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(Onze heures cinquante-six minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre s'il
vous plaît!
Crédits du ministère de la Santé
et des Services sociaux
La commission des affaires sociales se réunit ce matin aux fins
de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère de la Santé et des Services
sociaux, pour l'année financière 1987-1988 se terminant le 31
mars 1988. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Non. Je vais d'abord
souhaiter la bienvenue à tout le monde. Encore une fois, on commence
à être quasiment intime après deux longues journées
passées ensemble. Les programmes qu'il nous reste à
étudier aujourd'hui sont: Services des centres hospitaliers de courte
durée, Coordination de la recherche, Direction et coordination
régionale. Peut-être d'autres questions un peu
générales à la fin.
M. Rochefort: On est toujours un peu dans cela, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: On s'était entendu qu'on finirait cela?
Le Président (M. Bélanqer): On passe à
Services des centres hospitaliers de courte durée. On finit la
santé ce matin. Programme 3?
M. Rochefort: On va essayer.
Le Président (M. Bélanger): On va essayer,
d'accord. J'appelle le programme 3.
Services des centres hospitaliers de courte
durée
Le rôle du ministère dans la promotion de
la santé
M. Rochefort: Pour poursuivre, M. le Président, comme je
l'ai indiqué hier, le chef de l'Opposition a eu un échange avec
la ministre sur les questions de santé publique, notamment les maladies
transmises sexuellement, le SIDA, etc. Je voudrais revenir sur une
réponse qu'a fournie la ministre au chef de l'Opposition quand elle nous
a dit, en faisant sa référence au passé, comme sur tous
les dossiers: Nous autres, on a décidé de prendre cela en main,
le secteur de la santé publique au ministère. Là, c'est
moi qui parle, dans le style on a "revampé" cela, on a reconstruit.
Est-ce que la ministre pourrait développer un peu pour nous dire ce qui
a été fait précisément pour consolider et remettre
en place une équipe solide avec des mandats importants dans le domaine
de la santé publique?
Mme Lavoie-Roux: La première chose que nous avons faite a
été de redonner une certaine vigueur avec du personnel aux
directions de la promotion et de la santé, la santé publique. Je
pense que cela était le premier pas, le plus important, pour permettre
d'encadrer les actions essentielles. Dans la santé publique,
évidemment, on s'occupe des maladies transmissibles comme on peut aussi
s'occuper d'autres dossiers qui touchent à l'environnement ou des...
M. Rochefort: Je ne veux pas interrompre la ministre, mais je ne
veux pas qu'on se parle trop théoriquement. Je comprends qu'on puisse
s'occuper de maladies infectieuses transmissibles sexuellement,
environnementales, etc. Mais je veux dire, actuellement, au moment où
l'on se parle, dans l'idée évoquée, hier, par la ministre
de redonner des mandats, de redynamiser ce secteur d'activité dans le
ministère, quels sont précisément les nouveaux mandats,
les nouvelles responsabilités, sur quoi a-t-on décidé de
mettre l'accent dans ce service très important à mes yeux au
ministère?
Mme Lavoie-Roux: D'une part, sur la promotion de la santé,
c'est un élément extrêmement important je pense, que ce
soit eu égard è l'usage du tabac, enfin tous les problèmes
reliés comme l'activité physique, l'alimentation, tout ce qui
touche la promotion de la santé. C'est un volet de la santé
publique. Le deuxième volet, c'est celui relié aux maladies
transmissibles. Dans la promotion de la santé, on pourrait ajouter, par
exemple, une liaison avec le ministère de l'Environnement, et
même, jusqu'à un certain
point, on pense qu'il devrait y avoir une relation
interministérielle beaucoup plus prononcée qu'il n'en existe
présentement avec Ies Transports, entre autres, même le Loisir; la
Chasse et la Pêche peut-être que oui, mais certainement le Loisir.
On vise beaucoup à cette collaboration interministérielle dans le
domaine de la promotion de la santé non seulement pour satisfaire aux
besoins, mais également pour que la sensibilisation soit plus efficace
que si elle ne vient que du ministère de la Santé. Il faut
décharger, d'une certaine façon, te ministère de la
Santé, dans le sens qu'il y en a d'autres dans la communauté ou
à l'intérieur du gouvernement qui ont des responsabilités
dans ce domaine. C'est un peu...
M. Rochefort: M. le Président, j'aimerais qu'on aille
encore un peu plus précisément. Dans un premier temps, quels sont
les liens entre les départements de santé communautaire et ta
direction de la santé publique?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander à M. Pelletier de vous
répondre.
M. Pelletier (Michel): Merci. Michel Pelletier, santé
publique. Les départements de santé communautaire se sont
regroupés au sein de l'AHQ pour coordonner un peu plus leurs
activités, parce qu'ils sont 32 éparpillés un peu dans
toute la province. A ce titre-là, ils voulaient se donner une action un
peu plus concertée. On a développé, depuis une
année, des rencontres à la fois formelles et informelles avec le
conseil de la santé communautaire et l'espèce d'exécutif
de ce conseil, où nous passons en revue l'ensemble des problèmes
qui nous préoccupent, tant les priorités que d'autres
problèmes qui peuvent se produire. Les échanges, comme je l'ai
dit, se font à la fois sur le plan informel et formel. Il y a des
communications très fréquentes avec le président de ce
regroupement, au cours desquelles on peut faire avancer les dossiers comme les
maladies transmises sexuellement ou l'activité physique, les relations
qu'on a établies avec Kino-Québec ou n'importe quel dossier. Je
pense que c'est en train d'être bâti. Il y a beaucoup de choses
à faire, mais c'est en train d'être bâti et c'est ce
à quoi on a travaillé pendant tes derniers mois.
M. Rochefort: Si je comprends bien, il n'y a pas de lien
structurel direct entre la direction de ta santé publique et les
départements de santé communautaire?
M. Pelletier: En fait, il y a l'autorité
ministérielle, en vertu de la Loi sur la protection de la santé
publique, qui est là.
M. Rochefort: Au niveau ministériel, mais à votre
niveau, à vous?
M. Pelletier: À notre niveau à nous, c'est
exactement les même liens que le ministère a avec les centres
hospitaliers, avec les centres d'accueil d'hébergement. Il y a les
responsabilités du ministère et il y a, en vertu de la Loi sur la
protection de la santé publique, des responsabilités plus
particulières qui identifient la ministre comme la personne responsable
pour obtenir les données, décider des programmes de vaccination,
faire l'analyse des maladies à déclaration obligatoire, prendre
des mesures lorsqu'il y a une épidémie sur recommandation des
chefs de DSC qui, eux-mêmes, prennent les mesures au niveau local.
M. Rochefort: Là, M. le Président, j'adresserai ma
question à la ministre. Est-ce que la ministre ne jugerait pas
souhaitable qu'il y ait un lien plus direct, plus formel, entre la direction de
la santé publique, son ministère et les départements de
santé communautaire, au minimum, eu égard à leur
responsabilité en santé publique? Si on veut effectivement donner
un nouvel élan, un niveau dynamisme à ce secteur de la
santé publique, il me semble que, comme cela prend un bras qui est sur
le terrain, qui exécute des choses, ce n'est sûrement pas la
direction de la santé publique au ministère qui e9t mesure
d'avoir sa propre présence sur le terrain et d'exécuter
elle-même dans le milieu ses prochaines interventions, que ce soit en
promotion de la santé ou autres. En ce sens, est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu justement de créer un lien beaucoup plus direct entre les deux?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, comme le disait le Dr Pelletier
tout è l'heure, je pense qu'on fonctionne à l'égard de ce
type d'établissements de la même façon qu'on fonctionne
à l'égard d'autres types d'établissements du
réseau, ce qui ne nous empêche pas de collaborer ensemble à
l'élaboration de programmes. Par exemple, on sait qu'on doit se
réunir - je ne sais pas si ce sera durant l'été ou
à la fin de l'été - en incluant la
Fédération des CLSC, pour préciser certains programmes qui
découlent des recommandations du rapport Brunet. Je pense que, de la
même façon, pour donner un exemple précis, du
côté du dépistage du SIDA ou encore du côté de
la campagne d'éducation que l'on veut faire ou de la campaqne
publicitaire, appelons-la comme on veut, il y a une collaboration
étroite entre les DSC, le ministère et la direction de la
santé publique pour en faire l'élaboration. Je ne vois pas
beaucoup ce que le député veut dire. Votre bras, qu'est-ce que
c'est votre bras que vous ajouteriez dans le cas des DSC et que vous n'avez pas
dans les cas des
autres établissements?
M. Rochefort: Je vais vous poser une question et je vais revenir
et je pense qu'on va peut-être se comprendre. Qui dirige un DSC? Comment
fonctionne le DSC Saint-Luc, pour prendre cet exemple? Qui dirige le DSC
Saint-Luc? Je ne vous demande pas des noms, évidemment. Quelle est la
structure dirigeante d'un DSC? Ce n'est pas un conseil d'administration.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas dans le même sens que... Ce
sont les hôpitaux.
M. Rochefort: En ce sens, c'est là que je ne vous suis pas
quand vous nous dites: On a des relations avec les DSC.
Mme Lavoie-Roux: C'est le directeur général de
l'hôpital, puisque les DSC sont intégrés aux
hôpitaux.
M. Rochefort: Oui, d'accord, parfait. C'est là que je ne
vous suis pas, vous nous dites que vous avez des relations avec ce type
d'établissements - pour moi, ce ne sont pas des établissements -
comme celles que nous avons, par exemple, avec les CLSC, avec les centres
d'accueil ou avec tous les autres types d'établissements. Je pense que
la relation n'est pas de même nature, même s'ils sont reliés
effectivement à un établissement pour des fins budgétaires
ou d'administration. Pour avoir moi-même, quoiqu'il n'y avait pas de
DSC... Je suis convaincu qu'un conseil d'administration d'établissement
ou d'hôpital, supposons l'hôpital Saint-Luc pour garder le
même exemple, ne doit pas être appelé souvent à se
pencher sur les mandats - je ne parle pas du budget: va-t-il y avoir deux
postes et demi pour ceci ou trois et quart pour cela? - et sur les
priorités d'action du DSC Saint-Luc. Je ne pense pas que le conseil
d'administration de l'hôpital Saint-Luc se penche sur cela très
fréquemment.
Mme Lavoie-Roux: II devrait peut-être le faire davantage
et...
M. Rochefort: Là, c'est une opinion.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une opinion. Je pense que
c'était l'esprit de l'intégration des DSC aux hôpitaux,
que, justement, les hôpitaux s'ouvrent sur une dimension plus
communautaire et plus préventive, si l'on veut, ou pour la promotion de
la santé, etc., afin qu'ils sortent de leur cadre strictement curatif.
C'était cela l'objectif de l'intégration des départements
de santé communautaire à l'intérieur des
hôpitaux.
M. Rochefort: Donc, on voit un peu le résultat.
Vous-même, vous me dites: Oui, mais ce serait peut-être bon qu'ils
le fassent. Je pense qu'on s'entend bien.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas dit qu'il serait bon qu'ils le
fassent.
M. Rochefort: Vous avez dit que ce serait souhaitable qu'ils le
fassent.
Mme Lavoie-Roux: Bon, si vous vouiez le prendre... Il y en a qui
le font.
M. Rochefort: Bon.
Mme Lavoie-Roux: II y a des endroits où c'est très
actif.
M. Rochefort: Vous allez juste me permettre de poursuivre un
peu.
M. Joly: J'ai juste un commentaire pour éclairer cela. Je
sais qu'à Laval, actuellement, cela se fait. Le DSC travaille
très étroitement avec le conseil d'administration et toute
l'orientation est définie en fonction de la prévention. Je sais
qu'à Laval cela se fait. Ailleurs dans la province, je ne peux pas vous
le dire, mais chez nous, à Laval, cela se fait.
M. Rochefort: Moi, je veux juste qu'on s'entende. Je pense
qu'entre l'objectif qui était visé au départ et ce qui
s'est fait au fil des années, il y a une marge qu'on doit tous
reconnaître. Effectivement, compte tenu de l'importance qu'il faut de
plus en plus donner à la promotion de la santé, qu'il faut de
plus en plus donner à toute la prévention dans le domaine de la
santé, le ministère devrait avoir un rôle plus actif et
plus dynamique. Quand je parle d'un bras, ce que je veux dire, c'est que ce
sont les DSC qui réalisent les programmes de prévention ou les
programmes de promotion de la santé qui sont peut-être
conçus à la direction de la santé publique. Je pense qu'il
devrait y avoir un rôle plus dynamique du ministère envers les
DSC, plus de coordination, plus de participation à la planification des
objectifs, plus de participation du ministère quant à la
définition des objectifs et des groupes cibles qui doivent être
identifiés dans les milieux, non pas en termes d'autorité et pour
mettre encore une structure par-dessus une autre, mais pour être certain
que le ministère, qui a une vision globale, qui est conscient d'un
certain nombre de phénomènes qui se passent dans un DSC et qui
pourraient se dérouler dans un autre, profite des expériences
communes et puisse suivre l'évolution de certaines maladies qui
évoluent sur le territoire.
Je pense qu'il devrait y avoir un rôle plus dynamique, beaucoup
plus actif de la direction de santé publique auprès des
départements de santé communautaire, compte tenu de
l'expérience et de l'importance que cela doit prendre maintenant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce que je veux dire, et
je pense que peut-être là-dessus le député et moi
nous nous rencontrons - c'est que les départements de santé
communautaire ont, dans le passé, beaucoup axé, et ils le font
encore, leurs activités sur - et là je dis que c'est depuis,
particulièrement, qu'on leur a retiré certaines
responsabilités au plan clinique, que ce soit les infirmières ou
autres - des études épidémiologiques. Quand on disait
qu'on examinait à l'intérieur du ministère par ce
comité interne qui examine non seulement le fonctionnement mais le
rôle des DSC, il m'apparaît... Et je ne veux pas blâmer qui
que ce soit. Le Dr Pelletier vient d'un DSC, celui de Rimouski, je pense.
Peut-être que celui de Rimouski était particulièrement
actif. On sentait mal leur place dans le réseau. Il y a des grandes
variations entre les DSC. C'est dans un effort de mieux cerner leurs fonctions,
certaines orientations et autres que cette réflexion se fait à
l'intérieur du ministère.
Je pense que c'est peut-être, à ma connaissance, la
première fois qu'il y a cet apport du ministère et cet
échange aussi actif que l'on voit se développer entre les DSC et
le ministère de la Santé, compte tenu de cet accent en
particulier que l'on veut mettre sur la promotion de la santé.
Les choses ne sont pas toutes complétées, mais je pense
qu'on est dans la bonne direction et on a ouvert la porte. On sent d'ailleurs
les DSC plus présents, même dans l'opinion publique.
Également, on sent l'Association des hôpitaux du Québec
plus intéressée à ses départements de santé
communautaire que ce n'était le cas il y a, je ne sais pas, trois,
quatre, cinq ou six ans. Je ne veux pas mettre de temps. Je pense que c'est un
pas vers une reconnaissance de ce que les DSC peuvent faire et la contribution
qu'ils peuvent apporter en particulier dans le domaine de la promotion de la
santé.
M. Rochefort: Je veux juste prendre une note pour ne pas oublier
quelque chose.,
M. le Président, je veux bien, mais prenons un exemple concret
qui fait le lien entre notre débat d'hier et un sujet sur lequel on va
revenir dans quelques minutes après cela. La ministre décide,
à un moment donné, d'abolir le groupe de travail - parce que je
pense qu'il faut être très clair dans les termes qu'on utilise sur
cette question, pour éviter la confusion - du DSC Saint-Luc qui oeuvrait
dans le domaine du SIDA. La ministre nous dit maintenant: Les 32
départements de santé comunautaire vont avoir une
responsabilité quant au SIDA. Admettons que c'est une bonne
décision. Y a-t-il quelqu'un quelque part qui va coordonner pour tout le
Québec ce qui va se faire pour le SIDA? Ne parlez pas du comité
SIDA-Québec. Vous aviez un comité consultatif, Mme la ministre,
et je ne porte pas de jugement là-dessus pour l'instant. Ce n'est pas
vrai qu'il va faire cela, il n'a même pas une secrétaire. Il n'y a
pas de personnel.
Qui coordonne le travail, depuis quelques mois, des 32
départements de santé communautaire au Québec qui
interviennent pour le SIDA, qui ont tous le même mandat quant au travail
concernant le SIDA? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui coordonne ce groupe?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander au Dr Pelletier de
répondre là-dessus...
M. Rochefort! M. le Président, je ne veux pas
empêcher le Dr Pelletier de répondre, mais sur cela je trouve
qu'on est...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais c'est lui qui est...
M. Rochefort: Ne vous fâchez pas.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais vous voulez décider qui je vais
faire répondre ou ne pas répondre? Quand même!
M. Rochefort: Non. Je vais juste vous préciser... Mon
Dieu! Non, ce n'est pas cela.
Je veux juste vous indiquer qu'à partir du moment... Je trouve
que c'est un bon exemple. Sûrement que le Dr Pelletier va pouvoir
m'expliquer en long et en large le travail qu'il fait dans cela. Ce que je veux
vous dire, c'est que je pense qu'on a là une illustration d'un dossier
qui doit faire en sorte que, dès le niveau ministériel,
dès l'organisation du ministère, il y ait un mandat très
clair qui parte de la ministre et qui fasse en sorte qu'il y ait une
responsabilité directe de la direction de la santé publique quant
aux mandats qui sont donnés aux DSC. (12 h 15)
C'est ce que je veux illustrer et c'est pour cela que je dis: Je veux
bien. Effectivement, la réponse m'intéresse, mais, c'est beaucoup
plus de votre part que je m'attendrais à ce qu'on nous dise: Oui,
voilà un bon exemple où il faut assurément qu'il y ait un
mandat clair. Que cela ne découle pas d'une logique interne, que, oui,
c'est vrai, il faudrait que quelqu'un s'en occupe! II faut que ce soit
compris!
Je le dis autrement. Je ne peux imaginer que, du jour au lendemain, on
décide de démanteler le qroupe de travail du SIDA, qu'on dise:
Les 32 DSC ont la même responsabilité et, à compter de
demain
matin, qu'ils fassent cela comme il faut et, qu'en même temps, et
même au préalable, on n'ait pas immédiatement vu à
ce qu'il ait un groupe de coordination, à travers le Québec, de
ce travail, qui serait probablement la direction de la santé
publique.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le Président, je pense
que la vitalité qu'on a essayé de redonner à la direction
de la santé publique, qui a une responsabilité de coordonner les
efforts qui se font dans ce domaine, est une indication de la volonté
ministérielle de ne pas rester dans la passivité
ministérielle qui existait auparavant. Il y a des choses qui se
faisaient dans les DSC, mais elles se faisaient beaucoup à partir
d'initiatives locales.
Maintenant, le député de Gouin donne comme exemple - on
sait que cela le fatigue beaucoup et aussi son chef - ce qu'on appelle le
démantèlement de l'équipe du DSC Saint-Luc. Le DSC
Saint-Luc peut continuer de servir la population, comme il l'a toujours servie.
On n'a pas dit au DSC Saint-Luc: Restez chez vous et arrêtez de vous
occuper de la population de votre DSC. On leur a dit: Désormais, les
responsabilités que vous assumez, nous croyons qu'elles seront mieux
partagées ou qu'elles seront mieux remplies si on partage les
responsabilités entre tous les DSC. Je dois vous dire qu'à ce
moment-ci ce n'est pas encore la totalité des DSC, parce qu'ils n'ont
pas tous la préparation et qu'il n'y en a pas partout non plus qui
peuvent...
M. Rochefort: II n'y a pas des DSC partout.
Mme Lavoie-Roux: Le problème du SIDA n'existe pas partout
non plus.
M. Rochefort: Oui, mais, là, on revient au fond de votre
décision et on va s'en reparler, justement.
Mme Lavoie-Roux: Et, déjà, le Dr Pelletier a
établi cette communication avec l'ensemble des DSC pour cette prise en
charge de responsabilités qui étaient strictement les
responsabilités de Saint-Luc. À Saint-Luc, ils peuvent même
bouder, s'ils veulent, et arrêter de faire quoi que ce soit. Mais
Saint-Luc a encore la responsabilité de desservir un territoire de
Montréal qui est particulièrement touché par ce
problème du SIDA. Alors, je pense que, si vous voulez mêler le
problème de Saint-Luc au problème général des
fonctions des DSC et de leur interrelation avec le ministère, c'est un
autre problème.
M. Rochefort: D'accord. Dans un premier temps, M. le
Président - après cela, on va revenir à la réponse,
qui nous intérese, du Dr Pelletier - il n'y personne qui mêle des
choses. On utilise des dossiers concrets pour illustrer comment cela
fonctionne. Deuxièmement, que je sache, te DSC Saint-Luc, je ne pense
pas qu'il boude. S'il boude, écoutez, ce n'est pas avec moi que cela va
se régler. J'imagine que vous allez le régler. Mais il faut quand
même savoir de quoi on parle et placer les choses dans la bonne
perspective. Je veux bien que vous me disiez que le DSC Saint-Luc a toujours
son mandat, mais ne me dites pas qu'il a le même mandat qu'avant. Il
avait même un budqet spécial, auparavant, pour s'acquitter de ce
mandat-là. Ne me référez pas cela au comité
SIDA-Québec. Ce n'était pas au chapitre du groupe de travail;
c'était au chapitre d'un bras exécutif. Il y avait du monde: des
docteurs, des bénévoles, des psychologues, des professionnels,
qui travaillait dans des équipes multidisciplinaires pour tout le
Québec.
Évidememment, il y a une concentration dans Saint-Luc, parce que,
oui, comme vous l'avez dit tantôt, nous, on pense qu'il y a une
différence entre ce qui se passe, en ce qui concerne le SIDA, au DSC de
Gaspé et au DSC Saint-Luc. Alors, effectivement, si on reconnaît
cela, et on pense que c'est ce qui avait été reconnu dans le
passé, parce qu'il y avait eu un budget ad hoc spécial pour
remplir cette mission-là, je veux bien que vous nous disiez qu'ils ont
toujours la responsabilité. Mais reconnaissez que vous avez
démantelé la seule équipe qui existait et que vous avez
coupé le budget de cette équipe. Donc, on ne peut pas leur
demander de faire le même travail et qu'en plus vous n'avez donné
aucun budget additionnel aux 32 DSC, y compris Saint-Luc, pour assumer ce
nouveau mandat que vous leur avez donné.
Troisième volet que j'ajoute. Je dis: Mais qui, quelque part,
coordonne ce qui va se passer là et fera en sorte qu'ils assument bien
ce mandat, compte tenu de la gravité et de l'importance du
problème? En ce sens, nous, déjà qu'il n'y a pas eu de
budget, on cherche un peu comment cela va fonctionner et, donc, ce dans quoi
ils vont devoir faire des coupures pour être en mesure de s'acquitter ce
nouveau mandat.
Je répète ma question: Comment cela va-t-il fonctionner?
Parce que le groupe du DSC Saint-Luc, jusqu'à ce moment, faisait un peu
oeuvre de responsable québécois en la matière. Là,
il n'a plus ce mandat et il n'y a plus les budgets pour le faire. Moi, je veux
savoir qui intègre et coordonne l'activité de tout le monde dans
le domaine du SIDA; je parle opérationnellement, je ne parle pas du
comité SIDA-Québec, le nouveau qui est devenu consultatif
à la ministre et qui est une tout autre affaire à mes yeux. Je ne
vois pas d'ailleurs pourquoi, très souvent, on mêle les deux
sujets.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, les DSC ont
déjà la responsabilité de s'occuper des maladies
infectieuses. Le SIDA est une autre de ces maladies qui s'ajoute. Alors, ils
ont déjà des connaissances, ils sont déjà
orientés vers des études épidémiologiques, le
dépistage, etc. Il y a déjà, dans chacun des DSC, ce
noyau. Nous sommes également à examiner les répercussions
possibles pour chacun des DSC, ceux qui auraient une vocation plus active dans
ce domaine compte tenu de la répartition ou de la distribution de la
pathologie du SIDA, et, s'il y a lieu, nous donnerons des ressources
supplémentaires compte tenu des recommandations qui nous sont
arrivées du comité SIDA-Québec. Nous sommes actuellement
à examiner Ies recommandations du comité SIDA-Québec. Il y
en a qui devront être appliquées et il y en a d'autres pour
lesquelles nous sommes à déterminer exactement les
responsabilités plus précises eu égard au SIDA dans chacun
des DSC. S'il y a lieu, on verra quelles ressources additionnelles ils doivent
avoir, parce que ce n'est pas nécessairement partout.
M. Rochefort: Mme la ministre, me permettez-vous seulement une
courte question sur ce volet?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Si je comprends bien, le nouveau comité
consultatif à la ministre a remis son premier rapport?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Bon. Est-ce que ce rapport est disponible?
Mme Lavoie-Roux: Pas pour le moment.
M. Rochefort: Est-ce que vous comptez le rendre public ou, au
moins, le mettre à la disposition de l'Opposition?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Rochefort: Dans quels délais?
Mme Lavoie-Roux: J'imagine qu'on pourrait le mettre à
votre disposition d'ici à quelques semaines.
M. Rochefort: Avant l'ajournement? Mme Lavoie-Roux: Je
verrai.
M. Rochefort: D'ici à quelques semaines, sûrement.
D'accord, je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, quant à savoir qui a la
responsabilité de quoi, j'ai dit tout à l'heure, au point de
départ, que l'un des buts de la restructuration du ministère a
été justement de créer une direction
générale de la prévention des services communautaires et
également une direction de la promotion de ta santé et de la
protection de la santé publique, ce qui n'existait pas avant, parce que,
justement, on voulait mettre l'accent sur ces dimensions. Cette direction
n'existe que depuis cinq mois» Ses rôles principaux - elle en a
plus d'un - c'est, d'une part, la promotion de la santé. La promotion de
la santé peut se faire d'une façon privilégiée par
l'entremise des DSC. Elle peut également développer des
programmes qui vont s'appliquer à l'ensemble des DSC. Par exemple, le
premier de ces programmes c'est le programme contre les maladies transmises
sexuellement. Moi, je pense qu'on a mis en place l'encadrement qui va nous
permettre, d'abord, de mieux cerner ce que les DSC font et également de
mieux articuler les efforts entre le ministère et les DSC et les efforts
des DSC entre eux. Il y a une autre chose qu'on a aussi réalisée:
il y avait des études répétitives qui pouvaient se faire
dans certains domaines d'un DSC à l'autre. Il y avait un manque de
coordination. L'un des buts de cette direction générale est
justement d'assurer ce meilleur fonctionnement des DSC et, surtout, s'assurer
que les fonctions pour lesquelles ils existent soient remplies.
M. Rochefort: On s'est bien entendu, sauf erreur, M. le
Président, hier ou avant-hier, que vous nous fourniriez le mandat qui a
été donné au groupe de travail qui étudie
l'activité des DSC actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je n'ai pas donné de
mandat comme tel. C'est un comité interne de la direction...
M. Rochefort: Quel est l'échéancier?
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas, on n'a pas fixé
d'échéancier.
M. Rochefort: Ils ont deux ans ou six mois pour faire cela?
Mme Lavoie-Roux: On me dit juillet.
M. Rochefort: Juillet?
D'accord. M. le Président, je voudrais aborder la question
reliée aux DSC, à la santé publique, à notre
discussion sur les maladies infectieuses et les maladies transmises
sexuellement. Comment la ministre peut-elle expliquer... Pas comment. Pourquoi,
qu'est-ce qui ne fonctionnait pas? Qu'est-ce qui ne faisait pas votre affaire
dans la campagne de publicité, d'éducation et de
prévention qui avait été conçue justement par des
DSC pour les maladies transmises sexuellement et qui a été
annulée ce
printemps? Qu'est-ce qui ne fonctionnait pas dans cela?
Mme Lavoie-Roux: Un certain nombre de DSC sont venus, quelques
jours avant la mise en marche de la campagne, me présenter une demande
de crédits de l'ordre, je vous le donne de mémoire, de 290 000 $
ou 250 000 $ pour une campagne de publicité contre les maladies
transmises sexuellement. Nous avons demandé d'examiner les
différents volets de cette campagne. Il nous est apparu qu'ils
n'étaient pas complets, que les consultations nécessaires
n'avaient pas été faites avec le ministère de
l'Éducation, parce qu'ils devaient également s'adresser au niveau
secondaire, et que c'était vraiment une campagne un peu éclair,
si on peut dire, une campagne rapide. Certains contenus ne nous paraissaient
pas non plus appropriés et demandaient d'être
retravaillés.
C'est dans ce contexte, compte tenu qu'il y avait également eu
une autre démarche de faite, ministère et DSC, pour
établir certains outils qui avaient été faits
conjointement... C'est comme s'il y avait eu une machine qui avait
travaillé à côté de l'autre.
M. Rochefort: Quelle était la deuxième?
Mme Lavoie-Roux: C'était aussi des DSC avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux. Je me demande
même si l'Éducation était peut-être... Non, pas dans
celui-là. Dans le vidéo, depuis 18 mois, on travaillait à
préparer du matériel pour mettre à la disposition des
écoles.
La campagne que nous entrevoyions était axée
différemment. Compte tenu du court délai qui était
pratiquement de 48 heures pour aller de l'avant avec une campagne dont je
n'avais pas entendu parler avant, ou 72 heures, guère plus que cela
-c'était le jeudi et la campagne commençait le lundi - j'ai
pensé qu'il était plus sage, si nous entreprenions une
démarche dans ce sens, sur lequel nous étions d'accord puisque
nous y travaillions déjà, de remettre cette campagne à un
moment où nous croyions que tous les volets seraient à point pour
qu'elle ait vraiment les effets que nous souhaitions qu'une telle campagne
ait.
M. Rochefort: M. te Président, la ministre, à un
moment donné, a utilisé le mot "différence" entre les deux
campagnes et mentionné qu'il y avait des contenus qui n'étaient
pas appropriés; j'aimerais que la ministre nous parle des
différences et des contenus inappropriés à ses yeux.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas pour entrer dans une foule de
détails, M. le Président. Une chose qui me frappait, entre
autres, c'est que, en dépit du fait qu'on disait que c'était une
campagne contre les maladies transmises sexuellement, peut-être avec
l'accent mis sur le SIDA, du moins dans ce qui devait aller comme
publicité à la télévision, ce n'était pas
une campagne contre les maladies transmises sexuellement, mais une campaqne
strictement axée sur le SIDA. Nous croyions que, compte tenu des sommes
importantes et de l'intention que déjà, plusieurs mois
auparavant, j'avais exprimée publiquement, d'avoir une campagne contre
les maladies transmises sexuellement, qu'une telle campaqne devait couvrir tous
les volets et non pas uniquement, strictement, le SIDA. C'est dans ce sens que
nous pensons que nous avons pris la bonne décision.
M. Rochefort: Dans la mesure où cette campagne
était beaucoup axée, vous me corrigerez, sur l'utilisation du
condom, est-ce que cela ne déborde pas de beaucoup le SIDA comme effets
préventifs?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais si le message que vous transmettez est
strictement...
M. Rochefort: Au-delà de dire aux gens: Faites attention
au SIDA et, de toute façon, utilisez le condom dans vos relations
sexuelles, même si on ne leur dit pas, même si on leur cache les
autres effets, ils sont là quand même, non? (12 h 30)
Mme Lavoie-Roux: On peut bien discuter, le condom ou pas le
condom, le condom de telle façon et ainsi de suite, il y a une chose
certaine, c'est que nous croyons que la campagne devrait être une
campagne générale axée sur plusieurs volets et pendant une
période assez lonque pour qu'elle produise les effets
désirés. C'est le choix que nous avons fait.
M. Rochefort: En ce qui a trait au groupe cible, est-ce que vous
aviez des problèmes, des objections quant au groupe cible prévu
ou visé?
Mme Lavoie-Roux: Pas particulièrement. Le groupe cible,
c'est le groupe des jeunes de 16 à 24 ans. Non, mais je pense que
ça dépasse. Une campagne publique devrait dépasser ce
groupe cible là.
M. Rochefort: Êtes-vous d'accord, par contre, que c'est le
groupe qui en a le plus besoin?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, là-dessus...
M. Rochefort: Vous ne demandez pas au Dr Pelletier de nous
répondre?
Mme Lavoie-Roux: Non. De toute façon, je pourrais aussi
m'abstenir de vous répondre.
M. Rochefort: Ah, c'est votre privilège en tout temps.
Mme Lavoie-Roux: Bien simplement, je pense que c'est
sûrement un groupe cible, le groupe de 16 à 24. On pourrait
peut-être même parler de 14 à 24 ans, quant à
ça, ou bien peut-être de 12. Je ne le sais pas. Cela ne serait pas
impossible non plus.
M. Rochefort: On le sait, là. C'est verifiable. Il y a des
données statistiques qui existent. On ne peut pas dire qu'on ne le sait
pas.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Disons, 14 à 24 ans comme
étant véritablement un groupe cible et certainement les
secondaires III, IV et V et cégep, en montant. Également, un
autre groupe cible, ce sont les personnes entre 24 et 40 ans. Encore une fois,
vous dire que c'est plus Tun que l'autre... Je pense que les plus jeunes sont
-vraiment les plus jeunes - les moins avertis. On peut l'imaginer. Dans ce
sens-là, ils sont peut-être plus un groupe cible que les 35-38
ans. Mais, là, il faudrait tomber dans la fréquence, dans le type
de relations sexuelles...
M. Rochefort: Vos propres...
Mme Lavoie-Roux: ...que les gens ont. Franchement là, je
pense que...
M. Rochefort: Je pense que ça fait partie de ça,
moi. Si vous décidez d'y aller avec une campagne de prévention,
il faut savoir quel est le problème et comment les gens se le
transmettent et pourquoi ils ne prennent pas de précaution. On sait
très bien... Ce n'est pas une intuition. Ce sont des données qui
sortent de vos propres services.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, vous me demandez ce que j'en
pense, moi, personnellement. Vous ne voulez surtout pas que le Dr Pelletier
réponde. Alors, j'ai essayé de vous répondre.
M. Rochefort: C'est parce que je voulais éviter de vous
mettre en contradiction.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! Écoutez, on va lui demander ce
qu'il a à dire.
M. Rochefort: Non, mais c'est parce que j'ai lu ce qu'il en
pensait, à un moment donné. Est-ce qu'on ne s'entend pas, Mme la
ministre? Je pense qu'il y a des données objectives. C'est parce que,
quand les journaux écrivent ce qu'on dit, c'est accessible aussi.
Mme Lavoie-Roux: Par exemple, on dit qu'une autre population
cible... Les gens, des spécialistes commencent à reprocher le
fait... On dit qu'une campagne parmi les homosexuels devrait être plus
accentuée qu'elle ne l'est, mais personne n'ose trop le faire, compte
tenu des préjugés qui peuvent exister, etc. Mais ce serait aussi
un qroupe cible.
M. Rochefort: Je veux bien qu'on s'entende aussi sur une
donnée factuelle, statistique, verifiable et qui a été
l'objet d'études. Le groupe des 15-25 - parce que c'est là qu'il
se situe dans les statistiques jusqu'à maintenant - est un groupe actif,
très actif sexuellement, avec plus d'un partenaire très souvent
et c'est le groupe qui est le moins bien informé, le moins
éduqué aux différentes précautions qu'on peut
prendre.
Je vous le répète. Ce n'est pas mon intuition; ce sont des
données qui existent. En ce sens-là, je pense qu'il faut
s'assurer que la campagne, d'abord, démarre "au plus sacrant". Moi,
j'avoue que, jusqu'à maintenant, je vois beaucoup plus des nuances que
des distinctions fondamentales entre les différentes campagnes. Le temps
qui s'écoule entre-temps, c'est peut-être des gens qui vont subir
les conséquences de ça. Je veux être certain que la
ministre nous assure, M. le Président, que la campagne va viser
assurément le groupe des 15-24 ans.
Mme Lavoie-Roux: J'ai donné des informations
antérieurement; c'est comme si le député de Gouin, des
fois, ne voulait pas comprendre. Je vais les répéter.
M. Rochefort: Est-ce que ça se pourrait, des fois, que ce
soit parce que, dans le fond, ce n'est pas juste le député de
Gouin qui ne veut pas comprendre, mais que ce n'est pas très clair?
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas.
M. Rochefort: C'est parce que tes statistiques...
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, d'autres semblent avoir
compris.
M. Rochefort: Ah oui? D'accord. Le député de
Laurier, entre autres.
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Si le député de Gouin le veut, je puis
lui assurer que j'ai bien compris. Il est clair que, depuis un bon bout de
temps, la ministre essaie de faire comprendre au député de Gouin,
de multiples façons, ce qu'elle vise et préconise pour toute
cette question-là et il est également clair que le
député de Gouin revient constamment avec d'autres questions sur
d'autres volets sans avoir assuré les membres de la commission qu'il
avait compris les premiers volets. Alors, il s'éparpille sur tous les
fronts, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Pour tenir le temps.
M. Sirros C'est peut-être pour tenir le temps, je ne sais
pas. M. le Président, j'ai compris cela.
M. Rochefort: De toute façon, cela ne cause pas de
problème. On vous en donne même pour que vous alliez siéger
au Conseil des ministres pour vous occuper des grandes choses du Québec.
Je suis heureux de voir qu'au moins là-dessus le député de
Laurier, l'adjoint parlementaire, est au courant de ce qui se passe au
ministère. Cela me rassure pour ce cas.
Mme Lavoie-Roux: Pour répondre à votre question, je
vais le répéter pour être bien sûre que vous avez
compris. Quand vous m'avez demandé de m'exprimer sur mes
réticences vis-à-vis de la première campaqne, j'ai
évoqué certaines choses. Entre autres, le fait que cette campagne
devait aller dans les écoles, que le matériel qui allait dans les
écoles n'avait même pas été soumis en consultation
au ministère de l'Éducation, qu'elle devait s'étaler sur
une période beaucoup plus longue pour qu'elle puisse porter des effets.
Alors, vous me dites: Allez-vous vous occuper des 15-24 ans? J'ai même
parlé des 14-24 ans, j'ai peut-être même dit,
peut-être qu'on pourrait aussi parler... En tout cas, on s'est
limité à 14-24 ans.
M. Rochefort: Vous êtes ailée jusqu'à 12
ans.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Alors, quand vous me demandezî
Allez-vous vous occuper du groupe 14-24 ans...
M. Rochefort: ...demander justement.
Mme Lavoie-Roux: Une minute, je vais finir. Vous voulez avoir des
réponses, laissez-moi finir.
M. Rochefort: Je veux être sûr que vous compreniez
mes questions.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, elles sont tellement subtiles.
M. Rochefort: Ah non, non. La subtilité ce n'est pas ici
cela, c'est à l'extérieur.
Mme Lavoie-Roux: Pardon! Egalement, je vous ai dit qu'on
travaillait activement et que c'est ma volonté qu'elle démarre le
plus rapidement possible. Les chances sont bonnes qu'une première partie
puisse démarrer par la radio avant la fin de juin, qui sera axée,
dans un premier temps, sur les jeunes de 14-24 ans. Il y a peut-être
d'autres jeunes qui écouteront. Là-dessus, je veux rassurer le
député de Gouin.
M. Rochefort: J'avoue, M. le Président, que la
dernière...
Mme Lavoie-Roux: ...ou même les moins jeunes, me
souffle-t-on.
M. Rochefort: Oui, je vous avais compris. J'avoue que la
dernière réponse quant à mot est beaucoup plus
précise. Je veux justement déborder sur l'un des volets
abordés par la ministre depuis deux ou trois réponses. On
s'entend pour dire qu'il faut que cela aille en milieu scolaire. Comment
va-t-on faire avec la CECM?
Mme Lavoie-Roux: Ah, bien là, écoutez...
M. Rochefort: Non, non, je pose une question très
sérieuse. Voyons donc! Vous nous dites qu'il faut que cela aille en
milieu scolaire. Montréal fait encore partie du Québec...
Mme Lavoie-Roux: Écoutiez...
M. Rochefort: Non, non, laissez-moi poser ma question.
Montréal fait encore partie du Québec. On sait, M. le
Président, et la ministre le sait sûrement au moins aussi bien que
moi, qu'il y a une volonté ferme de la part des commissaires de la
Commission des écoles catholiques de Montréal de ne pas donner
d'éducation sexuelle et de ne pas faire de campagne de promotion sur les
MTS dans ses propres écoles. Ce n'est pas une question qui sort de je ne
sais où, c'est une question très précise. Comment
allez-vous faire pour réaliser cette campagne, pour laquelle vous venez
de nous donner un peu plus de précision et de garanties, que vous dites
devoir être axée particulièrement sur les jeunes, devoir
être réalisée en milieu scolaire? Vous dites même
qu'il faut avoir des relations avec le ministère de l'Éducation
pour préparer cela. Je veux savoir comment on va faire une fois rendu
à la CECM à Montréal, compte tenu de ce qu'on sait?
Mme Lavoie-Roux; M. le Président, on pourra parler de la
CECM et je pourrais parler d'autres commissions scolaires aussi.
M. Rochefort: C'est parce que c'est celle de ma région et
celle que je pense être la plus...
Mme Lavoie-Roux: Des fois, à vous écouter parler,
je me demande si vous n'êtes pas l'un des membres actifs de la nouvelle
coalition qui veut faire battre les commissaires d'écoles actuels.
M. Rochefort: M. le Président, si la ministre ne le sait
pas encore, tout le monde è Montréal sait très bien que je
ne fais que de la politique au niveau québécois. Le jour
où je voudrai en faire à un autre niveau, cela me fera plaisir de
l'annoncer à tout le monde.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela étant dit, d'abord, j'ai pris
soin, comme quoi vous ne m'écoutez pas, de vous dire que la campagne
commencerait par une diffusion à la radio.
M. Rochefort: Oui, on a tous compris cela.
Mme Lavoie-Roux: ...et cela, quand bien même la CECM
voudrait bloquer les ondes, elle ne sera pas capable.
M. Rochefort: M. le Président, je veux bien que la
ministre pense que je n'écoute pas, mais il faudrait peut-être
qu'elle pense aussi que ce qu'elle dit...
M. Sirros: M. le Président, il faudrait au moins laisser
la ministre terminer.
M. Rochefort: Non, non, M. le Président, juste pour
préciser et pour économiser des paroles à la ministre.
J'ai compris que, la radio, les commissions scolaires n'avaient pas encore le
mandat de régir cela. Or, ce n'est pas de cela que je vous parle. Vous
m'avez dit qu'il y aurait un volet en milieu scolaire. Vous m'avez dit...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: ...qu'il fallait parler au ministre de
l'Éducation pour que ce soit bien coordonné. Vous m'avez dit
cela? C'est de cela que je parle. Je pense que la CECM a encore un rôle
à jouer dans cela, pas la radio. Je ne pensais pas que vous vouliez
chambarder à ce point la répartition des pouvoirs dans la
société.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est parce que vous étiez
inquiet...
M. Rochefort: Les commissions scolaires oui, cela
m'inquiète.
M. Joly: M. le député de Laurier, s'il vous
plaît, à l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Pour que les enfants puissent être
sensibilisés j'ai dit: Au moins ils vont échapper au pire, ils
vont avoir la radio, ils auront peut-être la télévision un
peu plus tard, etc. Plus sérieusement... Non, non, c'est très
sérieux la première partie aussi. La deuxième partie, ce
sera mis à la disposition des commissions scolaires par le truchement du
ministère de l'Éducation, dont nous nous sommes assurés la
collaboration. Je pense qu'à partir de là ce sera la
responsabilité du ministère de l'Éducation que de
s'assurer que les programmes puissent pénétrer dans les
écoles.
Maintenant, on peut entrer dans la longue discussion de l'autonomie des
commissions scolaires et voir quels sont les pouvoirs du ministère de
l'Éducation à l'égard d'une commission scolaire
donnée. Ce sont des questions qui relèvent de mon
collègue, le ministre de l'Éducation.
M. Rochefort: M. le Président, je veux bien qu'on se
comprenne. C'est la ministre de la Santé qui élabore les
programmes de prévention dans le domaine de la santé. Je trouve
cela sympathique la télévision et la radio pour le groupe des
15-24 ans, mais je considère - là aussi cela doit être
verifiable - que ce n'est sûrement pas le groupe qui écoute le
plus la télévision, notamment, les 15, 16 et 17 ans, ou la radio
probablement pas là où vous allez placer vos messages. Je pense
que, si on échappe le milieu scolaire, on échappe tout le morceau
pour l'essentiel. En ce sens, je voudrais avoir des garanties pas mal plus
fermes que celles que la ministre nous a données jusqu'à
maintenant que le gouvernement va prendre les moyens pour que la campaqne se
rende dans les écoles, y compris les écoles de
Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Je vais prendre tous les moyens qui sont
à ma disposition pour que la campagne se rende là où elle
doit se rendre.
M. Rochefort: Je suis heureux de cela, M. le Président,
parce que c'est un membre du gouvernement qui a répondu et tous les
moyens sont à la disposition d'un gouvernement.
Parfait, M. le Président, cela dispose de ce chapitre en ce qui
nous concerne.
Le Président (M. Bélanger): Dois-je conclure que
les crédits du programme...
M. Rochefort: Non.
Le Président (M. Bélanger): Non.
M. Rochefort; Le chapitre MTS, santé publique... On va
continuer...
Le Président (M. Bélanger): Excusez, je sautais aux
conclusions.
M. Rochefort: Vous concluez vite, M. le Président.
Les plans régionaux des effectifs
médicaux
M. le Président, je voudrais qu'on aborde la question des
effectifs médicaux.
On sait que le printemps dernier il y a eu la loi 75 qui a
été présentée, elle aussi, à toute vitesse
et adoptée à toute vitesse par l'Assemblée nationale, sans
même qu'on permette aux intervenants ou aux membres du réseau qui
voulaient se faire entendre de pouvoir se faire entendre. On nous disait que
c'était urgent, qu'il fallait procéder rapidement pour donner des
effectifs médicaux aux régions qui étaient en
pénurie et tout cela.
On sait que le règlement est sorti assez tard, que même
l'Association des hôpitaux avait demandé un report du délai
prévu à la loi 75 quant à l'obligation qui était
faite à chacun de présenter un plan des effectifs
médicaux. Finalement, ta ministre nous a dit: Non, on va essayer d'y
aller dans le même délai. On a appris, au début de nos
travaux de cette commission parlementaire, que des paramètres avaient
été arrêtés au ministère pour l'ensemble des
établissements et des régions quant aux effectifs qui devraient
s'y retrouver. D'ailleurs, la ministre nous a dit qu'elle pourrait nous
remettre ce document concernant les paramètres,
M. le Président, je voudrais savoir un peu où on s'en va
avec la loi 75? Si je comprends bien, depuis le 1er avril, tous les
établissements de santé du Québec sont sensés avoir
remis au ministère un plan d'effectifs que pour le 1er septembre...
Mme Lavoie-Roux: C'est au CRSSS qu'ils devaient remettre les
plans.
M. Rochefort: Vous avez raison, mais, le 1er septembre...
Mme Lavoie-Roux: Le CRSSS doit nous remettre...
M. Rochefort: ...les conseils régionaux doivent avoir
remis à la ministre, cette fois, les plans des effectifs locaux et
régionaux et ta ministre pourra les approuver ou non selon les
paramètres qu'on pourra voir un peu plus tard.
Je voudrais savoir un peu où on s'en va avec ce dossier.
Qu'est-ce qui arrivera une fois que les CRSSS vous auront remis les plans
d'effectifs? Cela va entraîner des décisions budgétaires,
des décisions aussi pour l'allocation de ressources pour les effectifs.
Donc, cela va demander une décision gouvernementale quant à
l'attribution de postes, selon les différentes
spécialités, pour chacun des établissements, pour chacune
des régions du Québec. Quels sont les échéanciers
de ta ministre pour mettre en application l'ensemble de ces plans?
Mme Lavoie-Roux: Ce que j'ai toujours dit, en ce qui a trait
à la loi 75, contre laquelle le député de Gouin s'est
battu jusqu'à temps qu'on avertisse le député
d'Abitibi-Témiscamingue de lui dire d'arrêter de bloquer un projet
de loi que toutes les régions éloignées
souhaitaient...
Ce projet de loi 75, qui a pour objectif, à moyen et è
long terme, une meilleure distribution des effectifs au Québec,
prévoit certaines étapes que le député de Gouin a
évoquées, comme, d'abord, la présentation au CRSSS des
effectifs des établissements, la coordination par le CRSSS de ces plans
d'effectifs qui sont envoyés au ministère pour approbation.
II est évident que même si on dit que dans une
région - on va reprendre la région de l'Abitibi - on a besoin de
tel nombre de spécialistes, ceci n'amènera pas demain matin le
nombre de spécialistes qui pourraient être requis en cardiologie
ou en anesthésie ou en ce qu'on voudra. (12 h 45)
D'un autre côté, il y a aussi d'autres mesures
parallèles en vigueur, comme, par exemple, l'obtention, l'an dernier, de
50 postes supplémentaires en résidence pour les réqions
éloignées. Cela est répété cette
année, il y a 50 autres postes additionnels, encore pour des
spécialistes en régions éloignées. Ces dispositions
sont prises pour permettre de corriqer un problème qui ne peut pas se
corriger immédiatement uniquement par un plan d'effectifs
médicaux, tel que nous venons d'en parler. Mais, à long terme,
c'est évident que les hôpitaux qui ont un plan d'effectifs
déterminé, disons, en cardialogie, pour reprendre le même
exemple, ne pourront pas indûment ajouter des cardiologues. Comme je dis,
ce n'est pas à court terme, ce sera probablement à moyen et
à long termes qu'il y aura un déplacement non seulement vers les
régions éloignées, mais aussi vers les régions
intermédiaires qui, on le sait maintenant, éprouvent souvent une
carence de spécialistes dans certains domaines donnés. C'est un
plan d'effectifs, à moyen et à long termes, et je pense qu'il ne
faut pas avoir peur de le dire, qui permet une meilleure distribution de la
main-d'oeuvre médicale au Québec. C'est largement souhaité
par non seulement les régions
éloignées mais également, comme je le disais tout
à l'heure, par les régions intermédiaires. C'est une
situation devenue intolérable, même si elle commence à se
corriger un peu à partir d'autres mesures, et que les populations ne
veulent plus subir, alors qu'elles ont des équipements médicaux,
des hôpitaux, que d'être à la merci des aléas d'une
présence ou d'une absence de spécialistes ou de médecins
qualifiés.
M. Rochefort: M, le Président, d'abord, on me permettra de
dire à la ministre qu'il faudra sûrement qu'elle blâme le
député d'Abitibi-Ouest parce qu'il n'a sûrement pas bien
rempli son mandat puis qu'effectivement il ne m'a pas fait part des
conversations qu'il avait eues avec la ministre, et qui me concernaient, sur le
dossier du projet de loi 75. Je pense que la ministre n'a pas obtenu vraiment
ce qu'elle souhaitait à l'époque, parce qu'il ne m'en a pas fait
part. Donc, cela ne peut pas avoir eu une grande influence sur mon attitude,
qui, quant è moi, je peux vous le répéter, si vous
recommenciez aujourd'hui, serait la même et, en plus, j'aurais un an de
réalisation de la loi 75 derrière la cravate pour justifier le
point de vue que je défendais à l'époque. Attitude pour
laquelle, d'ailleurs, vous nous donnez en partie raison mais d'une façon
pas mal plus cachée que ce qu'on souhaitait, parce que les
paramètres, vous ne les avez pas fournis aux établissements et
vous ne les avez pas encore fournis aux conseils régionaux pour qu'ils
puissent établir leur plan. C'est toujours ce qu'on a
considéré, qu'il fallait avoir la franchise et le courage de dire
combien de postes on était prêts à accorder dans telle ou
telle spécialité, à l'hôpital de Rouyn-Naranda et
à toute la région de l'Abitibi, etc., de façon qu'ils le
sachent au moment où ils établissaient des plans et non pas au
moment où on corrigera leurs plans. C'est un volet important qui est
toujours un volet que nous considérons fondé pour justifier la
position que nous avons prise è l'époque, non pas à titre
personnel, mais au nom de notre formation politique.
Quant aux 50 postes, M. le Président, nous sommes très
heureux que la ministre nous annonce que cela se fait. D'autant plus que,
là, elle ne nous a pas parlé du passé, elle sait
très bien que c'est une décision qui avait été
prise justement dans le passé. Par contre, je dirais à la
ministre que, pour la deuxième...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais juste
rectifier. La décision de l'obtention de 50 postes a été
prise deux fois par le gouvernement actuel. Quand je suis arrivée, il
n'y avait aucun poste qui avait été approuvé par le
Conseil du trésor sous l'ancien gouvernement.
M. Rochefort: M. le Président, on sait tous - je trouve
cela sympathique ces évocations continuelles du passé, ici - que
l'entente nécessaire à l'obtention de 50 postes de
spécialistes, réservés pour les régions en
pénurie, nécessitait la collaboration de l'ensemble des
intervenants intéressés. Cela s'est fait au moment où le
député de Joliette était ministre de la Santé et
des Services sociaux. Ce que la ministre a fait c'est qu'elle a appliqué
l'entente qui était intervenue. Bon. justement à ce sujet, M. le
Président, la ministre n'est pas consciente que la répartition de
ces 50 postes arrive, pour la deuxième année, très tard,
ce qui a pour effet qu'on se retrouve dans des situations où,
finalement, les décisions, les attributions de postes, la ventilation
par spécialité arrivent trop près des choix que doivent
faire les étudiants qui viennent de compléter leur
médecine et qui entreprennent une spécialisation. Cela implique
des problèmes importants pour eux et pour elles.
Mme Lavoie-Roux: Alors, qu'est-ce que vous voulez que je vous
dise?
M. Rochefort: Je vous ai posé une question pendant que
vous lisiez un document.
Mme Lavoie-Roux: Ah, je pense que j'ai...
M. Rocheforts Si je comprends bien, vous n'avez pas
écouté.
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'ai écouté. Est-ce
surprenant?
M. Rochefort: Bon, alors, j'écoute la réponse.
Mme Lavoie-Roux: Ça faisait un bout de temps que vous
commentiez, alors, je pensais que vous étiez encore dans l'ordre des
commentaires. D'abord, il y a une première chose que je voudrais
rectifier. On va partir du début.
De dire que les paramètres n'ont pas été mis
à la disposition des CRSSS, je pense, M. le Président, pour
utiliser le terme le plus doux que je peux imaginer, que c'est peut-être
inexact; c'est inexact.
M. Rochefort: Depuis quand les ont-ils?
Mme Lavoie-Roux: Ces paramètres ont été
élaborés avec les CRSSS et nous donnons régionalement une
enveloppe et c'est aux CRSSS de faire la répartition des effectifs entre
les institutions ou Ies établissements qui sont sur leur territoire.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre
pourrait nous dire depuis quand les CRSSS ont ça entre les
mains?
Mme Lavoie-Roux: Les premières ' données qui leur
ont été transmises et qui étaient basées sur les
effectifs de 1985 l'ont été en février. On doit leur faire
parvenir incessamment des données basées sur 1986.
