Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Tuesday, June 2, 2020
-
Vol. 45 N° 47
Clause-by-clause consideration of Bill 44, An Act mainly to ensure effective governance of the fight against climate change and to promote electrification
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
Birnbaum, David
-
Grondin, Agnès
-
Montpetit, Marie
-
Kelley, Gregory
-
Gaudreault, Sylvain
-
Campeau, Richard
-
Ghazal, Ruba
-
-
Gaudreault, Sylvain
-
Grondin, Agnès
-
Ghazal, Ruba
-
Derraji, Monsef
-
Montpetit, Marie
10 h (version non révisée)
(Dix heures cinq minutes)
La Présidente (Mme
Grondin) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des transports
et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle
de bien vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil électronique.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 44, Loi visant
principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les changements
climatiques et à favoriser l'électrification.
Mme la présidente, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Barrette (La Pinière) sera remplacé par
M. Derraji (Nelligan); M. Benjamin (Viau) par M. Kelley (Jacques-Cartier);
Mme St-Pierre (Acadie) par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); et
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) par M. Gaudreault (Jonquière).
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci. Avant de débuter, je veux juste faire un
rappel concernant l'entente entérinée par l'Assemblée le 13 mai dernier.
Celle-ci prévoit ce qui suit : «Que lors des séances des commissions, tous
les votes se tiennent par appel nominal, étant entendu que lors d'un tel vote,
le vote exprimé par le député ministériel désigné par le leader du gouvernement
à cette fin vaut pour l'ensemble des députés ministériels membres de la
commission et le vote exprimé par le député de l'opposition officielle désigné
par le leader l'opposition officielle à cette fin vaut pour l'ensemble des
députés de l'opposition officielle membres de la commission et que, le cas
échéant, les noms de ces députés apparaissent au procès-verbal de la séance.»
Nous allons donc procéder ainsi jusqu'à la fin de la semaine du 8 juin
2020.
Je suis très heureuse de vous voir, chers collègues.
Très heureuse que l'on amorce cette commission en étude détaillée, la première
après la COVID. Donc, bienvenue, nous allons procéder aux échanges.
Avant de... à la dernière rencontre, nous
étions rendus à la motion préliminaire qui avait été présentée par la députée
de Maurice-Richard. Est-ce que vous souhaitez que je vous
la lise avant de débuter? Donc : «Conformément à l'article 244 du
Règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion afin que la Commission des
transports et de l'environnement tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi n° 44, Loi visant principalement la
gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à
favoriser l'électrification, des consultations particulières et qu'à cette fin,
elle entende M. Jonatan Julien, ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles.»
Le député de Jacques-Cartier avait débuté
son intervention. Il vous reste donc 16 min 55 s sur une
enveloppe de 30 minutes. La parole est à vous, M. le député.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. Permettez-moi juste de commencer avec une couple de mots pour
mes citoyens de Jacques-Cartier et quand même dans l'Ouest-de-l'Île de Montréal
et tout le Québec, mais dans mon coin plusieurs, plusieurs des personnes sont
décédées à cause de la COVID. C'est triste, ça touche des familles. C'était
deux mois qui n'étaient pas faciles pour tout le monde. Alors,
mes pensées et… my sympathies are definitely with them.
But it's hard for me to
start today talking about this bill when I see what is going on in the world.
It's an honour to wear this pin, as a Member of the National Assembly. It is
really a privilege. But we have to talk about discrimination, we have to talk
about racism. I know I'm a little off subject here but I think it's important.
Je me souviens,
Mme la Présidente, quand j'étais attaché politique, on fait l'aller-retour
Montréal-Québec souvent sur la 20, puis une fois j'ai arrêté à une station de
gaz puis une madame de Nouvelle-Écosse était là. Elle a essayé d'exprimer en
anglais à une caissière qui était une francophone, une jeune fille, and she
started to say : Why don't you know English? This is Canada, know the
langage. J'ai essayé de faire ma part puis dis : Madame, ici, écoute, on
est au Québec, c'est clair que la madame ne parle pas l'anglais, est-ce que je
peux vous aider? She was up outraged, elle a quitté le magasin, elle a quitté
la station de gaz. Et j'ai vu la tristesse dans les yeux de cette fille-là. Sa
vie était probablement changée. Elle a maintenant une vision du reste du Canada
et peut-être des anglophones qui est négative. C'est triste.
Ça arrive.
• (10 h 10) •
I can also think of the
time when I was a young student at John Abbott College…
M. Kelley
: ...vu la
tristesse dans les yeux de cette fille-là. Sa vie était probablement changée.
Elle a maintenant une vision du reste du Canada et des anglophones qui est
négative. C'est triste, ça arrive.
I can also think of a
time when I was a young student at John Abbott College, when I was leaving a
bar with a friend and police came over to tell us : Get home and we were
walking towards the bus and he called me une «tête carrée». «Get out of here,
scram!» Ce n'était pas utile. Moi, j'étais en route vers l'autobus pour
retourner chez moi. Ça m'a touché, j'avais peur, honnêtement.
I remember, not too long ago, I was going to a charity event in Pointe-Claire. There was a
conflict over a parking spot. This young woman of African descent was there
with her young daughter and this man started yelling at her to go back to her
country... over a parking spot. I went over with another gentleman to defuse
the situation, he kept going, kept yelling
These are just my
experiences. Multiply that by all the experiences of people in Canada and in Québec. It's not to say that people in society, tous les Québécois, c'est tous des racistes, ce n'est pas
vrai. Je ne connais que la majorité des gens ne le sont pas. Mais, comme le premier
ministre a dit hier, et quand même, le ministre délégué à la Santé et des
Services sociaux aujourd'hui, M. Carmant dit : Il faut parler de racisme,
il faut parler de discrimination.
Clifford Lincoln, the
former MNA for Nelligan, is
best known for saying : A right is a right is a right. But I think he said
it best in that speech that rights are bridges that unite people. I think
that's extremely true. I can stand up for my own rights, I have a voice here.
There are many people who can't. Je ne sais pas où on peut commencer comme une société; je sais que ça commence avec un dialogue.
I don't want to get into
a debate about systemic racism, and all that, and there's lots of things we
need to talk about. But I want to remind everyone in this house here, and in
this Chamber, of at least one piece of legislation in existence in this country, which is racist, and that is the
Indian Act. And if you don't believe me, go read it, go read it. This is an act
that prohibited First Nations from having politicalorganizations. This
is an act that prohibited pool hall owners from letting First Nations people be
served in their stores. This is an act that denied women status; created
reserves; introduced residential schools, which reminds you, Mr. Speaker, the
last one closed in the 1970's. You can go through this act, and look at it, and
you'd almost be shocked to realize this is Canada.
Ce n'est pas la faute du Québec, ce n'est
pas ni la faute de mes collègues ici, autour de cette table, que cet acte
existe, mais c'est une réalité. Et j'espère que dans l'avenir, Québec va jouer
un rôle pour changer ça et je sais qu'on est capables. Je sais que Québec a un
grand rôle à jouer, nous avons déjà fait la démonstration plusieurs fois
comment on est capables de bâtir les ponts comme une société.
But I just wanted to make
that point because there's so many things we can cover but if there's one thing
to look at as a piece of legislation that exists in our society that needs to
change quickly, it is the Indian Act and I know my
colleague from D'Arcy-McGee
here cares very much about it. I know all my colleagues around this table
veulent voir des changements et ça va prendre du temps, mais j'espère qu'on est
vraiment à l'écoute, Mme la Présidente.
Alors, juste merci pour ça, mais c'était
vraiment difficile de ne pas parler de ça, aujourd'hui, comme un élu, quelqu'un
qui veut voir du changement et quelqu'un qui écoute la réalité sur le terrain.
Quand 10 000 personnes sont présentes pour une manifestation à Montréal,
ça dit quelque chose. Alors, merci pour l'écoute, Mme la Présidente. Je pense,
c'était juste important de m'exprimer un petit peu là-dessus ce matin.
Je reviens sur le sujet du jour, sur la
motion de ma collègue, la députée de Maurice-Richard. Je
sais que j'ai déjà pris un petit peu de temps là-dessus, mais j'ai trouvé que
depuis le début de la crise, comme en opposition, et c'est le même pour mes
collègues de deuxième et troisième opposition, on était tous en mode de
propositions et des solutions. On arrive ici avec quelque chose... transition
énergétique du Québec. On a consulté les différents experts, mais on a quand
même eu depuis la dernière fois qu'on était tous ensemble un budget qui a été
déposé et je sais qu'on va voir, c'est sûr, des modifications. Je ne sais pas
si ça va toucher le côté de lutte contre les changements climatiques et
l'électrification...
M. Kelley
:
...transition énergétique du Québec. On a consulté les différents experts, mais
on a quand même eu depuis la dernière fois qu'on était tous ensemble un budget
qui a été déposé et je sais qu'on va voir c'est sûr des modifications. Je ne
sais pas si ça va toucher le côté de lutte contre les changements climatiques
et l'électrification des transports et de notre société, mais quand même. Je
trouve que c'est toujours intéressant pour nous d'avoir le ministre présent ici
en commission pour poser certaines questions, juste parce que... C'est quoi la
vision? C'est quoi le plan de match? Et quand même si des choses changent avec
le budget, des assurances qu'on va toujours mettre une priorité là-dessus.
J'ai vu une excellente nouvelle la semaine
dernière, quand le gouverneur, Andrew Cuomo, a dit qu'il veut accélérer la
ligne de transmission entre le Québec et l'état de New York. C'est une
excellente, formidable nouvelle. C'est partie de la vision qu'il faut avoir
pour la suite des choses pour les prochaines années qui va être complètement
difficiles pour pas juste notre économie, mais pour l'économie de l'Amérique du
Nord. Et ça, c'est une chose. On peut peut-être trouver des revenus
supplémentaires. C'est de continuer de créer cette batterie verte qu'est le Québec...
présentement puis de chercher des contrats avec nos voisins à côté.
Mais quand même, je veux juste savoir avec
tout le Fonds vert, comment ça va jouer un rôle dans notre plan de match pour
oui, vendre l'électricité à l'extérieur, oui quand même d'aider nos entreprises
ici au Québec, ou comme je dis, il sera difficile. Puis il faut avoir une stratégie
puis un plan de match en place pour mettre à l'avant des solutions concrètes.
Et de mettre... de donner à nos entreprises une occasion d'être dans un
avantage contre nos voisins, d'être plus compétitifs. Alors pour moi, Mme la
Présidente, ça, c'est une les raisons que je pense important de discuter le
budget qui est pas mal important. Puis les sommes qui étaient dédiées aussi à
la lutte contre les changements climatiques et l'électrification de notre société.
Et il y a des fonds, comme je vous dis, importants...
Excusez-moi, je vais juste trouver le
document ici. Le budget, c'est quand même : Bâtir une
économie verte, électrification et lutte contre les changements
climatiques. Alors c'est sûr qu'on a fusionné les deux.
Ça, c'est l'objectif et priorité le gouvernement. Et si je regarde juste ici sur la page... On va mettre quand même, juste pour l'illustrer comme j'ai
parlé, c'est important, 1 milliard de dollars et 200 milliards de dollars envers
l'appui aux industries. Alors ça, c'est important. Moi, je veux entendre le
ministre expliquer à nous c'est quoi le plan de match exactement, comment il va
subventionner les entreprises. Est-ce qu'on va donner un avantage à nos petites
et moyennes entreprises, les plus petits joueurs, pas juste les grands? Je
pense que c'est important pour nous.
Comme avec les transports,
c'est quoi la prochaine étape? Ce n'est pas juste l'électrification des chars,
mais c'est quoi le plan pour tout le réseau électrique ici, au Québec? Parler
de transport, je sais qu'on a eu le débat concernant un tiers, excusez-moi, un
tiers des budgets qui sont dédiés pour le transport en commun. On a vu
des articles qui ont déjà sorti que des municipalités sont en trouble déjà avec
leur propre budget. Alors, comment on va gérer toutes ces faunes-là? Comment on
va aider des municipalités pour encourager les gens de prendre le transport en
commun dans un moment où ce n'est pas difficile, pas juste à Montréal, pas juste
à Québec, mais dans les régions aussi.
Alors, je pense, pour toutes ces
raisons-là, Mme la Présidente, c'est important d'écouter le ministre, mais
aussi, j'appuie fortement la motion de la députée de Maurice-Richard.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de D'Arcy-McGee. Vous avez 10 minutes.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. 10 minutes, merci. M. le ministre, l'équipe ministérielle, son
cabinet, chers collègues de l'opposition officielle, deuxième et troisième
opposition, ça nous fait plaisir de nous retrouver dans cette période assez,
assez unique et difficile et douloureuse.
• (10 h 20) •
J'espère que vous allez comprendre aussi,
Mme la Présidente, que j'aimerais ouvrir avec un petit mot pour mes concitoyens
et citoyennes de la circonscription de D'Arcy-McGee. Une circonscription, comme
nous tous, assez, assez touchée par la pandémie devant nous. My
riding is home to probably the largest proportion of seniors in Québec, and the
largest proportion of seniors who are over 80 and so on. Many spend parts of
their winter in Florida and came back at the heart of this «pandémie». L'autre
moitié de ma circonscription, c'est une grande proportion de Snowdon,
Côte-des-Neiges avec toutes ses propres particularités aussi, mais qui faisait
en sorte qu'ils ont été touchés de façon profonde et ils continuent de l'être,
de la pandémie devant nous. On parle de plusieurs décès, on parle des CHSLD en
crise, on parle des aînés en solitude...
M. Birnbaum : ...propres
particularités aussi, mais qui faisait en sorte qu'ils ont été touchés de façon
profonde et ils continuent de l'être, de la pandémie devant nous. On parle de
plusieurs décès, on parle des CHSLD en crise, on parle des aînés en solitude,
des familles monoparentales, des enfants en difficulté, avec des défis quasi
existentiels dans le monde dont on vit actuellement.
So my thoughts and with them. I'm honored
to be able to return here to the Assembly to be one of their voices as we live
through this difficult period. C'est inextricable, ce qu'on discute actuellement,
tout ce qu'on va discuter dans les prochains mois et COVID-19. Je me permets de
dire dans un premier et je le dis en tout grand respect, le choix que la seule
et unique commission qui siège actuellement soit un sujet d'une importance,
j'en conviens, mais pas directement lié aux solutions qui devraient être notre
mode chaque moment, aux solutions à la crise devant nous et à la préparation
d'une éventuelle deuxième vague me laisse, et je crois qu'elle laisse beaucoup
de Québécois et de Québécoises, perplexes. Alors, je me permets de dire que le
choix de siéger est discutable.
En le disant, je ne veux aucunement, mais
aucunement minimiser l'importance du projet devant nous. Et une autre fois, et
j'espère qu'on va le faire comme réflexe, une autre fois, je m'attache, Mme la
Présidente, aux circonstances tellement sérieuses actuelles. C'est-à-dire dans
le contexte d'un monde en pandémie toujours mais qui va devenir, on espère dans
le plus court délai, post-pandémie, comment est-ce que ce projet de loi
s'insère? Comment est-ce que les modalités vont répondre à nos nouvelles
réalités?
Alors, évidemment, on n'a pas devant nous
dans le projet de loi le moindre libellé à ce sujet-là, mais je me donne, et
j'invite le ministre, et j'imagine qu'il va s'entendre avec moi sur cette même
piste. Chacune de nos réflexions devrait passer par le prisme de COVID-19.
C'est notre monde.
Et là, bon, je fais le saut à la motion
devant nous pour comme prochaine façon de discuter de ce projet de loi. Je nous
rappelle, Loi visant principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les
changements climatiques et à favoriser l'électrification. Comment, comment on
peut oser de songer à discuter un tel sujet sans avoir le mot, l'analyse, qui
aurait été fournie par le ministère du ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles? Et pour les deux ministres les plus visés et le gouvernement qui
aurait implanté les mesures dans ce projet de loi à bonifier, je l'espère, une
autre fois dans un contexte de COVID-19.
Dans un premier temps, une de mes grandes
inquiétudes, et j'ose croire partagée par plusieurs, c'est que nous risquons de
nous trouver devant un triage assez brutal dans la période post-pandémie. Et je
trouve qu'il y a deux façons d'aborder ce triage qui nous attend. C'est-à-dire
avec les contraintes budgétaires, avec le chômage, avec la réduction brutale de
notre PIB, il y aurait des choix très importants devant nous. Et ce triage peut
se faire d'une façon ou une autre. Une de mes grandes craintes, ça serait,
comme on dit en anglais : the survival of the fittest. Les multinationales
qui ont les moyens de passer à travers les tempêtes avec leurs ressources et
qui n'ont pas toujours l'obligation ou la tendance de protéger l'intérêt des
plus démunis ou le tout le monde.
Est-ce qu'on va voir une espèce de phénomène
de même? Est-ce qu'on va voir, sur une liste de priorités, et nous serons là
pour accompagner le gouvernement, une liste de priorités très, très, très
difficiles, dans les mois qui s'en viennent, pour protéger nos jeunes qui vont
avoir de la grande difficulté à trouver de l'emploi cet été...
M. Birnbaum : ...de phénomène
de même? Est-ce qu'on va voir, sur une liste de priorités, et nous serons là
pour accompagner le gouvernement, une liste de priorités très, très, très
difficiles, dans les mois qui s'en viennent, pour protéger nos jeunes qui vont
avoir de la grande difficulté à trouver de l'emploi cet été, pour reprendre les
études, pour relancer l'économie en région? Et, dans ce triage-là, où va se
situer notre obligation mondiale, primordiale et identifiée comme essentielle
ici, au Québec, de poursuivre le développement durable? Alors, je le dis, Mme
la Présidente, parce que, pour moi, dans ce contexte-là, le projet de loi
devant nous prend toute son ampleur.
Maintenant, dans ce contexte-là, nous
avions eu et nous avons posé déjà beaucoup de questions. Si on parle du mariage
essentiel entre le développement de l'économie, de l'exploitation de nos
ressources formidables de l'énergie, il faut parler, dans la même voie, d'un
tel développement durable qui implique des choix à chaque seconde et à chaque
moment. Pour faire ces bons choix, ce n'est pas juste ma lecture, il y a des
éléments qui sont nécessaires, des données probantes, de l'appui à la
recherche, l'évaluation, l'indépendance des experts de la recherche, la transparence,
l'évaluation. Ce n'est pas des opinions. Si on est pour poursuivre un développement
durable, premièrement, la vision doit être énoncée, et de façon claire et nette
parce que ce n'est pas évident, si on ne le dit pas, que chaque projet
économique va avoir son volet durabilité, protection environnementale. Si la
vision n'est pas là, ça ne va pas se passer.
De plus, ces cinq valeurs, critères dont
j'ai mentionné sont assujettis au projet de loi devant nous, et la façon qu'on
va aborder ces critères implique, par définition, le ministre qui est
responsable de l'énergie et des ressources naturelles. Il y a plusieurs
experts, mais il n'y en avait pas assez, en toute franchise, qui ont été
invités aux audiences, mais ils ont constaté à juste titre que les gaz à
l'effet de serre viennent, en 70 %, de la consommation de l'énergie. Ça ne
nous surprend pas, évidemment, mais, avec tout respect pour le ministre de
l'Environnement, ce n'est pas lui qui gère ces projets-là qui sont la source
des GES en grande majorité. Alors, comment ça peut être le moindrement cohérent
de ne pas trouver nécessaire d'entendre de l'individu qu'au sein du Conseil des
ministres a à défendre les projets énergétiques et a, et là on a nos quelques
difficultés, a dorénavant, si ce projet de loi est adopté, Mme la Présidente, a
à défendre que, oui, les contraintes, les exigences... Oh! c'est terminé.
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui.
M. Birnbaum : Déjà. En tout
cas, tout cela pour dire, si je peux conclure, Mme la Présidente, c'est une
logique normale qu'on entend du ministre de l'Énergie sur le projet de loi.
Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) :Merci beaucoup. Y a-t-il
d'autres interventions? M. le ministre.
M. Charette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Tout d'abord, saluer les collègues. Ça fait effectivement
plusieurs semaines qu'on n'a pas eu l'occasion de se croiser. Mon chef de
cabinet, que je salue, m'a rappelé tout à l'heure que c'est la première fois en
deux mois que l'on se voit. On se parlait à tous les jours à travers nos écrans
respectifs, mais c'est la première fois qu'on se retrouve dans la même salle
depuis de nombreuses semaines. Donc, un beau bonjour à tout le monde, un réel
plaisir de vous retrouver. Lorsque l'on s'est laissé il y a quelques semaines,
sur la motion préalable du collègue, on ne pouvait pas imaginer qu'on allait
attendre non pas quelques jours, mais quelques semaines, sinon quelques mois
avant de se retrouver.
• (10 h 30) •
Ceci dit, je comprends plusieurs des
interventions des collègues. C'est bien vrai que le Québec vit une situation
particulière...
10 h 30 (version non révisée)
M. Charette : ...on s'est
laissé, il y a quelques semaines, sur la motion préalable du collègue, on ne
pouvait pas imaginer qu'on allait attendre non pas quelques jours, mais
quelques semaines, sinon quelques mois avant de se retrouver. Ceci dit, je
comprends plusieurs des interventions des collègues. C'est bien vrai que le Québec
vit une situation particulière. Je dis le Québec, mais c'est la planète en
entier qui vit cette situation. On a heureusement, au Québec, des gens dédiés à
tenter de minimiser les impacts de cette crise sanitaire, ce qui ne nous
empêche pas de travailler sur d'autres dossiers, Mme la Présidente. Et je dois
avouer être surpris, un petit peu, des interventions de mes collègues, ce
matin.
On nous a, dans les dernières semaines,
réitéré l'importance de rouvrir le Parlement. On nous a, au niveau des
oppositions, réitéré l'importance de permettre le débat public. On ramène un
débat public à travers la présente commission et on nous dit que ce n'est pas
le temps. Ces mêmes collègues, que j'apprécie au demeurant qui, au cours des
dernières semaines, des derniers mois, des dernières années, nous ont
dit : On doit faire de l'environnement une priorité, aujourd'hui, nous
disent que ce n'est pas le temps d'en parler. Donc, je trouve la situation tout
à fait ironique. C'est à l'image de ce qu'ils veulent projeter, je le respecte,
mais c'est eux qui assumeront la responsabilité. Au moment où, ce matin, on
nous dit, du côté de l'opposition officielle, que ce n'est pas le temps de
parler d'environnement, on a des groupes environnementaux qui, jour après jour,
nous interpellent pour dire : Profitons de la crise actuelle pour
justement revoir et ajuster nos pratiques et nous prient de ne pas mettre de
côté l'environnement tant la pandémie occupe une place qui est importante, et
on le conçoit aisément.
Du côté du gouvernement, on pense qu'on
peut et parler de pandémie, et amenuir ses conséquences, et préparer l'avenir
aussi à travers l'environnement. Le projet de loi que l'on débat présentement,
il est fondamental, il revoit une gouvernance, notamment de notre principal
outil pour améliorer notre situation, pour diminuer nos émissions de gaz à
effet de serre. Donc, ce projet de loi, dans une perspective de relance, il est
urgent, il est important, il est fondamental, et le fait que l'on... qu'on ait,
au niveau du gouvernement, priorisé ce projet de loi parmi d'autres, c'est
démontrer l'importance que l'on accorde à cette relance que l'on souhaite la
plus équitable et la plus verte possible.
Donc, l'opposition officielle me surprend
ce matin. Et la contradiction est d'autant plus grande, Mme la Présidente, ce
que... Mme la Présidente, qu'on nous dit : Ce n'est pas le temps de parler
d'environnement, mais on nous demande de convoquer plus de groupes. Donc, une incohérence
que l'opposition officielle aura à défendre.
Ceci dit, du côté du gouvernement, on est
déterminés à faire avancer ce projet de loi là pour que l'argent qui est
investi dans l'actuel Fonds vert soit utilisé au meilleur escient possible et
avec les meilleurs résultats possible. Donc, toujours intéressé d'entendre les
collègues, mais j'ai hâte que l'on puisse parler du fonds, que l'on puisse
parler du projet de loi lui-même pour que l'on puisse travailler à le bonifier
ensemble.
Donc, vous ne serez pas surprise, Mme la
Présidente, d'entendre que nous n'entendrons pas cet autre intervenant avec qui
on travaille au demeurant à réaliser ce projet de loi, soit mon collègue au
niveau des ressources naturelles. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de Bourget.
M. Campeau : Juste une très
courte intervention. J'aimerais aller, très, très brièvement, un peu dans le
même sens que mon collègue de la première opposition tantôt, quand il a fait
des commentaires sur le racisme. Et beaucoup de gens savent que mes enfants
sont d'origine étrangère et des commentaires drôles ou pas drôles, j'en ai
entendu quelques fois, puis des fois, c'est mesquin, puis tout ça. Mais même
une blague répétée, comme une tête carrée, là, je l'ai malheureusement faite,
cette blague-là, des fois. Ça dépend à qui on l'a fait, ça dépend quand on l'a
fait. Et quand on la répète souvent, elle finit par être moins drôle. Alors, je
pense qu'on a tous un rôle à avoir là-dedans, individuellement, dans les mots
qu'on utilise, à qui on les dit, le nombre de fois qu'on les dit et, parfois,
ce qu'on pensait drôle est moins drôle pour certaines personnes.
Ceci dit, sur... juste abonder exactement
dans le même sens que le ministre, ce n'est pas anodin que la seule commission
parlementaire qui se tienne actuellement soit sur le projet de loi n° 44. Alors, quand on parle qu'on veut avoir une relance
véritable pour le Québec qui en a besoin, qu'elle soit verte, c'est quand même
un lien. Alors tout ce que j'espère, c'est qu'on aura une excellente
collaboration de l'ensemble des oppositions pour faire avancer rapidement le
projet de loi...
M. Campeau : ...sur le projet
de loi n° 44. Alors, quand on parle qu'on veut avoir une relance véritable
pour le Québec qui en a besoin, qu'elle soit verte, c'est quand même un lien.
Alors tout ce que j'espère, c'est qu'on aura une excellente collaboration de
l'ensemble des oppositions pour faire avancer rapidement le projet de loi
n° 44, parce que le fait qu'on ait ce projet de loi là, le fait qu'on ait
besoin de faire une relance au Québec et le fait qu'on tienne une commission
parlementaire, la seule en ce moment-ci, c'est extrêmement significatif. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. D'autres interventions? M. le
député de Jonquière, vous avez déjà intervenu et écoulé vos minutes, j'en suis
sincèrement désolée. Donc, s'il n'y a pas d'autres interventions, nous allons
procéder à la mise aux voix. Mme la secrétaire, veuillez procéder au vote
nominal, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Au nom des membres du groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, Mme Montpetit (Maurice-Richard)?
Mme Montpetit : Pour.
La Secrétaire
: Au nom
des membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: C'est
rejeté.
La Présidente (Mme
Grondin) : La motion préliminaire est rejetée. S'il n'y a pas
d'autres motions préliminaires, nous allons procéder... nous allons... M. le
député de Jonquière?
M. Gaudreault : Bien, j'en
aurais une, motion préliminaire.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Est-ce que vous l'avez transmise au
secrétariat? Oui? Donc, nous allons suspendre les travaux quelques instants
afin que tous puissent en prendre connaissance.
(Suspension de la séance à 10 h 37)
(Reprise à 10 h 42)
La Présidente (Mme
Grondin) :M. le député de Jonquière, vous
avez déposé une motion préliminaire. Elle est recevable, évidemment. Donc, est-ce
que vous souhaitez nous la lire?
M. Gaudreault : Oui, mais,
moi, je ne l'ai pas...
La Présidente (Mme
Grondin) :Est-ce que vous préférez que je
la lise?
M. Gaudreault : Ah oui!
«Motion M. Gaudreault». C'est moi, ça. On s'habitue, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Je suis très patiente.
M. Gaudreault : O.K. Oui, je
peux la lire.
La Présidente (Mme
Grondin) : Et vous disposez de 30 minutes.
M. Gaudreault : Parfait.
Alors, Mme la Présidente, conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin que la Commission des transports et de
l'environnement, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 44, Loi visant principalement la gouvernance efficace de
la lutte contre les changements climatiques et à favoriser l'électrification,
tienne des consultations particulières et qu'à cette fin elle entende dès que
possible l'Union des municipalités du Québec, l'UMQ. Alors, c'est cette motion
que j'ai déposée.
Je peux plaider tout de suite? Oui. Donc, Mme
la Présidente, c'est... dans cette série de motions préliminaires pour entendre
des intervenants supplémentaires, je pense que c'est très important de pouvoir
entendre l'Union des municipalités du Québec. Mais je voudrais quand même,
avant d'entreprendre une plaidoirie sur le fond de cette motion, moi aussi,
saluer les collègues et tous les collaborateurs à cette commission
parlementaire, les équipes qui accompagnent les différents partis, les employés
de la fonction publique, les employés politiques du ministre.
Il y a quelque chose de surréel, là,
d'avoir terminé juste avant la suspension des travaux le 12 mars, je me
souviens, et de reprendre aujourd'hui, après autant de semaines, dans un contexte
de distanciation physique. Je n'aime pas le terme «distanciation sociale». Je
pense qu'on est en train de s'habituer à dire plutôt «distanciation physique»,
parce que «distanciation sociale», ça m'apparaît être un oxymoron. Socialement,
il faut qu'on soit ensemble, il faut qu'on soit proches, il ne faut pas qu'on
soit distancés. Alors, j'aime mieux parler de «distanciation physique», quoique
je n'aime pas cette notion. Je ne suis pas un colleux de nature, mais là il y a
des limites, tu sais. Je veux dire, j'aimerais... j'aime bien, surtout quand on
est en politique, là, serrer des mains, embrasser des bébés, voir des gens,
mais là ce n'est pas possible. Alors, c'est vraiment, vraiment, vraiment très,
très difficile. Alors, moi aussi, je....
M. Gaudreault : ...je veux
dire, j'aimerais... j'aime bien, surtout quand on est en politique, là, serrer
des mains, embrasser des bébés, voir des gens, mais là ce n'est pas possible.
Alors, c'est vraiment, vraiment, vraiment très, très difficile. Alors, moi aussi,
je suis heureux, quand même, d'être ici et de pouvoir entreprendre les travaux
sur ce projet de loi, qui est très important.
Puis ce n'est pas vrai, Mme la Présidente,
que parce que nous sommes dans un contexte social, économique difficile, un
contexte sanitaire inusité, un contexte extraordinaire qui va marquer
l'histoire contemporaine... ce n'est pas vrai que, sous prétexte de cela, qu'on
va faire des gestes ou qu'on va adopter des lois dans la précipitation. Alors,
je veux dire, on ne peut pas reprocher, à aucun parlementaire ici, d'avoir eu
une suspension des travaux, du 12 mars jusqu'à aujourd'hui, pour étudier les
projets de loi. Alors, c'est dommage, mais il y a eu plein, plein, plein de
projets de loi et de procédures parlementaires. Même le budget qui a été
présenté le 10 mars semble aujourd'hui être un artéfact issu de la période des
Étrusques tellement qu'on semble être dans un autre monde depuis la pandémie.
Donc, il faut qu'on travaille
correctement. Puis ce n'est pas vrai que, comme parlementaires, on va se
laisser mener par un argumentaire qui serait de dire : Bien là, il faut
faire vite parce qu'on est en pandémie, il faut faire vite pour adopter des
mesures en matière d'environnement et de changements climatiques. Vous êtes les
premiers, l'opposition, à dire qu'il faut qu'on agisse rapidement en matière de
changements climatiques. C'est vrai, mais ça ne veut pas dire qu'il faut agir
n'importe comment non plus, Mme la Présidente. D'ailleurs, cet
argumentaire-là ne peut pas tenir de la part du gouvernement, parce que, d'un
côté, le gouvernement, s'ils disent aux oppositions : Il faut pousser la
machine au max pour adopter ce projet de loi le plus rapidement possible, parce
que c'est important d'engager des mesures en environnement, des mesures fortes
pour la reconstruction puis la relance économique... bien, c'est parce que je
voudrais juste rappeler à ce même gouvernement qu'ils n'ont même pas inclus le
ministre de l'Environnement dans l'escouade de relance économique. Alors, si
c'est si fort que ça, l'argument de dire : Bien, il faut adopter à toute
vapeur le projet de loi n° 44, bien, c'est parce
qu'au minimum, s'ils le croyaient vraiment, s'ils y croyaient vraiment, du côté
du gouvernement, bien, ils incluraient le ministre de l'Environnement dans
l'escouade de reconstruction. D'autant plus que ce propre projet de loi donne
un rôle transversal, un rôle-conseil, un rôle d'intervention à tous égards sur
les projets qui sont proposés par le gouvernement, donne ce rôle-là au ministre
de l'Environnement. Alors, on ne peut pas dire une chose, d'un côté de la
bouche, puis dire son contraire de l'autre côté de la bouche. Ça ne marche pas.
• (10 h 50) •
Alors, nous, comme opposition, ce qu'il
nous reste, ce qui nous appartient, bien, c'est de faire des propositions pour
revenir à du contenu avec les moyens qu'on a. Puis les moyens qu'on a, ça
s'appelle une motion préliminaire. Alors, on va l'utiliser. Parce que, très
franchement, là, dans le fond de moi-même, Mme la Présidente, là... on a une
motion préliminaire sur l'Union des municipalités du Québec, pour les recevoir
ici, mais très franchement, là, considérant qu'on a l'impression que ce qui se
passait il y a trois mois appartient à de l'histoire ancienne, ou voire à la
préhistoire, ou à un autre monde, tant qu'à moi, là, sur le projet de loi n° 44, je pense qu'il faudrait refaire complètement les
consultations. Il faudrait refaire complètement la mise à jour. Parce qu'on
n'est plus dans le même univers. On n'est plus dans le même univers. Donc...
M. Gaudreault : ...loi n° 44, je pense qu'il faudrait refaire complètement les consultations,
il faudrait refaire complètement la mise à jour, parce qu'on n'est plus dans le
même univers, on n'est plus dans le même univers. Donc, les prétentions du ministre,
comme — je suis prêt à dire — comme les miennes, comme
celles des autres oppositions, ne sont plus les mêmes, considérant la
situation.
Imaginez, on avait un débat, avant le
12 mars, sur l'atteinte des cibles de réduction de gaz à effet de serre.
Et là le fait qu'on a mis le Québec sur pause, que le gouvernement a mis le
Québec sur pause pendant plusieurs semaines va réduire de façon importante les
émissions de GES pour l'année 2020. Ça fait que, ne serait-ce que ça, déjà
là, ça change la donne, déjà là, on déplace le débat. Le ministre qui nous
disait sans relâche : Ah! on ne sera pas capables, c'est impensable
d'atteindre les gaz à effet... les cibles de réduction de gaz à effet de serre
pour 2020, c'est dû à des... à de l'inaction des gouvernements précédents,
blablabla. Bien, c'est parce que, là, les résultats ne sont pas les mêmes.
