Journal des débats (Hansard) of the Committee on Planning and the Public Domain
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
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Thursday, June 10, 2021
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Vol. 45 N° 101
Clause-by-clause consideration of Bill 49, An Act to amend the Act respecting elections and referendums in municipalities, the Municipal Ethics and Good Conduct Act and various legislative provisions
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente minutes)
La Présidente (Mme Boutin) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de l'aménagement du territoire ouverte. Je souligne que
cette séance se déroulera à la fois dans la salle Louis-Joseph-Papineau où je
me trouve et dans la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Alors, la commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 49, Loi modifiant la Loi
sur les élections et les référendums dans les municipalités, la Loi sur
l'éthique et la déontologie en matière municipale et diverses dispositions
législatives.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Kelley (Jacques-Cartier) est remplacé par M. Benjamin
(Viau); M. Tanguay (LaFontaine) est remplacé par Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis); et M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé par Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue).
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, M. le secrétaire. Alors, lors de notre ajournement de nos travaux, hier,
la députée d'Anjou—Louis-Riel avait la parole sur un amendement de Mme la
députée Vaudreuil à l'article 3. Mais là je comprends que Mme la députée
de Vaudreuil va poursuivre la discussion.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
À vous la parole.
Mme Nichols : Bon matin, tout
le monde. Alors, il me fait plaisir d'être dans cette commission jusqu'à
22 h 30, ce soir. Alors, on voulait continuer. Oui, hier, on était
sur l'article 3, et à l'article 3, on avait déposé un amendement.
Puis, l'amendement, ce que ça disait... dans le fond, c'était pour éviter le
cumul des fonctions entre être un élu municipal puis être un élu d'une
commission scolaire. Puis on le sait que c'est une commission... quand on parle
d'élus de commission scolaire, là, on sait qu'on parle d'un élu de commission
scolaire anglophone, là, parce que francophone c'est des centres de services.
Puis même, si je remonte, là, dans la journée, là, dès qu'on a abordé, là,
l'article 3, j'avais soulevé d'emblée, là, cet enjeu-là. Puis là on est
revenu avec... bien, il y a eu un petit temps où on est allés consulter, puis
là on est revenu en nous disant qu'on ne pouvait pas légiférer ou on ne pouvait
pas mettre ça dans la loi, étant donné que le projet de loi n° 40, là,
était contesté.
Je n'ai pas un gros département juridique,
mais j'ai quelques collègues, étant avocate d'information. Donc, je suis allé
chercher des avis juridiques là où je le pouvais dans les temps requis, parce
qu'on est quand même sortis d'ici à 22 h 30, hier soir, puis on ici
depuis 7 heures, ce matin. Alors, et, Mme la Présidente, moi, ce que je
soumets, puis je réitère, là, je réitère notre volonté, là, via l'amendement
qu'on a déposé, à l'effet que, définitivement, il y a un conflit d'intérêts. On
ne peut pas être un élu scolaire, soit président de commission scolaire, on ne
peut pas être un commissaire scolaire puis en même temps être un élu
municipal...
Mme Nichols : …puis je réitère,
là, je réitère notre volonté, là, via l'amendement qu'on a déposé, à l'effet
que, définitivement, il y a un conflit d'intérêts. On ne peut pas être un élu
scolaire, soit président de la commission scolaire, on ne peut pas être un
commissaire scolaire puis en même temps être un élu municipal, puis pour des
raisons, là, bien évidentes, là, tu sais, pour des raisons que ça saute aux
yeux, là. On va… Il y a tellement de conflits d'intérêts, là, je pourrais les
énumérer. Mais, en fait, j'ai ma collègue… ma collègue qui est avec moi ce
matin pourra en parler puisqu'elle a été bien impliquée au niveau des
commissions scolaires, puis c'est pour ça qu'elle m'accompagne ce matin, là,
elle pourrait justement être plus précise que moi sur ce sujet-là.
Mon point est que le fait que la loi
n° 40, là, elle soit contestée, là, ça ne concerne même pas la
problématique de l'élu, là. Ce qui est contesté ou, en fait, ce qui est
suspendu pour le moment, c'est la gouvernance scolaire. Donc, ce qu'on… le
motif, là, l'enjeu, là, la contestation, c'est que les commissions scolaires
anglophones veulent continuer d'avoir des élus dans les commissions scolaires
anglophones. C'est ça l'enjeu. Ça fait que ça n'a pas de lien direct avec ce
qu'on parle ici, de mettre qu'un élu scolaire anglophone est inéligible à
siéger, donc il n'y a pas d'enjeu — hein, première fois, je l'ai bien
dit — donc, il n'y a pas d'enjeu à cet effet-là.
Puis ce que j'ai fait valider, entre
autres, c'est que supposons que… Un, ce n'est pas le même sujet, là, la loi
n° 40 qui est contestée puis ce on quoi, on parle ici, là, ce n'est pas la
même chose, là. Supposons que la loi n° 40, ça passe, on va y aller avec
les deux décisions possibles, la décision possible qui dit que, oui, les
commissions scolaires anglophones ont le droit de garder leurs élus, ont le droit
de garder leurs commissaires, bien, super, parce que nous ici, on va déjà
l'avoir intégré, qu'un élu scolaire, un commissaire scolaire ne peut pas
cumuler les deux fonctions, ça va être déjà là, on l'a prévu, c'est ce qui est
prévu dans l'amendement. Si c'est l'inverse, si on vient dire, bien non, les
commissions scolaires anglophones vont devenir comme des centres de services,
pareils comme les francophones, il n'y aura pas d'élu, bien, cet article-là
devient caduc puis ça ne s'applique pas. Donc, il n'y en a pas, de
problématique, il n'y en a pas, de problématique, là, juridique à l'intégrer, à
intégrer qu'un élu d'une commission scolaire anglophone ne peut pas siéger. Ça
fait que je ne la vois pas la problématique. Ça fait que je resoumets, là,
l'ensemble de mes arguments.
Puis là où était ma collègue
d'Anjou—Louis-Riel hier soir, là, ce qu'elle disait, entre autres, là, c'est
que, dans le projet de loi n° 16, la ministre, là, elle est intervenue
dans un dossier qui était contesté, qui était déjà dans la machine judiciaire.
Puis on parle du fonds de pension des policiers. La ministre est intervenue,
là, puis ça a tranché le litige. Puis le litige n'a pas continué en cour, là.
Puis même la cour disait : Bien, on va attendre de voir comment ça va être
tranché par l'Assemblée nationale. Donc, ça a mis un terme au dossier, là, ça
a, bang, fini, là. Mais ce n'est pas ce qui va…
Mme Nichols : …puis on parle du
fonds de pension des policiers. La ministre est intervenue, là, puis ça a
tranché le litige. Puis le litige n'a pas continué en cour, là. Puis même la
cour disait : Bien, on va attendre de voir comment ça va être tranché par l'Assemblée
nationale. Donc, ça a mis un terme au dossier, là, ça a, bang, fini, là. Mais
ce n'est pas ce qui va arriver ici, là, de… Je veux dire, le fait qu'on dise
que «va être inéligible à siéger un élu d'une commission scolaire», ça ne met
pas fin au litige de la loi n° 40, là, donc ça l'a aucun impact sur
la contestation du projet de loi n° 40.
Donc, c'est, entre autres, là, une partie
de mes arguments sur l'amendement qu'on a déposé. Mais si vous me permettez, je
peux céder, là, tout de suite, là, la parole à ma collègue, là, qui peut faire
un petit bout de chemin sur cet amendement-là. Est-ce que c'est possible de le
mettre, l'amendement, à l'écran?
La Présidente (Mme Boutin) :
…il était là, je pense, puis il a comme disparu. Allez-y, Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis, à vous la parole.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui en ce qui
concerne ce projet de loi et en particulier l'amendement de ma collègue que je
trouve très à propos et très important. Je pense que la députée de Vaudreuil a
fait vraiment un bel exposé du pourquoi, mais je veux renchérir sur qu'est-ce
qu'elle a partagé parce qu'on parle vraiment d'un conflit d'intérêts puis on
parle aussi de la concordance. Je vois en mal pourquoi nous ne pouvons pas
poursuivre avec cet amendement, parce que peu importe qu'est-ce qui arrive avec
le projet de loi n° 40 en ce qui concerne la communauté anglophone et le
droit d'élire leur propre commissaire, on ne sait pas quand est-ce, ceci, ce
sera réglé. Nous avons actuellement plusieurs élus scolaires qui sont en
attente d'avoir une date pour les élections, car tout est suspendu pour eux. Ça
fait que ça reste qu'en ce qui concerne l'inéligibilité pour les personnes qui
peuvent être éligibles pour être commissaire scolaire, tout ça aussi, c'est
suspendu.
Alors, on a un devoir ici, à l'intérieur
de cette commission, de corriger le tir pour s'assurer que nous n'avons pas de
conflit d'intérêts. C'était quelque chose qui était discuté lors du débat en ce
qui concerne le projet de loi n° 40. Je pense que tout le monde avait un
accord. Et ma collègue a fait l'exposé aussi, hier, de dire que ce n'est pas
une attaque envers les personnes qui occupent actuellement les deux rôles.
On sait que c'est des personnes qui veulent bien faire. On sait que c'est des
personnes qui sont dévouées à leur communauté, des personnes qui veulent
donner. Surtout être commissaire scolaire, quand on sait que c'est des gens qui
ne sont pas bien rémunérés, c'est beaucoup d'heures de travail, c'est beaucoup
d'implication qui est demandée des gens qui sont presque des bénévoles au sein
de leur commission scolaire et de leur communauté. Mais ça reste que c'est un
conflit d'intérêts, parce qu'au sein d'une commission scolaire et du
partenariat avec la ville, écoute, ils sont presque mariés, c'est un couple. La
seule façon qu'une commission scolaire peut vraiment rayonner dans leur
territoire, c'est avec un bon partenariat avec la ville, alors d'où
l'importance d'avoir une séparation entre ces deux états.
On va parler du transport…
Mme Maccarone : …écoute, ils
sont presque mariés, c'est un couple. La seule façon qu'une commission scolaire
peut vraiment rayonner, dans leur territoire, c'est avec un bon partenariat
avec la ville. Alors, d'où l'importance d'avoir une séparation entre ces deux
états.
On va parler du transport. Commissions
scolaires, ils vont développer des relations très, très proches avec le
municipal. Si on parle surtout des plus grandes villes, qui offrent du
transport public, bien ils vont développer des ententes, Mme la Présidente, qui
vont être votées au sein de la commission scolaire, alors le municipal va faire
l'argent, dans le fond, parce que c'est un contrat de plusieurs millions
de dollars en ce qui concerne le transport de nos élèves au sein des commissions
scolaires. C'est quand même assez gros, comme mandat, alors on devrait avoir
une séparation, on ne devrait pas avoir quelqu'un qui se retire tout le temps
aussi, parce que si quelqu'un reconnaît que c'est un conflit d'intérêts puis
ils sont des élus scolaires, bien, il va falloir qu'ils se retirent toujours du
débat, alors… parce qu'ils reconnaissent aussi que c'est un conflit. Alors,
nous sommes en train de priver la population qui ont voté pour cet élu scolaire
de sa place autour de la table parce que c'est un conflit d'intérêts. Puis ça,
c'est un exemple.
• (11 h 40) •
On peut parler des terrains. On sait qu'il
y a tellement une pénurie de terrains. Tellement que c'est difficile de trouver
des terrains pour bâtir des écoles, on a dû mettre un amendement à l'intérieur
du projet de loi n° 40 pour donner plus de pouvoirs
aux commissions scolaires pour avoir… de centres de services scolaires, maintenant,
pour avoir plus de pouvoirs au sein de la ville pour négocier et trouver des
terrains. Encore une fois, un conflit d'intérêts assez important en ce qui
concerne les élus municipaux et les élus scolaires. Ils ont des attentes en ce
qui concerne ce qui est écoles publiques et la police, parce que c'est aussi un
partenaire très important, encore un conflit d'intérêts, la communauté, les
parcs-écoles. Écoute, la liste est longue.
Mme la Présidente, en ce qui concerne les conflits
d'intérêts potentiels, nous avons vraiment une opportunité en or, aujourd'hui,
de corriger le tir. Je répète, c'est de la concordance avec ce qui est désiré à
l'intérieur du projet de loi n° 40, qui n'était pas
contesté lors des débats, je pense que tout le monde avait un accord que, oui,
on reconnaît que c'est le temps de faire cette modification, c'est le temps de
faire ce changement. On veut avoir du monde autour de la table, mais on connaît
aussi… on reconnaît que c'est un enjeu.
À poursuivre avec l'amendement — qui
est maintenant affiché, merci beaucoup pour ceci — en faisant ceci,
je pense qu'on envoie un message que l'éthique, la déontologie, c'est quelque
chose qui nous tient à coeur, c'est quelque chose que nous pensons assez important
de mettre vers l'avant aujourd'hui en adoptant cet amendement, parce que comme
j'ai dit, il y a des élections qui s'en viennent pour les commissions scolaires.
On ne sait pas quand les élections s'en viennent, mais ça reste qu'il y a plusieurs
élus qui occupent les deux rôles. Ça fait qu'en adoptant l'amendement, même si
ce n'est pas pour les élections qui s'en viennent prochainement, ça envoie un
message. Puis on ne sait pas quand la contestation du projet de loi
n° 40 en ce qui concerne la gouvernance… ma collègue l'a très bien dit…
Mme Maccarone : …mais ça reste
qu'il y a plusieurs élus qui occupent les deux rôles. Ça fait qu'en adoptant l'amendement,
même si ce n'est pas pour les élections qui s'en viennent prochainement, ça
envoie un message, puis on ne sait pas quand la contestation du projet de loi
n° 40 en ce qui concerne la gouvernance, ma collègue l'a très bien
dit : Ce n'est pas lié avec le conflit d'intérêts entre un élu municipal
et un élu scolaire. C'est lié à le droit de la communauté d'expression anglaise
d'élire leurs propres représentants, la démocratie locale qui leur tient à
coeur, le droit de la communauté de s'exprimer au scrutin de c'est qui qui va
être le représentant, ce n'était jamais une question d'inéligibilité en ce qui
concerne le conflit d'intérêts. Ce n'était pas ça le débat du tout, du tout.
Alors, je vois en mal comment nous ne pouvons pas poursuivre ici malgré ce qui
se passe à l'intérieur du projet de loi n° 40 qui est une demande
constitutionnelle de reconnaître les droits de la communauté minoritaire
d'expression anglaise, leur droit de gérer et contrôler leurs institutions en
matière d'éducation. Alors, j'aimerais beaucoup entendre c'est quoi les
arguments pourquoi nous ne pouvons pas poursuivre avec cet amendement pour
mieux comprendre, pour avoir un débat qui est constructif avec le gouvernement
parce que j'y tiens vraiment à cet amendement qui a été déposé par ma collègue,
la députée de Vaudreuil. Merci.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, Mme la députée. Mme la ministre, voulez-vous intervenir?
Mme Laforest : Oui.
La Présidente (Mme Boutin) :
À vous la parole.
Mme Laforest : Oui. Bien,
merci pour ces informations, en fait, mais comme on avait mentionné, hier,
durant la journée, au niveau des commissions scolaires anglophones, la loi est
quand même suspendue. Il y a des décisions qu'on attend. Il y a des décisions,
des jugements qui se prononceront. Maintenant, c'est pour ça qu'on ne peut pas
l'inclure ici, pour faire un résumé rapide de ce qu'on avait dit, hier,
considérant la situation que la loi est suspendue pour les commissions
scolaires anglophones. Donc, ici, on ne peut pas l'ajouter parce qu'évidemment
si on l'ajoute, puis il y a une décision à l'inverse avec le projet de loi
n° 40, bien, on ne peut pas l'ajouter ici. Par contre, c'est comme on a
dit, hier, puis il ne faudrait pas non plus que l'article 3 bloque le
projet de loi n° 49 pour aller de l'avant, mais comme on le disait :
On va suivre durant les prochains mois, les prochaines semaines, notre projet
de loi n° 49, on va suivre les travaux qui se font pour le projet de loi
n° 40. Puis, comme je le disais à mes collègues, hier : On va
regarder quelle décision sera rendue. Puis à ce moment-là, s'il y a lieu, on
pourra prendre des décisions. Mais pour l'instant l'ajouter à l'article 3
considérant le jugement attendu, comme il devrait se faire, normalement, incessamment,
on ne peut pas aller de l'avant, mais je comprends très, très bien votre
préoccupation, c'est certain. On va attendre de voir qu'est-ce qui va se passer
pour la loi sur les commissions scolaires anglophones.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je suis
désolée, mais je ne comprends pas la réponse parce que si nous sommes en train
de faire un exposé de c'est qui qui devrait être éligible ou inéligible,
pourquoi pas le mettre à l'intérieur de ce liste malgré qu'est-ce qui se passe.
Si le projet de loi n° 40 aurait été adopté…
La Présidente (Mme Boutin) :
…allez-y, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je suis
désolée, mais je ne comprends pas la réponse. Parce que, si nous sommes en
train de faire un exposé de c'est qui, qui devrait être éligible, inéligible,
pourquoi ne pas le mettre à l'intérieur de cette liste, malgré qu'est-ce qui se
passe? Si le projet de loi n° 40 aurait été adopté, puis il n'y aura pas
de contestation, on l'aurait mis, on l'aurait mis quand même, je pense. Je
pense que… tu sais, parce que, ici, l'argument, c'est : On ne peut pas le
mettre parce qu'on a quand même une contestation. S'il n'y a pas de contestation,
est-ce qu'on l'aurait mis? Je pense que oui, parce que ce serait quand même de
la concordance.
Alors, peu importe qu'est-ce qui arrive
avec le projet de loi n° 40, vraiment, je ne comprends pas l'argument de
dire : On ne peut pas le faire parce qu'on attend une réponse ou une
décision en ce qui concerne la contestation, malgré que ça aurait été un
critère important pour faire de la concordance, pour dire que oui, nous sommes
d'accord avec qu'est-ce qui est écrit dans le projet de loi n° 40.
Mme Laforest : Pas tout à
fait, parce qu'on aurait fait de la concordance avec la décision du projet de
loi n° 40, par rapport à la décision qui était à donner, là, avec les
commissions scolaires anglophones. Ça fait que dépendamment de la réponse ou de
l'ajout qui aurait été fait dans le projet de loi n° 40, dépendamment de
la décision du projet de loi n° 40, on ne l'aurait pas ajouté ici, là,
comme je vous mentionne.
C'est parce que si le projet de loi
n° 40 l'étudie, en fait, et la décision est prise, la décision qu'on
attend, là, pour… avec la décision d'occuper deux fonctions en même temps, là,
élus municipaux et les commissions scolaires, bien, quand… si la décision avait
été rendue ou si, encore, le projet de loi n° 40 avait été de l'avant avec
cette étude qui est présentement analysée, bien, on ne l'aurait pas ajouté ici
non plus, là.
Ça fait que de dire : On va l'ajouter
parce que, même si… En fait, peut-être que je m'exprime mal, là. En fait,
simplement, c'est de dire que le projet de loi n° 40, si la loi n'avait
pas été étudiée, présentement, pour les commissions scolaires anglophones,
bien, on n'aurait pas eu ici à l'ajouter. Vous comprenez? Mais là, étant donné
que… considérant le jugement qui est attendu, bien, on doit attendre la réponse
du jugement. Vous comprenez? Parce que c'est sûr que s'il n'avait pas été… si
on n'était pas dans la même situation actuellement avec le projet de loi
n° 40, qui est suspendu, pour la loi sur les commissions scolaires
anglophones, évidemment, bien, on n'aurait pas eu non plus à l'ajouter, parce
qu'il aurait été dans l'autre projet de loi.
Ça fait qu'à ce moment-là, évidemment,
s'il est dans l'autre projet de loi, on ne le met pas ici parce qu'il est déjà
dans le projet de loi n° 40. Vous comprenez que ce qui est dans le projet
de loi par rapport à cette demande-là, s'il l'est, dans le projet de loi
n° 40, on n'a pas ici à l'ajouter. Par contre, comme je vous dis, on va
suivre les travaux, on va regarder, tout le monde, tout le long de notre projet
de loi, on a quand même beaucoup d'articles à étudier. On va regarder qu'est-ce
qui va se passer, quelle décision qui sera prise. Puis, comme je l'ai dit à mes
collègues hier, on reviendra, s'il faut revenir, cet automne.
Mme Maccarone : Je vais le
poser autrement, Mme la Présidente. Si jamais la communauté d'expression
anglaise gagne leur…
Mme Laforest : ...quelle
décision qui sera prise. Puis, comme je l'ai dit à mes collègues hier, on
reviendra s'il faut revenir cet automne.
Mme Maccarone : Je vais le
poser autrement, Mme la Présidente. Si jamais la communauté d'expression
anglaise gagne leur débat devant le tribunal en ce qui concerne la contestation
du projet de loi n° 40, alors le projet de loi n° 40 ne s'appliquera
pas envers eux. Est-ce que ça veut dire que la ministre est d'accord qu'on peut
être un élu scolaire et un élu municipal?
Mme Laforest : La question est
excellente, mais je n'ai pas à être d'accord ou non. Tu sais, je ne peux pas me
positionner, j'attends la réponse, justement, que la cour va donner. Ça fait
que, dépendamment de la réponse que la cour va donner, on va regarder après ça
c'est quoi... comment ça a été jugé, à quel point ils sont étudiés, les
raisons. Tu sais, est-ce que c'est applicable ou non applicable?
Parce que je sais, quand même, là, puis on
dit ça comme ça, je sais que c'est pour des grandes commissions scolaires puis
c'est plus vers Montréal évidemment, mais la double fonction d'élu, comme là on
lit dans l'amendement, là, qui cumule les fonctions électives au niveau municipal
et scolaire, bien, c'est certain qu'il faut voir qu'il y a des petites, petites
municipalités qui n'ont pas de candidat, c'est très, très difficile à avoir, ou
il y a moins de conseillers. Parfois même, on a de la misère à avoir un maire
ou une mairesse. Ça fait que, des fois, il y a un cumul de fonctions.
Maintenant, avec la décision qui sera
prise dans les prochains mois, bien, on pourra peut-être rediscuter ensemble à
ce moment-là. Moi, je suis ouverte à discuter, là, quand la décision sera prise
sans problème, là. Ce n'est pas du tout, du tout une fermeture. C'est que,
comment je pourrais dire, je n'ai pas... il y a un malaise présentement, là. Tu
sais, quand même, si moi, je vais de l'avant, tu sais, quand on attend une
décision de la cour, bien, c'est embêtant, la ministre va aller de l'avant
pendant qu'il y a une loi qui est étudiée présentement. Ça fait que vous
comprenez ma position.
La seule affaire, c'est que moi, vous
pouvez voir que j'ai hâte, là, de voir la décision qui sera prise évidemment
dans le futur. Ça fait qu'on va attendre de voir la décision. Puis c'est ça.
• (11 h 50) •
Puis je ne voudrais pas non plus supposer
des décisions qui seront rendues de la Cour d'appel. Tu sais, ce n'est pas non
plus à moi de faire des suppositions, si c'est possible ou non de cumuler deux
fonctions scolaires au niveau municipal. Donc, moi, je pense que je ne veux pas
supposer la décision qui sera prise, ça fait qu'en même temps, moi, ce que je dis
présentement, c'est, même si on discute, comme je l'avais dit hier soir, là, en
longueur de cette demande-là, bien, je pense qu'on va toujours arriver à la
même conclusion.
Mais ce que j'entends, c'est très, très
bien. J'entends de votre part qu'il y a un malaise, puis vous voudriez que ce
soit amélioré dans le projet de loi n° 49. Ça, je l'entends très, très
bien. Maintenant, à suivre.
Mme Maccarone : Je remercie la
ministre pour la réponse, mais ce n'est pas une réponse à ma question. Je ne
demande pas à la ministre non plus de supposer qu'est-ce qui peut arriver
devant le tribunal. Ce n'est pas ça que je demande. La question est vraiment
hypothétique. Si notre tribunal décide en faveur de la communauté d'expression
anglaise, alors le projet de loi n° 40 ne s'applique
pas...
Mme Maccarone : ...je remercie
la ministre pour la réponse, mais ce n'est pas une réponse à ma question. Je ne
demande à la ministre non plus de s'opposer à qu'est-ce qui peut arriver devant
le tribunal. Ce n'est pas ça que je demande. La question est vraiment
hypothétique. Si notre tribunal décide en faveur de la communauté d'expression
anglaise, alors le projet de loi n° 40 ne s'applique
pas à eux. Ça veut dire, lors de cette décision, on peut avoir des élus scolaires
qui sont aussi des élus municipaux puis on ne l'aura pas corrigé ici. Est-ce
que ça veut dire que la ministre est en accord qu'on peut avoir des élus qui
occupent les deux fonctions?
Mme Laforest : Bien, ce sera
la même réponse, parce que si, si, si, je ne peux pas répondre si. On va
attendre de voir la décision qui sera prise, mais je ne peux pas supposer non
plus que, si la décision est favorable ou si la décision n'est pas favorable,
je ne peux pas argumenter sur ça, là. Vous comprenez de toute manière, ça, je
suis convaincue. Maintenant, on va attendre de voir la décision qui sera prise.
Mme Maccarone : Mais est-ce
que la ministre est d'avis d'abord que c'est au moins un conflit d'intérêts
d'être un élu scolaire et un élu municipal en ce qui concerne des contrats de
transports, de terrains, de parcs, de police, de communautés? C'est un conflit
d'intérêts.
Mme Laforest : Bien, comme je
vous dis, je vais attendre de voir la décision qui est prise et les arguments.
Ça, c'est certain.
Mme Maccarone : Non, non, je
ne parle pas de ça.
Mme Laforest : Puis suite à
ça, suite au travail puis au jugement qui sera rendu, bien, peut-être qu'après
ça je vais pouvoir vous répondre. Mais pour le moment, je ne peux pas. Tu sais,
je ne peux pas répondre parce que je veux voir comment... c'est quoi, les
dispositions qui seront prises ou les non-dispositions qui ne seront pas prises
non plus, là. Ça fait que moi, je n'aurai pas la... j'ai un malaise d'avoir la
prétention de dire : Oui, c'est un conflit d'intérêts, non, ce n'est pas
un conflit d'intérêts. Est-ce qu'il y a un conflit d'intérêts entre... pour les
décisions des appels d'offres avec le transport, avec les terrains. Tu sais,
c'est pour ça, je dis : Présentement, je suis neutre considérant la
situation actuelle qui est suspendue. Donc, c'est suspendu, il y a des gens qui
vont se prononcer, on va attendre. Puis, après ça...
Mme Maccarone : C'est quand
même intéressant comme position étant donné que le ministre de l'Éducation,
votre collègue, Mme la ministre, a dit que c'était un conflit d'intérêts puis
c'était pour cette raison que c'était écrit en noir et blanc dans le projet de
loi n° 40 qu'on ne peut pas être éligible aux
deux postes. Alors, je pense que c'est quand même la position du gouvernement
actuel puis c'est pour ça que c'était écrit dans le projet de loi n° 40 qu'on ne peut pas occuper les deux. Alors, si c'est
un changement de position puis de réflexion, en ce qui concerne les élus
scolaires ainsi que les élus municipaux, je pense qu'il faut vraiment avoir un
discours là-dessus, parce qu'honnêtement, pour moi, c'est clair puis je pense
que, pour plusieurs personnes, c'est un conflit d'intérêts. Puis c'est pour ça
que c'était écrit dans le projet de loi qui était adopté, adopté par votre
gouvernement.
Pour répondre à la question en ce concerne
ce que la ministre a dit pour le cumul de fonctions dans les régions, dans les
plus petites municipalités, je suis d'accord. Écoute, je suis une ancienne
présidente d'une commission scolaire. J'ai couvert un territoire de trois...
Mme Maccarone : ...adopté par
votre gouvernement.
Pour répondre à la question en ce concerne
ce que la ministre a dit pour le cumul de fonctions dans les régions, dans les
plus petites municipalités, je suis d'accord. Écoute, je suis une ancienne
présidente d'une commission scolaire. J'ai couvert un territoire de trois
régions, la grandeur de Belgique, 53 000 kilomètres carrés. Je sais
c'est quoi les défis de trouver des représentants de la communauté. C'est très,
très, très difficile, encore plus difficile dans les populations qui sont très
petites, qui sont très rurales. Mais cela étant dit, ça n'enlève pas ce que
nous sommes en train de discuter aujourd'hui.
J'en suis tout à fait d'accord, qu'il faut
trouver des bons candidats, mais il faut aussi faire une exposition de
qu'est-ce qui est un conflit d'intérêts, puis c'est ça... c'est de ça que nous
sommes en train de faire le débat ici, à l'intérieur de ce projet de loi, c'est
l'éthique et déontologie. Ce n'est pas éthique d'occuper les deux fonctions. Ce
n'est pas éthique, peu importe qu'est-ce qui arrive avec le projet de loi
n° 40, je suis convaincue. Ce n'est même pas une question de supposer
qu'est-ce que le tribunal va dire, ce n'est pas un conflit d'intérêts, c'est de
la concurrence.
Puis, si tu envoies aussi un message
ici... On enlève le débat en ce qui concerne les commissaires. Si on parle
d'éligibilité pour les élus municipaux, il n'y a pas de contestation envers
eux, ce n'est pas eux qui ont levé la main pour dire : On ne veut pas être
nécessairement élus scolaires. Si on change le débat pour dire que, maintenant,
ce qui s'applique aux élections municipales, pour les élus municipaux, on dit
que vous ne pouvez pas aussi être élu scolaire, ce n'est pas un conflit
d'intérêts, ça va être... je lance le défi de trouver la jurisprudence pour
dire que nous ne pouvons pas faire ceci puis de faire adopter cet amendement en
ce qui concerne l'éthique qui s'applique aux élus municipaux.
Les élections sont au coin, là, sont dans
quelques mois. Ça va être très important que les gens sachent qui est éligible,
qui n'est pas éligible pour mettre leur nom et leur face sur un poteau. C'est un
message pour la communauté. Ça va aussi ouvrir des postes. C'est beaucoup de
pouvoir pour une personne, c'est une personne qui va pouvoir influencer plein
de choses. Puis, comme j'ai dit, je n'accuse personne. Je sais que c'est des
bonnes personnes qui veut occuper des postes, qui veut être des représentants
auprès de leur communauté, mais ça reste que c'est des conflits d'intérêts
importants pour un conseiller municipal à occuper les deux rôles.
Ça fait que les élections qui s'en vient,
on va avoir des conseillers municipaux qui vont aussi avoir beaucoup de pouvoir
au sein de leur commission scolaire. Ce n'est pas acceptable, ce n'est pas
acceptable du tout. C'est difficile pour la gestion des commissions scolaires,
ça va être difficile aussi pour la gestion des municipalités, parce que
l'influence est indue, est inacceptable...
Mme Maccarone : …au sein de
leur commission scolaire, ce n'est pas acceptable. Ce n'est pas acceptable, du
tout. C'est difficile pour la gestion des commissions scolaires, ça va être
difficile aussi pour la gestion des municipalités, parce que l'influence est
indue, est inacceptable. On a une occasion en or, aujourd'hui, de corriger le
tir et de mettre tout sur le côté d'éthique et déontologie. Vraiment, il n'y a pas
de conflit entre les deux actions de ce qui se passe pour la contestation du projet
de loi n° 40. Et ce que nous pouvons faire, ici, aujourd'hui, ensemble,
entre collègues, pour dire qu'est-ce qui est éthique, pour assurer que les
conflits d'intérêts, on dit que c'est non. C'est ça, le message qu'on veut
envoyer, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Mme la ministre.
Mme Laforest : Oui. Bien, en
fait, juste pour corriger, là, ce n'est pas du tout, du tout un changement de
position, là, ce n'est pas du tout, du tout un changement de position, puis je
veux vraiment le présider… le présider… là, là, le préciser, parce que c'est
juste la situation que, présentement, la loi a été suspendue par la cour.
Alors, vous comprenez, vous l'avez, la position, de toute manière, comme vous
l'avez mentionnée tantôt avec le projet de loi n° 40. Vous le savez, la
volonté pour occuper la fonction de deux postes pour les élus, de cumuler
les deux fonctions, si je peux dire, vous l'avez, la position, dans le projet
de loi n° 40, mais vous savez également que notre position et celle-ci,
celle du gouvernement, maintenant la loi, considérant qu'elle est suspendue, on
ne peut pas l'ajouter ici présentement, considérant que… Sauf que de dire qu'il
y a un changement de position, pas du tout, du tout, là. Je ne veux pas non
plus qu'on sous-entende que, présentement, il y aurait un changement de
position pour le cumul des deux fonctions, là.
Ça fait que je veux quand même vous
rassurer. C'est juste que la situation qui est présentement à l'étude, la
suspension, c'est dû à la suspension de la loi, donc c'est pour ça qu'ici moi,
j'ai comme… je ne veux pas l'ajouter, on ne voudrait pas l'ajouter parce que ça
serait comme prétendre… ou encore aller, comment je pourrais dire, aller
devancer une décision qu'on sait très, très bien qui sera prise bientôt, là,
qui sera déterminée bientôt, là, qui sera jugée prochainement.
Mme Maccarone : On ne sait pas
que ça va être décidé prochainement. Moi, je pense qu'il n'y a personne qui a
une boule en cristal pour dire qu'il y a une décision qui s'en vient, là. Je
pense qu'il faut avoir de prudence en disant ça parce que ça, c'est… Tout le
monde attend à avoir une réponse à ce sujet. Ce n'est pas le projet de loi
n° 49 qui est suspendu, là, on est en train de faire le débat.
Une voix
: …
• (12 heures) •
Mme Maccarone : Alors, tu
sais, je veux juste… parce que je sais que ma collègue, la députée de
Vaudreuil, elle veut s'exprimer là-dessus, mais 49 n'est pas suspendu. Le 49,
si tout va bien, après tout le débat puis avec toutes les bonifications puis
les modifications qu'on aura au sein de ce projet de loi pour le bénéfice de la
population québécoise, sera adopté avec l'amendement qu'on adopte en ce qui…
12 h (version non révisée)
Mme Maccarone : …la députée de
Vaudreuil, elle veut s'exprimer là-dessus, mais 49 n'est pas suspendu. Le 49,
si tout va bien, après tout le débat puis avec toutes les bonifications puis
les modifications qu'on aura au sein de ce projet de loi pour le bénéfice de la
population québécoise… sera adopté avec l'amendement qu'on adopte en ce qui
concerne l'article 3. Je ne pense pas que le projet de loi n° 49
serait suspendu ou qu'il y aura une contestation de la communauté qui
dit : Non, non, non, écoute, moi, je suis contre cet effet que je ne peux
pas être un élu municipal et un élu scolaire. C'est un faux débat, Mme la
Présidente, parce qu'on fait un exposé de qu'est-ce qu'on a voulu faire à
l'intérieur d'un projet de loi qui est suspendu, mais on les sépare, c'est deux
arguments totalement différents. Lors de l'adoption, si c'est adopté, le projet
de loi n° 49, si on a cet article qui est adopté puis
qui est entamé dans le projet de loi, ce ne sera pas suspendu nulle part, il
n'y aura pas une contestation par la suite parce que ce n'était pas ça qui
était contesté, ce n'était pas l'inéligibilité de la communauté qui était
contestée.
Mme Laforest : Mme la
Présidente, est-ce que c'est possible de suspendre un petit peu?
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui, on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 12 h 7)
La Présidente (Mme Boutin) :
Alors, c'est reparti. Mme la ministre, à vous la parole.
Mme Laforest : Oui. Bien, en
fait, c'est ça, je vais rester sur la même position que je disais précédemment.
On a fait des vérifications, puis je comprends vraiment les inquiétudes de ma
collègue, mais, en même temps, on va rester sur la position, considérant cette
suspension de la loi qui est… présentement. Ça fait qu'on a fait des
validations, mais on doit quand même être prudents. Et c'est la position que je
garderai présentement, avec l'article 3, pour l'ajout du cumul des deux
fonctions.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci. Mme la députée de Vaudreuil, pardon.
Mme Nichols : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Je voulais juste être certaine, là, tu sais, oui, on
dit : «cumul des deux fonctions», mais je veux juste qu'on comprenne bien.
Tu sais, dans le fond, on fait référence au cumul des fonctions électives,
c'est-à-dire municipale, scolaire, là, mais, tu sais, ce qu'on veut, là, c'est
ajouter qu'il est inhabile à siéger ou qu'il est inéligible… pas à siéger, là,
mais il est inéligible… un élu, un élu scolaire, là. C'est vraiment, tu sais…
là, on a écrit : «fonctions électives», là, il était, je pense,
10 h 20 hier soir, là, mais juste… Tu sais, dans le fond, ce qu'on
veut, là… tu sais, on fait souvent l'énumération : les juges des tribunaux
judiciaires — je ne repartirai pas là-dessus — les directeurs
généraux des élections, les membres du Parlement du Canada, mais, tu sais, ce
qu'on veut aussi, c'est qu'il y ait un point qui dit : «aucun n'élu
scolaire». Puis là c'est sûr que, oui, là, la problématique, c'est : les
élus scolaires, c'est seulement dans les commissions scolaires anglophones, là.
Mais, moi, ce que je veux dire, là, Mme la
Présidente, là, c'est qu'il n'y en a pas, d'incidence, là, présentement, il n'y
en a pas. Si on décide d'ajouter, là, que les élus scolaires, là, ne sont pas
éligibles, là, ça ne vient pas influencer le projet de loi n° 40, là. Puis
c'est ce que j'ai validé, là, juridiquement, là, c'est que ça n'a aucune
influence sur le projet de loi n° 40. Puis, moi, mon inquiétude, là, je
vous la partage, là, c'est qu'il y en a, des élections municipales, le 7 novembre
prochain. Puis ce que je comprends, là, c'est qu'on ne veut pas intervenir puis
qu'on va dire… parce qu'il y en a, là, présentement, là, qui sont présidents de
commissions scolaires anglophones puis qui sont maires d'une municipalité, puis
là c'est qu'on va leur dire, le 7 novembre prochain : Vas-y, mon ti-pit,
dépose-la, ta candidature. On l'a traitée, mais on ne veut pas se prononcer, on
est neutres. Ça me fâche, câline, ça me fâche parce que c'est ici qu'on peut le
faire puis c'est ici qu'on a le pouvoir de le faire. On est…
Mme Nichols : ...parce qu'il y
en a, là, présentement, là, qui sont présidents de commissions scolaires
anglophones puis qui sont maires d'une municipalité, puis là c'est qu'on va
leur dire le 7 novembre prochain : Vas-y, mon ti-pit, dépose-la, ta
candidature, on l'a traitée, mais on ne veut pas se prononcer, on est neutres.
