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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation va entreprendre ses
travaux.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons quorum pour commencer nos
travaux?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Si nous avons
quorum, je déclare la séance ouverte.
Je rappelle aux participants et à nos invités que la
commission permanente de l'éducation est réunie ce matin pour
procéder à une consultation générale et tenir des
auditions publiques dans le cadre de l'étude détaillée du
projet de loi 106 et du projet de loi 107, Loi sur l'instruction publique.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements au sein des
membres de la commission?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Jacques
Chagnon, député de Saint-Louis, remplace M. Khelfa,
député de Richelieu.
Organisation des travaux
Le Président (M. Parent, Sauvé): Très bien.
Avant de procéder aux auditions, je voudrais rappeler aux membres de la
commission et à nos invités l'ordre du jour. À 10 heures,
ce matin, nous commencerons par les déclarations d'ouverture du ministre
de l'Éducation et ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science et du porte-parole officiel de l'Opposition, Mme la
députée de Chicoutimi. Vers 11 h 30, nous entendrons la
Fédération québécoise des directeurs et directrices
d'école. Cet après-midi, s'il y a lieu, nous continuerons la
rencontre avec la Fédération québécoise des
directeurs et directrices d'école. Si nous terminons nos discussions
à l'ajournement de nos travaux, nous enchaînerons vers 15 h 30,
avec l'Association des directeurs généraux des commissions
scolaires. Nous continuerons en soirée, vers 20 heures, avec
l'Association des directeurs et des directrices d'école de la
région 03. À 21 heures, nous terminerons cette première
journée de travail en accueillant l'Association des administrateurs des
écoles catholiques du Québec.
La commission entend siéger à partir de maintenant
jusqu'au 26 mai prochain. S'il y avait lieu, et nous croyons qu'il y aura lieu,
la commission devrait reprendre ses travaux dans la deuxième semaine de
septembre, pas la semaine immédiatement après la fête du
Travail, mais la semaine après, soit vers le 12 ou le 13 septembre, pour
tâcher d'entendre le plus grand nombre de personnes possible. Je vous
informe immédiatement que le secrétaire a déjà
reçu près d'une centaine de demandes de groupements ou
d'associations qui veulent se faire entendre à cette commission
parlementaire.
Lors d'une réunion de travail, nous avons déterminé
le temps alloué aux différents organismes qui viendront se faire
entendre. Aux organismes reconnus à caractère national ou
à ceux revêtant une importance particulière dans le monde
de l'éducation, nous avons alloué une période d'une heure
et demie et, pour les autres organismes, une période d'une heure. Nous
suggérons fortement à nos invités de diviser cette
période de temps en tiers, c'est-à-dire un tiers pour la
présentation de leur mémoire et les deux autres tiers
répartis également entre les deux formations politiques.
Le 15 décembre dernier, la commission permanente de
l'éducation a reçu le mandat de tenir une consultation
générale sur les projets de loi 106 et 107 et de commencer les
auditions publiques à compter du 15 mars 1988. C'est donc dire que nous
aurions dû commencer nos travaux il y a déjà un mois et
demi. Étant donné qu'une consultation générale
constitue un forum privilégié où tous les points de vue
peuvent être exprimés, la commission a acquiescé à
la demande formulée par de nombreux organismes afin que la
période pour préparer et soumettre les mémoires soit
prolongée. C'est pour cette raison que la commission a accepté
des mémoires jusqu'au 15 avril dernier et que nous commençons nos
auditions aujourd'hui.
Avant de commencer, je voudrais aussi informer la presse et nos
invités que cette commission permanente de l'éducation est
formée de membres qui ont déjà l'expérience d'une
autre consultation générale tenue en septembre, il y a deux ans,
sur le financement des universités. C'est donc dire que vous avez des
commissaires d'expérience qui sont là tout yeux, tout oreilles
pour entendre les remarques et les préoccupations des gens
impliqués directement dans le monde de l'éducation.
Sont membres de cette commission: le député d'Argenteuil
et ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la
Science; le député de Charlevoix; le député de
Verchères; Mme la députée de Jacques-Cartier, adjointe
parlementaire au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Science;
le député d'Arthabas-ka; le député d'Abitibi-Ouest;
le député de Saint-Henri; pour cette consultation, en
remplacement du député de Richelieu, le député de
Saint-Louis; vice-président de la commission; il me fait plaisir de vous
présenter le député de Shefford qui sera avec nous durant
toutes ces discussions; le député de Rimouski et la
députée de Marie-Victorin.
Est-ce que j'ai nommé le porte-parole
officiel de l'Opposition? Alors, le porte-parole officiel de
l'Opposition, est Mme la députée de Chicoutimi, qui est le pilier
de l'Opposition à cette commission permanente de l'éducation.
Nous sommes très heureux de l'avoir parmi nous.
Sans plus de préambule, nous allons immédiatement
commencer nos travaux. Je cède la parole au député
d'Argenteuil, membre de cette commission et qui agit aussi à titre de
ministre de l'Éducation à cette commission. M. le ministre.
Déclarations d'ouverture M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, la série d'auditions
publiques que la commission parlementaire de l'éducation inaugure
aujourd'hui est appelée à exercer une influence décisive
sur l'avenir de notre régime scolaire public.
Les projets de loi 106 et 107 sont les deux volets d'un même
diptyque. Ils forment ensemble une synthèse. Ils ont pour objet de
favoriser une plus grande participation des citoyens à la chose scolaire
et surtout d'instituer des structures de direction et un partage des
responsabilités qui correspondent mieux aux besoins de notre
époque.
À la suite des nombreux changements survenus à
l'époque contemporaine, notre système d'enseignement public est
demeuré étonnamment conforme aux grandes orientations qui !e
caractérisaient lors des débuts de la
Confédération. Malgré des illogismes apparents, il a
conservé une logique interne qui a maintes fois eu raison des projets de
changement des réformateurs. Il y a, dans cette continuité, une
force qui commande l'admiration et le respect.
Par contre, les structures de base du système ont vieilli.
À bien des égards, elles ne correspondent plus aux
réalités d'aujourd'hui. Aussi, le gouvernement a conclu
qu'après plusieurs tentatives infructueuses des gouvernements
précédents le moment était venu de tenter de nouveau de
mettre notre système d'enseignement à l'heure d'aujourd'hui, sans
renier pour autant maintes caractéristiques qui ont fait sa
vitalité et sa force.
À l'occasion des auditions publiques de la commission
parlementaire de l'éducation, nous aurons amplement le temps d'ausculter
les quelque 834 articles que contiennent les projets de loi 106 et 107. En ce
début de nos travaux, je me bornerai à résumer les grandes
orientations, les objectifs essentiels des deux projets de loi, ainsi que les
motifs qui sous-tendent les propositions gouvernementales.
Une première caractéristique du projet de loi 107 lui
vient de l'importance qu'il accorde à l'école, lieu premier et
fondamental de l'action éducative. Sur ce sujet capital, on trouve dans
le projet de loi environ 60 articles. Ces articles contribueront à faire
mieux comprendre la mission propre de l'école et à lui procurer
une marge mieux définie de légitime autonomie en vue d'une action
plus efficace auprès des élèves.
En vertu du projet de loi, l'école demeure une entité
établie par la commission scolaire et fonctionnant sous
l'autorité générale de celle-ci. Un acte
d'établissement consacrera cependant l'existence propre de
l'école et viendra du même coup l'assurer d'une certaine
permanence. Cet acte d'établissement pourra certes être
modifié, voire être révoqué par la commission
scolaire. Tout acte de cette nature devra toutefois intervenir dans le cadre du
plan triennal de répartition et de distribution de ses immeubles que la
commission scolaire sera tenue de se donner.
Ainsi que l'a toujours préconisé le Parti libéral
du Québec, l'école sera dotée d'une direction claire, unie
et efficace en tout ce qui touche son fonctionnement quotidien. Cette direction
sera assurée par un directeur ou une directrice nommé par la
commission scolaire et oeuvrant sous l'autorité du directeur
général de la commission scolaire. À l'intérieur de
l'école, l'autorité pédagogique et administrative du
directeur ou de la directrice sera clairement définie. Le lien que le
titulaire de cette fonction sera tenu de maintenir avec le directeur
général de la commission scolaire assurera de plus que
l'école fonctionnera non pas comme une entité
séparée, mais plutôt comme partie d'un ensemble plus large
au sein duquel son action sera facilitée et enrichie par un processus
continu d'échanges de toutes sortes, tout en étant largement
autonome.
Autant le directeur ou la directrice aura la responsabilité de la
gestion pédagogique et administrative de l'école, autant il
faudra assurer que les orientations générales de l'école
répondront aux voeux des parents, des élèves, des
enseignants et des autres intervenants. À cette fin, un conseil
d'orientation sera constitué. Sa première tâche sera de
déterminer les orientations propres de l'école dans le projet
éducatif qu'il lui appartiendra de mettre au point. En plus d'être
appelé à se prononcer sur le caractère confessionnel de
l'école et les valeurs devant être intégrées dans le
projet éducatif, le conseil d'orientation jouera un rôle important
de conseiller auprès de la direction de l'école et de la
commission scolaire, dans les matières reliées au statut,
à la vie pédagogique, à la gestion administrative et au
rayonnement communautaire de l'école.
Afin de bien assurer que le conseil d'orientation sera l'affaire de tous
les intervenants, le projet de loi prévoit qu'il comprendra des
représentants des parents, des enseignants et des autres personnels. Au
deuxième cycle du secondaire, le conseil comprendra également une
représentation des élèves. Les parents occuperont, au sein
du conseil d'orientation, une place très importante, détenant au
moins la moitié des sièges et se voyant confier, en outre, la
prési-
dence du conseil. Afin d'assurer qu'il possédera son existence
propre, le conseil d'orientation se verra doter, chaque année, d'un
budget approprié par la commission scolaire. Il pourra également
se voir déléguer certains pouvoirs par la commission
scolaire.
Certains jugent que la création du conseil d'orientation
assurera, d'une manière suffisante, la participation des parents
à la vie de l'école. Ils ne voient pas la nécessité
de maintenir, en plus du conseil d'orientation, un comité d'école
regroupant uniquement les parents. D'autres sont d'avis contraire: ils estiment
qu'il faut maintenir le comité d'école, même si les parents
seront appelés à participer au conseil d'orientation. Il eut
été difficile de trancher ce débat d'une manière
uniforme pour tout le Québec, car les situations et les
mentalités varient beaucoup d'une école à l'autre. Aussi,
le gouvernement a-t-il préféré laisser le choix aux
parents eux-mêmes. Là où les parents le voudront, ils
pourront se doter d'un comité d'école. Là où ils
préféreront centrer toute leur énergie sur leur
participation au conseil d'orientation, ils ne seront pas tenus d'instituer un
comité d'école dont ils ne voudraient pas.
Pour la première fois dans l'histoire de notre
législation, les enseignants se voient consacrer un chapitre traitant de
leurs droits et de leurs devoirs. La loi 3 avait abordé ce sujet, mais
à peu près uniquement sous l'angle de certains droits qu'elle
reconnaissait aux enseignants. La logique exige que, si l'on veut parler de
droits, on parle aussi de devoirs et vice versa. Une fois qu'on a tout dit sur
les parents, les commissaires et la direction de l'école, il faut bien
se rendre à l'évidence: c'est l'enseignant qui est en contact
quotidien avec l'élève, c'est avec lui que se déroule dans
la classe l'essentiel de l'expérience pédagogique vécue
par l'élève.
Sous peine de passer à côté des vraies
réalités de l'éducation, le législateur ne saurait
passer sous silence le rôle clé et la responsabilité
éminente de l'enseignant dans le système éducatif.
Dès qu'on traite de ce sujet, il faut le faire avec
honnêteté. Il ne faut pas craindre de parler et des droits et des
obligations des enseignants. Le gouvernement le fait avec d'autant plus
d'aisance dans le projet de loi 107 qu'il s'est employé depuis le
début de son mandat à traiter les enseignants comme des
partenaires responsables et qu'il entend continuer, à le faire.
L'enseignant se voit reconnaître une légitime autonomie
dans l'exercice de son activité professionnelle. Il aura, notamment, le
droit d'arrêter les modalités d'intervention pédagogiques
qu'il jugera opportunes suivant les besoins de ses élèves et les
objectifs fixés pour chaque groupe d'élèves; le droit de
choisir les instruments d'évaluation des élèves qui lui
sont confiés afin de permettre de mesurer les progrès accomplis
par ces derniers; le droit de régler la conduite de chaque groupe
d'élèves qui lui est confié.
En contrepartie, le projet de loi énonce certaines obligations
qui découlent pour l'enseignant du caractère éminemment
public et communautaire de sa mission. Il incombera, notamment, à
l'enseignant de contribuer au développement intégral de
l'élève; de cultiver chez celui-ci le respect des droits de la
personne; de prendre les moyens nécessaires pour assurer la
qualité de la langue parlée et écrite chez
l'élève; d'appliquer loyalement les décisions et les
règlements du gouvernement, du ministre, de la commission scolaire, du
conseil d'orientation et de la direction de l'école. Ainsi, tout en
étant assuré d'une mesure raisonnable de liberté dans
l'exercice de sa tâche professionnelle, l'enseignant sera invité
à se souvenir qu'il oeuvre au sein d'un ensemble dont les contraintes
normales ne sauraient le laisser indifférent.
Pour toutes les grandes tâches qui incombent au système
d'enseignement, notamment pour le renforcement des apprentissages de base et
plus particulièrement pour l'amélioration du français
langue maternelle, le gouvernement mise beaucoup sur l'école. Des
écoles mieux structurées, dotées d'une direction forte et
unifiée et de mécanismes efficaces de participation, seront mieux
en mesure de répondre aux attentes très fortes que la population
nourrit à leur endroit. Dans des lieux de plus en plus nombreux,
l'école publique se montre résolue à être la
première école, la meilleure école, celle à
laquelle se réfèrent spontanément les citoyens. Les
améliorations que propose le projet de loi 107 viendront renforcer cette
tendance que le gouvernement épouse sans réserve.
Ainsi qu'il s'y était engagé, le gouvernement
réaffirme, avec les projets de loi 106 et 107, sa conviction voulant que
la gestion concrète des écoles continue d'être
assurée par des commissions scolaires formées de membres
démocratiquement élus à cette fin par la population.
Suivant le projet de loi 107, tous les commissaires, à l'exception des
personnes choisies pour représenter les parents au sein de la commission
scolaire, seront élus au suffrage universel dans leur quartier
respectif. Le Parti libéral du Québec ayant toujours
défendu cette position, le gouvernement n'éprouve aucun malaise
à la réaffirmer. Nous voulons que les écoles soient
organisées, gérées et dirigées sous
l'autorité de commissions scolaires détenant, à cette fin,
un mandat direct de la population. Tel est le message que l'on trouve dans les
projets de loi 106 et 107.
Au lieu d'être organisées suivant une base confessionnelle,
les commissions scolaires seront toutefois, à l'avenir,
organisées suivant une base linguistique. À travers le territoire
du Québec, nous comptons, aujourd'hui, un réseau de commissions
scolaires pour catholiques et un réseau de commissions scolaires pour
protestants. Chaque réseau recouvre l'ensemble du territoire
québécois. En lieu et place de ces commissions scolaires et dans
le respect des droits confes-
sionnels garantis par la Loi constitutionnelle de 1867 et
réaffirmés dans la Loi constitutionnelle de 1982, il y aura
désormais un réseau de commissions scolaires francophones et un
réseau de commissions scolaires anglophones. (10 h 30)
Pourquoi ce changement? Parce qu'il nous apparaît plus conforme
à la réalité du Québec d'aujourd'hui. Dans le
Québec de 1867, on était, de manière
générale, soit catholique, soit protestant. Ces deux
catégories suffisaient à regrouper à peu près toute
la population. D'où le mode ingénieux qui fut alors retenu pour
l'organisation de commissions scolaires communes à l'intention du groupe
formant la majorité de la population et de commissions scolaires
dissidentes à l'intention de la minorité religieuse.
Mais les distinctions qui présidèrent à
l'organisation de notre système scolaire il y a plus d'un siècle
n'ont plus de nos jours la même clarté et la même force. Le
nombre des personnes de religion autre que catholique ou protestante n'a
cessé d'augmenter. À l'intérieur même des
communautés catholiques et protestantes, il s'est également
produit une évolution très importante des mentalités et
des comportements, par suite de laquelle bien des choses qui étaient
claires autrefois le sont beaucoup moins aujourd'hui. Bien naïf serait
celui qui voudrait prétendre que des commissions scolaires
confessionnelles suivant la ligne que nous avons connue sont encore aptes
à répondre de nos jours aux besoins et aux attentes d'une
population dont les valeurs morales et les allégeances religieuses se
sont de plus en plus diversifiées.
N'est-ce pas la vocation des commissions scolaires que de regrouper et
de servir toute la population et non pas seulement certaines catégories
de citoyens, et d'offrir à toutes et à tous des chances
égaies de participation à la direction des affaires
scolaires.
Pour des raisons économiques et fonctionnelles évidentes,
on ne saurait multiplier à l'infini les modèles de commission
scolaire. Vu le caractère relativement peu nombreux et dispersé
de la population québécoise, nous ne pouvons pas nous offrir plus
de deux réseaux publics de commission scolaire sans risquer de
créer toutes sortes de complications fonctionnelles, administratives et
financières. Dans le contexte actuel, le gouvernement considère
que la formule des commissions scolaires linguistiques répondra mieux
aux besoins de notre population que la formule des commissions scolaires
confessionnelles.
Du côté des milieux intéressés à la
confes-sionnalité, plusieurs se préoccupent à juste titre
de ce qu'il arrivera des valeurs auxquelles ils tiennent dans
l'éducation de l'élève. À ceux-là, nous
répondons que le projet de loi 107 contient de nombreuses dispositions
visant précisément à assurer la présence efficace
des valeurs morales et religieuses dans l'école sous le nouveau type de
commissions scolaires que propose le gouver- nement. Au niveau national,
l'autorité des sous-ministres associés de foi catholique et
protestante sera mieux définie. Les comités confessionnels du
Conseil supérieur de l'éducation seront maintenus, de même
que les pouvoirs dont ils sont investis. L'action des comités
confessionnels pourra même s'appuyer désormais sur de nouveaux
règlements, plus clairs et plus réalistes en matière de
confessionnalité scolaire, lesquels entreront en vigueur dès
juillet prochain. En vertu de ces règlements, la compétence des
enseignants chargés de l'enseignement moral et religieux confessionnel
sera sujette à des exigences plus fortes.
Au niveau de la commission scolaire, de nombreuses dispositions du
projet de loi 107 précisent les obligations des commissions scolaires en
matière d'enseignement religieux et d'animation pastorale. La commission
scolaire devra notamment compter dans son personnel-cadre une personne
expressément responsable du soutien à l'administration des
écoles confessionnelles et au service de l'enseignement moral et
religieux confessionnel; la personne ainsi choisie devra détenir un
mandat de l'évêque du diocèse où est situé le
siège social de la commission scolaire.
Au niveau de l'école, enfin, les parents seront
périodiquement appelés à se prononcer sur le
caractère confessionnel de l'école. Là où les
parents le voudront, l'école pourra être confessionnelle.
Là où ils ne le voudront pas, elle pourra, évidemment, ne
pas être confessionnelle. Dans le cas où les parents choisiraient
l'école confessionnelle, les valeurs de la confession religieuse
concernée pourront être intégrées dans le projet
éducatif de l'école, moyennant le respect des libertés
garanties dans la Charte des droits et libertés de la personne. Le choix
entre l'enseignement moral et religieux confessionnel et l'enseignement moral
laïque sera libre dans toutes les écoles, tout comme sera
respecté le droit de l'enseignant de refuser, pour motif de
liberté de conscience, de dispenser l'enseignement moral et religieux
d'une confession.
Ces garanties sont précises et substantielles. Elles
répondent, selon nous, aux attentes formulées ces
dernières années par l'Assemblée des évêques
du Québec. Elles permettront de mieux assurer la présence des
valeurs morales et religieuses dans l'école, en même temps
qu'elles permettront aussi d'établir une nette distinction entre la
religion et la politique scolaire.
Du côté protestant, on se dit volontiers enclin à
préférer la formule linguistique à la formule
confessionnelle en matière de commissions scolaires. On ajoute toutefois
qu'on tient par-dessus tout à préserver la protection garantie
dans la constitution en matière de droits scolaires des protestants.
Certains ne consentiraient, en conséquence, à des commissions
scolaires linguistiques que moyennant un changement constitutionnel qui
permettrait de transférer à la communauté anglophone, sous
forme de
droits linguistiques garantis, les droits confessionnels
présentement garantis à la communauté protestante.
Aux personnes et aux organismes qui soutiennent ce point de vue, je
soumets les considérations suivantes. En premier lieu, sous le
système actuel, des milliers d'élèves francophones doivent
relever de commissions scolaires à majorité anglophone. Dans un
Québec à 80 % francophone, cela n'est ni logique, ni normal. Il
serait beaucoup plus normal que tous les élèves francophones
puissent être regroupés dans des commissions scolaires
francophones.
En second lieu, sous le système actuel, des milliers
d'élèves catholiques anglophones doivent de toute manière
être confiés à des commissions scolaires protestantes pour
leur instruction. Plusieurs commissions scolaires catholiques, desservant une
clientèle presque entièrement francophone, n'ont pas les moyens
d'offrir à leur clientèle anglophone des services
appropriés. En vertu d'ententes permises par la loi, elles confient en
conséquence cette clientèle à des commissions scolaires
protestantes, lesquelles sont de fait surtout anglophones. C'est le cas, par
exemple, dans mon comté d'Argenteuil où la commission scolaire du
Long Sault ne peut pas fournir les services éducatifs à sa
clientèle catholique de langue anglaise. Elle a conclu, en
conséquence, une entente avec le Laurentian School Board, en vertu de
laquelle cette commission scolaire protestante, qui est presque
intégralement anglophone, assure l'instruction des élèves
catholiques de langue anglaise. Et c'est le cas, de manière très
générale, dans la région des Laurentides. Ne serait-il pas
normal que les structures des commissions scolaires soient davantage
calquées sur ces réalités que nous observons?
En troisième lieu, quel que soit le système retenu, les
droits confessionnels garantis par la constitution continueront, jusqu'à
nouvel ordre, d'exister. Aucune loi statutaire ne peut effacer un droit
constitutionnel. En cas de situation pouvant l'exiger, ces droits pourront
toujours être invoqués, même si nous options aujourd'hui
pour des commissions scolaires linguistiques. La meilleure façon
d'évoluer vers d'éventuelles modifications constitutionnelles
dans le sens souhaité par plusieurs ne serait-elle pas de faire
dès maintenant l'expérience de commissions scolaires
linguistiques, quitte à consigner plus tard dans la constitution les
fruits de cette expérience et les leçons que nous pourrons en
retirer?
Si nous voulons regarder la réalité en face et convenir
qu'un système public d'enseignement doit exister pour toute la
population, offrir des services appropriés à toute la population
et favoriser la participation de tous les citoyens, sur un pied
d'égalité, à la gestion de la chose scolaire, nous
conviendrons sans hésiter que la formule des commissions scolaires
linguistiques est celle qui peut le mieux convenir au Québec
d'aujourd'hui et de demain. Vu les garanties constitutionnelles dont jouissent
les communautés catholique et protestante, le gouvernement, une fois
adoptés les projets de loi 106 et 107, verra à faire
vérifier leur validité juridique par les tribunaux avant de
mettre en application les dispositions traitant des structures à donner
aux commissions scolaires en matière confessionnelle et linguistique.
Mais il est convaincu que les commissions scolaires linguistiques seront mieux
aptes à assurer la scolarisation de toute notre population dans un
esprit d'unité, de respect des droits fondamentaux de chacun et de saine
démocratie.
De manière générale, le projet de loi 107
maintient, en le précisant et en l'ajustant sur plusieurs sujets aux
réalités d'aujourd'hui, le partage des responsabilités que
nous connaissons déjà entre le ministre de l'Éducation et
le gouvernement, d'une part, et les commissions scolaires, d'autre part. Du
côté des commissions scolaires, deux principales critiques ont
été adressées au projet de loi 107. On lui reproche de ne
pas attribuer de pouvoirs additionnels aux commissions scolaires. On lui
reproche également d'accroître dangereusement les pouvoirs
dévolus au ministre de l'Éducation et au gouvernement. Le
gouvernement écoutera avec respect les arguments qu'on voudra lui
soumettre à ce sujet dans le cadre des travaux de la commission
parlementaire. Là où des changements s'avéreront
nécessaires ou souhaitables, il procédera volontiers à des
modifications de son projet de loi dans le but de le rendre meilleur. Mais en
ce début des travaux de la commission parlementaire, la position du
gouvermement doit être énoncée dans les termes
suivants.
Tout d'abord, il n'y a pas lieu, à l'heure actuelle, de
procéder à des changements majeurs dans le partage des
responsabilités entre les commissions scolaires et le gouvernement. Au
niveau des orientations financières, administratives et
pédagogiques, le partage actuel des tâches permet d'assurer une
direction forte et équilibrée du système d'enseignement
à travers, d'une part, les orientations et les ressources émanant
du ministère de l'Éducation et, d'autre part, la gestion
décentralisée qu'assurent les commissions scolaires. Ce partage
général est sain et efficace. Le projet de loi 107 ne le remet
pas en cause.
En second lieu, il est vrai que le projet de loi 107 confère au
ministre de l'Éducation et au gouvernement un certain nombre de pouvoirs
que l'on ne trouve pas dans la Loi actuelle sur l'instruction publique. Mais la
plupart de ces pouvoirs supposément nouveaux sont déjà
existants dans la réglementation et dans la pratique courante. Ainsi, le
projet de loi 107 attribue au ministre de l'Éducation plusieurs pouvoirs
qui étaient définis à ce jour dans les régimes
pédagogiques plutôt que dans la loi. Ce transfert n'a ni pour
objet ni pour effet d'augmenter les pouvoirs du ministre, mais de leur
conférer une
assise juridique plus solide. On trouve d'ailleurs dans le projet de loi
107 bon nombre de dispositions semblables à l'avantage des commissions
scolaires. Celles-ci se voient attribuer dans le texte législatif bon
nombre d'attributions qu'elles exercent déjà sous l'empire des
régimes pédagogiques ou d'autres règlements qui
n'étaient pas définis clairement dans la Loi sur l'instruction
publique. Si l'on fait la somme des changements qu'apporte le projet de loi 107
en matière de partage des responsabilités, on devra conclure que
la très grande majorité sont de cette nature.
Parmi les pouvoirs nouveaux que se voit attribuer le ministre de
l'Éducation, examinons ceux qui, à juste titre, retiennent
davantage l'attention. Il y a d'abord le pouvoir d'établir la liste des
spécialités professionnelles qu'une commission scolaire est
autorisée à dispenser. Pour qui a vécu l'expérience
toute récente de rétablissement de la carte des options
professionnelles dans le cadre de la réforme de l'enseignement
professionnel secondaire, la nécessité d'un tel pouvoir ne
saurait faire de doute. Autant la concertation préalable des commissions
scolaires en ces matières est souhaitable et a été
favorisée de toutes les manières par le ministère, autant,
finalement, il reste un certain nombre de décisions qui ne peuvent
être prises que par le ministre de l'Éducation et autant il est
nécessaire que des orientations soient fournies aux commissions
scolaires quant aux critères qui devront guider leur choix en ces
matières. Si ce pouvoir est nécessaire, et je pense que personne
ne le contestera, mieux vaut l'inscrire clairement dans la loi afin
d'éviter toute contestation inutile et toute décision judiciaire
éventuelle qui pourrait nous étonner et nous
déconcerter.
En second lieu, il y a le pouvoir d'établir la liste des
commissions scolaires qui pourront organiser des services éducatifs pour
les adultes. On compte actuellement 82 services d'éducation des adultes,
alors qu'il y a au Québec 213 commissions scolaires. L'expérience
enseigne qu'il ne serait pas rentable que chaque commission scolaire
possède son propre service d'éducation des adultes. Celui-ci
fonctionnera d'une façon plus efficace sur une base régionale.
Même en misant d'abord sur la concertation entre les commissions
scolaires pour l'établissement de tels services régionaux, il
faut compter en dernière analyse sur l'intervention décisive du
ministre dans les dossiers de cette nature. Encore quelques dossiers sont
présentement sur la table du ministre en provenance de commissions
scolaires énonçant des demandes de cette nature; il y a certaines
demandes auxquelles il faut poser une réponse négative et
d'autres qui sont acceptables, mais la décision doit être prise
quelque part et elle ne saurait être prise ailleurs que là
où elle réside déjà actuellement. (10 h 45)
Troisièmement, le pouvoir d'arbitrer en dernière analyse
les litiges relatifs à l'intégration des enseignements primaire
et secondaire. Le processus d'intégration des enseignements primaire et
secondaire est maintenant engagé depuis quatre ans. Or, dans plusieurs
endroits, il tarde toujours à se réaliser. Dans certaines
régions, le refus d'une seule commission scolaire suffit à
empêcher la réalisation d'une volonté nettement
exprimée par toutes les autres commissions scolaires faisant partie
d'une commission scolaire régionale. Pareille situation ne saurait se
prolonger indéfiniment sans qu'il n'en découle des injustices
inacceptables pour la population. Qui d'autre que le ministre de
l'Éducation peut trancher en dernier ressort des litiges de cette
nature?
En quatrième lieu, le pouvoir de définir les conditions
devant présider à la consultation des parents d'une école
par la commission scolaire relativement au caractère confessionnel de
l'école. Cette disposition fait suite à un voeu fortement
répandu qui fut exprimé par de nombreux organismes devant la
commission parlementaire de l'éducation lors des auditions publiques sur
les projets de règlements des comités confessionnels touchant la
confession-nalité des écoles. Il fut fortement demandé
à cène occasion de voir à ce que le sérieux des
consultations soit garanti par un règlement ministériel.
Il y a ensuite le pouvoir d'exiger, pendant la tenue d'une
vérification ou d'une enquête, que la commission scolaire suspende
la prise de décision ou l'application d'une décision prise. Cette
disposition découle de l'expérience vécue ces
dernières années. Elle vise à éloigner le recours
au moyen extrême qu'est la tutelle. Lorsqu'une décision prise par
une commission scolaire a créé une situation exigeant la tenue
d'une vérification ou d'une enquête, il est logique que la
commission scolaire puisse être invitée, au besoin, à
surseoir à cette décision pendant la durée de la
vérification ou de l'enquête car, souvent, la décision est
la source du problème porté à l'attention du ministre. De
même, si, pendant la durée de l'enquête, la commission
scolaire voulait prendre une décision dont l'effet serait d'annuler,
à toutes fins utiles, la portée de l'enquête, il serait
souhaitable qu'elle puisse être invitée à surseoir à
pareille décision. À défaut d'un recours de cette nature,
le seul moyen d'action dont dispose présentement le ministre est celui
qui l'habilite à recommander au gouvernement la mise en tutelle. Entre
l'impuissance totale et le recours à la tutelle, il est apparu sage
d'introduire une formule intermédiaire qui assure l'efficacité de
l'enquête tout en évitant le recours à la tutelle.
Enfin, le pouvoir d'établir la liste des services particuliers
aux élèves handicapés et aux élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage qu'une commission scolaire
est autorisée à dispenser. Ce pouvoir dérive de la nature
même des services qui doivent être offerts à ces
clientèles. Le caractère coûteux de ces services
et la répartition inégale des clientèles entre les
commissions scolaires requièrent qu'un rôle de planification et
d'orientation soit exercé en ces matières par le ministre de
l'Éducation.
Parmi les pouvoirs du ministre que plusieurs commissions scolaires
auraient souhaité voir réduire, il y a les pouvoirs relatifs aux
contrôles exercés par le ministre en ce qui touche les finances et
la gestion des commissions scolaires. Quelques-uns de ces pouvoirs sont
allégés ou réduits par le projet de loi 107. En
contrepartie, très rares sont ceux qui sont augmentés. La
solution de stabilité et de continuité que retient surtout
à cet égard le projet de loi 107 s'explique par deux raisons: en
premier lieu, dans l'état actuel des choses, 92 % des revenus des
commissions scolaires leur proviennent de subventions directes du gouvernement.
Afin d'assurer que ces subventions serviront à assurer partout des
services de qualité comparable - c'est le but même de cette
intervention massive du gouvernement dans le financement des commissions
scolaires, afin d'assurer partout des services de qualité comparable -
il est nécessaire que des indications assez précises soient
fournies aux commissions scolaires quant à la destination des
subventions et que des contrôles efficaces soient exercés quant
à leur utilisation.
Les principaux moyens de contrôle dont nous disposons à ce
sujet sont, d'un côté, les règles budgétaires qui
contiennent les indications quant à la manière dont doivent
être utilisés les fonds mis à la disposition des
commissions scolaires et, deuxièmement, les rapports financiers
périodiques que les commissions scolaires doivent soumettre au
gouvernement et qui permettent de vérifier la manière dont ont
été appliquées les politiques en matière de gestion
financière et administrative.
Il est permis de souhaiter qu'éventuellement un partage
différent de l'assiette fiscale permette aux commissions scolaires de
financer une plus grande part de leurs dépenses par des impôts
qu'elles percevront directement. Il en découlerait logiquement,
tôt ou tard, des ajustements significatifs au chapitre du partage des
responsabilités. Mais, à court terme, pareil changement n'est pas
possible politiquement. Les deux partis qui se sont succédé au
pouvoir ces dernières années ont contribué tour à
tour à retourner aux municipalités la presque totalité de
l'impôt foncier et personne ne pourrait soumettre sérieusement,
à l'heure actuelle, des propositions de changement à cet
égard. Il y aurait une véritable mutinerie de la part des
municipalités. Je pense qu'aucun des deux partis ne serait prêt
à mettre sur la table des propositions significatives de ce
côté. J'aime mieux qu'on le dise clairement et franchement, mais
c'est un objectif que je trouve souhaitable en soi et, dans la mesure où
l'opinion évoluera dans ce sens, je pense qu'il pourrait être
bienfaisant à bien des points de vue que le Québec s'oriente
davantage vers le modèle de répartition fiscale qui est en
vigueur dans toutes les provinces canadiennes à l'ouest du Québec
en ces matières.
Malgré ses inconvénients, le système actuel a
permis d'établir - c'est la deuxième raison pour laquelle nous ne
voulons pas trop modifier l'équilibre que nous connaissons actuellement
- dans le réseau des commissions scolaires une situation
financière à la fois limpide et saine, laquelle se traduit, selon
les données les plus récentes du ministère de
l'Éducation, par un surplus cumulatif de près de 160 000 000 $.
Ce résultat obtenu par-delà les effets souvent pénibles
des compressions qui n'ont pas été épargnées aux
commissions scolaires ces dernières années ne saurait être
dissocié du système de relation commissions
scolaires-gouvernement qui l'a rendu possible. Le gouvernement n'est pas
prêt à l'abandonner, du moins quant à l'essentiel.
J'ajoute une remarque, à ce stade-ci, à l'intention des
critiques que l'on adresse au projet de loi 107 en matière de
confessionnalité. Je lisais dans les journaux, ce matin, que l'on
reproche au projet de loi 107 de renforcer le dispositif confessionnel dans
notre système scolaire. Je pense qu'on oublie un changement fondamental
introduit à la fois par les nouveaux règlements des
comités confessionnels et par le projet de loi. Désormais, il
incombera aux parents de chaque école d'exprimer en ces matières
un jugement qui aura toutes les chances d'être décisif alors que,
jusqu'à maintenant, nous avions un système où les
décisions procédaient d'en haut jusqu'en bas. Sauf dans le cas
des nouvelles écoles qui sont construites à l'occasion de
l'ouverture desquelles on procède à une consultation
auprès des parents pour savoir ce qu'il en sera de la confessionnal
ité.
En vertu du système combiné que permettra la loi 107 et
permettront le projet de loi 107 adopté et les nouveaux
règlements qui doivent entrer en vigueur en juillet de cette
année, il y aura périodiquement une vérification du
vécu confessionnel dans chaque école et cela pourra
entraîner des changements de statut qui sont très difficiles
à l'heure actuelle. Par conséquent, de ce côté, je
pense que nous franchissons une étape très importante et nous la
franchissons dans le souci de respecter également la
préoccupation de ceux qui veulent que les valeurs morales et religieuses
soient présentes dans nos écoles publiques.
Au cours des dernières années, nous avons tous
déploré le faible taux de participation à la gestion des
affaires scolaires. Tandis que les parents manifestaient un
intérêt de plus en plus grand pour la vie de l'école et
l'action éducative auprès de leurs enfants, la participation des
citoyens aux élections scolaires se maintenait à un taux
décevant. Aux élections scolaires de novembre dernier, les trois
quarts des quelque 2400 postes à combler ont donné lieu a une
élection par acclamation. Là où il y a eu scrutin, le taux
de participation a été de 19 % pour l'ensemble du Québec
et de 13 % sur l'île de
Montréal. Que des élus appelés à
gérer les budgets considérables de l'enseignement public doivent
s'appuyer sur des mandats populaires aussi faibles, cela témoigne d'un
malaise qu'on ne saurait laisser se prolonger sans mettre en péril le
système lui-même. Il faut absolument hausser le niveau de
participation des citoyens à la gestion de la chose scolaire.
Négliger cet objectif en même temps que l'on prétendrait
conserver les commissions scolaires, ce serait pratiquer une dangereuse
politique de l'autruche.
Déjà, le gouvernement a institué plusieurs mesures
visant à favoriser la participation populaire aux élections
scolaires. Le report des élections de juin à novembre,
l'élimination de dispositions qui rendaient difficile la participation
de certaines catégories de citoyens au scrutin, autant de mesures qui
visaient à améliorer la participation aux élections, mais
dont l'effet est demeure plutôt faible.
La réforme de la Loi sur l'instruction publique fournissait au
gouvernement l'occasion de jeter un regard frais sur ce sujet. Le projet de loi
106 propose à cet égard une véritable réforme dont
les résultats devraient s'avérer bienfaisants. Le projet de loi
assure la plus grande harmonisation possible de la législation
électorale en matière scolaire avec la loi générale
sur les élections, de manière que les citoyens puissent s'y
retrouver plus aisément. Il permet à une commission scolaire de
créer des circonscriptions électorales additionnelles là
où ce peut être de nature à favoriser une meilleure
représentation de tous les secteurs de la population et de toutes les
parties du territoire d'une commission scolaire. Il permet aux candidats
à une élection scolaire de se regrouper en équipes
reconnues. Il prévoit le remboursement des dépenses
électorales des candidats ayant obtenu au moins 20 % des votes
exprimés à l'occasion d'une élection. Il élargit
les critères donnant accès à la qualité
d'électeur ou de candidat à un poste de commissaire.
Autant de dispositions qui visent à ranimer la démocratie
scolaire au Québec, autant de dispositions qui visent à faire en
sorte que la gestion des affaires scolaires soit de plus en plus l'affaire de
tout le monde.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. le ministre de l'Éducation. Je reconnais le porte-parole de
l'Opposition en matière d'éducation, Mme la députée
de Chicou-timi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci. M. le Président, M. le ministre,
membres de la commission parlementaire, mesdames, messieurs, il me fait
plaisir, à titre de porte-parole de l'Opposition officielle en
matière d'éducation, de participer à cette consultation
générale touchant les projets de loi 106 et 107. J'aimerais dire
brièvement aux membres des différents organismes nationaux qui
participent à cette consultation de bien en profiter parce que, si je
comprends bien le projet de loi, ils seront de moins en moins
consultés.
Il s'agit là de projets de loi d'importance majeure, dont
l'impact sur le fonctionnement et l'organisation du système
québécois d'éducation ne pourra être que
considérable pour de nombreuses années à venir. La
démarche du gouvernement mérite donc d'être scrutée
de très près. Elle ne laisse évidemment pas l'Opposition
indifférente, pas plus que tous les milieux qui ont à coeur le
développement d'un système d'éducation de haute
qualité.
La quantité impressionnante de mémoires, soit environ 120,
soumis à l'attention de cette commission parlementaire, aussi bien de la
part de divers partenaires impliqués au premier chef dans l'oeuvre
éducative (enseignants, parents, personnel de direction, commissions
scolaires) que d'organismes intéressés aux questions
d'éducation, témoigne du vif intérêt de toute la
population pour ce domaine si intimement relié à son
développement et à son progrès.
En matière de réforme scolaire, le gouvernement actuel
n'est évidemment pas un pionnier. Tous et toutes se rappelleront les
débats longs et passionnés auxquels avaient donné lieu le
livre blanc sur l'école québécoise, le projet de loi 40
et, enfin, l'adoption du projet de loi 3. De multiples intervenants et
organismes avaient alors eu l'occasion de faire valoir leurs opinions. Ces
discussions ont favorisé un cheminement important de tous les
partenaires du monde de l'éducation et permis d'établir certains
consensus assez larges, sinon quant aux modalités, tout au moins sur le
plan des principes devant guider l'entreprise de modernisation des lois et des
structures scolaires québécoises. Comme chacun le sait, des
obstacles juridiques, liés à des privilèges
constitutionnels datant de quelque 120 ans, ont compromis cette entreprise.
