Opposition, mais je
vais y aller. Ceux qui resteront seront peut-être convaincus.
Que fait l'amendement? L'amendement change l'article que nous avons dans
le projet de loi 142, en retranchant le mot "physiques" et en ajoutant le mot
"socio-économiques". Je ne vois rien de linguistique dans cet
amendement. Je ne vois rien là qui amènerait l'Opposition
à voter contre l'amendement, je ne vois rien dans tout cela qui soit
teinté de quelque discussion sur le mot linguistique qui semble
tellement déplaire à l'Opposition. M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
est-ce qu'on peut respecter le droit de parole du député de
Laurier? M. le député de Laurier, je vous en prie.
M. Sirros: Merci, M. le Président. J'étais en train
de dire qu'on a retranché un mot et qu'on en a ajouté un autre.
À la suggestion du député de Verchères, on a
réexaminé cela et on a convenu qu'il avait raison de dire que le
physique était inclus dans le géographique, que c'était
peut-être superflu de l'avoir et on était prêt à lui
concéder la reconnaissance de cette vérité. Nous avons
retranché cela.
En même temps, nous avons accepté sa suggestion d'ajouter
le terme "socio-économique". Je pense que c'est important d'indiquer
qu'on tient également compte des aspects socio-économiques d'une
région dans l'organisation des services sociaux et de santé.
C'est l'une des autres caractéristiques d'adaptation pour
répondre le plus adéquatement possible aux besoins de la
région.
Nous avons évidemment décidé de ne pas suivre sa
suggestion de retrancher le mot "linguistique". Mais je vous fais remarquer que
nous votons sur l'amendement et non pas sur l'article principal. Je pense que
l'Opposition pourrait, dans un geste de bonne foi, voter avec le gouvernement
sur cet amendement, étant donné que, comme je le dis, il va dans
le sens d'une amélioration de l'article en question puisqu'on ajoute un
élément que le député de Verchères voulait
voir ajouter. On retranche un autre élément que le
député de Verchères voulait voir retrancher. On n'a pas
accepté d'en retrancher un autre que le député de
Verchères voulait qu'on retranche, mais je pense néanmoins que
vous avez là, M. le Président, un excellent exemple de la
façon responsable de travailler, en commission parlementaire, du
gouvernement et de l'Opposition.
Il est clair qu'on a des différences. S'il n'y avait aucune
différence entre l'Opposition et le gouvernement, on serait tous dans le
même parti, M. le Président. Alors les choix politiques qu'on a
faits tous et chacun nous amènent à avoir des points de vue
différents. Pas sur tout, et en voilà un bon exemple. On est
d'accord sur deux des trois suggestions que fait le député de
Verchères. Il doit lui aussi, je crois, accepter que c'est un pas vers
un rapprochement. Il est vrai qu'on ne pourra jamais, en toute
probabilité, se rapprocher totalement et complètement,
étant donné, comme je le disais, que nous sommes dans des partis
politiques différents, ce qui se traduit par des choix politiques
différents. Pour nous, il est important de spécifier qu'on tient
compte des aspects socioculturels et linguistiques dans l'adaptation des
services sociaux et de santé. Pour l'Opposition, le mot "linguistiques"
crée toutes sortes de réactions, toutes sortes d'émotions
et toutes sortes de discours enflammés. Nous n'avons pas la même
réaction face à ce mot. On peut traiter un mot pour ce qu'il veut
dire. Le mot "linguistiques", dans ce contexte-ci, veut dire que c'est un
élément important dans l'adaptation des services sociaux et de
santé.
C'est clair que nous avons choisi délibérément et
consciemment, en pleine connaissance de cause, d'inclure les mots
"socioculturels" et "linguistiques" dans l'article que nous avons
proposé. Toutefois, je fais remarquer au député de
Taillon, qui est revenu à la table, que c'est une excellente occasion de
démontrer la bonne foi de part et d'autre, étant donné que
l'amendement sur lequel on vote ne parle pas
de linguistique et ne parle pas des choses qui, chaque fois qu'elles ont
été prononcées, ont provoqué l'ire,
l'énervement ou l'excitation - choisissez les mots qui conviennent - de
l'Opposition. Alors, M. le Président, je suis certain que si je parle
encore quelques minutes, l'Opposition va se raviser et elle va voir qu'elle a
là une excellente occasion de démontrer sa bonne foi, Nous aussi,
nous démontrons la nôtre en disant au député de
Verchères qui a fait sa suggestion par rapport aux mots "physiques,
géographiques, linguistiques, socio-culturelles et
socio-économiques" que nous acceptons de retrancher le mot "physiques",
comme il le suggérait, d'ajouter le mot "socio-économiques" comme
il le suggérait, mais que, malheureusement, nous avons un autre point de
vue quant au mot "linguistiques" et que nous voulons le garder dans l'article
comme tel.
L'amendement que nous présentons ici ne parle pas de linguistique
et ne parle pas des choses qui excitent l'Opposition, comme je l'ai dit. C'est
une reconnaissance que le député de Verchères peut faire
d'excellentes suggestions, que le gouvernement et les députés
ministériels peuvent, eux aussi, trouver l'ouverture d'esprit qui leur
permet d'accepter et de recevoir de façon positive les suggestions qui
sont faites par les membres de l'Opposition. Il ne serait que normal, M. le
Président, et je pense que le député de Verchères
qui vient de revenir serait d'accord avec moi... II faudrait quasiment que je
reprenne toute mon argumentation, M. le Président, pour le convaincre.
Mais j'étais en train de dire que nous avions là un excellent
exemple d'une façon responsable de travailler sur un projet de toi et
que c'est évident que nous ne pourrons jamais être d'accord sur
toutes les choses parce que si nous l'étions, nous serions tous dans un
parti et non pas dans deux. En ce qui nous concerne, nous avons consciemment et
délibérément choisi de mettre les mots "socioculturelles
et linguistiques" dans l'article, mais dans l'amendement que nous proposons,
ces mots ne sont pas touchés ou concernés. L'amendement fait
suite à la suggestion du député de Verchères et, M.
le Président, il ne serait que normal que le député de
Verchères puisse convaincre ses collègues, dans le caucus qu'il a
actuellement avec eux, que ce serait un geste positif à poser, que ce
serait une bonne façon de terminer - ou presque -les travaux, pour ce
soir, de la commission parlementaire des affaires sociales sur l'étude
article par article du projet de loi.
Je trouve malheureux qu'on n'ait pas pu commencer ce genre de
collaboration dès le début. Cela nous a pris trois jours, trois
jours de discours et de discussions sans même parler ni du projet de loi
ni même du premier article. Je trouve cela extrêmement dommage, M.
le Président, que cela ait pris trois jours presque complets. On a
siégé du matin jusqu'à minuit hier et avant-hier et on
s'achemine vers une autre session qui se terminera à minuit, M. le
Président. Je trouve cela dommage que ce ne soit qu'à la
dernière heure que l'Opposition ait commencé à faire des
propositions concrètes, réelles, pragmatiques qu'on pourrait
discuter de notre côté avec beaucoup de sérieux. On
pourrait recevoir et accepter les choses que nos convictions nous permettent
d'accepter et de recevoir. Nous pourrions dire de façon objective,
claire et honnête qu'il y a des différences entre les deux partis,
qu'il y a d'autres suggestions qu'on ne peut pas accepter, qu'on n'accepte pas,
mais il y a quand même des pas qui peuvent se faire dans le sens d'un
rapprochement et qu'on accepte chacun nos différences.
J'accepterais que l'Opposition vote contre l'article 1 du projet de loi
142 mais dans la même logique des amendements qu'ils ont proposés
en général en disant qu'ils proposeront des amendements et
j'imagine qu'ils voteront pour leurs propres amendements si jamais nous
étions, nous aussi, d'accord. Ils voteront pour leurs amendements, de
toute façon. Mais leur logique était de dire qu'ils
présentent des amendements, ils vont voter pour les amendements mais
qu'ils vont voter contre le projet de loi. Dans la même logique, M. le
Président, je suggère à l'Opposition d'être
conséquente avec elle-même et de voter pour l'amendement que nous
proposons. Ils pourront, par la suite, voter contre l'article en question et
même s'il y a une incohérence dans la façon de
procéder, cela ne serait qu'une incohérence qui ressemblerait
à l'incohérence qui caractérise la démarche
initiale de présenter des amendements à un projet de loi sur
lequel ils seront en désaccord, de toute façon. C'est ce qu'ils
ont dit, M. le Président, quand ils ont convoqué la presse
à 14 h 30 afin de lui remettre leurs amendements sans les déposer
à la commission parlementaire, geste que je trouve malheureux, on l'a
déjà dit, méprisant pour le Parlement. Ils ont l'occasion
ici de se raviser. Ils ont l'occasion de faire la même chose qu'ils ont
l'intention de faire avec leurs amendements, c'est-à-dire, de voter pour
les amendements et voter contre l'article. (23 heures)
Les amendements ne changent en rien l'argumentation de l'Opposition...