Ça me fâche, câline, ça me fâche parce que c'est ici qu'on peut le faire puis
c'est ici qu'on a le pouvoir de le faire. On est les législateurs.
Puis, quand je dis qu'il n'y en a pas,
d'incidence, il n'y en a pas, on le met, puis au pire, là, le pire du pire, là,
tu sais, je veux dire, il n'y a pas d'impact négatif, le pire, c'est que, s'il
n'y en a plus, d'élus, s'il n'y en a plus, là, d'élus scolaires, là, si ça
n'existe plus, des élus, dans les milieux anglophones, là, il sera juste caduc,
ça sera juste plus bon. Puis, s'il y en a, bien, on viendra dire : Tu ne
peux pas cumuler les deux fonctions.
• (12 h 10) •
Tu sais, la problématique, là, la vraie
problématique, là, ce pour quoi on vient légiférer ici... Puis, tu sais, je
comprends quand on dit : Oui, mais on va peut-être avoir moins de
candidats. Oui, on va avoir moins de candidats, mais c'est quoi, on préfère
tolérer le conflit d'intérêts? Moi, c'est ce que je lis, là, entre les lignes,
là, tu sais. On va avoir moins de candidats dans les petites municipalités,
puis encore là, tu sais, on va dire : Oui, mais dans les petites
municipalités, il y en a moins, de candidats. Ah oui, O.K., parce qu'il y a
moins de candidats dans les petites municipalités, on va tolérer le conflit
d'intérêts? Non, mais, tu sais, c'est ça, la réponse, c'est ça, la réponse
qu'on nous donne là.
Ici, là, je le rappelle, on est dans un
projet de loi, on est dans le sujet Introduire de nouveaux motifs
d'inéligibilité. C'est ça, le sujet qu'on traite présentement. Bien, ça, c'en
est un, motif. Ça, c'en est un, motif. Puis, sincèrement, on ne peut pas
soulever que la partie gouvernance scolaire anglophone est traitée ailleurs
parce qu'on ne sait même pas quand est-ce qu'on va avoir une décision, mais on
sait qu'il y a des élections municipales le 7 novembre prochain, par
exemple.
Donc, on va... on ne se penchera pas
là-dessus, on va revenir dans peut-être un an, deux ans, trois ans, puis,
pendant ce temps, bien, il va y en avoir, des conflits d'intérêts, puis on va
continuer de les traiter. Ça fait que, moi, c'est ça qui me fatigue. Puis, oui,
il y a les élections municipales le 7 novembre prochain, mais il y a
sûrement des élections scolaires partielles qui n'ont pas lieu.
Ça fait que je le réitère, là, tu sais,
moi, quand je vois tout ça, là, puis les réponses que j'entends ici
aujourd'hui, c'est que, un, ça va avoir une incidence sur le projet de loi
n° 40. Ce n'est pas vrai, ça ne va pas venir trancher le projet de loi
n° 40, pas pantoute. Puis ça, Mme la ministre... Mme la Présidente, là, si
je le dis, puis à Mme la ministre aussi, là, mais si je le dis, c'est parce que
je l'ai validé, là, tu sais, je l'ai validé. Il n'y en aura pas, là,
d'incidence sur le projet de loi n° 40, ce n'est pas ça qui va venir
trancher le projet de loi n° 40. Qu'on vienne dire ici que c'est un motif
d'inéligibilité, le fait qu'on soit... je m'en viens bonne, le fait qu'on soit
un élu scolaire, là, ce n'est pas ça qui va venir trancher le débat, là, du
projet de loi n° 40, mais pas du tout.
Mais ce que ça va dire, par exemple, c'est
qu'on met notre pied à terre comme législateur puis on est proactif, on dit
qu'il y en a, des conflits d'intérêts. Ça, on est d'accord, là. Ça, ça a été
traité au projet de loi n° 40, là. Ma collègue l'a dit, ça a été traité...
Mme Nichols : …un élu scolaire,
là. Ce n'est pas ça qui va venir trancher le débat, là, du projet de loi n° 40,
mais pas du tout. Mais ce que ça va dire, par exemple, c'est qu'on met notre
pied à terre comme législateur puis on est proactif. On dit qu'il y en a des
conflits d'intérêts. Ça, on est d'accord, là. Ça, ça a été traité au projet de
loi n° 40, là. Ma collègue l'a dit, ça a été traité, il y en a des
conflits d'intérêts. Ça a été admis par la partie gouvernementale. Il y en a
quand on cumule ces deux fonctions-là d'élu municipal puis d'élu scolaire, il y
en a des conflits d'intérêts. Ça fait que là, ce qu'on vient faire, on met notre
pied à terre en disant : Bien, regardez, là, que ça passe ou que ça ne
passe pas, il n'y en aura pas de conflit d'intérêts. Puis c'est ça qu'on vient
légiférer aujourd'hui.
Ça fait que je trouve, tu sais, je trouve…
Bien, en fait, j'aimerais bien qu'on nous oriente, là. Tu sais, on nous dit que
ça l'a peut-être un impact sur le projet de loi n° 40 puis qu'on aime
mieux rester neutre. Moi, j'aimerais savoir l'ampleur de l'impact sur le projet
de loi n° 40. À quel niveau ça va intervenir sur le projet de loi
n° 40?
La Présidente (Mme Boutin) :
Pouvez-vous répondre ou… Allez-y Mme la ministre.
Mme Laforest : Bien, j'ai
donné tous les arguments, j'ai donné toutes les raisons. Puis il faut juste
préciser, il faut faire attention, là, que… il ne faut pas dire qu'il a été…
qu'on aurait entendu que parce qu'il y a moins d'élus on va permettre que les
élus cumulent deux fonctions. J'ai juste dit des exemples de situations. Alors,
il faut faire attention, je n'ai pas dit que j'étais pour qu'un élu cumule des
fonctions dans des municipalités qu'il n'y a pas beaucoup d'habitants. Il faut
vraiment être prudent, c'est complètement une autre chose, c'est… considérant
la loi qui est suspendue présentement, ce sera impossible d'ajouter
l'amendement qui est proposé présentement.
Donc, il n'y a aucune supposition de mon
côté, là. Parce que, oui, c'est vrai, qu'il y a des élus qui cumulent deux
fonctions dans des endroits, puis j'ai donné ça, comme exemple, dans les
petites municipalités, mais c'est beaucoup plus au niveau de la suspension de
la loi, et ce sont… pour ces raisons-là. C'est des bonnes raisons, que j'ai
données, là, Mme la Présidente.
Mme Nichols : Oui, parfait,
mais ma question, c'est à savoir c'est quoi, l'impact. C'est quoi, tu sais,
juridiquement, là… puis, écoutez, donnez-moi une réponse, tu sais,
convainquez-moi, puis on va en… je veux dire, on est capable de comprendre, là,
mais convainquez-moi que… le fait qu'on vienne ajouter ici qu'un élu scolaire
ne peut pas être un élu municipal, en quoi ça viendrait influencer le projet de
loi n° 40? C'est ça ma question.
Mme Laforest : Mais c'est ça,
justement, je n'ai pas dit qu'un élu municipal pourrait être élu dans une
commission scolaire anglophone ou encore cumuler les deux fonctions. Je n'ai
jamais dit ça. En quoi ça dérange? Bien, en quoi ça dérange, c'est que,
présentement, on attend un jugement. On va l'avoir, on va avoir la décision de
la cour puis, après ça, on va voir comment être vraiment… les deux projets de
loi, p.l. 40, p.l. 49, pour que ça s'applique dans les
deux projets de loi, à ce moment-là, quand la décision sera rendue…
Mme Laforest : …un jugement. On
va l'avoir, on va avoir la décision de la cour, puis après ça on va voir
comment être vraiment… les deux projets de loi, p.l. 40, p.l. 49…
pour que ça s'applique dans les deux projets de loi, à ce moment-là, quand
la décision sera rendue. Mais, présentement, moi, c'est certain que… de toute
manière, bien, vous le voyez, là, il y a un malaise, là, c'est important de
voir qu'on va attendre la décision qui sera prise, mais la position de notre gouvernement
a déjà été prise, là, dans le projet de loi n° 40, et la position était
claire dans le projet de loi n° 40 aussi. Donc, maintenant que cet article
ou ce projet de loi là est… cette loi est suspendue, pour mieux le dire, bien,
elle est suspendue pour bien répondre à cette situation-là. Alors, il va y
avoir une décision, puis à ce moment-là on pourra… possiblement que je serai
plus à l'aise quand la décision sera rendue. Donc, ça va être la même réponse
que je vais avoir, évidemment, là. Donc, il faut juste être prudent. Ce n'est
pas une question que je suis pour cumuler des fonctions, là. Il faut juste
faire attention.
Mme Nichols : Mme la
Présidente, on est au projet de loi n° 49. On ne vient pas ici interpréter
le projet de loi n° 40 ou on ne vient pas non plus s'introduire dans le débat
du projet de loi n° 40 ou on ne vient pas interpréter ou donner une
orientation à la décision que pourrait avoir le projet de loi n° 40, pas
du tout. On traite du projet de loi n° 49, on est à l'article 3, on
parle de la probité des élus, l'honnêteté, l'intégrité, la droiture, c'est ça
la probité des élus. On introduit, entre autres, des nouveaux motifs
d'inéligibilité, on parle… puis là on peut en faire… on en a traité, là, dans
les journées, là, précédentes, puis ce qu'on dit c'est d'introduire le fait que
si tu es un élu scolaire, tu ne peux pas te présenter aux élections
municipales. C'est problématique présentement sur le terrain. Ça n'a pas
rapport avec le projet de loi n° 40. Le projet de loi n° 40, ce qu'on
comprend, c'est que c'est la gouvernance qui est suspendue. Ce n'est pas ça
qu'on traite, là. Puis c'est comme si on venait me dire : Bien, aïe, tout
ce qui est élu scolaire anglophone, là, bannissez ça de votre vocabulaire, on
ne touche plus à ça. Bien, on ne fait rien là-dessus, il y a le projet de loi
n° 40. On ne vient pas demander ici d'interpréter le projet de loi
n° 40, là, ce n'est pas ça qu'on fait, là. On traite le projet de loi
n° 49. Là, on est dans les endroits où il y a potentiellement un conflit
d'intérêts. Puis on est en 2021, les conflits d'intérêts, l'apparence de
conflit d'intérêts, on est sensible à l'apparence de conflit d'intérêts. Des
conflits d'intérêts, là, il y en a un puis un autre, là. On les a entendus
quand ils sont venus en commission parlementaire : des élus, l'UMQ, la
FQM. Il y a des conseils municipaux qui nous ont écrit, des élus municipaux qui
nous ont écrit. Des conflits d'intérêts, il y en a, puis c'est pour ça qu'on
veut faire, entre autres, de la formation pour les élus municipaux. C'est pour
ça qu'on veut leur donner cette formation-là pour qu'ils comprennent les
limites de tout ça. Là, ce qu'on est en train de dire ici, là, c'est qu'il n'y
en aura pas de limites, là, puis on n'interviendra pas sur cet aspect-là, alors
qu'on venir intervenir ailleurs, mais ici on traite du projet de loi
n° 49. On nomme les personnes qui ont, potentiellement…
1nic
Mme Nichols : …pour qu'ils
comprennent les limites de tout ça. Là, ce qu'on est en train de dire ici, là,
c'est qu'il n'y en aura pas, de limite, là, puis on n'interviendra pas sur cet
aspect-là, alors qu'on va venir intervenir ailleurs, mais ici on traite du projet
de loi n° 49, on nomme les personnes qui ont potentiellement un conflit
d'intérêts dans leur travail ou dans ce qu'ils accomplissent dans la vie, et
qu'il y a un conflit d'intérêts avec le fait d'être un élu municipal. Puis là
on vient dire ici : Bien non, il y en a un, conflit d'intérêts, mais on
n'aime mieux pas se positionner. Puis je le répète, là, ce n'est pas de se
positionner vis-à-vis le projet de loi n° 40, là. Puis moi, c'est sur cet
aspect-là, là. Il n'y a pas de préséance d'une loi sur l'autre, là, le projet
de loi n° 49, là, ne va pas avoir force de loi, préséance sur le projet de
loi n° 40, là, pas du tout, là.
Puis la preuve, là, c'est que peu importe
le résultat du projet de loi n° 40, là, ça va avoir des incidences
partout, là. Il y a plein de lois qui vont devoir s'ajuster en fonction des
conclusions du projet de loi n° 40, là. C'est tout. Puis ici, là, dans le
pire des cas, là, dans le pire des cas, là, on prévient le conflit d'intérêts
en rendant inéligible un élu scolaire, donc on prévient ce conflit d'intérêts
là, puis peu importe le résultat du projet de loi n° 40, là, ça va
s'appliquer, le 49 va s'appliquer. Puis, au pire, tu sais, au pire, on
dira : Bien, ça n'a servi à rien de mettre un élu scolaire. Mais, quand
même, moi, mon devoir en tant que législateur, là, puis, tu sais, ça, c'est la
partie qui vient me chercher à chaque fois, là, notre travail en tant que législateurs,
notre devoir… puis on l'étudie ici, hein? On est dans un projet de loi éthique
et déontologie dans le milieu municipal. On veut donner plus de dents à la CMQ
d'intervenir quand il y a des potentiels conflits d'intérêts. Puis ici, là, on
n'en a même pas, de dents, nous autres, pour… de dents, là, je parle de dents,
pour intervenir pour venir dire : Il y en a un, conflit, mais on va le
laisser passer.
• (12 h 20) •
Sincèrement, là, Mme la ministre. Puis,
pour vrai, là, hier, je n'étais pas certaine. Hier, je n'étais pas certaine,
puis c'est pour ça que j'ai approché la partie gouvernementale d'emblée, dès
qu'on a ouvert l'article 3, pour dire : Est-ce qu'il y a une problématique
à cet effet-là? Puis on nous est revenus rapidement, ça fait que j'ai
rapidement compris que la position, c'était : On ne se positionnera pas,
on va attendre le projet de loi n° 40. Je le réitère, il n'y en a pas, il
n'y a pas d'incidence sur ce qu'on est en train de faire sur le projet de loi
n° 40. Je ne pense pas qu'au projet de loi n° 40 ils vont venir
plaider : Oh! Oh! Oh! Au projet de loi n° 49, on a introduit qu'un
élu scolaire ne peut pas être un élu municipal. C'est sérieux, là, ce n'est pas
ça qui va venir trancher sur la gouvernance des commissions scolaires
anglophones, ce n'est pas ça qui va venir déterminer. Comme ma collègue disait,
c'est constitutionnel, là. Les anglophones soulèvent un droit constitutionnel
d'avoir leurs commissions scolaires avec des élus scolaires. C'est tout.
Ça fait qu'il n'y a pas... tu sais,
écoutez, là, je l'ai tourné de tous les sens. Je l'ai... on a fini tard…
Mme Nichols : ...les anglophones
soulèvent un droit constitutionnel d'avoir leurs commissions scolaires avec des
élus scolaires. C'est tout. Ça fait qu'il n'y a pas... tu sais, écoutez, là, je
l'ai tourné de tous les sens. Je l'ai... on a fini tard, hier soir, puis je me
suis permis de déranger des collègues, des juristes, pour valider ce point-là.
Ça fait que, tu sais, si on me dit qu'il n'y a pas de... c'est pour ça, je vous
dis : Sortez-moi un argument en droit, là, sortez-moi un argument en droit
que je n'ai peut-être pas étudié, que j'ai... ou qu'on n'a pas porté attention — je
ne veux pas dire «étudié», parce qu'on s'entend qu'on n'a pas dormi beaucoup
cette nuit, là — mais sortez-moi un argument en droit qui dit que ce
qu'on est en train de faire va avoir une incidence sur le projet de loi
n° 40, puis là je vais dire : Oui, moi, je ne veux pas aller jouer
dans le projet de loi n° 40, je ne veux pas jouer dans ce film-là. Mais ça
n'en a pas, d'incidence, tu sais, c'est ça, la problématique.
Moi, mon rôle, mon devoir, c'est d'être
assis ici puis de dire : Il y a des conflits d'intérêts là, là, là, puis
j'aimerais ça intervenir pour qu'il n'y en ait pas, de conflits d'intérêts. Ça
a été porté à notre attention, c'est ça, notre devoir, là, en tant que...
législateurs — oups, ça va être beau tantôt — puis c'est ça
qu'on est en train de faire.
Puis sérieux, là, je n'en ai pas,
d'argument, je n'en ai pas, d'argument. À date, là, puis on essaie des petits
arguments, là, on essaie des petites choses. Puis, tu sais, les conflits
d'intérêts potentiels, là, on les a nommés, je pense que ma collègue, elle les
a nommés. Un élu municipal, là, vous le savez, ça joue un rôle à plusieurs
niveaux, au niveau des transports, au niveau du choix des terrains. Ça, je
pense qu'on est allés, là, sur les... c'est évident, ça saute aux yeux, là, les
potentiels conflits d'intérêts.
Les élus municipaux, ça touche à peu près
à tout, puis c'est vrai qu'on ne peut pas cumuler ces deux fonctions-là, ça, on
ne peut pas, là. Hier, on avait le député de Chomedey qui était là qui nous
disait que, lui, son prédécesseur était député puis était aussi... en tout cas,
il cumulait les fonctions. Aïe! ça n'a aucun sens. En 2021, là, ça ne passe
pas, ça ne passe pas, on ne peut pas tolérer ça. Ça fait que moi, je vous le
dis, je vous le dis, Mme la Présidente, c'est hypersensible, ce sujet-là des
conflits d'intérêts.
Les élections municipales, c'est le
7 novembre prochain. On est en train de passer un message à l'effet qu'on
ne veut pas se prononcer parce qu'il y a un projet de loi n° 40. Est-ce
qu'on est en train de dire : Ah! bien, c'est correct. Parce qu'il y en a,
là, puis ce n'est pas comme s'il n'y avait pas de situation, là, tu sais, il y
en a, il y en a, des situations, là, il y en a, des cas, là, présentement, là.
Puis là on est en train de dire : Bien, on va les tolérer quand même le
7 novembre. Puis je ne pense pas qu'on va rouvrir cette loi-là dans un
avenir rapproché. Ça veut dire que quoi? On va continuer à tolérer parce que ça
ne sera pas inclus dans le projet de loi? Voyons. Il est ouvert, là, on a la
chance. Au pire, là, il deviendra caduc. C'est pour ça je dis donnez-moi, s'il
vous plaît, là, des arguments pour me convaincre que je ne suis pas sur la
bonne piste.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, Mme la députée. Est-ce que vous vouliez intervenir, Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis ou Mme la ministre...
Mme Nichols : …c'est pour ça
que je dis, donnez-moi, s'il vous plaît, là, des arguments pour me convaincre
que je ne suis pas sur la bonne piste.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, Mme la députée. Est-ce que vous voulez intervenir, Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis ou Mme la ministre? Non.
Une voix
: …
Mme Laforest : Mme la
Présidente, je pense que je me suis bien expliquée précédemment. C'est la même
explication que je donnerais, ça fait que je vais rester sur ça.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, allez-y.
Mme Maccarone : Je pense que
j'irai un petit peu plus loin que ma collègue la députée de Vaudreuil, en disant
qu'il y a des conflits d'intérêts potentiels, je vous dis, il y a des conflits
d'intérêts. C'est un conflit d'intérêts d'occuper les deux postes. Actuellement,
à ce jour, il y a des conseils de commissaires qui sont réunis dans leur
réunion, qui sont aussi des élus municipaux qui sont en train de voter sur des
enjeux qui ont une implication au niveau municipal. Ils occupent les deux
rôles, c'est des conflits d'intérêts, puis pas parce qu'ils veulent mal faire,
mais parce qu'ils avaient la permission de le faire. Puis ce n'est pas entamé
nulle part pour dire qu'ils devront se retirer, ils devront se lever la main,
ça, ça veut dire que, même si c'est ça, la solution temporaire, nous sommes en
train de priver la population de leur droit d'avoir un représentant autour de
la table, que ce soit au niveau municipal ou au niveau des commissions
scolaires, parce que le représentant doit se retirer de tous les débats et tous
les votes.
Et il y en a plusieurs, ce n'est pas
quelque chose qui arrive une fois par année, une fois par chaque cinq ans,
c'est récurrent, ces votes, c'est au quotidien, ces débats. Il y a trois,
quatre, cinq rencontres par mois au sein des commissions scolaires. Je ne peux
pas parler des conseils municipaux, je n'ai pas cette expérience ou cette
expertise. Mais il y en a plusieurs rencontres, des séances de travail où nous
sommes en train de discuter ça va être quoi, les prochains terrains, ça va être
quoi, le budget, ça va être quoi, le don, ça va être quoi, le partenariat, ça
va être quoi, le contrat que nous aurons avec la police, ça va être quoi, le
contrat que nous aurons avec la communauté. Puis je rajoute, on a des élections
qui s'en viennent, ceux qui sont actuellement élus scolaires, qui se présentent
pour être élus municipaux, ils vont un avantage sur les autres candidats, parce
qu'ils ont accès à une autre communauté, à d'autres registres, à des parents, à
des électeurs sur leur propre territoire, que les autres candidats n'auront
pas. C'est injuste, on a une opportunité en or de corriger le tir.
Je regrette presque, nous avons évoqué le
projet de loi n° 40. Moi, j'avais pensé que ça aurait été important de
soulever, parce que c'est de la concordance, parce que c'était la position du
gouvernement lors de l'adoption de ce projet de loi, j'enlèverais ça, je
supprimerais même le débat sur le projet de loi n° 40, parce que ce n'est
même pas lié, en ce qui concerne qu'est-ce qui se passe à l'intérieur de ce
projet de loi et ce que nous pouvons faire ici…
Mme Maccarone : …important de
soulever parce que c'est la concordance, parce que c'était la position du gouvernement
lors de l'adoption de ce projet de loi. J'enlèverais ça, je supprimerais même
le débat sur le projet de loi n° 40 parce que ce n'est pas même pas lié en
ce qui concerne qu'est-ce qui se passe à l'intérieur de ce projet de loi et ce
que nous pouvons faire ici pour les conflits d'intérêts. Ce n'est pas
potentiel, c'est actuel. C'est ça que nous sommes en train de dire : C'est
correct. C'est ça qui arrive sur le terrain maintenant. C'est un enjeu, nous
avons un devoir de corriger. Vous savez, Mme la Présidente, ce qui n'est pas un
conflit d'intérêts, c'est d'adopter cet amendement en ce qui concerne le conflit
d'intérêts d'occuper les deux postes. C'est ça qui n'est pas un conflit
d'intérêts, mais c'est un conflit d'intérêts de ne pas le faire. J'ai un grand
malaise si nous n'adoptons pas cet amendement. Je suis prêt à entendre
peut-être une solution ou une autre façon de le «rédacter», de l'insérer à
l'intérieur de ce projet de loi, mais on a un devoir de protéger la population
de ce conflit d'intérêts pas potentiel, réel, vraiment réel. Pas pour mal
faire, mais parce que c'est comme que c'est actuellement en place. Puis nous
pouvons le corriger, nous pouvons mettre quelque chose en place qui va protéger
la population de ce conflit, de ce manque d'éthique. C'est un manque d'éthique
d'occuper les mêmes postes. Puis c'est un faux débat de dire que nous n'avons
pas assez de candidats, etc. Ce n'est pas ça. On va trouver des bons candidats.
Puis à la limite, je serais prête de dire qu'on laisse un poste vacant, puis de
ne pas avoir un conflit d'intérêts parce qu'on occupe les deux postes,
parce qu'on a un devoir de protéger la population. C'est impossible de se
retirer d'un débat au complet en ce qui concerne un terrain pour bâtir une
école, c'est la raison d'être d'une commission scolaire. Puis de dire que cette
personne ne pourra pas s'insérer dans le débat s'il est président ou présidente
de sa commission scolaire, bien, c'est impossible, c'est la personne qui doit
s'exprimer, c'est la porte-parole de la commission scolaire, c'est la personne
qui va faire toutes les rencontres, bien, écoute, ça va être bien facile, moi,
je suis présidente et je suis conseillère municipale, alors je vais me parler à
moi-même. Je ne peux pas me retirer de ce débat, c'est impossible, c'est
impossible. Nous devons corriger la loi électorale, ici, à l'intérieur du
projet de loi n° 49, pour éviter ce conflit d'intérêts pas potentiel, je
répète, Mme la Présidente, actuel, réel. C'est en place, c'est ça qui arrive
aujourd'hui dans nos conseils municipaux et à l'intérieur de nos commissions
scolaires anglophones puis…
La Présidente (Mme Boutin) :
Je suis vraiment désolée. J'ai fait le saut par ma minuterie, votre temps est
écoulé, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Je suis vraiment désolée.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autres interventions,
nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement qui a été présenté par
la députée de Vaudreuil par appel nominal.
• (12 h 30) •
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle,
Mme Nichols (Vaudreuil)?
12 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme Boutin) :
…Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Je suis vraiment désolée.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement qui a été présenté par
la députée de Vaudreuil, par appel nominal.
Le Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
Le Secrétaire
: Mme Laforest
(Chicoutimi)?
Mme Laforest : Contre.
Le Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire
: Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, l'amendement est rejeté. Oui? De toute façon, il y a encore
du temps pour l'article 3, là. Allez-y, Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Je vais vous
demander de suspendre, Mme la Présidente. On va déposer un autre amendement.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 12 h 54)
La Présidente (Mme Boutin) :
C'est reparti pour notre séance. Alors, Mme la députée de Vaudreuil, je vous
inviterais à nous présenter votre amendement.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Donc, pas très compliqué. L'article 3 du projet de loi est
modifié par l'insertion, après le deuxième alinéa, du suivant :
Ne peut exercer les fonctions d'un élu
scolaire.
La Présidente (Mme Boutin) :
Voulez-vous intervenir?
Mme Nichols : Bien oui, certainement.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y.
Mme Nichols : J'attendais
votre directive, Mme la Présidente, j'attendais votre directive. Alors, oui, certainement.
Bien, vous comprendrez qu'on faisait référence, là, au cumul des fonctions. Peut-être
que ce n'était pas super clair. Ici, là, je me dis, là, c'est vraiment direct,
clair, c'est qu'on ne peut pas exercer les fonctions d'un élu scolaire quand…
Parce que ce qu'on fait, c'est une énumération, là, de ceux qui sont
inéligibles à siéger. Donc, on fait… évidemment, là, on fait l'énumération,
puis c'est une énumération qui est encadrée, hein, ce n'est pas une
énumération… donc on vient dire ça pour des postes, là, entre autres, là, pour lesquels
on pense qu'ils sont inéligibles, puis on en fait la liste.
Donc, nous, ce qu'on souhaite, c'est que
ça soit ajouté dans la liste, l'élu scolaire. Bien sûr, on le sait, que dans
les centres de services scolaires, il n'y en a pas, d'élu scolaire, donc quand
on fait référence à l'élu scolaire, pour le moment, c'est bien clair, on parle
des commissions scolaires anglophones.
Mme la Présidente, je vais… je vous le dis
d'emblée, là, on a quand même pensé, puis ça peut peut-être être une des
solutions aussi, tu sais, de rouvrir la Loi électorale, l'article 235, puis ça
en fait partie, ça fait qu'on peut attendre aussi au bloc sur la Loi
électorale, parce que ça fait partie des lois que nous allons toucher, qui sont
touchées dans ce projet de loi là, puis de l'ajouter dans l'énumération. Bon,
ici, on a décidé, là, de poursuivre, là, dans la même veine où on était puis de
continuer avec l'article 3, puis d'ajouter, après le deuxième alinéa, qu'il ne
peut pas exercer les fonctions d'un élu scolaire. Mais ce n'est pas grave,
j'annonce tout de suite mes couleurs, que c'est une des possibilités où on
pourrait aussi introduire le même concept.
Je vais essayer, Mme la Présidente, de ne
pas être redondante, mais vous comprendrez que l'objectif est le même, la problématique
reste la même, c'est-à-dire que… bien oui, je le sais, c'est plate, il faut le
répéter, là, c'est comme ça, mais c'est-à-dire que, tu sais, l'objectif est le
même. Puis je pense que, tu sais, tout le monde le voit, là, tout le monde le
voit, je pense que c'est évident, les exemples qui ont été donnés relativement
aux conflits d'intérêts, puis pas juste potentiellement conflits d'intérêts,
là, ma collègue avait soulevé d'excellents points à l'effet que le conflit
d'intérêts est là, directement, sur le terrain, puis je pense qu'il y aurait
même d'autres exemples à cet effet-là. Moi, là où j'ai un intérêt particulier,
c'est relativement à l'aspect légal.
Puis c'est là où, tu sais, je me
dis : Donnez-moi des critères, donnez-moi de l'information supplémentaire
relativement à l'aspect légal. Est-ce que le fait qu'on vienne rajouter ici un…
Mme Nichols : ...exemple à cet
effet-là. Moi, c'est... là où j'ai un intérêt particulier, c'est relativement à
l'aspect légal. Puis c'est là où, tu sais, je me dis : Donnez-moi des
critères, donnez-moi de l'information supplémentaire relativement à l'aspect
légal. Est-ce que le fait qu'on vienne rajouter ici un élu scolaire dans le projet
de loi n° 49, c'est quoi, l'incidence sur le projet de loi n° 40?
Parce que je comprends l'argument, tu
sais, c'est ça, tu sais. On reste prudent, la partie gouvernementale reste
prudente, la ministre nous dit : Je reste neutre. Mais on ne lui demande
pas de se prononcer sur le projet de loi n° 40, là, ce n'est pas ce qu'on
fait ici, là, puis ce n'est pas la place pour le faire non plus, là, hein, on
ne va pas se prononcer ici, dans l'étude détaillée du projet de loi n° 49,
sur l'éthique et la déontologie en matière municipale, entre autres, dans le
bloc 3, sur la probité des élus municipaux, dans la thématique d'introduire de
nouveaux motifs d'inéligibilité. Bien, ce n'est pas ce qu'on demande, là, ce
n'est pas ici qu'on demande de venir se prononcer sur le projet de loi
n° 40.
Au contraire, ce qu'on dit, c'est :
Il y en a une problématique, mettons, élus scolaires. Puis au pire, là, dans le
pire des cas, puis je le réitère, là, Mme la Présidente, là, au pire, là, ça
sera caduc. Mais là je me disais : Peut-être que caduc, ça ne dit pas
grand-chose, hein, caduc, puis là j'ai une collègue anglophone à côté de moi
qui fait : Non, caduc... Bien, peut-être qu'on peut expliquer, c'est quoi,
caduc, peut-être que...
Tu sais, caduc, là, ça... Puis ça arrive,
là, puis je le dis, là, ça arrive souvent. Ça arrive souvent que, quand on
adopte un nouveau projet de loi, bien, ça rend des articles dans d'autres lois
qui ont été adoptées caducs. Ça rend... ça arrive souvent, là, c'est quelque
chose qui arrive souvent en droit. Puis on le voit souvent quand on étudie le
droit des obligations, particulièrement, là, quand on étudie, là, des actes, on
dit : Bien, l'acte est caduc, l'acte est... C'est intéressant, hein? Mais
c'est ça. C'est qu'il y a un effet... caduc, c'est qui a cessé d'être valable,
qui est périmé, qui est désuet.
Donc, dans le fond, ce qu'on dit, c'est
que ça signifie que c'était régulier, c'était valable au moment de son
édiction, au moment de sa création, c'était valable. Donc, quand on le crée,
là, comme là on est ici, là, on travaille un projet de loi, on travaille un
article en particulier, quand on est ici puis on le crée, bien, c'est sûr que
là, il va y avoir un effet juridique, il va y avoir des conséquences,
c'est-à-dire qu'il va y avoir des conséquences, entre autres, quand qu'il est
adopté, ça va avoir des conséquences pour le 7 novembre prochain ou, bien
sûr, ça va rendre des candidats... tu sais, ça va mettre un terme. Le candidat
ne pourra pas être un élu municipal puis un élu... En fait, il ne pourra pas se
présenter aux élections municipales s'il est déjà élu scolaire, il aura un
choix à faire. Puis on le fait, nous autres, quand on arrive au provincial,
hein, on le fait, le choix, là. Puis, bien sûr, on a un code d'éthique, mais on
le fait, le choix.
Donc, moi, ce que je dis, c'est qu'ici on
signifie que c'est régulier, c'est valable lors de l'édiction, lors de la
création... Ah! on va continuer après la période de dîner?
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui, malheureusement, je suis désolée de vous interrompre, Mme la députée.
Mme Nichols : Pas de problème.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci beaucoup pour votre belle collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h (version non révisée)
Mme Nichols : …moi, ce que je
dis, c'est que, ici, on signifie que c'est régulier, c'est valable lors de
l'édiction, lors de la création... Ah! on va continuer après la période de
dîner?
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui, malheureusement. Je suis désolée de vous interrompre,
Mme la députée.
Mme Nichols : Pas de problème.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci beaucoup pour votre belle collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 28)
La Présidente (Mme Boutin) :
…Loi modifiant la Loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités, la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière municipale et
diverses dispositions législatives.
Alors, lors de notre suspension, un petit
peu plus tôt aujourd'hui, nous en étions… À vous la parole, vous aviez la
parole, Mme la députée de Vaudreuil, pour expliquer votre amendement, alors je
peux vous redonner la parole dès maintenant.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Donc, c'était notre deuxième amendement, là, en lien avec la problématique
ou, en fait, le conflit d'intérêts, là, qu'on voit, là, d'être un élu municipal
et un élu scolaire, là, en même temps.
On peut peut-être trouver une voie de
passage, il y a des échanges de part et d'autre. Est-ce que je peux vous
demander de suspendre quelques minutes?
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui. On va suspendre la séance.
(Suspension de la séance à 15 h 29)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 52)
La Présidente (Mme Boutin) :
Alors, c'est reparti pour notre séance. Mme la députée de Vaudreuil, je vous
laisse la parole.
Mme Nichols : Oui, merci, Mme
la Présidente. Alors, je fais un petit point-là, je veux juste dire que, quand
on suspend, c'est parce qu'il y a des échanges, de part et d'autre, là, il y a
un travail qui se fait avec les équipes. Puis, des fois, c'est parce que c'est
plus facile de suspendre, les conversations vont plus vite puis il n'y a pas nécessairement…
en fait, c'est bénéfique parce que ça nous permet d'avancer. Vous le savez,
dans l'article 3, il y a un point auquel on tient où, en fait, on voit qu'il y
a un conflit d'intérêts, à, qui nous titille, ce pour quoi on a déposé, entre
autres, deux amendements. Je pense qu'on a exprimé clairement la problématique,
puis on a échangé avec Mme la ministre et avec son équipe, je pense qu'on a
trouvé une voie de passage, je vais le dire comme ça, je pense qu'on a trouvé
une voie de passage. Tu sais, l'objectif, il faut le dire aussi, là, on ne veut
pas créer de préjudice à des citoyens ou à des gens qui voudraient se présenter
comme élu municipal, c'est clair, mais on veut aussi les conscientiser… à
l'effet — c'est dur, dure semaine — on veut aussi qu'ils
prennent conscience qu'il y a des choix à faire quand on devient un élu
municipal puis qu'on ne peut pas… tu sais, comme je disais, les conflits
d'intérêts, en 2021, c'est hypersensible.
Donc, pour éviter des préjudices avec des
motifs d'inéligibilité, bien, on regardait voir si on ne pouvait pas plutôt
utiliser le terme d'«inhabile à siéger», on sait, là, que ça existe déjà.
D'ailleurs, je me suis trompée à de nombreuses reprises ce matin, en parlant…
je faisais plutôt référence à l'inhabilité de siéger. Donc, c'est sur cet
aspect-là qu'on est en train de regarder s'il n'y aurait pas une voie de
passage. Alors, relativement à l'article 3 et à notre amendement, là, si la
ministre est d'accord et si l'équipe de la ministre est d'accord, bien, on
proposerait, là, de…
Mme Nichols : …cet aspect-là,
là, qu'on est en train de regarder s'il n'y aurait pas une voie de passage.
Alors, relativement à l'article 3 et
à notre amendement, là, si la ministre est d'accord et si l'équipe de la
ministre est d'accord, bien, on proposerait, là, de retirer notre amendement,
de continuer avec l'article 3. Si la ministre veut bien, là… je ne veux
pas dire : S'engager formellement, là, mais veut bien nous rassurer puis
nous dire que, oui, il y a une possibilité d'aller vers l'inhabilité à siéger,
parce qu'il y aura du maillage à faire après. Si on s'en va sur cet aspect-là,
là, il y aurait du maillage à faire au niveau de la CMQ, il y aura…
Puis, bien sûr, bien, il y a une équipe de
juristes, là, qui doit regarder tout ça pour que ça concorde, sauf que l'aspect
préjudice qui va être… qui pourra être causé à un citoyen en lui disant
d'emblée qu'il est… qu'il ne peut même pas déposer sa candidature, là, bien, on
enlèverait, entre autres, là, cet aspect-là qui est quand même, là, assez
rassurant. Donc, est-ce que, Mme la ministre, vous voulez?
La Présidente (Mme Boutin) :
Bien, avant de demander le consentement pour le retrait, je vais laisser la
parole à Mme la ministre pour voir qu'est-ce qu'il en est.
Mme Nichols : Oui, oui, c'est
ça.
Mme Laforest : Oui. Alors,
qu'est-ce qui est important de voir, c'est qu'on travaillait sur le concept,
sur la notion d'inéligible, la personne qui est inéligible à se porter
candidat, si je peux dire. Je le dis toujours dans des mots plus confortables
pour moi, en fait, et plus simples, on va travailler plus la notion d'inhabile,
d'inhabilité. Donc, ce qui a été discuté, il faut voir que tout le temps qu'on
a pris pour discuter est quand même très, très important, parce qu'on a
travaillé sur… on va travailler sur la notion que la personne pourrait être
inhabile à siéger si elle occupe deux postes, deux fonctions en même temps.
Donc, c'est important de voir qu'on ne peut pas toucher aux articles, comme je
le disais, l'article 3 et 4, on s'est bien entendu, si je ne me trompe
pas, sauf que sur les demandes et sur les discussions qu'on a eues ce matin,
bien, on va plus travailler sur la notion d'inhabile à siéger ou inhabile à
être candidat exactement. Donc, je pense que le but est le même, c'est juste
qu'on va travailler sur deux notions différentes mais qui va donner le même
résultat. Parce que l'important, je pense, c'est que les élus ne siègent pas à
deux endroits et qu'il y ait des conflits d'intérêts, le but, c'est ça, puis je
pense qu'on va pouvoir répondre à cette demande-là.
