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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Thursday, June 12, 2014, 12 h 11

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures douze minutes)

Mme Massé : Oui. Merci. Alors, bonjour, tout le monde. Pardon. Merci d'être là. Ce que je tiens à dire, dans un premier temps, pour moi, c'est super important, je ne suis pas là pour faire le procès du député de Jean-Lesage ici. Moi, ce que j'avais à dire, c'est : il y a quelque chose qui a été enfreint au niveau des règles parlementaires, je l'ai présenté au président, et, comme vous l'avez su ce matin, le président prend ça en délibéré et, demain matin, il nous transmettra sa réponse, à savoir si, oui ou non, il trouve que les règles ont été respectées. Et j'ai totalement confiance au président… à la présidence de cette Assemblée.

Pourquoi faire ça? Je pense, c'est surtout ça que je veux qu'on retienne, c'est-à-dire que, vous savez, ça fait 30 ans, je l'ai dit et je l'ai redit, ça fait 30 ans que je travaille pour les droits des gens. Ça fait 30 ans que, comme… autant comme féministe, comme femme, comme lesbienne, je dénonce l'intimidation, qu'elle soit lesbophobe, qu'elle soit sexiste ou raciste, et je trouvais qu'il fallait absolument, cette fois-ci, réagir rapidement, pas parce que, et ça, je veux vraiment que vous l'entendiez, là, je ne veux pas que ce que le député de Jean-Lesage… qui est en délibération actuellement soit utilisé pour qu'on l'intimide à son tour. Ce n'est pas ça que je veux, moi. Ce que je veux, c'est qu'on dise collectivement, socialement que, l'intimidation, ça n'a pas sa place au Québec, peu importe l'endroit, peu importent les circonstances.

Puis, dans ce sens-là, c'était frappant puisqu'hier — je pense que c'est un peu ça qui m'a décidée d'aller de l'avant — c'est qu'hier, de façon unanime, l'Assemblée a adopté une motion à l'effet qu'on soulignait l'importance du 10e anniversaire de la loi sur le harcèlement psychologique au travail… le harcèlement au travail, pardon. Et je me dis : Voilà, voilà l'importance, hein? On le sait que, dans les cinq dernières années, il y a eu plus de 24 000… pardon, près de 24 000 plaintes qui ont été déposées en matière de harcèlement au travail, et ça, ça ne compte pas les intimidations qu'il y a eu dans les cas de violence conjugale, dans les cas d'agression sexuelle, etc.

Alors donc, le Québec dit non à ça, on a des lois qui nous protègent par rapport à la question de l'intimidation, on a des règles qui nous protègent à l'Assemblée nationale, et, dans ce sens-là, je veux bien qu'on entende qu'au Québec c'est non, et Manon Massé sera toujours là pour dénoncer ces choses-là.

M. Salvet (Jean-Marc) : Pouvez-vous revenir un peu sur ce qui s'est passé?

M. Gagné (Louis) : Oui, moi, j'ignore ce qui s'est passé.

Mme Massé : Bien, écoutez, le président nous faisait état que le député de Saint… de Jean-Lesage, pardon, l'a un peu… en Chambre, est venu m'interpeller spécifiquement à mon pupitre et, d'un ton menaçant, m'a laissé comprendre que je ne me mêlais pas de mes affaires. Et, bien sûr, on parle des affaires… puisque, la semaine d'avant, j'avais abordé la question de la poussière rouge dans le port de Montréal… dans le port de Québec, pardon, et les retombées des poussières de nickel, et donc le député a trouvé que je me mêlais un peu trop de ses affaires.

Alors donc, moi, ce que j'ai rapporté… Qu'on soit en désaccord, ça se peut, ça, là, là, dans la vie, ça existe, puis moi, je n'ai pas de problème avec les désaccords.

Mme Biron (Martine) : Pouvez-vous être plus précise…

M. Bélair-Cirino (Marco) : Qu'est-ce qu'il vous a dit?

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire que, pour le moment, ça, c'est entre les mains… Moi, je vous redis : Je ne veux pas faire ici le procès de monsieur. Ce que je vous dis, c'est qu'il y a eu intimidation — je pense que c'est ce que le président va nous dire demain — que ses propos ont été menaçants, et que, suite à ça, le président tranchera sur cette question.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Dans votre lettre au président, vous rapportez ce que vous avez compris des propos…

Mme Massé : Les faits, toujours, bien sûr.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Mais les faits, est-ce que ça comprend ce que vous avez compris des propos de M. Drolet?

Mme Massé : Absolument.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Donc, s'ils sont dans la lettre, pourquoi ne pas nous les exposer aujourd'hui?

Mme Massé : Parce qu'à cette étape-ci, je le… Parce que voilà une des choses qui… Moi, ce que je veux, là, c'est qu'on dénonce l'intimidation, O.K., globale, pas ce que monsieur, comme tel… Ça, le président s'en occupera et il fera les démarches qu'il a à faire.