Non, non, on ne se lèvera pas, on va rester calme, M. le
député de Saint-Jacques. Les amendements ne changent en rien le
contenu de l'argumentation qu'a faite l'Opposition jusqu'à maintenant,
les amendements - je vous le souliqne de nouveau - ne parlent pas de
linguistique, ne parlent pas de la langue anglaise ni des personnes
d'expression
anglaise. Ils retranchent simplement le mot "physiques" et ajoutent un
élément que je trouve intéressant d'avoir dans un article
et qui donne une orientation quant à l'adaptation des services dans les
régions. C'est la notion socio-économique qui est ajoutée
à la suggestion du député de Verchères, mais
l'amendement comme tel ne touche pas au mot "linguistiques". Alors, je ne vois
aucune raison pour laquelle les membres de l'Opposition ne pourraient pas faire
la même démarche qu'ils ont l'intention de faire avec leurs
propres amendements, c'est-à-dire voter pour les amendements et pour cet
amendement en particulier et, par la suite, ils pourront voter contre l'article
1 du projet de loi 142, s'ils le veulent. Comme je l'ai souligné tout
à l'heure, je trouve cela incohérent, mais que voulez-vous? c'est
la même incohérence qu'ils proposent pour le reste.
Sur cela, M. le Président, je suis certain que j'ai réussi
à convaincre, au moins, - je l'espère, en tout cas - le
député de Verchères qui était l'instigateur ou
l'initiateur de ces amendements et on verra, bientôt, M. le
Président, si l'Opposition veut être conséquente avec son
incohérence. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, un seul commentaire, tout
en maintenant, quant à nous, que tout a été dit et que
nous sommes prêts à voter. Je prends note que le
député de Laurier comme la ministre de la Santé et des
Services sociaux font actuellement de l'obstruction systématique
à l'étude des amendements... M. le Président, c'est sur
mon droit de parole. Je n'ai pas interrompu le député de
Laurier.
Or, M. le Président, ils font actuellement...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! II y a une question de règlement, on doit
l'entendre, mais je voudrais savoir en vertu de quel article et très
brièvement M. le député?
M. Sirros: L'article 35,7°, M. le Président, le
député m'impute des motifs qui ne sont pas les miens. J'ai
utilisé mon droit de parole, je n'ai pas fait d'obstruction
systématique.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Gouin si vous voulez continuer votre intervention, s'il
vous plaît!
M. Rochefort: Alors, M. le Président, je maintiens mon
affirmation, le député de Laurier et la ministre de la
Santé et des Services sociaux font actuellement de l'obstruction
systématique.
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, s'il vous plaît!
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que le
député de Laurier, en plus de tenter de nous bâillonner sur
l'étude du projet de loi, en plus de nous bâillonner sur
l'étude de nos amendements, va aussi tenter de me bâillonner dans
mes droits de parole, les quelques-uns qu'il me reste avant que son leader ait
mis le bâillon sur la commission dans 45 minutes.
M, Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, vous comprendrez qu'une question de
règlement est toujours prioritaire.
M. Rochefort: Oui, mais vous en avez disposé, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): II y en a
peut-être une autre, on va d'abord l'entendre et on va en disposer.
Alors, M. le député de Laurier, brièvement.
M. Sirros: Je vous demande d'appliquer le règlement,
c'est-à-dire de ne pas permettre à un député
d'imputer des motifs à un autre député.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, s'il vous plaît! Je vous demanderais, dans
vos propos, de ne pas imputer...
M. Rochefort: M. le Président, je n'impute pas des motifs,
je fais des affirmations.
M. le Président, le député de Laurier et la
ministre de la Santé et des Services sociaux, actuellement, ont une
attitude visant, depuis le milieu de l'après-midi, avec leurs
collègues à prendre tout le temps possible pour qu'on
n'étudie pas les amendements...
Mme Lavoie-Roux: Arrêtez de parler et on va passer au
suivant.
M. Rochefort: ...déposés par l'Opposition parce
qu'ils ne veulent pas être confrontés à des amendements qui
correspondent à leurs discours.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Si on travaillait d'une façon
raisonnable, je vous assure qu'on irait bien plus vite.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Est-ce que d'autres personnes désirent s'exprimer sur l'amendement
proposé par Mme la ministre,
Des voix: Au vote! Au vote!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, aviez-vous terminé votre
intervention?
M. Rochefort: Oui, M. le Président, j'ai terminé
mon intervention.
Le Président (M. Bélanger): Bien, alors, est-ce que
d'autres personnes désirent se prévaloir de leur droit de parole
sur cet amendement? Non. Dois-je comprendre que l'amendement est adopté
ou rejeté?
Des voix: Rejeté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'amendement est
adopté sur division?
M. Rochefort: Rejeté. Mme Lavoie-Roux:
Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'amendement 1 tel que
modifié est adopté sur division. J'appelle donc l'article 2.
M. Rochefort: M. le Président, on n'a pas adopté
l'article 1, tel qu'amendé.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, oui.
M. Rochefort: Excusez-moi; mon Dieu! Je vous ai dit cela...
Le Président (M. Bélanger): Vous avez tout à
fait raison. Est-ce que l'article 1, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Sirros: Une seconde, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, oui.
M. Sirros: J'avais cru comprendre que l'Opposition avait un
amendement à apporter à l'article 1.
M. Rochefort: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): II a été
rejeté.
M. Sirros: Oui, mais j'avais cru comprendre qu'elle en avait un
autre. J'aurais un autre amendement à suggérer.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez un autre
amendement à suggérer sur quoi?
M. Sirros: Sur l'article 1. Je dois dire que...
Le Président (M. Bélanger): À l'article
1?
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'il faudrait
peut-être que j'éclaire...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît, on va entendre le député de Laurier, pour
comprendre.
M. Rochefort: S'il souhaite proposer notre amendement, à
l'article 1.1, ce n'est pas l'article 1 qui vient, c'est un nouvel article qui,
dans la renumérotation, s'appellera l'article 2. Donc, nous n'avons pas
d'autre amendement à apporter à l'article 1.
M. Sirros: Deux secondes, M. le Président. J'aimerais, si
vous le permettez...
Le Président (M. Bélanger): Je vous donne
une...
M. Blais: II va en fabriquer un pour faire de l'obstruction.
Mme Lavoîe-Roux: Non.
M. Rochefort: M. le Président, je m'excuse, est-ce que
l'article 1 est adopté?
Le Président (M. Bélanger): Non, juste
l'amendement.
M. Rochefort: L'article 1, tel qu'amendé, est-il
adopté?
Le Président (M. Bélanger): Non. On a juste
adopté l'amendement.
M. Rochefort: Qu'est-ce que vous faîtes actuellement?
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article 1,
mais...
M. Rochefort: M. le Président, je m'excuse. Tel que
l'amendement est fait, il vise à biffer pour remplacer par... Ayant
adopté l'amendement, on adopte l'article.
M. Filion: Bien oui, il a été
rédigé.
Le Président (M. Bélanger): Un instant, je me
consulte moi-même.
M. Rochefort: L'amendement visait à biffer un article.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
un à la fois. J'ai deux oreilles, mais j'en entends un seulement quand
même.
M. Rochefort: M. le Président, la technique de
l'amendement faisait en sorte de biffer l'article et de le remplacer par un
autre. Donc, automatiquement, il est adopté même si c'est sur
division.
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est vrai.
M. Rochefort: Bon, alors, M. le Président, j'ai un
amendement à suggérer.
Le Président (M. Bélanger): Un instant; Un instantl
En fait, c'est vrai. De la façon dont on a procédé, Mme la
ministre nous a soumis un amendement qui remplaçait l'amendement qui
était déjà là. Donc, l'article se trouve
adopté, de ce fait, en bloc.
M. Rochefort: J'ai un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): L'article 1 est
adopté sur division.
M. Sirros: Est-ce que l'article 1 est adopté, M. le
Président?
M. Rochefort: J'ai un amendement à suggérer.
Le Président (M. Bélanger): Juste une minute avant
que l'on passe à autre chose. M. le député de Laurier,
vous exprimez une réserve. Quel est le problème?