M- Rochefort: Continuez, c'est intéressant.
Mme Lavoie-Roux: Alors, pour votre deuxième
question...
M. Rochefort: Les 50 postes. Mme Lavoie-Roux: Les 50
postes...
M. Rochefort: Le moment où ils ont été
répartis.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Bien, avant ça, je voulais...
Mais je ne le recomrnenterai pas. Vous savez que le député de
Joliette, l'ancien ministre des Affaires sociales -c'était
déjà devenu le ministère de la Santé et des
Services sociaux - était très fort, pour prendre des engagements,
mais ceux-ci n'étaient pas acceptés par le Conseil du
trésor.
Surtout à la fin de son mandat. Il l'a fait dans
l'immobilisation, il l'a fait... Des lettres, on en a retrouvé pour des
millions, à l'intérieur du ministère, quand nous sommes
arrivés. Alors, il a fallu se débattre joliment au Conseil du
trésor pour obtenir ces 50 postes supplémentaires, comme nous
l'avons fait cette année.
En ce qui a trait à la dernière question du
député de Gouin, soit que les futurs internes et résidents
reçoivent trop tard ou pas assez tôt - ça dépend du
langage qu'on veut utiliser - les décisions finales relatives au nombre
d'internes et de résidents, c'est une remarque qui est fondée.
Même si nous nous sommes améliorés un tant soit peu par
rapport à la première année la première
année, je pense qu'il faut comprendre qu'il y avait eu l'étape
des élections, qu'il fallait prendre connaissance des dossiers, qu'il a
fallu aller plaider les 50 postes, etc. - cette année, j'aurais
souhaité que ce fût plus tôt.
Nous avons procédé et nous procédons dans ces
matières en étroite collaboration avec la table de
concertation...
M. Rochefort: Nous allons en parler!
Mme Lavoie-Roux: ...sur les effectifs médicaux, de telle
sorte que nous sommes arrivés plus tardivement que je ne l'aurais
souhaité. Mais je peux vous dire que nous allons tenter
d'améliorer cette performance l'an prochain.
M. Rochefort: On est bien heureux d'entendre ça. M. le
Président, d'abord, je voudrais qu'on se comprenne bien. La ministre
nous dit... Je ne suis pas sûr de suivre très bien et, là,
c'est important d'être attentif, parce que c'est vrai cette
fois-ci...
Mme Lavoie-Roux: Vous voyez, j'avais entendu tout ce que vous
aviez dit.
M. Rochefort: Cela, c'est bien. Effectivement, je ne comprenais
pas que vous feigniez ne pas avoir entendu au début.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce parce que je suis encore dans ma
lecture?
M. Rochefort: Cela confirme... M. le Président, d'abord,
je veux être sûr qu'on se comprenne bien, parce que, là, je
ne suis pas sûr qu'on se comprend bien cette fois-ci. Quand la ministre
nous dit qu'elle a donné les paramètres et tout cela et que par
la suite elle nous dit: Bien, je leur ai donné les indications
basées sur les données des effectifs médicaux de 1985 et,
là, je suis à la veille de leur donner les données
basées sur les effectifs médicaux de 1986, ce ne sont pas des
paramètres, ça!
Je comprends qu'on puisse colliger les données et leur dire: Dans
votre région, en 1985, il y avait tant de médecins par
spécialité, mais l'objectif est de fournir les postes requis et
pas seulement de leur dire: Ce que vous aviez, on va vous le confirmer.
L'objectif de la loi 75 et de tout le dossier des effectifs médicaux,
c'est de donner des effectifs nécessaires et non pas...
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Rochefort: Oui, c'est cela. Non pas leur donner juste ce
qu'ils ont, ce n'est pas assez. Or donc, est-ce que je dois comprendre que les
documents qui ont été remis sont uniquement basés sur les
données d'effectifs, parce que ce sont les propos que vous avez tenus,
les expressions que vous avez employées, sur ce qu'ils ont ou s'ils sont
basés sur ce qu'ils devraient avoir et surtout sur ce que vous
êtes prête à payer et à financer? C'est ce que je
veux savoir.
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander au sous-ministre de
répondre è votre question.
M. Lamarche (Paul): Merci, madame. M. Rochefort: Oui, je
vous écoute.
M. Lamarche: Paul Lamarche, sous-ministre adjoint à la
planification. Dans ce que vous avez mentionné, il y a trois types de
données qui me semblent importantes. La première donnée
est effectivement la logique ou les paramètres que le ministère
va
utiliser pour analyser les plans régionaux soumis par les
CRSS5.
M. Rochefort: Que voulez-vous dire par la logique ou les
paramètres?
M. Lamarche: Les critères, dans le fond. De dire aux CRSSS
que l'on allait pour analyser leurs plans régionaux à
l'intérieur d'une enveloppe très spécifique. C'est une
chose, dans le fond, qui était relativement nouvelle et qu'eux ne
connaissaient pas.
Toute la méthodologie, la fixation des paramètres. Je ne
parle pas en termes quantitatifs, je parle uniquement de les lister pour savoir
quels allaient pour être les critères en fonction desquels on
analyserait cela. Il y a eu une première rencontre, si ma mémoire
est juste, c'était le 26 février, et une rencontre plus formelle,
le 6 mars, qui a eu lieu avec la Conférence des CRSSS et où on
s'est entendus, effectivement, sur les paramètres, à trois
niveaux. Le premier paramètre c'était nous, le ministère,
pour l'analyse interrégional. Le deuxième élément,
ce n'était pas uniquement interrégional mais, à
l'intérieur d'une région, interprogrammes, pour qu'il y en ait
pour les CHCD, les CHSP, les CAH, les CLSC, etc. Seulement une enveloppe, mais
une enveloppe répartie.
L'autre élément était l'amorce de critères
interétablissements. Sachant très bien que cela relève
plus de la juridiction et de la responsabilité des CRSSS eux-mêmes
de voir à l'organisation de cela dans leur réqion, il y a eu des
consultations et des discussions - je peux dire continues - avec les CRSSS sur
l'élaboration de cela. C'est le premier élément et le
premier niveau d'information.
Deuxième niveau d'information. Est-ce que l'on s'entend sur une
donnée de base, sur quels sont les effectifs installés dans les
régions?
Une voix: Qui sont là.
M. Lamarche: Qui sont là, parce qu'on a trois variables
qui entrent en ligne de compte. Cela leur a été fourni à
partir des données de 1984 - je m'excuse, tantôt j'avais dit 1985
- basées sur les données obtenues à la Corporation
professionnelle des médecins, pour leur dire: C'est à peu
près dans ce parc-là que vous semblez jouer actuellement. On
s'était aussi engagés à réviser cette
liste-là avec des données beaucoup plus récentes. C'est ce
que l'on est en train de faire actuellement. Donc, on leur soumet et on leur a
soumis, par établissement, leur portrait et on a fait cela il y a
environ deux ou trois semaines.
L'autre élément, et c'est ce à quoi vous vous
attaquez, ce sont les normes de croissance et de décroissance,
c'est-à-dire compte tenu de ce qui existe et de ce qui est requis, parce
que, dans l'information qu'on leur a envoyée aussi, c'est le requis mais
un peu théorique...
M. Rochefort: Excusez-moi, je veux seulement vous suivre. Ce
qu'ils ont actuellement, comme information, c'est ce qui devrait être
normalement requis pour leur région, ventilé par
spécialité?
M. Lamarche: Non.
Une voix: C'est ce que l'on envoie cette semaine?
M. Lamarche: C'est ce que l'on envoie cette semaine.
C'était basé sur les anciennes informations. Ils ont eu des
éléments, mais, compte tenu de la quantité d'informations
que l'on a à fournir, on envoie cette semaine le requis. Mais il y a une
autre information, parce qu'entre le réel et le requis il y a ce qui est
possible. Effectivement, ce plan s'applique sur trois ans et il faut tenir
compte des effectifs existants actuellement au Québec et de ceux qui
vont s'ajouter, donc il faut fixer des objectifs de croissance et de
décroissance par spécialité et par région.
Étant donné que l'on veut être très
réalistes, on attend, nous aussi, pour la fixation de ces objectifs, les
données les plus récentes de la situation
québécoise. Par contre, ils ont déjà eu un
avant-goût de ce que devraient être les objectifs de croissance et
de décroissance que viserait le ministère pour l'omnipraticien,
pour les spécialités primaires et secondaires, avec un point
d'interrogation en ce qui a trait aux objectifs de croissance ou de
décroissance des spécialités tertiaires, parce que c'est
un peu plus complexe, surtout en régions éloignées.
Donc, ces trois types d'informations, ils les ont eus au fur et à
mesure que nous-mêmes produisions l'information que l'on pouvait obtenir
et il y a eu des discussions continuelles sur les paramètres que le
ministère utiliserait dans l'analyse des plans régionaux de
services pour ne pas que ce soit une surprise en bout de piste, pour qu'ils
sachent exactement quelles sont les couleurs que l'on va utiliser dans
l'analyse de cela.
M. Rochefort: M. le Président, je remercie M. Lamarche.
C'est clair et cela correspond effectivement à ce que je pensais que
l'on s'était dit et, en ce sens-là, Mme la ministre, ce que je
dis depuis le début, donc depuis le dépôt du projet de loi
75, ce n'est pas qu'il fallait leur dire combien ils en ont. Tant mieux si on
leur a fourni. Je ne doute pas de la qualité des documents qui leur ont
été fournis, mais ce n'était pas l'élément
le plus déterminant du nouveau mandat qu'ils avaient. C'est tout
cela...
Mme Lavoie-Roux: ...est-il requis.
M. Rochefort: Mais je vais juste... Oui vous venez de nous dire
que vous allez leur donner d'ici quelques semaines et c'est clair pour moi que
c'est une donnée fondamentale, non seulement le requis, mais ce que vous
êtes prête à payer dans le requis. C'est le possible, je
pense, pour reprendre l'expression de M. Lamarche...
Le Président (M. Bélanger): Alors, si vous me
permettez, compte tenu de l'heure...
M. Rochefort: M. le Président, je finissais ma phrase
effectivement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Rochefort: J'étais conscient de cela.
M. Sirros: Je voulais juste souligner que je suis très
content qu'on finisse en beauté comme cela avec le député
de Gouin, que ce soit clair pour lui.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va laisser le député de Gouin continuer son intervention.
M. Rochefort: Je remercie le député de Laurier pour
son intervention magistrale. Or donc, pour nous, M. le Président, et je
le dis à la ministre, c'est cela qui est important, c'est le requis et
combien on est prêt à payer dans le requis. Et ils ne l'ont pas
encore. Pour nous, c'est effectivement majeur et déterminant et c'est
à partir de cela qu'on peut faire un travail autour de la question des
effectifs médicaux. Et, moi, je pense que c'est important que cela soit
à la disposition de beaucoup d'intervenants car cela va avoir des effets
sur plusieurs années par la suite.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais d'abord dire
au député de Gouin que le requis, ils l'ont déjà eu
d'une façon préliminaire, mais en partant des données de
1984. Alors que maintenant on va leur communiquer le requis en partant des
données plus à jour de 1986. Quant à ce que nous sommes
prêts à payer, je dois vous dire que l'établissement d'un
certain nombre de médecins en régions éloignées
signifie déjà des ajouts budgétaires. Je pense que, cette
année, c'est 5 000 000 $ qui sont prévus justement pour permettre
l'arrivée des effectifs requis ou enfin une partie des effectifs requis
en régions éloignées. Alors, je dois vous dire que le
gouvernement a l'intention dans ce domaine de prendre les
responsabilités qui sont les siennes au fur et à mesure que ces
effectifs pourront être dégagés et qu'une meilleure
distribution pourra être assurée.
Le Président (M. Bélanger): Alors, compte tenu de
l'heure, nous allons suspendre les travaux jusqu'à 15 heures.
M. Rochefort: M. le Président, comme on a perdu une
demi-heure tantôt pour une raison évidemment bien
compréhensible, j'imagine qu'on va la reprendre à 17 h 30?
Mme Lavoie-Roux: On avait déjà du temps en
avance.
Le Président (M. Bélanger): 20 minutes et 10
minutes.
Une voix: Minuit et vingt, hier soir.
M. Rochefort: Non, minutel Non. Hier, on avait 10 minutes de
retard, qu'on a repris effectivement avec le chef de l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Oui, mais, hier soir,
on a continué.
M. Rochefort: On me dit 10 minutes. Est-ce qu'on peut consigner
cela et revenir là-dessus?
Le Président (M. Bélanger): En revenant, on vous le
dira. Il y a une quinzaine de minutes. Nous suspendons nos travaux.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
(Reprise à 15 h 7)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission des affaires sociales reprend ses travaux pour
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de la Santé et des Services sociaux pour
l'année financière 1987-1988 et pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1988.
M. Rochefort: Pour poursuivre la discussion que nous avions ce
matin...
Le Président (M. Bélanger): Sur le programme 3?
M. Rochefort: ...sur les effectifs médicaux, M. le
Président, est-ce que la ministre pourrait nous informer du contenu du
décret 87-120 qui concerne, justement, l'ensemble des questions de
contingentement et de planification annuelle des effectifs médicaux?
Mme Lavoie-Roux: Cela concerne cette
année, parce que les numéros, je ne les ai pas en
tête.
M. Rochefort: Oui, on parle de celui qui va être
appliqué en 1987-1988, le numéro 87-120.
Mme Lavoie-Roux: Oui, écoutez, je ne l'ai pas devant moi.
Je vais être obligée de vous le donner de mémoire.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre pourrait s'engager à
nous le rendre disponible?
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez là, on est...
M. Rochefort: C'est une question que je vous pose.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas pour le moment.
M. Rochefort: C'est une invitation que je vous fais.
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'est une invitation* Outre des postes, vous
parlez là d'internes et de résidents. Pour les postes
contingentés, le total est de 1755 postes, comprenant 570 postes
d'internat dont 240 en médecine familiale, un total de 310
entrées en spécialisation dont 50 postes réservés
pour des candidats qui vont en régions éloignées et, parmi
ces 50 postes - je pense l'avoir annoncé aussi publiquement - il y a 10
postes réservés pour la région de l'Outaouais.
Maintenant. pour les postes hors contingentement, vous vous souviendrez
que, l'an dernier, dans une planification triennale, nous avions prévu
que 30 médecins d'origine étrangère auraient accès,
au rythme de 30 par année, à de l'internat rotatoire, et cela
dans le contexte de l'engagement que nous avions pris de répondre aux
besoins de ces personnes qui étaient en attente depuis -cela pouvait
aller jusque-là - 1975-1976 à 1984, même si, durant ces
années, il y en a qui ont été acceptées. Alors, il
y a un deuxième groupe de 30 qui s'ajoutait, auquel nous avons
ajouté cinq postes pour faire 35 postes.
M. Rochefort: M. le Président, j'aimerais poser une
question précise à la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: La rumeur voulant qu'il y ait des rationalisations
plutôt à la baisse qu'à la hausse quant aux incitatifs,
quant aux éléments de soutien à la présence de
médecins en régions éloignées est-elle
fondée?
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est absolument pas fondé.
M. Rochefort: II n'y a aucune rationalisation de quelque nature
que ce soit qui sera appliquée au programme de soutien aux
médecins en régions éloignées?
Mme Lavoie-Roux: Aucune.
M. Rochefort: Parfait. Deuxièmement, M. le
Président, la ministre peut-elle nous expliquer pourquoi c'est 260
postes que l'on retrouve plutôt que 270, comme l'année
dernière? C'était, d'ailleurs, 270 postes qui avaient
été recommandés unanimement par la table de concertation
que la ministre nous a présentée plusieurs fois comme
étant...
Mme Lavoie-Roux: Je vois que vous êtes bien
informé.
M, Rochefort: J'essaie de suivre mes dossiers, madame.
Mme Lavoie-Roux: Par des sources que j'ignore, mais c'est tout
à fait votre droit.
M. Rochefort: Je suis bien prêt à changer mes
sources avec les vôtres quand vous voudrez.
Une voix: Tout à coup que ce sont les mêmes?
M. Rochefort: Non, je n'appelle pas les fonctionnaires et je le
dis immédiatement pour éviter toute...
Mme Lavoie-Roux: Non, je dis...
M. Rochefort: ...situation qui pourrait être
délicate pour eux et pour elles.
Mme Lavoie-Roux: Oui. De fait, il y en avait 270 l'an dernier et
c'est à partir de ces 270 qu'on en avait ajouté 50
supplémentaires pour se rendre à 320. Mais, compte tenu des
effectifs médicaux qu'il y a déjà au Québec, nous
avons décidé, pour les 50, d'en puiser dix à même
les 270, avec une addition de 40, ce qui fait que le total est de 310.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que la ministre
pourrait nous aider à cheminer avec elle? Quand elle nous dit que,
compte tenu du nombre d'effectifs au Québec, 260 est peut-être
plus justifié que 270, j'imagine qu'il y a des éléments,
des paramètres avec lesquels elle fonctionne pour nous faire une telle
affirmation. Je poursuis ma question: Puisque c'est la table de concertation,
et là on parle bien de la grande table de concertation, à
laquelle la ministre avait trouvé beaucoup de vertus
quand elle l'a mise en place...
Mme Lavoie-Roux: Je lui trouve encore beaucoup de vertus.
M. Rochefort: Tant mieux. Mais ils en ont demandé 270 pas
260. Dois-je comprendre que vous ne vous entendez pas ou que vous ne leur avez
pas fourni vos données pour qu'ils fassent leurs recommandations?
Mme Lavoie-Roux: Quant è la mécanique exacte, je
vais demander au Dr Carignan ou à M. Lamarche de vous l'expliquer.
M. Lamarche: Merci. Très rapidement, M. le
Président. À cause de la table de concertation à laquelle
Mme la ministre a fait allusion tantôt et en attendant les
résultats des travaux de la table de concertation, on dit qu'il est
impensable de modifier la tendance que l'on a en termes de planification de la
main-d'oeuvre médicale.
Actuellement, on se retrouve avec 570 finissants en médecine,
avant l'entrée en spécialisation. Ce que l'on a fait, pour cette
année, de façon transitoire, c'est reconnaître exactement
le même pourcentage de spécialistes qui existe,
c'est-à-dire 50 %. Donc, compte tenu qu'il y a 570 finissants en
médecine, 50 % de ces 570, cela veut dire 285 résidents; plus les
quinze de l'année passée que l'on n'a pas effectivement retenus,
plus les dix de Hull nous arrivons au chiffre de 310.
Ce que je veux dire, c'est que, compte tenu des travaux de la table de
concertation qui sont en train de se faire, il nous semble important de
maintenir tout simplement la tendance et la réalité qui existent
actuellement. Bien sûr, des modifications pourront être
apportées éventuellement, compte tenu des conclusions auxquelles
pourra arriver la table de concertation, on l'espère, d'ici à un
an et demi. Donc, cela a consisté essentiellement à respecter la
réalité actuelle.
M. Rochefort: Je remercie M. Lamarche, pour sa réponse,
mais je dis à la ministre, cette fois-ci, que c'est 270, l'entente
unanime de tous les membres sans exception de la table de concertation et que
la ministre a décrété unilatéralement 260, alors
qu'elle nous disait que c'est par la table de concertation qu'on arriverait
à des décisions consensuelles dans ce dossier. Je dois noter, M.
le Président, qu'à la première occasion, ce n'est pas cela
qui s'est produit et qu'il n'y a pas eu d'explication qui a été
fournie jusqu'à ce jour.
Deuxième question reliée à cela pour cet
après-midi, M. le Président: Est-ce que la ministre dans le cadre
de la loi 75 est consciente que l'arrivée de plans d'effectifs
médicaux a eu pour effet - on a parlé ce matin de nos motifs
d'opposition du printemps dernier; on va parler d'un deuxième, et je
l'avais décrit, ce motif, comme quoi je l'appréhendais et,
effectivement, cela s'est concrétisé - que des médecins
qui étaient en régions éloignées sont revenus au
plus sacrant dans les grands centres avant que les plans d'effectifs soient
établis?
Mme Lavoie-Roux: Selon les données que nous avons, il n'y
a pas eu de tel phénomène. Il y a toujours chaque année
des médecins qui reviennent des régions éloiqnées
parce qu'on sait fort bien qu'un des problèmes des régions
éloignées, c'est non seulement d'attirer des médecins,
mais de les retenir. Alors, qu'il y en ait eu, c'est fort possible, mais il n'y
a pas eu de mouvement qui pourrait nous faire croire que c'est le
résultat de la loi 75 ou qu'on a réagi à la loi 75 dans le
sens où l'indique le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je veux au moins affirmer
à la ministre qu'effectivement c'est ce que m'ont dit des
médecins et des administrateurs du réseau qui ont vécu les
conséquences de cela dans différents types
d'établissements du réseau.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Gouin est-il capable
de nous apporter des données précises pour qu'on les examine de
plus près puisqu'il a cette certitude?
M. Rochefort: M. le Président, oui, j'ai cette certitude.
Quand les gens me le disent, je vous rapporte leurs propos. Oui, j'ai la
certitude.
Mme Lavoie-Roux: Moi aussi, ce sont des propos que j'ai eus-
M. Rochefort: Quand les qens me disent: Voici notre analyse, ah
oui, c'est une certitude qu'ils m'ont dit cela. C'est bien ce que j'ai entendu.
M. le Président, je serais heureux de comparer mes données avec
celles de la ministre, mais je voudrais aussi qu'elle nous dise sur quoi elle
se base pour affirmer qu'il n'y a pas eu de déplacements de cette
nature. En même temps, on pourra comparer nos deux séries de
données. Quand vous serez prête, je serai prêt. Je n'aurai
qu'à demander à mes gens d'apporter leurs données et on le
fera ensemble.
M. le Président, l'autre chose reliée à la loi 75,
est-ce que finalement - on sait qu'il y a eu un peu d'évolution dans les
deux sens autour de cela - dans les plans d'effectifs des régions, on va
tenir compte ou non des médecins qui sont en cabinet privé, en
polyclinique?
Mme Lavoie-Roux: Actuellement, tel que le prévoit la loi
75, les médecins des cliniques ou cabinets privés ont
été exclus, vous vous en souviendrez. D'ailleurs, je pense que
c'était la position du député de Gouin, si je ne
m'abuse.
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Dans un premier temps, ce que nous voulions
rétablir, c'était l'équilibre à l'intérieur
des établissements, ce qui ne nous empêche pas d'obtenir
également des données sur les médecins qui pratiquent dans
les diverses régions ou même dans les sous-régions, en
cabinet privé ou en polyclinique.
M. Rochefort: Mais on n'en tient pas compte dans les plans
d'effectifs?
Mme Lavoie-Roux: Ce que l'on me dit, c'est qu'en ce qui a trait
au nombre d'effectifs médicaux dans une région donnée on
tient compte du total des effectifs médicaux, qu'ils soient en cabinet
privé ou public, mais que, par contre, dans te plan de croissance ou de
décroissance, selon le cas, pour le moment, on ne tient compte que des
médecins pratiquant en établissement; hôpitaux, CLSC ou
centres d'accueil.
M. Rochefort: Par rapport à la réponse que la
ministre nous a faite précédemment, comme quoi la loi ne le
prévoyait plus, sur quoi s'appuie l'utilisation des données quant
à la présence des médecins en cabinet privé?
Mme Lavoie-Roux: La loi ne le prévoyait pas? Je viens de
vous le dire: Elle le prévoit pour avoir une image exacte de l'ensemble
des médecins qui se trouvent dans une région donnée. Mais
comme nous avons fait cette différence dans la loi, ce qui nous
préoccupe le plus, à ce moment-ci, surtout dans le cas des
spécialistes qui pratiquent en établissement, quant à
l'ajout ou au retrait d'effectifs, c'est de l'appliquer aux
établissements.
M. Rochefort: Dernière question, en ce qui me concerne,
sur ce sujet; ma collègue de Chicoutimi a aussi une question
reliée aux effectifs médicaux. La ministre entend-elle maintenir
le statu quo, dans les prochaines années, quant au fait qu'un nombre
assez élevé de médecins quittent le Québec
après avoir suivi leur cours dans une faculté de médecine
du Québec sans qu'on leur demande, par exemple, de défrayer le
coût de leurs études?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, c'est un problème qui
remonte probablement au déluge ou, au moins, à la première
faculté de médecine du Québec, qui remonte à je ne
sais quelle année. Il y a 50 ans, la première faculté de
médecine?
Mme Blackburn: Avec l'ouverture de McGilI ou aux alentours.
Mme Lavoie-Roux: Ça fait 150 ans.
Mme Blackburn: Ça fait 150 ans, McGill.
Mme Lavoie-Roux: Je trouvai;; que 50 ans, ce n'était pas
long.
M. Rochefort: C'est un déluge qui est récent.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. À tout
événement, jamais jusqu'à maintenant les gouvernements ne
sont intervenus pour empêcher cet exode de quelque façon que ce
soit. Ce n'est pas l'intention du qouvernement d'agir dans ce sens. Il y a
quand même du point de vue... Non, c'est relié au contingentement.
Non, il n'y a pas de mesures qui sont prévues.
M. Rochefort: Vous évaluez à combien le coût
de la formation d'un médecin au Québec à peu
près?
Mme Lavoie-Roux: C'est 50 000 $, je pense.
M. Rochefort: Pour toute sa formation? À 50 000 $, on va
en faire une couple de plus certain. Je parle de toute sa formation...
Mme Blackburn: C'est peut-être 30 000 $ ou 35 000 $ par
année.
M. Rochefort: ...universitaire, pas de son primaire.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire médicale.
M. Rochefort: Oui.
Mme Blackburn: Je pense que c'est 30 000 $, 35 000 $ par
année.
Mme Lavoie-Roux: Cela dépend si c'est un
spécialiste, un interne, évidemment.
M. Rochefort: Non. Un interne, je ne sais pas ce que c'est. Un
omni ou un spécialiste.
Mme Lavoie-Roux: Commençons par un omni.
Mme Blackburn: Je pense que c'est 30 000 $, 35 000 $ par
année.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, si ça vous fait plaisir,
100 000 $.
M. Rochefort: Ce n'est pas une question de me faire plaisir, M.
le Président. Je veux la réponse.
Mme Lavoie-Roux: Personne n'est capable de vous la donner d'une
façon absolument précise.
M. Rochefort: Je n'y tiens pas pour aujourd'hui. Cela n'a pas de
conséquence. Mais j'aimerais qu'on nous dise quel est le coût de
la formation d'un omnipraticien, le coût de la formation d'un
spécialiste dans une faculté universitaire au Québec. M.
le Président, je vous demanderais, si vous êtes d'accord, de
reconnaître Mme la députée de Chicoutimi sur une question
sur les effectifs médicaux.
Le Président (M. Bélanger): Bien sûr. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mme la ministre, ce matin, nous a rappelé
qu'elle avait pris un certain nombre de mesures pour favoriser une meilleure
distribution des effectifs médicaux dans la province. Dans les mesures
qu'elle a prises, il y a la politique de décentralisation de
l'enseignement en médecine en vue de favoriser, entre autres, le
recrutement des médecins en régions. Comme elle le sait sans
doute, la région du Lac-Saint-Jean est une région
désignée alors que celle du Saguenay ne l'est pas. Par ailleurs,
dans un souci d'accélérer les choses et de pouvoir
bénéficier de politiques qui ont été mises en
place, l'hôpital de Chicoutimi, à l'unanimité des
intervenants, a entrepris des démarches en vue d'ouvrir un
département de santé communautaire en collaboration avec
l'Université Laval pour qu'on puisse accueillir des étudiants
stagiaires pour plus longtemps qu'un, deux mois ou trois mois. Je rappelle que
cela avait fait l'unanimité. Le budget prévu était de 6
500 000 $. Je pense que c'est ce que la ministre nous a rappelé ce
matin. Les démarches entreprises par l'hôpital de Chicoutimi
avaient deux volets: aller chercher, par le biais du ministère, de
l'argent pour ouvrir ce qu'il appelait un laboratoire ou une unité de
médecine familiale; ensuite, il y aurait eu les stages qui auraient
été encadrés et supervisés par l'Université
Laval.
L'Université Laval avait posé quelques conditions.
C'était, pour ainsi dire, chose faite, jusqu'à ce qu'on apprenne,
à l'hôpital de Chicoutimi, qu'il n'y avait plus de budget.
L'enveloppe était vide et la région devait se contenter de ce
qu'on appelle des unités légères, ce qu'on appelle du
stage tourisme d'un mois à trois mois. La ministre n'est pas sans savoir
que ce n'est pas comme cela qu'on crée des attaches a un futur
médecin dans une région. Je pense qu'il faut dire les choses
comme elles sont: Cela permet tout juste aux jeunes diplômés de se
servir des régions comme laboratoire pour acquérir un peu
d'expérience; ensuite, ils viennent pratiquer dans les grands centres.
Ça fait des régionaux des cobayes, mais, cela n'a pas comme effet
de favoriser le recrutement des jeunes médecins en régions.
Par ailleurs, quand la ministre est venue dans ma région, elle a
déclaré qu'il était important que sa politique de
décentralisation de la médecine familiale s'applique
particulièrement dans la région chez nous. On connaît
l'état des effectifs médicaux dans la région du
SaguenayLac-Saint-Jean. Dans la grande région de Québec, il
y a un omnipraticien pour 966 habitants, alors qu'au
SaguenayLac-Saint-Jean on en a un pour 1564. II manquerait au minimum,
nous dit-on, une centaine d'omnipraticiens. Par ailleurs, le CLSC
Descôteaux à Chicoutimi, qui a ouvert ses portes depuis
sûrement une année, n'a pas encore réussi à recruter
un médecin. La région du Saguenay--Lac-Saint-Jean vient en
neuvième et avant-dernière place pour ce qui est du ratio
habitants-omnipraticien. Elle vient tout de suite après le
Nouveau-Québec. Donc, il y a une pénurie certaine et
sérieuse de médecins omnipraticiens chez nous.
Ma question est la suivante: Quand vous avez accordé un budget
spécial pour faciliter le recrutement des médecins à
l'extérieur des centres hospitaliers, est-ce que vous avez fixé
des priorités et est-ce que la réqion du 5aguenay~Lac-Saint-Jean
était parmi ces priorités?
Mme Lavoie-Roux: II y a eu des rencontres avec la Faculté
de médecine de l'Université Laval pour demander que la
région de Chicoutimi soit favorisée. Maintenant, il faut bien
comprendre que ce sont les facultés de médecine, en collaboration
avec le ministère de l'Enseignement supérieur, qui
décident des endroits où ces unités de médecine
familiale sont ouvertes. De fait, je me souviens très bien que l'automne
dernier, au moment de la tournée pour le recrutement de médecins
en régions éloignées, à au moins deux reprises,
probablement parce que nous avons fait trois endroits, il y avait des
représentants de l'hôpital de Chicoutimi qui, justement, nous
avaient parlé du temps où ils avaient une unité de
médecine familiale, parce qu'il semble qu'il fut un temps où ils
en ont eu une et qu'ensuite cela a dû être fermé. Je ne sais
pas ce qui s'est passé.
Mme Blackburn: ...antérieurement. Mme Lavoie-Roux:
Ce ne l'est plus.
Mme Blackburn: Non.
Mme Lavoie-Roux: Ceci avait eu un effet, sinon sur le
départ des médecins, du moins sur le recrutement de nouveaux
médecins. Alors, on a demandé à la Faculté de
médecine de l'Université Laval, dans ce développement des
unités de médecine familiale en régions, que Chicoutimi
soit favorisée. On me dit qu'ils ont dits Oui, mais d'une façon
progressive. Ainsi; cette année, vous vous retrouvez avec le type de
stages que vous avez décrit, enfin les stages à court terme, et,
éventuellement, probablement à partir de l'an prochain - je ne
veux pas prendre d'engagement - on s'acheminera vers un retour à une
unité de médecine familiale à l'hôpital de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous dites avoir rencontré les
représentants de l'Université Laval là-dessus. Avant de
poser ma question, je voudrais corriger une imprécision.
L'Université Laval, dans cette question, est entièrement
autonome. Elle ne fonctionne pas avec l'autorisation du ministère de
l'Enseignement supérieur. Non, cela fait partie de la liberté
académique.
Mme Lavoie-Roux: Oui, sauf que c'est le ministère de
l'Enseignement supérieur qui donne l'argent.
Mme Blackburn: Oui, mais cela ne se donne pas à la
pièce comme ça. C'est une enveloppe globale. C'est
l'université qui décide de ses affiliations ou non.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il reste que c'est quand même...
Écoutez, on peut... (15 h 30)
Mme Blackburn: La collaboration du ministère se situe
juste au niveau des enveloppes budgétaires et non de la
définition de l'utilisation qui va en être faite.
Je voudrais savoir de la ministre quand elle a rencontré
l'Université Laval. Vous me dites que vous ne voulez pas prendre
d'engagement. Il y a une situation de pénurie réelle. Si vous
avez un programme et que vous ne fixez pas les priorités, à
l'Université Laval, la tendance a été, selon les
informations que j'ai, de favoriser la région de Québec où
il y a déjà un trop grand nombre de médecins. Alors,
à quoi cela sert-il de se donner un programme si vous ne fixez pas les
priorités? Je rappelle le titre d'un commentaire de Bertrand Tremblay
dans Le Quotidien du vendredi 29 mai. Il dit: "La ministre Lavoie-Roux
doit s'imposer." Il dit: Ce n'est pas l'Université Laval, le vrai
coupable; c'est plutôt le ministère de la Santé et des
Services sociaux qui n'a malheureusement pas eu le courage d'imposer
l'application de sa politique de décentralisation de la formation
médicale. Laisser ce choix à l'Université Laval, elle
prend l'argent et elle développe où cela l'intéresse et
où c'est plus proche, ce qui fait que, finalement, elle développe
ici dans la région de Québec. Je suis à peu près
certaine qu'on pourrait faire le même constat dans les régions de
Sherbrooke et de Montréal.
Le programme, c'était pour décentraliser l'enseignement de
la médecine dans les régions. Si vous me dites qu'en plus vous ne
prenez pas d'engagement pour l'an prochain, à quel moment peut-on penser
que la région sera pourvue d'un nombre suffisant d'omnipraticiens, s'il
n'y a pas une volonté plus ferme et si vous n'imposez pas un certain
nombre de priorités?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je voudrais, quand même,
réagir. Au point de départ, je voudrais dire à Mme la
députée de Chicoutimi que le point qu'elle apporte est
fondé, sans en avoir fait l'examen de très près. De la
même façon que vous nous avez indiqué tout à l'heure
que le ministère de l'Enseignement supérieur ne s'ingérait
pas -en fait, ce n'est peut-être pas l'expression que vous avez
utilisée - dans le fonctionnement de l'université, je dois vous
dire que la même chose aussi s'applique du côté du
ministère de la Santé et des Services sociaux. On peut faire
connaître des priorités, on peut aussi être assez ferme sur
certains points.
Je me rappelle particulièrement qu'au moment où le Dr
Laurin était ministre de la Santé il avait voulu non seulement
privilégier, mais imposer un certain nombre de postes en psychiatrie,
entre autres, et peut-être en anesthésie; il y avait deux
spécialités, mais, finalement, on était allé de
l'avant en retenant les spécialités que l'on voulait bien. Cela
avait été corrigé par la suite.
Cette question d'ingérence fait, qu'il s'agisse du
ministère de l'Enseignement supérieur ou du ministère de
ta Santé et des Services sociaux, qu'il y a toujours - est-ce qu'on va
dire une certaine difficulté? - une situation délicate.
En ce qui a trait à votre deuxième question pour savoir
à quel moment j'ai rencontré l'Université Laval, compte
tenu que c'est le sous-ministre adjoint qui l'a rencontrée, je voudrais
lui donner la parole pour qu'il vous indique plus en détail a quel
moment les rencontres ont eu lieu et quel type de discussions il y a eu.
M. Carignan (Raymond): M. le Président, effectivement,
à la suite de...
Le Président (M. Bélanger): Pouvez-vous vous
identifier, s'il vous plaît, pour le Journal des
débats?
M. Carignan: Oui, avec plaisir.
Raymond Carignan, sous-ministre adjoint au recouvrement de la
santé. À la suite des intentions de la ministre de mettre
l'accent sur le développement de programmes de médecine familiale
en régions périphériques et ayant comme objectif de
faciliter l'accès de médecins aux régions
périphériques, nous avons fait des interventions beaucoup plus en
termes d'insistance - parce que certains de ceux-là ne sont pas de notre
juridiction hiérarchique - à la fois auprès des quatre
facultés de médecine du Québec et de la Corporation
professionnelle des médecins. Ainsi, nous avons provoqué deux
rencontres où se retrouvaient à la fois la Corporation
professionnelle des médecins et les quatre facultés. En plus,
nous avons rencontré, de façon spécifique,
l'Université Laval, le doyen et le Dr Latulippe qui est responsable du
programme de médecine familiale à deux reprises, pour la
région de Québec.
Le message a été le suivant. C'était de s'assurer
que le développement des programmes de médecine familiale, eu
égard au nombre de résidents qui allait augmenter au cours des
deux prochaines années, se fasse d'abord auprès des
régions périphériques dans la mesure du possible ou
encore, dans les centres métropolitains, dans des centres hospitaliers
qui pourraient assurer une formation peut-être plus appropriée
pour la médecine familiale que les centres
ultra-spécialisés. À la suite de ces rencontres, je pense
que Mme la ministre s'apprêtait à ajouter que,
particulièrement pour Québec, par rapport à un premier
projet où ils avaient l'intention de développer un centre de
médecine familiale dans un centre ultraspécialisé, ils ont
changé leur projet et, actuellement, le dernier projet qu'ils nous ont
soumis, pour information, prévoyait Rimouski et Chicoutimi. Mais je suis
informé, comme Mme Lavoie-Roux vous l'a dit, que, pour cette
année, pour toutes sortes de raisons, l'implantation n'est pas
prévue. On m'a informé que, dans le programme, au moment
où les résidents vont augmenter, Chicoutimi est bel et bien
identifiée.
Mme Blackburn: Bien. Tout à l'heure, Mme la ministre nous
rappelait qu'elle n'a pas le pouvoir d'imposer des décisions à
l'Université Laval. Il y a toujours un moyen pour imposer des
décisions lorsqu'on estime qu'il y a des priorités et c'est par
le biais des subventions conditionnelles. C'est drôle, mais cela
fonctionne. Si vous identifiez vos priorités et que les budgets ne sont
accordés que dans la mesure où on respecte les priorités
de développement ou d'implantation, généralement, comme
les universités, surtout dans la situation qui est la leur actuellement,
ont besoin d'argent, elles vont le chercher où il se trouve. Je vous
jure que cela fonctionne. À présent, ce que je dois comprendre,
c'est que vous n'avez pas l'intention d'intervenir pour que l'Université
Laval modifie, dès cette année, sa décision, pas plus que
vous n'avez l'intention de lui imposer ou de prendre des mesures pour que cela
se réalise au cours de l'année 1988.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense que nous sommes
déjà intervenus cette année. Comme l'a indiqué le
sous-ministre, il y a eu des rencontres à deux reprises sans compter la
rencontre générale avec l'ensemble des doyens des facultés
de médecine. Ils ont modifié leur plan et il est à
prévoir que cela s'intensifiera pour la deuxième année.
Si, par hasard, l'an prochain, on restait dans un statu quo par rapport
à cette année, je pense qu'on devra intervenir peut-être
avec plus d'énergie. Mais quant aux subventions, quand vous dites: On
donne la subvention ou on ne la donne pas, il reste que notre marge de
manoeuvre, au ministère de la Santé et des Services sociaux, en
matière de subventions à retenir ou à donner aux
facultés de médecine, est relativement faible, dans le cas des
programmes de médecine familiale et davantage au niveau de certaines
immobilisations, pour un montant quand même minime, de l'ordre d'à
peu près 1 000 000 $...
Mme Blackburn: Pour toute la province?
Mme Lavoie-Roux: ...pour toute la province, pour une fois.
Mme Blackburn: On estime qu'il en coûte environ 200 000 $
pour ouvrir une unité de médecine familiale.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Blackburn: Je voudrais connaître l'état de la
situation en matière de spécialistes chez nous. Je pense aux
physiatres, aux psychiatres, aux différentes spécialités.
Par exemple, on avait - je peux vous fournir les tableaux que j'ai ici
-"Effectifs médicaux, situation de 1972 à 1984 et projections
pour 1988", dans un document de la Corporation professionnelle des
médecins du Québec. Ce n'est pas ce dossier.
Mme Lavoie-Roux: Les chiffres que j'ai, M. le Président,
démontrent qu'il y a un manque de spécialistes, sans aucun doute.
Le nombre de médecins spécialistes requis serait de 237 et il
s'en trouve présentement 175. Je ne les ai pas par
spécialité, malheureusement.
M. Rochefort: Mais on les aura, sauf erreur, M. le
Président, dans les documents qui nous seront remis. C'est cela?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Blackburn: Je les ai par spécialité.
Mme Lavoie-Roux: Si on me dit qu'on les a par
spécialité. Est-ce qu'il faut énumérer les
spécialités, si vous les avez? On va peut-être essayer
d'identifier là où la pénurie est la plus grande. En
pédiatrie, 20,9 par rapport à 13,1; en psychiatrie, c'est
général à travers la province, 31 par rapport à 12.
Ce sont les deux plus marquées: la pédiatrie et la psychiatrie.
La médecine interne, 10 requis par rapport à 3,4. Quant aux
autres, ce sont plutôt des fractions. Ce n'est pas très
significatif.
Mme Blackburn: La dermatologie.
Mme Lavoie-Roux: 5,2 par rapport à 4,2.
Mme Blackburn: Pour les allergologues, c'est la même chose?
C'est juste pour illustrer que, si vous avez ce genre de difficultés,
ces problèmes de santé, les gens de la région sont
obligés de venir à Québec ou à Montréal et
jamais on ne tient compte de ça... Ce n'est pas une région au
bout du monde.
Mme Lavoie-Roux: Je suis heureuse que la députée de
Chicoutimi soulève cette question-là. L'an dernier... On peut
peut-être porter un jugement à savoir si ce sera efficace ou non.
Je pense que l'ancien gouvernement peut aussi s'en souvenir; quand est
arrivée la question de la rémunération
différenciée entre les régions éloignées,
les régions intermédiaires et les régions urbaines, ce
sont des décisions difficiles à prendre et pour lesquelles on
rencontre énormément de résistance. En tout cas je n'ai
pas encore oublié le débat sur la loi 75. Comme je le dis, sans
me prononcer sur le fond à savoir si ce sera bon ou non - on
espère que ce sera bon à moyen et à long termes - je pense
que c'est une opération qu'il faut avoir le courage de faire. C'est dans
ce sens-là qu'on a l'intention de continuer, mais chaque pas fait en
avant pour tenter de corriger ces situations... Je l'ai dit ce matin, je pense,
les régions éloignées ne veulent plus porter le poids...
Je vois le député de Laviolette, qui se trouve sans
médecin à l'urgence, je ne sais pas si c'est un mois sur deux,
mais, en tout cas, c'est quelque chose du genre.
M. Rochefort: Comme ça, Mme la ministre, les urgences sont
bien?
Mme Lavoie-Roux: Le député d'Abitibi... Je ne sais
jamais si c'est Est ou Ouest, je m'en excuse.
M. Gendron: J'ai vu ça ce matin, mais je n'ai pas eu le
temps de vous reprendre.
Vous avez parlé du député d'Abitibi et ce
n'était pas celui qui était ici en l'occurrence. J'étais
présent ce matin. Quand vous avez parlé du député
d'Abitibi vous vouliez parler de votre collègue, M. Savoie, et
sûrement pas de moi, pour le débat sur la loi 75.
M. Rochefort: Elle ne demanderait sûrement pas à son
collègue de venir intercéder pour moi. J'espère!
Mme Lavoie-Roux: C'était de vous que je parlais parce que
j'ai eu un bon appui du député d'Abitibi-Est au moment du
débat.
M. Rochefort! Ah, même après!
Mme Lavoie-Roux: Plus sérieusement, je vois trois
représentants de régions peut-être moins
éloignées pour les deux extrêmes, mais on sait que,
même dans les régions périphériques, le
problème est aigu et chaque pas fait en avant pour tenter de corriger la
situation est difficile. Je pense, cependant, qu'il ne faut pas reculer. Je
pense qu'on est au service de toute la population et, dans la mesure du
possible, il faut essayer de choisir nos modes d'intervention pour que cela ne
crée pas uniquement de la résistance, mais aussi de la
collaboration. Je pense qu'on ne peut plus attendre plus longtemps quand on
voit, par exemple... Ce qui me frappe toujours le plus, ce sont les psychiatres
et c'est qénéral dans toute la province. Chez vous, vous
n'êtes, quand même, pas tellement loin, 13 par rapport à 31.
Je ne me souviens pas de mémoire du chiffre qu'on a donné tout
à l'heure, mais ce sont des situations tout à fait inacceptables.
(15 h 45)
Mme Blackburn: Une dernière question pour clore le
débat là-dessus. Tantôt, Mme la ministre, vous nous avez
fait une ouverture - à la suite des informations que vous avez obtenues
de votre sous-ministre. Si ça ne débloque pas pour l'an prochain,
l'ouverture d'unités de médecine familiale à Rimouski et
à Chicoutimi, puisqu'on a, semble-t-il, modifié les projections,
à quel moment la ministre voudrait-elle qu'on l'informe, de
manière à s'assurer que cela ouvre en 1988? Dans les
étapes.
Une autre question. Là, on fait affaire avec l'Université
Laval pour qu'elle vienne dispenser ces enseignements chez nous. Ne devrait-on
pas envisager de faire affaire avec Sherbrooke ou avec n'importe quelle
faculté qui voudrait le faire?
Mme Lavoie-Roux: II n'y a rien qui s'oppose...
Mme Blackburn: Qui l'empêche.
Mme Lavoie-Roux: ...à ça. De mémoire,
je pense que c'est McGill qui est branchée sur Rimouski. Je peux
me tromper. Est-ce que c'est ça?
M. Rochefort: Ce serait plutôt l'inverse.
Une voix: Je pense que c'est plutôt Rimouski qui est
branchée sur McGill.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez.
M. Rochefort: À moins que vous n'ayez apporté de
gros changements au cours de cette matinée.
Mme Blackbum: L'alimentation ne risque pas d'être
riche.
Mme Lavoie-Roux: En principe, il n'y a rien qui s'oppose à
cela. Quant à votre première question, soit quel est
l'échéancier qui doit être prévu de telle sorte que
les gens soient avertis, c'est nous-mêmes qui devrions nous assurer de
faire le suivi en temps et lieu ou aux périodes critiques.
Mme Blackburn: Quels sont les échéanciers?
Mme Lavoie-Roux: À l'automne, C'est à l'automne que
les internes et résidents planifient pour l'été suivant.
Je pense que, dès l'automne, il faudrait examiner cette question.
Mme Blackburn: Si on voit qu'il y a des résistances, ou on
descend dans la rue ou on descend chez vous, si je comprends bien.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je suis...
M. Rochefort: Aimez-vous mieux les avoir chez vous?
Mme Blackburn: C'est ça! On pourrait peut-être
descendre chez vous. Quand ça descend, ça vient de la
région, vous savez. S'il y en a qui ont peur de s'en aller dans notre
région, les gens n'ont jamais peur de venir à Québec.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas peur d'aller dans votre
région, c'est une belle région.
Mme Blackburn: Je dis, les médecins.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont difficiles à apprivoiser,
parfois.
Mme Blackbum: Surtout qu'ils sont bien payés.
Le Président (M. Gervais): Maintenant, on va
reconnaître M. le député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, je vois le
député d'Abitibi-Ouest qui a l'air surpris. Pardon?
M. Gendron: Sourcille.
M. Sirros: Qui sourcille. Je constate qu'il nous rend visite et
je sais qu'il a probablement des questions d'intérêt
régional à poser. Je passerai mon droit de parole, à ce
moment-ci, au député d'Abitibi-Ouest et je reviendrai
après.
Le Président (M. Gervais): Je reconnais M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Scanner fixe à Rouyn-Noranda
M. Gendron: M. le Président, voilà un premier geste
concret d'un député ministériel en faveur des
régions. Si ce gouvernement en avait fait autant, je ne serais
même pas présent à cette commission. Non, Mme la ministre,
très sérieusement, on a eu l'occasion, dans une
extrémité de la grande région de
l'Abitibi-Témiscamingue, de vous recevoir en fin de semaine pour
supposément venir mettre un point définitif, et je
l'espère final - pas dans le bon sens, en ce qui me concerne - à
une décision qu'il était de plus en plus important de prendre sur
toute la question d'un équipement spécialisé dont les
Abitibiens pensent que c'était te moment de se doter et c'est le fameux
débat du scanner fixe versus le scanner mobile.
C'est un dossier d'envergure régionale. Je n'en ferai pas
l'historique. Volontairement, je n'ai pas apporté toute la
correspondance et les papiers là-dessus. Vous le connaissez probablement
très bien. Ce qui est étonnant, cependant, c'est votre
décision qui va à l'encontre de la très grande
majorité des décideurs régionaux, des intervenants
régionaux et des bassins de population concernés. À moins
que je ne me trompe, à moins que vous n'ayez des éléments
que je n'ai pas - ce qui m'étonnerait, parce que je vis dans cette
région depuis que je suis au monde et j'y suis plus actif depuis que je
suis en politique - la grande majorité des intervenants souhaite que
vous fassiez, comme ministre responsable de la Santé et des Services
sociaux, l'expérimentation d'un scanner mobile pour répondre
à un besoin urgent et nécessaire. Cela nous aurait permis
d'améliorer notre masse critique pour attirer des médecins, car
nous aussi, nous avons de plus en plus de difficultés non seulement
à obtenir, mais également à retenir des
spécialistes.
Après moult tergiversations et possiblement même des
considérations politiques qui n'auraient pas dû entrer en ligne de
compte dans ce dossier entre un certain député de Rouyn-Noranda.
Et un député d'Abitibi-Est, du "give and take", un cégep
contre un
scanner mobile ou fixe, je voudrais savoir, comme ministre de la
Santé et des Services sociaux, sur quoi vous vous êtes
appuyée pour prendre la décision, à ['encontre de la
recommandation de la plupart des intervenants du milieu, selon une proportion,
un tiers, deux tiers, au minimum, et également à l'encontre du
CRSSS, l'intervenant qui représente le ministère de la
Santé et des Services sociaux en régions et qui, il y a quelques
mois, convoquait un réunion spéciale pour statuer sur votre
décision laquelle, à ce moment-là, était
passablement prise, mais plus dans le sens de: Regardez donc cela et essayez de
mettre à exécution ma décision, soit un scanner fixe
à Rouyn-Noranda. Le CRSSS a réagi en disant: On ne peut pas pour
telle et telle raison et ce n'est pas pertinent pour telle et telle raison. Mme
la ministre, en fin de semaine, est venue et a dit: C'est assez les folies,
c'est réglé; le scanner sera fixe, il sera à
Rouyn-Noranda. Quelles sont vos raisons, vos motivations pour ne pas nous
permettre, comme région éloignée, de vivre
l'expérimentation d'un scanner mobile et, probablement, d'être en
mesure de trouver là une formule d'équipement, qui, bien
sûr, est un peu moins dispendieux qu'il ne l'a déjà
été compte tenu de l'évolution, mais qui aurait permis, je
pense, à une plus grande majorité de régions de
bénéficier d'un équipement adéquat?
C'est ma première question. J'en aurais une autre, mais mon
"boss" ne me donne pas plus de temps et mon "boss", à la commission,
c'est le critique en matière d'affaires sociales, M. Rochefort.
Une voix: Encore une image négative!
Mme Lavoie-Roux: Une décision avait été
annoncée par mon prédécesseur à l'époque, le
député de Joliette, au mois de novembre 1985, à savoir
qu'il y aurait un scanner dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Je suis arrivée et cette décision
était là, sans argent de prévu. Il reste que, toute
considération ayant été faite, étant donné
qu'il y a dans l'Abitibi une population de 160 000 habitants, cela justifiait
un scanner, même si, globalement, il faut 200 000 habitants, à
cause de l'éloignement, etc. Il n'y avait pas de problème
là-dessus. Il avait été convenu, à ce
moment-là, avant mon arrivée, que ce scanner serait à
Rouyn-Noranda. D'ailleurs, l'hôpital de Rouyn-Noranda, la fondation de
l'hôpital de Rouyn-Noranda et même le milieu étaient
prêts à s'impliquer pour couvrir la différence entre les
600 000 $ prévus et probablement les 1 200 000 $ et quelque que cela
coûterait, une fois que tout serait complété.
Au printemps, en février ou mars -j'oublie, c'est de
mémoire - le conseil régional est venu me demander si on ne
pourrait pas envisager la possibilité d'un scanner fixe...
M. Gendron: Vous voulez dire un scanner mobile.
Mme Lavoie-Roux: Un scanner mobile, vu qu'il en existait aux
États-Unis, que cela pourrait être intéressant et, comme
vous le disiez, que cela pourrait desservir plusieurs hôpitaux
plutôt qu'un seul. Ils m'ont demandé la possibilité
d'explorer cette avenue. Je leur ai dit oui, que je n'avais pas d'objection,
à la condition qu'on puisse me démontrer qu'au plan
économique il n'y avait pas de coûts supplémentaires ou de
coûts supplémentaires significatifs par rapport aux 600 000 $ que
nous étions prêts à consentir pour le scanner.
Pour faire une longue histoire courte, je pense, à la fin de
décembre, on a eu les données que le ministère a
examinées et même les données que m'a apportées la
région de l'Abitibi indiquaient qu'il s'agirait de coûts
supplémentaires de 1 200 000 $. Mon ministère les avait
évalués, je pense, à 1 600 000 $, mais je n'ai pas retenu
l'évaluation du ministère, pour toutes sortes de raisons. Mais je
trouvais que la différence était suffisamment importante pour
arrêter ma décision dans le sens du scanner fixe à
Rouyn-Noranda et que, de toute façon, dans très peu de temps, on
me demanderait, pour l'Abitibi-Témiscamingue - mais cette demande serait
encore justifiée - de la médecine nucléaire.
Une des inquiétudes de la région - je suis convaincue que
le député d'Abitibi-Ouest le sait encore beaucoup mieux que moi -
une inquiétude profonde reliée à tout cela, c'était
que l'hôpital de Rouyn-Noranda devienne un hôpital régional.
Cela créait beaucoup d'inquiétude si le scanner fixe était
à Rouyn-Noranda et on savait qu'une fois qu'il avait le scanner fixe,
sans aucun doute, viendrait se greffer la médecine nucléaire et
ainsi de suite. Ils me disaient, quand je les ai rencontrés: On
deviendra des CLSC par rapport à l'hôpital de Rouyn-Noranda.
Comme il n'est pas du tout de notre intention de développer un
centre réqional, mais qu'au contraire chacun des hôpitaux, du
moins pour Amos, Val-d'Or et Rouyn-Noranda, peut-être que c'est un peu
moins vrai pour La Sarre...