Ça fait que je trouve qu'on a comme un
décalage... pas comme, on est en décalage de faire le débat aujourd'hui sur le
projet de loi n° 44 comme si on n'avait pas connu de pandémie depuis la
mi-mars. Je veux dire, ça a eu un impact majeur sur les émissions de gaz à
effet de serre, ça a un impact majeur sur les enjeux de transition énergétique,
ça a un impact sur les transports, qui risquent d'être financés en partie par
le Fonds vert, les enjeux de transport, les infrastructures de transport.
Juste pour vous dire, là, vous avez vu
comme moi le résultat d'un sondage dans le Journal de Québec, Journal
de Montréal, qui disent que l'adhésion des gens de Québec a changé sur les
infrastructures, les prochaines infrastructures de transport dans la région de
Québec à cause de la pandémie, autant le tramway que sur l'espèce de lubie du
troisième lien entretenue par le gouvernement. Alors, on ne peut pas faire
comme si ça n'existait pas.
Moi, je... s'il y avait eu une motion,
dans notre droit parlementaire, là, une motion «reset», je l'aurais plaidé
aujourd'hui. Il faut peser sur «reset», remettre le compteur à zéro parce que
la situation est trop changée. Donc, c'est pour ça que, minimalement,
minimalement, il faut entendre d'autres groupes qu'on n'a pas entendus,
minimalement. Moi, je pense que ça ferait partie d'une prise de conscience
publique du ministre et du gouvernement dans son ensemble de dire : On ne
peut pas faire comme si la pandémie n'existait pas. Et là moi, ce que je sens,
c'est que le gouvernement, en ce qui concerne le projet de loi n° 44 à
tout le moins, agit comme si ça n'existait pas, c'est «business as usual», on
continue comme si de rien n'était. Puis on ne peut pas faire ça. Donc, le
minimum qu'on a à faire, c'est d'élargir un petit peu le débat pour qu'on
puisse, nous, comme parlementaires, se mettre à jour quant aux nouvelles
données issues de la réalité de la pandémie. Là-dessus, l'UMQ en aurait long à
dire, j'en suis convaincu.
C'est pour ça qu'on fait cette motion-là,
puis il va y en avoir d'autres. Moi, c'est pour ça que je voulais intervenir
tantôt, là. Je ne me souvenais plus que j'avais épuisé mon temps sur la motion
de la députée de Maurice-Richard concernant le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles. Moi, je pense qu'on aurait dû
l'entendre aussi pour parler de cette nouvelle réalité dans laquelle nous
sommes depuis cette pandémie. On ne peut pas faire comme si ça n'existait pas,
je le répète, puis vous allez m'entendre souvent dire ça, Mme la Présidente.
Puis là ce n'est pas vrai qu'on va faire
un exercice aussi fondamental que d'adopter une loi ou d'étudier un projet de
loi sur la gouvernance en changements climatiques sans se faire une mise à
jour...
M. Gaudreault : ...ça
n'existait pas. Puis là ce n'est pas vrai qu'on va faire un exercice aussi
fondamental que d'adopter une loi ou d'étudier un projet de loi sur la gouvernance
en changements climatiques sans se faire une mise à jour en cette matière en
temps de pandémie. Je pense que ça ne serait pas responsable. Moi, je pense que
les Québécois s'attendent de leur gouvernement, s'attendent de leur Assemblée
nationale, s'attendent de leurs parlementaires qu'on ait un minimum de contact
avec la réalité, qui s'appelle une pandémie historique qui vient jouer de façon
inéluctable et de façon déterminante pour le futur sur la gestion du risque
climatique. Puis il y a plein d'articles qui nous... il y a plein d'intervenants,
dans les médias, qui nous interpellent à le faire. Hier encore, il y avait une
lettre cosignée, entre autres, par Équiterre, appelant à une prise de
conscience sur les enjeux climatiques, et de redessiner un avenir qui sera
différent, de profiter de cette opportunité que personne n'avait souhaitée,
bien évidemment, de la pandémie pour rebâtir sur des bases nouvelles. Donc,
pour faire ça, il faut entendre d'autres groupes que ceux qu'on a entendus
avant la pandémie, et surtout poser des questions concernant la nouvelle
réalité collée à la pandémie, et éventuellement postpandémique, nous
l'espérons. Même le FMI le dit. Quand c'est rendu que le Fonds monétaire
international plaide pour une prise de conscience aiguë des élus de la planète
sur une relance basée sur autre chose que l'économie traditionnelle ou le
paradigme avant la pandémie, ça va quand même assez loin.
Alors, moi, je demande minimalement au
gouvernement de dire : O.K., prenons un petit pas de côté et étudions...
c'est-à-dire, écoutons quelques groupes supplémentaires pour venir nous dire
quelle est cette nouvelle réalité climatique, économique, écologique,
énergétique qui va interpeller le Québec pour la suite, après la pandémie. Et
un des premiers intervenants qu'on doit entendre là-dessus, c'est l'Union des
municipalités du Québec, puis ça tombe bien, parce que vous avez sûrement
constaté que la nouvelle présidente de l'Union des municipalités du Québec a été
élue, a été confirmée dans son poste il y a à peine, je pense, deux semaines,
Mme Suzanne Roy, mairesse de Sainte-Julie, en Montérégie. D'ailleurs, je la
félicite, j'en profite pour la féliciter publiquement de sa nomination comme
présidente de l'UMQ. Elle a déjà été présidente de l'UMQ, mais jusqu'à
récemment, avant de redevenir présidente de l'UMQ, elle était en charge des
enjeux de développement durable, d'environnement, d'adaptation aux changements
climatiques au sein de l'UMQ. Donc, on a un bel alignement de planètes. Si on
entendait l'UMQ, nous aurions justement la personne qui connaît ou, en tout
cas, qui était porte-parole puis qui connaît sûrement le mieux parmi les
membres du conseil d'administration de l'UMQ, sans rien enlever à personne d'autre,
là... Mais, en tout cas, elle, elle était responsable du dossier des
changements climatiques puis du développement durable au sein de l'UMQ, ça fait
que ça tombe joliment bien, de venir nous dire ici ce qu'elle en pense, surtout
considérant le contexte de la pandémie.
• (11 heures) •
Et on a reçu déjà, à cette commission
parlementaire, les représentants de la FQM, la Fédération québécoise des
municipalités, mais comme vous le savez, la FQM ne représente pas l'ensemble
des municipalités, il y a deux unions comme... pour paraphraser Yvon Deschamps,
il y a deux unions, dans le monde municipal, au Québec, il y a l'Union des
municipalités puis il y a la FQM. Alors, je pense que le minimum, c'est
d'entendre les deux. Alors, moi, je souhaiterais qu'on entende l'UMQ,
considérant qu'ils représentent quand même une bonne part des municipalités,
notamment les municipalités les plus populeuses, les municipalités les plus
grandes, ce qui représente 85 % de la population et de territoire du
Québec. Donc, c'est quand même important, là, d'entendre...
11 h (version non révisée)
M. Gaudreault : ...considérant qu'elle
représente quand même une bonne part des municipalités, notamment les
municipalités les plus populeuses, les municipalités les plus grandes, ce qui
représente 85 % de la population et... du territoire du Québec. Donc,
c'est quand même important, là, d'entendre cette institution. Je ne vois pas
comment on pourrait étudier le projet de loi n° 44 sans les entendre.
Puis, comme je vous disais tantôt, ça nous
permettrait de faire un peu une pause sur la question des changements
climatiques versus la , pour pas qu'on agisse comme si ça n'existait pas, la
pandémie. Ça existe, il n'y a que ça. Je veux dire, c'est assez... ça serait
assez surréel de penser ou de procéder à l'étude du projet de loi comme si ça
n'existait pas.
Donc, moi, je pense qu'il faut absolument
entendre l'UMQ, d'autant plus, Mme la Présidente, qu'une des leçons qu'on doit
nécessairement tirer de ce qui s'est passé dans les dernières semaines, c'est
le fait que les instances interpellées au premier chef sur le territoire sont
les instances municipales. Je suis sûr que tous les collègues ici qui ont eu à
se concentrer sur du travail dans leurs bureaux de circonscription depuis le 12
et le 13 mars, sont d'accord avec ça ou, si ne le sont pas, en tout cas,
ils vont au moins reconnaître que c'est vrai que les municipalités sont
interpellées au premier chef.
Encore la semaine passée et encore
aujourd'hui, prenez juste l'exemple des camps de jour, comment les parents se
préoccupent des camps de jour, cet été, pour leurs enfants. Bien, c'est qui qui
organisent les camps de jour? C'est les municipalités. Dans ma région, quand
on... dans d'autres régions dites périphériques au Québec puis des régions
ressources, quand le gouvernement a annoncé des barrières ou des fermetures,
les... qui qui a été interpellé en premier lieu? C'est les municipalités,
notamment au... à Saguenay, par exemple, c'était la sûreté municipale qui
devait gérer les postes de... les points de contrôle à l'entrée de la ville de
Saguenay pour bien contrôler, là, les vas-et-vient... les va-et-vient,
c'est-à-dire, entre les autres régions et le Saguenay—Lac-Saint-Jean. Alors,
ça, c'est la sûreté municipale. Bien, c'est... ça découle de la municipalité.
Toute la question de la gestion des parcs, de la gestion des travaux publics qui
ont été interpellés, la question de l'entretien des routes, de la collecte des
ordures ménagères, de la gestion des centres de tri, c'est les municipalités
qui ont été interpellées au premier rang. Qui était membre des différents
comités de liaison? Je ne sais pas, au juste, comment ça se passait dans les
autres régions, là. Mais chez moi, en tout cas, on avait un genre de comité de
liaison, là, présidé par la ministre du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Qui était là?
Les municipalités puis les MRC. La ville de Saguenay, la ville d'Alma, ou le
Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui sont membres de l'Union des municipalités du
Québec.
Je veux dire... Puis c'est comme ça
partout à travers le monde. Qui a été les premiers à interpeller, dans l'état
de New York pour la gestion de la pandémie, malheureusement, qui est devenue un
peu... un peu beaucoup l'épicentre aux États-Unis? C'est la ville de New York.
Qui, présentement, au Québec, là où il y a encore les plus gros foyers
d'éclosion, malheureusement, ou les plus grands, les plus hauts taux de
contamination... C'est la ville de Montréal. C'est la mairesse de Montréal,
avec la directrice de la santé publique sur l'île de Montréal, qui gère ça. Qui
a été le premier interpellé, avec les taux alarmants à Montréal-Nord puis à Saint-Michel?
C'est le conseil d'arrondissement, c'est les gouvernements de proximité.
Puis là on a un gouvernement qui nous
dit : Ah! il faut aller vite pour adopter le projet de loi n° 44,
parce que ça parle d'environnement puis il faut mettre le focus sur
l'environnement pour la suite des choses. Mais il ne tient pas compte que les
premiers interpellés, dans le contexte de la pandémie, ont été les institutions
municipales, puis que ça serait peut-être approprié de les entendre.
Alors, moi, c'est pour ça que je fais
cette motion, qui vise à entendre l'UMQ. Ils vont en avoir long à dire. Ça a
été les premiers au front, puis c'est comme ça partout à travers le monde,
c'est comme ça partout à travers le monde.
En Inde, les mesures de confinement
étaient gérées par les municipalités. Bombay, qui est quand même plus gros que
Saint-Raymond-de-Portneuf, mettons, avait à gérer la question du confinement...
M. Gaudreault : ...en Inde, les
mesures de confinement étaient gérées par les municipalités. Bombay, qui est quand
même plus gros que Saint-Raymond-de-Portneuf, mettons, avait à gérer la question
du confinement au niveau de la municipalité puis n'attendait pas les directives
de New Delhi. Alors, ce n'est pas nouveau, là, même chose en Allemagne, même chose
ailleurs dans le monde. Quand je vous disais, tout à l'heure, aux États-Unis,
c'est New York, par exemple, qui est intervenue, avec le maire, Bill de Blasio,
pour les premières mesures. Alors, les municipalités sont au front dans la
gestion des risques pandémiques, dans la gestion des mesures sanitaires, et
c'est fondamental pour la suite des choses. On ne peut pas penser avoir une gouvernance
sur les changements climatiques dans un contexte postpandémique sans tenir
compte de l'avis des villes. Moi, ça ne me rentre pas dans la tête.
Puis, en plus, ça nous permettrait de
prendre un petit pas de recul pour dire : Quelle est la situation
depuis... en toute matière, en ce qui concerne les changements climatiques puis
l'environnement, depuis le 12 mars 2020? Qui ne remonte pas à il y a si longtemps,
mais on a l'impression que c'est l'ancien régime. Je pense qu'on a besoin de se
faire une tête là-dessus, et l'UMQ y contribuerait de façon puissante, parce
que, je le répète, ce sont les premiers interpellés, ce sont... les municipalités,
ce sont les premiers à être au front. Et ça nous permettrait d'avoir un
meilleur contenu, comme parlementaires.
Donc, les municipalités aussi sont les
premières interpellées sur la question du transport. Dans le transport collectif,
ça va quand même être un enjeu pas banal pour la suite des choses. Le premier
ministre lui-même a dit : Pour accélérer la reprise économique, on va
décaisser plus vite pour les projets d'infrastructures dans le PQI. Il a dit
ça. Bon, c'est le bon vieux canadianisme, là, dans une période de crise, c'est
l'État qui intervient pour faire rouler l'économie, puis c'est correct. Mais
c'est parce qu'il y a quand même des projets importants en matière de transport
collectif, que ce soit à Montréal, que ce soit ici, à Québec, avec le tramway,
ou ailleurs, dans d'autres régions. Je veux juste vous que les municipalités au
Québec, là, elles assument, un, elles assument le financement des transports
collectifs à la hauteur de 1,1 milliard par année. Ça équivaut à 107 000 km
de routes, de rues, de chemins locaux. Donc, c'est quand même un rôle
important.
Alors si, effectivement, le ministre, avec
le projet de loi n° 44, ouvre la porte davantage pour puiser dans le Fonds
vert, dans le financement des transports collectifs, ou on veut faire un débat
sur cet enjeu-là, bien, ça serait important d'avoir l'opinion des premiers
concernés par les transports collectifs au Québec, et ça, bien, ce sont les
municipalités, ce sont les plus grandes municipalités. Puis les plus grandes
municipalités sont regroupées où? Dans l'UMQ. Alors moi, je demande qu'on
entende l'UMQ ici, concernant cet enjeu-là. On ne peut pas, je le répète, on ne
peut pas faire comme si la pandémie n'existait pas. Puis l'UMQ doit en avoir
long à nous dire sur cet enjeu-là.
• (11 h 10) •
Donc, Mme la Présidente, moi, je soumets
respectueusement que, pour faire le point, pour bien poser les questions sur la
suite des choses, pour voir comment le Québec doit se repositionner dans un
contexte pandémique et post pandémique, nous devons prendre un pas de recul, on
doit se faire une tête sur ce qui s'est passé sur le plan climatique et de
l'environnement, et se poser les bonnes questions, et entendre l'UMQ. Quand c'est
rendu que des baleines se promènent à Montréal, je pense que ça démontre qu'il
y a des petits changements...
M. Gaudreault : ...et se
poser les bonnes questions, et entendre l'UMQ. Quand c'est rendu que des
baleines se promènent à Montréal, là, je pense que ça démontre qu'il y a des
petits changements. On ne peut pas entendre la baleine, là, ici, là, malheureusement,
mais il faut certainement entendre les principaux acteurs concernés par la
gestion d'une crise comme celle que nous vivons. Et les premiers acteurs
concernés sont les municipalités. Donc, il me reste combien de temps, Mme la
Présidente?
La Présidente
(Mme Grondin) : Il vous reste deux minutes, M. le député.
M. Gaudreault : Deux
minutes? O.K. Bien, écoutez, deux minutes pour dire que j'aimerais entendre les
autres collègues là-dessus. J'aimerais entendre le ministre. Moi, je suis
convaincu que les gens de l'UMQ souhaitent être entendus. D'ailleurs, ils nous
ont envoyé une lettre le 3 février dernier pour faire part de leurs commentaires
sur le projet de loi n° 44. Mais une lettre, ce n'est pas assez. Il faut
aller plus loin que ça, vous le savez. Vous avez déjà vécu des commissions
parlementaires avec des auditions. Ça permettrait d'aller plus loin sur ce qu'ils
nous disent dans leur lettre du 3 février. Ça nous permettrait également
de leur demander un mémoire plus détaillé sur la réalité vécue par les municipalités
dans le contexte de la pandémie et après la pandémie.
Donc, c'est ce que j'avais à proposer, Mme
la Présidente, à ce stade-ci, comme motion préliminaire, d'entendre l'Union des
municipalités du Québec. J'espère qu'il va avoir une oreille attentive pour ça.
Puis je pense que ce n'est pas quelque chose qui demanderait énormément de
temps, là. Je suis sûr, connaissant l'UMQ, qu'ils seraient capables de se
revirer de bord assez rapidement, puis on serait capable de faire ça, même, en
tout cas, certainement d'ici la fin de la session, là, qui est la semaine
prochaine, là. Je suis sûr que, si aujourd'hui on adopte cette motion-là puis
on appelle Mme Roy, là, là, tout de suite après, elle va dire : Oui,
c'est beau. Je vais être là. Peut-être même... On est quoi, aujourd'hui? On est
mardi. Peut-être qu'elle serait capable, même, de la faire pour vendredi ou au
pire en début de semaine prochaine, mardi.
Alors, moi, je pense que ça serait vraiment
important d'entendre... d'entendre l'UMQ pour les raisons que je disais tout à
l'heure, ce sont les premiers sur le terrain. Les municipalités, ce sont les
premières à intervenir sur le terrain en matière climatique, mais en matière
aussi de gestion de santé publique. Donc, voilà, Mme la Présidente. Je vais
terminer là-dessus, et en espérant que les collègues appuient ma motion. Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. M. le ministre,
souhaitez-vous intervenir?
M. Charette : Si les
collègues le souhaitent.
La Présidente
(Mme Grondin) : Y a-t-il d'autres interventions? Mme la
députée de Maurice-Richard. Vous avez 30 minutes.
Vous êtes... Parfait.
Mme Montpetit : Je vous
remercie, Mme la Présidente. Contente de vous retrouver, ici, dans un contexte
très particulier. On a un petit peu plus de distance entre chacun d'entre nous,
mais ça ne m'empêche pas de saluer mes collègues ainsi que les collègues de la
deuxième et de la troisième opposition, le ministre ainsi que les gens qui
l'accompagnent. Je souhaiterais, si vous me le permettez aussi, avant que je
commente directement sur la proposition du député de Jonquière, prendre aussi
quelques instants pour revenir... C'est la première fois, moi, que je reviens à
l'Assemblée nationale depuis que les travaux ont été suspendus dans le contexte
de la pandémie. Et je voudrais commencer par transmettre mes sympathies à tous
les Québécois et toutes les Québécoises qui ont perdu un proche pendant cette
pandémie. C'est une situation dramatique. Et on parle beaucoup de nombres, on
parle beaucoup de chiffres, mais je pense qu'on ne souligne pas assez souvent
que, derrière ces chiffres, il y a des noms, il y a des visages et il y a
surtout des familles, il y a des proches, il y a des conjoints, et des
conjointes, et des enfants qui entourent et qui sont marqués par ces décès.
Et je voudrais également en profiter aussi
pour saluer les gens de ma circonscription. La circonscription de Maurice-Richard est dans le nord de Montréal. C'est... Elle
couvre dans le fond l'arrondissement d'Ahuntsic et une partie de Montréal-Nord.
Donc, elle se trouve dans une situation qui est encore très difficile aujourd'hui.
Les CHSLD de ma circonscription aussi que sont assez nombreux et les RPA sont
dans une situation également qui est très difficile. Et je nous souhaite que
les décisions qui sont prises soient les bonnes et soient assez rapides pour
s'assurer, justement, que cette pandémie soit restreinte le plus rapidement
possible.
Je voudrais aussi en profiter pour le
personne du réseau, notamment du réseau de la santé et notamment ceux...
Mme Montpetit : ...qui sont
prises, soient les bonnes et soient assez rapides pour s'assurer justement que
cette pandémie soit restreinte le plus rapidement possible.
Je voudrais aussi en profiter pour saluer
tout le personnel du réseau, notamment... du réseau de la santé, notamment ceux
et celles avec qui j'ai eu l'occasion de travailler en CHSLD durant la
pandémie. Et j'ai eu l'occasion de rencontrer des préposés aux bénéficiaires,
inhalos, infirmières, infirmières auxiliaires, du personnel administratif
aussi, d'une générosité, d'une bienveillance sans nom, moi, j'y suis arrivée à
la cinquième semaine de pandémie, donc des gens qui étaient essoufflés, qui
étaient fatigués, qui étaient épuisés parce qu'ils faisaient des quarts de
travail doubles depuis déjà cinq semaines, qui, pour plusieurs, n'avaient pas
pris de fin de semaine, n'avaient pas pris de jour férié et continuaient
d'entrer, malgré tout cet épuisement, continuaient de rentrer au travail avec
le sourire aux lèvres. Et j'ai été accueillie dans un... oui, un certain... une
situation de crise, dans un certain chaos assez dramatique mais avec des
équipes et un personnel vraiment, vraiment extraordinaires. Ils font un travail
extraordinaire en tout temps, mais je veux le souligner particulièrement dans
ce contexte parce qu'ils auraient pu faire le choix de... ils auraient pu faire
le choix de quitter le navire, et ils sont restés parce qu'il y en qui ont
accepté, jour après jour, moi, je l'ai vu, de faire un chiffre supplémentaire,
et d'en faire un autre, et d'en faire un autre, au détriment de leur santé
physique, au détriment de leur santé mentale, pour certains, parce qu'il y a eu
de l'épuisement en cours de route aussi, et ils sont restés parce qu'ils
voulaient s'assurer que les personnes aînées qui étaient sur les étages soient
nourries, soient hydratées et soient accompagnées. Et ça, pour ça, je les salue
bien bas et j'aurai l'occasion certainement de les revoir. J'ai pris une
période de quarantaine légitime pour pouvoir être avec vous aujourd'hui sur ce
projet de loi, mais je peux les assurer que je retournerai leur donner un coup
de main, si c'est nécessaire, parce que la situation, malheureusement, n'est
pas encore stabilisée dans plusieurs CHSLD notamment de Montréal.
Concernant les affaires qui nous occupent
aujourd'hui, je pensais qu'on allait reprendre, Mme la Présidente, dans de
meilleures dispositions. Et je ne suis pas intervenue plus tôt, lors de
l'intervention du ministre, je pensais que vous alliez peut-être le faire, et
ce n'est pas du tout un reproche, mais dans le souci de garder une bonne collaboration,
on vient tout juste de débuter, après plusieurs semaines, effectivement, où on
n'a pas travaillé sur le projet de loi, je ne suis pas intervenue lors de
l'intervention du ministre, mais je m'attends nécessairement à ce qu'on parte
sur de bonnes bases, sur de bonnes dispositions. Et il a insinué, il nous a
prêté des intentions, et c'est à cet effet-là que j'aurais pu intervenir, il
nous a prêté des interventions comme quoi l'environnement n'était pas une
priorité pour nous.
M. Charette : ...prêté
d'intentions, mais clairement la collègue m'en prête actuellement, donc je lui
demanderais d'être prudente dans ses propos.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, je vous invite, chers collègues, c'est un
projet important, je vous invite à tenter d'avoir des échanges qui sont plutôt
rassembleurs. Et je serai à l'écoute très, très, très. Donc, Mme la députée.
Mme Montpetit : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je vais continuer, ce que j'essaie de faire, c'est de tendre
la main au ministre. Donc, qu'il la reçoive mais qu'il soulève des propos du
genre... ce qu'il a dit à mon collègue de D'Arcy-McGee, comme quoi il est
surpris et il laisse sous-entendre que l'environnement n'est pas une priorité
pour nous et qu'on soulève des questions sur le fait que l'environnement ne
devrait pas être à l'ordre du jour. Je pense que ça n'a pas sa place dans les
échanges qu'on a aujourd'hui puis je trouve ça dommage. Vous le savez très
bien, Mme la Présidente, on a siégé sur plusieurs choses... plusieurs dossiers
ensemble en environnement, vous savez notamment que j'ai une maîtrise en lutte
aux changements climatiques, en environnement, en santé environnementale. Je
pense qu'il n'y a personne qui doute ici de la priorité et de l'intérêt que
j'accorde à la lutte aux changements climatiques, pas plus que mes collègues
qui sont assis à mes côtés.
• (11 h 20) •
Donc, il n'est pas du tout question... et
je trouve ça dommage que le ministre laisse entendre que les commentaires que
l'on fait sont en ce sens parce que ce n'est absolument pas, mais absolument
pas le cas. Et donc la lecture que j'en fais, c'est qu'il nous prête des propos
qui ne sont pas les nôtres, puis je trouve ça déplorable comme façon de
commencer...
Mme Montpetit : ...que les
commentaires que l'on fait sont en ce sens parce que ce n'est absolument pas,
mais absolument pas le cas. Et donc la lecture que j'en fais, c'est qu'il nous
prête des propos qui ne sont pas les nôtres, puis je trouve ça déplorable comme
façon de commencer les échanges, surtout que ça fait à peine 20 minutes
que ces échanges étaient commencés. Ce que mon collègue... Donc, je l'invite
moi aussi à être prudent, pour réutiliser ses mots, dans le genre de propos
qu'il... si on veut continuer, parce que nous, on arrive ici dans une démarche
de collaboration.
Je pense que, quand on a l'environnement à
coeur, et c'est ce que mon collègue mentionnait, quand on a l'environnement à
coeur... mon collègue de D'Arcy-McGee, mais le collègue de Jonquière aussi le
mentionnait, on se serait attendu à ce que le ministre, en temps de crise et de
pandémie, fasse minimalement partie, en effet, du comité de relance du Québec
et on se serait attendu justement à ce que l'environnement, la lutte aux changements
climatiques fasse partie de façon prioritaire et importante de ce plan de
relance, justement, parce que, dans une relance économique, on souhaite que
cette relance-là soit économiquement verte et économiquement durable également,
et qu'il y ait une priorité qui soit donnée, notamment, à tout ce qui est
projet vert, qu'il y ait une voie rapide.
Je le remets sur la table pour le ministre.
Je lui rappelle qu'on avait déposé une proposition, à l'automne dernier déjà,
sur l'intérêt de mettre en place une voie, et on l'avait appelée voie rapide,
mais elle pourrait s'appeler voie accélérée, pour s'assurer que les projets qui
ont une valeur économique environnementale puissent être traités beaucoup plus
rapidement qu'ils ne le sont, pour... puis, dans le contexte de relance
économique du Québec, c'est encore plus pertinent que ce l'était. C'était extrêmement
pertinent, mais je pense qu'il devrait sincèrement considérer cette
proposition. Elle a été remise de l'avant par plusieurs groupes dans les
dernières semaines, et je pense que c'est le genre de chose à laquelle il
devrait consacrer son temps et son énergie, s'assurer que la relance du Québec
soit ambitieuse au niveau environnemental, soit ambitieuse au niveau
climatique, et qu'il soit bien assis autour de la table de ce comité de relance
du Québec. C'est le commentaire que nous faisions et c'est ce qu'exprimaient
mes collègues, non pas sur l'importance de l'environnement mais bien sur
l'importance du projet de loi n° 44 dans le contexte
actuel.
Puis je partage complètement les propos du
député de Jonquière sur le fait que c'est vrai que c'est surréel de se
retrouver ici, et c'est ce que soulignait le collègue de D'Arcy-McGee aussi.
C'est surréel de reprendre les travaux sur ce projet comme si de rien n'était.
Je pense que la dernière fois qu'on a été ici ensemble, c'est le
19 février, si je ne me trompe pas. Ça fait presque trois mois. C'est un projet
de loi, en plus, qui est... puis là je vais dire à peine entamé, mais qui n'est
pas entamé du tout. On n'a pas commencé l'étude de l'article 1.
Je me dis : Si, ce projet-là, on
avait été dans les derniers milles à la fin, puis qu'il avait hyperpertinent,
jour 1, puis qu'en termes de gouvernance climatique la démonstration a été
faite que ça allait nous permettre d'atteindre nos cibles qui sont fixées, on
s'empresserait et on aurait été les premiers à dire : Il faut que ce projet
de loi là soit remis à l'étude à la commission pour s'assurer qu'on puisse le
terminer rapidement parce qu'il va faire une différence.
Force est de constater qu'on n'a pas
débuté encore l'étude, et non seulement on ne l'a pas débutée, ce projet de loi
était déjà questionnable avant la pandémie, en ce sens que le ministre nous a
répété à plusieurs reprises, à l'époque, que ce n'est pas un projet de loi, ce
n'est pas une loi climat. Il a péremptoirement refusé de doter le Québec d'une
véritable loi climat et, à l'époque, il n'a pas su démontrer la plus-value du
projet de loi avant la crise. Il n'a pas su démontrer que l'abolition des deux
instances, que ce soit Transition énergétique, que ce soit le Conseil de
gestion du Fonds vert... n'a pas été capable de démontrer en quoi ces deux
instances-là ne nous ont pas permis d'atteindre les objectifs ou les missions
qu'on leur avait confiés.
Même, au contraire, nombre, et nombre, et
nombre de groupes, rappelons-nous, sont venus nous dire, à l'époque, que
c'était une erreur d'abolir Transition énergétique Québec, qu'il y avait des
enjeux au niveau de la reddition de comptes, qu'il y avait des enjeux au niveau
de la transparence, au niveau de l'efficacité, au niveau de l'agilité...
Mme Montpetit : ...ou les
missions qu'on leur avait confiées. Même, au contraire, nombre et nombre et
nombre de groupes, rappelons-nous, sont venus nous dire à l'époque que c'était
une erreur d'abolir Transition énergétique Québec, qu'il y avait des enjeux au
niveau de la reddition de comptes, qu'il y avait des enjeux au niveau de la
transparence, au niveau de l'efficacité, au niveau de l'agilité, et le ministre
n'a pas été capable non plus de faire la démonstration en quoi la nouvelle
gouvernance qu'il propose va nous garantir le respect de nos engagements
climatiques.
Donc, c'est sûr qu'à ce stade-ci, avant
pandémie, j'avais plusieurs, plusieurs interrogations, et inquiétudes, et
bémols, et objections au projet de loi. C'est sûr que se retrouver aujourd'hui,
à presque trois mois plus tard, avec le même projet de loi, où on reprend à
pleine vapeur, où on dit go, on pèse, on s'en va en soins... en session
intensive, on pèse sur l'accélérateur et on ne... Le ministre n'a pas revu son
projet de loi. Moi, je me serais attendue à un certain... effectivement, à ce
qu'il prenne un certain pas de recul, à ce qu'il réfléchisse à son projet, à ce
qu'il réfléchisse aux moyens qu'il souhaite... dont il souhaite doter le Québec
pour atteindre ses objectifs climatiques. Dans un contexte de pandémie, dans un
contexte... Là, je ne sais plus si on dit... On ne dit pas très...
«postpandémie», mais il y aura un mot, certainement... Mais, dans un contexte
de crise, on est encore en pandémie, c'est curieux puis c'est vraiment
questionnable, c'est questionnable, c'est... de se retrouver ici.
Donc, je trouve ça dommage qu'on parte sur
ces bases-là, mais je pense que c'est des questions qui sont tout à fait
légitimes de poser de la part des oppositions, de dire : Bien, ce n'est
pas... il n'y a pas eu une parenthèse qui... On ne peut pas dire que ce qui
s'est passé dans les trois derniers mois n'a eu aucun impact sur le Québec. Je
veux dire, il n'y a personne ici autour de la table qui pense ça, j'en suis
certaine. Et, que ce soient des impacts justement économiques ou que ce soient
des impacts environnementaux, que ce soient des impacts climatiques, bien, il
faut retourner à la table à dessin sur plein, plein, plein d'aspects, en effet,
sur toutes les questions budgétaires, notamment, mais il faut repenser le
projet de loi, et le...
Ce qui est... Je ne sais pas si c'est
«ironique». Oui, c'est «ironique». Je me demande si c'est «sarcastique», mais
c'est ironique aussi de voir que... Puis je rêvais de... Je vais le faire
régulièrement. On a déposé une motion de scission en Chambre, on a fait
plusieurs propositions au ministre, mais je le réinvite à reconsidérer la
partie dans son projet de loi qui est l'abolition de Transition énergétique
Québec. Et ce qui est ironique, c'est que la seule société d'État, pendant
l'actuelle pandémie, la seule société d'État qui a déposé des mesures de
relance, c'est Transition énergétique Québec. Donc, c'est démontrer à quel
point c'est une organisation qui est... Puis, on l'avait dit, les experts qui
sont venus, les organisations qui sont venues, les entreprises qui sont venues
nous l'ont dit, elle est agile, elle est fiable, elle est flexible, et, même
dans un contexte de pandémie, ce ne sont pas ni le ministère de
l'Environnement, ni le ministère des Ressources naturelles qui ont présenté un
plan... des mesures de relance économique, c'est Transition énergétique Québec.
Donc, c'est démontrer, je ne sais pas si c'est par l'absurde, à quel point ils
sont pertinents. Donc, dans le contexte, je pense que ces réflexions-là doivent
absolument se faire de la part du ministre, et on doit se donner l'opportunité
d'entendre des groupes. Et je reviens aux propos du ministre, qui trouvait
discordant le fait qu'on questionne l'empressement du gouvernement à déposer le
projet de loi à l'heure actuelle versus le fait qu'on veuille entendre des
groupes. Bien, écoutez, dans la mesure où on est convoqués par le gouvernement
pour faire l'étude du projet, je ne vois pas pourquoi on serait revenus sur
notre demande d'entendre le ministre des Ressources
naturelles — donc, c'était l'objet de l'échange qu'on
avait — dans un contexte où je continue de penser que le principal intéressé
pour la moitié du projet de loi aurait dû être entendu.
• (11 h 30) •
En ce qui concerne la demande... la motion
qui a été déposée par le député de Jonquière, je partage pleinement chacun des
éléments qu'il a portés à l'attention des parlementaires autour de cette table.
L'Union des municipalités du Québec, les municipalités sont...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Montpetit : ...député de
Jonquière. Je partage pleinement chacune des... chacun des éléments qu'il a
portés à l'attention des parlementaires autour de cette table.