La démarche qui est maintenant proposée à
l'Assemblée nationale comme à l'ensemble de la population ne
tombe donc pas du ciel, mais se situe dans la foulée des exercices
précédents. Je ne dirais cependant pas qu'elle en constitue
l'aboutissement logique ou souhaité, du moins pas en ce qui nous
concerne. Si le projet, article par article, de refonte de la Loi sur
l'instruction publique reprend, par exempte, plusieurs dispositions de la loi
3, il s'en démarque aussi très nettement à maints
égards.
Je n'ai pas l'intention de procéder maintenant à une
critique exhaustive de l'ensemble des dispositions du projet de loi 107.
L'étude détaillée de ce projet qui suivra les audiences
publiques fournira le cadre approprié pour ce faire. J'entends
plutôt profiter de l'occasion pour dégager ce qui paraissent
être les grands enjeux d'une réforme du système scolaire et
pour tenter de voir si le projet de loi mis sur la table apporte des
réponses adéquates. Ces enjeux majeurs sont de trois ordres:
l'accessibilité aux
services éducatifs, la responsabilisation des partenaires, la
modernisation des structures scolaires. (11 heures)
Ces enjeux ne sont évidemment pas désincarnés; ils
gravitent autour d'une préoccupation centrale qui ne peut qu'être
celle de la qualité de l'enseignement. Dans le domaine de
l'éducation, comme dans les autres domaines, on ne procède pas
à une révision législative, à des changements de
structures pour le plaisir de le faire. Une telle opération draine trop
d'énergie de la part de toutes les parties impliquées pour ne pas
être canalisée vers un objectif. Dans le cas qui nous
préoccupe ici, nous chercherons donc à savoir si les divers
changements proposés permettront d'améliorer notre système
d'enseignement, afin qu'il dispense à nos jeunes comme à
l'ensemble de la population une éducation de plus grande
qualité.
L'accessibilité de tous et de toutes aux services
éducatifs doit, selon nous, constituer la pierre angulaire de notre
système d'enseignement public. Qui dit accessibilité dit
gratuité. C'est là un des principes qui a fondé tout le
processus de la réforme scolaire des années soixante. Il y a donc
là un acquis qui ne saurait être compromis. Il faut cependant
constater que l'accès gratuit et universel aux services de formation ne
visait alors que les jeunes. Le développement prodigieux de
l'éducation des adultes dans les années soixante-dix et
quatre-vingt, sous la poussée des besoins d'une population adulte encore
nettement sous-scolarisée, devait ensuite poser la question de la
gratuité des services pour la population adulte. Celle-ci sera
finalement reconnue en 1985 par l'instauration d'une enveloppe ouverte pour
l'éducation des adultes dans les commissions scolaires.
Nous nous serions donc attendus que le projet de loi consacre le
principe de l'accès gratuit des adultes aux services éducatifs.
Force est cependant de constater que cet accès est compromis par
plusieurs clauses restrictives. Le plus étonnant de tout cela est que
l'actuel ministre de l'Éducation reprochait précisément au
projet de loi 3 de ne pas aller assez loin à ce chapitre. Le
député d'Argenteuil, qui siégeait alors dans l'Opposition,
en faisait même un des trois principaux volets de sa critique et
même de son opposition au projet de loi 3. L'examen du libellé de
son propre projet révèle, en fait, qu'il est plus restrictif que
celui de l'ancien gouvernement. Ou bien le ministre a des trous de
mémoire, et dans ce cas il peut compter sur nous pour y remédier,
ou il renie tout simplement les principes qui fondaient ses discours. Une fois
de plus, nous sommes obligés de déplorer que les gestes du
ministre ne suivent pas les discours de l'ex-critique de l'Opposition.
Que lit-on dans le projet de loi 107? D'abord, à l'article 4, il
est écrit: 'Tout résident du Québec a droit à la
gratuité des services éducatifs offerts en application de la
présente loi". Dans la loi 3, l'article s'arrêtait là. Dans
le projet de loi 107, il se poursuit ainsi: "Une personne visée à
l'article 2, à savoir un adulte ou un étranger, a droit à
cette gratuité dans la mesure où le permettent les ressources de
la commission scolaire où elle est inscrite". Voilà une
première restriction, une disposition qu'il sera facile d'invoquer pour
refuser des services ou exiger des frais. À cet égard, la loi 3
précisait à l'article 204 qu'une commission scolaire peut,
conformément aux règles d'attribution des ressources
financières établies par le ministre, exiger des frais
d'inscription et de scolarité d'un adulte s'il suit des cours qui ne
conduisent pas à l'obtention d'un diplôme décerné
par le ministre. Selon l'article 199 du présent projet, une commission
scolaire peut exiger une contribution financière d'un adulte, sans autre
spécification, ce qui signifie que ce pourrait être fait
même dans le cadre de cours ne conduisant pas à un diplôme
décerné par le ministre.
Il est bon, je crois, de rappeler les propos du ministre lors des
débats autour du projet de loi 3, en novembre 1984. Je cite les propos
de l'actuel ministre, critique de l'Opposition d'alors: "L'accès, disait
le député d'Argenteuil, aux services éducatifs sera
disponible aux adultes, lit-on dans le projet de loi, mais - et je cite le
projet de loi - "dans le cadre des programmes offerts par la commission
scolaire". "Comme, selon le projet de loi 3, c'est la commission scolaire qui
doit déterminer les services éducatifs qui seront
dispensés et cela, dans le cadre de règles budgétaires
imposées par le gouvernement, on n'a aucunement la garantie que ces
services seront réellement offerts par toutes les commissions scolaires,
à tous les adultes qui en auront besoin... En outre, les commissions
scolaires resteront libres, en vertu de l'article 264 du projet de loi,
d'exiger des frais de scolarité et d'inscription des
élèves adultes qui suivront dans leurs écoles - et je cite
le projet de loi, quelle faute, quel scandale! - des cours qui ne conduiraient
pas à l'obtention d'un diplôme décerné par le
ministre. " Débats de l'Assemblée nationale, le 29 novembre 1984,
à la page 1148.
Au sujet de la spécification concernant la disponibilité
des services éducatifs "dans le cadre des programmes offerts par la
commission scolaire", elle se retrouve textuellement dans le présent
projet de sorte qu'il est tentant de retourner contre le député
d'Argenteuil son propre argument: on n'a aucunement la garantie que ces
services seront réellement offerts par toutes les commissions scolaires,
à tous les adultes qui en auront besoin. Un autre article octroie de
plus au ministre le pouvoir d'établir la liste des commissions scolaires
qui peuvent organiser des services éducatifs pour les adultes
résidant sur le territoire qu'il détermine.
Quant aux frais de scolarité, s'il était scandaleux, au
dire du député d'Argenteuil, d'en exiger dans le cas de cours ne
conduisant pas à
un diplôme, comment qualifier son projet qui permet d'en exiger
pour n'importe quelle activité de formation, y compris celles conduisant
à un diplôme?
En somme, le projet de loi 107 va beaucoup moins loin que le projet de
loi 3, si ouvertement décrié par le ministre. Comment, dès
lors, croire à la sincérité du ministre? Si la loi 3
comportait des lacunes à ce chapitre - nous sommes prêts à
en convenir - alors, le projet du ministre devrait et aurait dû permettre
d'y remédier. Il a plutôt choisi d'aller dans le sens contraire et
de restreindre l'accès gratuit aux services éducatifs pour les
adultes. Nous sommes très impatients d'entendre les justifications du
ministre.
Toujours au chapitre des clauses restrictives quant à
l'accès aux services éducatifs, le critique de l'Opposition
d'alors invoquait la question du matériel scolaire et du transport
scolaire. Il faut croire que ses réserves ne devaient pas être
très sérieuses puisque son propre projet comporte des
dispositions semblables alors que, de l'avis de tous, les frais pour
matériel scolaire croissent d'année en année de
façon importante et que le transport scolaire fait de plus en plus
problème.
J'aimerais cependant insister sur d'autres reculs ou lacunes de la
mouture que nous présente le ministre de l'Éducation. D'abord, on
n'y retrouve aucune définition des services éducatifs dans leurs
différentes dimensions: services de formation et d'éveil,
services d'enseignement, services complémentaires et services
particuliers. Si on veut que le principe de la gratuité des services
éducatifs soit reconnu, encore faut-il savoir de quoi il s'agit et ce
que cette notion englobe. Il n'y a aucune référence aux services
complémentaires, à l'exception des services d'animation pastorale
catholique et d'animation religieuse protestante. Pas un mot sur les services
d'orientation scolaire et professionnelle, de santé et de services
sociaux, de psychologie, de psycho-éducation, de promotion des droits et
responsabilités de l'élève, de placement
étudiant.
Quant aux services particuliers, on ne fait état que des services
aux élèves handicapés et en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage, mais rien au sujet des services de soutien linguistique en
français, des services d'accueil à l'école dont la langue
d'enseignement est le français. Le projet de loi 107 est
complètement muet vis-à-vis de cette réalité
maintenant très présente de l'ouverture des écoles
québécoises à de nombreux jeunes d'origines ethniques
très variées. Il ne prévoit aucune obligation pour les
commissions scolaires d'offrir des services d'animation et d'éducation
interculturels aux Néo-Québécois et aux jeunes
Québécois dits "de souche". L'intégration harmonieuse des
nouveaux arrivants à la société québécoise
ne saurait pourtant être possible si l'école ne relève pas
ce défi de l'éducation et de l'animation interculturelles.
Un mot, enfin, au sujet des services de garde. Le projet de loi 107 ne
fait aucune obligation aux commissions scolaires de dispenser des services de
garde pour les élèves de l'éducation préscolaire et
de l'enseignement primaire. Il fait aussi disparaître - il vient
confirmer ce fait - des fonctions du directeur d'école, les fonctions de
voir à la mise en place et au fonctionnement des services de garde en
milieu scolaire. Il s'agit là d'un autre recul par rapport à la
loi 3 et d'un refus de prendre en compte les besoins croissants de la
société sur le plan des services de garde.
En somme, sur le plan de l'accès aux services éducatifs,
notamment pour les adultes, et sur le plan de la définition et de
l'extension de ces services, le projet de loi 107 demeure très
insatisfaisant.
Le second volet que je désire aborder est celui de la
responsabilisation des partenaires et, par conséquent, de
l'équilibre à établir quant au partage des pouvoirs et des
responsabilités entre les divers intervenants du système
scolaire: dans l'école, entre les élèves, les enseignants
et les enseignantes, les autres membres du personnel, la direction et les
parents, comme entre l'école, la commission scolaire et le ministre de
l'Éducation.
Sur ce dernier aspect, le projet de loi est particulièrement
décevant dans la mesure où il vient consacrer un net
accroissement des pouvoirs du ministre, une accentuation des contrôles
gouvernementaux, notamment réglementaires au détriment des
paliers locaux que sont les commissions scolaires. De la part du ministre,
cette volonté de centralisation ne surprend pas; elle demeure cependant
inacceptable. Elle ne reçoit évidemment pas la caution des
milieux concernés, comme en témoignent les critiques vives
énoncées dans les mémoires de la majorité des
organismes. Elle va nettement à rencontre d'un courant de plus en plus
fort au sein de la société québécoise et des
sociétés contemporaines en faveur d'une décentralisation
des responsabilités, d'une prise en charge des milieux par les citoyens
et les citoyennes. Ceux qui s'attendaient à une valorisation du
rôle des commissions scolaires seront amèrement
déçus.
Normes, contrôles, autorisations, règlements, plutôt
que de connaître un allégement, se trouvent multipliés et
renforcés. Dans certains cas, il s'agit de consacrer dans le texte
législatif des pratiques et des pouvoirs existants, notamment en vertu
des régimes pédagogiques et des règles budgétaires,
et, dans d'autres cas, le projet alloue au ministre de nouveaux moyens de
contrôle sur l'organisation des services éducatifs.
Le Parti libéral faisait pourtant figurer parmi ses engagements
électoraux la responsabilisation des institutions d'enseignement
à tous les niveaux et la participation active de tous les agents aux
plans local et régional.
Je me permets, encore une fois, de rappeler au ministre ses propres
propos de critique de l'Opposition vis-à-vis du projet de loi 3: "Les
pouvoirs, disait-il, que le gouvernement entend
réserver au ministre de l'Éducation sont également
pour nous une source de préoccupation... Nous ne saurions souscrire
à une activité qui consisterait à augmenter les pouvoirs
du ministre de l'Éducation dans le contexte actuel."
Le député d'Argenteuil reprochait au projet de loi 3 de ne
pas concrétiser l'allégement souhaité des modes
d'intervention du ministère de l'Éducation. Comment, dès
lors, comprendre que son propre projet comporte au moins, selon un
relevé rapide, une quinzaine d'articles qui confèrent au ministre
des pouvoirs additionnels et des possibilités accrues d'intervention par
rapport à la loi 3 dans les affaires des commissions scolaires,
directement ou par voie de réglementation, qu'il s'agisse, pour ne
donner que quelques exemples, des instructions à suivre quant à
la tenue des livres et registres, de la nomination de plus d'un directeur
adjoint, des normes pour la conclusion d'ententes avec d'autres institutions,
de l'approbation des plans et devis relatifs aux travaux sur l'immeuble, de
l'organisation des services éducatifs pour les adultes, les
élèves handicapés en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage, des modalités d'autorisation d'emprunt, de la
libération d'une commission scolaire de ses fonctions quant à
l'offre de services éducatifs, de la suspension d'une prise de
décision ou de l'application d'une décision pendant la tenue
d'une enquête ou d'une vérification.
Nous avons déjà entendu la Fédération des
commissions scolaires catholiques dénoncer le caractère
centralisateur et interventionniste du projet de loi. Selon la
fédération, le projet accorde plus de pouvoirs au ministre de
l'Éducation qu'aucun autre projet ne l'a fait jusqu'ici, incluant les
projets de loi 40 et 3. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est la
fédération. La fédération a relevé, je
crois, une trentaine d'articles qui viennent obliger les commissions scolaires
à obtenir l'autorisation du ministre pour des décisions qui,
jusqu'ici, ne relevaient que d'elles-mêmes. Une telle accentuation de la
mainmise du ministre ne témoigne pas d'une grande confiance dans ces
corps locaux dont le ministre voulait pourtant, il n'y a pas si longtemps,
valoriser le rôle. Nous sommes bien loin de l'autonomie et de la
responsabilisation des milieux. Le ministre, par son projet de loi, vient
augmenter ses pouvoirs réglementaires et, donc, son emprise sur le
système scolaire. (11 h 15)
Personne ne plaide en faveur de la disparition du ministère de
l'Éducation. On reconnaît que celui-ci doit conserver des
fonctions importantes: identification des priorités nationales,
distribution des ressources, coordination et réglementation afin
d'assurer une égalité de services pour la population sur
l'ensemble du territoire. Mais il nous semble que la bureaucratisation du
système d'enseignement a atteint ses limites et qu'il faut y introduire
davantage de souplesse afin d'établir un équilibre des pouvoirs
et des responsabilités au profit des capacités, de la
créativité des milieux qui suivent de près la
réalisation du projet éducatif. Le ministre a, contre toute
attente, choisi la direction opposée. Encore là, le
député d'Argenteuil a oublié les principes qu'il
défendait naguère en s'asseyant sur le siège du ministre
de l'Éducation.
Par ailleurs, non content d'étendre la portée de la
réglementation, le ministre fait disparaître une disposition
importante de la loi 3 selon laquelle il devait consulter les associations ou
fédérations nationales de parents, de commissions scolaires, de
salariés ou de personnel-cadre sur les règlements qu'il
élabore. C'est là une lacune significative, mais qui traduit bien
la personnalité du ministre. La consultation, c'est pour les autres ou
quand on le consulte.
Nous ne sommes pas convaincus non plus que le projet de loi 107
réalise l'équilibre souhaité quant au partage des pouvoirs
et responsabilités à l'intérieur même de
l'école. Je n'entrerai pas ici dans le détail, mais je
désire formuler certaines réserves, notamment en ce qui concerne
les fonctions du conseil d'orientation, maintenant réduit à un
rôle consultatif, et sur l'étendue des pouvoirs du directeur
d'école par rapport au respect de l'autonomie professionnelle des
enseignants. Ceux-ci se voient investis de devoirs très larges dont
l'interprétation est loin d'aller de soi et dont on ne retrouve aucune
contrepartie au niveau des autres intervenants. De plus, le projet ne
prévoit pas la constitution de comités pédagogiques
investis de fonctions propres à assurer une participation effective des
enseignants, des enseignantes et des professionnels à la
détermination des orientations de l'école comme de tout ce qui
concourt à la réalisation du projet éducatif dans ses
dimensions pédagogiques.
Le projet ne prévoit pas plus l'existence d'un comité ou
d'une association d'élèves ayant pour fonction de les
représenter auprès des instances de l'école, tout comme il
fait fi de la possibilité de recours pour faire respecter les droits de
l'élève, par exemple, devant le Protecteur du citoyen. Dans la
mesure où l'on accepte que l'élève a, comme tout autre
citoyen, des droits à faire valoir et à protéger, il faut
lui fournir les mécanismes appropriés pour ce faire. Dans le
contexte social actuel, une telle omission est inacceptable bien qu'encore une
fois elle n'étonne pas de la part du ministre si peu enclin, dans un
autre dossier, à associer les étudiants aux réformes les
concernant. Sur ce dernier point, comme sur les modalités de
participation des enseignants, des professionnels, des parents et des
étudiants à l'intérieur de l'école, les
consultations permettront, nous l'espérons, d'approfondir la
réflexion et de conduire aux ajustements nécessaires.
Abordons maintenant un autre enjeu central auquel la présente
refonte de la Loi sur l'instruction publique devrait apporter des
réponses, à savoir: la modernisation des structures scolai-
res. Comme chacun le sait, le Québec de 1988 offre, comme le
rappelait le ministre, peu de ressemblances avec celui de 1867. Depuis le
branle-bas des réformes du système d'éducation des
années soixante, il a aussi poursuivi son évolution. La
société québécoise s'est diversifiée sur le
plan des valeurs, religieuses et autres, comme dans sa composition ethnique. On
ne retrouve plus, d'un côté, des francophones en
quasi-totalité catholiques et, de l'autre, des anglophones protestants.
Dans la foulée des phénomènes de laïcisation de la
société, de désaffection religieuse et d'émergence
d'autres croyances, le Québec francophone ne constitue plus un bloc
monoTrthique.
De plus, l'adoption de la loi 101 a eu pour effet de draîner dans
les écoles françaises un nombre de plus en plus grand de jeunes
d'origines ethniques variées, porteurs d'un bagage culturel souvent fort
différent du nôtre. Cette tendance va en s'accentuant, notamment
à Montréal où près du tiers des
élèves inscrits à l'école française sont de
langue maternelle autre que le français. Quant au réseau
protestant, si le pluralisme n'y constitue pas une réalité
nouvelle, le phénomène tend là aussi à
s'accroître notamment du fait de l'émergence d'un secteur
français qui a connu, depuis une dizaine d'années, une
progression constante, alimentée par les inscriptions toujours plus
nombreuses d'allophones, bien sûr, mais aussi de francophones. Selon les
plus récentes données, près des deux tiers des
élèves du secteur français des commissions scolaires
protestantes ne sont pas de religion protestante.
Pendant que la diversité et le pluralisme venaient de plus en
plus caractériser le milieu scolaire, les structures et l'organisation
du système d'enseignement, fondées sur la
confes-sionnalité, demeuraient figées. Une volonté s'est
dessinée au sein de la population québécoise, chez de
très nombreux organismes, en faveur de l'établissement de
commissions scolaires linguistiques plutôt que confessionnelles. Des
discussions autour des projets de loi 40 et 3 ont fait ressortir l'ampleur du
consensus social qui s'est créé autour de cette question,
ralliant aussi bien l'Assemblée des évêques
qu'Alliance-Québec, la Fédération des commissions
scolaires catholiques aussi bien que celle des directeurs d'école, les
centrales syndicales et, faut-il le rappeler, les deux grands partis politiques
québécois. Des obstacles d'ordre constitutionnel sont cependant
venus paralyser l'expression de cette volonté populaire majoritaire.
La question qui se pose dès lors est de savoir si le projet que
nous soumet le gouvernement répond à cette attente et permet de
consacrer, comme il l'affirmait encore tout à l'heure, la modernisation
de nos structures scolaires dans le sens de l'ouverture au pluralisme et du
respect des différences. Avant d'examiner le contenu du projet de loi
107, arrêtons-nous un moment à la démarche
privilégiée par le gouvernement.
Il faut d'abord rappeler que le ministre a suspendu les
procédures d'appel instituées en vertu du jugement Brossard quant
à l'incons-titutionnalité de la loi 3 et de la cause impliquant
l'école Notre-Dame-des-Neiges. Le ministre a justifié cette
décision par le fait qu'il ne souscrivait pas au contenu de la loi 3 et
qu'il voulait adresser aux cours ses propres questions, sur la base d'une
nouvelle loi adoptée par l'Assemblée nationale. On pourrait lui
rétorquer que le Procureur général a décidé
- à son corps défendant, mais il l'a quand même fait -
d'aller en Cour suprême sur les causes relatives à l'affichage
unilingue français. Pourquoi alors n'a-t-il pas procédé
tout de suite par renvoi en Cour d'appel sur la base des clarifications
juridiques et constitutionnelles qu'il désire requérir? Le
ministre n'avait pas besoin d'une loi adoptée en Chambre pour
procéder. En effet, en vertu de l'article 1 de la Loi sur les renvois
à la Cour d'appel, "le gouvernement peut soumettre à la Cour
d'appel, pour audition et examen, toutes questions quelconques qu'il juge
à propos et, sur ce, la cour les entend et les examine".
Compte tenu de la connaissance qu'a le ministre de tous les tenants et
aboutissants de l'actuel imbroglio juridico-confessionnel, il aurait pu
procéder rapidement après son arrivée au pouvoir et
renvoyer à la Cour d'appel ces questions touchant la capacité du
Québec d'établir des commissions scolaires linguistiques sur tout
le territoire du Québec. Il n'avait pas à attendre la
présentation du présent projet de loi. Il ne l'a pas fait, il a
tergiversé et il est ainsi responsable d'un délai
supplémentaire d'au moins trois ans dans la résolution de cette
question. En effet, le renvoi en Cour d'appel ne peut, dans les meilleures
probabilités, se faire avant le début de l'année 1989,
alors que si le ministre avait décidé de renvoyer la question
à la Cour d'appel dès qu'il a pris la direction du
ministère, on aurait pu ainsi épargner trois ans.
Le ministre a donc annoncé qu'il procédera par renvoi
à la Cour d'appel après l'adoption du projet de loi 107, donc, au
mieux, au début de l'année 1989. Comme il est déjà
assuré que la question se rendra en Cour suprême et compte tenu
des délais engendrés par l'éventuelle transition, les
commissions scolaires linguistiques ne pourraient voir le jour avant 1992 et
ceci, dans la meilleure des hypothèses. Car il demeure possible que le
gouvernement québécois n'ait pas gain de cause et que, par
exemple, il ne puisse abolir les commissions scolaires pour protestants et pour
catholiques. Je ne parle pas ici des commissions scolaires confessionnelles
protégées en vertu de l'article 93 de l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique et que le ministre veut maintenir dans leurs
frontières actuelles.
Dans le propos du ministre tout à l'heure - je me permets de
sortir du texte - on a bien compris qu'il a évité de parler des
deux commissions scolaires et des deux secteurs qui sont protégés
en vertu de l'article 93 de l'acte,
c'est-à-dire la CECM, le PSBGM et les commissions scolaires
catholiques et protestantes à Québec. Les vrais problèmes
se trouvent là. Malgré les propos du ministre, malgré sa
volonté d'établir dès maintenant, nous dit-il, des
commissions scolaires linguistiques sur tout le territoire du Québec, ce
qui va lui permettre de régler les cas où l'on connaît
effectivement le plus de problèmes, je rappelle que dans ces cas il
s'agit des commissions scolaires protégées qui se trouvent sur le
territoire de l'île de Montréal et à Québec.
Dans l'éventualité où le ministre n'aurait pas gain
de cause devant les cours, le ministre laisse entendre qu'il se
résignera à entamer des pourparlers constitutionnels au sujet du
fameux article 93, avec les nouveaux délais que cela implique. Mais
pourquoi le ministre n'a-t-il pas accepté de mener ces démarches
concurremment, comme nous le lui avions suggéré?
Dès janvier 1986, par ailleurs, le Conseil supérieur de
l'éducation lui recommandait de faire en sorte que "lors des
négociations constitutionnelles dont on a annoncé l'ouverture
prochaine le gouvernement du Québec, et je cite le conseil
supérieur, inclue la question de la confessionnalité scolaire
dans son dossier de position". Il a négligé de le faire lors des
négociations qui ont conduit à l'accord du lac Meech. On laisse
entendre que l'article 93 pourrait faire l'objet d'une deuxième ronde de
négociations constitutionnelles, bien hypothétique dans les
circonstances actuelles, le ministre le reconnaîtra. Il apparaît
d'ailleurs que les priorités à l'agenda ne sont pas
déterminées par le Québec. L'exercice plein et entier par
le gouvernement québécois de sa compétence exclusive en
matière d'éducation passe pourtant par la levée des
entraves posées par une constitution désuète, vieille de
120 ans. Le gouvernement libéral n'a pas la volonté politique de
régler cette question, ayant omis de procéder tout de suite par
renvoi à la Cour d'appel, ayant omis de revendiquer l'abrogation des
privilèges octroyés à certaines confessions religieuses
par la constitution lors des dernières négociations.
Même si le gouvernement se voit reconnaître par les
tribunaux le pouvoir de créer des commissions scolaires linguistiques
sur tout le territoire, ceci ne permettra en rien, je le rappelle, de
régler la situation qui prévaut à Montréal,
étant donné la protection constitutionnelle dont la CECM et le
PSBGM continueront alors de bénéficier. En somme, là
où la diversité ethnique, culturelle et religieuse est le plus en
émergence, les structures scolaires vont demeurer figées dans
leur état actuel. C'est tout à fait inacceptable. j'en arrive
donc au contenu même du projet gouvernemental et à ses
implications. Concernant d'abord la situation à Montréal et
à Québec, le ministre a laissé entendre qu'il n'a pas
l'intention de modifier les limites territoriales des commissions scolaires
confessionnelles même s'il en avait la possibilité. Par ailleurs,
dans l'éventualité où l'on y procéderait à
la création de commissions scolaires linguistiques il y aurait
superposition sur un même territoire de quatre commissions scolaires et
de six secteurs et types d'écoles: anglaise, française,
anglo-catholique, franco-catholique, anglo-protestante et franco-protestante,
dans un même secteur. Le ministre n'a pas indiqué clairement s'il
a l'intention de procéder de cette façon. De deux choses l'une:
ou il ne crée pas sur les territoires de Montréal et
Québec des commissions scolaires linguistiques, en contradiction avec la
diversité des communautés et la nécessité de
répondre à leurs besoins éducatifs sans porter atteinte
à leurs droits en matière de liberté de conscience; ou il
superpose les commissions scolaires avec les difficultés qui vont en
résulter sur le plan de l'organisation scolaire, qu'il s'agisse de
l'affectation du personnel, de l'utilisation des bâtiments, du transport
scolaire, sans compter les complications reliées à la tenue des
élections scolaires. Si l'enfant doit fréquenter l'école
française, ses parents devront choisir entre l'école
française catholique, l'école française protestante et
l'école française non confessionnelle. À qui iront-ils
payer leurs taxes scolaires? (11 h 30)
En dehors de Montréal et de Québec, le projet
prévoit la création de commissions scolaires linguistiques, mais
il confirme l'existence des commissions scolaires dissidentes existantes et ne
remet pas en question l'exercice du droit à la dissidence dans l'avenir.
On retrouve encore ici la possibilité d'une superposition sur un
même territoire de commissions scolaires linguistiques, anglaises et
françaises, et de commissions scolaires dissidentes, anglo-catholiques
et franco-protestantes. Si on ajoute à cela le maintien des commissions
scolaires régionales et locales, puisque le projet du ministre ne
garantit pas l'intégration des commissions scolaires sur l'ensemble du
territoire - ce qui constitue une autre lacune grave du projet de loi 107 -
nous risquons de nous retrouver avec un véritable fouillis sur le plan
des structures scolaires.
Dans un tel contexte, comment souhaiter une utilisation la plus
rationnelle et la plus efficace des ressources humaines et financières?
Dans un tel contexte, comment comprendre l'affirmation que vient de faire le
ministre, à savoir qu'il désire et qu'il entend instituer des
commissions scolaires linguistiques sur tout le territoire du Québec
sans négocier l'article 93?
Je conclus sur ce point en soulignant que fa prétendue
création de commissions scolaires linguistiques ne constitue dans les
faits, en tenant compte à la fois de la démarche du ministre et
du contenu même de son projet, qu'un écran de fumée, il est
impossible d'y trouver la réponse urgente et appropriée à
la nécessaire modernisation du système scolaire
québécois. Alors que la déconfessionnalisation des
structures scolaires est remise aux calendes
grecques, le ministre n'a pas hésité à
procéder au renforcement du caractère confessionnel du
système d'enseignement par l'adoption de nouveaux règlements sur
la reconnaissance du caractère confessionnel des écoles. C'est
carrément mettre la charrue devant les boeufs et cela témoigne
éloquemment des priorités véritables de l'actuel ministre
de l'Éducation.
Sur ces trois enjeux majeurs que constituent l'accessibilité aux
services éducatifs, la responsabilisation des partenaires et la
modernisation des structures scolaires, je crois avoir démontré
que le projet de loi sur l'instruction publique comporte des lacunes majeures.
À première analyse, le texte actuel ne saurait donc obtenir
l'appui de l'Opposition. Les réserves très sérieuses
déjà énoncées par de nombreux intervenants et pas
des moins importants confirment nos appréhensions. Les audiences qui
débutent aujourd'hui nous permettront, par la présentation des
points de vue et des recommandations de divers organismes, d'affiner notre
perception du projet gouvernemental, de ses mérites et manquements,
comme elles donneront au ministre l'occasion de justifier ses choix et,
souhaitons-le, d'apporter les modifications nécessaires afin que notre
système d'enseignement soit mieux en mesure de relever les défis
exigeants auxquels il se trouve confronté.
Je terminerai en formulant quelques commentaires sur l'autre projet qui
fait l'objet de la consultation, celui sur les élections scolaires. Il
vise, pour l'essentiel, à regrouper sous un "chapeau" distinct les
dispositions à cet effet déjà contenues dans l'actuelle
Loi sur l'instruction publique ainsi qu'à harmoniser les dispositions
législatives relatives aux élections scolaires avec la Loi
électorale. Nous souscrivons au sens général de cette
démarche, ce qui n'exclut pas la nécessité d'apporter
d'éventuelles modifications afin que les procédures
établies assurent le caractère authentiquement
démocratique de l'exercice électoral et permettent de maximiser
la participation de la population.
L'introduction de clauses quant au remboursement des dépenses
électorales d'un candidat et la reconnaissance d'équipes
méritent bien entendu notre appui. Nous regrettons néanmoins que
le ministre n'ait pas, conformément à nos représentations,
profité des occasions qui lui ont été fournies lors des
démarches antérieures de révision des dispositions
relatives aux élections scolaires - je pense aux projets de loi 24 et 13
- pour agir à ce niveau avant la tenue des élections de l'automne
dernier. D'autre part, il faudra aussi s'interroger sur la pertinence de
reconnaître dans le projet deux autres principes fondamentaux qui sont
pourtant reconnus aux niveaux provincial et municipal, à savoir: le
plafonnement des dépenses électorales et des contributions
individuelles.
Par ailleurs, la création de circonscriptions électorales
pour les minorités linguistiques dans le cadre des commissions scolaires
confessionnel- les appelle aussi de sérieuses réserves.
Présenté comme transitoire, un tel aménagement offre une
solution bâtarde aux problèmes aigus que pose l'existence de
secteurs linguistiques sous-repré-sentés et, à maints
égards, défavorisés à l'intérieur des
commissions scolaires confessionnelles. Je pense ici à la situation du
secteur français, en rapide expansion, des commissions scolaires
protestantes et, notamment, à la Commission des écoles
protestantes du Grand Montréal. En vertu de l'article 9 du projet de loi
106, il y aurait donc superposition des circonscriptions électorales sur
le territoire de Montréal. On voit tout de suite les problèmes
que cela pose sur le plan de la confection des listes électorales, au
nombre de quatre, à savoir: deux pour la CECM et deux pour le PSBGM.
Pensons à la complexité de l'opération pour les citoyens
qui n'ont pas d'enfant. Toute cette mécanique semble avoir
été pensée pour désamorcer la tension que
crée le maintien de structures scolaires confessionnelles là
où elles sont le plus anachroniques. Compte tenu à la fois du
contenu du projet de loi 107 en matière de restructuration scolaire et
de la démarche privilégiée par le ministre, cette mesure
transitoire risque de prendre un caractère permanent et même de
venir cautionner l'incapacité de créer des commissions scolaires
linguistiques.
On remarque enfin, à la lecture des mémoires
déposés, que de nombreux articles du projet de loi 106 suscitent
des réserves. Plusieurs intervenants, en effet, formulent des
recommandations de modifications qu'il faudra examiner attentivement, dans la
perspective de conférer aux élections scolaires une teneur
hautement démocratique. Merci, M. le Président.
Auditions
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, Mme la députée de Chicoutimi et porte-parole de
l'Opposition en matière d'éducation. Nous allons maintenant
commencer nos travaux proprement dits en accueillant le premier groupe, la
Fédération québécoise des directeurs et directrices
d'école, que j'invite à prendre place aux sièges
prévus à cet effet.
Je vous rappelle qu'il avait été prévu une
période d'une heure et trente minutes pour entendre la
Fédération québécoise des directeurs et directrices
d'école. J'informe aussi celle-ci que les membres de la commission ont
reçu son mémoire, qu'ils en ont pris connaissance et qu'ils sont
prêts, si elle le juge à propos, à entamer
immédiatement la discussion.
La Fédération québécoise des directeurs et
directrices d'école est représentée par son
président, M. Réal de Guire, que je salue. M. de Guire, soyez le
bienvenu. Je tiens à vous remercier non pas au nom des formations
politiques, mais au nom de la commission de l'éducation d'avoir
répondu à l'appel de venir aider la commission à avoir un
meilleur éclairage sur les
projets de loi 106 et 107. Vous ne comparaissez pas devant une
commission, vous êtes ici de plein gré pour nous aider à
nous faire une meilleure idée des éléments positifs et
peut-être négatifs de tels projets de loi. C'est en ce sens que
nous entendons établir avec vous un dialogue et une conversation de
façon à bonifier l'administration de la loi scolaire au
Québec.
M. de Guire, si vous voulez bien nous présenter les gens qui vous
accompagnent et enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire.
Fédération québécoise des
directeurs et directrices d'école
M. de Guire (Réal): M. le Président, d'abord, merci
de nous accueillir ici à la commission parlementaire de
l'éducation. Je salue mesdames et messieurs les membres de
l'Assemblée nationale.
Immédiatement à ma gauche, se trouve le
vice-président de notre fédération, M. Marcel Lebel de la
région de Rimouski; M. Laval Cavanagh,
secrétaire-trésorier de notre fédération et qui
vient de la région de la Gaspésie; à mon
extrême-gauche, M. Luc Harvey, conseiller en relations du travail
à notre fédération; à mon extrême-droite, M.
Jean-Marc Mathieu de l'Abiti-bi-Témiscamingue et, immédiatement
à mes côtés, M. Gaston Frechette, conseiller en relations
professionnelles entre fédérations.
Le Président (M. Parent, Sauvé): À tous,
nous souhaitons la bienvenue. M. le président, nous vous
écoutons.
M. de Guire: Je vous remercie, M. le Président. Dans le
cadre des lois et règlements en vigueur, le mandat des directeurs et
directrices d'école, adjoints et adjointes, est de gérer les
établissements scolaires publics d'éducation préscolaire,
primaire et secondaire chargés de voir à l'éducation des
jeunes Québécois et Québécoises.
C'est en s'inspirant de ce mandat public que le personnel de direction
des écoles que nous représentons s'est penché sur ses
préoccupations concernant la Loi sur l'instruction publique, surtout le
projet de loi 107. Chacune - c'est important pour nous de le souligner - des
associations de la Fédération québécoise des
directeurs et directrices d'école a consulté ses membres "sur le
terrain" et c'est le résultat de cette consultation, discuté au
niveau provincial, que nous transmettons aujourd'hui au législateur.
Notre mémoire fait état, dans un premier temps, de
quelques considérations générales portant sur l'ensemble
du projet de loi. Par la suite, nous formulons une série de commentaires
et de réflexions plus spécifiques portant sur le texte
lui-même. Pour ce faire, nous abordons séparément cinq
chapitres qui sont ceux traitant de l'élève, de l'enseignant, de
l'école, de la commission scolaire, puis du gouvernement et du ministre.
Nos complétons nos considérations avec des propos touchant divers
sujets reliés à d'autres chapitres du projet de loi. Enfin,
après avoir tiré nos conclusions, nous résumons notre
mémoire.
Avant d'entreprendre l'examen détaillé du texte du projet
de loi 107, il nous apparaît important de faire valoir un certain nombre
de considérations plus générales portant sur son
ensemble.
Il faut d'abord souligner que ce projet de loi impressionnant a le
mérite de rassembler, dans ses grandes orientations, plusieurs des
larges consensus antérieurement atteints dans le réseau de
l'éducation lors des discussions et des travaux sur le projet de loi 3.
Ses auteurs méritent, à cet effet, des félicitations pour
leur réalisme et leur sagesse. Entre autres, nous trouvons important de
relever le fait que le projet de loi vise principalement à donner
à l'école une plus grande autonomie juridique sans briser les
liens organiques qui l'unissent à la commission scolaire et au
réseau des écoles de la commission scolaire.
Nous trouvons aussi intéressant qu'il veuille reconnaître
formellement à l'école et à ses agents une meilleure
participation dans l'élaboration des décisions de la commission
scolaire. Nous croyons, de plus, qu'il poursuit à nouveau l'effort de
clarification et d'affirmation du rôle et des fonctions du directeur ou
de la directrice d'école déjà entrepris
antérieurement.
Toutefois, le texte du projet de loi pourrait, à plusieurs
endroits, être plus explicite afin d'éviter certaines
ambiguïtés et afin de tenir compte plus concrètement de
réalités vécues dans le milieu. Dans certains cas, il
faudrait, pour les mêmes raisons, y apporter aussi des modifications
substantielles. C'est donc en nous inspirant de ces quelques
considérations générales que nous formulons maintenant des
commentaires plus détaillés portant sur le contenu même des
articles du projet de loi.
L'élève. Globalement, nous partageons les grandes
orientations préconisées dans le chapitre traitant de
l'élève, tout particulièrement en ce qui a trait à
ses droits, parce que nous considérons que le contenu de ce chapitre
constitue vraiment un fondement de la démocratisation scolaire, si l'on
tient compte avant tout du fait que l'école existe d'abord pour
l'élève qui est le premier agent de sa propre éducation.
Nous avons, cependant, quelques réserves à exprimer sur la
question des âges de fréquentation scolaire.
À propos des âges de fréquentation scolaire, aux
articles 1 et 11, l'expérience des directeurs et directrices
d'école les amène à souhaiter que la fréquentation
de la maternelle soit obligatoire mais à s'interroger, par contre, sur
les raisons du report de l'âge maximum à seize ans. C'est pourquoi
nous proposons de rendre obligatoire la fréquentation scolaire à
cinq ans, au niveau de la
maternelle, tout en maintenant l'âge maximum à quinze ans.
Dans le premier cas, nous croyons qu'il s'agit tout simplement de
reconnaître dans la loi le bien-fondé d'une situation de fait
largement répandue et de l'officialiser. Dans le même ordre
d'idées, si l'on voulait faire un peu de prospective, on pourrait
déjà commencer à mettre en place certains services pour la
prématernelle où l'on décèle des besoins et des
attentes indéniables.
Par ailleurs, les principaux éléments que nous retenons
pour justifier notre deuxième volet sur l'âge maximum sont, entre
autres: l'ampleur du phénomène du "décrochage" de
l'école vers seize ans, la complexité des services requis pour
ces jeunes lorsqu'ils fréquentent l'école et l'ajustement auquel
il faudrait que tende nécessairement le gouvernement entre ses
différentes lois. Nous pensons, par exemple, au droit de se marier
à partir de quatorze ans et au droit de requérir, sans le
consentement des parents, des services médicaux à partir du
même âge.
Concernant, en particulier, le phénomène du
"décrochage", nous croyons qu'il faudrait actuellement mettre à
la disposition de l'école des moyens beaucoup plus
élaborés afin de développer une action préventive
chez les jeunes de quinze ans et moins. Cela suppose, évidemment, des
moyens financiers additionnels; il faudrait que le ministre soit persuasif
auprès du Conseil du trésor. (11 h 45)
Au sujet des droits, à l'article 6, nous ne voulons pas revenir
ici sur une modalité de choix qui devrait réellement être
différente au primaire et au secondaire et qui n'a pas été
retenue dans le projet de règlement sur la reconnaissance comme
catholique et sur le caractère confessionnel des écoles primaires
et des écoles secondaires du système public, mais nous voulons
plutôt proposer de spécifier que ce droit de choisir entre
l'enseignement moral et religieux devrait se faire "en conformité avec
les dispositions prévues aux règlements des comités
catholique et protestant." C'est probablement, d'ailleurs, l'esprit de cet
article.