M. Gendron: Pour La Sarre, ce n'est pas vrai du tout. Ne soyez
pas inquiète, il n'y a aucune spécialité régionale
à La Sarre. Vous avez oublié les amitiés personnelles qui
nous unissent. Je ne comprends pas que vous n'ayez rien donné à
La Sarre comme vocation régionale, mais, aux fins de la discussion,
l'hôpital de La Sarre n'a pas de vocation régionale.
Mme Lavoie-Roux! Non, mais je veux
dire, par exemple, qu'Amos a l'orthopédie.
M. Gendron: C'est cela, l'orthopédie régionale.
Val-d'Or a quelque chose de régional et Rouyn a un peu plus de
régional.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. C'était un peu le sens de ma
décision quand je l'ai communiquée. Entre-temps, cela m'a
beaucoup fait connaître l'Abitibi et cela m'a fait comprendre la
dynamique de l'Abitibi. J'ai réalisé que cela devenait un
problème assez aigu parce que... Enfin, je ne voudrais pas dire des
choses qui seront au Journal des débats, mais dans l'Abitibi il
semble... Je vais le dire publiquement, je l'ai déjà dit
publiquement. Pardon?
M. Jolivet: Pourquoi pas?
Mme Lavoie-Roux: Bien oui. Il semble que dans l'Abitibi, on soit
très attaché... Probablement qu'autrefois il y avait de grandes
distances, ce qui explique que les gens soient très identifiés a
leur patelin respectif, qu'il s'agisse d'Amos, de La Sarre, de Rouyn-Noranda ou
de Val-d'Or. Â ce moment-là, c'était venu
s'entremêler à toute cette question.
J'ai fait connaître ma décision, je pense, au mois d'avril,
à savoir que c'était un scanner fixe à Rouyn-Noranda,
médecine nucléaire à Val-d'Or et équipements
d'orthopédie à Amos.
M. Gendron: Et tutelle à La Sarre. Mme Lavoie-Roux:
Cela, c'était avant.
M. Gendron: Ah oui! Mais je vais revenir là-dessus...
Mme Lavoie-Roux: Ayant eu vent à quelques reprises des
difficultés interétablis-sements de la région, j'ai dit au
conseil régional: Telle est ma décision. Mais, comme je trouvais
que peut-être, le lendemain matin, ils ne pouvaient pas l'appliquer, je
leur ai dit: Je vous donne le temps de créer un consensus.
M. Gendron: Regardez, Mme la ministre, toujours pour des raisons
de temps - c'était plus cela, pour moi - dans le fond, peu importe le
temps qu'on prendrait, vous dites: J'ai pris une décision comme
celle-là parce que, pour moi, sur le plan économique, il
m'apparaissait que c'était...
Mme Lavoie-Roux: Sur le plan des équipements aussi.
M. Gendron: Oui. Comme ministre, vous m'affirmez qu'il n'y a pas
de raison politique ou d'équilibre à faire entre le
député de Rouyn-Noranda qui aurait fait une demande...
Mme Lavoie-Roux: Absolument pas.
M. Gendron: ...et le député d'AbitibiEst qui est un
collègue ministériel. Il n'y a pas eu de considération
d'un morceau de cégep, là-dedans, qui est un gros dossier
important...
Mme Lavoie-Roux: J'ai appris, quand je suis allée au
Sommet socio-économique de l'Abitibi, qu'il y avait un problème
avec le cégep, à savoir qu'il y en avait une partie à
Rouyn-Noranda et une autre partie à Val-d'Or, je pense.
M. Gendron: C'est cela. Vous ajoutez qu'il n'y a pas là
une indication d'un éventuel début de consécration d'une
étiquette d'hôpital régional à Rouyn-Noranda par la
consécration du scanner fixe à Rouyn-Noranda. Vous confirmez que,
pour vous, ce n'est absolument pas lié?
Mme Lavoie-Roux: Absolument pas, il n'y a pas eu de
considération politique parce que, à ce moment-là, s'il
avait fallu que je choisisse entre le député de Rouyn-Noranda et
le député d'Abitibi-Est, franchement...
M. Jolivet: Abitibi-Ouest.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, c'est cela, on l'aurait mis à
La Sarre.
M. Gendron: En parlant de La Sarre, ce sera ma deuxième
question, toujours pour une raison de temps. La santé et les services
sociaux en Abitibi-Témiscamingue, ce sont des dossiers qui
préoccupent mes collègues députés, des dossiers
majeurs, importants, surtout pour la population. Je pense que notre critique,
étant très sensibilisé à ce dossier, le
connaît aussi bien pour la région de l'Abitibi que pour l'ensemble
du Québec. Il en a parlé pour d'autres réqions. Je pense
qu'on a la même problématique, et cela a été
discuté. (16 heures)
Hôpital de La Sarre
Très rapidement, je voudrais aborder la problématique de
l'hôpital de La Sarre qui a été souvent
considéré comme un hôpital de deuxième ou
troisième ordre, en bout de ligne, à l'extrémité
nord-ouest du losanqe qu'est l'Abitibi-Témiscaminque. Il y a eu des
difficultés récemment à la suite d'une forme de paiement
pour les quelques spécialistes qu'enfin on était venu à
bout d'obtenir pour avoir droit nous aussi à un minimum de soins de
santé de qualité. Il n'y a pas que cela, je le reconnais, mais
c'est la question qui a fait déborder le vase, ou, en tout cas,
l'idée d'aller fouiller un peu plus la qestion et l'administration de ce
centre hospitalier. Il y
a eu - je ne veux pas nécessairement parler d'une tutelle - mais
à tout le moins un mandataire qui avait un mandat bien particulier et
qui, récemment, a eu sa récompense comme d'autres: il a
été nommé juge. Après avoir eu sa
récompense...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'était pas dans mes plans non
plus.
M. Gendron: Je le sais. Mais il a eu sa récompense quand
même, il a été nommé juge.
Mme Lavoie-Roux: II a dû bien faire son boulot.
M. Gendron: II n'a pas terminé son mandat.
Évidemment, un successeur a été nommé. Ce
successeur est un citoyen lasarrois, que je connais et que j'estime beaucoup,
c'est mon troisième voisin, et qui s'appelle Gilbert Barrette. Le
problème qui se pose et auquel je voudrais que la ministre
réfléchisse un peu, c'est que l'épouse de M. Barrette, Mme
Rita Beaulieu, elle aussi a hérité d'une nomination politique,
cette fois-ci, du gouvernement libéral qui, très rapidement, a
fait le ménage dans les nominations aux différents conseils
d'administration par l'intermédiaire de la ministre de la Santé
et de Services sociaux. Elle a été nommée, comme
récompense polîtique, pour avoir toujours été...
Mme Lavoie-Roux: Mme Barrette, je comprends, est
libérale?
Une voix: ...
M. Gendron: Là, je parle à la ministre. Pour avoir
été toujours très active...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que M. Barrette est libéral?
M. Gendron: Oui, "à mort".
Mme Lavoie-Roux: "À mort"?
M. Gendron: C'est son droit le plus strict, ce n'est pas cela que
je conteste. Très sérieusement, Mme la ministre, je trouve
curieux, cependant, que vous fassiez vos nominations, auxquelles vous avez
droit, très rapidement. Indépendamment des gens qui avaient fait
une bonne job, on dit: On fait le ménage et on met notre monde. Sont
arrivées Mme Barrette et une autre personne au conseil d'administration
du centre hospitalier qui n'était pas sous tutelle, mais sous le mandat
de M. François Godbout...
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais rappeler que ce conseil
d'administration avait démissionné.
M. Gendron: Oui, je sais tout cela.
Mme Lavoie-Roux: II avait démissionné en
totalité.
M. Gendron: Je sais cela. Mais, au moment où il a
démissionné, Mme Barrette n'était pas là.
Mme Lavoie-Roux: Même les gens qui ont été
nommés l'été dernier ont démissionné
aussi.
M. Gendron: Oui, mais si vous voulez écouter la question
que je veux vous poser...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Gendron: Que les gens aient démissionné et que
tout cela ait occasionné l'espèce de mandat spécial ou
d'enquête spéciale, c'est une chose, mais la démission en
est une autre, parce qu'il y avait mésentente, justement, avec votre
acolyte qui vous conseille, M. Carignan - je ne veux pas le blâmer - par
rapport à un problème de rémunération. J'en ai
parlé tantôt et je ne veux pas... La question que je vous pose est
la suivantes Est-ce que vous ne trouvez pas qu'après avoir fait une
nomination politique comme celle que j'ai évoquée ce
n'était pas ce qu'il y avait de plus convenable que de nommer M. Gilbert
Barrette, dont l'épouse siège au même conseil
d'administration de ce centre hospitalier, comme mandataire spécial pour
exécuter la fin du mandat de M. François Godbout? Je veux juste
savoir si vous trouvez que non, il n'y a pas de problème, c'est normal
et c'est régulier. Deuxième question...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a un conseil d'administration
dans le moment?
M. Gendron: Non, il n'y a pas de conseil d'administration dans le
moment.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Alors, pourquoi dites-vous que
l'épouse et le mari siègent au même conseil
d'administration?
M. Gendron: Vous savez très bien que cette question de la
démission des membres du conseil d'administration est reliée
à un problème particulier de rémunération pour
lequel l'ancien directeur général du centre hospitalier
Saint-François d'Assise de La Sarre avait obtenu un accord administratif
afin de faire la rémunération d'une certaine façon. Je ne
veux pas embarquer dans le sujet de la rémunération
majorée 18 %-25 % et commencer à expliquer cela. En tout cas,
vous savez...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes bon, vous
connaissez cela.
M. Gendron: Oui, je connais cela, je suis mes dossiers. Vous
devriez, vous aussi, être plus informée. La démission n'a
rien à voir, c'est un geste de pression pour dire: Nos gens de La Sarre
qui siègent au conseil d'administration avaient enfin réussi
à obtenir cinq ou six médecins ayant des
spécialités essentielles. Même s'ils ont une forme de
rémunération différente, pour mettre de la pression afin
de faire accepter cette forme de rémunération par Mme la
ministre, on va démissionner. Ce ne sont pas gens qui ne veulent plus
s'occuper du conseil d'administration du centre hospitalier. Ce sont des gens
qui veulent continuer en attendant qu'enfin la ministre statue sur le
problème particulier de la rémunération; cela, c'est une
chose. Mais votre mandataire, M. François Godbout, quand il a
été nommé juge et qu'il a démissionné, vous
avez remis son mandat entre les mains de M. Gilbert Barrette. Je vous pose deux
questions, et je termine là-dessus. Quand son mandat va-t-il se terminer
parce qu'il a été prolongé, et tout cela? Est-ce qu'il n'y
aurait pas eu lieu de regarder cela, même si Mme Barrette était
membre démissionnaire temporaire du conseil d'administration? Parmi vos
amis libéraux, il doit sûrement y en avoir une couple d'autres. Je
les connais un par un. Cela ne se peut pas qu'il y avait juste Mme
Barrette.
Mme Lavoie-Roux: Vous les connaissez mieux que moi.
M. Gendron: Vous auriez pu vous en trouver une couple d'autres.
Pour compléter le rapport que vous allez recevoir sur toute la
situation, il me semble que cela aurait été un peu moins
inconvenant si le mandataire n'avait pas été le mari d'une
personne nommée par vous, comme récompense politique, membre du
conseil d'administration du centre hospitalier Saint-François d'Assise.
Vous ne trouvez pas qu'on aurait dû faire attention à cela un peu
plus? J'aurais pu même vous en conseiller des noms d'autres amis
libéraux qui auraient pu faire la job comme mandataire.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, je dois vous dire, pour
reprendre le cas de celui qui a démissionné, que nous avons fait
plusieurs démarches auprès du conseil d'administration, pour
tenter de les supporter, leur demandant de rester en place, etc. Ils ont
décidé de démissionner et, jusqu'à la
dernière minute, ils ont dit: Nous démissionnons. Écoutez,
ils ont démissionné.
Quant aux relations entre M. Barrette, qui termine un court mandat,
puisque, dès le 4 juin, M. Barrette ne sera plus là et que le
conseil d'administration prend place et recommence à administrer
l'hôpital, les relations de M. Barrette avec un membre X du conseil
d'administration qui avait démissionné, je dois vous dire
que...
M. Rochefort: Un membre X, qui est par hasard sa femme.
M. Gendron: ...
Mme Lavoie-Roux: Vous savez...
M. Rochefort: Un membre X. Franchement!
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas dit un membre X.
M. Rochefort: Vous dites: Les relations de M. Barrette avec un
membre X du conseil d'administration. Ce n'est pas un membre X, c'est sa
femme.
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez... De toute façon... Il y
a aussi d'autres tenants, et, si j'apporte cet argument, c'est juste en
badinant: maintenant, la vie des conjoints et des conjointes sont des choses
séparées.
M. Gendron: Très bien.
Mme Lavaie-Roux: Plus sérieusement...
M. Gendron: C'est pour cela qu'on a 40 % de familles
monoparentales dans la société québécoise, mais ce
n'est pas grave.
Mme Lavoie-Roux: Plus sérieusement, c'est par totale
inadvertance ou iqnorance de ces faits. Évidemment, les gens de La Sarre
peuvent très bien les connaître, mais je ne les connaissais pas,
je vous le dis. Encore une fois, cela pourrait être discuté sous
un autre angle. On pourrait dire que chacun a son individualité,
etc.
Je dois vous dire que M. Barrette termine son mandat le 4 juin. À
partir de ce moment-là, c'est le nouveau conseil d'administration qui
prend place. Je voudrais aussi ajouter, pour que le député
d'Abitibi-Ouest ne pense pas - je ne crois pas qu'il le pense - que son
hôpital demeure le parent pauvre de toute l'Abitibi, nous sommes à
examiner sérieusement la possibilité d'ajouter des lits de soins
intensifs à l'hôpital de La Sarre, car il n'en existe pas. Compte
tenu de l'éloignement relatif de La Sarre par rapport à d'autres,
cela nous apparaît comme un premier geste pour en faire un hôpital
de premier ordre, comme vous le dites.
M. Gendron: Vous êtes sûrement sur la bonne voie, si
l'examen n'est pas trop long. C'est ultimement requis et important, parce que
l'hôpital est petit, mais le bassin de
population à desservir, lui, est important, et même plus
important que celui d'Amos. Sérieusement, les statistiques et n'importe
quelle personne de votre ministère vont confirmer que le bassin
lasarrois est plus imposant, comme centre de desserte, que le bassin amossois
et, pourtant, on est loin d'avoir le même niveau d'activité ou le
même niveau de professionnalisme à l'hôpital de La Sarre
qu'à l'hôpital d'Amos, qui est très réputé en
orthopédie.
Mme Lavoie-Roux: Si vous me permettez, M. le Président,
juste une petite anecdote. Quand je suis allée en Abitibi, à la
fin de septembre l'an dernier, j'ai rencontré, entre autres, les gens de
La Sarre. J'ai rencontré chacun des conseils d'administration des
hôpitaux et tout le monde me disait: Notre population est de X et nous
desservons une population Y, Je leur ai même dit, c'est pour cela que je
me permets de le raconter... À la fin, on ne se retrouvait plus avec une
population de 160 000 en Abitibi, mais vraiment avec une population de 300 000.
Tout le monde avait tellement un grand bassin à desservir...
M. Gendron: II y en a qui ont des prétentions - j'en vois
un au bout de la table qui avait des prétentions, cela peut s'appeler
Rouyn-Noranda - qui ont toujours eu la prétention de nous desservir au
complet. Vous avez raison. Quand on avait un hôpital qui ne ressemblait
même pas à un bon CLSC, il y a sept ou huit ans - on a
été obligé de l'ouvrir, d'ouvrir les étages et
d'avoir un peu d'équipement - automatiquement, 75 % du bassin de notre
population, même pour la moindre petite coupure sur le bout du doigt,
allait à Rouyn-Noranda. C'est sûr qu'ils ont gardé cela
dans leurs livres pour les statistiques et qu'ils prétendent que c'est
encore la situation aujourd'hui, qu'ils ont une desserte très
très régionale. Lorsque vous additionnez toutes les
prétentions...
Mme Lavoie-Roux: Vous dites qu'il y a six ou sept ans, ce
n'était pas un bon hôpital.
M. Gendron: Je comprends que ce n'était pas un bon
hôpital.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que le gouvernement d'alors
faisait?
M. Gendron: Justement, c'est nous qui avons changé la
situation.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Gendron: Écoutez, madame, si vous voulez en parler
sérieusement...
Mme Lavoie-Roux: Vous venez de me dire tantôt qu'il
était encore de deuxième ou de troisième ordre.
M. Gendron: Je comprends! Quand on prend quelque chose à
zéro et en dessous de zéro, on ne peut pas le multiplier par 1000
en quelques années. Quand j'ai été élu, Mme la
ministre, en 1976, je vais en parler deux minutes, il y avait cinq
médecins en tout et pour tout pour La Sarre, II y en avait cinq.
Avez-vous compris, là? Il y avait un "endormeux". Il faisait tout.
Mme Lavoie-Roux: II avait bien endormi tout le monde.
M. Gendron: Oui, oui, oui. On a été obligés
d'avoir deux ou trois anesthésistes -je connais les termes - on a
été obligés d'aller chercher deux ou trois chirurgiens, on
n'en avait pas et là on en a. Actuellement, on a à peu
près 18 ou 20 omnipraticiens. On fait des efforts. Je me rappelle, quand
j'ai été élu en 1976, que le premier et le deuxième
étages fonctionnaient. Le troisième était fermé et,
quant au quatrième, il n'y avait rien, des boîtes pas ouvertes,
mais ce n'étaient pas de bonnes boîtes, c'était du vieux
stock. C'était la situation de l'hôpital. On a été
obligés de faire la réfection...
Mme Lavoie-Roux: Je me réjouis que cela ait
progressé et on continue de faire progresser la situation.
M. Gendron: ...de l'entrée de l'urgence. Il fallait faire
à peu près deux milles et passer dans un vieux garage avant
d'arriver dans l'hôpital. On a refait une entrée d'ambulance pour
l'urgence, on a refait un système qui a du bon sens et on a eu la
collaboration des gens de votre ministère, parce qu'il y en a plusieurs
qui étaient là. Sérieusement, Mme la ministre, je pense
qu'on a fait notre job.
Clair Foyer
Dernière question, parce que je ne veux pas faire l'historique,
en ce qui concerne Clair Foyer. Comme ministre de la Santé et des
Services sociaux, j'aimerais que vous preniez une décision rapide. Il
commence à y avoir beaucoup d'insécurité en
Abitibi-Témiscamingue au sujet de Clair Foyer, qui est une institution
spécialisée pour multihandicapés. On n'en a pas trois ou
quatre comme à Montréal, on en a une, et c'est la seule. Elle est
requise, elle est souhaitée par les intervenants régionaux. Vous
avez reçu un excellent rapport, très professionnel, qui vous a
été remis lors du sommet socio-économique et pour lequel
on n'a pas eu de retour encore. On ne comprend pas, Mme la ministre, que vous
hésitiez une seule seconde sur ce dossier-là. Il n'y a
aucune espèce de raison d'envisager des
déménagements et une désinstitutionnalisation à
outrance. La désinstitutionnalisation, dans ce dossier-là, a
été faite, analysée depuis trois ans et nous pensons qu'on
est rendu au maximum de ce qu'on pouvait désinstitu-tionnaliser. Ce qui
reste, ce sont des cas de multihandicaps tellement lourds, des cas
problématiques, aux conséquences... Jamais ces
personnes-là ne pourront retrouver le même niveau de services dans
quelque formule que nos spécialistes de la
désinstitutionnalisation pourraient inventer en disant: Oui, ça
va être des foyers de groupe, avec des spécialistes de ceci et de
cela...
En conclusion, je voudrais que vous preniez cela très au
sérieux. Clair Foyer est une institution régionale, requise,
voulue, souhaitée. On en a besoin et enlevez-vous de la tête,
parce que je sais que vous l'avez, j'ai eu des prémonitions...
L'Étape et Clair Foyer "are not the same thing". Ce n'est pas pareil du
tout, ce ne sont pas du tout les mêmes affaires et penser que ces
gens-là pourraient aller à l'Étape, à Val d'Or,
parce qu'il y a encore là un collègue, et ainsi de suite, ce
n'est pas comme cela qu'il faut regarder les services en régions. Clair
Foyer, les parents vous l'ont dit, madame, le dernier rapport vous l'a dit, les
cliniciens vous l'ont dit... Ce n'est pas parce qu'une boîte peut avoir
des problèmes financiers de budgétisation, c'est une chose, je ne
nie pas ça... Je dis qu'on a besoin de cette boîte-là, elle
est fondamentale, essentielle, elle est bien située dans la
région, elle a une très bonne expertise pour les
multihandicapés. On veut la conserver, mais on veut que la ministre
parle, qu'elle s'exprime là-dessus rapidement pour sécuriser les
bénéficiaires, la population. Oui, cette institution a un
passé qu'on veut conserver, elle répond à un besoin et on
veut qu'elle puisse continuer à offrir ce qu'elle a toujours offert,
mais, là, ça va mal, c'est inquiétant, il y a une
démobilisation, il y a une insécurité qui ne peut plus
durer.
J'aimerais que vous me disiez au moins deux phrases là-dessus,
mais rapidement. Que vous veniez au Témiscamingue-Sud, vous êtes
toujours la bienvenue, vous êtes toujours la bienvenue, en Abitibi, mais,
si possible, pour venir donner une réponse sur ce dossier-là en
disant: Ne soyez plus inquiets, Clair Foyer est une institution qui va demeurer
parce que vous en avez besoin, elle a fait ses preuves et l'Abitibi a besoin
d'elle.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce que j'ai dit au
groupe de Clair Foyer quand ils sont venus me voir à Québec et
une autre fois quand je les ai rencontrés en Abitibi, c'est qu'il
n'était pas question qu'il n'y ait pas à la disposition de la
région une institution ou quelque chose s'apparentant à une
institution, disons, plus traditionnelle, pour les fins de la discussion, et
qu'à mon point de vue chaque région devrait conserver un
établissement qui permette de recevoir des cas extrêmement lourds,
et quelques lits devraient même servir de dépannage pour des
enfants ou des adultes qui sont ailleurs que dans leur famille, etc. Il reste
à examiner si le bâtiment de cette institution est trop grand. Je
pense qu'il y a de la cohabitation dans cette maison. Est-ce qu'il n'y a pas
autre chose dans cette maison à part... (16 h 15)
M- Gendron: Oui, il y a le CLSC de l'Élan qui vient d'y
prendre un peu de pieds carrés. Non, non, je ne veux pas parler, elle me
pose des questions.
Mme Lavoie-Roux: Et je pense que je les ai rassurés
là-dessus en leur disant qu'il n'était pas question qu'il n'y ait
plus de ce type de ressource dans la région. Il faut se demander si cela
restera grand édifice ou si ce sera dans un édifice plus
restreint. Je pense qu'on peut examiner cela en fonction des coûts et
d'une planification.
Quant au reste, il faut bien comprendre que cette opération a
été difficile. Comme vous le mentionniez, cela fait
déjà quelques années qu'il y a de la résistance. Je
puis vous assurer que des enfants ou de jeunes adultes qui ont besoin de ce
type de ressource n'en seront pas privés. Par contre, il faut bien
s'assurer - et c'est aussi le désir des parents - que, lorsque les
enfants peuvent vivre dans une ressource plus légère, on la mette
à leur disposition avec tout l'appui dont ils pourront avoir besoin,
comme cela a déjà été fait dans le cas de plusieurs
qui ont été désinstitutionnalisés dans cette
maison.
Le Président (M. Gervais): Tel que convenu, je vais
reconnaître le député de Laurier.
M. Sirros: Merci, M. le Président. Tout en constatant que
le député d'Abitibi-Ouest a outrepassé le mandat que lui
avait donné son "boss", comme il l'a appelé, en termes de temps,
et en constatant que le député de Laviolette est venu se joindre
à nous, j'imagine, pour le même genre de propos, je serais
disposé à poser le même geste envers le
député de Laviolette, M. le Président, en lui
cédant mon droit de parole pour l'instant.
M. Gendron: On va être obligé de vous envoyer une
carte de membre.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Gervais): Devant autant de
générosité vis-à-vis des régions, M. le
député de Laviolette, je vous reconnais.
Hôpital régional de la Mauricie et centre
hospitalier Laflèche
M. Jolivet: Mme la ministre, je ne vous parlerai pas de toute la
région 04, du secteur de Trois-Rivières, qui a connu ses
problèmes, de l'hôpital Cloutier de Cap-de-la-Madeleine, du centre
hospitalier Comtois à Louiseville. j'aurais pensé que les
députés de votre formation politique auraient posé les
questions pertinentes à ce sujet. Je ne vous parlerai pas non plus de
mon autre secteur, la Haute-Mauricie, en sachant...
Mme Lavoie-Roux: La député en a parlé
avant-hier...
M. Jolivet; ...qu'enfin la Haute-Mauricie a été
reconnue, il y a longtemps déjà, comme zone
éloignée a l'intérieur du bassin de la région 04,
donc, avec tous les avantages que cela comporte. On a eu ces batailles pour le
gaz; on les a eues dans l'éducation pour les prêts et bourses;
pour les affaires sociales, c'était déjà un acquis.
Je comprendrai donc que cela va continuer, mais je vais vous parler du
sous-centre ou de la sous-section, peu importe comment on l'appelle, la zone de
Shawinigan, Shawinigan-Sud, Grand-Mère et les environs, au sujet de
centres hospitaliers. J'aurais espéré que le député
de Saint-Maurice pose les questions, mais il n'est pas ici pour tes poser. Le
centre hospitalier régional de La Mauricie a reçu de la
visite...
Une voix: ...surtout pas.
M. Jolivet: ...pour des demandes qui doivent être
comblées, ainsi que le centre hospitalier
Laflèche-Grand-Mère concernant le troisième étage,
celui des soins prolongés.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Jolivet: Oui, j'ai compris.
Mme Lavoie-Roux: C'est avec le député de Joliette
que j'ai eu des distractions.
M. Chevrette: Je m'excuse, madame...
M. Jolivet: Donc, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Non, non, je m'excuse, madame. Je vous passe ma
demi-heure, exprès pour que le député de Saint-Maurice ne
vienne pas.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Donc, le centre hospitalier régional de La
Maurice qui doit procéder à la réfection de l'urgence,
à la suite du feu qu'il y a eu dernièrement et des
problèmes survenus durant la semaine de Pâques, et le centre
hospitalier Laflèche quant à son troisième étage
pour les soins prolongés. J'aimerais savoir si la ministre a
évolué depuis les réponses qu'elle nous a données
dans le milieu sur ces deux dossiers.
Mme Lavoie-Roux: Je vais m'informer parce que je n'ai pas... Le
centre hospitalier de Saint-Maurice...
M. Jolivet: ...régional de La Mauricie, c'est toute la
question du bloc d'urgence qui était en discussion. Entre-temps, il y a
toute la question du troisième étage du centre hospitalier
Laflèche, qui est l'agrandissement de 30 lits additionnels pour les
soins prolongés.
Pendant qu'on cherche, Mme la ministre, est-ce que je peux aussi vous
parler de la question des urgences à l'hôpital Laflèche?
Les médecins qui y ont travaillé et qui fournissaient les
services ont toujours été corrects, selon moi. Au lieu de se
servir de l'hôpital, il servaient l'hôpital. Dernièrement,
on a réussi à convaincre d'autres médecins de
l'extérieur. Cela n'a pas de bon sens, avec le nombre de médecins
qu'il y a là, que les urgences ne fonctionnent pas au moins sur une base
de 24 heures par jour, sept jours par semaine. Aux dernières nouvelles,
on a l'assurance que le mois de juin est comblé et, possiblement, le
mois de juillet. En fait, on a l'impression qu'à la suite de toutes les
pressions qui ont été faites, on va avoir un service d'urgence
convenable à Grand-Mère, avec des urgentologues qui vont
permettre de remettre certains patients à des omnipraticiens qui s'en
occuperont une fois qu'ils auront été -excusez le mot -
"dispatchés" dans l'hôpital, répartis dans
l'hôpital.
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être dû aux efforts du
député de Laviolette qui s'intéresse à ce
problème d'une façon assidue. Écoutez, il faut que les
députés fassent des choses pour leurs concitoyens.
M. Rochefort: Moi, je note qu'il arrive... Je prends juste note
de cela.
Mme Lavoie-Roux: J'ai toujours été une personne
positive, contrairement au député de Gouin.
M. Chevrette: C'est pour cela que je vous avais donné vos
deux CLSC.
M. Rochefort: C'est pour cela que vous avez fait carrière
dans l'Opposition pendant neuf ans et demi.
M. Chevrette: J'aimerais que vous en donniez aux autres.
Mme Lavoie-Roux: Le problème que
vous soulevez est réel et dont j'ai d'ailleurs discuté
avec le président de la Fédération des médecins
omnipraticiens. Il est fort conscient du problème dans le sens que vous
avez X omnipraticiens qui pratiquent en cabinet privé - on parle de
Grand-Mère, je vais éviter de les nommer parce qu'on l'a
déjà fait publiquement - à plusieurs autres endroits.
Finalement, vous vous retrouvez dans des régions où il y a 14,
16, 18 médecins et personne ne veut aller à l'urgence. Parfois,
les gens se demandent pourquoi il y aurait des mesures jugées
dictatoriales imposant à des gens de donner un certain nombre d'heures
de service dans un centre hospitalier. Personne ne l'a fait, mais je pense que,
si on peut les amener à le faire d'une façon volontaire, c'est
encore la meilleure formule. Il y a des situations... Vous avez parlé
tout à l'heure - je pense que cela a été corrigé -
du cas de Maskinongé, de Louiseville...
M. Jolivet: L'hôpital Comtois.
Mme Lavoie-Roux: Oui, l'hôpital Comtois où vous
aviez le même phénomène.
M. Jolivet: C'est cela. En fait, ce qui arrive, c'est qu'on est
dans une sous-région périphérique. Le problème qui
se pose, c'est que les médecins du centre hospitalier régional de
La Mauricie, dans bien des cas, à la suite de l'aide apportée
pour aller dans les régions éloignées, allaient
plutôt travailler là-bas, alors qu'ils demeuraient derrière
l'hôpital de Grand-Mère. Ils allaient travailler sur la
Côte-Nord plutôt que de travailler à l'hôpital de
Grand-Mère. Des problèmes comme celui-là, on en a connu
dans le passé. Cela se corrige lentement, mais il reste quand même
que c'est un des problèmes.
Pendant qu'on cherche, je vais vous présenter un autre dossier.
Je suis sûr qu'il n'y aura pas de réponse aujourd'hui parce que
vous ne vous attendiez pas à cette question, compte tenu du fait que
cela a été discuté hier. Je veux quand même vous le
soumettre pour avoir une réponse dans les jours qui viennent; c'est le
dossier du foyer d'accueil de Sainte-Thècle. Au mois de décembre
dernier, vous avez envoyé une lettre dans laquelle vous disiez que le
CRSSS était considéré comme la troisième
priorité dans la région. Mais, au chapitre des rénovations
fonctionnelles, on n'a pas de réponse malgré la dernière
qu'on a reçue de vous, qui indique qu'il est...
Mme Lavoie-Roux: À Sainte-Thècle, c'est
Grandes-Piles.
M. Jolivet: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Non? Ce n'est pas la même chose, cela.
M. Jolivet: Non. Sainte-Thècle, c'est de l'autre
côté de Saint-Tite - le festival western, en passant.
Une voix: Les cow-boys.
M. Jolivet: Pour ce qui est de Sainte-Thècle, votre lettre
du 19 décembre indique que vous suivez la nouvelle procédure
établie par le Conseil du trésor pour ses priorités, mais
que cela était prévu pour l'année 1987-1988. Les gens
veulent savoir où en est cette question.
Mme Lavoie-Roux: On va faire cette vérification.
M. le Président, je vais tenter de répondre pour deux cas:
l'hôpital régional de La Mauricie...
M. Joiivet: Le centre hospitalier régional de La Mauricie,
à Shawinigan-Sud.
Mme Lavoie-Roux: On me dit que la question du
réaménagement de l'urgence, parce que c'est de cela dont vous
avez parlé, n'est pas considérée comme un projet
prioritaire dans la planification du ministère. Par contre, dans le cas
du troisième étage de Laflèche-Grand-Mère, compte
tenu qu'il s'agit de lits de soins prolongés, ce projet-là
devrait normalement être mis à l'étude, s'il ne l'est
déjà. Est-ce que je vous avais dit dans la lettre qu'il
était à l'étude ou pas'?
M. Joiivet: Dans le cas du centre hospitalier
Laflèche-Grand-Mère, je dois vous dire que tout est
finalisé. On en est aux plans et devis, à ma connaissance; il
s'agissait simplement de décider quand on commence la construction.
À ma connaissance, au CH Laflèche, c'est très
avancé. On a eu l'accord au mois d'octobre 1985 pour aller en
préparation de plans et devis; cela a été envoyé
aux plans et devis et on est en négociation avec vous.
M. Chevrette: Les rénovations...
M. Joiivet: C'est cela. Non, c'est l'addition de 30 lits de soins
prolongés.
Mme Lavoie-Roux: À ce qu'on me dit, il n'est pas, au point
de vue de la réalisation, dans la planification de 1987-1988, mais il
pourrait être inscrit en 1988-1989.
M. Joiivet: En tout cas, quant à l'autre, concernant
Sainte-Thècle...
Mme Lavoie-Roux: Je m'informerai pour l'autre.
M. Jolivet: ...vous m'en donnerez des nouvelles demain?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Gervais): On va maintenant
reconnaître le député de Laurier.
M. Sirros: Merci, M. le Président. Avant de poser mes deux
questions, je me dégagerai peut-être d'un engagement que j'avais
pris auprès d'une collègue du parti de l'Opposition qui m'a
demandé de m'enquérir, si je le pouvais, de l'état de la
situation quant aux demandes qu'a faites l'hôpital Notre-Dame de Lourdes,
dans le comté de Maisonneuve, pour une rénovation. Si la
réponse n'est pas prête actuellement, ou si vous ne pouvez la
trouver tout de suite, on pourrait informer la députée de
Maisonneuve de l'état du dossier. Les deux questions...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas la réponse, parce qu'on a
passé toute la question des centres d'accueil il y a maintenant deux
jours. Alors, je n'ai pas ici les personnes qui...
M. Sirros: Mais je dois vous dire en toute franchise que
l'hôpital se trouve, d'après ce que j'ai pu constater, - dans un
besoin de rénovation assez urgent et; en ce qui concerne la situation
des bénéficiaires qui s'y trouvent...
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire là-dessus, M. le
député de Laurier, qu'on en retrouve...
M. Sirros: D'autres dans la même situation.
Mme Lavoie-Roux: ...dans le parc immobilier de la Santé et
des Services sociaux, un très grand nombre. Là, je ne veux pas
présumer de la situation è l'hôpital Notre-Dame de
Lourdes.
M. Sirros: Ce qui m'avait frappé simplement c'était
que les bénéficiaires étaient tous dans des salles
communes de 8 à 10 lits, sur un même étage, et très
avancés dans leur perte d'autonomie. Je ne savais pas qu'il y avait
d'autres hôpitaux dans la même situation. En termes de
priorité, cela m'avait frappé comme étant un endroit qui
aurait besoin d'être examiné.
Sous-budgétisation des hôpitaux
Voici ma question: Je sais que récemment l'AHQ a fait une
déclaration concernant la sous-budgétisation des hôpitaux,
etc. Comment la ministre réagit-elle face à cela?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, d'abord, l'AHQ, qui
reconnaît quand même les efforts importants que le gouvernement a
faits, le virage qu'il a accompli du point de vue du redressement de la
sous-budgétisation des hôpitaux, a fait une déclaration, il
y a peut-être un mois et demi ou deux mois, indiquant que les
hôpitaux se sentaient sous-budgétisés et qu'ils
réclamaient, entre autres, une budgétisation ou un coût du
système analogue à celui de l'Ontario, entre autres. Ils ont
parlé de 60 000 000 $ de sous-budgétisation et ils parlent
maintenant de 40 000 000 $ de sous-budqétisation. (16 h 30)
Une voix: C'est un progrès.
Mme Lavoie-Roux: C'est un progrès, c'est un tiers; si on
fait un tiers par...
Maintenant, nous avons examiné les représentations qu'ils
nous ont faites quant à leur sous-budgétisation et je sais qu'il
doit y avoir des rencontres - il y en a peut-être déjà eu,
il y en aura peut-être d'autres -avec des officiers de mon
ministère, parce qu'il y a certains de leurs chiffres... Par exemple,
quand ils nous disent que te coût du système de l'Ontario est de 3
%, je pense, en fait, qu'il est de 1,4 %, avec une croissance
démographique au moins deux fois plus élevée que celle du
Québec. Je pense qu'il faudrait peut-être pondérer, en
termes de sous-budgétisation, à cet égard.
Ensuite, il y avait des remarques. Par exemple, qu'on aurait dû
faire croître Ie3 crédits au niveau du produit intérieur
brut qui est de 7,8 %, alors que nos crédits croissent de 8,3 %. Nous
sommes au-dessus du taux de croissance du produit intérieur brut.
Ils nous disent également que, selon l'AHQ, il y a un
déficit de 25 000 000 $. Ils devront comprimer, en 1987-1988, pour 40
000 000 $. Je dois vous dire d'abord que le déficit que nous estimons
n'est pas de 25 000 000 $, mais de 15 000 000 $ et que ce déficit se
trouve concentré dans trois centres hospitaliers en particulier. Je
pense que c'est assez public, je peux le dire: I'Hôtel-Dîeu de
Montréal, le Royal Victoria et l'Hôpital qénéral de
Montréal, à eux seuls, sur les 15 000 000 $ sont "responsables"
-entre guillemets - de 10 700 000 $ de ce déficit global de 15 000 000
$, ce qui laisse 4 300 000 $, répartis entre un certain nombre d'autres
centres hospitaliers, mais pour des montants beaucoup moins importants. Dans
certains cas, c'est vraiment assez minime.
Il faudrait aussi tenir compte que le surplus, dans les centres
hospitaliers, à ce moment-ci, est de l'ordre de 13 000 000 $, pris
globalement. Quand on le met en opposition avec... Je comprends qu'il n'est pas
réparti de la même façon entre les hôpitaux, mais de
prétendre que, d'une façon
générale, certains avancés qu'ils ont faits, qui
ont été repris par le député de Gouin à une
couple de reprises... Cela nous apparaît peut-être comme
étant, pour ne pas utiliser de termes que je regretterais, une
perception qui n'est pas tout à fait celle qu'on devrait avoir.
Concernant ces surplus maintenant, l'an dernier nous les avons
laissés, en 1986-1987, nous les laissons en 1987-1988. Je pense que
ceci, comme je le disais à l'ouverture des crédits, c'est dans
l'esprit de responsabiliser les administrations, mais surtout de créer
chez elles, une motivation et une incitation à prendre leurs choses en
main et à vraiment arriver à un équilibre
budgétaire dans leurs institutions respectives.
Je voudrais également dire qu'il y avait un manque à
gagner qui aurait peut-être été plus important si nous
n'avions compensé les mêmes dépenses que j'ai
énumérées, l'autre jour, pour les centres d'accueil,
à savoir les dépenses imprévisibles ou imprévues
qui ont été celles de la CSST, des assurances, de la contribution
au Régime de rentes du Québec et de l'assurance-chômage,
pour un montant de 10 000 000 $ à 12 000 000 $ que nous leur avons remis
en février ou mars. Également, nous avons compensé la
différence de 1 % de l'indexation qui leur avait été
accordée en 1987 par rapport à l'indexation réelle, ce qui
fait que nous leur avons donné comme indexation, cette année, 5 %
au lieu de 4 %. Je pense que de3 efforts considérables sont faits de ce
côté-là. Et il y a d'autres variables dont ils ont
parlé sur lesquelles je ne veux pas revenir, mais qui, en tout cas,
devraient faire l'objet de discussions en collaboration avec l'Association des
hôpitaux du Québec. L'AHQ, par exemple, nous a dit que la
croissance moyenne était de l'ordre de 4 % pour 1986-1987 et 1987-1988,
alors que, dans la réalité, cette croissance moyenne est de
l'ordre de 7,3 %, soit 6,3 % en 1986-1987 et 8,3 % en 1987-1988. Ce sont
quelques éléments des représentations que l'Association
des hôpitaux du Québec a faites il y a un certain temps et qui
nous incitent à nous asseoir ensemble pour clarifier des choses qui
semblent confuses et l'image qu'elle a présentée, en dépit
des affirmations très positives qu'elle a faites à l'endroit du
gouvernement, aussi eu égard, non seulement aux injections importantes
d'argent en 1986-1987 et 1987-1988, mais également, par exemple,
à la vétusté des hôpitaux et à la reprise
d'un plan d'immobilisations qui s'attaque véritablement aux
problèmes les plus urgents par rapport à des hôpitaux qui
étaient en grand besoin d'attention. Il y a aussi cet effort
supplémentaire que l'on fait du côté des équipements
technologiques qui s'ajoute au montant qui, généralement,
était de l'ordre d'environ - évidemment on parlait toujours d'une
somme de 55 000 000 $, qui était vraiment spécifiquement pour le
développement de la technologie depuis plusieurs années - 3 500
000 $, 4 000 000 $, auxquels on ajoute 20 000 000 $ cette année.
Il est évident, comme je le dis souvent, qu'on pourrait
sûrement en ajouter; les gens se sentiraient encore plus à l'aise
et il y a encore des besoins qui pourraient être comblés. On
pourrait aller plus vite dans le rattrapage de la technologie, mais je pense
que ces mesures sont quand même très positives et que
l'Association des hôpitaux le reconnaît en grande partie, tout en
exprimant ses réserves. Probablement que c'est de bon aloi pour une
association d'établissements d'exprimer ses réserves. C'est en
gros la réponse que je pourrais vous donner.
M. Sirros: Dans tout ce que vous avez dit, on constate que le
budget des hôpitaux croît un peu au même rythme, mais plus
vite quand même, que le produit intérieur brut et pas mal plus
vite que l'inflation. Le déficit qui était à un moment
donné de 200 000 000 $, si je me rappelle bien...
Mme Lavoie-Roux: ...282 000 000 $.
M. Sirros: ...282 000 000 $ est maintenu rendu à 15 000
000 $ ou 25 000 000 $,
Mme Lavoie-Roux: Non, non, il faut faire attention.
Une voix: 160 000 000 $.
M. Rochefort: C'est trop facile là.
Mme Lavoie-Roux: ...sur quatre ans, il est maintenant...
M. Sirros: Sur quatre ans, est-ce qu'il serait de 60 000 000
$?
Mme Lavoie-Roux: En 1985-1986, il était de 160 000 000 $
la dernière année et, si nous n'étions pas intervenu avec
un redressement de base budgétaire et un coût de système de
160 000 000 $, les chances étaient grandes qu'il soit bien au
delà de 200 000 000 $ en 1986-1987, comme je l'ai déjà
dit, ce qui nous menait vers 500 000 000 $ de déficit accumulé,
ce qui ne pouvait pas être toléré parce qu'on aurait pu
parler du trou, sauf qu'on était bien conscient que le trou était
là. Ce n'était pas un trou pour nous autres, il était
rempli de déficits de l'ordre de 1 000 000 000 $.
M. Sirros Mais vous demeurez confiante à ce moment-ci que
toute l'opération, par exemple, par rapport à l'équilibre
budgétaire et à cette notion de
responsabilisation des administrateurs et des établissements,
pourra rester à l'intérieur de ce que la société
peut se payer. Cela aura un effet qui sera certainement là à
moyen et long terme.
Mme Lavoie-Roux: Bien...
M. Sirros: Parce que, à ma connaissance, cela a
été la première fois, par exemple, qu'on avait
avisé de façon claire les hôpitaux de leur budget au point
de départ et que les indications précises leur avaient
été données par rapport au respect qu'ils devraient avoir
de leurs budgets. L'opération d'équilibre budgétaire est
venue confirmer ça et faire en sorte qu'aujourd'hui on se retrouve avec
trois hôpitaux seulement qui n'ont pas pu, d'après ce que vous
avez dit...
Mme Lavoie-Roux: D'une façon très importante, il' y
a encore dans un nombre X d'hôpitaux... Il y a sept ou huit autres
hôpitaux qui ont des... Comme exemple, je peux vous donner
l'hôpital de La Sarre, 290 000 $, quoique, toute chose étant
relative... Mais ce sont des petits déficits qui, normalement,
pourraient...
M. Sirros: ...
Mme Lavoie-Roux: ...avec le coût de système et ainsi
de suite, se redresser.
M. Sirros: Oui, d'accord. Et vous avez introduit le coût de
système. Est-ce que vous pourrez nous indiquer brièvement comment
se fera le partage du coût de système pour les centres
hospitaliers?
Mme Lavoie-Roux: Pour les centres hospitaliers, c'est un
coût de système de 1 %. Pour les centres universitaires, le
coût de système est de 1 %; pour les hôpitaux non
universitaires - appelons-les des hôpitaux intermédiaires, si on
veut - le coût de système est de 0,7 %; dans le cas des centres
hospitaliers pour convalescents, c'est 0,4 % et dans les centres hospitaliers
psychiatriques, c'est 0,4 % également.
Si on reprend le 1 % des hôpitaux universitaires, ce 1 % se
répartit comme suit: 0,25 % attribuable à l'augmentation de
volume. C'est pour l'ensemble des hôpitaux; on a tenu compte du 1 et du
7, mais cela se répartit comme ceci, peu importe la fraction qui est la
leur: 0,25 % pour le volume; 0,50 % pour la technologie et 0,14 % pour les
médecins en régions éloignées, ce qui nous a
laissé... En fait, c'est ça, le partage du coût de
système. C'est vraiment volume et technologie dans le cas des
régions éloignées, là où il y a des
médecins qui occasionnent des dépenses supplémentaires,
soit en personnel de soutien ou autres. Cela représente 5 000 000 $.
M. Sirros: M. le Président, sur cette note optimiste, je
proposerais, à moins que le député de Gouin n'ait d'autres
questions sur cet aspect, d'adopter les crédits de ce volet.
M. Rochefort: M. le Président, je ne sais pas si la
réunion entre la ministre et son adjoint parlementaire est
complétée. Peut-être qu'on va pouvoir poursuivre. Sur
ça, je suis d'accord.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Au programme 3, est-ce
qu'il y a d'autres questions?
M. Rochefort: M. le Président, ce que je
souhaiterais...
Le Président (M. Bélanger): Un instant. M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Cela fait plusieurs fois que le député
de Gouin fait référence à des réunions entre
l'adjoint parlementaire et la ministre. Je veux juste l'assurer que je suis
certain et convaincu qu'il ne veut pas tellement savoir les bonnes choses qui
se font dans le réseau et que je suis certain que les autres membres de
la commission apprécient que je pose certaines questions que... Sans
ça, on aurait une vue...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier...
M. Sirros: ..."distorsionnée".
Le Président (M. Bélanger): ...je dois vous
interrompre. Ce n'est pas une question de règlement et ce n'est
pas...
M. Rochefort: Je m'excuse, M. le Président. Vous allez
sûrement me permettre de dire que, non seulement le député
de Laurier ne suit pas ces dossiers comme adjoint parlementaire au
ministère, mais qu'en plus...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Rochefort: ...s'il avait été ici jeudi matin, il
aurait su qu'on a posé les mêmes questions et qu'on a fait cette
discussion des problèmes...
Mme Lavoie-Roux: Sûrement très en partie, M. le
Président.
M. Rochefort: M. le Président, moi, j'ai
posé des questions et j'ai eu les réponses qu'on voulait
me donner. Je ne sais pas si, après coup, on a décidé d'en
donner plus qu'il ne fallait, qu'on n'en a demandé. M. le
Président, ce que je proposerais si la ministre est d'accord... Il nous
reste une heure. C'est bien le cas?
Le Président (M. Bélanger): Exactement.
Précisément.
M. Rochefort: Bon. La ministre est d'accord. Il y a quand
même d'autres sujets que je veux aborder, notamment, autour du Conseil
des affaires sociales et de la famille. Si on était d'accord pour
suspendre le programme 3 et passer les autres sujets et, s'il reste du temps,
on complétera. Moi, j'ai encore des questions au programme 3. Même
mon collègue de Dubuc en a. S'il reste du temps, on complétera.
Sinon, tel qu'entendu, à 17 h 45 on adoptera les crédits.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Lavoie-Roux: Je vais laisser les membres décider. Mais
il me semble que ça fait assez longtemps qu'on est au programme 3 qu'on
devrait compléter.
M. Rochefort: Non, mais c'est quoi, le problème?
Mme Lavoie-Roux: Bien...
M. Rochefort: II reste au plus une heure de travaux de
commission.
Mme Lavoie-Roux: À votre guise. M. Rochefort: Bon,
merci. Le Président (M. Bélanger): Est-ce... Mme
Lavoie-Roux: Je suis habituée.
Le Président (M. Bélanger): ...qu'on suspend
l'étude du programme 3 et on passe au Conseil de la famille et...
M. Sirros: Est-ce que c'est proposé, M. le
Président, par le député de Gouin?
Le Président (M. Bélanger): C'est une proposition.
Est-ce que j'ai votre consentement? (16 h 45)
M. Sirros: M. le Président, je constate aussi que la
présidente du conseil des affaires sociales est ici et pour autant
qu'elle a l'engagement qu'avant 17 h 45 ou 17 h 48, pour être plus exact,
on aura terminé l'ensemble de ces programmes-là, on pourrait
donner notre consentement, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Il y a eu
entente dès le départ que tous les crédits seraient
adoptés. Donc, il n'y a pas de problème là-dessus.
M. te député de Gouin, vous avez le consentement des
membres et on passe au conseil de la famille.
Direction et coordination régionale
Conseil des affaires sociales et de la famille
M. Rochefort: Je vous remercie, M. le Président. Dans un
premier temps, on me permettra de saluer la présence parmi nous de Mme
Blanchet, présidente du Conseil des affaires sociales et de la
famille.
M. le Président, ma première question s'adresse à
la ministre. On sait qu'il a circulé un certain nombre
d'hypothèses de travail, pour le moins, quant à ce qui devrait
arriver du Conseil des affaires sociales et de la famille. On va partir du plus
gros et on va réduire progressivement. On se souviendra que le
président du Conseil du trésor, dans le rapport bien connu
aujourd'hui, que l'on appelait le rapport des sages à l'époque,
proposait que le conseil soit aboli. Deuxièmement, dans une des versions
qui a circulé à l'époque de la révision de
l'orqanigramme du ministère, il était prévu qu'en bonne
partie le Conseil des affaires sociales et de la famille serait
intégré à un autre ministère. On a maintenant un
projet de loi qui a été déposé par le
collègue de La ministre, membre du même gouvernement, ministre de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, dans le cadre d'une
reconstitution, si vous me passez l'expression, de l'ancien conseil consultatif
du travail et de la main-d'oeuvre, et qui serait finalement un conseil
consultatif - je ne prends pas les termes nouveaux, mais ceux de
l'époque - du travail, de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu, donc, dans lequel on intégrerait des
fonctions actuellement exercées par le Conseil des affaires sociales et
de la famille selon sa loi constitutive.
M. le Président, on sait, d'autre part, que, dans le cadre des
travaux et des réflexions menés chez la ministre eu égard
à l'éventuelle politique familiale, il y a des réflexions
qui ont trait au rôle qu'effectivement jouera l'éventuel
secrétariat à la politique familiale par rapport à des
mandats actuellement dévolus au Conseil des affaires sociales et de la
famille.
M. le Président, devant tout cela, j'aimerais que la ministre
nous indique ses décisions quant au râle, aux
responsabilités, aux fonctions et surtout quant à l'avenir du
Conseil des affaires sociales et de la famille,
compte tenu de tout ce qui a circulé depuis un an, un an et demi,
au sujet de ce conseil.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la question du
député de Gouin est bien fondée.
M. Rochefort: Merci. Qu'elle soit notée.
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu de toutes les nouvelles qui ont
circulé ou qui existent dans les faits, je vais relever deux points
immédiatement. Concernant la question de la consultation ou des
décisions qui devront être prises touchant les structures
reliées à l'éventuelle adoption d'une politique familiale,
il n'y a pas de décisions de prises parce qu'elles seront prises au mois
d'août, mais on peut penser que peut-être ce volet "conseil de la
famille" pourrait éventuellement être intégré
ailleurs. Deuxièmement, en ce qui a trait au dépôt du
projet de loi du ministre du Travail dans lequel il intègre la partie du
conseil qui était reliée à la sécurité du
revenu et au travail, c'était un volet qui, pour des raisons que je peux
juste imaginer... Par exemple, le fait que la sécurité du revenu
de toute façon soit passée au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu à un moment
donné n'avait pas été, du moins dans les dernières
années - je demanderai à la présidente de me corriger si
je fais erreur -un volet sur lequel on s'était arrêté quant
à des préoccupations de recherche ou autres selon des
circonstances sur lesquelles Mme Blanchet pourrait élaborer.
C'est exact qu'il y a quelques mois maintenant, ou même plusieurs
mois, des volontés avaient été exprimées par
certaines études, faites pour l'ensemble du gouvernement, pour qu'on
réduise le nombre d'organismes, que ce soient des organismes conseils,
des offices, des régies ou autres. À ce moment-là, le
Conseil des affaires sociales et de la famille, tout aussi bien que d'autres
organismes conseils du gouvernement dans d'autres ministères, avait fait
l'objet d'un examen pour déterminer s'il devait continuer d'agir comme
organisme conseil, être aboli, ou être intégré
ailleurs, ou si une formule de rechange pourrait être trouvée pour
ces conseils.
Dans le cas du Conseil des affaires sociales et de la famille, on sait
que, depuis les dernières années - et quand je dis depuis les
dernières années, on pourrait parler de cinq ou six ans - les
travaux du Conseil des affaires sociales et de la famille ont été
de plus en plus axés vers ce que j'appellerais des études
épidémiologiques et aussi vers la promotion de la santé.
Cela me donne l'occasion de dire en passant que, probablement au Québec
ou certainement à l'intérieur du ministère, nous devons
reconnaître le travail de pionnier très efficace que le conseil
des affaires sociales a accompli dans le domaine de la promotion de la
santé, je dirais, en le mettant véritablement sur la carte. On
parle parfois longtemps de choses, de bons principes et de grandes vertus, mais
on ne les actualise pas toujours et je pense que cela s'applique à
quelque gouvernement que ce soit. De ce côté-là, cela
devient un élément de plus en plus important dans une politique
générale de la santé, tout cet aspect de la promotion; que
ce soit par les travaux sur Objectif: santé ou d'autres travaux, le
conseil des affaires sociales a vraiment joué un rôle très
important.