L'Union des municipalités du Québec, les
municipalités sont directement touchées par tout ce qui est changements
climatiques, adaptation aux changements climatiques, devraient avoir leur mot à
dire sur toutes les questions de gouvernance, devraient avoir leur mot à dire
sur l'intention, justement, du ministre d'enlever l'obligation que le fonds...
le deux tiers du Fonds vert soit consacré au transport en commun. Ils ont
assurément beaucoup de choses à nous dire là-dessus. Et, oui, ils nous ont
fait... ils nous ont transmis un mémoire pour nous faire part de leurs
commentaires, mais... Oui, ils nous rappelaient, à juste titre, justement, dans
ce mémoire, comment ils sont directement interpellés. Je pense qu'il ne faut
pas se priver de l'opportunité de les entendre et avoir des échanges avec eux.
C'est des acteurs de premier plan lorsque
vient justement la question de réduire les émissions de GES, d'oeuvrer dans la
transition énergétique du Québec. Ils sont touchés directement. On l'a vu à
plusieurs reprises dans la dernière année, que ce soit l'UMQ ou la FMQ aussi,
qui sont... Tous deux ont été très vocals sur le fait que les municipalités
étaient financièrement touchées et allaient être encore davantage
financièrement touchées dans la prochaine décennie, dans le contexte de la
lutte aux... bien, par les changements climatiques, que ce soit au niveau de
l'érosion des berges, que ce soit au niveau des inondations. Ils font affaire
justement avec les différents... avec le Fonds vert. Ils ont assurément
beaucoup de choses à nous dire sur, justement, ces programmes, de la façon que
ça fonctionne, comment... qu'est-ce qui va bien, qu'est-ce qui va moins bien,
comment ils voient ça.
Et, le député de... le collègue le
soulignait, les municipalités, c'est vrai qu'elles ont été des acteurs de
premier plan dans l'actuelle pandémie. Moi, je peux vous dire qu'à Montréal...
Puis je pense que mes deux collègues ont été dans la même situation, où on a
travaillé de façon extrêmement étroite avec... non seulement avec les CIUSSS,
pour le côté sanitaire, mais avec les arrondissements aussi, que ce soit pour
la distribution de masques, que ce soit au début aussi pour les banques
alimentaires, hein? La crise a eu plusieurs étapes, je vais le dire comme ça.
Mais on s'est retrouvés dans des situations où la première étape, c'est presque
100 000 personnes qui perdent leur emploi en... quoi, en 48 heures. Donc,
c'est les banques alimentaires, c'est de venir les soutenir, qu'ils n'ont plus
de personnel, leur assurer d'avoir du matériel.
Donc, on a travaillé très étroitement avec
les arrondissements, s'assurer que toutes les consignes, par exemple, se
retrouvent dans les HLM, dans des endroits un petit peu plus vulnérables. Là,
en ce moment, ce qui se passe, c'est les cliniques de dépistage mobiles dans
nos circonscriptions, donc s'assurer d'être capable de rejoindre les citoyens.
Donc, c'est sûr que ça, c'est quelque chose qu'on travaille extrêmement
étroitement avec les municipalités, donc. Et là il y a toute la question, bien,
de la distanciation. À Montréal, c'est sûr qu'il y a eu un impact sur toutes
les questions de transport, transport collectif.
Moi, je vois mal... Et j'espère que le
ministre pourra... prendra son temps de parole, à la fin de nos interventions,
sur la pertinence de recevoir l'UMQ. Et j'espère qu'il prendra son temps de
parole pour nous expliquer, si, d'aventure, il devait refuser qu'on puisse les
entendre en consultation... qu'il pourra nous... qu'il... à tout le moins,
qu'il aura le respect de nous expliquer pourquoi il juge que l'UMQ, ce n'est
pas pertinent qu'on les reçoive ici en consultation. Il y a près de 390, si ma
mémoire est bonne, près de 400 municipalités qui sont membres de l'UMQ, et ça
représente 85 % de la population du Québec. Donc, assurément...
Et l'UMQ couvre aussi toutes les régions
du Québec. Je pense qu'il y a certainement des particularités régionales ou des
particularités municipales qui nous échappent, là. Je ne pense pas que... Ici,
personne ne peut prétendre connaître tous les villages ou toutes les villes du
Québec et comprendre les particularités de chacune d'entre elles par rapport à
la lutte aux changements climatiques puis à l'adaptation aux changements
climatiques. Je pense que d'avoir un porte-parole, qui est l'UMQ, qui viendrait
nous présenter leurs enjeux à venir, leurs besoins, ce qu'ils ont besoin de
retrouver dans ce projet de loi en termes de gouvernance, comment ils peuvent
être accompagnés dans... pour répondre...
Mme Montpetit : ...je pense que
d'avoir un porte-parole qui est l'UMQ, qui viendrait nous présenter leurs
enjeux à venir, leurs besoins, ce qu'ils ont besoin de retrouver dans ce projet
de loi en termes de gouvernance, comment ils peuvent être accompagnés dans...
pour répondre, dans le fond, à cette crise climatique. Donc, j'ose espérer que
le ministre partagera notre besoin de les entendre et la pertinence de les
entendre pour venir bonifier son projet de loi. Puis comme j'imagine aussi
qu'il travaille sûrement sur un... bien, je ne sais pas, peut-être plus... je
ne sais pas... sur un plan en environnement, je suis certaine que c'est
toujours intéressant d'avoir des acteurs, aussi, importants qui viennent donner
des idées et qui viennent faire des suggestions.
Donc, tout ça pour dire, Mme la
Présidente, que j'abonde dans le même sens que le député de Jonquière et que je
suis très favorable, mais extrêmement favorable, et je pense qu'ils auraient
dû, dès le départ, dans les consultations qu'on a faites... Mais dans le
contexte, ce n'est pas plus mal, comme on le soulignait, qu'on vient de passer
au travers une pandémie, ce n'est pas plus mal et c'est même heureux, je pense,
qu'on puisse avoir l'opportunité d'avoir certains groupes qui viennent discuter
avec nous. Et j'abonde aussi dans un sens que, si on voulait faire un travail
comme il faut, non seulement le ministre devrait retourner à la planche à
dessin et prendre un petit pas de recul, mais on devrait aussi se donner
l'opportunité de cibler certains groupes. Je ne pense pas qu'il faut reprendre
les consultations dans leur entièreté, mais je suis certaine qu'il y a des
groupes sur lesquels on pourrait s'entendre, tous ensemble, qui pourraient
peut-être nous donner, dans le contexte, une lecture différente de celles
qu'ils avaient faite avant la pandémie et qui pourraient venir nous éclairer,
chacun d'entre nous, pour bonifier le projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres
interventions? Mme la députée de Mercier, vous avez 30 minutes.
Mme Ghazal : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Même si c'est la première fois que je prends la
parole à l'Assemblée nationale depuis la pandémie, depuis qu'on s'est quitté à
la mi-mars... Et je veux... bien, saluer d'abord mes collègues qui sont ici
présents dans cette commission, saluer aussi le personnel qui est avec nous,
qui nous accompagne, et aussi saluer tous les Québécois qui ont été éprouvés
par la COVID-19 que ce soit eux-mêmes, leur santé, leurs proches, et aussi tous
les Québécois et Québécoises qui travaillent dans nos services publics qui sont
aussi importants et qui prennent soin de nous dans les hôpitaux, dans les
CHSLD, les résidences pour personnes âgées, partout au Québec, qui se sont
démené et qui continuent encore aujourd'hui à se démener pour prendre soin de
la population québécoise, des plus vulnérables d'entre nous. Et ça, on ne
l'oubliera jamais, en tout cas, pour ma part. J'espère que ce sera le cas pour
tout le monde et que ce moment va nous permettre de... va nous avoir permis de
prendre des leçons pour le futur, disons.
Puis aussi, comme les autres... mes autres
collègues députés, même, je suis certaine pour M. le ministre, il y a plusieurs
pans en notre métier de député, hein? On connaît beaucoup celui à l'Assemblée
nationale, c'est celui qui est le plus connu, mais il y a aussi une partie qui
est dans notre comté. Et ça a totalement changé, cette crise-là, la façon qu'on
pratique notre métier dans notre comté où, moi, j'ai eu l'impression, en fait,
vu que j'étais confinée chez moi comme beaucoup de gens, de venir moi-même une
attachée politique, c'est-à-dire de faire ce que j'ai toujours dit à mes
employés : Vous êtes chanceux, vous êtes près des gens et vous répondez à
leurs besoins tous les jours en notre nom. Nous, on intervient à certains
moments, d'autres, c'est eux qui le font en notre nom, et pendant la COVID,
bien, j'ai pu expérimenter vraiment c'est quoi ce travail-là en étant très
proche des gens, très proche des organismes, que ce soit des gens qui avaient des
problèmes, par exemple, perte d'emploi, qui voulaient visiter leurs parents
dans les CHSLD, des gens qui avaient aussi des problèmes dans leurs logements,
beaucoup aussi toute la question de la sécurité alimentaire. Donc, ça a été un
moment, je suis certaine, c'est la même chose pour les collègues,
d'apprentissage aussi. Et je remercie aussi les gens pour... tous les
organismes communautaires aussi qui ont travaillé très, très fort pour, eux
aussi, avec le peu de ressources qu'ils ont, prendre soin des gens puis
répondre à leurs besoins, qui étaient encore plus grands que d'habitude à cause
de cette crise incroyable qu'on est en train de vivre tout le monde ensemble.
• (11 h 40) •
Pour revenir sur la... en fait, la
commission puis surtout aussi la proposition de mon collègue député de
Jonquière, d'inviter l'Union des municipalités du Québec. J'entendais l'échange
qui a eu lieu sur est-ce que l'environnement c'est important. Moi, je trouve
que c'est important, etc. L'enjeu n'est pas là. L'enjeu n'est pas de
dire : Moi je trouve que l'environnement, c'est important, donc on devrait
en parler...
Mme Ghazal : ...puis
surtout aussi la proposition de mon collègue député de Jonquière, d'inviter l'Union
des municipalités du Québec. J'entendais l'échange qui a eu lieu sur est-ce que
l'environnement c'est important, moi, je trouve que c'est important, etc.
L'enjeu n'est pas là. L'enjeu n'est pas de dire : Moi je trouve que l'environnement,
c'est important. Donc, on devrait en parler ou pas. Tous les sujets, avec la
COVID, de toute façon, 19, avec cette pandémie-là, tous les secteurs d'activité,
peu importe auxquels on pense, ont été touchés, que ce soit la culture, la
santé, bien sûr, le logement, l'emploi, le chômage. Et on était en plein emploi
jadis, naguère, il y a deux mois. Et là on est... On a un taux de chômage, malheureusement,
qui est élevé et qui augmente, et donc qu'il va falloir s'occuper. Donc, le
monde du travail, tous les secteurs, sans aucune exception, ont été touchés par
cette crise, par cette pandémie. Et évidemment... Et tous ces secteurs-là sont
importants, comme l'environnement aussi l'est.
La question, maintenant, est en lien avec
le projet de loi n° 44 qui est sur la gouvernance climatique. De quelle
façon, avec cette crise-là qui change la donne, de quelle façon est-ce que ce projet
de loi demeure pertinent? En fait, il l'est toujours. La gouvernance climatique
est pertinente, mais les solutions qui sont à l'intérieur pour nous permettre
d'être prêts à affronter la crise climatique et aussi à la prévenir, de quelle
façon est-ce que ce projet de loi permet d'y répondre?
Comme dans tous les secteurs, tout le
monde, avec la crise de la pandémie, se sont posé des questions sur leurs façons
de faire. Tout est à revoir. Et moi, je suis convaincue, je suis certaine, je
n'ai aucun doute là-dessus, que le ministre aussi de l'Environnement ait
réfléchi sur comment est-ce que mon projet de loi, il s'est probablement posé
la question, comment est-ce qu'il est encore pertinent aujourd'hui après, en
fait, on est encore en pleine pandémie, mais à la suite de tous ces
bouleversements-là, est-ce qu'il l'est, est-ce qu'il s'est permis d'y répondre?
Je suis certaine qu'il a réfléchi à la question. Et de la même façon que, par exemple,
l'Union des municipalités du Québec ou les autres groupes qui sont venus en commission
parlementaire en plénière nous parler, et nous dire, et nous présenter leurs mémoires
sur ce projet de loi là, eux-mêmes aussi, certains sont intervenus sur la place
publique, des groupes écologistes, par exemple, pour parler de la question, et
comment est-ce que la crise climatique non seulement renforce leurs convictions
sur le fait qu'il faut être prêt, il faut être résilient pour la crise
climatique, mais ça l'a encore plus renforcé.
Parce que, s'il y a une chose, je parlais
d'apprendre des leçons de la crise, de la pandémie, et je suis certaine que l'Union
des municipalités du Québec, comme d'autres aussi, ont réfléchi à la question,
c'est clair qu'on n'était pas prêts face à la COVID-19. Le premier ministre l'a
dit, tout le monde l'a dit, nous n'étions pas prêts. Nos systèmes, notre système
de santé, nos résidences, nos CHSLD qui prennent soin de nos personnes aînées
n'étaient pas résilients, n'étaient pas prêts à accueillir cette crise. Ça,
c'est sûr et certain. Et là c'est clair que c'est une priorité. C'est la
priorité des priorités pour que, s'il y a d'autres crises, parce qu'on sait
qu'il va en avoir d'autres, sanitaires ou autres, mais est-ce qu'on va être
prêts à les accueillir, à... Pas à accueillir, mais à être au moins... à
répondre aux impératifs de la crise au lieu d'être toujours pris de court et de
vivre des drames humains.
Mais la crise climatique, c'est la même
chose. Il faut avoir la même réflexion. Il ne faut pas dire : Bien là, on
a eu une crise, c'est la crise pandémique, et il y a aussi la crise économique,
et on laisse tout de côté parce qu'il va avoir une autre crise, et on la
connaît, je veux dire, on n'a pas besoin d'être devin, les scientifiques qu'on
a entendus beaucoup durant la pandémie, bien, ça fait de nombreuses années
qu'ils nous disent qu'il y a cette crise climatique, et il faut y être préparé.
Donc, il ne faut pas la délaisser et mettre ça de côté. Au contraire, il faut
être prêt aussi pour la crise climatique qu'on est en train de vivre aussi
petit à petit. Ce n'est pas tout simplement tout d'un coup un jour qu'on la vit
en 2030 ou en 2050, c'est petit à petit. Rien que les bouleversements, les
bouleversements dans la température climatique qu'on vit et qu'on a vus, par
exemple des épisodes de canicule à un moment qu'on n'a jamais vu, c'est aussi
une sorte de bouleversement climatique qu'on va voir de plus en plus. Donc, des
fois, ça peut être intense, la crise, d'autres fois, c'est petit à petit, on
vit des changements.
Et donc il faut être résilient et être
prêt. Et il faut que... Je suis certaine que le ministre et peut-être pendant
qu'on va être en train d'étudier, en faisant l'étude détaillée, on va avoir des
amendements, ou des changements, ou des modifications au projet de loi qui on
n'était même pas...
Mme Ghazal : ...des
changements. Et donc, il faut être résilients et être prêts et il faut que...
je suis certaine que le ministre et peut-être pendant qu'on va être en train
d'étudier... En faisant l'étude détaillée, on va avoir des amendements ou des
changements ou des modifications au projet de loi qui... on n'était même pas
prêts avant la crise. Peut-être que le ministre va pouvoir nous... peut-être
nous amener des surprises ou il va dire : Bien, à cause de la COVID-19 et
à cause de la crise, bien j'ai de nouveaux amendements qui n'étaient pas là à
présent. Peut-être. Moi, je suis convaincue qu'il a eu cette réflexion-là comme
tous les groupes aussi qui sont venus nous parler en commission parlementaire,
ont réfléchi et ont vu peut-être les choses différemment. Il y a aussi TEQ, Transition
énergétique Québec, qu'on aurait aimé entendre. Eux aussi, ils ont présenté en
fait tout leur programme. Ils ont bonifié de façon exceptionnelle les
programmes qui sont... qui existent par exemple pour la construction
résidentielle, pour les entreprises et aussi pour l'électrification et le
transport des marchandises au Québec. Donc eux-mêmes se sont ajustés. Tout le
monde partout dans tous les secteurs est en train de s'ajuster. Donc, je ne
peux pas croire que ce projet de loi qu'on est en train d'étudier, bien, on
continue «business as usual» comme si de rien n'était. C'est juste impossible.
Donc, je me dis que dans cette
réflexion-là que probablement le ministre a faite et les modifications qu'il va
nous présenter pour son projet de loi, peut-être qu'il a réfléchi à inviter
aussi et pourrait réfléchir maintenant avec nous à inviter d'autres acteurs,
comme l'Union des municipalités à venir nous dire comment est-ce que ce projet
de loi devrait tenir compte aussi des enjeux auxquels ils font face
quotidiennement. On l'a dit, mes collègues l'ont, évidemment, ce sont des
gouvernements de proximité. Et d'ailleurs, quand il y a une crise, ce sont les
premiers répondants. On l'a vu par exemple avec les inondations, on la voit
avec la crise de la COVID-19. On le voit dans tous les secteurs. C'est eux qui
font face par exemple à des défis d'étalement urbain, toute la question des
transports qui est un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre. Et ils
font face à ce défi-là. Déjà avant la COVID-19, les coûts d'opération, ils
étaient tout le temps déficitaires et partout à travers le Québec, les sociétés
de transport, bien, ils n'ont pas assez d'argent pour ne serait-ce que juste
mettre en opération leur système de transport.
Je pense même aussi aux transports
interurbains. Moi, il y a ma collègue de Rouyn-Noranda, Abitibi-Témiscamingue
qui me dit la même chose que le transport interurbain qui a été arrêté pendant
la crise. Et même avant, la société de transport interrégionale qui est privée,
bien avait de la difficulté à entrer dans son argent et demandait tout le temps
aux municipalités, au conseil municipal de lui donner de l'argent pour pouvoir
continuer ses opérations. Et ça, c'est très, très lourd pour les municipalités
et c'est pour ça que les municipalités demandent au gouvernement plus d'appuyer
encore plus le transport en commun.
Là aujourd'hui, ça, c'était avant la
crise... Aujourd'hui, c'est encore plus criant, quand on le sait que les gens
ont peur maintenant de prendre le transport en commun, parce qu'ils le voient
comme un lieu, même avec masque, parce qu'ils le voient comme un lieu de
propagation de la pandémie. Bien, c'est clair que le poids des coûts est encore
de plus en plus important et de plus en plus grand sur les sociétés de
transport et par le fait même sur aussi les municipalités qui doivent le
financer et qui demandent de l'aide, que ce soit... bien, du Québec et aussi du
fédéral pour pouvoir continuer à le financer, parce qu'un jour, le transport en
commun va revenir et ça va être important qu'il revienne après, parce que ça
fait partie aussi de la relance économique, toute la question du transport en
commun. Il y a eu... je pense que c'était en fin de semaine, les syndicats
aussi, CSN, FTQ, qui ont dit que ça va être important que le gouvernement
investisse rapidement aussi dans le transport en commun, puis ça va être un
moyen aussi de relance économique. Et l'Union des municipalités du Québec, un
peu partout, toute la question de la mobilité, de la mobilité durable, bien ce
sont elles, ces municipalités-là, qui font face à ça. Et ils pourraient être
ici et nous parler de cet enjeu très, très important.
• (11 h 50) •
Je parlais aussi de l'adaptation aux
changements climatiques. Il faut qu'on soit résilient. Notre système de santé
et nos CHSLD ne l'étaient pas, ne le sont toujours pas, et là, on travaille
très, très fort tout en pleine crise. Et on est en train de payer le prix de
ce... de notre inaction passée, de notre désinvestissement passé, de notre...
même je dirais... on a totalement ignoré ces lieux-là qui accueillaient nos
aînés et aujourd'hui on en paie le prix. Bien c'est la même chose aussi pour la
crise climatique, pour les changements climatiques, et on ne peut pas dire
qu'on ne le savait pas, de la même façon que pour les CHSLD où il y avait
rapport après rapport qui disaient que...
Mme Ghazal : ...on a totalement
ignoré ces lieux-là qui accueillaient nos aînés et aujourd'hui on en paie le
prix, bien, c'est la même chose aussi pour la crise climatique, pour les changements
climatiques, et on ne peut pas dire qu'on ne le savait pas, de la même façon
que pour les CHSLD où il y avait rapport après rapport qui disait qu'il faut
investir dans ces lieux-là pour offrir des soins dignes des personnes qui ont
bâti le Québec, bien, la même chose aussi, il y a rapport de scientifiques
après rapport de scientifiques qui nous disent que les gaz à effet de serre, il
faut les réduire. Et il ne faut pas se réjouir du fait qu'en ce moment les gaz
à effet de serre ont été réduits à cause de la pause économique du Québec. Ce
n'est pas comme ça qu'on va être résilients pour les changements climatiques,
loin de là, ce n'est pas de cette façon-là, parce qu'une fois que ça va
reprendre, ça va reprendre de plus belle. Et il y avait aussi même tout
l'impact de la crise de la pandémie sur l'environnement. Peut-être à cause de
la réduction du transport il y a eu une réduction des émissions de gaz à effet
de serre, mais par exemple pour l'environnement, tout, par exemple, le matériel
de protection jetable, de protection dans les hôpitaux, je ne dis pas qu'il ne
faut pas les utiliser, mais il faut... tout ça, c'est du matériel qui est
utilisé en quantité industrielle qui est jeté, ça a un impact, la crise de la
consigne aussi où, à cause de la pandémie, les détaillants ont cessé de prendre
les contenants consignés qui se retrouvent maintenant encore plus peut-être
dans les déchets, qui ne sont pas réutilisés, les sacs non réutilisables, etc.
Donc, il y a une pression aussi sur l'environnement. Donc, il ne faut pas se
réjouir de la réduction momentanée des émissions de gaz à effet de serre parce
que de toute façon ça va reprendre de plus belle.
Et, pour l'Union des municipalités du
Québec, un autre défi que celui du transport en commun, il y a tout
l'aménagement aussi urbain, l'aménagement de l'espace. Avec de la distanciation
physique, il faut qu'il y ait encore plus d'espace pour les gens pour circuler.
Donc, ils font face à ces éléments-là. Il y a aussi avec les changements
climatiques, il y a toute une... on le sait, avec le changement climatique, il
y a une quantité importante, par exemple, de pluie, et c'est ce qui cause
notamment les inondations très, très rapides, et tout le système... le réseau
d'égout, par exemple, des villes, n'a pas la capacité d'avoir et d'absorber
toute cette quantité qui va augmenter de plus en plus, quantité d'eau qui va
augmenter de plus en plus. Et un des moyens d'y remédier ou de donner une
pause, si on veut, au système... au réseau d'égout des villes, c'est par
exemple le verdissement urbain.
En fin de semaine, avec la cheffe du
deuxième groupe d'opposition et moi, nous avons fait une sortie pour
dire : Bien, il faudrait que le gouvernement écoute la demande de 600
médecins, 600 professionnels de la santé, au début de l'année, avant la COVID,
qui ont dit : Bien, il faudrait qu'il y ait plus de verdissement urbain, c'est
bon pour la santé, pour la santé des citoyens, mais c'est aussi bon, moi, je le
dis ici, c'est aussi bon par exemple pour absorber toute cette quantité d'eau
de pluie, par exemple. Et donc, ça, c'est des investissements qui ne devraient
pas incomber uniquement aux municipalités, mais il faudrait que le gouvernement
du Québec investisse. Et la recommandation, c'était de faire un peu comme en
culture dans les bâtiments publics, où on investit 1 % pour des oeuvres
d'art, bien, ça serait d'investir tout ce qui est... tous les coûts
d'investissement des infrastructures urbaines, bien, qu'il y ait 1 % qui
soit donné au verdissement. On pense par exemple aux CHSLD, où est-ce que c'est
des îlots de chaleur, c'est du béton partout, nos écoles, nos cours d'école,
bien, si on prenait le coût, par exemple, là, le gouvernement veut investir
dans les maisons des aînés, le coût du bâtiment ou de tout cet
investissement-là, de mettre 1 % de verdissement, bien peut-être... il
faudrait climatiser, mais on climatiserait peut-être moins.
Donc, tout ça, ce sont des... il ne faut
pas que ça incombe uniquement aux municipalités qui disent : Bien nous, on
a une municipalité, on veut être vert et on veut investir. Il faut aussi qu'il
y ait de l'aide de la part du gouvernement pour leur permettre d'arriver à ça,
donc de s'adapter aux changements climatiques puis aussi de faire face aux
défis. Il y a certaines municipalités, comme la ville de Montréal, par exemple,
qui s'est dotée d'objectifs de réduction de gaz à effet de serre très, très
ambitieux, plus ambitieux que ceux du gouvernement du Québec, bien, il faudrait
aussi qu'ils aient l'appui du gouvernement, qu'ils sentent cet appui-là. Et ils
pourraient venir ici et nous dire de quelle façon est-ce que, par exemple, la
gouvernance climatique pourrait les aider, eux, dans les défis auxquels ils
font face puisqu'ils sont les premiers répondants à ces crises-là. C'est eux
qui font face à toute la question des... aux conséquences des changements
climatiques. Donc, moi...
Mme Ghazal : ...de quelle façon
est-ce que, par exemple, la gouvernance climatique pourrait les aider, eux,
dans les défis auxquels ils font face puisqu'ils sont les premiers répondants à
ces crises-là. C'est eux qui font face à toute la question des... aux
conséquences des changements climatiques. Donc, moi, je trouve aussi que c'est intéressant.
J'invite le ministre, de la même façon
qu'il a réfléchi, probablement, pendant les deux mois ou les... je ne le sais
plus, ça fait plus que deux mois maintenant que la crise a commencé. Bien, je
suis certaine qu'il a réfléchi à de quelle façon est-ce qu'il pourrait rendre
son projet de loi... qu'il ne soit plus caduc, mais qu'il puisse répondre à la
nouvelle donne, à la nouvelle situation dans laquelle on se trouve. Moi, je
l'invite aussi à réfléchir mais peut-être d'écouter aussi les oppositions aussi
quand on dit : Bien, il faudrait peut-être écouter ces groupes-là qu'on
n'a pas entendus, écouter d'autres groupes, réécouter d'autres groupes. Moi,
j'appuie cette idée qui... eux-mêmes ont réfléchi, puis qu'il y a peut-être des
changements dans leurs mémoires qu'ils ont présentés face... à la lumière de la
COVID.
Vous savez, pendant cette crise-là, au
début, tout allait très, très vite. Tout déboulait très, très vite, et on
voyait les programmes des gouvernements pour y répondre, le gouvernement du
Québec, on a vu aussi le gouvernement fédéral, pour répondre très, très
rapidement à tout ce que la crise amène, tous les... pour colmater aussi toutes
les craques du filet social québécois, que ce soit, par exemple, pour la
sécurité alimentaire où les organismes ne pouvaient plus répondre à la population.
Donc, moi, j'étais... je parlais beaucoup
avec des gens aussi du gouvernement pour des situations particulières qu'on
vivait, des citoyens qui nous interpellaient. On a senti qu'en tant que
députés, même si on était de l'opposition, qu'on était les oreilles du gouvernement
face.... les yeux et les oreilles du gouvernement face à ce qui se passait sur
le terrain, et il y avait une écoute.
Bon, au début, ça allait très, très vite,
et moi, je me suis dit : Mon Dieu! Mais c'est extraordinaire. Moi qui suis
dans une commission parlementaire, ne serait-ce que demander un amendement pour
changer un peu un article ou demander à des groupes de venir, c'est quasiment
mission impossible. On prend du temps, on essaie de convaincre le ministre qui
est devant nous, on se met les oppositions ensemble parfois pour faire changer
le gouvernement, et là, tout d'un coup, il y avait une écoute qui était très,
très présente dans l'effervescence de la crise, qui était très bienvenue et qui
était très aussi bienvenue de la part de la population qui disait... Même, à la
limite, ils avaient l'impression que tout le monde, on était... tout le gouvernement...
en fait, pas le gouvernement, mais les 125 députés, on travaillait main
dans la main, mais à distance sanitaire, ensemble pour répondre aux urgences
qui étaient vécues par les gens.
Et c'est cet esprit-là maintenant que j'ai
envie... maintenant, qui s'est un petit peu éloigné, qui s'est bien sûr érodé
au travers du temps, maintenant que la crise est encore là. On fait attention,
évidemment, mais qui... disons qu'on n'est pas dans le... plus dans le pic. Et
donc on a envie de retrouver cette effervescence-là ou ce moment où on sent
que, ah! bien, ce qu'on propose comme députés de l'opposition, eh bien, c'est
entendu par le ministre. Et, quand on dit, par exemple, d'écouter d'autres
groupes pour avoir ce moment de réflexion que le ministre a eu, mais ce serait
bien aussi de l'avoir ensemble, pas uniquement lui tout seul puis il nous
arrive avec le fruit de sa réflexion, bien, qu'il la partage aussi avec nous,
cette réflexion-là.
Donc, ça serait... Moi, j'inviterais... Je
vais finir là-dessus. J'inviterais... Et j'aimerais beaucoup que le ministre
intervienne, et nous présente, et qu'on retrouve cet esprit qu'on avait au
début de la crise où on se tenait ensemble et on disait qu'on était là pour
répondre à l'urgence, bien, de dire : Bien, pour ce projet de loi là, oui,
je vous entends, je vous écoute. Le monde d'avant n'est plus celui d'après.
Et, oui, je vais moi aussi appuyer la
proposition du député de Jonquière et demander à l'Union des municipalités du
Québec de venir. Peut-être qu'ensemble on va pouvoir apprendre quelque chose,
et ça va peut-être me permettre aussi de modifier ce projet de loi en
conséquence. Au lieu de faire cette réflexion-là tout seul, on pourrait la
faire tout le monde ensemble. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée.
Compte tenu de l'heure, je vais suspendre
les travaux à cet après-midi, à 15 h 30. Il vous restera sept
minutes, Mme la députée, pour intervenir. Merci.
(Suspension de la séance à 12 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 29)
La Présidente (Mme
Grondin) :Donc, à l'ordre, s'il vous
plaît! La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons l'étude détaillée du
projet de loi n° 44, Loi visant principalement la
gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à
favoriser l'électrification.
Lors de la suspension de nos travaux cet
avant-midi, nous étions rendus à l'intervention de la députée de Mercier. Mme
la députée, aviez-vous terminé?
• (15 h 30) •
Mme Ghazal : Oui, bien,
j'avais terminé. J'ai... Tout ce que je veux dire, c'est que j'ai très, très
hâte d'entendre le ministre sur la motion d'inviter l'Union des municipalités
du Québec et peut-être d'inviter d'autres...
15 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme
Grondin) : ...nous étions rendus à l'intervention de la députée
de Mercier. Mme la députée, aviez-vous terminé?
Mme Ghazal : Oui, bien,
j'avais terminé. J'ai... Tout ce que je veux dire, c'est que j'ai très, très
hâte d'entendre le ministre sur la motion d'inviter l'Union des municipalités
du Québec et peut-être d'inviter d'autres personnes. Parce qu'on ne peut pas
étudier ce projet de loi n° 44, le seul, je pense, à l'étude
détaillée en ce moment, comme si de rien n'était, comme si on avait laissé les
choses... Et je suis certaine que le ministre comprend ça lui-même, j'en suis profondément
convaincue, a fait une réflexion sur son projet de loi, en lien avec les
nouvelles circonstances, et ce serait intéressant qu'on puisse, tout le monde
ensemble... Peut-être, qu'il nous fasse part de sa réflexion, où il en est
rendu, mais aussi d'entendre l'Union des municipalités du Québec et d'autres
intervenants venir nous parler, parce qu'eux aussi ont fait cette réflexion-là,
pour nous en faire part.
L'idée, ce n'est pas juste d'adopter un
projet de loi pour le terminer et parce que c'est ça, l'objectif du ministre.
Ce n'est pas juste ça. L'important, c'est de faire les choses comme il faut
pour ne pas le regretter plus tard, une fois qu'il est trop tard. Donc, ayons
une réflexion saine, prenons le temps de la faire, de façon publique et
transparente, avec les intervenants, comme, par exemple, l'Union des
municipalités du Québec.
Donc, j'ai très, très hâte d'entendre le
ministre et son ouverture face à cette motion.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, vous
souhaitez intervenir.
M. Charette : Oui. Bien, en
fait, tout simplement pour dire que j'ai bien noté les différents arguments.
Certains ont ébranlé mes convictions. Mais cependant, je pense qu'une valeur
fondamentale que nous devons tous retenir est celle du respect. Et, par
respect, je ne convoquerai pas l'UMQ parce qu'eux-mêmes se sont désistés. Donc,
je vais respecter la décision de l'UMQ de ne pas venir présenter de mémoire en
personne, pour bien respecter leur décision. Ils faisaient partie de la motion
initiale, donc ils ont été invités en bonne et due forme à présenter leurs
avis, leurs opinions. Mais ils ont plutôt préféré opter par la transmission
d'un mémoire, que, j'espère, tous ont lu ici.
Et moi, il y a un paragraphe qui me semble
particulièrement intéressant dans la communication qu'ils nous ont transférée.
C'est : «D'entrée de jeu, l'UMQ souhaite saluer l'intention du
gouvernement du Québec dans ses réformes de la gestion du Fonds vert. Les
dernières années ont démontré la pertinence d'une révision des façons de faire,
et c'est dans cette optique que les gouvernements de proximité accueillent avec
déférence les modifications contenues dans le projet de loi n° 44.
Le législateur doit pouvoir avoir l'autonomie nécessaire dans les solutions
qu'il souhaite mettre en place pour améliorer la gestion du Fonds vert et
réviser les dépenses engagées pour atteindre les objectifs de réduction de GES
qu'il s'est fixés.»
Donc, tout à fait d'accord avec les
collègues sur l'importance de l'UMQ, tout à fait d'accord pour entendre l'UMQ.
Maintenant, je vais inviter mes collègues de l'opposition à entendre cette
voix-là, qui est celle de l'UMQ, et qui salue les avancées proposées par le
projet de loi n° 44. Donc, ce n'est pas nécessaire de
les entendre. Ils ont refusé notre invitation, mais ils nous ont quand même
fait parvenir un mémoire très, très éloquent, là, qui a guidé notre réflexion.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la Présidente.
Bon, les précisions du ministre sont intéressantes. Comme plusieurs l'ont
constaté, avec... en raison, depuis le début de notre session ce matin, on est
dans un autre contexte. Dans un premier temps, on est dans un contexte qui
change tout. Deux autres aspects qui m'intéressent. Il y a une nouvelle
présidence, une nouvelle présidente au sein de l'UMQ, alors peut-être que ça
change la donne... aussi comme plusieurs groupes qui auraient désisté de
témoigner.
Est-ce que... Est-ce qu'il y a un point de
règlement ou est-ce que je peux me prononcer?