M. Sirros: J'aimerais comprendre, de la part des membres de
l'Opposition, où ils ont l'intention de proposer leur amendement,
à quel article.
M. Rochefort: M. le Président, si je pouvais avoir le
droit de parole et que le député de Laurier cesse de me
l'enlever, peut-être que je pourrais faire ma proposition.
Le Président (M. Bélanger): On vous écoute,
M. le député de Gouin.
Motion proposant d'ajouter un article
M. Rochefort: M. le Président, j'ai une proposition
d'amendement à l'article 1.1. Il s'agit donc d'ajouter un article qui se
lirait comme suit: Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 1, de l'article 1.1 suivant: "1.1 L'article 3 de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux (L.R.Q., chapitre S-5) est
modifié par l'insertion, après le paragraphe d, du suivants d.1
à favoriser à l'intention des différentes
communautés culturelles du Québec l'accessibilité à
des services de santé et à des services sociaux dans leur
langue."
Du même souffle, M. le Président, pour l'information des
membres de la commission - j'ai omis de le faire tantôt - je vaudrais
fournir la liste des amendements que nous souhaitons voir débattus au
cours de la commission. Je souhaiterais qu'elle soit distribuée, tel que
l'on a permis de le faire pour les amendements de la ministre, il y a deux
jours.
Le Président (M. Bélanger): L'amendement est
recevable.
M. Blais: Et voici tous les amendements que l'on vous demanderait
de distribuer.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre,
question de rèqlement, oui.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je l'ai expliqué
et, maintenant, c'est sûrement pour la troisième fois. Je pense
que c'est important que les choses soient rectifiées. Nous n'avons pas
refusé...
M. Rochefort: Quel article, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va écouter Mme la ministre.
M. Blais: Quel article?
M. Rochefort: M. le Président, elle est en train de
corriger des choses.
Mme Lavoie-Roux: L'article 213.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de l'article
213, Mme la ministre.
M. Rochefort: J'ai posé une question à la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Alors, l'article 35,7°.
M. Rochefort: À l'article 35,7°, il est défendu
d'imputer des motifs...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Rochefort: M. le Président, si on veut citer tous les
articles du règlement.
Le Président (M. Bélanger): Attendez un petit peu,
avant qu'on fasse le livre au complet.
M. Blais: Vous êtes plus sévère pour
nous. Quand on n'a pas l'article tout de suite, vous...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, je vous prie; ce sont des insinuations que
je n'accepte pas.
M. Blais: Ne les acceptez pas, mais j'ai le droit de le dire.
Le Président (M. Bélanger): Non. Vous vous attaquez
à l'intégrité du président. Je vous ai
déjà fait une remarque hier à cet effet et je ne voudrais
pas y revenir.
Mme Lavoie-Roux: Article 35,5°, M. le Président.
Le Président (M. Bélanqer): À l'article
35,5° , oui, Mme la ministre, c'est: "attaquer la conduite d'un
député, si ce n'est par une motion mettant sa conduite en
question."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ils affirment que
l'équipe ministérielle a refusé de leur laisser
déposer leurs amendements. J'ai expliqué à maintes
reprises que nous ne les en avons jamais empêchés, nous
étions à discuter...
M. Rochefort: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Nous sommes
déjà sur une question de règlement. Nous allons entendre
Mme la ministre et nous vous entendrons par la suite.
Mme Lavoie-Roux: Nous étions à discuter une motion
au moment où l'Opposition a voulu déposer ses amendements. Il
fallait d'abord adopter la motion d'amendement avant que l'on puisse accepter
que les amendements soient déposés.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, votre
question de règlement serait recevable en vertu de l'article 39 et non
de 35.
Mme Lavoie-Roux: Je vais recommencer. M. le Président, en
vertu de l'article 39.
M. Rochefort: Bien non! M. le Président, question de
règlement en vertu de l'article 39 aussi.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, l'article 39 dit qu'un
député peut à tout moment signaler une violation du
règlement. La ministre signalait une violation du règlement en
vertu de l'article 39 en invoquant l'article 35,5° qui dit qu'il est
défendu d'attaquer la conduite d'un député, si ce n'est
par une motion mettant sa conduite en question. Le député de
Terrebonne n'a pas attaqué la conduite d'un député au sens
de notre règlement. Si la ministre regrette d'avoir refusé le
dépôt de nos amendements, c'est son problème, mais qu'elle
n'utilise pas le règlement pour tenter de corriger la situation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, Mme la ministre. S'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Un peu d'ordre!
Mme Lavoie-Roux: M, le Président, j'essaie de suivre vos
directives. Vous me dites que je me suis trompée en utilisant l'article
35,5° et vous m'avez suggéré d'appeler l'article 39.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de l'article
39, en invoquant l'article 35, c'était parfait, cela allait très
bien, madame...
Mme Lavoie-Roux: Alors, tout le monde a bien...
Le Président (M. Bélanger): ...continuez votre
intervention.
Mme Lavoie-Roux: Bon, parfait! M. le Président...
M. Rochefort: ...la conduite d'un député on...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Laissons la ministre s'exprimer et laissez le président juger de la
recevabilité, mais il faut l'entendre avant de dire que ce n'est pas
bon. Je ne sais pas ce qu'elle veut me dire.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vais
l'écouter et je vais le savoir. Je dirai alors si elle enfreint le
règlement ou non.
M. Rochefort: M. le Président, sur votre
décision...
Le Président (M. Bélanger): Oui, M. le
député.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
M. Rochefort: Mais la ministre l'a faite
son intervention, vous l'avez entendue.
Le Président (M. Bélanger): Non, non. Je ne l'ai
pas entendue, parce que tout le monde criait aux questions de
règlement.
M. Rochefort: Elle veut prétendre, M. le Président,
que le député a dit des choses qu'elle n'a pas faites.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Rochefort: Ce n'est pas en vertu de l'article 35,5°,
cela!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Je veux d'abord entendre Mme la ministre et je jugerai de ce que j'ai à
faire par la suite. Mme la ministre, la parole est à vous et je prierais
toute autre personne de s'abstenir jusqu'à ce qu'elle ait fini de donner
son point de vue. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, les membres de
l'Opposition ou l'Opposition a attaqué la conduite des membres de
l'équipe ministérielle en disant qu'on a refusé que
l'Opposition officielle dépose ses amendements, alors que nous
étions à discuter une motion, au moment où ils ont offert
de les déposer, et qu'il nous fallait d'abord adopter cette motion avant
qu'ils puissent déposer leurs amendements. Nous avons
procédé tout à fait selon nos règles de
procédure, M. le Président, et je voudrais qu'on arrête de
nous dire qu'on les a empêchés de déposer leurs
amendements, ce qui est tout à fait inexact. D'ailleurs, ils n'avaient
pas du tout l'intention de les déposer...
Le Président (M. Bélanger): Brièvement, Mme
la ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...à la commission parlementaire
puisqu'ils sont allés les déposer...
M. Rochefort: Est-ce une question de règlement, cela? Elle
est en train de faire un discours. Voyons donc! À l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: ...dans une conférence de presse...
Le Président (M. Bélanger): Cela va.
M. Rochefort: Est-ce que le règlement va être
appliqué ici?
Le Président (M. Bélanger): On va prendre une
minute pour replacer les esprits et, ensuite, on va relancer le débat...
Du calme! S'il vous plaît! Je pense que tout le monde fait son possible
ici pour se comprendre à travers les demandes de questions de
rèqlement et autres. Après 18 heures assis là, je vous
jure que cela rentre par les deux oreilles, mais que cela se coince en dedans
des fois.
M. Blais: C'est ce qu'il y a entre les deux qui est
important.
Le Président (M. Bélanger): Je souhaiterais donc,
M. le député de Terrebonne, que vous reteniez vos commentaires
que je commence à trouver fort désobligeants. Si vous n'en avez
pas marre, moi, j'en ai marre.
M. Blais:
Je vous comprends.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie et
à l'avenir abstenez-vous, s'il vous plaît! (23 h 15)
M. Blais: Vous êtes bien gentil, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui, mais je ne le
serai peut-être pas tout le temps.
Alors, on revient à l'amendement. S'il y a d'autres
problèmes, on les réglera à mesure. Donc j'appelle
l'amendement que le député de Gouin a déposé qui
dit, à l'article 1.1, d'ajouter un d.1 qui se lit comme suit: "d.l
à favoriser, à l'intention des différentes
communautés culturelles du Québec, l'accessibilité
à des services de santé et des services sociaux dans leur
langue."