Par contre, avec la création de cette Direction
générale de la santé publique et de la promotion de la
santé à l'intérieur du ministère, qui existait
à l'état assez latent pendant un bon nombre d'années, mats
qui, aujourd'hui, reprend une place importante, nous nous sommes
interrogés à savoir s'il y a moyen d'associer les deux en ce qui
a trait à la promotion de la santé ou si on laisse les choses
courir comme elles sont. À cet égard, je dois vous dire que cette
réflexion se poursuit. En ce qui a trait à la famille, depuis les
dernières années, encore une fois, peut-être les deux ou
trois dernières années, sauf certaines initiatives qu'il a
lui-même prises dans ce domaine, plus récemment, par exemple, dans
son travail sur une fiscalité familiale plus juste et à
l'occasion de quelque mandats que je lui ai donnés, le conseil des
affaires sociales s'était écarté de la famille pour mettre
l'accent sur la promotion de la santé, comme je le disais tout à
l'heure.
Le député de Gouin ajoutait qu'il y avait aussi la
commission Rochon qui...
M. Rochefort: Je n'en ai pas parlé...
Mme Lavoie-Roux: Vous n'en avez pas parlé.
M. Rochefort: ...mais je vais trouver cela intéressant de
vous entendre aussi sur ce nouveau volet.
Mme Lavoie-Roux: C'est un autre élément qui entre
dans le portrait total des organismes relevant du ministère de la
Santé et des Services sociaux. La commission Rochon se penche sur les
organismes existants et examine aussi la possibilité soit de modifier la
vocation actuelle, soit de penser à un conseil sous une autre forme.
Enfin, je ne suis pas dans les secrets des dieux, mais, compte tenu de tous ces
volets: la politique familiale qui n'est pas encore totalement
complétée, les travaux de la commission Rochon, l'accent, mis
à l'intérieur du ministère, dans la Direction
générale de la santé publique et de la promotion de la
santé auxquels viennent s'ajouter les travaux de cette commission
Rochon, à ce moment-ci, je pense que le plus sage serait
d'attendre ces différents éclairages et ces différentes
décisions. Le Conseil des affaires sociales et de la famille poursuit
ses travaux jusqu'à ce qu'une décision ultérieure soit
prise dans un sens. Je dois dire que cela m'étonnerait que le conseil
puisse garder les deux volets qu'il a présentement. Est-ce qu'il
pourrait être modifié dans un autre sens selon des recommandations
de la commission Rochon? C'est à l'état d'étude, et
j'attends les résultats.
M. Rochefort: M. le Président, je pense que, dans sa
réponse, Mme la ministre a invité un peu Mme Blanchet à
compléter s'il y avait lieu. Je pourrais...
Mme Lavoie-Roux: J'avais l'impression que des
éléments que je donnais, sur le plan strictement historique,
n'étaient pas tout à fait exacts.
Mme Blanchet (Madeleine): Madeleine Blanchet, présidente
du Conseil des affaires sociales et de la famille. Je pense que Mme la ministre
a assez bien retracé un peu la vie et les mandats qu'a reçus le
conseil au cours des cinq ou six dernières années. Dans le
domaine de la sécurité du revenu, il faut maintenant remonter
à M. Claude Castonguay, au temps où le ministère des
Affaires sociales comportait les volets de la santé, des services
sociaux et de la sécurité du revenu. Le mandat, la mission
"sécurité du revenu" a été transférée
à un ministère dont le titulaire est actuellement M. Paradis,
ministère qui a porté divers noms au cours des dernières
années, sans qu'on ne modifie nullement le mandat du conseil, ni le nom,
ni quoi que ce soit. De sorte que nous n'avons jamais considéré
que ce secteur était exclu. Nous avons fait des travaux qui, sans porter
nécessairement sur les assistés sociaux, étaient quand
même très près des questions de pauvreté. Et un des
derniers auquel la ministre a fait allusion dans "Pour une fiscalité
familiale plus juste", faisait justement état du fait que, si on
adoptait de façon définitive, au Québec, le système
des exemptions fiscales, comme modèle pour rendre la fiscalité
plus juste, les familles les plus démunies risquaient d'en souffrir.
Donc, à divers moments, dans son histoire et au cours de la
dernière année, dans le domaine de la promotion de la
santé également le conseil a voulu traiter de la question des
inégalités. Les questions de sécurité du revenu
peuvent difficilement - et cela, j'aimerais le dire - être
dissociées complètement d'un domaine tel que celui de la
santé et des services sociaux.
Également, dans le domaine de la famille, à cause des
liens très étroits entre les conditions dans lesquelles vivent
les familles et les problèmes de santé mentale, entre autres, et
de santé physique également, c'est difficile, surtout si on se
situe dans une optique préventive, d'essayer de dissocier ces deux
secteurs. C'est ce que nous avons fait valoir à la ministre lorsqu'il a
été question d'appliquer des scalpels et de faire
disparaître des bouts de mandat. Donc, le futur opéré a
posé des questions et les membres du conseil étaient très
à l'aise de traiter des questions qui sont les grands
déterminants de la santé et qui ont trait à
l'évolution de la famille au Québec aussi bien qu'aux questions
de pauvreté et d'inégalité.
Cela dit, la décision me paraît davantage administrative
que fondée sur des concepts, sur des idées. Qu'un
ministère qui porte le nom de ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu veuille avoir un organisme consultatif qui
porte sur ces trois mandats, cela me paraît absolument logique. C'est une
logique administrative. De même, est-ce que les structures qui y
présideront et qui seront mises en place pour l'implantation d'une
politique familiale comporteront un organisme consultatif? Je pense que la
ministre n'en a pas vraiment fait état. Alors, de mon côté,
je ne le ferai pas non plus. (17 heures)
Néanmoins, je voudrais dire que le Conseil des affaires sociales
et de la famille a essayé de maintenir un équilibre entre ces
trois qrands champs d'action, toujours dans une optique de population, champs
qui sont finalement très reliés à la santé et aux
services sociaux. Nous ne voulons pas non plus préjuger des
décisions de la Commission d'enquête sur la santé et les
services sociaux. Nous avons nous-mêmes présenté un
mémoire à cette commission, nous entretenons des liens
étroits avec cette commission et nous voulons être participants
des décisions qui seront prises. Je pense que le conseil a
été un pionnier dans certains domaines, je suis heureuse de
l'entendre. Il faut penser que les conseils, en réalité, sont
toujours des précurseurs. Cela n'a pas vraiment d'importance qu'un
ministère ait les mêmes titres, qu'il existe des services ou des
directions de promotion de la santé. Les avis qui seront donnés
par un conseil ne seront pas de même nature que les études qui
seront faites dans ces différentes instances de l'administration et qui
auront toujours pour but d'établir des normes, de faire une
législation qui protège la santé du public. Je terminerai
cette première partie de l'exposé là-dessus et je pense
que les conseils sont des lieux de réflexion pour l'avenir. À ce
titre, il faudrait faire attention de ne pas trop restreindre les mandats, de
les enfermer vraiment dans des petits tiroirs et de dire: On sort ce tiroir et
voici ce que vous avez à faire. Personnellement, j'ai beaucoup
apprécié, d'une part, les mandats très larges qui
nous ont été confiés par les ministres successifs et
auxquels nous avons essayé de répondre dans toute la mesure du
possible avec, il faut le dire, de très petits effectifs. Nous sommes
parmi les petits conseils, les petits budgets.
M. Rochefort: Combien d'effectifs avez-vous et quel est votre
budget?
Mme Blanchet: Le budget actuel est de 774 000 $ et les effectifs
sont de 15 postes.
Mme Lavoie-Roux: Les budgets prévus pour 1987-1988 sont de
777 000 $.
M. Rochefort: Deux petites questions, M. le Président,
à Mme Blanchet, si la ministre le permet. Dans un premier temps, est-ce
que le fait que le domaine de la sécurité du revenu a
quitté, d'une part, l'ancien ministère des Affaires sociales,
qu'il se soit promené un petit peu sans que votre mandat n'ait
été modifié, a posé un problème, à
votre avis?
Mme Blanchet: Nous avons toujours l'habitude de travailler de
façon réaliste. On a regardé le contexte au Québec
et on ne s'est pas senti obligé, parce que cela allait dans un autre
ministère, de ne jamais y faire allusion ou de ne pas en tenir compte du
tout. Il est bien certain que, parmi les déterminants de la
santé, les questions de pauvreté sont tout à fait
fondamentales. On ne pouvait pas passer à côté de la
question; il en est de même des questions qui ont trait à la
famille. Je dirais que, même s'il y a des mandats qui vont à
d'autres organismes et des missions qui doivent être accomplies par
d'autres, je pense qu'il restera toujours très important de ne pas
passer à côté des explications les plus fondamentales. Et
je pense que nous manquerions à notre mission si nous donnions des avis
qui excluraient toute considération autre que celles qui auraient trait
très précisément à la santé et aux services
sociaux, au sens des organismes de santé et des services sociaux. C'est
la façon dont notre conseil a compris ses mandats jusqu'à
maintenant.
M. Rochefort: Deuxième question, M. le Président:
Est-ce que je dois comprendre que le conseil a produit - je n'appellerais pas
cela un avis, parce que quand le conseil produit des avis c'est sur autre chose
- un genre de note à l'intention de la ministre, compte tenu de toutes
les hypothèses qui ont circulé quant à sa mission, quant
à son mandat et quant à son avenir, ou est-ce que cela s'est fait
tout simplement dans le cadre d'un échange verbal?
Mme Blanchet: II y a eu un échange verbal, mais une note a
également été envoyée.
M. Rochefortî Est-ce que la ministre accepterait que cette note
soit mise à la disposition des membres de la commission?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je n'y ai pas d'objection.
M» Rochefort: Vous n'avez pas d'objection, merci. M. le
Président, quelques questions à la ministre compte tenu des
échanges qu'on a. Je comprends que la ministre est membre du même
Conseil des ministres que le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et que le projet de loi a été
déposé au nom du gouvernement, mais est-ce que je dois comprendre
qu'en conséquence la ministre est d'accord pour qu'on retire le volet de
la sécurité du revenu du conseil?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que, là-dessus, selon
les échanges que j'avais eus avec la présidente du Conseil des
affaires sociales et de la famille, la perception que j'avais eue, c'est que
c'était un volet sur lequel on s'était moins arrêté
dans les dernières années. Quand je parle des dernières
années, est-ce deux ou trois ans? C'était vraiment l'impression
que j'avais. En fait, si, d'une part, on est revenu avec un ou deux sujets sur
la famille, les efforts du conseil ont porté, dans les dernières
années, sur la promotion de la santé dans un sens large. Devant
ces choses, il ne m'est pas apparu comme étant une chose essentielle que
le volet de la sécurité du revenu soit retenu par le ministre du
Travail.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que, compte tenu de
la réponse que la ministre vient de me donner et de la réponse
plus générale qu'elle a donnée à ma question
d'introduction qui, elle aussi, était générale, on ne
s'achemine pas vers - je prends l'expression, mais sans vouloir y donner une
portée de haute dimension - un genre de démantèlement du
conseil où on va aboutir à une sectorisation très
restreinte du mandat, du rôle du conseil un peu calquée sur les
différentes fonctions qouvernementales? La sécurité du
revenu, chez le ministre, la famille peut-être s'en ira, nous a-t-on dit
-ce n'est pas une décision annoncée, mais c'est une chose qui est
envisagée - à l'éventuel secrétariat à la
politique familiale? On ne sait pas trop ce que la commission Rochon pourra
nous dire là-dessus. En fin de compte il ne restera que les questions de
promotion de la santé au conseil et, comme un plus un fait deux, on
enverra cela directement à la direction de la santé publique et
de la prévention. Je pense que vous appelez cela comme ça.
Mme Lavoie-Roux: La santé publique et la promotion de la
santé.
M. Rochefort: ...santé publique et promotion de la
santé.
M. le Président, il me semble qu'une telle approche fait en sorte
qu'il n'y aura plus cette fonction d'un organisme, d'abord, disons-le tel qu'il
est, indépendant. Un organisme qui, quotidiennement, n'a pas à
recevoir de mandats ou à demander la permission. Il peut recevoir des
mandats, mais il n'a pas à demander la permission. Il y a un chapitre
d'une loi qui décrit très bien, en long et en large, son mandat,
qui est d'ailleurs un mandat assez ouvert, assez large, et je le reconnais
d'emblée. Mais, justement, il peut s'asseoir et regarder des
problématiques en y intégrant les différents volets, les
différentes facettes et en les prenant un peu détachés du
train-train quotidien. Ce n'est pas le nez collé sur les arbres, c'est
avec une bonne vue de la forêt.
Je me dis que, et je suis très sincère quand je dis cela
à la ministre, compte tenu de ta grande sensibilité qu'elle a
toujours eue par rapport à tout le travail qui avait été
fait dans Objectif: santé et, par la suite, dans la santé au
Conseil des affaires sociales et de la famille, je suis un peu surpris qu'elle
laisse aller ou participe à ce démantèlement - je prends
cette expression ce n'est pas cela que je souhaiterais prendre, mais c'est un
peu cela - et à cette sectorisation...
Mme Lavoie-Roux: Morcellement.
M. Rochefort: Morcellement, merci ...et à cette
sectorisation très stricte, très restreinte du mandat du conseil,
alors qu'on sait très bien - et je l'ai dit dans mes notes
d'introduction à l'étude des crédits, j'y crois
fondamentalement et je pense que là-dessus la ministre était,
auparavant, sur cette longueur d'ondes - qu'il y a des déterminants qui
jouent un rôle direct, très fort sur l'état de santé
des gens, notamment les conditions sociales dans lesquelles ils
évoluent, entre autres à partir des problèmes de
pauvreté qu'ils vivent.
Je pense que, si on ne conserve pas un organisme, d'abord, je le
répète, indépendant, deuxièmement, un organisme
assez autonome, troisièmement, un organisme qui a pour mission, pour
mandat d'intégrer toutes les facettes qui ont un effet sur l'état
de santé général et qui ont un effet aussi sur des
problématiques de santé qui doivent être celles auxquelles
on va travailler au cours des prochaines années - de plus en plus, je le
souhaite - ce qu'on fait, c'est qu'on abolit le conseil. Ce n'est pas vrai
qu'en lui retirant des éléments de son mandat il va pouvoir
continuer de nous donner des avis de la qualité et de l'envergure de
ceux qu'on a reçus jusqu'à maintenant.
J'avoue que je ne suis pas agacé par le fait que vous me disiez
que, peut-être, depuis un an ou deux, il n'y a pas eu beaucoup de choses
qui ont été directement reliées à la
sécurité du revenu. Quand je lis Objectif:santé, dans mon
esprit, la dimension de la sécurité du revenu y est parfaitement
intégrée, parce qu'y sont présents, comme effets
déterminant l'état de santé des gens, les problèmes
de revenu qu'on rencontre et tout cela. En ce sens-là, je veux dire
à la ministre combien je souhaite qu'on prenne le temps qu'il faut pour
réviser cette question et on n'est sûrement pas à 1 $
près: 774 000 $, 15 postes... Là-dessus, en tout cas, la ministre
ne m'entendra jamais chialer, bien au contraire.
M. le Président, il me semble qu'on a un organisme qui a
donné des résultats assez extraordinaires jusqu'à ce jour
- je veux joindre ma voix à celle de la ministre qui le disait
tantôt - et qui sont extrêmement utiles. Je suis aussi bien de
poursuivre mon raisonnement et la ministre pourra réagir tout de go.
J'irais même jusqu'à dire qu'on devrait même ajouter
quelque chose dans la Loi sur le Conseil des affaires sociales et de la
famille, quelque chose à peu près comme ceci: que dans un
délai, qui pourrait être de six, dix ou douze mois, après
la présentation d'un avis au gouvernement, le ministère de la
Santé et des Services sociaux ait la responsabilité, l'obligation
de rendre publiques les décisions qu'il a prises en fonction de l'avis
qui lui a été présenté. Je reqarde le dernier avis,
par exemple, qui nous a été fourni par le conseil quant à
l'état de santé relatif à l'exercice physique, à
l'activité physique. Il me semble, si on ne veut pas que ce soient
seulement des recommandations pour des recommandations ou des réflexions
pour des réflexions, qu'il serait intéressant que, dans la loi
même, l'obligation soit faite au ministère, dans un délai
de six, dix ou douze mois, de rendre publies le plan d'action, les
décisions qu'il a prises découlant de l'avis qui a
été fourni par le conseil. Cela donnerait un rôle encore
plus important au conseil et cela mettrait encore plus de pression sur le
gouvernement pour être sûr qu'il va donner des suites
concrètes ou qu'il justifiera publiquement, ce qui est légitime,
qu'il ne donne pas suite à certains avis, à certaines
recommandations. Cela permettrait peut-être, dans bon nombre de cas, au
gouvernement, au ministère, d'ajuster encore plus vite son action
à une réalité qui est celle observée par le
conseil.
Je dirai que jusqu'à maintenant j'ai le sentiment que le conseil
suit très vite l'évolution que connaît notre
société, notamment quant à ses problèmes de
santé pris au sens large. En ce sens-là, j'ai l'impression qu'on
aurait avantage à essayer
de prendre le train, à se donner les mécanismes qui nous
permettent de suivre un peu un rythme, dans la mesure du possible, comparable
à celui du conseil.
Donc, le message du discours que je tiens, M. le Président, est
bien le contraire de celui d'aller dans le sens de ce qui semble vouloir se
développer, mais, d'abord, dans le sens du maintien du conseil avec
toutes ses dimensions, avec l'ensemble du mandat qu'il a. Sinon, je suis
convaincu, et c'est la conclusion à laquelle en arrivera la ministre ou
tout ministre qui lui succédera dans les prochaines années, que
cela va finir par être aboli. Au contraire, on devrait ajouter cette
disposition dans la loi, M. le Président, pour faire en sorte qu'on
décide d'aller un peu plus loin et qu'on se mette une pression
additionnelle pour que cela aille au-delà de la portée
déjà importante qu'ont connue les différents avis que le
conseil a préparés jusqu'à maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Le député veut que je
réagisse. Le point qui m'apparaît le plus important des
réflexions qu'il vient de nous livrer, c'est celui relatif à la
dimension conseil, c'est-à-dire dans le sens du détachement ou
d'une vision des choses qui est peut-être moins immédiatement
reliée à l'action quotidienne et qui permet cette prise de
distance, si on veut, entre la vie de tous les jours d'un ministère
et... Maintenant, c'est peut-être l'élément le plus
important, mais ce qu'il faut quand même réaliser, je l'ai
mentionné tout à l'heure, c'est qu'il y a la commission Rochon
qui, je sais, se penche sur cette question: Est-ce qu'il devrait y avoir un
organisme-conseil pour le ministère de la Santé et des Services
sociaux? Une chose est certaine, c'est que, dans l'état actuel des
choses, il faut quand même que nous tenions compte de tout ce qui est en
place présentement. (17 h 15)
Par exemple, le Conseil québécois de la recherche sociale
a aussi des fonctions de recherche. On fait actuellement une révision de
toutes les recherches faites par le conseil depuis X années afin de voir
si, vraiment, il atteint les objectifs de recherche sociale dans le sens
sociologique du terme et non pas.» Je sais qu'il a fait des recherches,
par exemple, sur les apprentissages d'ordre psychologique, etc., qui
m'apparaissent... Je ne dis pas que c'est la majorité de leurs
études. On est en train de faire le bilan de cela. Je pense qu'on a
là aussi une ressource qui m'apparaît importante et dont on ne
peut faire abstraction.
Dans le cas de ta famille, une chose est certaine: Sans vouloir dire ce
qui sera retenu ou non, on peut imaginer que, de ce côté, il y ait
un organisme conseil; sans l'annoncer de quelque façon que ce soit en
tout cas, on peut l'envisager. Il reste que, dans les dernières
années, l'orientation du conseil des affaires sociales, qu'on le veuille
ou non, a été vraiment axée... Je pense que cela a
été heureux, je le disais tout à l'heure. Cela a
été vraiment un élément dynamique dans la question
de la promotion de la santé.
La promotion de la santé, on peut aussi la concevoir de
différentes façons. On peut la concevoir à partir
d'études épidémiologiques fort importantes comme celles
qui ont été faites par le Conseil des affaires sociales et de la
famille. On peut aussi la concevoir comme ayant un rayonnement plus qrand, si
elle se situe à l'intérieur du ministère qui, lui, a des
contacts avec l'ensemble des établissements du réseau qui doivent
se préoccuper et être pénétrés de ces
réalités.
Il y a toutes sortes de facteurs qui entrent en ligne de compte dans une
décision comme celle-là. Mais l'aspect qui m'apparaît le
plus important, c'est la fonction de donner des avis, oublions pour un moment
les objets du conseil. C'est peut-être l'élément de tout ce
débat le plus important à mes yeux, compte tenu de la distance
face à un ministère aussi considérable que
celui-là. Là-dessus, j'attends les avis de la commission
Rochon.
Encore une fois, je pense qu'on a la responsabilité - je le
disais ce matin pour les départements de santé communautaire
où, souvent, les études épidémiologiques se
recoupent entre elles ou encore avec d'autres types de recherches qui se font -
de s'assurer qu'on n'ait pas parallèlement des opérations - si
elles se rejoignent ce n'est pas si mauvais - qui peuvent se
répéter. Je vous dis que la raison qui me fait attendre la prise
de décision, c'est l'arrivée de la commission Rochon dans ce
domaine particulier.
Je voudrais revenir sur le dernier élément que vous avez
apporté, celui d'élarqir, peut-être, la loi même et
qu'il y ait une obligation pour le ministère ou le ministre, peu
importe, de faire part de ses réactions dans un laps de temps
raisonnable à un avis qui viendrait du Conseil des affaires sociales et
de la famille. Écoutez, je me demande si même le ministère
de l'Éducation est tenu à une telle réaction, alors qu'il
a créé un conseil à partir d'une loi qui lui est propre et
qu'on lui a donné un mandat encore plus précis, même de
chien de garde de l'éducation, dans le temps. À ma connaissance -
il faudrait que je vérifie - je ne crois pas qu'il crée une
obligation pour un ministre de réagir à un avis qu'il lui donne.
Évidemment, s'il demande un avis, je pense qu'à ce
moment-là il doit normalement se sentir plus lié, surtout que les
avis du conseil sont aussi rendus publics, mais je ne suis pas sûre que
cette contrainte additionnelle modifierait le comportement du
ministère ou d'un autre ministère. C'est une proposition
qui est peut-être envisagée, voir quelles en seraient les
répercussions. Mais ma première réaction est que, lorsque
le conseil émet des avis valables, normalement un ministre doit tenter
d'en intégrer les résultats dans son action
générale et si c'est relativement un domaine particulier
d'intégrer les recommandations qui peuvent être
intégrées dans l'action qu'il entreprend.
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu du temps - il
me reste une vingtaine de minutes - j'ai deux commentaires à faire. Dans
un premier temps, je veux dire à la ministre que la fonction-conseil,
pour moi, est tout aussi importante que les autres points que j'ai
soulevés, notamment quant à l'envergure du mandat; pour moi, je
le répète, M. le Président, d'autant plus que je dois
rappeler à la ministre que, même si la coordination du secteur
social à l'intérieur de l'État québécois a
évolué au fil des années, souvenons-nous des ministres qui
avaient un mandat de coordination sous M. Bourassa, phase 1, 1975-1976,
où, finalement, il y avait des comités interministériels
qui étaient présidés par un ministre sectoriel. Ensuite,
les ministres d'État à la première phase du gouvernement
de M. Lévesque sont revenus avec la structure que M. Bourassa met
actuellement en place où, finalement, les secteurs social et culturel
sont au même comité interministériel, mais le conseil,
d'après moi, doit suivre l'évolution d'un ensemble de secteurs
d'activité gouvernementale plutôt que d'y aller par une
orientation basée uniquement sur la répartition sectorielle des
mandats entre les différents ministères.
Pour moi, c'est tout aussi important que le rôle-conseil, de la
même façon que le conseil doit jouir d'une grande autonomie et,
finalement - et cela sera mon dernier commentaire compte tenu du temps -
même si le Conseil supérieur de l'éducation n'a pas les
obligations auxquelles j'ai fait allusion tantôt, que je souhaiterais
voir imposer au ministère de la Santé et des Services sociaux, je
dirais tout de suite à la ministre: Plutôt que de se calquer
là-dessus et de dire que, s'ils ne l'ont pas, on ne l'aura pas,
donnons-le donc aux deux. Pour moi, c'est aussi important dans les deux
sens.
Effectivement, il n'y a pas assez de suivi concret intégré
dans les décisions d'orientations budgétaires et de dispensation
de services qui sont faites par les avis qui sont produits, que ce soit par le
Conseil supérieur de l'éducation ou par le Conseil des affaires
sociales et de la famille. Je souhaiterais vraiment que l'on s'impose cela
comme élus et que, par la suite, on fonctionne avec cette pression. Je
suis convaincu que la santé, comme l'éducation des
Québécois, s'en porterait mieux. J'en ai la conviction profonde
parce qu'on serait forcés d'intégrer cela, donc pas simplement de
faire des commentaires et de donner nos réactions, mais d'indiquer le
plan suivi qu'on entend mettre en place et si on ne veut pas le faire, qu'on
explique pourquoi.
Il pourrait arriver qu'un ministre, un ministère ou un
gouvernement dise: On trouve que c'est un mauvais avis et on n'est pas d'accord
avec, mais qu'il le dise, qu'il ait l'obligation de le faire et donc de le
démontrer.
Mme Lavoie-Roux: Quand le député de Gouin a
été adjoint parlementaire du ministre de la Santé et des
Services sociaux, a-t-il fait une telle proposition à son ministre?
M. Rochefort: M. le Président, je suis très heureux
de la question, parce que la ministre, qui vit dans le passé plus que
dans le présent et pas du tout dans l'avenir, revient continuellement
à cela. On n'a pas la prétention d'avoir tout fait. On n'a pas la
prétention que le Québec est né le 15 novembre 1976 et
qu'il est mort le 2 décembre 1985, mais je souhaiterais que la ministre
ne pense pas que le Québec est né le 2 décembre 1985. Non,
M. le Président. Je vois qu'elle regarde son adjoint parlementaire.
J'imaqine que c'est à son tour d'intervenir. Non?
M. Sirros: Non, je suis suspris de cette déclaration,
j'étais certain que c'était cela.
M. Rochefort: M. le Président, je dis à la ministre
qu'on n'a pas la prétention d'avoir fait tout ce qu'il y avait à
faire. C'est pour cela qu'on s'est représentés, d'ailleurs. Si on
avait pensé qu'on avait fait tout ce qu'il y avait à faire, on ne
se serait pas représentés.
Mme Lavoie-Roux: C'était surtout parce que vous pensiez
revenir au pouvoir.
M. Rochefort: Non. Dois-je comprendre que, si la ministre s'est
représentée en 1981 et en 1985, c'était simplement par
ambition de devenir ministre? Probablement même en 1976, d'ailleurs. Non,
M. le Président, cela n'est pas seulement cela. Le rôle que je
joue, je suis heureux de le jouer. Mais si on avait pensé qu'on avait
tout fait, on ne se serait pas représentés.
M. le Président, malheureusement et sur cette note, compte tenu
du temps... Mme Blanchet, on est d'accord avec cela et par la suite on aura
d'autres sujets à aborder.
Mme Blanchet: La seule chose que je voudrais ajouter, c'est que
je crois qu'il y a de multiples moyens de rendre l'action des conseils plus
efficace. Un des moyens
pourrait être, et cela précéderait justement
l'action qui consisterait à aller voir ce qui s'est passé
après, que tout nouveau programme doive être soumis à un
conseil. C'est le cas, par exemple, au Conseil des universités, au
Conseil des collèges et, également, au Conseil supérieur
de l'éducation. Cela permet justement après cela au conseil
d'aller voir si l'on a accepté ou pas ce nouveau programme. C'est
très intéressant. Et nous avons senti le besoin, nous, justement,
dans le cadre de notre rapport annuel de l'an dernier, d'aller voir ce qui
s'était produit avec les avis. Nous avons eu d'assez heureuses
surprises, je dois dire. C'étaient des surprises, mais il fallait un peu
remonter dans le passé, dans le sens que ce n'est pas souvent une action
très rapide qui va être prise. Il est assez rare d'avoir une
action aussi rapide que celle qui a été prise, lors du dernier
budget, en ce qui concerne la fiscalité familiale et la question du
troisième enfant. En dehors de cela, en général, l'action
est beaucoup plus lente, mais elle a eu lieu. C'est cela qui nous confirme dans
notre idée que les conseils jouent un rôle important, un
rôle qui est peut-être très souterrain. Ils essaient le plus
possible, évidemment, d'alerter l'opinion publique de façon que
les changements que l'on veut apporter se produisent, parce qu'il y a tellement
de pressions pour le gouvernement, on en remet tellement entre les mains du
gouvernement. Alors, nous nous sommes dit qu'il y ait le plus possible, ce qui
peut être fait en dehors de l'action gouvernementale. Nous avons
été très heureux de voir, dans le cas
d'Objectif:santé, que le réseau, par exemple, a instauré
et mis sur pied ses propres objectifs de santé, nous en étions
très heureux. Également, en ce qui concerne les priorités
pour la famille, nous avons vu qu'au niveau du premier ministre il y a eu
beaucoup de débats concernant les questions démographiques,
questions que le conseil avait contribué à mettre devant
l'opinion publique à l'automne dernier.
En conclusion, je dirais que les conseils sont des lieux de
réflexion sur l'avenir et qu'il faudra faire attention à ne pas
les mettre dans des tiroirs et tenter de n'ouvrir qu'un tiroir à la
fois. Ce sont des lieux de réflexion pour l'avenir. Donc, il faut leur
laisser une pleine maison pour l'action.
M. Rochefort: Merci, madame.
Mme Lavoie-Roux: Merci, Mme la présidente.
Le Président (M. Bélanger): Merci.
M. Rochefort: M. le Président, on peut peut-être
poursuivre justement avec l'administration et ces choses-là. J'ai
quelques questions reliées...
Le Président (M. Bélanger): Allez-y! Sur le
programme 8, est-ce qu'il vous restait des éléments...
M. Rochefort: Sur la coordination régionale?
Le Président (M. Bélanger): Direction et
coordination régionale.
M. Rochefort: Le conseil des affaires sociales est-il dans ce
programme?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: Bon, une question, M. le Président, compte
tenu du temps, et l'on terminera le programme.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu du temps, je
voudrais poser une question très spécifique à la ministre,
question que je m'étais engagé à soulever à ce
moment-ci. On sait, M. le Président, que les municipalités de
Notre-Dame-du-Laus et de La Macaza ont été ajoutées au
territoire du CLSC des Hautes-Laurentides, mais que les budgets
impliqués n'ont pas suivi jusqu'à maintenant. On sait, d'autre
part, que ce CLSC est rattaché au Conseil régional de la
santé et des services sociaux de Lanaudière et des Laurentides
depuis le 1er avril 1986, sauf que ce CLSC fait toujours affaire avec le CSS
Laurentides-Lanaudîère, le DSC du centre hospitalier
régional de l'Outaouais et avec tous les orqanismes à vocation
régionale du Hull métropolitain, centres d'accueil et de
réadaptation, etc. Est-ce que la ministre, M. le Président, est
en mesure de nous dire quelles sont ses intentions quant au statut de ce CLSC
qui est dans un CRSSS, mais qui fonctionne avec des DSC, des CSS et des
établissements d'un autre CRSSS et qui n'a pas reçu les budgets
impliqués par les modifications indiquées à son
territoire?
Mme Lavoie-Roux: Où?
M. Rochefort: Le CLSC des Hautes-Laurentides. Si la ministre veut
prendre avis, M. le Président, et prendre l'engagement de m'envoyer une
réponse, il n'y a pas de problème.
Mme Lavoie-Roux: Je vous enverrai une réponse, parce que
j'ai à l'esprit...
M. Rochefort: Je m'étais engagé à soulever
le dossier. (17 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Cela m'avait été souligné
en relation avec le service social scolaire. Je ne pense pas me tromper, compte
tenu qu'à un moment donné il y a eu
un déménagement de territoire et qu'une partie, je pense
que cela doit être le cas que vous m'apportez, refusait de donner des
services à l'autre, parce que les budgets n'avaient pas
été transférés. Je pense que c'est cela. Je sais
que j'ai répondu au ministre de l'Éducation qui m'a écrit
à ce sujet pour lui dire que nous examinions... Je pense que cela touche
probablement son comté.
M. Rochefort: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non?
M. Rochefort: Bien, je vous dis non. Notre-Dame-du-Laus et La
Macaza sûrement pas, c'est dans le comté de Labelle. Non, cela n'a
pas de bon sens que le CLSC descende jusque-là. J'en doute; je vous dis
que cela ferait un gros CLSC qui ressemblerait plutôt aux futurs CLSC
qu'il reste à implanter.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Les bons CLSC.
M. Rochefort: Mon Dieu! Ne concluez pas trop vite. Ne nous faites
pas le coup des urgences, faire le bilan avant d'avoir commencé.
Mettez-les en place et après vous ferez le bilan.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez raison. On fera le bilan après.
C'est cela. Écoutez, on en prend note et on va essayer...
M. Rochefort: Vous allez nous faire parvenir une réponse
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: On va vous envoyer l'explication.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, oui, cela dispose
du...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits du programme 8, Direction et coordination régionale, sont
adoptés?
M. Rochefort: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Bien.
M. Rochefort: M. le Président, l'administration?
Le Président (M. Bélanger): II nous restait des
parties du programme 7: coordination de la recherche, si je me le rappelle
bien.
M. Rochefort: Je viens de poser ta question, M. le
Président, je m'excuse.
L'administration du ministère, et du cabinet est-ce dans le
programme 8? M. le Président, je viens de vous poser la question.
Direction et gestion ministérielle
Le Président (M. Bélanger): Direction et gestion
ministérielle. Vous avez tout à fait raison, je vous ai induit en
erreur.
M. Rochefort: C'est parfait. Je m'excuse, je n'ai pas mon livre
des crédits.
Le Président (M. Bélanger): Non, non...
M. Rochefort: J'ai quelques questions rapides, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): On revient et on...
M. Rochefort: On voit, à la page 5 de la brique, pour
l'étude des crédits, des réponses aux questions
posées par l'Opposition, qu'il y a pour 28 339 $, en 1986-1987, de
gratifications de départ du cabinet. Est-ce qu'on peut nous expliquer de
quels départs il s'agit? Excusez-moi.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, c'est aussi
mon erreur.
M. Rochefort:À la page 5 du gros document: 28 339 $ en
gratifications de départ du cabinet. À moins que vous ne me
disiez qu'on a payé sur 1986-1987 les gratifications de départ
des membres du cabinet de 1985. C'est peut-être cela?
Mme Lavoie-Roux: Un certain nombre de personnes ont quitté
le cabinet, une dizaine.
M. Rochefort: Si vous me le permettez, je veux être bien
sûr de comprendre. Il ne s'agit pas de membres du cabinet 1985-1986, de
l'ancien gouvernement, à qui cela aurait été
payé.
Mme Lavoie-Roux: Non, cela avait été
payé.
M. Rochefort: Bon, c'est uniquement de votre cabinet, à
vous. Expliquez-moi donc ces 28 000 $ en gratifications de départ, un an
et demi après être arrivés dans un ministère. Il en
sort plus qu'il n'en entre ou quoi?
Mme Lavoie-Roux: Onze personnes sont parties.
M. Rochefort: Est-ce qu'on a cette liste-là? Ah oui!
À l'autre page.
Le Président (M. Bélanger): Page 4.
Une voix: Oui, on a une mise à jour ici, M. le
député.
Mme Lavoie-Roux: Sauf qu'il y a une erreur, parce qu'on les a
tous mis comme attachés politiques alors que la majorité d'entre
eux sont des secrétaires.
M. Rochefort: Non, non. Moit je compte sept soutien et
quatre attachés politiques. J'ai cela à la page 4. Permettez-moi
de vous dire que je trouve ce montant appréciable, 28 339 $ en
gratifications de départ dans une première année
entière de mandat.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cahier, on les a différemment. Il
y a quatre attachés politiques et sept du personnel de soutien, grosso
modo,
M. Rochefort: C'est une somme appréciable.
Mme Lavoie-Roux: Tout se fait selon les règles
administratives prévues dans les cas de départ.
M. Rochefort: Oui, mais ce ne sont pas les règles
administratives qui déterminent combien entrent et combien sortent.
C'est plutôt dû à d'autres facteurs.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! Là-dessus...
M. Rochefort: Je comprends que les départs se font selon
les normes, je l'espère. Mais cela en fait beaucoup et cela, ce n'est
pas relié à des normes, j'imagine. C'est un commentaire que je
vous fais.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! Si c'est un commentaire, d'accord.
M. Rochefort: Je trouve cela éievé. Oui, oui, c'est
un commentaire que je vous fais. Je trouve cela élevé.
Deuxièmement, allez-vous nous remettre, tel qu'entendu, les
salaires des membres du cabinet, à un moment donné?
Mme Lavoie-Roux: On vous les a remis l'autre jour.
Le Président (M. Bélanger): Cela a
été envoyé l'autre jour.
M. Rochefort: Je m'excuse. Il y a eu deux piles de documents.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Rochefort: II y a une pile que j'ai remise à la
secrétaire qui devait en prendre note et en faire des photocopies. De la
même façon, M. le Président, je veux éviter qu'il
n'y ait de la confusion, par exemple, sur les...
Mme Lavoie-Roux: Comme il reste trois minutes, pour vous
épargner du temps...
M. Rochefort: Non, vous n'avez pas besoin de me la lire.
L'important, c'est que vous la déposiez.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, je ne vous la lirai pas. Je veux vous
dire qu'on avait dit que nous la déposerions et, apparemment, c'est
resté sur... Alors, je la remets de nouveau.
M. Rochefort: Tout comme je sais que le Dr Carignan a des
documents à nous déposer quant au plan d'équilibre pour
l'année 1986-1987.
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez
déposer le document, Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vais vous le donner là. Bon. Vous
aviez également demandé des informations concernant le dossier
des Urgences santé...
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...sur les effectifs 1985-1986, 1986-1987,
1987-1988. Alors, tout est là.
M. Rochefort: Parfait. D'autre part, M. le
Président...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, vous ne direz pas qu'on ne livre
pas la marchandise rapidement. La mutation du personnel, les promotions, en
tout cas, il y en a encore un paquet, on vous les donne.
M. Rochefort: M. le Président, on peut...
Mme Lavoie-Roux: En voilà un autre, M. le
Président.
M. Rochefort: ...faire cela après la commission puisqu'il
nous reste dix minutes, si vous le permettez.
Le Président (M. Bélanger): On va procéder
à tous les dépôts de documents.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, celui-là, je veux le voir.
M. Rochefort: On le regarde avant de le déposer. Bon,
après la commission, M. le Président. Est-ce qu'on s'entend?
Le Président (M. Bélanger): On s'entend.
Après, on prendra cinq minutes pour faire les échanges de
cartes.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, j'aimerais que la
ministre nous indique combien de fonctionnaires de son ministère ont
été prêtés à Rendez-vous 84 -87, excusez-moi,
il n'y en a pas eu en 1984 - à Rendez-vous 87, leurs fonctions, les
salaires, la période pendant laquelle ils ont été
libérés, comment ils ont été
rémunérés et quels étaient leurs mandats à
Rendez-vous 87.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, tout ce que je peux
dire, c'est que deux ou trois fonctionnaires ont été
libérés à cette fin. Quant aux détails
précis que vous demandez, il faudra vous les faire parvenir parce que
personne n'est capable de vous donner l'information immédiatement.
M. Rochefort: D'accord, M. le Président. D'autre part,
dans les déplacements, dois-je noter que, lorsque vous allez dans la
région de l'Outaouais, maintenant, vous résidez dans les
hôtels d'Ottawa, contrairement à la politique qui existait sous
l'ancien gouvernement?
Une voix: On reste dans les bons hôtels.
M. Rochefort: Oui. Il y a de bons hôtels au Québec,
vous savez.
Une voix: C'est dans notre pays.
M. Rochefort: Oui, mais le Québec aussi est au
Québec; Québec est encore au Québec. Il y avait une
politique qui voulait que...
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire qu'au même moment où
je me suis rendue... C'est probablement moi?
M. Rochefort: Non, parce que je n'ai pas les vôtres encore,
mais on m'a dit que cela viendrait.
Mme Lavoie-Roux: Bien, tiens, les voilà.
M. Rochefort: Ah! Tss-tss. Après. Des voix: Ha! Ha!
Ha!
M. Rochefort: Ne me volez pas de temps en faisant des
dépôts de documents.
Mme Lavoie-Roux: Non. Je n'ai rien dit, je les ai juste
lancés.
M. Rochefort: C'est évident, j'ai bien compris.
Mme Lavoie-Roux: La seule occasion où c'est arrivé,
c'est lorsque je suis allée à une conférence
fédérale-provinciale à Ottawa.
M. Rochefort: En tout cas, j'attire votre attention, et celle des
gens de votre équipe sous-ministérielle, les hauts
fonctionnaires, etc. Je pense qu'une politique avait été
établie par le gouvernement, selon laquelle, quand on allait dans
l'Outaouais, on habitait au Québec, dans la mesure des
disponibilités, évidemment. Je pense que c'est une pratique avec
laquelle les députés de Hull, de Gatineau, de Chapleau, de
Papineau - il m'en manque un - et de Pontiac sont sûrement toujours
d'accord, j'en suis convaincu.
Une autre question reliée à l'administration. On voit
qu'il y a eu des travaux de réfection d'une nouvelle suite
ministérielle au 6161, rue Sainte-Denis, de l'ordre de 134 000 $. Il y
en avait une. Qu'est-ce que c'est? Est-ce qu'il va y en avoir deux ou quoi?
Mme Lavoie-Roux: Non. Écoutez, pour faire une longue
histoire courte, quand nous sommes arrivés sur la rue Saint-Denis au
mois de...
M. Rochefort: Dans un beau comté, en passant.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, je sais que je suis dans votre
comté. Tous les jours, je pense à vous.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Rochefort: Bien, tous les jours... Je ne vous vois pas
souvent, pourtant. J'espère qu'il y a d'autres raisons qui font que vous
pensez à moi que le fait que vous allez dans mon comté, parce que
je sais que vous n'y allez pas souvent.
Mme Lavoie-Roux: Non, j'y vais assez régulièrement,
quand même.
M. Rochefort: Je ne vous dirai pas que cela ne paraît
pas.
Mme Lavoie-Roux: On nous a demandé de
déménager parce qu'on voulait agrandir le centre d'accueil.
M. Rochefort: L'Escale?
Mme Lavoie-Roux: Oui. À ce moment-là, nous nous
sommes retrouvés sur la rue Saint-Jacques, dans ce qui servait de locaux
pour l'enquête Bilodeau. Évidemment, on payait des frais et je
dois vous dire que ce n'était vraiment pas très approprié
comme site, compte tenu des problèmes de stationnement, etc. Alors,
après avoir fait une étude globale, nous sommes retournés
sur la rue Saint-Denis où il y a eu nécessité de
nous relocaliser. Peut-être que M. D'Astous pourrait vous en
donner les résultats.
M. Rochefort: J'ai lu ce qu'il y a dans le document.
Mme Lavoie-Roux: Cela s'autofinancera en quatre ans environ parce
que nous payons...
M. Rochefortï Qu'est-ce que vous appelez de
l'autofinancement?
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire qu'au lieu de...
M. Rochefort: Dans les écritures comptables.
M. D'Astous (André): L'économie de loyer paie
l'investissement et, en quatre ans, tout est payé.
M. Rochefort: C'est une économie de loyer par rapport
à ce qu'on payait dans les locaux de la commission Bilodeau.
M. D'Astous: C'est exact. Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Rochefort: Est-ce que vous pouvez m'expliquer la
rapidité avec laquelle cela a réussi à se faire? Cela
a-t-il été fait en régie?
Mme Lavoie-Roux: Par la SIQ.
M. Rochefort: On va les mettre sur le dossier des centres
d'accueil et des urgences s'ils sont rapides comme cela. Je trouve qu'on est
allé vite pour la suite de la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que ce n'est pas uniquement la
suite de la ministre qui est contenue dans ce montant d'argent; c'est
également la relocalisation d'un certain nombre de fonctionnaires qui
étaient éparpillés dans les quatre ou cinq étages
de la rue Saint-Denis et qui sont maintenant concentrés sur un seul
étage là où se trouve la suite du ministre. Je pense que
tout le monde y gagne et cela libère des espaces à d'autres
fins.
M. Rochefort: D'accord. Dernière question. Le sondage
Santé-Québec de SORECOM... J'ai vu, sauf erreur, je
m'excuse...
Mme Lavoie-Roux: II est là-dedans. Vous vous
inquiétez aussi de la question du mandat des DSC.
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est là aussi. M. Rochefort:
Pourtant, j'ai tout lu. Mme Lavoie-Roux: Â la page 358. M.
Rochefort: Je ne l'ai pas trouvé.
Mme Lavoie-Roux: L'avez-vous tout lu...
M. Rochefort: Oui, Madame.
Mme Lavoie-Roux: ...d'un couvert à l'autre?
M. Rochefort: D'ailleurs, madame, vous devriez savoir, vous mieux
que quiconque, que je lis tout ce vous me remettez. Vous devriez, au moins,
savoir cela. Au moins vous ne devriez pas mettre cela en doute, il me semble.
Je n'ai pas eu le temps de le relire ce midi. Les questionnaires sont
là. Les résultats vont être disponibles en 1988, est-ce
qu'ils vont être rendus publics?
Mme Lavoie-Roux: Sous toute réserve, je vous dirai que je
souhaiterais les rendre publics. C'est, quand même, 2 000 000 $ et
quelques des fonds publics qui ont été investis. Par contre - et
là je parle vraiment sans connaître la forme finale de cette
enquête - je sais, par exemple, que des représentations m'ont
été faites au sujet d'une sous-réqion ou même d'une
municipalité qui est située sur la rive sud de Montréal,
pas très loin de Longueuil, où, finalement, une dissection de
statistiques qui provenaient de Statistique Canada, plus des statistiques qui
provenaient du DSC ou du CLSC ont fait qu'un petit qroupe, une petite ville ou
localité, je ne sais trop, un quartier, s'est trouvé, par rapport
aux trois quartiers environnants, très pointé du doigt quant
à tel ou tel type de problème, et j'ai eu des réactions de
la municipalité. Il peut y avoir ce genre de considération;
dépendamment de la forme dans laquelle les résultats de
l'enquête Québec nous seront remis. Il y aurait juste cette
restriction que je pourrais avoir. Il y a des populations qui réagissent
mal à être identifiées les plus pauvres, les plus malades,
les plus ceci, les plus cela. Je pense qu'il y un jugement de prudence à
exercer. C'est la seule restriction que j'y mettrais.
M. Rochefort: J'ai une petite question, le temps court. Les
objectifs: "3.2. Répondre à certaines interrogations
formulées dans le cadre de divers dossiers d'actualité du
ministère, par exemple, la conception et l'élaboration d'un
système de surveillance de l'état de santé au
Québec; une politique de santé mentale; un cadre conceptuel
servant à déterminer les priorités de santé, etc."
Est-
ce qu'on n'est pas en train de mélanger les choux et les raves en
posant des questions d'actualité dans le genre, si je comprends bien:
Souhaitez-vous la mise en place de... On tombe plus sur des sondages d'opinion
que sur des sondages d'évaluation de la santé?
Une voix: Où est-ce exactement?
M. Rochefort: C'est à la page 21, 3.2 en haut. Je
m'excuse, je ne le retrouve pas dans le questionnaire.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, le 3.2.
M. Rochefort: Cela ressemble plus à des questions
d'opinion: est-ce que, oui ou non, il devrait y avoir ceci qu'à des
questions sur l'état factuel, la mesure factuelle, de la
santé.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce n'est pas une
interprétation?
M. Rochefort: C'est un objectif.
Mme Lavoie-Roux: On l'interprète peut-être
différemment. Nous allons utiliser les données à ces
fins-là.
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Il ne s'agit pas de questionner les gens sur ce
qu'ils pensent de...
M. Rochefort: II n'y aura pas de questions portant
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Merci, très heureux. Deux petites questions
rapides, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
ministre... M. le député.
M. Rochefort: Pas M. le ministre. Le Président (M.
Bélanger): Jamais.
M. Rochefort: Ne dites pas jamais, par exemple. Le rapport sur le
transport ambulancier que vous deviez rendre public dans le mois qui a suivi la
fuite - il me semble que vous m'aviez dit cela à l'Assemblée
nationale, cela fait un peu plus qu'un mois - est-ce que vous pensez le rendre
public?
Mme Lavoie-Roux: Il s'agit d'un rapport de travail interne du
ministère.
M. Rochefort: Le rapport Tremblay dont on parle. Vous m'aviez
répondu à l'Assemblée nationale que vous pensiez
être en mesure de le rendre public dans le mois. (17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: On me dit qu'il y a eu deux copies
déposées à la bibliothèque de l'Assemblée
nationale.
M. Rochefort: À l'Assemblée ou à la
bibliothèque?
Mme Lavoie-Roux: À la bibliothèque de
l'Assemblée nationale, dans les jours...
M. Rochefort: D'accord. La ministre comprendra comme moi - ce
n'est pas un reproche que je fais à son collaborateur, bien loin de
là - que, quand un document s'en va à la bibliothèque, on
n'en est pas automatiquement informé.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends cela. Je pensais que, dans vos
loisirs, vous étiez un rat de bibliothèque.
M. Rochefort: Ma bibliothèque étant suffisamment
garnie de ce que la ministre produit ou fait produire, je n'ai pas le temps de
me rendre à l'autre bibliothèque.
Donc, il n'y a pas de problème pour qu'on puisse y avoir
accès par ce moyen, sinon autrement...
Mme Lavoie-Roux: Cela va vous tenir occupé quelques
jours.
M. Rochefort: Peut-être vous aussi, par ia suite. Faites
attention! Si je le lis avant le 20 juin, c'est peut-être vous qui allez
être occupée.
Rapport Harnois, un petit retard, cela devrait aller à quand
environ?
Mme Lavoie-Roux: À la fin de juin.
M. Rochefort: À la fin de juin. Les suites? Vous vous
donnez combien de temps pour regarder cela? C'est une question que je vous
pose.
Mme Lavoie-Roux: J'espère que je pourrai faire
connaître des réactions à l'automne.
M. Rochefort: À l'automne, parfait! Une dernière
question, M. le Président, et après je vais vous faire une petite
demande gentille.
On sait tout le problème des effectifs infirmiers, la
pénurie et ce que cela amène comme conséquences même
dans l'organisation des services de santé. Est-ce que la ministre ne
serait pas en possession d'un rapport sur cette question?
Mme Lavoie-Roux: II s'agit, pour le moment, d'un rapport
préliminaire qui retiendra mon intérêt, pas mon
intérêt...
M. Rochefort: Mon attention.
Mme Lavoie-Roux: ...mon attention incessamment. Il n'a pas
à être rendu public dans l'immédiat.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre compte le faire
ultérieurement?
Mme Lavoie-Roux: Comme je vous le dis, il s'agit d'un rapport
préliminaire. Alors, il n'est pas de mon intention de... À ce
moment-ci, il nous sert de document de travail.
M. Rochefort: Toutefois, vous êtes consciente que,
entre-temps, il y a des décisions qui sont prises a la Direction
générale de l'enseignement collégial quant au
contingentement des postes. On continue de contingenter pas mal fort, merci,
malgré qu'on soit tous au courant, sans peut-être pouvoir mettre
un chiffre définitif, du nombre d'effectifs qui manquent. On est tous
surtout conscients qu'il y a un problème qui a des implications
importantes sur l'organisation des services de santé. Est-ce que, au
minimum, vous comptez faire en sorte que le contingentement soit levé?
Je vous le répète. J'ai une lettre, que je ne suis pas sûr
de pouvoir rendre publique, qui vient de la Direction générale de
l'enseignement collégial adressée à l'administration d'un
cégep en particulier qui, lui, donne cette formation et il est l'objet
un contingentement très très strict.
Mme Lavoie-Roux: Je suis fort consciente de ces
problèmes-là.
M. Rochefort: M. le Président, le temps est
écoulé, mais, si la ministre est d'accord, mon collègue
avait une question sur un établissement de santé de sa
région.
Le Président (M. Bélanger): On va faire adopter les
programmes, parce qu'on déborde déjà du temps
prévu.
Mme Lavoie-Roux: Le programme 3 n'a pas été
adopté, non plus.
M. Rochefort: C'est cela, c'est sur le programme 3. C'est pour
cela qu'on réservait le programme 3.
M. Sirros: Vous n'aurez qu'à être plus...
Le Président (M. Bélanger): Il a, quand même,
été présent tout l'après-midi, on ne va pas...
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que j'ai le
consentement pour accorder une minute ou deux au député de...
M. Desbiens: Du comté de Dubuc.
Le Président (M. Bélanger): ...de Dubuc?
M. Sirros: Ce que je voulais vous signaler, M. le
Président, et au député de Gouin...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement?
Une voix: Pour une seule bonne raison, c'est qu'il est moins
haïssable que les autres.
Le Président (M. Bélanger): À ne pas mettre
aux minutes. M. le député de Dubuc.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît! On va arrêter parce qu'on va finir à 19
heures. M. le député de Dubuc. Une question de
règlement?
M. Sirros: Je n'avais pas terminé. Vous avez
demandé s'il y avait consentement. Je voudrais simplement rappeler au
député de Gouin qu'il ne s'agit pas de demander à la
ministre si elle consent; il s'agît de demander aux membres de la
commission s'ils consentent. C'est simplement une question de respecter le
décorum, M. le Président.
M. Rochefort; Mon Dieu, excusez-moi de cette faute!
Le Président (M. Bélanger): Merci de ce rappel
à l'ordre. M. le député de Dubuc, vous avez la parole.
Avant que cela prenne dix minutes, veuillez procéder.
M. Rochefort: Cela figurera dans les dossiers parlementaires
pendant de longues décennies.
Services des centres hospitaliers de courte
durée (suite)
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Mme la ministre, il
s'agit de l'hôpital de la Baie-des-Ha! Ha! Je pense que vous connaissez
le dossier. C'est un réaménagement à la clinique externe:
urgence et hôpital de jour. C'est un projet qui est prêt depuis
1985, sauf qu'il y a peut-être.eu des aménagements par la suite.
Cela a suivi toutes les étapes prévues par le ministère et
au niveau du CRSSS. C'est la première priorité dans la
région. J'aimerais savoir si, finalement, cela va se concrétiser
cette année.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis fort au courant
de ce dossier de la ville de La Baie. On l'appelle le centre hospitalier
Baie-des-Ha! Ha! On m'en a fait part à plusieurs reprises,
particulièrement des citoyens de la région. Tout ce que je peux
dire à ce moment-ci, c'est que, s'il y a des disponibilités
financières, il pourrait être retenu, mais je ne peux pas donner
d'assurance qu'il sera retenu en 1987-1988.