Alors, si on enlève à notion
d'inéligibilité, il faudrait enlever les quatre premiers points, Mme la
Présidente, puis, après ça, on va travailler… on va suspendre les premières
mesures, parce qu'on parle toujours d'inhabilité puis d'inéligibilité et, après
ça, on tomberait sur le dernier point qui est modifier le régime de paiement
des frais de défense des élus municipaux. Alors, oui, je m'engage, comme vous
le demandez, là, à travailler sur ce qui a été discuté auparavant, mais on va
essayer de la travailler avec la notion d'inhabilité, et, comme ça, je pense
qu'on sera, tout le monde, plus confortable, là. Est-ce que je me suis bien
expliquée?
La Présidente (Mme Boutin) :
Pour clarifier, le tout, là, être sûre que je comprends bien puis pour les
téléspectateurs, dans le fond, vous proposez de retirer votre…
Mme Laforest : ...sur ce qui a
été discuté auparavant, mais on va essayer de la travailler avec la notion
d'inhabilité, et comme ça je pense qu'on sera, tout le monde, plus confortables,
là. Est-ce que je me suis bien expliquée?
La Présidente (Mme Boutin) :
C'est pour clarifier le tout, là, être sûre que je comprends bien, puis pour
les téléspectateurs. Dans le fond, vous proposez de retirer votre amendement, qu'on
continue l'étude du 3 et du 4 ensuite. Par la suite, nous allons suspendre les
trois mesures suivantes qui incluent... je vais les nommes en temps et lieu,
là, les articles, là, 28, 29, 30, 31, 38, 40, là, jusqu'à... dans le fond, qu'on
irait après sur la dernière ligne, la dernière mesure. C'est bien ça?
Mme Nichols : Oui, on s'en
irait tout de suite à modifier le régime de paiement des frais, oui.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Bien, de toute façon, là, on va commencer par faire le retrait de l'amendement,
continuer l'étude du 3 et du 4. Puis, quand on sera rendus là, bien, de toute
façon, je vais avoir besoin de votre consentement de nouveau pour faire... puis
ça va être fait de manière très claire. C'est bien ce que je comprends?
Parfait.
Alors, j'aurais besoin du consentement
pour que Mme la députée de Vaudreuil fasse le retrait de son amendement.
Des voix
: Consentement.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Alors, c'est parfait. Nous pouvons revenir à l'étude de
l'article 3. Alors, j'imagine qu'il y a des interventions.
Mme Nichols : Oui. Bien, oui
et non, là, parce que je pense qu'on avait fait quand même le tour sur
l'article 3, là. Puis je pense que qu'est-ce qui accrochait, là, sur l'article 3,
c'était... puis je l'avais dit d'emblée, dès qu'on a commencé, là,
l'article 3, j'avais soulevé la... puis je n'aurais peut-être pas dû le
faire, que la problématique, c'était en lien avec le projet de loi n° 40, là, qui est contesté puis le fait qu'il y ait un élu
municipal, là, qui... l'élu municipal, là, qui pouvait aussi se présenter, là,
à des élections scolaires. Parce qu'il faut rappeler, là que l'article 3,
c'est dans les... tu sais, c'est la probité des élus, on parle de l'honnêteté,
de l'intégrité, donc c'est superimportant, dont les conflits d'intérêts. Puis
ici, il y avait des conflits d'intérêts, là, assez évidents, là. Je pense qu'on
en a beaucoup parlé, entre autres, là, cet avant-midi. Donc, moi, ça, c'était
ma préoccupation, c'était une des préoccupations principales. Puis d'ailleurs,
on l'avait mis de côté, là, le temps qu'on nous revienne avec, justement, là,
des solutions puis qu'on regarde, là, certaines voies de passage. Mais
sur le reste de l'article 3, Mme la Présidente, là, sincèrement, là, je
pense qu'on avait fait le tour. Peut-être juste une question, parce qu'on fait,
entre autres, là, référence à l'article 235 de la Loi électorale. Je veux
juste... juste au niveau de la procédure, est-ce que je comprends qu'on va l'ouvrir,
là, l'article... on va ouvrir la loi sur les élections... la Loi électorale un
peu plus tard, vu qu'on fait référence à ces articles-là? Parce qu'on se dit...
tu sais, au début du projet de loi, là, on avait énuméré, là, toutes les lois
que ça venait toucher. Ça fait que, est-ce qu'on ouvre la Loi électorale ou on
n'ouvre pas la Loi électorale?
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci, Mme
la Présidente. Nicolas Paradis, sous-ministre adjoint aux politiques au
ministère des Affaires municipales et de l'Habitation.
Mme Nichols : Il y a
consentement jusqu'à 22 heures.
• (16 heures) •
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Le projet de loi n° 49 ne touche pas la Loi électorale, ne modifie pas la
Loi électorale. Le projet de loi modifie la Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités...
16 h (version non révisée)
M. Paradis (Nicolas) :
…Nicolas Paradis, sous-ministre adjoint aux politiques au ministère des
Affaires municipales et de l'Habitation.
Mme Nichols : …consentement jusqu'à
22 heures.
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Le projet de loi n° 49 ne touche pas la Loi électorale, ne modifie pas la
Loi électorale. Le projet de loi modifie la Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités. Toutes les causes d'inéligibilité
municipale sont prévues dans la loi sur les élections municipales dans les
municipalités. C'est… Et c'est la même chose pour les causes d'inhabilité,
elles sont toutes inscrites dans la Loi sur les élections et les référendums
dans les municipalités. La Loi électorale concerne les élus provinciaux.
Ce que fait l'article 3, il ne vient
que chercher des situations de défaut d'un élu provincial ou d'un candidat à un
élu provincial qui le rend inéligible au niveau provincial pour dire que si tu
es inéligible au niveau provincial, tu… Cette cause-là est également valable à
titre d'inéligibilité au niveau municipal, mais on ne modifie pas la Loi
électorale. Celle-ci ne relevant pas de la ministre des Affaires municipales et
de l'Habitation, bien entendu. La Loi électorale n'est pas modifiée.
Mme Nichols : Oui. Bien, je
comprends le propos, je l'apprécie. C'est juste qu'entre autres, là, dans les
notes explicatives, on parle des lois modifiées par ce projet de loi. Puis à
l'article 3, là, très précisément, dès le début, on fait référence à
l'article 235 de la Loi électorale. Ça fait que c'était un peu ça, ma
question parce que… Puis je vais vous le dire puis je pense, je vous l'ai déjà
dit, là : Même dans… Je regardais, là, l'élu scolaire, là, tu sais, je me
demandais même si on… la Loi électorale, si on aurait pu le glisser là. Ça fait
que c'est pour ça que je posais la question.
M. Paradis (Nicolas) : Dans
les… Je comprends, oui, effectivement, là, puis ma collègue légiste indiquait
le lien, là. C'est que dans la version présentée, il y avait une modification
de la Loi électorale en concordance avec les autres modifications qu'on
effectuait, mais ce sont dans les articles qui sont retirés comme tels.
Mais ici dans le cas d'uniquement cet
article-là, ce n'est pas une modification de la Loi électorale. Et puis même à
l'égard des discussions qu'il y a eu… entre les membres de la commission
concernant la Loi sur les élections scolaires, c'est une inéligibilité qui est
prévue dans la Loi sur les élections scolaires des commissions scolaires
anglophones, les centres de services anglophones. Donc, c'est dans ce cas-là.
Ça fait que… mais on ne veut pas toucher au régime qui régit les candidats, les
députés de la province, bien entendu. On ne touche à rien de ça dans le projet
de loi.
Mme Nichols : O.K. Mais je
faisais référence, entre autres, au projet de loi, pas juste à
l'article 3.
M. Paradis (Nicolas) : Oui,
oui, oui.
Mme Nichols : Donc, c'est bon.
Merci. Merci pour la précision. Moi, je n'avais pas d'autre question, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Pas d'autre intervention. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'article 3 par appel nominal. Mme
la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Boutin (Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, l'article 3 est adopté. Mme la ministre, je vous
inviterais…
Mme Laforest : Oui.
La Présidente (Mme Boutin) :
…à nous présenter le prochain article, qui est l'article 4.
Mme Laforest : Oui. Alors,
l'article 4, Mme la Présidente :
L'article 65 de cette loi est modifié
par l'insertion, après le premier alinéa, du suivant :
«Est également…
La Secrétaire
: …Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, l'article 3 est adopté. Mme la ministre, je vous inviterais
à nous présenter le prochain article qui est l'article 4.
Mme Laforest : Oui. Alors, l'article
4, Mme la Présidente : L'article 65 de cette loi est modifié par
l'insertion, après le premier alinéa, du suivant :
«Est également inéligible, pour la même
durée que celle prévue au premier alinéa, toute personne qui l'est en vertu du
paragraphe 2° du deuxième alinéa de l'article 235 de la Loi électorale
(chapitre E-3.3).»
L'article 4, dans le même ordre d'idée que
la modification apportée de l'article précédent, il est proposé de modifier
l'article 65 de la LERM pour prévoir que le motif d'inéligibilité prévu au
niveau provincial dans la Loi électorale, soit celui pour un candidat
indépendant non élu de ne pas avoir acquitté toutes ses dettes électorales dans
le délai prescrit, entraîne également une inéligibilité au palier municipal. La
durée de cette inéligibilité serait de quatre ans.
L'article 65 actuel, tel qu'il serait
modifié, l'article 65 : «Est inéligible le candidat indépendant à une
élection antérieure qui n'a pas acquitté toutes les dettes contractées durant
son autorisation conformément à l'article 474, pendant quatre ans à
compter de son défaut.
«Est également inéligible, pour la même
durée que celle prévue au premier alinéa, toute personne qui l'est en vertu du
paragraphe 2° du deuxième alinéa de l'article 235 de la Loi électorale
(chapitre E-3.3).
«L'inéligibilité d'un candidat indépendant
élu cesse toutefois le jour de la transmission du rapport financier constatant
l'acquittement de toutes ces dettes, lorsqu'elle est faite avant l'expiration
de la période de quatre ans.»
Alors, ici, Mme la Présidente, on vient
renforcer la probabilité des élus municipaux, assurer une plus grande cohérence
entre la LERM et la LE. On empêche que des personnes inéligibles au palier
provincial puissent se porter candidats aux élections municipales. Alors,
merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des interventions? Mme la députée de
Vaudreuil, allez-y.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je comprends les notes… Bien, en fait, je pense comprendre
l'article, là, puis les notes explicatives, là. Mais, dans le fond, ce qu'on
vient prévoir ici, là, c'est pour le niveau provincial. Dans le fond… Oui,
c'est ça, c'est parce que là, ça vient toucher l'article 65 de la LERM, là,
mais, dans le fond, c'est de prévoir que le motif, là, qui est prévu au niveau
provincial soit le même pour le candidat indépendant?
Mme Laforest : En fait, cette personne
n'est pas éligible au palier provincial, ne le serait pas non plus au palier
municipal. Bref, quelqu'un qui n'a pas pu… qui n'est pas éligible pour se
présenter avec le gouvernement provincial comme député, par exemple, ne
pourrait pas se présenter aux élections municipales.
Mme Nichols : Parfait.
Mme Laforest : Je pense que
c'est une bonne mesure.
La Présidente (Mme Boutin) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis, à vous la parole.
Mme Maccarone : C'est plus une
question de précision de la terminologie. Pourquoi utiliser le jour de la
transmission du rapport et non de l'approbation du rapport? Parce que c'est…
Mme Laforest : ...je pense que
c'est une bonne mesure, c'est logique.
La Présidente (Mme Boutin) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, à
vous la parole.
Mme Maccarone : C'est plus une
question de précision de la terminologie. Pourquoi utiliser le jour de la
transmission du rapport et non de l'approbation du rapport? Parce que c'est
deux choses différentes. Mettons, on soumet, puis c'est transmis, mais, si
c'est refusé, si ce n'est pas approuvé, il n'y pas une précision à faire à
l'intérieur de ceci? Au moins, il y a quelque chose qui m'échappe, parce que je
ne connais pas tout à fait le processus.
Mme
Laforest : ...Pourquoi le jour de la transmission du rapport? Je ne le
sais pas, c'est peut-être plus...
La
Présidente (Mme Boutin) : Me Paradis, peut-être que vous pourriez
clarifier.
M.
Paradis (Nicolas) : O.K., oui. Merci, Mme la Présidente. C'est lié au
fait... à la nature de l'inéligibilité qui est créée par cet article, en
l'occurrence, de ne pas avoir acquitté toutes les dettes qui étaient
contractées durant son autorisation. Alors, ce qu'on dit, dans le fond, c'est
que le jour que le rapport financier... ce n'est pas tout d'avoir un rapport
financier qui constate l'acquittement des dettes pour mettre fin à cette clause
d'inéligibilité, encore faut-il qu'il soit transmis. Puis, dès lors qu'il est
transmis, bien, à ce moment-là, c'est là que cesse l'inéligibilité, parce que
la personne aura acquitté son obligation, en réalité, là. Donc, et ça... et
c'est un élément, ça, qui est déjà en vigueur et qu'on ne modifie pas, là,
c'est les règles qui sont déjà en vigueur depuis plusieurs, plusieurs années,
là.
Mme
Maccarone : Je comprends, j'entends, c'est juste que, me semble, ça
aurait été prudent d'avoir une approbation de quelque chose, parce qu'on peut
transmettre plein d'affaires puis que ce n'est pas conforme, il y a de
l'information manquante ou ce n'est pas nécessairement ce qui était attendu.
Question de même. À mon avis, puis j'entends que c'est quelque chose qui
apparaît évidemment ailleurs, je pense que je suis souvent confrontée avec ça
quand on fait des débats en ce qui concerne des articles, mais est-ce qu'on n'a
pas une manière de le corriger pour que ça soit transmis et approuvé? Ce n'est
pas plus prudent?
Mme
Laforest : Que ce soit transmis...
Mme
Maccarone : Et approuvé. Parce que, comme j'ai dit, on peut
transmettre plein de rapports, mais, si ce n'est pas le bon rapport, si c'est
un rapport rendu, que c'est transmis, puis, à la réception, on dit que ce n'est
pas approuvé, il y a de l'information manquante, ce n'est pas conforme, on peut
transmettre, dans le fond, n'importe quoi. Puis, encore une fois, je ne dis pas
que c'est... je me fie de la bonne foi des gens qui vont faire ceci, c'est une
question de... regarde, on parle d'éthique, déontologie, on parle de conflits d'intérêts,
on parle vraiment de faire des choses d'une façon qui est juste, alors, à
quelque part, je questionne si ce n'est pas nécessaire de mettre aussi
«approuvé», parce que, bon, là, on est des élus ici, nous, on sait que c'est
important que le DGE approuve les rapports. Je peux soumettre plein de
rapports, je peux soumettre des rapports pour mon association...
Mme Maccarone : …alors, à
quelque part, je questionne si ce n'est pas nécessaire de mettre aussi
«approuvé», parce que, bon, là, on est des élus ici, nous, on sait que c'est
important que le DGE approuve les rapports. Je peux soumettre plein de
rapports, je peux soumettre des rapports pour mon association, mais il y a,
quelque part… c'est important qu'ils soient approuvés par le DGE. Voilà.
Mme Laforest : En fait, dans
la phrase… Oui, est-ce que je peux… Je ne sais pas si, quand c'est
indiqué : «L'inéligibilité d'un candidat indépendant élu cesse toutefois
le jour de la transmission du rapport financier constatant l'acquittement des
dettes», ça veut comme mentionner que, s'il y a un constat de l'acquittement
des dettes, à ce moment-là, le rapport fait foi de tout. Je ne sais pas, on
voit ça comme ça. Me Paradis, vous?
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
C'est qu'en somme il n'y a pas d'approbation faite par un tiers à l'égard du
rapport. C'est une déclaration, c'est un rapport qui est fait par, dans ce
cas-ci, le candidat indépendant, disant : J'ai acquitté l'ensemble de mes
dettes, puis il va faire sa démonstration dans le rapport en question. Qui plus
est, en vertu de 492.1 de la LERM, il est prévu, par ailleurs, que le rapport
de dépenses doit être signé par, dans ce cas-ci, le candidat indépendant et
accompagné d'une déclaration de celui-ci selon la forme prescrite par le DGE.
Il y a une déclaration comme quoi le tout est conforme. Bien entendu, s'il
s'avère qu'il commet une fausse déclaration, bien là, ça va s'inscrire dans les
manquements, les infractions à titre de manoeuvre électorale frauduleuse, là…
qu'il ne respecte pas les obligations qui lui sont imparties dans la loi, là,
donc… Mais il n'y a pas d'approbation par un tiers qui est effectuée, là.
Mme Maccarone : Merci.
La Présidente (Mme Boutin) :
Avez-vous d'autres interventions? Mme la députée de Vaudreuil, allez-y.
Mme Nichols : …puis je le
comprends puis je présume que c'est déjà comme ça, là, que ça fonctionne depuis
un petit bout de temps, mais la transmission du rapport constatant
l'acquittement de toutes les dettes, là… ça fait que «constatant», là, c'est
juste la signature, là, qui vient valider que les dettes ont été acquittées,
là, c'est juste la signature au bas du rapport. Parce qu'il n'y a pas
nécessairement… tu sais, dans le fond, on vient présumer que c'est vérifié,
acquitté, que c'est…
Mme Laforest : Bien, en fait,
moi, je pense que c'est bien expliqué, de dire que le rapport… en fait, le
rapport doit constater l'acquittement des dettes, le rapport doit le constater.
Donc, s'il n'y a pas acquittement des dettes, le rapport ne peut pas être
signé, c'est logique, si on va le voir dans le rapport. Puis c'est bien indiqué
que, selon le rapport, si les dettes sont acquittées, on signe le rapport, tout
est correct. Normalement, c'est une procédure normale.
«Il doit être accompagné des factures, des
reçus et des autres pièces justificatives ou de copies certifiées conformes de
ces documents ainsi que d'une liste de ceux-ci.» Ah! c'est bien… Il manquait le
petit bout. Merci, Me Delisle. Il manquait…
Mme Nichols : Définitivement,
là, c'est plus rassurant de savoir que les justificatives, là, qui conforment…
Mme Laforest : …elle doit être
accompagnée des factures, des reçus, des autres pièces justificatives ou de
copies certifiées conformes de ces documents ainsi que d'une liste de ceux-ci.
Il manquait le petit bout Merci, Me Delisle.
Mme Nichols : Définitivement,
là, c'est plus rassurant de savoir qu'il y a les pièces justificatives
conformes, oui, il manquait ce petit bout là. Merci beaucoup.
Mme Laforest : Merci.
La Présidente (Mme Boutin) :
Avez-vous d'autres interventions? Non. S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 4 par appel nominal. Mme
la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire
: Mme Boutin
(Jean-Talon)
La Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, l'article 4 est adopté. Maintenant, je vais avoir besoin de
votre consentement…
Mme Nichols : Mme la Présidente,
juste avant que vous demandiez le consentement, je voulais juste avoir le
rapport des dépenses puis le petit complément d'information qu'on a apporté,
c'était à 492.1 de la LERM… 492 de la LERM. Merci. Je m'excuse.
La Présidente (Mme Boutin) : Il
n'y a pas de problème. Maintenant, je vais avoir besoin de votre consentement
pour suspendre les articles, dans les trois prochaines mesures, je vais vous
nommer les articles. Alors, j'ai besoin de votre consentement pour suspendre
les articles 28, 29, 30, 31, 38, 40, 32, 33, 34, 35, 36, 82, 31.1 et 75.1.
Est-ce que j'ai votre consentement? Il y a un petit…
Mme Laforest : …
La Présidente (Mme Boutin) :
Pardon?
Mme Laforest : 75.2.
La Présidente (Mme Boutin) :
Mais c'est 75.2, mais on m'a dit qu'il y avait un petit enjeu de numérotation.
C'est maintenant 75.2. Alors, c'est… en fait, le 75.2 a été renuméroté en 75.1,
c'est bien ça, ce qu'on me dit, juste être sûre de suspendre le bon article.
Parfait. C'est le même article. Est-ce que j'ai votre consentement?
Des voix
: Consentement.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Alors, nous pouvons maintenant poursuivre avec l'article 93.1 qui est
un nouvel article. Mme la ministre, je vous invite à en faire la lecture.
Mme Laforest : Oui, alors nous
avons discuté des articles qui touchent la modification du régime de paiement
des frais de défense des élus municipaux. Alors, l'article 93.1 : Insérer,
après l'article 93 du projet de loi, l'article suivant… J'aimerais ça lire
l'article 93, si vous êtes d'accord.
(Consultation)
La Présidente (Mme Boutin) :
On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 19)
La Présidente (Mme Boutin) :
C'est reparti. Alors, Mme la ministre, je vous réinvite à nous présenter l'article
93.1.
Mme Laforest : Oui :
93.1. Insérer, après l'article 93 du projet de loi, l'article suivant :
93.1. L'article 604.6 de cette loi est modifié
:
1° par l'insertion, après le deuxième
alinéa, du suivant :
«Les frais engagés en vertu du deuxième
alinéa doivent être proportionnels à la nature et à la complexité de la
procédure visée.»;
2° par l'ajout, à la fin du troisième
alinéa, de la phrase suivante : «Elle est aussi dispensée de ces obligations
dans le cas d'une poursuite de nature criminelle, tant que la poursuite n'est
pas retirée ou rejetée ou que la personne n'est pas acquittée par un jugement
passé en force de chose jugée.»
Alors, cet amendement apporte deux
modifications au régime de paiement des frais de défense des élus et
fonctionnaires municipaux prévu dans la Loi sur les cités et villes.
D'une part, l'amendement propose de
prévoir certaines balises pour mieux définir la notion de frais raisonnables
pouvant être payés ou remboursés par une municipalité au bénéfice de l'élu ou
de l'employé qui fait l'objet d'une poursuite pour un geste posé dans
l'exercice de ses fonctions. L'amendement vient préciser que ces frais doivent être
proportionnels à la nature et à la complexité de la procédure visée, de façon à
éviter, par exemple, certaines situations où le régime de remboursement est
utilisé abusivement pour multiplier les recours coûteux devant les tribunaux,
parfois sans motifs juridiques valables au soutien de ceux-ci, et dans le but,
par exemple, de retarder l'application d'une décision de première instance ou
de faire durer une procédure le plus longtemps possible.
• (16 h 20) •
D'autre part, l'amendement vient prévoir
qu'un élu ou un employé municipal ne peut bénéficier d'un régime de protection
s'il fait l'objet d'une poursuite criminelle pour un geste posé dans l'exercice
de ses fonctions. Dans un tel cas, le régime devient applicable seulement si la
poursuite est retirée ou rejetée ou si la personne est acquittée par un
jugement passé en force de chose jugée. Cette modification est inspirée du
régime de remboursement des frais de défense des élus provinciaux prévu dans la
Loi sur l'Assemblée nationale, qui prévoit une telle application conditionnelle
du régime à l'égard des poursuites criminelles.
L'article 604.6, tel qu'il se
lirait :
604.6. Toute municipalité doit :
1° assumer la défense d'une personne
dont l'élection comme membre du conseil de la municipalité est contestée, ou
qui est le défendeur ou l'intimé dans une procédure dont est saisi un tribunal,
et qui est fondée sur l'allégation de l'inhabilité de la personne à exercer la
fonction de membre du conseil, de fonctionnaire ou d'employé de la municipalité
ou d'un...
Mme Laforest : …dont l'élection
comme membre du conseil de la municipalité est contestée ou qui est le
défendeur ou l'intimé dans une procédure dont est saisi un tribunal et qui est
fondée sur l'allégation de l'inhabilité de la personne à exercer la fonction de
membre du conseil, de fonctionnaire ou d'employé de la municipalité ou d'un
organisme mandataire de celle-ci;
2° assumer la défense ou la
représentation, selon le cas, d'une personne qui est, soit le défendeur,
l'intimé ou l'accusé, soit le mis en cause, dans une procédure dont est saisi
un tribunal et qui est fondée sur l'allégation d'un acte ou d'une omission dans
l'exercice des fonctions de la personne comme membre du conseil, fonctionnaire
ou employé de la municipalité ou d'un organisme mandataire de celle-ci;
Alors : 3° assumer la défense d'un
membre du conseil qui fait l'objet d'une demande en vertu de l'article 312.1 de
la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités(chapitre
E-22).
Si la personne assume, elle-même ou par le
procureur de son choix, cette défense ou représentation, la municipalité doit
en payer les frais raisonnables. La municipalité peut toutefois, avec l'accord
de la personne, lui rembourser ces frais au lieu de les payer.
Les frais engagés en vertu du deuxième
alinéa doivent être proportionnels à la nature et à la complexité de la
procédure visée.
La municipalité est dispensée des
obligations prévues aux deux premiers alinéas, dans un cas particulier, lorsque
la personne renonce par écrit pour ce cas, à leur application. Elle est aussi
dispensée de ces obligations dans le cas d'une poursuite de nature criminelle,
tant que la poursuite n'est pas retirée ou rejetée ou que la personne n'est pas
acquittée par un jugement passé en force de chose jugée.
Pour l'application de la présente section,
on entend par :
1° «organisme mandataire» : tout
organisme que la loi déclare mandataire ou agent de la municipalité et tout
organisme dont le conseil est composé majoritairement de membres du conseil de
la municipalité, dont le budget est adopté par celle-ci ou dont le financement
est assuré pour plus de la moitié par celle-ci;
2° «tribunal» : outre son sens
ordinaire, un coroner, un commissaire-enquêteur sur les incendies, une
commission d'enquête ou une personne ou un organisme exerçant des fonctions
quasi judiciaires.
Alors, l'objectif de cet article, assurer
un équilibre entre le risque de poursuite inhérent à la charge d'élu et la
capacité de la municipalité à assurer une partie de ce risque. Nous voulons
décharger la municipalité de la responsabilité d'assumer d'emblée les frais de
défense des élus dans les cas de poursuite criminelle ou d'abus de procédure.
Alors, l'article 604.7 de la Loi sur les
cités et villes prévoit actuellement qu'une municipalité peut réclamer le
remboursement des frais de défense qu'elle a versé à un élu municipal lorsque
celui-ci a été déclaré coupable dans le cas d'une procédure de nature
criminelle ou pénale.
Pour tenir compte de la gravité des
infractions qui peuvent être en cause, l'article 607.6 de la Loi sur les cités
et villes est modifié afin de prévoir que dans le cas d'une poursuite
criminelle, les frais de la défense et les frais judiciaires ne seraient payés
que si la poursuite a été retirée ou rejetée, ou que, si la personne a été
acquittée par un jugement passé, en force de choses jugé…
Mme Laforest : ...qui peuvent
être en cause. L'article 604.6 de la Loi sur les cités et villes est
modifié afin de prévoir que dans le cas d'une poursuite criminelle, les frais
de la défense et les frais judiciaires ne seraient payés que si la poursuite a
été retirée ou rejetée, ou que si la personne a été acquittée par un jugement
passé en force de choses, jugé ou a été libéré.
En outre, l'article 604.6 de la Loi sur
les cités et villes est également modifié pour préciser que la municipalité est
tenue de payer des frais raisonnables, étant entendu que cette notion ne vise
pas uniquement les honoraires facturés en fonction du travail effectué, mais
également l'ensemble des honoraires facturés pour toutes les procédures d'une
cause proportionnellement aux circonstances d'une affaire. Ainsi, une municipalité
estimant qu'une demande en contrôle judiciaire est déraisonnable pourrait
refuser d'assumer les frais de défense de l'élu.
Alors, le régime applicable aux députés de
l'Assemblée nationale prévoit une mesure similaire en ce qui concerne les
procédures criminelles ou pénales. Ça, c'est... on parle de la Loi sur l'Assemblée
nationale, l'article 85.2. Certains tribunaux se sont déjà prononcés en
faveur de cette interprétation au niveau des frais raisonnables. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, Mme la ministre. Alors, y a-t-il des interventions? Mme la députée de Vaudreuil,
à vous la parole.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Ou bien, en fait, tu sais, des questions, là, mais c'est
surtout, là, beaucoup de précisions, là, puis d'information. Entre autres, là,
je vais commencer avec les termes, là, qui méritent de... oui, c'est ça, bien,
d'être précisés ou je m'en allais dire d'être encadrés, là. Puis je vais y
aller tout de suite comme ça. Quand on dit : «Les frais engagés en vertu
du deuxième alinéa doivent être proportionnels...», «proportionnels», tu sais,
c'est comme si on dit «frais raisonnables», «délai raisonnable»,
«proportionnels», tu sais, «proportionnels», on se fierait sur quel motif pour
accepter ou refuser en fonction qu'on se dit que c'est proportionnel ou pas?
Parce qu'on sait, là, souvent, chaque dossier a sa complexité, là, chaque
dossier, ça fait que là, on va se dire : Bien, lui, ce dossier-là... Puis,
tu sais, comme, même là, là, «la complexité de la procédure visée», il y a des
procédures qui sont plus complexes, mais on l'évalue comment? Tu sais, ça fait
qu'il y a la nature du dossier, il y a l'aspect personnel aussi, là, du
dossier, là, qui s'y rattache. Ça fait que c'est pour ça je trouve que c'est...
tu sais, je comprends où on s'en va, mais je ne comprends pas comment on va
faire pour évaluer tout ça, là. La façon que c'est libellé, comme ça, ça donne
juste beaucoup de place à interprétation. Puis, dans le fond, quand on
interprète, on est souvent déjà rendu devant le juge, là.
La Présidente (Mme Boutin) : Mme
la ministre, oui, allez-y.
Mme Laforest : Bien, la notion
«proportionnel», je vais laisser Me Paradis l'expliquer, parce qu'évidemment,
«proportionnel», on parle toujours de... c'est du cas par cas, en fait. Donc,
«proportionnel» voudrait dire du cas par cas, Me Paradis, si on se fie à
cette notion-là? Parce que chaque dossier est différent, c'est un cas d'espèce,
donc c'est en...
Mme Laforest : ...parce qu'évidemment
«proportionnel», on parle toujours de... c'est du cas par cas, en fait. Donc,
«proportionnel» voudrait dire du cas par cas, Me Paradis, si on se fie à
cette notion-là, parce que chaque dossier est différent, c'est un cas d'espèce,
donc c'est en proportion de la situation des frais encourus.
C'est peut-être bon de mentionner le pourquoi
de cet article-là, quand même. Au départ, Mme la Présidente, c'est qu'on sait
très bien que, parfois, il y a des frais, puis je vais dire le mot sur le bout
des lèvres, «déraisonnables», par rapport à certains élus qui vivent... qui ont
subi des causes et qui sont reconnus parfois responsables ou coupables. Donc,
ce sont tous les citoyens qui paient pour les frais de défense à ce moment-là.
Donc, dans la loi, c'était important de mentionner depuis le début que ce n'est
pas aux citoyens de payer pour les frais d'avocat encourus. C'était vraiment
une demande, ça, récurrente que les frais d'avocat ne soient pas à la
responsabilité des citoyens.
Donc, l'article ici vient quand même, si
je peux dire, donner une orientation différente, dans le sens que les élus qui
sont reconnus coupables, bien, à ce moment-là, il y a des frais qui ne seront
pas défrayés par la municipalité.
La Présidente (Mme Boutin) :
Me Paradis.
Mme Laforest :
«Proportionnel», Me Paradis, c'est le cas par cas, mais c'est... Oui.
• (16 h 30) •
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Il est tout à fait juste, là, que cette rédaction-là s'inscrive dans une
logique... c'est une situation d'appréciation au cas par cas qui doit être
effectuée par la municipalité. Ça se veut, en somme, une codification d'une
règle jurisprudentielle qui a été reconnue. La loi à l'article 604.6
prévoit déjà, au deuxième alinéa, que si la personne assume elle-même ou par le
procureur de son choix cette défense ou représentation, la municipalité doit en
payer les frais raisonnables. Ça, c'est le volet raisonnable. Et, après ça, on
ajoute le côté proportionnel selon la nature... à la nature et complexité de la
procédure visée. C'est le volet qui est ajouté par la jurisprudence. Il y a une
décision qui a été rendue en 2020 par la Cour supérieure, là, en lien,
justement, avec une cause en éthique où, là, il y avait, disons, la
procédure... les coûts avaient été engagés de manière vraiment très grande.
Puis c'est... la cour en conclut, je le résume comme ça, c'est que ce n'est pas
un régime avec un puits sans fin, là, ça, là. Il y a des paramètres en termes
de raisonnabilité, oui, du taux horaire, mais également de l'ensemble des
sommes qui sont assumées par rapport au manquement reproché, par rapport à la
nécessité qui est requise pour véritablement se défendre. On sait que,
lorsqu'on prend un recours judiciaire, il y a différents moyens qui existent.
On peut prendre différents moyens, des recours interlocutoires, différentes
requêtes pour avoir pour effet de prolonger le processus de manière indue.
Malheureusement...
16 h 30 (version non révisée)
M. Paradis (Nicolas) : …nécessité
qui est requise pour véritablement se défendre. On sait que, lorsqu'on prend un
recours judiciaire, il y a différents moyens qui existent. On peut prendre
différents moyens, des recours interlocutoires, différentes requêtes qui… bien,
pour avoir pour effet de prolonger le processus de manière indue,
malheureusement. Et… laisser cette… dans le fond, cette appréciation et
codifier cette règle que la jurisprudence a reconnue. C'est déjà ce qui était
présent, mais là, on le met dans la loi pour que ce soit clair et que ce ne
soit plus appuyé uniquement sur la jurisprudence des décisions rendues, mais
c'est une appréciation au cas par cas. On ne peut pas…
Mme Nichols : Oui, mais qui
l'apprécie? C'est qui qui va faire l'appréciation du cas par cas?
M. Paradis (Nicolas) : La municipalité
va l'apprécier en fonction de la situation. Il y a autant de dossiers… Il y a
différents types de manquement. Il y a différents contextes. Donc, c'est une
appréciation qui doit se faire par la municipalité.
Mme Nichols : …
La Présidente (Mme Boutin) :
Vous pouvez continuer.
Mme Nichols : Oui, j'attendais
le… Moi, je suis tout à fait d'accord, Mme la ministre, à l'effet que, tu sais,
il faut intervenir, là, il faut faire quelque chose, là. On l'a vu dans les
dernières années. Puis je le dis sans vouloir vexer les municipalités, mais on
a vu le cas de Terrebonne, là, qui… hein, c'est des recours assez onéreux. Là,
je ne sais pas à quelle jurisprudence on fait référence, mais je vais aller… je
vais les regarder là, évidemment. On fait référence… il y en a plusieurs.
Puis c'est vrai, là, qu'il faut venir
encadrer ça. Ça, je suis 100 % d'accord avec ça, parce que ce n'est pas nécessairement…
Si ce n'est pas dans le cadre des fonctions de l'élu ou même si c'est de
nature, entre autres, là, criminelle, là, tu sais, ce n'est pas au citoyen, là,
de payer ces frais-là. Parce que là on comprend que c'est les frais pour l'élu municipal,
mais aussi les frais pour le fonctionnaire municipal, là. Alors, ça peut monter
assez vite puis ça peut être… ça peut faire mal dans un budget… dans le budget
de la municipalité.
Mais là où j'ai problème, c'est que
l'appréciation viendrait des villes. Par le temps que ça se rende à la
municipalité, il y aura peut-être un changement de… ou il y aura peut-être un
changement au niveau du conseil municipal, au niveau du maire puis il y aura
peut-être soit une fermeture complète ou sinon, si c'est le… Si la personne qui
suit, tu sais, c'était le dauphin ou la personne qui avait été sélectionnée par
l'autre d'avant, là, ça sera peut-être le contraire, là, il y aura peut-être le
plat de bonbons dans lequel on pourra piger facilement.
Ça fait que je trouve que cette
appréciation-là… ou je trouve qu'on donne beaucoup de latitude à la
municipalité. Puis c'est là où je me demande, on ne peut pas venir… il n'y a
pas une façon où on pourrait peut-être venir encadrer ça. Puis je le sais que
c'est délicat, là, puis, tu sais, c'est… mais c'est flou, c'est flou comme
notion. Mais, tu sais, on s'entend qu'à la fin, là, on ne veut pas que ça soit
les citoyens qui aient à débourser pour des défenses ou…
Mme Nichols : …puis je le sais
que c'est délicat, là, puis, tu sais, c'est… mais c'est flou, c'est flou comme
notion. Mais, tu sais, on s'entend qu'à la fin, là, on ne veut pas que ça soit
les citoyens qui aient à débourser pour des défenses ou…
Ça fait que, là, j'essaie de réfléchir,
là, rapidement à une façon qu'on pourrait encadrer le tout, parce que, tu sais,
même… pour mieux définir la notion de frais raisonnables, tu sais. Qu'est-ce
qui est des frais raisonnables, tu sais? Si le meilleur avocat est à 450 $
de l'heure mais qu'on se dit : Il est peut-être un peu cher, je vais
prendre le moins bon à 150 $, tu sais, ce n'est pas… Ça fait qu'il y a
plein d'aspects, là, comme ça, là, de frais raisonnables ou de choses
proportionnelles, là, qui m'embêtent pas juste un peu, là, beaucoup.
Est-ce que la… Parfait, là, pour le
proportionnel, mais je vais revenir, là, ça m'embête trop. Mais on dit que
c'est l'appréciation cas par cas puis qu'il y a eu une règle jurisprudentielle.
Est-ce qu'on tient compte, entre autres, de cette règle jurisprudentielle là
pour introduire cette notion-là? Puis, quand on fait référence, entre autres, à
la complexité de la procédure, c'est quoi, la complexité de la procédure? C'est
si… C'est quoi, la complexité de la procédure, quand on fait référence à la
complexité? On l'évalue comment, si la procédure est simple ou complexe? Là, en
partant, une procédure judiciaire, il n'y a jamais rien de simple.
Mme Laforest : La complexité
de la procédure, honnêtement… Vous pouvez y aller, Me Paradis? Qu'est-ce que
vous auriez proposé à ce moment-là? Ce serait quoi…
Mme Nichols : Bien, je voulais
savoir, parce qu'on dit que… dans le deuxième… on dit : «Les frais engagés
en vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la nature et à la
complexité de la procédure visée.» Bon, on peut peut-être commencer par la
nature, là. Je présume que… bien, je vais vous laisser… j'ai une idée, là,
quelle est la nature, puis après ça on s'en va avec la complexité de la
procédure visée.