Il y a un commentaire au bas. Le commentaire ne peut pas faire partie de
l'article de loi de toute façon.
M. Rochefort: M. le Président, dans ce que je vous ai
remis, il n'y a pas de commentaire au bas.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: Non, M. le Président. Dans ce que je vous ai
remis, il n'y a pas de commentaire au bas.
Le Président (M. Bélanger): C'est ce qu'on m'a
remis.
M. Rochefort: Ah! Moi, dans ce que je vous ai remis, il n'y a pas
de commentaire au bas.
Le Président (M. Bélanger): Où est-il ce que
vous m'avez remis?
M. Rochefort: Je ne le sais pas. Vous pouvez peut-être
consulter votre secrétaire.
Le Président (M. Bélanger): II dit que, dans ce
qu'il m'a remis, il n'y a pas...
M. Rochefort: Je n'ai pas remis cela, j'ai remis la liste.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Il n'y en a
plus, je l'ai enlevée. Alors, vous avez le droit de parole sur votre
amendement, M. le député de Gouin. On vous écoute.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: M. le Président, la proposition d'amendement
de ma formation politique visant a ajouter un nouvel article après
l'article 1 a pour objectif de faire en sorte que, dans la Loi sur les services
de santé et les services sociaux, dans les différentes
responsabilités que la ministre a, nous souhaitons qu'il soit
exprimé clairement que la ministre doit favorisé, à
l'intention des différentes communautés culturelles du
Québec, l'accessibilité à des services de santé et
des services sociaux dans leur langue.
M. le Président, nous considérons que cet article est
absolument essentiel à partir de notre préoccupation qui veut que
les communautés culturelles, donc tes communautés qui parlent une
autre langue que le français ou l'anglais, aient aussi droit au maintien
des services de santé et des services sociaux auxquels ils ont
accès depuis un bon moment, notamment grâce aux interventions d'un
gouvernement du Parti québécois.
M. le Président, pour nous, c'est aussi une façon de
rencontrer cette définition de la sensibilité et de la
préoccupation linguistique qu'a la ministre qui est celle de donner des
services en langue anglaise.
M. le Président, nous souhaitons que, dès l'entrée
du jeu des fonctions différentes pour la ministre de la Santé et
des Services sociaux, il soit prévu qu'elle ait aussi une
responsabilité à l'égard des différentes
communautés culturelles du Québec, de façon que nous
soyons certains que cette préoccupation sera présente et que, par
conséquent, des gestes devront être posés. Cet amendement
ouvre justement la porte aux amendements subséquents que ma formation
politique a déjà déposés, notamment, par exemple,
l'amendement que l'on retrouve dans les documents que je vous ai remis pour
l'information des membres de la commission à 9.1 qui dit que, dans le
cadre de l'application de la présente loi, aucune décision du
gouvernement ou du ministre ne peut affecter à la baisse l'allocation
des ressources affectées à des programmes desservant les diverses
communautés culturelles du Québec telles qu'elles existaient en
date d'aujourd'hui, soit la date du dépôt, M. le Président,
c'est-à-dire le 13 novembre, de façon que nous soyons certains
que, d'une part, les communautés culturelles auront droit à des
interventions et des préoccupations de la part de la ministre, que ce
soit déjà présent dans ses responsabilités, dans
ses fonctions, mais que, deuxièmement, par l'article 9.1 auquel j'ai
fait allusion et que vous avez en votre possession, l'on fasse en sorte qu'on
ne pose pas de geste qui irait dans le sens de retirer des ressources
déjà fournies â la disposition...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous parlez sur cet amendement ou sur
le nôtre?
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela ne fait pas partie d'un autre
amendement que vous avez soumis, M. le député de Gouin?
M. Rochefort: M. le Président, j'ai le droit de parole. Le
règlement, tantôt le rappel à l'ordre du
député de Terrebonne c'était assez éloquent. Et
comment va-t-on appliquer le règlement pour les autres membres?
Mme Lavoie-Roux: Je vous posais une question, en vertu...
Le Président (M. Bélanger): De la même
façon. Vous continuez votre droit de parole, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Je vous remercie, M. le Président. Je disais
donc que cet amendement ouvrira la porte à l'autre amendement 9.1 qui a
pour objectif qu'en aucune façon des gestes ne soient posés par
l'actuelle ministre ou tout autre ministre de ce gouvernement qui aurait pour
but et pour effet...
Mme Lavoie-Roux: La pertinence, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin est pertinent. Il fait juste un lien entre deux
éléments dans son intervention. Ce qui est tout à fait
juste et pertinent. M. le député de Gouin, continuez.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Donc, pour
éviter et nous donner des garanties législatives comme on aime
les appeler de façon que personne ne puisse venir retirer des ressources
budgétaires permettant de donner des services aux minorités
culturelles du Québec pour les transférer à la
minorité anglophone, pour ensuite dire: Comme le prévoit notre
loi, allez vous faire servir dans les établissements qui donnent des
services en langue anglaise, ce qu'on pourrait dire par une telle
décision à l'ensemble des communautés culturelles du
Québec, M. le Président.
J'entends la ministre dire que j'ai des préjugés. Mon
Dieu, si j'ai des préjugés, qu'elle adopte ces deux dispositions
qui garantiront que jamais mes préjugés ne puissent être
fondés. Si elle est d'accord avec cela, si elle considère que ce
sont des préjugés, si elle nous dit qu'effectivement elle ne fera
jamais cela, elle n'a donc aucune objection à le mettre dans sa loi.
C'est ce que l'amendement que nous déposons, l'article 1.1 qui s'appuie
sur l'article 9.1, deuxième amendement qu'on aura à
présenter tantôt sur le même sujet, permettra de garantir,
non plus dans le discours, mais dans le texte du projet de loi. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que d'autres
personnes désirent se faire entendre sur cet amendement?
Mme Madeleine Bleau Mme Bleau: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Je voudrais dire au député de Gouin
qu'il y a quelque chose d'un peu contraire à la vérité
dans ses propos. Nous avions, dans les années 1970, des services en
portuguais au CLSC de Sainte-Thérèse. Cela a été
enlevé après votre arrivée au pouvoir, soit en 1977 ou
1978 et nous n'en avons plus. Quand vous dites que vous avez mis des services
pour la communauté ethnique, ce n'est pas vrai dans tous les cas, M. le
député. Je vous le jure.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: II me restait du temps de parole sur mon
amendement. Je souhaiterais que la députée...
Le Président (M. Bélanger): Non, non. Pas
là-dessus. Il a au total droit à 20 minutes.
M. Rochefort: J'inviterai simplement la députée de
Groulx a aller vérifier les affirmations qu'elle vient de faire. Parce
que je sais que pendant les années 1980 à 1985, le ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration qui était M. le
député de Mercier, qui est toujours membre de notre
Assemblée, avait mis en place des ressources additionnelles
précisément à ce CLSC, pour que la communauté
portuguaise puisse être desservie. M. le Président, j'invite la
députée, tout simplement, à aller vérifier ces
faits et on pourra en reparler.
Mme Bleau: M. le député de Gouin, j'ai dû
faire cette promesse à la communauté portuguaise, dans mes
promesses électorales, parce qu'ils n'ont pas les services en
portuguais. M. le député de Gouin, ma fille est même
mariée à un Portuguais de Sainte-Thérèse.
Une voix: (L'intervenant parle en portuguais).
Mme Bleau: "A little", en anglais. Le Président (M.
Bélanger): D'accord. Mme Bleau: ...je peux dire cela...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Sirros: Est-ce que c'était une question que la
députée a posée au député ou est-ce que
c'était son droit de parole?
Une voix: Non, l'intervention.
Mme Bleau: J'ai dit que j'ai bien vérifié. Il m'a
dit de vérifier.
M. Blais: Une intervention... N'oubliez pas...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
ne mêlons pas les affaires.