M. Desbiens; Cela rallonge un peu mon intervention, M. le
Président, car je pensais que la ministre allait dire oui. Je voudrais,
quand même, faire valoir simplement un point. Je pense que c'est un
dossier qui a été mené par le conseil d'administration et
ces bénévoles ont décidé d'agir d'une façon
très orthodoxe, très conforme à toute la procédure
prévue à l'intérieur du ministère pour le genre de
dossier. Je dis cela parce qu'on constate que, parfois, il y a des projets qui
débouchent à la suite de manifestations publiques. Je crois qu'il
y a, dans le cas du centre hospitalier de la Baie-des-Ha! Ha!, des
problèmes qui existent depuis plusieurs années. Ces gens ont
choisi délibérément de mener leur dossier de façon
très conventionnelle, à l'intérieur des normes, et il ne
faudrait pas que cela devienne pour eux une incitation à dire: Bon,
finalement, faisons donc comme les autres. Faisons du brouhaha, peut-être
qu'on aura ce qu'on veut. Cela fait plusieurs années qu'ils travaillent
à ce dossier. Il est jugé priorité no 1 au niveau
régional par le CRSSS. Il me semble que c'est un argument
supplémentaire, qui doit être pris en considération par la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le député.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Alors, j'autorise donc le dépôt des documents. Je demande à
Mme la secrétaire de nous faire parvenir une liste des documents
déposés pour qu'on s'assure qu'il n'y pas de confusion ou
d'erreur.
M. Rochefort: Avec une liste des documents demandés.
Le Président (M. Bélanger): Et la liste des
documents demandés aussi, de telle sorte qu'on fasse la concordance et
qu'on soit sûr de tous s'entendre.
Adoption des crédits
Est-ce que le programme 7 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le programme
3 est adopté?
M. Rochefort: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Est-ce
que le programme 8, Direction et coordination régionale, est
adopté?
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que l'ensemble des crédits du ministère de la Santé et des
Services sociaux et de la Régie de l'assurance-maladie est
adopté?
M. Rochefort: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Alors, la
commission ayant accompli son mandat suspend ses travaux jusqu'à 20
heures où nous reprendrons avec le dossier de la condition
féminine.
Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de terminer, je
voudrais d'abord vous remercier pour la façon dont vous avez
dirigé nos travaux. Je voudrais remercier tous les participants, mes
collègues du côté ministériel, ainsi que les membres
de l'Opposition, et je voudrais remercier d'une façon toute
particulière tous les fonctionnaires du ministère de la
Santé et des Services sociaux qui ont consacré de nombreuses
heures ici à répondre à des questions des fois
inattendues, des fois plus prévisibles. Ils y consacrent de nombreuses
heures durant ces journées-là, mais surtout ils y consacrent de
nombreuses heures de préparation. Je voudrais les remercier d'une
façon toute particulière.
M. Rochefort: Vous me permettrez sûrement, M. le
Président, de m'associer à la ministre pour remercier tout le
monde qui a participé à la commission et particulièrement
l'ensemble des fonctionnaires, ce qui nous a permis d'en savoir un peu plus sur
l'ensemble des problématiques très importantes et surtout
très conséquentes sur la qualité de vie de nos
concitoyens.
Le Président (M. Bélanger): Nous vous remercions
infiniment et nous suspendons jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 54)
(Reprise à 20 h 13)
Crédits de la ministre
déléguée à la Condition féminine
Le Président (M. Bélanger): Si vous le
permettez, nous allons commencer les travaux de la commission. La
commission des affaires sociales se réunit ce soir afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère du Conseil exécutif, c'est-à-dire le
programme 3, et des organismes relevant de la ministre
déléguée à la Condition féminine pour
l'année financière 1987-1988. Référence:
Gouvernement du Québec, Budget 1987-1988, crédita pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1988. Est-ce que vous
nous annoncez les remplacements?
La Secrétaire: Avec le consentement de la commission?
Le Président (M. Bélanger): Avec le consentement.
J'ai le consentement pour que Mme Harel remplace M. Chevrette.
La Secrétaire: Le député de Joliette.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Le
député de Joliette, excusez. Mme la députée de
Maisonneuve remplace le député de Joliette, je m'excuse.
Seulement pour se rappeler la procédure avant de commencer,
d'abord, il faut savoir que chaque membre dispose d'un temps de parole de 20
minutes pour chaque élément d'un programme, temps qu'il peut
utiliser en une ou plusieurs interventions. Jusqu'à maintenant, on a
utilisé cela avec souplesse, comme vous êtes... L'intervention est
de votre côté, alors on vous permettra davantage. Le
député non membre dispose également de 20 minutes pour
chaque élément d'un programme, temps qu'il peut utiliser en une
ou plusieurs interventions lui aussi. Et la ministre qui répond des
crédits de son ministère peut intervenir aussi souvent qu'elle le
désire, mais jamais plus de 20 minutes à la fois. Maintenant, du
consentement de la commission, il est évident que nous sommes toujours
maîtres de nos travaux, de telle sorte qu'on peut modifier au besoin s'il
y a lieu.
Est-ce qu'il y a des problèmes quant à l'horaire? Est-ce
que vous avez des suggestions que vous voulez faire à la commission? Mme
la ministre ou Mme la députée de Maisonneuve?
Mme Gagnon-Tremblay: Plus vite on va commencer, plus vite on va
terminer.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a un
ordre que vous préféreriez dans l'appel des programmes ou si vous
voulez qu'on commence par les considérations
générales?
Mme Harel: Le programme Office des services de garde à
l'enfance en premier.
Mme Gagnon-Tremblay: En premier.
Après cela, on passera au Conseil du statut de la femme,
peut-être?
Mme Harel: C'est cela.
Mme Gagnon-Tremblay: Et, après cela, on finira par le
secrétariat?
Le Président (M. Bélanger): Conseil du statut de la
femme et le troisième, c'est?
Mme Gagnon-Tremblay: Le Secrétariat à la condition
féminine.
Le Président (M. Bélanger): Le
Secrétariat à la condition féminine.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Cela va. Donc, Mme la
ministre, nous vous cédons la parole pour vos remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires Mme Monique
Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, M. le Président, je tiens
à vous présenter la personne qui m'accompagne, Mme Nicole
Brodeur, qui est la secrétaire qénérale associée.
Se joindront à moi, dans quelques minutes, Mme Stella Guy, qui est
présidente de l'Office des services de garde à l'enfance, de
même que Mme Francine McKenzie, présidente du Conseil du statut de
la femme.
Le Président {M. Bélanger): D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: Sans plus tarder, je procéderai
à ta présentation du bilan des activités en matière
de condition féminine au cours de l'année dernière, et,
par la suite, on pourra compléter justement par la période des
questions.
En ce qui concerne le Conseil du statut de la femme, les
réalisations de 1986-1987. Au cours de l'année 1986-1987, le
Conseil du statut de la femme a fait des représentations devant des
commissions parlementaires gouvernementales dans le cadre de consultations
spécifiques: la commission d'enquête sur les services de
santé et les services sociaux, en août 1986, la commission de
consultation sur la politique familiale, en septembre 1986, ou dans le cadre
d'avis au gouvernement, notamment sur la prévention des abus sexuels
envers les jeunes, en juin 1986, le partage des biens familiaux en cas de
divorce, en décembre 1986, le financement des centres de santé,
en avril 1986, et le financement des groupes de services pour les femmes en
août 1986. Une liste complète des avis, des recherches ou des
études entreprises en 1986-1987 apparaît à la section 7 du
cahier de
renseignements préparé par le conseil à l'intention
des membres de cette commission.
Au printemps 1986, le Conseil du statut de la femme a
présenté un mémoire traçant un bilan de ses actions
en matière de publicité sexiste lors des audiences du CRTC. Le
Conseil du statut de la femme a profité de cette occasion pour
sensibiliser le CRTC au phénomène de la violence et du sexisme
dans les vidéoclips. Ainsi, il a présenté un bilan
sommaire d'une enquête qu'il a effectuée auprès de 300
jeunes de la région de Québec relativement à leur
perception de la violence et du sexisme contenus dans les vidéoclips.
À la suite de cette intervention, le Conseil du statut de la femme a
poursuivi son travail par la mise sur pied en février 1987 d'un
comité sur les vidéoclips. Ce comité a pour mandat
d'élaborer un plan d'action pour sensibiliser divers publics et
intervenants à la violence et au sexisme véhiculés dans
les vidéoclips.
Dans le cadre de son objectif de vulgarisation visant à assurer
l'accessibilité de l'information du conseil à toutes les
catégories de la population, le Conseil du statut de ta femme a produit
un nouveau vidéo cette année. Le vidéo
Fi$c-Égalité a pour but, d'une part, de démystifier la
fiscalité et de cerner les enjeux qui concernent les femmes, et, d'autre
part, d'identifier des pistes d'action et des solutions en vue des
réformes fiscales qui tiendraient davantage compte des besoins des
femmes. Le service Consult-Action, du Conseil du statut de la femme, assure lui
aussi une forme de distribution du vidéo Fi$c-Égalité et
l'utilise avec le guide d'animation en réponse aux demandes des groupes
de femmes en régions.
Pour la deuxième année consécutive, le conseil a
consacré des énergies importantes au dossier des nouvelles
technologies de la reproduction (NTR). Selon une double perspective d'analyse,
humaniste et féministe, un comité permanent du conseil suit de
très près l'évolution rapide dans ce domaine, commande des
études spécifiques, entend des experts de toutes disciplines,
établit des stratégies d'intervention, d'information et
d'animation sur le sujet. L'ensemble des six rapports de recherche produits
depuis deux ans a fait l'objet en mars 1987 d'une publication vulgarisée
par laquelle le conseil espère apporter au grand public l'information
nécessaire à un large débat sur la question. Il s'agit
d'un magazine intitulé Enjeux, qui a été tiré
à 5000 exemplaires. Le comité mis sur pied par le Conseil du
statut de la femme en 1985, chargé de l'étude de ces questions, a
poursuivi ses travaux et s'est réuni mensuellement. Dans le même
esprit, le conseil a poursuivi la préparation du forum sur la
reproduction artificielle qui aura lieu l'automne prochain. De nombreux
contacts ont déjà été établis avec les
invités étrangers, et nous sommes en mesure d'espérer des
réponses affirmatives. Enfin, le conseil a livré
dernièrement une production vidéo portant sur les NTR. Le
vidéo informe le public sur les impacts des NTR pour les femmes.
Quelques mots maintenant sur les activités
régulières du Conseil du statut de la femme. Le programme de
renseignements téléphoniques du service Action-Femmes permet aux
femmes de connaître leurs droits et la façon de tes exercer au
besoin. Le programme est appliqué par le biais d'un service
téléphonique et d'un service de réponse par courrier. Au
cours de l'année 1986-1987, le service a répondu à plus de
6800 demandes téléphoniques et a traité plus de 200
demandes par courrier. Le service a également traité environ 330
plaintes qui se répartissent ainsi: publicité sexiste,
discrimination au travail et domaine juridique. Chaque plainte fait l'objet
d'une étude, parfois d'une recherche, et une réponse est
transmise à la plaignante lui expliquant les droits et les recours dont
elle dispose pour faire avancer son dossier. Quant à la direction de
Consult-Action, elle a, conformément à ses mandats, fourni un
appui aux groupes de femmes et informé le conseil du vécu
régional par rapport aux différentes problématiques
reliées à la condition féminine.
Les secteurs de la santé, de la violence, du financement et des
questions économiques ont requis cette année des efforts
impartants, que ce soit par des réponses ponctuelles ou des rencontres
d'information, la production d'outils d'animation (nouvelles techniques de
reproduction, fiscalité) permettant aux femmes d'amorcer ou de
poursuivre leur réflexion sur ces problématiques, sessions de
formation, conférences, production d'avis au conseil (avis sur le
financement des groupes de femmes), production de recherche-action (recherche
sur les groupes de femmes), ou dans un rôle de mise en lien entre les
instances politiques décisionnelles et les groupes de femmes. Toutes ces
interventions ont été faites dans le but de développer
l'autonomie des femmes et de consolider leur réseau de solidarité
qui se manifeste par le biais de la vie associative. Rappelons que le
gouvernement québécois investit annuellement 1 000 000 $ dans
l'allocation de ces services d'aide et d'animation aux femmes en
régions.
Cette année, le Conseil du statut de la femme entreprend la
dernière année de son plan triennal. Les actions porteront
davantage sur la poursuite des activités entreprises. J'ai la ferme
conviction que, sous l'impulsion de sa présidente, Mme Francine
McKenzie, le Conseil du statut de la femme saura à nouveau se distinguer
par la qualité et l'à-propos de ses travaux.
Passons maintenant à l'Office des
services de garde à l'enfance. Aux niveaux fédéral
et provincial, le dossier des services de garde à l'enfance a fait
l'objet de deux interventions majeures. Dans un premier temps, le gouvernement
du Québec a formé un comité consultatif sur les servives
de garde ayant comme mandat d'évaluer l'organisation, le fonctionnement,
le développement et le financement du système des services de
garde, d'étudier les diverses solutions aux problèmes et de
soumettre au gouvernement les recommandations qui lui semblent les plus
appropriées pour assurer la consolidation et le développement des
services de garde. Les travaux du comité sont en cours, et celui-ci
devrait me remettre son rapport le 30 juin 1987. Par la suite, je
préparerai, à titre de ministre responsable de l'office, un
document d'orientation qui sera soumis ultérieurement à la
consultation publique.
En attendant, les pourparlers bilatéraux avec le gouvernement
fédéral se poursuivent et ils sont passablement avancés.
Dès juin prochain, les termes d'un accord devraient être
proposés aux provinces par le ministre de la Santé nationale.
Avec les recommandations du comité consultatif pour
l'établissement d'une politique québécoise des services de
garde, le portrait devrait se préciser et la population connaîtra
les actions qu'entendent mener les gouvernements fédéral et
provincial pour le développement du réseau des services de garde
à l'enfance.
Fort heureusement, cette démarche de révision d'ensemble
n'a pas stoppé le développement des services. Malgré les
compressions budgétaires qui ont frappé la majorité des
ministères en 1986-1987, le gouvernement du Québec a consenti une
augmentation de 14,8 % au budget de l'office. Cette augmentation du budget a
été affectée en grande partie au développement de
nouvelles places en services de garde et à l'établissement de
mesures telles l'amélioration des subventions d'implantation et l'aide
financière aux parents. L'effort de développement de nouvelles
places s'est maintenu en 1986-1987, de sorte que, durant cette période,
3564 places ont été développées en garderie et 800
places en agences de services de garde en milieu familial, pour un total net de
4364 places. Par ailleurs, la déduction pour frais de garde dans la
déclaration d'impôt 1986 a été augmentée pour
les enfants de moins de six ans. Cette mesure représente une
redistribution de près de 5 000 000 $ aux parents.
Le développement de nouveaux services de garde répondant
à des besoins de plus en plus pressants pour les familles
québécoises, l'office a produit en septembre 1986 un
modèle d'estimation de la demande prévisible pour les services
reconnus. Si l'on savait que le nombre de places de garde reconnues
correspondait à environ 15 % des enfants dont les mères sont
actives, l'on reconnaissait l'importance de vérifier la pertinence
d'utiliser cette donnée en regard des besoins réels. Le
modèle d'estimation développé par la direction de la
recherche et des communications a donc retenu quatre variables: le nombre total
d'enfants par année d'âge, le taux d'activité des
mères, les préférences des parents et l'équivalence
en places à plein temps. Les deux dernières variables sont...
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, Mme la
ministre! Une question de règlement?
Mme Harel: Oui, M. le Président. Est-ce que la ministre en
a encore pour un bon moment à lire? Sinon, je vous demanderais de
demander à la secrétaire de faire des photocopies et de les
distribuer aux membres de la commission. Ce serait beaucoup plus facile de
suivre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: Parce qu'au rythme où c'est lu, vraiment...
Mme Gagnon-Tremblay: Alors...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous avez
des copies...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, j'ai des copies.
Le Président (M. Bélanger):
...supplémentaires?
Mme Gagnon-Tremblay: On a quelques copies.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il serait
possible d'en distribuer quelques-unes, s'il vous plaît?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. C'est parce que j'essaie de faire...
Vous comprenez que c'est le bilan du secrétariat, de l'office...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...et du Conseil du statut de la femme.
Mme Harel: Ne le lisez pas trop vite.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Bien, c'est parce que je voulais...
Mme Harel: À ce rythme-là...
Le Président (M. Bélanger): Vous allez avoir une
copie.
Mme Gagnon-Tremblay: Si vous pouvez m'allouer... C'est parce que
je craignais de dépasser mon temps.
Mme Harel: Cela ne me dérange pas qu'on fasse du bon
travail...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: ...mais on va travailler sérieusement, on va
avoir la copie et on va...
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, je peux ralentir, cela va
même me faire plaisir.
Mme Harel: J'avais l'impression qu'on était partis
à l'épouvante.
Mme Gagnon-Tremblay: Remarquez que je ne demande pas mieux.
Le Président (M. Bélanger): Alors, on s'entend que
l'on peut déborder un peu?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, oui. Cela va me permettre de respirer
un peu.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie!
Mme Gagnon-Tremblay: J'étais rendue à la page 9,
pour votre information.
Alors, les deux dernières variables sont nouvelles dans
l'évaluation des besoins en service de garde. La considération de
la préférence des parent3 semble indispensable si l'on veut
développer des services qui s'accordent avec les besoins des parents.
Cette préférence a été déterminée
principalement par un sondage effectué en 1982 auprès de
l'ensemble des Québécoises et des Québécois, dont
les éléments d'information furent corroborés par une
étude plus récente.
Quant à l'équivalence en places à plein temps, les
informations sur le mode de fréquentation en garderie permettent
d'établir qu'une place en garderie dessert plus d'un enfant. En fait,
une place en garderie est occupée par 1,33 enfant. L'estimation de la
demande prévisible pour les services reconnus fixe, par ce
modèle, les besoins à 90 389 places en garderie et en agence de
services de garde en milieu familial, ce qui correspond à 120 517
enfants confiés à des services de garde reconnus. En mars 1987,
l'offre des services de garde reconnus répondait à 45 % des
besoins réels de garde reconnue. Ce pourcentage est plus réaliste
et permet d'entrevoir comme moins inaccessible la tâche de
développer un réseau de services de garde relativement
complet.
Les auditions, particulièrement celles relatives à la
conformité au règlement sur les services de garde en garderie,
ont occupé une large place dans le travail du personnel de l'office en
1986-1987. Dans la majorité des cas, les garderies étaient en
infraction par rapport au règlement sur l'aménagement, le
chauffage et l'éclairage des lieux, et elles tardaient à se
conformer au règlement parce que les coûts de rénovation
étaient plus élevés que les subventions versées par
l'office, soit à cause de difficultés d'emprunt auprès des
institutions financières, soit parce qu'elles espéraient une
relocalisation plutôt qu'une rénovation onéreuse. Il n'en
reste pas moins que le processus d'audition fut capital dans la
conformité au règlement. Il a permis de vérifier la
qualité des services rendus par les garderies et d'apporter les
correctifs nécessaires à des services de garde de qualité
pour les enfants.
Enfin, le programme d'aide aux municipalités pour la
relocalisation des garderies sans but lucratif a connu un succès
éclatant en 1986-1987. Quatorze municipalités, en collaboration
avec les dirigeants et les promoteurs de garderies, ont participé au
programme, permettant à dix-sept garderies de se reloger dans des locaux
adéquats et à quatre nouvelles garderies de s'implanter. Plus de
1115 places ont ainsi été consolidées et
développées, dont 430 uniquement pour la ville de
Montréal.
Voilà, pour l'essentiel, les réalisations majeures de
l'Office des services de garde à l'enfance, lesquelles furent mises de
l'avant par le personnel de cet organisme, sous la direction de Mme Stella Guy.
Au cours des cinq années durant lesquelles Mme Guy fut
présidente, elle a su faire progresser avantageusement le dossier des
services de garde au Québec. Je vaudrais la remercier publiquement pour
les efforts constants qu'elle a consacrés au développement d'un
réseau de services de garde accessible et diversifié, et lui
offrir mes meilleurs voeux de réussite dans la relève de nouveaux
défis professionnels.
Le Secrétariat à la condition féminine et ses
réalisations en 1986-1987. Son rôle essentiel a consisté,
en 1986-1987, à voir à la réalisation des divers
éléments du plan d'action gouvernemental. Il est maintenant
permis d'affirmer que cette initiative nouvelle qu'a constituée la
publication du plan d'action a eu plusieurs effets positifs, tant au point de
vue des femmes qu'au sein de l'appareil gouvernemental. Du point de vue des
femmes, ce plan a représenté une étape importante
puisqu'il a consacré la volonté gouvernementale d'établir
des relations d'information, de consultation et de concertation plus
étroites et plus permanentes avec les groupes de femmes. (20 h 30)
Au chapitre des relations d'information,
l'envoi du bulletin bimestriel À la une au gouvernement aux
groupes de femmes, leur inscription sur les listes d'envoi des
ministères, la tenue d'une journée d'information sur l'aqcord
Canada-Québec en matière de formation professionnelle de
même que la réalisation d'une tournée ministérielle
à travers les régions du Québec ont rendu possible
l'accès à une information continue et à jour, outil
indispensable à l'activité des groupes.
Au chapitre de la consultation et de la concertation, une rencontre
entre les ministres et les groupes provinciaux de femmes a permis des
échanges privilégiés et fructueux entre les deux parties.
Une présence plus statutaire de représentantes des groupes de
femmes est désormais assurée dans divers comités et
groupes de travail.
Au sein de l'appareil gouvernemental, la publication d'un plan d'action
a eu deux effets majeurs: d'une part, il a donné une plus grande
visibilité au dossier de la condition féminine et, d'autre part,
comme il avait été entériné dans son ensemble par
le Conseil des ministres, il a forcé les ministères et les
organismes à assurer un suivi des mesures auxquelles ils
s'étaient engagés. .
Le bilan des réalisations du plan d'action 1986-1987 est
très positif. Regroupant la majorité des engagements du Parti
libéral ainsi que ceux de Décisions 1985, les mesures figurant
dans ce plan sont à l'heure actuelle réalisées ou,
à tout le moins, très bien enclenchées. Ces
réalisations gouvernementales représentent des
déboursés comptabilisés de l'ordre de 15 300 000 $,
auxquels il faut ajouter 51 200 000 $, si l'on considère la contribution
québécoise aux services de garde, ce qui fait au total un montant
de 66 500 000 $.
Les réalisations par thématique. Permettez-moi maintenant
de passer en revue les réalisations du plan d'action par
thématique. Je commencerai par l'éducation. Au chapitre de
l'éducation des filles et des femmes, la désexisation du
matériel et des pratiques constituait l'un des cinq axes d'intervention
privilégiée. En cette matière, le ministère de
l'Éducation veille toujours à l'approbation du matériel
pédagogique en fonction de l'élimination des
stéréotypes sexistes. Il a maintenant recours à une grille
renouvelée d'analyse des stéréotypes discriminatoires.
Dans cette tâche de lutte aux stéréotypes sexistes, le MEQ
a travaillé, au cours de 1986-1987, à la production d'un guide
sur les solutions de rechange au sexisme à l'intention des producteurs
de matériel didactique et d'un guide de sensibilisation au sexisme
à l'intention des parents et du personnel scolaire.
Une plus grande diversification dans l'orientation des filles,
voilà l'objectif que poursuivent le ministère de
l'Éducation et celui de l'Enseignement supérieur et de la Science
par de nombreuses activités de sensibilisation. La présence de
modèles étant un incitatif important, le ministère de
l'Éducation a réalisé deux documents: une série de
bioqraphies de femmes actives dans les secteurs non traditionnels et un
répertoire de quelque 800 conférencières oeuvrant
également dans des emplois non traditionnels partout au Québec.
La connaissance des secteurs de pointe étant un élément
majeur dans le choix d'une orientation professionnelle, le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science a produit six vidéos et
un dépliant sur les métiers et les professions non traditionnels.
Enfin, ces deux ministères, de concert avec le Secrétariat
à la condition féminine, poursuivent actuellement leurs
recherches sur les facteurs limitant l'orientation des filles dans des
programmes de formation non traditionnels et sur l'identification des
caractéristiques des filles ayant opté pour de tels
métiers. En ce qui a trait au développement de programmes de
formation universitaire adaptés, le comité sage-femme a remis son
rapport sur la reconnaissance du statut de sage-femme et sur la
préparation d'un programme de formation.
C'est au chapitre de la reconnaissance des acquis que le gouvernement a
marqué des points importants cette année. En plus de travailler
à la coordination des actions que de nombreux ministères ont
entreprises en vue de la reconnaissance des acquis, le gouvernement entend
consacrer au moins 1 000 000 $ supplémentaires pour ce dossier d'ici
1990. De plus, la fédération des cégeps a obtenu du
gouvernement fédéral une subvention de 3 000 000 $ pour le
développement de la reconnaissance des acquis dans le réseau
collégial. Depuis 1985-1986, 34 collèqes et campus ont mis en
chantier des projets d'implantation et de développement de la
reconnaissance des acquis extrascolaires. De plus, pour aider les personnes
oeuvrant en reconnaissance des acquis, plusieurs instruments ont
été produits dont le guide "Point tournant" à l'intention
des femmes. Ce guide qui devrait être implanté d'ici juin 1987
vise à les inciter à procéder à l'évaluation
de leurs acquis.
Au chapitre de l'accès à des programmes adaptés de
recyclage, la signature de l'accord Canada-Québec sur la formation en
établissement a permis le démarrage de plusieurs programmes de
formation annonces dans le plan d'action. Ainsi, le volet accès à
la formation professionnelle de la séquence d'intervention pour les
femmes en formation professionnelle aura permis à 315 femmes de
bénéficier du programme d'acquisition du diplôme
d'études secondaires, à 60 femmes de profiter d'une mise à
niveau et, enfin, à 32 femmes d'acquérir une préformation
à la formation
technologique. Dans le cadre de ce programme, les femmes sont
admissibles à des mesures d'aide, telles des allocations de formation et
le remboursement de frais de garde et de transport, un volet dont les
déboursés représentent 1 500 000 $. Enfin, la ministre
déléguée à la Condition féminine a
lancé le prix Irma-Levasseur qui sera décerné au meilleur
projet présenté par une ou deux filles dans le cadre des
expos-sciences.
Au chapitre du travail, des actions précises ont
été menées pour assurer aux femmes déjà en
emploi une égalité de chances et des conditions de travail
adéquates. C'est pourquoi le gouvernement est allé de l'avant,
afin de mettre en oeuvre le plan d'action gouvernemental en matière de
programmes d'accès à l'égalité pour les femmes en
emploi. Le gouvernement du Parti libéral a injecté 6 500 000 $
sur trois ans pour soutenir le démarrage de programmes d'accès
à l'égalité dans les réseaux de l'éducation,
de la santé et des services sociaux, dans les municipalités ainsi
que dans le secteur privé.
Grâce aux efforts concertés de tous les milieux
visés par les programmes d'accès à
l'égalité, dix entreprises privées, trois commissions
scolaires, deux collèges, deux universités et quatre
municipalités se sont engagés, par protocole, à
entreprendre une démarche d'accès à
l'égalité. Mon collègue, le président du Conseil du
trésor, annoncera, au cours de l'été, le programme
d'accès à l'égalité qui régira l'ensemble
des organismes et ministères du gouvernement du Québec. Quant
à l'obligation contractuelle, un mémoire a été
signé récemment par le ministre de la Justice, pour étude
au Conseil des ministres, et ce dossier devrait trouver son aboutissement d'ici
à quelques semaines.
Par ailleurs, comme le gouvernement l'a annoncé en octobre
dernier, le salaire minimum a été haussé pour tous les
travailleurs et travailleuses, une intervention importante pour les femmes
puisqu'elles représentent la majorité des travailleurs
payés au salaire minimum. Nous en avons également profité
pour abolir la discrimination basée sur l'âge qui, jusque
là, permettait de verser un salaire inférieur aux jeunes de moins
de 18 ans.
Jetons maintenant un coup d'oeil sur les réalisations
gouvernementales en regard de certaines clientèles spécifiques.
En ce qui concerne les femmes issues des communautés culturelles,
l'apprentissage du français est un enjeu important à leur
intégration à la société québécoise.
C'est pourquoi, dans le but de faciliter l'accès des femmes aux cours de
français à temps partiel, un projet spécial
prévoyant des allocations pour frais de garde a été mis
sur pied en 1986-1987. Le projet a permis de rejoindre des femmes
désireuses de suivre des cours de français, mais qui en
étaient empêchées à cause d'un manque de ressources
pour faire garder leurs enfants d'âge préscolaire.
Inspiré de ce projet pilote, le nouveau programme PAFI
prévoit couvrir des frais d'enseignement du français - cours
à temps partiel - et ceux des services éducatifs de garde en
français pour les enfants d'âge préscolaire dont les
mères suivront les cours de français. PAFI s'adressera à
trois clientèles prioritaires: les femmes, les analphabètes et
les minorités visibles.
Quant aux femmes entrepreneures, en vue de mieux connaître la
clientèle des femmes d'affaires, le ministère de l'Industrie et
du Commerce a poursuivi ses interventions à trois niveaux. Il a
réalisé la première partie de son étude
quinquennale sur l'évolution des entreprises à
propriété et gérance féminines. Il a diffusé
huit études régionales sur les femmes en affaires et, enfin, il a
effectué une étude sur la relève féminine.
Au chapitre de la formation, les trois ateliers conçus par la
direction de la promotion des femmes entrepreneures sont présentement
diffusés par 30 organismes du milieu et ont permis la formation de 300
entreprises. Deux nouveaux ateliers intitulés Refinancer mon entreprise
et Gestion du temps, carrière/famille sont offerts depuis avril
1987.
Les femmes collaboratrices. En vue de reconnaître le travail de la
conjointe collaboratrice au sein de l'entreprise familiale, un consensus
gouvernemental est désormais arrêté sur les objectifs
suivants: favoriser l'accès à la propriété du
conjoint collaborateur, améliorer la situation du conjoint collaborateur
salarié, assurer une compensation au conjoint collaborateur qui n'aurait
pu obtenir un salaire ou accéder à la
propriété.
Tel que nous le verrons plus loin, plusieurs actions ont
déjà été entreprises par le MAPAQ afin de favoriser
l'accès à la propriété pour les agricultrices. De
son côté, le MIC a annoncé récemment qu'il
élargirait son programme Nouveaux entrepreneurs afin de le rendre
accessible à la clientèle des femmes collaboratrices. Une
campagne de promotion relative à ce programme sera amorcée
à l'automne 1987.
En ce qui a trait à la conjointe salariée, des discussions
avec le gouvernement fédéral ont été menées
afin de s'assurer que ces femmes collaboratrices soient régies par la
Loi sur l'assurance-chômage et bénéficient ainsi des
primes, des congés de maternité et de la formation
professionnelle.
Une demande a également été acheminée au
fédéral, afin que le conjoint collaborateur salarié ne
soit plus exclu du rang prioritaire de réclamation accordé
à tout autre salarié, dans le cas de faillite de
l'entreprise.
Enfin, un comité interministériel sur les droits
économiques des conjoints, auquel participe le Secrétariat
à la condition féminine, étudie maintenant l'application
du recours en prestation compensatoire pour la collaboratrice qui n'aurait pu
obtenir un salaire ou accéder à la propriété. Ce
comité doit déposer son rapport au cours du mois de juin
1987.
Les femmes en agriculture. L'agriculture au Québec a toujours
compté sur la force de travail des femmes. Cette contribution importante
des agricultrices a été mieux reconnue publiquement tout
récemment. Ainsi, le gouvernement a sanctionné le 19 juin 1986 la
Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles.
Dorénavent, la conjointe peut se qualifier personnellement pour l'octroi
de la subvention à l'établissement au même titre que son
mari. C'est ainsi que 47,3 % des personnes s'étant qualifiées
à l'octroi de la subvention étaient des femmes. En ce qui
concerne les femmes de plus de 40 ans non-admissibles à la subvention de
l'établissement, le ministre de l'Agriculture a annoncé qu'il
préparait un programme d'aide à leur intention. Le MAPAQ a rendu
public le 13 mars dernier un document intitulé Guide
d'établissement et de gestion pour les femmes en agriculture. Ce
guide vise à sensibiliser les femmes sur leur apport dans l'entreprise
agricole et à les renseigner sur les modalités
d'établissement d'une ferme. De plus, pour concrétiser son appui
aux organismes du milieu, le MAPAQ a reconduit et augmenté
substantiellement son aide financière au comité provincial
provisoire des femmes en agriculture.
En ce qui concerne les travailleuses au foyer, le gouvernement
annonçait, dans son plan d'action 1986-1987, sa volonté de
travailler à un meilleur partage de la richesse familiale et à
une plus grande protection des travailleuses au foyer au moment de la
retraite.
Grâce aux travaux réalisés par le comité sur
le travail au foyer, formé à la suite de Décisions 85 et
à l'aide de l'étude du mémoire du projet Partage, le
gouvernement disposera en juin prochain du rapport du comité
interministériel sur les droits économiques des conjoints, en
regard des mesures les plus susceptibles de favoriser un meilleur partage de la
richesse familiale: prestation compensatoire, résidence familiale,
réserve héréditaire, etc. Parallèlement, le
gouvernement poursuit ses travaux sur les scénarios possibles de
participation des femmes au Régime de rentes du Québec.
En matière de services collectifs, le gouvernement a maintenu son
effort financier pour procurer aux femmes les services collectifs dont elles
ont besoin au chapitre de la santé, de la violence familiale et
conjugale, des loisirs et de l'accès au crédit. Désireuse
de respecter les limites de temps qui me sont imposées, je vais dire
seulement quelques mots concernant ces services collectifs, en terminant, sur
les réalisations gouvernementales en matière de services aux
femmes victimes de violence, tout en passant sous silence, pour le moment, nos
actions en ce qui concerne les services de santé, les femmes en milieu
carcéral, les services de loisirs, l'accès au crédit, les
services de pensions alimentaires, les services aux femmes autochtones et la
coopération internationale. Nous aurons, sans aucun doute, tout à
l'heure, l'occasion de discuter plus en profondeur de ces sujets.
Dans le secteur des services aux victimes de violence, une formation
adéquate des intervenants et intervenantes concernés par la
violence familiale et conjugale - les policiers et policières, les
agents et agentes de probation, les substituts du Procureur
général, le personnel socio-sanitaire, les infirmiers et
infirmières, les médecins, etc. -est une des premières
étapes préalables pour la mise en oeuvre efficace des deux
politiques gouvernementales en cette matière. C'est pourquoi les
ministères de la Justice, du Solliciteur général et celui
de la Santé et des Services sociaux ont organisé, au cours de
l'année 1986-1987, de nombreuses sessions de formation pour le personnel
de leurs réseaux.
Par ailleurs, les 62 organismes communautaires pour femmes en
difficulté se sont partagés en 1986-1987 quelque 6 400 000 $ pour
assurer des services d'accueil et d'hébergement aux victimes de
violence. Des crédits supplémentaires de 3 000 000 $ seront
versés à ces organismes en 1987-1988, comme l'indiquait le
dernier discours sur le budget du gouvernement. (20 h 45)
Tel que prévu dans le plan d'action, la trousse
médico-légale pour les victimes d'agression à
caractère sexuel a été modifié pour mieux s'adapter
aux besoins des clientèles. Cette nouvelle trousse sera mise à
l'essai sous peu pour une période de six mois dans trois régions
administratives, soit l'agglomération de Montréal, la Mauricie et
la région de Laurentides-Lanaudière. Parallèlement, des
activités de formation adaptées seront offertes aux intervenants
et aux intervenantes.
Enfin, depuis mars 1987, le ministre de la Justice poursuit une
consultation dans tout le Québec sur la question de la Loi sur
l'indemnisation des victimes d'actes criminels. Cette tournée vise
à évaluer l'adéquation des mécanismes actuels
d'indemnisation et la nécessité d'étendre le champ
d'application de cette loi. Donc, au cours du prochain exercice financier, un
projet d'amendement à la loi actuelle devrait être
déposé à l'Assemblée nationale.
Voilà, en gros, le bilan des activités en matière
de condition féminine. J'aurai l'occasion d'approfondir davantage tout
à l'heure chacun des sujets. Vous constatez que c'est un domaine
très large, mais on a quand même une vue d'ensemble. Le temps est
court pour expliquer et donner le bilan complet du Secrétariat à
la condition féminine, étant donné qu'il y a
également le Conseil du statut de la femme et les services de garde.
Je vois que Mmes Guy et McKenzie se sont jointes à moi, tel que
convenu. Je vous Pavais mentionné et je pourrai répondre aux
questions tout à l'heure.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Il est vrai que c'est
très court. Quatre heures vont nous paraître un laps de temps
très court en regard de l'ensemble des dossiers que nous avons à
examiner, étant donné que la ministre
déléguée à la Condition féminine occupe une
fonction que l'on dit horizontale au sein du gouvernement. À ce titre,
je pense qu'il faut comprendre les propos que tenait la première femme
nommée ministre déléguée à la Condition
féminine au Québec, lorsqu'elle faisait paraître un livre
devenu célèbre et publié à la suite de son
départ de la politique: Le pouvoir? Connais pas! J'ai toujours
interprété ce titre comme venant de son rôle de ministre
déléguée à la Condition féminine et non pas
de son rôle de ministre responsable de la Protection du consommateur ou
de ministre qui avait mis en place le régime de l'assurance
automobile.
Il est vrai que l'essentiel du rôle d'une ministre
déléguée à la Condition féminine, à
part, évidemment, les programmes qui relèvent exclusivement de
son autorité, comme l'Office des services de garde à l'enfance et
le Conseil du statut de la femme, mais, à proprement parler, son
rôle consiste à faire bouger ses collègues: son
collègue, le ministre de la Justice, en matière de
décisions quant à l'obligation contractuelle ce qui concerne les
programmes d'accès à l'égalité, autant que sa
collègue, la ministre de la Santé et des Services sociaux, en ce
qui concerne une décision à prendre en regard du dossier des
sages-femmes, etc. C'est donc essentiellement une sorte de rôle de
leadership. Je reviendrai sur cette question du rôle, parce qu'elle me
paraît extrêmement importante. Je me suis demandé au cours
de la présente année si ce n'était pas là, d'une
certaine façon, ce qui nous différenciait, dans la conception ou
la perception que je pouvais avoir ou que la ministre actuelle pouvait avoir du
rôle d'une ministre déléguée à la Condition
féminine.
D'abord, je veux reprendre les propos que l'on retrouve à la page
12 du texte que vient de nous livrer la ministre, dans le sens qu"'il est
maintenant permis d'affirmer, et je cite: "que cette initiative nouvelle qu'a
constitué la publication du plan d'action a eu plusieurs effets
positifs". Je pense que le fait de qualifier le plan d'action d'initiative
nouvelle est certainement, au départ, erroné, puisque cela nous
ferait oublier le premier plan d'action qui a vu le jour en 1979 et qui
s'intitulait: Pour les Québécoises, égalité et
indépendance. Ce plan d'action qui avait été
ratifié par le Conseil des ministres de l'époque a certainement
donné une formidable impulsion à tout ce dossier de la condition
féminine en traçant un calendrier de travail pour les
années suivantes.
Quelle est la distinction entre ces plans d'action, celui de 1979, Pour
les Québécoises, égalité et indépendance, et
le plan d'action gouvernemental dont nous a fait part la ministre? Je pense que
c'est essentiellement le fait que le plan d'action de 1979 avait
été préparé avec les femmes des milieux
concernés. Le plan d'action de 1979 avait vu le jour à la suite
d'une formidable consultation de tous les groupes et organismes de femmes des
régions, qu'elles appartiennent ou non aux mouvements de femmes. Elles
avaient été invitées dans le cadre de colloques
régionaux et de colloques qui leur avaient permis d'être partie
prenante à la détermination des objectifs et des
priorités. C'est ce qui a amené, à cette époque,
des dossiers comme celui de la désexisation du matériel scolaire,
de l'orientation et de la formation des filles, le dossier de
l'égalité, notamment pour ce groupe particulièrement
éprouvé qu'étaient les femmes immigrantes, le dossier
d'égalité à l'emploi, le dossier des femmes
collaboratrices qui trouvera une sorte d'impulsion, le dossier des femmes
agricultrices, et ainsi de suite. C'est finalement ce à quoi sert un
plan d'action, il faut l'espérer, non pas à déterminer ce
que le gouvernement considère comme réalisable, mais à
définir ce que les femmes du Québec considèrent comme
souhaitable.
À ce moment-ci de l'histoire du cheminement des femmes vers leur
égalité dans la société, on est, d'une certaine
façon, à un tournant important. Si on a pu faire un bilan
extrêmement positif de la décennie 1975-1985, si on a pu le faire
en 1986 - le Conseil du statut de la femme et le Secrétariat
d'État avaient fait un bilan remarquable à ce moment-là -
c'est certainement parce qu'on a travaillé au niveau de ce qui
était souhaitable beaucoup plus que simplement se satisfaire de ce qui
était réalisable. Le danger des plans d'action annuels, c'est de
restreindre toute la perspective de ce qui est réalisable dans
l'année, plutôt que de se fixer une ligne
d'horizon de ce qui est souhaitable pour les femmes et pour l'ensemble
de la société, puisqu'il y a des effets bénéfiques,
finalement, pour l'ensemble de la société
québécoise.
Donc, je fais ces remarques préliminaires pour insister sur la
nécessité de la consultation, et je reprends le plan d'action
gouvernemental, en matière de condition féminine 1986-1987, rendu
public par la ministre. Je reviendrai aux questions, parce qu'on a plein de
questions. On veut savoir quand le plan d'action 1987-1988... La ministre nous
avait annoncé, l'an dernier, un plan triennal permettant justement de
donner cette ligne d'horizon, avec une sorte de souffle plus large. Est-ce que
l'on peut espérer ce plan triennal pour cette année?
Je reviens donc au plan d'action de l'année dernière et au
chapitre 1. Cela a toujours une certaine signification, le chapitre 1, dans
tous les plans d'action, parce que c'est quand même une sorte de
priorité. Le chapitre 1 parlait de la participation de groupes de femmes
aux mécanismes de consultation et de concertation. Comme le sujet est
dans l'air, je trouvais, notamment dans les mécanismes de consultation
que proposait la ministre, ceci: "Les groupes de femmes seront invités
de façon systématique à présenter des
mémoires aux diverses commissions parlementaires traitant d'enjeux
importants." Je me suis posé la question, à savoir si les groupes
de femmes avaient été invités ou si la ministre avait fait
des représentations auprès du bureau du premier ministre et du
ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes pour que les groupes de femmes soient invités à
présenter des mémoires sur cette question, assez fondamentale,
des modifications à la constitution canadienne. Il s'agit là d'un
enjeu important. On a juste à regarder les positions prises et rendues
publiques cette semaine par voie de communiqués de presse et de telbecs
par le Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme, d'une part,
et, d'autre part, par la Fédération des femmes du Québec,
pour se rendre compte à quel point les points de vue peuvent être
diamétralement opposés, bien que les unes comme les autres
considèrent comme absolument primordial et essentiel l'enjeu de ces
modifications à la constitution.
Pour illustrer ces divergences qui sont très profondes, je
voudrais simplement citer le communiqué du Conseil consultatif canadien
sur la situation de la femme, qui est signé par sa présidente,
Mme Sylvia Gold, qui, tout en s'inquiétant, recommande de façon
extrêmement vigoureuse et sérieuse, au gouvernement
fédéral, l'application, et je la cite: "Nous espérons que
l'accord ne limitera en rien le pouvoir de dépenser du
fédéral en droit et dans la pratique, et que le gouvernement
verra à établir des normes applicables à tout programme
provincial subventionné par l'État canadien. Le leadership
fédéral en ce domaine ne pourra se manifester efficacement que si
le gouvernement fédéral conserve, et cela sans équivoque,
le pouvoir de mettre sur pied des programmes sociaux répondant à
de solides objectifs nationaux et à des normes rigoureusement uniformes,
et si les compensations pour les provinces qui se dissocient ne sont
accordées qu'à la condition qu'un programme provincial analogue
et réellement équivalent soit en vigueur." Mme Gold disait se
réjouir que le premier ministre ait assuré à la Chambre
des communes que l'accord ne devait limiter en rien le pouvoir de
dépenser du fédéral.
C'est donc là une position connue du mouvement féminin et
féministe du Canada qui consiste à confier au gouvernement
fédéral la responsabilité première de la promotion
en matière de programmes d'égalité, quels qu'ils soient,
concernant les femmes. Au moment même où était
publiée cette position du conseil consultatif canadien, je lisais la
position de la Fédération des femmes du Québec qui disait
ceci: "Historiquement, la Fédération des femmes du Québec
a toujours défendu l'importance du respect de la juridiction provinciale
dans ce3 secteurs. II lui semble aujourd'hui essentiel que les
compétences du Québec ne soient restreintes d'aucune
manière. À cet égard, l'article portant sur le pouvoir de
dépenser du gouvernement fédéral dans l'entente du lac
Meech devra être assorti d'une clause de sauvegarde. Nous redoutons la
reconnaissance constitutionnelle de ce pouvoir et l'extension que ce dernier
pourrait prendre par le biais d'un pouvoir de réglementation dont les
limites pourraient être définies par les tribunaux."
La présidente de la Fédération des femmes du
Québec ajoutait: "Comme fédération
québécoise regroupant 58 associations, notre impact politique est
plus grand à Québec qu'à Ottawa. Les forces de droite sont
aussi plus puissantes au Canada anglais qu'au Québec. L'écoute
que reçoit le groupe "Real Women" à Ottawa le démontre
bien. Comme Québécoises, nous avons une vision plus
sociale-démocrate de la façon de gouverner. S'il est vrai que le
mouvement féministe met d'abord sa confiance dans le gouvernement
fédéral, le mouvement féministe québécois
compte, pour sa part, bien davantage sur Québec pour assurer une plus
qrande égalité entre hommes et femmes."
Je cite ces propos, M. le Président, simplement pour souligner
qu'il aurait certainement été intéressant d'entendre des
groupes de femmes à la commission parlementaire qui étudiait
l'entente du lac Meech nous dire ce que cela représentait pour elles,
dans leur vie de tous les jours. 11 faut bien
voir que ces questions qui sont parfois considérées comme
extrêmement théoriques et loin des préoccupations de la
population constituent pourtant des enjeux absolument névralgiques dans
les questions touchant la promotion de l'égalité, puisqu'il
s'agit là de nouveaux programmes. Pensons simplement à ce
programme des services de garde qui est l'illustration même de cette
controverse au sujet du pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral et des conceptions diamétralement opposées.
On a pu le voir dans le rapport du groupe parlementaire fédéral
sur les services de garde.
J'aurai l'occasion tantôt d'interroger la ministre pour savoir si
des représentations ont été faites pour que des groupes de
femmes soient invités à présenter, comme le plan d'action
le proposait, des mémoires à cette commission parlementaire qui
traitait de cet enjeu certainement fondamental. M. le Président, je
pense que les bons sentiments ne suffisent pas en matière de condition
féminine, comme en quelque autre matière. Les bons sentiments ne
font pas nécessairement les bonnes politiques. Les bonnes politiques
sont le fruit d'une conjugaison certainement de volonté et de
détermination. En cette matière - j'ai eu l'occasion de le dire
à la ministre l'an passé - on juge les sentiments aux
résultats qu'ils donnent. (21 heures)
Nous aurons l'occasion, au cours de la soirée, d'examiner chacun
des dossiers en sachant pertinemment que la politique - vous savez que cela va
faire bientôt plus de six ans que je siège en ce Parlement, et je
le sais très bien - dans ce Parlement comme ailleurs, la politique est
essentiellement un combat. Je ne le dis pas en termes partisans, je pense qu'au
sein même d'un gouvernement il se fait de la politique, au sein
même de chaque parti politique, il se fait de la politique; ni les partis
ni le gouvernement ne sont à l'abri de ta politique. Le gouvernement
lui-même, au sein du Conseil des ministres, n'est pas à l'abri de
la politique; fort heureusement, il en est même le lieu d'expression, et
tout cela suppose un combat de tous les instants pour faire prévaloir
ses conceptions.
L'étude des crédits me fait toujours penser à ce
verre d'eau: est-il à moitié vide ou à moitié
plein? Les uns, en toute sincérité, peuvent plaider qu'il est
à moitié plein et d'autres, qu'il est à moitié
vide, avec tout autant de sincérité. J'ai souvent pensé
qu'à travers le monde il y a actuellement certainement des gens qui
meurent pour faire prévaloir un point de vue sur l'autre, ce qui, sans
doute, est important, mais au-delà de tout cela, il est encore plus
important de connaître le volume que l'on souhaite y mettre. En
l'occurrence, dans ce dossier, quelle est l'impulsion, quelle est la
volonté politique que l'on entend consacrer à cette promotion qui
est absolument essentielle? Dans tous les bouleversements qu'aura connus le XXe
siècle, des bouleversements majeurs au niveau de la maîtrise de
l'univers ou de la maîtrise de la matière, le bouleversement
profond qu'est le changement du rôle des femmes dans la
société restera certainement comme étant l'un de ceux qui
seront des plus majeurs. À ce titre-là, il est évident
qu'il y a beaucoup à faire, mais il est essentiel, dans la
renégociation des rôles dans notre société, que
l'État soutienne les hommes et les femmes qui, non sans
difficulté, ont à vivre cette conjoncture de négociation
de nouveaux rôles. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, madame. Une
première question, M. le député de Taschereau?
M. Leclerc: Non, toujours dans les remarques
préliminaires, si ce n'est pas terminé.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Je voudrais d'abord remercier Mme la ministre de son
allocution. Elle a brossé, je crois, un tableau fort complet des
réalisations dans tous les dossiers qui sont en marche. Contrairement
à Mme la députée de Maisonneuve, et bien que je
concède que le poste de Mme la ministre déléguée
à la Condition féminine soit un poste horizontal, cela ne me fait
absolument pas penser au livre de Mme Payette, Le pouvoir? Connais pas!
Je retrouve là bon nombre de réalisations concrètes et
pour voir travailler de l'intérieur Mme la ministre, je prétends
qu'elle a, au sein du gouvernement, beaucoup de pouvoir.
Ceci dit, je devrai - et je suis bien conscient de ne pas faire plaisir
à Mme la députée de Maisonneuve avec cette remarque -
faire à l'Opposition la même remarque que j'ai dû lui faire
au moins lors de deux interpellations avant aujourd'hui: pour notre formation
politique, la condition féminine est un enjeu de société,
ce qui amène à chaque fois que nous en débattons des
membres de sexe masculin de notre formation politique à participer aux
discussions. Je déplore donc, comme je l'ai fait à deux reprises
auparavant, qu'aucun collègue masculin de la députée de
Maisonneuve ne l'accompagne ce soir. C'étaient mes remarques
préliminaires.
Mme Harel: M. le Président, je n'ai pas pris
entièrement 20 minutes et je voudrais les compléter.
Le Président (M. Bélanger): Aucun
problème.
Mme Harel: Oui. Le député de Taschereau, je pense,
n'est-ce pas?
M. Leclerc: Toujours, oui.
Mme Harel: Je dirai à M. le député de
Taschereau que la dernière fois que je l'ai entendu faire cette
remarque, il est sorti cinq minutes après et on ne l'a plus revu du
reste de la période de l'interpellation.
M. Leclerc: C'était la première fois, madame, ce
n'était pas la deuxième.
Mme Harel: Je me souviens qu'il a fait cette brillante remarque
lors d'une interpellation en Chambre et qu'il nous a quittés
immédiatement après. Je remercie beaucoup le député
de Taschereau, mais je veux lui dire que nous sommes 23. Dans la mesure
où nous serons' un peu plus nombreux, j'aurai les mêmes exigences.
J'ai fait toute seule huit heures de crédits hier jusqu'à tard le
soir en matière de transport, mes collègues font actuellement les
crédits en matière d'affaires municipales, de tourisme ou de
loisir tout seuls. La réalité des choses, c'est que ce Parlement
est organisé sur le plan de ses règles du jeu pour qu'il y ait
une proportion de 40-60. II n'y a pas un seul parti politique dans notre
société qui se répartisse à 75-25. Ce sont les
écarts et les distorsions de notre système électoral qui
nous amènent à cette réalité parlementaire qui ne
correspond pas à la réalité politique.
La réalité, c'est qu'un système parlementaire comme
le nôtre est fait pour fonctionner avec au moins 40 députés
dans l'Opposition. Alors, si le député de Taschereau souhaite
qu'il y en ait plus qui soient présents - je remercie d'ailleurs ma
collègue de Chicoutimi - j'aimerais que, la prochaine fois, il laisse
à d'autres sa place dans cette assemblée.
M. Leclerc: Comme mes 20 minutes n'étaient pas
terminées, M. le Président, je pense que vous allez me permettre
de continuer pour rappeler que ce n'est pas la seconde fois, mais la
première fois que j'avais invoqué cette petite différence
d'attitude entre nos deux partis, que j'avais dû partir, effectivement,
pour procéder à l'inauguration d'une coopérative
d'habitation dans mon comté, ce dont j'avais fait part la
deuxième fois.
Deuxièmement, je suis bien prêt à écouter
religieusement les propos de Mme la députée de Maisonneuve sur la
distorsion possible de notre système électoral, mais je lui fais
respectueusement remarquer qu'il n'y a jamais plus de quatre commissions qui
siègent en même temps et que, par conséquent, à 23,
je ne vois pas comment elle peut expliquer qu'aucun de ses collègues ne
puisse venir avec elle à l'étude des crédits de la
condition féminine.
Mme Harel: M. le Président, est-ce qu'on peut passer
à des choses sérieuses?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie,
madame.
M. Leclerc: Madame, quand cela vous choque, ce n'est pas
sérieux?
Mme Harel: C'est ridicule. J'aimerais mieux qu'on... On
procède, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Oui, allez-y,
madame.
Office des services de garde à
l'enfance
Mme Harel: Nous allons examiner d'abord le programme concernant
l'Office des services de garde. Je ne sais si ma collègue... A-t-elle eu
le...
Une voix: Oui.
Mme Harel: D'accord. Si vous voulez, M. le Président, on
va reprendre les... Je ne sais à quelle paqe se retrouve, dans votre
discours, dans votre bilan...
Mme Gagnon-Tremblay: Le bilan des services?
Mme Harel: Oui, le bilan des services.
Mme Gagnon-Tremblay: Probablement... Je pense bien que c'est au
centre, la septième ou huitième page, peut-être.
Le Président (M. Bélanger): La page 7. Mme
Harel: Très bien.
Le Président (M, Bélanger): Nous en sommes donc au
programme 2. C'est bien ça.
Mme Harel: M. le Président, je pense que je vais demander
à la ministre, rapidement, de nou3 indiquer, en regard de l'année
qui vient de s'écouler... Je ne me rappelle plus combien, nous a-t-elle
dit, il y avait eu de places.
Mme Gagnon-Tremblay: ...3468 de développées, 3468
places. C'est cela. 3564, à la page 8, dernier paragraphe. 3564 places
ont été développées en garderie et 800 places en
agence de service pour un total de 4364 places.
