(Dix heures cinq minutes)
M.
Bédard
: Merci
à Jean-François, Sandrine. D'abord, mes premiers mots vont aller sur ma
déception sur le gouvernement Couillard, qui a échoué lamentablement son
premier test éthique avec le cas de M. Bolduc. Je pense que ce dossier aurait
dû être réglé depuis bien longtemps. Malheureusement, le gouvernement s'est
enferré dans une logique qui est destructrice pour le gouvernement, mais pour
toute la classe politique, celui de permettre à quelqu'un qui a utilisé des
fonds publics à une autre fin que pour laquelle ils étaient destinés n'est pas
la bonne chose à faire. Et que le gouvernement continue à appuyer M. Bolduc et
à refuser le remboursement aux Québécois de ces sommes qui ont été versées à
une fin autre pour laquelle elles étaient destinées, je pense, est très
décevant et fait en sorte que le gouvernement effectivement a échoué son
premier test éthique de façon lamentable, et souhaitons tous ensemble que ce
dossier soit réglé à très court terme et que M. Couillard se ressaisisse rapidement.
Mais aujourd'hui on n'est pas ici pour cela.
Et on est ici parce qu'il y a quelqu'un dont l'intégrité a été attaquée de
façon purement malhonnête. Jean-François Lisée, que je connais personnellement
depuis des années, qui est quelqu'un qui est dédié, qui est un homme honnête,
intègre, qui a toujours réalisé, peu importent les fonctions qu'il a faites,
pour le bien commun, pour l'intérêt public… Dans les derniers jours, une
ministre du gouvernement a tenté de détourner l'attention médiatique en
attaquant de façon injuste et malhonnête le comportement de M. Lisée à l'époque
où il était ministre en attaquant même sa vie familiale, et nous trouvons ces
accusations totalement irresponsables. Donc, aujourd'hui, notre objectif, c'est
de rétablir les faits et de souhaiter que Mme St-Pierre s'excuse le plus
rapidement possible et rétablisse la réputation de M. Lisée.
À ce moment-ci, je demanderais à
Jean-François de venir faire une déclaration en compagnie de Sandrine.
M. Lisée
: Merci
beaucoup, Stéphane. Alors, vous me connaissez depuis un certain nombre
d'années, je suis dédié au Québec, au bien commun. J'ai donné, pendant 18 mois,
le meilleur de moi-même au ministère des Relations internationales et du
Commerce extérieur. C'est un sujet qui me passionne. J'ai fait un grand nombre
de missions. J'ai été très actif, beaucoup d'entreprises m'ont accompagné, des
institutions, des artistes, pour faire avancer le Québec, pour la défense des
intérêts du Québec.
La semaine dernière, Christine St-Pierre a
pris la décision de parler aux médias pour répéter sciemment plusieurs
déclarations fausses à mon sujet. Elle a déclaré que j'avais fait 11 missions
en France et que la France était ma seule priorité, car pour moi il n'y avait
que la France, a-t-elle dit. C'est faux, et elle sait que c'est faux. J'ai fait
cinq missions en France, dont une avec la première ministre, cinq pour les
États-Unis et six dans le reste du monde. D'ailleurs, un de mes prédécesseurs,
Pierre Arcand, le libéral, a fait davantage de missions en France que moi dans
le même laps de temps.
Mme St-Pierre additionne délibérément mes
missions en France et les cinq escales que j'ai effectuées à Paris lors de
missions qui me conduisaient ailleurs et elle pose la question de la pertinence
de ces missions : Est-ce que j'y allais pour des raisons personnelles
parce qu'une partie de ma famille y habitait ou pour l'intérêt supérieur du Québec?
Elle connaît très bien la réponse.
Premièrement, chacune de ces missions est
proposée, organisée et validée par le ministère des Relations internationales. Deuxièmement,
les résultats de chacune de ces missions, résultats probants, sont disponibles,
pour la plupart, sur le site Internet de son propre ministère. Et il est facile
de compiler l'aspect strictement économique de la pertinence de ces missions,
qui faisaient escale à Paris. Ces missions ont aidé 175 entreprises qui m'ont
accompagné en Allemagne, en Afrique, en Chine ou au Japon à signer des contrats
d'une valeur de 110 millions de dollars.