La Présidente (Mme
Grondin) : Non, ce n'était pas un point de règlement. C'était
un complément d'information. Mais je...
M. Birnbaum : D'accord. Alors,
c'est ça. Est-ce que les circonstances ont changé dans un premier temps? Dans
un deuxième temps, il y avait plusieurs groupes, parce que... l'UMQ était parmi
ces groupes-là... qui se sont désistés aussi parce qu'ils n'avaient pas
beaucoup de temps. Je vais poursuivre parce qu'il me semble que, de mise, il y
avait, comme je dis, le contexte changé, qu'on poursuit la considération comme
il faut de cette motion.
Et à quelque part, je veux juste
généraliser le principe que, j'ose croire, est derrière cette motion, comme les
autres qui ont été rejetées déjà. C'est que nous avons devant nous, là, le
fardeau de la preuve...
M. Birnbaum : ...la
considération comme il faut de cette motion. Et en quelque part, je veux juste
généraliser le principe que j'ose croire est derrière cette motion, comme les
autres qui ont été rejetées déjà, c'est que nous avons devant nous, là, le
fardeau de la preuve, l'obligation de ventiler tous les enjeux devant nous,
d'assurer un débat probant, basé sur les... pardon, sur les données, sur la
recherche, sur les principes de transparence pour nous assurer qu'on aurait
bien suivi l'affaire. De refuser... Et comme je dis, je comprends les
précisions, mais l'invitation peut être réitérée, est-ce que 80 % des
Québécois et Québécoises qui sont touchés par l'UMQ et pas la FMQ n'ont pas
besoin de s'assurer qu'une des instances qui les représentent ait
l'opportunité, l'opportunité de pleinement parler et examiner les enjeux devant
nous? Et les enjeux qui ne sont pas anodins, cependant des fois inquiétants du
gouvernement actuel.
Ici, on élimine une agence, un organisme
qui a la responsabilité d'évaluer, de proposer, et de chapeauter, et d'être
notre voix en quelque part sur des... la transition énergétique sans qu'il ait
l'opportunité de nous parler de qu'est-ce qu'ils font, sans données probantes
et claires, Mme la Présidente, sur la performance de cet organisme sur le TEQ,
sans que les autres regroupements aient à parler de leur bilan, sans le moindre
dépôt de document ou d'analyse du gouvernement sur la performance d'un tel
organisme, sans, comme on vient de le constater, de toute évidence, sans
l'implication ou l'expertise du ministre et du ministère qui va hériter de ces
tâches qui, de toute évidence, risquent de le mettre presque en situation de
conflit.
Alors on est... On est déjà rendu au point
où on sait qu'on ne pourrait pas bénéficier d'une analyse des plus concernés.
Et là, avec cette motion, on essaie au moins, avec une liste qui est de plus en
plus restreinte, de partenaires très, très impliqués, de se prévaloir de
l'expertise pour qu'on puisse faire notre travail comme parlementaire,
c'est-à-dire, dans les journées qui s'en viennent, de peaufiner article par
article le projet de loi devant nous.
• (15 h 40) •
Et quand on pense aux gouvernements de
proximité, dont ce gouvernement, comme le gouvernement précédent, veut assurer
la plus grande marge de manoeuvre pour agir sur le terrain et sur les choses
qui nous touchent, Mme la Présidente, l'Union des municipalités du Québec
représente des administrateurs du gouvernement de proximité. Dans le contexte
actuel, et je me permets juste de donner un exemple, si on parle du transport
en commun et une transformation énergétique, on parle dans le contexte actuel,
comme je dis, que j'insiste, et notre contexte qui nous touche dans tout ce
qu'on va faire dorénavant, le transport en commun est devant des déficits
faramineux avec un revenu presque rendu de zéro pour quelques mois à partir du 12 mars.
Comment est-ce que... Et avec souvent, bon, chapeauté et géré en quelque part
par des municipalités, voilà justement un élément touché par l'éventuelle
implantation du projet de loi devant nous, comment ces services vont être
gérés, financés à leur juste taille, privilégiés aux dépens d'autres modes de
transport qui sont plus polluants? Comment ils vont rétablir toute leur
importance et importance croissante dans les années qui s'en viennent, si un de
leurs partenaires...
M. Birnbaum : ...privilégiés
aux dépens d'autres modes de transport qui sont plus polluants. Comment ils
vont rétablir toute leur importance et importance croissante dans les années
qui s'en viennent si un de leur partenaire primordial, c'est-à-dire les gouvernements
de proximité, les municipalités, ne sont pas interpelés pour jouer leur rôle
dans les délibérations devant nous, s'ils ne sont pas en mesure de nous aider
dans nos réflexions?
Alors, je comprends et j'attendrai les
précisions... d'autres précisions du ministre, mais je crois que notre demande
peut être nuancée par — et c'est le but, j'ose croire, de la motion — nuancée
par une incitation de réinviter, aujourd'hui, dans les circonstances actuelles,
l'UMQ et de comprendre si leur désistement est peut-être lettre morte, est
peut-être comme nous, dans notre lecture des circonstances et... à quelque
part, je me permets de m'exprimer ainsi, leurs obligations. Ils ont tout un
rôle qui est touché par le projet de loi, de dire : Nice to see you, I
like what I see, I'm good. Je ne sais pas si telle lettre est suffisante.
Alors, j'attends avec intérêt les
clarifications du ministre, mais c'est avec aise que, je crois, notre formation
continue d'appuyer la motion devant nous. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le ministre, c'est vrai, vous souhaitiez compléter...
M. Charette : Un complément
d'information.
La Présidente (Mme
Grondin) : Un complément d'information. Pardon?
(Consultation)
La Présidente (Mme
Grondin) : O.K., une seule intervention. Je suis désolée. Donc,
ça prend un consentement si... Est-ce que vous acceptez que le ministre
complète?
Des voix
:
Consentement.
M. Charette : C'est juste un
complément d'information. Lorsque l'UMQ a décliné l'invitation pour se
présenter devant nous, c'est la mairesse Roy qui était déjà présidente à titre
intérimaire, là. Elle l'est de façon officielle pour la prochaine année, mais
c'est déjà elle qui avait refusé l'invitation. Ceci dit, le mémoire a été
transmis.
Et, autre complément d'information, on
reconnaît tout à fait la pertinence et l'importance des gouvernements de
proximité, des municipalités. Et la ville de Montréal, par l'entremise de sa
mairesse elle-même, est venue en commission parlementaire. Et autant l'UMQ que
la FQM ont participé à nos rencontres pour élaborer certains aspects du projet
de loi n° 44.
Donc, à partir du moment où on va
commencer véritablement l'étude article par article, ce sont des précisions
qu'on pourra vous donner avec plaisir. Mais le milieu municipal est un
partenaire incontournable, là, pour la suite des choses.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres
interventions? Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui, je pense
qu'il me restait du temps. Juste en complément ici...
La Présidente (Mme
Grondin) : Non. Il s'agit, comme je viens d'apprendre... C'est
une seule intervention. Donc, vous avez déjà fait votre intervention, mais il
faudrait un consentement. Est-ce que vous acceptez, par consentement, que la
députée de Mercier intervienne?
M. Charette : En guise de
complément... pas développer un nouvel argumentaire, par contre.
La Présidente (Mme
Grondin) : En guise de complément d'information, Mme la
députée.
Mme Ghazal : ...la question
qui avait été posée, c'est aussi... Bien, le... C'est-à-dire que le ministre
dit qu'ils ont refusé de venir. Et c'est la raison qu'il invoque, pour laquelle
il dit : Par respect, je ne veux pas leur redemander encore de revenir.
Mais moi, quand j'avais dit que j'ai hâte
d'entendre le ministre, c'était par rapport au fait que toutes ces personnes-là
qui sont venues, notamment l'UMQ, il y a deux mois, c'était jadis, il y a très
longtemps, avant que le ciel nous tombe sur la tête... et ces personnes-là ont
eu une nouvelle réflexion.
Donc, j'avais envie d'entendre le ministre
sur cet aspect-là plus précisément, au lieu d'aller sur un élément plus technique.
Il n'est pas obligé de répondre, mais, moi, c'était mon souhait. Ce n'est pas
sur des éléments techniques : Bien, ils avaient refusé, on leur a
demandé... Ça, c'était avant.
Il y a le avant, il y a aujourd'hui. Tout
le monde, le ministre aussi, j'en suis parfaitement convaincu, a mis à jour sa
réflexion par rapport à son projet de loi ou par rapport à leur réflexion par
rapport à crise climatique depuis la crise de la COVID. Et c'est cette
réponse-là que je n'ai pas obtenue. Mais, bon, c'est... Voilà.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, vous... Avant de poursuivre les échanges, vous
comprenez que, quand on est en mode motion préliminaire, on n'a qu'une seule
intervention que l'on peut faire.
Mme Ghazal : ...c'est le fun
qu'on ait des consentements puis qu'on soit dans cette atmosphère de
collaboration, c'est extraordinaire.
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, et... à moins qu'il y ait consentement...
La Présidente (Mme
Grondin) : ...donc, avant de poursuivre les échanges, vous
comprenez que, quand on est en mode motion préliminaire, on n'a qu'une seule
intervention que l'on peut faire.
Mme Ghazal : ...qu'on ait des
consentements puis qu'on soit dans cette atmosphère de collaboration. C'est extraordinaire.
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, à moins qu'il y ait consentement, effectivement.
M. le député de... J'ai un blanc de mémoire.
M. Kelley
:
Jacques-Cartier.
La Présidente (Mme
Grondin) :Jacques-Cartier. J'en suis
désolée, cher collègue.
M. Kelley
: Ce n'est
pas grave. Merci, Mme la Présidente. Je pense que... C'est sûr que j'appuie la
motion de mon collègue de Jonquière et je soutiens les argumentaires qui ont
été faits par mes collègues sur comment la situation a changé. Et, quand même,
si l'UMQ a dit non, au début du processus... projet de loi, les échanges des
consultations publiques, des choses, au Québec, ont vraiment changé. Et puis je
peux juste penser d'un membre, et c'est la ville de Montréal. Mais, quand même,
si on regarde les chiffres sur comment leur situation budgétaire a changé,
c'est vraiment incroyable.
Et on le sait qu'on a parlé plusieurs fois
autour du sujet du transport en commun, mais, quand même, la ville de Montréal,
présentement, il y a une perte, dans leur budget pour la STM, entre environ
150 millions puis peut-être 240 millions en termes des personnes qui
n'ont pas utilisé ça. Ça, c'est les prévisions. Peut-être que le reste de
l'année... Parce que, c'est vrai, on a un enjeu à Montréal. Les gens ne sont
pas confiants encore de continuer de reprendre le transport en commun.
Moi, j'ai pris le métro, la semaine
dernière, pour la première fois. C'est sûr, Mme la Présidente, j'ai essayé,
depuis le début de la pandémie, si je dois sortir, de marcher ou, quand même,
de prendre mon vélo pour aller à une épicerie, mais... être honnête, là, j'ai
décidé d'éviter d'utiliser le transport en commun. Je suis quelqu'un qui
utilise les transports en commun de Montréal tout le temps et je vais
probablement continuer de faire ça pour le reste de l'été. Et ça, c'est juste
un choix personnel, mais je sais qu'il y a plusieurs de mes amis qui ont dit la
même chose, peut-être que c'est juste plus facile de prendre un vélo pour aller
voir un ami ou quand même de juste faire l'épicerie, et tout ça. Mais c'est
juste... c'est un gros enjeu pour tout le transport en commun parce que si
c'est moi puis si c'est mes amis, j'imagine que ça répète un petit peu partout
sur l'île de Montréal. Alors, c'est juste une petite mention qu'il y a des
énormes enjeux... pour les municipalités partout au Québec. Et c'est sûr que le
Fonds vert, c'est une source de revenus très importante, pas juste pour le
transport en commun, mais aussi pour les autres projets.
Alors, maintenant que ça a changé un petit
peu puis il y a une réalité pour les municipalités, qui ont... obligées de
faire des choix parce que c'est... sur le moment qu'on a des déficits, chaque
municipalité doit revoir leur propre budget. Et comment le Québec peut appuyer,
parce que, comme mon collègue de Jonquière a mentionné dans son intervention,
c'est la première ligne dans la lutte contre les changements climatiques, c'est
les municipalités partout au Québec, c'est eux autres qui développent des
projets. Et, quand même, si je regarde juste la gestion, le rapport sur la
gestion du Fonds vert, il y a des programmes qui existent, comme le programme
de compostage pour des petites municipalités au Québec. J'imagine, ça, c'est un
programme qui est tellement important. Et je sais que c'est tellement
important, parce que, quand même, dans le rapport, on a la liste de toutes les
différentes municipalités qui a reçu l'argent du Fonds vert. Et il y a environ
ici sept, huit pages de différentes municipalités qui ont reçu des sommes pour
faire juste le compostage. Un élément qui est important dans la lutte contre
les changements climatiques, c'est important, dans la mission du Québec,
d'avoir moins de déchets. C'est très important puis c'est juste un exemple. Et
peut-être maintenant où on est dans une situation budgétaire tellement
différente, les municipalités vont dire : Peut-être, il faut faire un
choix, là, puis, pour ça, il faut couper un petit peu. C'est peut-être la
réalité de l'avenir, alors ça, c'est pourquoi je pense que c'est important
d'entendre l'UMQ, puis ce n'est pas juste pour des grosses villes, mais aussi
pour des programmes qui existent qui appuient nos petites municipalités partout
au Québec.
Et puis il y a des autres... et je reviens
encore, parce que, pour moi, c'est important, mais c'est toujours le transport
en commun dans les régions. J'imagine qu'à Montréal on va avoir des gros enjeux
avec les déficits pour ces programmes-là, et je sais que le ministre a déjà
mentionné que le ministère va être là pour eux autres, mais peut-être eux
autres ont des suggestions sur comment les choses vont développer dans les
prochaines deux années. Alors, ça, c'est pourquoi je pense que c'est important,
juste sur ces éléments, d'entendre l'UMQ. Parce que, comme on a dit, des choses
ont vraiment changé puis on va avoir une période où ça va être difficile pour
les municipalités partout au Québec. Alors, ça, c'est toutes mes pensées sur le
sujet, présentement, mais c'est sûr que j'appuie la motion de mon collègue.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder au
vote. Madame... Par vote nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du gouvernement, M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Contre.
• (15 h 50) •
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle...
La Présidente (Mme
Grondin) : ...au vote. Madame... Par vote nominal. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du gouvernement, M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, Mme Montpetit (Maurice-Richard)?
Mme Montpetit : Pour.
La Secrétaire
: Et Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire
: C'est
rejeté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, la motion préliminaire est rejetée. Y a-t-il
d'autres interventions? Donc, nous allons...
Une voix
: ...
La Présidente (Mme
Grondin) : Pardon? M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors,
j'aurais une motion préliminaire à déposer.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Vous l'avez transmise?
Une voix
: Oui.
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui?
M. Gaudreault : Je l'ai vue
passer.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous allons suspendre les travaux quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 51)
(Reprise à 15 :53)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous allons... nous reprenons les travaux. M.
le député de Jonquière, est-ce que vous souhaitez lire votre motion, s'il vous
plaît?
M. Gaudreault : Oui, bien sûr.
Alors, Mme la Présidente, conformément à l'article 244 de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin :
«Que la Commission des transports et de
l'environnement, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 44, Loi visant principalement la gouvernance efficace de
la lutte contre les changements climatiques et à favoriser l'électrification... — on
dirait qu'il manque un bout de phrase — des consultations
particulières et qu'à cette fin elle entende dès que possible la Chaire en
éco-conseil de l'Université du Québec à Chicoutimi.»
On dirait qu'il manque un petit bout de
phrase, Mme la Présidente. Attendez un peu.
«Tienne», il manque le mot «tienne des
consultations particulières».
La Présidente (Mme
Grondin) : ...après le nom... le titre de la loi.
M. Gaudreault :
Après le titre de la loi, «tienne des consultations particulières».
La Présidente (Mme
Grondin) : «Tienne». Donc, je peux...
M. Gaudreault :
Est-ce que vous l'acceptez quand même ?
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, je l'accepte.
M. Gaudreault :
O.K. Merci. Vous êtes très magnanime.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, je vous invite... Vous avez 30
minutes.
M. Gaudreault :
Oui. Parfait. Merci. Alors... Bien, c'est un peu dans le même...
M. Gaudreault : ...est-ce que
vous l'acceptez quand même?
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, je l'accepte.
M. Gaudreault : O.K. Merci,
vous êtes très magnanime.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, je vous invite... Vous avez 30 minutes.
M. Gaudreault : Parfait,
merci. Alors... Bien, c'est un peu dans le même souci que les interventions
précédentes. Nous n'avions pas eu l'occasion d'entendre une institution
importante dans la lutte contre les changements climatiques au Québec, qui
s'appelle la Chaire en éco‑conseil de l'Université du Québec à Chicoutimi. Nous
avons eu depuis la mi-mars une pandémie, ce qui n'est quand même pas banal dans
l'histoire de l'humanité. En tout cas, je pense qu'il n'y a personne ici qui
avait déjà vécu une pandémie avant, à moins d'avoir été là en 1918, ce qui
serait étonnant. Et c'est de nature, évidemment... Cet événement-là a changé de
façon fondamentale les... la situation puis les données notamment sur
l'atteinte des cibles de gaz à effet de serre, sur la structure ou la
gouvernance en matière de lutte contre les changements climatiques.
C'est également de nature à nous inspirer
pour la suite des choses, sur la reconstruction du Québec après la COVID. Comme
ailleurs dans le monde, il y a des initiatives pour reconstruire chacune des
économies nationales. Donc dans cette optique, je pense que c'est tout à fait
pertinent d'entendre la Chaire en éco‑conseil de l'Université du Québec à
Chicoutimi.
Pour ceux et celles qui ne la connaissent
pas, et pour ceux et celles qui la connaissent, je pense que ce n'est pas
mauvais de se le rappeler, alors la Chaire en éco‑conseil de l'Université du
Québec à Chicoutimi, c'est un organisme universitaire dont l'un des principaux
modes d'intervention est l'assistance professionnelle auprès d'organismes, ou d'institutions ou d'entreprises souhaitant élaborer des projets dans un
cadre de développement durable. La Chaire en éco-conseil s'engage uniquement
dans des projets dont l'aspect innovateur comporte des éléments susceptibles de
générer de nouvelles connaissances ou de nouvelles pratiques qui pourront être
enseignées aux écoconseillers ou partagées avec la communauté scientifique. La
mission de la Chaire en éco-conseil... vous comprenez que je lis, là, je suis
sur leur page Web, donc :«La mission de la Chaire en éco-conseil, c'est de
formaliser les savoirs issus de la communauté de pratique en écoconseil par la
réalisation de recherches, l'actualisation des connaissances sur le
développement durable et ses applications pour la diffusion et pour
l'enrichissement des formations en écoconseil. Les objectifs de la chaire,
produire des nouvelles connaissances en diffusant, au moyen des outils
appropriés, comme les journaux scientifiques, les colloques, les conférences,
les résultats des travaux de la chaire et du réseau des écoconseillers ;
deux, offrir du perfectionnement aux professionnels dans le domaine du conseil
en environnement pour le développement durable ; trois, intervenir et
collaborer par le biais des services à la collectivité avec des partenaires
externes à l'université, entreprises, regroupements professionnels et
communautaires, gouvernement, etc., pour la formation et l'amélioration
continue dans le domaine du développement durable ; soutenir et initier
des projets de deuxième et troisième cycles universitaires sur l'exercice du
métier d'écoconseiller ; et cinquièmement, développer et maintenir les
liens avec l'UNESCO, les grands programmes internationaux, les autres
formations universitaires de cycles supérieurs et le réseau international des
écoconseillers.»
Donc, ça, c'est les
objectifs de la chaire, qui est composée d'une équipe reconnue, une équipe
d'administrateurs, de professeurs, de professionnels de recherche et
d'étudiants reconnus, dont le plus connu est Claude Villeneuve. Claude
Villeneuve, qui était... qui est, depuis fort longtemps, une référence en
matière de changements climatiques et qui a écrit, déjà il y a plusieurs
années, sur les changements climatiques, avant même que ça soit un enjeu plus
important dans l'actualité ou plus présent dans l'actualité. Déjà, Claude
Villeneuve était à l'avant-plan, comme un penseur, mais pas juste un penseur,
un spécialiste, un expert sur la question du réchauffement climatique et, plus
globalement, des changements climatiques.
• (16 heures) •
Donc, c'est une institution
reconnue, c'est une institution qui a lancé plusieurs projets qui sont, encore
aujourd'hui...
16 h (version non révisée)
M. Gaudreault : ...sur la question
du réchauffement climatique et, plus globalement, des changements climatiques.
Donc, c'est une institution reconnue.
C'est une institution qui a lancé plusieurs projets qui sont encore aujourd'hui
d'actualité, des mémoires de maîtrise, supervision de mémoires de maîtrise,
supervision de thèses de doctorat, publication de nombreux articles, des
rapports d'intervention, des conférences, des livres également sur les changements
climatiques, notamment, la recherche du côté de la Chaire en éco‑conseil de
l'UQAC. «La recherche sur les changements climatiques vise à augmenter les
connaissances sur la quantification des émissions de gaz à effet de serre,
l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre et l'adaptation aux impacts
des changements climatiques, notamment en réduisant à la source les émissions
de gaz à effet de serre, atténuer les effets des émissions passées ou
inévitables. D'ailleurs, la chaire a mis sur pied le projet Carbone boréal, qui
vise à compenser les émissions de gaz à effet de serre, et fait également de la
recherche sur l'adaptation face aux changements climatiques. Depuis sa
création, la chaire a développé une expertise pointue dans le domaine de
l'atténuation des impacts et de l'adaptation aux changements climatiques. Son
expertise dans les inventaires et la quantification des gaz à effet de serre
ont permis de faire avancer plusieurs projets de réductions d'émissions, avec
des partenaires industriels diversifiés. En collaboration avec l'Association canadienne
de normalisation, la chaire a développé la méthodologie pour la
comptabilisation du carbone séquestré dans la forêt boréale.» Alors, c'est
encore, Mme la Présidente, un pionnier en cette matière.
«La chaire a aussi contribué, à travers le
consortium Ouranos...», que nous connaissons bien, qui sont venus ici
d'ailleurs en commission parlementaire. Donc : «La chaire a contribué, à
travers le consortium Ouranos, à la publication des rapports Savoir
s'adapter aux changements climatiques et Vivre avec les changements
climatiques du ministère des Ressources naturelles du Canada, collaboré
aussi, pour les sections traitant de la biodiversité et des changements
climatiques dans le livre de M. Villeneuve, dont je vous parlais tout à
l'heure, et de François Richard, Vivre les changements climatiques.
Première publication, 2007. Donc, c'est... Quand je vous dis que c'était déjà,
là, une référence depuis longtemps, c'est le cas. «En 2013, Claude Villeneuve a
publié le livre Est-il trop tard? — Le point sur les
climatiques, où il examine la fiabilité des modèles climatiques et des
prédictions qui en résultent, les réactions de la communauté internationale à
la notion de risque climatique et les conséquences auxquelles on peut
s'attendre pour la suite des choses.
Alors, quand on regarde ça, là, notamment
ce que je viens de dire, «examiner la fiabilité des des modèles climatiques et
des prédictions qui en résultent, les réactions de la communauté internationale
à la notion de risque climatique et les conséquences auxquelles on peut
s'attendre pour la suite des choses», bien, ils sont en plein dedans. Alors,
quand on parle de changements climatiques et d'une loi-cadre, ou d'une loi d'encadrement,
ou d'une loi sur la gouvernance sur les changements climatiques, comme le veut,
ou comme le prétend le projet de loi n° 44, bien, je pense qu'on ne peut
pas passer à côté d'avoir la Chaire en éco-conseil.
Moi, je vous dirais que c'est d'autant
plus pertinent considérant la situation dans laquelle nous sommes présentement
après là... bien, après, on ne sait pas quand est-ce qu'on sera après, mais, en
tout cas, pendant la pandémie, et éventuellement, dans un après qui viendra, et
que nous aurons à gérer.
Et on ne fait pas ici de la législation
pour seulement les six prochains mois ou la fin du mandat du gouvernement
actuel. On est, comme législateurs, dans un processus où on doit se projeter à
long terme. On ne fait pas une loi en pensant qu'on va la changer chaque année.
Idéalement, il faut qu'on travaille pour le long terme. Donc, c'est une loi qui
va avoir un impact important. Et la société dans laquelle nous vivrons, une
fois qu'on sera sortis plus fortement de cette pandémie, bien, il va falloir
qu'on soit capables d'en dessiner les contours le mieux possible.
Dans ce sens-là, on a besoin d'avoir des
conseils, on a besoin d'avoir, je dirais, des «éco-conseils». Et ça tombe bien,
on a un expert au Québec, reconnu internationalement pour ça, qui s'appelle
Claude Villeneuve, puis il a mis sur pied une chaire dans une université, qui
s'appelle la Chaire en éco-conseil. Donc, on a tout ce qu'il faut pour être
capables d'avoir une bonne réflexion et de savoir un peu plus quelle direction
on doit prendre dans l'optique d'une loi qui va continuer... qui va s'appliquer
puis qui va continuer de s'appliquer à plus long terme dans une société
québécoise qui va chercher à se sortir de la pandémie et du paradigme
prépandémie. Donc, on a besoin d'avoir les conseils et les lumières de
M. Villeneuve et de sa Chaire en éco-conseil. Ça sera à eux de décider.
Moi, je dis M. Villeneuve, mais...
M. Gaudreault : ...une société québécoise
qui va chercher à se sortir de la pandémie et du paradigme prépandémie. Donc,
on a besoin d'avoir les conseils et des lumières de M. Villeneuve et de sa
chaire en écoconseil. Ce sera à eux de décider, moi, je dis M. Villeneuve, là,
mais ils pourront envoyer d'autres représentants, parce qu'il y a quand même
une équipe, comme je vous disais, là, assez solide. Mais, connaissant M.
Villeneuve, je sais qu'il se ferait un plaisir de venir nous rencontrer.
Donc, Claude Villeneuve, qui est directeur
professeur titulaire de la chaire. Un homme tout à fait extraordinaire. On a
Denis Bourque, qui est spécialisé en droit de l'environnement, qui est membre
aussi de la chaire, on a Patrice... Patrick, pardon, Faubert, qui est
professeur associé Ph.D. à la chaire, Sylvie Bouchard, qui est professeure
associée, également, M. Sibi Bonfils, qui est également professeur associé,
Jacques Prescott, également, Georges Lanmafankpotin, qui est
professeur associé à la chaire, Vincent Arnaud. Donc, on a beaucoup de
spécialistes qui sont associées à cette chaire de recherche qui seraient sûrement en mesure de venir nous rencontrer pour justement nous éclairer de leurs lumières sur des
scénarios après la pandémie.
Je dois vous dire, également, Mme la Présidente, que M. Villeneuve est à jour, dans le sens qu'il est chroniqueur
hebdomadaire dans un journal que vous lisez quotidiennement, qui est Le
Quotidien, du Saguenay, puis il a
une chronique où il parle, à chaque semaine, d'enjeux reliés aux changements climatiques. Et notamment,
je suis allé relire les articles qu'il a écrits depuis le
début de la pandémie au Québec, notamment entre le 9 mars et la dernière
chronique, le 25 mai, donc, c'est très récent, il y aquand même eu... je veux
dire, dans chaque chronique il y a
quasiment une allusion à la crise, là, mais il y aquand même eu trois
chroniques spécifiques sur la crise de la COVID, où il pose la question, entre autres, le 30 mars : Est-ce que ce sera un répit pour le climat ? Dans son article, dans sa
chronique du... Bon, là, je pourrais vous en citer d'autres, là, par exemple, le 27 avril : Est-ce que le monde post-COVID sera plus
vert ? Alors, le 27 avril 2020. M. Villeneuve a également fait référence à tout l'enjeu de l'achat local, le 11 mai 2020, parce
que, vous savez, entre autres, avec
l'initiative Le Panier bleu, qui a
été lancée par le gouvernement, on
parle beaucoup d'accroître, de
favoriser les achats locaux et le commerce local. Donc, M. Villeneuve s'est
prononcé là-dessus. Et il est allé plus loin dans sa chronique qui a suivi, le
25 mai 2020, la dernière qui est lice, sur l'impact de l'achat local sur
l'environnement. Quand on parle, par exemple, de circuit court, quand on parle de cycle de vie avec un impact sur
l'environnement, en quoi les circuits
courts et l'achat local ont un impact sur l'environnement. Donc, quand on parle
de gouvernance en matière de changements climatiques pour les prochaines
années, c'est sûr que les enjeux reliés aux achats, à l'achat local, les enjeux
reliés aux circuits courts va être au coeur de la suite des choses. Alors, M.
Villeneuve et son équipe, à la chaire, sont bien équipés pour venir nous parler
de ça. Alors, c'est pour ça que je vous parle de ces articles. Ce n'est pas nécessaire de les déposer, tout
le monde est capable de les trouver dans les outils de
recherche sur les médias et sur le site du Quotidien, mais s'il y a des collègues ou des gens qui sont intéressés, j'en ai avec moi,
ça me fera plaisir d'en distribuer. Donc, on a nécessairement besoin d'entendre
des spécialistes comme la Chaire en éco-conseil, d'autant plus qu'on est dans
une période stratégique, une période cruciale, on est dans un pivot, une
période pivot pour les changements climatiques.
• (16 h 10) •
Et, je le répète, Mme la
Présidente, par rapport à ce que je disais ce matin, quand on s'est vus, par
rapport à la motion préliminaire précédente avec l'Union des municipalités du
Québec : On ne peut pas faire comme si la pandémie n'existait pas, un. Et
deux, on doit prendre un pas de recul pour faire le bilan de ce qu'on est en
train de vivre... bien, le bilan, une mise à jour par rapport à ce qu'on est en
train de vivre, et une équipe comme celle qui travaille à la Chaire en
éco-conseil sous la direction de Claude Villeneuve nous aiderait beaucoup.
Encore une fois, Mme la Présidente, je plaide, je plaide pour qu'on soit
responsables...
M. Gaudreault : ...bien, le bilan, une mise à jour par rapport à ce qu'on est en train de
vivre, et une équipe comme celle qui travaille à la Chaire en éco-conseil sous
la direction de Claude Villeneuve nous aiderait beaucoup. Encore une fois,
Mme la Présidente, je plaide, je plaide pour qu'on soit responsables. Le premier ministre, depuis le début de la pandémie,
a souvent fait référence à ce sens des responsabilités, et je le reconnais. D'ailleurs il y a eu beaucoup d'analyses qui
ont fait le parallèle avec la gestion de la crise du verglas en 1998 avec M.
Bouchard qui assumait sa responsabilité avec M. Caillé puis son col roulé, là, d'Hydro-Québec, qui étaient vraiment au
front, puis qui prenaient les choses à bras-le-corps, puis qui assumaient un leadership. Alors, c'est un peu la même chose,
mais à la puissance 10, là, avec la pandémie, on s'entend.
Donc, si on prend ce sens
des responsabilités au pied de la
lettre, bien, raison de plus pour minimalement se donner un petit peu de recul
pour dire : Ensemble, collectivement, est-ce qu'on
doit continuer dans la même direction avec le projet de loi qu'on avait
commencé à étudier ? Est-ce qu'il y a des choses qui changent dans
l'analyse ? Moi, c'est comme si... l'analyse qu'on avait faite, qu'on a
faite avant la pandémie, puis les auditions publiques avant la pandémie, c'est
comme si c'était devenu obsolète par rapport à la situation actuelle, ne serait-ce
que sur l'impact à court, moyen et long terme d'avoir mis le Québec sur pause
quant à la réduction des gaz à effet de serre. On a besoin d'avoir un portrait
de ça, sinon on va toujours être à la remorque d'information qu'il va nous
manquer, toujours, dans l'étude détaillée.
Ça fait que moi, je demande
un petit peu de collaboration de la part du ministre, qu'il nous dise :
Oui, ce ne serait peut-être pas bête de faire un petit pas de recul puis de
regarder comment on peut se mettre à jour sur cet enjeu-là. Moi, au moins, je
fais des propositions. Tantôt, j'ai proposé l'UMQ, là, je propose la Chaire en
éco-conseil. Si le ministre nous dit : O.K., on est prêts à regarder ça
puis on pourrait peut-être recevoir un ou deux autres groupes, je suis sûr que
la chaire... le consortium, c'est-à-dire, Ouranos, serait peut-être même prêt à
revenir. C'est les plus grands spécialistes au Québec ou, en tout cas, parmi
les plus grands spécialistes au Québec sur la question de l'adaptation aux
changements climatiques. D'autres sûrement seraient capables de venir nous en
reparler ou venir nous en parler, dont la Chaire en éco-conseil. Et je pense
que ça enverrait, Mme la Présidente, un signal très fort à la population pour
dire : Regardez comment les parlementaires, dont on a salué la
collaboration exemplaire durant cette pandémie... C'est vrai, le premier
ministre l'a dit, puis je le remarque, puis je le reconnais, il y a eu des
rencontres, à un moment donné, c'était bihebdomadaire, entre les chefs des
oppositions et le premier ministre pour prendre part de nos suggestions. On a
travaillé. Et moi, quand je voyais poindre des enjeux dans ma circonscription,
j'utilisais le canal de communication qui pouvait se rendre aux décideurs en
lien avec le premier ministre puis au cabinet du premier ministre pour être
capable d'éveiller de l'intérêt sur des enjeux particuliers. Il y en a plein.
Alors, on a eu une belle collaboration, les Québécois l'ont reconnu, je pense
qu'on a montré qu'en politique on est capables de travailler en équipe puis
ensemble, puis moi, je suis le premier puis je reconnais ça.
Donc, je pense qu'il faut
continuer dans cet esprit sur l'enjeu principal du 21e siècle, qui est la
question des changements climatiques. Parce qu'on ne s'en sortira pas. Je veux
dire, si les gens trouvent ça dur, et avec raison... la population en général,
puis le monde économique, puis les associations, les États, les législatures à
travers le monde, si on trouve ça dur, ce qu'on est en train de vivre
avec la pandémie, bien, on va trouver ça dur aussi avec les conséquences
qu'on va avoir sur des changements climatiques qui vont venir affecter notre
qualité de vie, qui vont venir affecter l'aménagement urbain, qui vont venir
affecter la santé publique, qui vont venir affecter éventuellement d'autres
risques de pandémie ou de maladie tropicale, par exemple, qui pourrait
apparaître sous nos latitudes. Donc, c'est... ça nous donne un genre de test
avant d'autres catastrophes malheureuses, et qu'on ne souhaite pas mais qui
peuvent se produire avec les changements climatiques.