Nous avons noté, en outre, l'ouverture faite dans cet article
à la possibilité de dispenser un enseignement moral et religieux
d'une confession autre que catholique ou protestante. C'est là une
orientation positive que nous avions évoquée devant le
comité catholique il y a quelques années. Il faudra cependant
préciser les moyens concrets à mettre en place pour l'actualiser
dans la réalité.
L'enseignant. Globalement, même si nous sommes persuadés
que le chapitre traitant de l'enseignant sera sans doute abondamment
commenté par les représentants des premiers
intéressés, nous exprimons tout de même notre accord
général sur son contenu et ses principales orientations, parce
que nous croyons qu'il contribue à une plus grande clarification des
rôles et à une valorisation du travail de l'ensei- gnant.
Cependant, lorsqu'on traite de l'évaluation des élèves,
à l'article 16, il nous apparaît important d'insister pour que ce
processus soit situé dans son contexte général, en
fonction des rôles et responsabilités de chacun des intervenants
tels qu'ils sont précisés dans d'autres articles du projet de
loi.
À notre avis, il ne faut pas perdre de vue que l'objectif premier
est de faire profiter l'élève de l'évaluation. Donc, pour
éviter le chaos, il faut s'assurer de la concordance des rôles et
responsabilités à tous les paliers, entre autres, aux articles
43, 213 et 450 qui touchent aux fonctions du directeur d'école, aux
fonctions de la commission scolaire et à celles du ministre. En ce sens,
nous croyons qu'il serait opportun, au deuxième alinéa de cet
article 16, de préciser que l'évaluation des élèves
est faite par l'enseignant dans le cadre des politiques déjà
définies par le ministère, la commission scolaire et
l'école.
Au sujet des obligations de l'enseignant à l'article 19, nous
désirons soulever deux points. D'abord, au premier alinéa, nous
croyons que l'esprit de participation et de responsabilité
partagée qui inspire l'ensemble du projet de loi serait mieux rendu avec
le libellé suivant: "de contribuer avec les autres intervenants
éducatifs à la formation intellectuelle et au
développement intégral de chaque élève qui lui est
confié."
Au sixième alinéa, il nous apparaît important
d'insister sur la nécessité qu'il y ait pour les enseignants des
"politiques globales de perfectionnement" plutôt que "simplement des
acquisitions de scolarité additionnelle".
L'école. Sans reprendre tous les commentaires émis
précédemment dans nos considérations
générales, il nous apparaît quand même utile de
rappeler, pour le chapitre traitant de l'école, que nos
considérations vont s'inspirer fortement, entre autres, de l'esprit de
partenariat déjà présent entre les intervenants, des liens
organiques établis et de la participation recherchée aux divers
paliers de la structure ainsi que des précisions apportées au
rôle et aux fonctions des directeurs et directrices d'école que
nous représentons.
Globalement, nous partageons la plupart des grandes orientations
préconisées dans ce chapitre ainsi que la conception de
l'école qui les sous-tend. De façon plus précise, nous
acceptons le principe et l'existence du conseil d'orientation dans
l'école tout en souhaitant clarifier davantage son rôle et son
fonctionnement. Nous voulons mieux préciser certains aspects du
rôle et des fonctions du directeur ou de la directrice d'école et
nous préconisons la disparition du comité d'école.
Concernant l'acte d'établissement de l'école dont on
traite, entre autres, à l'article 37 ainsi que plus loin aux articles 87
et 193, il serait important, étant donné l'expérience
parfois difficile déjà vécue par des directeurs et
directrices d'école, que la notion légale d'école ne
soit pas confondue à certains endroits, volontairement ou non,
avec celle "d'établissement" ou "d'immeuble" de façon que des
directeurs et directrices d'école se retrouvent à la tête
de plusieurs établissements ayant chacun leur structure de participation
différente. Selon nous, cela entraînerait de sérieux
problèmes de fonctionnement et d'organisation qui nous semblent tout
à fait étrangers à l'esprit du projet de loi.
C'est ainsi qu'au sujet du responsable nommé pour chaque
immeuble, à l'article 39, nous croyons que le rôle du directeur ou
de la directrice d'école serait mieux assuré et mieux compris si
le texte se lisait plutôt: "sur recommandation du. directeur ou de la
directrice d'école, la commission scolaire peut nommer un
responsable."
À propos de l'ensemble de la section II, traitant du directeur
d'école, nous sommes particulièrement heureux de constater qu'on
a tenu compte, dans sa rédaction, de plusieurs représentations de
la Fédération québécoise des directeurs et
directrices d'école sur le projet de loi et antérieurement, ce
qui a pour résultat, à notre avis, de mieux clarifier les
rôles et responsabilités des directeurs et directrices
d'école afin qu'ils soient plus en mesure de répondre aux besoins
qu'ils ont à combler dans l'exercice de leurs fonctions et aussi de
s'occuper avec plus d'efficacité de la qualité des services
dispensés par l'école. Loin de nous l'idée de voir nos
pouvoirs accentués; ce qui nous a guidés dans toutes nos
démarches était une clarification importante des rôles qui
étaient dévolus au directeur d'école. Très souvent
dans le passé, il a été coincé, il a
été mal placé pour agir, pour jouer efficacement son
rôle. C'est pourquoi nous avons demandé une clarification des
rôles et je pense que, dans le projet de loi, c'est fait.
Concernant l'article 72, le quorum aux séances du conseil
d'orientation, nous croyons que le fonctionnement du conseil d'orientation
serait facilité et allégé sur le plan de la paperasse et
de l'administration si l'on changeait "huit semaines consécutives" par
"deux convocations consécutives".
Quant aux articles 80 et 81, au sujet des canaux de communication du
conseil d'orientation avec la commission scolaire, nous croyons, tout en
reconnaissant à chacun la liberté de communiquer avec les
interlocuteurs de son choix, qu'il devrait aller de soi, dans la logique des
rôles et responsabilités dévolus à chacun, que ce
soit la direction de l'école qui véhicule les
représentations du conseil d'orientation tant à l'administration
générale qu'au pouvoir politique.
Aux articles 84 à 93, nous préconisons la disparition du
comité d'école et de toutes les dispositions prévues
à ce sujet. Nous tenons à préciser qu'il ne faut
aucunement voir dans cette proposition un désir de négation de la
participation des parents, mais plutôt un souci pratique
d'accroître leur influence en concentrant leur participation
significative au niveau du conseil d'orientation où seront
discutés les projets de l'école qui les préoccupent en
priorité. Il ne faut pas perdre de vue non plus que la
disponibilité des parents n'est pas chose facile et qu'il ne faut pas
diluer ou éparpiller leur participation nécessaire.
La section V concernant les visiteurs d'école nous pose aussi
certaines interrogations. Au départ, nous sommes d'emblée en
faveur du principe de l'ouverture et de la transparence de l'école. Mais
quel est au juste l'objectif visé par ces quelques articles sur les
visiteurs? Une fois l'objectif connu, il serait probablement plus facile d'en
préciser les modalités à travers ces articles. Par
exemple, avec le texte actuel, verra-t-on les membres de l'Assemblée
nationale faire campagne électorale dans les écoles? Verra-t-on
des visiteurs d'un peu partout au Québec, députés,
prêtres ou ministres - il s'agit ici de ministres du culte, je le
précise bien, il s'agit de ministres du culte - du culte aller dans les
écoles sans distinction de territoire? On ne distingue pas les
territoires. Comment agira-t-on, par hypothèse, par rapport à
l'accès d'un prêtre catholique, membre du Conseil supérieur
de l'éducation, qui voudra visiter une école protestante?
Voilà pourquoi nous croyons qu'il y a lieu de revoir cette section et-
d'y apporter des précisions.
La commission scolaire. Globalement, même si nous sommes encore
une fois persuadés que le chapitre traitant de la commission scolaire
sera sans doute abondamment commenté par les représentants des
commissions scolaires, nous exprimons tout de même notre accord
général sur son contenu et ses principales orientations. D'une
façon particulière, nous tenons à exprimer notre
satisfaction, étant donné nos représentations
antérieures à ce sujet, en regard des dispositions concernant le
comité consultatif de gestion prévu à l'article 165.
Nous tenons tout d'abord à formuler un commentaire
général au début de ce chapitre sur la question de
l'intégration des commissions scolaires. En effet, nous sommes surpris
que le projet de loi n'aborde pas cette préoccupation, car le principe
d'une telle intégration - c'est vrai que M. le ministre en a
traité un peu dans son discours d'ouverture, mais au moment où
j'ai rédigé cela je n'avais pas encore entendu ce discours -
demeure toujours valable alors qu'il restera, en juillet prochain, probablement
quatorze commissions scolaires non encore intégrées. Nous sommes
donc d'avis que le ministre devrait accentuer ce processus de façon
à le rendre à terme au plus tôt.
Nous désirons soulever un point, à l'article 167, au sujet
du comité consultatif des services aux élèves
handicapés et aux élèves en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage. En effet, étant donné les fonctions de
direction à la fois pédagogique et administrative que l'on
reconnaît au directeur ou à la directrice d'école et
étant
donné l'application des politiques à assurer, nous
proposons ici d'inclure la présence à ce comité "d'un
représentant des directeurs et directrices d'école" pour faire
valoir un peu l'applicabilité de recommandations ou de
décisions.
Nous tenons à souligner, en passant, l'importance de l'article
184 sur les fonctions du directeur général de la commission
scolaire. Nous trouvons qu'il fait bien ressortir ses champs de juridiction
dans la gestion de la commission scolaire et qu'il confirme clairement, dans la
logique de l'unité de direction, le lien de fonctionnement administratif
existant entre l'école et la commission scolaire par l'entremise du
directeur général. Pour nous, cette clarification-là est
importante. Le directeur d'école relève bien du directeur
général et le directeur général a un rôle
à jouer. Cela nous apparaît important de le souligner et surtout
d'insister pour que ces articles ne soient pas modifiés pour les
restreindre.
À la lecture de l'article 194 sur les services éducatifs
aux adultes, il est un peu regrettable de constater que le projet de loi traite
si peu des adultes, alors que leurs besoins en éducation se
développent de plus en plus et que les services qu'on leur dispense sont
souvent organisés dans les écoles. Comment se fera l'utilisation
du matériel, des locaux? Quel sera le lien de gestion entre le secteur
adultes et le secteur jeunes? Ces questions et bien d'autres demeurent sans
réponse actuellement dans le projet de loi.
À l'article 228, concernant les fonctions reliées aux
services à la communauté, on traite de la mise en place de
services de garde. Nous croyons encore une fois, ici, qu'il faut insister pour
retrouver dans des dispositions de ce genre une cohérence
évidente entre la création de services de garde et l'instauration
de moyens correspondants pour les dispenser. Nous ajouterons une autre
remarque. Dans la tâche du directeur d'école, nous avons vu
disparaître une de ses fonctions qui était celle de mettre en
place le service de garde. Nous croyons qu'il serait nécessaire de la
remettre de façon à éviter, d'une part, que n'importe qui
puisse être chargé à l'intérieur de l'école
d'établir ce service de garde et que, d'autre part, on se mette à
chercher au moment où on voudra l'appliquer. On pense que ce que le
projet de loi a apporté de clarification devrait continuer ici dans le
sens du service de garde. On s'interroge aussi pour savoir si les moyens
à l'article 228 sont compris dans l'article 229. C'est une interrogation
que nous avons et cela demande sûrement des précisions.
L'article 264, concernant le transport des élèves et
l'organisation du dîner à l'école, peut laisser supposer
dans sa rédaction actuelle que les parents ont le choix absolu entre un
dîner à l'école ou à domicile pour leurs enfants.
Nous ne croyons pas que ce soit le sens du texte; sinon, avec quelles
ressources les directeurs et direc- trices d'école pourraient-ils
organiser cette activité? Il faudrait retourner, encore une fois, au
Conseil du trésor. Cet article aurait avantage à être plus
précis dans sa formulation.
Le gouvernement et le ministre. Globalement, nous sommes d'accord avec
la plupart des grandes orientations préconisées dans le chapitre
traitant du gouvernement et du ministre. Nous n'avons pas l'intention et nos
membres ne nous ont pas demandé d'entrer dans les détails, si
cela devrait être matière à réglementation ou
matière à législation. Nos membres ont
étudié nos textes et c'est ce rapport-là que nous
apportons aujourd'hui. Nous avons remarqué, cependant, l'absence d'une
disposition générale de principe qui avait été
retenue dans le projet de loi 3, à savoir que le ministre s'engage
à consulter les associations ou fédérations nationales
avant de faire usage de son pouvoir de réglementation. Nous croyons
qu'un tel engagement clarifiant les règles du jeu devrait à
nouveau apparaître dans le projet de loi. (12 heures)
Je pense que, jusqu'à ce jour, le ministre de l'Éducation
a toujours consulté les associations ou fédérations
nationales, mais je pense aussi qu'il est important que ce soit écrit
dans un projet de loi. Le ministre de l'Éducation peut changer, alors je
pense qu'il faut prévoir ces choses. À notre sens, il faut que
les consultations soient prévues au règlement.
Au premier alinéa de l'article 415 concernant le pouvoir de
réglementation du gouvernement en matière de classification des
emplois, de postes, de conditions de travail, nous proposons de remplacer le
terme "maximum" par celui de "minimum" en ce qui a trait à
l'établissement du nombre de postes pour chaque classe d'emploi. Nous
comprenons qu'il s'agit là d'une question de prévision dans les
dépenses du gouvernement. Or, strictement en matière de
réglementation, nous croyons que le gouvernement doit certes
décider des ressources essentielles allouées pour donner les
services, mais aussi laisser à la commission scolaire une marge de
manoeuvre pour tenir compte, le cas échéant, de sa situation
particulière.
À l'article 424 concernant l'établissement par le ministre
de la liste des manuels scolaires et du matériel didactique, nous
croyons qu'il faudrait remplacer "le ministre peut" par "le ministre doit". Que
l'on pense simplement à l'exemple des bottines dans les ateliers et
à celui des ciseaux à la maternelle et l'on comprendra que cette
nécessité peut être ressentie encore plus fortement dans le
secteur de la formation professionnelle et des écoles
spécialisées où la définition de "matériel
didactique" est de plus en plus difficile à cerner. Il faudrait
peut-être préciser, comme on l'a fait à l'article 8 sur la
gratuité, "utilisés dans les classes ou ateliers et qui sont
requis pour l'enseignement des programmes d'études".
Au sujet des épreuves uniques imposées aux
élèves à l'article 430, nous voulons insister sur
l'importance à accorder à la pondération et à la
modération dans tout ce processus d'administration d'épreuves aux
élèves. Nous trouvons que le texte n'est pas suffisamment
explicite à ce sujet et nous souhaiterions qu'il soit revu pour mettre
plus d'emphase sur ces deux éléments.
Globalement, la lecture des autres chapitres du projet de loi nous a
également confirmés dans notre appréciation fort positive
de son contenu. Selon nous, deux éléments méritent, entre
autres, une attention particulière dans ces chapitres. À
l'article 457, au chapitre du régime provisoire pour les commissions
scolaires, nous proposons, entre le moment où le projet de loi sera
adopté et la formation du conseil provisoire, la création d'un
comité de vigilpnce qui pourrait intervenir dans l'allocation des
ressources et assurer ainsi le maintien de l'équité entre
francophones et anglophones. Étant donné l'importance que
revêt la question linguistique au Québec, nous croyons qu'une
telle disposition s'inspirerait d'une saine prudence et éviterait les
abus et les déséquilibres possibles dans certains milieux.
À propos du chapitre IX sur l'organisation des commissions
scolaires francophones et anglophones, nous voulons simplement revenir sur des
propos que nous adressions au ministre lors de l'étude des
règlements du comité catholique l'automne dernier et qui nous
apparaissent toujours valables, c'est-à-dire que l'organisation des
commissions scolaires sur une base linguistique répondrait mieux, selon
nous, aux besoins scolaires du Québec d'aujourd'hui et de demain qu'une
organisation sur une base confessionnelle. Nous croyons donc que cette
orientation est à maintenir et à concrétiser sans se
placer à la remorque des résultats juridiques ou constitutionnels
qui risquent de tarder à venir.
Voilà le résultat de la consultation que nous avons
effectuée concernant cet important projet de loi ainsi que la
réflexion qu'il a suscitée au sein de la Fédération
québécoise des directeurs et directrices d'école. Nous
souhaitons que nos représentations contribuent à faire progresser
la réflexion collective déjà engagée et nous
assurons à nouveau le législateur de notre entière
collaboration en vue de l'amélioration de ce qui deviendra la nouvelle
Loi sur l'instruction publique. Nous sommes prêts maintenant à
répondre à vos questions, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M. de
Guire. Je veux également vous féliciter pour
l'intérêt que, certainement, votre association a à
l'égard de ces deux projets de loi.
J'informe maintenant les membres de la commission qu'il reste environ 65
minutes aux deux formations politiques pour discuter avec nos invités.
Alors, tel qu'il a été entendu avant le début de nos
travaux, le temps sera partagé de façon égale entre les
deux formations politiques et je respecterai en tout temps la règle de
l'alternance. À la fin des périodes dévolues à
chaque formation politique, je demanderai aux porte-parole s'ils veulent se
prévaloir de trois ou quatre minutes pour le mot de la fin, comme on l'a
fait quand on a mené - j'espère à bien - la consultation
sur le financement des universités.
Je reconnais le ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je remercie la
Fédération québécoise des directeurs et directrices
d'école de sa contribution très positive aux travaux que nous
entreprenons aujourd'hui. J'ai pris connaissance avec beaucoup
d'intérêt du mémoire de la fédération, tout
d'abord, parce qu'il provient d'un organisme qui a suivi de très
près les débats que nous avons eus sur ces questions depuis de
nombreuses années et, deuxièmement, parce qu'il émane de
praticiens de l'éducation qui ont les pieds solidement plantés
dans le sol scolaire et qui parlent des réalités scolaires non
pas de manière théorique ou abstraite, mais toujours en fonction
des besoins concrets avec lesquels ils sont aux prises tous les jours. Le
mémoire de la fédération se ressent de cette
caractéristique et je l'apprécie vivement.
Je voudrais faire quelques brefs commentaires sur certains points qui
ont été soulevés. Ensuite, j'aurai peut-être une ou
deux questions. Pendant la période qui nous est impartie, le
député de Saint-Henri complétera aussi par des questions
celles que j'aurais pu vous poser, vu qu'il est un membre de la
confrérie des directrices et directeurs d'école. Il l'a
été pendant longtemps. Il l'était lorsque j'ai fait sa
connaissance. Je le remercie d'être avec nous pour cette commission
parlementaire.
En ce qui touche l'école, je remarque les commentaires
très intéressants que vous avez faits. Il y a plusieurs
propositions particulières visant à améliorer le projet de
loi dont nous tiendrons compte avec beaucoup d'intérêt. Je vous
adresserai une ou deux questions là-dessus. J'avais hâte de
connaître le point de vue de votre fédération sur les
structures proposées pour l'école, vu que c'est vous qui serez
appelés à fonctionner avec ces structures-là. Il est bien
important que nous préconisions des structures qui puissent fonctionner
pour le bien de l'éducation.
Sur l'ensemble du projet, je crois que votre vision est
intéressante pour le gouvernement parce que, au lieu de faire de
l'interprétation, je crois que vous avez fait une lecture
réaliste du projet de loi en ce qui touche, en particulier, le partage
des pouvoirs. Quand on regarde cette question de près, en toute
impartialité, on constate que le projet de loi, de manière
générale, traduit dans la loi des choses qui existent
déjà dans les régimes pédagogiques, dans d'autres
règlements gouvernementaux ou ministériels ou dans la pratique.
Nous nous sommes souvent fait dire par les services juridiques du gouvernement
et par des personnes qui soulevaient des contes-
tations de l'extérieur que, quand une chose est dans les
règlements et que la possibilité de l'inclure dans les
règlements n'est pas clairement inscrite dans la loi, nous sommes dans
un régime illégitime ou illégal. C'est parce que nous
avons voulu renforcer les assises juridiques de certaines fonctions qui
incombent selon une longue habitude maintenant au ministère de
l'Éducation et aux commissions scolaires d'ailleurs que nous avons
inscrit dans la loi beaucoup de dispositions qui ne se trouvent pas dans
l'actuelle Loi sur l'instruction publique. Je pense que cela a
été bien compris de votre fédération. Je veux vous
en remercier, parce que c'est un des éléments qui vont polariser
nos discussions au cours des semaines à venir.
Vous vous êtes étonnés de ne pas trouver beaucoup de
mentions de l'éducation des adultes dans le projet de loi. C'est vrai
que le projet de loi est un peu laconique sur l'éducation des adultes.
Je voudrais seulement signaler à votre attention deux points qui
m'apparaissent importants. Tout d'abord, nous donnons une définition
plus généreuse de l'adulte. Si vous avez remarqué dans le
projet de loi, un adulte est toute personne qui a laissé l'école
depuis six mois ou plus. Avant, la période était d'au moins un an
et cela a été de deux ans. Avec six mois, on abrège cette
période de manière à ne pas faire perdre de temps à
une personne qui serait sortie de l'école et qui voudrait reprendre les
études. Deuxièmement, dans un article très important du
projet de loi, nous prévoyons la possibilité d'un régime
pédagogique distinct pour les adultes. Je pense que là
résidera probablement la clé de la politique gouvernementale de
l'avenir en matière d'éducation des adultes. Dans nos cartons,
nous avons un projet de régime pédagogique qui s'adresserait plus
spécialement aux adultes et qui viendrait préciser à
l'intention des adultes toutes les dispositions qu'on trouve à l'article
413 définissant les choses confiées au ministre, les choses qu'il
importe au ministre de faire. Vous remarquerez, à la fin de cet article,
que le gouvernement peut aussi instituer un régime pédagogique
propre pour les adultes. Je pense que c'est dans cette direction que nous
pourrons éventuellement apporter des précisions, mais j'admets
que, pour le moment, cela puisse sembler incomplet. Je pense que c'est une
bonne chose qu'on nous l'ait signalé. Nous allons examiner la
possibilité d'améliorer cet aspect.
En ce qui touche l'intégration des commissions scolaires, la
préoccupation de la fédération me semble avoir
trouvé sa réponse principale dans une disposition du projet de
loi. Je pense que c'est à l'article - je le mentionne - 105 où on
dit qu'en cas de litige, dans le partage des biens et des passifs, dans le
partage de l'actif et du passif des commissions scolaires régionales en
cas d'intégration, le ministre pourra trancher le différend.
Jusqu'à maintenant, il ne pouvait pas le faire. Nous étions en
face de situations où, s'il y a conflit, il faut le laisser perdurer
sans qu'il existe de possibilité directe de le résoudre.
Maintenant, il y a cette disposition du projet de loi. C'est là une des
dispositions qui vont être contestées par certains milieux, je les
comprends, mais, nous autres, nous pensons que c'est important de mettre cela.
Si nous sommes sérieux avec l'intégration des enseignements
secondaire et primaire, il faut que cela se fasse tôt ou tard. Je pense
que c'est cela que vous avez voulu dire. Je crois que la clé se trouve
à cette disposition du projet de loi à laquelle j'ai fait
allusion.
Vous vous êtes étonnés aussi de ce qu'on ne trouve
pas dans le projet de loi - je pense que la députée de Chicoutimi
avait fait la même observation - une disposition prévoyant une
consultation des organismes nationaux avant qu'une réglementation soit
instituée par le gouvernement. Deux remarques à ce sujet. Tout
d'abord, comme vous l'avez dit justement, je pense, les organismes nationaux
n'ont peut-être jamais été aussi systématiquement
consultés qu'ils l'ont été sous le gouvernement actuel.
Toutes les fois que des initiatives nouvelles ont été prises,
nous avons consulté les organismes nationaux. Nous avons même une
structure permanente de consultation en ce qui touche les questions
administratives et financières concernant les commissions scolaires, en
particulier. Nous entendons continuer dans cette voie.
Si nous n'avons pas réinscrit dans le projet de loi cette
disposition qu'on trouvait dans la loi 3, c'est pour la raison suivante. C'est
que, sous le gouvernement actuel, l'Assemblée nationale a adopté
la Loi sur les règlements et, dans la Loi sur les règlements, il
est prévu qu'aucun règlement ne peut être adopté
sans qu'il ait d'abord été publié pour consultation
pendant un intervalle, je pense que c'est de 45 jours. Alors, la consultation
officielle, la consultation prévue dans la loi, c'est là qu'elle
doit se faire, au moment où le règlement est publié. Que
d'autres consultations puissent intervenir librement par-delà ce que la
loi prévoit, oui, mais il ne nous a pas semblé que ce serait une
bonne chose de garder cela dans la loi elle-même, vu les dispositions de
précaution qui sont désormais inscrites dans la Loi sur les
règlements.
Maintenant, j'en viens à quelques questions qui
m'intéressent plus particulièrement et qui peuvent
peut-être recevoir un éclairage spécial de votre part,
étant donné le rôle capital que jouent les directrices et
les directeurs d'école dans le fonctionnement concret de notre
système d'enseignement. Vous avez dit, par exemple, en matière de
reconnaissance du caractère confessionnel de l'école, votre
regret de constater qu'on ne fasse pas la distinction entre l'école
primaire et l'école secondaire. Je ne sais pas si vous pourriez
préciser cette préoccupation que vous avez exprimée et
nous dire ce qui pourrait être envisagé de ce côté et
qu'on ne trouve pas actuellement dans le projet de loi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M.
de Guire.
M. de Guire: Nous, au sujet de l'article 6, nous voudrions qu'au
primaire le choix de l'élève se fasse à chaque cycle,
alors qu'au secondaire nous considérons qu'il devrait se faire chaque
année. C'est au sujet de ces droits-là que nous sommes intervenus
et nous disons que la modalité de choix devrait être
différente au primaire et au secondaire. Les élèves ne
sont pas du même âge, d'une part, et, d'autre part, en dehors de la
question de l'âge, il y a toute la question de l'organisation scolaire.
C'est pour cela que nous croyons que la modalité de choix devrait, par
exemple, au primaire, se faire au niveau de chaque cycle et non pas chaque
année et, au secondaire, elle devrais se faire chaque année,
puisque l'organisation scolaire peut le permettre, d'une part, et que, d'autre
part, les élèves vieillissent et peuvent avoir besoin de faire
des choix. C'est ce que nous avons voulu dire ici par "modalité de
choix". (12 h 15)
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va?
M. Ryan: Très bien, je vous remercie. Juste une autre
question. Vous dites dans votre mémoire au sujet du comité
d'école, étant donné qu'on aura un conseil d'orientation
et une définition peut-être plus claire des responsabilités
de la directrice ou du directeur d'école, qu'il faudrait le laisser
tomber. Nous disons: Gardons-le de manière facultative au gré des
parents. Pourriez-vous nous dire pourquoi ce serait mieux de le laisser tomber
comme vous le proposez dans votre mémoire?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez!
M. de Guire: Nous, nous croyons important de bien regarder la
réalité de la participation des parents au Québec. Il y a
dans les écoles primaires, de façon générale, une
plus grande participation des parents qu'au secondaire. Quand on regarde le
pourcentage des présences, on a l'impression que cela ne sera qu'une
duplication, parce que cela ne pourra faire autrement que d'avoir les
mêmes personnes qui vont s'asseoir à l'un et à l'autre.
Loin de nous l'idée d'enlever aux parents le fait qu'il y a des
comités d'école, ce n'est pas notre objectif. Notre objectif,
c'est d'éviter que les gens se sentent frustrés à la
longue de faire les mêmes choses, de recommencer les mêmes affaires
et de discuter des mêmes sujets. Cela ne pourra faire autrement. Tout ce
qui va se discuter au comité d'école, qui concerne le projet
d'école, devra être rediscuté au conseil d'orientation.
Comme les parents n'ont pas la disponibilité des enseignants, du
personnel de l'école et qu'ils ne sont pas à l'école toute
la journée, il va y avoir, à notre sens, à la longue de la
frustration, du mécontentement de ce côté-là qu'il
faudra gérer. Nous, nous pensons que cela n'a pas de sens d'instituer
cette frustration, même si, aujourd'hui, il est certain que les parents
veulent l'avoir. Nous comprenons cela et nous respectons le point de vue des
parents, mais nous pensons qu'à la longue, cela pourrait être
beaucoup plus négatif du fait qu'il y aura toujours
répétition.
Le Président (M. Parent, Sauvé): On vous remercie
beaucoup, M. le président. Je reconnais maintenant, en fonction de la
règle de l'alternance, Mme la députée de Chicoutimi. J'ai
également une demande d'intervention de la part du député
de Saint-Henri. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. de Guire,
messieurs... J'allais dire madame, mais je constate qu'elles sont
"sous-représentées" chez vous.
M. de Guire: Ce n'est pas nous qui faisons la démocratie,
vous savez. Si les femmes ne sont pas élues, ce n'est pas moi qui en
suis responsable.
Mme Blackburn: Ce sont les commissions scolaires.
M. de Guire: Non, ce ne sont pas les commissions scolaires, ce
sont nos membres, puisque ce sont tous des membres élus qui sont ici
à cette table.
Mme Blackburn: Oui? En fait, c'est une boutade. Probablement
qu'elles sont un peu moins compétentes.
Messieurs, je voudrais vous souhaiter...
M. de Guire:... dire que je le regrette, madame.
Mme Blackburn:... la bienvenue au nom de l'Opposition et vous
dire, comme vous le rappelait le ministre, que votre participation est
appréciée parce que vous êtes, avec les enseignants, les
personnes les plus directement responsables de la qualité de la
formation dispensée dans nos écoles.
Vous soulevez, dans votre mémoire, un certain nombre de questions
extrêmement importantes. Je ne voudrais pas refaire le tour de ces
questions. Par ailleurs, l'analyse que vous faites de certains aspects du
projet de loi me laisse assez songeuse. Alors, je me permettrais, pour ne pas
trop prendre de mon temps à commenter votre mémoire que vous nous
avez bien présenté, de passer plus de temps sur les questions, de
manière à mieux comprendre le sens de votre mémoire.
Dans les considérations générales, en page 4, au
quatrième paragraphe, vous dites en commentant le projet de loi: "Nous
trouvons aussi intéressant qu'il veuille reconnaître formellement
à l'école et à ses agents une meilleure
participation dans l'élaboration des décisions de la
commission scolaire." Comment, selon vous, et dans quels articles cela se
traduit-il? Selon la connaissance que j'ai du projet de loi, celui-ci
enlève certains pouvoirs, qui étaient prévus dans la loi
3, aux enseignants sur les comités pédagogiques. Les conseils
d'école avaient certains pouvoirs décisionnels. Il y avait ne
serait-ce que l'obligation faite au ministre de consulter au sujet des
règlements. À partir de quels articles du projet de loi
lisez-vous cette réalité?
M. de Guire: Disons qu'il y a, tout d'abord, l'article 165 dans
lequel on précise la participation du directeur d'école à
la table de gestion ou au comité de gestion de la commission scolaire,
le directeur d'école devant avoir fait, au préalable, dans son
école toutes les consultations nécessaires et avoir eu toute la
participation nécessaire pour présenter ses positions à la
commission. Il y a aussi tous les comités de la commission. Quand vous
parlez du comité pédagogique dans l'école, il existe
toujours. Les conventions collectives prévoient déjà des
modes de participation avec les enseignants. La différence avec le
projet de loi 3 ou les autres projets antérieurs, c'est qu'on les
inscrivait dans la loi, mais ceci n'empêche pas actuellement les modes de
participation à l'intérieur des conventions collectives qui sont
toujours là.
À l'école, il y a d'abord le conseil d'orientation qui
est, à mon sens, l'élément majeur de la participation,
puisque le conseil d'orientation regroupe l'ensemble des partenaires de
l'école, mais le conseil d'orientation a aussi un pouvoir de
recommandation à la commission scolaire, donc un pouvoir de
participation, d'influence sur les politiques de la commission. Alors, c'est
par là qu'on retrouvera une meilleure participation.
Maintenant, quand on pense à une meilleure participation, on
pense toujours à la loi actuelle, à la loi existante et non pas
au projet de loi. Bien sûr, par le passé, on a eu le projet de loi
40 qui était tout à fait différent et le projet de loi 3
qui était différent aussi. La situation actuelle face au conseil
d'orientation, même s'il est prévu dans la Loi sur l'instruction
publique, c'est qu'il n'a jamais été mis en application. Je ne
voudrais pas revenir sur l'histoire là-dessus, mais on sait qu'il n'a
pas pu être mis en application.
Dans le cas présent, le conseil d'orientation qui, normalement,
devrait être mis en application favorise le partenariat, favorise la
concertation. C'est pourquoi on dit qu'on va reconnaître formellement
chacun des agents de l'école que sont les enseignants, les parents, les
directeurs d'école et les autres membres du personnel. Ils vont
formellement travailler au conseil d'orientation. C'est le premier endroit
où ils pourront et où ils peuvent travailler, sans compter tous
les autres comités et sous-comités qui devront être mis en
place à la suite de i'instauration du conseil d'orientation, plus les
comités institués à la commission scolaire même. Je
pense, par exemple, au comité sur les handicapés et il y peut y
avoir d'autres comités. Et, il y a celui auquel le directeur
d'école, comme représentant de l'école, va siéger
et où il devra véhiculer les opinions de son milieu, au niveau de
la commission.
C'est dans ce sens que nous avons dit qu'il y avait une nette
amélioration. Je ne sais pas si mes collègues ont quelque chose
à ajouter.
M. Lebel (Marcel): On pourrait peut-être se
référer à l'article 52 où, de façon
très précise, on avise que le directeur d'école participe
à l'élaboration des politiques de la commission scolaire de
même qu'à l'élaboration de la réglementation. En
partant de cet autre article de loi, la meilleure représentation, la
meilleure participation et la meilleure influence auprès de la
commission nous paraissent trouver un chemin convenable. C'est dans cet esprit
que nous sentons effectivement que les besoins des écoles vont trouver
un écho qui va s'approcher de l'action, du terre à terre que
souhaitent les directeurs d'école. On aura des lieux de convergence pour
mettre nos objectifs ensemble.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. Lebel.
M. le président, pour les besoins du Journal des débats,
lorsque vous demandez à une des personnes qui vous accompagnent de
prendre la parole, j'aimerais que vous l'identifiiez.
M. de Guire: M. Marcel Lebel.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Madame.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. D'abord, je dois
dire que j'ai probablement mal posé ma question. J'aurais voulu qu'on
puisse établir les différences entre la loi 3 et la participation
des agents du milieu qu'elle aurait permise et l'actuel projet de loi. Il est
évident que, si on se réfère à la situation de la
loi qui nous régit actuellement, la Loi sur l'instruction publique, il
est souhaitable qu'il y ait des progrès, parce que cela commence
à être désuet sous plusieurs rapports. Je suis heureuse de
constater, cependant, que les deux articles dont vous signalez la
présence dans le projet de loi actuel sont repris textuellement de la
loi 3. Je vais peut-être poser ma question autrement. Dans la loi 3, on
donnait et on reconnaissait au comité d'orientation, aux enseignants au
sein du comité pédagogique - comité pédagogique au
sein de l'école - certains pouvoirs. Actuellement, le conseil
d'orientation n'est que consultatif. On reconnaissait aussi un certain nombre
de droits aux élèves. Cela n'apparaît plus dans la loi. On
ne retrouve rien quant à l'obligation pour le directeur d'école,
au niveau secondaire à tout le moins, de reconnaître les
associations d'élèves. Et là, évidemment, je
pourrais continuer. Et c'est davantage dans ce sens que je voulais poser ma
question. Jusqu'à quel point, par rapport à la loi 3 -
parce que c'est une loi - est-ce que cela ne constitue pas un recul en
matière de participation?
M. de Guire: Je ne sais pas, madame, si on peut parler de recul.
Il me semble que le projet de loi 3 était aménagé, dans
son ensemble, différemment de celui du projet de loi 107 actuel. Dans le
projet de loi 3, on avait beaucoup de comités à
l'intérieur de l'école, ce qui faisait - je ne dirai pas
disséquer - qu'on avait un certain éparpillement. Il y avait, par
exemple, le comité pédagogique auquel personne d'autre que les
enseignants et le directeur n'avaient accès, alors qu'il existe toujours
présentement des comités dits pédagogiques dans chacune
des écoles secondaires. Ils sont là même si le projet de
loi n'est pas là. Une école secondaire ne peut pas fonctionner
sans cela. Ce que le conseil d'orientation apporte de différent, c'est
qu'on y discute du projet éducatif d'une école. On y discute de
l'ensemble des mesures et on ne veut pas faire faire au conseil d'orientation
l'évaluation ou, si l'on veut, le travail d'un comité en
particulier, mais d'un projet d'ensemble. On ne voudrait pas non plus que le
conseil d'orientation devienne une espèce de conseil d'administration
qui, par exemple, pourrait juger le travail des enseignants. Au contraire, ce
n'est pas l'objet, même si on est déjà allé loin par
le passé dans d'autres projets de loi. Je pense à la loi 40
où on allait très loin en ce qui concerne le conseil
d'administration. Le projet de loi 107 parle d'un conseil d'orientation
où on va parler des orientations générales de
l'école. L'esprit général fait que c'est cela le focus,
l'objet principal de la création du conseil d'orientation. Il nous
semble que tous les travaux en matière de pédagogie doivent
être discutés au comité pédagogique avec les
spécialistes en pédagogie que sont les enseignants, bien
sûr, mais aussi le directeur d'école. C'est là qu'on va
continuer à travailler avec cela. Il ne faut pas oublier que la
convention collective prévoit aussi des comités de participation
pour les enseignants. Cela ne nous apparaît pas modifié. Le projet
de loi ne vient pas limiter les conventions collectives.
Donc, si on se réfère à l'esprit global du projet
de loi qui est d'augmenter le partenariat à chacun des niveaux... C'est
pour cela d'ailleurs que je disais tantôt que, même au niveau du
ministre, il doit y avoir la consultation des organismes nationaux, au niveau
de la commission, il doit y avoir une consultation de chacun des partenaires
que sont les écoles et au niveau de l'école on a aussi une
concertation de l'ensemble des groupes qui oeuvrent à l'intérieur
de l'école.
Mme Blackburn: Mais vous n'estimez pas utile que ces
groupes-là aient un certain pouvoir décisionnel. La consultation
est suffisante et suffisamment dynamique. Vous n'avez pas com- menté la
composition du conseil d'orientation mais je voudrais revenir brièvement
sur le comité pédagogique. Il n'est pas prévu dans la loi,
ce comité pédagogique. Si cela a une telle importance, la
présence de ces comités pédagogiques, est-ce qu'il ne
serait pas important qu'on le retrouve dans la loi?
Tout à l'heure le ministre justifiait l'apparition de nombreux
pouvoirs qui lui sont conférés, sous prétexte qu'ils
existaient déjà par le biais de la réglementation, que
c'était plus fort si on les incluait dans la loi. Par ailleurs, il ne
tient pas le même discours par rapport à la définition des
services (éducatifs complémentaires, particuliers, etc.), de
même que pour la définition des services qui sont accessibles
gratuitement aux adultes. On les voit par exclusion. Alors certains services
(matériel scolaire) ne sont pas gratuits pour les adultes, ils le sont
seulement pour les jeunes. Mais on ne voit pas cette volonté d'inscrire
ce grand morceau d'activité, de consultation, de participation, en ce
qui concerne le comité pédagogique, dans la loi.
Je dirais la même chose en ce qui concerne la consultation - on y
reviendra - et en ce qui concerne l'éducation des adultes. Il me semble
que ce sont des grands pans d'activité qui ont contribué à
animer le milieu, qui ont contribué à assurer une participation
réelle des principaux agents à la dynamique de l'école,
puis au projet éducatif, à sa concrétisation. Est-ce que
cela ne vous inquiète pas de ne pas retrouver ces
éléments-là dans le projet de loi?
M. de Guire: II est vrai, madame, qu'il existait, dans le projet
de loi 3 comme dans le projet de loi 40, dans la loi 3 comme dans le projet de
loi 40, des comités beaucoup plus précis et distincts qu'il n'y
en a dans le projet de loi 107 actuellement.
C'est vrai, là-dessus, vous avez parfaitement raison. Je ne nie
pas cela. Sauf que nous avons fait, tout au long des discussions, au cours des
dernières années... Vous savez, même depuis la loi 3, les
gens ont beaucoup discuté et se sont demandé s'il était
nécessaire, à l'intérieur des écoles, par exemple,
d'instituer obligatoirement un comité pédagogique alors que les
gens veulent avoir un comité multipartite, alors que dans d'autres
milieux cela n'est pas possible d'avoir autre chose que des enseignants. C'est
un peu pour respecter le fonctionnement de chacune des écoles qu'on
s'est toujours, nous, opposés à la création de
comités très précis. On n'est pas plus d'accord avec ceux
qui nous obligent à avoir ces comités-là par le biais de
conventions collectives. Cela n'est pas plus vrai dans un sens que dans
l'autre. On pense que ce qui est important, c'est d'assurer le partenariat et
de l'assurer globalement à l'intérieur de chaque école.