Mme Bleau: J'ai dit que la vérification était
facile à faire puisque c'est une de mes promesses électorales,
quelque chose que les Portuguais m'on demandé. Ma fille est justement
mariée à un Portuguais de Sainte-Thérèse alors je
sais ce dont je parle.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que quelqu'un
d'autre désire se faire entendre? M. le député de
Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Je ne parlerai pas longtemps, Mme la ministre, je veux
simplement dire que nous avons, depuis le tout début, demandé que
les communautés culturelles ou les gens parlant une autre langue que le
français ou l'anglais aient des services dans leur langue et que c'est
de cela que nous avions peur. Nous avions peur de la minorité agissante
et la plus nombreuse, s'empare de tout le système, le coordonne et le
tourne en sa faveur et nous ne voulions pas que les allophones aient des
problèmes a se faire soigner dans leur langue, ce que nous avons
essayé de faire et réussi à peu près partout avec
les moyens que nous avions. Nous avons actuellement, de façon locale, un
très bon système. Parce que nous aimons les minorités,
nous avons agi ainsi dans la
dernière décennie. Je ne comprendrais pas qu'on vote
contre un tel amendement, et si on vote contre un tel amendement, c'est que tes
budgets que nous, nous consacrions pour les soins des allophones dans leur
langue, vous voulez les transférer aux anglophones qui en auront le
contrôle et s'en serviront pour eux, de façon aussi exclusive
qu'ils le désireront. C'est la seule intervention que je veux faire.
Le Président (M. Bélanger): Merci. A l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci. M. le Président. Je pourrais commencer
en disant tout de suite que quant à moi et quant à la
députation ministérielle il n'y a aucun problème avec cet
amendement. D'ailleurs c'est exactement ce que nous entendons faire avec
l'article d en ajoutant les notions "linguistiques et socioculturelles", M. le
Président, et cela ne vient en aucune façon répondre aux
inquiétudes complètement non fondées du
député. Mais même si elles étaient non
fondées...
Une voix: Vous pouvez continuer votre intervention, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Oui. Ce sont des inquiétudes
complètement non fondées, M. le Président.
Des voix: ...
M. Sirros: Tout de même, un peu de décorum, M. le
Président.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, puis-je vous demander, s'il vous
plaît...
Une voix: ...des grimaces.
M. Sirros: M. le Président, j'étais en train de
dire que d'après ce que je peux comprendre de l'amendement, l'intention
est, à mon point de vue, une redondance de ce que l'on a dans l'article
1d où on ajoute les notions "linguistiques et socioculturelles". Cela a
été expliqué à maintes reprises. L'idée de
le faire à ce moment-là c'était effectivement de
favoriser, à l'intention des différentes communautés
culturelles, l'accessibilité ou l'adaptation - dans le sens de l'article
d - des services de santé et des services sociaux à leurs besoins
en tenant compte de leurs caractéristiques socioculturelles et
linguistiques.
Si l'Opposition, après tout ce temps et tout le chialage qui a
été fait et je dirais aussi après dix ans d'exercice du
pouvoir, tout d'un coup, au moment du dépôt et de la discussion de
ce projet de loi, s'est éveillée à la
nécessité de parler des besoins des communautés
culturelles dans une loi, tant mieux. Cela aura servi à quelque chose.
Cela prouve la nécessité d'aborder ce sujet dans une loi. Cela
prouve qu'on avait tout à fait raison quand on disait que ce n'est pas
simplement à la bonne volonté des gestionnaires du réseau
qu'il faut laisser ces choses-là, même s'ils ont les meilleures
des intentions.
Un droit ne s'opérationnalise pas simplement par la bonne
volonté des gens, parce que si aujourd'hui il y a des gens de bonne
volonté, peut-être que demain il n'y en aura pas. L'intention
maintes fois exprimée et expliquée par les membres de la
députation ministérielle est effectivement en ce sens que nous
devons avoir dans une loi des éléments d'adaptation des services
en tenant compte des éléments socioculturels et linguistiques, ce
qui permettrait d'avoir des services adaptés pour les communautés
culturelles.
Je trouve cela énormément intéressant que c'est
effectivement seulement après dix ans d'exercice du pouvoir - et j'irai
plus loin encore - que le parti de l'Opposition, qui gouvernait depuis dix ans,
n'ait jamais pris la peine de dire que c'était quelque chose d'assez
important et qu'il fallait modifier la loi pour l'inclure dans la loi.
Je ferai remarquer aux députés de l'Opposition et surtout
à ceux qui n'étaient pas ici au cours des six dernières
années qu'il y a maintenant presque cinq ans, une occasion en or
s'était présentée au parti ministériel de
l'époque de démontrer clairement ses préoccupations face
aux communautés culturelles en inscrivant quelque chose dans la loi,
parce qu'ils ont décidé, en 1981, de réaménager
presque au complet... En tout cas, c'était un
réaménagement majeur de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux. Et, M. le Président, dans les propositions de
modifications apportées par le Parti québécois à
l'époque dans le projet de loi 27 qui modifiait substantiellement la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, pas un article, pas
un alinéa, rien ne parlait des besoins des communautés
culturelles, de la nécessité d'adapter les services, de les
rendre accessibles, mais hop, aujourd'hui, aussitôt que le Parti
libéral décide d'aborder cette question et effectivement de
prendre des mesures qui assureront une adaptation des services de santé
et des services sociaux aux communautés culturelles, tout d'un coup le
Parti québécois dit: Il faut qu'on s'inscrive dans cela. Il faut
que l'on démontre qu'on est intéressé par ces
choses-là dans une loi.
Je ne remets pas en doute qu'il y a eu des choses et je ne les ai jamais
remises en
doute, étant donné que moi-même j'avais
contribué à ce que les services pour les établissements du
réseau soient adaptés là où c'était
possible. Mais je vous fais remarquer qu'il y a une différence entre les
personnes qui légifèrent et les personnes qui administrent les
établissements des services sociaux et de santé. C'est la
première fois qu'un geste concret est posé par l'Opposition, qui
parle, dans le contexte d'une modification législative, de la
nécessité pour leur amendement de favoriser chez les
différentes communautés culturelles du Québec
l'accessibilité à des services de santé et des services
sociaux dans leur langue. (23 h 30)
Je vous répète que nous sommes prêts à
accueillir l'amendement, peut-être avec un ajustement que je proposerai
tout à l'heure et qui le rendra encore plus clair, qui donnera encore
plus de précisions aux intentions et on verra si la logique de
l'Opposition tiendra. J'espère qu'elle votera avec nous sur le
sous-amendement que je ferai dans quelques minutes sur la motion. Avant d'y
arriver, j'aimerais continuer un peu dans cette veine. À maintes
reprises, l'Opposition s'est cachée, durant le débat,
derrière ce qui se faisait dans le réseau pour dire qu'on n'avait
pas besoin d'aborder ces questions dans une loi. Si on n'en avait pas besoin,
M. le Président, nous, nous étions d'un autre avis. Nous avons
expliqué, lors des discussions pour l'adoption du principe, qu'il y
avait une différence entre une loi qui parle de façon
législative, qui donne une orientation dans ce cas-ci, car il ne s'agit
pas d'un droit qui est donné ici, mais d'un droit consacré. II
est intéressant de noter que l'Opposition choisit aussi l'article 1 du
projet de loi 142 pour parler des communautés culturelles. C'est
exactement l'article qui, quant à nous, parlait des
caractéristiques linguistiques et socioculturelles, qui voulait et qui
veut toujours aller dans ce sens, permettre l'adaptation des services sociaux
et de santé aux communautés culturelles.
M. le Président, il me semble qu'il est un peu tard pour que le
Parti québécois s'attende que l'on croit à la
sincérité de l'intérêt qu'il a comme
législateur.
M. Boulerice: ...
M. Sirros: Non, ce n'est pas "cheap", M. le député
de Saint-Jacques. Je ne nie pas que chacun des membres que je connais,
peut-être pas chacun... Ah! Excusez-moi.
Le Président (M. Bélanger): ...
M. Sirros: Je connais plusieurs membres de l'Opposition à
qui je concède de bonnes intentions et de l'intérêt
à vouloir rendre les services sociaux et de santé accessibles aux
communautés culturelles. Je n'ai jamais prétendu autre chose.
Mais, pendant tout le temps qu'a duré ce débat, l'Opposition
s'est acharnée à ne pas vouloir parler des aspects culturels et
linguistiques qui permettraient une adaptation réelle aux
communautés culturelles. Au dernier moment, comme je le disais, il est
évident pour moi que c'est de l'opportunisme clair qui amène
l'Opposition à déposer un amendement de cette nature, que nous
accueillerons afin de prouver que nous sommes concernés par cette
question.