Mme St-Pierre affirme sans preuve — elle
n'a aucune preuve, elle n'a aucun document, elle n'a aucun mémo, elle n'a aucun
courriel, elle n'a aucune facture — elle affirme sans preuve que j'ai
fait une mission d'un jour, pour faire ensuite une visite privée de quatre
jours. C'est une invention pure, cela n'existe que dans son imagination.
La ministre a déclaré aux journalistes
qu'elle avait demandé des vérifications à son ministère, et certains d'entre
vous et de vos collègues lui ont dit : Mais, Mme St-Pierre, pourquoi
est-ce que vous nous parlez maintenant? Si vous avez demandé des vérifications,
pourquoi ne pas attendre les faits avant de parler aux médias? Elle a donné
plusieurs entrevues. Un ministre responsable et respectueux d'autrui ne
devrait-il pas attendre d'avoir des preuves, si elles existent, avant
d'accabler qui que ce soit — un parlementaire, un ministre, un
citoyen, qui que ce soit — sur la place publique?
J'ai la conviction, la conviction, parce
que je connais l'efficacité des extraordinaires équipes du ministère des
Relations internationales, que Mme St-Pierre a obtenu les réponses à ses
questions avant même qu'elle s'adresse aux journalistes. D'ailleurs, il n'a
fallu à une de vos collègues de la presse qu'un coup de téléphone, un coup de
téléphone hier, pour parler à une responsable des missions, qui lui a dit que
tout était irréprochable en ce qui me concerne. J'ai la conviction aussi que la
raison pour laquelle Mme St-Pierre fait ces allégations mensongères sans aucune
preuve, c'est qu'elles n'existent pas et qu'elle sait qu'elles n'existent pas.
Vous savez, il y a une règle non écrite
dans la politique et les médias québécois : on ne touche pas à la vie
familiale des élus. Or, Mme St-Pierre a franchi cette ligne rouge à toute
vapeur, en faisant de ma vie familiale un sujet de discussion publique, comme
si c'était quelque chose de répréhensible ou de mystérieux. Alors,
exceptionnellement, j'ai demandé à ma conjointe Sandrine d'être à mes côtés aujourd'hui.
C'est elle et nos deux enfants — et bientôt un
troisième — qui font qu'on traverse l'Atlantique pour se voir l'un
l'autre.
On s'est connus il y a huit ans à l'Université
de Montréal, Sandrine poursuivait ses recherches. On a décidé de vivre ensemble
et d'avoir des enfants. Puis Sandrine a été recrutée pour le travail qu'elle
convoitait depuis plusieurs années et qu'elle adore à une fonction dans un
centre de recherche très prestigieux à Sciences Po Paris. Alors, on a fait le
pari de réussir notre projet de vie commune malgré le fait que nos carrières
respectives allaient nous entraîner trop souvent l'un de l'autre. Alors,
depuis, Sandrine fait tantôt de longs séjours au Québec, tantôt de longs
séjours en France, et on s'adapte, et on se rejoint. On est devenus un peu des
experts de la conciliation travail-famille entre deux pays sans que ça coûte un
sou au contribuable. Et on trouve inacceptable que notre vie familiale soit
utilisée par une politicienne pour tenter de salir ma réputation.
Mme St-Pierre sait comment une poursuite
en diffamation va se terminer. Les faits, les témoignages, les documents vont
lui donner tort et me donner raison. Je lui demande donc d'émettre d'ici une
semaine une rétractation complète de ses allégations et d'exprimer ses excuses
envers ma famille, sinon j'engagerai une poursuite en diffamation. Je sais que,
dans ma situation, cette poursuite va me coûter à moi personnellement plusieurs
dizaines de milliers de dollars, une grosse somme. Dans un monde idéal, Mme St-Pierre — et
je lui lance le défi — devrait refuser de se faire rembourser les
frais de sa défense par les contribuables. Moi, je suis prêt à payer de ma
poche, car l'intégrité est une vertu cardinale.
La journaliste Annabelle Blais de La Presse
a épluché tous mes comptes de dépenses pendant toutes mes missions. Elle n'a
rien trouvé à redire. Quand j'étais conseiller de M. Parizeau et de M. Bouchard
pendant cinq ans, je sais que les recherchistes libéraux ont beaucoup cherché
une facture mal placée. En vain. Il n'y en avait pas. Je me suis présenté en politique
en août 2012, pour l'indépendance, bien sûr, mais aussi parce que j'estimais
intolérable qu'un gouvernement comme celui de M. Charest, qui avait laissé
croître la corruption, soit réélu.