L'importance, à notre point de vue, c'est la qualité des services
éducatifs. Puis les directeurs d'école sont responsables
d'assurer les
services éducatifs, évidemment, selon les moyens qu'ils
ont toujours. Les moyens pourraient être plus élevés.
Encore une fois, je dois dire que M. le ministre pourrait aller chercher plus
de moyens au Conseil du trésor. Mais l'objectif fondamental, c'est la
qualité des services éducatifs à l'école. Et au
conseil d'orientation, si les gens, tout en discutant de l'ensemble des
services éducatifs offerts, demandent la création de tel ou tel
comité d'étude, à ce moment-là, dans
l'école, on le fera.
Ce qu'on voudrait, nous, en tout cas, par rapport aux comités,
c'est qu'on trouve qu'il faudrait répondre aux besoins de chacun des
milieux. Si je prends une petite école de 225 élèves puis
une école de 2000 élèves vous savez, on ne peut pas les
obliger à avoir le même nombre de comités. D'ailleurs, au
sujet des comités, on pourrait en parier... Ce n'est pas dans notre
esprit d'empêcher que les gens qui veulent avoir voix au chapitre
puissent le faire. Ce n'est pas cela du tout qui est notre objectif. Parce que
je ne connais pas de directeur d'école qui n'a pas de comité
où l'on discute de pédagogie régulièrement, chaque
semaine, chaque quinze jours. Selon moi, c'est l'objectif premier de
l'école, puis si cela ne se faisait pas, je ne vois pas comment une
école pourrait fonctionner. Sauf que de nous obliger à l'avoir...
Par exemple, le conseil d'orientation nous donne un cadre, un modèle;
c'est un moule, il faut passer dans cela, mais on ne voudrait pas qu'il y ait
beaucoup de moules à l'intérieur des écoles.
Les écoles, au Québec, je ne me souviens plus de la
statistique, mais vous savez, les écoles de moins de 300
élèves, c'est une grande majorité. C'est une
réalité à laquelle on doit faire face et, nous, on ne
souhaite pas la multiplication des comités. C'est pour cela, d'ailleurs,
qu'on n'a pas relevé ce fait-là.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. de
Guire. La commission permanente de l'éducation doit suspendre ses
travaux jusqu'après la période des affaires courantes à
l'Assemblée nationale, alors que nous continuerons à entendre la
Fédération des directeurs et directrices d'école du
Québec.
M. de Guire: À quelle heure?
Le Président (M. Parent, Sauvé): Vers 15 h 30
environ. On ne peut jamais présumer de la longueur de la période
de questions et des débats qui...
Une voix: Cela dépend de la longueur de la réponse
des ministres.
Le Président (M. Parent, Sauvé): ...se passent
à l'Assemblée nationale. Alors, on se donne rendez-vous ici, vers
15 h 15 ou 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 36)
(Reprise à 15 h 24)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux et
je vous rappelle qu'au moment de la suspension des travaux, nous discutions
avec la Fédération québécoise des directeurs et
directrices d'école. M. le ministre, vous avez demandé
d'intervenir.
M. Ryan: Oui, M. le Président, si vous vouliez me
permettre de dire un mot pour saluer la présence parmi nous, comme nous
discutons d'une loi sur l'instruction publique, d'un magnifique groupe de
jeunes élèves d'une de nos belles écoles du comté
d'Argenteuil qui sont ici en compagnie de leur enseignante, Mme Hilda Langevin;
un groupe de la région de Sainte-Scholastique, de Sainte-Monique, de
Saint-Augustin, mais leur école est à Sainte-Scholasti-que. Mme
Langevin amène chaque année un groupe d'étudiants de sa
classe visiter le parlement. Cela fait partie de leur expérience. Ils
m'ont fait part d'un beau cahier de textes qu'ils ont rédigés
dans un français magnifique pour marquer cette expérience de
voyage à Québec. Je voudrais vous dire bonjour au nom de tous les
députés qui sont ici et vous féliciter, Mme Langevin,
souhaiter bonne chance à vos élèves qui seront encore
probablement dans nos écoles quand la loi sera en vigueur. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. Bienvenue aux gens du comté d'Argenteuil. Je reconnais
immédiatement, dans un premier temps, le député de
Saint-Henri. M. le député.
M. Hains: Nous sommes heureux, et moi tout spécialement
comme ancien directeur d'école, de vous saluer ainsi que les membres de
votre exécutif. Votre mémoire est vraiment digne de mention par
sa présentation, sa pondération, ses remarques judicieuses sur
tous les différents points que vous avez traités. Comme directeur
d'école j'accole une étoile d'or à votre devoir bien
accompli. C'est un document vraiment gratifiant pour M. le ministre. À
cette satisfaction que vous avez témoignée, vous joignez une
série de remarques et vous suggérez des améliorations qui
sont toujours possibles. Je suis sûr que ces demandes ne seront pas
vaines et que M. le ministre va les étudier avec beaucoup de
discernement.
Voici maintenant quelques petites questions. À la page 6, vous
demandez que l'âge maximum de quinze ans soit maintenu pour la
fréquentation scolaire. Comme argument, vous parlez de
décrocheurs. Évidemment, c'est un problème qui est
très angoissant. Vous serait-il possible de me donner en
général le nombre de décrocheurs, dans combien de classes
ou d'écoles seraient-ils répartis et quelles sont les cotes de
succès ou
d'insuccès dans cette vaste opération?
M. de Guire: Si vous permettez, je vais demander à notre
vice-président, M. Marcel Lebel, de répondre à votre
question.
M. Hains: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Lebel.
M. Lebel: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Le
président vous écoute.
M. Lebel: M. Id député nous pose des questions qui
ont un caractère chiffré. Cela peut vous décevoir, je ne
vous donnerai pas de chiffres. Je ne peux pas vous donner de chiffres parce
qu'on n'a pas fait d'enquête exhaustive. Ce qui nous inquiète -
c'est ce qu'on a voulu vous dire - c'est le climat, ces jeunes de quinze ans,
seize ans, dans notre société, qui ont le goût de quitter
l'école secondaire. Il y a des motifs autour de cela, il y a des jeunes
qui ont des insuccès scolaires, il y a des jeunes qui vivent des
situations familiales tendues, il y a des jeunes qui vivent des situations de
motivation à l'apprentissage des matières académiques qui
font qu'ils auraient le goût de partir; il y en a qui partent.
Quelquefois, les chiffres peuvent être difficiles à
établir, mais on peut dire que 2 % des jeunes de quinze et seize ans
décrochent. On pourrait faire une enquête, on mettra des
ordinateurs en chasse et on trouvera la réponse.
L'inquiétude concerne aussi ceux qui ne décrochent pas
réellement de toute l'école, mais qui décrochent d'une,
deux, trois ou quatre matières, qui sont passifs dans leur
apprentissage. Ils peuvent être à l'école physiquement,
mais ils ne sont pas présents activement, pédago-giquement. On
n'a pas quantifié cela, mais cela nous inquiète aussi. C'est pour
cela qu'on vous dit notre inquiétude au sujet des jeunes de quinze ans.
Si le jeune n'est pas heureux à l'école, il faut lui trouver des
moyens pour être heureux.
Ce qu'on disait ce matin avant de se quitter, c'est: On va demander
à M. Ryan d'aller chercher des ressources pour donner un soutien
à ce type de jeunes et peut-être qu'à seize ans il va
l'accrocher à son cou... On a besoin de services, de services sociaux.
Actuellement, ce sont des ententes que les ministères de
l'Éducation et de la Santé et des Services sociaux ont. Il y a
environ un mois, je lisais que M. Ryan avec sa collègue, Mme
Lavoie-Roux, avaient l'intention de ressusciter une bonne révision du
dossier des ententes MEQ-MAS. On applaudit à cette orientation du
ministre d'aller chercher une meilleure clarification des rôles pour
aider les élèves qui auraient le goût de décrocher
de J'école, mais on n'a pas les outils pour les accrocher à
l'école.
On a besoin aussi de travailler la question du nombre
d'élèves par groupe dans les cheminements particuliers. Le
ministre a développé une politique de formation professionnelle,
mais pour les cheminements particuliers on a besoin de les appuyer et il ne
faudrait pas que les cheminements particuliers alourdissent le système.
Si on a vu la disparition de l'enseignement professionnel court, qui
était une voie de soutien à des élèves qui
n'avaient pas décroché de l'école, il faut trouver des
avenues similaires. On est disponible pour examiner ces avenues avec le
ministère. Si les commissions scolaires sont petites et ont besoin du
soutien de psychologues, de psycho-éducateurs, il va falloir trouver des
moyens pour aider les petites commissions scolaires. C'est ce type de
clientèle de quinze, seize ans qui nous amène à penser que
cela prend du soutien. Les jeunes ont des problèmes de drogue, des
difficultés dans les familles monoparentales; il y a des jeunes qui ont
un certain appât du gain.
Tous ces phénomènes sociaux nous conduisent à vous
dire qu'on est inquiet et c'est dans cet esprit qu'on vous a communiqué
notre inquiétude. On attend de vous un soutien pour garder les jeunes
jusqu'à seize ans, si on est capable, avec de l'aide. Garder quelqu'un
de force, en pédagogie, c'est difficile, mais le garder avec motivation,
encadrement et soutien, on va être là, au rendez-vous, pour
l'aider.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Lebel. M. le député de Saint-Henri.
M. Hains: Au bas de la page 6, vous parlez encore des jeunes. Je
crois que vous parlez, à ce moment-là, des jeunes filles qui,
sans le consentement des parents, ont droit à des services
médicaux. Cette question m'intéresse beaucoup parce que ma femme
est infirmière et qu'elle est souvent confrontée à ce
problème. Alors, si je ne m'abuse, on veut parler des jeunes filles qui,
à l'âge de quatorze ans, ont le droit, sans le consentement de
leurs parents, à l'avortement. C'est un sujet brûlant dans
plusieurs écoles et j'aimerais connaître quelle est l'attitude des
principaux d'école là-dessus.
M. de Guire: Évidemment, la seule... Ici, nous avons
traité de cette question pour donner un exemple puisqu'on voudrait que
le législateur soit...
M. Hains: Oui, oui, je le sais.
M. de Guire: ...cohérent dans chacune de ses lois et qu'on
parle des mêmes âges partout. On n'a pas voulu développer
ici, de façon particulière, le problème qui peut nous
arriver à l'école par rapport à la question des services
médicaux. Je pense que c'était uniquement pour
illustrer et non pas pour témoigner ici, devant la commission
parlementaire, des difficultés qu'on peut avoir face à cela.
M. Hains: Cela m'aurait intéressé quand même
de connaître votre attitude. Vous savez comme moi que c'est très
contesté, mais je comprends très bien votre
discrétion.
Alors, en page 9, vous parlez de la nécessité de
politiques globales pour le perfectionnement des enseignants. Sous quel angle
voyez-vous ces politiques globales, comme vous dites, au lieu de simples
acquisitions de scolarité additionnelle? C'est à la page 9.
M. de Guire: Oui. Il nous apparaît important d'insister sur
la nécessité d'établir dans notre système des
politiques globales de perfectionnement pour l'ensemble du personnel.
Évidemment, ici, il est question des enseignants, mais je pourrais
appliquer ce que je dis aux directeurs d'école ou à n'importe
quel autre membre du personnel. Il nous apparaît important qu'on n'ait
pas des politiques qui donnent des acquisitions de connaissances pour des
acquisitions de connaissances, mais que nos politiques de perfectionnement
soient préparées de façon à permettre aux personnes
qui bénéficient de perfectionnement que cela aboutisse à
un meilleur service, à une meilleure compétence, mais pour le
service qu'on a à donner. Donc, que le perfectionnement soit
relié à la fonction ou à ce qu'on a à faire et non
pas un perfectionnement pour un perfectionnement. Pour cela, il faudrait
établir des politiques globales de perfectionnement. Évidemment,
on ne donne pas de modèle précis...
M. Hains: Oui.
M. de Guire: ...mais on dit qu'on devrait s'asseoir pour
travailler dans ce sens-là.
M. Hains: Quant à l'éducation des adultes, ce
matin, M. le ministre a relevé votre intervention. Vous-même,
comment entrevoyez-vous cela? Je sais que cela à toujours
été un problème, l'utilisation du matériel - c'est
à la page 14, je crois - l'utilisation des locaux et le lien de gestion,
comme vous dites, entre le secteur adulte et le secteur des jeunes. Est-ce
qu'on pourrait connaître un peu votre vision des choses?
M. de Guire: Notre vision de la chose, nous revendiquons depuis
plusieurs années déjà qu'il y ait unité de
direction dans la gestion des utilisateurs des écoles, qu'ils soient des
adultes ou des jeunes. On n'a pas d'objection que des cours soient
organisés le soir ou le jour. Ce qu'on voudrait, c'est qu'il y ait
unité dans la gestion de nos établissements scolaires, de
façon qu'on n'ait pas de difficulté, par exemple, sur le plan de
l'utilisation du matériel ou de l'utilisation des locaux. Actuellement,
dans beaucoup d'en- droits - évidemment, pas partout -
l'éducation des adultes dans l'école, c'est exactement comme si
on louait l'école au service des loisirs. Il n'y a pas plus de
différence. Ce sont des choses complètement
séparées, compartimentées, cela n'a pas de sens. Quel est
le lien de gestion entre le secteur des adultes et le secteur des jeunes? Quel
est l'intérêt?
Par exemple, si on a un appariteur dans un laboratoire le soir qui n'est
pas le même que le jour, quel est l'intérêt de celui du soir
de préparer les locaux? Il y a un certain nombre de complications, et
c'est ce qu'on a voulu donner ici. C'est évident que les
problèmes qu'on a soulevés ne touchaient pas uniquement
l'utilisation du matériel et des locaux, cela va beaucoup plus loin.
Pour nous, c'est une question de principe, d'unité de gestion,
d'unité d'administration, d'unité dans les services offerts.
Qu'on ait une personne qui relève du directeur d'école qui
s'occupe des adultes le soir ou qui s'occupe des adultes le jour, il y aura une
unité dans l'unité administrative.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Cela va, merci.
J'ai eu une demande d'intervention dans le même sens que celle du
député de Saint-Henri, qui a trait aux décrocheurs. De
façon à respecter l'homogénéité du
débat, permettez-vous à Mme la députée de
Jacques-Cartier de poser sa question? Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. En ce qui concerne
l'âge obligatoire de fréquentation, j'ai de la difficulté
à suivre votre argumentation. Il me semble que c'est
précisément à cause des problèmes particuliers des
jeunes à risque que les commissions scolaires doivent garder la
responsabilité de les servir. Oui, c'est complexe. Oui, c'est difficile.
Oui, on a besoin d'outils spéciaux qui n'existent pas toujours mais
c'est pire de les abandonner. Alors, je me demande pourquoi vous avez
insisté sur l'âge de quinze ans.
M. de Guire: On ne veut pas les abandonner, madame. Dans notre
mémoire, l'objectif est de rendre la scolarité obligatoire
jusqu'à quinze ans mais de mettre en place, en parallèle, des
services adéquats, spécialisés, avec des outils et des
moyens qui correspondent à ces jeunes qui ne veulent plus venir à
l'école. C'est dans ce sens-là qu'il faut bien
l'interpréter. Nous disons: Qu'est-ce qui vaut mieux pour
l'élève qui ne veut pas venir à l'école: que nous
le forcions, par une loi, à venir à l'école ou que nous
établissions des moyens particuliers pour aller le chercher, pour
l'intéresser davantage à l'école? Et c'est ça notre
position. On croit qu'il est préférable de mettre des moyens
à la disposition des écoles de façon à
récupérer ces élèves-là plutôt que de
les garder de force alors qu'ils ne viennent pas.
Mme Dougherty: Si on maintient l'âge de quinze ans comme
limite, le maximum de l'obligation, alors la responsabilité de la
commission scolaire se termine après quinze ans. Et c'est simplement
parce que je crois que, dans la loi, il faut garder la responsabilité.
Pas nécessairement dans les cours réguliers, il pourrait y avoir
toutes sortes de services dans l'école, hors de l'école, etc. Qui
sera responsable de ces enfants après quinze ans?
M. de Guire: En fait, ce qu'on voudrait, c'est faire une
distinction entre l'âge obligatoire de fréquentation scolaire et
la responsabilité de la commission de servir ces élèves.
La commission scolaire, par exemple, a la responsabilité de servir les
adultes. On le dit dans la loi. Alors, on pourrait dire qu'il peut y avoir une
responsabilité de la commission scolaire d'offrir des services à
des élèves qui présentent un certain nombre de
problèmes. Mais il nous apparaît différent de donner la
responsabilité de bien servir les décrocheurs que d'obliger
l'école, la société, à garder à
l'école des gens qui ne veulent pas y venir du tout. Ce sont toutes les
complications qu'il y a autour de cela. On pense qu'il est
préférable d'investir à l'entrée,
c'est-à-dire d'avoir la fréquentation obligatoire dès
l'âge de cinq ans, plutôt que d'investir inutilement auprès
des gens. Je ne pense pas que ce soit inutile, parce que le jour où on
n'aura plus l'obligation de fréquenter l'école jusqu'à
quinze ans, on va mettre en place d'autres mesures qui vont, à notre
point de vue, inciter probablement davantage les élèves à
fréquenter les écoles, parce que ce sera une autre façon
de voir, une autre façon de procéder.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'aborderais
très brièvement la question de savoir s'il faut fixer à
quinze ans ou à seize ans l'âge de la fréquentation
scolaire obligatoire. Les questions posées par la députée
de Jacques-Cartier, je les trouve pertinentes. Ce n'est pas parce que
l'école éprouve des difficultés à encourager et
à garder dans ses murs sa clientèle qu'il faut pour autant
suggérer de réduire l'âge d'admission à quinze ans,
d'autant plus que la définition de l'étudiant adulte qui est
donnée, contrairement à ce qu'affirme le ministre, n'est pas un
acte de générosité. Ce n'est pas certain que les adultes
auront droit à des services gratuits - comme une
générosité à rebours - étant donné
également que les services éducatifs complémentaires et
particuliers ne sont pas définis dans la loi. Par rapport à
l'âge de fréquentation scolaire, j'aurais également
beaucoup de réserve et je ne serais pas prête à endosser
votre position, et les arguments que vous invoquez me semblaient... On aurait
pu avancer des arguments qui auraient été tout à fait
à l'inverse, à savoir qu'on peut maintenir les enfants plus
longtemps, j'allais dire, sous la tutelle parentale. Même si les enfants
peuvent se présenter et avoir des soins médicaux dès
l'âge de quatorze ans, on sait, par exemple, qu'ils sont
dépendants de leurs parents pour les prêts et bourses,
jusqu'à 90 crédits universitaires, jusqu'à l'âge de
trente ans. On sait également que, même s'ils ont le droit de
vote, cela n'enlève pas toutes leurs responsabilités. C'est
pourquoi je pense qu'il va falloir revenir sur cette question. Je maintiendrais
que s'il y a un point dans le projet de loi sur lequel le ministre peut
être assuré de mon appui, c'est de porter l'âge de la
fréquentation scolaire jusqu'à seize ans. Cependant, il est faux
de prétendre que c'est par générosité qu'on accorde
une définition de l'adulte qui le rende admissible plus jeune, au
service d'éducation des adultes car je pense, au contraire, qu'exiger
des frais de scolarité vient réduire l'accès à ces
services.
Je vais me permettre une question d'une portée un peu plus
générale. Si l'on observe la trame du projet de loi, elle est
à peu près la suivante: le ministre renforce ses pouvoirs;
là où il y avait pouvoir de réglementation du ministre en
matière de pédagogie et de finances, il légifère
sous prétexte que cela évite les contestations et que c'est plus
fort dans la loi que dans les règlements. Je dirais qu'en même
temps que c'est plus fort, c'est aussi plus contraignant. On change plus
facilement un règlement qu'une loi; on n'a qu'à penser à
la Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique. Il crée davantage
d'obligations aux commissions scolaires qui sont tenues de demander de plus en
plus d'autorisations - une trentaine, prétend la
fédération des commissions scolaires. Il y a un renforcement des
contrôles et de ce fait, une réduction des marges de manoeuvre des
commissions scolaires, y compris des services d'éducation des adultes,
puisque rien ne vient fixer en même temps les obligations des commissions
scolaires en matière de services éducatifs.
Il réduit également ses obligations parce qu'il n'a plus
besoin de consulter et, selon l'interprétation qu'il fait ce matin de la
disparition de ce qui était dans la loi 3, c'est-à-dire
l'obligation de consulter lorsqu'il adopte de nouveaux règlements, il
dit que c'est déjà prévu dans une loi. Mais la loi
à laquelle il fait allusion est de portée générale
et ne vient pas spécifier les responsabilités précises des
ministres, à savoir qui ils doivent consulter. Je ne pense pas qu'on
puisse se reporter à cette loi pour justifier la disparition, dans le
présent projet de loi, de l'obligation du ministre de consulter.
Par ailleurs, une fois qu'il a comme enlevé aux commissions
scolaires de plus en plus de pouvoirs, il leur donne, par le biais de leurs
directeurs généraux, la responsabilité de distribuer les
règles, directives et contrôles aux écoles; il donne un
pouvoir réel aux directeurs
d'école. Tout se passe comme si le ministre, sans le dire,
était en train de court-circuiter complètement les commissions
scolaires, parce que la marge de manoeuvre de la commission scolaire sera de
plus en plus réduite. La loi a pour effet de faire du ministre de
l'Éducation le p. -d. g des écoles du Québec qui pourrait,
à la limite, être autorisé à intervenir directement
dans les écoles. (15 h 45)
Ma question est la suivante: Dans une telle situation, est-ce qu'on a
besoin d'un intermédiaire qui s'appelle la commission scolaire? Un
solide bureau régional de l'éducation, bien structuré,
avec une petite équipe, ne serait-il pas suffisant?
M. de Guire: Je pense, M. le Président, madame, que dans
le projet de loi actuel, il y a une répartition des pouvoirs entre le
ministre, les commissions scolaires et les écoles. La loi donne
l'autorité là où se passe l'action. C'est ce qu'on y voit.
Il nous apparaît essentiel que les commissions scolaires continuent
d'exister et soient bien maintenues. Il nous apparaît important que la
commission scolaire puisse desservir une clientèle régionale ou
locale. Il nous apparaît aussi essentiel que le directeur
général de la commission, tel que je le précisais ce
matin, ait un rôle bien défini dans la loi, pour qu'il soit en
relation directe avec chacune des écoles et que dans l'école la
loi nous incite au partenariat. Ce partenariat se concrétise dans le
conseil d'orientation qui, dans un bon climat, devrait apporter dans une
école des bons choix et, par conséquent, à l'autre bout,
une qualité de l'éducation.
Il est bien évident que je pourrais répondre plus à
fond à votre question. Cependant, je dois ici faire une mise au point
qui m'apparaît importante. Nous avons étudié le projet de
loi 107 avec nos associations en tenant compte de la situation actuelle,
c'est-à-dire à partir de la Loi sur l'instruction publique. Nos
membres n'ont pas voulu étudier la loi en parallèle avec la loi 3
ou le projet de loi 40, mais strictement en fonction de la situation actuelle.
Pour nous, il est clair que le projet de loi 107 est un progrès par
rapport à la situation actuelle. Si chacun joue son rôle tout au
long de la structure actuelle, on devrait avoir en fin de compte une
augmentation de la qualité de l'éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. En fait, tout ce que
je voulais vous faire remarquer, c'est qu'étant donné qu'on
exerce de plus en plus de contrôle sur toutes les activités de la
commission scolaire, qu'il s'agisse de donner de l'éducation aux
adultes, d'affecter, de modifier ou d'effectuer des travaux sur des immeubles,
de conclure des ententes avec d'autres établissements, on a l'impression
que les commissions scolaires auront de plus en plus comme respon-
sabilité exclusive celle de gérer des règles. A-ton besoin
d'un tel appareillage pour gérer des règlements, des
règles, des directives et exercer un contrôle? C'était
là le sens de ma question.
Une question qui vous concerne un peu plus à présent. Je
me demandais comment vous allez pouvoir vous sentir à l'aise dans cette
situation. Le directeur de l'école, si je peux m'exprimer ainsi,
relève du directeur général, mais en même temps un
peu beaucoup du conseil d'orientation. Il y a, je dirais, comme une double
appartenance. Comment vous sentiriez-vous dans la situation où, par
exemple, le directeur de la commission scolaire ne partagerait pas les avis du
conseil d'orientation touchant le projet éducatif?
M. de Guire: En fait, la dynamique de la loi - une fois le
conseil d'orientation créé -suppose la mise en place de tout un
processus de consultation, de participation par l'entremise du directeur
d'école en vue de l'établissement d'un projet éducatif que
va sanctionner le conseil d'orientation. Par la suite, le directeur
d'école devra mettre en place ce projet qu'il aura lui-même mis en
oeuvre à l'origine, de toute façon. Il verra à le mettre
en place par la suite. Dans tout ce processus, normalement, il ne devrait pas y
avoir de difficulté, puisque l'ensemble des discussions ou de ce qu'il
peut y avoir au niveau du conseil d'orientation, c'est, encore une fois, selon
les politiques de la commission, selon les politiques aussi qui pourraient
découler ou de lois ou de règlements venant également du
ministère. Il pourra arriver que des gens veuillent décider ou
discuter de choses qui ne relèvent pas nommément du conseil
d'orientation. À ce moment-là, le rôle du directeur
d'école est de bien éclairer les gens du conseil d'orientation et
de leur dire que cela ne relève pas de nous, que ce n'est pas de notre
juridiction, etc. Comment peut-il se sentir mal à l'aise dans cela? Si
toute la dynamique préalable est bien faite, je ne vois pas ce qui
pourrait rendre la situation difficile par la suite.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
président. Madame, une dernière intervention.
Mme Blackburn: Oui, une dernière intervention. Somme
toute, en dépit de la Loi sur l'instruction publique dont, on le sait,
bon nombre d'articles sont dépassés - d'autres ne sont plus mis
en application - qui est désuète sous plusieurs rapports, le
système scolaire s'est relativement bien adapté. Compte tenu de
la qualité des services offerts dans nos écoles dans tout le
Québec, même s'il y a des hauts et des bas ou que cela varie d'une
école à l'autre, on ne peut pas imputer à la Loi sur
l'instruction publique les problèmes ou les difficultés qui se
posent actuellement en matière de qualité de l'éducation
ou d'accessibilité à l'éducation. Compte tenu du
problème le plus criant sur lequel de nombreux intervenants ont
prié le
gouvernement d'agir, c'est-à-dire l'établissement de
commissions scolaires linguistiques, quand on sait que le projet de loi qui est
sur la table ne règle en rien cette question des structures scolaires, y
a-t-il, selon vous, urgence nationale de se pencher sur une réforme de
la Loi sur l'instruction publique, alors que somme toute, ça va, on a
réussi à s'adapter, on s'est donné un certain nombre de
règles, de règlements, de procédures qui nous ont permis
d'atteindre le niveau de performance qu'on a actuellement? Du moment qu'on ne
touche pas à ce qui fait problème au Québec,
c'est-à-dire les structures scolaires, est-ce que pour vous il y avait
urgence de réviser la Loi sur l'instruction publique au moment où
l'on se parle? Est-ce que la loi telle que proposée va changer
considérablement ou de façon notable les rapports entre les
différents intervenants des commissions scolaires? Est-ce que cela aura
des effets réels sur la qualité de la formation?
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. de
Guire.
M. de Guire: M. le Président, c'est vrai qu'il y a des
problèmes, c'est vrai qu'il y a des difficultés qui nous viennent
du fait que les commissions scolaires, les écoles manquent de moyens, de
ressources. Il est bien évident qu'il faudrait que le Conseil du
trésor puisse bien comprendre qu'en éducation il y a des manques.
Est-ce qu'il était nécessaire de faire une loi? Je pense que,
depuis plusieurs années, il y a un débat dans le milieu de
l'éducation et les gens demandent des modifications. Je ne veux pas
parler des gens qui sont peut-être quotidiennement comme nous, directeurs
d'école ou directeurs généraux de commissions scolaires...
Sans parler nécessairement de nous, prenons les parents qui veulent
jouer un rôle plus grand dans l'école. On veut instaurer le
partenariat au niveau de l'école. Les élèves veulent jouer
un rôle, les enseignants... Je pense aux personnes handicapées...
Quand je pense à toutes ces personnes, on s'aperçoit qu'il y a eu
une demande de beaucoup de groupes pour qu'il y ait des améliorations. Y
a-t-il urgence nationale? Moi, je pense qu'il y a autant urgence nationale de
modifier la Loi sur l'instruction publique qu'il y en a une à ce que le
Conseil du trésor investisse de l'argent dans notre système, ou
vice versa. Il y a des choses à corriger.
L'objectif que nous visons... Évidemment, vous avez
remarqué que notre intervention n'a pas touché chacun des
articles du projet de loi, parce qu'on pense qu'il y a d'autres partenaires en
éducation qui vont toucher, de façon plus précise, des
articles qui les concernent. Nous, on pense que, selon l'objectif que nous
avions d'améliorer la qualité de l'éducation, il y a des
choses à corriger. La création du conseil d'orientation dans
l'école nous paraît une chose positive, une chose qui était
souhaitée. Pour répon- dre à votre question, à
savoir si c'était une urgence nationale, je suis bien obligé de
répondre: Non, ce n'est pas une urgence nationale. Cependant, je pense
que, dans les milieux concernés, c'est quelque chose qui est
souhaité.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. de
Guire. Le temps dévolu au parti de l'Opposition est terminé. Mme
la députée de Chicoutimi, avez-vous quelque chose à
ajouter pour conclure?
Mme Blackburn: Je voudrais remercier M. de Guire et ses
collègues d'avoir participé à cette commission et
d'être venus nous présenter leur point de vue sur le rôle
qu'ils veulent et souhaitent jouer au sein du système de
l'éducation au Québec.
Je partage leur avis, à savoir qu'il faut le plus possible
rapprocher le pouvoir de ces lieux d'exercice. En même temps que je dis
qu'il est souhaitable de donner le plus de pouvoirs possible aux directeurs
d'école, je pense que le même voeu, les mêmes pouvoirs
devraient être décentralisés vers les commissions
scolaires. Celles-ci ne peuvent pas déléguer un pouvoir qu'elles
n'ont pas et moins elles ont de pouvoirs, moins elles ont la capacité
d'en déléguer. En ce sens, les voeux et les modifications que
vous proposez, qui vont dans le sens d'un renforcement des pouvoirs des
directeurs d'écoles; on peut les endosser dans la mesure où on a
la pareille pour les autres niveaux d'intervention et les autres niveaux de
pouvoir, plus particulièrement en ce qui concerne, je le rappelle, le
rôle et les pouvoirs du directeur de la commission scolaire comme de la
commission scolaire elle-même. Je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Pour le mot de la fin, j'inviterais le
ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je veux remercier la
Fédération québécoise des directeurs et directrices
d'école par son excellente contribution à notre tâche
commune. Je pense que l'échange de vues que nous avons eu avec M. de
Guire et ses collègues nous a permis de bien camper la place de
l'école dans le réaménagement des structures scolaires que
nous envisageons et, dans l'école, le rôle de première
importance du directeur ou de la directrice d'école. Il y a encore des
ajustements qu'il reste à faire dans les structures que nous
prévoyons; il y a des points qu'il va falloir continuer de travailler au
cours des semaines à venir. Je pense que, sur la ligne de fond, les
points de vue qui nous ont été présentés par la
fédération vont dans le même sens général que
les orientations définies dans le projet de loi. Par conséquent,
je m'en réjouis et j'espère que nous pourrons, avec la
collaboration
des directeurs et des directrices d'école, apporter au projet de
loi les précisions qui permettront de le rendre encore plus fonctionnel,
mieux équilibré et plus efficace. Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, merci, M.
le ministre. M. de Guire et les personnes qui vous accompagnent, les membres de
la commission vous remercient de votre apport à leurs travaux.
Nous accueillons immédiatement le groupe suivant, l'Association
des directeurs généraux des commissions scolaires. Nous allons
suspendre pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
(Reprisée 16 h 1)
Le Président (M. Parent, Sauvé): La commission
permanente de l'éducation poursuit ses travaux et accueille, comme
deuxième groupe aujourd'hui, l'Association des directeurs
généraux des commissions scolaires, dans le cadre du mandat qui
lui a été confié par l'Assemblée nationale,
à savoir de poursuivre des consultations publiques en regard des projets
de loi 106 et 107.
L'Association des directeurs généraux des commissions
scolaires est représentée par M. Jacquelin Bergeron. M. Bergeron,
nous vous souhaitons la bienvenue et nous vous remercions d'avoir
répondu à l'invitation de la commission. Je vous informe que la
commission a prévu de vous entendre durant une heure trente. Il est 16
heures et, jusqu'à 17 h 30, la période vous appartient. Les
membres de la commission ont déjà reçu votre
mémoire et ils en ont pris connaissance. Libre à vous de choisir
de quelle façon vous voulez le présenter, soit globalement ou en
faire un résumé, vous en êtes maître. Pour que nos
travaux se déroulent d'une façon harmonieuse et enrichissante
pour tout le monde, nous vous suggérons de procéder comme suit.
Environ un tiers de la période sera réservé à la
présentation du mémoire et, par la suite, chaque formation
politique aura une période égale pour discuter avec vous, de
façon à mieux se renseigner sur vos préoccupations. Cela
permettra également au parti ministériel de faire connaître
ses raisons de présenter son projet de loi de la façon dont il
l'a été.
Avant de vous donner la parole, je veux souligner la présence
dans la salle d'un excollègue de Roberval, ce qui prouve que l'ennui n'a
pas d'âge, il nous fait plaisir de vous accueillir, M. Gauthier, et de
vous voir parmi nous.
M. le président, si vous voulez nous présenter les gens
qui vous accompagnent et enchaîner immédiatement avec la
présentation de votre mémoire.
Association des directeurs généraux des
commissions scolaires
M. Bergeron (Jacquelin): À ma gauche, M. Marcel
Théorêt, vice-président de l'association et directeur
général de la commission scolaire des Manoirs. À mon
extrême gauche, M. André Perron, directeur général
de la commission scolaire régionale Louis-Hémon, jusqu'au 30
juin, et trésorier de notre association et, à ma droite, M.
Normand Lapointe, secrétaire de notre association et directeur
général de la commission scolaire du Goéland. Votre
ex-collègue, M. Gauthier, est l'un de nos honorables membres depuis
quelque temps.
Je voudrais tout d'abord présenter notre association qui regroupe
les directeurs généraux, directrices générales,
directeurs généraux adjoints et directrices
générales adjointes à temps plein des commissions
scolaires du Québec. Nous regroupons dans notre association 238 membres
sur une possibilité de 245 et nous représentons les directeurs
généraux francophones, anglophones, catholiques et
protestants.
Nous allons tenir quelques brefs propos sur le projet de loi 106, mais
la majeure partie de notre intervention portera sur le projet de loi 107.
Quant au projet de loi 106, comme le souligne notre mémoire, nous
accueillons très favorablement ce projet de loi. Or, il y a six
remarques particulières que nous voudrions faire aujourd'hui. Quant au
nombre de circonscriptions, nous souhaitons que ce soit basé sur le
nombre d'électeurs et non sur le nombre d'élèves.
Concernant la confection de la liste électorale, notre association pense
qu'une seule liste pour tous les niveaux de gouvernement, avec un organisme
responsable de cette confection, au Québec serait souhaitable.
Quant à la possibilité pour des parents
d'élèves scolarisés de voter dans une autre commission
scolaire nous pensons que ce n'est pas là une idée à
retenir, pour trois raisons majeures. Tout d'abord, cela donne deux droits de
vote et deux possibilités de se faire élire à un
même citoyen. Nous pensons que la confection de la liste
électorale serait complexe dans ce cas-là et, également,
que cela apporterait à ces gens un mandat fragile qui serait lié
à la scolarisation de leur enfant.
La quatrième remarque concerne les déclarations de mise en
candidature. Après avoir vécu novembre dernier, nous vous
proposons de restreindre cette période de mise en candidature à
une journée ou à une autre formule, peut-être du type
gouvernement municipal, et, surtout, nous pensons que le législateur
devrait laisser le loisir d'allonger cette période aux commissions
scolaires qui le désirent.
Contrairement à l'article 131 qui prévoit qu'ils seront
faits le lendemain, nous privilégions que le rencensement et le
recomptage des votes soient faits le soir même par le
président
d'élection. À l'article 135, nous vous suggérons
qu'en cas d'égalité des voix le président détermine
le vainqueur au lieu de référer cela à la Cour
provinciale.
En ce qui a trait au projet de loi 107, nous voulons d'abord vous
rappeler que l'ADIGECS a toujours été très présente
dans les débats de restructuration scolaire. Déjà en
octobre 1982, nous avions fait connaître notre position sur le livre
blanc. En novembre 1983, nous étions présents à la
commission permanente de l'éducation avec un mémoire sur le
projet de loi 40 et nous étions présents également en
novembre 1984.
Nous vous affirmons, d'entrée de jeu, que nous souhaitons
vivement qu'une réforme satisfaisante pour nos élèves,
jeunes et adultes, et pour les principaux groupes d'intervenants du
réseau de l'éducation prenne place dans les meilleurs
délais. Dans ce projet de réforme, l'ADIGECS estime qu'un certain
nombre d'éléments proposés ont atteint un niveau de
consensus suffisant pour être adoptés. Nous tenons pour exemple un
meilleur arrimage des attentes et de la collaboration des parents, une
meilleure reconnaissance du rôle des enseignants et un espace pour
créer un projet éducatif d'école qui réponde aux
attentes de chacun des milieux.
D'autres éléments ont été
profondément débattus. C'est le cas des commissions scolaires
linguistiques que le gouvernement entend soumettre au jugement des tribunaux.
D'autres, enfin, n'ont pas atteint le même niveau de maturité chez
le ministre de l'Éducation et chez les partenaires du réseau de
l'éducation. Nous pensons ici à une meilleure reconnaissance de
la responsabilité des citoyens, dans chacun des milieux, à
l'égard de l'éducation de leurs jeunes. Nous pensons aussi
à une meilleure reconnaissance des institutions locales que sont les
commissions scolaires et de leur rôle politique prééminent
pour assurer les services éducatifs sur un territoire donné.
En page 4, nous vous présentons les fondements de notre
argumentation. Si, en quelques phrases, on trace l'histoire du système
d'éducation, on trouve inévitablement à l'origine des
parents qui désirent le meilleur avenir possible pour leurs enfants.
C'est au moment où les enfants grandissants éprouvent le besoin
d'élargir le cercle de leurs connaissances que les parents se regroupent
pour se donner une école. Ils donnent alors à des maîtres
en qui ils ont confiance la charge de les aider à mener à bien
cette difficile entreprise de préparer leurs enfants pour la vie adulte.
Les commissions scolaires émergent de ce désir des citoyens d'une
communauté de conduire leur jeunesse vers un âge adulte
responsable. Toute éducation véritable doit conduire les jeunes
à l'exercice responsable de la liberté.
L'omniprésence de l'État dans le domaine de
l'éducation est venue beaucoup plus tard. C'était une
époque de croissance rapide et, à la demande des citoyens, le
rôle de l'État s'est amplifié et a envahi tous les champs
de l'activité humaine, que ce soit celui de la santé, des
services sociaux ou de l'économie. L'éducation a
été emportée dans ce courant. L'État, selon nous, a
maintenant accompli l'essentiel des tâches qu'on attendait de lui. La
structuration des services et leur démocratisation sont
réalisées.
Aujourd'hui, les citoyens veulent exercer, par leurs institutions
locales, une influence plus directe et cherchent à se
réapproprier les responsabilités qui leur appartiennent. Cette
motivation représente une valeur de changement considérable. Il
s'agit, selon notre compréhension, du début d'un temps de
développement nouveau. L'État moderne dans le courant
néolibéraliste comprend mieux aussi l'importance d'assurer aux
citoyens l'exercice de leurs responsabilités et de respecter les formes
et les orientations qu'ils veulent se donner. Le rôle de l'État,
en éducation comme ailleurs, consiste maintenant davantage à
stimuler la réflexion sur les grands enjeux, à supporter les
communautés locales et à animer les forces vives des citoyens
plutôt qu'à décider et à contrôler.
Voilà une approche axée sur la reconnaissance de la
capacité et de la compétence des milieux à se donner des
orientations et des moyens. Cette approche nous paraît le meilleur
ferment pour assurer l'avenir de l'éducation. L'ADIGECS, pour sa part,
croit que le rôle de l'État en éducation doit être
revu et elle se déclare favorable à une approche qui stimule la
créativité et valorise une prise en charge par les citoyens d'un
milieu du projet qui les anime.
En page 6, nous vous parlons de la responsabilisation des écoles
qui nous apparaît une chose souhaitable. Pour nous, les avantages de ce
nouveau dynamisme sont nombreux. Les communautés-écoles peuvent
s'interroger sur leur mission, s'impliquer dans la recherche de solutions, se
sentir responsables de leur destinée. Selon nous, à ce
moment-là, les citoyens se réapproprient leurs
responsabilités.