Motion de sous-amendement
Je ferai un sous-amendement, M. le Président. Je voudrais
ajouter, après le mot "l'accessibilité", les mots "pour les
membres de ces communautés culturelles", de façon que l'article
se lise "à favoriser à l'intention des différentes
communautés culturelles du Québec l'accessibilité pour les
membres de ces communautés culturelles à des services de
santé et des services sociaux dans leur langue". Si vous me dites que
c'est recevable, je m'expliquerai, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): C'est effectivement
recevable, M. le député de Laurier et je vous écoute
là-dessus.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Je ne serai pas très long, car j'aimerais avoir
le concours de l'Opposition dans l'adoption de ce sous-amendement. J'aimerais
souligner qu'il y a là peut-être l'une des choses qui
différencie les deux partis ici. Le parti de l'Opposition a tendance
à parler en termes de droits collectifs, alors que nous parlons
plutôt en termes de droits individuels. Les services sociaux et de
santé ne se donnent pas à une collectivité, mais
plutôt à des individus. Ce sont les individus qui
requièrent des services sociaux et de santé. C'est aux individus
des communautés culturelles, donc aux membres de ces communautés
culturelles qu'il faudrait s'efforcer de rendre accessibles les services
sociaux et de santé.
Je crois que c'est assez fondamental, parce que c'est toute la trame de
pensée qui nous amène à parler constamment en termes de
droits individuels, surtout dans le domaine de la santé et des services
sociaux. On ne peut pas "favoriser" ni "garantir" à des
collectivités si l'on veut que cela ait un sens réel par rapport
aux individus qui ont besoin et qui requièrent ces services.
Le sous-amendement que je présente va dans ce sens. II vise
à spécifier que c'est pour les membres, les individus qui font
partie de ces communautés culturelles que la ministre doit exercer les
pouvoirs qu'elle a, afin de favoriser, à leur intention,
l'accessibilité à des services de santé et à
des services sociaux.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, je pense que le
député de Laurier conviendra qu'à ce moment-ci on pourrait
parler à la fois de l'amendement et du sous-amendement; on ne fendra pas
les cheveux en quatre. Je pense que ce qui est important, c'est l'approche qu'a
apportée le député de Gouin. Ce que le
député de Gouin a suggéré va plus loin que ce que
le député de Laurier disait tantôt.
Ce que le député de Laurier nous disait tantôt,
c'est que, dans l'article 1 que l'on a fini par adopter sur division, il y
avait tout ce que le député de Gouin voulait avoir; je ne pense
pas. Je pense que le député de Gouin avait raison de proposer un
amendement qui spécifie, D'autant plus que, si le député
de Laurier dit: On est heureux de voir qu'à tout le moins ce projet de
loi vous aura permis d'inscrire dans la loi et d'arriver avec une
proposition... Sauf que je vous ferai remarquer que l'on n'a pas attendu ce
projet de loi, quand on était au gouvernement, pour agir. D'une certaine
façon, on a aussi fait la démonstration que l'on n'a pas toujours
besoin de textes législatifs pour faire des choses.
Ceci dit, on ne va pas faire la chicane du siècle autour de cela.
Je pense qu'il est important que l'ensemble des membres de la commission se
rendent à l'argumentation du député de Gouin quant au fait
qu'il est important d'avoir dans notre texte un article qui dit: "à
favoriser, à l'intention des différentes communautés
culturelles du Québec, l'accessibilité à des services de
santé et à des services sociaux dans leur langue." Autrement dit,
on reconnaît finalement, avec cet amendement que fait le
député, qu'il faut aller plus loin dans la façon dont on a
spécifié un certain nombre de choses dans l'article 1, qu'il faut
vraiment faire en sorte que...
Je le disais amicalement tantôt à la ministre. Au fond,
c'est elle-même qui a plaidé pour cet amendement tantôt en
parlant sur l'article 1. Je le faisais remarquer également à mon
collègue de Gouin - je dis cela en toute amitié - je pense que
l'argumentation que la ministre nous a présentée
tantôt...
Mme Lavoie-Roux: Je ne dis pas que l'on est d'accord.
M. Charbonneau: C'est cela, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Cela rejoint l'orientation de d.
M. Charbonneau: Ce que je fais, c'est simplement de dire au
député de Laurier qui, tantôt, nous disait: Écoutez,
au fond, je trouve cela un peu redondant... Je vais être d'accord. J'ai
cru comprendre qu'il nous disait...
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas parlé de redondance.
M. Charbonneau: Écoutez, tant mieux si ce n'est pas celai
J'avais cru comprendre qu'il nous disait qu'il accepterait cet amendement bien
qu'il pense que c'est couvert dans l'article 1. Je pense que...
M. Sirros: Cela le renforce.
M. Charbonneau: ...cela le renforce, d'une part.
D'autre part, je sais que l'on est plusieurs, de ce
côté-ci, à ne pas toujours tellement apprécier
l'idée de mettre les bretelles et la ceinture chaque fois que l'on fait
quelque chose. Quand on dit "à favoriser à l'intention des
différentes communautés culturelles du Québec" on ne parle
pas d'une communauté de boîtes de conserve. On parle d'une
communauté de personnes. Une communauté culturelle, ce sont des
individus. Je trouve que c'est redondant de dire "à l'intention des
différentes communautés culturelles du Québec,
l'accessibilité aux personnes de ces communautés". Franchement,
c'est comme si l'on ne se faisait pas confiance mutuellement. Je pense que
quand on dit "différentes communautés culturelles" on parle de
groupes de personnes. C'est évident que l'accessibilité à
des services...
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! A l'ordre! À l'ordre! II y a beaucoup de bruit.
À l'ordre! Alors, continuez, M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: ...de santé et à des services
sociaux dans leur langue à ces différentes communautés, ce
n'est Das la communauté comme une entité, ce sont les membres de
la communauté; c'est évident. On a beau dire que c'est un corps
social ou que la communauté a une réalité
particulière, qu'elle a une personnalité, quand on parle d'un
peuple, mais, en fin de compte, les services que l'on donne à une
communauté ou à un groupe de personnes, on les donne à des
individus. Je ne vois pas pourquoi, dans le texte, après avoir dit "a
l'intention des différentes communautés culturelles", il faut
absolument dire "l'accessibilité". N'importe quel juriste ou historien
qui regarderait cela dirait: Ils ne se faisaient pas mutuellement confiance.
Non seulement il fallait qu'ils parlent des communautés culturelles,
mais il fallait qu'ils
spécifient que les communautés culturelles, c'était
du monde. Je pense qu'au point où l'on en est, dans la mesure où
vous reconnaissez, de l'autre côté - on ne le fera pas
exprès de se prendre aux cheveux à l'heure qu'il est - que cet
amendement du député de Gouin est correct, qu'il précise
et renforce ce avec quoi tout le monde est d'accord autour de la table.
Pourquoi muitiplie-t-on les conversations qui, finalement, tournent en rond et
finissent pas être redondantes? Je pense que l'amendement tel que
présenté par le député de Gouin est correct et
complet en soi. Il donne toutes les garanties. Je ne ferai pas la bataille du
siècle parce que vous voulez ajouter un sous-amendement de cette nature,
mais je vous dis bien honnêtement que je pense que la formulation du
député de Gouin est plus correcte et plus spécifique pour
les communautés culturelles aussi parce qu'on dit à un certain
nombre de communautés qu'on va faire en sorte qu'elles aient des
services dans leur langue. C'est évident que, quand on dit cela à
ces communautés, on dit que les personnes de ces communautés vont
avoir des services dans leur langue ou qu'on va faire les efforts pour
cela.
Dans ce sens, je pense qu'on devrait non seulement adopter l'amendement,
mais l'adopter en espérant que le député de Laurier puisse
se rendre à l'argumentation que je lui ai présentée et
retirer son sous-amendement. On ne fera pas de chicane là-dessus. On ne
fera pas la bataille du siècle, mais il me semble que l'amendement
présenté par le député de Gouin est plus correct,
plus conforme, moins redondant et, en même temps, d'une certaine
façon, pour les gens qui regarderont cela dans l'avenir, plus
respectueux de ce que nous sommes mutuellement, de chaque côté,
c'est-à-dire assez grands garçons et grandes filles pour ne pas
être obligés de préciser que les communautés
culturelles dont on parle, c'est du monde. C'est évident.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: M. le Président, je ne suis pas d'accord avec
le député de Verchères sur la question de la redondance.
Si le député de Verchères regarde l'amendement qui est
proposé à l'article 2 par sa formation, vous allez voir que vous
proposez de changer notre expression "toute personne d'expression anglaise" par
l'expression "communauté de langue anglaise" qui va un peu dans le sens
contraire. Vous avez décidé à ce stade-ci qu'il y avait
une différence entre un service à une personne et un service
à une communauté. Personnellement, je n'aime pas du tout
l'expression communauté culturelle.
Je pense que c'est essentiellement les personnes qui parlent une langue,
mais c'est devenu une partie du folklore politique du Québec que cette
expression communauté culturelle et tout le monde va savoir dans l'usage
de quoi il s'agit.