La Présidente (Mme Boutin) :
Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Bien, tout d'abord, la décision qui a été rendue, celle que j'évoque, là, mais
il peut y en avoir d'autres, là, c'est Béliveau c. Municipalité de Lacolle, une
décision rendue en 2020, là, par la Cour supérieure. Dans ça, le tribunal avait
dit qu'il ne remettait pas en question le fait que les honoraires ont été
facturés correctement pour des services effectivement rendus par les avocats du
demandeur. Mais là il insistait : «Il ne suffit pas de démontrer que les
honoraires facturés relèvent du travail effectué ou que ce travail a été utile,
il faut démontrer que les honoraires sont raisonnables et proportionnels dans
les circonstances.» Comme je vous dis, c'est vraiment la règle
jurisprudentielle, et l'exemple qui permet bien de l'imager, selon moi, le juge
disait : «En prenant compte de l'objet du litige, replacé dans le contexte
du dossier et du fait que le demandeur a dépensé à ce jour 139 000 $,
il ne serait aucunement raisonnable et proportionnel de dépenser une somme
additionnelle de 22 000 $ de deniers publics pour éviter au demandeur
de rembourser 913 $.» Alors là…
M. Paradis (Nicolas) : ...le
juge disait : «En prenant compte de l'objet du litige, replacé dans le
contexte du dossier, et du fait que le demandeur a dépensé à ce jour 139 000 $,
il ne serait aucunement raisonnable et proportionnel de dépenser une somme
additionnelle de 22 000 $ de deniers publics pour éviter au demandeur
de rembourser 913 $.»
Alors là, il y a une démonstration, on
regarde c'est quoi, la conséquence, c'est quoi, les coûts que veut... qui
seraient inhérents au recours judiciaire. Puis là c'est une appréciation que
fait le conseil municipal. Dans ce cas-ci, c'est : Est-ce que ça vaut la
peine de dépenser 22 000 $ pour vous éviter, conseiller municipal ou
élu municipal, d'assumer 913 $ de... Il y a une proportionnalité de
conséquence versus remède qu'on souhaite assurer, régime de défense, pour
garder un équilibre entre les deux.
Ça fait c'est ce que la jurisprudence dit,
tout ça dans l'objectif premier de garder quand même l'équilibre, que le régime
de défense, il n'est pas là pour rien, il est là pour protéger les élus, pour
éviter que ceux-ci, que les individus, les citoyens se sentent... à défaut d'un
tel régime, ne soient pas suffisamment encouragés à se présenter, parce qu'ils
devraient assumer tous les risques par leur patrimoine personnel, là.
Ça, c'était pour un des volets de la
question de Mme la députée. Le deuxième volet, je ne suis pas sûr que j'y ai
répondu, par contre. Si, peut-être, elle pourrait... Si vous pouviez la
reposer, là.
Mme Nichols : Mais oui. Il y
avait, tu sais, la proportionnalité, là. Ça, je pense que vous avez fait la
lecture, là, dans la jurisprudence, puis ce que je comprends, c'est que les
montants dépensés relativement à la conclusion recherchée, c'est ce que je
comprends qui...
M. Paradis (Nicolas) : C'est
effectivement l'exemple que... C'est le cas concret, là. Écoutez, c'est le...
Mme Nichols : C'est la
municipalité qui va apprécier ça, pour autoriser ou pas la dépense... bien,
autoriser le...
M. Paradis (Nicolas) : Non.
Non, pas pour autoriser. C'est pour la question du paiement, effectivement.
Mme Nichols : Le remboursement
du...
M. Paradis (Nicolas) : Parce
qu'à la base, dans le fond... Il faut remettre ça dans le contexte du régime.
Dans le fond, le droit est créé d'office, à avoir cette défense-là lorsqu'on
entre dans l'une ou l'autre des situations évoquées à l'article 604.6. Donc,
dès lors qu'on est poursuivi pour un acte commis dans l'exercice de nos
fonctions d'élu, le régime de frais de défense s'applique. Donc, la personne a
droit au remboursement de ses frais de défense.
Après ça, quelle est la hauteur du
remboursement qui peut être effectué, c'est là qu'entre en jeu ce qui était
déjà dans la loi, la raisonnabilité des frais, et par ailleurs, ce qui a été
ajouté et qui a été consacré par la jurisprudence au préalable, la
proportionnalité de ces frais eut égard à la nature et à la complexité de la
procédure visée. Donc, c'est l'équilibre qui est fait comme ça. Donc, ce n'est
pas une question, je paie... je décide, moi, municipalité, de rembourser ou
non, ou d'assumer une partie ou... d'assumer les frais de défense ou pas.
Mme Nichols : Les frais
engagés.
M. Paradis (Nicolas) : Là,
c'est à l'égard de la proportionnalité, la partie qui peut être engagée. C'est
là qu'est l'appréciation dans ce cas-ci. Mais le régime, à la base, il
s'applique. Comme dans l'exemple que je vous ai soumis. Dans le fond, il y
avait 139 000 $, dans la cause, qui avaient déjà été assumés par la
municipalité, mais là il y avait une appréciation...
M. Paradis (Nicolas) : …les
frais de défense ou pas, là c'est à l'égard de la proportionnalité, la partie
qui peut être engagée, c'est là qui est l'appréciation dans ce cas-ci. Mais le
régime à la base, il s'applique, comme dans l'exemple que je vous ai soumis,
dans le fond, il y avait 139 000 $, dans la cause qui avait déjà été
assumée par la municipalité, mais là il y avait une appréciation pour des
montants supplémentaires, 22 000 $ qui était demandé pour 913 $
qui aurait été assumé par l'élu, là.
Mme Nichols : Oui, mais ça,
c'est parce qu'on a quantifié, là, le montant de 913 $, il y a un montant
quantifié. Mais il y a beaucoup de recours, entre autres, je donne un exemple,
là, tu sais, l'élu pourrait se retrouver avec une poursuite pour une affaire de
ponceau, où il n'y a pas nécessairement de montant de déterminé. Puis là on
ferait comment pour déterminer, par exemple, la proportionnalité ou ce serait
quoi, la référence? Ça fait que, tu sais, c'est un peu plus facile dans cette
jurisprudence-là de l'élaborer, mais sinon…
La Présidente (Mme Boutin) :
Excusez-moi de vous interrompre. Je dois vous interrompre, je pense qu'il y
avait consentement pour suspendre les travaux momentanément, à
16 h 40, il est 16 h 40 momentanément. Alors, ça tient
toujours? Je suis désolée de vous interrompre, je cherchais une petite craque.
On va suspendre.
(Suspension de la séance à 16 h 40)
17 h (version non révisée)
(Reprise à 17 h 18)
La Présidente (Mme Boutin) :
Alors, c'est reparti. Lors de notre suspension, nous en étions à une discussion
qui avait été entamée par Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui.
La Présidente (Mme Boutin) :
Je vous avais interrompue, mais je vous invite à poursuivre.
Mme Nichols : C'est correct,
c'était pour les bonnes raisons. C'est bien correct, Mme la Présidente. Oui, je
reviens, j'avais une discussion, entre autres, à savoir, «les frais engagés en
vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la nature et la
complexité de la procédure visée». On donnait l'exemple, par exemple, là, de
Béliveau contre la municipalité de Lacolle, en 2020, où il y avait un montant
chiffré puis on était capable de dire, là, que, bien, ce n'est pas
proportionnel, là, pour une facture de 917 $ ou 931 $, dépenser
22 000 $, tu sais, ce n'est pas raisonnable. Mais quand ce n'est pas
quantifié comme ça, je me demandais comment on fait. Tu sais, l'appréciation du
cas par cas, bien, un, là, ce que je comprends, c'est que c'est la municipalité
qui va faire l'appréciation du cas par cas, mais je me disais, est-ce qu'il y a
des paramètres, est-ce qu'il y a des lignes sur lesquelles on peut se fier, des
barèmes ou…
La Présidente (Mme Boutin) :
Me Paradis, voulez-vous y aller?
• (17 h 20) •
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Bien, il n'y a pas de barème déterminé, quantifié, comme une charte, là, parce
qu'il y a tellement de cas possibles et imaginables, que ce n'est pas déterminé
en ce sens-là. Je me dois… je peux juste répéter que c'est du cas par cas, malheureusement,
et… Mais aussi réitérer, puis c'est comme ça, hein, que même dans cette cause-là,
que la municipalité… la cause à laquelle je référais, eux l'avaient appliqué
sous cet angle-là et ils avaient énoncé que les sommes qui étaient réclamées
n'étaient pas proportionnelles. Donc, le milieu municipal connaissait déjà
cette notion-là et voulait l'appliquer, cet angle-là. C'est sûr que, là, ils
avaient été confrontés, dans un tel cas, à une poursuite disant : Non,
non, il faut que tu les assumes, les frais, mais, bon, la Cour supérieure est
venue reconnaître, là, cette possibilité qu'a… pour la municipalité d'apprécier
le tout avec la proportionnalité. C'est sûr que quand on est capable de le
quantifier avec des montants, plus facile, l'exemple que je vous donnais était
clair à cet égard-là, évident à cet égard-là. Puis dans les autres situations,
bien, ils vont pouvoir l'apprécier quant à la nature ou peut-être, on pourrait
dire, même, la nature, et l'évidence du manquement, et l'importance de
celui-ci.
Je pourrais prendre un exemple simple,
supposons qu'on est dans une dynamique…
M. Paradis (Nicolas) : …bien,
ils vont pouvoir l'apprécier quant à la nature… ou peut-être, on pourrait dire,
même, à la nature, et l'évidence du manquement, et l'importance de celui-ci.
Je pourrais prendre un exemple simple,
supposons qu'on est dans une dynanique d'un manquement éthique pour… parce que
le code interdit la réception d'un don qui serait, même, de valeur infime,
mettons, 250 $. Ça peut être gros ou pas, là, peu importe, là, 250 $.
La personne avait reçu ce don-là, c'est factuel, c'est démontré, la preuve est
claire, la personne est condamnée par la commission municipale, et s'en suit
une série de recours, contrôles judiciaires et… devant la Cour supérieure. Et,
pour différentes raisons, en appel, la décision de la Cour supérieure, Cour
suprême, la proportionnalité liée à la complexité de la chose n'est peut-être
pas présente. On comprend que là, j'ai encore un montant, mais peu
importe le montant, la complexité n'était peut-être pas à ce point claire. Sans
doute, ça ne se rendra pas à la Cour suprême si c'est simple, là, mais c'est
pour ça que c'est vraiment toute une série d'appréciations liée au contexte. Et
on donne aussi ainsi à la municipalité le soin de l'apprécier, là. C'est la
municipalité qui va l'apprécier aussi face à ce qui lui est présenté comme
demande de remboursement, par ailleurs.
Mme Nichols : Bien, c'est la
partie qui m'inquiète, c'est la partie qui m'inquiète, qu'on demande à la
municipalité de l'apprécier, parce qu'elle va apprécier, mettons, cette demande
de remboursement de frais de son prédécesseur, oui, ça peut être le
prédécesseur, là, je vais donner l'exemple de la ville de Terrebonne, là. Ça
fait que c'est cette notion-là, tu sais, de dire : Bien, on était dans la
même équipe, puis c'est vrai, il veut se défendre, il peut piger dans le plat
de bonbons, on va tout autoriser, ou de dire : Hé! Non, lui, c'était mon
adversaire, puis je l'ai battu, puis, tu sais, ce n'est pas vrai que… Ça fait
que, tu sais, c'est cette partie-là que…
Parce que… je vais… il y a deux aspects,
là, superimportants, puis c'est vrai, là, c'est important, ces articles-là, là.
Puis même je vais être franche avec vous, là, moi, après avoir pris
connaissance, entre autres, là, de ce qui se passait à la ville de Terrebonne,
je voulais même déposer un projet de loi à l'Assemblée nationale sur ces
articles-là, parce que je voyais une problématique, là, je trouvais, là, qu'il
fallait les amener. Ça fait que je suis bien contente qu'ils soient dans le
présent projet de loi, parce que, tu sais, il faut faire… je pense qu'il faut
protéger. Il y a une double protection à avoir, là, tu sais, il faut protéger
le citoyen pour ne pas qu'il se ramasse avec des factures qui… parce que c'est
le citoyen qui paie au bout de la ligne, ça fait que… Mais aussi il faut
protéger les élus qui sont de bonne foi, parce que je pense que, des fois, puis
on ne se le cachera pas, il y en a, là, des procédures, là, frivoles, là,
contre certains élus. Ça fait que, tu sais, je pense qu'il faut protéger les
élus. Puis, si je ne me trompe pas, là, tant le Code municipal que la Loi sur
les cités et villes, là, eux autres, ils prévoient, entre autres, ce
mécanisme-là pour protéger les élus puis pour protéger les fonctionnaires
municipaux en cas de poursuite. Ça, c'est clair.
Mais, s'ils sont poursuivis en raison…
Mme Nichols : ...qu'il faut
protéger les élus. Puis, si je ne me trompe pas, là, tant le Code municipal que
la Loi sur les cités et villes, là, eux autres, ils prévoient, entre autres, ce
mécanisme-là pour protéger les élus puis pour protéger les fonctionnaires municipaux
en cas de poursuite. Ça, c'est clair.
Mais, s'ils sont poursuivis en raison soit
d'un acte ou soit d'une omission dans l'exercice de leur fonction, bien, c'est
clair que la municipalité... Tu sais, ce que ça dit, là, le mécanisme dit, là,
c'est qu'un ou l'autre, soit l'élu ou le fonctionnaire, si c'est dans le cadre
de leur fonction, bien, c'est la municipalité qui doit assumer la défense, qui
doit payer les frais de défense, puis, si cette personne-là, elle se représente
elle-même, ça sera l'avocat de son choix. Ça, c'est clair.
Puis là ce que je comprends, c'est qu'on
vient justement, là, entre autres, là, légiférer autour de ça parce que cette
règle-là était d'application automatique. Je suis d'accord, c'est là que je la
vois, la problématique, puis que... Tu sais, la municipalité, là, elle ne peut
pas nécessairement porter de jugement pour l'éventuelle culpabilité ou responsabilité
de l'élu ou du fonctionnaire, ça fait que je ne le sais pas, j'ai de la misère
à mettre la municipalité dans la boucle, là, pour lui dire : Bien, tu vas
apprécier ou pas tout ça. Ça fait que je ne suis pas certaine... tu sais, la problématique,
je la vois, mais je ne suis pas certaine qu'on la libelle de la même façon. Peut-être
est-ce que vous pourriez m'expliquer pourquoi, tu sais, pourquoi qu'on vient de
le légiférer comme ça, l'article 604.6?
Mme Laforest : Pourquoi on
vient le légiférer comme ça?
Mme Nichols : Oui, pourquoi on...
Oui, mais, en fait, expliquez-moi l'objectif, là, de l'apporter comme ça. Est-ce
que c'est parce qu'on... Mais je ne veux pas soumettre mes hypothèses, là, parce
que peut-être que ce n'est pas ça non plus, mais... Pourquoi on intervient, on
va... à la base, là, pour on intervient ici?
Mme Laforest : Pourquoi l'article,
en fait, propose ces interventions? Pour peut-être mieux préciser, en fait,
c'est que, depuis le début, on le sait très bien, puis de par le passé, qu'il y
a certaines causes que ce sont les citoyens qui doivent défrayer les coûts,
veux veux pas, là, pour des causes qui sont entendues à des manquements, là, de
certains conseillers, ou des maires, ou des mairesses, peu importe, là, c'est
pour les élus municipaux. Donc, la question, on va la poser autrement :
Pourquoi ce sont les citoyens qui payeraient?
L'autre, votre question à savoir où donner
des... certains... des noms de municipalité, puis là c'est certain qu'on ne
ciblera pas des municipalités parce que ça touche toutes les municipalités. Et,
en plus, dans l'interrogation que vous avez, bien, si on regarde l'ajout qui a
été fait, là, ça répond à votre questionnement, parce qu'on dit : Par
l'ajout, à la fin du troisième alinéa, de la phrase suivante : «Elle est
aussi dispensée de ses obligations dans le cas d'une poursuite de nature
criminelle.» Donc...
Mme Laforest : ...municipalité,
et, en plus, dans l'interrogation que vous avez, bien, si on regarde l'ajout
qui a été fait, là, ça répond à votre questionnement. Parce qu'on dit :
Par l'ajout, à la fin du troisième alinéa de la phrase suivante, elle est aussi
dispensée de ses obligations dans le cas d'une poursuite de nature criminelle.
Donc, quand on parle de nature criminelle, bien, à ce moment-là, tous les frais
sont assumés par, si je peux dire, l'élu fautif. Donc, c'est pour ça qu'on l'a
ajouté aussi, pour qu'on ait la notion de poursuite criminelle si c'est le cas.
Maintenant, la première des raisons, c'est, un, que les citoyens n'assument pas
les frais des élus municipaux. Ça, on en entend parler depuis le début. Puis
l'autre chose aussi qu'on touche, les causes de nature criminelle, bien,
c'était important de voir que c'est l'élu qui est responsable de sa faute s'il
est reconnu coupable pour payer lui-même les frais de défense.
Mme Nichols : On fait
référence, là... évidemment, vous avez parlé, là, de la nature, là, quand c'est
criminel ou quand c'est civil. Elle est aussi dispensée de ses obligations dans
le cas d'une poursuite de nature criminelle tant que la poursuite n'est pas
retirée ou rejetée ou que la personne n'est pas acquittée par un jugement passé
en force de chose jugée. Dans le fond, là, les frais vont être remboursés...
c'est parce que, là, on parle, là, le remboursement des frais de l'élu ou du
fonctionnaire municipal. Les frais vont être remboursés à quel moment? Est-ce
qu'au fur et à mesure de la dépense... Puis je sais que ça avait été traité
dans... je sais que ça a été traité, là, dans des dossiers, là. Les frais vont
être remboursés à quel moment? À la fin? On assume dès le début? Est-ce que ça
dépend de la nature, si c'est civil ou si c'est criminel? Comment ça
fonctionne?
Mme Laforest :
Me Paradis, peut-être, vous pourriez y aller, mais c'est... tant que le
jugement n'est pas... et les frais ne sont pas complétés... Parce que durant la
cour, c'est impossible. Donc, c'est à la fin que les montants seront remboursés
s'il y a faute commise.
• (17 h 30) •
M. Paradis (Nicolas) : Il y
a... Merci, Mme la Présidente. Effectivement, il y a différents cas de figure,
des situations où ça peut être une facturation qui arrive à la toute fin puis
qu'à ce moment-là la municipalité va payer sur demande de remboursement. La
nuance est importante, c'est en fonction de la nature du recours ou de la
poursuite. S'il s'agit d'une poursuite criminelle, alors, à ce moment-là, avec
l'amendement qui est apporté, la modification par le deuxième alinéa, l'élu
visé par la poursuite criminelle assumera tous les frais de sa défense jusqu'à
ce qu'il y ait le résultat final. S'il devait être condamné et reconnu
coupable, il assume entièrement la totalité des frais, ne peut rien demander à
la municipalité. Par contre, s'il devait être acquitté de l'acte reproché et
que celui-ci avait, bien entendu, un lien avec l'exercice de ses fonctions,
bien, à ce moment-là, il pourra demander un remboursement des frais assumés à
la municipalité suivant les paramètres qui existent dans le régime. En matière
civile...
17 h 30 (version non révisée)
M. Paradis (Nicolas) : …municipalité.
Par contre, s'il devait être acquitté de l'acte reproché et que celui-ci avait,
bien entendu, un lien avec l'exercice de ses fonctions, bien, à ce moment-là,
il pourra demander un remboursement des frais assumés à la municipalité suivant
les paramètres qui existent dans le régime. En matière civile, la municipalité
assume la défense ou la représentation. Il y a différents cas, bien entendu, et
elle peut l'assumer, puis il peut y avoir de la facturation en cours de route,
là, tout comme ça pourrait être à la fin tout simplement, là, c'est une
question comment l'élu organise le tout avec son avocat en termes de
facturation, là.
Mme Nichols : Puis au niveau
criminel… bien, un, c'est sûr, je comprends, là, il faut que ça soit, quand
même, qu'il y ait un lien dans le cadre de ses fonctions pour… dans le fond, on
ne… on ne le paye au fur et à mesure, on attend à la fin le jugement. Même s'il
y a un lien dans le cadre de ses fonctions, on attend à la fin. À la fin, s'il
y a acquittement, l'élu ou le fonctionnaire peut se retourner vers la municipalité
puis dire : Bien, ça m'a coûté tant. Puis il peut se faire rembourser. Ça,
c'est ce que je comprends au niveau criminel.
Au niveau civil, est-ce que, dès le début,
si l'élu ou le fonctionnaire démontre que c'est dans… c'est en lien, entre
autres, avec ses fonctions, donc, est-ce que, dès le début, les frais sont
assumés au fur et à mesure ou on va se rendre à la fin pour avoir le jugement
pour décider si on rembourse ou pas? Puis est-ce que c'est là qui va rentrer,
entre autres, la notion de… tu sais, ou est-ce que c'est là qui va rentrer la
notion de «proportionnel» puis de «complexité de la procédure», puis c'est là
que la municipalité pourrait intervenir avec son jugement ou en fait, avec la
discrétion qu'on lui donne?
M. Paradis (Nicolas) : Bien,
je vous dirais, sa discrétion, elle peut l'utiliser à tout moment, là.
Mme Nichols : La municipalité?
M. Paradis (Nicolas) : Elle va
l'exercer, effectivement, dans le cadre de… lorsqu'elle va effectuer le
remboursement, elle va assumer sa… je vais le dire autrement qu'en termes de
discrétion, plutôt son appréciation parce que ce n'est pas tellement une
discrétion qu'une appréciation de la situation liée à son obligation. Elle a
l'obligation d'assumer les frais raisonnables… et dans la mesure… avec la
proportionnalité qu'on évoque, c'est une obligation. Elle aura une appréciation
de la situation, c'est pour ça… c'est quand même une obligation formelle
d'assumer les frais raisonnables et proportionnels. Ça fait qu'elle ne pourra
pas aller en bas de ces conditions-là et… de sorte que… imaginons la situation,
on a la facture à la toute fin du litige en civil, elle le reçoit, elle
l'apprécie une seule fois, ça va bien. C'est le cas facile. On aurait la
situation en cours de route, le litige s'échelonne sur deux ans,
trois ans parce qu'il peut y avoir différents recours subséquents à la
décision de première instance, et puis là elle pourrait avoir assumée… elle
pourrait avoir une demande qui lui est faite, elle pourrait décider de
l'assumer tout de suite : Bon, j'ai 20 000 $ pour le recours de
première instance, je l'assume. Je regarde, frais raisonnables, proportionnels,
oui, il n'y a pas de problème, je l'assume. Là, où est-ce qu'elles se rendent
compte que c'est en Cour d'appel, ça s'inscrit toujours dans la
proportionnalité, ils peuvent l'assumer. Puis s'il se trouve, tantôt, que là
ils regardent la situation…
M. Paradis (Nicolas) : …elle
pourrait avoir une demande qui lui est faite et elle pourrait décider de
l'assumer tout de suite. Bon, j'ai 20 000 $ pour recours… une
première instance, je l'assume, je regarde : Très raisonnable,
proportionnel. Oui, il n'y a pas de problème, je l'assume. Là, on se va rendre
compte que c'est en Cour d'appel. Ça s'inscrit toujours dans la
proportionnalité, ils peuvent l'assumer, puis, s'ils se trouvent tantôt… Puis
là, ils regardent la situation, un peu comme le cas que j'évoquais un peu plus
tôt, que c'était une demande de facture supplémentaire, 22 000 $ qui
était demandé, pour sauver 913, bien là, c'est l'appréciation qui est faite, il
va dire : Bien, non, non! Là, ça excède les paramètres de mon obligation
d'assumer frais raisonnables et proportionnalité.
Mme Nichols : Ça fait qu'en
cours de route, là, c'est ça, bien, c'est… en cours de route, la municipalité
pourrait dire : Ah bien là, c'est plus proportionnel, puis elle pourrait
utiliser son pouvoir discrétionnaire pour dire : Bien là, je n'assume plus
les frais?
M. Paradis (Nicolas) : Elle va
pouvoir effectivement l'utiliser, oui. C'est une appréciation de la loi à ce
moment-là, effectivement.
Mme Nichols : Oui, oui, oui!
Puis ça permettra soit à l'élu ou au fonctionnaire tout de même de se retourner
puis de dire : Bien non, tu continues à assumer, je présume, parce que
c'est dans le cadre de mes fonctions, puis c'est ça que ça coûte, puis c'est ça,
la procédure, puis je n'ai pas le choix, il faut que je continue, je… Parce
qu'il ne peut pas arriver puis dire: Bien là, non, on n'assume plus, puis, tu
sais, tu es en plein milieu de la procédure, ou la municipalité dit : On
avait budgété 50 000 $ cette année dans le cadre d'une procédure,
puis là, bien, tu sais, ta procédure, tu es rendu à 75 000 $, là, on
arrête. Je veux dire, c'est… tu sais, c'est sûr. Moi, c'est cette partie-là,
là, où… qui m'inquiète.
M. Paradis (Nicolas) : Ce
n'est pas nécessairement une question de : J'ai budgété tant, là, parce
que, s'ils ne budgètent pas assez eu égard à leur obligation de raisonnabilité
des frais et proportionnalité, la municipalité a quand même son obligation. Par
contre, elle va l'apprécier. Puis ça ne coupe pas les recours que peut avoir
l'élu, là, concerné, là. Supposons qu'il va en première instance, perd en
première instance, décide de prendre un recours en contrôle judiciaire devant
la Cour supérieure, puis là, la municipalité considère que ce n'est pas… des
coûts de la sorte, c'est disproportionné eu égard à la situation, dit : Je
n'assume pas les coûts requis pour le contrôle judiciaire, bien là, à ce
moment-là, l'élu municipal aura le choix, il décidera : Je continue avec
mes propres fonds, parce que je considère que j'ai un excellent recours et je
veux continuer la cause. Il assumera le tout puis… ou il dira : Bon, bien,
dans les circonstances, je ne vais plus de l'avant. Mais la municipalité, au
moins, aura apprécié le tout. Dans la mesure qu'elle l'aura apprécié
correctement, elle n'aura pas de sommes supplémentaires à verser par la suite.
Mme Nichols : Bien, je veux
dire, je comprends que, tu sais, la seule limite, dans le fond, là, c'est que
les frais soient raisonnables. Ça, tu sais, je la comprends, là, cette
limite-là, mais je trouve que… tu sais, je trouve que c'est un peu pas… je ne
veux pas dire malhabile, là, mais c'est un peu délicat de donner ce contrôle-là
discrétionnaire à la municipalité. C'est plus cette partie-là…
Mme Nichols : …ça, tu sais, je
la comprends, cette limite-là, mais je trouve que c'est un peu… pas, je ne veux
pas dire malhabile, là, mais c'est un peu délicat de donner ce contrôle-là
discrétionnaire à la municipalité. Ça fait que c'est plus cette partie-là qui
m'embête au niveau civil, tu sais, au niveau criminel, je pense que d'autre
nature, là, la nature criminelle, puis j'aurai peut-être d'ailleurs un petit commentaire
relativement au criminel, mais je veux juste finir le civil, là. Au niveau
civil, je ne sais pas, j'ai un malaise de donner cette discrétion-là, mais d'un
autre côté, je suis d'accord qu'on ne peut pas mettre non plus…
Mme Laforest : Il n'y aurait
pas d'autre moyen non plus autrement que de le faire comme ça. C'est la
meilleure, comment je pourrais dire, c'est la meilleure manière d'appliquer ces
mesures-là, parce qu'autrement on n'arriverait pas à dire… je ne sais pas
comment on pourrait changer cette procédure-là, parce que veux veux pas, il
faut que ce soit la municipalité qui prenne la décision, ça fait qu'on ne peut
pas prendre des mesures ET prendre des décisions pour la municipalité au niveau
civil. Donc ça, on laisse aux municipalités le soin d'apprécier puis, au niveau
criminel, bien là, à ce moment-là, c'est un autre… mais il n'y aurait pas
d'autre manière de fonctionner, c'est ça que je disais tantôt, quelle manière
vous auriez prévue, parce que c'est assez délicat, là?
Mme Nichols : Mais si on
arrive au criminel, là, je vais donner… si on compare les deux, le criminel,
civil, là, tu sais, la municipalité ne paie pas au criminel si, à la fin, là,
il est acquitté puis il y a un lien avec le poste d'élu ou le poste de
fonctionnaire, la municipalité va rembourser. Mais, tu sais, tout le long du
processus, là, la ville ne sera pas intervenue pour dire que ce n'était pas
proportionnel puis… alors que là, au civil, bien, la municipalité va suivre le
dossier puis, à un moment donné, elle peut dire : Là, non. Mais c'est pour
ça que je me dis, si je fais la comparaison entre le criminel puis le civil,
puis je ne dis pas qu'il y en a un moins important que l'autre, ce n'est pas ça
que je dis, là, au contraire, ce que je dis, c'est que le criminel, on prévoit
qu'elle ne peut pas rien dire, ça fait que c'est pour ça que je me dis, au
civil, ça ne pourrait pas être la même chose, on ne pourrait pas arriver à la
fin, au civil, puis dire : Si tu remplis tel, tel, tel…
Mme Laforest : Bien, il faut quand
même être très, très prudent parce que la notion de protéger l'élu dans ses
fonctions est toujours applicable, là. Ça fait que si, admettons, on va dans ce
sens-là, on enlève la possibilité de protéger les élus, au même titre que les
députés, là, au niveau de la protection des députés, évidemment. Ça fait que
c'est certain, l'aspect qui est… l'avancement qui est avec l'article 93.1,
c'est vraiment au niveau des poursuites criminelles, c'est vraiment une
avancée. Et évidemment ajouter la notion des municipalités qui peuvent
intervenir dans des causes au niveau civil, bien, c'est important aussi, parce
que les municipalités peuvent le faire, mais, maintenant, c'est vraiment
indiqué clairement avec la notion, autant civil que criminel, ça fait que c'est
sûr que ce sera beaucoup plus applicable et mieux défini, si je peux dire. Maintenant,
c'est vraiment… il faut laisser l'appréciation…
Mme Laforest : …parce que les municipalités
peuvent le faire, mais maintenant, c'est vraiment indiqué clairement avec la
notion autant civile que criminelle. Ça fait que c'est sûr que ça sera beaucoup
plus applicable et mieux défini, si je peux dire. Maintenant, c'est vraiment…
il faut laisser l'appréciation, comme Me Paradis disait tantôt à la
municipalité, parce qu'on va toujours, toujours avoir la notion de cas par cas.
Ça fait que, même si on essaie de l'appliquer autrement, on a évalué des
situations, et c'est toujours des cas différents. Donc, l'appliquer d'une
manière qui serait toujours la même procédure ou encore les mêmes obligations.
Pour les municipalités, on n'arrivait pas parce qu'évidemment on s'entend que
c'est toutes les causes sont différentes et c'est toujours du cas par cas.
C'est pour ça qu'on l'applique de cette manière-là dans l'article.
• (17 h 40) •
Mme Nichols : Bien, la
comparaison entre le criminel puis le civil, là, le niveau, là, d'intervention
de la municipalité dans les deux procédures est quand même… tu sais,
l'intervention de la municipalité est quand même différente. Puis je ne veux
pas dire que c'est meilleur une procédure au criminel ou… je ne veux pas dire
qu'une procédure est meilleure que d'autres, là. Ce n'est ni un ni l'autre, là…
C'est bien, bien, le fun, surtout quand tu es partie à ce litige-là, mais, tu
sais, ce que je veux dire, c'est que le… Bien, je ne sais pas si c'est clair,
là, de la façon que je l'exprime, mais, tu sais, c'est qu'au niveau criminel,
on attend vraiment, là, le jugement ou, en fait, on attend l'acquittement. À
partir du moment où il est acquitté, on se retourne vers la ville puis on a
juste à démontrer qu'on était dans le cadre de nos fonctions. Dans le cadre de
mes fonctions, je suis acquitté, puis là on rembourse les frais. Mais dans le
cadre civil, même si c'est dans le cadre de nos fonctions, ce n'est pas comme
ça, là. C'est que, tu sais, en cours de route, on peut arriver, puis je vais te
donner un exemple, là… Bien, c'est vrai qu'au niveau… que c'est criminel pénal,
peut-être un peu plus, parce que… Bien non, criminel, il y a quand même des frais
qui sont… mais non, les deux, il y a des frais, là, en bout de ligne. Ça fait
que, tu sais, même… Puis au niveau civil, c'est ça. Tu sais, à la fin, on peut
se retrouver que la municipalité va avoir décidé de payer 75 % des cas
parce qu'en cours de route il va avoir payé, mais à un moment donné, il va
avoir décidé d'arrêter de payer, puis c'est correct. Je veux dire, c'est ça
qu'on veut.
Mme Laforest : D'arrêter de
payer?
Mme Nichols : Bien oui, si la…
Mme Laforest : Répétez votre
question… voir.
Mme Nichols : Oui, si en cours
de route, là, la municipalité au civil, là, elle dit : Bien là… parce
qu'on leur donne une… si on leur une discrétion relativement à la
proportionnalité. Ça fait qu'en cours de route on leur dit… on dit à la
municipalité : Bien, tu peux intervenir, là, tu peux décider que, bien là,
c'est assez, là, tu sais. La municipalité va décider que là, c'est
disproportionné, c'est exagéré.
Mme Laforest : La
municipalité, oui, va l'apprécier. Puis il ne faut pas oublier que la Cour
supérieure est venue quand même reconnaître la notion de proportionnalité
d'apprécier les cas par cas. Ça fait que ça, étant donné que la Cour supérieure
a vraiment jugé l'importance de reconnaître les situations de…
Mme Laforest : …la municipalité,
oui, va l'apprécier. Puis il ne faut oublier que la Cour supérieure est venue
quand même reconnaître la notion de proportionnalité d'apprécier les cas par
cas. Ça fait que ça, étant donné que la Cour supérieure a vraiment jugé
l'importance de reconnaître les situations de cas par cas, c'est pour ça qu'il
faut laisser quand même l'appréciation à la municipalité… de le faire. Si la
municipalité décide d'arrêter de payer les frais, Me Paradis, à ce moment-là,
il faut que ce soit une décision de la municipalité par résolution, là. Puis ce
qu'on souhaite, c'est vraiment que tous les citoyens du Québec ne paient pas
pour des situations et des causes extrêmes. Qu'est-ce qu'on vient faire, c'est
qu'on vient dire justement : Vous êtes élus, vous êtes autant… Si je peux
dire, autant élus municipaux qu'au niveau administratif également. Vous faites
une cause…
Mme Nichols : Oui, mais au
civil, là, si à la fin… est condamné, puis que la municipalité a payé les frais
au fur et à mesure, on fait quoi?
Mme Laforest : Bien, c'est à
la municipalité de prendre la décision puis de… de prendre la décision au
niveau des frais de défense. Est-ce qu'on paie les frais de défense? Est-ce que
l'élu doit en payer 50 %? Donc, c'est la décision qui revient à la ville,
là. Si la ville le décide : Oui, vous avez raison. Si la ville prend la
décision, bien, c'est la décision de la ville qui sera reconnue à ce moment-là.
Mais on ne peut pas appliquer un cadre normatif ou un cadre légal ou un cadre
habituel qui se passerait toujours de la même manière avec certaines causes,
parce que… Bref, c'est vraiment différent pour chaque…
Mme Nichols : Bien, c'est pour
ça que je… Dans le fond, là, ce que je fais, là, je cherche à cerner c'est
quoi, l'intention, là. C'est quoi, l'intention? Est-ce que c'est… C'est quoi,
l'intention de les mettre ici?
Mme Laforest : Bien…
Mme Nichols : L'intention,
est-ce que c'est quand il y a un acquittement, puis c'est dans le cadre des
fonctions, on rembourse, que ça soit criminel ou que ça soit civil? Ou on se
dit : Bien, non, même s'il y a acquittement,
le… — voyons — le conseil municipal — parce que
c'est le municipal, là — le conseiller municipal, là…
Mme Laforest : La résolution,
hein?
Mme Nichols : …qui va prendre
la décision par résolution.
Mme Laforest : Oui.
Mme Nichols : Bien, le conseil
municipal va dire… va venir mettre, bien, tu sais, non, c'est disproportionné,
on ne paiera pas. C'est pour ça, tu sais, je cherche à cerner, là, c'est quoi,
là, l'intention en arrière de ça, c'est de le rembourser… Moi, je vous le dis
d'emblée, moi, si je pense que c'est dans le cadre de ses fonctions que l'élu a
pris une décision de bonne foi puis qu'à la fin, il est acquitté, tu sais,
qu'il n'est pas retenu, tu sais, sa faute n'est pas en jeu puis… bien là, qu'on
le rembourse 100 %. Le conseil municipal ne pourra pas dire : Bien,
c'est disproportionné. Il a quand même fait les démarches. Il l'a prouvé puis…
Mme Laforest : Je suis en
train de voir, Me Paradis, ce n'est pas à l'article 93.2 qu'on aborde
ces questions-là? Parce qu'en fait c'est sûr que vous dites : Pourquoi on
a fait ces articles-là? Oui, il y a les raisons que j'évoquais tout à l'heure,
mais, en même temps, c'est important de voir qu'on vient comme…
Mme Laforest : …je suis en
train de voir, Me Paradis, ce n'est pas l'article 93.2 qu'on aborde ces questions-là?
Parce qu'en fait c'est sûr que… Vous dites : Pourquoi on a fait ces
articles-là? Oui, il y a les raisons que j'évoquais tout à l'heure, mais, en
même temps, c'est important de voir qu'on vient comme… on vient faciliter le remboursement
des élus qui sont coupables. Donc, étant donné qu'on l'applique pour toutes les
municipalités du Québec, la notion de remboursement aux municipalités sera beaucoup
plus rapide si on le fait comme ça. Donc, coupable pour des poursuites
criminelles, bien, c'est obligatoire que l'élu rembourse au complet ou…
Mme Nichols : Non coupable.
Mme Laforest : Pardon?
Mme Nichols : Non coupable.
Mme Laforest : Non coupable?
Coupable, s'il est coupable, il faut qu'il rembourse les frais de défense…
Mme Nichols : Ah oui, O.K.…
Mme Laforest : Oui, c'est ça.
Ça fait que donc, évidemment que, si on vient… Je pense que qu'est-ce qui va
faciliter, qui va aider, ça va être vraiment la notion de remboursement, les
frais de remboursement seront beaucoup plus rapides à ce moment-là. Et quand
c'est, en plus, une notion criminelle, bien la, l'élu rembourse au complet, tu
sais. Ça fait que je pense que c'est délicat. Honnêtement, c'est très, très
délicat, mais en même temps, le but, c'est que ce ne soit pas les citoyens qui
paient pour la culpabilité.