Notre position, notre thèse s'appuie, entre autres, sur un avis
du Conseil supérieur de l'éducation qui a d'ailleurs
consacré entièrement son propos au rôle primordial de
l'établissement scolaire dans l'atteinte de la réussite en
éducation. Le Conseil supérieur de l'éducation nous
déclare que, sans une prise en charge plus marquée par les
principaux acteurs, enseignants et directions, on ne saurait rêver de
réussite éducative. Comme l'affirmait le mémoire, nous
partageons pleinement cet avis, comme association.
Un élément majeur, un principe auquel nous croyons
beaucoup, c'est que le cadre légal que nous souhaitons doit
décrire les champs de responsabilité et laisser à chaque
milieu le soin de se donner les moyens qu'il privilégie pour les
assumer.
À la page 8, nous vous parlons quelque peu de la question de
l'intégration des ordres d'en-
seignement primaire et secondaire des commissions scolaires pour vous
dire que l'on pense, comme association, que cette intégration est
souhaitable. Nous souhaitons également que le présent projet de
loi soit explicite sur cette volonté, sur cette question. Nous
suggérons au législateur que la règle politique actuelle
d'unanimité soit remplacée par une règle de
majorité pour favoriser la création de commissions scolaires
intégrées sur un territoire donné.
Nous déplorons qu'une certaine évolution tarde à
prendre forme. Nous trouvons que !e projet de loi propose un modèle
organisationnel qui fait du gouvernement et du ministre de l'Éducation
les pivots du système scolaire en accordant, à l'un ou à
l'autre, des pouvoirs généraux importants et un pouvoir de
réglementation presque illimité.
À la page 9, nous avons voulu vous le démontrer par les
différents pouvoirs que le gouvernement et le ministre se gardent. Le
couronnement de tous ces pouvoirs du gouvernement et du ministre, c'est le
pouvoir d'enquête et de mise en tutelle qu'on veut élargir, avec
ce projet de loi, à tout motif qu'on peut imaginer. Nous nous opposons
donc fortement à cette accumulation des pouvoirs du gouvernement et du
ministre. Nous jugeons impertinent que le ministre prenne occasion du projet de
loi pour augmenter ses pouvoirs réglementaires et, par là, son
emprise sur le système scolaire.
L'ADIGECS est fermement convaincue qu'il y a des avantages certains pour
le bien-être du système scolaire québécois, à
revoir le partage des pouvoirs entre le gouvernement et le ministère de
l'Éducation, d'une part, et les commissions scolaires, d'autre part. La
remise aux citoyens et aux institutions du milieu des responsabilités
qui leur reviennent, le respect des partenaires et l'instauration d'un climat
de confiance sont les axes majeurs à prendre en considération
pour faire cette révision. On doit réhabiliter la foi dans la
créativité de 70 000 enseignants, professionnels scolaires et
cadres, et de parents de plus d'un million d'élèves et mettre un
frein à cette tendance à édicter et à normaliser,
qui a prévalu trop longtemps.
Concernant la réglementation, nous nous opposons à ce que
le projet de loi propose d'augmenter, de façon
inconsidérée, le nombre de sujets sur lesquels les commissions
scolaires devraient faire des règlements. Au haut de la page 11, nous
vous énumérons une série d'articles de loi qui nous
donneraient cette obligation. Les directeurs généraux s'opposent
donc à cette tendance à vouloir multiplier les règlements,
que ce soit ceux du gouvernement et du ministre ou des commissions
scolaires.
Nous réitérons, pour l'essentiel, les deux recommandations
que nous avons faites, en novembre 1983 et en novembre 1984, devant la
commission permanente de l'éducation. Premièrement, nous
demandons que le gouvernement s'engage résolument, avec les partenaires
du milieu dont nous sommes, à la création d'un modèle de
fonctionnement axé sur la confiance et la reconnaissance de la
capacité des milieux de se gérer et de s'orienter.
Deuxièmement, nous demandons que les commissions scolaires, en
collaboration avec tous les intervenants impliqués dans leur milieu
respectif, poursuivent le développement du modèle de
décentralisation qui convient à leur milieu.
Concernant les différents comités de consultation et de
participation, l'orientation de l'ADIGECS est que ces mécanismes de
participation devraient être établis en collaboration avec tous
les agents d'un milieu donné, dans un processus de détermination
d'un modèle qui convient à nos besoins plutôt que par
l'imposition d'un modèle unique au Québec.
Quant à la multiplication des comités obligatoires, le
projet de loi propose d'institutionnaliser divers comités pour toutes
les commissions scolaires du Québec, de les doter de budgets
particuliers et de leur donner le pouvoir d'ester ou d'intervenir en justice.
On vous donne une série d'exemples de ces comités.
Notre association s'oppose à ce que la loi édicté
et normalise les modalités de consultation et de travail entre
partenaires d'un milieu. Il suffit d'emblée que la loi indique que les
commissions scolaires ont la responsabilité de s'assurer de la
participation de leurs partenaires aux décisions qui les affectent. Ce
sont les commissions scolaires qui sont à même de
développer chez les partenaires de leur milieu respectif le consensus
social nécessaire à la réussite. Pour ce faire, il n'y a
pas qu'un modèle, qu'une façon de faire. Le succès de
l'entreprise est lié à l'exercice de la volonté des
personnes dans un milieu donné et non à un texte de loi qui,
malgré sa générosité initiale, devient vite pour
les acteurs un corset inutile et embarrassant. (16 h 15)
Quant au pouvoir d'intervenir en justice, le projet de loi voudrait
reconnaître à plusieurs comités ce pouvoir. Cette
proposition du projet nous apparaît proprement inacceptable.
L'éducation des jeunes au Québec requiert un environnement serein
et ouvert au dialogue. On ne peut imaginer que des partenaires en
éducation se menacent de recourir aux tribunaux ou y recourent dans des
situations plus difficiles. Les séquelles éventuelles de telles
démarches sont disproportionnées par rapport aux avantages qu'on
pourrait en retirer. La poursuite commune des objectifs d'éducation doit
conduire les partenaires du monde scolaire à utiliser les voies du
dialogue. Nous n'acceptons pas qu'on ouvre la porte à des recours
abusifs aux tribunaux et ce, aux frais des commissions scolaires. Quant au
budget particulier des comités, nous estimons que cette modalité
devrait être du ressort des commissions scolaires et que la proposition
du projet de loi à cet effet est malvenue.
Concernant divers éléments du projet, voici
certains commentaires que nous voudrions apporter concernant, d'abord,
l'élève. Nous sommes à la page 15 de notre mémoire.
Nous sommes globalement d'accord avec le chapitre que le projet de loi consacre
à l'élève. La reconnaissance de son droit de choisir
l'enseignement religieux, catholique ou protestant, ou l'enseignement moral, de
même que la possibilité de choisir l'école qui
répond à ses préférences nous apparaissent des
mesures propices dans un contexte moderne qui valorise l'expression des
attentes individuelles. Nous sommes aussi d'avis qu'introduire des notions
relatives à l'éducation des adultes constitue un pas en avant et
une reconnaissance des efforts que les commissions scolaires consacrent
à cet égard.
Concernant le volet sur l'enseignant, notre association est heureuse de
retrouver un chapitre qui lui est consacré. Nous sommes d'avis que la
qualité des services éducatifs dépend essentiellement des
enseignants qui les prodiguent. Il n'est que normal, dans une refonte de la Loi
sur l'instruction publique, qu'on y consacre cette reconnaissance. Nous
souhaitons cependant que l'affirmation des droits et devoirs des enseignants
soit faite dans un contexte qui permette à la commission scolaire
d'exercer les responsabilités qui lui sont définies,
nommément à l'article 211 sur l'implantation de nouvelles
méthodes pédagogiques et le choix des manuels scolaires, de
même qu'à l'article 213 sur les modalités
d'évaluation des apprentissages; une commission scolaire est, de par sa
mission, responsable de la pédagogie.
En rapport avec l'école, nous manifestons notre accord avec le
libellé et nous sommes heureux que le projet de loi dote l'école
de mécanismes propres à lui assurer une autonomie dans la
conception de la qualité de ses services. Toutefois, en regard de la
mission de l'école, nous avons quelques remarques. Selon l'article 35,
l'école est destinée - nous sommes à la page 17 - à
assurer la formation de l'élève autre que l'adulte. Nous sommes
d'avis que la restriction à l'égard des adultes devrait
être éliminée puisqu'elle est inapplicable, par exemple,
à des écoles professionnelles où l'on accueille des jeunes
et des adultes.
Quant au conseil d'orientation, nous souhaitons qu'il exerce son
rôle de leadership sur les orientations, mais qu'il l'exerce dans le
cadre des politiques et des règlements de la commission scolaire. Les
articles 36, 44 et 45 devraient, à notre avis, être
modifiés en ce sens pour bien marquer le lien nécessaire entre
l'école et la commission scolaire. Nous demandons également au
législateur d'insérer dans le projet de loi la possibilité
d'instituer plus d'un conseil d'orientation par école.
Quant au plan triennal pour la vocation des écoles, nous vous
signalons qu'on ne doit pas contraindre les administrations scolaires à
prendre des décisions dans un cadre de plan triennal. Si on veut
gérer sagement et sainement les actifs publics, on conçoit mal
qu'une décision de rationalisation ne puisse se prendre pour le seul
motif qu'elle ne se situe pas dans un plan triennal. La loi devrait plus
simplement indiquer qu'il est de la responsabilité des commissions
scolaires de consulter les personnes et groupes intéressés avant
de prendre des décisions à cet égard.
En ce qui a trait à la direction d'école, en page 19, nous
souhaitons tout d'abord que soit prévu dans la loi le maintien de la
fonction de responsable d'école qui pourrait être rattachée
directement au directeur générai là où la situation
le justifie. Pour qu'il soit possible au directeur d'école d'exercer
pleinement son rôle, nous souhaitons qu'il soit celui qui préside
aux orientations de l'école comme le veut la loi actuelle. Dans la loi
actuelle, on dit qu'il procède aux orientations de l'école. Il ne
saurait être un simple exécutant et il ne pourrait, non plus,
exercer ses fonctions sous l'autorité de deux mandants, soit le
directeur général et le conseil d'orientation. L'exercice de sa
tâche doit se réaliser sous l'autorité du directeur
d'école.
En ce qui a trait au comité d'école, nous
réitérons qu'à notre avis les mécanismes de
participation devraient être établis en collaboration avec tous
les agents d'un milieu donné, dans un processus de détermination
d'un modèle de décentralisation qui convient à leurs
besoins plutôt que par l'imposition d'un modèle unique et, dans ce
cadre, le projet de loi aurait avantage à ne pas faire état du
comité d'école.
En ce qui regarde la commission scolaire, l'ADIGECS manifeste toujours
son accord avec la proposition de créer des commissions scolaires
linguistiques. Cependant, la lecture parallèle du chapitre sur les
commissions scolaires et du chapitre traitant du gouvernement et du ministre de
l'Éducation nous montre qu'il y a encore beaucoup de chemin à
parcourir avant d'en arriver à un partage valable des
responsabilités entre l'État, le ministère de
l'Éducation et la commission scolaire. Nous sommes à une
étape de maturité sociale telle qu'on doit rendre aux commissions
scolaires les pouvoirs nécessaires à l'exercice de leur pleine
compétence. Dans une logique de réussite, on ne doit pas
continuer à uniformiser et à contrôler. On doit favoriser
la prise de responsabilités des citoyens dans les institutions qui leur
appartiennent. Un travail conjoint entre les commissions scolaires et le
ministère de l'Éducation est à faire pour clarifier cet
enjeu essentiel au développement de l'éducation. Ceci
étant, nous vous soumettons certaines recommandations spécifiques
au chapitre des commissions scolaires.
Quant à la composition du conseil, par le passé, notre
association a recommandé que le conseil soit formé de
commissaires élus au suffrage universel et, pour une autre partie, des
parents désignés par le comité de parents. À cet
égard, le projet de loi nous satisfait. Toutefois, nous continuons de
soutenir que seuls les
commissaires élus au suffrage universel doivent avoir le droit de
vote.
Concernant le comité exécutif, le projet de loi propose de
rendre optionnelle la formation du comité exécutif et, dans le
cas de son existence, l'oblige à faire entériner ses
décisions par le conseil des commissaires. L'ADIGECS est d'accord avec
la proposition de rendre optionnelle la formation d'un comité
exécutif. Cependant, dans la mesure où il est créé
et qu'il se voit déléguer par le conseil des commissaires des
fonctions et des pouvoirs, les décisions devraient avoir un
caractère exécutoire. Si te! n'était pas le cas, on ne
voit pas à quoi servirait de prendre des décisions
temporaires.
Quant au directeur général, le projet de loi indique que
le directeur général assure l'administration courante de la
commission scolaire. Nous sommes très heureux de cette clarification
qui, en regard des pouvoirs et responsabilités du directeur
général, démêle l'écheveau pratiquement
inextricable de la loi actuelle. Il y avait là un problème auquel
il fallait s'attaquer. Il était de première importance que nos
membres aient un cadre juridique clair qui permette l'exercice normal des
fonctions et responsabilités quotidiennes.
En ce qui a trait à la disposition sur l'effectif-cadre, nous
estimons que la commission scolaire doit déterminer elle-même le
nombre et le type d'effectif-cadre dont elle doit se doter pour assumer ses
responsabilités. Encore une fois, qu'il nous soit permis de
réitérer que nous considérons les modalités
universelles comme inappropriées dans un contexte de responsabilisation.
Nous souhaitons que les responsabilités de la commission scolaire soient
indiquées dans la loi, mais que la détermination des
modalités soit laissée à chacun des milieux.
Nous sommes à la page 23, le gouvernement et le ministre. Ce
dernier chapitre est celui qui suscite chez nous la réaction de
déception la plus complète. À notre avis, le projet ne
tient pas compte de la maturité sociale actuelle qui exige une remise
aux citoyens des responsabilités qui sont les leurs et une meilleure
emprise des milieux sur les enjeux de l'éducation. Si on veut donner une
assise au développement de services de qualité, il faut que ceux
qui oeuvrent en éducation, parents et enseignants au premier titre,
sachent qu'il leur est possible de concevoir des façons
différentes de faire et qu'ils se sentent invités à
exercer leur créativité et leur sens critique. Il faut
libérer l'éducation du poids extravagant et étouffant des
normes et des règlements de tous ordres qui l'afflige.
Dans une perspective de développement de la
société, le ministère de l'Éducation a tout
intérêt, à notre avis, à définir ses
rôles et fonctions en termes de proposer des idées, de stimuler la
réflexion des milieux, de réaliser des bilans et des diagnostics,
de supporter les communautés locales. Un système scolaire ne
saurait se développer sous le mode d'édiction de directives et de
contrôles administratifs. Le chapitre mériterait donc d'être
révisé en profondeur. Nous demandons, en conséquence, que
le texte de la nouvelle loi reflète une intention ferme d'avancer dans
ce sens.
En page 24, nous voulons vous signaler que certains coûts
supplémentaires seraient engendrés par le présent projet
de loi. Au passage, nous notons les propositions suivantes: la gratuité
des services aux adultes, les budgets des comités de participation, le
plan triennal de répartition et de destination des immeubles, le droit
d'ester et d'intervenir en justice aux frais de la commission scolaire, la
généralisation de la procédure d'adoption de
règlements, le transport et la surveillance à l'heure du
dîner.
Quant au financement des commissions scolaires, en page 25, dernier
paragraphe, comme association, nous vous disons qu'il faut faire une plus large
place à la capacité des milieux de prendre en charge leur
destinée dans un cadre qui leur convient. Dans cette perspective, nous
demandons une remise aux commissions scolaires d'un champ de taxation
significatif et l'élimination des plafonds et des
référendums qui privent les citoyens de leur droit de se donner
des services à leur mesure.
En conclusion, M. le Président, le rôle de l'État en
éducation doit être revu en profondeur. Le projet de loi n'a pas
pris fait et acte de la maturité sociale qui exige un changement des
mentalités de la part de l'État. L'ADIGECS est d'avis que le
temps est venu de concevoir des rôles nouveaux pour le ministère
de l'Éducation. Celui-ci doit stimuler une réflexion prospective,
réaliser des bilans et des diagnostics et supporter les
communautés locales dans leur cheminement.
Pour que se développent des services de qualité en
éducation, il faut adopter une approche de confiance dans la
compétence des partenaires de chaque milieu. Les citoyens doivent
retrouver des commissions scolaires capables d'exercer
l'entièreté de leur champ de compétence et de
responsabilités.
Nous réitérons notre souhait que soit adopté un
projet de loi sur l'instruction publique et que ce projet ait la sagesse de ne
pas imposer aux communautés locales une seule et bonne façon de
faire. Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): C'est moi qui vous
remercie, M. Bergeron. Je reconnais comme premier intervenant le
député d'Argenteuil et ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je salue avec plaisir la
délégation de l'Association des directeurs généraux
des commissions scolaires. Les membres de cette association sont des
interlocuteurs continus du ministère de l'Éducation. Nous
apprécions vivement leur apport au travail de l'éducation. Nous
écoutons leurs vues avec intérêt parce qu'elles
procèdent d'une expérience
quotidienne de la mise en oeuvre de la Loi sur l'instruction
publique.
J'ai remarqué que, dans l'ensemble, les observations favorables
au projet de loi sont plus nombreuses et généralement plus
importantes que les observations accompagnées de réserves ou
d'objections. Je m'en félicite et j'en remercie l'association. Je me
dispenserai de commenter les points sur lesquels l'association exprime son
accord avec le gouvernement ou la tendance générale du projet de
loi, de l'un ou l'autre des deux projets de loi. Je pense que ce serait faire
de la répétition qui ne ferait pas avancer le débat. Par
conséquent, je vais en venir assez vite à certains sujets de
désaccord réel ou apparent.
À un moment donné, j'ai cru lire dans le mémoire
que vous regrettiez qu'on ne traite pas de l'intégration des
enseignements primaire et secondaire. Je pense que ce n'est pas vrai. Nous
avons une clause très importante dans le projet de loi qui
prévoit que... Là où une commission scolaire voudrait
procéder à l'intégration de ses enseignements primaire et
secondaire et qu'elle se heurterait à une opposition invincible de la
part de commissions scolaires qui forment avec elle une commission scolaire
régionale, nous manquions d'une clé dans la loi existante pour
procéder au partage des actifs et des passifs qui doit
nécessairement accompagner un mouvement d'intégration. Nous avons
mis la clé dans le projet de loi 107. Il n'y a pas un chapitre, il y a
trois lignes. Mais ces trois lignes sont peut-être plus importantes que
25 autres pages. À l'avenir, si le projet de loi est adopté,
quand il y aura une intégration qui bloquera quelque part pour des
raisons artificielles, il y aura une possibilité de trancher le
différend.
Vous dites dans votre mémoire que cela devrait être
à la majorité des commissions scolaires. On a pensé
à cela. On aimerait bien que cela puisse se faire comme cela. Mais trois
commissions scolaires contre deux pour décider de l'intégration
de cinq, c'est un problème. Cela ne se pose pas comme ça dans la
pratique. Parfois, il peut arriver que ce soit trois commissions scolaires
moins importantes que les deux autres qui sont réfractaires ou qui ont
une position contraire. Après des examens répétés,
nous avons dû conclure que ce n'était pas la façon la plus
pratique et même la plus juste de procéder.
Il nous reste à continuer d'insister pour que le processus
émane des commissions scolaires elles-mêmes, comme nous avons
voulu que ce soit jusqu'à maintenant, et qu'en cas d'impasse invincible
il y ait une clé quelque part qui permette de régler le
problème. C'est entendu, si c'est la politique du gouvernement de
favoriser l'intégration, il va falloir qu'elle se fasse. Si le
gouvernement est là seulement pour faire des exhortations aux gens, il y
a une partie de son rôle qui est castrée, qui est amputée,
ce n'est pas normal. Je pense qu'on résout ce point de manière
satisfaisante dans le projet de loi. Je pense que c'est l'article 105.
Vous avez exprimé une inquiétude à propos des
comités qui seront autorisés à ester en justice. Je
regarde cela avec intérêt. Mais, tantôt, un de nos
conseillers portait à mon attention un jugement rendu par la Cour
supérieure en 1980 dans lequel il est dit en toutes lettres qu'une fois
que le législateur a constitué ses comités, même
s'il n'a pas écrit en toutes lettres qu'ils vont être
autorisés à ester en justice, ils peuvent le faire à la
rigueur. Il y a un jugement très clair ici. Je pense qu'avant de monter
aux barricades, en tout cas, ou de penser qu'il y a un gros gros
problème là-dedans, il va falloir regarder tout le contexte.
Peut-être qu'on va s'apercevoir que c'est normal d'avoir des
appréhensions à ce stade-ci. Mais si le tribunal nous dit
clairement: Voici ce qui en est... Je pourrai vous donner la
référence tantôt. C'est un jugement qui a été
rendu en 1980 dans un litige opposant le comité de parents de la
régionale Jean-Talon, le syndicat des enseignants Chauveau-Charlesbourg,
et la commission scolaire régionale Jean-Talon. Ce sont des points sur
lesquels on pourra s'entendre, parce que, si on s'entend de part et d'autre sur
la signification juridique de tel organisme ou de tel statut... On peut
même discuter et vous pourrez peut-être nous dire: Dans ces
conditions, cela ne serait peut-être pas nécessaire que vous le
mettiez si cela y est par voie d'implication. On est prêt à
discuter de cela, ce n'est pas une question de vie ou de mort. Ce n'est pas ce
que j'appellerais dans notre projet un "casus belli". (16 h 30)
Vous parlez de la multiplication des comités de participation et
de consultation. Au niveau de l'école, on en met seulement un
obligatoire, c'est le conseil d'orientation. Si vous vous rappelez de ce qu'il
y avait dans la loi 3 et dans le projet de loi 40, je pense qu'il y a un
énorme allégement. Je ne veux pas porter de jugement
d'amélioration, mais il y a un énorme allégement.
Là où les parents voudront se doter d'un comité
d'école en plus, on écoute les points de vue actuellement, on va
voir ce que cela donnera à la fin. Notre position de départ,
c'est que si les parents tiennent à se doter d'un comité
d'école, ce serait peut-être une bonne chose qu'ils puissent
l'avoir. Encore là, on va écouter les points de vue mais,
à ce niveau, je pense qu'il y a un allégement
considérable.
Au niveau de la commission scolaire, on en met davantage. On va les
examiner l'un après l'autre, mais un comité sur les
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage me
paraît très difficile à refuser. Je pense qu'il faut qu'il
y ait une présence auprès de la commission scolaire pour ces
problèmes. Les directeurs d'école nous disaient ce matin qu'ils
voudraient qu'il y ait une représentation des directions d'école
là-dessus et je trouve que c'est très judicieux. Mais il faudrait
qu'on me fasse la preuve que cela ne
sera pas une bonne chose d'avoir ça. A priori, en tout cas, notre
position est très fermement favorable à ce comité. Il y a
un comité pour le transport. Je pense qu'il est bien difficile de
concevoir qu'on n'en aurait pas non plus. S'il y en a qui sont de trop, on va
nous en faire la démonstration. Nous sommes parfaitement ouverts
à écouter les points de vue là-dessus et, si on peut
améliorer le projet de loi, tant mieux!
Vous faites des observations au sujet du budget qui serait dévolu
au conseil d'orientation du comité d'école. C'est une question
d'application pratique, ça aussi. On va écouter les deux points
de vue là-dessus. Il n'y pas de position rigide dans notre esprit sur
ces questions, nous avons mis cela parce que cela traduisait notre opinion. Ce
sont des questions d'application qui pourront faire l'objet de
considérations sérieuses en cours de route.
Là où mon attention est retenue d'une manière toute
spéciale, c'est par le jugement que vous portez sur le partage des
responsabilités que propose le projet de loi 107 entre le ministre et le
gouvernement d'un côté et les commissions scolaires de l'autre.
J'ai été étonné, quand vous avez fait votre
présentation, de ne pas trouver une liste de tous les pouvoirs nouveaux
qu'on donne aux commissions scolaires dans le projet de loi 107; j'en ai
compté au moins 25. Ce ne sont pas tous des pouvoirs nouveaux en
substance. Dans bien des cas, ce sont des pouvoirs qu'exerce déjà
la commission scolaire en vertu du régime pédagogique ou d'un
règlement mais non pas en vertu de la loi. Des pouvoirs, par
conséquent, qui pourraient être modifiés au gré du
gouvernement ou remis en cause. En les inscrivant dans la loi, nous les
renforçons, nous leur donnons une assise juridique plus solide. Comme je
l'ai dit, j'en ai compté au moins 25, j'ai toute la liste avec les
numéros, on pourra la présenter en cours de route. Si on veut
faire un examen de ce que signifie le projet de loi, il va falloir regarder
tout cela, faire les colonnes "commissions scolaires", "pour", "moins";
"gouvernement et ministères", "pour" et "plus". Finalement, on va
être placé pour porter un jugement. Mais des affirmations
générales, à mesure qu'on va avancer dans le débat,
vont avoir de moins en moins de portée. Ce qui va compter, ce seront les
affirmations fonctionnelles étayées sur une démonstration
solide.
Dans cette perspective, tout en rappelant que le projet de loi, en ce
qui touche le ministre et le gouvernement, vient inscrire dans la loi bien des
choses qui sont déjà dans la réalité
réglementaires ou vécues, celui-ci ajoute un certain nombre de
pouvoirs. Je l'ai dit ce matin dans ma présentation, je pense que je ne
pouvais pas le dire plus franchement et plus clairement. Mais la question que
je voudrais vous poser est la suivante. On va prendre le premier de ces
pouvoirs, celui d'établir la liste des spécialités
professionnelles qu'une commission scolaire est autorisée à
dispenser. Nous avons vécu ensemble, au cours des dernières
semaines, l'expérience de la carte des enseignements professionnels.
Pouvez-vous soutenir sérieusement que cela ne devrait pas être un
pouvoir confié au ministre, finalement? C'est ma première
question.
M. Bergeron: Avant d'y aller avec une réponse directe
concernant ce pouvoir spécifique que vous nous donnez, j'aimerais vous
dire que l'approche qu'on vous présente dans notre réponse
à votre projet de loi... On trouve qu'il y a beaucoup de bonnes
idées dans ce projet de loi qui peuvent être appliquées,
qu'on souhaiterait appliquer de façon différente d'une commission
scolaire à l'autre, alors que vous vous apprêtez à nous
dire qu'autant dans le domaine des comités de participation que dans les
domaines de la taxation, de l'effectif-cadre, des régimes
pédagogiques, des conventions collectives où on pourrait en
parler, vous avez une approche qui va dans le sens que, partout au
Québec, on devrait procéder de la même manière. Je
relève vos phrases concernant les comités de participation et de
consultation de l'école; vous avez raison. Mais pour ce qui est de la
commission scolaire, vous en créez, de loi et de fait, de nouveaux, les
rendant de rigueur.
Nous, l'approche que nous vous disons, c'est qu'il faudrait avoir une
confiance au milieu, à la dynamique de chacun des milieux, au
génie de chacun des milieux et, au lieu d'imposer une formule, un
modèle qui serait identique partout au Québec, nous pensons qu'il
y aurait avantage à laisser aller encore une fois la
créativité de ces gens-là, la maturité que nous
avons dans chacun des milieux. Cela pourrait revêtir et cela
revêtirait des façons différentes, d'un milieu à
l'autre, de connaître le pouls de la population, de faire participer nos
parents, notre personnel, etc.
Vous faites référence à la carte de l'enseignement
professionnel. Notre association s'était montrée favorable
à votre objectif de rationaliser cela. Quand on fige dans un projet de
loi, que c'est de rigueur et qu'il y a seulement le ministre qui peut
déterminer cela, on trouve que cela va peut-être un peu loin. Il
pourrait arriver que dans un milieu une commission scolaire ait de
l'équipement et du personnel; elle pourrait avoir des clientèles.
Pourquoi, cette commission scolaire, à même ses taxes, ses budgets
et les priorités qu'elle déterminerait avec sa population,
n'aurait-elle pas le droit de dispenser un service éducatif qui est
demandé par sa population? Je ne vous dis pas que cela devrait se
répéter de façon exhaustive. Nous avons aussi, les
commissions scolaires, les administrateurs politiques et les employés,
une certaine sagesse. Je ne pense pas qu'on assisterait là à une
grande débâcle et à une multiplication à l'infini
des options professionnelles. Mais de là à empêcher tout
espoir ou toute créativité à une population, je pense,
pour l'avoir déjà vécu comme directeur
général avec un milieu qui
voulait donner un service professionnel minimal à sa
clientèle, cela étant reconnu comme de l'équité,
que c'est une avenue qui est dangereuse, dévalorisante et
déresponsabilisante pour les gens.
On ne peut pas bâtir de projet éducatif dans l'enseignement
professionnel dans un milieu... Ce n'est pas parce que c'est en haut, au 600
Fullum ou au Complexe G, à Québec, que cela va se décider.
Nous pensons que c'est une approche dévalorisante face aux citoyens du
Québec. Sur le plan de la pédagogie, nous osons vous soumettre
que les gens devraient être capables de mener ces débats, de faire
des choix de priorités dans les commissions scolaires et, encore une
fois, qu'il y ait un plan global auquel nous souscrivons pour le rationaliser
et pour un meilleur service à l'élève, nous en sommes. De
là à empêcher totalement tout effort de
créativité dans un milieu, pour différentes bonnes
raisons, et que les parents, le personnel et les élèves le
veulent, nous pensons que c'est un volet du projet de loi qui va un peu trop
loin.
En justice, si vous me permettez, ce que nous disons simplement, c'est
que de le mettre dans la loi pourrait peut-être être un incitatif
à avoir recours à un modèle de relations entre les
citoyens et la commission scolaire que je ne pense pas que vous non plus, M. le
ministre, vous souhaitiez. Je pense que les négociations, les bonnes
relations, l'harmonie et la bonne entente, c'est préférable
à dire: Bien, écoute, on va aller en justice. Comme vous le
souligniez tantôt, si c'est déjà reconnu de fait, laissons
vivre cela comme on l'a vécu depuis au-delà de 100 ans dans les
commissions scolaires sans, encore une fois, mettre ce privilège ou ce
droit qui pourrait inciter de façon indue et nuire à de bonnes
relations positives entre le citoyen et la commission scolaire.
M. Ryan: Je reviens à mes points. Sur les
spécialités professionnelles, en fin de compte, je vous
réaffirme, après avoir écouté vos explications,
qu'il faut qu'il y ait une autorité qui puisse décider. Il y a
des commissions scolaires qui sont en conflit dans une région; il y en a
quatre qui veulent avoir Techniques d'usinage, il y a de la place pour une.
Elles ne se sont pas entendues. Il faut bien que quelqu'un décide. Il
faut bien que quelqu'un décide s'il va y en avoir une ou quatre. Ce ne
sera pas décidé seulement par le budget ou les ressources de
chaque commission scolaire, cela va être décidé par les
ressources de l'ensemble du Québec. En fin de compte, la commission
scolaire peut bien être capable de le faire une année ou deux,
mais, tôt ou tard - je pense que nous le savons tous - elle va se
présenter au ministère et elle va dire: Là, on l'a fait
depuis un an ou deux, pourriez-vous nous mettre sur la norme qui existe pour
tout le monde? Parce que c'est un coût plus élevé pour
l'enseignement professionnel, nous le savons tous. Au Québec, nous
devons faire face, pendant encore plusieurs années, à ce fait
que, compte tenu de la richesse relative, nos coûts en éducation
sont encore beaucoup plus élevés qu'ailleurs. Il faut un effort
de rationalisation qui va durer encore de nombreuses années.
Sur ce point, on aura besoin d'une démonstration forte parce que
peut-être que la formulation pourrait être retouchée, mais
sur le fond je pense que c'est bien difficile de le contester. En
matière d'intégration, nous avons proposé une solution. Je
ne sais pas ce que vous en pensez, si c'est une solution qui peut vous
paraître acceptable. La formule de la majorité dont vous nous
parliez crée des problèmes parce que, en définitive, la
vraie majorité dans une démocratie, c'est la majorité
numérique des citoyens. Ce serait difficile à vérifier
dans ces cas. Si nous sommes en cas de litige invincible, la formule qui est
proposée là serait pratique et acceptable. On pourrait finir de
régler ce problème d'ici à deux ou trois ans.
M. Bergeron: Effectivement, je pense que vous avez là une
formule intéressante. On se souvient que ce mouvement a
démarré en 1971 et qu'il y a eu différentes
expériences heureuses et certaines ratées. Nous souhaitions qu'il
y ait un énoncé bien clair, favorable à cela, une
intégration des ordres. Ce pouvoir que le ministre se garde, c'est
advenant un litige dans le partage des actifs et des passifs. Avant de
commencer à parler de partage, il y a la question de l'expression d'une
volonté de s'intégrer. C'est là qu'on dit que, si la
règle de la majorité était prévue par la loi, on
pense que ce serait préférable à seulement se garder cette
clé, cette poignée pour régler un litige, mais avant
d'être en litige, si trois commissions scolaires sur quatre, ou cinq sur
six expriment leur volonté de s'intégrer il n'y a rien, dans le
projet de loi, qui permettrait d'enclencher tout le processus. C'est là
notre nuance.
M. Ryan: Je comprends. Je vais ajouter un autre point
là-dessus, si vous me le permettez. Ce sera le dernier, mais j'aime
mieux en venir aux questions de fond parce que cela fait une discussion
profitable. Vous parlez du pouvoir d'enquête, du pouvoir de suspension
d'une décision pendant la tenue d'une vérification ou d'une
enquête. Ce matin, j'ai essayé d'expliquer dans quel sens nous
avons inscrit cette disposition dans le projet de loi. Jusqu'à
maintenant, quand il y a eu une enquête, c'est parce que des
décisions ont provoqué une situation. L'enquête ne vient
pas de la cervelle du ministre ou des fonctionnaires à Québec, il
y a des citoyens qui l'ont demandée, ou des commissaires, parfois, qui
étaient en minorité chez eux, ou parfois des fonctionnaires de la
commission scolaire. C'est comme cela que viennent, les enquêtes.
L'enquête est déclenchée et les gens ont pris une
décision qui est à l'origine du problème. On leur dit: II
faudrait bien suspendre cette
décision pendant la durée de l'enquête. Ils disent:
Non, on l'a prise et elle doit être exécutée. Ce n'est pas
ce qu'il y a de plus judicieux. Le recours du ministre est de recommander la
tutelle au gouvernement. J'essaie d'éviter cela par tous les moyens. Je
n'en ai pas recommandé une dans le cas des commissions scolaires.
Pourquoi? Vous allez peut-être dire que cela plaide contre notre
position, mais j'essaie... Je leur ai dit: II faudrait que vous suspendiez
cette décision. Dans une année, il y a trois, quatre ou cinq
vérifications ou enquêtes. On ne peut pas éviter cela, il y
a 213 commissions scolaires. Parfois, on conclut qu'il n'y avait pas de
problème. Notre politique, c'est que le citoyen voie clair dans les
choses et, quand il s'adresse au gouvernement, que cela marche, que cela ne
traîne pas dans le fond d'un tiroir.
Au cours de la dernière année, dans une couple d'endroits,
cela a été tout près de la rupture. Il y a des gens qui
étaient presque disposés à envoyer promener le
gouvernement. Est-ce que c'est mieux de garder seulement le recours de la
tutelle? Je vais vous dire une chose, si l'opinion générale n'est
pas favorable à ce moyen-ci, nous allons garder le moyen extrême
qui est la tutelle, pour toutes les situations où elle pourrait
être requise. Le gouvernement peut vivre avec cela, et le ministre aussi.
C'est une recommandation qui est insérée dans le projet de loi
afin d'adoucir le processus dans ces situations. Si cela devait être
compris autrement, je vous dis, en tant que responsable de ce projet de loi, ce
n'est pas ce que j'appelle un "casus belli". Si vous me disiez: Vous allez
être ministre de l'Éducation et vous n'aurez pas de
responsabilité dans la détermination des listes de
spécialités professionnelles qui seront offertes sur le
territoire, je donnerais ma démission tout de suite, demain matin. Si
vous me dites que je n'aurai pas d'autorité pour déterminer
où seront implantés les services d'éducation des
adultes... On ne peut pas en avoir un dans chaque commission scolaire.
Là, vous me créez un gros problème, et pas seulement pour
moi, parce que nous sommes tous de passage, mais pour les futurs titulaires de
cette situation-là. Nous avons actuellement, dans nos dossiers, quelques
requêtes de commissions scolaires qui veulent avoir leur service
d'éducation des adultes et, dans certains cas, il va falloir dire non
parce qu'elles n'ont pas les ressources pour avoir un service comme
celui-là. Cela entraînerait des coûts élevés,
à des risques de qualité moindre. Alors, je vous dis que cela est
nécessaire. (16 h 45)
En matière de services pour les élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, vous savez qu'on a
énormément de plaintes de la part des parents qui disent: - on
reçoit des lettres à toutes les semaines - On a un enfant qui est
en difficulté d'adaptation; il n'y a pas moyen d'avoir les services
qu'il faudrait. Est-ce qu'éventuellement il va falloir établir
une liste de base, quitte à ce que ce soit accompagné des
ressources financières correspondantes? Nous pensons que oui.
Finalement, nous pensons que oui, si cela ne peut se faire autrement. C'est un
pouvoir qui est là. Mais dès qu'il s'agit de la qualité de
l'éducation, encore une fois, de la rationalité et de
l'égalité des chances, il devient plus difficile de contester la
nécessité d'un ministre qui va avoir des pouvoirs assez forts au
même point de vue. Je vous soumets le problème. Pour le pouvoir
d'enquête, c'est une chose. C'est de l'ordre des améliorations
souhaitables, mais pas du nécessaire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une remarque, M.
Bergeron?
M. Bergeron: Oui. Concernant la question du pouvoir
d'enquête ou de plaintes des parents, nous pensons qu'effectivement vous
n'avez pas utilisé, comme ministre de l'Éducation, la mise en
tutelle. C'est déjà arrivé. On pense que ce doit
être un pouvoir, oui, extrême, pour des situations et des cas
extrêmes. Parce que si vous lisez, encore une fois, notre mémoire,
nous partons avec l'optique qu'il y a vraiment une prise en charge par le
milieu, une responsabilisation, une confiance aux gens du milieu. Et si le
ministre de l'Éducation ou le ministère de l'Éducation
pouvait nous aider à apprendre aux citoyens, dans tous les milieux au
Québec, à se prendre en main et à se prendre en charge, et
non seulement à se référer constamment à
Québec pour régler quelque litige que ce soit, on pense que ce
serait la faire oeuvre de bonne éducation. Si les citoyens avaient plus
leur mot à dire sur leur gouvernement local scolaire qu'est la
commission scolaire, on pense qu'il y aurait là aussi, une participation
plus accrue lors des élections scolaires. Actuellement, là les
gens ont plus ou moins d'intérêt parce que, quand il y a un
problème, effectivement, on appelle au ministère. Et, selon votre
expression de tantôt, cela ne traîne pas, vous y voyez. À ce
moment-là, les citoyens s'habituent à s'en référer
à d'autres. Leurs élus scolaires sont plus ou moins importants
parce que, lorsqu'ils ne seront pas d'accord, ils auront juste à se
référer à Québec et quelqu'un viendra.
Notre approche est différente. On a développé
beaucoup d'expertise, beaucoup de compétence. Il y a de
l'intégrité et de l'honnêteté dans le milieu. Vous
souligniez ce matin, dans votre discours, et à juste titre, qu'il y a
également une bonne gestion des fonds publics dans le monde scolaire. Je
pense qu'on est rendus à un degré de maturité où
les élus et les administrateurs méritent que vous nous fassiez
confiance et que vous disiez aux gens: Au lieu de me référer
cela, et là je vais suspendre les décisions des commissaires,
faites des pressions et battez-les aux prochaines élections si vous
n'êtes pas contents. Et si leurs directeurs généraux font
mal leur travail, vous les changerez. Il faut
retourner la balle là où elle doit être, dans la
très grande majorité des cas.
M. Ryan: Je vais ajouter juste un mot là-dessus.
M. Bergeron: Oui.
M. Ryan: S'il s'agissait de trottoirs ou de services auxiliaires
à caractère matériel, je pourrais comprendre. Mais quand
il s'agit de l'éducation...
M. Bergeron: Oui.
M. Ryan: ...vous ne pouvez pas demander au ministre de
l'Éducation de rester assis sur son fauteuil, quand il y a un
problème brûlant dans un endroit, et de dire aux gens: Attendez
à la prochaine élection et vous réglerez cela. Dans
certains cas, il est obligé de faire cela. Mais il ne faut pas que cela
soit sa politique habituelle. S'il arrive qu'il réponde à un
citoyen qui lui a écrit deux fois plus vite que la commission scolaire
qui ne lui a pas répondu, c'est une sacrée bonne chose. La
prochaine fois, la commission scolaire va plus vite. C'est là qu'il y a
une émulation de bon aloi. N'oubliez pas que nous sommes tous
élus par les mêmes citoyens.