Donc, on a tout ce qu'il
faut présentement pour saisir une opportunité de faire les choses différemment.
Et moi, c'est à ça que j'en appelle auprès de l'ensemble de mes collègues, mais
plus particulièrement du ministre, parce qu'ils ont la majorité
gouvernementale, il suffit de nous dire oui, on prend un petit pas de recul, ça
va durer quelques jours, pour qu'on puisse bien analyser les changements qui
sont intervenus à cause de la pandémie sur l'enjeu des changements climatiques...
M. Gaudreault : ...plus particulièrement du ministre, parce qu'ils ont la majorité
gouvernementale, il suffit de nous dire : Oui, on prend un petit pas de
recul, ça va durer quelques jours, pour qu'on puisse bien analyser les changements
qui sont intervenus à cause de la pandémie sur l'enjeu des changements
climatiques. Et moi, je pense que tout le monde serait heureux de ça. Et, pour être capable de bien faire notre
travail, je le répète, il faut qu'on se donne ces outils-là, il faut qu'on se
donne ce recul. Moi, je peux bien, dans mon bureau, là, puis ça m'arrive de le
faire, à l'occasion, de lâcher un petit coup de fil à M. Villeneuve, puis
d'avoir son point de vue, puis il le
fait toujours avec générosité, mais
ça reste une conversation privée. Moi, je pense que c'est important de recevoir ici, à micro ouvert, des intervenants de ce calibre pour venir nous dire : Attention, voici ce qui
change avec la pandémie, voici ce qu'on estime qu'il risque d'arriver avec les changements climatiques dans les prochaines années
et comment le risque va se matérialiser, comment, par
exemple, ce qu'on a appris de la pandémie peut nous
inspirer pour la gestion éventuelle des changements
climatiques et des risques associés à ça. Donc, moi, je
pense que ça serait vraiment un signe
d'ouverture, ce serait vraiment un
signe, surtout, de responsabilité de
la part de parlementaires qui veulent
bien faire leur travail, qui est d'adopter la meilleure loi possible sur la gouvernance en matière de changements
climatiques. Alors, moi, je demande un minimum d'ouverture
de la part du ministre, je demande un
minimum d'ouverture de la part du gouvernement. Si le ministre dit : O.K., j'ai juste besoin de jaser un peu avec mon
leader puis je vous reviens, on va le faire, ça va nous faire plaisir, puis on
va attendre d'avoir sa réponse. Mais d'avoir cette ouverture-là, ça serait vraimentintéressant.
D'autant plus qu'on en a,
des experts, au Québec, on ne demande
pas de recevoir des experts internationaux ou de recevoir le secrétaire général de l'ONU, là, ce n'est pas ça
qu'on demande. On demande de recevoir des gens qui sont à quelques heures de chez nous, là, quelques heures de Québec, c'est-à-dire, M. Villeneuve, qui habite au
Saguenay, ou son équipe. Comme on pourrait faire venir d'autres spécialistes,
de Montréal ou d'ailleurs, de l'Université Laval, également, et qui viendraient nous enrichir de leurs connaissances pour qu'on
soit capables de bien nous adapter pour la suite des choses et surtout
d'adopter le meilleur projet de loi, Mme la Présidente.
Parce qu'on le sait, où on
s'en va, là, on s'en va vers une adoption de ce projet de loi là, tôt
ou tard, mais le gouvernement est majoritaire. Si c'est à l'automne, ça va arriver à l'automne, si c'est
avant, ça va arriver avant, le gouvernement est majoritaire. Alors, pourquoi ne
pas prendre le temps de le faire correctement ? De toute façon, là, on est
vraiment dans un contexte inusité, on s'en va en vacances d'été, où les gens
vont avoir le goût de faire autre chose puis de se concentrer sur le barbecue,
puis sur leurs voisins, puis sur leurs amis, puis sur leurs familles, de louer
des chalets. Et, après ça, bien, à l'automne, on aura tout le contenu pour
faire un vrai projet de loi qui aura de l'allure. Alors, pour y arriver, bien,
ça nous prend du contenu puis ça nous prend des avis scientifiques, ça nous
prend du jus. En politique... une des forces ou une des vertus du travail
politique, c'est qu'il faut soit assez polyvalent, hein ? Un bon matin, on
reçoit un appel d'un citoyen qui a un problème avec l'aide sociale, puis,
l'après-midi, on est en train d'étudier un projet de loi sur les changements
climatiques, puis, le soir, on va être sur d'autres choses par rapport à un
enjeu de transport ou, peu importe, de santé. Alors, il faut qu'on soit
polyvalent, mais on n'a pas toutes les connaissances requises, alors que,
pourtant, on prend des décisions puis on prend des votes sur des projets de loi
qui ont des impacts à long terme sur la population. Donc, on a besoin d'avoir
l'éclairage des scientifiques.
• (16 h 20) •
D'ailleurs, c'est reconnu,
si le premier ministre fait des conférences de presse... là, plus maintenant à
tous les jours, mais ça a été pendant plusieurs semaines, quotidiennement, avec
un scientifique qui était assis à côté de lui, qui s'appelle le Dr Arruda,
c'est parce qu'ils reconnaissent que, sur des enjeux majeurs, comme une
pandémie, ça prend des avis scientifiques. En termes d'enjeux majeurs qui vont
interpeller l'ensemble de la société, il y a certainement les risques associés
aux changements climatiques, alors je ne vois pas pourquoi ça serait
différent. Si c'est vrai pour un enjeu de pandémie et de santé publique puis un
enjeu d'urgence sanitaire, d'avoir l'éclairage puis la lumière des
scientifiques, bien, c'est exactement la même logique qui doit présider
concernant les changements climatiques. Et moi...
M. Gaudreault : ...ne vois pas
pourquoi ça serait différent. Si c'est vrai pour un enjeu de pandémie et de
santé publique puis un enjeu d'urgence sanitaire, d'avoir l'éclairage puis la
lumière des scientifiques, bien, c'est exactement la même logique qui doit
présider concernant les changements climatiques. Et moi, c'est ce que je vous
propose, qu'on puisse avoir ici des gens qui n'ont pas eu l'occasion de venir
avant la pandémie qui s'appellent la Chaire en éco-conseil de l'Université du
Québec à Chicoutimi et M. Villeneuve. Au moins leur demander, au moins leur
demander.
Puis encore une fois, on ne peut pas
dire : Ah! il n'était pas venu avant la pandémie, donc ça ne marche pas.
Non. Tu sais, je veux dire... On est complètement dans un autre contexte, on
est complètement dans une autre dimension. Et c'est comme... Je veux dire, on
est tellement dans un autre contexte que c'est quasiment comme un vice de
forme, c'est... On a la nécessité de remettre le compteur à zéro tellement que
la situation a changé, de peser sur «reset» comme je disais tout à l'heure.
Parce que ce n'est pas le même contexte, donc on a absolument besoin d'entendre
des spécialistes. Moi, je vous en propose un, c'est M. Villeneuve et son équipe
qui travaillent à la Chaire en éco-conseil de l'Université du Québec à
Chicoutimi.
Donc, voilà, Mme la Présidente, je ne veux
pas prendre trop de temps. Je veux surtout plaider sur l'importance de bien
faire notre travail. Je veux surtout plaider sur l'importance d'avoir les
éclairages nécessaires, l'éclairage scientifique qui va nous permettre de faire
des analyses, qui va nous permettre de bien comprendre où on s'en va.
Comme je vous disais, toutes les semaines,
M. Villeneuve écrit dans Le Quotidien, puis j'ai la démonstration qu'il
a réfléchi à ces questions-là parce qu'il a publié là-dessus au moins, dans les
deux derniers mois, au moins cinq à six articles qui impliquent la COVID et les
changements climatiques. Alors, je pense qu'il serait la personne appropriée,
toute désignée pour venir nous éclairer de ses lumières.
Alors, je ne sais pas ce que je pourrais
dire de plus pour essayer de vous convaincre, Mme la Présidente, bien, peut-être
que vous, personnellement, vous l'êtes, là, mais de convaincre les collègues de
faire un travail important. Je ne veux pas dire intelligent parce que je ne
veux pas présumer qu'on ne fait pas un travail intelligent. On fait déjà un
travail, mais il pourrait l'être encore plus. Il pourrait l'être encore plus en
allant chercher l'éclairage des scientifiques comme M. Villeneuve en est un, et
pas juste lui, là, toute son équipe qui travaille et qui gravite autour de la
Chaire en éco-conseil de l'Université du Québec à Chicoutimi.
Alors, puis en plus, c'est du monde du
Saguenay, ça fait que c'est sûr qu'ils sont super bons puis super gentils,
d'agréable commerce, puis qui viendraient sûrement nous rencontrer rapidement.
Alors, voilà, Mme la Présidente, merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. M. le député de Nelligan,
est-ce que vous intervenez à titre de représentant de votre groupe
parlementaire?
M. Derraji : Je n'ai pas
encore changé de formation politique.
La Présidente (Mme
Grondin) : Non, mais ça change le temps, M. le député. Donc,
vous prenez 10 minutes? Ça va toujours la députée de Maurice-Richard
qui... O.K. Donc, vous avez 10 minutes, M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Au début, je voulais juste rire un peu avec vous. Écoutez, Mme la
Présidente, mon intérêt aux luttes aux changements climatiques n'a pas commencé
aujourd'hui. J'ai même, avec le député de Jonquière, eu le plaisir, je dirais
le grand plaisir, de participer à la COP de Katowice, aussi la députée de
Mercier. Et je soutiens la proposition du député de Jonquière. Et j'interpelle
le ministre et je vais essayer de résumer une lettre qui a été envoyée, parce
que le collègue a longuement parlé de la chaire en éco-conseil et il faut
saluer le travail de cette chaire qui joue un rôle très important. J'invite le ministre
à aller voir, et j'en suis sûr et certain qu'il est au courant, l'ensemble des
publications, l'ensemble des conférences et des livres et des recommandations.
Là, vous allez me dire, M. le député,
c'est quoi le lien avec ce que nous sommes en train d'étudier aujourd'hui. La question,
elle est logique et je vais essayer de répondre d'une manière très logique.
C'est que nous avons commencé l'étude de ce projet de loi et l'abolition du TEQ
avant la COVID. Il y avait un contexte particulier où nous avons eu l'occasion
d'entendre plusieurs groupes...
M. Derraji : ...et je vais
essayer de répondre d'une manière très logique. C'est que nous avons commencé
l'étude de ce projet de loi et l'abolition du TEQ avant la COVID. Il y avait un
contexte particulier où nous avons eu l'occasion d'entendre plusieurs groupes,
qui ont pris, je dirais, le temps d'écrire des mémoires, de venir échanger avec
nous, de nous présenter leur perspective. Perspective intéressante parce que je
l'ai mentionné, que ce soit au salon bleu, ou même, mes remarques
préliminaires, Mme la Présidente, par rapport au projet de loi n° 44 et
j'ai pas mal exprimé mon point de vue par rapport au manque de... de la
flexibilité, l'efficacité, la prévisibilité qu'on va perdre à cause de
l'abolition du TEQ.
Ceci étant dit, Mme la Présidente, je
tiens à vous informer... je ne peux pas le déposer, mais je vous invite à aller
visiter le site Web de la Chaire éco-conseil et je vous invite à lire une
lettre qui a été envoyée au premier ministre du Canada,
M. Justin Trudeau. Et vous savez pourquoi je fais mention de ça, Mme
la Présidente? Parce que, justement, mon collègue le député de Jonquière a
mentionné un point très important que le contexte a changé aujourd'hui.
Je comprends que le ministre de
l'Environnement a décidé de rappeler au bien, le gouvernement a décidé de
rappeler ce projet de loi pour faire l'étude, et on a d'autres projets de loi,
mais je vais saisir l'occasion que le projet de loi a été rappelé et rappeler
aussi que les conditions de l'étude du projet de loi, elles ont aussi... ne
sont plus les mêmes. Nous vivons tous dans une crise sanitaire, nous sommes en pleine
crise de COVID et il y aura un post-COVID.
La lettre, Mme la Présidente, fait appel
et répond à la demande du premier ministre du Canada et je vais vous lire un
bout :
«Au nombre des programmes fédéraux
existants qui pourraient être rapidement être mis à profit, pensons par exemple
au programme Optique des changements climatiques d'Infrastructure Canada et la
Stratégie nationale sur le logement. Voilà d'autres exemples d'investissements
coups sûrs. Du financement est nécessaire pour accélérer la transition vers une
énergie renouvelable et à faible émission de carbone.»
La liste, elle est très longue, Mme la
Présidente, mais je vais vous dire pourquoi c'est extrêmement important,
écouter cette chaire. Avant la COVID, j'ai assisté à un échange avec le ministre
de l'Environnement. L'ensemble des partis de l'opposition, nous avons mis sur
la table des arguments. J'ai même lancé un défi au ministre par rapport au
rapport du TEQ, qui est une société d'État performante avec des résultats qui
comptent. On revient après la COVID... revenir sur nos échanges et, j'en suis
sûr et certain, du moment qu'on fait un rappel par rapport à l'étude de ce projet
de loi, que probablement, nous sommes dans le même contexte, Mme la Présidente.
Mais regardez ce groupe, qu'est-ce qu'il
nous propose. Si le gouvernement du Québec est sérieux dans sa transition
énergétique et dans sa lutte aux climatiques, ce groupe d'experts, Mme la
Présidente, a envoyé... on s'entend, c'est des experts québécois qui ont envoyé
cette lettre au premier ministre du Canada, signée par tout un groupe
d'universitaires. Je vais commencer par la transition vers une énergie
renouvelable et à faible émission de carbone :
«Il faut également repenser la gouvernance
de l'énergie en fonction, afin de permettre la production d'énergie par les
citoyens utilisateurs. Les investissements peuvent aider à surmonter les
obstacles liés au capital initial et à rendre le système énergétique plus
flexible, tout en diversifiant nos sources d'énergie. De tels investissements
doivent respecter le consentement libre, préalable et éclairé des peuples
autochtones et la gouvernance de leurs territoires.
L'investissement dans les infrastructures
vertes offre une nouvelle façon de protéger les bassins versants et les zones
côtières contre les inondations, de même que les communautés contre les vagues
de chaleur. On pense à des réseaux de technologies vertes, d'espaces et de
systèmes naturels, des zones humides aux boisés, en passant par les zones de
conservation, qui sont connectées, multifonctionnelles, et fournissent de
multiples services écosystémiques.
• (16 h 30) •
Un programme national de rénovation
énergétique...
16 h 30 (version non révisée)
M. Derraji : ...on pense à
des réseaux de technologie verte, d'espaces et de systèmes naturels, des zones
humides aux boisés en passant par les zones de conservation, qui sont
connectées, multifonctionnelles, et fournissent de multiples services
écosystémiques. Un programme national de rénovation énergétique...». Mme la
Présidente, en lisant les grandes lignes, là, pour moi, c'est du bonbon, pour
notre ministre et même pour le bénéfice de notre commission.
Je me rappelle, il n'y a pas longtemps que
nous avons envoyé et demandé à des experts de venir au Parlement nous expliquer
les bienfaits de la maternelle quatre ans. Et, je dirais même, on a payé des
billets d'avion pour que ces experts viennent. Ces experts, probablement, ça va
leur faire plaisir de venir partager leur savoir-faire avec nous. Et, j'en suis
sûr et certain, comme l'a dit le collègue le député de Jonquière, ça va nous
éclaircir par rapport, justement, que cette nouvelle économie et le sérieux du gouvernement
par rapport à son virage et à la place de l'économie verte dans son plan de développement
qu'il compte entreprendre.
Je continue, Mme la Présidente. Donc, j'ai
parlé des investissements dans les infrastructures vertes. «Un programme
national de rénovation énergétique des bâtiments réduira la demande d'énergie
et les coûts pour les propriétaires et les locataires, le travail à domicile
devenant la nouvelle norme.» On le sait tous nous-mêmes, nous avons eu des
échanges d'une manière virtuelle. J'ai assisté moi-même à des commissions
virtuelles avec le ministre de l'Économie. «Ces améliorations pourraient
améliorer le confort et réduire la pauvreté associée au coût de l'énergie ainsi
que le coût de la vie. Étant donné que les nouvelles constructions se feront
plus rares et que certains bâtiments publics seront fermés, le potentiel de
création d'emploi vient des rénovations énergétiques ambitieuses et
considérables. Ces investissements peuvent remédier à la crise du logement des
peuples autochtones dans les réserves et hors réserve.»
Quand je lis ça, Mme la Présidente, moi...
c'est une très bonne feuille de route pour le ministre de l'Environnement. Et,
si j'étais à sa place, j'utiliserais ce groupe pour aller faire du pouce par
rapport à leurs demandes auprès du premier ministre du Québec.
«Une formation continue
environnementalo-consciente dans le secteur de la construction devrait être un
élément clé des investissements de relance du Canada sur le chemin d'une
économie sobre en carbone.» Tout ça s'applique pour l'économie québécoise, Mme
la Présidente. Je ne sais pas, est-ce que ce groupe a pensé aussi envoyer ça au
premier ministre du Québec? Mais raison de plus. Si ce groupe n'a pas eu de
l'écho ou il n'y a pas eu de suivi, j'aimerais bien que nous, les membres de
cette honorable commission, qu'on les écoute, qu'on échange avec eux pour le
bénéfice de notre projet de loi.
«Une construction de haute qualité et à
faible émission de carbone nécessite une culture de travail qui met l'accent
sur la réduction de la consommation d'énergie. Des investissements majeurs dans
le développement de nouvelles compétences liées au climat sont une occasion
rêvée pour accroître l'équité, la diversité et l'inclusion dans la
main-d'oeuvre tout en promouvant des pratiques et des technologies plus vertes.
Si la littératie environnementale devient partie intégrante de la formation des
travailleurs, l'industrie devra suivre pour s'assurer que les travailleurs
nouvellement formés puissent trouver les emplois de bonne qualité et avoir la
capacité de contribuer efficacement aux objectifs climatiques du Canada. Un
curriculum inclusif devrait tenir compte de l'exclusion des femmes et ouvrir la
voie pour profiter des importantes contributions que les travailleuses et
travailleurs autochtones peuvent apporter à la nouvelle économie verte.»
La Présidente
(Mme Grondin) : M. le député de Nelligan, votre temps est
écoulé.
M. Derraji : O.K. Merci,
Mme la Présidente. J'aurais dû juste me dire que... pour conclure... Mais c'est
bon. Merci, Mme la Présidente.
Mme Montpetit : ...pas
clair au départ.
La Présidente
(Mme Grondin) : Est-ce que vous souhaitez prendre le temps
du porte-parole?
M. Derraji : Oui, oui, je
n'ai pas encore...
La Présidente
(Mme Grondin) : Vous avez 30 minutes quand vous êtes
le porte-parole de votre groupe.
M. Derraji : O.K. Je n'ai
pas encore terminé. Oui, oui, absolument, j'ai cru que... O.K., pas de
problème.
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait.
M. Derraji : Je ne sais
pas si je vais avoir les 30 minutes, mais je vais résumer mes points, Mme
la Présidente.
Donc, juste pour revenir sur ce que je
viens de dire, Mme la Présidente, que c'est extrêmement important, écouter la
science. On le voit depuis le début de la crise, notre Santé publique joue un
rôle important. Et, si la Santé publique joue un rôle important, c'est parce
que c'est la science qui doit guider nos décisions, et non pas le politique.
Et je comprends, Mme la Présidente, que le
ministre a une volonté avec son projet de loi n° 44
de... la Loi visant principalement la gouvernance efficace de la lutte contre
les changements climatiques et à favoriser l'électrification... Comme je l'ai
dit au début, et pourquoi j'ai pris le temps de parler de la lettre...
M. Derraji : ...de la loi
visant principalement la gouvernance efficace, de la lutte contre les
changements climatiques et à favoriser l'électrification. Comme je l'ai dit au
début, et pourquoi j'ai pris le temps de parler de la lettre qui est adressée
au premier ministre du Canada, et j'invite mon collègue, le député de Jonquière,
de faire les vérifications si ce groupe a adressé ou s'il compte adresser la
même lettre au premier ministre du Québec, parce que pour moi, cette lettre,
elle est extrêmement importante. Elle dresse un portrait des prochaines années.
C'est extrêmement important les recommandations qu'ils font. Et je pense que
ces recommandations, en tant que nation québécoise, méritent d'être au moins
écoutées à l'intérieur de ce salon rouge ou à l'intérieur de l'enceinte du
parlement.
Donc, je reviens, Mme la Présidente, à la
Chaire éco-conseil. Et le parallèle que j'essaie de faire avec la Santé
publique, c'est que la crise du COVID nous a démontré l'importance qu'avoir une
bonne alliance entre la Santé publique et le discours politique peut sauver des
vies.
Donc, au début, le responsable de la Santé
publique essayait d'expliquer aux gens pourquoi les règles de confinement et
les règles de déconfinement, et pourquoi c'est important, tous ensemble en tant
que Québécois, on doit travailler pour aplatir la courbe. Donc, il y avait un
message, et ce message se basait sur des faits scientifiques. Par la suite, les
autorités, que ça soit les ministères impliqués, l'équipe du premier ministre,
s'inspiraient des recommandations de la Santé publique pour émettre des
opinions, des fermetures, des ouvertures, d'un déconfinement progressif, d'un
retard d'un déconfinement d'un secteur. Mais pourquoi tout ça, Mme la
Présidente? C'est parce que le contexte de la COVID nous obligeait d'écouter la
science. Et c'est ça, l'essence même de cette proposition de mon collègue le
député de Jonquière.
Le député de Jonquière, aujourd'hui, il a
essayé, la première fois, avec l'UMQ, avec raison. Pourquoi? Parce qu'il voyait
l'importance des villes dans la nouvelle crise. On ne peut pas, Mme la
Présidente, continuer avec la même logique de l'étude de ce projet de loi et
faire abstraction qu'il y a un nouveau contexte lié à la COVID. J'aimerais bien
que le ministre de l'Environnement nous explique si jamais il pense que ce
n'est pas important, écouter les scientifiques, ce n'est pas important, inviter
une chaire de recherche. Et je ne lui prête aucune intention. Je tiens juste à
le préciser pour que personne ne m'arrête dans l'élan que j'ai présentement.
Donc, je ne lui prête aucune intention. Je lui fais confiance et je sais que
c'est un homme de science aussi.
Donc, Mme la Présidente, c'est très important.
Je n'ai pas eu l'occasion d'intervenir dans la motion de l'UMQ parce que je
n'étais pas là, mais je croyais que c'est très important, écouter ces gens.
Puis le ministre peut inviter la personne qu'il souhaite, n'importe quel
chercheur de cette chaire de recherche, qui font... qui sont vraiment très bien
structurés.
Et le lien que j'essaie de faire avec la
santé publique, il est extrêmement important. L'étude de ce projet de loi a été
arrêtée par un contexte hors de contrôle. C'est une pandémie. On peut faire le
lien entre la pandémie, l'impact sur l'environnement, on peut faire le lien sur
les déterminants de la santé, on ne va pas en finir. Le lien de ce projet de
loi, il est très, très important, Mme la Présidente. Moi, je dirais, au début,
là, j'avais un angle très économique, lors de mes interventions, et je me
rappelle d'une longue conversation avec ma collègue porte-parole de ce dossier
et députée de Maurice-Richard, et à chaque fois, lors des
échanges, je ramène l'angle économique. Elle me dit : Monsef, il y a cet
angle, et on essaie de se challenger. Mais aujourd'hui, Mme la Présidente,
c'est l'angle de la science qui doit guider nos réflexions par rapport à ce
projet de loi.
• (16 h 40) •
Le ministre de... j'ai failli dire «le
ministre de l'Immigration», mais le ministre de l'Environnement doit absolument,
Mme la Présidente, prendre en considération la pandémie qu'on vit présentement
et postpandémie. On ne peut pas faire un projet de loi de la même façon qu'il
le voulait avant la COVID et on ne peut pas faire un projet de loi de la même
façon pour un post-COVID, d'où l'importance d'être très bien outillés. Et
comment on peut être outillés? Que ces gens du Québec...
M. Derraji : …et post-pandémie.
On ne peut pas faire un projet de loi de la même façon qu'ils le voulaient
avant la COVID et on ne peut pas faire un projet de loi de la même façon pour
un post-COVID, d'où l'importance d'être très bien outillé. Et comment on peut
être outillé? Que ces gens du Québec, de Chicoutimi, ils ont signé une lettre
envoyée au premier ministre du Canada, pour lui dire : Vous avez lancé un
appel. Voilà ce qu'on pense bon pour l'avenir du Québec en termes de lutte aux
changements climatiques. J'en suis sûr et certain que c'est aussi la volonté de
nous tous, en tant que parlementaires, de faire avancer ce projet de loi. Et
donc si on veut vraiment jouer notre travail, s'il y a un secteur, Mme la
Présidente, où c'est la science qui doit primer, c'est le dossier de
l'environnement, c'est le dossier de lutte contre les changements climatiques.
On ne peut pas jouer seul. On ne peut pas prétendre qu'on a l'ensemble des
paramètres scientifiques. Au contraire, c'est en écoutant les partenaires qu'on
va tous avancer pour permettre aux Québécois un projet de loi qui répond à
leurs aspirations, un projet de loi digne de ce que nous vivons maintenant.
Donc, Mme la Présidente, j'espère que le ministre
de l'Environnement va démontrer une ouverture par rapport à la proposition de
mon collègue. Mon collègue a énuméré toute une série de publications, de
mémoires de maîtrise, de thèses de doctorat, d'articles scientifiques, de
rapports d'intervention, de conférences de ce groupe de recherche. Moi, j'ai
rajouté que, il y a tout récemment, au mois de mai, ce même groupe a envoyé une
lettre au premier ministre du Canada et je vais vraiment attendre si on peut
faire un suivi, si cette lettre a été envoyée aussi au premier ministre du
Québec et au ministre de l'Environnement. Parce que, pour moi, aujourd'hui,
nous avons une occasion unique d'entendre des experts qui sont juste à côté de
nous. Et ça a été le cas, Mme la Présidente, dans d'autres commissions où nous
avons invité des conférenciers et des partenaires de l'international pour venir
nous expliquer certains points de vue. Ces gens sont juste à côté de nous. Et
si on veut vraiment faire les choses correctement, et si on veut vraiment que
ce projet de loi ait une base scientifique, et non pas une base de jouer dans des
structures... Je ne vais pas faire un débat de structures parce que j'ai déjà
eu l'occasion de faire mes remarques au salon bleu, qu'on ne peut pas attaquer
une structure performante. Et je tiens encore une fois à le rappeler, Mme la
Présidente, au bénéfice des gens qui nous écoutent, que ce que nous sommes en
train de faire, d'abolir une structure d'une société d'État performante, où son
rapport de gestion le plus complet, avec des mesures très concrètes, et qu'on
répond aux besoins de la lutte contre les changements climatiques, je n'ai
jamais été convaincu avant la COVID.
Quand j'ai lu le projet de loi, je me suis
dit : Mais quelle erreur! Et je vais toujours rester convaincu que c'est
une erreur, abolir le TEQ. J'ai passé plusieurs années, Mme la Présidente, à
travailler en partenariat avec des entreprises, surtout, qui luttent contre les
changements climatiques, des entreprises de l'économie verte. Nous les avons
vues dans plusieurs pays à l'international lors des conférences de COP. Je
tiens juste à vous le dire, Mme la Présidente, c'est une erreur.
Là, ça a été dans le contexte avant
COVID.... Vous pouvez juste me dire rendu à trois, quatre minutes, comme ça je
vais structurer mes idées à la fin.
La Présidente (Mme
Grondin) : O.K. Il vous reste 10 minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je tiens juste à préciser, Mme la Présidente, une chose très
importante, que le contexte de l'étude du projet de loi, il était dans un cadre
avant la COVID... a été arrêté parce que la pandémie nous obligeait d'arrêter.
Nous reprenons notre travail à l'intérieur de l'Assemblée nationale avec un
autre contexte. Pour moi, c'est illogique qu'un projet de loi important, un
projet de loi qui va avoir un impact majeur sur une structure, TEQ, mais aussi
sur l'atteinte des objectifs au niveau de la gouvernance efficace et de la
lutte contre les changements climatiques...
Donc, je réitère encore une fois, Mme la
Présidente, la volonté du député de Jonquière d'inviter cette chaire de
recherche. Il a énuméré pas mal de points positifs. J'ai rajouté que cette même
chaire de recherche a contacté le premier ministre du Canada. Je ne sais pas
s'ils ont eu un suivi ou pas, mais je pense que ce serait intéressant de les
écouter, parce qu'ils nous présentent un plan réel d'un...
M. Derraji : ...j'ai rajouté
que cette même chaire de recherche a contacté le premier ministre du Canada. Je
ne sais pas s'ils ont eu un suivi ou pas. Mais je pense que ce serait intéressant
de les écouter parce qu'ils nous présentent un plan réel d'un élément
post-COVID.
Donc, si on veut vraiment bien faire les
choses, si le ministre de l'Environnement veut se baser sur la science pour
construire son argumentaire et construire son projet de loi, qui va être un
projet de loi qui va aider le Québec à atteindre ses objectifs, je lui
recommande fortement de prendre au plus haut degré la proposition du député de
Jonquière. La raison, elle est très simple. C'est des Québécois, c'est des
chercheurs, c'est leur travail, c'est des scientifiques. Et je me vois mal, Mme
la Présidente, comment la partie gouvernementale va voter contre cette
proposition.
Donc, si on se base sur la science, c'est
les meilleurs interlocuteurs. Si on se base sur post-COVID, c'est leur travail.
La preuve, ils ont même envoyé une série de recommandations au premier ministre
du Canada. Troisièmement, c'est des scientifiques du Québec, d'une très belle
région. Je le sais, c'est votre région. Je l'aime.
Une voix
: ...
M. Gaudreault : ...
Une voix
: ...comme
Montréalaise...
M. Derraji : Hein?
M. Gaudreault : Oui, oui, tout
à fait.
M. Derraji : Vous confirmez,
hein? C'est la meilleure région, M. le député de Jonquière?
M. Gaudreault : Oui, c'est
sûr.
M. Derraji : Donc, Mme la
Présidente, rendus au moment du vote, j'aimerais bien que le ministre et ses
collègues mettent ça devant eux. Nous avons l'occasion aujourd'hui d'entendre
un groupe, des chercheurs québécois et qui veulent contribuer à l'avancement de
notre société et dans la lutte, tous ensemble... Parce qu'on ne peut pas la
faire seuls, ni le ministre tout seul non plus. Il a besoin de partenaires. Il
a déjà dit non à l'UMQ. Bon, il y a le rapport. Ce n'est pas grave, on va le
voir. Mais on ne peut pas... il ne peut pas atteindre ses objectifs, le
ministre, tout seul, ni le ministère. Le ministère a besoin de partenaires. Il
a besoin du monde économique et il a besoin de ces chercheurs.
Alors, Mme la Présidente, ce que
j'aimerais bien, c'est que, vraiment... qu'on prend le temps d'analyser les
propositions de cette chaire, de voir pourquoi on... pas on ne les écoute pas,
mais qu'on travaille avec eux. Le contexte a changé par rapport au P.L. n° 44, Mme la Présidente. Ce n'est plus le même contexte.
C'est faux de prétendre qu'on doit analyser le P.L. n° 44
avec les mêmes lunettes qu'avant la pandémie. C'est impossible. Et nous avons
tous vu, il va y avoir des changements, un changement profond, Mme la
Présidente, au niveau de la société. On le voit, le télétravail. On voit
l'importance et la sensibilité que les gens, ils développent maintenant. Je
n'ai pas envie de vous parler de la baleine qui s'est rendue maintenant à
Montréal, mais il y a plusieurs aspects, Mme la Présidente, qu'on peut évoquer.
Et la lutte va être mondiale.
Donc, prenons le temps, Mme la Présidente,
et je vais terminer sur ce point, prenons le temps vraiment d'analyser, en tant
que groupe... Et j'offre ma collaboration au ministre de prendre une bonne
décision éclairée par rapport à l'invitation que mon collègue le député de
Jonquière lui offre aujourd'hui d'entendre un groupe d'experts québécois autour
de la table, qui vont sans aucun doute nous aider à avancer dans notre
réflexion par rapport à cette loi visant principalement la gouvernance efficace
de la lutte contre les changements climatiques et favoriser l'électrification.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député de Nelligan. Y a-t-il d'autres
interventions? Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Bien, moi, je trouve que cette motion-là est intéressante, dans le
sens que... Je ne pense pas... Si je regarde la liste des gens qui sont
venus... Bien, on a eu peut-être un professeur d'université. Il y a des experts
comme Normand Mousseau. C'était beaucoup des organisations environnementales.
Il y avait la Fédération québécoise des municipalités, le Centre patronal de
l'environnement, du monde des affaires, et tout ça, mais il n'y a pas eu comme
un groupe de recherche ou une université qu'on a entendue pour l'étude du
projet de loi n° 44. Donc, je trouve que c'est
intéressant d'avoir des... une chaire de recherche en écoconseil, aussi, d'une
université de la plus belle région, comme on disait tantôt.
• (16 h 50) •
Donc, je trouve que c'est intéressant
parce qu'on parle beaucoup... Puis avant la COVID, évidemment, on en parlait
énormément, quand on parlait de la question des changements climatiques et des
scientifiques...
Mme Ghazal : ...une chaire
de recherche en écoconseil aussi d'une université de la plus belle région,
comme on disait tantôt. Donc, je trouve que c'est intéressant parce qu'on parle
beaucoup, puis avant la COVID, évidemment, on en parlait énormément quand on
parlait de la question des changements climatiques, et des scientifiques, et de
leur rôle dans la société, mais, des fois, par exemple, on choisit certaines
choses. Quand ça fait notre affaire, ce qu'un rapport scientifique dit, bien
là, on le prend. Quand ça ne fait pas notre affaire, on s'en occupe un petit
peu moins. Comme par exemple, quand les scientifiques nous disent qu'il faut
atteindre une réduction beaucoup plus élevée que les objectifs de réduction du Québec
pour pouvoir limiter le réchauffement climatique à 1,5° Celsiusdici 2030,
bien là, ça, c'est impossible. On ne peut pas le faire.
Mais là, on a vu avec la COVID que, bien,
la voix scientifique, même pour combattre un virus qui... C'est un peu plus...
C'est difficile. Ce n'est pas une science exacte, par exemple, quand on parle
de confinement, déconfinement, mais la voix des scientifiques est fondamentale,
parce qu'on se sent un peu plus armé quand on a cette connaissance-là puis ces
gens qui nous accompagnent et qui ont accompagné le gouvernement pour pouvoir
prendre les bonnes décisions ou, en tout cas, les moins pires.