Mme Nichols : Bien, j'ai un
malaise, parce que ce que je comprends, c'est que, quand même, là, le conseil
municipal va avoir une discrétion de rembourser ou pas le montant total. On
invite des gens à s'impliquer en politique puis on leur dit : Bien, ça se
peut que. Tu sais, ça se peut que tu aies une poursuite contre toi, même si tu
fais des gestes de bonne foi, puis sache que ça se pourrait qu'on ne te
rembourse pas tes frais à 100 %, qu'il y ait une petite discrétion par… tu
sais, c'est… À moins que ça ne soit pas ça, là, à moins que vous nous dites que
je…
Mme Laforest : Bien, c'est
parce que, là, on parle d'élu et d'employé municipal aussi, là, ça fait que
c'est quand même important de voir que tout ce qui se passe dans les
municipalités serait mieux défini avec les articles comme ça s'il y a faute
soit d'un élu ou soit d'un employé municipal. Ça fait qu'en même temps je pense
qu'on le dit toujours, hein, on n'a pas droit… bien, surtout les élus, on n'a
pas droit à l'erreur, on doit avoir des comportements assez dans le cadre de
nos fonctions. Bien, maintenant, c'est sûr que s'il y a une cause de nature
criminelle, bien, l'élu est responsable, puis, en même temps, autant pour
l'employé municipal aussi. S'il y a un employé municipal qui est reconnu
coupable au niveau criminel, bien, il va payer tous les frais de défense. Ça
fait que c'est quand même important de voir que, maintenant, les citoyens ne
sont plus responsables des erreurs commises.
Mme Nichols : Mais au niveau
criminel, est-ce que le conseil municipal pourrait dire : Je ne rembourse
pas tout non plus? Est-ce qu'il pourrait dire : C'est disproportionné puis
je vais rembourser 50 % de la facture? Je veux dire, on choisit…
Mme Laforest : Bien, la notion
d'appréciation reste, oui, c'est la municipalité, la notion d'appréciation
reste, sauf que, là, je pense qu'on vient… c'est certain, mais je ne suis pas
sûre que la municipalité protégerait un élu qui est reconnu coupable au niveau
criminel, là. Mais si la municipalité décide, c'est l'appréciation qui a été
reconnue ici.
Mme Nichols : Quand c'est
criminel, là, la municipalité ne paie pas. Elle va payer…
Mme Laforest : ...c'est
certain, mais je ne suis pas sûr que la municipalité protégerait un élu qui est
reconnu coupable au niveau criminel, là. Mais si la municipalité décide, c'est
l'appréciation qui a été reconnue ici.
Mme Nichols : Quand c'est
criminel, là, la municipalité ne paie pas. Elle va payer, à la fin, s'il est
acquitté, tu sais, s'il est non coupable.
Mme Laforest : S'il est
coupable... S'il est non coupable, oui. O.K., oui.
Mme Nichols : S'il est non
coupable, oui, c'est ça, c'est juste ça. Ça fait que s'il est non coupable, la municipalité
va payer. Mais ici, la municipalité, ce qu'elle pourrait dire, bien, c'est
disproportionné, les... parce qu'il avait pris un avocat à 600 $ de
l'heure, alors qu'il aurait pu en prendre un à 300 $. Mais il a gagné, par
exemple, il est non coupable. Bien, c'est disproportionné, on va...
Mme Laforest : Oui, aussi, la
même chose.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci.
Mme Nichols : Oh! boy.
La Présidente (Mme Boutin) :
C'est tout le temps qu'on avait pour Mme la députée de Vaudreuil. Je céderais
la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Moi, je veux
revenir un peu, là, quand on parle de protéger les citoyens, puis je comprends
que c'est ça, le but, parce qu'on ne veut pas que les citoyens paient pour des
frais qui sont exorbitants, etc. Ça fait que je comprends la nature de ça. Mais
pour réutiliser l'exemple de Me Paradis, si, par exemple, ils avaient jugé que
c'était approprié de rembourser le 22 millions pour la facture de
913 $, c'est quoi, le recours pour le public? Parce que si, le but, c'est
vraiment de dire que nous allons protéger le public d'avoir à défrayer ce genre
de facture, c'est quoi, le recours? Est-ce qu'ils vont pouvoir... Est-ce qu'il
y a un règlement? Est-ce qu'ils vont pouvoir interpeller la ministre ou le
ministère?
• (17 h 50) •
Si, mettons, la municipalité, parce que
c'est à leur appréciation, décide que... bien, nous, on décide que nous allons
rembourser ceci. Malgré que, quand on fait la comparaison dans les coûts, bien,
M., Mme Tout-le-monde vont juger que... Parce qu'il me semble aussi, à moins
que je ne m'abuse de la façon que ça fonctionne, tout ça, c'est voté au conseil
municipal. Ça fait que c'est quand même public, puis le public verra que le
conseil municipal va voter à rembourser les frais de 22 millions de
dollars pour le conseil municipal, qui a encouru ces frais suite à quelque
chose qui était pour un don qu'il a reçu, qu'il n'avait pas soulevé,
215 $, puis là c'est devenu quelque chose... Mais ils ont dit : Oui,
nous, on dit que... notre appréciation, c'est, on va le rembourser. Le public
fait quoi suite à ça?
Parce que je pense qu'on a utilisé ceci
comme exemple parce qu'on juge que... Évidemment, ce n'est pas comparable, la
proportion de ceci, c'est injuste. Alors, c'est quoi, le recours du public pour
dire : Excusez-moi, mon conseil municipal, je ne comprends pas pourquoi
qu'ils ont voté pour ça, c'est clair que ce n'est pas proportionnel? C'est
quoi, le recours? Qu'est-ce qu'ils pourront faire, eux : Ça, ce n'est pas
correct, puis je questionne cette décision qui est prise?
La Présidente (Mme Boutin) : Mme
la ministre.
Mme Laforest : Oui, bien, je
suis en train de discuter au niveau... Parce qu'il y a toujours possibilité de
contestation...
Mme Maccarone : ...eux pour
dire : Ça, ce n'est pas correct, puis je questionne cette décision qui est
prise.
La Présidente (Mme Boutin) : Mme
la ministre.
Mme Laforest : Je suis en
train de discuter au niveau... parce qu'il y a toujours possibilité de
contestation. Maintenant, on est en train de chercher un exemple qui pourrait
répondre à la question, parce que oui, il y a toujours la possibilité de
contester. Maintenant...
Tantôt, à la question aussi, juste pour
bien expliquer, puis ça va peut-être aussi aller dans le même sens, parce que
oui, il y a possibilité de contestation, mais, en même temps, je donne un
exemple, là, quand on dit que les citoyens... la municipalité ne pourrait pas
être en accord, par exemple, quand que la personne est reconnue non coupable au
civil. Puis on avait l'exemple tout à l'heure, admettons, d'un élu ou d'un
employé municipal qui décide de prendre... d'engager ou de se faire défendre
par le meilleur avocat de la province du Québec, par exemple, et ça coûte,
admettons, je ne sais pas combien au niveau des frais honoraires. Ça fait que
c'est sûr qu'à ce moment-là la municipalité pourrait dire : O.K., il est
non coupable, mais, en même temps, il a pris l'avocat le plus dispendieux de la
municipalité ou de la...
Ça fait que c'est certain que même... pour
répondre à la question, même si la personne est reconnue non coupable, mais les
frais étaient exorbitants, alors... C'est pour ça que c'est important, quand
même, de laisser la notion d'appréciation.
Maintenant, si, admettons, les citoyens ne
sont pas d'accord, les citoyens peuvent contester, Me Paradis, à ce
moment-là, puis...
M. Paradis (Nicolas) : Sur les
volets de légalité et non pas d'appréciation d'opportunité politique, on
s'entend, là, mais s'il se trouvait qu'une municipalité n'avait pas respecté la
loi dans l'exercice de ses pouvoirs, un citoyen peut prendre un recours en
nullité d'une décision prise. Je vais prendre un exemple simple, là, supposons
une personne se voit défendre... prend... est accusée, plutôt fait l'objet
d'une poursuite et considère que cette affaire... l'élu considère que cette
affaire doit être défendue par une armada d'avocats, se prend un bureau
complet, 10, 15 avocats séniors qui décident de le défendre, je prends... c'est
un exemple excessif, mais juste pour bien l'illustrer, puis que la
municipalité, le résultat ultime, c'est que, dans le fond, c'est une facture de
600 000, 700 000 pour une cause extrêmement simple qui, autrement,
avec un avocat normal, aurait coûté 5 000 $, j'exagère, mais c'est
juste pour l'illustrer, bien, dans un cas comme ça et que la municipalité
considère que c'est raisonnable, fort est à parier qu'un citoyen qui prendrait
un recours en nullité dirait : Écoutez, c'est une mauvaise application de
la loi, et la municipalité doit assumer les frais raisonnables. Là, est-ce
que... Et là il y aurait une appréciation par un juge à ce moment-là, la situation...
Le citoyen a un recours dans un cas comme ça.
Mais c'est une question de respect de la
loi et non pas une question d'opportunité, là, d'aller de l'avant, là. Ça,
c'est le propre du conseil lorsque c'est une question d'opportunité...
M. Paradis (Nicolas) : …là,
est-ce que, là, il y aurait une appréciation par un juge, à ce moment-là de la
situation? Le citoyen a un recours dans un cas comme ça. Mais c'est une
question de respect de la loi et non pas une question d'opportunité, là,
d'aller de l'avant, là. Ça, c'est le propre du conseil, lorsque c'est une
question d'opportunité.
Mme Maccarone : C'est ça, je
pense que ça m'amène la question, puis je comprends tout à fait ce qui est
expliqué en ce qui concerne… c'est vraiment cas par cas. Mais sans encadrement,
est-ce que nous ne sommes pas à risque d'avoir des tels cas, ou l'inverse?
Parce que je comprends aussi, à quelque part, on veut aussi protéger les élus,
c'est très important, ainsi que les employés, c'est sûr, je comprends tout à
fait. Mais ça amène la question de c'est quoi, le juste milieu pour
s'assurer que nous n'avons pas des tels cas. Tu sais, on est tous assujettis à
tout ce qui se passe dans les médias, on est sous la loupe tout le temps, puis
je comprends.
Encore une fois, je sais qu'on le répète
souvent, mais on y croit, à la bonne foi des gens, mais, tu sais, c'est quand
même… c'est subjectif. Ce n'est pas objectif tout le temps, souvent, c'est
subjectif, quand on parle d'une telle affaire. On parle beaucoup de conflits
d'intérêts, c'est mon collègue autour de la table, puis, oui, à quelque part,
je veux le protéger, mais, quand il prend des décisions, ça ne prend pas une
balise, un encadrement, quelque chose?
Comme ça m'amène à une question : Si
jamais le conseil municipal décide de ne pas voter en faveur, c'est quoi, le
recours pour l'élu? Et est-ce qu'il y a un temps limite à faire une demande de
remboursement ou à ce recours aussi? Parce que, tu sais, à chaque quatre ans,
on a des élections. Est-ce qu'il y a quelque chose à l'intérieur de ceci comme
une balise ou un encadrement, que ce serait nécessaire? Parce que qu'est-ce qui
arrive si, admettons, ils disent : Non, nous on juge… non, notre
appréciation, nous ne voulons pas vous rembourser? Alors, qu'est-ce que l'élu
devrait faire dans ce cas-ci? Étant donné que l'élu dit : Bien, moi, je
pense que c'est proportionnel, puis moi, je pense, tu sais, dans la mesure du
possible, que je devrais être remboursé, c'est raisonnable, puis vous ne m'avez
prévenu au courant du processus que votre appréciation serait : Non, on ne
rembourse pas ça, malgré que je vous ai avisés que moi, j'engage tel avocat ou
l'armada des avocats, comme il était évoqué. Mais si, mettons, je fais l'exposé
de qu'est-ce que moi, je veux faire à ma défense, puis ils me disent : On
n'est pas rendus là, on n'est pas rendus au vote, mais rendu après que je vous
ai avertis, comme collègue, que j'ai l'intention de faire ceci comme processus,
puis là vous votez contre, vous dites : Non, on n'a pas l'intention de
vous rembourser. Qu'est-ce qu'il fait, cet élu-là, malgré que cette personne
pense qu'il est protégé à l'intérieur de cet article?
Mme Laforest : À ce moment-là,
il y a un délai de trois ans qui doit être… le recours peut aller jusqu'à
trois.
Mme Maccarone : Toujours aux
frais de cette personne, c'est l'élu en question…
Mme Maccarone : …pense qu'il
est protégé à l'intérieur de cet article?
Mme Laforest : À ce moment-là,
il y a un délai de trois ans qui doit être… le recours peut aller jusqu'à trois
ans.
Mme Maccarone : Toujours aux
frais de cette personne? C'est l'élu en question qui devrait défrayer les coûts
pour le recours aussi?
Mme Laforest : O.K. Bien,
c'est parce que, là, j'entendais la question : Combien de temps a la
personne, admettons, pour avoir recours…
Mme Maccarone : Mais c'est
deux questions.
Mme Laforest : Oui, c'est ça.
Le délai, c'est vraiment… les recours, c'est jusqu'à trois ans.
Mme Maccarone : Et trois ans
aussi pour demander le remboursement auprès du conseil?
Mme Laforest : C'est trois ans
aussi, Me Paradis, pour demander le remboursement? Bien là, c'est sûr qu'on
vient l'appliquer dans la loi. Je ne sais pas si, à ce moment-là… Est-ce que
c'est le même trois ans, si on vient l'ajouter ici, au niveau criminel ou…
M. Paradis (Nicolas) : Bien,
la question du trois ans, c'est la question de la prescription usuelle dans le
droit civil, là, c'est : quand on a un droit, on a trois ans pour faire
valoir notre droit, tout simplement, là. Ça fait qu'on n'a pas de prescription
particulière, en droit municipal, à l'égard de ça, et… Ça fait que c'est
l'application de la loi avec le délai de prescription usuel prévu par la loi
pour faire valoir nos droits.
Mais, si vous me permettez, ce régime-là,
il existe depuis 1996, là, tel quel, là, avec quelques ajustements à la marge
en termes de bonification, et là ce qui est apporté par l'amendement, ce sont…
ça s'inscrit dans des ajustements comme ça. La notion de frais raisonnables ne
pose pas de problème, là, n'avait jamais posé de problème. Plus encore, c'était
appliqué avec une notion de proportionnalité, la cour l'a reconnu. Alors là, ici,
on veut juste s'assurer que la législation suive le courant jurisprudentiel
pour éviter des écarts, parce que ça s'inscrit dans la logique souhaitée.
Et donc, pour les questions de
remboursement, ça suit… dans le fond, les gens… l'élu qui a sa facture, lui, il
ne tardera pas, là, il n'attendra pas trois ans pour envoyer sa demande à la municipalité
pour être payé s'il y a droit, il va envoyer sa demande. Si la municipalité
refuse, qu'elle soit en bon ou mauvais droit, puis que l'élu, lui, se croit
justifié de prendre un recours, bien, il évaluera ses chances de prendre un
recours puis il prendra son recours avec les règles de prescription
habituelles. Mais, s'il se trouve qu'il perd, bien, il va assumer tout aussi,
il va assumer tous ses frais, là, puis… Mais ça, c'est le droit civil comme à
l'égard de toutes les lois, à vrai dire, là. Lorsqu'un droit est reconnu, il y
a les moyens de le faire exercer, s'il est exercé injustement par les
tribunaux.
• (18 heures) •
Mme Maccarone : Mais, de
votre appréciation, ce n'est pas, peut-être, important de peut-être considérer
d'avoir un règlement, peut-être, en ce qui concerne, peut-être, le budget de la
ville en question, parce qu'on ne veut pas aussi qu'il y ait un vote pour…
Admettons, mon budget, c'est 100 millions, et j'ai un recours qui
représente 1 % de mon budget. On ne devrait pas avoir un remboursement des
frais juridiques? On ne devrait pas avoir un règlement, quelque chose, quelques
balises, quelques précisions qui vont encadrer…
18 h (version non révisée)
Mme Maccarone : …qui représente
1 % de mon budget. On ne devrait pas avoir un remboursement des frais
juridiques? On ne devrait pas avoir un règlement, quelque chose, quelques balises,
quelques précisions qui vont encadrer ce processus pour protéger les citoyens
et aussi pour protéger les élus…?
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, Mme la députée. Je suis désolée, je vous laissais terminer, mais là on
dépasse quand même, là... Vous pourrez compléter lors de notre reprise. Alors,
compte tenu de l'heure, la commission va suspendre ses travaux jusqu'à
19 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 18 heures)
19 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 h 42)
La Présidente (Mme Boutin) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'aménagement du territoire
reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 49...
Des voix
: ...
La Présidente (Mme Boutin) : S'il
vous plaît, mesdames. Loi modifiant la Loi sur les élections et les référendums
dans les municipalités, la Loi sur l'éthique et la déontologie en matière
municipale et diverses dispositions législatives.
Alors, lors de la suspension un petit peu
plus tôt, nous en étions à...
La Présidente (Mme Boutin) :
...plaît! La Commission de l'aménagement du territoire reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 49...
Des voix
: ...
La Présidente (Mme Boutin) :
S'il vous plaît, mesdames. Loi modifiant la Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités, la Loi sur l'éthique et la déontologie en
matière municipale et diverses dispositions législatives.
Alors, lors de la suspension un petit peu
plus tôt, nous en étions à l'étude de l'article 93.1. Et je crois que la
parole... M. le député de Viau, à vous la parole.
M. Benjamin : Merci. Mme la
Présidente. Donc, bonsoir à chacun de vous, membres de cette commission. Voilà
un projet de loi, en fait... dont je suis très, très, très content, donc,
d'intervenir là-dessus, puisque mon passé, en fait, pas si lointain, donc,
explique cette joie que j'aie puisque j'ai eu, il y a quelques années, à
patauger dans des histoires, des questions d'enjeux autour de la participation
électorale. Chacun des blocs que je vois dans le cadre de cette étude détaillée
me parle et me rappelle, en fait, vraiment, que ce soit les commissions municipales
sur lesquelles j'ai eu à travailler, notamment, je me rappelle la commission de
la présidence du conseil municipal de Montréal où nous avions eu justement à
travailler sur les enjeux relatifs à notre code d'éthique à la ville de Montréal.
D'ailleurs, c'est au sein de cette commission d'ailleurs qu'on devait réviser
régulièrement, donc, le code d'éthique de la ville de Montréal.
Alors, nous voilà donc dans le
bloc 3, je crois, donc autour de l'article 93 pour... où on parle...
le bloc 3. Donc, un des segments, on parle de modifier le régime de
paiement des frais de dépense des élus municipaux. Donc, étant donné... donc,
me pardonner, Mme la ministre, donc vous excuserez le fait que je sois,
justement, à peine arrivé en cette commission, peut-être pour vous demander ma
première question, si vous pouvez peut-être me faire un état des lieux par
rapport à cet article que nous avions devant nous.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Mme la ministre.
Mme Laforest : Alors, vous
voulez que je recommence tout ce qu'on a dit aujourd'hui sur l'article 93?
M. Benjamin : Pas tout ce
qu'on a dit autour de l'étude détaillée, mais tout... En fait, en quelques
mots, m'expliquer, en fait, cet article 93.1. Parce que, bien sûr, je vais
avoir des questions, mais je veux... si vous m'expliquer un peu, donc, il se pourrait
que ça pourrait éviter que j'aie à vous poser trop de questions, à demander
trop d'éclaircissements. Parce que, bien que... fort de l'expérience dont j'ai
évoqué tout à l'heure, mais s'il s'agit d'un projet de loi, donc... et c'est un
projet de loi important, donc, qui commande que je puisse avoir tous les
éléments d'information, de précisions nécessaires pour pouvoir bien travailler
au sein de cette commission.
Mme Laforest : Bon, alors je
vais quand même résumer l'article 93.1, parce que l'article 93.1, on
parle des frais engagés au niveau des frais de défense des élus municipaux et
des employés municipaux. Alors, ce qui veut...
M. Benjamin : …travailler au
sein de cette commission.
Mme Laforest : Bon, alors je
vais quand même résumer l'article 93.1, parce que l'article 93.1, on parle des
frais engagés au niveau des frais de défense des élus municipaux et des
employés municipaux. Alors, ce qui veut dire que, maintenant, avec l'article
93, par exemple, ce que l'on veut, c'est que… brièvement, que les citoyens ne
soient pas obligés de payer des frais encourus pour des employés municipaux ou
des élus qui contreviennent, par exemple, à la loi. Soit, par exemple, pour des
poursuites de nature criminelle ou encore pour quelque poursuite, par exemple, au
niveau civil. Maintenant, juste pour vous expliquer que plusieurs municipalités…
par exemple, quand il y a des frais encourus pour des élus municipaux, la municipalité
peut défrayer des sommes pour protéger les élus municipaux. Donc, tout est à la
décision et l'appréciation de la municipalité.
Maintenant, évidemment, ce ne sont pas les
citoyens qui sont obligés, selon nous… d'après l'article 93, ce n'est pas les citoyens,
d'après nous, qui sont obligés, qui devraient payer les frais encourus pour
certaines poursuites que les élus municipaux ou les employés municipaux
pourraient avoir. Alors, l'article 93.1, qu'est-ce qu'on vient faire? On vient
ajouter à l'article, par exemple : «1° que les frais engagés en vertu du
deuxième alinéa doivent être proportionnels à la nature et à la complexité de
la procédure visée.» Donc, ça, on parle, par exemple, des procédures civiles
qui sont engagées.
Et évidemment tout est évalué selon les
cas particuliers. Parce que c'est normal, c'est du cas par cas parce que les
causes sont toutes différentes, les élus prennent parfois des décisions, et
chaque décision est différente, ou encore les employés municipaux aussi, selon
la situation qui devrait être jugée, bien, à ce moment-là, on parle de cause
civile, et la municipalité doit, selon elle, selon son appréciation, décider
par la suite des frais encourus de défense des élus et des employés municipaux.
Qu'est-ce qui est intéressant, cher député
de Viau, c'est l'article… si on arrive au deuxième point, par exemple, on parle
que la municipalité, par exemple, dans la poursuite de nature criminelle… à ce
moment-là, qu'est-ce qu'on vient ajouter — puis c'est très
bon — dans l'article 93? C'est que les élus municipaux ou encore les
employés municipaux, s'il y a une question de poursuite de nature criminelle, à
ce moment-là, bien, l'élu ou l'employé municipal ne doit pas exiger à la
municipalité qu'elle défraie les coûts suivant ces poursuites. Par exemple, si
un élu ou un employé municipal est pris à défaut dans une situation et les
frais d'avocat sont très, très élevés, bien, si c'est une question de poursuite
criminelle et l'élu est coupable, à ce moment-là, c'est que l'élu ou…
Mme Laforest : …exiger à la municipalité
qu'elle défraie les coûts suivant ces poursuites. Par exemple, si un élu ou un
employé municipal est pris à défaut dans une situation et les frais d'avocat
sont très, très élevés, bien, si c'est une question de poursuite criminelle et
l'élu est coupable, à ce moment-là, c'est que l'élu ou l'employé municipal est
responsable de ses frais de défense. Alors, vous comprenez ici qu'on vient
protéger la capacité évidemment de payer des citoyens, parce que ce n'est pas,
comme je le redis, aux citoyens de payer les frais encourus, par exemple, si
l'élu ou l'employé est coupable. Alors, ici, vraiment c'est intéressant parce
que, depuis le début, vous le savez, vous étiez conseiller municipal, évidemment,
vous l'avez mentionné, donc, si, parfois, vous êtes accusé, par exemple, je
donne un exemple, au niveau criminel, selon moi, selon l'article 93 et tout ce
qu'on a eu comme demande auparavant, ce n'est pas aux citoyens du Québec de
payer vos frais d'avocat selon nous.
Si vous êtes jugé coupable, par exemple,
là, dans une poursuite criminelle, je ne sais pas si vous êtes d'accord avec
ça, mais, en résumé, c'est vraiment l'article 93, donc on vient évidemment
donner la responsabilité à nos élus et aux employés municipaux que, s'ils sont
reconnus coupables, c'est à eux de défrayer les montants. Alors, c'est certain
qu'on vient, comme ça, essayer d'éviter que des causes très onéreuses défrayées
par les citoyens, ce n'est pas acceptable. Alors, je suis sûre que vous êtes
d'accord avec ça. Donc, c'est ce qu'on a discuté avec l'article 93.
M. Benjamin : Je vous remercie
beaucoup, Mme la ministre, pour cette précision, mais puisqu'on parle ici d'un
amendement, donc je dois comprendre qu'on n'était pas dans une situation de
vide juridique. Alors, en fait, ma question : Les modifications que vous
apportez, par rapport à ce qui existait, quelle est… qu'est-ce qui existait
auparavant? Est-ce que c'était… parce que j'ai comme l'impression, par moments,
j'entends, c'était à chacune des municipalités de décider quoi faire. Qu'est-ce
qui existait auparavant? Et, en quoi, les modifications que vous apportées
aujourd'hui donc viennent renforcer justement les compétences municipales et
surtout en regard… aux questions de probité, les capacités de payer des
citoyennes, des citoyens?
• (19 h 50) •
Mme Laforest : Bien, en fait,
on vient respecter les fonds publics, parce que ce n'est pas, comme je le
disais, aux citoyens de payer les coûts… les frais de défense pour les élus qui
sont coupables, par exemple, au niveau criminel. Puis on vient éviter aussi de
continuer ou de vivre des situations problématiques avec les situations qu'on a
vues dans le passé, des situations parfois abusives. Donc, oui, en tant
qu'élus, on doit être protégés, évidemment, dans nos fonctions, mais il y a une
limite aussi. Comme nous, les députés, vous le savez, il y a…
Mme Laforest : …éviter aussi de
continuer ou de vivre des situations problématiques avec les situations qu'on a
vues dans le passé, des situations parfois abusives. Donc, oui, en tant qu'élu
on doit être protégé, évidemment, dans nos fonctions, mais il y a une limite
aussi. Comme nous, les députés, vous le savez, il y a une certaine protection
des députés, mais quand on arrive, par exemple, au niveau criminel, nous, on
maintient que ce n'est pas aux citoyens du Québec à payer les frais de défense.
Alors, qu'est-ce qu'on fait? Vous me demandez les situations dans le passé.
Dans le passé, il y a eu certaines situations abusives, puis je ne veux pas du
tout, du tout, nommer ces situations-là parce qu'évidemment, là, c'est passé.
Puis il y en a même des situations particulières présentement. Donc, moi, je ne
veux pas rentrer là-dedans, puis vous allez le voir, de toute manière, les
situations, si vous regardez, il y a des situations assez particulières qui
demandent… qui exigent des frais assez élevés pour des frais d'avocat. Donc,
moi, personnellement, je pense que ce n'est pas à nous, et également tous les
citoyens pensent la même chose parce que… vous le savez, de toute manière, tu
sais, je pense que… hein, vous savez de quoi je parle. Alors,
l'article 93, d'après moi, vous allez saluer cette nouvelle mesure parce
que c'est important de voir que si on est jugé coupable d'une poursuite
criminelle, bien, c'est on est responsable.
M. Benjamin : Oui, bien,
évidemment, donc, oui, je sais un peu de quoi nous parlons, mais on va
s'assurer quand même de faire les bons gestes dans… pour aider à mieux
accompagner la municipalité par rapport à ce projet de loi là.
Une question que je voulais vous poser.
Donc, dans l'article, quand on parle des frais engagés. De quels types de frais
fait-on allusion ici quand on parle des frais engagés?
Mme Laforest : Les frais
engagés, c'est les frais engagés, par exemple, des frais de défense par… les
frais engagés pour payer les avocats.
M. Benjamin : Donc, c'est
uniquement les frais pour payer des avocats. Est-ce que, par exemple, des frais
pour payer des expertises, par exemple, expertises psychologiques, expertises…
est-ce que ces frais-là sont inclus ou est-ce que c'est seulement les frais
d'avocat?
Mme Laforest : Ça peut être
pour des expertises puis ça peut être aussi pour des frais d'avocat.
M. Benjamin : D'accord. Donc,
ça peut être pour des expertises aussi. Quand, dans ce même paragraphe-là, vous
parlez des… en fait, ça dit : «doivent être proportionnels…» Et vous
semblez nous dire, tout à l'heure, que ça va être selon la municipalité, quels
sont les mécanismes qui sont mis en place à ce moment-là pour… qui va juger de
cette proportionnalité-là?
Mme Laforest : La municipalité
avec le conseil municipal parce que la Cour supérieure est venue, vraiment,
reconnaître la proportionnalité cas par cas.
M. Benjamin : Vous savez, vous
auriez pu aussi, Mme la ministre, mettre des plafonds, par exemple. Pourquoi
est-ce que… pourquoi pas des…
Mme Laforest : La municipalité
avec le conseil municipal, parce que la Cour supérieure est venue vraiment
reconnaître la proportionnalité cas par cas.
M. Benjamin : Vous savez, vous
auriez pu aussi, Mme la ministre, mettre des plafonds, par exemple. Pourquoi
est-ce que… Pourquoi pas des plafonds? Pourquoi pas de plafonds?
Mme Laforest : Expliquez-moi.
M. Benjamin : Un plafond? Par
exemple, vous dites : Les…
Mme Laforest : Un exemple, ce
serait bon, là, un exemple. Dans une situation, comment on pourrait mettre un
plafond?
M. Benjamin : Bien, on s'est
dit tout à l'heure qu'on n'allait pas donner d'exemples, c'est ce que vous avez
suggéré…
Mme Laforest : Non, mais là…
M. Benjamin : …et je vais m'en
tenir à ce que vous avez suggéré. Puisque vous nous dites que les frais engagés
doivent être proportionnels, est-ce que… jusqu'à quel montant? Est-ce que ça
pourrait être… Ça aurait été jusqu'à x montant?
Mme Laforest : Bien, c'est
parce que, là, vraiment, là, on a donné l'exemple. Par exemple, un élu
municipal ou un employé municipal décide de prendre les avocats les plus… ou
l'avocat le plus dispendieux. Alors, la municipalité peut juger cas par cas
qu'au niveau des frais, il y a peut-être un certain… un abus quelconque. Vous
comprenez que c'est ça. La municipalité, elle, doit dire : Bien, je crois
qu'on aurait pu travailler… que vous auriez pu choisir un avocat qui est moins
dispendieux, par exemple dans une petite municipalité. Donc, c'est pour ça
qu'on dit qu'il y a une certaine logique que la municipalité ne peut pas, par
exemple dans une cour civile, parce que, là, on parle d'une cause civile,
évidemment… Si l'élu ou l'employé municipal décide de prendre l'avocat le plus
chèrant ou le plus dispendieux, peu importe, tu sais, c'est… par respect, c'est
son choix. Mais est-ce que la municipalité doit payer les frais complets si les
frais sont vraiment exorbitants? Ça fait que c'est pour ça qu'on a amené ce
point-là.
M. Benjamin : Ah non! Je n'en
disconviens pas. En fait, nous ne sommes pas en train de juger de la pertinence
du point. En fait, ce que… Je vais vous donner un exemple. Prenons un frais de
déplacement, par exemple. Il y a des entreprises qui disent : Écoutez,
vous avez le choix, comme employé qui travaillez pour une compagnie, d'utiliser
soit votre véhicule, de prendre l'autobus, de prendre le train, et voici le
montant payé du kilométrage, voici le plafond, et ces entreprises-là décident
de fixer un plafond. Bon. Alors, la question que je vous pose : Est-ce
que, dans ce cas-ci… Bien sûr, vous donnez cette compétence-là à la
municipalité, donc, de pouvoir apprécier. Mais est-ce que… vous auriez pu aussi
dire et… aussi que : Bien, il y a un plafond x en termes de dépenses, de
frais. Et la question que je vous pose : Pourquoi est-ce que vous n'avez
pas… cette option-là, vous décidez que vous n'avez pas… vous ne l'avez pas exercée,
vous ne voulez pas l'exercer?
Mme Laforest : Parce que, si
on décidait d'un plafond, je crois qu'on nuirait à une défense complète, parce
qu'évidemment, si on dit : Le plafond étant tel montant, je pense que ça
nuirait à la défense d'un élu que… Si l'élu… Par exemple, si la municipalité
considère que les frais étaient raisonnables même si les frais étaient élevés,
c'est à la municipalité d'apprécier. C'est pour ça qu'on dit que l'appréciation
est vraiment importante à la municipalité, qui va évaluer si les frais, comme
vous le dites…
Mme Laforest : ...à la défense
d'un élu que, si l'élu, par exemple... si la municipalité considère que les
frais étaient raisonnables, même si les frais étaient élevés, c'est à la municipalité
d'apprécier. C'est pour ça qu'on dit que l'appréciation est vraiment importante
à la municipalité qui va évaluer si les frais... comme vous le dites, parce que
les frais, par exemple, de déplacement, c'est différent dans chaque municipalité,
à ce moment-là, ça peut être très haut, ça peut être très bas. Il faut y aller
selon l'appréciation, comme ça a été très, très bien décidé.
Puis, d'ailleurs, ça dépend aussi... ça
dépend du type de recours, ça dépend vraiment... Il y a plusieurs, plusieurs...
Comment je pourrais dire? Il y a plusieurs raisons, il y a plusieurs modalités,
il y a plusieurs justifications, donc c'est important d'y aller aussi en
fonction du type de recours. Ça fait que c'est pour ça qu'il faut quand même
laisser... il faut... ne pas établir de plafond, parce qu'on serait mal... ce n'est
pas à nous à établir des plafonds, selon nous.
M. Benjamin : À ce moment-là, est-ce
que... Qu'est-ce que vous pensez, en fait? Est-ce qu'une municipalité pourrait
mettre en place des plafonds si ce n'est pas selon vous?
Mme Laforest : Non, parce que,
honnêtement, si on établit des plafonds, par exemple, et qu'on a besoin d'une
expertise, si l'expertise n'était pas prévue, le plafond est établi, mais
l'expertise était essentielle pour juger de la cause, bien, si l'expertise est
un peu plus dispendieuse, mais on en avait vraiment besoin puis on a établi un
plafond, ça veut dire que l'expertise qu'on a eu besoin pour évaluer la
situation ne serait pas appréciable, vous comprenez, là.
M. Benjamin : D'accord. Un
scénario, une petite municipalité, donc, décide... le conseil municipal décide
de couvrir les frais pour un de ses élus ou un de ses employés, donc. Et la
municipalité n'ayant plus les capacités de payer les frais municipaux parce que
c'est des frais exorbitants, donc qu'est-ce qui arrive à ce moment-là?
Mme Laforest : Bien, en fait,
au niveau de la couverture des frais que vous parlez?
M. Benjamin : Oui, oui.
Mme Laforest : Bien, au niveau
de la couverture des frais, évidemment, c'est là qu'on vient l'appliquer dans
la loi, c'est ça qui va vraiment nous aider.
M. Benjamin : Je ne comprends
pas, en fait, quand vous dites : C'est là que ça va nous aider. J'essaie
de comprendre, en fait. Qu'est-ce que fait la municipalité? C'est-à-dire la
municipalité a pris la décision, tel que vous le formulez, d'apprécier le fait
que c'est une poursuite qui nécessitait que son employeur ou son élu soit
défendu, la municipalité décide de payer. Mais ce sont des poursuites
exigeantes pour les fonds de la municipalité et des frais exorbitants, donc la
municipalité n'a plus les capacités de payer si c'est une petite municipalité.
Qu'est-ce qui arrive à ce moment-là?
• (20 heures) •
Mme Laforest : On revient toujours
à l'appréciation de la municipalité. Donc, si la municipalité n'est pas en
mesure de payer...
20 h (version non révisée)
M. Benjamin : …mais ce sont des
poursuites exigeantes pour les fonds de la municipalité et des frais
exorbitants, donc la municipalité n'a plus les capacités de payer si c'est une
petite municipalité. Qu'est-ce qui arrive à ce moment-là?
Mme Laforest : Bien, on
revient toujours à l'appréciation de la municipalité. Donc, si la municipalité
n'est pas en mesure de payer par exemple, bien, c'est à ce moment-là qu'elle
doit prendre la décision à savoir est-ce que c'est à nous, comme
municipalité — vous savez, les municipalités parlent par
résolution — alors, est-ce que c'est à nous, avec le conseil
municipal de payer tous les frais encourus. Donc, c'est ça, la municipalité
prendra sa décision par résolution parce qu'il n'y a pas... En fait, il n'y a
pas d'obligation. Vous, vous croyez, admettons, juste pour bien m'expliquer,
vous croyez qu'il y a une obligatoire à ce moment-là, par exemple, que la
municipalité soit obligée de payer tous les frais encourus? Si j'entends bien,
c'est ça?
M. Benjamin : Bien, écoutez,
moi, en fait, quand je lis le texte que j'ai devant moi et puis quand je vous
entends aussi au niveau des explications que vous me donnez, vous me dites que
c'est selon la municipalité, ensuite vous nous dites, c'est du cas par cas.
Alors, moi, ce que je vous soumets, justement, un cas que la municipalité
décide, à ce moment-là, de dire : Cet employé-là ou cet élu-là nous allons
le défendre, nous allons mettre les moyens pour le défendre, mais la poursuite
devient onéreuse, donc les frais de cour, les frais d'avocat, les frais
d'expertise, etc., toutes sortes de frais reliés à cette poursuite-là devient
onéreux. Que fait cette municipalité à ce moment-là? Qu'est-ce que vous
prévoyez puisqu'il n'y a pas de plafond?
Mme Laforest : Mais je crois,
au niveau légal, qu'on va expliquer la mécanique, si vous voulez, là, parce
qu'il quand même une mécanique. Si vous voulez, peut-être Me Paradis, là.
Parce que, là, moi, honnêtement, je pense que je réponds très, très bien à vos
questions. Au niveau légal, peut-être Me Paradis pourrait définir
exactement la mécanique comme telle au niveau légal si vous voulez. Êtes-vous
d'accord?
M. Benjamin : Bien sûr, absolument.
Merci.
Mme Laforest : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci,
Mme la Présidente. Nicolas Paradis, sous-ministre adjoint aux politiques au ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation. Il y a principe de base qu'il faut
retenir d'abord et avant tout pour bien comprendre la portée des amendements
qui sont expliqués et développés par la ministre. Le régime de défense prévu
par la loi, c'est un régime obligatoire. Les municipalités doivent appliquer le
régime de défense. Les élus ont droit de bénéficier de ce régime-là. Il n'y a
pas de décision préalable qui doit être prise par la municipalité pour qu'un
élu puisse se voir rembourser des frais de défense qui entrent dans les cas qui
sont protégés lorsqu'un acte est posé dans l'exercice des fonctions, premier
élément. Ce que prévoit déjà la loi, c'est que ces frais doivent être
raisonnables. Ça, c'est la loi actuelle. Ce que prévoit également la loi, ce
sont des possibilités pour…
M. Paradis (Nicolas) : ...se
voir rembourser des frais de défense qui entrent dans les cas qui sont
protégés, lorsqu'un acte est posé dans l'exercice des fonctions. Premier
élément.