M. Bergeron: Oui.
M. Ryan: Celui qui vote pour le gouvernement est le citoyen qui
reste sur la rue où il y a une école. C'est la même
personne. Et elle va dire: Bien j'ai un ministre ou j'ai un premier ministre -
que de fois le premier ministre m'envoie des lettres qu'il reçoit. On ne
peut pas se borner uniquement à servir de bureau de poste et à
dire: On vous transmets cela et nous sommes bien tranquilles et cela ne nous
regarde pas. Cela nous regarde. Chaque fois que la qualité de
l'éducation est concernée, cela regarde le ministre de
l'Éducation et son équipe. Il faut qu'il s'en occupe dans l'ordre
de préoccupations. Il faut que cet intérêt se traduise
d'une manière verifiable pour le citoyen.
M. Bergeron: En tout grand respect pour la compétence du
ministre et des personnes responsables au ministère, quelle preuve
avez-vous que la façon de régler un problème est meilleure
que ce que nous aurions trouvé dans le milieux? Quand la balle sort de
notre camp, qu'elle est référée à Québec,
que vous voulez intervenir et que vous donnez certaines orientations, c'est
sûr qu'il se prend une décision. Les décisions miraculeuses
et sans aucune nuance, on sait que cela n'existe pas. L'orientation que vous
lui faites prendre, c'est une orientation qui est vue avec vos yeux, avec les
yeux des gens qui sont venus faire des enquêtes. Est-ce que c'est
préférable à ce que les gens du milieu se sont
donné? Je pense qu'à l'occasion cela l'est sûrement, mais
cela ne doit pas l'être toujours. Nous disons à ce
moment-là: Donnez donc plus la chance au coureur, au milieu. À
part cela, on va apprendre, on va développer ce sens de l'autonomie et
de la responsabilisation chez les gens et ils vont arrêter de toujours
aller pleurer dans le manteau du ministère, à Québec. Ils
vont vraiment prendre leurs choses en main. Là-dessus, le
vice-président a des choses à vous dire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Qui est le
vice-président? C'est pour les besoins du Journal des débats.
C'est M. Théorêt.
M. Théorêt (Marcel): M. le ministre, quand on
regarde l'ensemble des éléments du projet de loi et vos
interventions dans le réseau, on constate que vous avez
énormément de bonnes idées. On arrive à avoir le
goût de vous dire: M. le ministre, vous avez trop de bonnes idées
pour une seule commission scolaire. On vous dit, M. le ministre, qu'il faut que
toutes vos bonnes idées soient clairement exprimées. On pense que
le rôle de leadership du ministre de l'Éducation dort être
présent. On est heureux d'avoir un ministre de l'Education qui joue ce
rôle. Par contre, M. le ministre, on pense que vos bonnes idées ne
peuvent pas être applicables partout. On pense qu'il est important que
les milieux fassent des choix parmi vos bonnes idées et retiennent
celles qui sont les plus applicables et qui ont le plus de chances, dans
l'immédiat, d'être efficaces. C'est une question de
capacité des milieux. On ne peut pas prendre toutes vos bonnes
idées; vous en avez trop. On peut se les partager.
Tantôt, vous nous avez parlé de l'enseignement
professionnel. On peut reconnaître aujourd'hui qu'il était
nécessaire que le ministre, en mars et avril derniers, se penche sur la
question de la répartition des options professionnelles dans l'ensemble
du territoire du Québec. On peut reconnaître qu'on était
rendus dans une situation qui exigeait cela, sauf que s'il y a un secteur
d'activité qui doit être collé sur l'évolution du
marché, du besoin de main-d'oeuvre et des entreprises, je ne suis pas
certain que la meilleure formule soit que, périodiquement, le ministre
regarde l'évolution des secteurs professionnels et décrète
les options d'un milieu à l'autre. Il me semble que c'est un secteur qui
doit suivre l'évolution du marché et que, rapidement, il doit
s'adapter dans les meilleurs délais. La méthode actuelle ne peut
pas être celle qui soit la plus rapide.
Vous avez un bon nombre d'engagements qui exigent que vous puissiez
véhiculer votre message dans tous les domaines. Quand vous faites un
exercice comme celui-là, qui est de décréter une option de
secteur professionnel dans un milieu donné et, en même temps, de
décréter un engagement ministériel pour l'appuyer, il me
semble qu'il faudrait prévoir un modèle qui fasse en sorte que
les décisions soient confrontées aux réalités qui
se développent. Si, dans un milieu
donné, on a implanté une option et qu'en pratique les
données de base se révèlent différentes, il faut
que ça bouge. Il faut que ce soit capable de se fermer, une option, si
cela ne fonctionne pas, si ce n'est pas rentable, pour qu'on puisse en ouvrir
d'autres.
Notre préoccupation de faire une bonne gestion des ressources en
éducation suppose qu'on est constamment dans un processus de remise en
question des décisions qu'on a prises et des zones d'investissement
qu'on a privilégiées. On est très préoccupés
par cela et on pense que la meilleure façon pour qu'il y ait des remises
en question, c'est que les milieux aient la mainmise sur les décisions.
Récemment, je pense que c'est l'association des cadres qui tenait un
colloque. On retrouvait, dans le cadre de leur présentation
générale, comme préoccupation majeure, ce qu'on peut faire
à l'intérieur des conventions collectives, des régimes
pédagogiques et des règles budgétaires, les grands
encadrements. Quand on est rendus à se préoccuper du
développement de la qualité de l'éducation et que notre
principale préoccupation est de voir ce qu'on peut faire malgré
ces grands encadrements, on se dit: II me semble qu'il y a des pas à
faire. Si on réagit dans notre mémoire, peut-être de
façon un peu brutale, aux énoncés d'intentions concernant
l'intégration de nouvelles mesures, c'est plutôt parce qu'on
était à la recherche, à l'intérieur du projet de
loi, de messages de reconnaissance, de ce qu'on a appelé la
maturité des milieux. On s'attendait à voir, dans le projet de
loi, un certain signe de cette approche privilégiée un peu plus
par le ministère, soit: il faut que les milieux assument pleinement
leurs responsabilités et, comme gouvernement, comme ministère de
l'Éducation, on énonce notre croyance dans cette option.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, monsieur.
Une dernière réaction de la part du ministre.
M. Ryan: Je m'excuse, mais on touche à des sujets
tellement importants. Prenons l'enseignement professionnel, encore une fois...
Je voudrais bien suivre le conseil que vous donnez, M. Théorêt,
mais les problèmes venaient précisément du fait que les
milieux immédiatement concernés, dans bien des cas, ne voulaient
pas reconnaître que telle option n'avait plus sa rentabilité. Ils
voulaient y rester attachés et ils disaient: L'année prochaine,
cela va aller mieux; dans deux ans, cela va aller mieux. S'il avait fallu
écouter toutes les représentations qu'on recevait, on n'aurait
presque rien changé. On serait restés avec le statu quo, avec une
étiquette de changement.
Il a fallu faire comprendre à un bon nombre de commissions
scolaires qu'elles n'étaient plus en mesure de donner cette
option-là et que cela ne répondait plus à la demande chez
elles. C'est ce que je vous dis. Finalement, il faut bien que quelqu'un le
dise. Chaque fois que les commissions scolaires l'ont fait entre elles, nous
avons été très heureux d'appuyer leurs démarches et
je pense que, dans le cas de votre commission scolaire, vous n'avez pas eu de
problème; cela s'est très bien réglé. Dans
certaines parties du territoire, cela est allé tout seul. Pour d'autres,
cela a été extrêmement compliqué. Les gens venaient
nous voir. Les députés communiquaient avec moi et me disaient: M.
Ryan, il y a un problème dans mon comté; le président de
la commission scolaire téléphone aussi; les parents
écrivent. Il faut bien que cela se tranche d'une manière ou d'une
autre, et c'est ce que j'essaie de faire comprendre clairement. On ne peut pas
seulement dire: On va faire confiance au dynamisme des milieux; on verra en
l'an 2000 si cette merveille est arrivée. Il faut que les
décisions soient prises année après année, mois
après mois et, parfois, semaine après semaine, tout en ayant
confiance qu'avec le temps - j'ai dit la condition ce matin - quand on aura un
partage de ressources différent de celui qui existe actuellement,
à ce moment-là, l'autre problème se posera dans des
perspectives bien différentes. Mais nous sommes sous le régime
actuel qui, je pense, entraîne certaines conséquences de cet
ordre, qui sont presque inéluctables dans l'avenir
prévisible.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci.
Je reconnais maintenant la députée de Chicoutimi et
porte-parole de l'Opposition officielle en matière d'éducation.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
M. Bergeron, M. Théorêt, messieurs, il me fait plaisir de
vous accueillir à la commission au nom de l'Opposition officielle, de
vous remercier également d'avoir à nouveau voulu participer
à une nouvelle consultation. Au cours des dernières
années, elles ont été nombreuses et certainement
fructueuses parce qu'elles ont permis de faire avancer un peu les
mentalités. Mais je suis forcée de reconnaître, avec
certains directeurs généraux que j'ai rencontrés, que ces
débats finissent par être épuisants dans la mesure
où, finalement, on n'arrive pas à des résultats concrets.
On pense plus particulièrement à tout ce qui a été
investi dans la préparation et dans l'adoption du projet de loi 3.
Concernant les propos que vous tenez touchant le centralisme de ce
projet de loi et ses effets de déresponsabilisation sur la
communauté, dans les écoles, dans les commissions scolaires, chez
les membres du conseil scolaire, je les partage en totalité. On ne peut
tenir un double discours, c'est-à-dire prétendre vouloir
valoriser l'école publique, valoriser les enseignants et vider les
commissions scolaires de leurs pouvoirs sous prétexte qu'on fait mieux
à Québec que ce qu'on est capable de faire dans les
régions.
Le ministre utilise beaucoup cet exemple de
la formation professionnelle. On sait qu'il y a une diminution dans les
demandes d'admission, dans ce secteur, ce qui provoque fatalement une
diminution dans les services à offrir, avec une nécessité
de rationaliser un peu. Je crois beaucoup à la capacité des
milieux de s'organiser. Je ne suis pas certaine que de décider, de
Québec, où vont se donner certaines options professionnelles ne
vienne pas toucher et porter atteinte à toute la question de
l'accessibilité. Cela peut sembler relativement simple, vu de
Québec, de faire déménager des jeunes de la commission
scolaire Valin, juste au nord de la rivière Saguenay, à
Jonquière. Comme il n'y a pas de transport - le transport en commun est
ordinaire dans ma région - cela vous donne des temps de
déplacement extrêmement longs et les parents disent: Trouve-toi
donc une option dans l'école, indépendamment de l'attirance de
l'enfant et de ses désirs. (17 heures)
Je partage tout à fait votre avis. Vous l'avez mieux
exprimé que je ne saurais le faire. Le ministre a fait de ce projet de
loi quelque chose de beaucoup à son image. Je pense qu'il faut le lui
dire. C'est un projet de loi centralisateur et très dirigiste. Dans le
fond, ce que le ministre fait aujourd'hui, il ne faisait pas confiance à
son prédécesseur. Il disait: Je ne peux pas endosser un projet de
loi qui viendrait renforcer les pouvoirs du ministre. Le ministre fait comme
s'il était ministre de l'Éducation pour 500 ans,
c'est-à-dire qu'il pourrait toujours y avoir la même personne
à la direction du ministère, assuré qu'il est de toujours
prendre les bonnes décisions. Quand on adopte un projet de loi, on n'a
aucune idée de qui sera titulaire du ministère dans deux ans,
trois ans, dix ans, et encore moins dans vingt ans.
C'est faire un pari considérable, quel que soit le parti, que de
penser que tout le monde aura sa conception de la gestion de ses
activités quand il sera titulaire du ministère. C'est le danger,
dans les lois qu'on adopte, d'avoir cette attitude de vouloir mouler le projet
de loi selon nos valeurs de gestion personnelles sans penser que le projet de
loi sera tantôt géré par quelqu'un d'autre. Je pense,
là, à toute la question touchant la tutelle. C'est bon de
rappeler que le ministre disait alors à M. Bérubé qui
était ministre de l'Éducation: Je ne peux pas accepter que vous
renforciez vos pouvoirs au détriment des commissions scolaires. On peut
penser, dans le discours du député d'Argenteuil et critique de
l'Opposition à l'époque, qu'il ne faisait pas vraiment confiance
au ministre alors en poste pour s'approprier de nouveaux pouvoirs. Le ministre
n'est pas plus garant de ce que sera le ministre dans cinq ans. Et il n'est pas
éternel.
Je trouve que les projets de loi ont avantage à toujours
conserver cette perspective. On n'adopte pas un projet de loi pour
régler quelques problèmes conjoncturels. C'est pourquoi un projet
de toi doit être le plus large possible, le moins tatillon possible et
qu'il évite surtout, comme le fait le présent projet de loi, de
tomber dans des objets qui relèvent plus de la réglementation que
de la législation.
Sur ces questions, je trouve que le discours du ministre a ce travers
qui vient porter un jugement sur la capacité d'autres élus de
gérer leur propre gouvernement. C'est un peu comme si, tout à
coup, on décidait, parce que le gouvernement du Québec est
incompétent en matière linguistique, qu'il faut le faire mettre
en tutelle par Ottawa. C'est le même genre de raisonnement et c'est
inacceptable lorsqu'on pense que le gouvernement scolaire est aussi un
gouvernement élu. Il y a des carences, on les connaît, par rapport
au vote exprimé à l'occasion des suffrages universels a
l'occasion des élections scolaires. Mais c'est là d'un autre
ordre d'idées. Je pense que vous avez raison de tenir ferme et fort
là-dessus.
Sur des questions, le ministre invoque la qualité de
l'éducation et l'égalité des chances pour justifier
d'introduire dans la loi des questions qui faisaient l'objet de
règlements antérieurement. Dans le projet de loi 107, on
s'étonne de l'absence de définition de services
complémentaires qui apparaissaient dans la loi 3. Je ne pense pas avoir
vu, dans votre mémoire, de remarques touchant l'absence de ces
définitions de services complémentaires. Dans la loi 3, vous avez
la liste de services: de participation de l'élève à la vie
de l'école, encadrement et surveillance, orientation scolaire et
professionnelle, santé et services sociaux, animation pastorale - on le
retrouve dans la présente, c'est même le seul qu'on retrouve -
services de psychologie, d'orthophonie, services de recherche d'emploi. On
pourrait ajouter: services d'intégration socio-linguistique pour tenir
compte des réalités actuelles.
Vous ne commentez pas cette absence. Estimez-vous qu'il était
superflu de les indiquer dans la loi 3 ou si cela ne vous paraît pas
important? Cela ne risque-t-il pas de créer précisément
des disparités en matière de qualité et de quantité
de services offerts, quand on parle des services complémentaires?
M. Bergeron: II faut dire, Mme la critique de l'Opposition, que
sur cet aspect il y a déjà de bonnes balises ou de bonnes
orientations qui sont données par le ministère de
l'Éducation dans différentes parutions. Je pense qu'il y a une
approche, par rapport aux services complémentaires, assez commune au
Québec. Il ne nous est pas apparu comme étant prioritaire
d'indiquer cela dans le projet de loi 107.
Mme Blackburn: Mais les services complémentaires et les
services particuliers, je veux dire, cela fait partie des services
éducatifs.
M. Bergeron: Oui.
Mme Blackburn: En l'absence de définition des services
éducatifs dans la loi, qu'est-ce qui vous garantit que les ressources
financières vous permettront de maintenir ou d'exiger des ressources
nécessaires pour le maintien de tels services?
M. Bergeron: Une fois que le projet de loi affirme les services
que l'on doit rendre à la partie élèves, les droits et
devoirs des enseignants, le développement intégral de l'enfant,
vu l'évolution de la société, il nous apparaît
implicite que cet ensemble de vocations ou de missions de la commission
scolaire ou des écoles est reconnu, et on doit le dispenser. Quant au
niveau de ressources, on pense que l'évolution de ce dossier est, bien
sûr, reliée à un ensemble de services qu'on a
donnés, mais également à une évolution de la
mission de l'école. Si vous vous rappelez les états
généraux - d'ailleurs, on s'était interrogés comme
société sur la mission de l'école et l'école
fourre-tout - je pense que c'est un dossier en évolution. Les
commissions scolaires sont toujours présentes dans ce genre de
dossier.
Nous, on ne relie pas forcément les allocations de ressources
avec ce qu'on peut retrouver de façon très
détaillée dans un projet de loi. Encore une fois, notre approche
d'évolution de ce genre de services nous ferait privilégier le
contraire: de ne pas trop en définir et de ne pas trop en limiter les
services dans le projet de loi.
Mme Blackburn: Donc, vous dites que même si cela
n'apparaît pas, si ce n'est pas défini dans le projet de loi, cela
ne vient pas menacer la gratuité de ces services et leur
accessibilité.
M. Bergeron: Sans que ce soit déterminé de
façon pointue, je pense que les grands axes du projet de loi concernant
les services à l'élève jeune, adulte, par exemple, la
partie des droits et devoirs des enseignants, des commissions scolaires, cela
nous apparaît une garantie favorable.
Mme Blackburn: Bien. Vous avez abordé la question du droit
d'ester en justice pour les différents comités et le conseil
d'orientation. Il y a un avis, il y a un mémoire - malheureusement, je
ne saurais vous dire lequel - qui prétend que, légalement, ce
n'est pas possible parce que le comité est un comité de la
commission scolaire et c'est comme si la commission scolaire se poursuivait. Je
veux bien croire que c'est possible lorsqu'il s'agit de la loi 101, mais il
semble qu'en matière de ce qui a été fait, au moment
où on paie les avocats qui contestent la loi 101, cela peut
peut-être se faire dans ce sens, mais selon un mémoire on
prétend que cela ne serait pas possible légalement de leur donner
un tel pouvoir. Vous n'avez pas vérifié...
M. Bergeron: Non. On n'a pas vérifié cela et le
message qu'on vous lançait là-dessus, ce n'était pas
tellement de vouloir fouiller, nous autres, l'aspect légal, à
savoir: Cela peut-il se faire ou non? C'était plutôt de lancer un
message au législateur, en disant: N'introduisez pas cette dynamique de
relations entre la population et son gouvernement local scolaire. On pense que
c'est provocateur, c'est de la confrontation. Cela mène à des
affrontements inutiles et stériles. On dit: II ne faut pas orienter le
type de relations et de participation de nos milieux sur une base comme
celle-là. Si cela ne fait pas notre affaire, on peut vous poursuivre en
justice. On veut beaucoup plus que l'orientation soit positive de participation
significative, mais de ne pas introduire cette espèce
d'épée de Damoclès ou de menace envers les gestionnaires
scolaires et les politiciens scolaires.
Mme Blackburn: D'accord. Peut-être pour illustrer un peu ce
que cela pourrait représenter chez vous, je ne sais pas... De quelle
commission scolaire êtes-vous?
M. Bergeron: Taillon.
Mme Blackburn: De Taillon. Cela va vous donner combien de
comités et de conseils d'orientation dans votre commission scolaire,
à peu près?
M. Bergeron: Présentement, c'est une commission scolaire
locale qui est en voie de réaliser son intégration, nous
l'espérons. Présentement, il y a dix-sept écoles
primaires: une anglophone, seize francophones. Cela fait dix-sept conseils
d'orientation. Ensuite, vous avez la panoplie...
Mme Blackburn: De comités.
M. Bergeron: ...de comités qui sont suggérés
là.
Mme Blackburn: Donc, cela vous donne plus d'une vingtaine de
possibilités, annuellement, d'être contestés en justice.
C'est ce que c'est. Vous vous opposez au droit de vote des parents qui
siègent au conseil des commissaires. Étant donné qu'il y
en a seulement un, est-ce que cela vous apparaît important à ce
moment-ci?
M. Bergeron: Important, dites-vous?
Mme Blackburn: Oui, de vous opposer à ce qu'ils aient le
droit de vote? S'ils formaient le tiers ou la parité, je pourrais
peut-être poser un autre genre de question, mais...
M. Bergeron: Mme la députée, on pense que ce n'est
pas souhaitable et cela, pour permettre à ces représentants des
parents de garder toujours un oeil critique et de garder par rapport aux
élus une espèce de rôle de chien de
garde ou de conscience, si vous voulez, des parents. On pense que le
fait de leur donner une part entière dans toutes les décisions
pourrait leur enlever un certain recul par rapport aux décisions
politiques, mais le grand fondement, comme on vous l'écrit dans le
mémoire, c'est que les élus au suffrage universel sont les gens
qui ont le droit de taxer et qui ont à répondre devant toute la
population de leur gestion. Alors, on propose, à partir de ce principe,
que seulement eux aient le droit de vote, parce que ce sont seulement eux qui
en répondent devant la population.
Concrètement, Mme la députée, ce ne serait pas une
disposition qui empêcherait les commissions scolaires de bien fonctionner
si le parent avait le droit de vote Pour employer les termes latins de M. le
ministre, pour notre association, ce ne serait pas là une grande guerre
mais nous pensons que cela protège la volonté des parents, leur
rôle, leur mission. Nous trouvons que la tradition, ce que l'on vient de
vivre dans les dernières années, a bien servi la cause des
parents en ayant ce statut-là. Voilà notre position.
Mme Blackburn: Concernant la composition du conseil
d'orientation, il est prévu un minimum de sept et de dix. Si vous
êtes au primaire, il y a au moins trois postes qui sont obligatoires:
deux enseignants et une personne représentant les professionnels et les
membres du personnel de soutien. Si vous êtes au secondaire, il s'ajoute
deux élèves. Comme les parents doivent être en nombre
égal, cela veut dire cinq parents. Est-ce que cela vous apparaît
suffisant d'avoir trois parents au primaire au conseil d'orientation, parce
que, là, de plus en plus semble se dégager une volonté, je
ne dirais pas des parents, mais chez plusieurs intervenants, de ne pas
créer et de ne pas encourager la création d'un comité de
parents au sein de l'école? Est-ce suffisant pour représenter les
parents, de trois à cinq parents?
M. Bergeron: Encore là, je pense que la sagesse devrait
vous amener à une loi qui fixerait cela comme un minimum, mais pas comme
une balise rigoureuse. Le milieu qui voudrait se donner un plus gros
comité, une plus grande participation, en réponse à votre
question, je pense que c'est souhaitable. Pour moi et notre association, nous
pensons que c'est un strict minimum. Nous pensons qu'il y a avantage à
laisser encore une fois les milieux déterminer leur forme et, s'ils
souhaitent un conseil d'orientation avec plus de participation, en règle
générale, cela pourrait être plus riche.
Si on prend l'expérience des comités d'école, cela
varie beaucoup. Il y a des comités d'école de vingt personnes
comme il y en a de seulement cinq, mais pour le conseil d'orientation, pour
nous, ce serait un minimum sûrement.
Mme Blackburn: J'ai une autre question. En page 17 de votre
mémoire... M. Bergeron: Pardon?
Mme Blackburn: En page 17 de votre mémoire, parlant de
l'article 35, vous dites: "L'article 35 destine l'école à assurer
la formation de l'élève autre que l'adulte. Nous sommes d'avis
que la restriction à l'égard des adultes devrait être
éliminée puisqu'elle est inapplicable, par exemple, à des
écoles professionnelles où on accueille des jeunes et des
adultes." Cela m'amène à la question suivante: Êtes-vous en
faveur, oui ou non, de la gratuité pour les étudiants adultes qui
sont inscrits dans les cours qui mènent à une
"diplômation"?
M. Bergeron: Tout à fait, madame, et on l'a exprimé
dans notre mémoire. Nous sommes favorables à la gratuité
pour les adultes en formation générale et en formation
professionnelle en "diplômation", tout à fait.
Mme Blackburn: Mais également pour les autres services,
parce que, dans la loi, il est clair qu'ils n'auraient pas accès aux
autres services?
M. Bergeron: Nous disons qu'il serait plus prudent de leur donner
accès aux autres services, mais de ne pas inscrire dans la loi que tout
sera gratuit, par exemple, l'éducation populaire. On pense qu'il y a
là avantage à une participation des gens du milieu. Alors, pour
la "diplômation", c'est clair, on pense que c'est un devoir de la
société. Pour d'autres services, on pense que cela variera selon
les milieux, selon les projets éducatifs des milieux, selon les choix et
les priorités qu'on se sera donnés dans les milieux et, bien
sûr, M. Lapointe ajoute: Et selon les ressources que l'on reçoit.
(17 h 15)
Mme Blackburn: Je pense que c'est au début de votre
mémoire, parlant des droits de l'élève, vous parlez des
gains que celui-ci fait, en particulier, le choix de l'école... Il y
avait deux éléments, si je me rappelle bien?
M. Bergeron: L'enseignement religieux aussi.
Mme Blackburn: Oui, de choisir l'enseignement religieux ou moral.
Mais, au sujet de ce choix de l'école et même de l'enseignement
religieux ou moral, est-ce qu'il y a effectivement une possibilité de
choix ou est-ce que le choix ou les choix sont plutôt théoriques?
J'essaie de voir le parent qui va décider, le voisin de chez nous,
d'envoyer son enfant, parce qu'il aime mieux le voisinage, à une
demi-heure ou trois quarts d'heure ou encore parce que cela lui donne
accès au service d'autobus, par exemple.
M. Bergeron: Oui.
Mme Blackburn: C'est un mille, je pense... Comment allez-vous
gérer cela? Est-ce que ce n'est pas juste théorique, plus de
l'ordre des voeux que de quelque chose de plus réalisable?
M. Bergeron: Cela nous semble une piste de travail pour laquelle
les commissions scolaires ont avantage à avoir plus d'imagination,
à être plus à l'écoute des besoins des parents. Tout
d'abord, c'est bien sûr qu'il y aura des limites géographiques
dans certains endroits du Québec qui seront vraiment contraignantes au
point de presque annuler ce privilège, mais, dans beaucoup d'autres
milieux au Québec, je pense qu'on aurait avantage... D'ailleurs, il y en
a qui se réalisent, quelques exemples trop limités à ce
qu'on entend dire. Je pense qu'on aurait avantage, comme commissions
scolaires... Nous trouvons que c'est un principe à inscrire dans la loi,
c'est un principe qui va donner une toute nouvelle obligation aux commissions
scolaires et, comme je vous le disais, va nous forcer à imaginer de
nouvelles approches. On pense que cela serait très salutaire.
D'ailleurs, il se tente quelques expériences au niveau secondaire ou
primaire. Il y en a qui appellent cela écoles internationales; d'autres
vont appeler cela sports, études, musique et cours académiques.
Il s'en tente, mais je pense que ce n'est pas assez répandu. Dans les
milieux, si on avait cette obligation, cette incitation, on pourrait
développer davantage cette formule et cela passerait d'un droit qui est
limité actuellement à un droit un peu plus répandu. Les
gens connaîtraient la couleur, les valeurs qui sont porteuses d'un projet
plus spécifique dans une école. Bien sûr qu'il y aurait des
limites dans les capacités d'inscription des écoles, on comprend
tout cela, comme les questions de transport, sauf qu'il nous semble qu'on peut
développer davantage ce type de services au Québec. C'est bien de
donner ce genre d'orientation et de ne pas nous dire comment le faire.
Dites-nous vers où on devrait aller, qu'il y ait une sorte de consensus
de société.
Mme Blackburn: En conclusion de votre mémoire, vous dites:
"Nous réitérons notre souhait que soit adopté un projet de
loi sur l'instruction publique et que ce projet ait la sagesse de ne pas
imposer aux communautés locales une seule et bonne façon de
faire." Dans sa facture actuelle, si ce projet devait être adopté,
est-ce qu'on aurait toujours besoin de commissions scolaires au Québec?
C'est vraiment la question que je me pose chaque fois, parce que je ne vois
plus ce qu'il leur reste. Quand on est en train de décider du nombre de
cadres qu'elles vont pouvoir engager, qu'est-ce qu'il reste à quelqu'un?
Qu'est-ce qu'il reste à gérer dans une commission scolaire? Je me
rappelle avoir eu longtemps le même sentiment à l'endroit des
collègues. Il reste peu ou rien à régler dans un
collège. Le directeur général applique les directives,
règles et règlements qui viennent du ministère. Cela date
d'avant le présent ministre. Cela ne s'est pas amélioré
avec lui par contre. C'est une situation qui est celle des collèges.
On sait que les collèges n'ont pas un gouvernement élu. On
peut comprendre que ce sort cela leur situation. Dans le cas des commissions
scolaires, est-ce que c'est une comédie, une farce que de maintenir un
gouvernement élu si on le vide de ses pouvoirs? La lecture du projet de
loi m'a laissé cette impression.
M. Bergeron: En réponse à votre question, je pense
que ce serait effectivement démobilisant et démotivant si le
projet de loi était adopté tel quel, dans sa facture actuelle.
Mais je pense également que l'ensemble des citoyens au Québec,
une fois la prise de conscience de la nouvelle façon de vivre faite,
aurait probablement un sursaut et devrait réclamer à court terme,
à l'Assemblée nationale, des modifications pour redonner plus de
pouvoirs aux citoyens. Nous voulons qu'une fois dans les milieux, une fois dans
la population locale, ce projet de loi manifeste l'état des bonnes
relations que le ministère de l'Éducation entretient avec les
commissions scolaires et manifeste donc une confiance dans l'institution
sociale que sont les commissions scolaires.
Je me rappelle, lors des débats sur les projets de loi 40 et 3,
qu'il y avait eu des sondages, je pense que c'est SORECOM, sur... Même si
la participation aux élections scolaires est faible, je me souviens que
la population s'était exprimée comme voulant garder sa commission
scolaire et une commission scolaire forte. I! me semblait que, comme
institution sociale, le sondage avait démontré que c'était
une institution à laquelle les citoyens du Québec tenaient.
Alors, je ne suis pas prêt à dire que, demain matin, les
commissions scolaires disparaîtraient, mais je pense que ce serait
démobilisant dans sa facture actuelle.
Mme Blackburn: Une question que vous n'avez pas abordée,
sauf tout juste effleurée, celle des structures linguistiques, les
structures confessionnelles scolaires et la possibilité, pas la
possibilité, la loi, les articles de la loi qui prévoient
l'établissement de commissions scolaires linguistiques, en même
temps que la même loi maintient le droit à la dissidence et ne
touche pas aux structures scolaires sur le territoire de la CECM, de la PSBGM
et de la Commission des écoles catholiques de Québec.
Je voudrais savoir ceci: Vous, avec l'expérience que vous avez,
est-ce que c'est "gérable" et "administrable" au Québec la
superposition de commissions scolaires? Dans le cas, par exemple, de
commissions scolaires sur la rive sud de Montréal, vous pourriez avoir
une commission scolaire française, une autre anglaise et vous pourriez
avoir une dissidente protestante française et une autre dissidente
catholique anglaise.
Cela vous donnerait, sur un même territoire, quatre commissions
scolaires. Donc, pour un enfant au moins ou pour les parents d'un enfant, il y
a la possibilité de trois choix: le partage des ressources, la taille de
ces commissions scolaires... Est-ce que c'est "gérable"?
M. Bergeron: Pour répondre à votre question de
façon brute comme cela, cela pourrait être "gérable", parce
que de la superposition, on en vit présentement, catholique-protestant.
On vivrait deux superpositions avec les linguistiques aussi. Est-ce que c'est
souhaitable? Nous nous interrogeons beaucoup, sauf que pour cet aspect du
projet de loi nous n'avions pas toute l'expertise juridique pour fouiller cela.
C'est ce qui a fait qu'on l'a esquivé. Effectivement, c'est
inquiétant. Est-ce que l'émiettement des administrations
scolaires est une bonne chose au Québec? À première vue -
là, je parle en mon nom personnel parce qu'il n'y a pas de
volonté d'association d'exprimée - cela ne m'apparaft pas
souhaitable, cet endettement; on pourrait avoir, comme vous le dites, quatre
administrations scolaires.
Sur le plan théorique, oui, cela pourrait se vivre. À
première vue aussi, quand on lit cette disposition, on se dit: Les
dissidentes, il me semble qu'il doit y en avoir suffisamment au Québec,
d'autant plus que leur taille, règle générale, est
très réduite. Juridiquement, je ne suis pas capable d'asseoir une
argumentation solide là-dessus. Alors, cela peut se vivre, mais un
éparpillement et un émiettement, cela ne m'apparaît pas
souhaitable.
Mme Blackburn: Est-ce que l'émiettement des commissions
scolaires se vit mieux du moment où elles n'ont plus de pouvoirs?
M. Bergeron: Pardon?
Mme Blackburn: En fait, c'est un peu cela. Est-ce que
l'émiettement des commissions scolaires pourrait avoir des effets
beaucoup moindres dans la mesure où elles sont ou presque sans
pouvoirs?
M. Bergeron: Cela me tenterait de laisser le ministre
répondre à celle-là!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bergeron: À votre réponse, posée comme
cela, cette hypothèse-là, je ne suis pas un politicien, je peux
répondre aux questions hypothétiques, puisque vous, vous n'y
répondez pas.
Mme Blackburn: Non, c'est juste.
M. Bergeron: À la question telle que formulée,
madame, la réponse est oui, cela se vivrait mieux si cela signifiait
presque pas de pouvoirs.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'autres
interventions?
Mme Blackburn: Est-ce que j'ai encore...
Le Président (M. Parent, Sauvé): Ah! Vous avez
encore du temps, madame.
Mme Blackburn: J'ai encore du temps! Le Président (M.
Parent, Sauvé): Ah oui!
Mme Blackburn: Alors, il n'y a vraiment pas de problème.
Je n'ai pas vu non plus dans votre mémoire de préoccupation
touchant la place de l'élève, je pense particulièrement
à ceux du secondaire. La responsabilité des commissions scolaires
ou des écoles, à savoir de favoriser rétablissement
d'associations d'élèves...
M. Bergeron: Oui.
Mme Blackburn: ...pour la défense de leurs droits, ne
serait-ce aussi que pour leur apprendre à participer? J'estime que cela
fait partie de l'éducation...
M. Bergeron: À la page 15, en bas, Mme la
députée, et à la page 16, en haut, nous exprimions que
nous favorisions une large utilisation de différents mécanismes
de consultation et, selon les milieux, la formation de conseils
étudiants. Même, on privilégie cette formule, ce
modèle de participation pour les élèves au lieu de les
associer avec des adultes de façon forcée. On pense que cette
voie est plus propice à l'expression de la volonté des
jeunes.
Mme Blackburn: Vous ne voyez pas d'avantage à les faire
siéger - à titre d'expérience pour les
élèves concernés - obligatoirement au conseil
d'orientation.
M. Bergeron: M. Lapointe veut vous faire part d'une
expérience.
M. Lapointe (Normand): Je n'ai pas eu une expérience,
c'est une conviction. Nous croyons que c'est plutôt frustrant pour deux
élèves, par exemple, dans une polyvalente de 2000 ou 2500
élèves, de devoir représenter ces élèves
dans un organisme formé d'adultes qui a ses propres
préoccupations. C'est très difficile d'établir des liens,
des communications formelles avec un ensemble de 2500 étudiants,
évidemment, pour ces représentants. Cela crée de part et
d'autre, aussi bien pour ceux qui tentent de représenter que pour ceux
qu'ils représentent, un phénomène d'impossibilité
de participation adéquate ou de se sentir partie prenante. Nous croyons,
à ce moment-là, que c'est plus sage d'avoir un mécanisme
formel qui regroupe les étudiants et de mettre en place, dans les
milieux, un mécanisme de consultation, par exemple, obligatoire
du conseil étudiant, par le conseil d'orientation, pour les
écoles de deuxième cycle du secondaire. Nous croyons que cette
association permettrait une meilleure expression des étudiants. Si vous
parlez d'enrichissement individuel des participants, cela permettra à
plus de participants de vivre une expérience enrichissante dans ce sens,
plutôt que de limiter cela à deux.
Mme Blackburn: Sur la question des enseignants, à la page
16, vous vous dites heureux de retrouver un chapitre consacré à
l'enseignant. Dans ce chapitre, on énumère un certain nombre de
devoirs, au nombre de sept. Ce qui me fait sourire, c'est qu'un de ces devoirs
pour l'enseignant est de prendre les moyens appropriés pour
développer chez ses élèves le respect des droits de la
personne. Comment peut-on faire devoir aux enseignants de développer
chez les élèves les droits de la personne dans une école,
dans une classe qui a un projet confessionnel, pour un enfant qui n'est pas de
même dénomination religieuse et qui a d'autres valeurs, d'autres
croyances?
Vous dites dans votre mémoire: Nous souhaitons cependant que
l'affirmation des droits et devoirs de l'enseignant soit faite dans un contexte
qui permette à la commission scolaire d'exercer des
responsabilités qui sont définies nommément à
l'article 211 par... l'évaluation. Une fois ces sept devoirs
définis, à la page 11, article 19, comment une commission
scolaire peut-elle évaluer la performance d'un enseignant? Dans le cas
où la démonstration qui serait faite qu'un enseignant n'aurait
pas accompli ses devoirs dans l'une ou l'autre des matières, quels sont
les recours? Ce n'est pas tout de donner des devoirs, encore faut-il se donner
les moyens pour sanctionner...
M. Bergeron: Cette partie sanction, on ne la retrouve pas dans le
projet de loi, et nous pensons que c'est heureux. On trouvait positif que l'on
reconnaisse un statut avec des droits et une partie devoirs à
l'enseignant. C'est un peu comme les chartes des droits, ces
énoncés-là. Je pense que la commission scolaire...
À moins de cas flagrants de gestes posés allant à
l'encontre de ce devoir - il faudrait que ce soient des gestes assez
spectaculaires - je pense que ce n'est pas là-dessus que la commission
scolaire devrait évaluer la performance d'un enseignant. Comme
association, on ne s'est pas attachés à cette partie concernant
toute la question des devoirs, pour dire à l'enseignant: Si tu ne fais
pas cela, c'est une façon pour nous de te traquer ou de
t'évaluer. Ce n'est pas sous cet angle qu'on voulait voir cela. On prend
cela un peu comme un code d'éthique, si vous voulez.
Il est bon que le statut professionnel de l'enseignant soit reconnu dans
nos écoles au Québec et qu'on dise que, comme
société, on fait consensus que les grands encadrements de sa
tâche, en termes de droits et devoirs, se situent autour des expressions
qu'on voit, qui nous conviennent.
(17 h 30)
Mme Blackburn: Les droits des enseignants sont relativement
limités. Ils sont limités à ceux de ne pas enseigner la
religion, d'utiliser les modalités d'intervention pédagogiques
qui correspondent aux besoins et objectifs visés par chacun des groupes,
de choisir les instruments d'évaluation qui leur sont confiés.
Alors, je pense que c'est sur cette question que vous estimez aussi avoir un
droit de regard.
M. Bergeron: Non, ce n'était pas tellement cela, Mme la
députée comme de dire: La commission scolaire qui est responsable
de l'acte pédagogique dans un territoire donné... Nous voulons
bien que les droits et les devoirs du personnel enseignant soient reconnus dans
les écoles, dans les commissions scolaires. Nous voulons aussi qu'ils
soient soumis aux encadrements de la commission scolaire parce que le sens
même de notre action, ce n'est pas l'équipement, les finances et
payer des salaires. C'est vraiment l'acte pédagogique. Et les articles
211 et 213 nous donnent l'obligation d'une commission scolaire. On veut
s'assurer que les droits des enseignants et leurs devoirs s'insèrent
à l'intérieur de cette mission qu'on a et dont on ne veut pas se
voir dépouillés. C'était simplement là-dessus qu'on
voulait attirer l'attention.
Mme Blackburn: Quels sont les pouvoirs réels de la
commission scolaire? En 211, "la commission scolaire peut adopter, par
règlement, des critères sur l'implantation de nouvelles
méthodes pédagogiques - cela va parce que cela relève de
votre responsabilité - le choix du matériel scolaire et du
matériel didactique requis pour l'enseignement des programmes
d'études officiels, des programmes d'études adoptés par la
commission scolaire. " Quel est le choix réel de la commission scolaire?
Est-ce qu'il n'y a pas, au départ, une sélection ou un choix qui
est fait par le ministère?
M. Bergeron: II y a ce qu'on appelle des manuels
agréés et je pense que, comme société, cela
convient. Règle générale, l'éventail est assez
large pour permettre aussi aux commissions scolaires d'y aller à la
suite des consultations et des analyses, des conseils de nos experts, nos
professionnels en pédagogie. Règle générale aussi,
l'approche, dans les commissions scolaires, est d'y aller dans une liste non
limitative, c'est-à-dire limitative, mais en donnant au moins un choix
à notre personnel enseignant. Encore une fois, parfois, c'est pour
respecter le projet éducatif d'une école, respecter les
orientations pédagogiques, l'évaluation, par exemple. Alors, ce
qu'on dit là-dedans, c'est qu'il est bon que ce droit-là
s'intègre aux manuels agréés par le ministère de
l'Éducation et le pendant dans une commission scolaire. Et, règle
générale, encore
une fois les commissions scolaires laissent un certain choix aux
écoles là-dedans.
Mme Blackburn: Lorsqu'on parle de gratuité du
matériel didactique, est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi on ne
considère pas les cahiers d'exercices comme étant du
matériel didactique?