Alors, s'attaquer à mon intégrité
constitue une offensive frontale sur ce que j'estime essentiel. Entraîner ma
vie familiale dans le débat public est une faute inacceptable. Il faut que les
propos mensongers et diffamatoires de Mme St-Pierre soient sanctionnés. Ce n'est
pas vrai qu'on peut salir une réputation et s'en sauver. C'est le combat que je
vais mener. Maintenant, Sandrine voudrait vous dire quelques mots.
Mme Perrot (Sandrine) :
Bonjour. Si je suis exceptionnellement ici aujourd'hui, c'est parce que c'est
notre vie privée, notre vie familiale qui a été mise sur la place publique
cette semaine par la ministre pour porter de fausses accusations contre
Jean-François, et donc il me semblait d'abord important d'être à ses côtés et
de le soutenir dans ce dossier, qui vise à mettre en doute son intégrité et sur
lequel je le sais irréprochable. C'est vraiment un point sur lequel
Jean-François est très vigilant. C'est aussi une valeur à laquelle je tiens
beaucoup, et ni lui ni moi n'aurions accepté que des fonds publics soient
utilisés pour notre vie privée. Et puis je tenais à dire aussi, et peut-être
surtout, en tant que mère, que je suis profondément choqué que notre vie
familiale ait pu être utilisée à des fins purement politiciennes.
La ministre a dit des faussetés, elle a
mis notre famille sur la place publique sciemment, en espérant des gains
politiques et sans égard, sans respect pour notre couple, pour notre famille,
pour nos enfants. Elle a sous-entendu, par ses questions, que notre vie privée
pouvait être répréhensible d'une façon ou d'une autre. Elle ne l'est pas. Ce
sont des accusations gratuites, et pour ça il me semble que se rétracter ou
nous présenter ses excuses est vraiment la moindre des choses. Merci.
Le Modérateur
: Donc,
merci, Mme Perrot. Merci, M. Bédard, M. Lisée. Donc, on irait avec la période
de questions. Une question et une sous-question, s'il vous plaît. Alors, on va
débuter par le micro de gauche. Mme Prince, TVA.
Mme Prince (Véronique)
:
Bonjour, M. Lisée, Mme Perrot, Stéphane Bédard. M. Lisée, je voudrais savoir,
pour ce qui est des escales, parce que j'ai voulu poser la question à Mme
Chevalier hier, mais elle n'a pas retourné notre appel. Alors, je vais vous
reposer cette question-là. Pour ce qui est des escales que vous avez faites en
France, est-ce qu'il a pu y avoir un sou de déboursé par les contribuables?
Est-ce qu'il y avait, par exemple, un chauffeur du délégué qui était emprunté?
Est-ce qu'il y avait du personnel politique qui pouvait vous attendre et qui
était payé en attendant que vous veniez les rejoindre à la mission?
M. Lisée
: Alors, je
vous remercie de la question. Alors, je dépose aujourd'hui une série de
documents qui donnent toutes les dates, chacune des missions, les résultats de
chacune des missions. Et voici comment ça se passe. Lorsque je faisais une
mission en France, évidemment, c'était normal. Lorsque j'allais en Afrique… En
Afrique, on passe toujours par Paris. Alors, on est passés par Paris. Lorsque
j'allais en Chine et au Japon, j'ai posé la question. J'ai dit : Est-ce
que ça coûte plus cher d'aller par Paris que non? Pour le Japon, on m'a dit :
C'est le même prix. Pour la Chine, on m'a dit : C'est 2 000 $ de
moins, 2 000 $ de moins. Dans un cas, je suis allé à Londres et j'ai
dit : Est-ce que ça coût plus cher? Moi, j'irais à Londres, je ferais ma
mission. Je prendrais le train pour Paris, que je paierai, puis je reviendrais
de Paris. Est-ce que c'est plus cher? On dit non. J'ai dit : Si c'est plus
cher, je vais payer. On dit : Non, c'est le même prix. Alors, à chaque
fois… D'ailleurs, à la délégation, ils commençaient à me trouver un peu
fatiguant avec ces questions-là, parce que je répétais constamment ça. Alors,
lorsque j'étais à Paris et que je voulais me rendre à Chartres, parce que la
maison, elle est à Chartres, à une heure et demie de Paris, je disais : Est-ce
que le chauffeur est disponible? Si oui, est-ce que je peux l'utiliser, et
facturez-moi tous les frais; ce qu'ils ont fait, ce que j'ai remboursé. Lorsque
le chauffeur n'était pas disponible, je prenais mon billet de train et j'y
allais tout seul. Tout seul. La portion privée, elle est seule, hein, je n'ai
pas besoin de personne, je n'ai pas besoin d'attaché politique, ou de garde du
corps, ou de quoi que ce soit lorsque je vais rejoindre ma famille en France.