Ce que prévoit déjà la loi, c'est que ces
frais doivent être raisonnables. Ça, c'est la loi actuelle. Ce que prévoit également
la loi, ce sont des possibilités pour la municipalité, dans des cas bien
précis, de demander le remboursement des frais qu'elle aurait assumé en
application de la loi, notamment pour cause de faute lourde ou intentionnelle.
Et là se déclinent... différents paramètres doivent être pris en compte. Dans
ce contexte, ce que l'amendement apporte et ne vient pas modifier l'obligation
de la municipalité d'assumer les frais de défense, à l'exception situation du
criminel où l'amendement prévoit expressément qu'il n'y a pas d'application
d'office du régime pour les actes criminels. Le régime de défense s'appliquera,
pour les actes d'assumation des frais de défense pour les actes criminels,
exclusivement si le conseiller est acquitté ou si la poursuite est retirée.
Donc, ça, c'est pour l'élément, donc c'est la bonification qui est apportée à
l'article pour préciser les cas où cette obligation ne s'applique pas ou plutôt
à quel moment elle s'appliquera si certains faits arrivent. Premièr élément.
Et à l'égard de l'exercice où l'assumation
de l'obligation qui est conférée à la municipalité, ce que prévoit l'amendement,
c'est que, ce que la municipalité a assumé dans le cadre du régime, ce sont les
frais raisonnables. Eh bien, l'amendement, comme la ministre l'a expliqué, a
pour effet de faire en sorte que les frais raisonnables doivent par ailleurs
être proportionnels à la nature et à la complexité de la procédure visée.
Consécration d'une décision qui a été rendue par la Cour supérieure et qui est
donc une application que les municipalités ont faite dans les dernières années,
le régime a plusieurs années de vie, donc c'est dans ce contexte-là. Donc, il
n'y a pas de discrétion en amont, c'est une application du régime et la municipalité
l'applique en fonction des paramètres prévus par la loi, qui sont bonifiés par
les... ou qui seront modulés par les éléments de l'amendement que la ministre
exposait.
M. Benjamin : Merci. Merci
pour la précision. Donc, une question, si vous permettez, M. le sous-ministre.
Donc, en fait, dans l'explication tantôt, donc on a parlé de selon la municipalité.
Donc, c'est la municipalité qui aura à statuer, donc, dans l'éventualité que
nous avancions avec cet amendement-là. Et on a parlé du cas par cas, de cas par
cas. Bon. Alors, la question que je vous pose, est-ce qu'ici... est-ce qu'on
vient accentuer le pouvoir discrétionnaire des municipalités, à la lumière de
ce qu'on a devant nous?
M. Paradis (Nicolas) : La
réponse, c'est non. On ne vient pas accentuer le pouvoir discrétionnaire, on
vient consacrer le pouvoir discrétionnaire qui était déjà existant et qui a été
reconnu par la jurisprudence. On ne fait que codifier une règle
jurisprudentielle qui existe et qui a été reconnue, notamment par une cause de
2020 par la Cour supérieure.
Donc, non, on n'accroît pas le pouvoir
discrétionnaire de la municipalité avec l'amendement qui est à l'étude à 93.1...
M. Paradis (Nicolas) : …a été
reconnu par la jurisprudence. On ne fait que codifier une règle
jurisprudentielle qui existe et qui a été reconnue, notamment par une cause de
2020 par la Cour supérieure.
Donc, non, on n'accroît pas le pouvoir discrétionnaire
de la municipalité avec l'amendement qui est à l'étude à 93.1.
M. Benjamin : À ce moment-là,
donc, s'il n'y a pas d'accroissement du pouvoir discrétionnaire de la
municipalité, donc, qu'est-ce qu'on vient donner comme ressource, comme
compétence additionnelle aux municipalités que la municipalité n'avait pas
auparavant?
M. Paradis (Nicolas) : On
vient consacrer la règle jurisprudentielle. C'est l'élément important du
premier paragraphe, là, de l'article. Ça, c'est l'élément important. Vous savez
quand la jurisprudence parle, la jurisprudence, c'est un jugement. C'est… Pour
1 100 municipalités, c'est moins parlant un jugement qu'une
disposition législative qui se trouve à être le code, le guide des activités
quotidiennes ou hebdomadaires d'une municipalité. On comprend, il n'y a pas
tant… Il n'y a pas de tant de cas comme ça. Dans ce cas-ci, là, on s'entend et
on en est bien contents qu'il n'y ait pas tant de réclamations dans une année
pour une municipalité, on s'entend. Sauf que c'est l'outil, c'est… La loi et le
code, le Code municipal... on consacre les règles qui sont reconnues par la
jurisprudence. Ça assure une application plus certaine, et on évite aussi, par
le fait même, une fluctuation de la règle par différents jugements aussi. On
consacre une règle que la jurisprudence a reconnue. Donc, ça, ça permet de bien
l'asseoir dans la loi. Donc, c'est l'effet bénéfique recherché par
l'amendement, qui est proposé, pour ce volet.
Pour le deuxième volet, bien entendu,
là, on vient resserrer les règles à l'égard du criminel. Là, dans ce cas-ci, on
vient moduler le régime applicable pour s'assurer qu'à l'égard d'un acte
criminel, le régime de frais de défense ne s'applique pas d'office, d'entrée de
jeu, dès le début, mais bien uniquement si l'élu est acquitté ou voit sa
poursuite retirée.
M. Benjamin : Si vous
permettez, avant que je poursuive, Mme la Présidente, il me reste combien de
temps? Parce que j'ai quand même pas mal de questions.
La Présidente (Mme Boutin) :
Bien, il y a du temps en masse, là — ils vont
m'avertir — environ trois minutes. Je sais que le député de Chomedey
avait aussi des questions si jamais… pour vous informer, là. Je vais
attendre... Et on va me donner le temps…
Une voix
: …
La Présidente (Mme Boutin) :
C'est comme au football, le temps dans une…
M. Benjamin : …temps, donc,
j'y reviendrai.
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui, je vais vous informer. Je vais vous faire des signes. C'est comme au
football, le temps dans un amendement comme ça, ça paraît… 20 minutes
devient une heure presque.
M. Ouellette : On va faire
une pause publicitaire d'abord, Madame…
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui, vous… M. le député de Chomedey. Allez-y.
M. Ouellette : Mme la
Présidente, c'est pareil comme si on faisait une pause publicitaire pour le
député de Viau.
Je regarde l'amendement et j'écoute, Mme
la Présidente, les explications de Me Paradis, qui sont très claires, et
je ne peux m'empêcher que de faire un petit sourire qu'on enchâsse dans une loi
la jurisprudence pour les 1 100 municipalités. Ça me ramène à la
discussion qu'on a eue hier soir que nous, les législateurs, on décide d'un
amendement, et qui pourrait aider…
M. Ouellette : …de Me Paradis
qui sont très claires. Et je ne peux m'empêcher que de faire un petit sourire
qu'on enchâsse dans une loi la jurisprudence pour les 1 100 municipalités.
Ça me ramène à la discussion qu'on a eue hier soir, que nous, les législateurs,
on décide d'un amendement, et qui pourrait aider certaines décisions, certaines
décisions judiciaires. Mais je ne recommencerai pas le discours d'hier soir.
Je me questionne sur la façon dont les
frais engagés en vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la
nature et la complexité de la procédure visée». Est-ce que, Mme la Présidente,
selon les explications de Me Paradis, la jurisprudence, parce que ce qu'on a
inscrit et ce qu'on veut enchâsser dans la loi est en fonction de la jurisprudence,
doit établir certains critères? Sans faire de cas personnel, je vous dirai
avoir exploré pas mal toute cette histoire d'avocat, de ce qui est payable, de
ce qui n'est pas payable, les frais de défenses, les maximums. Les régimes de
défense sont obligatoires. Je comprends qu'il y a des avocats qui vont
travailler à 500 $ de l'heure, il y en a d'autres qui vont travailler à
200 $ de l'heure. N'y aurait-il pas lieu d'avoir un barème? On en a un, je
regarde à l'Assemblée nationale, on en a un qui est fixé. Tu peux prendre
l'avocat que tu veux, mais si tu utilises cet avocat-là puis qu'il dépasse le
maximum, c'est toi qui défraies la différence.
• (20 h 10) •
Ça pourrait pénaliser certaines municipalités
qui sont moins riches que d'autres. Les municipalités qui sont bien riches se
ramasseraient avec des avocats à gros taux horaire. C'est une technicalité dans
ce que Me Paradis a dit, Mme la Présidente, que je suis intéressé à savoir,
parce que je trouverais aléatoire qu'on laisse à la municipalité, à moins qu'on
puisse me dire que la jurisprudence amène certains critères très, très, très
précis qui sont traduits par ce que c'est qu'on lit dans l'amendement, mais… Et
je vous donne un exemple. Toute réclamation ou toute procédure, je regarde
comment ça se passe à l'Assemblée nationale, doit être autorisée par une
autorité qu'on appelle un jurisconsul, qui, lui, décide, voici la complexité,
le cas par cas, parce qu'on est au cas par cas, voici le cas par cas, la
complexité, ça pourrait amener des déboursés de x, c'est autorisé. Dans le cas
qui nous occupe, ça serait autorisé par la municipalité, à un taux horaire qui
est défini d'avance, justement pour éviter certaines iniquités ou certaines
inégalités. Et ne pourrait-on pas considérer ou peut-être calquer…
M. Ouellette : ...serait autorisé
par la municipalité, à un taux horaire qui est défini d'avance, justement pour
éviter certaines iniquités ou certaines inégalités. Et ne pourrait-on pas
considérer... ou peut-être calquer ce que l'on veut faire dans ce qui est
écrit, «proportionnel à la nature et la complexité de la procédure visée», sur
ce qui existe déjà? Si ça fonctionne pour nous, les élus de l'Assemblée
nationale, est-ce que ça pourrait être quelque chose qu'on pourrait considérer?
Si, Mme la Présidente, vous me dites que non, pour les raisons... puis je pense
que les raisons que Me Paradis nous apporte en jurisprudence sont toujours très
claires... bien, ça va éclairer la lanterne.
Mais j'ai certaines préoccupations que...
Hier, on parlait de conflits d'intérêts. Bien, j'ai certaines préoccupations
qu'une ville riche, comme Laval, qui a des surplus tout le temps, on pourrait
avoir, pour des... le régime de dépenses obligatoires, des avocats à 500 $,
600 $ de l'heure. Mais tu t'en vas dans une municipalité en région, et
pour la même cause, ça pourrait être différent parce que la richesse de la
municipalité est très différente. Est-ce que ça amènerait que la personne qui
poursuit ou que le citoyen serait moins bien défendu? Je pense que c'est toutes
des questions qu'on a à se poser.
Et j'apprécierais, Mme la Présidente, que,
dans sa clarté habituelle, si... soit Mme la ministre ou soit Me Paradis
pourrait éclairer ma lanterne ou regarder si on ne pourrait pas calquer ce
qu'on fait déjà de bien à l'Assemblée nationale, puis qui est très clair, à ce
qu'on veut instaurer pour nos élus municipaux. Très souvent, on entend, que ce
soit la FQM ou que ce soit l'UMQ, dire : Bien, on veut avoir la même chose
que vous autres à Québec, ou on veut avoir la même chose... on ne veut pas avoir
moins que les régimes que vous avez. Puis je comprends qu'on a un régime de
défense obligatoire, mais on peut-u le bonifier, on peut-u l'améliorer, on
peut-u faire en sorte que ce soit équitable ou que ce soit la même chose
partout, pour ne pas qu'on se ramasse... Parce qu'on est là-dedans, on est en
train de travailler là-dedans, puis comme je le disais hier, à nous de le
bonifier.
Puis je pense que j'ai eu une partie de
l'explication de Me Paradis tantôt, et j'espère... en tout cas, j'espère que ma
préoccupation est assez claire pour qu'on puisse regarder si on l'a couvert, on
y a pensé, et si... J'aurai peut-être une explication additionnelle, là, qui
suivra.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, M. le député. Mme la ministre, allez-y.
Mme Laforest : Oui. Bien, en
fait, votre question est bonne, parce que c'est un... si je peux dire, c'est un
peu la même chose, sauf qu'il faut comprendre le contexte que l'Assemblée
nationale...
M. Ouellette : ...et si...
j'aurai peut-être une explication additionnelle, là, qui suivra.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, M. le député. Mme la ministre, allez-y.
Mme Laforest : Oui. Bien, en
fait, votre question est bonne, parce que c'est un... si je peux dire, c'est un
peu la même chose, sauf qu'il faut comprendre le contexte que l'Assemblée
nationale, c'est une chose, et les municipalités sont 1 100 municipalités.
Donc, imaginez, pour la petite municipalité, par exemple, de L'Anse-Saint-Jean,
s'il fallait établir les frais, par exemple, ou des sommes ou... pour des
petites municipalités, parce que là, c'est sûr que l'Assemblée nationale, c'est
différent.
Par contre, quand je vous dis que l'Assemblée
nationale, c'est un peu similaire, à grande échelle, par exemple, si on regarde,
pour l'Assemblée nationale, vous devez sûrement le savoir, ça, parce que «dans
chaque cas, ce qui lui est soumis, le Bureau de l'Assemblée nationale peut,
après avoir obtenu l'avis du — et voilà, vous le savez déjà — du
jurisconsulte nommé en vertu du Code d'éthique et de déontologie des membres de
l'Assemblée nationale (chapitre C-23.1), fixer le montant maximum à être
payé en vertu des premier et deuxième alinéas.» Donc, ici, on peut le fixer
aussi. Les municipalités pourraient le fixer, mais nous, on ne peut pas le
mettre là-dedans, considérant le nombre de municipalités et le nombre différent
d'habitants dans chaque municipalité.
À ce moment-là, vous voyez qu'ici, il y a quand
même une évaluation à faire. Ici, on l'a, à l'Assemblée nationale, et les municipalités,
elles, peuvent le faire, mais elles-mêmes, parce que nous, si on dit, dans l'article 93.1 :
On va l'établir nous-mêmes, c'est impossible, parce que Montréal puis
L'Anse-Saint-Jean, ce serait différent.
Ça fait que vous comprenez, là, que la
procédure pour... la logique de l'article est le même, autant pour protéger les
députés de l'Assemblée nationale que, par exemple, certains élus ou employés municipaux,
mais considérant le nombre différent de populations dans chaque municipalité,
c'est impossible de considérer votre demande, parce que là, évidemment... Si
les 1 000 municipalités avaient toutes le même nombre d'habitants, ce
serait pareil. C'est sûr, là ce serait... on pourrait fixer des plafonds, on
pourrait établir des sommes, on pourrait établir des montants maximums, mais là
c'est impossible de le faire, considérant la taille des municipalités. Mais on
y a pensé, mais c'est impossible de l'appliquer.
M. Ouellette : Si je
comprends, Mme la Présidente, de l'intervention de la ministre, et j'en suis,
puis même notre loi, à l'Assemblée nationale, n'est pas parfaite à cet
effet-là. Pour l'avoir vécu les quatre dernières années, là, si vous ne faites
pas l'objet d'accusations, le régime de défense ne s'applique pas, c'est-à-dire
les frais d'avocat sont à la charge des députés. J'ai déposé, d'ailleurs, le
projet de loi n° 195 pour faire modifier cette décision-là.
Mais le but de mon intervention…
M. Ouellette : …ne s'applique
pas, c'est-à-dire les frais d'avocat sont à la charge des députés. J'ai déposé,
d'ailleurs, le projet de loi n° 195 pour faire modifier cette décision-là.
Mais le but de mon intervention… puis je comprends qu'on y a pensé, puis je
pense que c'est important qu'on le dise qu'on y a pensé, je suis un peu
préoccupé. Sans qu'on fixe le montant de chacune des causes, exemple, bon,
telle cause, en fonction de sa complexité, il y aurait un maximum de
50 000 $ d'avocat qui pourrait être investi dans cette cause-là… bon,
ma préoccupation n'est pas sur le montant de la cause, mais ma préoccupation
est peut-être un peu plus, puis peut-être que la réponse existe, vous allez me
la confirmer, sur le taux horaire de défense d'un citoyen qu'une municipalité
doit payer.
Et, quand je parlais d'équité, tantôt,
c'est sûr qu'à L'Anse-Saint-Jean, bon, peut-être qu'il y aura des avocats,
500 $, en fonction du budget de la municipalité, puis ailleurs il y aura
des avocats à 200 $. Mais est-ce que le régime de défense obligatoire a
des maximums pour les frais de défense? Est-ce que les honoraires d'avocat, il
y a un maximum dans les frais de défense obligatoire ou c'est laissé à la
discrétion de la richesse de chaque municipalité? Ça, je pense que pour les
citoyens, c'est une question d'équité, parce qu'un avocat à 500 $, dans la
tête du monde, tu as peut-être plus de chance d'avoir des meilleurs résultats,
là. Puis c'est peut-être juste une impression qu'on a, mais ma préoccupation
est au niveau… dans les frais de défense… dans le régime de défense
obligatoire, s'il y a des maximums. Peut-être que la mécanique, la mécanique
qu'on évoque à 93.1, dans l'amendement qu'on a, puis vous avez été très claire,
Mme la Présidente, dans les explications de la ministre, ma préoccupation était
au niveau des maximums. Puis ça, je pense peut-être que Me Paradis pourrait
nous éclairer là-dessus.
• (20 h 20) •
S'il n'y a pas de maximum, ça me
préoccupe en fonction de la richesse de chacune des municipalités puis en
fonction de la capacité de défense de chacun des citoyens. Parce qu'on le sait,
puis je peux vous en parler personnellement, le système est fait en sorte que
plus on peut financièrement priver un citoyen de se défendre, d'avoir une
défense pleine et entière, en laissant traîner le dossier, bien, plus on a de
chance qu'il soit pris avec son problème tout seul jusqu'à la fin. Ceci étant
dit, c'était mon éditorial, mais je veux en revenir à la question des maximums
pour les honoraires des avocats. Est-ce que ce c'est prévu dans le régime de
défense obligatoire? Si vous me dites qu'on y a pensé…
M. Ouellette : …laissant
traîner le dossier, mais plus on a de chances qu'il soit pris avec son problème
tout seul jusqu'à la fin. Ceci étant dit, c'était mon éditorial. Mais je veux en
revenir à la question des maximums pour les honoraires des avocats, est-ce que
ce c'est prévu dans le régime de défense obligatoire? Si vous me dites qu'on y
a pensé puis si Me Paradis a une réponse à ça, ça va me satisfaire. C'est
ma préoccupation à ce moment-ci, Mme la ministre.
Mme Laforest : Oui. Alors,
juste pour vous mentionner, parce que, c'est vrai cet après-midi, juste pour
vous rappelez, il y a eu quand même une décision pour la municipalité de
Lacolle là, je ne nommerai pas les noms des gens, c'est passé, évidemment, puis
la décision a fait jurisprudence parce que la Cour supérieure, à ce moment-là,
avec la cause de Lacolle, est venue vraiment reconnaître la proportionnalité,
comme je le disais tantôt, cas par cas. Alors, c'est certain qu'on fait
jurisprudence avec cette cause-là.
Maintenant, puis ça, c'est en 2020, là, ça
vient juste de passer, là, votre question à savoir est-ce qu'on pourrait y
aller selon la richesse de la municipalité. Ça veut dire que, si une municipalité
a 200 habitants et la municipalité, vraiment, a des ressources naturelles
incroyables et vraiment… en tout cas, a des possibilités plus importes que
d'autres municipalités, pourrait à ce moment-là prendre des avocats qui
coûteraient beaucoup plus chers que l'autre municipalité d'à côté, qui elle a
200 habitants, mais qui n'a rien, là, pour faire vivre, disons, sa
richesse foncière. Donc, ce qui veut dire qu'une municipalité qui est plus
riche pourrait prendre des avocats plus chers pour défendre les élus et les
employés municipaux, et l'autre qui n'a pas cette possibilité-là, il y aurait vraiment
une injustice, là. Selon moi, ça serait impossible de tolérer cette possibilité-là
parce que c'est certain que ça serait… il n'y a aucune logique dans ça.
Par contre, comme je le mentionnais puis
comme il a été mentionné après-midi, avec la décision qui a été prise avec la municipalité
de Lacolle, que la Cour supérieure a vraiment décidé d'y aller en fonction de
la proportion cas par cas des élus et des employés municipaux… donc, on fait
jurisprudence et on se fie à cette cause-là. Donc, c'est important. Au niveau…
Je vais peut-être laisser Me Paradis parce que vous vouliez avoir aussi la
réponse de Me Paradis. Moi, je l'explique dans mes mots, mais en même
temps vous comprenez que la décision qui a été prise pour Lacolle est vraiment importante,
puis y aller selon la richesse de la municipalité, ça serait vraiment triste
pour les autres municipalités qui n'ont pas cette richesse et qu'elle veut
défendre et elle ne pourrait pas défendre ses élus ou ses employés municipaux.
Merci.
549 M. Ouellette :Mme la Présidente, juste avant qu'on aille vers Me Paradis,
puis je voudrais répondre à la ministre, si vous me le permettez. Je suis
entièrement d'accord avec vos propos, Mme la ministre. Mon intervention, c'est justement
pour les protéger, pour permettre aux justiciables ou permettre aux citoyens
d'avoir, peu importe la richesse de la municipalité, la même possibilité ou
pour permettre à la municipalité d'avoir les mêmes possibilités de défense.
S'ils n'ont pas cette possibilité financière-là, sûrement qu'ils vont vous
écrire, ils vont écrire à la ministre ou ils vont écrire à quelqu'un pour lui…
M. Ouellette : …permettre aux citoyens
d'avoir, peu importe la richesse de la municipalité, la même possibilité, pour
permettre à la municipalité d'avoir les mêmes possibilités de défense. S'ils
n'ont pas cette possibilité financière là, sûrement qu'ils vont vous écrire,
ils vont écrire à la ministre ou ils vont écrire à quelqu'un pour lui
dire : Bien, on aimerait peut-être ça, parce que j'ai droit à une justice,
une défense pleine et entière, puis j'ai les mêmes droits que la ville. Parce
que j'ai souri, quand vous m'avez parlé de certaines municipalités plus riches,
on le voit dans les services de police, il y a des municipalités qui se paient
des corps de police par leur richesse foncière puis… Bon. En tout cas, on ne
fera pas de débat-là, il y a eu un beau rapport sur la réalité policière la
semaine passée là-dessus puis… Mais ma préoccupation est que, dans le régime de
défense obligatoire, je n'en suis pas… je suis d'accord avec l'explication de
la ministre puis je suis d'accord puis il ne faut pas pénaliser un par rapport
à l'autre, là où Me Paradis pourrait nous éclairer, c'est sur le taux horaire.
Le jugement de Lacolle, c'est
extraordinaire, ça va nous aider à mieux servir nos citoyens, puis c'est
extraordinaire qu'ils soient arrivés tout dernièrement. O.K. Bon. Mais dans le
jugement de Lacolle, ils sont allés en vertu du régime de défense obligatoire,
puis tout ça, moi, ce qui m'intéresse, c'est : Est-ce qu'il y a un maximum
pour les taux horaires d'avocat? Est-ce qu'on ne devrait pas… On le fait à
l'Assemblée nationale, je ne vous dis pas que c'est le meilleur exemple, on
pourrait peut-être s'en servir comme exemple, mais, à l'Assemblée nationale, il
y a un taux maximum, mais au niveau des municipalités ou au niveau de tout le
régime municipal, que ce soit dans une ville de 200 habitants ou à Montréal,
qui en a 2 millions, est-ce qu'il pourrait avoir un maximum de taux
horaire ou est-ce que c'est flottant? C'est là que je vais être suspendu aux
lèvres de Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
La loi ne prévoit pas l'établissement de taux maximum, la loi prescrit un taux
raisonnable. Et comme, tant M. le député de Chomedey ou que la ministre,
l'objectif l'expose, l'objectif est de faire en sorte que chaque élu municipal
puisse bénéficier du régime de manière équitable et non pas en fonction de la
richesse de sa municipalité. Donc, tout le monde peut bénéficier d'un même type
de régime. Prévoir… il n'y a pas de taux qui est prévu parce que, je le redis,
c'est une dynamique de cas par cas. Pensons qu'à titre d'exemple dans une cause
liée à l'éthique, on peut imaginer, dans une cause liée à l'éthique qui ne
relève pas d'un degré de complexité particulier, qu'un taux avocat horaire
normal serait acceptable, ça, je ne suis pas à même de le quantifier, mais,
mettons, usuel est acceptable…
M. Paradis (Nicolas) : …liée à
l'éthique, on peut imaginer, dans une cause liée à l'éthique qui ne relève pas
d'un degré de complexité particulier, qu'un taux, avocat, horaire normal serait
acceptable, là, je ne suis pas à même de le quantifier, mais, mettons, usuel
est acceptable, mais que, dans une autre cause où on a un degré de complexité
très grand, supposons, une situation au niveau accusations criminelles liées à
un crime de nature économique en lien avec la municipalité, beaucoup plus
complexe, pour lequel… où l'expertise d'un avocat plus chevronné pourrait être
requise, donc un taux horaire beaucoup plus élevé, probablement parce qu'il y
en a moins puis ils sont… expertises particulières. Des expertises, par
ailleurs, judiciaires beaucoup plus grandes pourraient entraîner des dépenses
plus hautes. Complexité plus grande, coûts plus grands, donc c'est…
Ça fait qu'on ne peut pas être à même de
dire : Voici le taux horaire maximum qui peut être payé à un avocat, c'est
l'idée afférente. Bien entendu, c'est le caractère raisonnable de la chose,
donc la municipalité va l'apprécier. On peut s'entendre qu'un élu qui est
poursuivi pourra engager des discussions avec sa municipalité pour dire :
J'ai pris un avocat, je vais me faire défendre, tu vas avoir des factures, tu
vas les assumer, et pourrait dire : J'ai retenu les services de tel avocat
qui est à 500 $ de l'heure. Et là, d'ores et déjà, la municipalité
pourrait, dans le cadre de la discussion, dire : Bien, écoute, c'est tel
type de cause, tu sais, je suis guidé par «frais raisonnables» et
«proportionnalité» — si l'Assemblée nationale adopte cette
mesure — ce qui m'amène à considérer, dans mon évaluation, que c'est
plutôt dans l'ordre de, à titre d'exemple, 300 $. …rien qui n'empêchera la
municipalité d'évoquer ça, en disant : Voici ce à quoi je suis lié comme
obligation. Mais ce n'est pas une charte, il n'y a pas de règlement, il n'y a
pas de guide. C'est du cas par cas, c'est une analyse au cas par cas que la
municipalité doit et peut faire.
• (20 h 30) •
M. Ouellette : Merci. Merci
pour les explications. Je pense que ça nous éclaire. Là où mon travail de
législateur entre en ligne de compte, c'est que le mot «raisonnable», il ne
faudrait pas qu'il soit appliqué en fonction de… pas «il ne faudrait pas», il
faudrait qu'il soit appliqué en fonction de critères bien précis. Parce que ce
qui est raisonnable pour Mme la Présidente n'est peut-être pas raisonnable pour
le député de Viau ou peut-être moins raisonnable pour le député de Chomedey, et
c'est très arbitraire. Je me pose la question, puis votre explication, Me
Paradis, est très claire, je me pose la question si on ne devrait pas être
plus… pas restrictifs, mais plus explicatifs dans le mot «raisonnable». Puis je
me pose aussi la question…
20 h 30 (version non révisée)
M. Ouellette : ...votre
explication, Me Paradis, est très claire. Je me pose la question si on ne
devrait pas être plus, pas restrictifs, mais plus explicatifs dans le mot
«raisonnable». Puis je me pose aussi la question... Il ne faudrait pas que le
mot «raisonnable», pour une ville riche, n'ait pas la même signification pour
une ville... on reprend L'Anse-Saint-Jean,
ou on va prendre Laval, ou autre chose... il ne faudrait pas que le mot
«raisonnable» ait une signification différente à une place ou l'autre, parce
que c'est les mêmes procédures, c'est les mêmes élus, je veux dire, c'est les
mêmes citoyens. Il faut regarder en fonction de l'égalité.
J'entends les explications de Me Paradis,
elles sont satisfaisantes. Ça m'amène un questionnement, et je pense que notre
travail de législateur, c'est de faire en sorte, justement, de clarifier le plus
possible le mot «raisonnable» pour ne pas que, dans une municipalité... Puis
j'en ai une en tête, là, où, pour la personne qui a décidé, le directeur
général qui a eu à faire des recommandations à la ville, le «raisonnable», pour
des raisons beaucoup plus personnelles que d'autres choses, bon, c'était le
plus bas possible. Puis dans une autre ville, parce qu'il connaissait du monde,
puis que l'avocat de la ville était très proche de certains élus, bien, le mot
«raisonnable», bien, ça a été dans les critères que Me Paradis nous a
mentionnés. Je pense que notre travail, comme législateur, c'est de faire en
sorte... Est-ce que nous devons nous poser la question? Et est-ce que nous
devrions...
Puis j'en suis, je vous suis sur la
complexité de la procédure, proportionnelle à la nature... Mais là on a
peut-être besoin... Puis peut-être que la jurisprudence, puis peut-être que le
jugement de Lacolle nous amènera certains éléments qui nous permettront ou qui
feront en sorte qu'on pourra être plus détaillés ou descriptifs dans ce qu'on
entend par le mot «raisonnable». C'est mon commentaire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, M. le député de
Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Je veux remercier le député de Chomedey pour son intervention,
donc, empreinte de sensibilité. Donc, merci, M. le député de Chomedey. Vous
parlez... Vous savez de quoi vous parlez. Merci beaucoup, j'apprécie.
Et justement, je reprends la balle, donc,
là où notre collègue le député de Chomedey l'a laissée, Mme la Présidente, sur
la question de «raisonnable». Et puis il me semble, en fait, à la lumière des
questions posées par le député de Chomedey, que l'interprétation de
«raisonnable» pourrait être effectivement variable d'une municipalité à une
autre, ou d'un conseil municipal à un autre…
M. Benjamin : …en fait, à la
lumière des questions posées par le député de Chomedey, que l'interprétation du
«raisonnable» pourrait être effectivement variable d'une municipalité à une
autre ou d'un conseil municipal à un autre… et moi c'est… on fait des lois à
l'Assemblée nationale pour nous assurer que tous les Québécois, toutes les
Québécoises soient traités, justement, correctement et pareil. Donc, qu'il n'y
a pas un Québec à deux vitesses, que l'ensemble des Québécoises, des
Québécois puissent avoir les outils et les ressources nécessaires, et dans ce
cas, dans le cas qui nous concerne pour se protéger, donc, pour les défendre.
Sur le «raisonnable», la question… la
première question que j'aimerais poser à Mme la ministre : Comment, vous,
vous interprétez le mot «raisonnable?» Comment est-ce que vous… est-ce que vous
ne jugez pas pertinent que nous puissions, comme l'a demandé le… comme semble
le suggérer le collègue de Chomedey, que nous puissions creuser davantage sur
cet enjeu de «raisonnable» afin d'éviter des disparités d'une municipalité à
une autre?
Mme Laforest : Bien, la notion
de «raisonnable» est déjà dans la loi, ça fait qu'en partant, vous le savez
très bien, quand on parle de frais raisonnables, on se réfère à plusieurs
articles de loi dans le passé quand on parle des frais raisonnables, par
exemple, encourus pour une cause quelconque. Maintenant, «raisonnable» étant,
si je peux dire, décidé selon ce que la municipalité va reconnaître comme frais
raisonnables. Donc, les frais raisonnables, si vous me demandez pour moi c'est
quoi, pour une situation quelconque ce sera très raisonnable, pour une cause,
et pour une autre cause, c'est complètement irraisonnable. Maintenant, il y a
quand même une décision, une appréciation qui arrivera de la municipalité à
savoir est-ce que les frais le sont ou non. Maintenant, la notion «raisonnable»
est déjà dans la loi. Ça fait que là c'est sûr que si on essaie de jouer sur le
terme «raisonnable»… le «raisonnable» est déjà dans plusieurs articles de loi.
Il faudrait quand même réviser toute la notion du mot «raisonnable.» Puis le
mot «raisonnable» revient, encore, là, à la logique de la décision qu'il y a eu
en 2020 avec la cause de Lacolle, par exemple, quand on dit que ce sera du cas
par cas, ce sera proportionnel à la cause entendue, proportionnel aux frais
encourus. Donc, il faut que ce soit, quand même, des frais raisonnables. Alors,
là, c'est certain que c'est discuté avec le conseil municipal, il y a
résolution. Si la municipalité décide que c'est raisonnable, c'est à la
municipalité de l'apprécier, mais le mot «raisonnable», pour moi, ne pose pas
de problème du tout dans la loi selon moi, là, parce qu'il est à plusieurs
endroits dans la loi, ça fait que si on commence à dire : Est-ce qu'il n'y
aurait pas un meilleur mot que le mot «raisonnable»…
Mme Laforest : …si la municipalité
décide que c'est raisonnable, c'est à la municipalité de l'apprécier. Mais le
mot «raisonnable», pour moi, ne pose pas de problème du tout dans la loi, selon
moi, là, parce qu'il est à plusieurs endroits dans la loi. Ça fait que si on
commence à dire : Est-ce qu'il n'y aurait pas un meilleur mot que le mot «raisonnable»?
Moi, je pense que ce ne serait pas raisonnable de commencer à dire…
Des voix
: …
Mme Laforest : Non, mais quand
même, là, on joue sur le mot «raisonnable» qui est à plusieurs endroits dans la
loi déjà. Je ne sais pas Me Paradis, le mot «raisonnable», on le voit
partout… on le voit régulièrement? C'est déjà… puis ça ne pose pas problème, le
mot «raisonnable» dans la loi? Je vais m'assurer avec Me Paradis que c'est
correct, mais, selon moi, dans la loi, il n'y a aucune problématique.
M. Paradis (Nicolas) : C'est…
À vrai dire, non, ça, il n'y a pas de problème lié à ça, parce que c'est pris
dans le contexte du régime, et de sa finalité, qui est celui d'assurer la
protection des élus.
Mme Laforest : Oui, c'est ça.
M. Paradis (Nicolas) : Donc,
en ayant cet objectif-là, le frais raisonnable, la raisonnabilité du montant
qui est exigé s'inscrit dans cette recherche d'assurer le bénéfice de bien
protéger les élus, mais tout en assurant la raisonnabilité, l'équilibre eu
égard au coût normal. La notion de raisonnabilité de prix, de frais
raisonnables, c'est ce qui correspond à la mesure normale, usuelle, donc c'est
une appréciation toujours cas par cas, caractéristique, complexité, ampleur de
la tâche qui peut être appréciée.
Et la question de l'utilisation du terme
«raisonnable» dans les lois, c'est fréquent, oui, dans les lois. Il y a toujours
l'appréciation en termes de procédure civile. Il faut agir, hein, dans un délai
raisonnable. Est-ce que la cour… difficulté à appliquer la notion de
raisonnabilité à l'égard d'un délai? La réponse est non. Ils l'apprécient au
cas par cas, puis ils viennent voir. Il se dégage des tendances, des courants jurisprudentiels
à l'égard de la… civile, mais c'est la même logique. Et ça fait plusieurs
années que ça s'applique déjà ainsi, et ça… dans le régime de frais de défense
des municipalités, et ça ne soulève pas de difficulté. Ce qui avait soulevé une
difficulté, qui a amené la cour à se prononcer, ça a été l'application de la
notion de proportionnalité, que la cour a reconnue en 2020 et qui est la notion
visée par l'amendement.
M. Benjamin : …avoir une question
brûlante. Donc, je vais lui céder la parole, Mme la Présidente, si vous
permettez.
La Présidente (Mme Boutin) :
Momentanément, oui. Allez-y, M. le député de Chomedey.
M. Ouellette : Effectivement,
c'est une question brûlante, Mme la Présidente. J'écoute Me Paradis, et
son intervention me soulève plein de critères de raisonnabilité. Dans le mot
«raisonnable», il y a la durée, il y a les heures, il y a le nombre… il y a
l'expertise, la complexité et il y a tout ce qui est défini par la jurisprudence.
Je suis un nouvel élu dans une municipalité et j'ai à prendre une décision sur
c'est quoi les frais raisonnables que je vais suggérer à la…
M. Ouellette : ...et il y a
tout ce qui est défini par la jurisprudence.
Je suis un nouvel élu dans une municipalité
et j'ai à prendre une décision sur c'est quoi les frais raisonnables que je vais
suggérer à la municipalité d'engager dans une poursuite ou dans une défense
d'un élu. Je vais faire quoi? Là, je vais aller voir ce qui existe. Si je n'ai
pas de définition, puis si je n'ai pas de critère, puis qu'on me dit
juste : C'est raisonnable, puis ce que je vous disais tantôt, Mme la
Présidente, le raisonnable du député de Viau, le raisonnable du député de Chomedey
puis le raisonnable de vous, Mme la Présidente, c'est trois raisonnable qui
peuvent être différents, puis on peut avoir une différence de 300 $ de
l'heure, ce qui va être ça, notre raisonnable.
• (20 h 40) •
Et je nous amène à penser... peut-être que
ce n'est pas nécessaire de le spécifier, mais je nous amène à penser, puis je
nous amène à nous le dire puis à en faire part aux citoyens qui nous écoutent,
que dans le mot «raisonnable», dans toutes les discussions qu'on a eues, bien,
je pense qu'il va falloir tenir compte de l'expertise, de la complexité, si
c'est une fraude économique qui risque de durer très, très, très longtemps. La
jurisprudence, puis on y revient souvent, Mme la Présidente, Mme la ministre
faisait référence à la décision de Lacolle, Bien, si on regarde la décision de
Lacolle, on aura sûrement des critères ou des éléments qui, si, moi, nouvel
élu, j'ai à prendre une décision de raisonnable pour suggérer à ma
municipalité, bien, je vais aller référer à la décision, je vais aller référer
à ce qui existe, la décision de Lacolle puis d'autres décisions.