Mme Harel: Pour l'année qui vient, l'objectif est de
2600?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est bien cela: 1000 en milieu familial,
1100 en garderie et 500 en garderie sans but lucratif, plus quelques places
reportées qui sont de l'ordre de 500.
Mme Harel: Qu'est-ce que vous appelez places
reportées?
Mme Gagnon-Tremblay: Des places qui étaient prévues
l'année dernière, mais que, pour différentes raisons,
peut-être parce qu'on n'a pas trouvé le local au bon moment ou
quoi que ce soit d'autre, on devra reporter pour les redonner cette
année, puisqu'il y a déjà une première partie de la
subvention qui a été accordée. Pour différentes
raisons, on n'a pas pu terminer à temps, à la fin de
l'année, les projets. Donc, ces 500 places sont reportées.
Mme Harel: Cela s'ajoute aux 2600?
Mme Gagnon-Tremblay: Aux 2600. C'est ça, oui.
Mme Harel: Pour faire un total de 3100 places. D'abord, c'est la
première année qu'il y aura un développement
planifié de places en garderie à but lucratif. J'aimerais
connaître, de la ministre, si c'est là un changement d'orientation
qu'elle entend adopter pour l'avenir.
Mme Gagnon-Tremblay: Pas nécessairement. Ce qui arrive,
c'est qu'il est certain que je dois attendre les recommandations du
comité consultatif qui doit me les faire à la fin du mois de
juin. Comme vous le savez, toutes les places en garderie, c'est-à-dire
dans les garderies à but lucratif... Lorsqu'une garderie à but
lucratif veut obtenir un permis, l'office, selon sa loi actuelle, est
obligé de délivrer un permis lorsque cette garderie est conforme
au règlement et à la loi sur l'office. Cela nous créait
certains problèmes au sujet du financement parce qu'on ne peut pas
contrôler le financement. Dès que le permis est
délivré à une garderie à but lucratif, nous sommes
obligés de donner l'aide financière aux parents.
Cela veut dire, finalement, qu'on se rend compte qu'on en ouvrait
davantage. Comme on ne pouvait pas développer les garderies sans but
lucratif au rythme qu'on aurait voulu, plusieurs garderies à but
lucratif s'ouvraient. Finalement, nous étions obligés de
subventionner les parents. Donc, cette année, pour être capables
de contrôler notre budget, nous avons décidé de
subventionner 500 places en garderies à but lucratif.
Mme Harel: Voulez-vous dire les subventionner au même titre
que les garderies à but lucratif?
Mme Gagnon-Tremblay: Non, l'aide financière aux
parents.
Mme Harel: -Non. L'exonération des parents.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est l'aide financière aux
parents.
Mme Hareh Finalement, au fond, vous plafonnez le nombre de places
en garderie à but lucratif qui devront s'ouvrir?
Mme Gagnon-Tremblay: Cela n'empêche pas une garderie
à but lucratif d'ouvrir ses portes et d'avoir plus de places. Sauf que
nous, comme gouvernement, cette année, nous allons subventionner ou
donner une aide financière aux parents jusqu'à concurrence de 500
places.
Garderies en attente d'autorisation
Mme Hareh Au moment de l'étude des engagements financiers,
vous nous aviez dit qu'il y avait un certain nombre de garderies qui
étaient en attente dans le cadre de l'exercice 1986-1987: 103 garderies
sans but lucratif étaient en attente d'autorisation, en attente d'un
permis. Est-ce bien cela? Donc, 103 garderies sans but lucratif, 120 qarderies
à but lucratif et 12 agences en milieu familial. Ce sont les chiffres
que vous nous aviez transmis au moment de l'étude des engagements
financiers en nous disant qu'il n'y avait pas de budget pour ces projets en
1986-1987.
On s'était rendu compte, à ce moment-là, qu'il y
avait eu une progression géométrique du nombre de demandes de
permis pour des garderies à but lucratif. En 1984, il y avait eu 13
demandes de permis, en 1985, 81 demandes. Et, en 1986, on se retrouve avec 120
demandes de permis de garderies à but lucratif. Il y a là une
progression astronomique, finalement. Au regard du budget de 4 000 000 $ qui va
être affecté au développement, combien de ces garderies
seront autorisées? Est-ce qu'il y en aura encore dans l'exercice
financier 1987-1988 qui seraient prêtes à ouvrir, mais qui
resteront en attente d'un permis parmi les garderies sans but lucratif?
Mme Gagnon-Tremblay: Au départ, le bilan que vous aviez
à ce moment-là évolue rapidement. Seulement en quelques
mois cela change déjà. Au 31 mars 1987, si je prends le total des
garderies sans but lucratif, par exemple, je suis rendue à 334. Ce sont
des projets en attente.
Mme Hareh Trois cent trente-quatre?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, 334. Parce que c'est une accumulation
des années 1984,
1985 et 1986. Par contre, il peut arriver que, parmi ces 334 garderies,
des projets puissent être retirés, soit parce que les promoteurs
ne sont plus intéressés à ouvrir, soit parce qu'ils ont eu
de la difficulté à obtenir le terrain nécessaire, par
exemple, ou le local nécessaire. Enfin, pour différentes raisons,
ils pourraient décider de retirer leur projet. Mais nous n'avons pas de
statistiques sur le nombre de promoteurs qui pourraient retirer leur projet.
Normalement, cela se situe à environ 50 % des promoteurs qui pourraient
retirer leur projet.
Si je regarde le tableau concernant les garderies à but lucratif,
c'est vrai qu'il y a eu croissance puisqu'en 1984 il y avait 8 projets de
garderie, alors qu'en 1986 il y en avait 211, pour un total de 282 en attente.
Ce sont des projets enregistrés.
Mme Harel: Là, Mme la ministre, ce soir, je vais vous
demander, parce que j'ai l'impression de ne pas très bien
fonctionner...
Mme Gagnon-Tremblay: Ne vous en faites pas, à cette
heure-ci, je pense... (21 h 15)
Mme Harel: J'ai fait huit heures d'étude de crédits
jusqu'à minuit hier, je suis allée à Montréal
aujourd'hui, aller et retour, alors là! Vous me dites qu'il y a 334
projets sans but lucratif en attente.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela.
Mme Harel: Là, vous me le dites pour celles à but
lucratif.
Mme Gagnon-Tremblay: Là, je vous le dis pour celles
à but lucratif. Si on veut avoir le portrait de la croissance: en 1984,
il y en avait 8 qui étaient en attente, en 1985, il y en avait 63 et en
1986, 211 se sont enregistrés. Ce qui nous donne actuellement un total
de 282 garderies enregistrées à but lucratif.
Mme Harel: En attente.
Mme Gagnon-Tremblay: En attente. Encore là, il y a
peut-être 50 % des demandes - on me dit que le pourcentage...
Mme Guy (Stella): 65 % de réalisations.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: De réalisations?
Mme Guy: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Non d'abandons.
Mme Guy: D'abandons, je m'excuse.
Mme Gagnon-Tremblay: D'abandons.
Mme Harel: D'abandons? Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Peut-être 65 % d'abandons. Et vous
avez les agences. En ce qui concerne les agences en milieu familial, vous en
aviez 6 en 1984, 18 en 1985, 20 en 1986, pour un total de 44.
Mme Harel: D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: Donc, il y a 660 projets en attente, mais
encore là, il faudrait voir si les promoteurs sont toujours d'accord
pour poursuivre. Finalement, si cette année nous avons
décidé de développer 1000 places en agence, c'est qu'il y
avait un certain rattrapage à faire aussi, parce qu'il faut dire que
cela répond quand même à un certain besoin selon les
milieux, plus éloignés ou peut-être dans les petites
municipalités. Cela répond quand même au besoin d'une
clientèle.
Mme Harel: Ces chiffres nous permettent certainement de bien
toucher du doigt, tout au moins, la multiplication des projets de garde et en
rapport sans doute avec les besoins qui sont identifiés, puisque les
promoteurs ou les promotrices ne font sans doute pas de démarches
auprès de l'office sans avoir préalablement vérifié
cela. De toute façon, ce sont des demandes de permis enregistrées
pour lesquelles il a quand même fallu faire des démarches.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: Il ne s'agit pas simplement d'une première
démarche auprès de l'office. Pour ces 660, même si de
façon raisonnable on considère qu'il y a un taux
élevé d'abandon, il s'agît quand même de projets qui
sont passés à travers un certain nombre de...
Mme Gagnon-Tremblay: Qui ont cheminé, oui.
Mme Harel: Qui ont cheminé et qui ont rempli un certain
nombre de conditions.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela. Exactement.
Mme Guy: Mais ils ne sont pas rendus du tout à
l'étape du permis. Ils ont fait un enregistrement de projet, ils ont
été mis en contact avec ce que sont la loi, le règlement
et les exigences. Souvent, quand ils voient certaines exigences, le projet
tombe. Très souvent ils ont formé une corporation ou ont un
enregistrement social ou une raison sociale et c'est pour cela qu'on vous dit
qu'il y a un taux d'abandon de 50 % ou de 60 %, parce que, tout au long du
cheminement... Mais ils ne sont absolument pas rendus à
l'étape qu'on appelle émission du permis.
Mme Harel: L'année dernière, il y a eu un certain
nombre de projets qui avaient déjà obtenu leur permis, mais qui
étaient encore dans l'attente d'une subvention, qui avaient
été acceptés tout au moins, qui avaient
complété...
Mme Guy: C'est impossible, ils ne peuvent pas... Acceptés
dans le plan de développement?
Mme Harel: Combien avaient été acceptés dans
le plan de développement?
Mme Guy: On ne peut pas en accepter dans le plan de
développement, puisque les crédits sont alloués... Nous
avons eu des crédits pour 4000 places. Alors, nous avons pu mettre 4000
places dans le plan de développement. Mais on ne peut jamais
enregistrer, en ce qui concerne les subventions pour le plan de
développement, plus que le nombre de places pour lequel on a eu des
budgets. Alors, l'année dernière, nous avions eu des budgets pour
développer 4000 places. Il y a eu 4000 places d'enregistrées et,
comme Mme la ministre l'a expliqué tout à l'heure, des places
reportées. Pourquoi appelle-t-on cela des places reportées? Ces
places n'ont pas pu être ouvertes, avoir le permis avant avril 1981,
mais, comme le gouvernement avait un engagement disant qu'il donnait la
subvention d'implantation et comme souvent il avait versé une
première tranche de la subvention, alors, il s'est engagé par le
fait même sur le budget suivant à donner ces sommes. C'est pour
cela qu'on ne les comptabilise pas dans les nouvelles places, quand on va
chercher de nouveaux crédits. Elles sont reportées à
l'exercice financier 1988-1989.
Mme Harel: Cela veut dire que les 500 places qui sont
reportées cette année ne font pas partie des 4364 places de
l'année dernière.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, les 500 places reportées font
partie des 4364 de l'année dernière.
Mme Harel: Parmi les 500...
Mme Gagnon-Tremblay: Les 500 places reportées font partie
des 4364... C'est cela.
Mme Harel: Donc, cette année... Bon, on va revenir
à cette année. Vous nous aviez dit, au moment de l'étude
des engagements financiers, que 60 projets, qui avaient été
acceptés en 1986-1987 étaient reportés au budget de
1987-1988. Est-ce que ce sont là les 500 places?
Mme Guy: Les 500 places ne sont pas comptabilisées. C'est
très technique puisque le budget passe d'avril à avril et qu'on
ne peut pas sortir l'argent ou donner le permis avant le 1er avril. Ce qui est
clair du développement de l'an passé, c'est que nous avons
développé à ce moment-là les 77 nouveaux... Quand
on dit qu'on a développé les 3000 places que Mme Gagnon vous a
données, cela veut dire que les garderies ont leur permis et qu'elles
sont ouvertes.
Mme Harel: Quelles 3000 places?
Mme Guy: Les 3500 places qu'on vous a données.
Mme Gagnon-Tremblay: À la page 8.
Mme Guy: À votre page 8. Quand on dit développer,
dans le langage de l'office des services de garde, cela veut dire que le permis
est donné et que la qarderie est ouverte. Quand on dit reporter, cela
veut dire que la garderie n'est pas ouverte, qu'elle n'a pas de permis, mais
qu'elle a eu une première tranche de sa subvention, ce qui fait que les
500 places et plus dont on vous parle, qui sont reportées, ne sont pas
incluses dans les 3564 places. C'est pour cela que je vous disais que nous
avons eu des crédits pour 4000 places l'an passé. Nous avons pu
engager de l'argent pour 4000 places. C'est pour cela que vous avez environ 500
places reportées parce que, techniquement, les garderies n'ont pas pu
ouvrir avant le 1er avril.
Mme Harel: Donc, pour bien s'entendre, les 500 places ne sont pas
incluses dans les 4364.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Elles ne sont pas incluses dans les
3000, mais elles sont incluses dans les 4000.
Mme Harel: Non, parce que vous venez de nous dire que les 3564
places développées, au sens de l'office, cela veut dire un
permis...
Mme Guy: Ces chiffres sont tellement mêlants. Quand vous
ajoutez 4364, vous rajoutez les places en milieu familial. C'est vrai qu'elles
ne sont pas incluses dans les 4364 places, dans le sens que vous avez 3564
places en garderie plus 800 places en agence. Quand je vous ai répondu:
Des places reportées, ce sont des places de garderie.
Mme Harel: Oui, qui ne sont pas incluses dans les 3564.
Mme Guy: C'est cela.
Mme Harel: Elles ne sont donc ni dans
le total de 3564, ni dans le total de 4364. Elles le seront cette
année.
Mme Guy: Elles seront comptabilisées cette
année.
Mme Harel: Ce que je veux savoir, dans le fond, c'est si on
avance, si on recule ou si on fait du "sur place". C'est la vraie question que
tout le monde se pose. En d'autres termes, l'an passé, c'était
4364. C'est simple. Si on fait du "sur place", cette année, cela va
donner 4364 places; si on avance, cela va en donner plus de 4000 et, si on
recule, cela va en donner moins de 4000.
Là, la ministre dit: J'ai finalement obtenu un budget du ministre
des Finances pour faire 2600 places, plus les 500 reportées, je monte
à 3100. Mais il m'en manque pour faire le compte, si on veut en faire
plus pour l'année qui vient que pour l'année qui se termine.
Je me dis que, dans les circonstances où, d'une certaine
façon, toute l'opinion publique est plus sensibilisée è la
question de la politique familiale... Il faut le voir avec la semaine
provinciale qui vient de se terminer; je pense simplement au vidéo
d'André Melançon qui a été présenté
aux Beaux dimanches. Non, cela ne s'appelle plus comme cela maintenant.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, oui.
Mme Harel: Cela s'appelle comme cela, oui. On se rend compte que,
finalement, et la société québécoise, et l'opinion
publique... Mais aussi, la demande est de plus en plus forte, étant
donné la progression continue de femmes sur le marché du travail
qui ont des enfants en bas âge. Il y a quand même une
sensibilité nouvelle en ce qui concerne toute la question de la
politique familiale et on aura, je l'espère, l'occasion d'y revenir ce
soir avec la ministre.
C'est donc dire que, pour l'année qui vient... Je voudrais
comprendre également pourquoi 2 000 000 $ de crédits ont
été périmés. Finalement, il y a eu 2 205 800 $ en
crédits périmés, dans les programmes de subventions aux
garderies. Pourquoi y a-t-il eu ces crédits périmés,
compte tenu de tous ces projets qui étaient prêts à ouvrir
et qui étaient en attente?
Crédits périmés
Mme Gagnon-Tremblay: On est loin de reculer. À mon avis,
on avance quand même d'un grand pas puisque l'année
dernière le budget de l'office des services de garde était de 81
000 000 $ et que, cette année, il est de 90 000 000 $. Pour le
développement, l'année dernière, nous avions obtenu 4 500
000 $; cette année, pour le développement et la consolidation, je
suis allée chercher 8 000 000 $ et vous vous souvenez, Mme la
députée de Maîsonneuve, que, lorsque nous avons fait
l'étude préliminaire des crédits, vous souhaitiez que je
fasse des demandes formelles et que je puisse obtenir au moins le même
pourcentage que mes collèques avaient obtenu, c'est-à-dire 5,9 %.
Alors, non seulement je suis allée chercher 5,9 %, mais je suis
allée chercher 12 %. Alors, vous devriez même me féliciter.
Et c'est pour vous démontrer, finalement, qu'on ne recule pas, mais
qu'il y a des besoins pressants, entre autres, à la consolidation et que
c'est la raison pour laquelle, cette année, nous allons allouer 3 800
000 $ pour des projets nouveaux pour aider les garderies à demeurer
ouvertes avant de développer considérablement le réseau et
aussi avant de savoir exactement dans quelle direction on va s'orienter parce
que je vous faisais mention tout à l'heure qu'il y a un comité
consultatif que j'ai mis sur pied et qu'on va avoir une politique des services
de garde. Donc, il m'apparaissait important de développer, mais
développer quand même d'une façon... C'est sûr que ce
n'est pas selon la demande. Je suis tout à fait d'accord avec vous pour
dire qu'on ne développera jamais suffisamment, mais de là
à dire qu'il fallait mettre le budget uniquement là-dedans... On
avait d'autres besoins, je pense.
Il y a peut-être quelque chose. Tout à l'heure, parce que
vous allez me poser la question, l'on parlait du nombre de places dont on avait
besoin. Je profite de l'occasion pour vous parler aussi de l'étude
récente de l'office des services de garde concernant la
différence entre 15 % ou 16 % que l'on fait et 45 % à la suite de
l'étude récente de l'office des services de garde concernant les
besoins. J'en faisais part, d'ailleurs, dans mon énoncé tout
à l'heure en disant que, selon de nouveaux critères, parce que je
tiens à le souligner étant donné que les regroupements,
entre autres, ne sont pas d'accord avec ce nouveau pourcentage des besoins...
Je tenais à vous en faire part, parce que l'office s'est quand
même basé sur des critères, entre autres, sur le taux
d'activités qui était retenu, le nombre d'enfants à
être qardés, la préférence des modes de garde,
alors, la garde reconnue, le nombre d'enfants à être reconnus,
l'équivalence à temps plein. Finalement, avec tout cela, on en
arrive à la conclusion que nous répondons à environ 45 %
de la demande en garde reconnue. Mais, malgré tout cela, je suis quand
même consciente que ce n'est pas suffisant, et j'aime mieux qu'on aille
à la hausse et que, par la suite, on soit plus bas pour pouvoir demander
et non pas être obligés de revenir. Supposons qu'on a besoin de 90
000 places, j'aime mieux baser un plan à longue échéance
sur 90 000 places
et qu'après, si on n'en a pas suffisamment, ou en ajoute, que de
partir à 150 000 et être obligés de descendre à 90
000.
Mme Harel: Compte tenu du fait que la ministre a abondamment
cité cette étude, je pense qu'elle se doit de la déposer
ou de la rendre de toute façon accessible aux membres de la
commission.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une étude qui a
été faite par l'office des services de garde, qui est un document
public et qui peut être déposée à n'importe quel
moment.
Mme Harel: Alors, on aura l'occasion à ce moment-là
sans doute d'y revenir.
Mme Gagnon-Tremblay: En faites-vous une demande de
dépôt?
Mme Harel: Oui, oui, au secrétariat de la commission. Je
ne sais pas si vous en avez des copies; ce soir, ce serait difficile d'ailleurs
d'en faire l'analyse, mais cela va quand même peut-être nous
permettre de revenir à cette question du développement. On ne
reprendra pas le débat qu'on avait eu à la commission sur les
engagements financiers. La ministre elle-même répète
très souvent qu'elle ne veut plus être en situation d'aller
chercher chaque année les millions nécessaires au
développement, mais elle ne les additionne pas non plus à son
budget, ce qui fait que, si elle additionne le développement qu'elle est
allée chercher l'an passé, ce n'est plus le même
pourcentage d'augmentation qu'elle va chercher cette année au
regard...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est du récurrent.
Mme Harel: Le récurrent, Mme la ministre, vous le savez,
est devenu régulier et permanent.
Mme Gagnon-Tremblay: Si nous avons maintenant... (21 h
30)
Mme Harel: Alors, en matière de développement,
pourquoi y avait-il du récurrent? Parce que la vitesse de
croisière est telle que c'est un dossier qui a connu une augmentation
d'à peu près 1000 % si on regarde les dix dernières
années. Le récurrent faisait intrinsèquement partie du
budget global parce que, sinon - si nous parlons franc - il n'y en avait plus
de développement. À chaque année, le récurrent,
c'est ce qui permettait le développement. Il y a deux choses qui sont
importantes: le développement et la consolidation. Le
développement pour les garderies qui doivent voir le jour et la
consolidation pour celles qui fonctionnent toujours mais avec des
difficultés.
Sur le développement, vou3 avez beau me dire 12 % d'augmentation,
mais moi je vous demande combien il y a de nouvelles places cette année.
Vous me dites 3100. Ce n'est pas moi...
Mme Gagnon-Tremblay: Je comprends, mais...
Mme Harel: ...qui vous donne les réponses. C'est vous qui
venez...
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la députée de Maisonneuve,
c'est...
Mme Harel: Je voulais connaître la réponse la plus
généreuse.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous parle de 8 000 000 $.
Mme Harel: Ce n'est pas 2600... Un instant, je vais terminer, Mme
la ministre. Vous me dites 3100 et vous-même, vous avez
déposé un bilan qui fait que, l'an dernier, le total était
de 4000, disiez-vous, 4364. C'est une différence de 1000 à 1200
places en moins. Si vous me dites: Mon budqet a augmenté de 12 %, je dis
tant mieux pour le budget, mais tant pis pour les garderies, parce que cela
fait 1200 places en moins.
D'autre part, quant à la consolidation, qu'est-ce qui est
prévu pour la ventilation des 3 800 000 $ supplémentaires? C'est
un sujet qui préoccupe énormément le milieu actuellement
de savoir comment sera injecté ce montant supplémentaire? Quel en
sera le mode de distribution?
Mme Gagnon-Tremblay: Je reviens aux 8 000 000 $. Pour moi,
obtenir 8 000 000 $, à ce moment-ci, c'est un effort
considérable. Si on a moins de développement aujourd'hui, c'est
que, si vous m'aviez laissé moins de problèmes dans la
consolidation, aujourd'hui, je pourrais faire davantage de
développement. Je suis obligée de régler également
des problèmes de consolidation qui durent depuis longtemps.
Concernant les 3 800 000 $ qui serviront à de la consolidation,
je suis en train de travailler à un mémoire que je
présenterai au Conseil du trésor prochainement. Je ferai
l'annonce de la ventilation en temps et lieu, dès que le Conseil du
trésor aura accepté le mémoire.
Mme Harel: Mme la ministre, si vous trouvez remarquable l'effort
fait cette année, quand le président du Conseil du trésor,
dans ses déclarations de presse, considère qu'il y a une
croissance économique réelle dont tous ses collègues
ministres doivent bénéficier, imaginez-vous ce que c'était
comme effort pendant la crise
économique des années 1982-1983, au moment où la
progression s'est poursuivie.
Pourquoi des crédits périmés de 2 000 000 $ l*an
dernier?
Mme Guy: D'abord, il y a une demande du Conseil du trésor
à tous les ministères et à tous les organismes de
périmer des fonds. Il y a eu demande formelle à l'office de
périmer des fonds. Il y a eu un surplus de fonds périmés
par rapport à la demande du Conseil du trésor, surplus qui s'est
retrouvé, et c'est assez normal pour toutes les années
budgétaires de l'office des services de garde, dans le proqramme d'aide
financière.
Le taux de la clientèle qui utilise l'aide financière
varie. Une variation de pourcentage de 2 % peut avoir un impact de 250 000 $
par mois. Nous avons périmé uniquement cela et cela n'a
enlevé ni diminué aucune subvention de fonctionnement aux
garderies, ni affecté aucun parent qui avait droit à l'aide
financière. Il y a eu une fluctuation dans le nombre de parents qui
avaient droit à l'aide financière et aussi il y a eu une demande
du Conseil du trésor de périmer un pourcentage X. Il n'a pas
été permis d'utiliser ces fonds ou de transférer cet
argent pour faire du développement. C'est évident que le Conseil
du trésor n'a pas permis cela.
Mme Harel: Ces 2 000 000 $ étaient affectés
originairement au programme d'aide financière aux parents, vous dites.
C'est cela qu'il faut comprendre?
Mme Guy: Ils ne viennent pas tous de ce domaine. Ce que je vous
dis, dans la catégorie Transfert, c'est que la majeure partie vient de
ce programme, il y en a eu du budget de fonctionnement de l'office des services
de garde, il y en a eu de différents programmes de subvention, mais cela
n'a pas, en soi, affecté les montants de subvention donnés aux
garderies. Cela a retardé, par exemple, des paiements pour des garderies
qui voulaient se relocaliser et qui avaient des dépenses. Au lieu de les
payer en 1986-1987, nous en payons une partie en 1987-1988.
Mme Harel: Mme la présidente de l'office des services de
garde, il y a eu 2 000 000 $ en moins...
Mme Guy: Oui, que nous n'avons pas dépensé.
Mme Harel: Qu'est-ce que cela a empêché comme
réalisations?
Mme Guy: Cela a empêché, pour le plus gros des
réalisations, de payer complètement, en 1986-1987, les garderies
qui ont été relocalisées ou
réaménagées en fonction de la section A. Nous les paierons
en 1987-1988. Au point de vue argent, les garderies n'ont rien perdu.
Mme Harel: Elles n'ont pas été
relocalisées?
Mme Guy: Elles ont été relocalisées. Elles
ont eu une promesse de subvention pour l'année suivante. Elle3 ont pu
commencer leurs travaux, emprunter l'argent et le faire, mais nous payons,
comme gouvernement, en 1987-1988, sur l'autre budget. Ce que je vous dis, cela
n'a enlevé ou diminué aucune des subventions, parce que l'office
des services de garde, d'une certaine façon, si vous regardez chaque
année, périme régulièrement de l'argent à
cause de l'un de ses programmes qui est très fluctuant, le programme
d'aide financière. Si la clientèle du programme d'aide
financière passe de 48 % à 50 %, il suffit de ces 2 % pour faire
500 000 $ ou 1 000 000 $ au bout de l'année. C'est toujours cette marge
de manoeuvre qui fait qu'à la fin de chaque année nous ne pouvons
jamais budgétiser au chiffre près. Il y a eu une fluctuation dans
la clientèle, cela veut dire qu'elle a baissé de 1 % ou de 2 %,
ce qui fait qu'on a remis plus d'argent, les 2 000 000 $. Mais, dans les faits,
concrètement, il n'y a pas eu de service de garde qui a
été empêché, qui n'a pas reçu la subvention
à laquelle il avait droit. Si vous me dites, ce que vous voulez, je
pense, comprendre: Est-ce qu'on aurait pu être autorisés à
prendre ces 2 000 000 $ pour faire des projets de développement? Cela
n'a pas été permis, c'est très clair.
Mme Harel: Ah oui. Est-ce que des projets ont été
retardés? Un projet de garderie qui a pu être retardé du
fait qu'il n'y avait pas dans le budget de développement...
Mme Guy: Aucun projet qui avait été accepté
dans le plan de développement n'a été retardé. Tous
ceux qui n'avaient pas été acceptés, bien sûr, ont
été retardés.
Mme Harel: Ceux qui n'ont pas été acceptés,
ce sont ceux qui n'ont pas pu l'être parce qu'il n'y avait pas les
budgets nécessaires.
Mme Guy: C'est cela.
Mme Harel: Donc, à ce moment-là, c'est la
quadrature du cercle.
Mme Guy: Oui.
Mme Harel: Vous me dites, on ne les accepte pas parce qu'il n'y a
pas de budgets et puis, par ailleurs, il n'y a pas de budgets parce que le
Conseil du trésor demande de
les périmer.
Est-ce qu'en calculant vos 12 %, vous avez soustrait ces 2 000 000 $ de
crédits périmés ou vous les avez maintenus?
Mme Gagnon-Tremblay: Je suis partie à 12 %, je suis partie
du budget actuel, du budget de l'année dernière...
Mme Harel: Sans prendre les 2 000 000 $
périmés.
Mme Gagnon-Tremblay: Une fois que les crédits
étaient périmés.
Mme Harel: En soustrayant les crédits
périmés?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Finalement, c'est 81 000 000 $ à
90 000 000 $.
Mme Harel: Sur la question de la distribution des 3 800 000 $
supplémentaires, vous nous dites que vous avez déposé un
mémoire?
Mme Gagnon-Tremblay: Je déposerai au Conseil du
trésor, d'ici quelques jours, un mémoire pour ventiler les 3 800
000 $.
Mme Harel: Avez-vous l'intention de l'orienter en matière
de consolidation?
Mme Gagnon-Tremblay: À ce moment-là, c'est que j'ai
l'intention d'aider les garderies.
Mme Harel: Existantes, en matière de consolidation?
Mme Gagnon-Tremblay: En bonne partie.
Mme Harel: Quelles seront... Il n'y a pas de cachettes,
j'imagine?
Mme Gagnan-Tremblay: S'il n'est pas encore présenté
au Conseil du trésor, je pense que j'aurai de la difficulté
à le rendre public ce soir.
Mme Harel: Vous savez certainement que le milieu des garderies
souhaite que ce soit ajouté à la subvention de
fonctionnement?
Mme Gagnon-Tremblay: On m'a déjà fait certaines
remarques à ce sujet.
Services de garde en milieu scolaire
Mme Harel: En ce qui concerne les garderies en milieu scolaire,
il nous a été impossible dans l'étude des crédits
du ministère de l'Éducation, de pouvoir identifier d'une
quelconque façon quels avaient été les crédits
alloués l'an dernier aux garderies en milieu scolaire et quel budget le
ministre entendait consacrer cette année aux garderies en milieu
scolaire. Est-ce que la ministre...
Mme Gagnon-Tremblay: On l'a trouvé.
Mme Harel: Parfait. Tant mieux, tant mieux, tant mieux! Et vous
direz que vous ne l'avez certainement pas obtenu en lisant ce qui est rendu
public, parce qu'on ne peut le retrouver. Il n'y a pas d'élément,
de programme qui s'appelle garderies en milieu scolaire. Il faudrait
peut-être que vous fassiez l'exercice pour voir combien, si c'est
compliqué pour nous avec d'excellentes recherchistes comme
Marie-Hélène Audet, cela pourrait être compliqué
pour le commun des mortels.
Mme Gagnon-Tremblay: Si vous voulez avoir l'information, je suis
prête à vous la donner.
Mme Harel: D'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: En 1986-1987, on avait prévu un
budget de 3 045 000 $ et il s'est dépensé 3 174 485 $. On a
répondu aux demandes de développement en puisant à
même d'autres enveloppes budgétaires.
Au 15 décembre 1986, il y avait 427 écoles, donc il y
avait eu une augmentation de 39. Le nombre d'enfants inscrits de façon
régulière était de 14 203 et, depuis le 10 juin 1986, il y
avait eu une augmentation de 1588. Le nombre des inscrits de façon
sporadîque était de 8655, donc, depuis le 10 juin 1986, une
augmentation de 1896. L'aide financière accordée aux parents dont
les enfants fréquentent un service de garde en milieu scolaire est de
l'ordre de 2 378 122 $...
Mme Guy: Dans le budget de l'office.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, d'accord, c'est dans le budget de
l'office. Dans le budget du ministère de l'Éducation pour
l'année 1987-1988, le montant est de 3 045 000 $.
Mme Harel: Pour 1987-1988, quel est l'objectif d'ouverture de
places?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous n'avons pas de chiffres pour le milieu
scolaire. C'est un peu comme l'année dernière, finalement. La
politique est ouverte, c'est-à-dire qu'on est ouvert, on puise dans
différentes enveloppes selon la demande. L'année dernière,
on ne nous avait pas promis de places régulières, mais on nous en
avait quand même donné une idée. Finalement, au fur et
à mesure de la demande, on a
toujours payé quand même. On a ajouté au budget de 3
045 000 $. Donc, cette année, étant donné que la politique
est encore ouverte, on estime que le ministère de l'Éducation va
faire exactement la même chose, c'est-à-dire qu'au fur et à
mesure des besoins, on puisera à même d'autres enveloppes pour
combler les places en milieu scolaire.
Mme Harel: Cela reste un bar ouvert.
Mme Gagnon-Tremblay: En milieu scolaire, c'est un peu cela.
On me dit que vous le retrouverez, dans les crédits à la
direction des réseaux...
Mme Guy: Dans les budgets de la direction des réseaux.
Mme Gagnon-Tremblay: ...qu'on est en mesure de retrouver ce
budget en milieu scolaire.
Mme Harel: La ministre a reçu en juin 1986, cela fait un
an, le rapport du comité d'étude qui siégeait depuis un
bon moment, qui avait été mis sur pied précédemment
et qui devait étudier l'impact financier de l'implantation obligatoire
de services de garde dans les écoles sur demande des parents. Si cette
étude a été complétée comme prévu,
elle peut être disponible, j'imagine?
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne sais pas. J'ai vu quelque chose, mais
je ne sais pas si cela fait partie d'une étude. De quelle étude
parlez-vous exactement?
Mme Harel: Je pense que c'est dans le plan d'action.
Mme Gagnon-Tremblay: J'aimerais avoir un petit peu plus de
précisions, parce que je ne sais pas exactement... (21 h 45)
Mme Harel: Oui, oui, je vais essayer de vous la retrouver.
L'an dernier, lors de l'étude des crédits, vous nous aviez
dit que vous aviez l'intention de rencontrer votre collègue, le ministre
de l'Éducation, pour faire promouvoir l'obligation des commissions
scolaires d'implanter des garderies. En fait, concernant le caractère
obligatoire, cela se lit comme suit à la page 42 du plan d'action:
Seront évalués les impacts financiers et autres de rendre
obligatoire, sur demande des parents, l'implantation de services de garde dans
les écoles, la responsabilité en incombant au ministère de
l'Éducation et à l'office des services de garde, et
l'échéancier prévu étant juin 1986." L'étude
de l'impact financier de l'introduction du caractère obligatoire a-t-
elle été réalisée?
Mme Gagnon-Tremblay: J'en ai discuté avec mon
collègue de l'Éducation et, à ce moment-là, il m'a
fait part de certains problèmes qui avaient déjà
existé concernant la loi 3. Finalement, il n'y a pas eu d'étude
comme telle de complétée en 1986, mais j'ai fait cette
recommandation au comité consultatif que j'ai mis sur pied en
décembre et j'attends des réflexions du comité.
Il faut dire aussi que nous avons mis sur pied un comité qui
travaille avec Mme Guy, qui n'est pas Mme Stella Guy, mais Mme Brigitte Guy, la
présidente de l'Association des services de garde en milieu scolaire.
Nous avons mis un comité sur pied dans le but d'enrayer certains
obstacles qui nous empêchent, par exemple, de développer davantage
en milieu scolaire. Ce comité travaille actuellement avec les
municipalités et aussi avec quelqu'un de l'office. Il doit nous faire
également des recommandations; il en a déjà fait part au
comité consultatif aussi.
Mme Harel: Depuis l'an dernier, il y a eu effectivement deux
projets de loi qui ont été déposés par le ministre
de l'Éducation et qui apportaient des modifications à ta Loi sur
l'instruction publique; il y a le projet de loi 131 et le projet de loi 13. Et,
en l'occurrence, dans ces deux projets de loi, il y avait la possibilité
d'introduire des dispositions qui auraient été relatives aux
services de garde en milieu scolaire, Mme la ministre siège, je pense,
au comité législatif et, à ce titre-là, elle a sans
doute vu passer devant elle ces deux projets de loi. Le premier, le projet de
loi 131, apportait des modifications mineures et le projet de loi 13, une sorte
de projet omnibus, traitait de modifications à la Loi sur l'instruction
publique, notamment sur la confessionnalité et aussi sur toutes les
questions relatives aux élections. Vous n'avez pas jugé bon,
à ce moment-là, de demander que soient introduites des
dispositions qui allaient faciliter, dans le fond, l'implantation d'un service
de garde en milieu scolaire? Je lisais dernièrement que 64 % des femmes
dont les enfants sont d'âge scolaire sont actuellement sur le
marché du travail.
Mme Gagnon-Tremblay: Remarquez que c'est loin dans ma
mémoire, mais je me souviens, entre autres, d'avoir fait des
recommandations auprès de mon collègue. On n'a pas donné
suite à ces deux projets et la raison pour laquelle on ne l'a pas fait,
c'est qu'il n'était pas de l'intention du ministre de l'Éducation
de transférer des responsabilités aux commissions scolaires,
alors qu'il n'avait pas l'enveloppe budgétaire pour répondre aux
besoins des commissions scolaires. C'est un peu pourquoi nous avons mis sur
pied ce comité, pour voir aussi de quelle façon on
pourrait aider à ouvrir plus de places au niveau des commissions
scolaires et de quelle façon on pourrait collaborer avec les
municipalités. Cela fait partie de nos réflexions en vue d'une
politique globale des services de garde, mais la demande a été
faite.
Mme Harel: Tantôt, vous nous disiez que c'était un
bar ouvert, mais cela ne l'est pas vraiment parce que, finalement, cela l'est
dans la mesure où il n'y a pas beaucoup de projets.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, ce qui arrive...
Mme Harel: Mais si, effectivement, cela devenait efficace et s'il
y avait beaucoup de projets, cela le serait moins, mais l'automne prochain vous
pourrez vous reprendre, parce que le ministre de l'Éducation - je vais
laisser ma collègue de Chicoutimi en parler, mais...
Le Président (M. Gervais): Avant de reconnaître Mme
la députée de Chicoutimi, j'aimerais reconnaître Mme la
députée de Châteauguay pour, ensuite, revenir à Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Harel: D'accord. Donc, à ce moment-là, je vais
tout de suite terminer mon intervention, M. le Président. Mme la
ministre en aura l'occasion l'automne prochain, au moment où le ministre
de l'Éducation examinera un important projet de loi qu'il a
déjà annoncé, qui doit faire la refonte de l'ensemble de
la Loi sur l'instruction publique. Ce serait le temps ou jamais. Le ministre
aura l'occasion... Ce sera un peu la minute de vérité de la garde
en milieu scolaire.
Mme Gagnon-Tremblay: Le projet est déjà
prêt.
Mme Harel: C'est bon à savoir.
Mme Gagnon-Tremblay: On va vous aider, vous allez voir.
Mme Harel: On va le réclamer du ministre de
l'Éducation.
Le Président (M. Bélanger): Je reconnais Mme la
députée de Châteauguay.
La qualité des services de garde
Mme Cardinal: Merci, M. le Président. Mme la
députée de Maisonneuve semble beaucoup se préoccuper
d'expansion et de développement, ce que je trouve bien en soi. Mais ce
qui me préoccupe davantage, c'est la qualité des services de
garde. Si on se souvient bien, le thème de la semaine des garderies
était cette année Une garderie de qualité, service
essentiel à la famille québécoise.
Pour atteindre ces objectifs de qualité, je voudrais savoir de
Mme la présidente quels sont les modes de contrôle que l'office
utilise pour arriver à s'assurer que les garderies répondent bien
aux normes de qualité qui se doivent d'être respectées,
pour la sécurité et l'épanouissement des enfants. En ce
qui me concerne, cela me préoccupe davantage.
Mme Guy: D'abord, comme je dis, notre meilleure équipe
d'inspecteurs, dans tout le Québec, ce sont les parents. Comme vous
savez... Je vous donnerai ensuite les mesures administratives. Mais, même
si les mesures ne sont pas administratives, le contrôle qu'effectuent les
parents dans les services de garde - c'est reconnu par différentes
recherches, dans différents pays - est le meilleur contrôle.
C'est-à-dire, en laissant des garderies sans but lucratif au
contrôle des parents, on s'aperçoit qu'ils sont mieux
placés pour intervenir lorsqu'il y a des situations qui mettent en
danger la santé ou la sécurité des enfants et qui touchent
l'épanouissement des enfants.
Alors, d'abord, il y a les parents. Donc, nous avons certaines mesures
de soutien pour eux, pour les aider à mieux fonctionner en conseil
d'administration, leur montrer comment travailler en conseil d'administration.
Mais la meilleure mesure de sécurité que nous ayons mise en
place, c'est le règlement des services de garde, qui a été
un peu difficile à appliquer et qui en a fait grincher plus d'une. Je
pense que nous avons terminé, cette année, la partie de
l'application la plus difficile: celle de la sécurité dans les
locaux. C'est une opération qui est terminée et qui a permis de
pouvoir dire, aujourd'hui - nous pouvons dire pour ta première
année - que les enfants sont tous gardés dans des locaux
sûrs où il n'y a plus de danger d'incendie. Nous avions les
mêmes problèmes que les foyers de personnes âqées
avaient connus, parce que les garderies s'étaient mal établies,
dans des sous-sol, des locaux non sécuritaires et tout. Cette partie de
l'application du règlement est terminée.
L'autre partie, que nous mettrons en vigueur en 1988, celle de la
dernière partie du règlement à entrer en vigueur, concerne
la formation du personnel, parce qu'on sait que la qualité dépend
aussi de cet aspect: il faut du personnel compétent capable de donner de
bons services. Nous avons fait un relevé. Actuellement, plus de 46 % du
personnel qui travaille dans les garderies possède des qualifications,
alors que notre exigence est de 33 %, une personne sur trois. Il y aura quand
même quelques petits problèmes, parce que ce n'est pas
réparti
également dans l'ensemble de la province. Vous savez ce qu'est
une moyenne? Cela nous joue des petits tours parfois.
Autre élément aussi très important: tes inspections
et les plaintes. Si nous regardons le bilan des inspections et des plaintes,
cette année, à la page 31 - de mémoire, je n'ai plus le
chiffre, mais je l'ai ici sur une feuille, je vais vous le sortir, ce ne sera
pas très long - au total, nous avons fait 502 visites d'inspection
à travers le Québec, dont 390 inspections de services de garde
avec permis et 112 de services de garde sans permis, parce que nous avons
parfois des inspections à faire dans les services de garde sans permis.
Donc, il y en a eu 502. Ensuite, il y a eu le travail fait au chapitre des
plaintes aussi. Nous avons dû intervenir à la suite de 226
plaintes qui ont été formulées, 121, concernant des
services de garde avec permis, des services de garde sans permis.
Alors, je pense que ce sont les principales mesures et il est bien
sûr qu'après chaque visite d'inspection à la suite d'une
plainte des actions sont prises pour corriger, s'il y a lieu.
Je souligne aussi tout l'appui au sujet de la qualité. Il ne
faudrait pas oublier toute l'équipe des agents de liaison qui donne ce
qu'on appelle l'appui technique et professionnel. Ainsi, si une garderie
éprouve un problème et veut consulter l'office, que ce soit un
problème de relations du travail, de programme pédagogique,
d'architecture, de compabilité ou de gestion de personnel, et tout, nous
avons une équipe de spécialistes qui aide les garderies à
améliorer la qualité des services. En plus, pour ce qui concerne
la qualité, je pense que nous avons produit beaucoup d'outils d'appoint
pour les garderies, des guides pour garder les enfants en santé, des
guides pour garder les enfants en sécurité et des guides pour
améliorer les programmes pédagogiques, car ce n'est pas à
nous de faire le programme pédagogique dans chaque garderie, mais c'est
à nous de nous assurer que le programme est suivi et d'aider le
personnel à faire ce programme.
Mme Cardinal: En général, on répond
très bien à ce genre de guide et on le met en pratique de
façon satisfaisante?
Mme Guy: II y a une très bonne ouverture par rapport aux
garderies qui apprécient énormément ce soutien.
Ce qui commence à se développer, à notre
très grande satisfaction, c'est l'appui que les institutions
d'enseignement commencent à donner aux services de garde, comme les
autres ministères, tels le ministère de la Santé, les CLSC
et les DSC. Par exemple, maintenant, tous les CLSC et les DSC de tout le
territoire du Québec ont reconnu les garderies comme une
clientèle, ce qui n'existait pas avant, et vous savez ce que cela veut
dire, dans un ministère, être reconnu comme une clientèle.
Cela veut donc dire qu'ils ont affecté des infirmières qui feront
des programmes de prévention et de soins dans les garderies,
relativement à l'hygiène dentaire, à l'alimentation et aux
infections. Alors, une garderie peut appeler l'infirmière de son DSC ou
de son CLSC qui devient personne-ressource.
Nous avons donc fait des protocoles d'entente à ces niveaux. Les
autres personnes-ressources que nous avons, qui acceptent maintenant de jouer
ce rôle et qui ne l'acceptaient pas avant, ce sont les professeurs
d'université et de céqep, qui acceptent de plus en plus
d'être personnes-ressources dans les garderies de leur région. Si
une garderie appelle un enseignant pour une consultation sur une
réévaluation de son programme pédagogique, le cégep
donne de plus en plus ce type de services. Tranquillement, cela peut être
intégré. Et en envoyant des stagiaires dans les services de
garde, ce sont d'autres ressources auxquelles les services de garde ont
accès qui permettent effectivement d'améliorer la
qualité.
Mme Cardinal: C'est encourageant de voir que l'ensemble des
intervenants peut se pencher sur la qualité de vie. J'aurais une autre
question concernant la nature des plaintes. Je sais pertinemment que vous
recevez régulièrement des plaintes de différentes
garderies ou même de l'extérieur...
Mme Guy: Je peux vous résumer ici; pour l'année en
cours, 30,8 % des plaintes portaient sur l'hygiène, la
sécurité et la salubrité des locaux.
Mme Cardinal: 38 %? C'est assez élevé quand
même.
Mme Guy: 30,8 %. C'est très élevé. Le ratio
personnel-enfants, ce qui veut dire un ratio non respecté, 26,7 %; la
nourriture, 8,4 %; les attitudes du personnel, 8,4 %; l'administration, 8,4 %;
traitements infliqés à un enfant, 5,6 %.
Mme Cardinal: On me l'avait dit, mais je ne le croyais pas quand
même.
Mme Guy: Dépassements de capacité. 4,2 %,
c'est-à-dire une garderie qui a un permis de 60 et qui reçoit 65
ou 70 enfants dans le même espace, ce qu'on voit. Qualifications du
personnel, 4,2 %; équipement non conforme et dangereux pour l'enfant,
2,8 %; et différentes choses, 0,5 %. Cela fait 100 %. Est-ce que cela
vous situe un peu?
Mme Cardinal: Cela me situe et cela me rassure, jusqu'à un
certain point, parce que j'espère que vous apporterez les correctifs
comme vous l'avez dit tantôt, parce que les locaux insalubres à
30,8 %, cela m'apparaît très élevé, 26 % quant au
ratio, et même les attitudes vis-à-vis des enfants, même si
c'est minime, c'est déjà trop. Quant à une approche
vis-à-vis d'un enfant qui peut quand même être
pertubé étant donné l'importance et l'influence que cela
peut avoir dans son développement... (22 heures)
Mme Guy: Je pense que les parents, le personnel et la population
en général devront toujours rester très vigilants, car on
s'imagine souvent que, parce que ces gens travaillent auprès des
enfants, il va de soi qu'ils seront bons pour les enfants et qu'ils n'en
abuseront pas et la réalité nous montre que ce n'est pas toujours
vrai, qu'on est prêt à abuser facilement des enfants. Mais, ce qui
est assez encourageant, je vous le disais, c'est que notre armée
d'inspecteurs, celle qui coûte le moins cher et qui est la meilleure, ce
sont les parents. La majorité...
Mme Cardinal: Vous pouvez avoir cela, oui.
Mme Guy: ...des plaintes, quand on regarde où prennent
naissance les plaintes, qui a fait les plaintes, viennent encore des
parents.
Mme Cardinal: Toujours à la base, vous vous apercevez que,
vraiment, cela vient des parents, même s'ils sont très
occupés par leur travail extérieur et que quelquefois ils
manquent de disponibilité, puisque l'on place les enfants en garderie.
On semblait y voir, non pas un manque d'intérêt, mais un report de
la sécurité sur les éducateurs.
Mme Guy: La majorité des plaintes nous proviennent
effectivement de parents.
Mme Cardinal: J'en suis très heureuse, merci.
Mme Guy: Les parents ne démissionnent pas quand ils
laissent les enfants en garderie, heureusement.
Mme Cardinal: Je suis très heureuse de vous l'entendre
dire. Merci.
Le Président (M. Gervais): Toujours sur le même
programme, on reconnaît Mme la députée de Chicoutimi.
Services de garde en milieu scolaire (suite)
Mme Blackburn: Merci beaucoup, M. le Président. Je vais
être brève, parce que je sais que c'est peu de temps pour examiner
des services qui sont offerts à la moitié de la population.
Je dois dire que je suis étonnée. Ma collègue, la
députée de Maisonneuve, l'a souligné, on parle de bar
ouvert dans les écoles, dans les commissions scolaires et à la
fois on dit: On forme un comité pour lever des obstacles. Moi, je
dirais: Ou c'est bar ouvert où tout le monde peut être servi, ou
on a besoin de lever les obstacles. Ce sont vraiment deux
réalités tout à fait différentes. Quand le bar est
ouvert, le seul obstacle qu'on y trouve, quand on parle de bar ouvert où
il y a de la boisson, c'est d'arrêter les gens de boire. Ce n'est pas de
savoir si toutes les bouteilles sont encore là. Ce que je veux savoir,
c'est: Quelle est la nature des obstacles et dans quelle proportion on a
répondu de façon concrète aux demandes? Est-ce qu'on a des
données là-dessus? Est-ce un dossier conçu de façon
assez fine ou si, finalement, on laisse cela à un autre niveau de
gouvernement, à un autre ministère?
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas compris votre dernière
question, Mme la députée.
Mme Blackburn: Je veux dire: Est-ce qu'on connaît
réellement l'état de la situation, c'est-à-dire combien y
a-t-il eu de demandes? À combien a-t~on répondu? Les obstacles,
quels sont-ils?
Mme Gagnon-Trernblay: Au départ, je note que, lorsque vous
dites que cela dessert la moitié de la population, j'espère que
vous ne faites pas allusion à 52 % de la population, c'est-à-dire
aux femmes. J'imagine que, comme moi, vous croyez...
Mme Blackburn: La condition féminine de façon
générale.
Mme Gagnon-Tremblay: ...que ce n'est pas uniquement un
problème de femmes, mais un problème de société. Ce
n'est pas uniquement les femmes, c'est-à-dire qu'on ne doit pas relier
les services de garde uniquement aux femmes, même si c'est un outil
essentiel, et je n'aime pas tellement...
Mme Blackburn: M. le Président, je me permets de faire une
mise au point. Je parle des quatre heures, pas pour les services de garde, mais
pour tout votre ministère, vos secrétariats...
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Mme Blackburn: ...et c'est 51 % de la population, ce n'est pas 52
%. C'est dans ce sens-là que je le disais et j'estime avec vous
qu'effectivement les services de qarde ne doivent pas concerner que les femmes,
bien
qu'elles soient majoritaires ici, ce soir.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous conviendrez aussi que je n'aime pas
tellement l'expression "bar ouvert", lorsque l'on parle d'enfants dans les
écoles. Porte ouverte, politique ouverte, mais bar ouvert, cela
fait...
Des voix: Bar laitier.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qui arrive, lorsque l'on dit politique
ouverte ou lorsque l'on peut ouvrir, il faut partir des obstacles
indépendamment des besoins. Supposons qu'il y a une clientèle qui
exige ou qui demande des services; tout dépend de la volonté du
directeur de la commission scolaire ou de l'école, parce que,
finalement, c'est lui qui décide. Il n'y a rien qui l'oblige
actuellement, le ministère de l'Éducation ne peut pas l'obliger,
parce que, lorsque l'on parle d'obligation, on se réfère à
la loi 3 qui a été jugée inconstitutionnelle et,
finalement, nous ne sommes pas revenus à la charge. Ce qui veut dire
qu'actuellement, lorsqu'il y a des pressions, elles sont faites sur les
directeurs d'école et c'est le directeur d'école qui
décide si oui ou non on ouvre des garderies. Donc, à partir de
cela, lorsqu'il accepte la demande, c'est à ce moment-là que je
dis qu'il y a une politique ouverte et jusqu'à maintenant le
ministère de l'Éducation n'a pas refusé de subventionner,
lorsqu'il y avait demande.
Le comité que j'ai mis sur pied, c'est pour essayer d'enrayer
tous ces obstacles, voir comment il pourrait y avoir une meilleure
collaboration avec les commissaires d'écoles, avec les
municipalités aussi, comment on pourrait se concerter davantage, parce
qu'on sait qu'il y a un besoin énorme pour les 6-12 ans.
Mme Blackburn: À présent, vous faites état
de difficultés que vous éprouvez. J'aimerais savoir. Vous nous
avez dit: On répond aux demandes au fur et à mesure. J'ai bien
noté et vous n'avez pas parlé de bar ouvert, mais ce qui nous a
fait penser que c'était un bar ouvert, c'est qu'à mesure que les
gens se présentent on répond, mais cela ne semble pas être
aussi simple que cela dans la réalité.
Ce que je voudrais savoir: Est-ce que vous avez un tableau des demandes
et des refus? C'est important de savoir cela. On ne peut pas s'en aller comme
cela en disant: C'est à la discrétion du directeur
d'école. D'abord, je pense que ce doit être à la
discrétion de la commission scolaire, il m'apparaît difficile
qu'on laisse cela à l'initiative d'un directeur d'école. Ce n'est
vraiment pas à ce niveau que cela se décide, je ne pense pas,
cela doit se décider au niveau de la commission scolaire. Je ne vois pas
que le directeur...
Mme Gagnon-Tremblay: Remarquez qu'il faudrait faire la demande au
ministère de l'Éducation. Je ne pense pas qu'il ait ce tableau.
Finalement, c'est toujours à la discrétion, parce qu'on n'a pas
d'obligation. Le gouvernement ne peut pas obliger les commissions scolaires ou
les directeurs d'école. Donc, à ce moment, si les parents font la
demande pour un service, le directeur décide si oui ou non, à
partir de son enveloppe budgétaire, il donne des services de garde.
Mme Blackburn: Cela va très bien, sauf que vous ne vous
êtes jamais interrogée pour savoir quel était l'état
de la situation, en gros; c'est ce que je retiens. Je ne voudrais pas prendre
tout le temps de ma collègue parce que je sais que c'est frustrant.
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais passer la parole à la
présidente de l'Office des services de garde, qui pourrait avoir un
complément de réponse.
Mme Guy: Nous nous sommes beaucoup interrogés sur cette
question, mais nous n'avons pas la réponse du MEQ. Les projets de
développement s'enregistrent au MEQ, mais ils ne s'enregistrent pas
s'ils sont bloqués par les directeurs d'école; ils ne seront ni
à la commission scolaire, ni au MEQ. II est impossible d'avoir le nombre
de projets. Souvent, les parents font la demande par l'entremise du
comité de parents, à l'école, et ils se font bloquer, ils
ne vont pas plus loin. Il y en a des courageux, des batailleurs, qui se rendent
à la commission scolaire, parfais cela bouge un peu et, après la
commission scolaire, c'est la direction régionale du MEQ.