Et ce qui est extraordinaire... Et si vous
me posez la question... Parce que vous ne le savez pas, vous ne le savez pas parce
que la ministre qui vous a parlé n'avait rien à vous donner. Mais c'est extraordinaire,
pour une ancienne journaliste, en plus. Aller à la télé sans preuve, vous ne
feriez pas ça. Aucun d'entre vous ne ferait ce que Christine St‑Pierre a fait :
vous présenter devant une caméra, faire des accusations sans la moindre preuve.
Vous seriez virés. Vous seriez virés, comme journalistes, si vous aviez fait ce
que Christine St‑Pierre a fait la semaine dernière.
Mme Prince (Véronique)
:
Ma deuxième question : N'était-il pas prévisible que ça viendrait à un
moment donné sur la place publique? Si vous inversez les rôles, et que vous
vous mettez à la place de Christine St‑Pierre, et que vous vous apercevez que
votre prédécesseur, il a eu quelques escales comme ça, est-ce que vous-même
n'auriez-vous pas entamé des vérifications sur le prédécesseur? Et,
éventuellement, il y a quand même toujours des chances que ça devienne public.
Vous savez comment ça fonctionne. Donc, à ce moment-là, est-ce que vous
n'auriez pas été plus prudent de prendre l'initiative de dire... de l'annoncer
vous-même?
M. Lisée
: Moi, mon
intégrité, elle est sans faille. J'ai prêté un serment, O.K.? Et donc je
présume de l'intégrité de tous. Je n'ai pas fait de vérification pour mes
prédécesseurs, je présume de leur intégrité.
Quand j'ai fait les crédits de l'année
précédant notre élection, j'ai posé des questions, les fonctionnaires m'ont
donné des réponses. Je n'ai pas cherché, mais j'ai vu qu'il n'y avait rien qui
méritait qu'on s'y attarde sauf la double comptabilité qu'on avait trouvée sur
les missions. Ça, évidemment, on les a trouvées, mais ce n'était pas
l'intégrité d'une personne en particulier. Je ne rentre pas là-dedans en
détail, mais ce que... Enfin, ma réponse, c'est : Je ne pouvais pas
présumer du caractère activement malveillant de Christine St‑Pierre. Non, on ne
pouvait pas présumer qu'un ministre qui doit représenter les relations
internationales du Québec prenne la décision de dénigrer son propre ministère
en faisant des interventions publiques sur le fait qu'il y aurait peut-être, se
pose-t-elle la question, des missions bidon. Non. C'est à l'extérieur du sens
de l'État. Je veux dire, c'est une opération qui est répugnante.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Martin Ouellet de LaPresse canadienne.
M. Ouellet (Martin)
:
Bonjour. Est-ce que vous me...
M. Lisée
: Oui, oui.
M. Ouellet (Martin)
:
Bonjour, madame. Bonjour. Vous reconnaissez donc qu'il y avait quand même une
partie privée, une partie personnelle, lors de vos fréquents passages dans la
capitale...
M. Lisée
: Je l'ai
toujours dit, et c'est le cas de beaucoup de ministres, ou de gens d'affaires,
ou de journalistes qui vont à l'étranger en mission et qui ensuite prennent quelques
jours. C'est une pratique courante…
M. Ouellet (Martin)
: D'accord.
Et vous avez utilisé les services du chauffeur. C'est ce que je comprends?
M. Lisée
: Quand j'ai
utilisé les services du chauffeur, j'ai remboursé la totalité des frais.
Lorsqu'il n'était pas disponible, je prenais le train.