Je serais porté, et je pense que mon collègue de Laurier
aimerait aussi mettre l'expression "membre" à un autre endroit de
l'amendement, mais je veux juste soulever deux points que je trouve très
intéressants dans vos propos, surtout tels qu'amendés par mon
collègue, le député de Laurier. La première chose,
c'est que, pour la première fois, je pense que vous avez admis que ce
projet de loi n'était pas nécessairement un projet de loi
linguistique. Nous avons écouté de longs discours selon lesquels
tout élément d'une loi linguistique doit être mis soit dans
la Charte de la langue française, soit dans la charte des droits et, ce
soir, finalement, à 11 h 45, c'est le Parti québécois,
l'Opposition officielle qui propose d'ajouter un élément
linguistique au projet de loi sur la santé et les services sociaux.
C'est un petit élément, mais, au moins, je pense que...
M. Blais: C'est pour qu'il soit moins boiteux.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député de Terrebonne!
M. Scowen: Vous avez réalisé que ce n'est pas un
projet de loi géographique parce qu'on y a mis le mot
"géographie", que ce n'est pas non plus un projet de loi linguistique
parce qu'il y a les mots "linguistique" ou "langue" là-dedans. Ce n'est
pas un projet de loi socioculturel parce que nous avons ajouté le mot
"socioculturel". C'est un projet de loi sur les services sociaux et de la
santé. Il n'y a rien qui nous empêche et rien qui vous
empêche d'ajouter un élément linguistique à cette
loi sans que cela devienne une loi linguistique.
La deuxième chose que je trouve même plus
intéressante, et c'est une autre première, c'est que pour la
première fois vous semblez avoir accepté notre argument depuis
maintenant une semaine que les transferts linguistiques ne s'effectuent pas par
le réseau des services sociaux et de la santé. On a
prétendu, dès le départ, que le projet de loi n'avait pas
comme objectif d'effectuer les transferts, que les personnes qui
écrivaient des thèses pour dire que l'établissement des
langues distinctes dans le réseau de la santé et des services
sociaux pouvait empêcher ou réduire la possibilité que les
allophones s'intègrent dans le réseau français. Ce soir,
nous avons une proposition que nous allons appuyer afin que les personnes des
autres langues doivent être encouragées d'obtenir leurs services
sociaux
et de santé dans leur propre langue. Et ce n'est pas la place, la
bonne place, d'essayer de faire des transferts linguistiques. (23 h 45)
Donc, pour toutes ces raisons, je trouve que l'amendement est bon, le
sous-amendement de mon collègue, le député de Laurier, est
aussi excellent, et cela deviendra un peu un amendement conjoint.
J'espère que vous allez voter pour le projet de loi à la fin pour
que vous n'ayez pas l'air ridicule d'avoir voté cette affaire et, par la
suite, voter contre le projet de loi qui le contient. On verra à
l'usage. Je ne sais pas s'il y a lieu de changer le... Est-ce que, moi, je dois
le proposer ou s'il faut voter l'autre?
Le Président (M. Bélanger): II faut d'abord
disposer de l'autre avant d'en faire un nouveau.
M. Filion: Si c'est dans le même article, cela
dépend.
M. Sirros: C'est justement, au lieu de dire les membres...
Le Président (M. Bélanger): Dites-nous donc ce que
vous voulez faire, et on va vous dire si ce sera tout de suite ou si on va
attendre. Ça va être plus facile.
M. Sirros: D'accord. L'article se lirait comme suit, plutôt
que ce que j'ai dit tout à l'heure: "à favoriser, à
l'intention des membres des différentes communautés culturelles,
l'accessibilité à des services de santé et des services
sociaux dans leur langue." C'est-à-dire, au lieu de mettre "des membres"
en bas, au lieu de répéter "communautés culturelles",
c'est de le mettre en haut, cela améliorerait le français:
"à favoriser, à l'intention des membres des différentes
communautés culturelles du Québec, l'accessibilité
à des services de santé et des services sociaux dans leur
langue."
M. Filion: ...deux sous-amendements, il faudrait qu'il en retire
un et qu'il en...
Le Président (M. Bélanger): Mais, il faudrait
d'abord qu'on retire le permier sous-amendement et qu'on ait le consentement de
tout le monde pour le retirer, puisqu'il a été débattu.
Alors, est-ce que vous retirez le premier?
M. Sirros: Est-ce que les gens consentent à ce que...
Nouveau sous-amendement
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les gens
consentent è ce qu'on retire le premier sous-amendement? Oui. D'accord,
est-ce que le deuxième amendement est recevable? Évidemment. Or,
sur cela...
Mme Lavoie-Roux: C'est d'ajouter "membres des" après les
mots "à l'intention des".
Le Président (M. Bélanger): C'est cela, "des
membres des différentes communautés culturelles du
Québec". Alors, sur cela, est-ce qu'on désire s'exprimer? M. le
député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: Oui, M. le Président, j'avais demandé la
parole. Je pense que je ne voudrais pas réfuter un à un tous les
arguments du député de Notre-Dame-de-Grâce, parce qu'il
nous reste à peu près douze minutes, avant que le bâillon
qu'on nous impose, alors que nous sommes en plein processus productif, M. le
Président, qui est en train de donner des bons résultats, mais
peu importe.
Sur le sous-amendement présenté par le
député de Laurier...
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Taillon, nous vous écoutons.
M. Filion: ...sur le sous-amendement présenté par
le député de Laurier, il existe, ici, au gouvernement du
Québec un ministère, qui s'appelle le ministère des
Communautés culturelles. Que je sache, on ne l'appelle pas le
ministère des membres des communautés culturelles.
Une voix: Ah! Ah! Ah!
M. Filion: Non, mais, laissez-moi terminer. Quand on parle
à l'article 3 de la population, on ne dit pas les membres de la
population québécoise...
Une voix: Ah! Ah! Ah!
M. Filion: ...et puis, une communauté ne se déplace
pas en bloc pour arriver dans un hôpital, il faut des membres. Une
communauté, c'est une personne, c'est un concept moral, et les gens qui
se déplacent, ce sont des membres d'une communauté. Alors, je
pense que le gouvernement du Québec lui-même a donné le ton
et je pense que, comme législateurs aussi on doit éviter
d'être redondants, on doit éviter de dire des choses qui vont
demeurer, je l'ai répété souvent, les lois qu'on va
adopter, même s'il est minuit moins dix, ce n'est pas écrit dans
les statuts refondus... En ce sens, il m'apparaît que l'amendement
présenté par le député de Gouin est tout è
fait conforme à l'intention qu'il a manifestée ainsi qu'à
l'intention de la ministre et de ceux qui ont
pris la parole. Je ne vois pas ailleurs que, dans une espèce
d'obsession, cette manie de vouloir s'attacher à parler des membres. On
a quand même passé un certain nombre de lois en un an, dans ce
parlement, je dois vous dire que les sources de cette obsession
m'inquiètent un petit peu. Alors, en ce sens, M. le Président, je
recommande plutôt qu'on retire le sous-amendement que vous
présentez, qu'on vote sur l'amendement du député de Gouin
et qu'on revienne aux autres articles.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Très brièvement, afin de vérifier
les choses qui permettront au député de Taillon de comprendre.
S'il prend l'article 4 du projet de loi actuel, il va voir qu'on ne parle pas
de la communauté québécoise qui a le droit de recevoir des
services de santé, mais on dit bien "toute personne a le droit". Et
c'est ainsi dans toute la loi. On parle des personnes parce que la livraison
des services se fait à des personnnes, et, dans ce sens, M. le
Président, c'est pour être conséquents avec l'ensemble du
projet de loi, c'est pour pouvoir être conséquents avec le fait
que les services se donnent à des personnes, que nous voulons
transformer la notion collective qui est véhiculée par
l'expression "communautés culturelles" à une individualisation en
parlant des membres des communautés culturelles, étant
donné qu'effectivement, les services se donnent à des membres,
à des personnes. C'est exactement dans le même esprit que celui de
la loi 65, la Loi sur les services de santé et les services sociaux
à l'article 4 où on établit le droit à des
services. On dit: Toute personne a droit de recevoir des services de
santé et des services sociaux. L'article 3, juste avant cela, dans la
Loi sur les services de santé et les services sociaux, au point b dit:
à rendre accessible - non pas à la société
québécoise ou à la collectivité
québécoise - mais à rendre accessible à toute
personne.
Une voix: Lisez le point c.