Il y a certaines directions régionales du ministère qui
essaient d'avoir ces chiffres, mais nous sommes incapables de les avoir pour la
province. Ce ne sont que les projets qui se réalisent et qui ont
été acceptés qui sont enregistrés au
ministère de l'Éducation. Nous avons demandé cette
donnée, nous sommes incapables de l'avoir.
Mme Blackburn: Vous savez que les commissions scolaires, comme
les directions d'école, sont obligées de faire annuellement des
rapports. Il n'y a qu'à indiquer que, parmi les éléments
d'information, celui-là devrait se retrouver. Je vous dis que c'est
relativement simple.
Vous dites que c'est la troisième fois que vous présentez
un projet de modification à la Loi sur l'instruction publique pour
favoriser l'implantation des garderies. Je ne voudrais pas m'étendre
trop longtemps là-dessus, mais je trouve que c'est préoccupant.
Si vous voulez un coup de main de l'Opposi-
tion, il faudrait peut-être m'en envoyer une copie, quand on
examinera le projet de la Loi sur l'instruction publique.
Crédits périmés (suite)
Je voudrais mieux comprendre votre budget, parce que la
démonstration que vous avez faite m'a impressionnée. Vous avez
dit: On a répondu à une demande du Conseil du trésor qui a
décidé qu'il fallait périmer. Je voudrais savoir à
quel moment il vous a obligé à périmer et quel montant?
Quel pourcentage de votre budget on a demandé de périmer? En
même temps que vous cherchez cette information, je voudrais savoir, votre
budget de consolidation, c'est 4 200 000 $, c'est ce que vous nous avez
dit?
Mme Gagnon-Tremblay: Pas de consolidation, de
développement.
Mme Blackburn: De développement et consolidation...
Mme Gagnon-Tremblay: Consolidation, c'est 3 800 000 $.
Mme Blackburn: ...c'est 3 800 000 $. J'ai inversé deux
chiffres. Vous avez expliqué une partie de vos budgets
périmés par un retard de paiement. Donc, sur les 3 800 000 $ de
consolidation, on a pelleté une partie de nos dépenses sur
l'année présente.
Mme Gagnon-Tremblay: Pas du tout.
Mme Blackburn: Le retard de paiement, où allez-vous le
prendre si vous ne le prenez pas sur les 3 800 000 $ de la consolidation?
Mme Gagnon-Tremblay: II nous a été...
Mme Blackburn: S'il y a quelqu'un qui m'explique le contraire, je
ne comprends rien dans le budget et on vient...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est très technique.
Mme Blackburn: Je sais.
Mme Guy: Ce retard de paiement nous a été
donné dans le budget d'exploitation avant d'ajouter les 8 000 000 $. Il
nous a été donné dans le budget reporté...
Mme Blackburn: Donc, il n'est pas compris dans les 3 800 000
$.
Mme Guy: Non, absolument pas. C'est clair. Il a été
donné dans ce qu'on appelait avant la revue de programmes, dans le
report du budget automatique et les 8 000 000 $ arrivent, par la suite, pour
s'ajouter.
Mme Blackburn: Le pourcentaqe que le Conseil du trésor
vous a demandé de périmer était de combien, à
quelle date?
Mme Guy: On me dit en juin-, il a demandé obligatoirement
de périmer 1 200 000 $. Pourquoi a-t-on périmé plus? Comme
je vous disais, c'est à cause du programme d'aide financière qui
ne peut absolument pas se prévoir, à 1 000 000 $ près, en
raison de la fluctuation de la clientèle, qui oscille entre 48 % et 52
%.
Mme Gagnon-Tremblay: Finalement, ce qui arrive, c'est que, en ce
qui concerne l'aide financière, on peut prévoir davantage et il
faut le faire parce qu'on ne connaît pas la demande exacte. Donc, c'est
tout à fait normal que, à la fin de l'année, on
périme des sommes. Cela a toujours été ainsi. L'office a
toujours eu des sommes périmées puisque, à la toute fin de
l'année, ce sont des sommes dont on ne s'est pas servi.
Mme Guy: Tandis que, dans les subventions de fonctionnement, il
n'y a jamais un sou de périmé puisque c'est le nombre de places
déjà existantes multiplié par 4,50 $. Cela ne bouge
pas.
Mme Blackburn: Je vaudrais juste comprendre, et ce ne sera pas
très long. On est en train d'examiner les crédits, aujourd'hui,
on est au 2 juin. On pourrait se retourner demain et que le Conseil du
trésor vous écrive et vous dise: II faut que soit
périmé demain matin... Alors, c'est une farce, c'est une
comédie.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela se fait dans tous les
ministères.
Mme Blackburn: Ah oui, cela se fait dans les
ministères...
Mme Gagnon-Tremblay: Cela a toujours fonctionné ainsi.
Mme Blackburn: ...pour avoir géré un budget. Ils
nous informaient qu'il fallait examiner la possibilité que des sommes
soient périmées aux alentours du mois d'octobre. D'accord? Et on
périmait au mois de décembre parce qu'on disait: Si on n'est pas
capable... On périme ou on ne périme pas. C'est entré dans
les crédits, on dépense. Quand on ne pouvait pas, on
périmait au mois de décembre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais l'année dernière...
Peut-être, ce qui fait la différence...
Mme Blackburn: C'est cela. Je voudrais savoir, pour demain matin,
combien on va vous demander de périmer.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, il faudrait le demander au
président du Conseil du trésor. Ce qui est arrivé, c'est
que, l'année dernière, contrairement à cette année,
il y a eu deux séances de périmés. Dans une
première tranche, on a demandé à tous les organismes,
à tous les ministères, de périmer des sommes dans le
courant de l'été. Par la suite, on est revenu à la charge,
à l'automne, pour demander de périmer une deuxième
tranche. Par contre, cette année, au moment où on se parle, il
n'est pas question de sommes périmées. Lorsqu'on parle des 2 000
000 $, je voudrais revenir là-dessus pour que ce soit très clair,
c'est que, lorsqu'on demande des sommes pour de l'aide financière aux
parents, il faut absolument que l'office prévoie plus parce que c'est
hypothétique. C'est toujours ce qui se produit chaque année au
chapitre des périmés. Compte tenu de la demande d'aide
financière, il est très rare qu'on utilise les sommes au complet.
Finalement, c'est la raison pour laquelle on périme.
Mme Harel: Ma collègue de Chicoutimi a bien raison de
penser qu'en matière de développement de services de garde, sauf
le crédit qui est périmé du fait même de sa
non-utilisation, on ne devrait pas exiger de périmer des crédits
au moment où on est en plein développement d'un réseau. On
n'est pas dans la consolidation d'un réseau, on est dans son
développement.
Mme Gagnon-Tremblay: 3e pense qu'on est et dans le
développement et dans la consolidation, compte tenu de l'état
financier précaire des garderies.
Mme Harel: Oui. N'oubliez pas qu'on a relativement peu de temps.
Comme il y a aussi le programme concernant le Conseil du statut de la femme et
tous les autres, je vais vous poser immédiatement toutes les questions
qu'il me reste concernant ce programme.
En ce qui concerne tes études faites dernièrement, on a pu
voir, dans la liste, des contrats de 25 000 $ et moins qui ont
été accordés, notamment un contrat accordé à
la firme SORECOM dans le cadre d'un sondage omnibus qui enquêtait sur les
modes de garde des enfants dans les familles québécoises. Je
crois que c'est à la page 22 de la liste des contrats. Ce sondage
peut-il être déposé en commission parlementaire? Nous
pensons que de tels sondages sont utiles, mais qu'en conséquence,
puisque des fonds publics y sont consacrés, ils devraient être
déposés pour qu'on puisse les analyser. Il en va de même
pour l'étude faite par le Groupe de recherche sur la démographie
québécoise que l'on retrouve à la page 27, portant sur
"les mères québécoises et leurs besoins en matière
de garde d'enfant". Est-ce qu'on peut avoir le résultat de cette
étude?
Mme Gagnon-Tremblay: En ce qui concerne la clientèle, la
première étude dont vous parlez n'a pas été rendue
publique, jusqu'à maintenant. Écoutez, il faudrait que...
Une voix: II faudrait voir avec la loi sur l'information.
Mme Gagnan-Tremblay: Oui. Il faudrait voir, dans la loi sur
l'information, si c'est une étude qu'on peut rendre publique. Si c'est
le cas, nous n'avons pas d'objection à la déposer. Si, par
contre, c'est une étude qui est vraiment interne, à ce
moment-là... Une chose est certaine, c'est qu'on peut voir s'il est
possible de la déposer ou non. (22 h 15)
Mme Harel: Elle ne met pas en cause des personnes, elle porte sur
un état de l'opinion. Alors? Vous savez qu'on est en voie d'obtenir les
documents stratégiques qui ont précédé les choix
concernant le transfert de propriété de Quebecair et vous
comprendrez que je pense bien qu'on va obtenir le sondage sur les modes de
garde des enfants.
Mme Gagnon-Tremblay: À prime abord, je ne pense pas qu'il
y ait de problème, sauf que - c'est sous réserve - nous allons
examiner et vérifier la loi.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce le même
sondage que quand on parle d'enquête, ici, à la page 29?
Mme Guy: 29 du rapport annuel.
Le Président (M. Bélanger): Du rapport annuel.
Mme Guy: Non, parce qu'on est dans 1986-1987.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Mme Guy: Vous parlez de l'enquête auprès de la
clientèle exonérée de l'aide financière?
Mme Harel: Non, je parle du sondage SORECOM, le no 37, portant
sur les modes de garde des enfants dans les familles
québécoises.
Mme Guy: Ah! celui-là! Mais il n'y a aucun
problème. Vous avez le résultat...
Mme Gagnon-Tremblay: No 37.
Mme Guy: Oui, là-dessus, il n'y a pas de
problème...
Mme Gagnon-Tremblay: II a été remis aux garderies
déjà.
Mme Guy: II est déjà disponible au centre de
documentation de l'office des services de garde. On s'en est servi pour faire
le plan...
Mme Harel: Est-ce qu'il peut être déposé au
secrétariat de la commission?
Mme Gagnon-Tremblay: II peut être déposé,
oui.
Le Président (M. Bélanger): Demain, dès
réception, on le fera distribuer aux membres de la commission.
Mme Gagnon-Tremblay: Quelle était l'autre
étude?
Mme Harel: Le no 63: "Les mères québécoises
et leurs besoins en matière de garde d'enfants." C'est une étude
du Groupe de recherche sur la démographie québécoise.
Mme Guy: C'est un sous-tableau que nous avons travaillé
avec l'Université de Montréal dans une recherche qu'elle a faite.
Nous en avons traité une partie, c'est pour cela que vous voyez le
chiffre 942 $. Nous avons vraiment seulement pris une sous-section et elle est
disponible au centre de documentation.
Mme Harel: Mme la ministre, qu'est-il advenu de la poursuite que
l'Association des propriétaires de garderies privées du
Québec a intentée en vue de se voir attribuer
rétroactivement une subvention qu'elle considérait comme lui
ayant fait défaut? L'an dernier, vous nous aviez dit que
c'étaient, en fait, des procédures préliminaires. Est-ce
que la cause a été entendue en Cour supérieure?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, la cause a été
rejetée en Cour supérieure et l'association est en appel de la
cause actuellement.
Mme Guy: L'office a gagné en Cour supérieure.
Mme Harel: L'association invoquait les chartes, est-ce exact?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: Le droit de propriété individuelle.
Mme Guy: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est cela.
Mme Harel: Comme dans presque tous les domaines - en fait, je
m'occupe de quelques secteurs d'activité comme mes autres
collègues - je pense que, juste en matière de transport, il y a
eu trois invalidations de règlements cette année, trois
invalidations de règlements qui étaient en vigueur depuis des
années pour le motif que d'aucuns ont prétendu que cela
contrevenait à la libre propriété. C'est tant mieux si des
droits collectifs ont prévalu sur les droits individuels, parce qu'on
peut constater une interprétation très généreuse
des droits individuels et très restrictive des droits collectifs.
Discussions avec la CSN
D'autre part, Mme la ministre, quant à la politique à
l'égard des travailleuses en garderie, il y a un litige qui se poursuit
et qui a d'ailleurs l'air de s'aggraver entre vous et les travailleuses
regroupées en syndicat, leurs porte-parole de même que la
vice-présidente de la CSN, Mme Monique Simard. Les journaux ont fait
abondamment état de cette controverse. Le refus de la ministre de donner
suite à ce que les travailleuses en garderie et leurs
représentants considèrent comme ayant été un
engagement du premier ministre lui-même lors de sa rencontre avec le
président de la CSN est, évidemment, décrié. Vous
savez un peu les termes, je ne me ferai pas aussi sévère a
l'endroit de la ministre que les communiqués de presse. Pour la
Fédération des affaires sociales et pour Mme Simard, la
vice-présidente de la CSN, c'est une sorte de trahison, ni plus ni
moins. Ce sont les termes utilisés. On y fait état de rencontres.
Le bureau du premier ministre aurait confirmé qu'il y avait eu entente
sur un lieu de négociation où devait être discutés
notamment la formation des éducateurs et éducatrices en qarderie,
un projet de régime d'assurance collective et la question des
congés de maternité. Il y a eu des rencontres avec la
vice-présidente de la CSN, au cours desquelles, de façon
exploratoire, ont été examinées ces trois questions et la
ministre y met fin abruptement par un télégramme tout
récent, il y a deux ou trois jours; si ce n'est pas un
télégramme, c'est une lettre, l'effet étant le même,
puisque la ministre oppose une fin de non-recevoir totale à
l'égard de ces trois questions.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est totalement faux. Premièrement,
les personnes qui ont décrié la ministre, c'est la CSN,
c'est-à-dire la partie qui demande que le mandat qui avait
été donné soit respecté, finalement. J'ai tout
à fait respecté ce mandat jusqu'à maintenant. II avait
été convenu avec le
premier ministre qu'il y aurait un lieu de discussion sur la formation
des éducateurs et éducatrices, un régime d'assurance
collective, les congés de maternité et, également, qu'il
devait y avoir un lieu de discussion concernant les ratios
enfants-éducatrices, éducateurs. Finalement, ce qui est
arrivé, c'est que je pense avoir pleinement rempli mon mandat, j'ai
rencontré à quelques reprises Mme Simard dans te but de discuter
avec elle et de voir comment on pourrait en arriver à une entente. Je
lui ai offert des lieux de discussion et finalement, je lui ai écrit
tout récemment, le 28 mai, je pense, pour lui faire part de mes
dernières remarques concernant des lieux. Je lui ai offert des lieux de
discussion et j'attends maintenant ses commentaires. Mon mandat est maintenant
complété et j'ose espérer que Mme Simard va donner suite
à ma demande. Nous sommes prêts à discuter de ces
différents sujets. Là où l'on n'est peut-être pas
d'accord, c'est tout simplement, peut-être, sur des termes comme tels et
aussi sur le fait que je suis toujours du même avis que ni le
gouvernement, ni l'office des services de garde, d'ailleurs, ne sont
l'employeur des éducateurs et des éducatrices des
différentes garderies, puisque chaque garderie est une corporation
autonome. Nous voulons bien discuter de ces sujets, mais il n'est pas question
de prendre des engagements au nom de ces corporations autonomes.
Mme Harel: Le refus que vous opposez à la demande qui vous
a été formulée par les représentants des
travailleuses de garderie, c'est un refus qui porte sur le lieu de la
discussion?
Mme Gagnon-Tremblay: Voici, c'est qu'il n'y a aucun refus. Dans
mon mandat, je devais trouver des lieux de discussion.
Mme Harel: Seule ou si...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, j'étais mandatée pour
trouver des lieux de discussion...
Mme Harel: ...qui agréent?
Mme Gagnon-Tremblay: ...pour discuter de ces différents
sujets et j'ai effectivement offert à Mme Simard, à la CSN, des
lieux pour discuter de ces sujets et j'attends maintenant sa
réponse.
Mme Harel: Écoutez, Mme la ministre, on va se comprendre.
Vous me dites: dans mon mandat. C'est un mandat qui vous a été
donné par le premier ministre. Vous aviez le mandat de vous entendre,
j'imagine. Votre mandat n'est pas seulement de proposer un mode de discussion.
Votre mandat doit consister sans doute à ce que ce mode de discussion
soit agréé par les deux parties? Ce n'est pas comme cela que vous
comprenez votre mandat?
Mme Gagnon-Tremblay: Le mandat se lisait comme ceci: "Les parties
conviennent de ce qui suit. Une rencontre, dans les meilleurs délais,
mettant en présence notamment la ministre de la Condition
féminine et la première vice-présidente de la CSN sera
tenue - nous sommes maintenant rendues à la troisième rencontre -
telle rencontre devrait permettre de déterminer, pour les groupes
syndiqués de la CSN, les lieux appropriés afin de discuter,
négocier les sujets suivants: la formation des éducateurs et
éducatrices en garderie, un régime d'assurance collective, les
conqés de maternité. Telle rencontre devra également
permettre de débattre sans négocier les ratios
enfants-éducateurs, éducatrices."
J'ai offert, comme on m'avait mandatée, des lieux de discussion
à la CSN pour discuter plus précisément de ces sujets.
J'attends maintenant la réponse de la vice-présidente, à
ce sujet.
Mme Harel: Madame, je comprends maintenant que vous
interprétiez de façon assez restrictive votre mandat. Votre
mandat, pour vous, consiste à désigner des lieux
appropriés.
Mme Gagnon-Tremblay: Exactement.
Mme Harel: Parce que le mot "déterminer" n'équivaut
pas au mot "désigner". "Déterminer les lieux appropriés",
tel que vous venez de me le lire, cette détermination se fait d'un
commun accord. Il ne s'agit pas d'une désignation, par la ministre de la
Condition féminine, des lieux appropriés pour discuter de ces
sujets. J'ai bien lu que c'est à la suite de cette rencontre qu'il doit
y avoir une détermination. On ne parle pas d'une désignation des
lieux.
Mme Gagnon-Tremblay: On peut bien jouer sur les termes...
Mme Harel: On ne joue pas sur les termes.
Mme Gagnon-Tremblay: ...comme d'ailleurs négocier ou
discuter.
Mme Harel: C'est vous qui remplacez le mot "détermination"
par le mot "désignation".
Mme Gagnon-Tremblay: De toute manière, actuellement, j'ai
rempli le mandat qui m'avait été confié. Il s'agit
maintenant à la CSN de savoir quelle suite elle donnera
aux offres que je lui ai faites.
Mme Harel: C'est comme cela que vous concevez votre mandat,
c'est-à-dire que, ce que vous offrez, il faut qu'ils
l'achètent.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est le mandat qui m'a été
confié par le premier ministre. Ce qui arrive, c'est qu'on répond
pleinement à ce mandat.
Mme Harel: Pour vous, ce que vous proposez, s'il y a
mésentente, cela veut dire que votre mandat est terminé. Votre
mandat ce n'était pas de convenir, c'était de décider.
Mme Gagnon-Tremblay: C'était de trouver des lieux de
discussion. Nous avons tout fait pour nous entendre puisque je n'ai pas
négligé les rencontres. Il y a eu trois rencontres à cet
effet. Nous avons discuté longuement sur différents sujets, il a
été question aussi du fait que le gouvernement n'était pas
l'employeur des éducatrices et des éducateurs, et j'ai offert les
lieux qui permettent à la CSN de trouver des solutions aux
problèmes précis soulevés dans l'entente qui avait
été convenue avec le premier ministre.
Mme Harel: Est-ce un comité consultatif que vous leur
offrez? Est-ce bien cela?
Mme Gagnon-Tremblay: D'une part, et, d'autre part, c'est une
rencontre avec l'office dans le but de discuter de la formation et des
ratios.
Mme Harel: Dites-moi plus précisément, ce que vous
leur offrez, c'est un groupe consultatif composé...
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qui est offert, c'est la formation d'un
comité consultatif. L'étude qu'on peut faire sur les
régimes d'assurance collective, de même que sur les congés
de maternité, pour moi, n'a pas pour objet d'être faite uniquement
pour les éducatrices et les éducateurs syndiqués. La
ministre de la Condition féminine, responsable des services de garde,
représente l'ensemble des éducatrices et des éducateurs
des services de garde.
Ce qui est important, c'est que cette étude et cette analyse
soient faites pour savoir vraiment comment on peut implanter un régime
d'assurance collective de même que des congés de maternité.
On a suggéré que cette étude soit faite par une firme
spécialisée, payée par le gouvernement, dont les
recommandations seraient soumises par la suite au comité consultatif
composé de tous les groupements, que ce soit à but lucratif, sans
but lucratif, le milieu scolaire, le milieu familial, les syndicats, en somme
tous ceux qui pourraient avoir intérêt à se servir de cette
étude pour pouvoir implanter des régimes d'assurance collective
de même que des congés de maternité.
Mme Harel: Vous proposez une étude, est-ce bien cela?
À part l'étude, que proposez-vous d'autre?
Mme Gagnon-Tremblay: II faut commencer par faire l'étude
avant de savoir quels seraient les coûts d'un régime d'assurance
collective, quels seraient les coûts des congés de
maternité. Une fois que cette étude sera terminée, c'est
aux éducateurs, aux éducatrices et à chaque garderie de
savoir s'ils ont le moyen de se le payer.
L'objectif visé par la CSN, une fois qu'on aura fait une
étude... On sait bien que c'est un manque d'argent, que c'est un
sous-financement, alors, on voudrait que le gouvernement finance ces
réqimes. Nous, on ne peut pas financer ces régimes parce que nous
ne sommes pas l'employeur des employés. Nous savons qu'il y a un
sous-financement; c'est par l'injection de sommes nouvelles dans les garderies,
si on a déjà en main ces études, compte tenu de la
clientèle et du nombre, que les corporations auront le moyen d'aider les
éducatrices et les éducateurs à se payer ces
régimes. (22 h 30)
Mme Harel: Mme la ministre, on est bien loin du mandat dont vous
nous parliez. Le mandat dont vous nous parliez parlait de déterminer,
avec la vice-présidente de la CSN, des lieux de négociations.
Là, vous nous parlez d'une étude certainement
intéressante, une étude de faisabilité sur les
congés de maternité pour les travailleuses en garderie. Cela
semble assez raisonnable. Vous parlez aussi d'une assurance collective. Ce sont
des études qui n'ont pas comme objet, d'autre part - vous n'en parlez
pas du tout -toute la dimension de la formation des éducatrices et
éducateurs; qui était le troisième volet.
Mme Gagnon-Tremblay: Voici, ce sera dans un deuxième
temps. Parce que, finalement, quand on parle d'étude, il y a
également un comité qui sera formé pour recevoir cette
étude et décider ce qu'on va en faire. Dans un deuxième
temps, il y a une rencontre qui est prévue entre la CSN uniquement, et
non pas le comité consultatif au complet, et l'office des services de
garde pour discuter des ratios et de la formation.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, je rappelle qu'il est interdit de fumer dans la salle de la
commission, pendant que l'on siège, en particulier.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qui arrive, c'est que les assurances et
les congés de maternité sont deux sujets séparés de
la formation et des ratios.
Mme Harel: Quand vous parlez d'une rencontre, est-ce que vous
voulez dire un comité ou est-ce que vous voulez dire une rencontre?
Parce que la CSN n'a pas nécessairement besoin de la ministre pour
rencontrer l'office des services de garde...
Mme Gagnon-Tremblay: Pourquoi, à ce
moment-là...
Mme Harel: II y a eu une rencontre entre M. Bourassa, le premier
ministre du Québec, et M. Larose, président de la CSN, et cette
rencontre avait donné lieu, de part et d'autre, à une sorte
d'entente, en ce sens que le gouvernement acceptait de discuter directement
avec des représentants des travailleuses. Tout cela n'a pas
été inventé par des esprits nébuleux. Il reste
qu'après la rencontre entre M. Bourassa et M. Larose il y a eu, d'un
commun accord, l'intention de rencontres directes entre le gouvernement et les
représentants des travailleuses et travailleurs en garderie sur trois
sujets. À ce moment-là, il n'était pas question, je pense,
de rendez-vous que la ministre allait organiser entre l'office des services de
garde et les représentants de la CSN. Je ne pense pas qu'ils aient
besoin de la ministre pour prendre des rendez-vous pour se parler. Enfin, je
l'espère.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, cela semblait très
bien les satisfaire. D'un autre côté, avec qui voulez-vous que la
CSN discute de ces choses, si ce n'est avec l'office? Parce que c'est l'office
qui est responsable de ces différents programmes. Avec qui voulez-vous
que la CSN discute? La CSN ne peut quand même pas discuter des ratios et
de la formation avec le gouvernement. C'est l'office qui représente le
gouvernement.
Mme Harel: Alors, c'est un comité conjoint, si je
comprends bien, entre la CSN et l'office? C'est un rendez-vous. C'est une
rencontre.
Mme Gagnon-Tremblay: II n'est pas question de comité.
C'est, tout simplement, une rencontre pour voir comment on pourrait
améliorer la formation au comment on va mettre en vigueur la
réglementation de l'office qui prévoit qu'en 1988 on devra
répondre aux objectifs visés par le programme de formation.
Mme Harel: Malheureusement, le temps file rapidement. Je peux
vous dire - j'en ai l'impression, en tout cas - que ce n'est pas un sujet dont
on cessera de parler ce soir. J'ai l'impression qu'il y aura des suites
à ce dossier dans lequel, me semble-t-il, s'est manifesté un
grand malentendu quant au sens des engagements qui ont été pris
par MM. Bourassa et Larose.
Mme Gagnon-Tremblay: II m'apparaît que c'est la CSN qui a
maintenu la confusion. Cela a toujours été très clair dans
mon esprit. C'est pourquoi je n'ai pas réagi immédiatement, le
lendemain, parce que, pour moi, c'était tellement clair. Mais lorsque
j'ai vu l'ampleur que cela prenait, finalement, la façon dont on
l'annonçait dans toutes les garderies et comment on pouvait s'en servir
pour, justement, faire sa promotion, il m'a paru nécessaire
d'intervenir, à ce moment-là, et de dire la vérité,
comme cela avait été bien dit.
Mme Harel: Étiez-vous à la rencontre entre MM.
Bourassa et Larose?
Mme Gagnon-Tremblay: Non, je n'étais pas à la
rencontre.
Mme Harel: On y reviendra, mais il y a un autre sujet...
Mme Gagnon-Tremblay: Vous savez, il y a une autre chose...
Mme Harel: ...les maisons d'hébergement pour femmes
violentées.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: Les femmes sont sorties de la rencontre avec M.
Bourassa...
Mme Gagnon-Tremblay: Ah oui! Cela, on pourra en discuter tout
à l'heure.
Mme Harel: On va y revenir... convaincus que c'était autre
chose que ce que Mme Lavoie-Roux avait annoncé.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous savez, dans le cadre d'une
négociation...
Mme Harel: C'est peut-être M. Bourassa qui en laisse trop
passer, aussi.
Mme Gagnon-Tremblay: ...à 2 ou 3 heures du matin, alors
que le chef de la CSN et le premier ministre se rencontrent, qui a raison? Vous
comprenez que, à cette heure tardive, avec toutes les
négociations qui ont eu cours dans les journées qui ont suivi
cette entente, qui dit la vérité? Je me fie très bien
à mon premier ministre et je pense avoir pleinement rempli mon mandat et
avoir été de bonne foi aussi, puisque, dans mon esprit, il n'y a
jamais eu de confusion.
Mme Harel: En tout cas, je pense bien que l'on peut convenir
qu'il y a des heures fiévreuses dans des négociations, mais, en
l'occurrence, cette question a fait l'objet d'un parafe des parties et est en
annexe à la convention. Alors, ce n'étaient pas seulement des
paroles verbales comme oh le dit; il y avait aussi un texte.
Mme Gagnon-Tremblay: Les garderies, c'est un réseau
privé; elles ne font pas partie du public ou du parapublic. Les
garderies n'auraient jamais dû être discutées à
l'intérieur d'une négociation.
Mme Harel: Ah! Bien là...
Mme Gagnon-Tremblay: Cela ne fait même pas... On peut en
discuter, et le premier ministre était d'accord pour en discuter, mais
cela n'a même pas affaire à l'intérieur d'une
négociation puisque cela ne relève pas du gouvernement.
Mme Harel: M. le Président, je m'excuse, je pense que vous
devez nous rappeler à l'ordre, il faut toujours... Vous avez raison,
mais avec cette façon d'être en face les uns des autres,
finalement, on est tenté...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je m'excuse, M. le
Président.
Mme Harel: ...d'avoir un dialogue plutôt que de s'adresser
au président.
Le Président (M. Bélanger): Quand cela va bien,
cela va bien.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous m'excusez?
Le Président (M. Bélanger): Bof!
Mme Harel: Quand le président trône comme cela entre
les parties... Il reste que la ministre vient, dans le fond, de nous
dévoiler un peu d'où vient le malentendu. Elle vient de nous dire
- c'est au Journal des débats - que cela n'aurait jamais dû
être discuté. Cela n'aurait peut-être jamais dû
l'être, à ses yeux à elle, mais ça l'a
été...
Mme Gagnon-Tremblay: II y a une différence...
Mme Harel: ...et non seulement ça l'a
été...
Mme Gagnon-Tremblay: Je m'excuse.
Mme Harel: ...mais cela a été parafé, cela a
été écrit.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je m'excuse...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: ...il y a une différence. Lorsque
j'ai dit que cela n'aurait jamais dû être négocié ou
discuté, il reste que la discussion est possible. J'ai dit que la CSN
n'avait même pas demandé au premier ministre de négocier
ses conditions, puisque cela ne faisait même pas partie des conventions
collectives et que, je le répète, les éducateurs et les
éducatrices ne sont pas les employés du gouvernement. Mais la CSN
était, quand même, bien en droit de demander au premier ministre
d'en discuter, ce qu'il a fait, d'ailleurs. Voilà!
Mme Harel: C'est terrible comme le temps file. L'an prochain, ce
n'est pas quatre, mais huit heures que je vais réclamer.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela nous fera plaisir.
Mme Harel: Parce qu'on n'a pas encore terminé, c'est
incroyable. Je pensais qu'on pourrait répartir équitablement le
temps entre l'Office des services de garde à l'enfance, le Conseil du
statut de la femme et tous les autres sujets...
Mme Gagnon-Tremblay: Ah! Je croyais que vous étiez
fatiguée, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: ...qui nous passionnent tant.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous n'avez pas le droit de l'être. Il
y a un regain de vigueur.
Mme Harel: Je vous dirai ma recette tantôt.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Vous pourrez la dire
fort pour qu'on...
Mme Harel: Je suis allée aux employés civils faire
un peu de sport avant.
Mme Gagnon-Tremblay: Ah, bon! LaChanterelle
Mme Harel: Je veux vous parler d'un cas en particulier, celui de
La Chanterelle, de Charlesbourg. Les journaux de la région de
Québec abondent en déclarations, les uns et les autres,
concernant cette garderie. Elle a ceci, qui n'est pas nécessairement
particulier: elle est installée dans des locaux
qui sont propriété de la commission scolaire de
Charlesbourg. La commission scolaire -c'est le cas, justement - décide
de récupérer des locaux, donc de récupérer une
école pour ouvrir de nouvelles classes et elle n'a pas comme souci de
maintenir la présence de la garderie. La garderie s'est adressée,
il y a quelques mois, à la ville de Charlesbourq. Je vous fais
grâce de tous les démêlés qu'elle a eus avec la ville
de Charlesbourg - elle en a eu plusieurs - parce qu'elle avait identifié
un espace qui semblait convenir à toute la réglementation de
l'office des services de garde, mais il appert qu'à Charlesbourg, quand
vous occupez des rues commerciales, vous devez être assuré d'avoir
quinze stationnements disponibles. Imaginez-vous que la garderie qui voulait
s'installer dans une résidence aurait dû, à la place du
gazon, asphalter complètement la superficie pour prétendre
respecter le règlement municipal en matière de stationnement.
Ah oui! Cest vrai. Elle a également fait des demandes
répétées pour obtenir de la ville de Charlesbourg ce que
bien d'autres garderies au Québec ont obtenu de leur
municipalité, c'est-à-dire une garantie de prêt pour leur
permettre une relocalisation.
Je voulais vous en parler, Mme la ministre, parce que la
non-collaboration qui, à maintes reprises, a été
étalée dans le journal Le Soleil vient d'une municipalité
dont le maire siège au comité consultatif sur la situation des
garderies au Québec puisqu'il est nul autre que M. Ralph Mercier.
Je me demandais si cette situation avait été portée
à votre connaissance et s'il vous semblait que M. Mercier avait ce
niveau de sensibilité qui allait lui permettre de participer à
l'élaboration d'une politique de services de garde au Québec.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je suis au courant de ce cas et c'est
certain que, si nous n'avons pas la collaboration des municipalités, il
y aura toujours un certain problème. C'est pourquoi on travaille
beaucoup avec les municipalités actuellement et il y a un comité
de formé à cet effet. Je ne veux pas excuser M. Mercier, parce
que je n'ai pas vérifié les résolutions du conseil
municipal. Je sais, quand même, que M. Mercier est le maire, mais un
conseil municipal est composé aussi d'autres personnes pour modifier
quoi que ce soit. Si le règlement exige des places de stationnement,
c'est sûr qu'il faut, à ce moment-là, une modification
spécifique pour les garderies.
Mais Mme la présidente de l'office peut compléter, parce
qu'il y a déjà quelque chose de prévu, quand même,
dans la loi de l'office, actuellement.
Mme Guy: II y a un article que nous avons effectivement beaucoup
de difficulté à faire comprendre aux municipalités,
l'article 98 de notre loi, qui était assez révolutionnaire,
à l'époque, et qui l'est encore, qui dit que le conseil d'une
municipalité, quelle que soit la loi qui le régît, peut,
par règlement, malgré toute réglementation de zonage et
aux conditions qu'il impose, permettre l'octroi d'un permis. Il n'a pas besoin,
non plus, d'aller en référendum. Aucun règlement municipal
adopté en vertu de la loi générale ou spéciale ne
peut avoir pour effet d'empêcher l'implantation d'une garderie. Nous
avons à le négocier continuellement avec les
municipalités. C'est aussi le rôle de l'office des services de
garde de voir à ce que la question des stationnements ne puisse pas
jouer.
Vous avez tout à fait raison: que soit à Charlesbourg ou
dans d'autres municipalités, nous faisons continuellement cette
intervention auprès des municipalités pour leur dire: Voyez comme
c'est facile. N'utilisez même pas votre loi municipale. Utilisez notre
article 98. Mais ce n'est pas effectivement encore très bien compris de
toutes les municipalités du Québec, vous avez tout à fait
raison.
Le Président (M. Bélanger): II faut peut-être
savoir, parce que j'ai présidé un comité d'urbanisme, dans
une ville, comme conseiller municipal, qu'au comité d'urbanisme il y a
des citoyens et que ce comité d'urbanisme est présidé par
des citoyens. Souvent, ce sont eux qui ne veulent pas changer les
règlements. Je le sais pour avoir déjà eu des
problèmes exactement quant à l'implantation d'une garderie
à Saint-Bruno pour les mêmes motifs de stationnement.
Mme Guy: Ce n'est pas toujours le maire tout seul qui
décide, vous avez raison.
Le Président (M. Bélanger): Ah, non.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est que les citoyens ont toujours une
crainte de voir s'établir une garderie à côté d'une
résidence, à cause du va-et-vient et de la circulation.
Mme Harel: C'est intéressant. Mais, là, c'est parce
que le maire lui-même a fait un certain nombre de déclarations
dans les journaux. La municipalité de Charlesbourg et son maire, par
surcroît, qui siège au comité consultatif, ont-ils
été informés de l'existence de cette disposition dans la
loi constitutive?
Mme Guy: Sous toute réserve, je vous dirais oui, parce que
nous avons transmis de l'information auprès de tous les maires et nous
la répétons régulièrement. La qarderie qui a
rencontré ce problème nous a sûrement
consultés. C'est la première démarche que nous
faisons. Mais, spécifiquement pour celle-là, je vous le dis sous
toute réserve, parce que je n'ai pas avec moi le dossier de cette
garderie.
Mme . Harel: En l'occurrence, le conseiller municipal du secteur
- c'est un M. Gilles Leduc - a fait lui-même des déclarations
disant que la ville de Charlesbourg n'est pas intéressée à
investir sans une participation du gouvernement provincial. Alors, c'est un
dossier de relocalisation assez urgent, parce que l'expulsion se fait le 1er
juillet.
On ne peut pas, compte tenu du temps qui file, revenir sur cette
question de la relocalisation, mais permettez-moi de vous dire qu'il est
certainement déplorable que le programme de relocalisation du
ministère des Affaires municipales n'ait pas été
reconduit. On nous a dit, au moment des engagements financiers: Toutes les
demandes ont été satisfaites; ce n'est pas nécessaire de
le reconduire. Mais le fait est qu'il y avait déjà en place des
situations et il y en aura cette année, comme il y en aura l'an
prochain. C'est un programme qui devrait être remis en place.
Mme Gagnon-Trembiay: Je m'excuse, Mme la députée de
Maisonneuve et M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie. (22 h
45)
Mme Gagnon-Tremblay: II ne faudrait pas mélanger les deux
programmes. C'est qu'il existe encore, au sein de l'office, une subvention de
relocalisation. Alors, l'autre programme, un programme de deux ans des Affaires
municipales, c'était uniquement pour aider les garderies qui
n'étaient pas conformes à la loi ou aux règlements et
qu'on devait déloger. Alors, finalement, celles-là ont
été relocalisées, mais l'office poursuit toujours son
programme de relocalisation pour aider des garderies comme celle dont vous
faites mention actuellement.
Mme Harel: Absolument, parce que La Chanterelle peut profiter
d'une subvention de 47 000 $ de l'office pour la relocalisation, mais il faut
convenir, Mme la ministre, qu'en l'occurrence, la garderie avait besoin de
l'appui de la municipalité. À plusieurs reprises, il y a
même eu des rencontres avec l'exécutif et le maire était
présent à ces rencontres. Cette rencontre a donné lieu
à une entrevue avec le maire, M. Ralph Mercier, où il a dit,
d'après Le Soleil, que la municipalité n'avait pas de
politique sur les garderies. Et Le Soleil note qu'il siège au
comité consultatif sur la situation des garderies au Québec.
Mme Gagnon-Tremblay; J'ose espérer qu'il sera suffisamment
sensibilisé pour sensibiliser ses conseillers municipaux.
Mme Harel: M. le Président, je m'en voudrais de terminer
ce programme, pour l'avoir effleuré à peine, sans profiter de
l'occasion pour saluer la présidente de l'office des services de garde
pour le travail qu'elle a réalisé pendant toutes ces
années. J'ai noté avec plaisir les remerciements et, je pense,
plus encore - peut-on parler de louanges? Le mot est peut-être un peu
fort -certainement les éloges - ma collèque de Chicoutimi a
raison - que la ministre a prononcés dans son discours d'ouverture
à l'égard de Mme Stella Guy. J'aimerais le retrouver. Je l'avais
noté.
Une voix: C'est au début.
Mme Harel: Comme elle, j'aimerais la remercier pour les efforts
constants qu'elle a consacrés au développement de ce
réseau naissant d'un service de garde accessible et lui offrir mes
meilleurs voeux de réussite lorsqu'elle relèvera de nouveaux
défis professionnels.
J'aimerais interroger Mme la ministre déléguée
à la Condition féminine pour savoir quels défis
professionnels ont été proposés à Mme la
présidente de l'office des services de garde.
Mme Gagnon-Tremblay: Jusqu'à maintenant, je ne pourrais
pas répondre pour Mme la présidente. Moi-même, je lui ai
fait part de mon appui entier à une nouvelle promotion.
Mme Harel: J'y souscris. Je pense qu'il y a trop peu de femmes
qui occupent des fonctions qui leur ont permis d'acquérir une expertise
de gestion pour se passer de quiconque, surtout quand elles sont notoirement
connues et reconnues comme ayant été de fidèles et loyales
"serviteures" publiques, on le dit avec un "e". Dans la situation
présente, autant cela vaut pour tout homologue masculin puisqu'il n'y a
pas de démotions quand les gouvernements se remplacent ou se
succèdent, étant entendu qu'il y a une haute fonction publique
qui est très respectée dans notre société, fort
heureusement; il faut souhaiter qu'il en soit de même pour les quelques
femmes qui avaient réussi à se hisser dans cette haute fonction
publique.
Le Président (M. Bélanger): Madame, toute nos
félicitations pour le travail accompli et bonne chance dans la poursuite
de votre carrière. Alors, est-ce qu'on doit considérer que les
crédits du programme 2, Office des services de garde à l'enfance,
sont adoptés''
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle donc le programme 1, Conseil du statut de la femme.
Mme Guy: Je veux vous remercier aussi et surtout nous excuser du
retard. Toutes les deux, Mme McKenzie et moi, nous étions malheureuses.
Nous nous sommes cognées à cinq portes fermées pour
pouvoir entrer vous voir ce soir. Voilà la raison. Je m'en excuse, parce
que ce n'est pas dans mes habitudes d'être en retard.
Mme Gagnon-Tremblay: Nous l'avions compris.
Mme Harel: M. le Président, je ne sais pas, nous pourrions
peut-être pour les quinze prochaines minutes...
Une voix: Oui.
Mme Harel: ...regarder tous les programmes d'accès
à l'égalité. Ma collègue, la députée
de Chicoutimi, qui a travaillé très tard à l'étude
des crédits des ministères dont elle a la responsabilité
en tant que porte-parole, aimerait être présente au moment
où nous ferons l'étude du programme 3, je pense...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: ...sur les programmes d'accès. Je vous
proposerais, si la commission y consent, d'examiner tout de suite la question
des programmes d'accès à l'égalité..,
Mme Gagnon-Tremblay: Avant le Conseil du statut de la femme.
Mme Harel: ...avant le Conseil du statut de la femme, mais en
nous fixant un délai raisonnable, de manière à ne pas
passer sous silence les travaux du Conseil du statut de la femme.
Le Président (M. Bélanger): Aucun problème,
madame. On a le consentement.
M. Leclerc: Consentement.
Promotion des droits de la femme
Le Président (M. Bélanger): Donc, c'est le
programme 3 du Conseil exécutif, Promotion des droits de la femme. Mme
la députée de Chicoutimi.
Programmes d'accès à
l'égalité
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. À l'occasion
de l'étude des crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, j'ai interrogé le ministre de
l'Enseignement supérieur sur les programmes d'accès à
l'égalité en emploi pour les femmes. Je pense qu'il est inutile
d'insister longuement sur la nécessité et la pertinence de tels
programmes et sur le modèle de femmes occupant des fonctions
supérieures dans l'enseignement en particulier. C'est important, vous
savez, le rôle qu'elles jouent, particulièrement à ces
niveaux où elles sont en contact avec les jeunes filles et aussi avec
les garçons, que ce soit dans les écoles, dans les cégeps
ou dans Ies universités. Je trouve que ces programmes sont d'une
importance majeure.
On sait que, dans les collèges, dans les universités,
c'est aussi vrai dans les écoles -et là, je ne vous livrerai pas
les chiffres parce que je sais que vous les possédez - au primaire et au
secondaire, les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes et,
pourtant, elles occupent peu de fonctions de cadres. En enseignement
collégial, elles sont les dernières venues, donc, les plus
proches de la porte également. Au moment où on fait les mises en
disponibilité, ce sont les derniers arrivés qui sont Ies premiers
servis là-dedans, et les femmes, plus souvent qu'autrement, sont mises
en disponibilité. Dans les universités, elles sont
chargées de cours. On les retrouve, dans une proportion relativement
minime, dans les postes de cadres. Au Québec, au moment où on se
parle - et Mme la sous-ministre ou Mme la secrétaire
générale pourrait le confirmer - je pense qu'il reste peu ou pas
de femmes qui sont directrices générales de cégeps. On en
a déjà eu quelques-unes, mais on n'en a plus. Il y en a
quelques-unes qui sont au deuxième niveau, c'est-à-dire
directrices des services pédagogiques. On avait connu une progression
intéressante, au moins quelques nominations, mais, plutôt que de
connaître une croissance dans ces domaines, on connaît une
diminution. On sait très bien qu'on parle de la même chose et que
là-dessus, j'ai raison.
Je dois vous dire que, lorsque vous ave2 annoncé qu'il y aurait
un budget de 6 500 000 $ sur trois ans pour mettre en place des programmes
d'accès à l'égalité en emploi, je trouvais que
c'était une bonne idée. Je connaissais un peu celui
d'Hydro-Québec dans lequel on a investi des sommes importantes,
où on a - mis en place un bon programme à la fois de formation,
d'animation, de recyclage et de perfectionnement, et, évidemment, un
certain nombre de mesures incitatives avec des objectifs précis. Par
exemple, on sait qu'à Hydro-Québec, si ma mémoire est
fidèle - cela mériterait peut-être d'être
vérifié - en 1990, aussi près que cela, on souhaite avoir
environ 30 % des femmes cadres. C'est un programme avec des objectifs
précis; les gens savent où ils vont et savent également ce
qu'il coûte.
 mon grand étonnement, le ministre de l'Enseignement
supérieur me dit: En 1986-1987, il n'y a pas eu un sou d'argent neuf mis
au ministère de l'Enseignement supérieur ou au ministère
de l'Éducation. Le ministre me dit: Le président du Conseil du
trésor a trouvé que c'était une fort bonne idée,
sauf que, pour la première année, vous devrez dégager les
sommes de vos budgets. Finalement, on apprend que - et je voudrais
vérifier avec la ministre si c'est juste - le partage de ces 6 500 000 $
doit se faire comme suit: 1 360 000 $ au ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, 1 200 000 $ au ministère de
l'Éducation. Le ministre a réussi à même ses budgets
à dégager, si mon information est exacte, environ 160 000 $ pour
offrir... Il a dû sélectionner, évidemment, dans les
demandes qui lui ont été faites et il a choisi quatre
établissements: le collège Édouard-Montpetit, le
collège Marie-Victorin, un collège privé,
l'Université du Québec à Montréal et
l'Université Laval. Les budgets qui étaient accordés
étaient de 30 000 $ à 40 000 $. Les gens ont rapidement
réalisé que c'était largement insuffisant et qu'ils
n'iraient pas loin avec des budgets de cette nature parce que c'était
beaucoup plus complexe qu'on ne le pensait au départ; cela demandait
plus d'argent et, évidemment, un délai un peu plus long. Le
ministre avoue, et cela ne semble pas le troubler particulièrement,
qu'il n'est pas question qu'on puisse penser à atteindre les objectifs
qu'on s'était fixés. On va rajouter six ou sept
établissements l'an prochain, c'est-à-dire en 1987-1988. On est
loin de ce beau programme lancé avec son et lumière, comme on le
disait dans le temps. Finalement, à la grande déception des
différents intervenants: 1, il n'y a pas d'argent neuf là-dedans;
2, les organismes et les comités féminins ou comités sur
la condition féminine dans les établissements n'ont pas
été consultés, c'est comme si cela n'existait pas; 3,
aucun budget additionnel dans les établissements pour prendre des
mesures concrètes, il n'y a rien. Autrement dit, de bonnes intentions,
de belles intentions, pas d'argent!
Et cette année, pour 1987-1988, le ministre nous dit: J'ai
présenté une demande au Conseil du trésor pour aller
chercher 500 000 $. J'ai essayé de savoir ce que le ministre ferait si,
éventuellement, ces 500 000 $ ne venaient pas du Conseil du
trésor. On regardera toujours, il y aura peut-être moyen de
dégager des budgets. Mais ce beau projet qui visait à assurer,
â mettre en place des programmes d'accès à
l'égalité en emploi dans les maisons d'enseignement, là
où cela doit se faire, je pense, au premier titre, cela se résume
à peu de chose. Je voudrais savoir ce qu'on retrouve, ce que la ministre
a demandé concrètement pour les autres, pas seulement pour son
ministère, quelques petits programmes d'encouragement et de
publicité. Concrètement, comment cela va-t-il se traduire?
À quelle place va-t-on aller chercher ces 6 500 000 $? Il y a
déjà une année de perdue. Les ministères sont
allés chercher cela dans leurs enveloppes, et, avec des budgets... Si je
me fie à ce qu'il nous a dit - et je peux vous faire photocopier la
transcription des débats de la commission parlementaire - il n'y a pas
eu d'argent. Le ministre a investi environ 160 000 $, c'est largement
insuffisant, il ne peut pas atteindre ses objectifs, et il n'est pas
assuré que le Conseil du trésor lui donne le budqet pour
1987-1988. Que fait la ministre en cette circonstance? Et a-t-elle des
garanties que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science
n'aurait pas?
Mme Gagnon-Tremblay: Voici. Le budget de 6 500 000 $, c'est pour
une période de trois ans...
Mme Blackburn: Oui
Mme Gagnon-Tremblay: ...pour implanter des programmes
d'accès à l'égalité dans les secteurs de
l'éducation, de la santé et des services sociaux, du monde
municipal, de même que dans le secteur privé. À
l'Éducation, vous avez un budget total de 1 368 000 $, à
PEnseiqnement supérieur et à la Science, 1 650 000 $. À
l'Éducation, on a prévu l'élaboration dans 36 commissions
scolaires sur une période de trois ans, c'est-à-dire six
commissions scolaires en 1986-1987, quinze en 1987-1988 et quinze autres en
1988-1989. Actuellement, il y a trois commissions scolaires qui participent
à des projets pilotes. (23 heures)
Ce qui a fait que l'année dernière le budget n'aurait pas
été complètement... quoique les crédits
utilisés l'année dernière ont été de 276 000
$, tel que prévu à l'Éducation en 1986-1987. Par contre,
à l'Enseignement supérieur, il y a 30 collèges et 12
universités qui ont été prévus pour
l'élaboration. Actuellement, il y a les quatre projets pilotes dont vous
faisiez mention tout à l'heure.
Mais ces programmes, ce n'est pas facile; c'est un discours nouveau,
c'est un concept nouveau. Finalement, ce qui nous semblerait le meilleur, ce
n'est peut-être pas la quantité. Â la longue, on se rend
compte qu'on est mieux d'en prendre moins, mais de donner les ressources
suffisantes pour les mener à bon terme. C'est mieux que d'avoir une
quantité et de voir que finalement cela ne nous donne pas de
résultat.
Alors, actuellement, il y a le suivi de quatre projets en cours. Le
démarraqe de cinq à dix nouveaux projets est prévu en
septembre 1987. Selon l'expérimentation en cours dans les quatre
établissements, on
verra s'il y a lieu d'ajuster les niveaux de financement,
c'est-à-dire de les augmenter.
Mme Blackburn: Je voudrais bien qu'on se comprenne. Vous nous
dites 6 500 000 $. Il y a déjà une année de
passée.
Mme Gagnon-Tremblay: II y a déjà des sommes de
dépensées également.
Mme Blackburn: II y a déjà une année de
passée. Il n'y a pas eu une cenne d'argent neuf de mise
là-dedans. Ce sont des sommes qui ont été
dégagées à même les budgets existants. Est-ce que je
me trompe?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est faux.
Mme Blackburn: Au ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, c'est la réalité et le
ministre n'est même pas assuré qu'il va avoir de l'argent neuf
cette année. L'an passé, il l'a pris - je peux vous lire, si vous
me le permettez, sa déclaration - à même ses budgets. Il
n'a pas eu un sou pour ça. Cette année, il me dit: Je vais en
demande, mais je ne suis pas certain. Voilà la réponse du
ministre.
La ministre me dit: On est mieux d'en avoir moin3 et de les mener
à terme. On a un retard considérable là-dessus. Il est
urgent qu'on intervienne à ce niveau et, si la ministre,
elle-même, n'est pas plus convaincue de l'urgence d'intervenir là
et de modifier les modèles, je me demande qui va être convaincu si
le gouvernement, contrairement aux annonces qu'il a faites, ne fait pas de
cette question une réelle priorité.
Mme Gagnon-Tremblay: Mais je vous disais que c'est un concept
nouveau que nous sommes en train d'expérimenter. Il faut bien le faire.
La première recherche consistait en un portrait statistique du personnel
des niveaux collégial et universitaire. Il faut faire une analyse
sommaire, par la suite, des conventions collectives. Il faut faire la
cueillette d'informations sur les différentes formules pour promouvoir
la fonction d'encadrement dans le réseau collégial.
Il faut obtenir toutes les informations pertinentes et il nous
apparaît qu'actuellement, compte tenu du suivi qu'on doit faire des
quatre projets en cours et qu'on prévoit lancer cinq à dix
nouveaux projets pour septembre 19B7, c'est inutile d'en faire démarrer
une grande quantité.
À ce moment-ci, on se rend compte que ce qui est important pour
pouvoir avoir une bonne expérience de ces programmes, pour pouvoir, par
la suite, en implanter d'autres, c'est que ce soit bien fait.
Vous parliez tout à l'heure, déjà, du manque de
ressources financières des établissements qui ont
déjà mis des projets en marche. Donc, il va probablement nous
falloir réajuster ces niveaux-là. C'est pour ça que je
vous mentionnais qu'il y a une volonté ferme, mais il faut s'assurer que
le travail soit bien fait dans peut-être moins d'institutions. Cela ne
veut pas dire qu'on ne le fera pas dans tous les collèges et
universités qui ont déjà été prévus.
C'est préférable de le faire peut-être dans moins, mais de
bien le faire.
Quant aux crédits, je demanderais à la secrétaire
générale associée si elle veut bien compléter ma
réponse.
Mme Brodeur (Nicole): Voici. En ce qui concerne les 6 400 000 $,
je tiendrais à préciser qu'il y a 4 600 000 $ qui étaient
prévus pour les secteurs parapublic et municipal, c'est-à-dire
les réseaux de l'éducation, de la santé et des services
sociaux, et des affaires municipales. Il y avait 1 900 000 $ qui étaient
comptabilisés, dans ces 6 400 000 $ ou 6 500 000 $, pour le secteur
privé.
Quand le ministre de l'Éducation disait qu'en 1986-1987 les
ministères qui relèvent de sa responsabilité,
c'est-à-dire l'Éducation et l'Enseignement supérieur et la
Science, n'avaient pas reçu d'argent neuf, c'est, en partie, juste de la
façon suivante. C'est que, dans le cas de ces deux ministères,
contrairement à ce qui s'est passé au ministère de la
Santé et des Services sociaux, de même qu'au ministère des
Affaires municipales, le Conseil du trésor leur a demandé de
prendre ces budqets à même leurs crédits
périmés, c'est-à-dire à même les objectifs de
péremption qui avaient été fixés à ces
ministères, comme aux autres ministères et orqanismes du
gouvernement, ce dont on a eu l'occasion de parler tout à l'heure lors
de la discussion sur l'Office des services de garde à l'enfance. C'est
pour l'année 1986-1987.