Donc, cette voix de la science dont on
parlait beaucoup... Par exemple, moi, je m'en rappelle, on avait beaucoup
parlé, ici, quand on disait que ce projet de loi là, il faut absolument qu'il y
ait des objectifs, des cibles de réduction dans le projet de loi, dans la loi.
Et on avait ce débat-là parce que c'est la science qui nous le dit, puis il
faut qu'on se l'exige, il faut qu'on ait cette exigence-là. Mais avec la COVID,
c'est comme si on avait moins besoin de se convaincre mutuellement que, oui, il
faut écouter ce que les scientifiques nous disent si on veut passer au travers
parce que c'est notre vie qui en dépend.
Mais la question des changements
climatiques, même si ça nous parait peut-être à certaines personnes encore
loin, c'est la même chose. Il faut la traiter de la même façon parce qu'elle
perturbe la planète, et notre qualité de vie, et nos vies petit à petit. Ce
n'est pas aussi virulent qu'un virus, ça ne se passe pas aussi rapidement,
quoique les bouleversements commencent à arriver à une vitesse plus grande.
Donc, tout ça pour dire que, moi, ce que
je trouve intéressant dans le fait d'avoir la Chaire en éco-conseil de l'UQAC,
c'est que c'est vraiment... On a les experts, des scientifiques, encore plus
que ceux qu'on a vus, et qui étudient la question froidement, qui regardent
les... qui font des projets de recherche. Et donc, moi, j'aimerais... Je veux
réitérer ma question au ministre, que j'ai posée tantôt. Est-ce que... Bien,
peut-être s'il pourrait dire est-ce que, oui ou non, sa réflexion par rapport
au projet de loi n° 44 a évoluée depuis la COVID... la COVID-19? Moi, je
suis convaincue que la réponse est oui. Peut-être nous en dire un peu
davantage, pourquoi, de quelle façon. Et si c'est possible, ici, qu'on puisse
avoir l'apport des groupes qui, eux aussi, leurs pensées ou leurs réflexions
ont certainement évolué.
Donc, si le gouvernement ne veut pas
rappeler les mêmes personnes qu'on a vues avant pour ne pas retarder les
choses, mais, au moins, il pourrait nous entendre puis inviter les groupes
qu'on a... que, par exemple, le député de Jonquière amène, comme la Chaire en
éco-conseil de l'UQAC, au lieu de dire : Bien non, on a déjà écouté... Par
exemple, pour les municipalités, de refuser, de dire : Bien, on a déjà
écouté d'autres municipalités. Il y a eu la ville de Montréal, d'autres
personnes. Donc, on n'en a pas besoin. Là j'ai hâte de voir pour la Chaire en
éco-conseil de l'UQAC, c'est quoi les nouvelles raisons qu'il va nous dire.
Est-ce que c'est parce qu'on a écouté d'autres professeurs ou d'autres experts?
Donc, tous les experts... On a écouté un expert, c'est comme si on les a tous
écoutés? Je ne pense pas parce que, eux, sont vraiment spécialisés sur cette question-là.
Et donc, moi, c'est au nom de la science,
donc, que j'invite le ministre à cette ouverture-là, à dire : Bien oui, on
pourrait. On pourrait les inviter, les écouter. Ça serait bien qu'on puisse
avoir cette réflexion-là ensemble et pour parler de la question de la science
dont on parlait beaucoup avant et où le gouvernement disait : Bien, oui,
on sait que c'est ce que les scientifiques nous disent, par exemple, les
scientifiques du GIEC, pour atteindre les réductions de gaz à effet de serre,
mais on ne peut pas y arriver.
Mais avec la COVID-19 on a vu que
rapidement on est capable de faire des changements très, très rapides, de
mettre l'économie sur pause. Je veux dire, jamais, jamais personne n'aurait
pensé que ça aurait été une chose possible. Et voilà! Il y a eu une volonté,
une volonté politique. La science, les scientifiques, la Santé publique a
conseillé de gouvernement, et il y a eu une volonté publique de l'écouter. On
aurait pu décider de ne pas le faire. Ce n'est pas... C'est la politique,
finalement, qui finit par décider.
Et il y a un article par rapport à la
science que je trouve... que j'ai lu, je pense, c'était en fin de semaine, le
30 mai, de Pierre Chastenay dans Le Devoir, La science,
pour la suite du monde. Et je veux citer à la fin, je trouve ça très
intéressant, il dit : «La science nous donne des réponses objectives
basées sur des données probantes et un processus d'examen rigoureux...
Mme Ghazal : ...que j'ai lu, je
pense, c'était en fin de semaine, le 30 mai, de Pierre Chastenay, dans Le Devoir,
La science, pour la suite du monde,
et juste citer, à la fin, je trouve ça très intéressant, il dit : «La science nous donne des réponses objectives basées
sur des données probantes et un processus d'examen rigoureux, vérifiable et
reproductible, réponses qui devraient guider les politiques publiques de la
même manière que la science guide actuellement la réponse à la pandémie». Et
ça, c'est super important, ce qu'il
dit après : «Alors que de plus en plus de citoyens réfléchissent à ce que
devrait être la vie après la COVID-19, il est bon de rappeler que la science
n'est pas un buffet chaud où on peut prendre ce qui fait notre affaire tout en
ignorant le reste.» Donc, on ne peut pas écouter la science à moitié. Ah oui,
pour la COVID, on va le faire, on n'a pas le choix, on va confiner tout le mondeparce que sinon les gens vont décéder, mais par exemple pour ce que... les rapports du GIEC, un rapport après l'autre, tout ce
que les gens nous disent par rapport,
par exemple, à la réduction des gaz à effet de serre, d'augmenter nos cibles, bien
ça, on ne l'écoutera pas parce qu'on
ne peut pas, parce que là on a une
crise économique à gérer. Comme si
les choses n'étaient pas... les deux n'étaient pas conciliables, alors que même le ministrelui-même a souvent dit que l'environnement est conciliable avec l'économie. Maintenant, après ça, les différences, c'est comment ça se traduit dans l'action,
quel genre de projet, par exemple, on
va accepter.
Donc, écoutez, je ne continuerai pas plus longtemps. J'invite le ministre à
cette ouverture-là, à dire que : Bien oui, la Chaire en éco-conseil
de l'UQAC, on devrait l'entendre. Et, s'il dit que non, j'aimerais entendre la
vraie raison, pourquoi, et surtout comment est-ce que son idée ou sa réflexion par
rapport à la gouvernance climatique, par rapport à TEQ, par rapport au Fonds
vert, par rapport à tous les articles qui sont contenus dans son projet de loi,
comment est-ce qu'elle a évolué. Est-ce qu'il a changé d'idée sur certains
aspects? Au lieu de nous maintenir en haleine jusqu'à l'étude détaillée puis
jusqu'à ce qu'on arrive aux articles, on aimerait bénéficier puis connaître le
fond de sa réflexion, parce que je suis sûre qu'il en a eu une, et ça serait
intéressant qu'il puisse la partager avec tout le monde. Et moi, j'aurais aimé
ça aussi qu'on ait cette réflexion-là avec d'autres groupes aussi de la société.
Donc, voilà, j'ai bien, bien hâte
d'entendre le ministre et voir s'il a changé d'idée par rapport à cette
fermeture qu'il a de dire : Bien, systématiquement, nous allons... je vais
refuser chacun des groupes que les partis d'opposition vont présenter. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée de Mercier. M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, Mme la
Présidente. Je tiens aussi à appuyer la motion de notre collègue de Jonquière,
qu'on entende, on invite la Chaire éco-conseil à se présenter devant nous. Les intervenants
qui m'ont précédé ont fait amplement la démonstration de l'expertise, de la
pertinence d'une telle invitation, que ces gens-là ajouteraient à nos
réflexions. Ça, c'est un incontournable. Et, comme ma collègue de Mercier, je
tiens à espérer qu'on va avoir quelques réponses avant de passer au vote.
Écoutez, je veux revenir à mon intervention
de ce matin, que le ministre, de toute évidence, a choisi de caractériser comme
un manque d'intérêt pour l'environnement. Ce n'était aucunement le cas. Dans le
contexte de notre discussion sur cette motion, j'aimerais comprendre, parce
qu'il y a deux réponses possibles, pourquoi nous sommes ici cette semaine sur
ce projet de loi. Presque chacune de nos interventions depuis ce matin sont
bien fondées sur le fait que notre monde a changé, que peu importent les gestes
législatifs qui vont venir maintenant, dorénavant, de notre gouvernement, ils
vont être influencés et adaptés, je l'espère, par la crise devant nous qui
aurait changé le tout.
• (17 heures) •
Donc, n'y a-t-il pas une pertinence, Mme
la Présidente, à ajouter aux réflexions qui sont en quelque part passées date,
qui auraient été offerts jusqu'à date? Je me permets un parallèle, Mme la
Présidente, deux journées avant la déclaration internationale d'une pandémie,
nous avons délibéré sur un budget. Est-ce que le ministre des Finances, le
premier ministre, leur collègue le ministre de l'Environnement prétendraient
que les consultations prébudgétaires auraient...
17 h (version révisée)
M. Birnbaum : ...pandémie. Nous
avons délibéré son budget. Est-ce que le ministre des Finances, le premier
ministre, leur collègue, le ministre de l'Environnement prétendraient que les
consultations prébudgétaires auraient maintenant aujourd'hui toute leur
pertinence? Que, bon, le Conseil du patronat, un syndicat ou un autre, un
regroupement de consommateurs, quelqu'un issu du monde énergétique ou de l'environnement,
aurait eu des mêmes réflexions pour alimenter les préparatifs de ce gouvernement
et du ministre des Finances pour son budget, les mêmes réflexions qu'ils
auraient offertes cette semaine? Aucunement, mais aucunement.
Alors, je me permets de dire qu'il y a que
deux réponses possible sur la question : Why are we here this week?
Première réponse et la conséquence de cette réponse, ça serait de voter au
motion... à la motion devant nous, c'est que la donne a changé et à la lumière
de la situation actuelle, nous avons tout intérêt à relire les articles de ce projet
de loi, à réévaluer les hypothèses sur lesquelles c'est basé et à comprendre...
peut-être on ne change rien, ça, c'est la prérogative éventuelle du gouvernement
et du ministre. Mais si on est ici cette semaine, je trouve qu'une des réponses
possibles et très recevables, c'est qu'à la lumière de la crise devant nous,
compte tenu que l'habileté essentielle du gouvernement d'agir sur le plan
énergie renouvelable, développement durable, est essentielle. Nous avons besoin
d'agir vite d'ici le 12 juin avec un projet de loi qui va répondre à la fois
aux exigences qui a incité le gouvernement, j'imagine, à présenter une telle
loi, mais beaucoup plus que ça, à réagir en réponse aux circonstances, comme je
dis, existentielles, différentes, qui sont devant nous, maintenant.
Et si ce n'est pas le cas, j'espère
qu'avant de voter sur cette motion qui, comme les autres de... ma lecture est
plus que recevable. Est-ce que le ministre va nous expliquer si j'ai bien raison
et la raison à cette grande question.
Et seule autre réponse possible, une
deuxième réponse, qui est : nous avons un projet de loi devant nous, assez
complet, bien correct. À la lumière d'un monde qui a changé de façon
fondamentale, nos propositions d'abolir le TEQ, d'abolir le conseil
d'administration du Fonds vert et de l'intégrer au sein du toujours de
l'Énergie, qui est responsable de développement énergétique, et maintenant
aurait des objectifs presque conflictuels. Et que, troisièmement, les nouvelles
limites sur le droit de regard de la Régie de l'énergie, tout ça, tout ça, est
à l'épreuve... est à...protéger de façon étanche au nouveau monde dont on
habite où chaque dépense dans l'avenir va être considérée à la lumière d'une
crise économique qu'on commence à peine à expérimenter, d'une pénurie de main-d'oeuvre
qui va s'aggraver, d'un système de santé qui est déjà compromis et qui a à se
préparer pour une éventuelle deuxième vague.
Est-ce que le ministre va nous expliquer
si c'est ça, l'autre réponse? Comme je dis, première réponse, on est ici à la
lumière de la crise pour examiner de façon responsable et transparente ce qui
est devant nous, ce qui apporterait l'implication d'autres experts ou est-ce
que la réponse est n° 2 : I'm just fine, I wrote
a beautiful bill, I'm happy, why worry? Let's get to work, qu'on adopte ça bien
vite. C'est une ou l'autre. C'est une ou l'autre.
Alors, j'espère que pour les gens qui nous
écoutent, le ministre va comprendre que ça ne devrait pas être recevable de
dire : O.K., c'est une autre motion, qu'on passe au vote. Alors, moi,
j'attends avec impatience les explications pour... du M. le ministre, ce qui
nous aiderait dans nos discussions...
M. Birnbaum : ...le ministre va
comprendre que ça ne devrait pas être recevable de dire : O.K., c'est une
autre motion, qu'on passe au vote. Alors, moi, j'attends avec impatience les
explications de M. le ministre, ce qui nous aiderait dans nos discussions qui
vont se poursuivre ce soir et qui vont nous aider beaucoup si on est devant un
refus de toutes les motions consécutives pour ajouter à notre expertise et ce
qui va nous aider à comprendre ce qui est devant nous une fois qu'on passe à
l'étude article par article dans les prochains jours. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions?
Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous
remercie, Mme la Présidente. Effectivement, la motion qui est déposée par le
député de Jonquière est fort intéressante. La collègue de Mercier
mentionnait... Je regardais également, dans la présentation de l'argumentaire
du député de Jonquière... je me rafraichissais la mémoire en retournant voir
les groupes que nous avions eus lors des consultations. Parce qu'il faut bien
se rappeler qu'on est rendu le 2 juin et les échanges que nous avons faits
pour les groupes qu'on reçoit... qu'on recevait en consultations, nous les
avons faits au mois de décembre l'année dernière. Donc, c'est vous dire à quel
point ça fait fort longtemps déjà que ces échanges ont eu lieu, hein?
Rappelons-nous que... Donc, les échanges, si ma mémoire est bonne, avaient
débutés quelque part à la session... lors de la session intensive, donc début
du mois de décembre 2019, à une semaine... c'est finalement le temps que les
échanges se fassent. Les groupes avaient été convoqués une semaine d'avis et
les groupes se désistaient. Finalement, ils ont été reconvoqués par le
gouvernement en pleine COP. Donc, nul besoin d'expliquer pourquoi des groupes
environnementaux, qui sont convoqués pendant un événement international sur
l'environnement, se désistent des consultations, et c'est pourquoi on s'est
retrouvé en janvier...
Mais tout ça pour dire que ça remonte en
décembre dernier, les échanges qui ont été faits sur les consultations. Et qui
plus est, en plus, ces échanges remontent à un certain moment, mais qui plus
est, en plus de ça, effectivement, depuis que les consultations ont été faites,
et ça a été souligné, il y a eu la pandémie. Donc, déjà, je pense qu'on était
contraint dans le nombre de groupes qu'on entendait. Je pense qu'on était
tous... Je ne sais pas si le... En tout cas, on gérait notre peu
d'enthousiasme, je pense, sur les contraintes liées au nombre de groupes qu'on
pouvait recevoir lors des consultations. Mais là, force est de... On s'est plié
à l'exercice, je pense qu'on a fait le travail, chacun d'entre nous aussi, à
avoir des discussions en dehors de cette commission. Et ça, c'est toujours
dommage, parce que les commissions... ce à quoi elles servent, les
consultations, le fait que ce soit public, c'est justement pour permettre à des
gens qui sont intéressés par des enjeux, dont notamment l'environnement et la
lutte aux changements climatiques, qui est un enjeu qui nous concerne tous, de
permettre aux gens qui sont intéressés de pouvoir venir suivre les échanges.
• (17 h 10) •
Et donc je repassais à travers cette liste
des groupes qu'on a reçus en consultations puis je faisais le même constat que
la députée de Mercier, à savoir qu'effectivement, il y a eu une onde de... bon,
beaucoup d'organisations environnementales, mais assez peu de chercheurs, assez
peu de scientifiques. Il y en a eu quelques-uns extrêmement pertinents, mais
pas beaucoup, alors que c'est un projet en termes de gouvernance climatique
qui, je pense, gagnerait justement encore davantage à recevoir une analyse, un
oeil éclairé d'experts, de scientifiques. Puis ça a été évoqué par mes
collègues, a priori, que la science... on doit se reposer sur la science pour
prendre des décisions. Et je pense que dans ce contexte-là, dans un contexte de
lutte aux changements climatiques où, justement, les scientifiques prennent de
plus en plus la parole, puis je ne vous apprendrai pas ça à vous, Mme la
Présidente, qui est bien au fait du milieu environnemental, mais pendant des
décennies et des décennies, les scientifiques étaient quand même assez
silencieux et pas très vocaux sur la place publique parce qu'ils jugeaient que
ce n'était pas leur rôle, et que leur rôle était de faire de la recherche et de
transmettre cette recherche au politique, normalement, au gouvernement pour
qu'il soit utilisé. On l'a vu dans les...
Mme Montpetit : ...silencieux
et pas très vocaux sur la place publique parce qu'ils jugeaient que ce n'était
pas leur rôle, et que leur rôle était de faire de la recherche et de
transmettre cette recherche au politique, normalement, au gouvernement pour
qu'il soit utilisé. On l'a vu, dans la dernière année, particulièrement, où justement
les scientifiques, de plus en plus, prennent la parole, rendent justement...
rendent leur science et rendent leurs recherches, je vais dire, plus
comestibles, plus accessibles pour le grand public, et ça, je pense que c'est
une grande force parce que plus de gens comprennent, plus il y a de
l'éducation, notamment relative à l'environnement, qui se fait, plus on a de
gens qui sont éduqués au niveau des principes environnementaux, plus justement
on parlera tous d'un même langage et d'un même discours également.
Donc, je pense qu'on gagne nécessairement
à avoir des scientifiques qui sont invités à répondre à nos questions mais
aussi à venir analyser le projet de loi, et la proposition qui est faite, dans
la motion du collègue de Jonquière, est fort intéressante parce que, justement,
c'est une chaire de recherche, puis ça prend peu de temps, en lisant le travail
qui est fait par cette chaire qui est bien reconnue, de toute façon, pour
constater à quel point ils ont une expertise extrêmement pointue dans le domaine
de l'atténuation des impacts puis dans l'adaptation aux changements climatiques.
Donc, ce serait bien dommage, je crois, de se passer...
Puis je vais faire la même demande que l'a
fait ma collègue de Mercier, et que j'avais faite pour la proposition
précédente, à savoir, si le ministre, d'aventure, devait refuser de les
entendre en consultations, j'imagine qu'il sera ouvert, de façon transparente,
à nous expliquer la raison pour laquelle il ne souhaite pas disposer... bien,
il ne souhaite pas les entendre, il ne souhaite pas, justement, que leur
expertise soit mise à l'avant, et qu'on ne puisse pas, nous, comme
parlementaires, non plus avoir des échanges. Puis je pense...
C'est des échanges que, certainement, on
peut avoir en privé. On peut prendre notre téléphone. On peut tous faire ça,
mais, à ce compte-là, bien, le sens même des consultations est plus pertinent.
Donc, la raison pour laquelle on fait des consultations, c'est pour être tous
ici en même temps, entendre la même chose et pouvoir y référer lorsqu'on décide
de bonifier un projet de loi.
Et, quand on regarde justement l'expertise
de la chaire sur les inventaires, la quantification des GES, qui ont permis de
faire avancer plusieurs projets de réduction d'émissions, je pense que c'est
assurément fort pertinent. Je regardais, on y a fait référence aussi, leur
projet de méthodologie pour la comptabilisation du carbone séquestré dans la
forêt boréale. Quand on sait, encore une fois, à quel point la forêt vient
jouer un rôle extrêmement important non seulement dans la captation du carbone,
mais également dans l'émission des GES, je pense que c'est, encore là, quelque
chose de très, très, très pertinent d'entendre ces chercheurs.
Quand on voit aussi la chaire qui a
contribué... On a reçu, hein, Ouranos ici. On a tous jugé que c'était pertinent
de les entendre. La chaire a contribué, à travers Ouranos aussi, à la
publication des rapports sur... Savoir s'adapter aux changements climatiques,
Vivre avec les changements climatiques du ministère des Ressources
naturelles du Canada. Donc, pour les sections sur la biodiversité et sur les
changements climatiques, je pense qu'on est au coeur direct du projet de loi
sur lequel on devrait travailler.
Et le collègue de Jonquière faisait
référence à Claude Villeneuve, qui est effectivement un expert très reconnu
dans son domaine, dont les ouvrages, dont les recherches demeurent des... bien,
sont des incontournables dans le milieu environnemental. Je pense, notamment, à
son ouvrage Vivre les changements climatiques, qui demeure une référence
incontournable également. Quand on regarde le parcours... Puis que ce soit lui,
effectivement, ou un autre chercheur... Je me permets de parler de lui
spécifiquement parce qu'il est le directeur de la chaire, mais, quand on voit,
justement, qu'il a été directeur de l'institut européen pour le
conseil en environnement de Strasbourg... Il est biologiste de
formation, il est professeur. Je pense qu'il a une expertise certainement
hautement pertinente, mais, effectivement, que ce soit lui ou que ce soient
d'autres chercheurs de la chaire, je suis certaine qu'ils pourraient venir nous
éclairer. Et ce qui est très...
Moi, ce qui me rejoint beaucoup, dans la
proposition qui est faite par cette motion, c'est notamment toute la question
innovation. Moi, j'y crois beaucoup que la lutte aux changements climatiques,
l'une des façons...
Mme Montpetit : ...ce qui est
très... Moi, ce qui me rejoint beaucoup dans la proposition qui est faite par
cette motion, c'est notamment toute la question innovation. Moi, j'y crois beaucoup
que la lutte aux changements climatiques, l'une des façons d'y répondre, en
fait, et d'y arriver, et d'y réussir, c'est par l'innovation. Et c'est la
raison pour laquelle je vous parlais plus tôt de l'importance de mettre en
place une voie rapide, une voie réservée au ministère de l'Environnement, au ministre
de l'Économie pour s'assurer justement que toutes les technologies vertes, que
tous nos entrepreneurs qui sont en train de développer des technologies
puissent être mis de l'avant. Et cette chaire en écoconseil, justement, met des
projets de l'avant dont l'aspect innovateur, innovation, est au coeur de sa
démarche.
Et je vous vois me faire signe. Est-ce que
je comprends que j'arrive au bout de mon temps ou qu'il est terminé?
La Présidente (Mme
Grondin) : Vous êtes arrivée au bout de...
Mme Montpetit : J'y suis
arrivée.
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, j'en suis...
Mme Montpetit : Bon, bien, je
finis sur l'innovation, alors. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) :Merci, Mme la députée. Y a-t-il
d'autres interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. Pour moi, il y a... J'ai écouté mes collègues, qui ont parlé de
l'expertise, puis d'écouter la science, puis c'est sûr qu'il y a un élément qui
m'intéresse beaucoup avec la chaire de l'écoconseil. C'est l'enjeu autour du
projet Carbone boréal. Présentement... J'ai parlé un petit peu des résultats du
Fonds vert, puis personnellement, personnellement, je veux entendre les experts
sur comment ça a marché. Est-ce que l'argent a été bien dépensé? Parce qu'un
élément qui était très intéressant dans le Fonds vert, et une chose qui demeure
toujours intéressante, c'est le financement de la biomasse forestière
résiduelle. Ça a créé 1 200 emplois partout au Québec. C'était 95
différents dossiers. C'était capable aussi de résultats pour le Québec. C'était
un programme qui a été mis en place pas juste par le ministère, mais aussi avec
le TEQ, qui était là pour analyser le dossier.
Je veux en savoir plus parce que ça, c'est
un exemple d'un succès pour le Québec, pour le Fonds vert, et comment on peut
peut-être adapter d'autres projets, ou est-ce que lui a des suggestions pour
nous. Parce que c'est sûr, quand même, dans le budget qui a été déposé par le
gouvernement, il y a plusieurs éléments qui touchent l'industrie de la forêt et
comment l'industrie peut aider dans la lutte contre les changements
climatiques. Si c'est du bois qui est utilisé dans la construction, si c'est
quand même la gestion des forêts, ça demeure une option très importante dans la
lutte contre les changements climatiques. Et c'est une industrie qui, c'est
sûr, est très, très, très présente dans les régions, mais quand même, à
Montréal, il y a plusieurs bureaux des grosses entreprises dans l'industrie qui
sont basés à Montréal. Alors, c'est vraiment une industrie, l'industrie des
forêts, qui est au coeur de notre économie.
Alors, d'avoir un expert qui parle un
petit peu de tout ça, et comment il voit le projet de loi devant nous, je pense
que ça va être bien intéressant, pas juste pour les élus, mais quand même pour
tout le monde dans l'industrie, d'écouter un expert comme ça. Parce que, c'est
sûr, on a vu, pour les forêts... Le gouvernement fédéral, pendant le
gouvernement du premier ministre M. Trudeau, a proposé des éléments très
intéressants pendant la dernière campagne, de planter un milliard d'arbres.
C'est quoi, le plan de match pour le Québec? Est-ce qu'on va participer à ça?
C'est juste d'ajouter ça. De pouvoir entendre un petit peu un expert là-dessus,
ça va être très intéressant.
Alors, pour moi, j'appuie la motion de mon
collègue de Jonquière parce qu'il y a plusieurs éléments qui étaient déposés
dans le budget, qui existent dans le Fonds vert, qui touchent l'industrie, et
je sais que lui a une expertise là-dessus.
Alors, c'est tout pour moi, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le ministre, vous souhaitez intervenir? Non? Donc, s'il n'y a
pas d'autre intervention, je vais mettre cette motion préliminaire au vote
nominal. Donc, Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Oui.
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du gouvernement, M. Campeau (Bourget)?
M. Campeau : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, Mme Montpetit (Maurice-Richard)?
Mme Montpetit : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : ...
La Secrétaire
: C'est
rejeté.
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, la motion préliminaire est rejetée. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Donc, nous...
M. Gaudreault : ...Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. On vous a
fait parvenir une autre motion préliminaire.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Donc, nous allons suspendre les travaux,
prendre le temps de la regarder. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 20)
La Présidente (Mme
Grondin) : ...suspendre les travaux, prendre le temps de la
regarder. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 20)
(Reprise à 17 h 24)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, nous reprenons les travaux. M. le député de Jonquière,
vous avez déposé une motion préliminaire. Je vous invite à la lire.
M. Gaudreault : Oui, alors...
J'essaie juste de la retrouver, là, sur greffier. Je ne suis pas sûr que c'est
la bonne, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Vous cliquez sur le dossier.
M. Gaudreault : Oui.
La Présidente (Mme
Grondin) : Je peux... Je peux la lire.
M. Gaudreault : C'est parce
que là, il y en a tellement, là... Non, ce n'était pas celle-là.
La Présidente (Mme
Grondin) : Je peux la lire si vous souhaitez, en attendant que
vous la trouviez. Donc...
M. Gaudreault : Oui.
La Présidente (Mme
Grondin) : Je vais faire... Je vais en faire la lecture.
M. Gaudreault : Allez-y.
La Présidente (Mme
Grondin) : «Conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin que la Commission des transports et de
l'environnement, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
n° 44, Loi visant principalement la gouvernance efficace de la lutte
contre les changements climatiques et à favoriser l'électrification, tienne des
consultations particulières qu'à cette fin elle entendre dès que possible
l'Association médicale canadienne».
M. Gaudreault : C'est ça.
C'est beau.
La Présidente (Mme
Grondin) : Ça vous convient?
M. Gaudreault : Oui.
La Présidente
(Mme Grondin) : ...efficace de la lutte contre les changements
climatiques et à favoriser l'électrification tienne des consultations
particulières et qu'à cette fin elle entende dès que possible l'Association
médicale canadienne.»
M. Gaudreault : C'est ça.
C'est beau.
La Présidente
(Mme Grondin) : Ça vous convient?
M. Gaudreault : Oui.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, vous avez 30 minutes. Est-ce
que vous souhaitez que je vous informe deux minutes avant la fin.
M. Gaudreault : Oui, si
le fais... si je fais 30 minutes, là. Des fois... Des fois, je m'emporte
puis je fais 30 minutes, mais je vais essayer d'être plus bref, Mme la
Présidente. Alors, effectivement, on a fait la... On fait cette motion parce
que nous devons absolument tenir compte des impacts sur la santé du projet de
loi n° 44. D'autant plus que la situation actuelle,
on va le répéter, la situation actuelle avec la pandémie est forcément un enjeu
de santé. Donc, moi, je prétends, nous prétendons de ce côté-ci que de recevoir
une association aussi importante que l'Association médicale canadienne nous
permettrait d'avoir un point de vue complet sur la santé.
Parce que, si on regarde les consultations
publiques qu'on a tenues lors des audiences publiques, donc, avant la pandémie,
on n'a pas reçu de spécialistes, là, spécifiquement dédiés aux enjeux des
effets climatiques... des changements climatiques sur la santé. Alors, moi, je
veux insister sur le fait que, par exemple, l'Organisation mondiale de la santé,
et je pense que, s'il y a une organisation, puis s'il y a une association, ou s'il
y a une institution internationale dont on parle depuis quelques semaines,
c'est bien l'Organisation mondiale de la santé, bien, l'OMS considère que les changements
climatiques sont la plus grande menace sur la santé mondiale.
Il y a évidemment beaucoup d'effets
immédiats des changements climatiques sur la santé, que ce soit par exemple sur
les enjeux reliés aux maladies pulmonaires, aux maladies respiratoires comme
l'asthme, que ce soit notamment sur les enjeux reliés par exemple à des
maladies qu'on a plutôt tendance à retrouver, par exemple, sous des latitudes
plus chaudes et qui, de plus en plus, sont en train de monter à des latitudes
nordiques comme les nôtres. Alors, on a cette réalité, par exemple, avec la
maladie le Lyme, avec le virus de Zika qui est en train de faire son apparition
davantage à l'échelle mondiale et même à nos latitudes. Donc, c'est une urgence
de bien évaluer les impacts sur la santé publique reliés aux changements
climatiques. Donc, l'Association médicale canadienne a une expertise en cette
matière. Et moi, je pense, ça serait tout à fait opportun de les rencontrer.
Donc, il y a un lien tout à fait clair
entre les changements climatiques et la santé. Et l'Association médicale canadienne
le dit, l'association également des médecins pour... l'Association canadienne
des médecins pour l'environnement le mentionne. L'Organisation mondiale de la
santé insiste là-dessus. Je répète qu'on n'a pas entendu de groupe concernant
la santé lors des auditions particulières sur le projet de loi n° 44 avant
la suspension des travaux en raison de la pandémie. Et moi, je ne peux pas
m'imaginer qu'on va adopter un projet de loi aussi important en matière de
gouvernance sur les changements climatiques, un projet de loi qui va avoir un
impact à aussi long terme, sans tenir compte de la santé.
• (17 h 30) •
Vous savez que, dans le projet de loi
n° 44, le ministre... en fait, le gouvernement donne au ministre un
pouvoir transversal, que nous pourrions discuter en soi. On a déjà eu
l'occasion de l'aborder, ici, notamment lors des consultations, mais je pense
même lors de nos remarques préliminaires, peut-être, ou plutôt au salon bleu
lors de l'étude des motion de scission, motion de report, etc. Le ministre se
donne un pouvoir transversal pour donner son avis sur un certain nombre de
projets qui seraient annoncés par exemple par le gouvernement en matière
économique, en matière d'infrastructure. Donc, les collègues du ministre
auraient l'obligation de...
17 h 30 (version révisée)
M. Gaudreault : ...de report,
etc., le ministre se donne un pouvoir transversal pour donner son avis sur un
certain nombre de projets qui seraient annoncés par exemple par le gouvernement
en matière économique, en matière d'infrastructures, donc les collègues du
ministre auraient l'obligation de consulter le ministre de l'Environnement.
Mais c'est ingrat, parce qu'il a un pouvoir sans avoir réellement le levier
pour l'exercer, c'est-à-dire qu'il a un rôle conseil, mais il ne sera pas
obligé d'être écouté par les autres ministres, puis après ça, bien, lui, il va
avoir le poids, comme ministre de l'Environnement, de justifier le fait que ses
collègues n'ont pas entendu ou n'ont pas appliqué les conseils qu'il a rendus
sur x, y, z projets. Bien, parmi ces projets, il y a des enjeux de santé. Parmi
les avis qu'il aura à rendre comme ministre de l'Environnement auprès de ses
collègues, il y a les enjeux de santé qui doivent être pris en compte. Et, s'il
y a quelque chose que la pandémie nous enseigne, c'est bien l'importance de
tenir compte de la santé publique, c'est bien l'importance d'avoir des
institutions comme la Direction de la santé publique au niveau du ministère,
mais aussi son déploiement dans les différentes régions à travers les CISSS et
les CIUSSS. Bien, c'est... une des choses que nous devons retenir au premier
chef de cette pandémie, c'est l'importance d'avoir une bonne gestion de la
santé publique et de tenir compte en amont des impacts sur la santé des mesures
qui sont adoptées et des manières de gérer des crises comme celle que nous
vivons à l'heure actuelle.
Donc, dans ce contexte, moi, je pense que
nous devons absolument entendre des experts en matière de santé qui se sont
prononcés sur les changements climatiques. L'Association médicale canadienne
l'a fait à plusieurs reprises, et ils ont une crédibilité à cet égard. Alors,
dans ce sens-là, moi, je pense qu'il serait tout à fait approprié, opportun, il
serait tout à fait utile, pertinent, pour bien entendre raison, pour bien faire
notre travail, d'entendre l'Association médicale canadienne.
Par exemple, l'Association médicale
canadienne «soutient qu'une gouvernance efficace de la lutte contre les
changements climatiques ne pourra se faire sans l'intégration des impacts sur
la santé de la population québécoise. Il est possible de constater que les
changements climatiques ont de plus en plus d'impacts négatifs concrets sur la
santé humaine. Exemple : on prévoit que le nombre de journées de chaleur
extrême va doubler, voire tripler au cours des 30 prochaines années, ce qui va
augmenter la fréquence des coups de chaleur, des infarctus, des insuffisances
rénales, de la déshydratation, des AVC, et que ça va augmenter le décès des
personnes vulnérables dans les milieux urbains, par exemple, qui peuvent être
très, très chauds. La pollution atmosphérique joue un rôle dans 2 000
décès prématurés par année au pays qui sont attribuables à une maladie
cardiaque ou respiratoire.» Ça, ce n'est pas moi qui le dis, c'est
l'Association médicale canadienne.