M. Salvet (Jean-Marc) : Mais est-ce qu'il vous a dit, genre : Mêlez-vous de vos affaires, que ça ne vous regardait pas? Est-ce que c'est ce que vous comprenez qu'il vous a dit?

Mme Massé : C'est ce que je comprends qu'il m'a dit.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais il n'y avait pas de propos homophobes?

Mme Massé : Il n'est pas question d'homophobie, je parle d'intimidation par rapport à la question du ton. Je sais que vous aimeriez en savoir plus, mais je vous dis que je ne vous en dirai pas plus par rapport à ça, parce que l'objet — et je souhaite vraiment que vous soyez conscients de ça, là — c'est qu'on a des plans d'action pour lutter contre l'intimidation, on met de l'argent pour lutter contre l'intimidation à l'école, au travail, lutte à l'homophobie, il faut que collectivement le message soit clair : ce n'est pas de même qu'on veut faire, et surtout pas de la politique.

M. Salvet (Jean-Marc) : Qu'est-ce que vous avez dit, une semaine plus tôt, là, sur les poussières rouges…

Mme Massé : Vous irez voir, vous allez le retrouver.

M. Salvet (Jean-Marc) : Non, mais grosso modo, en quelques instants, vous aviez dit quoi?

Mme Massé : Essentiellement, ce que les citoyens de Jean-Lesage m'avaient rapporté, c'est-à-dire qu'on voulait avoir accès au rapport qui a été déposé au ministère, que le ministère n'a pas voulu donner, même aux journalistes, avec la loi d'accès à l'information. Alors, moi, comme élue, responsable notamment du dossier de l'environnement en partie, j'ai trouvé important d'interpeller le gouvernement sur cette question-là et, en entrevue dans un média — je ne me souviens plus lequel — je suis intervenue en disant que j'avais interpellé le ministre et que, par conséquent, ça interpellait aussi le député de Jean-Lesage de se mettre à l'écoute des gens de son comté. Alors… et tout tournait autour de la question que nous voulions avoir accès à cette information-là pour que les citoyens et citoyennes puissent se faire une tête complète.

M. Bellerose (Patrick) : Pourquoi est-ce que vous vous êtes sentie menacée? C'est par l'attitude, c'est dans la façon de...

Mme Massé : Le président a bien lu une partie de ma lettre, qui parle de ton menaçant. Donc, si j'ai écrit qu'il avait un ton menaçant, je suis d'accord avec vous, ça veut dire que je me suis sentie menacée.

M. Gagné (Louis) : Mais est-ce qu'il y avait des gestes qui venaient avec? Est-ce qu'il vous a montrée du doigt, est-ce qu'il s'est approché de vous? Est-ce que son...

Mme Massé : Je vais m'arrêter là, je vais m'arrêter là.

Journaliste : Est-ce que M. Khadir était présent pour témoigner?

M. Khadir : Non.

Mme Massé : J'étais seule. Tard.

Mme Biron (Martine) : Je comprends que vous vouliez avoir le rapport, vous avez interpellé le gouvernement pour avoir le rapport et que, en dehors de la séance, genre, au début, là, quand les députés arrivent, M. Drolet s'est présenté à votre pupitre et il vous a invectivée, là, d'une façon ou d'une autre. C'est ça?

Mme Massé : Interpellée, oui, effectivement.

Mme Biron (Martine) : Interpellée d'une façon ou d'une autre parce qu'il était mécontent que vous demandiez le rapport. Est-ce que c'est un peu ça, là...

Mme Massé : Que je ne me mêle pas de mes affaires. Moi, je ne le sais pas si... Il ne m'a pas parlé du rapport...

Mme Biron (Martine) : ...il a dit spécifiquement : Tu ne te mêles pas de tes affaires?

Mme Massé : Que je ne me mêle pas de mes affaires.

Mme Biron (Martine) : …pas de vos affaires. Et, vous, vous en voulez au ton et à cette phrase-là, essentiellement, de vous dire que vous n'étiez pas dans vos affaires. Est-ce que ça résume assez bien votre...

Mme Massé : Oui, alors que c'est mes affaires. Je suis critique en matière d'environnement.

Mme Biron (Martine) : Je comprends ça, mais est-ce que ça résume assez bien?

Mme Massé : Ça résume, ça résume assez bien. Oui, oui, ça résume assez bien.

Mme Biron (Martine) : Parce que vous ne voulez pas nous dire toute la séquence des événements, alors là...

Mme Massé : Ça résume assez bien.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Combien de temps a duré l'événement à peu près? On parle de secondes, là, c'est ça?

Mme Massé : On parle de secondes dans une assemblée qui n'était pas très nombreuse, je dois vous dire.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : M. Khadir, vous avez déjà eu maille à partir avec M. Drolet. Est-ce que ça vous surprend?