Mme Blackburn: Bien. Je vous lis textuellement la réponse
du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science: "Je vais
répondre directement à la question qui a été
posée". C'est une question que je lui avais posée. "Pour
l'année 1986-1987, il a fallu que le MES finance à même ses
crédits réguliers l'action qu'il a entreprise en relation avec ce
programme". Comme je récidivais, et que je lui demandais s'il pensait
atteindre ses objectifs, il nous a répondu la chose suivante: "Au rythme
où nous fonctionnons, ce serait très difficile." Il voulait dire
d'atteindre les objectifs que vous vous étiez fixés en 1986.
"J'espère qu'une fois qu'on aura établi le programme il sera plus
facile de généraliser les sommes impliquées. Elles ne sont
quand même pas énormes. J'espère vivement que nous pourrons
atteindre l'objectif à l'intérieur de l'échéance
fixée". Une fois, il dit que c'est possible et l'autre, que ce n'est pas
possible.
Revenant à la question du financement, il dit, en parlant de
l'entente intervenue: "C'est une présentation consolidée qui
était le fruit d'une préparation concertée - c'est assez
alambiqué - de tous les ministères concernés. Le Conseil
du trésor a dit, si j'ai bien compris: Nous trouvons que c'est
intéressant, mais que chaque ministère concerné finance le
programme dont il entend être responsable". Voilà.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qui arrive, c'est que...
Mme Blackburn: Ce que je veux dire, c'est que vous aviez
annoncé de l'argent neuf. Premièrement, il n'y a pas d'argent
neuf; c'est de l'argent des ministères. La deuxième chose - et je
voudrais que ce soit clair - c'est que non seulement il n'y a pas d'argent neuf
pour les projets pilotes, mais il n'y a pas d'argent neuf, non plus, pour poser
des actions concrètes. Je dois m'étonner, vous savez. Là
ministre me dit: C'est un concept nouveau. Mon Dieu! Il ne faudrait pas
réinventer la roue. Hydro-Québec le fait. Bell Canada le fait.
Alcan le fait. Écoutez, il y a un certain nombre d'entreprises qui ont
commencé cela avant le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science ou le gouvernement. Je me dis qu'avant de
commencer à dire que c'est un concept nouveau il faut voir les
conventions collectives. Cela existe déjà.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce ne sont pas des programmes selon le
concept de la commission...
Mme Blackburn: Ce sont des programmes d'accès à
l'égalité...
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas tout à fait la
même chose.
Mme Blackburn: Ce sont des programmes d'accès à
l'égalité en emploi qui visent à augmenter le nombre de
postes...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais ce n'est pas selon les
critères établis...
Mme Blackburn: ...de cadres occupés par des femmes. En
gros, c'est ce que j'allais dire. Je trouvais la chose intéressante sauf
que, devant ce qui nous a été livré par le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, il s'avère qu'il n'y a
pas grand-chose là-dedans.
En plus, j'ajouterais - et ce sera peut-être la
responsabilité de la ministre de veiller à ce que cela se fasse -
que les groupes concernés dans les collèges et dans les
universités, que j'ai rencontrés et qui ont demandé
à me rencontrer, n'ont pas été consultés. C'est
comme s'ils n'existaient pas.
Vous pouvez bien me dire que c'est un nouveau concept, mais les
personnes, les premières intéressées, qui ont
réfléchi un peu à cela n'ont même pas
été rencontrées. C'est mon propos.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon. Lorsque le ministre vous a dit que
c'étaient des crédits réguliers, il avait tout à
fait raison. Sa réponse est exacte, puisqu'une fois qu'on a
périmé des crédits et qu'on lui retourne ces
crédits périmés de 250 000 $ ou de 550 000 $, ils
deviennent des crédits réguliers par la suite, si on a
retourné ces crédits à même son budget.
Lorsque vous dites qu'il n'y a pas d'argent neuf, que cela soit pris
à même le secrétariat ou que cela soit pris dans chacun des
ministères, il y a un montant de 6 500 000 $ accordé à ces
programmes pour les trois prochaines années. Que le ministère le
prenne dans son propre budget, ce n'est quand même pas de l'argent qui
tombe du ciel. C'est de l'argent qui provient de quelque part. C'est de
l'argent qui provient d'un budget. Je ne vois pas pourquoi on dit que ce n'est
pas de l'argent neuf. Quelle est la différence entre de l'arqent neuf et
une autre sorte d'argent?
Mme Harel: Malheureusement, c'est un sujet extrêmement
important, notamment parce qu'il y a, évidemment, une absence chronique
des femmes aux postes supérieurs dans la fonction publique. Je lisais
qu'en 1986 c'étaient 6,7 % des femmes qui occupaient des emplois
supérieurs dans la fonction publique. Il y a, évidemment, un
rattrapage à faire.
Vous voyez qu'il est déjà 23 h 10 et il nous reste environ
50 minutes pour couvrir à peu près 48 autres sujets. Je trouve
que c'est une vraie course contre la montre, une étude des
crédits semblable, surtout qu'au sujet des garderies on n'a même
pas pu parler des haltes-garderies, des jardins d'enfants et de la date
à laquelle vous pensez mettre en viqueur les dispositions de la loi.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela vous fera de bonnes questions lors de
la période des questions, Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Un dernier mot peut-être sur la question de
l'égalité, puisqu'on y est, que c'est dans le proqramme 3 et que
l'on pourra ensuite en disposer, concernant cette fois les proqrammes dans le
secteur privé.
La ministre sait certainement, pour avoir rencontré le
comité consultatif gouvernemental qu'elle a mis sur pied, qu'il y a
remise en cause du protocole d'entente que le gouvernement a
préparé avec les entreprises et du portrait des effectifs dans
les dix entreprises qui seront subventionnées.
La ministre est certainement au courant que le comité consultatif
a, dans un premier temps, rejeté le protocole d'entente comme
n'étant pas suffisamment explicite, discréditant d'une certaine
façon le processus» puisque les subventions allouées aux
entreprises dans le cadre de ce programme le sont beaucoup trop
généreusement eu égard aux conditions que l'on exige des
entreprises lorsqu'elles sont bénéficiaires de subventions.
Il n'y a pour elles aucun autre engagement que celui de faire un
portrait des effectifs. L'entreprise qui sera subventionnée dans le
cadre d'un programme d'égalité en emploi n'a aucune autre
obligation à remplir que celle de faire un portrait d'effectifs. Ce ne
sont pas des petites et moyennes entreprises, pour les dix d'entre elles qui
ont été retenues; ce sont des entreprises de grande taille qui
auraient sans doute fait le portrait de leurs effectifs de toute façon,
mais qui sont maintenant subventionnées pour le faire. Il n'y a dan3 ce
protocole d'entente aucune obligation d'information des employés,
travailleurs ou travailleuses syndiqués et non syndiqués. Il n'y
a aucune participation du syndicat à la préparation du
programme.
Étant informée de ces faits, je me suis demandé si
la ministre, sans l'accord des organisations de travailleurs en place dans
l'entreprise, plus encore sans leur implication, pouvait s'imaginer qu'il peut
y avoir autre chose qu'une force d'inertie qui finisse par jouer contre un tel
programme et offrir des résistances au moment où on voudrait
qu'il reçoive plutôt de la collaboration.
Est-ce que la ministre a examiné la possibilité de rendre
plus qu'incitatrice l'information à faire auprès des
employés de l'entreprise? C'est une sorte de voeu qu'elle a
formulé, mais cela n'est pas une incitation, cela ne fait pas partie du
protocole, est-ce bien cela? D'autre part, est-ce que la ministre entend
introduire dans les obligations au protocole l'obligation de faire participer
les organisations en place, qui se trouvent dans ces entreprises?
Mme Gagnon-Tremblay: II n'est pas question que le comité
ait rejeté le protocole. Le comité m'a demandé de voir
à faire certaines modifications, mais il n'est pas question de rejeter
le protocole comme tel. Quant aux obligations des entreprises, les entreprises,
d'après le protocole d'entente, ont des responsabilités.
Premièrement, elles se sont engagées à fournir les
analyses d'effectifs, d'emplois et ainsi de suite, de disponibilité. Ces
analyses ont été faites au sein de l'entreprise. Les entreprises
se sont engagées aussi à déposer un programme
d'accès à l'égalité, une fois que l'on aura fait
ces analyses, si on se rend compte qu'il y a effectivement discrimination ou si
on a des mesures de redressement à apporter. En plus, les entreprises
s'engagent, avec l'aide du Secrétariat à la condition
féminine, à suivre les directives pour s'assurer qu'on puisse
obtenir les meilleurs résultats possible en vue de l'implantation d'un
programme d'accès à l'égalité. (23 h 15)
Lorsque vous parliez des 50 000 $, je vous avoue que c'est très
peu, compte tenu de tout ce qui est à faire. Si vous reqardez le nom des
entreprises qui ont signé le protocole, la semaine dernière, ce
sont des entreprises qui ont une volonté, elles sont prêtes
à s'engager. Ce n'est pas pour 50 000 $ qu'elles vont risquer leur nom.
On se rend compte que, dans toute la question des programmes d'accès
à l'égalité, le premier critère de
sélection, c'est l'ouverture, la volonté d'implanter des
programmes d'accès à l'égalité. S'il n'y a pas de
volonté de la part du directeur de la gestion ou du propriétaire
de l'entreprise, c'est inutile d'y penser. Donc, cela prend déjà
une bonne volonté.
En plus de cela, on s'est également assuré, en ce qui
concerne les critères de sélection, d'avoir une
représentativité quant à la taille de l'entreprise -
puisque ces entreprises doivent être de 100 employés et plus - et
quant aux secteurs d'activité commerciale et aux régions
géographiques.
Tout à l'heure, quand vous parliez de la participation des
employeurs... Quand il s'aqit de faire des analyses de disponibilité,
des analyses d'effectifs, toutes les analyses que cela comporte, il y a un
minimum de confidentialité pour l'entreprise» Ces analyses ne
peuvent pas être sur la place publique pour différentes raisons,
parce que ces entreprises y ont consenti sur une base volontaire et
incitatrice.
Par contre, nous, ce qu'on souhaite et ce qu'on demande aux entreprises,
c'est de faire part, premièrement, aux employés que cette
entreprise a l'intention d'implanter des programmes d'accès à
l'égalité et de travailler aussi en concertation avec ces gens,
une fois qu'on aura implanté le programme d'accès à
l'égalité.
Dans un premier temps, il faut faire toutes ces analyses et c'est
très difficile d'impliquer les gens à cause de la
confidentialité, parce que, même en ce qui concerne le
secrétariat, si on a réussi à obtenir la signature de
quantité d'entreprises de cette taille, c'est parce qu'on leur assure la
confidentialité de leurs différentes analyses.
Mme Harel: Quand la ministre parle d'entreprises qui ont
été sélectionnées parce qu'elles correspondent
à un certain nombre de critères, notamment parce qu'elles ont une
taille de 100 employés et plus, est-ce que ce critère de l'emploi
sera retenu dans le projet d'obligations contractuelles? Est-ce
que c'est une indication que la ministre a faite dans le protocole
d'entente de ce qui s'en vient au chapitre de l'obligation contractuelle?
Mme Gagnon-Tremblay: Comme le ministre de la Justice doit
déposer incessamment le projet sur l'obligation contractuelle...
Mme Harel: II ne l'a pas encore déposé?
Mme Gagnon-Tremblay: II doit le rendre public.
Mme Harel: Ah! Est-ce que son mémoire est
déposé?
Mme Gagnon-Tremblay: Je préfère vous laisser
patientier.
Mme Harel: Son mémoire est déposé au Conseil
des ministres.
Mme Gagnon-Tremblay: Son mémoire est sur le point de
l'être.
Mme Harel: II nous a dit, il y a quinze jours...
Mme Gagnon-Tremblay: II était sur son bureau.
Mme Harel: ...qu'il l'avait signé.
Mme Gagnon-Tremblay: II est déposé, mais il
doit...
Mme Harel: On peut dire qu'il est signé.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Mme Harel: Mais est-il
déposé?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, il est déposé.
Mme Harel: II est déposé.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: Au secrétariat du conseil...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, il est déposé.
Mme Harel: La ministre est certainement informée que le
comité consultatif a recommandé que, avant l'octroi de la
troisième tranche de la subvention, dans le protocole d'entente, il soit
prévu que non seulement il y ait eu portrait des effectifs, mais qu'il y
ait eu aussi des buts d'implantation du programme. Que toute sa subvention ne
devait pas simplement permettre à l'entreprise de mieux connaître,
malgré que cela puisse être intéressant, ces effectifs,
maïs que cela devait servir à favoriser l'implantation du
programme.
Mme Gagnon-Tremblay: Actuellement, la subvention est
versée en deux tranches: la première, de 30 000 $, pour la
réalisation du diagnostic et la deuxième tranche, de 20 000 $,
pour l'élaboration et la mise en oeuvre du programme d'accès
à l'égalité. Nous sommes à étudier la
possibilité de le retarder, car on nous a demandé de le faire en
trois tranches. Cela cause quand même des problèmes
administratifs, trois tranches au lieu de deux tranches. Vous comprendrez, je
le mentionne à nouveau, que je ne pense pas qu'une entreprise de taille
comme celles qui ont signé le protocole d'entente renie ses engagements
pour 20 000 $. Alors, la première tranche est donnée pour ta
réalisation du diagnostic et la deuxième pour
l'élaboration et la mise en oeuvre du programme d'accès à
l'égalité.
Mme Harel: Nous allons devoir terminer ici cette très
importante et névralqique question parce que, si nous voulons aborder le
programme du Conseil du statut de la femme, avec tout le reste
après...
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce qu'on pourrait suspendre cinq
minutes?
Mme Harel: Oui. On va les reprendre, ces cinq dernières
minutes?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, oui, d'accord.
Le Président (M. Bélanger): Alors, est-ce qu'on
adopte d'abord le programme et on suspendra ensuite pour cinq minutes?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le programme
3 du Conseil exécutif, Promotion des droits des femmes, est
adopté?
Une voix: Au complet?
Mme Harel: Non.
Mme Gagnon-Tremblay: Pas au complet.
Mme Harel: Pas au complet, seulement le programme concernant
la...
Le Président (M. Bélanger): Ah!
Excusez-moi.
Une voix: Ah! On n'a pas fini...
Mme Harel: On a juste complété le programme
d'accès à l'égalité.
Le Président (M. Bélanger): Ah! Une partie,
excusez-moi. D'accord. On suspend pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 22)
(Reprise à 23 h 30)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux. Nous en
étions au programme 3. Est-ce exact?
Mme Harel: Si vous le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Harel: On pourrait revenir au programme 2 concernant le
Conseil du statut de la femme.
Conseil du statut de la femme
Le Président (M. Bélanger): Programme 1, Conseil du
statut de ta femme.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien. Oui, c'est
le programme 1, Conseil du statut de la femme.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est peut-être bien, mais il faut le
mettre de côté. C'est important.
Le Président (M. Bélanger): 11 n'y a pas de
problème. On suspend donc l'étude du programme 3 et on va au
programme 1. On reviendra au programme 3 par la suite.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Oui, Mme la
députée de Deux-Montagnes.
Mme Legault: J'aimerais poser une question à Mme la
ministre.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Legault: Mme la ministre, dans le cahier
préparé par le Conseil du statut de la femme, aux questions 8 et
9, figurent des données sur les services offerts par Consult-Action.
Avec votre permission, est-ce que je pourrais poser une question à la
présidente, Mme McKenzie?
Le Président (M. Bélanger): La question doit
toujours s'adresser à la ministre qui décide qui y
répondra.
Mme Legault: Ah bon! Voici ma question à Mme la ministre.
Est-ce que vous pourriez me détailler le budget annuel consacré
à ces services et, ensuite, dans le document 9, la fréquentation
de même que la nature des services offerts par Consult-Action dans les
régions?
Mme Gagnon-Tremblay: 8 et 9?
Mme Legault: 8 et 9.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour répondre à votre
première question, le budget total annuel pour Consult-Action qui sert
directement les femmes en régions, est de 1 200 000 $. Quant aux
activités, je vais laisser la présidente du Conseil du statut de
la femme, Mme McKenzie, vous les énumérer.
Mme McKenzie (Francîne): Est-ce que vous souhaitez tout
d'abord que je ventile ce budget total?
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas nécessaire.
Mme Legault: Dans les grandes lignes.
Mme McKenzie: Dans les grandes lignes, je pense qu'on a compris
que cela se distingue à peine de ce qu'on retrouve habituellement pour
ce genre de service. Le plus gros du budget est évidemment
destiné à la rémunération du personnel, pour
l'équivalent de 842 226 %. Quant au budget de fonctionnement, on trouve
au chapitre des communications, 56 000 $ et au chapitre des services, 5000 $,
Les loyers, globalement, pour les huit bureaux régionaux,
s'élèvent à 364 570 $. Mme la députée,
souhaitez-vous que j'énumère les activités majeures de ce
service à la population?
Mme Legault: Oui, s'il vous plaît!
Mme McKenzie: Essentiellement, nous avons des animatrices dans
chacun des bureaux régionaux. Il y a une animatrice et une agente de
bureau qui est employée de soutien pour cette animatrice. Elles font un
travail d'information, de soutien technique à la population de
même qu'aux groupes de femmes qu'elles doivent munir de l'instrumentation
qui est, par ailleurs, élaborée au conseil, comme des documents
écrits ou des documents audiovisuels. Elles doivent également
voir à l'animation autour de questions concernant les femmes dans leur
région, exposer, quand l'occasion leur en est donnée, les
positions du conseil et,
évidemment, s'acquitter de ces tâches en respectant la
dynamique sociale, c'est-à-dire en ne tenant pas pour acquis qu'elles
ont à orchestrer ou à dire aux femmes ce qu'il faut penser ou ce
qu'il faut souhaiter, mais en respectant qu'il y ait une émanation
naturelle de toute la dynamique sociale qui existe par ailleurs, donc, des
positions qui, à certains égards, peuvent parfois être
divergentes.
Mme Legault: C'est parfait. Merci, madame.
Mme McKenzie: Je vous en prie. Financement des groupes de
femmes
Mme Harel: Mme la présidente, le conseil a
travaillé à toute la question du financement des groupes de
femmes. Compte tenu du peu de temps, je n'ai pas pu, Mme la ministre, vous
demander si, à la suite de la tournée que vous avez
effectuée, vous partagiez toujours la déclaration que vous aviez
faite en début de saison, l'automne dernier, à savoir que vous
entendiez vérifier la rentabilité des groupes de femmes.
Mme Gagnon-Tremblay: Rentabiliser l'action des groupes de
femmes.
Mme Harel: Mais, comme vous n'en parlez plus, ce vocabulaire est
disparu, j'ai pensé que vous aviez trouvé réponse à
vos interrogations. Et si tant est que cela était nécessaire, je
pense que le conseil a réalisé un travail considérable sur
toute cette question relative au financement des groupes de femmes. Est-ce que
vous voulez nous en faire part?
Mme McKenzie: Cela fait l'objet d'un mandat de la ministre
destiné au conseil de façon à examiner la situation,
principalement issue d'un fait bien connu, à savoir que les groupes de
femmes doivent, chaque année, consacrer une somme d'énergie assez
considérable pour s'assurer qu'il y aura un financement. C'est dans
cette perspective que le conseil a examiné la situation et soumis son
avis à la ministre déléguée à la Condition
féminine.
Mme Harel: Est-ce que la ministre déléguée
à la Condition féminine est satisfaite des recommandations qui
lui ont été acheminées?
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, en général, j'ai
été satisfaite, sauf qu'il m'apparaissait que, dans cette
étude, nous n'avions pas été suffisamment loin. On
mentionnait, dans l'étude, qu'on reconnaissait les besoins et on
demandait des sommes supplémentaires, mais j'aurais voulu avoir plus
d'informations et je voulais avoir... Finalement, cela ne m'apparaissait pas
suffisamment exploité en profondeur. Donc, ce que j'ai fait, à la
suite de cela, avec aussi, naturellement toutes les demandes des groupes et les
problèmes financiers que j'ai constatés lors de ma tournée
en régions, j'ai mandaté un comité interministériel
composé de représentants des principaux ministères
subventionnés, c'est-à-dire, Santé et Services sociaux,
Communautés culturelles, Éducation, Main d'Oeuvre et
Sécurité du revenu, dans le but de me faire -un rapport et de
compléter l'étude qui avait été faite par le
Conseil du statut de la femme. Dans un deuxième temps, j'ai aussi
contacté les bailleurs de fonds du gouvernement fédéral,
pour savoir comment on pourrait, peut-être, résoudre à deux
ces problèmes, parce que j'ai constaté, lors de ma tournée
régionale, que le gouvernement fédéral se
désengageait dans bien des secteurs et que ces groupes me demandaient de
les subventionner parce qu'il y avait un désengagement de la part du
gouvernement fédéral.
D'autre part, j'ai fait mettre à l'ordre du jour de la prochaine
conférence fédérale-provinciale des ministres de la
Condition féminine, qui aura lieu effectivement la semaine prochaine, le
sujet du financement des groupes. C'est un document préliminaire que
j'exposerai à toutes les autres provinces, dans le but de
l'étudier plus en profondeur, peut-être au cours d'une prochaine
rencontre. Une fois que l'étude sera complétée, on pourra
vraisemblablement incorporer les recommandations au plan d'action
gouvernemental, en matière de condition féminine.
Mme Harel: Â propos de ce plan d'action gouvernemental, Mme
la ministre, pour quand en annoncez-vous la publication? Sera-t-il un plan
d'action annuel ou sera-t-il triennal?
Mme Gagnon-Tremblay: Ce sera un plan d'orientation pour les trois
prochaines années. J'avais d'ailleurs mentionné, lors de la
rencontre des qroupes de femmes, qu'il y aurait des orientations triennales. Ce
plan devait être déposé normalement au printemps, par
contre, il ne le sera pas à cause du travail incroyable de fin de
session; on arrive quand même en juin. De plus, je serai absente toute la
semaine prochaine pour la conférence fédérale-provinciale
des ministres de la Condition féminine, je serai absente, de même,
deux jours supplémentaires: une journée pour assister aux
Affaires sociales, Santé et Services sociaux, ce qui va toucher plus
précisément le dossier des services de garde, et l'autre
journée pour Travail et Main-d'Oeuvre, à cause de la formation
professionnelle des femmes. Donc, je serai absente toute la semaine et, pour
différentes raisons, il m'apparaissait très
difficile de pouvoir élaborer ce plan ou ces grandes orientations
pour la fin de juin. Compte tenu que tous les groupes cessent leurs
activités pour la période estivale, j'ai
préféré reporter ce plan à l'automne. Donc, cela
veut dire qu'en septembre, je devrai être en mesure de proposer le
nouveau plan de trois ans.
Mme Harel: Donc, si on reprend cette discussion sur le
financement des groupes de femmes, ce sera à l'ordre du jour de la
conférence fédérale-provinciale. Vous avez formé ce
comité interministériel et on constate que le Conseil du statut
de la femme n'a pas été invité à en faire
partie.
Mme Gagnon-Tremblay: Le comité interministériel,
finalement, c'est pour qu'on puisse avoir le portrait des sommes
allouées aux différents secteurs et aux différents groupes
dans chaque ministère. C'est pourquoi le Conseil du statut de la femme
n'a pas été requis d'y participer actuellement puisque c'est un
travail qui se fait vraiment à l'interne. Une fois que cette
étude sera terminée, par la suite, là, nous pourrons
impliquer le Conseil du statut de la femme de même que les groupes. Je ne
sais pas de quelle façon exactement... Nous sommes encore en train
d'étudier la façon dont on pourra travailler. Cela va faire
partie, justement, du plan d'action. Ce sera détaillé dans le
plan d'action ainsi que la suite qu'on entend y donner.
Mme Harel: Ma collègue et recherchiste
préférée me demande si c'est de cette étude dont
parlait le ministre délégué aux Mines, M. Savoie,
lorsqu'il parlait d'une étude qui était effectuée portant
sur la rentabilité des groupes de femmes.
Mme Gagnon-Tremblay: Je crois qu'on ne parlait pas de la
même chose.
Techniques de reproduction
Mme Hareî: Alors, Mme la ministre, le Conseil du statut de
la femme a travaillé à une question qui a connu une très
grande visibilité cette année, soit celle des techniques de
reproduction. Les travaux du Conseil du statut de la femme, par un effet de
circonstances, je ne Sais pas si c'était prémonitoire, mais
finalement des publications sont venues ajouter un éclairage sur toute
cette question au moment où dans l'opinion publique... C'est sans doute
judicieux de constater que le Conseil du statut de la femme avait eu une sorte
de préscience de penser que ce serait là un sujet de
société important avec des enjeux importants. Cet automne, un
colloque à caractère international, je pense, doit se tenir sur
cette question. Je ne sais pas si la présidente du Conseil du statut de
la femme aurait quelques réflexions à faire sur ce dossier.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je pense qu'on peut être
très fiers de l'étude qui a été faite par le
Conseil du statut de la femme, entre autres les Enjeux. Je me permets
également de féliciter Mme McKenzie parce qu'elle est vraiment
l'experte dans cette matière. Je pense qu'on a un bon bout de chemin de
fait et c'est grâce justement à la présidente du Conseil du
statut de la femme qui s'est penchée sur ce sujet très
précis depuis plusieurs années déjà. Le colloque
aura lieu à l'automne et Mme McKenzie peut préciser davantage ce
que sera la tenue de ce colloque.
Mme Harel: Est-ce qu'il sera ouvert au public?
Mme McKenzie: Ah oui, je comprends. C'est l'objectif...
Mme Harel: Oui. La critique de l'Opposition va-t-elle pouvoir y
participer?
Mme McKenzie: Oui, sûrement, et sur invitation
spéciale. Je crois que Mme la députée de Maisonneuve parle
de préscience. Ce n'est pas du tout une préscience. Outre le fait
qu'on se soit presque entendus avec le Vatican parce que nos positions sont
sorties bien renforcées par celles du Vatican, en dépit des
divergences, ce n'est pas de la préscience parce que le Conseil du
statut de la femme avait vraiment à l'esprit, et cela depuis
déjà huit mois, de tout faire, par les bons et les mauvais
moyens, pour déclencher le débat dans la population. Il
était conscient qu'il fallait à tout prix qu'il se dégage
des consensus et que tout ce que soulève la reproduction artificielle
est beaucoup de nature éthique. Cela nous semblait indispensable que
cela ait lieu, sans quoi le Conseil du statut de la femme se serait
retrouvé un peu empêtré, presque, dans le rôle du
Vatican lui-même, si je peux dire, puisqu'on faisait évidemment
entendre ce son de cloche moralisant. Je crois qu'il serait difficile de faire
autrement. (23 h 45)
Quand vous mentionnez le forum que nous aurons à l'automne, c'est
nettement dans cette perspective. Cela nous semble très important. Le
premier objectif de ce forum international, c'est d'inviter des experts - dans
environ huit ou neuf pays, actuellement, ils ont accepté de venir - et
que ces experts n'aient pas à se parler entre eux de cela et n'aient pas
non plus à venir poser des questions. Les questions, on les
connaît toutes. Cela fait trois ans qu'on travaille à cela. Les
grandes questions soulevées, on les a toutes nommées. On
demande aux experts de venir prendre position: Est-ce qu'ils sont oui ou
non pour les mères porteuses, oui ou non pour la fécondation in
vitro, etc? On demande à la population et aux femmes, notamment - c'est
cela le deuxième objectif - de venir poser des questions à ces
experts et de s'engager dans des discussions sur tes positions qu'ils auront
eux-mêmes mises de l'avant. Tous les moyens sont mis en oeuvre
actuellement. L'organisation du colloque est passablement avancée, et
cela s'annonce très bien, pour qu'il y ait le plus grand nombre de
personnes possible. Étant donné la contrainte des locaux, nous
devons fermer les inscriptions à 500 personnes.
Il y aura en tout une trentaine - je crois que c'est 28 - d'experts, pas
plus, provenant de 8 pays différents et 500 personnes présentes.
L'inscription sera à un tarif suffisamment bas pour que personne ne soit
pénalisé. De plus, nous tenons beaucoup à ce qu'il y ait
traduction simultanée, parce que plusieurs femmes et experts
invités viennent de Nouvelle-Zélande, d'Australie, de
Grande-Bretagne et des États-Unis, pour que les femmes en atelier ne
soient pas pénalisées par un problème de langue et pour
qu'il puisse y avoir là de véritables discussions.
Mme Harel: Malheureusement, nous n'aurons pas beaucoup de temps
pour poursuivre la discussion sur cette question. Il serait intéressant
de savoir s'il y a des démarches d'entreprises auprès du
ministère de la Justice concernant toute la question des contrats pour
les mères porteuses. Un comité a été mis sur pied,
je pense, par le précédent gouvernement... Est-ce le
comité qui a été mis sur pied sur la
réglementation, sur un code d'éthique?
Mme McKenzie: Sur l'entier de la politique, c'est le
comité de Mme Lavoie-Roux, c'est le comité
interministériel dont je fais partie, oui.
Mme Harel: Le Conseil du statut de la femme en fait-il
partie?
Mme McKenzie: Oui.
Mme Harel: Ce comité devait remettre un rapport...
Mme McKenzies II devait le remettre en septembre et il a
demandé un sursis qui vient d'être accordé par Mme
Lavoie-Roux.
Mme Harel: En juin.
Mme McKenzie: Non, pas en juin, en décembre.
Mme Harel: En décembre. J'aimerais beaucoup interroger la
ministre sur un aspect certes important du développement de toute la
réflexion en matière de politique familiale, de politique
nataliste. On vient de parler de techniques de reproduction et des mères
porteuses. Je pense, à moins que je ne me trompe sur ce sujet, qu'il
s'aqit là d'un désir de maternité, mais qui s'exprime
quand même dans des couches de population à revenu moyen ou
supérieur. Il y a présentement un désir de
maternité dans les secteurs de population bien moins nantis pour qui les
techniques de reproduction pour satisfaire ce désir de maternité
sont bien étrangères à la réalité,
étant entendu qu'ils ont des problèmes matériels.
Lait maternisé
Je ne veux pas insister là-dessus, mais je pense à toute
la question du lait maternisé qui n'est pas encore réglée;
je pense que, dans mon quartier, dans le centre-sud de Montréal, les
bébés naissent avec un poids inférieur aux
bébés du tiers monde. Ce ne sont pas des données
farfelues, ce sont des chiffres compilés par l'hôpital
Sainte-Justine et les CLSC du bas de la ville de Montréal. Quand je
pense que le lait maternisé n'est même pas encore accessible avec
la carte pour les médicaments pour les mères
bénéficiaires de l'aide sociale, ceci amène les
séquelles que l'on connaît chez les enfants qui, pour toutes
sortes de considérations matérielles... On sait très bien
que ce sont dans les milieux à plus faible revenu que la mère
allaite le moins l'enfant, les conditions n'étant pas propices à
l'allaitement. L'usage d'un lait qui n'est pas propice à l'enfant
apporte des séquelles à tous égards. Elles ne sont pas que
physiques, elles sont aussi psychologiques, parce que les enfants ont des
coliques. Tout cela est savamment mis en preuve par toutes les corporations de
pédiatres, de diététiciennes et de psychologues de notre
société.
Cette question du lait maternisé, qui a été
portée à la considération du ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, est encore en attente d'une
réponse satisfaisante. Pendant ce temps, je vous rappelle que la carte
d'assuranve-médicaments donne droit à des Valium et qu'il y a eu
des remboursements de 60 000 000 $ pour des Valium...
Une voix: C'est 69 000 000 $.
Mme Harel: ...69 000 000 $ de remboursements pour des Valium
effectués par la Régie de l'assurance-maladie du Québec
pour des bénéficiaires de l'aide sociale ou des personnes
âqées de 65 ans et plus.
Politique nataliste
Je reviens à cette question de la politique familiale et de la
politique
nataliste. Est-ce que la ministre a pris position en regard de cette
discussion qui se poursuit, à savoir s'il faut de
préférence consacrer toutes les sommes d'argent qui peuvent
être affectées à une politique familiale ou nataliste,
comme le suggère un certain nombre de ses collègues, à une
allocation lors de la naissance d'un troisième enfant, allocation
généreuse - et la, on nous parle de ce qui se fait en Europe et,
notamment, en France - ou s'il faut plutôt adopter une politique
familiale qui, indépendamment du premier, du deuxième ou du
troisième enfant, assure des conditions de garde, des conditions de
garantie de retour à l'emploi, des conditions en matière de
logement qui facilitent la qualité de la vie familiale?
Mme Gagnon-Tremblay: La politique familiale consiste en une
quantité d'actions ou d'interventions dans quantité de secteurs.
Cela me fait beaucoup penser à la condition féminine. D'ailleurs,
on travaille à peu près dans les mêmes dossiers. Quand on
parle de politique familiale, on ne peut pas ignorer la femme, parce que ce
sont encore les femmes qui ont les enfants et, aussi, en grande partie, ce sont
elles qui en ont la responsabilité.
La politique familiale est sous la responsabilité de la ministre
de la Santé et des Services sociaux. Actuellement, le secrétariat
à la politique familiale est en train de préparer un plan
d'action, de consulter les différents ministères pour voir les
interventions et les actions qui pourraient être faites par le
gouvernement dans tous les secteurs d'activité, et je ne voudrais pas
avoir à me prononcer au nom de la ministre, puisqu'elle a fait savoir
que, probablement à l'automne, cette politique familiale pourrait
être annoncée.
Mme Harel: La ministre avait-elle été
consultée au moment où on prenait la décision de modifier
l'allocation de disponibilité de façon à la
réduire, dans le cas d'un premier enfant de moins de six ans, et
à l'augmenter pour le troisième enfant?
Mme Gagnon-Tremblay: Lorsque vous parlez de réduire
l'allocation de disponibilité, celle-ci a été
augmentée pour le troisième enfant et est passée de 100 $
à 500 $, alors que c'était 300 $ pour le premier, 200 $ pour le
deuxième et 100 $ pour le troisième. Il ne faut pas regarder
l'allocation de disponibilité comme une seule mesure; elle est
accompagnée de bien d'autres mesures dans le cadre du dernier budget qui
a été annoncé. Je pense, entre autres, à la mesure
concernant les familles gagnant 20 000 $ et moins qui n'auront plus
d'impôt à payer. Je pense à certaines augmentations de
subventions à l'égard des garderies. Il ne faut pas regarder
l'allocation de disponibilité comme une seule mesure, mais il faut
regarder l'ensemble des mesures proposées dans le budget.
Mme Harel: C'est bien difficile de s'y retrouver, parce que,
quand on regarde l'ensemble de ces mesures, on se retrouve face à des
contradictions permanentes. Je vous en énumère quelques-unes:
l'allocation de disponibilité nous amènerait à penser
qu'il y aura un effort en faveur du troisième enfant, étant
rionné que l'allocation est réduite substantiellement...
Entendons-nous, globalement, elle est réduite de 48 000 000 $, mais le
fait est que, pour le premier enfant, l'allocation passe de 300 $ à 100
$, tandis qu'il y a augmentation - mais, comme ils sont moins nombreux,
évidemment, cela paraît moins dans ie total - de 100 $ à
500 $ pour le troisième. On pourrait donc croire à une politique
qui serait favorable au troisième enfant. Oans le même sens, le
dégrèvement fiscal joue maintenant en faveur des troisième
et quatrième enfants dans le cadre des allocations familiales, mais ne
s'applique pas dans le cas du premier et du deuxième. Là encore,
on pourrait croire qu'il y a comme un début de politique en faveur du
troisième enfant. Par ailleurs, quand l'aide sociale est accordée
à des femmes chefs de famille, ou encore à des familles qui ont
deux enfants et plus, une femme chef de famille monoparentale, par exemple, a
le même montant de l'Etat, qu'elle ait deux ou trois enfants, ou plus. On
se dit: Non, là, il y a une contradiction parce que c'est une
"désincitation" totale, étant donné que le
troisième enfant est une charge considérable pour la famille et
qu'il n'y a aucune indemnité de prévue pour lui.
Finalement, on est devant une sorte de... Dans la mesure où vous
nou3 invitez à examiner l'ensemble des mesures, je peux vous dire qu'on
ne s'y retrouve plus. Quelle sera la direction retenue, parce qu'il y aura des
choix? Vous nous dites qu'une politique familiale est un train de mesures, mais
il y a des priorités, il y a des choix. Pour vous, la priorité
doit-elle se faire en faveur du troisième enfant ou doit-elle se faire
autrement?
Mme Gagnon-Tremblay: Voici ce qui arrive. Lorsqu'on regarde
toutes ces mesures, il faut aussi remettre en question le livre blanc qui avait
été déposé. Nous sommes partis du livre blanc
déposé par votre gouvernement qui suqgérait l'abolition
des allocations de disponibilité et qui rendait les allocations
familiales imposables. Nous avons essayé de corriger, entre autres, pour
le troisième et le quatrième enfant, parce que c'était
quand même inadmissible que ces personnes-là soient
obligées de payer de l'impôt sur des allocations familiales
dont
elles avaient besoin.
Mme Harel: C'est pour le troisième et le
quatrième.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour le troisième et le
quatrième.
Mme Harel: Mais l'impôt, vous l'avez maintenu pour le
premier et le deuxième?
Mme Gagnon-Tremblay: II provient quand même du livre
blanc...
Mme Harel: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...que votre gouvernement avait soumis
à ce moment-là. On ne peut pas tout corriger. Vous comprenez
qu'à la suite de ce livre-là il y a quand même eu des
budgets qui ont accompagné tout cela. On ne peut pas tout corriger la
même année. Donc, on a fait...
Mme Harel: Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: ...constatant ce fait...
Mme Harel: Mme la ministre, si vous voulez...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: ...avoir vraiment prise sur la réalité,
il faudrait que vous reconnaissiez qu'il y avait un crédit
d'impôt, par ailleurs, qui accompagnait ces mesures dont vous nous
parlez. Alors, vous les avez appliquées dans la partie qui consistait
à retraiter sur ce qui existait, mais vous n'avez pas appliqué
les mesures qui étaient préconisées pour pallier ces
difficultés. Le crédit d'impôt qui était
prévu dans le livre blanc, il n'est pas en vigueur présentement.
C'est toujours un dégrèvement qui est là.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, mais il ne l'était pas non plus
en décembre 1985 et il ne l'était pas non plus en décembre
1986. On a dû corriger, apporter une modification, une première
modification pour le troisième, et, là, une deuxième
modification pour le quatrième. Lorsque vous parlez de suggestion,
d'allocation de disponibilité, d'aide, quelle que soit l'aide dans une
politique familiale concernant la famille et les enfants, je dois vous dire
qu'il y a quand même deux réformes majeures qui s'en viennent et
que c'est à ce moment-là que la ministre responsable de la
politique familiale devra être très vigilante. Il y a toute la
question de la réforme de la fiscalité parce qu'à mon avis
c'est le secteur majeur qui concerne davantage la famille, de même que la
réforme, qu'on appelait autrefois la réforme de l'aide sociale,
qu'on appelle maintenant, depuis peu, la réforme de la
sécurité du revenu. Ce sont deux réformes qui, à
mon avis, sont très importantes et majeures pour les familles et qui
relèvent d'autres collègues. Par contre, c'est sûr que je
fais valoir mon opinion, mais je dois attendre d'avoir les
énoncés de ces différentes politiques pour pouvoir
décider ou prendre position. Ces politiques, et, entre autres, la
politique familiale, devraient être connues à l'automne.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
je dois informer les membres de la commission que j'ai besoin d'un consentement
unanime pour continuer les travaux. Compte tenu de l'entente que nous avons eue
tout à l'heure, de suspendre les travaux quelques instants pour pouvoir
reprendre, nous avons perdu huit minutes à ce moment-là.
Étant donné que nous devions commencer à 20 heures et que
nous avons commencé à 20 h 6, cela nous donnerait quatorze
minutes à reprendre. Est-ce que j'ai le consentement?
M. Leclerc: Consentement, quant à nous.
Le Président (M. Bélanger): Consentement. Donc,
nous continuerions les travaux jusqu'à minuit, quatorze minutes.
D'accord? (Minuit)
Mme Harel: Est-ce que le Conseil du statut de la femme entend
travailler sur cette question? Le conseil a déjà transmis un avis
à ta commission Champagne-Gilbert sur la politique familiale, sur les
questions relatives à la fiscalité et à la réforme
-certains l'appellent la contre-réforme de la sécurité du
revenu. Est-ce que le Conseil du statut de la femme entend...
Mme McKenzie: Si on entend travailler dans le domaine de la
fiscalité?
Mme Harel: Oui.
Mme McKenzie: Cela a été une des pièces
majeures de notre boulot dans le secteur économique, l'an dernier, et
cela s'est soldé par un vidéo qui s'appelle
Fi$c-Égalité et qui connaît un impact qrandissant puisqu'il
se promène un peu partout dans la province. On estime que le travail
n'est pas terminé là-dessus. Je dois dire, en lisant notamment
les intentions que les médias nous ont fait récemment
connaître de la réforme fiscale annoncée par le
qouvernement fédéral, que c'était avec un certain
contentement que je pouvais retrouver des éléments que le conseil
avait recommandés; je pense notamment au crédit d'impôt
dont on sait que c'est une mesure qui offre des garanties
d'équité et de redistribution fort
intéressantes et que nous avions recommandée.
C'est donc dire que le conseil regardera, bien sûr, ce
dépôt de la fiscalité au fédéral, parce que
c'est un peu comme des wagons qu'on attache à une locomotive, II serait
difficile de penser qu'il n'y aura pas, à la suite de cette
réforme, des réformes également annoncées par les
provinces. Â ce moment-là, nous verrons ce qu'il en est pour le
Québec.
Mme Harel: Marie-Hélène Audet me fait remarquer que
vous avez d'ailleurs préparé un excellent vidéo...
Une voix: Un avis.
Mme Harel: Un avis, c'est vrai, sur le revenu minimum
garanti.
Mme McKenzie: Oui, aussi, et qui est diffusé.
C'était un rapport qui nous aidait. C'est quand même un concept
assez complexe. On a pu le faire de façon comparative en regardant les
différents grands rapports mis de l'avant là-dessus. Ce n'est pas
un texte d'engagement parce qu'on trouvait que c'était
prématuré. On s'est acquitté, en fait, d'une
première tâche là-dessus pour faire la lumière et
essayer de mieux faire saisir les enjeux qu'il y avait sous cette question
importante.
Mme Harel: En regard de ce qui est annoncé pour l'automne,
avez-vous l'intention de faire connaître la position du conseil en
matière de sécurité du revenu?
Mme McKenzie: Je pense que, forcément, étant
donné l'intérêt qu'on a manifesté, on le regardera
attentivement. Je dois dire également qu'on a, dans notre programmation
pour cette année, un dossier qui s'appelle l'équité
salariale, qui est, à nos yeux, très important. Là, il y a
beaucoup de travail à faire parce qu'on se rend compte que des
études ne sont probablement pas portées à notre
connaissance. Il y a sûrement, dans les grandes entreprises, notamment,
des études qui ont été faites et aussi du
côté des syndicats. Il y a lieu de faire la lumière sur
cette question d'équité.
Équité salariale
Mme Harel: Concernant cette question d'équité
salariale, Mme la ministre, vous avez déjà, je pense, pris
position concernant le projet de loi qui a été
déposé par le gouvernement ontarien et qui introduit une nouvelle
notion d'équité salariale qui vient remplacer le principe
d'égalité salariale. L'Ontario a considéré qu'il y
avait urgence d'agir, bien que cette loi ne soit pas encore en vigueur.
Mme Gagnon-Tremblay: Elle est en deuxième lecture.
Mme Harel: En deuxième lecture. L'urgence d'agir venait du
constat d'un revenu annuel moyen pour les femmes en Ontario de 36 %
inférieur à celui des hommes; le Québec suit de
près avec 35,5 %, si on ne tient pas compte des travailleuses à
temps partiel. Cet écart est de 42,7 %, si on inclut les travailleuses
à temps partiel. C'est presque la moitié. Quand on regarde les
derniers chiffres disponibles, le revenu féminin annuel moyen
était de 8984 $ au Québec, en 1984, et de 15 698 $ pour les
hommes. Je pense que vous avez, Mme la ministre, décidé
d'écarter cette question et de la considérer comme ne devant pas
faire partie de vos priorités, ou avez-vous...
Mme Gaqnon-Tremblay: Vous parlez d'équité
salariale?
Mme Harel: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Non. Voici...
Mme Hareh Je fais référence à des
déclarations que vous avez faites. Une, entre autres, était
citée dans Le Soleil par Vincent Cliche selon laquelle vous aviez
décidé de ne pas suivre l'exemple de l'Ontario. On faisait
état de cette déclaration que vous aviez faite.
Mme Gagnon-Tremblay: Voici ce qui arrive. Par l'adoption en 1975
de la Charte des droits et libertés de la personne, en vertu de
l'article 19, nous avons, nous, un salaire égal pour un travail
équivalent. Et même, si je ne me trompe pas, je pense que nous
sommes une des premières provinces au Canada à avoir dans une loi
le principe du salaire égal pour un travail d'égale valeur. C'est
pourquoi je disais qu'étant donné qu'on a déjà dans
la Charte des droits et libertés de la personne quelque chose ou un
principe qui, finalement, équivaut à l'équité
salariale, nous avons pensé, au Québec, fonctionner davantage
vers un programme d'accès à l'égalité parce que
cela nous paraissait la meilleure façon d'avoir des mesures de
redressement pour pouvoir faire progresser la situation, au lieu d'y aller
uniquement par l'équité salariale, puisqu'on l'avait
déjà.
J'ai une statistique, ici, qui est assez réjouissante.
Contrairement à l'ensemble du Canada, on dit que l'écart salarial
entre les hommes et les femmes au Québec a diminué au cours de la
même période, ce qui veut dire que la proportion des gains moyens
des femmes par rapport à ceux des hommes s'établit, en 1985,
à 68,3 %, comparativement à 67 % en 1984, et le Québec
arrive au quatrième rang au Canada en ce qui
concerne le revenu des femmes, femmes et hommes. Finalement, on se rend
compte qu'au Québec il y a déjà eu une diminution
d'écart en ce qui concerne l'équité salariale. C'est la
raison pour laquelle je parlais davantage d'un programme d'accès
à l'égalité que d'un programme semblable à celui de
l'Ontario puisque nous avons déjà dans notre charte des droits et
libertés, en vertu de l'article 19, un principe équivalent.
Mme Harel: Mais cette réduction d'écart est bien
relative parce qu'elle se fait sentir dans toute l'Amérique finalement.
Elle se fait sentir aux États-Unis comme au Canada et au Québec.
Cette réduction est tellement lente qu'au rythme où elle
progresse, il faut s'attendre encore à un autre siècle avant que
ne pointe le principe de l'équité salariale. Je ne pense pas
qu'elle doit vous satisfaire, n'est-ce pas, cette réduction
d'écart?
Mme Gagnon-Tremblay: Non. C'est cela. On se rend compte aussi
qu'il va falloir suivre la situation de très près, et même
à la Commission des droits de la personne, concernant l'article 19.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a des précédents? Est-ce
que la commission vous a transmis des expériences qui ont
été faites quant à l'utilisation de l'article 19?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous voulez dire...
Mme Harel: Pardon?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous parlez des plaintes?
Mme Harel: Oui, c'est cela.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, effectivement. Oui.
Mme Harel: L'article 19 a-t-il parlé pour quelqu'un
d'autre, pour quelqu'un en fait?
Mme Gagnon-Tremblay: II y a des plaintes qui sont
déposées en vertu de cet article. Justement, j'ai l'intention de
suivre cela de très près pour voir si c'est bien
respecté.
Lorsque je parlais du programme d'accès à
l'égalité, je disais que c'était une mesure. Nous avons
choisi cette mesure parmi bien d'autres, mais cela ne veut pas dire pour autant
qu'on ne doit pas suivre aussi de très près l'expérience
que fera l'Ontario quant à l'équité salariale. Ce n'est
pas encore adopté. Je sais que cela soulève quand même
d'énormes protestations. Je ne sais pas s'ils réussiront à
l'adopter, mais nous avons pensé agir autrement. Cela ne veut pas dire
pour autant qu'on rejette cette forme. Je pense qu'on devra suivre cela de
très près au cours des prochaines années.
Mme Harel: Combien y a-t-il eu de plaintes portées devant
la Commission des droits de la personne?
Mme McKenzie: II y en a eu 37 depuis 1979, je crois.
Mme Harel: 37.
Mme McKenzie: Qui ont été retenues et jugées
acceptables.
Mme Harel: Jugées acceptables. Mme Mckenzie:
Oui.
Mme Harel: M. le Président, je pense qu'on va devoir faire
une sorte de nomenclature de toutes les questions qu'on ne pourra pas poser
à la ministre.
Le Président (M. Bélanger):...par écrit.
Mme Harel: En matière de violence conjugale, les maisons
d'hébergement pour femmes victimes de violence ont à nouveau
réitéré leur profonde insatisfaction à
l'égard des budgets qui leur sont alloués. Il y a toute la
question relative à la participation des travailleuses au foyer au
Régime de rentes du Québec. Le ministre Paradis, je
l'espère, nous indiquera avant la fin de la session à quel moment
se tiendra la commission parlementaire qu'il a annoncée en
réponse à une de nos questions. Il faut savoir que, lors de
l'étude de ses crédits en commission parlementaire, à la
question posée par le député de Verchères, le
ministre a répondu qu'il n'en était pas encore à pouvoir
donner un échéancier précis pour cette commission
parlementaire. Cette commission qui devait avoir lieu d'abord l'automne dernier
et, ensuite, au printemps...
Mme Gagnon-Tremblay: Dans le plan d'action, la commission
parlementaire était prévue pour le printemps 1987.
Mme Harel: Dans votre plan d'action, mais dans les engagements
électoraux de 1985...
Mme Gagnon-Tremblay: Dans les engagements, non. Dans les
engagements de 1985, au contraire, c'était un engagement qui devait
durer tout au cours du mandat. On aurait même pu en parler seulement la
dernière année. Ce sont des engagements qu'on a pris pour un
mandat. On a même devancé...
Mme Harel: Ce que je vais vous dire, moi, c'est que j'ai un beau
dossier de presse dans lequel il est dit, avec une sincérité qui
vous arrachait les larmes, que c'était une urgence "prioritaire".
Une voix: Vous n'avez pas voté pour nous? Non?
Mme Harel: Non, je n'y croyais pas.
Mme Gagnon-Tremblay: II faut dire que c'est aussi une urgence,
sauf que le ministre responsable du dossier a quand même eu beaucoup,
beaucoup de dossiers prioritaires au cours de I'année. Vous admettrez
que ce n'est pas un dossier qui est facile et qu'on doit consulter beaucoup de
personnes, entre autres, la Régie des rentes et tout. Je tiens à
vous dire qu'il y a une volonté de respecter cet engagement. J'ose
espérer qu'à l'automne, tel que promis, on pourra avoir une
commission parlementaire.
Mme Harel: II y a un comité
fédéral-provincial qui a été mis sur pied et auquel
siègent des représentants du ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu et de la Régie des rentes,
effectivement. Il y a évidemment Ies femmes immigrantes. Vous en avez
parlé dans votre bilan. Il demeure que les femmes immigrantes, par la
voie de leurs représentantes, notamment le Collectif des femmes
immigrantes, réclament une vraie formation linguistique à
l'intérieur des COFI, l'accès à une vraie formation
linguistique pour celles d'entre elles qui sont conjointes au foyer. Les cours
qui leur sont actuellement offerts sont des cours d'une durée de 120
heures. Ce sont donc des cours qui permettent è peine un accès
vraiment très réduit, très restreint à l'usage du
français. Il faut souhaiter qu'il y ait des représentations qui
continuent à être faites pour que les femmes aient accès
à une formation linguistique sérieuse. On sait que ce sont des
rnilliers d'heures que nécessite finalement l'apprentissage d'une langue
seconde.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce dossier fait précisément
partie de la rencontre fédérale-provinciale des ministres de la
Condition féminine où on doit justement discuter de la formation
linguistique.
Mme Harel: C'est intéressant. Il y a toute la question des
femmes collaboratrices qui ne se sont pas résignées, dois-je
dire, à ne pas voir reconnu leur désir d'obtenir la loi-cadre. Il
y a toute la question relative aux centres de santé pour les femmes, aux
problèmes de financement et à toute la question des coupures
budgétaires en matière de soins pour les maladies transmises
sexuellement. De toute façon, première chose, soyez certaine, Mme
la ministre, que nous allons proposer à nos leaders respectifs que plus
de temps nous soit consacré,
Mme Gagnon-Tremblay: ...
Mme Harel: Je vous remercie, nous allons adopter les programmes.
Mme la présidente du conseil...
Le Président (M. Bélanger): II y avait une
dernière question auparavant. M. le député de
Taschereau.
Mme Harel: On a dépassé nos quatorze minutes.
M. Leclerc: Cette appréciation, c'était...
Mme Harel: M. le Président, il faut un consentement pour
M. le député de Taschereau. Je vais être bonne, je vais
consentir.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Je remercie la députée de Maisonneuve.
Tout le monde aura remarqué que le parti ministériel n'a pas
abusé du temps de parole et qu'elle a eu à sa disposition tout le
temps voulu pour faire valoir ses points. De mon côté, j'aimerais
faire simplement une brève citation à la commission. La revue du
RAIF, qui est fraîchement sortie, avril 1987, dit: "Plus nous voyons
fonctionner la ministre déléguée à la Condition
féminine, Monique Gagnon-Tremblay, plus nous constatons la
qualité de cette femme sur les plans intellectuel et féministe.
Elle est, et de beaucoup, la meilleure et plus sincère ministre que nous
ayons jamais eue. Nous sentons qu'elle pilote avec beaucoup de diplomatie ses
dossiers, mais sans jamais fléchir. Des dossiers que certains ministres
voient arriver avec méfiance sans doute. Il est si dur de perdre ses
privilèges. Elle a, de toute évidence, le respect de ses
collègues. Elle pourra donc avoir l'écoute nécessaire pour
convaincre le Conseil des ministres de l'urgence des droits des femmes dans la
famille avant que le Québec ne devienne un désert sans enfants,
à la condition que les groupes l'appuient, évidemment."
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
on dépasse l'heure en ce moment.
M. Leclerc: "Elle a aussi un excellent personnel politique dont
son bras droit, une féministe de la base - alors, je ne sais pas
à qui vont les fleurs - qui connaît bien le milieu, les
données des problèmes et les priorités des femmes." Cela
est bien dit.
Le Président (M. Bélanger): Vous permettez? Je dois
vous interrompre, il est passé l'heure et...
Mme Gagnon-Tremblay: Vous me voyez endettée maintenant
envers le député de Taschereau.
M. Leclerc: C'est envers la revue de Mme Dolment.
Adoption des crédits
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits du programme 1, Conseil du statut de la femme, sont
adoptés?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits du Conseil exécutif, programme 3, Promotion des droits
des femmes, sont adoptés?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'ensemble
des crédits relevant de la ministre déléguée
à la Condition féminine sont adoptés?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. La
commission ayant accompli son mandat ajourne ses travaux sine die. Je vous
remercie mesdames et messieurs, bon retour.
(Fin de la séance à 0 h 15)