Comme je le
disais tout à l'heure, le nombre de cas de maladies à transmission vectorielle
telles que la maladie de Lyme a considérablement augmenté au Québec dans les
dernières années. Les événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus
fréquents, de plus en plus intenses, de plus en plus longs, peuvent
compromettre la santé mentale; les enjeux d'anxiété, de dépression, de troubles
reliés au stress post-traumatique, causer du stress additionnel sur le système
de santé. Dans le Nord-du-Québec, vous n'êtes pas sans savoir, Mme la
Présidente, que la hausse des températures fragilise les routes de glace, les
routes bâties sur le pergélisol; ça limite l'accès aux aliments traditionnels,
la sécurité des routes de glace, et ça menace évidemment la sécurité
alimentaire. Il y a des populations vulnérables qui sont plus sensibles aux
changements climatiques : évidemment, les personnes âgées, les personnes
qui ont des maladies chroniques, les personnes qui sont dans des milieux
démunis dans les centres-villes sans îlots... avec des îlots de chaleur, sans
verdure. Les enfants, les nouveaux-nés sont tous des personnes qui sont à
risque d'avoir des problèmes de santé reliés aux changements climatiques.
Donc, je pense
que c'est la moindre des choses d'entendre une organisation médicale en
consultations particulières sur la question des changements climatiques. On n'a
pas entendu aucun groupe en cette matière, et moi, je pense que nous aurions avantage
à le faire.
Alors, je suis
étonné quand même de voir que le ministre, tout à l'heure, ne s'est pas exprimé
sur l'autre motion préliminaire concernant quand même une institution
importante qui est universitaire et qui est reconnue, qui est celle de...
M. Gaudreault : ...cette
matière et moi, je pense que nous aurions avantage à le faire.
Alors, je suis étonnée quand même de voir
que le ministre, tout à l'heure, ne s'est pas exprimé sur l'autre motion
préliminaire concernant quand même une institution importante, qui est...
universitaire et qui est reconnue, qui est celle de la Chaire en éco-conseil de
l'Université du Québec à Chicoutimi. Le gouvernement — c'est son
droit le plus strict, mais, quand même — a seulement voté non, sans
exprimer pourquoi il ne voulait pas entendre la chaire en éco-conseil. Donc,
moi, j'aimerais au moins que le ministre ou des représentants du gouvernement,
que ce soit des députés ou d'autres, viennent nous dire leur avis sur la possibilité
d'entendre l'Association médicale canadienne dans nos auditions.
Alors, moi, je... encore une fois, je me
répète, Mme la Présidente, j'ai vraiment l'impression d'être comme un
perroquet, mais il reste qu'on a besoin de prendre un pas de recul sur ce projet
de loi là. On a besoin de prendre un pas de recul sur ce projet de loi là. Je
comprends qu'il a été convenu, lors des négociations entre les leaders des
formations politiques, pour la reprise des travaux en temps de pandémie, qu'il
allait y avoir quelques projets de loi à l'étude, projets de loi plus
techniques qui sont présentement à l'étude, un certain nombre de projets de loi
d'intérêt privé qui sont présentement à l'étude, puis c'est correct. Mais en
termes de projets de loi avec vraiment une envergure importante, sociale de
changement de structures, bien, le projet de loi n° 44
a été le seul qui a été convenu entre les formations politiques. C'est correct,
mais nous, là, comme députés, comme parlementaires, on n'était pas assis autour
de la table, encore moins du Conseil des ministres, mais même pas entre les
leaders. Je sais que ça a fait partie des négociations. Je sais que le gouvernement
insistait pour avoir le projet de loi n° 44 à
l'étude, mais j'aimerais savoir réellement pourquoi. Pourquoi?
Alors, on ne peut pas... En tout cas, moi,
naïvement, je me disais que le gouvernement a réalisé qu'on ne peut pas ignorer
l'impact des changements climatiques pour la suite des choses après la
pandémie, donc il veut vraiment aller au fond des choses, c'est le cas de le
dire, sur cet enjeu-là et s'assurer d'avoir le meilleur projet de loi pour la
période qui va suivre la pandémie. Donc, c'est pour ça qu'il le met à l'étude. Ça
fait qu'on va pouvoir vraiment aller retourner chaque pierre du projet de loi
et s'assurer qu'on a le meilleur outil législatif devant nous.
Mais je suis obligé de constater que,
depuis le début de nos travaux ce matin, on se bute à un manque d'explications
de la part du gouvernement sur les raisons pourquoi que ça pressait tant que ça
d'appeler le projet de loi n° 44. Le ministre aura
l'occasion de nous l'expliquer, à plusieurs reprises, à travers le temps dont
il dispose dans les motions préliminaires que nous déposons et il ne le fait
pas. Bon, je ne peux pas lui reprocher, c'est son choix, mais ça ne nous
éclaire pas, ça ne nous aide pas à avancer. Ça n'aide surtout pas les citoyens,
les citoyennes, les justicières à comprendre pourquoi on est poussé à aller
aussi vite, aussi loin sans qu'on prenne le temps de vraiment étudier
correctement le projet de loi, avec des motions préliminaires qui nous
permettrait, en écoutant un certain nombre de groupes, de prendre ce pas de
recul qui nous permettrait de bien faire l'analyse, là, de ce qu'on est en
train de vivre comme pandémie et de ses impacts sur les changements
climatiques, sur la gouvernance qu'on doit y faire et y apporter.
Donc, encore une fois, Mme la Présidente,
puis je ne veux pas insister trop longuement, parce que je sais qu'on va
suspendre les travaux dans quelques minutes, mais surtout, je sais que d'autres
collègues auront peut-être le goût de s'exprimer là-dessus à la suite de mon
intervention, moi, je pense qu'il faut reconnaître le rôle crucial des
changements climatiques sur la santé, sur la santé publique. Je propose
l'Association médicale canadienne parce qu'elle s'est prononcée à plusieurs
reprises là-dessus. Ils ont fait des documents, mais il n'y a jamais rien qui
vaut un échange en commission parlementaire avec les groupes. Parce que des
documents, bon, bien, c'est écrit, mais c'est bien plus intéressant quand on
est capables d'échanger avec les représentants des groupes.
• (17 h 40) •
Alors, moi, je souhaite que l'Association
médicale canadienne soit entendue. Si le ministre nous dit : Ah! oui,
c'est une bonne idée, on...
M. Gaudreault : ...un échange
en commission parlementaire avec les groupes. Parce que des documents, bon,
bien, c'est écrit, mais c'est bien plus intéressant quand on est capable
d'échanger avec les représentants des groupes.
Alors, moi, je souhaite que l'Association
médicale canadienne soit entendue. Si le ministre nous dit : Ah! oui,
c'est une bonne idée, on ne peut effectivement pas ignorer la santé et les changements
climatiques, puis il a un autre groupe à nous proposer, moi, je suis prêt à le
regarder. Je suis ouvert à ça, mais il fallait bien qu'on mette quelque chose
en jeu, et, pour moi, de mettre en jeu l'Association médicale canadienne, ce
sera... c'est la proposition que nous faisons à ce stade-ci.
Alors, voilà, Mme la Présidente, je ne
veux pas m'étirer plus longtemps. Je veux vraiment montrer à quel point c'est important
de faire des liens entre la santé et les changements climatiques, et c'est pour
ça qu'on fait cette proposition d'avoir une consultation particulière qui nous
permettra d'entendre l'Association médicale canadienne, de poser des questions,
de bien comprendre les impacts des changements climatiques sur la santé,
d'essayer de comprendre également quelles leçons on peut tirer de la gestion de
la pandémie actuelle sur la santé et de voir comment on peut s'améliorer comme société
pour éviter des dérapages. Donc, c'est la proposition que nous faisons à ce
stade-ci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) :Merci, M. le député de Jonquière.
L'un d'entre vous ou l'une d'entre vous souhaite intervenir sur la proposition?
Mme la députée de Mercier?
Mme
Ghazal : Oui. Bien, comme l'a dit le député de Jonquière, on ne peut
pas aujourd'hui dissocier la question de la santé de la question des changements
climatiques. Mon collègue propose l'association médicale de la santé, il y a
aussi le ministre... il y a plein d'autres organisations. Maintenant, de plus
en plus, on voit que les médecins sont réellement préoccupés par cette question-là.
Il y a par exemple l'Association canadienne des médecins pour l'environnement
qui a aussi une division québécoise. Puis l'année passée, je suis certaine que
le ministre a vu ça, ils avaient lancé ce qu'ils appellent le code bleu pour
dire que la pollution atmosphérique, toute la question des changements
climatiques est extrêmement importante. Puis code bleu, c'est quelque chose que
les urgentologues, je pense, disent code bleu — je ne suis pas
médecin, là — pour dire quand il y a un patient à l'arrêt cardiaque,
donc c'est pour dire : Aïe, c'est grave, tu sais, c'est le code bleu.
Donc, on lance un code bleu pour toute la question des changements climatiques,
pour dire que c'est urgent, puis il faut que la Santé publique puis les...
plutôt les gens politiques, là, les élus interviennent pour ça.
Je
parlais tout à l'heure, par exemple, du verdissement urbain qui... c'est des
solutions qui ne sont pas extrêmement compliquées à mettre en place mais qui
sont demandées par les citoyens puis qui font vraiment du bien, de dire :
Bien, c'est sûr qu'on est bien mieux de vivre dans un environnement où il y a
plus de verdissement, d'arbres, et tout ça, et qui offrent tellement de
services. Quand je dis services, c'est des services, par exemple, que ce soit
la pollution atmosphérique, filtrer par exemple les particules fines ou les
poussières, pour un arbre, c'est 20 kilogrammes qu'un arbre peut filtrer. Je
suis certaine que, Mme la Présidente, vous connaissez très bien ça, quand on
dit des services qui sont rendus aussi, quand je parlais des eaux de pluie, et
aussi ça fait du bien aux gens, au moral, à notre santé mentale, on en a bien
besoin ces derniers temps. Et donc, ça, c'est un élément dont les médecins
parlent. On a beaucoup, beaucoup entendu parler les médecins pour toute la
question du virus, de la COVID, ils étaient partout dans les médias, et là on
les écoutait parce qu'il y a une urgence imminente, alors que... bien, c'est la
même chose, c'est les mêmes médecins, là, même si c'est peut-être leurs
collègues, là, mais c'est les mêmes médecins qui ont eu la même formation qui
lancent un cri d'alarme pour dire : La question des changements
climatiques, il faut s'en occuper parce que, dans le passé, on n'avait pas des
décès à cause de canicules, et là attendons-nous à en avoir.
Donc,
c'est bon pour... quand on lit la question de la santé, des changements
climatiques, on sait comment les maladies, à cause de la pollution de l'air ou
des changements climatiques de façon générale, l'alimentation, tout ça, bien,
ça a un impact sur la santé des gens, mais ça a aussi un impact économique.
Donc, il est possible de faire des investissements pour faire, dans le fond,
des économies, si on veut regarder ça froidement, et pas uniquement la santé.
Donc, pour ce qui est de la motion de mon collègue
d'inviter cette association médicale, si le ministre pouvait peut-être en
inviter d'autres, il y en a d'autres, maintenant, de plus en plus, des voix de
médecins qui s'élèvent sur cette question-là. Et, de la même façon qu'on les a
entendues pour la COVID, pourquoi est-ce qu'on les ignore pour toute la
question des changements climatiques et la bonne gouvernance aussi? Je suis
certaine qu'ils auraient des choses à dire.
Tout à
l'heure... Je sais, on n'a pas le droit de dire quand quelqu'un est absent. Je
ne sais pas si je peux évoquer ma propre absence, mais j'ai été absente. Je ne
voulais pas. Je n'ai pas l'habitude mais... Puis je suis revenue vite parce que
je voulais quand même entendre le ministre répondre à la question, puis finalement...
Mme Ghazal : ...bonne
gouvernance aussi? Je suis certaine qu'ils auraient des choses à dire.
Tout à l'heure... Je sais, on n'a pas le
droit de dire quand quelqu'un est absent. Je ne sais pas si je peux évoquer ma
propre absence, mais j'ai été absente. Je ne voulais pas. Je n'ai pas
l'habitude mais... Puis je suis revenue vite parce que je voulais quand même
entendre le ministre répondre à la question, puis finalement j'apprends qu'il
n'avait pas vraiment répondu à la question et j'en suis vraiment très, très
désolée.
Donc, je réitère quand même ma question,
puis évidemment le ministre est libre d'y répondre ou pas, c'est : Est-ce
qu'il y a eu une réflexion sur son projet de loi par rapport... depuis la
COVID? Est-ce que ça serait intéressant — peut-être qu'il a d'autres
propositions — d'entendre des gens qui eux-mêmes aussi ont remis...
ont mis à jour, si on veut, leur réflexion par rapport à la question climatique
à la lumière de la crise sanitaire actuelle et s'ils pourraient peut-être nous
la partager? Puis nous dire pourquoi il refuse au lieu de simplement un
silence.
Tout à l'heure, je vous disais
«fermeture». Vous m'avez regardée. Je sais, on ne peut pas dire que le ministre
est fermé. Je ne peux pas le dire, donc je retire ce que j'avais dit. Il n'est
pas fermé puisque j'imagine que, maintenant, il va répondre à cette question-là
puis nous faire part de sa réflexion depuis la COVID pendant toutes ces
semaines. Je suis certaine qu'il l'a faite, cette réflexion-là. Ça serait bien
de l'avoir de façon transparente ici avec nous. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de Nelligan, vous avez 10 minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, je pense que je vais aller dans la même logique que tout à
l'heure. Le député de Jonquière ramène, encore une fois, une bonne proposition
pour avancer nos débats, mais l'élément le plus important, et qui tient la
route depuis la dernière présentation avec la chaire de recherche, encore une
fois, on voit la volonté réelle du député de Jonquière de ramener la science
sur la table.
Et une petite recherche très simple, Mme
la Présidente, et, ayant moi-même passé plus que 10 ans de ma vie dans la
santé publique, je veux juste vous lire une conclusion de l'AMC : «L'AMC
est d'avis que le Canada...» Ça, c'est une étude qui a été faite, parlait de la
santé populationnelle, le lien que l'association médicale des médecins fait
avec la santé populationnelle, le lien de la santé populationnelle avec la
santé publique, le lien avec la COVID, et tout est lié, Mme la Présidente.
Parce que, encore une fois, la ligne que nous devons tous avoir sur la table
aujourd'hui : qu'on ne peut plus voir ni analyser le projet de loi n° 44 sans prendre en considération le contexte de la
COVID.
Et je cite l'AMC : «Pour faire face aux
menaces que les changements climatiques pourraient poser à la santé de sa
population, beaucoup de ces effets prendront des décennies à se faire sentir.
Mais certaines populations, comme celles du Nord du Canada et celles qui vivent
dans les zones côtières de faible élévation, commencent déjà à ressentir les
effets du changement climatique.
«Un bon moyen de commencer à s'attaquer au
problème consiste à concentrer les efforts sur l'éducation, sur la promotion de
la santé ainsi que sur les interventions en faveur d'une amélioration des
ressources en politiques de santé publique et en soins de santé primaires. En
outre, pour mieux comprendre le changement climatique et l'efficacité de
stratégies d'atténuation de ses effets et d'adaptation, il faudra effectuer
d'autres recherches et recueillir d'autres données.»
Enfin, elle parle de la communauté
mondiale qui doit se concentrer pour faire face aux répercussions des
changements climatiques sur la santé et l'environnement en conjuguant à la fois
l'action internationale. Et le but, c'est adopter des stratégies d'atténuation
des effets négatifs des changements climatiques.
Le point que j'aime le plus : «Les
médecins du Canada — donc, parce qu'il y a une division aussi
québécoise — croient que ce qui est bon pour l'environnement est
aussi bon pour la santé humaine.»
Et c'est là où je veux m'arrêter, Mme la
Présidente. Pourquoi? Quand je dis, lors de ma dernière intervention, qu'on ne
peut plus analyser le projet de loi n° 44 avec les
mêmes lunettes avant l'arrêt lié à la pandémie... En fait, mon collègue l'a dit
tout à l'heure, même le budget... il va y avoir une mise à jour budgétaire
parce que le budget n'est plus valable, le budget du Québec. Bien, sinon, on
continue à opérer avec le même budget, on continue à utiliser les mêmes
programmes.
• (17 h 50) •
Donc, aujourd'hui, Mme la Présidente, pour
un exercice très sérieux, surtout que le gouvernement veut démontrer à
l'ensemble de la population québécoise que l'environnement est très important,
que la place de la science, elle est très importante, bien, raison de plus,
écoutons les experts scientifiques, qu'est-ce qu'ils disent. On ne peut plus
continuer avec le même modus operandi qu'on avait sur la table avant l'arrivée
de la pandémie. Le monde entier change. L'économie mondiale change. Les
priorités changent...
M. Derraji : ...ne peut
plus continuer avec le même modus operandi qu'on avait sur la table avant
l'arrivée de la pandémie. Le monde entier change. L'économie mondiale change.
Les priorités changent. Les investissements changent. Et le point de vue d'un
acteur, surtout d'un acteur médical, c'est extrêmement important.
Donc, Mme la Présidente, il y a beaucoup
d'arguments. Mon but, ce n'est pas argumenter davantage parce que les recommandations
sont très claires, surtout par rapport à la préparation aux urgences
climatiques et la promotion de la lutte contre les changements climatiques. Je
me demande, est-ce que vraiment le ministre a une réelle volonté de voir son projet
de loi en prenant en considération le contexte de la COVID? Ou bien le ministre
de l'Environnement pense que la COVID ne change rien à son plan et que
l'arrêt... En langage mathématique, on dit «log de un» parce que le log de un
égale zéro. Et donc on enlève la pandémie et on continue à travailler de la
même façon et au même moment où on a arrêté l'étude de ce projet de loi.
C'est un débat de fond. L'ensemble des
propositions du collègue visait à ramener sur la table un seul élément, la
science, la place de la science dans l'analyse qu'on va avoir à ce projet de
loi. Parce que, sur le point de la gouvernance, nous sommes d'accord. Ça ne
tient pas la route. On ne peut pas fermer une société d'État qui a démontré son
efficacité, qui a un plan d'action extrêmement important et qui a réalisé
34 % de ses objectifs avant la date d'échéance. Je ne pense pas que, sur
ce terrain, on va s'entendre, ni moi ni le ministre. Si on met cartes sur
table, les réalisations du TEQ versus ce qui a été mentionné, je ne pense pas
que c'est un terrain où on va aller.
Par contre... Par contre, un élément
important, Mme la Présidente, la pandémie nous exige une autre façon de voir
les choses. Et nous avons cette opportunité avec, encore une fois, une bonne
proposition, de voir un autre point de vue basé sur la science. Donc, à part la
chaire de recherche que j'aurais aimé entendre le ministre pourquoi on ne les
invite pas, on ne les consulte pas, bien, j'espère qu'il va nous donner des
arguments solides cette fois-ci parce que ça commence à être... L'effet
addition commence à être beaucoup. Donc, les deux, deux organisations, une
québécoise bien implantée, une autre qui ramène un point. Et c'est très simple,
il faut juste aller voir le site, Mme la Présidente, de cette association, et
on voit très bien que les changements climatiques et la santé humaine font
partie des publications de cette organisation.
Donc, encore une fois, Mme la Présidente,
je ne veux pas partir de là sans avoir une réponse. Est-ce que le ministre
compte donner une place à la science vu le contexte de la COVID? Et quelle est
la place de la science dans l'analyse que le ministre fait lui-même de son
projet de loi? Ou bien il n'y a rien qui s'est passé au niveau mondial, on n'a
pas 4 000 morts au Québec, on n'a pas une crise au niveau des CHSLD,
on n'a pas une pandémie au Québec, on n'a pas confiné les gens, on n'a pas un
problème de déconfinement. Il n'y a rien de tout cela, et on continue à
fonctionner comme ce qu'on a fait jusqu'à l'arrêt de l'étude du projet de loi. Je
ne pense pas, Mme la Présidente, qu'on peut continuer à analyser ce projet de
loi sans avoir une bonne place à la science.
Donc, c'est très important d'avoir des
réponses. Ces réponses, le ministre ne répond pas uniquement aux membres de
l'opposition, il ne répond pas uniquement aux trois partis de l'opposition, il
répond aussi au peuple québécois qui nous écoute. La COVID a eu un impact sur
l'ensemble de la population. Souvenez-vous la peur au début qui s'est
installée. Donc, l'avis de la science, c'est très important. Et je pense qu'on
va gagner tous, encore une fois, de dire oui à la proposition du député de
Jonquière. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres
interventions? Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous
remercie.
La Présidente
(Mme Grondin) : ...pour un 30 minutes comme
porte-parole?
Mme Montpetit : Oui.
La Présidente
(Mme Grondin) : Parfait.
Mme Montpetit :
Absolument. Mais je... Je comprends qu'il reste à peine cinq minutes à nos
travaux. Donc, vous me... Je reprendrai... Je reprendrai ce soir, mais je... De
toute façon, je commencerai peut-être avant de commenter sur...
La Présidente (Mme
Grondin) : ...porte-parole?
Mme Montpetit : Oui.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait.
Mme Montpetit : Absolument,
mais je comprends qu'il reste à peine cinq minutes à nos travaux, donc vous
me... Je reprendrai ce soir, mais je... de toute façon, je commencerai peut-être
avant de commenter l'excellente motion. Là, je le mentionne, je dois vous dire
que je vais me faire plaisir de commenter sur cette motion puisqu'elle touche
tout l'aspect de la santé environnementale, donc c'est avec passion que je vais
commenter la pertinence de cette motion qui est déposée.
Mais avant d'aller sur cet aspect-là, je
rebondirais peut-être sur la... je pense c'est ma collègue de Mercier qui
revenait sur les... sur la motion précédente et sur l'absence de réponse du ministre.
Puis je vais être bien prudente, Mme la Présidente, là, ne vous inquiétez pas,
je parle à haute voix. Je me parle à moi-même et je fais un commentaire et je
me dis : c'est vraiment un curieux exercice qu'on fait aujourd'hui. Ça
fait... Ça va faire cinq heures qu'on est assis ici. J'ai l'impression qu'on
est dans un monologue des oppositions, là. On se parle entre nous, mais en tout
cas, nous, en tout cas, moi, on se parle entre nous... Nous, on s'adresse au ministre,
mais j'ai...
On a été convoqués pour travailler sur un projet
de loi, hein? C'est le projet de loi qui est à l'étude dans une commission à
l'heure actuelle. Il y en a un, c'est celui sur lequel on travaille présentement.
Donc, nous, on arrive ici avec l'énergie du guerrier en se disant :
Extraordinaire! On va se remettre à l'oeuvre. Le ministre a sûrement des
propositions à nous faire. Il y a un contexte complètement différent de celui
dans lequel on était quand on s'est quittés en février dernier, c'est sûr qu'il
a fait des réflexions sur comment travailler autrement, sur refaire son projet
de loi. C'est évident que les choses ont changé. On se dit : On va arriver
ici, il va y avoir des propositions sur la table, il va y avoir une partie du projet
de loi qui est refaite, modifiée.
Et non seulement, bien, je n'ai encore
rien entendu comme proposition de la part du ministre, mais on fait des
propositions depuis cinq heures maintenant et on a à peine droit, puis là, je
vais dire «à peine», mais pour la plupart on n'a eu aucun commentaire, ce qui
est quand même... Bien, je vais dire curieux ou questionnable, mais je pense
que c'est des propositions fort pertinentes qui ont été faites. On travaille de
ce côté-ci à donner les outils au ministre, mais à se donner les outils aussi
comme parlementaires pour venir travailler sur l'actuel projet de loi, puis
c'est ça. Je trouve... Je trouve ça curieux, je trouve ça vraiment curieux
d'être... Puis je ne sais pas si on a encore deux heures à faire ce soir ensemble,
en tout cas on est ensemble jusqu'à vendredi, donc on a encore plusieurs heures
devant nous, j'imagine que ce mutisme va fleurir dans les prochaines heures,
mais j'imagine qu'il y aura un échange qui va se mettre en branle. Peut-être
qu'il faut se réchauffer. Ça fait longtemps qu'on n'a pas siégé ensemble, mais
comme mes collègues de la deuxième puis de la troisième opposition, je ne peux
que souligner... puis ce n'est même pas ma surprise. Je pense c'est ma
déception de ne pas entendre l'argumentaire, ce n'est même pas l'argumentaire,
juste une réponse. Quand on fait une... Quand on fait une demande, puis je
pense que... puis je réfère à la dernière qui est... puis on l'a exprimé très
clairement au ministre qu'on souhaitait à tout le moins qu'il nous explique,
qu'il nous guide dans nos... dans ses intentions. Si sa réponse, par exemple
par rapport à la chaire, c'est pour une raison X, la chaire, je leur ai
déjà parlé, ou je ne veux pas les recevoir, ou X, mais on pourrait recevoir
d'autres chercheurs, c'est une chose. S'il nous dit : Moi, je ne veux pas
recevoir ni de chercheur ni de scientifique en consultation de façon
supplémentaire parce que je n'en juge pas le besoin, bien déjà, nous, ça nous
guiderait comme parlementaires à savoir, bon, bien est-ce que c'est cette
chaire-là qui est un enjeu? On va faire une autre proposition. Donc, c'est sûr
que si on n'a pas beaucoup de retours de la part du ministre, ça devient un peu
difficile de se guider, donc on se gouverne. On va continuer de se gouverner de
cette façon-là, mais j'invite certainement le ministre à réagir et à entamer le
dialogue avec nous, parce que là, le dialogue, il est... c'est ça, il va un
petit peu juste dans un sens. Donc, on l'invite à embarquer dans la barque avec
nous. Ce serait certainement motivant et plus rapide pour la suite des choses
aussi. Et je sais qu'il est certainement pressé et enthousiaste d'avancer dans
ce projet de loi également.
Et là je vois le... je vous vois me faire
des signes.
La Présidente (Mme
Grondin) : Vous me voyez.
• (18 heures) •
Mme Montpetit : Donc, je
continuerai au retour...
18 h (version non révisée)
Mme Montpetit : ...c'est ça, il
va un petit peu juste dans un sens. Donc, on l'invite à embarquer dans la
barque avec nous. Ce serait certainement motivant et plus rapide pour la suite
des choses aussi. Et je sais qu'il est certainement pressé et enthousiaste
d'avancer dans ce projet de loi également.
Et là je vois le... je vous vois me faire
des signes.
La Présidente (Mme
Grondin) : Vous me voyez.
Mme Montpetit : Donc, je
continuerai au retour sur la question de la santé environnementale et de
l'Association médicale canadienne.
La Présidente (Mme
Grondin) :Merci, Mme la députée. Je vous
remercie de votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'à 19 h 30 ce soir. Merci.
(Suspension de la séance à 18 heures)
19 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 h 33)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des
transports et de l'environnement reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
Nous poursuivons l'étude détaillée du
projet de loi n° 44, Loi visant principalement la
gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à
favoriser l'électrification.
Nous étions à la motion préliminaire
déposée par le député de Jonquière et la parole était à la députée de Maurice-Richard. Mme la députée, vous avez 25 minutes.
Mme Montpetit : Parfait. Je
vous remercie, Mme la Présidente, de m'orienter dans le nombre de temps.
J'allais vous poser la question. Donc, pour reprendre sur la motion du député
de Jonquière, qui est donc de recevoir en consultation l'Association médicale
canadienne, je le soulignais d'entrée de jeu tout à l'heure, dans le début de
mon intervention, c'est une motion auquel je vais donner très ouvertement et
avec beaucoup d'enthousiasme mon aval et je pense que c'est une excellente
proposition. Elle aurait été excellente dans les consultations avant la COVID,
mais elle est d'autant plus pertinente dans le contexte aujourd'hui. Et puis je
ne me souviens pas lequel des collègues l'a mentionné, je ne sais pas si la
députée de Mercier ou de Jonquière qui disait : Si ce n'est pas cette
association-là, ça peut en être un autre. Encore là, je pense qu'on est dans
une démarche très constructive au niveau de l'opposition. Ce qu'on souhaite,
c'est de s'assurer d'avoir des groupes qui peuvent venir apporter la lumière
sur les discussions qu'on aura par la suite, notamment dans l'étude détaillée.
Et, force est de constater que, dans les groupes qui ont été retenus, dont ceux
avec lesquels on a discuté, de mémoire, il y avait Dr Jean Zigby qui est venu
nous parler un peu plus de l'aspect de santé environnementale et qui nous a
fait, d'ailleurs, un plaidoyer fort éloquent, mais on a abordé assez peu cette
question-là, de l'aspect de la santé environnementale et ce serait bien
injuste, je crois, de ne pas se donner l'espace et... On parle de...
Mme Montpetit : ...mais on a
abordé assez peu cette question-là de l'aspect de la santé environnementale, et
ce serait bien injuste, je crois, de ne pas se donner l'espace... Et on parle
de consultations, hein, on parle toujours de quelque chose qui peut tourner
autour de 30, 40 minutes. Ce n'est pas ce qui va faire la différence au niveau
du temps, mais c'est ce qui peut certainement faire la différence au niveau de
la qualité des échanges que nous aurons et donc de la qualité du projet de loi
au final.
Et moi, une des phrases qui m'a toujours beaucoup
marquée, qui m'a toujours gouvernée, je vous dirais, au cours d'au moins les
10, 15 dernières années, c'est une des phrases de l'Organisation mondiale de la
santé, qui disait : «L'environnement d'aujourd'hui, c'est la santé de
demain.» Donc, je ne vous cacherai pas que... Bien, pas : Je ne vous
cacherai pas, mais, je veux dire, c'est... non seulement je la trouve fort
pertinente, mais c'est sûr qu'au niveau de mon parcours professionnel, mon
parcours académique, que ce soit... J'ai travaillé une quinzaine d'années dans
le réseau de la santé, j'ai fait la maîtrise en santé environnementale. C'est
sûr que c'est une phrase qui a beaucoup d'écho pour moi, et qui est très, très
forte, et dont on devrait se rappeler le plus souvent possible que l'environnement
d'aujourd'hui, c'est la santé de demain et que, si on ne fait pas... si on ne
prend pas les mesures nécessaires, c'est... Le lien entre l'environnement, et
la lutte aux changements climatiques, et la santé devrait être au coeur des
discussions que nous avons et que nous aurons aussi.
Puis on l'a vu particulièrement dans les
dernières décennies, que la santé, justement... C'est pour ça que l'OMS... Je
ne veux pas mal les citer, mais je pense que c'est autour de 2006 qu'ils
avaient mis de l'avant cette citation sur la base que la santé, justement, est
en profonde mutation, puis on l'a vu justement dans les dernières décennies, où
les maladies chroniques, dites... on appelle ça des «maladies complexes»,
prennent maintenant une part beaucoup plus prépondérante au niveau de
l'activité médicale par rapport aux maladies aiguës, ce qui était le cas il y a
40, 50 ans, par exemple. Puis, dans ces maladies, ce qu'on voit, dans le fond,
ce qui est constaté par les chercheurs, par les médecins, par justement des
membres de l'AMC, c'est que ces maladies-là, elles sont causées puis elles sont
exacerbées par les facteurs environnementaux, veux veux pas, parce que la
santé, le bien-être des humains va être déterminé par l'endroit où on vit, par
l'eau que l'on boit, par l'air qu'on respire tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur des bâtiments. Et donc, à la lumière de ça, les chiffres tournaient
autour de... L'OMS disait que c'était entre 25 % et 33 %, 35 %
des maladies et des décès prématurés, mondialement, qui sont attribuables à des
facteurs environnementaux, donc grosso modo un peu plus qu'un sur quatre.
Donc, c'est dire à quel point la santé
et... ou les facteurs environnementaux sont extrêmement déterminants dans la
santé d'une population, et, dans ce contexte-là, quand on travaille un projet
de loi qui vient toucher la lutte aux changements climatiques, sa gouvernance,
bien, il faut s'assurer, je pense que c'est de notre responsabilité comme
parlementaires, d'avoir un éclairage avec un volet santé. Puis, un de mes
collègues y faisait référence, les facteurs environnementaux apparaissent
aujourd'hui de plus en plus comme des cofacteurs de nombreuses maladies, on a
juste à penser : les pneumopathies, les coronaropathies, neuropathies, les
cancers, les troubles immunologiques, les troubles de la reproduction,
l'asthme, qui est exacerbé chez de plus en plus d'enfants, notamment. On le
voit aussi chez les personnes âgées en temps de canicule, par exemple. Les
changements climatiques vont venir aggraver différentes maladies chroniques
dont les gens souffrent déjà, comme le diabète, les insuffisances
respiratoires, les maladies cardiovasculaires. Quand on retrouve par exemple le
smog dans une ville, toutes les particules fines qui vont être respirées
peuvent venir augmenter justement l'incidence de maladies cardiovasculaires; il
n'y a qu'à penser aux maladies cérébrovasculaires aussi, maladies rénales,
maladies neurologiques, ça va même jusqu'aux maladies mentales. Donc, le
spectre est très, très large, et l'impact est très, très grand aussi.
Donc, au niveau santé pur, ces liens-là
sont démontrés de façon très, très claire, et j'en reviens au fait qu'il faut
avoir ces démonstrations-là, parce que, quand on va prendre certaines... on
aura des échanges, je pars du principe que, si on veut que nos échanges soient
le plus... je veux... ce n'est pas constructif, mais soient le plus pertinents
possible et qu'on soit sur la même longueur d'onde, encore faut-il qu'on parte
avec le même niveau d'information, puis avec les mêmes bases, puis avec les
mêmes variables. Donc, autant s'assurer qu'on a entendu les mêmes personnes,
qui nous ont donné des éclairages équivalents.
• (19 h 40) •
Puis force est de constater aussi qu'au
niveau du Québec, on...
Mme Montpetit : ...et qu'on
soit sur la même longueur d'onde, encore faut-il qu'on parte avec le même
niveau d'informations, puis avec les mêmes bases, puis avec les mêmes
variables. Donc, autant s'assurer qu'on a entendu les mêmes personnes, qui nous
ont donné des éclairages équivalents.
Puis force est de constater aussi qu'au
niveau du Québec on le voit très clairement, et ce n'est pas un phénomène qui
est récent, mais c'est un phénomène qui s'accentue de plus en plus, à l'effet
que les changements climatiques ont des impacts sur l'environnement... qui est
de plus en plus flagrant, sur l'environnement, je vais dire, physique ou
immédiat autour de nous, qui viennent avoir aussi des conséquences sur la
santé.
Je pense que c'est le collègue de
Jonquière, dans sa présentation, justement, qui mentionnait toute
l'augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes. Les
vagues de chaleur. On s'en rappelle, il y a encore quelques années, il y a eu
des vagues de chaleur importantes à Montréal, donc toutes les conséquences que
ça peut avoir sur notamment les personnes aînées, les personnes qui ont des...
justement, de l'asthme. Donc, ça a des conséquences importantes. Donc, il faut
avoir ça en tête dans nos réflexions quand on discutera de certains éléments et
de certains amendements que nous apporterons notamment, mais également de
certains éléments que le... du projet actuel du ministre.