M. Khadir : La question n'est pas sur la personne de M. Drolet. Je pense, c'est le principe qu'à l'Assemblée nationale toutes les personnes ont le droit de discuter de tous les sujets qui touchent les citoyens du Québec. Qu'on soit de Rouyn ou qu'on soit de Gatineau, Montréal, on a le droit de parler des choses de Gatineau, de Montréal et de Rouyn. Et donc, dans cette optique-là, personne ne doit d'abord empêcher quelqu'un d'autre d'exercer sa fonction et, en plus, de le faire de manière intimidante. C'est ça, notre propos.

M. Gagné (Louis) : Comment avez-vous réagi? Qu'est-ce qui a été votre réaction, là? Est-ce que vous lui avez fait part de votre malaise, de votre... Qu'est-ce que vous avez dit au député de Jean-Lesage?

Mme Massé : Je ne suis que très peu intervenue, considérant que je prenais la parole en Chambre dans les secondes qui suivaient. Alors, j'étais concentrée sur ce que j'avais à dire en Chambre.

M. Bellerose (Patrick) : Qu'est-ce que vous demandez à M. Drolet? Vous voulez des excuses, vous voulez...

Mme Massé : En fait, je demande au président qu'il tranche sur la question : Est-ce qu'il y a là ou non de l'intimidation? Et, s'il y a là de l'intimidation, je veux surtout qu'on ne se permette plus jamais... Que ce soit à l'Assemblée, que ce soit dans la rue, que ce soit au travail, ce n'est pas une façon de faire de la politique, ce n'est pas une façon d'exprimer notre désaccord et ce n'est surtout pas une façon de prendre du pouvoir sur quelqu'un d'autre, quand je pense, notamment, à l'intimidation homophobe. Alors, c'est ça, l'essentiel de mon message.

Alors, si M. Drolet considère qu'il est mieux qu'il s'excuse, je les prendrai volontiers, mais je voudrais que le Québec entende que c'est fini, ces façons-là de faire.

M. Teisceira-Lessard (Philippe) : Est-ce que vous vous attendiez à être traitée de la sorte quand vous avez été élue? C'est une surprise pour vous que des événements comme ça arrivent à l'Assemblée nationale?

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire que je ne suis pas dupe. Comme féministe lesbienne, ça fait longtemps que je sais que ces méthodes de rapport de force existent. Est-ce que je m'en attendais à l'Assemblée? Je m'en attends un peu à tous les jours dans ma vie, alors je n'avais pas réfléchi à cette question-là, honnêtement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Avez-vous l'impression d'avoir été traitée différemment de, par exemple, M. Bédard, le chef de l'opposition officielle, qui aurait posé la même question que vous, ou une autre députée, par exemple, de la Coalition avenir Québec, ou M. Khadir, ou Mme David?

Mme Massé : Je n'en ai aucune idée. Ce que je sais, c'est ce que c'est clair, c'est que mon parti, on nomme plusieurs choses que les autres partis ne veulent pas entendre. Alors, c'est évident — peut-être, dans ce sens-là, j'aurais pu m'en attendre un peu — que ça peut déranger, si je peux dire ainsi.

M. Bellerose (Patrick) : Vous avez dit : «Comme féministe et lesbienne». Est-ce que, pour vous, c'est une question de rapports hommes-femmes, ce ton-là?

Mme Massé : C'est-à-dire que, comme femme, lorsqu'un homme nous aborde d'un ton menaçant, c'est plutôt évident que, pour moi, ça vient tout de suite, c'est ça qui vient de monter. Est-ce que c'était dans cette perspective-là? Je vous dis, moi, je ne veux pas faire le procès de M. Drolet. Je veux que cesse l'intimidation au Québec.

Mme Biron (Martine) : Mais c'est quand même important, ça, cette question-là. Est-ce que vous pensez que c'est parce que vous êtes lesbienne qu'il vous a parlé de cette façon-là?

Mme Massé : Bien, je pense qu'Amir n'était pas lesbien du tout, et il a aussi, dans la vie, été invectivé.

Mme Biron (Martine) : Vous revenez souvent en disant : Je suis une militante…

M. Khadir : C'est parce que ça rejoint une problématique générale. Ça peut toucher des personnes dans différentes circonstances, différemment, pour des questions de racisme, pour des questions liées à la sexualité ou pour des questions de divergence politique, mais on n'a pas le droit de le faire de manière violente, de manière intimidante en milieu de travail.

M. Gagné (Louis) : Est-ce qu'il y avait eu une attaque personnelle… au-delà du «mêlez-vous de vos affaires», est-ce qu'il y avait eu une attaque qu'on pouvait…

Mme Massé : Homophobe ou «whatever»…

M. Gagné (Louis) : Oui ou quelconque sur votre…

Mme Massé : Non, non, non. On était vraiment au niveau du sujet, là, bien, de l'événement de la poudre de nickel. Bien, je vous remercie beaucoup.

(Fin à 12 h 23)

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