Ça fait que ça me prend un point de départ
en quelque part, puis juste qu'on ait la réflexion. On ne changera peut-être
pas le mot «raisonnable», mais qu'on ait, entre nous autres, la réflexion pour
que les citoyens nous disent : Ah! O.K., raisonnable, parce qu'ils vont
voir le verbatim, les juges le font, le cours le font, venir voir le verbatim
des discussions que les députés ont à l'Assemblée nationale. Si, pour nous
autres, «raisonnable», ça veut dire l'expertise, la complexité, la durée, le
nombre d'heures, je pense qu'on vient de donner un très bon point de référence à
une personne à qui on va demander ou on impute la responsabilité de décider,
dans une municipalité, pour engager l'argent public sur quelle devrait être sa
décision ou sa définition du mot «raisonnable». Merci, Mme la Présidente. M. le
député de Viau, je vous rends les armes.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, M. le député. Député de Viau, allez-y.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Donc, j'ai un collègue ici, à l'Assemblée nationale, qui
n'est pas avocat, mais qui m'a déjà dit quelque chose que j'ai retenu au
sujet des articles de loi. Il m'a dit : Écoute, Frantz, il faut toujours
voir, dans les textes de loi, les «et» et les «ou». Dès qu'il s'agit… dans un
texte de loi...
M. Benjamin : …j'ai un collègue
ici, à l'Assemblée nationale, qui n'est pas avocat, mais qui m'a déjà dit
quelque chose que j'ai retenu au sujet des articles de loi. Il m'a
dit : Écoute, Frantz, il faut toujours voir, dans les textes de loi, les
«et» et les «ou». Dès qu'il s'agit… dans un texte de loi, dès qu'il y a des
«et» et des «ou», tu dois te poser des questions. Et là, justement, donc, j'ai
un «et» ici, pour ce qui est de : «à la nature et à la complexité».
Donc, j'aimerais peut-être, dans un premier temps, demander à la ministre de
pouvoir nous expliquer l'addition de ces deux concepts de «nature»
et «complexité».
La Présidente (Mme Boutin) :
Mme la ministre.
Mme Laforest : Où?
M. Benjamin : Dans le
paragraphe n° 1 : «Les frais engagés en vertu du deuxième alinéa doivent
être proportionnels à la nature et à la complexité…»
Une voix
: …
Mme Laforest : Oui.
M. Benjamin : Donc…
Mme Laforest : C'est quoi,
votre question? Et/ou…
M. Benjamin : Pouvez-vous… si
vous pouvez me l'expliquer. «À la nature et à la complexité», pourquoi ça
prend les deux éléments?
Mme Laforest : Bien, il faut
aller valider au niveau, par exemple, des frais, si… est-ce que la cause est
compliquée? Est-ce que la cause est complexe? Est-ce qu'on a besoin d'une expertise?
Puis c'est quelle cause, de quelle nature? Est-ce que c'est une cause très,
très simple à défendre, ou… Ça dépend. Bref, ça veut tout dire. Honnêtement, «les
frais engagés en vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la
nature et à la complexité de la procédure visée», ça… là, le «et/ou», je ne
vois pas le «et/ou» là-dedans. Mais, bref, c'est important de regarder la
nature de la cause et est-ce que la cause demande, bien, des vérifications, des
justifications, des expertises.
Je pense que c'est important, là, parce
que, là, depuis tantôt, je vous entends, là, puis la cause, justement, qui a
fait jurisprudence, de Lacolle, là, je vais juste… je vais dire les éléments
principaux. Puis peut-être qu'au niveau des frais raisonnables vous allez
vraiment voir le sens, l'importance du mot «raisonnable», parce qu'il n'est pas
là pour rien.
Alors, la personne, je n'aime pas, moi,
nommer les noms, alors je ne nomme pas le nom, c'est passé, alors, demande au
tribunal d'enjoindre à la municipalité de continuer d'assumer ses honoraires
extrajudiciaires. À la suite de plaintes formulées contre le demandeur et de
procédures d'enquête en éthique et en déontologie, la municipalité accepte de
rembourser ses honoraires extrajudiciaires. Troisièmement, la Commission
municipale du Québec a rendu deux décisions dans lesquelles elle retient des
manquements de la part du demandeur. Quatrièmement, ces décisions lui imposent
une suspension de 30 jours et le remboursement du salaire qu'il a reçu
durant cette période ainsi qu'un remboursement de 913,07 $ de
remboursement. Le demandeur a déposé deux pourvois en contrôle judiciaire à
l'égard de ces décisions. Et sixièmement, à ce jour, la municipalité a déboursé
plus de 139 000 $ en frais de défense et représentation, auxquels
s'ajoutent…
Mme Laforest : …de remboursement.
Le demandeur a déposé deux pourvois en contrôle judiciaire à l'égard de ces
décisions; et
6° à ce jour, la
municipalité a déboursé plus de 139 000$ en frais de défense et représentation,
auxquels s'ajoutent 27 000 $ relativement à l'arbitrage d'un compte
au Barreau du Québec à la suite de l'échec de la conciliation.
En juin 2019, le
premier pourvoi en contrôle judiciaire du demandeur a été rejeté;
8° le demandeur
évalue à 22 000 $ ses frais de représentation supplémentaires pour la
mise en état du dossier et l'audition de sa seconde demande de pourvoi en
contrôle judiciaire;
9° la municipalité
soutient qu'elle n'a plus l'obligation d'assumer ces frais de défense puisque
ceux-ci ne sont pas raisonnables et proportionnels au litige. Donc, ici, c'est
pour ça qu'on parle de la notion de la Cour supérieure qui est venue
reconnaître la notion de proportionnalité, et la cause de cette municipalité,
évidemment, a fait jurisprudence. Alors, vous voyez que même les montants ont
été jugés, selon cette cause-là, si les montants étaient raisonnables ou non.
Maintenant, vous
me posez la question, les… doivent être, les montants, proportionnels à la
nature et à la complexité des frais engagés de la procédure visée. Bien, c'est
certain que quand il y a une cause qu'on doit regarder, en tant que
municipalité, on regarde, un, la nature de la cause, c'est quelle cause.
Premièrement, est-ce que c'est une cause civile? Parce que si ce n'est pas une
cause civile, c'est une cause pénale, c'est une autre chose, parce qu'une cause
pénale, criminelle, l'élu ou l'employé municipal va payer les frais de défense,
d'avocat.
Donc, c'est
merveilleux, qu'est-ce qu'on vient dire ici. On vient dire à tous les citoyens
du Québec : Ne soyez pas inquiets, parce que vos élus, s'il y a une faute
criminelle, pénale, l'élu ou l'employé municipal va payer ses frais d'avocat.
C'est vraiment important, là, l'article 95, ça va plus loin que la notion de
frais raisonnable. Puis, en plus, là, avec la décision qui a été prise, comme
on le dit, on peut s'assurer qu'on ait quand même un exemple, comme vous avez
mentionné tantôt, excellent exemple. On a ici un exemple vraiment à allez voir.
Qu'est-ce qui s'est passé? Combien ça a coûté? Est-ce que c'était trop cher
pour la municipalité? Est-ce qu'il y a eu de l'abus au niveau des frais
encourus? Ça fait que c'est là qu'on vient attacher l'importance, autant au
niveau civil qu'au niveau pénal pour les causes.
On ne le
souhaite pas, là, tu sais, on ne veut pas que nos élus ni… nos employés
municipaux sont parfaits, selon moi, tu sais, il n'y a pas de maire et de
mairesse, d'après moi, qui font ça, malheureusement, volontairement, quand il y
a des causes encourues, évidemment. Mais quand ça arrive, je pense que les
citoyens, autant avec nous, les députés à l'Assemblée nationale… bien, on a une
certaine responsabilité, donc il ne faut pas que ce soient les citoyens qui
sont… que les citoyens soient impactés par rapport aux gestes, ou peu importe,
là, les événements, ou nos actes qu'on pose. Donc, ici, il faut vraiment…
Mme Laforest : …on a une
certaine responsabilité. Donc, il ne faut pas que les citoyens soient impactés par
rapport aux gestes, ou peu importe, là, les événements, ou nos actes qu'on
pose. Donc, ici, il faut vraiment… Bref, on a la protection des citoyens au
niveau des frais et également, on n'a pas oublié, on a toujours la protection
de nos élus, comme nous ici, les députés à l'Assemblée nationale. Parce que, si
les maires et les mairesses n'étaient pas non plus protégés, parce que c'est
normal aussi que dans le cadre de leurs fonctions, on les protège, nos élus, il
faut qu'il y ait une certaine protection — on le sait très bien avec
tout ce que vit en plus aujourd'hui — il faut donner le goût à nos
élus d'aller en politique soit municipale soit provinciale, donc ça leur prend
quand même une protection. C'est important de voir. Mais maintenant, quand on
est rendu aux frais de défense, comme ici, l'article 93 est mentionné, bien je
pense que ça vient vraiment compléter la nécessité de, et protéger nos élus, et
protéger la capacité de payer de nos électeurs. Je pense que j'ai bien résumé,
là. Est-ce que ça vous plaît, comme ça?
M. Benjamin : Bien, on va voir
à partir de la prochaine question que je vais vous poser. Donc, j'ai bien
compris, j'ai bien saisi, en fait, votre réponse, mais votre réponse, Mme la
ministre, touchait surtout sur la nature. Pour la nature, si la nature doit
être proportionnelle à… la nature était prise de manière isolée, je vous aurais
dit, parfait. Mais ma question, Mme la Présidente, c'était, et la nature est
additionnée à la complexité, qu'en est-il, de la complexité? Et qui jugera de
complexité? À partir de quand le cas est complexe? À partir de quand ne
l'est-il pas? Donc, voilà, ma question. Et parce qu'on a ici la nature et à la
complexité, donc moi, j'aimerais vous entendre sur la complexité.
Mme Laforest : Je vais laisser
Me Paradis.
• (20 h 50) •
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci,
Mme la Présidente. La nature, différents cas d'espèce si c'est un recours
civil, un recours pénal, un recours criminel, donc c'est ça, la nature d'une
procédure. La complexité, je peux reprendre le même exemple de tout à l'heure,
donc complexité, si c'est une cause criminelle liée à un crime économique,
beaucoup plus complexe comme cause qu'une situation de vol dans la petite
caisse. Complexité, je l'illustre, là, plus simple pour pouvoir l'exprimer.
Puis après ça, au niveau civil, complexité, c'est un peu aussi de la même
nature. Est-ce qu'il s'agit d'une cause liée au non-respect d'une règle, liée à
un conflit d'intérêts ou à une implication dans la mauvaise application
sciemment des règles…
M. Paradis (Nicolas) : …au
non-respect d'une règle, lié à un conflit d'intérêts ou à une implication dans
la mauvaise application sciemment des règles d'adjudication des contrats, qui
possède un degré de complexité quand même appréciable dans la Loi sur les cités
et villes. Est-ce que ça pourrait être ça? Ce sont des exemples. C'est une question
de complexité, analyse au cas par cas de chaque situation.
M. Benjamin : Merci, merci,
maître. Justement sur la question… sur la nature, on s'entend qu'il est
peut-être plus aisé, pour un conseil municipal, pour une municipalité, de
statuer sur la nature, donc ça tombe sur le sens, mais c'est sur les enjeux de
complexité justement. Parce que ce sur quoi on doit être clair ici, nous avons,
devant nous, en fait, moi, c'est ce que j'ai, c'est ce que je vois, des règles
d'appréciation qui se juxtaposent… «les frais engagés doivent être
proportionnels à la nature, à la complexité de la procédure visée», c'est… et
on a parlé tout à l'heure, selon la municipalité, c'est du cas par cas. Donc,
il y a beaucoup de règles d'appréciation. Et sur la complexité, donc Mme la
ministre, donc qui doit statuer sur la complexité, est-ce que c'est toujours la
municipalité, selon vous, qui est l'entité idéale pour statuer sur la
complexité d'une cause?
Mme Laforest : Oui.
M. Benjamin : Oui.
Mme Laforest : Oui, tout à
fait.
M. Benjamin : C'est la
municipalité.
Mme Laforest : Oui, parce que
la municipalité a quand même des ressources pour évaluer si c'est une cause
complexe, si on devrait, par exemple, défendre l'élu. Si, par exemple, je vais
dire ça comme ça, si, par exemple, il y a une décision qui a été prise, par
exemple, je dis ça comme ça, par un conseiller, mais c'était une décision qui a
été prise… On prend une pause?
La Présidente (Mme Boutin) :
Non, non…
Mme Laforest : Ah! O.K. Je
vous voyais faire des signes, non, mais je pensais que…
M. Benjamin : J'allais sur le
point d'une pause, Mme la ministre. Vous voulez prendre une pause?
Mme Laforest : Non.
M. Benjamin : Ah! D'accord.
Mme Laforest : Non, parce que
je pense qu'on s'en vient, là, vraiment à la fin de l'article, puis je suis
contente, parce qu'il faut quand même essayer de répondre à toutes vos
questions, parce que vous avez des questions d'une complexité incroyable.
M. Benjamin : Une question
raisonnable.
Mme Laforest : Bon. Alors,
vous voyez, «raisonnable», le mot est important. Je donne un exemple, par
exemple, au niveau, vous dites : Une cause qui est complexe, est-ce qu'un
élu municipal ou encore un employé municipal qui…
Mme Laforest : …alors…
M. Benjamin : Des fois, on est
dans les questions raisonnables aussi.
Mme Laforest : Bon. Alors,
vous voyez, «raisonnable», le mot est important. Je donne un exemple, par
exemple, sur… au niveau… Là, vous dites : une cause qui est complexe. Est-ce
qu'un élu municipal ou encore un employé municipal qui… un élu municipal qui
reçoit un don, qui se positionne en situation de conflit
d'intérêts — je donne un exemple comme ça — et que la
municipalité juge qu'elle doit le défendre, parce que c'est une erreur, c'est
arrivé juste une fois, puis à ce moment-là, l'élu, par rapport à la
municipalité, est capable de comprendre que c'est une erreur, c'est un élu,
c'est un conseiller extraordinaire, la municipalité en a besoin, est-ce que… la
municipalité, à ce moment-là, va dire : Bon. Quelle décision je dois
prendre? C'est un don qui a été fait. D'ailleurs, c'est important, là, les
dons, on va en parler aussi plus tard, là. Est-ce que ça implique des
situations de conflit d'intérêts par exemple dans des montages financiers au
niveau corporatif? Donc, est-ce qu'il y a des gens qui sont impliqués par
rapport au don que l'élu a reçu ou l'employé municipal a reçu? Après ça, il
faut évaluer, là, pourquoi l'élu a reçu un don comme ça. Est-ce que c'est la
première fois? Est-ce que… Vous comprenez qu'il faut quand même évaluer. Et
est-ce qu'il y a plusieurs personnes qui sont impliquées dans le don que la
personne a reçu? Est-ce qu'on parle des compagnies? Est-ce qu'on parle des
entreprises? Est-ce que c'est la première fois? Ça fait que, tu sais, c'est ça
qui est à évaluer, là.
Ça fait que vous comprenez que, quand on
parle au niveau de la complexité de la cause, bien, s'il y a plusieurs
personnes, ou plusieurs entreprises, ou plusieurs OBNL qui sont impliqués dans
la décision, ça devient peut-être important d'évaluer la nature comme telle de
la cause. Est-ce que c'est une cause pénale? Est-ce que c'est une cause civile?
Est-ce que… Vous comprenez que la nature importante… Et c'est important aussi
de voir que c'est criminel. Ça fait que c'est sûr qu'il y a une évaluation à
faire, là.
M. Benjamin : On s'entend sur
la nature, mais c'est un peu sur la complexité que je trouve qu'il y aura
encore des… il y aurait des choses à dire. Mais, écoutez, je n'ai pas beaucoup
de temps, il me reste peu de temps.
Dans le deuxième paragraphe, Mme la
ministre, si on va à la dernière ligne, lorsqu'on dit «tant que la poursuite
n'est pas retirée ou rejetée ou que la personne n'est pas acquittée par un
jugement passé en force de chose jugée», pouvez-vous m'expliquer ce paragraphe?
Mme Laforest : Me Paradis.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci,
Mme la Présidente. Ce sont des concepts liés, bien entendu, aux différentes
procédures applicables à des poursuites de nature criminelle. Une personne peut
être accusée au criminel. Elle est acquittée, donc… procès est mené jusqu'à
terme, et donc il y a un jugement qui est rendu sur la cause, donc soit
reconnue coupable, soit acquittée. Ça, c'est le cas simple. «Retirée» : le
poursuivant, en l'occurrence le directeur… le DPCP, le directeur des poursuites
criminelles et pénales, procureur de la couronne, en somme, pourrait décider de
rejeter… retirer, par contre, les accusations en cours de route, accusations
déposées. Il les retire pour différents motifs, là, qui sont liés à la
procédure…
M. Paradis (Nicolas) : …soit
acquittée. Ça, c'est le cas simple.
Retirée, le poursuivant, en l'occurrence
le directeur… le DPCP, le Directeur des poursuites criminelles et pénales,
procureur de la couronne, en somme, pourrait décider de rejeter… retirer, par
contre, les accusations en cours de route, accusations déposées. Il les retire
pour différents motifs, là, qui sont liés à la procédure criminelle. La preuve,
de toute évidence, n'est plus suffisante en cours de route, il s'en rend
compte, retire à ce moment-là les accusations.
Et rejetée, c'est que la cause pourrait
être rejetée pour des motifs d'ordre constitutionnel, pensons à la question des
délais, notamment, donc une cause qui serait rejetée, une poursuite rejetée
pour cause de délai déraisonnable pour intenter la poursuite en question. Donc,
dans un cas comme ça, ce n'est pas un acquittement mais plutôt un rejet formel
de la poursuite qui est fait pour des moyens, bien, procéduraux ou liés aux
droits et libertés, là, de différentes natures.
M. Benjamin : Et, quand on
dit : «un jugement passé en force de chose jugée», ça veut dire quoi
précisément, Maître?
M. Paradis (Nicolas) : Il ne
peut plus être porté en appel, le délai d'appel est échu, et donc le jugement
est définitif et exécutable.
M. Benjamin : Parfait. Alors,
à ce stade-ci, Mme la Présidente, j'aimerais vous annoncer qu'on a un
sous-amendement.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. Est-ce que vous voulez suspendre, le temps qu'il aille sur Greffier?
M. Benjamin : Oui.
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 58)
21 h (version non révisée)
(Reprise à 21 h 10)
La Présidente (Mme Boutin) :
Alors, c'est reparti dans la commission. M. le député de Viau, je vous
inviterais à nous présenter le sous-amendement.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Donc, alors, le sous-amendement se lirait comme suit,
donc : Modifier l'amendement proposé à l'article 93.1 du projet de
loi, par l'insertion dans le 2e paragraphe, après les mots «d'une poursuite de
nature criminelle», des mots «et s'applique aussi en vertu de l'article 2
de la Loi concernant la lutte contre la corruption».
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci. Oui, Mme la députée de Vaudreuil, à vous la parole.
Mme Nichols : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Donc, mon collègue a déposé un sous-amendement puisque c'est le
dernier, là, qui a eu... qui avait, entre autres, là, la parole, là, dans les
différents échanges. Je veux expliquer le sous-amendement. Puis j'ai aussi, là,
différents commentaires, là, en lien, évidemment, avec l'article 93.1.
D'emblée, là, puis on en a parlé dans les
échanges, puis je trouve que c'est important d'y revenir, là, à l'intention du
législateur, en 1996. En 1996, c'était le projet de loi n° 24, et puis
c'est Rémy Trudel, entre autres, un député qui était là. Puis je vais juste
vous lire, là, trois interventions superimportantes qui nous remettent dans la
peau... bien, qui nous remet... «dans la peau», qui nous remet, là, en... qui
nous remet, là, peut-être dans les circonstances dudit projet de loi. On
disait… le député disait : «On a indiqué, à l'étape antérieure, qu'on
visait ici à instaurer un nouveau régime pour instaurer une protection contre
certaines pertes financières liées à l'exercice des fonctions municipales.
Alors, on ne vise pas à donner une… voyons, une immunité de type parlementaire,
comme nous vivons ici...
Mme Nichols : …dudit projet de
loi, on disait… le député disait : «On a indiqué, à l'étape antérieure,
qu'on visait ici à instaurer un nouveau régime pour assurer une protection
contre certaines pertes financières liées à l'exercice des fonctions
municipales. Alors, on ne vise pas à donner — voyons — une
immunité de type parlementaire, comme nous vivons ici, à l'Assemblée nationale,
de façon totale, mais à accorder une protection contre les pertes financières
pour les individus, à l'exception des fautes lourdes et intentionnelles. La municipalité,
à ce moment-là, assume la défense de cette personne, et je ne vais pas dans le
détail, assume la défense ou la représentation, selon le cas, d'une personne,
qu'il soit le défendeur, l'intimé ou l'accusé, soit le mis en cause dans une
procédure dont est saisi le tribunal.»
Il y a eu une réplique, qui disait :
«J'aimerais savoir du ministre si cette disposition-là ne peut pas, dans
certains cas, apporter une difficulté financière à une petite municipalité de
150 âmes qui aurait pour procédures… qui aurait des procédures de
200 000 $ sur le dos au bout de deux ou trois ans. Est-ce qu'on a une
balise quelque part?» Ça fait que, même en 1996, là, on cherchait la balise. La
réponse : «Si ça met la municipalité en difficulté, imaginez pour l'élu
concerné.» Ça fait que, tu sais, c'était un projet de loi, là, qui visait,
évidemment, à protéger l'élu. Bien sûr, là, on comprend qu'on ne veut pas non
plus refiler la totalité de la facture aux citoyens.
«Si ça mettait en cause la stabilité
financière de la petite municipalité, imaginez ce que ça voudrait dire pour la
personne. Et je ne crois pas déceler ici qu'il s'agit d'un phénomène tellement
contagieux puis immense. Cependant, il y a une tendance qui se dessine.
Écoutez, depuis l'adoption de la charte des droits, il y a une grande tendance
à poursuivre les individus qui ont des fonctions et des rôles qui les amènent à
prendre des décisions. On ne poursuit pas l'organisme, on poursuit la personne
qui a pris la décision. Et je vais vous dire que ça peut avoir un effet
repoussoir et, à tout le moins, une réduction de l'attraction pour occuper des
responsabilités. L'important, c'est de rendre service aux concitoyens et ne pas
se mettre dans le trouble. J'agis au meilleur de ma connaissance puis, à tout
coup, je mets la sécurité financière de ma famille en cause.»
Donc, ce que ça dit, là, c'est que, quand
on est un élu municipal, là, on prend des décisions, là, puis, souvent, là, ces
décisions-là, bien, ça fait que… puis on le voit, là, on le voit en 2021, là,
il y a de plus en plus de poursuites, on se met souvent, justement, là, dans
une position où on est plus facilement poursuivis. Un citoyen n'est pas
content… on le sait, là, on a souvent des menaces, là, hein? On prend une
décision comme élu, si ça ne fait pas l'affaire, tu vas recevoir une poursuite.
Bon, parfait.
Donc, l'objectif, c'était de venir
protéger l'élu municipal, parce que, tu sais, imaginez l'élu municipal qui a
une poursuite, là… puis c'est vrai, là, quand on parle, là, la sécurité
financière de sa famille, ça a un impact sur la famille quand l'élu municipal
doit débourser de sa poche pour… tu sais, pour une procédure qui est peut-être
une procédure frivole, qui est peut-être une procédure qu'il va gagner à la
fin, mais que l'objectif est de l'achever, l'élu municipal. Bon, je ne vous dis
pas que c'est comme ça dans tous les cas, là, au contraire. Mais je vous dis
qu'en 1996, quand on va lire le verbatim, c'est surtout ça qui est soulevé…
Mme Nichols : ...pour... tu
sais, pour une procédure qui est peut-être une procédure frivole, qui est peut-être
une procédure qui va gagner à la fin, mais que l'objectif est de l'achever, l'élu
municipal. Bon, je ne vous dis pas que c'est comme ça dans tous les cas, là, au
contraire. Mais je vous dis qu'en 1996, quand on va lire le verbatim c'est
surtout ça qui est soulevé.
D'un autre côté, là, je les ai vus passer
aussi, là, les... Tu sais, on en a peut-être un peu abusé, entre autres au
niveau criminel, au niveau... Puis je vais faire... Puis là je vais faire
référence, entre autres, là, à la ville de Terrebonne. On le sait, le maire en
place est sorti pour dire que ça n'avait pas d'allure, les factures qu'il avait
reçues de l'ancien directeur général... de l'ancien maire, puis l'ancien
directeur général de la ville ou son chef de cabinet. C'était son chef de
cabinet. Lui, il disait : Écoute, moi, j'ai reçu une facture de
579 000 $, comme maire, ce n'est pas vrai que je vais avoir une
taxe... que je vais faire une taxe pour payer les frais juridiques de l'ancien
maire puis de l'ancien chef de cabinet.
Puis à cet effet-là, là, le maire de
Terrebonne l'a dit puis il l'a même écrit dans le journal qu'il avait envoyé
une lettre à la ministre des Affaires municipales puis de l'Habitation pour que
la loi permette à un élu... Dans le fond, ce qu'il voulait, là, il voulait que
ce soit revu que la municipalité ait à payer les frais d'avocat de la ville
pour exclure les poursuites criminelles. Moi, sincèrement, là, la partie sur
les poursuites criminelles, là, moi, ça me va, là. Moi, je me dis, quand il y a
une partie poursuites criminelles, bien, ça va, là, on regardera à la fin, puis
si la personne, elle est acquittée, puis c'était dans le cadre de ses
fonctions, bien, c'est correct, là, la ville, tu sais, pourra rembourser les frais,
là, si la personne est acquittée.
Moi, ce que je propose, là... Parce que je
pense que l'intention initiale, entre autres, du législateur, c'était de
protéger les élus municipaux qui pouvaient faire, là, l'objet d'une poursuite
pour une décision qui était rendue de bonne foi dans le cadre de leurs
fonctions. Bien, je pense qu'il y a lieu aussi, là, de venir préciser, là, dans
l'article de loi, dans l'article, là, 604.6, là... de venir préciser... Puis là
c'est de la façon que ça a été libellé, là, mais moi, ce que je dirais, ce
serait d'exclure aussi le remboursement possible des frais d'avocat lorsqu'une
accusation est déposée en vertu de l'article 2 de la Loi
concernant la lutte contre la corruption. Ça fait que c'est sûr qu'on parle
de droit criminel, mais je pense qu'on doit aussi, là, expressément exclure les
remboursements possibles des frais d'avocat quand c'est une accusation qui est
déposée en vertu de la Loi concernant la lutte contre la corruption.
Ça fait que c'est le but de cet
amendement-là. J'aurais aimé ça poser la question, entre autres, en étudiant le
projet de loi n° 91, mais vous comprendrez qu'on a un temps limité. Ça
fait que pour pouvoir poser la question si, dans la poursuite criminelle, ça
inclut, entre autres, l'article 2, si ça inclut, entre autres, les articles qui
concernent la loi de la lutte contre la corruption, bien...
Mme Nichols : … et j'aurais
aimé ça, poser la question entre autres en étudiant le projet de loi n° 91,
mais vous comprendrez qu'on a un temps limité. Ça fait que, pour pouvoir poser
la question si, dans la poursuite criminelle, ça inclut entre autres l'article
2, si ça inclut entre autres les articles qui concernent la Loi de la lutte
contre la corruption, bien, c'est pour ça que je dépose un amendement, pour
m'assurer que ça soit inclus entre autres là, à cet article-là.
Ma question, c'est à savoir si c'est
inclus ou pas. Puis je fais… Bien, je vais y aller par là, ou je peux peut-être,
là, y aller en rafale, là. L'autre aspect — puis je pense que mes…
les deux collègues, là, en ont parlé — relativement, là, à un
maximum, soit un maximum pour le taux horaire ou soit un maximum avant que la
ville puisse utiliser son pouvoir discrétionnaire. Je vais vous donner un
exemple superordinaire, là, mais, tu sais, un… puis je sais que ça ne
s'applique pas là, là, mais c'est juste pour donner une image, là, mais un
divorce en région, là, ça coûte le même prix qu'un divorce à Montréal ou qu'un
divorce ailleurs, là, puis ça coûte cher, j'ai passé par là. Ça fait que… Mais
c'est pour ça que je me dis : Pourquoi on ne fixe pas un montant? Je le
sais, je le sais, puis on l'a lu, puis même dans l'intention, là, des précédents
législateurs, là. Pourquoi on ne viendrait pas fixer un taux, mettons, qui
tient compte des petites ou des plus grosses municipalités, puis pas en
fonction du prorata, pas en fonction de la richesse foncière, mais, tu sais, en
fonction d'une procédure légale, combien ça coûte, tu sais, en disant :
Bien, regardez, c'est 100 000 $, la ville n'a rien à dire jusqu'à
100 000 $, puis après 100 000 $, elle pourra utiliser ce
pouvoir-là, là, proportionnel, là, qui est prévu dans l'article 93, là, de la…
elle viendra, par voie de résolution, s'exprimer? Donc, c'est ma question à
deux volets.
La Présidente (Mme Boutin) :
Allez-y, Mme la ministre.
• (21 h 20) •
Mme Laforest : Oui. Alors,
juste pour rassurer le maire Plante… le maire Plante de Terrebonne, oui,
j'avais lu sa lettre, et, oui, l'article 93 va répondre à sa demande, parce
que, si on pense aux causes criminelles, on touche la corruption, l'abus de
confiance, la malversation, la fraude, le trafic d'influence, et ensuite, au
niveau des causes civiles, on touche l'adjudication des contrats, la loi sur
les organismes publics, les usages abusifs des biens publics, et, également, si
on parle de ces deux causes là, bien, si c'est des fautes lourdes ou
intentionnelles, bien, sûrement ici qu'on parle avec le maire Plante de cette
raison-là, bien, la ville, à ce moment-là, peut demander le remboursement.
Donc, pour la question du maire Plante, ici, puis je l'avais lue, merci beaucoup,
et ça a été vraiment spécifique, puis ça vient justement répondre aux
inquiétudes du maire Plante aux niveaux criminel et civil. Donc, je veux quand
même rassurer le maire de Terrebonne pour lui dire qu'il a été entendu.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme Nichols : Oui. Ma question
avait deux volets…
Mme Laforest : …merci beaucoup — et
ça a été vraiment spécifique, puis ça vient justement répondre aux inquiétudes
du maire Plante aux niveaux criminel et civil. Donc, je veux quand même
rassurer le maire de Terrebonne pour lui dire qu'il a été entendu.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée.
Mme Nichols : Oui. Ma question
avait deux volets. Mon premier volet, je ne suis pas certaine, là, d'avoir
entendu la réponse, là, Mme la ministre. Puis je le sais que c'est tard puis
c'est plate répéter. Puis quand on est ministre, on répète souvent, hein, ça
fait partie de notre rôle. Puis quand on est dans l'opposition, bien, on pose
des questions, ça fait partie de notre rôle aussi. Ça fait que ma question,
c'est à l'effet que le sous-amendement que j'ai déposé, là, moi, c'était pour
m'assurer, là, que la… que les articles, là, qui font partie de la lutte contre
la corruption sont compris dans l'aspect criminel. Moi, c'est ça que je veux
savoir. Donc…
Mme Laforest : Oui, c'est
compris dans l'aspect criminel.
Mme Nichols : Parfait. Donc,
quand on parle de la nature du litige, là, la nature du litige, ça peut être
civil, criminel, lutte contre la corruption. Ça fait partie de tous les recours
possibles, c'est inclus.
Mme Laforest : Ça revient à la
nature de la cause qu'on parlait tantôt quand on disait les causes sont…
pourrait être de quelle nature. Alors, c'est sûr que les causes de corruption
sont incluses dans les causes criminelles, qui sont incluses à
l'article 93.1.
Mme Nichols : Est-ce que… Puis
je pose une question, je vais un peu plus loin, là. Est-ce qu'on ne pourrait
pas exclure totalement, là, le remboursement possible des frais d'avocat quand
ça touche — alors, ça reviendrait à la même chose, là — mais
quand ça touche, là, directement, là, la lutte contre la corruption?
Mme Laforest : Répétez votre question.
Mme Nichols : Bien, parce que…
Moi, la façon, je l'avais libellé, puis c'est parce qu'on ne peut pas mettre
dans un amendement… d'exclure une possibilité. Mais, moi, initialement, je me
disais de venir préciser, entre autres, là, d'exclure le remboursement possible
des frais d'avocat lorsqu'une accusation est déposée en vertu de
l'article 2, là, de la Loi concernant la lutte contre la corruption. Mais est-ce
que je comprends que le fait de l'exclure, ça revient à l'inclure dans la partie
de notion criminelle? Je ne sais pas si je l'explique…
Mme Laforest : Bien, en fait,
ce qui important de savoir, c'est que toutes les causes… non, tous les actes
criminels sont inclus ici, tous les actes criminels concernant la corruption
sont vraiment visés à l'amendement qu'on a proposé. Ça fait que ça, c'est
important. C'est clair. Il n'y a pas d'inquiétude à avoir.
Maintenant, au niveau des remboursements — comme
on le disait tantôt — c'est sûr que par rapport à ces actes criminels
qui seraient possiblement liés à la corruption, à ce moment-là, la ville
pourrait demander le remboursement sans problème.
Mme Nichols : Parfait. Sur
l'autre volet, là… Parce qu'on s'entend, là, que, s'il est acquitté, il pourra
avoir un remboursement, là. Mais, sur ce volet-là, là, le remboursement des
dépenses, là, est-ce qu'on ne pourrait pas… Moi, je vous le dis, là, depuis le
début, là, tu sais, ce qui m'embête, c'est que la municipalité a comme ce
pouvoir proportionnel d'évaluer la proportionnalité dès le début…
Mme Nichols : …volet, là… Parce
qu'on s'entend, là, que, s'il est acté, il pourra avoir un remboursement, là.
Mais, sur ce volet-là, là, le remboursement des dépenses, là, est-ce qu'on ne
pourrait pas… Moi, je vous le dis, là, depuis le début, là, tu sais, ce qui
m'embête, c'est que la municipalité a comme ce pouvoir proportionnel d'évaluer
la proportionnalité dès le début, là. Tu sais, là, dès le… ils peuvent tout de
suite intervenir, on leur donne d'emblée ce pouvoir discrétionnaire là. Est-ce
qu'on ne pourrait pas, Mme la ministre, dire: Pour toutes les municipalités,
que ce soit une municipalité… Parce qu'un recours, là, tu sais, que ça soit une
petite ou une grosse municipalité, l'élu prend les… bon, peut-être pas les
mêmes décisions, mais l'élu prend des décisions puis l'élu s'expose à être
poursuivi, peut-être même pire dans les petites municipalités, parce que les
gens, là, qui assistent, là, dans les conseils municipaux des petites
municipalités, là, des fois, ils sont encore plus enflammés, puis des fois, là,
ils ont la réplique facile de dire : Je vais te poursuivre! Ça fait que…
Puis une poursuite, là, que ça soit dans
une petite municipalité ou une grosse municipalité, là, les frais sont les
mêmes. Je donnais l'exemple, là, puis c'est plate à dire comme image, là, puis
ça n'a pas de lien avec le municipal, mais un divorce dans une région ou un
divorce à Montréal, c'est un divorce, là, ça coûte probablement le même prix,
là. Ça fait que c'est pour ça que je me dis : Est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu d'établir un montant, d'établir… Mon collègue de Chomedey avait proposé de
dire : Bien, un maximum pour les taux horaires, comme à l'Assemblée
nationale c'est 200 $; si tu prends un avocat, 350 $, tu paieras
150 $ de ta poche. Bon. Ça, là, j'ai compris qu'on était un peu réticent
là-dessus. Mais, si on disait, pour une municipalité, là — ça revient
au pouvoir discrétionnaire — une municipalité, là, jusqu'à
100 000 $, là, tu ne l'exerceras pas, ton pouvoir discrétionnaire; à
100 000 $, tu pourras le… tu sais, tu pourras l'exercer. Puis là, je
dis 100 000 $. Ça peut être 75 000 $ ou 50 000 $,
parce qu'il y a des plus petites ou des plus grosses municipalités, mais c'est
sûr que, tu sais, 50 000 $ pour une grosse municipalité, ça ne
représente pas beaucoup.
Mais reste que, tu sais, je vois les deux
côtés, là, puis je trouve que mettre le plafond, ça vient protéger l'élu dans
son rôle, parce qu'il faut le dire, là, les élus sont aussi exposés à des
poursuites. Oui, des fois, c'est… des fois, ils ont le don de se positionner,
de se mettre les pieds dans les plats, là, disons-le comme ça. Mais, d'un autre
côté, tu sais, oui, il y a l'élu, puis, d'un autre côté, c'est vrai qu'on ne
veut pas envoyer, là… envoyer la facture. Ce n'est pas un chèque en blanc,
100 000 $, ça se peut qu'il n'y en ait pas, de procédure contre un
élu dans une municipalité, mais c'est au niveau… Tu sais, je pense que ça vient
dire à la municipalité à partir de quand tu peux intervenir ou pas puis je
pense que ça vient faire une certaine justice en disant : Bien, tu sais,
mon… le maire qui était là avant moi, qui est poursuivi, bien, on était dans la
même équipe. Ça fait que, aïe! il peut aller à 500 000 $. Comme ça,
il peut avoir les mains dans le plat de bonbons, puis c'est correct, on va le…
le conseil va le laisser passer. Mais, si tu as un adversaire, on le «brake» à
25 000 $, tu sais. Mais je pense que, tu sais, si on vient mettre un
montant, ça pourrait peut-être dire : Bien, regarde, là, c'est 100 000 $,
puis, après ce montant-là, on convient, là, que… je donne l'exemple de
100 000 $, là, mais on convient, là, qu'à 100 000 $, là, il
devrait y avoir une…
Mme Nichols : ...va laisser
passer, mais, si c'est un adversaire, on le brake à 25 000, tu sais. Mais je
pense que, tu sais, si on vient mettre un montant, ça pourrait peut-être
dire : Mais regarde, là, c'est 100 000, puis, après ce montant-là, on
convient, là, que... je donne l'exemple de 100 000, là, mais on convient,
là, qu'à 100 000, là, il devrait avoir une assez bonne défense ou un assez
bon avocat, là. Ça peut être 50 000, là, tu sais... sérieusement, je pense
que 50 000, ça peut être aussi raisonnable. Ça fait que, tu sais,
50 000, quand tu as une défense après 50 000, là...
Je cherche le point, tu sais, un point
d'équilibre, là, pour ne pas qu'il y ait d'abus de part et d'autre ou qu'il y
ait... pas une justice, il n'y aura pas de justice, là, mais, tu sais, qu'on...
un moment d'intervention spécifique.
Mme Laforest : C'est comme
impossible de répondre positivement à votre demande parce que, logiquement,
puis... pas par expérience, mais évidemment, en général, les avocats, par
exemple, à Montréal, parfois, sont plus dispendieux. Puis je vais dire que
certains avocats qui pratiquent... Je ne veux pas nommer de plus petites municipalités
parce qu'elles sont toutes importantes. Mais les avocats à Montréal sont plus
dispendieux, nécessairement, souvent, ou encore dans les grandes que dans les
plus petites villes.