Dans les effets des changements
climatiques qu'on voit déjà au Québec, toute la question des périodes de
sécheresse. Les pluies plus abondantes. Donc, on fait référence notamment... On
l'a vu dans les deux dernières années. Ce printemps-ci, on semble y échapper.
C'est une bonne chose. Les inondations. Je pense qu'il y a déjà beaucoup de problèmes
qui nous occupent tous et chacun. Donc, croisons... continuons... croisons
les... de croiser les doigts. Mais on l'a vu l'année dernière, on l'a vu
l'année précédente à quel point ça peut être désastreux. Et les liens avec les changements
climatiques sont assez évidents.
Des tornades. On a vu des tornades au
cours des dernières années au Québec. Elles ne sont pas aussi impressionnantes
qu'elles le sont au sud des États-Unis, mais il y en a quand même. Des feux de
forêt également. Donc, ça, c'est tous des impacts que l'on voit de façon très
claire. La disparition des glaces permanentes, qui vont faire augmenter le
niveau de l'eau, qui ont des impacts... par exemple, qui pourrait avoir des
impacts, à moyen terme, sur les Îles-de-la-Madeleine, beaucoup d'inquiétudes au
niveau des gens qui habitent la Gaspésie aussi. L'érosion des berges aussi,
qu'on voit déjà dans plusieurs régions du Québec, dont notamment la Gaspésie.
Donc, les liens entre santé... santé...
Comme je vous dis, sur notre environnement physique, mais le lien avec notre
santé, il est clair, il est évident. Et je pense que les gens qui ont cette
expertise, cette connaissance doivent venir apporter un éclairage aux
discussions qu'on aura. Et on en parlait dans la motion qui a été présentée un petit
peu plus tôt, sur la chaire, ce qui doit et ce qui, j'espère, guidera
l'ensemble des discussions qu'on va avoir sur le projet de loi qui nous
occupe... j'espère qu'il y aura, sur le spectre de un à 100, beaucoup,
beaucoup, beaucoup de science et très, très peu de politique sur nos échanges.
Et je pense qu'on doit gouverner nos
décisions. Puis force est de constater qu'on est mal partis aussi parce que le
fond du projet... Et vous allez m'entendre le répéter. Ce n'est pas la première
fois que je le dis, puis je vais le redire parce que... Je n'en démordrai pas
jusqu'à ce qu'on me l'explique. Quand on prend une décision, si elle n'est pas
purement et simplement politique, on doit être capable de l'expliquer. Puis là
je dis «politique» dans le mauvais sens du mot, parce qu'on peut prendre des
décisions politiques. Nous sommes tous des élus. Mais normalement, la moindre
des choses, ce serait d'être capable de les justifier et de les expliquer.
Et quand la décision, dans un projet de
loi, c'est notamment d'abolir Transition énergétique Québec, qui a été... qui
s'est vue décerner... en fait, qui a été nommée comme une des meilleures
sociétés d'État par l'IGOPP, déjà, ça soulève des questions. Quand on voit que
c'est la seule qui a présenté des mesures de relance pendant la crise, ça
soulève des questions. Quand on voit tous les gens qui sont venus en
consultation qui nous ont dit : Écoutez, c'est faire le choix de l'échec.
C'est une organisation qui est agile, qui est fiable, qui fonctionne bien, qui
nous aide économiquement, qui nous aide environnementalement, qui est rapide...
Ce n'est certainement pas basé sur des données factuelles que la décision
d'abolir Transition énergétique Québec a été prise, tu sais. C'est
impensable...
Mme Montpetit : ...qui est
agile, qui est fiable, qui fonctionne bien, qui nous aide économiquement, qui
nous aide environnementalement, qui est rapide. Ce n'est certainement pas basé
sur des données factuelles que la décision d'abolir Transition énergétique
Québec a été prise. C'est impensable. Et j'essaie de me mettre dans le costume
du ministre, ou de son collègue le ministre des Ressources naturelles, ou du premier
ministre, et j'ai vraiment fait l'exercice de me dire : O.K., j'y vais,
là, je me mets dans leur peau et j'essaie de voir le chemin qui a pu être fait,
rien ne peut amener à une décision rationnelle d'abolir Transition énergétique
Québec. Ça fonctionne bien, il n'a pas été capable de nous démontrer que ça ne
fonctionnait pas bien, c'est efficace, c'est agile, et il n'a pas été capable
de nous démontrer, en plus de ça, que ce qui est proposé va à tout le moins
faire aussi bien, ce qui déjà serait rassurant, mais va faire mieux. Parce que
si c'est changer quatre vingt-cinq sous pour 1 $ ou l'inverse, je pense qu'on
perd tous notre temps. Donc, mais...
Donc, je présume que quand on fait du
travail qui n'est pas purement sur des considérations politiques, mais qu'on le
fait dans une... question d'améliorer la gouvernance climatique du Québec, on
le fait parce qu'on a des convictions, on a de l'ambition, on a de l'audace,
puis on se dit : La solution que je propose va être meilleure que celle
qui est en place. Mais à l'heure actuelle, non seulement cette démonstration-là
n'a pas été faite, mais en plus de ça on n'est même pas capable... le ministre
n'est pas capable de nous faire la démonstration... bien, peut-être qu'il nous
la fera éventuellement quand il répondra à nos questions, mais comme on est...
On attend depuis le point de presse qu'il a fait au mois de novembre, si je ne
me trompe pas, on attend toujours qu'il y ait une réponse à cette question qui
est très simple : Pourquoi abolir Transition énergétique Québec? Elle
n'est vraiment pas compliquée, la question. J'imagine qu'un jour on va avoir
une réponse, parce qu'il doit y avoir quelque chose derrière qui motive cette
décision.
• (19 h 50) •
Et donc, pour en revenir au fait que
les... on devrait être extrêmement factuels sur les échanges que l'on a. On est
dans un dossier qui est un des enjeux majeurs de... pas juste de la décennie, à
l'heure actuelle, la crise climatique, elle est mondiale. Et c'est un peu comme
dans une pandémie, je vais faire la comparaison, dans une pandémie, chaque
heure où il y a une décision qui n'est pas prise, bien, c'est une heure où on
prend du retard. Dans une pandémie, ça va extrêmement rapidement, on l'a vu. On
l'a vu dans le dossier des CHSLD, il y a des décisions qui sont venues beaucoup
trop tard, la décision de... la première décision qui a été prise, c'était de
fermer les CHSLD aux visites. Bonne décision, mais c'est parce qu'il y a des
gens qui avaient compris que ce qu'on avait vu à l'international, c'est que les
personnes aînées étaient vulnérables. Mais la suite du plan n'a pas suivi. Dans
une pandémie, chaque heure qui passe où la décision n'est pas prise, ça a des
conséquences. Dans la crise climatique, le temps... les décisions, quand elles
ne vont pas dans la bonne direction, bien, c'est la même chose, c'est du temps
qui ne se rattrape pas, pour citer une chanson, «tout le temps qui passe ne se
rattrape guerre». Et là, c'est ce qui risque de nous arriver dans ce projet
parce que, clairement, on n'a pas pris la bonne décision. Et tout le temps
qu'on passe ici à avoir des échanges où on a très peu de réponses, malheureusement,
du ministre, ce serait beaucoup plus efficace si on avait pris le temps, au
lieu de remettre ça à l'ordre du jour, à fond la vapeur, on reprend comme si
rien ne s'était passé, si on avait pu avoir une discussion sur : Bien,
entre le 19 février et le 2 juin, il s'est passé beaucoup de choses, il y a
beaucoup d'eau qui a coulé sous les ponts, il y a une situation complètement
inédite au Québec qui est arrivée, comment on reprend nos travaux, de quelle
façon on les fait. On ne peut pas... On ne demande pas de faire table rase de
ce qui est... du projet de loi, mais encore faut-il tenir compte de la
situation. Je pense qu'il y a certainement des éclairages, comme
parlementaires, dont on sent que ça pourrait venir améliorer le travail qui est
fait. Et, encore là, je vais reposer la même question que j'ai posée dans le
cas des dernières motions préliminaires qui ont été déposées et j'espère que le
ministre aura envie cette fois-ci de nous expliquer, si d'aventure il devait
refuser encore une fois la motion qui est présentée, qu'il nous expliquera pour
quelle raison il ne souhaite pas... il la refuse, dans le fond. Puis encore là,
c'est... Est-ce que c'est... il ferme la porte à écouter tout scientifique,
tout chercheur, il ferme la porte à ce volet-là qui est un volet plus de santé
environnementale...
Mme Montpetit : ...pour
quelle raison il ne souhaite pas... Il la refuse dans le fond. Puis encore là,
c'est... Est-ce que c'est... Il ferme la porte à écouter tout scientifique,
tout chercheur. Il ferme la porte à ce volet-là qui est un volet plus de santé environnementale?
Ou est-ce qu'il aurait envie de nous démontrer de l'ouverture et de dire :
Bien, écoutez, c'est vrai qu'on pourrait, si ce n'est pas ce groupe-là,
recevoir un autre groupe? Ou même un groupe qui viendrait rejoindre les
différentes propositions qui ont été faites aujourd'hui, ça nous prendrait une
heure, on ferait une consultation et on pourrait avancer. Moi, ça, je pense que
ça s'appellerait de la collaboration puis ça nous permettrait d'avancer dans la
bonne... dans la bonne direction.
Quand je disais tout à l'heure... Puis
l'Association médicale canadienne, elle pourrait... Et va certainement pouvoir
répondre à plusieurs questions puis nous apporter un éclairage sur différents
éléments, notamment sur la question de l'importance d'inscrire les cibles de
réduction des gaz à effet de serre. C'est un des éléments qui a été abordé par
plusieurs groupes qui sont venus en consultation, qui ont été très clairs dans
la nécessité d'inscrire ces cibles-là. Le ministre avait répondu à l'époque que
son projet de loi n'est pas une loi climat. Mais force est de constater que les
gens qui sont venus ont dit : Nous, on veut bien se présenter parce qu'on
est intéressé à bonifier le projet de loi qui est sur la table. Et on arrive
avec la même approche, et on reviendra avec la question des cibles, mais je
pense qu'encore là, pour avoir... Si on veut avoir une discussion et partir
tous du même niveau sur l'importance de retrouver ces cibles dans le projet de
loi, l'AMC serait certainement bien outillée pour nous dire pourquoi il est
important de le faire.
Aussi, sur toute la question de la
nécessité que l'ensemble des décisions gouvernementales puisse être évalué à la
loupe de leur... à la lumière de leurs impacts sur nos objectifs d'atteinte de
nos cibles, dans ce contexte-là aussi, l'AMC aurait certainement plusieurs
choses à nous dire. C'est certainement un groupe crédible. Il n'y a personne
autour de la table qui pourra dire autre chose que ça. C'est une association
qui est reconnue, qui est pancanadienne, qui regroupe de nombreux membres, de
nombreux scientifiques, de nombreux experts, qui a une expertise en soi
extrêmement pertinente. Et dans le contexte où, justement, les enjeux de santé
prennent de plus en plus de place dans le grand enjeu de la lutte aux
changements climatiques, il y a certainement, assurément, un intérêt à les
entendre ici. Donc, moi, j'accueille... J'accueille avec beaucoup
d'enthousiasme la proposition qui a été faite par le député de Jonquière. C'est
certainement pertinent. Et j'espère que le ministre l'accueillera avec autant
d'enthousiasme, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention... M. le ministre, vous
souhaitez intervenir? Donc, je vais mettre la motion préliminaire au vote par
appel nominal. Ça va? Donc, Mme la secrétaire.
La Secrétaire
:
M. Gaudreault (Jonquière)?
M. Gaudreault : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Campeau
(Bourget)?
M. Campeau : Contre.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, Mme Montpetit (Maurice-Richard)?
Mme Montpetit : Pour,
bien entendu.
La Secrétaire
:
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire
: Donc,
c'est rejeté.
La Présidente (Mme Grondin) :
Donc, la motion préliminaire est rejetée. M. le député de Bourget.
M. Campeau : ...s'il vous
plaît.
La Présidente
(Mme Grondin) : Pardon?
M. Campeau : J'aurais une
motion à présenter.
La Présidente
(Mme Grondin) : Vous souhaitez déposer une motion
préliminaire? Est-ce que vous l'avez transmise à la commission, au courriel de
la commission?
M. Campeau : À l'instant.
À l'instant.
La Présidente
(Mme Grondin) : Donc, je suspends les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 19 h 54)
(Reprise à 19 h 57)
La Présidente (Mme
Grondin) : Donc, on reprend les travaux. M. le député de
Bourget, je vous invite à lire la motion préliminaire que vous déposez.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. La motion se dit comme suit :
«Que la Commission des transports et de
l'environnement passe immédiatement à l'étude de l'article 1 et des
articles suivants du projet de loi n° 44, Loi visant principalement la
gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à
favoriser l'électrification».
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait, je vais suspendre les travaux quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 19 h 58)
20 h (version non révisée)
(Reprise à 20 h 3)
La Présidente (Mme
Grondin) : Nous reprenons les travaux. Donc, nous reprenons les
travaux. Le député de Bourget a déposé une motion préliminaire. Vous avez fait
la lecture, évidemment. Donc, y a-t-il des interventions?
M. Campeau : ...vous exposer
les raisons en arrière de ça, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
Grondin) : Parfait. Allez-y, M. le député.
M. Campeau : Bien sûr...
revenir à une décision de la présidence, bien sûr, et c'est un argumentaire
essentiellement mathématique. Et c'est arrivé à plusieurs reprises qu'une
motion qui demande de passer à l'article 1 soit faite. On n'essaie pas de
clore le débat, on essaie d'aller à l'étude article par article, tout
simplement.
Jurisprudence, à ce sujet-là, on parle de
244... comment est-ce qu'on dit ça... slash... barre 33 et 36. Donc, ce n'est
rien de nouveau. On peut même dire qu'en 1997 il y avait un président de
commission qui, après une seule motion préliminaire, avait accepté de passer à l'article 1
parce que la question... la motion préliminaire visait à entendre un groupe déjà
entendu la semaine précédente. C'est évidemment purement mathématique, mais on
a pas mal d'exemples comme ça.
Il y a des précédents où une telle motion
a été jugée recevable à la troisième séance, dans certains cas, après quatre,
cinq motions préliminaires. Dans notre cas, on est à la troisième séance de l'étude
détaillée. Il y a eu six motions préliminaires, et on a eu, auparavant,
6 h 28 min de débat, plus aujourd'hui, ce qui nous mène en haut
de 12 heures de débat.
Alors, je pense que les oppositions ont eu
beaucoup de temps pour faire valoir des points de vue sur des groupes à
ajouter...
17843 M. Campeau : ...détaillée.
Il y a eu six motions préliminaires et on a eu, auparavant,
6 h 28 min de débat, plus aujourd'hui, ce qui nous mène en haut
de 12 heures de débat.
Alors, je pense que les oppositions ont eu
beaucoup de temps pour faire valoir des points de vue sur des groupes à
ajouter. Et on a même présenté une motion qui visait à faire entendre un groupe
que la commission a invité mais qui avait décliné l'invitation. Alors,
évidemment, comme je le disais, ça reste à la présidence de prendre une telle
décision sur la recevabilité de la motion, mais si on regarde les
circonstances, la nature des motions présentées déjà et la jurisprudence, je
crois que cette motion devrait être recevable. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci. Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous
remercie, Mme la Présidente. Je trouve ça intéressant de voir que le collègue
plaide la recevabilité de sa propre motion. Mais, en tout cas, le point de mon
intervention, c'était justement qu'on soulève et qu'on plaide sa recevabilité.
Donc, je présume qu'il se questionne lui-même sur la recevabilité de sa propre
motion. Je partage, ceci dit, effectivement le... la seule partie que je
partage dans son intervention, c'est le fait que sa décision vous reviendra
comme présidente de cette commission. Est-ce qu'on... On n'est pas surpris du
dépôt cette motion. On l'attendait. Elle vient... Force est de constater
qu'elle vient de plus en plus vite, parce que nous avons siégé, vous et moi,
sur une autre commission il y a quelques... je vais dire mois, mais il y a deux
mois et demi à peine où on s'est retrouvé dans la même situation, à la
commission de l'agriculture, où c'est après huit motions préliminaires que
cette motion a été déposée, d'ailleurs, par le député de Bourget également. On
en est à six aujourd'hui. Donc, je comprends qu'on y va de plus en plus
rapidement.
Je ferai remarquer au député de Bourget,
mais c'est surtout à vous que je m'adresse, Mme la Présidente, le député de
Bourget faisait mention d'une décision qui date de 1997. Je porterai à son
attention qu'en 1997, il y avait deux groupes parlementaires. Vous constaterez
qu'on est quatre groupes parlementaires maintenant. Hein, il y a l'opposition,
l'opposition officielle... le gouvernement, l'opposition officielle, la
deuxième opposition, la troisième opposition. Donc, quatre groupes
parlementaires versus deux groupes parlementaires. Donc, déjà, on est dans un
contexte qui n'est plus le même. Et dans une institution comme la nôtre,
l'intérêt d'avoir de la jurisprudence, c'est aussi de la faire évoluer. Et donc
plus on est de groupes parlementaires, je pense que c'est notre droit le plus
fondamental de pouvoir s'exprimer et de pouvoir déposer des motions, justement,
pour... parce que l'objet de ces motions préliminaires est vraiment de voir à l'organisation
fonctionnelle des travaux de la commission. Qui plus est, on est dans un
contexte extrêmement particulier, on y a fait référence, ça fait depuis le
19 février que nous ne nous sommes pas vus. Nous sommes le 2 juin.
Nous en sommes seulement à la deuxième séance. Il y a eu une pandémie mondiale
entre les deux. Je pense que c'est une situation particulièrement
exceptionnelle dans laquelle on se trouve, qui justifie pleinement, justement,
que l'évaluation de la situation soit faite à la lumière même du contexte dans
lequel on se trouve.
Donc, la jurisprudence, elle est faite
pour, oui, pour évoluer. Une fois qu'on a dit ça, il y a des contextes, il y a
des principes extrêmement clairs qui se dégagent de cette jurisprudence. Je
ferai référence aux décisions 244/36 et 244/38 qui sont les
suivantes : «Le rôle du président est d'assurer le respect des droits de
chaque parlementaire et de donner à l'opposition le temps nécessaire pour faire
valoir son point de vue.» On en est à peine à la sixième heure de notre journée
et tout ce qui a été proposé par les oppositions a été refusé, a été refusé
avec aucun argumentaire et avec aucune réponse. Dans ces principes-là, ce qui
s'en dégage aussi, c'est qu'il appartient effectivement au président seul de
juger si la motion qui est proposée proposant de passer à l'étude de
l'article 1 est recevable. Et ce qui est important, c'est que la
recevabilité d'une telle motion ne se fait pas en vertu d'un calcul qui est
purement mathématique et non seulement du nombre de séances qui ont été
consacrées aux motions préliminaires, mais ni du nombre de motions
préliminaires.
• (20 h 10) •
Donc, je trouve ça un peu particulier que
le député de Bourget, bien, un, plaide la propre recevabilité alors qu'on ne
l'avait pas questionnée encore. Donc, déjà, ça m'indique qu'il se questionne
lui-même sur la suite des choses, mais qu'il fasse référence à une décision où
le président...
Mme Montpetit : ...je trouve ça
un peu particulier que le député de Bourget, bien, un, plaide la propre
recevabilité, alors qu'on ne l'avait pas questionnée encore. Donc, déjà, ça
m'indique qu'il se questionne lui-même sur la suite des choses. Mais qu'il
fasse référence à une décision où le président a pris la décision, après une
seule motion, d'aller de l'avant, un, comme je vous dis, c'est un contexte qui
est différent en termes de nombre de groupes parlementaires, mais ce n'est
certainement pas... Puis je ne veux pas remettre en question cette décision-là,
je ne connais pas le contexte, mais je pense qu'il est de bon aloi de s'assurer
qu'il y ait des échanges constructifs dans nos commissions, mais surtout de ne
pas brimer les droits fondamentaux des groupes d'opposition. Et je sais que
vous prendrez une décision certainement éclairée, Mme la Présidente, vous
faites un excellent travail.
Je le répète, nous avons proposé six
motions préliminaires, alors que nous sommes trois groupes de l'opposition.
Elles ont toutes été rejetées, et ça, nous le déplorons. Une fois qu'on a dit
ça, c'est un principe fondamental de favoriser le débat lors de nos
commissions. La jurisprudence doit certainement évoluer, ça, c'est... pour moi,
c'est une certitude, à lumière du fait que nous sommes quatre groupes
parlementaires, et la situation pourrait faire que, si on dit, bien, par
exemple : Ces six motions, le gouvernement juge que c'est suffisant, et
alors un groupe parlementaire pourrait s'arroger la liberté de déposer les six
motions en question ou deux groupes parlementaires, et le troisième groupe
parlementaire pourrait n'avoir jamais eu l'opportunité de déposer une motion
préliminaire. Donc, il faut s'assurer justement que les droits de tous et
chacun sont respectés. Et, dans ce contexte-là, moi, ce que je vous demande,
Mme la Présidente, bien, en toute humilité, c'est de nous rendre une décision
écrite sur la recevabilité de la motion. Évidemment, comme parlementaires, nous
ne souhaitons pas être pénalisés dans nos droits. Je suis certaine que vous
statuerez de façon éloquente sur la recevabilité de cette motion. Mais je vous
amène vraiment à porter une attention particulière au fait que la jurisprudence
existante se base sur le fait que, pendant des années, il y a eu seulement deux
groupes parlementaires au Québec, donc qu'il y a des années, et des années, et
des années de jurisprudence qui ne reflètent pas la situation dans laquelle on
se retrouve à l'heure actuelle, c'est-à-dire quatre groupes parlementaires, et
donc la jurisprudence doit évoluer, en ce sens. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Grondin) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? Et là je vous rappelle
que, normalement, quand on plaide la recevabilité, c'est des interventions
assez courtes. Donc, y a-t-il d'autres interventions? M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors, Mme
la Présidente, j'ai vraiment l'impression de jouer dans un vieux film que nous
avons...
Ça va? O.K. J'ai vraiment l'impression de
jouer dans un vieux film dans lequel nous avons déjà joué. Et la dernière fois
qu'on a joué dans ce film-là, c'était le 24 octobre 2019, à la suite d'une
motion déposée par vous-même, Mme la Présidente, alors par la députée
d'Argenteuil. Donc, je sais que vous êtes très consciente des enjeux qui sont
devant nous et je... Ce que je remarque surtout... Puis j'espère que le bon
vieux film ne se répétera pas avec la même finale que l'ancien film du projet
de loi n° 34 et que ça se terminera par un bâillon,
ce qui serait absolument inconcevable et inacceptable dans les circonstances.
Moi, j'adhère, je cautionne, je seconde, je tierce et j'appuie la plaidoirie de
ma collègue de Maurice-Richard, qui reprend
essentiellement la plaidoirie que nous avions faite sur votre propre
proposition le 24 octobre, Mme la Présidente.
Mais là j'ai l'impression qu'avec ce gouvernement,
qui a 18 mois à peu près, un petit peu plus, là, d'ancienneté, que c'est un...
il essaie de nous imposer un parlementarisme du «limbo», donc en baissant
toujours la barre. Le 24 octobre 2019, sur votre proposition, là, c'était après
huit motions. Là, si mon calcul est bon, on est à sept motions. Six? Bon, là,
ils ont... le «limbo» a baissé encore plus bas que je pensais, on est à six. Ça
fait que, là, le prochain projet de loi, ça va être quoi? Le «limbo» va être
rendu à cinq, va être rendu à quatre? Il va falloir qu'on fasse des
contorsions...
M. Gaudreault : ...motions. Là,
si mon calcul est bon, on est à sept motions... six? Bon, le limbo a baissé
encore plus bas que je pensais. On est à six. Ça fait que là le prochain projet
de loi, ça va être quoi? Le limbo va être rendu à cinq, va être rendu à quatre?
Il va falloir qu'on fasse des contorsions inimaginables pour être capable,
comme opposition officielle, de poser des questions ou... pas de poser des questions
mais d'intervenir en commission parlementaire. Alors, je veux dire, le limbo de
la CAQ, il va arrêter où, Mme la Présidente?
On est ici dans un contexte de droit
parlementaire où, en situation exceptionnelle, on a été obligés de ne pas
siéger puis on a compris ça. Mais ça veut dire que le gouvernement a pris des
décisions pendant trois mois. L'opposition n'a pas eu le forum unique qu'elle a
pour s'exprimer, qui s'appelle l'Assemblée nationale. On revient, première
journée de travaux parlementaires en étude détaillée, et, bang! la motion limbo
du gouvernement est déposée. Alors, ce n'est pas une belle façon de
fonctionner.
Il est vrai que le Parlement doit
s'adapter à la réalité d'avoir quatre partis reconnus. Quatre partis reconnus.
Et, autre argument qui permet de faire une distinction importante, au cas où
que le gouvernement ne s'en serait pas aperçu, on est en pandémie. Les
groupes... Chaque groupe qu'on a proposé aujourd'hui en motions préliminaires
était justifié par un contexte unique qui fait en sorte que nous devons faire
une mise à jour de nos travaux, et tout le monde comprend ça.
Alors, moi, je pense qu'une décision de la
présidence doit être basée sur une certaine analyse correcte d'une réalité
sociopolitique qui s'appelle la pandémie. Alors, ce n'est pas vrai qu'on va ici
venir restreindre les droits des parlementaires sous prétexte qu'il y a de la
jurisprudence qui dit : Ah! après deux, trois séances... Les séances
précédentes dont parlait le député de Bourget, c'était à une autre époque.
Alors, moi, je demande de l'ouverture.
Et j'ajouterais, comme dernier argument,
qu'on n'a jamais eu de réponse sur chacune de nos propositions. Alors,
comment... Ça devient trop facile pour un gouvernement majoritaire de toujours
utiliser la motion limbo pour faire taire l'opposition quand le ministre ne
s'exprime même pas sur le fond des propositions qu'on fait.
Alors, Mme la Présidente, moi, je vous
demande, comme ma collègue de Maurice-Richard, une
décision écrite sur cette motion qui nous est déposée aujourd'hui et dont le
seul objectif est de faire taire l'opposition, alors que le gouvernement ne
prend même pas la peine de répondre sur le fond des propositions que nous
faisons.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le député de Jonquière. Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de Bourget.
M. Campeau : Juste une minute,
Mme la Présidente, juste pour reprendre certains arguments. On a dit que la
jurisprudence peut évoluer. D'accord, c'est la nature de la jurisprudence.
Deuxièmement, le parlementarisme limbo...
J'aime bien l'expression colorée de mon collègue, j'apprécie cette façon de
s'exprimer, mais je voudrais rappeler que l'exemple que j'ai pris, 244/33, il y
avait eu quatre séances et six motions.
Alors, il y a plus de groupes
parlementaires, j'en conviens, et, oui, ça va rentrer dans votre analyse de...
et votre décision. Mais j'aimerais faire remarquer que la nature des motions
qui ont été présentées, d'une opposition à l'autre, était sensiblement dans le
même type, c'est-à-dire faire venir des groupes, un groupe ou l'autre groupe,
mais c'était toujours basé sur un peu le même principe. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci. Donc, on va rappeler les règles du jeu. Il y
a une seule intervention par député. On est toujours en motions préliminaires.
Donc, c'est moi qui a... Je suis désolée. Et donc, je vous rappelle, on est en
train de plaider la recevabilité, et donc je souhaite, s'il vous plaît, que
vous respectiez, c'est à peine une minute que je vous donne. Ça convient? Donc,
M. le député de D'Arcy-McGee.
• (20 h 20) •
M. Birnbaum : ...le député de Bourget
a déjà eu deux minutes. Je vais être très bref. J'implore la présidence de
comprendre la nature jurisprudentielle de cette décision imminente, alors, que
ça soit par écrit, primordialement importante parce qu'on est, comme on a dit
tout le long de la journée, dans un contexte particulier où nous avons proposé
de maintes reprises des arguments diversifiés, un différent que l'autre, en
parlant des intervenants potentiels de toutes origines, soit politique, experts
en science, experts en santé, des intervenants...
M. Birnbaum :
...particulières où nous avons proposé de maintes reprises des arguments
diversifiés, un différent que l'autre, en parlant des intervenants potentiels
des toutes origines, soit politiques, experts en sciences, experts en santé,
des intervenants pertinents, tout en ajoutant des arguments qui parlaient d'un
contexte tout à fait unique, qui ont fait en sorte qu'on n'a pas de réponse à
quelles que soient nos questions. Le contexte est complètement différent. On
est journée un en termes... journée un d'une commission parlementaire qui siège
en direct. Est-ce que ce gouvernement a compris que les pouvoirs d'urgence qui
étaient nécessaires en quelque part durant la pandémie, ce n'est pas maintenant
les règles du jeu pour la discussion des projets de loi en commission?
Alors, il me semble qu'on est devant une
nouvelle situation. On est devant un projet de loi qui vient d'être discuté
pour la première fois aujourd'hui dans son nouveau contexte. Alors, le débat et
la responsabilité de la présidence de protéger le droit d'un débat ouvert et
éclairé est en jeu. Alors, je nous invite de continuer nos délibérations. Et
j'espère que la décision de la présidence va aller dans ce sens-là.
La Présidente
(Mme Grondin) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres
interventions? Je vous rappelle très brièvement... M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme
la Présidente. Peut-être un petit retour dans le temps pour commencer. La
sélection des groupes a débuté en décembre dernier suite à des discussions avec
l'ensemble des partis politiques. Ça a été une discussion, je dirais, ardue,
mais c'est de bon aloi, en ce sens que chaque formation a soumis une liste.
Nous avons tous fait des compromis. Il n'y a aucune formation politique, pas
même le gouvernement, qui a vu reconnaître l'ensemble des groupes qu'il a
proposés. Mais ultimement on s'est entendu sur une liste. Et cette liste-là,
elle était passablement généreuse. Ce sont 33 groupes que nous avons
entendus il y a quelques semaines maintenant. Et les collègues aiment bien
parler de jurisprudence, c'est peut-être un terrain glissant pour eux parce
que, si on regarde par le passé un projet de loi de semblable acabit, avec
33 groupes entendus, c'est largement, largement dans les normes, sinon
davantage d'une part.
Et suite à ces consultations-là, nous
avons consacré 12 heures pour entendre très poliment les plaidoyers de nos
collègues. Puis je vais être bien, bien clair, Mme la Présidente, tous les
groupes qui ont été proposés aujourd'hui ont leur pertinence, ont leur
expertise au niveau environnemental. Cependant, on ne peut pas entendre tous
les groupes qu'il pourrait être pertinent d'entendre. Autrement, on passerait
le mandat juste pour écouter les groupes, alors que l'on souhaite passer à
l'étape suivante, c'est-à-dire l'étude du projet de loi lui-même. Les collègues
nous ont reproché notre silence aujourd'hui. Ce n'est pas qu'on ne veut pas
parler. Au contraire, on a envie de débattre du projet de loi. Mais pour ça, il
faut passer à l'étape suivante qui est l'étude article par article.
Et l'exercice a étiré un petit peu
l'élastique aujourd'hui. Peut-être vous rappeler que, dans les motions qui ont
été présentées, on nous a proposé d'entendre un groupe qui avait déjà témoigné,
on nous a proposé d'entendre un groupe qui a refusé de témoigner. Donc, je
comprends la dynamique qui est celle des partis d'opposition, mais nous, on
veut parler d'environnement. On veut travailler à bonifier ce projet de loi là.
Donc, il faut commencer enfin son étude.
Et parce qu'on parle de jurisprudence, ce
n'est pas nouveau qu'il y ait quatre formations politiques à l'Assemblée
nationale. Lors de la dernière législature, le Parti libéral était au pouvoir,
il y avait aussi quatre formations politiques reconnues. Donc, je vous
inviterais à regarder le nombre de groupes que le Parti libéral, alors au
pouvoir, permettait d'entendre lors de l'étude des projets de loi et combien de
motions préliminaires le Parti libéral acceptait à ce moment-là. Donc, si on
veut parler de jurisprudence de la part de l'opposition officielle, c'est
certainement une jurisprudence à considérer.
Et, non, malheureusement, en tout respect
avec mon collègue de Jonquière, on ne souhaite pas faire un «reset». On ne veut
pas réentendre tous les groupes que nous avons entendus. Et c'est un petit peu
ironique comme argument parce que les groupes, eux-mêmes, avec qui on est en
contact sur une base quotidienne, sinon hebdomadaire, ne nous ont pas demandé
eux-mêmes d'être réentendus. Donc, c'est un petit peu particulier comme
demande. Et l'argument de la pandémie n'en est pas un, Mme la Présidente. Cette
pandémie, elle est sévère, oui. Elle doit nous permettre de continuer
d'avancer, par contre, de sorte que l'on puisse enfin...
M. Charette : ...ne nous ont
pas demandé eux-mêmes d'être réentendus. Donc, c'est un petit peu particulier
comme demande. Et l'argument de la pandémie n'en est pas un, Mme la Présidente.
Cette pandémie, elle est sévère, oui. Elle doit nous permettre de continuer
d'avancer, par contre, de sorte que l'on puisse enfin discuter.
Et, si on était plus silencieux aujourd'hui,
ce n'était... c'était uniquement pour ne pas enlever du temps de parole à l'opposition,
c'était par respect pour eux. Mais je peux assurer les collègues qu'à partir du
moment où on débutera l'étude article par article, sur une base de consentement
le dialogue va se faire sur une base très, très franche, et nous aurons plaisir
à bonifier ensemble le projet de loi. Donc, la motion déposée par mon collègue
ne vise pas à faire taire les oppositions. Au contraire, on veut ouvrir un
espace de dialogue, ce qui n'est pas possible avec la multiplication des
motions préalables.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres
interventions? Donc, je vais vérifier la recevabilité. Et je suspends les
travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 20 h 26)
(Reprise à 20 h 27)
La Présidente (Mme
Grondin) : Oui, donc on reprend les travaux pour que je...
Des voix
: ...
La Présidente (Mme
Grondin) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous reprenons les travaux. Je vais donc évaluer la recevabilité de la motion
préliminaire déposée par le député de Bourget. Et donc je suspends les travaux
jusqu'à demain.
Une voix
: ...
La Présidente (Mme
Grondin) : Ajourner. Merci, madame. J'ajourne les travaux
jusqu'à demain. Merci.
(Fin de la séance à 20 h 28)