M. Bergeron: Je vais vous exprimer une opinion personnelle. C'est
tout d'abord, avec les nouvelles approches pédagogiques, dans le respect
des programmes au primaire et au secondaire et tous les outils de
référence que l'on peut mettre à la disposition de nos
maîtres. Je suis de l'école et de ceux qui pensent que les cahiers
d'exercices sont inutiles, ne sont pas obligatoires, ne sont pas
nécessaires pour donner l'enseignement au Québec. Sauf que, dans
cela, il faut respecter d'autres croyances, respecter un certain rythme
d'adaptation de notre personnel enseignant dans beaucoup d'écoles. Mais
l'approche pédagogique que nous avons développée avec les
nouveaux programmes permet à des enseignants - et une très vaste
partie le réalise - d'enseigner sans les cahiers d'exercices. Et je
pense que c'est une incitation positive à une bonne dynamique
pédagogique que de dire: Les cahiers d'exercices, c'est un peu une
béquille, si vous voulez, qui n'est pas essentielle et
nécessaire. Donc, l'État ne les paie pas. Voilà
l'explication que je vous donne.
Mme Blackburn: Est-ce que les cahiers d'exercices ne sont pas en
voie d'être remplacés par les ordinateurs, finalement?
M. Bergeron: Vous avez raison. Certains logiciels font faire les
exercices pédagogiques tout à fait corrects. Mais, à tout
le moins, le logiciel n'est pas périssable de mois en mois et
année après année. On a cet avantage.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai terminé. Vous
allez me permettre de dire à M. Bergeron et aux personnes qui
l'accompagnent toute mon appréciation pour leur participation aux
travaux de cette commission. Dans les travaux des commissions, ce que j'ai pu
constater - et je dois dire que c'est la quatrième grosse commission, si
je peux m'exprimer ainsi, à laquelle je participe, depuis deux ans - et
ce que j'apprécie beaucoup, c'est que les organismes qui se
présentent nous permettent de nous rafraîchir la mémoire et
d'avoir une vision un peu plus intégrée des questions qui nous
sont présentées. Je pense que la constance dont vous faites
preuve par rapport aux revendications que vous faites et que vous avez faites
antérieurement, au moment des discussions sur les projets de loi
précédents, 40 et 3, démontre qu'en dépit des
changements qu'il a pu y avoir dans les têtes dirigeantes de l'organisme
il y a un souci constant de vous assurer qu'on vous donne les moyens de
réaliser au mieux vos obligations touchant l'éducation.
Ce qu'on oublie souvent, c'est la personne, dans une commission
scolaire, qui est constamment obligée de rendre des comptes. Je dirais
quasiment qu'il n'y en a qu'une et c'est le directeur général.
C'est la personne dont on peut remettre en question le contrat d'engagement,
les conditions d'engagement. Quand on parie d'im-putabilité et
d'évaluation, je pense que c'est vraiment le directeur
général qui en est le plus souvent et le plus
systématiquement l'objet. C'est pourquoi il faut être à
l'écoute des revendications des directeurs généraux parce
que lorsqu'ils réclament un certain... On ne peut pas leur demander
d'être "imputables" vis-à-vis de l'autorité de la
commission scolaire et du ministre s'ils n'ont pas les pouvoirs qui leur
permettent de réaliser au mieux la ou les missions qui leur sont
confiées. Je vous dirai que c'est pourquoi j'ai été assez
attentive, que j'ai lu votre mémoire avec beaucoup de soin. Encore une
fois, je vous remercie de votre participation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi.
Afin d'équilibrer le partage du temps entre les deux formations
politiques, je vais demander s'il y a une autre intervention du
côté ministériel avant de demander au ministre de conclure.
Est-ce qu'il y a une autre intervention du côté
ministériel?
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je voudrais
seulement faire une brève intervention. La compréhension que j'ai
du rapport que vous avez déposé, c'est une espèce de
remise en question des pouvoirs, le pouvoir d'arbitrage que le ministre devrait
posséder ou devrait avoir et aussi le pouvoir de planification que le
ministère de l'Éducation devrait, à mon sens,
détenir pour pouvoir planifier l'ensemble du système
éducatif au Québec. Vous arrivez avec une affirmation qui
m'intrigue. À la page 4 de votre rapport, vous dites: Aujourd'hui, les
citoyens veulent exercer, par leurs institutions locales, une influence plus
directe et cherchent à se réapproprier des
responsabilités, etc. Je voudrais savoir sur quel critère ou
encore sur quel rapport ou quel sondage vous vous basez pour affirmer cela.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Bergeron.
M. Bergeron: II faut faire référence aux
premières parties de notre texte où on part du regroupement de
parents qui géraient totalement leur système d'éducation,
pour aller à l'autre pendant de l'horloge où le ministère
ou l'État a pris davantage de place. On n'a pas d'autres sondages
scientifiques que la consultation qui a eu lieu à l'occasion du livre
vert. Je faisais référence, tantôt, au sondage SORECOM qui
a eu lieu lors de l'étude des projets de loi 40 et 3 et
à d'autres sondages publics, si vous voulez, les
assemblées générales de la fédération des
commissions scolaires ou les assemblées de cadres scolaires, de
directeurs généraux, où, de façon unanime, vous
retrouvez une manifestation. Vous avez des assemblées
générales de commissaires qui représentent beaucoup de
personnes et ces gens-là ont des mandats de leur conseil respectif
élu pour aller revendiquer ce genre de prise en charge, de prise en main
de leur gestion et de leur politique en éducation.
On n'a pas de sondage scientifique pour vous dire qu'en date du dernier
mois telle était la volonté de la population, mais il y a quand
même certaines expressions, comme je vous le dis, des différentes
associations partenaires en éducation qui le démontrent. Je pense
que la consultation sur le livre vert l'avait démontré
également, il y a une dizaine d'années. Nous pensons qu'il y a
une constante dans cela. Je ne pense pas qu'un législateur puisse nous
adresser des reproches parce que les milieux veulent être dynamiques, ont
une volonté de se prendre en main, de retrousser leurs manches et de
travailler. Si on affirmait le contraire et qu'on voulait donner tout le paquet
à Québec, vous seriez davantage inquiets.
C'est sûr que c'est le juste équilibre entre nos
revendications et certaines visées du ministère qui apportera
plus d'efficacité à nos services d'école, mais il reste
qu'on a foi en nous et on pense que le réseau a atteint, comme on le
disait, une certaine maturité. On est prêt à en prendre
davantage et, bien sûr, encore une fois, à faire une concertation
et à respecter le fait que le ministère de l'Éducation
ait, entre autres, certains grands encadrements à nous donner - on n'a
pas remis cela en cause - mais on lui demande de faire davantage confiance au
milieu. En réponse à votre question, c'est la constante qui se
dégage des dernières années, en tout cas de nos membres,
qui nous fait dire qu'on doit prendre cette expression, parce que la
consultation a été très sérieuse pour en arriver
à ce mémoire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Bergeron. En conclusion, de brèves remarques du ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Je serai très bref. Je pense que, dans
l'ensemble, il y a certains points à clarifier au sujet du partage des
responsabilités. Sur l'ensemble des autres points, je pense qu'il y a un
accord assez considérable qu'on doit souligner. Les modalités
peuvent faire l'objet de précisions ici ou là, mais, dans
l'ensemble, je crois qu'il y a une concordance très grande.
Sur la question des pouvoirs et des responsabilités, je serais
porté à proposer à votre association un double exercice
complémentaire, si vous me permettez cette suggestion.
Premièrement, si vous pouviez faire une revue de tout ce qui vient
préciser et renforcer les pouvoirs des commissions scolaires dans le
projet de loi, je pense que vous feriez un acte de vérité et de
justice qui compléterait l'examen très intéressant que
vous avez fait, mais qui demeure incomplet à mon humble point de
vue.
Deuxièmement, si vous pouviez nous adresser une note
complémentaire. Vous dites qu'il faudrait réviser les pouvoirs,
qu'il faudrait remettre des pouvoirs aux commissions scolaires. Lesquels? Il
faudrait que ce soit peut-être plus précis, parce que, dans votre
mémoire, il n'y a pas d'illustration de cela, il y a seulement des
remarques très générales et on ne peut pas
légiférer dans la généralité, il faut
légiférer autour d'objets très concrets. S'il y a des
points dans les attributions qui incombent présentement ou incomberaient
au ministre de l'Éducation ou au gouvernement dont vous êtes
convaincus qu'ils devraient être transférés aux commissions
scolaires, si vous pouviez les énumérer et dire pourquoi dans
chaque cas, je pense que cela enrichirait la discussion. Nous sommes
prêts à écouter les représentations parce que nous
n'avons pas d'autre idée faite que celle qui nous vient de
l'expérience vécue. Il est évident qu'il y a des choses
que j'ai constatées depuis deux ou trois ans que je n'étais pas
placé pour constater de la même manière auparavant. En
toute honnêteté, je suis obligé de les enregistrer. S'il y
a des points, sur ces deux questions, sur lesquels vous pouviez nous adresser
des observations complémentaires, ce serait très
intéressant.
Je rappelle en terminant, pour le service de la vérité,
que j'ai toujours dit aux commissions scolaires, depuis déjà
quatre ou cinq ans, que je ne voyais pas de grandes possibilités de
dévolution de pouvoirs du ministère de l'Éducation aux
commissions scolaires. Je l'avais dit du temps où M. Chagnon
était le président de l'association - il est maintenant
député. Les commissions scolaires venaient nous dire: On veut
avoir une dévolution de pouvoirs et je demandais: Lesquels? Je vous pose
la question encore aujourd'hui. Si vous pouviez nous transmettre un
complément de mémoire là-dessus, accompagné de
toutes les implications que vos recommandations pourraient comporter, je pense
que cela pourrait nous aider à aller plus au fond du problème,
quant à être engagé.
Cela dit, je vous remercie très cordialement non seulement de
votre mémoire, mais aussi de votre collaboration continuelle au travail
de l'éducation.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci beaucoup, M.
le ministre. Merci beaucoup, M. Bergeron. La commission permanente de
l'éducation suspend ses travaux jusqu'à 20 heures, ce soir, alors
qu'elle accueillera l'Association des directeurs et directrices d'école
de ta région 03 et l'Association des administrateurs des écoles
catholiques du Québec.
(Suspension de la séance à 17 h 44)
(Reprise à 20 h 13)
Le Président (M. Parent, Sauvé): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Si vous voulez prendre place. J'invite les membres de la commission
à prendre place. Nous accusons déjà près de onze
minutes de retard sur nos travaux. Je vous rappelle que nous avons une dure
journée demain, qui devrait normalement commencer à l'heure
juste.
La commission permanente de l'éducation poursuit ses travaux et
accueille, comme premier invité ce soir, l'Association des directeurs et
des directrices d'école de la région 03. Alors, ils sont
représentés par leur président, M. Michel Longchamps. M.
Longchamps, bonsoir, et au nom des membres de la commission permanente de
l'éducation je vous souhaite la bienvenue. Je vous remercie aussi de
venir apporter un éclairage sur le projet de loi 107.
Alors, M. Longchamps, il y a une heure qui est répartie, d'une
part, pour entendre votre mémoire et, d'autre part, pour discuter avec
vous. Nous vous suggérons une façon de procéder, mais
libre à vous de l'accepter ou de la refuser. Je veux que vous vous
sentiez bien à votre aise. Étant donné que tous les
membres de la commission ont reçu votre mémoire, et je prends
pour acquis qu'ils l'ont lu, vous pourriez peut-être en faire un
résumé ou le lire, de la façon que vous voulez.
Après cela, nous allons répartir le temps également entre
les deux formations politiques. Ce sera un moment où nous allons
discuter entre nous de l'objet des préoccupations qui sont ressorties de
votre mémoire. Alors, peut-être que vous pouvez prendre 20 minutes
pour le présenter, ou moins, et la balance du temps sera répartie
entre les membres des deux formations politiques.
M. Longchamps, avant de commencer, pour les besoins du Journal des
débats et aussi pour la connaissance des membres de la commission,
j'aimerais que vous nous présentiez les gens qui vous accompagnent et
après, enchaîner immédiatement avec la présentation
de votre mémoire.
Association des directrices et des directeurs
d'école de la région 03
M. Longchamps (Michel): Merci beaucoup, M. le Président.
Il me fait plaisir de vous présenter les membres qui m'accompagnent:
d'abord, à ma gauche, M. Robert Giroux qui est le vice-président
de notre association. Il vient de la commission scolaire de
Baie-Saint-Paul.
Une voix: Commission scolaire du Gouffre.
M. Longchamps: Du Gouffre, M. Adalbert Guay, ici à ma
droite, qui est vice-président également aux relations du
travail, qui vient de la commission scolaire Louis-Fréchette et qui
travaille comme directeur adjoint à l'école polyvalente
Benoît-Vachon de Sainte-Marie; Mme Huguette Chevalier, qui est directrice
de la commission scolaire Beauport.
Une voix: De Côte-de-Beaupré.
M. Longchamps: De Côte-de-Beaupré.
Le Président (M. Parent, Sauvé): La belle
côte de Beaupré.
M. Longchamps: La belle côte de Beaupré, et M.
Louis-Georges Héroux, qui est directeur de la commission scolaire...
Une voix: Grand-Bois.
M. Longchamps: Grand-Bois.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Alors, madame et
messieurs, soyez les bienvenus et M. Longchamps, nous vous écoutons.
M. Longchamps: Étant donné que je crains d'oublier
des points que mes membres considèrent comme importants, si vous me
pardonnez, je me permettrai une lecture.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Allez-y, soyez
bien à l'aise. Vous venez ici pour aider la commission, ce n'est pas la
commission qui est ici pour vous aider.
M. Longchamps: Nous n'avons pas la prétention de tout
régler, mais nous avons quand même le plaisir de venir vous livrer
une réflexion de nos membres, à la suite d'une vaste consultation
qui a été menée. Je dois vous dire que nous sommes
très fiers du style de consultation que nous avons menée
auprès de nos membres. Dans un premier temps, nous avons
rencontré les auteurs du projet de loi 107, du moins ceux qu'on
prétendait avoir participé à sa préparation, qui
sont venus nous expliquer l'esprit du projet de loi. Dans un deuxième
temps, nous avons rencontré les membres de notre association pour leur
faire part de l'exposé qui nous avait été livré.
Ces membres nous ont livré leur première réaction.
À la suite de cette première réaction, nous avons
préparé un avant-projet, lequel a été en
consultation, très précise, auprès de chacun de nos
membres, et le résultat de leur réflexion apparaît dans le
document que nous allons vous présenter.
L'Association des directrices et des directeurs d'école de la
région 03, représentant quelque 500 membres, tient à vous
présenter ses observations et ses recommandations à
l'égard du projet de loi 107 déposé par le ministre de
l'Éducation à l'Assemblée nationale en décembre
1987. Je crois que ce n'est une surprise pour personne de constater que les
directeurs d'école sont un peu las de discuter sans résultat, des
mêmes sujets depuis plusieurs années. On se
rappelle les délibérations et les consultations qui ont
été menées au sujet de la loi 71, de la loi 40 et de la
loi 3; maintenant, c'est le projet de loi 107. Ils ne sont pas non plus sans
inquiétude face à une remise en question de l'autonomie
nécessaire à une gestion efficace des écoles. Après
avoir été qualifiés tour à tour de "pivots du
système", de "maîtres d'oeuvre" et "d'artisans du partenariat en
éducation", plusieurs ont le sentiment que le projet de loi 107 les
réduit à un simple rôle de gérants-exécutants
d'une entreprise.
L'école qu'ils dirigent devient une entité très
contrôlée, trop bien contrôlée. On veut la
contrôler de partout: par le haut et par le bas. Par le haut, le
ministère de l'Éducation et la commission scolaire conservent
pratiquement tous les pouvoirs de décision. Par le bas, le projet de loi
impose des mécanismes qui ralentissent souvent le fonctionnement de
l'école par une politisation que l'on qualifie d'extravagante. À
notre point de vue, l'école a besoin d'être
oxygénée. Elle a besoin d'un climat de confiance qui favorise
l'atteinte des objectifs recherchés par tous les agents de
l'éducation.
Dans nos discussions, nous continuons également à nous
interroger sur les nombreuses vocations de l'école publique. On sait
qu'elle est devenue la responsable de tous les maux et de tous les
remèdes. Les directions d'école, en plus des volets
éducatifs, doivent tenir compte des volets socio-affectif et
sociocommunautaire de la clientèle provenant d'une société
qui est en constante évolution. Ils doivent aussi compenser pour les
faiblesses de la société et même de ia famille. On se pose
la question: Jusqu'où devra-ton aller?
Il est de plus en plus évident pour nos membres que
l'accroissement des difficultés connues par l'école est
Inversement proportionnel au temps que les directeurs d'école ont pu
consacrer, ces dernières années, au volet pédagogique de
leurs fonctions. Notre intervention d'aujourd'hui se veut positive dans le sens
que nous voulons une bonification, et les propositions ou recommandations que
nous faisons vont dans le sens d'une amélioration des textes qui nous
ont été déposés et sont entièrement
axées sur une amélioration possible et souhaitée de cet
environnement éducatif où se situe principalement notre action
professionnelle.
Pour faciliter l'expression et la compréhension de notre point de
vue, nous avons choisi de les Indiquer en suivant l'ordre même des
chapitres du projet de loi et de livrer, pour chacun d'eux, les observations et
les recommandations qui font consensus parmi nos membres. Ces derniers, comme
je vous le disais tout à l'heure, ont tous eu l'occasion de s'exprimer,
soit verbalement ou par écrit, sur ce projet de loi. Nous vous demandons
de considérer sérieusement les propositions des directrices et
directeurs d'école de la région 03 à l'endroit de chacun
des chapitres du projet de loi. Nos opinions manifes- tent la
nécessité d'une autonomie suffisante à l'exercice de notre
rôle. Nous voulons être dispensés de toute tracasserie
politique ou de contrôles tatillons qui sont loin de nous aider à
travailler à l'atteinte des objectifs mêmes de l'éducation
des jeunes qui nous sont confiés.
Le chapitre I du projet de loi nous apparaît bref et bien
présenté. Les changements et les précisions qu'il fournit
à l'égard de la clientèle sont clairs. Cependant, nous
recommandons que l'âge limite de fréquentation soit
précisé davantage à l'article 1. En regard des articles 14
et 15, nous recommandons que la responsabilité de la
fréquentation scolaire d'un enfant doive incomber d'abord à
lui-même et à ses parents; que la directrice ou le directeur de
l'école ait la responsabilité de contrôler l'absence des
élèves, de signaler aux parents les absences
répétées de leur enfant et de les aviser de prendre les
moyens nécessaires pour que leur enfant fréquente
assidûment l'école. Nous recommandons également que le
Directeur de la protection de la jeunesse jouisse des pouvoirs et des moyens
qui lui permettent d'agir rapidement et efficacement dans de tels cas.
Nous constatons que le chapitre II a le mérite de
reconnaître le rôle important et déterminant de
l'enseignante ou de l'enseignant dans le développement de l'enfant.
À l'article 19, 7°, nous comprenons que le législateur
confirme le droit de regard de la directrice ou du directeur d'école sur
le travail de l'enseignante ou de l'enseignant et sur la façon de
remplir ses obligations.
Nous recommandons, cependant, que l'article 16, 2° soit
complété et se lise comme suit: 2° "de choisir les
instruments d'évaluation des élèves qui lui sont
confiés afin de mesurer et d'évaluer constamment et
périodiquement les besoins et l'atteinte des objectifs par rapport
à chacun des élèves qui lui sont confiés en se
basant sur les progrès réalisés." Nous aimerions voir
ajouter: "le tout conformément aux politiques définies par la
direction d'école ou par la commission scolaire."
Nous recommandons que le deuxième paragraphe de l'article 18 soit
complété et se lise comme suit: "Le refus de dispenser
l'enseignement moral et religieux d'une confession vaut jusqu'à ce que
le directeur de l'école reçoive un avis écrit à
l'effet contraire." Nous aimerions voir ajouter: "pour l'année scolaire
suivante".
Nous accordons une très grande importance à l'ensemble du
chapitre III. Nous notons - du moins les membres nous le manifestent - une
tendance du législateur vers la politisation de cette instance qu'est
l'école. Nous constatons également qu'il est attribué
à la directrice et au directeur d'école beaucoup de fonctions,
mais qu'on lui reconnaît bien peu de droits, pas même celui de
participer au choix de son adjoint ou de son adjointe.
Nous nous opposons, comme directeurs d'école, à la
multiplication des écoles composées de plusieurs immeubles - voir
à l'article 39.
Nous exigeons que les critères de sélection établis
dans les politiques de gestion issues des règlements régissant
nos conditions d'emploi soient considérés comme suffisants pour
choisir la directrice ou le directeur d'une école. Il en va de
même concernant la nomination d'une directrice adjointe ou d'un directeur
adjoint - voir ies articles 40 et 41. Nous sommes également en
désaccord avec l'existence d'un conseil d'orientation imposé par
la loi.
À l'article 46, nous voulons signaler au législateur que
le plus beau plan d'intervention adapté à un élève
handicapé a peu de chances de réussir si ce plan ne peut
s'appuyer sur des ressources appropriées et suffisantes.
Nous sommes pleinement d'accord avec l'article 47 dont le contenu est
estimé très important et concordant avec les
responsabilités de la direction pédagogique confiées
à la directrice ou au directeur d'école.
À l'article 48, nous voulons rappeler aux auteurs du texte de la
loi que c'est l'un des rôles de la directrice et du directeur
d'école que d'assurer l'application des conventions collectives et des
règlements. À notre point de vue, on n'a donc pas à
insister sur les ressources humaines affectées à une
matière en particulier, comme l'enseignement moral et religieux. Nous
acceptons les termes de l'article 53 à condition, bien sûr, que
les fonctions déléguées ou confiées à la
directrice ou au directeur d'école soient compatibles avec sa
profession.
Nous recommandons que le deuxième paragraphe de l'article 35
précise que le rôle communautaire de l'école soit
défini par les politiques de la commission scolaire; qu'à
l'article 36 on remplace l'expression "projet éducatif' par une autre
expression pour éviter toute confusion. Aux articles 37 et 38, nous
recommandons que l'on fasse abstraction de tout ce qui concerne le conseil
d'orientation. À l'article 39, nous recommandons que le nombre maximal
d'immeubles, pour constituer une école, soit de deux. Nous recommandons
également qu'il soit spécifié que la commission scolaire
doit nommer une ou un responsable qualifié pour le deuxième
immeuble, si le ratio de la clientèle totale des deux immeubles ne
permet pas la nomination d'une directrice adjointe ou d'un directeur
adjoint.
Nous recommandons que l'article 40 soit modifié et se lise comme
suit: "Le directeur de l'école est nommé par la commission
scolaire selon les critères de sélection établis par les
règlements régissant les conditions d'emploi des directeurs
d'école." Il en va de même pour l'article 41, de façon
concordante. Nous recommandons qu'on ajoute également à l'article
41 le texte suivant: "Le directeur d'école participe à la
sélection d'un directeur ou d'une directrice adjointe", car c'est lui
son supérieur immédiat.
Nous recommandons que, dans l'établissement d'un plan
d'intervention adapté à un élève handicapé,
la consultation de l'élève ne soit pas imposée comme
condition sine qua non à l'article 46; que le deuxième paragraphe
de l'article 48 soit enlevé du texte puisque la directrice ou le
directeur d'école doit tenir compte des qualifications et de la
préparation de chacun des membres du personnel enseignant avant de
l'affecter à une matière quelconque, dont l'enseignement moral et
religieux. Par ailleurs, selon l'opinion de nos membres, le règlement du
comité catholique est suffisamment clair à ce sujet.
Nous recommandons que l'article 50 déclare ies besoins de
l'école prioritaires à toute autre utilisation; que l'article 51
fasse le silence sur l'obligation de consulter le conseil d'orientation
concernant le budget annuel de l'école; que la directrice ou le
directeur d'école soft protégé contre les poursuites en
justice pour un acte accompli de bonne foi dans l'exercice de ses fonctions;
que toute allusion au conseil d'orientation soit éliminée du
texte du projet de loi 107. Nous ne voyons pas la pertinence d'imposer ce
mécanisme par force de loi.
Nous n'avons cependant aucune objection au fait que le milieu se dote
d'un mécanisme de nature semblable à celle d'un conseil
d'orientation, lorsque le milieu en sent le besoin. Si tel est le cas, ce genre
d'organisme doit être, à notre point de vue, rattaché
exclusivement et uniquement à l'école, seule mandataire.
Nous recommandons que l'article 93 soit aboli. Il en serait de
même pour l'article 77, s'il devait demeurer. Nous ne pouvons imaginer
les circonstances où ces articles pourraient s'appliquer. Il serait
dommage, par exemple, que la pratique amène des situations
conflictuelles au sein d'un même organisme. On voit mal, par exemple, le
comité d'école poursuivre une enseignante ou un enseignant, un
directeur ou une directrice, un commissaire où même le
ministre.
Nous recommandons que les articles 94, 95 et 96 soient abolis, car nous
croyons que ces articles font l'objet de règles de gestion interne. Je
pense que toutes les personnes indiquées dans ces articles seront
toujours les bienvenues dans nos écoles.
Concernant les autres chapitres, certaines articles ont
été également analysés par nos membres et
méritent des commentaires. Nous avons cependant choisi de souligner ceux
qui ont une influence sur notre vécu.
À l'article 163, nous nous opposons à l'obligation faite
à l'exécutif de faire entériner toutes ses
décisions par le conseil des commissaires, ce qui, à notre point
de vue, alourdit la procédure.
Les articles 207 à 210 sont inapplicables dans le contexte actuel
des restrictions budgétaires. À notre avis, l'école
devrait offrir l'enseignement religieux de la majorité des
élèves qui la fréquentent.
Nous recommandons que le "peut" de l'article 161 soit remplacé
par "doit" dans le premier paragraphe. Nous considérons qu'il est du
devoir de l'employeur que de contracter une assurance-responsabilité au
bénéfice de ses employés. (20 h 30)
Nous recommandons que toutes les directrices et tous les directeurs
d'école d'une commission scolaire fassent partie du comité de
gestion de la commission scolaire par rapport à l'article 165. À
notre point de vue, ce comité ne doit pas se limiter à la
consultation. Les directrices et les directeurs d'école doivent
participer à l'élaboration des politiques de la commission
scolaire.
Nous recommandons que les directrices ou les directeurs d'école
soient représentés au comité consultatif des services aux
élèves handicapés, à l'article 167, puisque le plan
d'intervention adapté à chacun des élèves
relève de la directrice ou du directeur d'école, à
l'article 46. Aussi, que le troisième paragraphe de l'article 167 soit
aboli. L'expérience nous a démontré que les
préoccupations de ces organismes et celles de l'école sont
souvent contradictoires.
Nous recommandons que le dernier paragraphe de l'article 169 soit
également aboli. Nous ne pouvons concevoir l'application de cet article
où le comité jugerait du plan d'intervention particulier à
un élève handicapé établi par un directeur ou une
directrice d'école pour en faire rapport à la commission
scolaire.
Nous recommandons que les articles 227, 228 et 229 ne fassent pas
obligation aux directrices et aux directeurs d'école d'organiser des
services pour une clientèle autre que la clientèle
régulière de leur école; que ies articles 233 et 234 ne
fassent pas partie de la Loi sur l'instruction publique, mais plutôt d'un
règlement qui traite des conditions d'emploi de ce type de
personnel.
En guise de conclusion, nous voulons répéter au
législateur que la directrice ou le directeur d'école est
très préoccupé par l'éducation des jeunes.
L'école a besoin de ressources, c'est sûr. Elle a surtout besoin
de respirer à l'aise pour remplir le rôle qu'on attend d'elle.
Nous ne pouvons accepter qu'elle soit embarrassée par des artifices
politiques et administratifs qui, bien souvent, n'ont rien à voir avec
sa mission éducative.
De quoi les élèves ont-ils besoin? Ils ont besoin d'une
école agréable à fréquenter, agréable
à vivre, d'une école où des services sont de
qualité, d'une école où on retrouve du personnel
accueillant, ouvert, professionnel, dévoué et heureux d'y
travailler. Nous sommes convaincus que ce type d'école est
réalisable si on lui donne suffisamment d'oxygène. Ne
l'étouffons-nous pas par le souci de contrôles excessifs?
L'oxygène nécessaire à une école pourrait
peut-être se traduire par la confiance qu'on y mettrait en lui assurant
une marge de manoeuvre adéquate et en appuyant ceux qui y oeuvrent. La
clientèle ne s'en porterait que mieux dans un organisme rendu efficace
pédagogiquement.
Nous réclamons cet environnement favorable à une
école de qualité, une école basée sur la
pédagogie et non sur la politique. La directrice ou le directeur ne veut
pas être obligé de négocier avec des instances de tous
ordres les pouvoirs dont elle ou il a besoin pour assurer les
responsabilités qui lui sont confiées.
Les directrices et les directeurs d'école de l'ADER-03 veulent
clairement diriger leur école avec !a plus grande autonomie possible
à l'intérieur des cadres fixés par la commission scolaire
dont ils relèvent pour favoriser la meilleure éducation possible.
Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M.
Longchamps. Dans un premier temps, je reconnais le député
d'Argenteuil, ministre de l'Éducation. M. le ministre.
M. Ryan: M. Longchamps, il me fait plaisir de vous saluer ainsi
que la délégation qui vous accompagne. Je vous remercie des
propositions que vous apportez avec votre mémoire. J'en ai pris
connaissance avec beaucoup d'intérêt. Certaines me semblent aller
de soi et pourront sûrement être retenues.
Vous dites, par exemple, que l'exécutif de la commission scolaire
ne devrait pas être sujet à ce que toutes ses décisions
soient entérinées par la suite par le conseil des commissaires.
Cela nous a été dit à une couple de reprises
déjà aujourd'hui. Je pense que c'est un point dont le bon sens
saute aux yeux. Si le comité exécutif devait voir toutes ses
décisions soumises à la confirmation de la commission scolaire,
autant ne pas en avoir, parce qu'on double l'utilisation du temps. Je pense que
c'est une chose qui s'explique très bien.
À un moment donné, vous demandez que les directrices et
les directeurs participent à l'élaboration des politiques de la
commission scolaire et que la table de gestion dont il est question dans le
projet de loi ne soit pas simplement de consultation. Si vous relisez l'article
165 en conjonction avec l'article 52, vous allez voir que c'est exactement ce
que nous proposons. À l'article 165, c'est le moyen qui est
proposé pour permettre de réaliser la participation des
directeurs et directrices à l'élaboration des politiques de la
commission scolaire. Par conséquent, nous sommes d'accord avec vous sur
ce point et c'est bon que vous nous l'ayez rappelé.
À un autre moment, vous dites que les directeurs et directrices
d'école devraient être représentés au sein du
comité consultatif qui devra être formé auprès de la
commission scolaire pour les élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. C'est une suggestion qui a été
faite ce matin également et que je retiens avec beaucoup
d'intérêt. Je pense, étant donné les
obligations qu'on crée pour le directeur et la directrice
d'école d'établir un plan pour chaque élève en
difficulté, que le moins qu'on puisse reconnaître en retour, c'est
qu'il soit présent dans le comité qui sera chargé de
conseiller la commission scolaire en ces matières. Ce sont des exemples
que je donne, il y en a d'autres également. Pour toutes ces suggestions
qui permettront de bonifier le projet de loi 107, je vous remercie sans aucune
espèce d'arrière-pensée ou de réserve.
Il y a d'autres idées dans votre mémoire qui me
surprennent quelque peu et je vais vous demander des explications avant de vous
faire part d'une opinion, s'il y a lieu. Lorsque vous dites que vous ne
voudriez pas de conseil d'orientation dans l'écrle - ce n'est pas
exactement ce que vous dites, vous dites que vous ne voudriez pas que ce soit
prescrit par la loi - cela veut dire, si je comprends bien, que ce n'est pas
nécessairement mauvais à vos yeux, mais que vous aimeriez mieux
que ce soit décidé dans chaque endroit. Si on a dans un endroit
un directeur qui est un petit potentat, qui veut tout diriger lui-même,
qui ne veut avoir l'avis de personne, qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'il y a
vraiment des inconvénients, un danger de politisation à mettre
une formule aussi simple, aussi élémentaire dans un texte de
loi?
M. Longchamps: Concernant le conseil d'orientation, nous ne
voyons pas d'objection à ce que cela puisse exister, mais, comme bien
d'autres organismes ou structures qui peuvent être implantés, nous
pensons qu'il n'est peut-être pas nécessaire d'imposer des choses
par la loi. Le conseil d'orientation est un moyen, mais peut-être y
a-t-il autre chose que les milieux pourraient se donner pour atteindre les
mêmes objectifs ou fonctionner un peu mieux. À notre point de vue,
le conseil d'orientation, pour vous traduire le plus simplement possible
l'opinion de bien des gens, nous paraît comme une minicommission scolaire
rattachée aux écoles. Il y a des pouvoirs qui sont donnés
au directeur d'école, mais on dirait qu'on regrette un peu de les lui
avoir donnés. On se donne toutes sortes de mécanismes par en
arrière. Par exemple, en matière de budget, il faut aller au
conseil d'orientation. Cela nous paraît comme une duplication.
Nous croyons qu'il est important - et on y croit sincèrement -
que l'école puisse avoir un dialogue avec son milieu. Je pense que
personne ne va le contester. Mais est-ce qu'on doit implanter ce dialogue par
force de loi? Nous ne pensons pas, en tout cas, pour le peu de contact ou du
moins les contacts que nous avons assez fréquemment, que les parents
désirent absolument administrer l'école. Nous pensons que les
parents sont drôlement intéressés à pouvoir
influencer la vie de l'école et les orientations de l'école. Ils
sont intéressés à avoir de l'information de
l'école, mais, à notre point de vue, nous ne pensons pas qu'ils
soient intéressés nécessairement à administrer
l'école.
Si on prend seulement un exemple, l'aspect des budgets ou encore
l'aspect des règlements disciplinaires, mettez-vous dans la peau d'un
directeur d'école et regardez ce qu'il faut faire pour faire adopter un
règlement disciplinaire dans une école. Les conventions
collectives vous obligent à consulter chacune des parties, chacun des
secteurs du personnel concernés, les enseignants, les professionnels
dans l'enseignement. Si vous êtes dans une école secondaire, je
pense qu'il va de soi que vous consultiez également le conseil
étudiant. Il y a le comité d'école. Ensuite, il faudrait
soumettre tout cela au conseil d'orientation. De là, il faudrait
soumettre cela à la commission scolaire pour fins d'approbation.
On pense qu'il y a moyen d'avoir des moyens, des mécanismes et
des structures en ce qui concerne chacune des écoles qui permettraient
la participation des parents, mais pas nécessairement un article de
loi.
M. Ryan: Vous voudriez qu'on recule par rapport à la loi
actuelle. Dans la loi actuelle, il y en a déjà des
mécanismes qui sont prévus. Le comité d'école,
c'est prévu.
M. Longchamps: Les comités d'école, on n'en parle
pas. Si vous avez remarqué dans notre mémoire, nous ne parlons
pas des comités d'école, parce que nous sommes d'accord. Disons
que c'est une réalité avec laquelle nous composons
présentement. Je pense qu'il faut un mécanisme. Maintenant,
est-ce qu'un milieu ne pourrait pas se donner quelque chose d'autre ou la
même chose, mais sur une base volontaire à partir de besoins
ressentis dans le milieu?
M. Ryan: Seulement une autre question, si vous me le permettez.
Vous dites que des dispositions prévoyant une certaine contribution de
l'école à la vie communautaire devraient être
enlevées du texte de loi. Cela ne devrait pas concerner le directeur ou
la directrice de l'école. Pouvez-vous m'expliquer votre position? Cela
m'étonne un petit peu.
M. Longchamps: Concernant les services communautaires, bien, nos
membres craignent que, par l'article du projet de loi tel que défini,
ils ne deviennent un peu les responsables d'à peu près tout ce
que la communauté ne veut pas avoir. Nous avons connu
l'expérience des garderies. Est-ce qu'on devra devenir tantôt les
directeurs des loisirs de la municipalité? Alors, les réflexions
vont jusque-là, dans le sens où nous ne connaissons pas la
portée du texte de loi et où nos directeurs d'école
considèrent qu'ils ont une charge suffisamment lourde sans avoir
à se préoccuper de tous les autres problèmes municipaux ou
sociaux que la société voudrait donner à l'école.
On pense que notre devoir,
notre travail en ce qui concerne l'éducation est suffisamment
lourd dans le cadre actuel.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions du côté ministériel? M. le
député de Charlevoix, excusez-moi.
M. Bradet: Merci, M. le Président. Alors, permettez-moi,
M. le Président, de saluer de mes commettants, de vous saluer tous,
messieurs, mais particulièrement les gens de la côte de
Beaupré. Vous devez savoir que Charlevoix n'est pas seulement reconnu
pour la qualité de son tourisme, mais aussi pour l'excellence de
l'éducation qu'on y donne. Nos élèves sont toujours bien
cotés quand ils viennent ici à Québec. Quant à M.
Giroux, je n'ai pas besoin de vous dire que j'ai un lien direct avec lui, c'est
le directeur de mon épouse. Je vais faire attention à mes
questions, M. Giroux.
Une question générale. À la page 2 de votre
mémoire, vous dites, au deuxième paragraphe: "Nous continuons
à nous interroger sur les nombreuses vocations de l'école
publique. Elle est devenue responsable de tous les maux et de tous les
remèdes." Vous continuez en parlant au volet socio-affectif et de la
direction d'école, etc. Comment conciliez-vous cela avec le fait que,
quand on regarde les résultats des examens du ministère, on
trouve à peu près le contraire, c'est-à-dire que les
élèves de l'école publique y réussissent bien? Cela
devrait plutôt être le contraire.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Monsieur.
M. Longchamps: Je dois dire que je trouve votre intervention
très intéressante, je suis un des défenseurs de cette
théorie, parce qu'elle se traduit concrètement dans la pratique.
Je dois dire que l'école publique reçoit actuellement de
très bons élèves et ces très bons
élèves font leur marque. On n'a qu'à faire le suivi, comme
on l'a fait dans notre milieu, au niveau collégial et on voit les
résultats qui sont très probants. Vous admettrez également
que l'école publique n'a pas le choix de sa clientèle, elle
reçoit les enfants de la société. Dans notre
société, vous comprendrez facilement que nous en avons de toutes
les gammes et de toutes les couleurs. C'est clair, pour moi en tout cas, que
l'école publique a le mérite de pouvoir traiter avec le plus
d'efficacité possible tous les élèves qui lui sont
présentés. C'est vrai que des élèves de
l'école publique réussissent très bien aux examens du
ministère, j'en conviens, mais nous avons aussi, II faut l'admettre, des
élèves qui y réussissent moins bien, parce qu'ils n'ont
peut-être pas eu l'avantage d'avoir les mêmes qualités que
ceux qui y réussissent très bien.
Lorsqu'on parle de toutes les vocations, en fait, je pense qu'il n'y a
de cachette pour personne. Ce qu'on veut dire, c'est que, dès qu'il y a
un problème, il y a une tendance à s'orienter vers l'école
pour sensibiliser les gens, qu'il s'agisse de l'éducation sexuelle,
qu'il s'agisse de tout ce que vous voudrez. De toute façon, dans nos
remarques, on fait allusion beaucoup plus aux conclusions des états
généraux, lorsqu'on a parlé de l'école fourre-tout
à un moment donné.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
député de Charlevoix. (20 h 45)
M. Bradet: Une autre question, M. le Président. Vous
comprendrez que je vous pose une question sur le volet enseignant. À la
page 5, vous dites: "nous comprenons que le législateur - au
deuxième paragraphe - confirme le droit de regard de la directrice ou du
directeur d'école sur le travail de l'enseignante ou de l'enseignant et
sur sa façon de remplir ses obligations." Est-ce que vous sentez, vous
de votre groupe, que, de plus en plus, il y a une demande de souplesse face aux
enseignants? C'est-à-dire que le corps enseignant vieillit. On dirait
qu'il est un peu démotivé. Très souvent, quand on
rencontre des enseignants, ils nous disent: C'est de moins en moins souple dans
nos écoles. Est-ce que ce sont seulement des contraintes syndicales? Si
on veut donner cet enseignement de qualité, d'abord, l'enseignant doit
être heureux dans son milieu.
Est-ce que vous sentez, partout dans la région 03, qu'il y a de
moins en moins de souplesse et qu'il y a beaucoup plus de critères, de
minutes ou de choses comme celles-là qui enlèvent à
l'enseignant son professionnalisme?
M. Longchamps: Nous sommes très convaincus qu'un bon
enseignant est un enseignant heureux de faire son travail. À ce
moment-là, si l'enseignant est heureux de faire son travail, normalement
- en tout cas, les enseignants que l'on connaît ne comptent pas leur
temps de façon générale. Mais je crois personnellement que
les enseignants ont cessé d'être heureux, comme n'importe quelle
personne, quand ils ont commencé à compter. Le riche n'est jamais
assez riche, etc. Je pense que c'est un peu un malheur. Et je vous assure,
lorsqu'on vient pour faire la distribution des tâches des enseignants au
début de l'année et qu'on est obligé de compter cela en
minutes, qu'il faut le faire. Je trouve que cette comptabilisation est une
chose pénible.