Alors, encore là, vous parlez d'un 50 000,
tu sais, il y a 10 grandes villes, on pourrait dire : Bien, les avocats
des 10 plus grandes villes, on établit le plafond à x. Mais les avocats, par
exemple, de ville de Saguenay, tu sais, pratiquent à certain taux horaire, puis
ceux-là de Montréal, vous le savez, ce n'est pas la même chose. Ça fait
qu'encore là, c'est vraiment inapplicable, votre position.
Puis, quand on parle toujours de la notion
de corruption, il faut vraiment le répéter, avec les causes maintenant qui
sont... les causes criminelles ici qui sont indiquées de nature criminelle, à
l'article 2, au paragraphe 2, bien, c'est certain que ça, c'est réglé
au niveau de la corruption, c'est inclus avec l'amendement. Ça fait que...
Puis, pour certaines municipalités, par
exemple, un dossier de... Non, non, mais on dit comme ça, on parle, là. Un
dossier pour des petites municipalités, quand la cause est importante,
peut-être que 5 000, c'est très, très, très dispendieux. Mais, pour une
autre municipalité, une cause de 5 000, c'est très raisonnable.
C'est impossible. Ça dépend vraiment... ça
dépend de la nature et de la complexité de la cause, Mme la Présidente. C'est
vrai, dans le fond...
Mme Nichols : Mais le montant
qu'on fixe, Mme la ministre, là, tu sais, c'est un montant, à la limite, je ne
veux pas dire symbolique, là, mais c'est un montant où on va pouvoir dire au
conseil municipal... C'est parce que j'ai l'impression qu'on dit au conseil
municipal : Tu peux intervenir quand tu veux.
• (21 h 30) •
Si on lui dit : Mais, à partir de tel
montant, tu sais, là tu vas avoir... là, tu vas pouvoir utiliser ton pouvoir
discrétionnaire pour intervenir. Moi, c'est plus sur cet aspect-là, ce n'est
pas tant, genre... Puis je le dis, là, il y a des avocats... il y a des petites
municipalités qui vont chercher des avocats... Dans les municipalités, là...
Les municipalités font affaire avec des gros cabinets. Même les petites
municipalités travaillent avec des gros cabinets puis les paient. Ce n'est
pas... Moi, je suis à l'extérieur de Montréal, j'ai sept municipalités, j'en
avais 23 comme préfet, puis ils travaillaient presque tous...
21 h 30 (version non révisée)
Mme Nichols : ...les
avocats. Puis dans les municipalités, là... Les municipalités font affaire avec
des gros cabinets, même les petites municipalités travaillent avec des gros
cabinets puis ils les paient. Ce n'est pas... Ce n'est pas un... Moi, je suis à
l'extérieur de Montréal. J'ai sept municipalités. J'en avais 23 comme
préfète. Puis ils travaillaient presque tous avec des cabinets de Montréal pour
les dossiers municipaux, mais... Mais, tout au fond, ce n'est pas... Ce n'est
pas là, ma question. Moi, là, c'est de... de mettre un, tu sais, de mettre
un... même pas un plafond, là, un plancher à partir du moment, tu sais, qui...
Je ne sais pas, j'ai de la...
Mme Laforest : Dans le
fond, ce que vous parlez, là, je pense un peu, ce que vous dites, là, ça représente
vraiment vous... Ce que vous voulez, d'après moi, là, ce que je pense, là, ce
que vous voulez vraiment mentionner ou donner en exemple, c'est que ça
prendrait un point d'équilibre. Mais le point d'équilibre qu'on pourrait... sur
quel montant qu'on pourrait statuer, par exemple, si on dit : On a un
plancher. C'est 5 000 $. Je donne un exemple. Bien, si c'est ça,
notre point d'équilibre, puis la... Il y a... Ce n'est pas raisonnable pour la
cause, par exemple, un don de 250 $, puis notre plancher est à
5 000 $, c'est là qu'on ne peut pas. Ça fait qu'il faut toujours
revenir à notre notion de des frais qui sont raisonnables. Ça fait que je pense
que c'est... C'est parce que ce serait vraiment dur à appliquer, moi, je pense,
de la manière que...
Mme Nichols : Bien, ce
n'est pas ça que je dis. Je ne fais pas le parallèle avec le montant de la
procédure, là. Tu sais, je ne fais pas le...
Mme Laforest : Oui,
mais...
Mme Nichols : Tu sais, le
don de 250 $, là, si ça coûte 1 500 $ puis la cause est finie,
là, bien, elle est finie, la cause, puis ça aura coûté 1 500 $. Mais
le conseil municipal ne sera pas intervenu pour dire... pour intervenir sur cet
aspect-là parce que... parce que ça n'arrivait pas au palier pour dire :
O.K. Là, on intervient puis... Ce n'est pas clair?
Mme Laforest : Oui, c'est
clair, mais c'est parce que c'est comme inapplicable. Je ne sais pas comment...
Je trouve que...
Mme Nichols : O.K.
Mme Laforest : Je ne sais
pas si moi... C'est... Je ne m'exprime peut-être pas de la bonne manière, mais
je trouve que de le présenter de cette manière-là, bien, c'est impossible parce
que ça prend quand même comme... Bref, la municipalité, puis je vais le
revenir, là, avec notre cause de Lacolle, là, bien, ça revient à ce qui est...
C'est quoi, la nature? Est-ce que c'est complexe? Est-ce que c'est... Quels
frais seraient raisonnables par rapport à la nature de la cause, par rapport à
la complexité de la cause? Puis c'est certain que, là, imaginez, là, on est en
2021, on applique des montants. Admettons, on est ensemble, on adopte
l'amendement puis on met un plafond ou un plancher, peu importe. Puis là, c'est
certain que, dans deux ans, il va falloir le changer. Il va falloir changer nos
montants. Alors, ça veut dire que les montants qu'on établit, ici, ne seraient
plus du tout adaptés dans deux ans. C'est pour ça que ce que... Je ne sais pas
comment. Mais moi, je ne vois pas comment qu'on pourrait appliquer cette
demande-là. Ça fait que je ne sais pas.
Mme Nichols : Ce n'est
vraiment pas ça. Ce n'est pas... Tu sais, ce n'est pas... Tu sais, c'est un
montant... Parce qu'on dit que la municipalité, là, va faire l'appréciation cas
par cas. La municipalité va décider, ça, si c'est... va décider si c'est
proportionnel à la nature et, parce que c'est un «et», là, et à la...
Mme Nichols : ...ce n'est vraiment
pas ça, ce n'est pas... tu sais, c'est un montant... Parce qu'on dit que la municipalité,
là, va faire l'appréciation cas par cas, la municipalité va décider si c'est
proportionnel à la nature et — parce que c'est un «et»,
là — à la complexité de la procédure visée. On vient donner, dès le
début, un pouvoir discrétionnaire à la municipalité. Ça fait que la
municipalité, là, c'est bien «rough» ce que je vais dire, là, mais mettons
qu'ils n'aiment pas la face de l'élu qui se fait poursuivre, il va dire :
Hein, c'est non, rends-toi à la fin, mon homme, sèche-toi ou... Je dis ça comme
ça, là, mais tu sais, rends-toi à la fin, puis, si tu gagnes, on te
remboursera. Bien, non, tu sais, il aurait peut-être besoin de... C'est un élu
municipal, puis lui, il continue à plaider que c'est dans le cadre de ses
fonctions. Puis je ne dis pas qu'il faut autoriser 500 000 $, puis je
ne suis pas dans le cas du criminel non plus. Mais ce que je dis, c'est
qu'avant que la municipalité puisse venir utiliser ce pouvoir-là puis venir
juger par elle-même, pourquoi on ne met pas 10 000 $? Pourquoi,
genre... Puis ça se peut que la procédure, ça ne soit pas 10 000 $,
mais il reste qu'un don illégal, c'est un don illégal, là. Si c'est 250 $,
c'est... Un don illégal, c'est un don illégal, peu importe le montant de la
procédure.
Mais, moi, ce que je veux dire, c'est, tu
sais, c'est un montant pour dire à la municipalité : Tu n'utiliseras pas
ton pouvoir discrétionnaire. L'élu municipal, là, il a le droit à
10 000 $ pour se défendre. Si l'élu municipal, il prend plus que
10 000 $ pour se défendre, bien là, comme conseil municipal, tu
pourras intervenir puis tu pourras dire : Bien, regarde, on t'a avancé
10 000 $. Puis même à la fin, là, tu sais, s'il perd, s'il est trouvé
coupable, là, la municipalité pourrait dire : Tu me le rembourses, là, le
10 000 $, bien, de toute façon, c'est ça qui est prévu, là, tu me le
rembourses, là, le 10 000 $, là.
Ça fait que, dans le fond, ce montant-là,
là, c'est... tu sais, c'est pour ne pas donner la... tu sais, c'est pour
minimiser l'intervention du conseil municipal dans le droit de se protéger
contre une poursuite de l'élu municipal. Puis moi, ça me va, là, protéger le
citoyen, c'est pour ça que je dis : On ne donne pas 500 000 $,
là. On ne dit pas à la ville : C'est 500 000 $. Bien, tu sais,
je trouve qu'on vient protéger ici l'élu municipal parce que c'était
l'intention du législateur quand ils ont fait le projet de loi. Quand ils ont
fait cette loi-là, là, c'était l'intention du législateur de protéger l'élu
municipal. On prend des décisions. Les élus municipaux s'exposent à des
poursuites. Puis des fois, c'est des poursuites à la fin qui sont frivoles,
puis on va se le dire, là, ça arrive souvent, entre autres, là, après les
élections municipales, là, dès qu'on prend une première décision, on se ramasse
avec...
Ça fait que moi, je cherche juste un moyen
pour, tu sais, pour ne pas qu'on donne la genre de carte blanche au conseil
municipal. Ou même, là, tu sais, c'est de dire au conseil municipal :
Bien, il a le droit de se défendre, l'élu municipal, puis on va lui accorder
jusqu'à 5 000 $, puis ça sera 5 000 $ pour un élu à
Montréal aussi. Puis après ça, à la fin, bien, il se retournera, puis, tu sais,
ça va lui donner un montant de départ pour faire valoir une défense, un début
de défense parce que, quand tu vas voir l'avocat, il faut que tu donnes un
dépôt...
Mme Nichols : …dire au conseil
municipal, bien, il a le droit de se défendre, l'élu municipal, puis on va lui
accorder jusqu'à 5 000 $. Puis ça sera 5 000 $ pour un élu
à Montréal aussi, puis après ça, à la fin, bien il se retournera puis, tu sais,
ça va lui donner un montant de départ pour faire valoir une défense, un début
de défense. Parce que, quand tu vas voir l'avocat, il faut que tu donnes un
dépôt, puis il faut qu'il rédige le document de défense. Eh, ça fait que, tu
sais, moi, je me dis, un montant minimum. Ou, sinon, le collègue de Chomedey
avait raison, pourquoi on ne fait pas comme à l'Assemblée nationale, on ne fixe
pas les honoraires maximums, tu sais, pour toutes les municipalités, c'est
200 $ de l'heure, ou 150 $ de l'heure, puis en haut de ça, bien, tu
le payes de ta poche. Ça fait que si tu veux payer… Non, je ne les nommerai
pas…
La Présidente (Mme Boutin) :
…Mme la députée, c'est tout le temps que vous aviez. Est-ce que quelqu'un
d'autre veut intervenir? Oui, allez-y, M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Donc, je ne sais pas si Mme la ministre voulait réagir par
rapport aux dernières… à la dernière intervention de la…
Mme Laforest : J'ai réagi,
merci.
M. Benjamin : D'accord. Mme la
Présidente, dans le cadre… je vais intervenir sur l'amendement, évidemment,
mais permettez…
Une voix : …
M. Benjamin : Pardon?
Une voix : …
M. Benjamin : Oui. Le
sous-amendement, merci. Merci, collègue. Je fais partie de cette génération
d'élus, d'anciens élus municipaux qui ont été, donc, qui étaient là, donc, au
moment où l'ensemble des municipalités québécoises, on a connu ce grand sursaut
de réveil, ce «wake-up call», pardonnez-moi l'anglicisme, Mme la Présidente,
sur les enjeux de corruption. Et je regarde aussi, des années plus tard, tout
le travail qui a été abattu, tout le travail qui a été fait par les municipalités
québécoises afin de renforcer leur structure… Je peux prendre pour exemple une
ville comme la ville de Montréal, par exemple, tout ce que la ville de Montréal
a mis en place, et j'aurais pu prendre d'autres exemples aussi, d'autres municipalités
du Québec, par rapport aux enjeux concernant la lutte contre la corruption.
Et je pourrais même évoquer, je me
rappelle, lors de ma réélection en 2013, Mme la Présidente, le serment d'office
qu'on avait à prononcer, pour les élus montréalais c'était un serment très
particulier. C'est un serment où, nommément, on parlait, on faisait allusion,
donc, clairement, donc, il y a… dans le texte on parlait de s'engager vraiment
contre la corruption, donc… Et ça, je pense que je ne risque pas de me tromper
si je dis qu'il y a beaucoup de choses qui ont été faites, mais évidemment il
restera toujours des choses à faire, et, dans la lutte contre la corruption, il
restera toujours des choses à faire. Et ce que nous pouvons faire, ce que nous
avons l'opportunité de faire, justement, dans cette Assemblée, dans le cadre
particulier de ce projet de loi, c'est de pouvoir mieux accompagner…
M. Benjamin : ...il restera toujours
des choses à faire. Et dans la lutte contre la corruption, il restera toujours
des choses à faire. Et ce que nous pouvons faire, ce que nous avons
l'opportunité de faire, justement, dans cette Assemblée, dans le cadre
particulier de ce projet de loi, c'est de pouvoir mieux accompagner, bien
accompagner les municipalités dans toutes leurs stratégies de lutte contre la
corruption.
Ça tombe bien, il n'y a pas de match des
Canadiens ce soir, donc je soupçonne qu'il y a probablement quelques personnes
qui nous regardent ce soir, donc, dans le cadre de cette étude détaillée. Et
moi, je ne suis pas avocat, Mme la Présidente, donc c'est des questions de
non-initié que je vais poser, donc. Par exemple, lorsqu'on parle, dans ce
projet de loi là, de poursuites de nature criminelle, j'aimerais savoir :
Est-ce qu'on fait allusion à des poursuites en vertu du Code criminel? Est-ce
que c'est de cela dont il s'agit?
• (21 h 40) •
La Présidente (Mme Boutin) :
Vous pouvez répondre avec votre voix, oui.
Mme Laforest : Oui. Oui, oui.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci.
M. Benjamin : Oui? Ah!
d'accord, parfait. Maintenant, l'autre question que j'ai : Est-ce qu'il se
pourrait, par exemple, que certaines poursuites, donc, puissent s'apparenter à
la criminalité, à une forme de criminalité, sans qu'elles soient... sans
qu'elles tombent sous le coup du Code criminel? Je ne sais pas, donc, c'est...
La Présidente (Mme Boutin) :
Me Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Bien,
je peux... À vrai dire, il y a différents types de... Si c'est de la nature
criminelle, normalement, le législateur fédéral les a incluses dans le Code
criminel. Autrement, bien, c'est de la nature plus pénale.
M. Benjamin : Pénale.
Mme Nichols : Est-ce qu'on
peut suspendre... Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui. On va suspendre quelques instants, oui.
Mme Nichols : Merci.
(Suspension de la séance à 21 h 41)
22 h (version non révisée)
(Reprise à 22 h 5)
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui, allez-y.
M. Benjamin : …merci, Mme la
Présidente. Donc, j'en étais, Mme la Présidente, sur les questions que
j'imagine que peut-être certains citoyens pourraient poser, donc… Et je me mets
dans la peau de ces citoyens-là, donc, pour les poser. Donc, quand on… Et la question
que je posais, tout à l'heure, est-ce que… Et c'était le… Me qui nous
répondait. Se pourrait-il… Est-ce qu'il pourrait y avoir des crimes qui ne
tombent pas nécessairement, en fait, des infractions — en fait, on va
parler d'infractions pour être plus précis — qui ne tombent pas… Je
pense… Je vais y aller avec un exemple plus précis. Un élu municipal, par
exemple, qui se fait poursuivre par… qui est membre d'un ordre professionnel,
par exemple, je ne sais pas, qui se fait poursuivre par son ordre professionnel
parce qu'il…
M. Benjamin : ...en fait, on va
parler des frictions pour être plus précis, et ce qui ne tombe pas... je
pense... Je vais y aller avec un exemple plus précis. Un élu municipal, par
exemple, qui se fait poursuivre par... qui est membre d'un ordre professionnel,
par exemple, je ne sais pas, qui se fait poursuivre par son ordre professionnel
parce qu'il aurait commis une infraction mais dans le cadre de son travail
comme élu municipal. À ce moment-là, comment tout ça... Comment ça se passe,
maître, à ce moment-là?
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Il y a effectivement plusieurs cas, là, qui ne sont pas des infractions de
nature criminelle. Supposons qu'un élu municipal qui se trouverait, par
ailleurs, à être avocat, si je veux prendre votre exemple, qui, dans le
cadre... bien qu'en exerçant sa charge, sa fonction d'élu municipal, poserait
un acte dérogatoire envers son code de déontologie d'avocat, de membre du
Barreau, puis qu'à ce moment-là, bien entendu, il serait... je ne sais pas si
c'est poursuivi ou mis en examen par son comité de déontologie, si c'est lié à
un acte proprement dit qu'il a posé, il faudra voir si c'est une défense liée à
un acte et à exercice de fonction d'élu. Ça m'apparaît éloigné parce que c'est
lié à la déontologie comme avocat, cet exemple-là.
Mais je serais porté à me dissocier
peut-être un peu de votre exemple parce que c'est des contextes bien
particuliers, la déontologie des ordres professionnels. Mais il y a des
infractions qui sont prévues dans les différentes lois provinciales qui ne sont
pas des actes criminels, vrai. Dans ce cas-là, par contre, comme Mme la
ministre l'évoquait plus tôt, on serait donc non pas dans une situation
criminelle visée par le paragraphe 2° de l'amendement, mais plutôt dans
une situation de poursuite à une connotation plus civile ou pénale. Et, si tel
était le cas et qu'il s'avérait qu'il s'agissait d'une faute lourde ou
intentionnelle, à ce moment-là, la municipalité pourrait alors demander le
remboursement des frais qu'elle aurait versés, confrontation aux règles déjà
prévues dans le régime de défense. Alors, de sorte que la municipalité... le
régime permet, dans un cas comme ça, d'éviter qu'il y ait des paiements qui ne
soient pas justifiables, et... ainsi déjà fait, là.
M. Benjamin : Et, au niveau de
la Loi concernant la lutte contre la corruption, ce que je comprends... est-ce
que je dois comprendre qu'en lien toujours avec l'amendement que ma collègue a
déposé vous semblez nous dire que c'est comme implicite, c'est implicite, donc
tout ce qui est infraction, poursuite de nature criminelle, c'est nécessaire...
Donc, dès qu'on parle des cas concernant la Loi concernant la lutte contre la
corruption, c'est déjà inclus. Est-ce que c'est ce que je dois comprendre?
M. Paradis (Nicolas) : Il y a
deux...
M. Benjamin : ...donc tout ce
qui est infraction, poursuite de nature criminelle, c'est... donc, dès qu'on
parle des cas concernant la Loi concernant la lutte contre la corruption, c'est
déjà inclus. Est-ce que c'est ce que je dois comprendre?
M. Paradis (Nicolas) : Il y a
deux... il y a... Je vais le reprendre. Il y a différents actes qui sont prévus
à l'article 2 de la Loi concernant la lutte contre la corruption. Plusieurs,
voire la majorité de ceux-ci, sont des actes criminels, et... parce que cette
loi-là n'est pas dans une dynamique de poursuite criminelle, elle est dans une
dynamique d'application différente liée à des... à lutter contre la corruption
dans le cadre des activités des organismes publics, provinciaux ou autres.
Donc, ne serait-ce que le paragraphe 1°, là, on dit : Une contravention à
une disposition d'une loi fédérale. Loi fédérale, à quoi on pense
principalement? C'est le Code criminel. Mais il pourrait y avoir la Loi sur la
concurrence aussi. Bon, la loi fédérale ou une loi du Québec... en application
d'une telle loi, et là si cette contravention implique de la corruption,
corruption, c'est un acte criminel. De l'abus de confiance, il y a des actes
criminels à cet égard-là. Malversation, il y a des actes criminels également
liés à la malversation. Collusion, fraude, trafic d'influence, c'est le cas également.
Après ça, entre autres... dans entre autres, certains actes particuliers, et là
on réfère à des actes plus civils, donc, liés, comme à l'adjudication des
contrats. Là, on est dans une déclinaison civile, ce ne sont pas ces
infractions-là, à proprement dit, qui sont vues.
• (21 h 10) •
Mais s'il se trouvait qu'il y avait par
ailleurs d'autres infractions liées, à titre d'exemple, à la collusion dans des
dispositions pénales ou civiles, bien là, dans une loi du Québec, donc à la
nature non criminelle au sens du Code criminel, bien là, à ce moment-là, on ne
serait pas visés par le paragraphe 2°, on serait visés par les autres règles
qui sont prévues dans le régime qui permet à ce moment-là à la municipalité
d'apprécier la possibilité de rembourser, si on est... si c'est une faute
lourde ou intentionnelle. Donc, tout est couvert à cet égard-là.
M. Benjamin : Donc, alors, à
une première question que j'avais posée, donc, vous m'aviez confirmé que, quand
on parle de poursuites de nature criminelle, on parle de... donc, c'est lié au Code
criminel, et là je vous ai bien entendu, vous m'avez dit que, dans la Loi
concernant la lutte contre la corruption, donc, il y a beaucoup d'éléments qui
concernent le Code criminel, mais il y a des éléments qui ne concernent pas le Code
criminel. Donc, ce n'est pas gratuit, donc, d'évoquer à la fois poursuite de
nature criminelle et Loi concernant la lutte... l'article 2, la Loi
concernant la lutte contre la corruption.
M. Paradis (Nicolas) : Si le
législateur s'exprimait ainsi à terme, il dirait deux fois la même chose sur plusieurs
éléments...
M. Benjamin : ...l'article 2
de la Loi concernant la lutte contre la corruption.
M. Paradis (Nicolas) : Si
le législateur s'exprimait ainsi à terme, il dirait deux fois la même chose sur
plusieurs éléments en ce que, comme je vous dis à l'égard du paragraphe 1°
de l'article 2, en tout cas, les éléments qui sont identifiés peuvent,
tous, être liés à des actes criminels. Donc, ce serait dire deux fois la même
chose. Par contre, il y a dans les autres paragraphes contravention à des
dispositions de la Loi sur les contrats des organismes publics. C'est du civil,
ce n'est pas du criminel. Il est vrai que c'est différent, ça n'est pas du
criminel. L'usage abusif de fonds publics ou de biens publics, ce n'est pas du
criminel, c'est vrai, mais ces cas-là sont donc rejoints autrement que dans le
régime de dépense des élus en permettant à la municipalité de se faire
rembourser s'il s'agit d'une faute lourde ou intentionnelle.
Un usage abusif des fonds publics.
«Abusif», ce n'est pas un usage erroné des fonds publics, mais bien abusif.
Donc, la connotation de «abusif» permettrait vraisemblablement, lors d'un
cadre... s'il devait y avoir une appréciation par un tribunal de considérer
qu'il peut, selon les faits qui lui seraient présentés, s'agir effectivement
d'une faute lourde ou intentionnelle. Ça s'écarte de ce que... Les termes du
Code civil sont ainsi faits, la personne raisonnable est à même d'apprécier
individuellement.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui, M. le député... Vous avez terminé, M. le député de Viau? Parfait. M. le
député de Chomedey, oui, à vous la parole.
M. Ouellette : Merci,
Mme la Présidente. Je regardais le sous-amendement proposé par mes collègues et
je me questionnais. J'apprécie qu'on s'interroge sur l'article 2 qui est
toute la définition des actes répréhensibles dans la Loi concernant la lutte
contre la corruption. J'apprécie aussi les commentaires, Mme la Présidente, de
Me Paradis. Et comme je l'ai souvent mentionné depuis quelques jours,
c'est des choses qui vont rester. Et puis ça aide à nos citoyens à comprendre.
Je souriais quand Me Paradis, Mme la
Présidente, me parlait de faute lourde ou intentionnelle. Sans parler de cas
personnels, c'est quelque chose... C'est à peu près la chose la... On a
beaucoup parlé de «raisonnable» tantôt, mais la faute lourde et intentionnelle,
c'est une autre chose qui est tellement dure à définir. Qu'est-ce qui est une
faute lourde? Bon, on la prend pour acquise puis il faut la... Il faut la
prouver parce que... Puis on revient à la loi contre la corruption, on ne peut
pas poursuivre de commissaire dans sa loi à moins de prouver une faute...
M. Ouellette : …dur à définir,
qu'est-ce qui est une faute lourde? Bon, on la prend pour acquis, puis il faut
la prouver, parce que… puis on revient à la Loi contre la corruption, on ne
peut poursuivre le commissaire, dans sa loi, à moins de prouver une faute
lourde. Vous comprenez qu'une faute lourde, la définition d'une faute lourde,
là, il y a tous les critères, puis c'est très particulier. C'est pour ça que ça
m'a fait sourire quand Me Paradis a amené ces explications-là, Mme la
Présidente. Et je suis satisfait des explications, aussi, qui ont été données
par Me Paradis à l'effet que, dans la définition d'acte répréhensible, il y a
plusieurs actions, dans cette définition-là, qui sont couvertes par des
infractions au Code criminel et qui sont déposées par autant la Direction des
poursuites criminelles et pénales qui touchent la corruption.
Je pense que ce qui est important, ce
soir, c'est que les gens qui nous écoutent et les gens qui nous liront dans le
futur réalisent que les parlementaires ont une préoccupation pour la lutte
contre la corruption, et les parlementaires ont une préoccupation dans les
frais de défense payables, que tout ce qui touche à la corruption, de près ou
de loin, qui sera généré ou qui sera couvert par le Code criminel, on avait
cette préoccupation-là et qu'il faut effectivement s'assurer que des actes
reliés à la définition de l'article 2 de la Loi contre la corruption
soient couverts par… soient inclus ou fassent partie des exclusions des frais
de défense. Ça veut dire qu'on ne paye pas les frais d'avocat quand c'est des
infractions reliées à ça. On a cette préoccupation-là, on l'a exprimée, et moi,
en tout cas, les explications que j'ai entendues, Mme la Présidente, de Me
Paradis, que c'est couvert, et les explications complémentaires de la ministre
me rassurent à ce point de vue là, aussi, que c'est couvert par des accusations
en vertu du Code criminel qui touche tout ce qui peut toucher la corruption.
Parce que le mot collusion, dans le Code criminel, ça n'existe pas, ça n'existe
pas. Ça existe juste dans la Loi de la concurrence. Dans le Code criminel, on
parle de corruption, mais le mot collusion, c'est dans une loi fédérale qui
touche la concurrence. Mais on sait tous c'est quoi. Probablement que ça va
aboutir sur des accusations d'abus de confiance, ça va aboutir sur des
accusations de fraude, mais ça l'aura une interrelation avec la corruption, et…
M. Ouellette : …dans une loi
fédérale qui touche la concurrence. Mais on sait tous, c'est quoi. Probablement
que ça va aboutir sur des accusations d'abus de confiance, ça va aboutir sur
des accusations de fraude, mais ça l'aura une interrelation avec la corruption.
Et je pense qu'on a sensibilisé Mme la ministre sur nos préoccupations à cet
égard-là. Et les explications que j'en ai eues de la part de Mme la ministre et
de Me Paradis me satisfont, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Merci. Allez-y, Mme la ministre, vous vouliez intervenir?
Mme Laforest : Bien, je le
sais quand même… Mais c'est important de le préciser parce que, suite à votre question
à Me Paradis, il faut quand même voir qu'il y a la Commission municipale,
il y a le CIME, le Commissaire à l'intégrité municipale également. Puis je
salue quand même leur travail, parce que là, c'est vrai qu'on va plus loin,
puis c'est vrai que là, il y a l'UPAC aussi. Mais en même temps puis suite
aussi à votre commentaire, c'est important de mentionner que je le salue, parce
qu'avec l'article 93.1, on démontre vraiment, comme vous le dites, qu'il y
a des décisions qui se prennent au niveau législatif pour protéger nos citoyens
également, nos élus aussi et les employés municipaux. Ça fait que je pense
qu'il faut quand même saluer le travail que fait le CIME, le Commissaire à
l'intégrité, et la Commission municipale évidemment et l'UPAC aussi. Mais je
pense qu'avec l'article 93, je suis contente de l'avoir entendu tantôt,
parce que je veux quand même juste — puis vous le savez sûrement,
là — que le CIME quand même travaille très, très bien, la CMQ
travaille très, très bien. Mais en même temps, on vient redonner certains
pouvoirs à la CMQ et on vient justement dire que pour les actes — si
je peux dire — criminels ou civils, bien, encore là, il va avoir des
mesures qu'on va aller plus loin pour les municipalités. Ça fait que je pense
qu'on encadre bien tout ce qui est peut-être… où il y avait un certain vide
dans les municipalités, qu'il pouvait avoir un vide ou encore, tu sais, tantôt,
on disait des frais judiciaires, il pourrait avoir de l'abus. Bien, je pense
qu'aujourd'hui ce qu'on fait, puis c'est important de le mentionner, ce qu'on a
fait aujourd'hui avec l'article 93.1, c'est vraiment… C'est toujours des
gros articles, là, d'ailleurs qu'on travaille. Chaque article est tellement
important, parce qu'il y a beaucoup de changement dans ce qu'on fait au niveau
législatif, depuis le début, dans tous les projets de loi qu'on a faits. Mais
en même temps, je pense, l'article 93.1 est essentiel, puis ce sera plus
clair aussi. Quand il va avoir des décisions qui seront prises par la CMQ,
bien, avec ça aussi, ça va les aider, ça va nous aider, puis ça va aider les
élus et les citoyens du Québec aussi.
• (20 h 20) •
M. Ouellette : Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui.
M. Ouellette : En réponse au
commentaire que je viens d'entendre de Mme la ministre, dans tous les
commentaires qu'on a faits depuis le début de la soirée sur les montants…
Mme Laforest : ...ça aussi, ça
va les aider, ça va nous aider puis ça va aider les élus et les citoyens du Québec
aussi.
M. Ouellette : Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Boutin) :
Oui.
M. Ouellette : En réponse au commentaire
que je viens d'entendre de Mme la ministre, dans tous les commentaires qu'on a
faits depuis le début de la soirée sur les montants maximaux, les frais de
défense, etc., je pense qu'à plusieurs de mes collègues il leur est passé dans
la tête, il leur est revenu l'idée, à ce moment-là, le Commissaire à
l'intégrité municipale a beaucoup de pouvoirs, il a une fonction très précise,
il pourrait probablement... puis ça ne sera pas à 93.1, mais on le regardera parce
que dans le projet de loi on précise certains pouvoirs, on lui enlève certaines
choses pour redonner à la Commission municipale, puis on jasera quand on sera
arrivés là. Mais je me posais la question, l'arbitrage sur le mot «raisonnable»
dans les municipalités moins fortunées, d'autres qui le sont plus, certains
questionnements qui pourraient être faits par un nouvel élu qui a à trancher et
à soumettre certaines idées pour une résolution, pour engager des frais des citoyens,
est-ce que ça ne pourrait pas, dans nos discussions futures, puis gardons-le en
mémoire, est-ce que ça ne pourrait pas... est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir
une référence ou qu'on ne pourrait pas enchâsser dans la loi, dans un prochain
article, à quelque part, une responsabilité additionnelle pour le Commissaire à
l'intégrité
municipale, qui pourrait agir comme arbitre ou qui pourrait agir comme
référence sur les frais raisonnables ou certaines technicalités suite à la...
exemple, la décision que vous avez eue ou que Mme la ministre nous faisait
référence par rapport à la Lacolle aujourd'hui? Ça va amener sur le terrain des
changements, ça va amener une nouvelle perception. Chaque nouvelle décision de
la Cour supérieure va amener des ajustements.
Pensons ou gardons à la mémoire, puis vous
me le faites penser par l'intervention que vous venez de faire, gardons à la mémoire,
quand on arrivera aux articles qui touchent le Commissaire à l'intégrité municipale ou
la Commission municipale, ne devrait-on pas leur garder un droit de regard, ou
un droit de référence, ou un droit de... une fonction quelconque pour s'assurer
d'une équité et d'un service qu'ils auraient à donner au 1138, 1138 ou 1183,
là, ça change d'une journée à l'autre, c'est plus difficile à compter que les
corps de police, mais pour l'ensemble des municipalités du Québec, qu'elles
soient petites ou qu'elles soient grandes?
Je pense que c'est une réflexion qu'on
doit avoir et que j'exprime là, puis qui reviendra dans les prochains articles,
parce que je pense qu'à 93.1 on a pas mal fait le tour.
Mme Laforest : Merci. Mais je
vous invite à continuer de venir ici, à la commission, parce qu'honnêtement ce
que vous dites, le CIME, la CMQ, vous ne serez pas...
M. Ouellette : …et que
j'exprime là, puis qui reviendra dans les prochains articles, parce que je pense
qu'à 93.1, on a pas mal fait le tour.
Mme Laforest : Merci. Bien, je
vous invite à continuer de venir ici à la commission, parce qu'honnêtement, ce
que vous dites, le CIME, la CMQ, vous ne serez pas déçu, là, pour les prochains
articles qui seront étudiés, puis vous allez voir que vos préoccupations sont
entendues.
M. Ouellette : Merci, Mme la
ministre. De toute façon, j'ai… étant député d'une ville de l'importance de
Laval, qui sert d'exemple dans beaucoup de nos articles, quand on a changé
certaines choses, positivement ou des fois peut-être moins, je pense que
l'intérêt de nos citoyens puis l'intérêt des citoyens lavallois sont là. Ça
fait que je me fais un peu le porte-parole des six députés de Laval, parce
qu'on est six sur l'île de Laval, on représente 440 000 personnes, je
pense qu'on leur doit cette… d'avoir le meilleur projet de loi possible. Puis
c'est pour ça que, quand je partage ce genre de réflexion, Mme la Présidente,
et je pense que Mme la ministre y voit un objectif, effectivement : qu'on
soit en mesure d'accomplir notre rôle de législateurs de la meilleure façon
possible.
Merci. Ça sera probablement mon dernier
commentaire de la soirée, Mme la Présidente. Puis j'accepte l'invitation de la
ministre, je vous promets, puis déjà je m'engage à revenir demain.
La Présidente (Mme Boutin) :
Vous êtes toujours le bienvenu, M. le député de Chomedey. Est-ce qu'il y avait
d'autres interventions pour le sous-amendement? S'il n'y a pas d'autres
interventions, nous allons procéder à la mise aux voix du sous-amendement par
appel nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Pour les membres de l'opposition officielle, Mme Nichols
(Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire
: Mme Laforest
(Chicoutimi)?
Mme Laforest : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire
: Mme Boutin
(Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, le sous-amendement est rejeté.
Nous revenons donc à l'amendement qui
introduit l'article 93.1. Pour vous donner une idée, là, M. le député de Viau,
il vous reste près de cinq minutes, et, M. le député de Chomedey, il reste une
minute. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Bon. Alors, on y
va sur l'amendement. Donc, merci, Mme la Présidente. Donc, quand on revient sur
le deuxième paragraphe, Mme la Présidente, donc, quand on dit… qui se lit comme
suit : «Elle est aussi dispensée de ses obligations dans le cas d'une
poursuite de nature criminelle tant que la poursuite n'est pas retirée ou
rejetée, ou que la personne n'est pas acquittée, ou un jugement passé en force.»
Lorsqu'il s'agit… Par exemple, s'il s'agit, quand… de la nature des poursuites,
par exemple, de l'UPAC, par exemple, j'aimerais savoir ça tient à quoi, finalement,
l'interprétation de ce paragraphe-là…
M. Benjamin : ...ou un jugement
passé en force.» Lorsqu'il s'agit... Par exemple, s'il s'agit, comme nature des
poursuites, par exemple, de l'UPAC, par exemple, j'aimerais savoir ça tient à
quoi, finalement, l'interprétation de ce paragraphe-là.
La Présidente (Mme Boutin) :
...Paradis.
M. Paradis (Nicolas) : Merci.
Les poursuites de l'UPAC, lorsqu'elles ont amené des connotations pénales ou
criminelles, vont, à ma connaissance, être effectuées par le biais du DPCP, qui
procédera, donc, aux poursuites appropriées. Donc, ça va entrer là-dedans s'il
s'agit d'actes criminels.
M. Benjamin : D'accord. Donc,
pendant que vous êtes, maître, donc, je vais continuer, donc, sur... À moins
que la ministre souhaite peut-être y répondre. Quand on parle, dans le premier paragraphe,
«les frais engagés en vertu du deuxième alinéa doivent être proportionnels à la
nature et à la complexité de la procédure visée», donc on parle de quel type de
procédure, à ce moment-là, quand on parle de procédure visée?
M. Paradis (Nicolas) : Bien,
des procédures criminelles. Dans ce cas-ci, là, pour prendre l'exemple que vous
avez, c'est la procédure criminelle, donc c'est les actes d'accusation
criminelle qu'ils ont faits. Donc, c'est la procédure judiciaire.
M. Benjamin : Oui. Et ça, ça
commence dès l'accusation? Ça commence à partir de quand, cette procédure-là?
M. Paradis (Nicolas) : En
matière criminelle, la procédure judiciaire commence par la mise en accusation.
M. Benjamin : O.K. Donc, dès
la mise en accusation, parfait. C'est bon, merci.
La Présidente (Mme Boutin) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Il reste deux minutes, là, avant la
fin, tu sais. Il n'y a pas d'autre intervention?
Des voix : …
La Présidente (Mme Boutin) :
Parfait. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder avec la mise
aux voix de l'amendement qui introduit l'article 93.1, par vote nominal...
appel nominal, pardon.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Laforest (Chicoutimi)?
Mme Laforest : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, Mme Nichols (Vaudreuil)?
Mme Nichols : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Boutin (Jean-Talon)?
La Présidente (Mme Boutin) :
Abstention. Alors, l'amendement qui introduit l'article 93.1 est adopté.
Alors, maintenant, je vais vous remercier
de votre belle collaboration, là, de fin de soirée.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 29)