M. Sirros: Encourager la population et les groupes. On comprend
cela. Parfait, mais nous, on préfère, quand on parle des membres,
quand on parle des communautés culturelles et de la dispensation des
services, on veut favoriser l'accessibilité à des individus. Ce
n'est pas si évident que cela parce que autrement, pourquoi est-ce qu'il
y aurait une différence dans l'article 3b et c et dans l'article 4. On
parle du droit au service à toute personne.
M. le Président, je pense qu'il est clair pour nous que ce
sous-amendement est important. Nous sommes prêts à voter sur le
sous-amendement et par la suite sur l'amendement tel que sous-amendé.
J'arrêterai là, M. le Président, afin de permettre de
recevoir des explications de l'autre côté.
Le Président (M. Bélanger): Avant de passer au vote
sur le sous-amendement, y a-t-il encore des gens qui désirent se faire
entendre? M. le député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, j'ai bien repensé
à cette affaire. On est è l'article 3. C'est l'article où
l'on parle des groupes, où l'on parle de la population. À un
moment donné, on parle d'encourager la population. On utilise des termes
génériques. C'est un article où les questions sont d'ordre
général. Je vais vous dire bien franchement: On avait
présenté cet amendement de bonne foi, on a même
modifié deux fois notre texte initial pour qu'il soit plus correct, plus
acceptable à la ministre et on ne lui prêtait pas d'intention.
J'ai l'impression que le député de Laurier et le
député de Notre-Dame-de-Grèce essaient de finasser un peu.
Écoutez, "à favoriser à l'intention des différentes
communautés culturelles l'accessibilité à des services de
santé et à des services sociaux dans leur langue." Quelqu'un qui
est de bonne foi ne peut pas soutenir sérieusement les arguments que
vous avez soutenus. Nous l'avons présenté, après que vous
ayez battu notre proposition initiale à l'article 1, celle du
député de Gouin à propos de la démographie. La
ministre, après certaines interventions qu'on a faites, a accepté
de modifier un peu le texte et a tenu un discours avec lequel on était
d'accord et qui correspondait d'ailleurs avec ce que le député de
Gouin avait dit à ce sujet. On s'est dit que c'était le temps
d'essayer de voir au moins si on ne pouvait pas, avant que la guillotine nous
tombe dessus, présenter un texte. On vous dit bien franchement qu'on
pense sincèrement qu'à cet article, le langage à utiliser
doit être un langage qui parle des groupes, des communautés. Je
trouve un peu curieux l'argumentation qu'a soutenue tantôt le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Il disait: Vous savez, c'est
une espèce de... je ne me souviens pas du terme exact; cela voulait
à peu près dire un archaïsme c'était une sorte de
terme qu'on utilise dans le folklore québécois pour se faire
plaisir alors que dans les faits... Disons le terme "communautés
culturelles". Dans le fond il disait: "ce sont tous les gens qui parlent une
langue". Ce n'est pas si simple que cela. La communauté haïtienne
de Montréal, c'est une communauté. Elle parle la même
langue que
nous, les francophones, mais c'est une communauté
particulière avec ses moeurs, ses habitudes, ses comportements, ses
valeurs. C'est cela, une communauté. C'est plus qu'un groupe de
personnes qui parlent une langue. D'ailleurs, la raison pour laquelle on ne
partage pas votre point de vue, ce qu'on vous reproche, c'est de simplifier la
réalité québécoise en deux communautés: la
communauté française ou francophone et la communauté
anglophone. C'est justement pourquoi nous tenons à ce que l'on parle des
différentes communautés culturelles. La réalité
québécoise, c'est qu'il y a effectivement différentes
communautés culturelles et que les membres de l'Assemblée
nationale s'entendent tous pour favoriser à ces communautés
l'accessibilité à des services de santé et des services
sociaux dans leur langue.
J'ai beaucoup de difficulté à comprendre, M. le
Président, pourquoi on tient tellement à modifier l'amendement
qu'on a présenté de bonne foi et que nous avons même
modifié à deux reprises dans des discussions informelles qu'on a
eues et qui étaient très correctes. J'ai beaucoup de
difficulté à accepter cela et à comprendre le
bien-fondé de cela.
J'ai travaillé un peu sur le coin de la table, comme on disait,
pratiquement, à élaborer cela avec le député de
Gouin. On était de bonne foi, d'autant plus qu'on venait d'entendre la
ministre nous faire un discours avec lequel, indépendamment de la
question du terme "linguistiques" qui était dans l'article 1, on
était d'accord, à savoir qu'il faut au Québec
développer des services dans les langues des autres communautés,
même dans la communauté haïtienne. Je prends cet exemple car
c'est une communauté francophone qui a une façon de parler le
français qui est différente de la nôtre. On pourrait
même utiliser le créole à certains égards et je suis
convaincu qu'il y a des travailleurs sociaux, des infirmiers et des
infirmières qui utilisent le créole pour donner des services de
plus en plus. Et c'est pourquoi on croit qu'il est important que la notion de
communauté ne soit pas, à ce moment-ci, diminuée en
disant: Ce sont des personnes de différentes communautés. C'est
plus que cela; on veut, très clairement, dans l'article, dès le
début du projet de loi, spécifier la notion de communauté
et notre ouverture à ces communautés-là en leur disant:
"Pour chacune de ces communautés, l'État, le gouvernement, a
décidé d'offrir des services et de rendre accessibles les
services de santé et les services sociaux.
Vous admettrez, Mme la ministre, que... On en a reparlé. On
était d'accord tantôt sur une formulation, mais après on
est revenu et je vous dis bien honnêtement que l'argumentation que nous a
présentée le député de Notre-Dame-de-Grâce,
en particulier, c'est une argumentation qui nous a fait un peu bondir. Il nous
a dit: Oh! Attention! Là, on essaie de nous piéger avec quelque
chose et on ne veut pas se faire embarquer. On a été de bonne
foi. On comprend un peu comment cela marche les dynamiques de groupe et de
parti. On ne se fera pas de dessins, on n'est pas des enfants d'école.
Mais je vais vous dire une chose: on a fait cet amendement, cette proposition,
en voulant très spécifiquement mettre l'accent sur le fait qu'il
existe d'abord des communautés. C'est plus que la notion d'individu,
c'est une réalité. Il y a 6 000 000 d'individus au Québec.
Mais au-delà de ces 6 000 000, il existe des gens des communautés
culturelles et l'accessibilité pour des personnes è
l'intérieur de communautés et dans chacune des
communautés, les services de santé et les services sociaux vont
s'organiser en tenant compte de ces particularités culturelles.
C'est évident que c'est pour les personnes, sauf que...
Le Président (M. Bélanger): II reste une minute.
S'il vous plaît, on laisse le droit de parole au député de
Verchères.
M. Charbonneau: ... M. le Président... Une voix: II
vous reste une minute.
M. Charbonneau: ...à favoriser... Je vous le dis,
honnêtement, on ne se cachera pas, on ne se fera pas de cachette, on ne
jouera pas à cache-cache, on n'est pas d'accord avec votre
sous-amendement. On n'est pas d'accord parce qu'à notre point de vue,
cela dénature l'amendement qu'on a fait. Cela le dénature parce
que, finalement, dans le fond, vous regardez vous autres les autres articles de
la loi qui s'en viennent et vous essayez de nous piéger. On ne se fera
pas piéger par cela.
Depuis tout à l'heure, j'ai essayé de faire un travail
constructif avec mes collègues, de bonne foi, et on croyait
sincèrement et on croit toujours qu'à ce moment-là, ce qui
était important, compte tenu du texte même, parce qu'on parlait de
réalités socioculturelles tantôt, la notion de
socioculturel, c'est une notion communautaire. Quand on parle de
réalités socioculturelles, on parle de réalités qui
se vivent dans des communautés culturelles.
Pour nous, d'introduire, de dire: "À l'intention des personnes
des différentes communautés culturelles", c'est essayer de
diminuer l'importance de cette notion de communautés culturelles.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse auprès
du député de Verchères. Je lui donnerai une minute
de plus s'il veut terminer.
Le Président (M. Bélanger): II est
minuit.
Mme Lavoie-Roux: Alors, peut-être qu'on peut donner un
consentement pour une minute.
M. Rochefort: II n'y a pas de consentement. Le leader du
gouvernement a décidé de mettre fin aux travaux de la
commission.
Le Président (M. Bélanger): Alors, il est minuit!
Je dois...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais quand
même vous indiquer qu'il y a eu...
M- Rochefort: M. le Président, il est minuit.
Le Président (M. Bélanger): II est minuit et il n'y
a pas de consentement pour continuer, c'est vrai, c'est la guillotine.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)