Maintenant, vous dites: Est-ce qu'ils manquent de souplesse?
Peut-être. Mais il faut dire qu'on a des gens qui commencent à
être essoufflés aussi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci. Alors je
vais maintenant reconnaître le porte-parole officiel de l'Opposition en
matière d'éducation, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. Longchamps,
madame, messieurs, il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue au nom de
l'Opposition officielle et de vous remercier aussi d'avoir bien voulu
participer aux travaux de cette commission parlementaire. Les directeurs
d'école sont les personnes les plus près de l'action, mais les
enseignants demeurent vraiment les plus proches.
J'ai remarqué un certain nombre de choses dans votre
mémoire que j'ai lu avec attention. Vous qualifiez le rôle qui
vous est confié par le projet de loi 107, vous dites qu'il vous
réduit au simple rôle de "gérants-exécutants". Par
ailleurs, j'ai aussi l'impression que cela réduit les enseignants
à un rôle d'exécutants dont les qualités
professionnelles ne sont pas nécessairement utilisées comme on le
fait généralement ou comme on le reconnaît dans d'autres
types de professions.
Dans votre conclusion, vous parlez de conditions qui permettraient
à l'école de retrouver un second souffle, si je peux m'exprimer
ainsi, en demandant qu'on lui donne suffisamment d'oxygène et qu'on ne
l'étouffe pas par un souci de contrôles excessifs. Je pense que je
partage tout à fait votre avis là-dessus.
Par ailleurs, il y a un certain nombre de points qui ne laissent pas de
m'étonner et vous allez me permettre de les souligner. Le ministre en a
souligné quelques-uns et je vais me permettre de poursuivre
l'énumération. Vous dites que l'école ne devrait pas avoir
à s'occuper de la vie communautaire. Vous dites - là, je ne les
ai pas pris vraiment dans l'ordre et au fur à mesure que vous les
présentiez - l'enseignement religieux ou moral, non. À ceux qui
sont à l'école, on doit donner l'enseignement religieux de la
majorité de tous ceux qui sont à l'école. Pas de conseil
d'orientation imposé. Quant aux handicapés, vous dites qu'il est
inutile de consulter l'élève. Ne pas être tenus d'organiser
des services pour d'autres clientèles que la clientèle
régulière de l'école. Évidemment, on ne vous a pas
non plus entendu soulever la question de l'obligation qui était faite
antérieurement aux directeurs d'école de mettre en place des
services de garde pour leur clientèle.
Vous allez me le pardonner certainement, mais, quand je reprends ces
arguments-là, cela ressemble à une école de huit à
quatre. Cela ressemble à une école qui ne laisse pas
l'oxygène entrer, précisément comme vous le
réclamez. Cela ne laisse pas de m'étonner, ce discours qui parle
d'oxygéner l'école en lui laissant plus de
responsabilités, plus de marge de manoeuvre et, en même temps, qui
vient réduire l'implication sociale de l'école et de son
directeur.
M. Longchamps: Quand vous dites que nous ne voulons pas de vie
communautaire, je pense que vous... En tout cas, nous n'avons pas
été aussi loin. Nous sommes prêts à aller au niveau
de la vie communautaire; d'ailleurs, cela se fait quotidiennement. Il est
difficile d'avoir une école dans un milieu sans qu'il n'y ait
implication. Ce que nous craignons par rapport au projet de loi 107, c'est
qu'on ne nous fasse l'obligation de devenir responsables de tout ce que la
société voudrait verser à l'école. Cela me
surprendrait qu'un directeur d'école puisse diriger une école
sans avoir une implication dans son milieu.
Vous dites aussi que nous demandons d'enseigner la religion de la
majorité à tout le monde. Je crois que la signification de ceci
est un peu différente pour nous, en ce sens que nous disons que nous
devrions offrir l'enseignement religieux à la majorité, mais, par
contre, on sous-entend que ceux qui ne sont pas de cette dénomination
religieuse, selon les règlements qui sont en vigueur, ont droit à
l'enseignement moral et peut-être nous ne devrions pas être
obligés d'organiser des cours de religion pour chacune des
dénominations religieuses. S'il y a un élève d'une
dénomination religieuse différente, est-ce que nous devrions
être obligés d'organiser les ressources? Nous disons que nos
ressources présentes ne nous le permettent pas.
Concernant les élèves handicapés, j'apprécie
que vous me donniez l'occasion de concrétiser ou de préciser
notre pensée. Nous ne disons pas que nous ne voulons pas consulter les
élèves handicapés, mais nous disons que nous ne voyons
pas, dans certaines circonstances, la possibilité de le faire. Il y a
des élèves handicapés qui ne sont à peu près
pas capables d'être consultés. C'est dans ce sens-là.
Autrement dit, nous sommes d'accord pour les consulter lorsqu'il y a
possibilité, mais lorsqu'il y a vraiment impossibilité...
Mme Blackburn: D'accord pour cela.
M. Longchamps: D'accord?
Une voix: Cela nuance notre propos.
M. Longchamps: Je vous en remercie. Quand vous nous dites qu'on
ne veut pas amener de l'oxygène à l'école, je pense qu'on
peut le faire, mais peut-être que, tantôt, il faudra penser
à des ressources parce que 24 heures dans une journée, c'est vrai
pour un directeur d'école comme pour d'autres types de personnel. On a
beau être beau, fin et s'appeler directeur d'école en même
temps, mais, à un moment donné, trop c'est trop.
Mme Blackburn: Je termine ma question sur les articles 207
à 210 touchant l'enseignement religieux. J'ai probablement mal compris
votre texte. Je le relis: "Les articles 207 à 210 sont inapplicables
dans le contexte actuel des restrictions budgétaires. L'école,
à notre avis, devrait offrir l'enseignement religieux de la
majorité des élèves qui la fréquentent. " La
compréhension que j'en avais, c'est que tout le monde, veux, veux
pas, était soumis au même enseignement religieux et je
trouvais cela un peu excessif.
M. Longchamps: Vous avez raison sur le texte. Je vous donne
raison là-dessus, mais notre pensée ne se traduit pas de cette
façon.
Mme Blackburn: Très bien. Concernant les devoirs des
enseignants, vous insistez sur le septième de ces devoirs que je
trouvais un peu énorme. Il y a une petite note que j'avais prise
à côté de ce septième devoir: L'enseignant a comme
devoir, alors qu'on sait qu'il n'a pas beaucoup de droits autres que ceux
d'enseigner et de choisir sa méthode pédagogique, "d'appliquer
les décisions et les règlements du gouvernement et du ministre,
de la commission scolaire, du conseil d'orientation et du directeur de
l'école". Cela fait bien du monde. J'imagine que l'enseignant qui
voudrait se tenir informé des décisions et des règlements
de tout ce beau monde passerait une partie de son temps, le matin, juste
à relire ce qui s'est décidé la veille à la
commission scolaire, la veille au conseil d'orientation, et à essayer de
décoder dans les journaux ce que le ministre a pu décider. Cela
ne vous apparaît-il pas énorme?
M. Longchamps: C'est vrai que cela fait beaucoup de monde. Je
vous le concède, cela fait beaucoup de monde pour un seul
enseignant.
Nous pensons que l'enseignant doit être maître dans sa
classe et que l'intervention qu'il doit faire est très importante. C'est
sûr qu'ii faut lui laisser une marge de manoeuvre. Quand on parle de
règlements, cela paraît beaucoup: règlements du ministre,
règlements de la commission scolaire, règlements du directeur
d'école, mais il faut comprendre que, dans l'école, tous ces
règlements apparaissent dans une règle générale. On
n'a pas d'un côté le règlement du ministre et à
côté de ça le règlement de la commission scolaire et
le règlement du directeur. Habituellement, nous avons une règle
de conduite qui synthétise l'ensemble de ces choses.
Mme Blackburn: Je n'ai pas essayé de faire l'exercice,
mais qu'est-ce que cela pourrait représenter? Prenez quelqu'un qui a
dans sa classe, dans une école reconnue confessionnelle - projet
catholique, selon la définition qu'en donne le comité catholique,
donc, dont le projet s'inspire des valeurs de la morale catholique - des
enfants de d'autres dénominations religieuses et quelques enfants
handicapés et vous vous retrouvez déjà avec une multitude
de règles et de règlements qui touchent ces quelques
élèves, puis vous avez une majorité, évidemment,
catholique, et vous demandez à l'enseignant de tenir compte de tout cela
à la fois. Je me demande si cela valait d'être inscrit
là-dedans ou s'il ne fallait pas faire un peu plus confiance au sens
commun et au professionnalisme des enseignants. La gamme de devoirs qui sont
indiqués comme étant les devoirs de l'enseignant, on aurait
quasiment pu la donner aussi au directeur général en disant: II a
la responsabilité de s'assurer que, il a la responsabilité de -
je pense toujours au troisième devoir - prendre les moyens
appropriés pour développer chez les élèves le
respect des droits de la personne. Comment est-ce possible, dans une
école commune, religieuse, confessionnelle? Le fait que personne ne
souligne qu'on fasse obligation ou qu'on donne un certain nombre de devoirs
à l'enseignant qui, pour une partie d'entre eux, semblent aller de soi,
c'est qu'on ne fait pas confiance à son professionnalisme pour
être capable, par exemple, de contribuer à la formation
intellectuelle et au développement intégral de la
personnalité, de développer chez chaque enfant qui lui est
confié le goût d'apprendre. Un professeur qui ne donne pas le
goût d'apprendre à ses enfants n'est pas à sa place. On
n'avait pas besoin de l'écrire dans une loi, non?
M. Longchamps: Comme directeurs d'école, nous n'avons pas
beaucoup creusé le chapitre des enseignants, tout comme nous n'avons pas
beaucoup creusé celui de la participation des parents ou d'autres, parce
que nous nous sommes dit que ces gens-là auront la possibilité de
se présenter. Par contre, les allusions que nous faisons concernant
l'article 19.7 sont pour demander une confirmation du rôle de superviseur
pédagogique qui nous est alloué. Nous avons beaucoup investi au
Québec dans la supervision pédagogique et nous pensons que cela
devrait apparaître dans le projet de loi 107. Par ailleurs, je dois vous
dire, Mme Blackburn, que je partage votre opinion en très grande
partie.
Mme Blackburn: D'accord. A la page 7 de votre mémoire,
vous dites: "Qu'à l'article 36 on remplace l'expression "projet
éducatif' par une autre expression plus significative, évitant
ainsi toute confusion." À quoi pensez-vous?
M. Longchamps: Cela fait des années qu'on parle de projet
éducatif et, chaque année, il y a une signification
différente. Ce serait peut-être intéressant qu'on pense
à autre chose, peut-être à un plan d'action, à un
projet d'école, à quelque chose qui ait une consonnance
différente. Vous admettrez que, dans le milieu, "projet
éducatif', ce sont des mots qui commencent à être
brûlés, si vous me permettez l'expression.
Mme Blackburn: En page 9 de votre mémoire, à
l'avant-dernier paragraphe, vous dites: "Que la directrice ou le directeur
d'école soit protégé contre les poursuites en justice pour
un acte accompli de bonne foi dans l'exercice de ses fonctions." Par ailleurs,
vous demandez de remplacer le "peut" au premier paragraphe de l'article 161 par
"doit", afin que l'employeur puisse contracter une
assurance-responsabilité au bénéfice de ses
employés.
(21 heures)
Si cette assurance-responsabilité existe déjà comme
cela pour les enseignants, pourquoi demander une telle protection? Est-ce que
cette protection contre les poursuites en justice pour un acte accompli de
bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions ne devrait pas s'étendre
à ce moment-là à tout le personnel, y compris les
enseignants?
M. Longchamps: C'est que nous avons remarqué, lors de
notre étude du projet de loi, qu'on parlait effectivement de tous les
autres catégories de personnel sauf du personnel de direction en ce qui
concerne cette protection.
Mme Blackburn: Les enseignants également? Je n'ai
pas...
M. Longchamps: Oui. Mme Blackburn: Oui?
M. Longchamps: On parle du personnel. En tout cas, je ne
relève pas les articles. On parle des comités d'école, des
conseils d'orientation. Il me semble qu'il y a aussi le personnel
enseignant.
Mme Blackburn: II me semble qu'on parle des comités:
comité consultatif, comité d'orientation, comité des
commissaires et ainsi de suite, mais pas du personnel.
M. Longchamps: En tout cas, nous avons remarqué que nous
avions été oubliés à ce sujet-là.
Mme Blackburn: D'accord.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Y a-t-il d'autres
questions de la part de l'Opposition?
Mme Blackburn: Oui. En page 10, quand vous demandez l'abolition
de l'article 93 et également de d'autres articles qui sont de la
même eau, vous dites que vous ne pouvez pas imaginer les circonstances
où ces articles pourraient s'appliquer. J'allais dire un peu
naïvement que, s'il n'y a pas de circonstances où cela pourra
s'appliquer, ce n'est pas dangereux de le laisser.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Longchamps: Dans le sens que nous voyons très
difficilement... Je pense que c'est sûr qu'il pourrait y avoir des
circonstances. On pourrait en créer, mais on ne voudrait pas voir
apparaître ce genre de choses.
Mme Blackburn: En page 12, parlant de l'article 167, vous dites:
"Que le troisième paragraphe de l'article 167 soit aboli. L'expé-
rience nous a démontré que les préoccupations de ces
organismes - ce sont ies organismes de personnes handicapées - et celles
de l'école sont souvent contradictoires." Je n'ai pas très bien
compris le sens de votre "contradictoire". J'imagine que tout le monde veut le
bien de l'élève, de l'enfant handicapé.
M. Longchamps: Oui, mais les préoccupations ne sont pas
les mêmes dans le fond. Si on regarde, par exemple, les organismes comme
l'OPHQ, les CSS ou les CLSC, ce sont tous des organismes utiles. Je dois le
dire, je dois admettre qu'ils sont utiles, parce qu'ils apportent une aide, ils
apportent des ressources favorables au bien de l'enfant handicapé. Mais
vous admettrez avec moi que la préoccupation de ces organismes est
beaucoup plus vers l'intégration sociale que vers la formation
intégrale, dans ce sens qu'ils sont beaucoup plus
préoccupés par l'intégration sociale des
élèves que par la formation socio-affective, intellectuelle,
morale, physique, etc. C'est une remarque que nous ont faite nos membres.
À ce sujet, nous disons qu'on devrait apporter des
précisions dans le sens de dire que ces organismes sont utiles et qu'on
croit à leur valeur, mais que, peut-être on pourrait les consulter
sur appel. Question d'ordre pratico-pratique, on se demande comment tous ces
organismes vont pouvoir siéger à toutes les commissions scolaires
du Québec. Est-ce une chose concevable avec le temps et les ressources
dont ils disposent?
Mme Blackburn: Pourtant, le paragraphe 3 est assez large: "de
représentants des organismes qui ont une expérience dans la
prestation de ces services, désignés par le conseil des
commissaires après consultation de ces organismes." On peut penser qu'il
y en aura un de représenté, deux peut-être dans certaines
commissions scolaires, de tous les services y compris hospitaliers, d'accueil
et ainsi de suite. L'impression qui se dégage de votre mémoire,
je ne crois pas que ce soit votre volonté, mais c'en est une plus de
fermeture. Sur les contrôles, je pense que je vous donne raison, je vous
l'ai dit tantôt, mais tout ce qui touche la consultation semble
être évacué.
M. Longchamps: C'est que, dans notre tâche de tous les
jours, si on faisait la consultation telle que souhaitée par tous et
chacun, on ne ferait pratiquement que cela. Cela devient lourd à la
longue. On croit à la consultation, mais on se demande s'il n'y aurait
pas moyen de simplifier. C'est tellement réparti et tellement
éparpillé. Les enseignants veulent être consultés,
les parents veulent être consultés, les PME veulent être
consultées, les employés de soutien veulent être
consultés, on n'en finit plus. Si, en plus, il faut consulter les
organismes extérieurs...
Mme Blackburn: Une toute dernière question. Vous dites
qu'il ne faudrait pas plus de deux établissements pour constituer une
école, mais je pense à cette question. Je pense à des
situations dans mon comté où vous avez une petite école
qui est à 22 milles, une trentaine de kilomètres de sa voisine et
aux parents qui ont des besoins, ont une attente particulière à
l'endroit de cette école. Ne devrait-il pas y avoir aussi un
comité ou deux comités pour une même école, par
exemple?
M. Longchamps: Nous n'avons pas d'objection à cela.
Remarquez bien que cela suppose des rencontres en double, mais ce que nous
disons, c'est ce que nous voulons éviter, parce que le texte de loi est
très large. Celui-ci peut même vouloir dire, à la limite,
qu'une commission scolaire pourrait nommer une école pour l'ensemble de
ses immeubles. Il n'y a aucune restriction dans le fond. Nous nous disons, s'il
y a deux bâtisses ou deux immeubles, comme vous dites, par exemple, et il
y a beaucoup de directions d'école surtout dans les parties rurales qui
ont à administrer deux immeubles aussi distants que ceux que vous
mentionnez, qu'il faut penser au temps que ces personnes doivent mettre sur la
route: Elles ne sont pas dans les écoles pour donner le service qu'elles
doivent donner. Si on va au-delà de deux écoles, ces personnes ne
vont faire que passer à vol d'oiseau et les gens, à notre point
de vue, ont droit à des services de qualité. Ce n'est pas parce
qu'ils sont dans une petite école qu'ils doivent se priver des services
de supervision pédagogique adéquats.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Je vous remercie,
M. Longchamps. Mme la députée en conclusion.
Mme Blackburn: Oui, en conclusion, je dois dire que je partage
assez votre avis là-dessus. Il ne faudrait pas multiplier le nombre
d'établissements pour une même école, parce que cela pose
vraiment des problèmes de rapports et de contacts entre les
différents groupes de personnel et parce que les besoins, les attentes
des écoles varient selon les milieux. Écoutez, je conclurai
là-dessus en vous remerciant à nouveau de votre participation
à cette commission parlementaire. Je dirais que le complément
d'information que vous nous avez donné nous permet de faire une lecture
un peu plus juste de votre mémoire et de vos attentes. Je vous
remercie.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant le ministre de
l'Éducation pour la conclusion au nom de sa formation politique. M. le
ministre.
M. Ryan: Brièvement. Je vous remercie tout d'abord au nom
de i'équipe ministérielle, mais franchement je conserve
l'impression que vous êtes un peu trop conservateurs sur la question des
comités de travail, cela bien simplement. Je pense qu'on doit tous
s'attendre à travailler avec des comités aujourd'hui. C'est comme
cela que cela se fait partout. La fonction de directeur d'école, c'est
une fonction qui a un caractère politique aussi. Qu'on le veuille ou
non, c'est une fonction qui est conférée par un corps politique
qui s'appelle la commission scolaire. Il y a cette dimension-là. On ne
peut pas en faire abstraction, à mon point de vue. Sur les
modalités, on peut discuter à l'infini. On en propose un minimum.
Il n'y en a qu'une qui est obligatoire dans le projet de loi au niveau de
l'école, le conseil d'orientation qui permet de faire la
synthèse.
La question, c'est toujours: II y a bien des écoles et on n'a pas
besoin de loi là-dessus, c'est entendu. Il y en a d'autres où on
en a besoin, parce qu'il ne se ferait rien. Je vous ai posé la question
tantôt sur cela et je n'ai pas eu de réponse claire. Nous autres,
il faut que nous pensions à l'ensemble. Il y a celles qui marchent
très bien. Parfois, elles vont en avoir deux, trois comités et
elles vont les faire fonctionner très bien. À la commission
scolaire, je crois qu'on ajoute deux comités, en fait.
L'exécutif, cela existe déjà dans la plupart des endroits.
La table de gestion, cela existe déjà dans la plupart des
endroits. On ajoute un comité pour les élèves en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. Je pense que tout le monde
convient que c'était assez nécessaire d'avoir un comité
comme cela au niveau de la commission scolaire. On en ajoute un pour les
questions de transport. À part cela, y en a-t-il un autre? S'il y en a
trop... Si vous me disiez: Celui-là n'est pas nécessaire, cela va
ennuyer tout le monde, cela ne produira rien. Là, je vais être
influencé. Mais on a essayé de réduire cela au minimum
encore une fois et, s'il y en a trop, faites-nous la preuve que l'un ou l'autre
n'est pas nécessaire et, moi, cela va me faire plaisir de le faire
disparaître, parce qu'on a essayé de réduire cela au
minimum. Si vous regardez le projet de loi 107 comparativement à la loi
3, il y en a déjà beaucoup moins. Dans la loi 3, il y en avait
moins que dans la loi 40. On s'en va dans la bonne direction, mais il ne
faudrait pas qu'on arrive à zéro, parce que là on
retournerait à l'âge prédiluvien.
Merci beaucoup. C'est très agréable de vous avoir
rencontrés, parce que vous venez du champ directement. Je pense que vous
nous apportez des aperçus fort utiles sur beaucoup de sujets. Merci
beaucoup.
M. Longchamps: Au nom des membres, nous tenons à remercier
les membres de la commission parlementaire pour l'honneur que vous nous avez
accordé de venir vous traduire l'opinion de nos membres. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Parent, Sauvé): L'honneur fut pour
nous, M. le président. Bon voyage de retour et merci beaucoup.
J'inviterais immédiatement l'Association des administrateurs des
écoles catholiques du Québec à occuper les places qui sont
actuellement occupées par l'Association des directrices et des
directeurs d'école de la région 03. Nous allons
immédiatement enchaîner avec l'audition de son mémoire.
À l'ordre, s'il vous plaît!
J'invite les membres de cette commission à prendre place et
j'invite aussi, par le fait même, les représentants de
l'Association des administrateurs des écoles catholiques du
Québec à prendre place. L'association est
représentée par M. F.L. Tomei, qui en est le président. Il
est accompagné par M. Anthony Buccongello, qui est membre de
l'Association des administrateurs des écoles catholiques du
Québec. M. Tomei, bienvenue. Il me fait plaisir de vous accueillir
à cette commission parlementaire. Do you speak French or do you prefer
to speak English?
Association des administrateurs des écoles
catholiques du Québec
M. Tomei (Fred): We are going to present our brief in English but
should you wish to ask your questions in French, we should be able to handle
them.
Le Président (M. Parent, Sauvé): D'accord.
Monsieur, la commission va vous consacrer une heure. Les membres ont pris
connaissance de votre mémoire. Alors, nous vous suggérons de nous
en faire une brève présentation et après cela, le reste de
la période sera consacré à une discussion entre vous et
les membres de la commission et le temps sera réparti également
entre les deux formations politiques. M. Tomei, nous vous écoutons. (21
h 15)
M. Tomei: Merci. Our association, by definition, is an English
Catholic association of administrators. Therefore, the major thrust of our
brief is to measure the bills, both 106 and 107, against the concerns of our
community. We wish, first of all, to thank the parliamentary commission and the
Assembly for this opportunity to be here to present our views.
The views of the association have been placed in brief and it is not my
intention to read that brief nor to speak entirely to both bills, but to mainly
highlight the areas that are of major concern to us. What we are directly
concerned with is making certain that our constituency, that is the students,
the parents, the administrators and teachers of the English Catholic community,
are well represented by our views. For that end, I think, throughout the entire
brief, we wish to make note of the following points.
The role of the principal as defined in Bill 107 is first and foremost
as a pedagogical leader. Yet we feel that the number of committees which the
principal must attend to, the demands which are made upon his ime both in terms
of pedagogy, costodial, guardianship of his building, the presence on all
committees both within and outside the school and at the board level, do in
fact sap his strength and begin to immobilize him in terms of his operational
leadership.
We wish the committee would take a closer look at the demands that are
presently made upon the principal. We wish that an evaluation, both of his time
and of his competence, be regarded in terms of what he has to do to exercise
pedagogical leadership.
We are more than concerned with the confessional ity of the schools,
both prior to and after the establishment of the proposed language boards. As
English Catholics, we are quickly coming to the conclusion that we are being
forced to make a choice between our language and our religion, that the option
of maintaining both might, in fact, be a luxury that may not be afforded to
us.
We are particularly concerned, prior to the establishment of linguistic
boards, with Section 6 of Bill 107 which, in essence, in our estimation,
permits any school board and any school to, in fact, advertize itself as being
available to any denomination of students. The end result of this cannot be the
establishment of a confessional board. While we may full be arted by endorse
the Minister's thrust to establish linguistic boards with confessional
guarantees, we find that sections like Section 6 will inevitably create
possibly linguistic boards de facto, but in fact not provide for the
confessional guarantees that we find most necessary.
The ententes which accompany Section 6 and elsewhere in the Bill purport
to allow students who are normally Catholic to be absorbed into language
boards, into English schools and to receive religious instruction. We maintain
that a two or three-period week of 50 minute periods of instruction in religion
do not constitute religious instruction, do not create a religious milieu where
the faith can thrive and grow. What it does is purport to be able to give
religious instruction without allowing the growth within a religious
environment.
We therefore find that Section 6 and similar sections which do not
provide for the transfer, along with these students, of qualified religious
instructors or animators will, in fact, create a burdensome situation. What we
are faced with, at least from our perspective, is parents looking at the
transfer of students to a language situation where they feel that they will
receive proper instruction in the language of their choice. They have no fears
about allowing then to go to a different denominational school, knowing full
well, or, at least, feeling on their part that they can take care of the
religious instruction. It is our feeling that, while the intention of the
parents may be proper, again, the atmosphere for religious guardianship is not
going to be present.
So, in conclusion to that particular section, we feel that Section 6
creates and contains a serious flaw and should be very seriously looked
after.
In other sectors, where we will eventually have the establishment of
linguistic boards, there is a provision for the transfer of personnel from
schools into the new boards. We would hope prior to the establishment of
language boards, if these ententes continue to exist, that some sort of
reassignment clause would be placed in effect prior to the establishment of
language boards, so that personnel displaced by the transfer of students may be
absorbed into these new surroundings.
We are a little concerned that the Minister might, in fact, be
requesting discretionary powers. While we can appreciate the need for
discretionary powers, while we can applaud the efforts to reshape and to make
more efficient the structures whithin which we must exist, we are a little bit
concerned that a precedent may be established in the granting of discretionary
powers which, under different conditions, might become burdensome. If we could
be assured that some third party ombudsman might be available, then it is
conceivable that the awarding of discretionary powers might, in fact, be a
palatable situation.
In general, we applaud the efforts of the Minister In attempting to
establish language boards. We would urge that this be engaged posthaste. We
would earnestly implore that no delay be employed in seeking the language board
situation, because while we await the establishment of language boards, our
schools, the English Catholic milieu, are subject to erosion and possible
disappearance.
That is it. Thank you.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. Tomei, ]e vous
remercie. Now, Mr. Tomei, the rest of the period will be used for exchanges
between the commissioners and you. I want you to feel free to express yourself
in English or in French. In other words, use the language in which you feel
more comfortable and more secure.
Maintenant, je vais reconnaître le ministre de l'Éducation.
M. le ministre.
M. Ryan: Excuse me, I had a fine glass of tea in front of me. I
cannot miss that before we start discussing. Do you want to share that? Ask the
gentleman.
It is a great pleasure for me to welcome you to this session of the
parliamentary committee on education. I think that the performance of the
English Catholic school system has been outstanding over the years. It showed a
remarkable ability to absorbe into its ranks students of all origins for many
many years, If it had not been for the changes which were made necessary for
other reasons in the past two years, I think it would have continued to grow,
but we are faced with a new situation which we must accept, I am afraid, and
which must be used to the best benefit of the English Catholic community. I
think they have their rights. They have their aspirations which are noble and
it is the obligation of the Government to heed its aspirations with great
attention.
There is one question in your brief which appears to me to be central
and which I should like to address in my first question. You say, on the one
hand, that you want to have language-based school boards but, on the other
hand, you want to have linguistic school boards with confessional guarantees
provincially legislated. But nowhere in the brief do I find a list of those
guarantees which you would find essential for the accomplishment of the first
purpose. Would you please elaborate on what kind of guarantees would be needed
in the law in order to make sure that you are satisfied.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mr. Tomei.
M. Tomei: I thought we pointed out elsewhere that, particularly
in terms of absorption of staff, in those areas where we are going to have
confessional schools under language boards, that the pedagogical leader within
those confes-sionally designated schools would, in fact, be of the same
denomination as the students of which he is responsible, that the majority of
the staff within those institutions would, in fact, be of the same denomination
as the students, that the ecclesiastical or pastoral services that are
available to those students would, in fact, be administered by someone of the
same denomination. In fact, at the board level, the "cadre" person, that is
established, would in fact have line authority extending into the schools to
make certain that we would have the adequate representation. Those are the
types of confessional guarantees that we are concerned about.
Le Président (M. Parent, Sauvé): M. le
ministre.
M. Ryan: Yes, Mr. Chairman.
M. Buccongello (Anthony): Could I add something as well?
M. Ryan: Of course. Go ahead.
M. Buccongello: When we speak of the linguistic boards, the
English and French boards, and we speak of the confessional guarantees, the
confessional guarantees that we are referring to, at this particular point, it
is basically at the school level; to ask for confessional guarantees at the
board level. It would, at this time, be quite ludicrous to ask for a Catholic
English board or an English Protestant board per se, even though the Protestant
boards do exist and wish to maintain as such. But the English
Catholic has always been in two fields. He has been in the French field
by virtue of his religion and he has been in the Protestant field by virtue of
his language. So, the English Catholic finds himself always caught between two
dimensions and, as Fred has signified earlier, at this particular time in our
history it becomes crucial to gather the English Catholic into one section
rather than have some educated within a French majority board and others within
a Protestant majority board. So this is where we find it necessary and we
applaud the Minister on his desire to go into linguistic boards.
However, our need is also manifested in the maintenance of our religion
that we find equally as important. So, if we have schools that are designated
as Catholic by acts of establishment or by decisions of orientation committees,
I do not think this is the kind of guarantee we want because any decision could
be based on a whim. Our guarantee would be if a school could be designated by
the English board as Catholic and saying: There is an English Catholic school
and parents are able to send their children to it, or there is an English
Protestant school and parents are able to send their children to it.
In the report issued by the Superior Council 1986-1987 dealing with the
state and needs of education, The Quality of Education, a Challenge for Each
Educational Institution", one of the elements of the vitality of an institution
dealt with what they referred to as the culture of the organization. This is
where we feel the Catholic school is vital and dynamic because of its culture,
because of the values that hold it together. If it remains to be a matter of
continuing choice, then our fear perhaps might be something of a weakening of
this dynamic vitality that we see within our schools to be a type of school
that would cater to all different aspects and therefore lose - quote - that
guarantee for which we are looking.
M. Ryan: May I ask another question? Would you go so far as to
suggest that you do not find in the Bill as it stands the kind of guarantees
that you are looking for?
M. Buccongello: Within the Bill presently?
M. Ryan: Yes.
(21 h 30)
M. Buccongello: Within the Bill presently, there is the choice of
stating the confessionality of the school done every year, every three years,
which would be the result of a parental vote or a parental decision. It could
be a guarantee but perhaps not an explicite guarantee. There is the presence of
an administrator in an English board of the minority religion, if there is. I
guess this could be classified as a guarantee as well. There is the guarantee
of an animator within the board to look after the pedagogical needs of Catholic
students or the students that would be of a minority, but perhaps what we were
looking for is explicitely stated that if, where possible. Catholic schools
were able to exist, then they should. English Catholic schools should.
M. Ryan: Thank you very much.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions du côté ministériel? Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: I would like to pursue this question a little
further because I think that your brief is really a very strong brief in favour
of the survival of the Anglo-Catholic community for which you see the
Anglo-Catholic school as an essential condition.
What I am concerned about, for instance, is when I read on page 2 that
you deplore the decline... You mention an English Catholic high school, you did
not mention which one you were talking about, but it does not matter. You say
that there is an 82 % decline whereas there is a neighbouring Protestant
school, I guess, that has not suffered the same decline. Where you have very
small enrolments - and I know the figures, I have seen Alliance Quebec's
analysis of the English community off-Island and both the Protestants and the
Catholics are in deep trouble in terms of numbers. Where we have small numbers
of English community, whether Catholic or Protestant, how do you see the
language boards working?
I am asking you that in view of your very strong feeling about the need
for a total school environment rather than just religious and moral education
or a course or whatever. How do you see the language boards helping your
situation? To what extent are the English going to have to compromise, and I am
talking about the Catholics and the Protestants, in order to create the
critical mass of students which is viable to create schools? Or are you going
to favour that children be regrouped as much as possible, which could mean
large travelling distances, into Catholic schools, and I presume Protestant
schools or English schools, neutral schools, in order that the religious and
moral environment be more homogeneous? On the practical level, I have a lot of
concerns about how language boards are really going to work.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Mr Tomei.
M. Tomei: I do not want to establish language boards myself
tonight. I think that this is up to the Minister. But, the area that I was
referring to is in terms of the decline in population, that is near off-Island
Montreal where the population is still rather dense, where you do have large
concentrations of English students in both Catholic and Protestant schools. In
those areas, and I can think of the South Shore and
the North Shore, there are sufficient bodies of students where you could
establish a language board and have, within that language board, a Catholic
designated school and a Protestant designated school or non-denomination
designation. Where numbers are sufficient within those areas, and there are
sufficient areas in the province to pinpoint, there is no reason why you could
not have; the parents make a choice to send their children... In fact, I would
guarantee that if the language issue were there for them to be able to relate
to, they would have English schools and then have a choice within. I would
guarantee that we would have strong denominational schools within that
structure.
Mme Dougherty: My problem is when we have small groups neither of
which are big enough to create a school. I am talking about the coming together
of English, Catholics, Protestants - I do not know who else - within a school.
How is it going to work? In view of your orientation in this brief, are you
going to be satisfied? I mean, you are not very happy with the entente
situation according to the brief, where the Catholics go to the Protestant
schools off-Island. How are you going to work it out? How is it going to work
so that you will be satisfied that your Catholic needs are met within a
language board where there are small numbers, where obviously they have to
combine under one roof?
M. Buccongello: I think where possible... We have to be
realistic. Where possible, and I think this Is the key point... When we look at
off-Island, either North shore or South, we see a great deal of English
Catholics right now who are attending Protestant schools by virtue of an
entente.
This phenomenon, seeing that that particular school magnifies by getting
greater enrolments, continues to draw other students, and less and less
students then go to Catholic schools. But I think where possible, if we look at
the four Catholic boards on the Island of Montreal, Verdun, Le Royer,
Saint-Louis and Sainte-Croix, there are English students in those boards who
get service from information, from MCSC and Baldwin-Cartier, not from the four
boards. So, we are looking at service and if they are better served by virtue
of a linguistic board, then fine. And where possible to have confessional
schools, fine. But, if we get to a situation where the numbers are small
enough, where it is not geographically or physically possible, then we
recognize the need for both confessional entities to be in the same school and
this, we accept.
Mme Dougherty: In other words, are you saying - it just occurred
to me now - that perhaps the law should provide for biconfessional schools? I
think we are going to have a lot of problems where the parents, for instance,
might vote 60 % to 40 % for one or the other confessional or non-confessional,
but you might have a situation where the only reasonable situation, without
imposing a law lot of bussing on the parents, would be a biconfessional
school.
M. Buccongello: On Island, schools are very close together.
Mme Dougherty: On Island I do not think this is the problem. I am
talking about off-Island. I think that is where is the problem.
M. Buccongello: No. Off-Island, we have to go wherever
possible.
Mme Dougherty: Okay. Thank you.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Est-ce qu'il y a
d'autres questions du côté ministériel?
Je reconnais maintenant Mme la députée de Chicoutimi et
porte-parole officiel de l'Opposition en matière d'éducation. Mme
la députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Bonsoir messieurs.
Bien qu'on n'ait eu qu'une version anglaise on m'a informée qu'on
pouvait quand même poser les questions en français. Cela vous va?
Je ne commenterai pas plus longuement votre mémoire. Je voudrais aller
directement aux questions. Je comprends particulièrement vos
préoccupations quand on voit la diminution de vos clientèles,
quand on constate que cela diminue rapidement et les craintes que vous
éprouvez devant la nécessité dans laquelle vous vous
trouvez de passer des ententes de services avec des commissions scolaires
protestantes et les effets que cela a effectivement, ou à long terme,
sur la formation religieuse de vos clientèles.
Je me demandais une chose. En vertu de la présente loi, est-ce
que le droit à la dissidence est maintenu dans le projet de loi 107?
Selon vous, est-ce que vous pourriez utiliser ce droit de création de
commissions scolaires dissidentes, évidemment dans le cadre
établi par la présente loi, c'est-à-dire dans le cadre de
commissions scolaires linguistiques? Alors, vous avez une commission scolaire
linguistique francophone, une anglophone. Donc, à l'intérieur de
la commission scolaire anglophone, pourriez-vous établir en vertu de la
présente loi une commission scolaire dissidente catholique anglaise?
M. Buccongello: Je ne sais pas. Je n'ai pas assez d'information
ou de renseignements pour une chose aussi légale. Je ne peux pas
répondre exactement à votre question.
Mme Blackburn: Ah! Vous n'avez pas réfléchi
à cette éventualité.
M. Buccongello: Non.
Mme Blackburn: D'accord. Pour vous, le
problème se pose en dehors de la CECM. J'imagine que le secteur
de la CECM est assez gros pour pouvoir avoir une gamme de services
appropriés.
M. Buccongello: Oui.
Mme Blackburn: Dans un autre ordre d'idées, dans votre
mémoire, parlant des pouvoirs du ministre vous êtes en
désaccord avec les pouvoirs discrétionnaires qui sont
octroyés ou accordés au ministre de l'Éducation.
Faisiez-vous plus particulièrement référence à la
pratique touchant l'âge d'entrée à l'école, parce
que vous recommandez que l'âge d'entrée à l'école
soit ramené au 31 décembre, en même temps que vous
contestez les pouvoirs discrétionnaires du ministre? Est-ce que
c'était précisément au sujet de cette pratique touchant
les dérogations à l'âge d'admission?
M. Buccongello: À quelle page, madame?
Mme Blackburn: Les pouvoirs discrétionnaires, à la
page 6. L'âge d'admission, c'est en page 9. Alors, pages 6 et 9.
M. Buccongello: Basically, the powers that at least immediately
come to mind are the discretionary powers that the Minister has relative to
recognition of various groups, the ability to suspend board decisions, the
ability to pass on teacher qualification. It is not a precise reference to
ministerial discretionary powers for which we become somewhat hesitant, but it
is simply the philosophy of discretionary powers that creates a heaviness with
us. It is the establishment of a precedent where powers are granted unbridled
to any particular person, whatever the end may be, that allows us to stand back
and say: We would like someone to go slowly with the assuming of powers because
discretionary powers, while valid for a particular item, once established in
precedent can in fact become used later on in a matter that might become
burdensome to us. So, it is a philosophical argument to which we are referring
at this stage of the game.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Une autre
question?
Mme Blackburn: Cela ira pour moi.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Terminé. M.
le ministre de l'Éducation.
M. Ryan: About discretionary powers, just one additional remark.
I think those which you list on top of the paragraph in which you deal with
this matter are not outstanding illustrations of your philosophy. In the first
case, in the case of possible cancellation of a teacher's permit, for instance,
the Minister cannot act unless he has received a formal recommendation from the
Board of inquiry. Once you have had the proper inquiry and then further
examination by the Minister, I think it is time that a decision be made.
The two other examples deal with regulations, not with ministerial
powers. One gives the Government the right to regulate jobs in the
non-unionized sector of a school board. That exists at the moment, that is part
of our existing legislation and has just been transferred here for purposes of
unification. There is nothing new here, nothing discretionary in so far as the
Minister is concerned.
The Minister would be entitled to define by regulation the rules which
should preside over decisions regarding confessional status of schools. He
would not make the decisions himself, they would be made by the Catholic
committee or the Protestant committee of the Superior Council of Education. But
he would enact a regulation to make sure that consultations are done the proper
way all across the Province and not at the discretionary whim of school boards
or school principals, as some cases have been reported in the past.
Thirdly, there is the right to ask that a decision be suspended pending
an inquiry, which may be underway. This is a point on which I would grant some
validity to your doubts. I said, this afternoon, that this is one matter on
which the Government is willing to listen, even to change its view. We inserted
that clause in order to soften another provision whereby the Minister can ask
for much more radical recourse, that the school board be put under tutorship.
This would be milder, but some people interpret it differently and if it were
to arouse too many objections, we are willing to drop it. It was inserted there
in order to smooth things over, but if the effect should be the opposite, we
are not interested in keeping it there. But the general philosophy here is
fully conversed into my own views. I have no difficulties with the opinions
which are expressed here, but the examples must be scrutinized very carefully
in order to make sure that they truly make your point.
Thank you very much for your remarks. I think they will be helpful and I
will particularly remember your insistance upon some kind of concrete
guarantees as to the possibility of having English schools wherever the numbers
justify. English Catholic schools, of course. Thank you very much.
Le Président (M. Parent, Sauvé): Merci, M. le
ministre. La commission permanente de l'éducation suspend ses travaux
jusqu'à demain alors que nous accueillerons la Centrale de
l'enseignement du Québec suivie de l'Alliance des professeurs de
Montréal. Merci beaucoup, MM. Tomei et Buccongello.
(Fin de la séance à 21 h 48)