M. Ouellet (Martin)
: Est-ce
qu'on a des documents là-dessus qui nous démontrent que vous avez remboursé ces
frais-là, juste au niveau technique?
M. Lisée
: Oui.
M. Ouellet (Martin)
: Et
c'est quand, vous avez remboursé ces frais-là?
M. Lisée
: Ces documents-là,
si Mme St-Pierre ne se rétracte pas, on les déposera pendant la poursuite.
M. Ouellet (Martin)
: Vous
n'avez pas l'intention de le faire tout de suite?
M. Lisée
: On les
rendra publics. Écoutez, elle n'avait aucun document, aucun, O.K.? C'est elle
qui fait l'accusation. Moi, je vous dis : Je peux faire la démonstration
très facile, ma carte de crédit, un transfert bancaire, etc., que, dans des
délais courts, lorsqu'on m'a présenté une facture, je l'ai réglée.
M. Ouellet (Martin)
: Et
ça représentait quel montant, toutes ces dépenses personnelles là qui ont pu
être facturées par le MRI?
M. Lisée
: Bien,
écoutez, il y a un billet de train de Londres, etc. Je n'ai pas fait le calcul,
là.
M. Ouellet (Martin)
: Et
tout ça, c'est payé?
M. Lisée
: Tout ça,
c'est payé. Évidemment que c'est payé.
Journaliste
: Mais il
faut se fier à votre parole parce que vous n'avez rien à nous donner
aujourd'hui pour…
M. Lisée
: Écoutez, tu
sais, c'est comme le fameux journaliste qui dit : Quand avez-vous cessé de
battre votre femme? Tu sais, c'est au journaliste de faire cette démonstration.
Alors là, il y a une accusation qui est portée. C'est la parole de Mme
St-Pierre, qui n'est pas très bonne, qui a des antécédents, sans preuve. Elle
porte des accusations sans preuve.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche. Louis Gagné, QMI.
M. Gagné (Louis) : Bonjour, M.
Lisée, madame, M. Bédard. M. Lisée, vous réfléchissez depuis quelques semaines
à la possibilité de vous lancer dans la course à la direction de votre parti.
Sachant qu'une telle course donne parfois lieu à certains coups bas, des
échanges d'information entre les différents camps, est-ce que ça pourrait
modifier votre réflexion un peu ou refroidir votre ardeur éventuellement pour
vous présenter après ce que vous avez vécu ces derniers jours?
M. Lisée
: Bien, ça, la
réflexion, on la partage ensemble, on est en train de la faire. Elle n'est pas
terminée. Et ce n'est pas la malveillance d'une ministre libérale qui va y
changer quoi que ce soit.
M. Gagné (Louis) : Et est-ce
que vous croyez… Bon, vous dites que… vous l'accusez de salissage, d'avoir
voulu nuire à votre réputation. Est-ce que c'est à un futur candidat à la
direction, peut-être un futur chef, d'après vous, qu'elle s'en prenait ou…
M. Lisée
: Vous savez,
elle s'en est prise à un poète, elle s'en est prise à la première ministre,
alors je ne pense pas que j'aie un traitement spécial. C'est dans sa nature.
M.
Bédard
: Puis
permettez-moi de vous dire qu'on n'est pas non plus dupes, là, ou naïfs. On
connaissait le contexte où le gouvernement est encore pris, après quelques
mois, avec des problèmes éthiques majeurs. Alors, de tenter de détourner l'attention
par rapport à des affirmations qui étaient fausses, c'était une bonne… une
mauvaise façon… peut-être une bonne façon libérale, mais une mauvaise façon de
sortir du guêpier dans lequel ils sont actuellement. Donc, on voulait être
clairs, transparents, comme M. Lisée l'a été aujourd'hui avec Sandrine. Puis ce
qu'on souhaite maintenant, c'est que le gouvernement ait un début de franchise
par rapport à ce qui se passe avec le cas de M. Bolduc.
Le Modérateur
: Merci.
Simon Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon)
:
Bonjour, M. Lisée. Vous dites que vous avez demandé à ce qu'on vous facture lorsque
le chauffeur a été utilisé. Est-ce qu'il est arrivé qu'on ne vous facture pas?
À votre connaissance, est-ce qu'il est possible que le délégué, à un moment ou
à un autre, ait décidé de dire : Non, ça, on laisse passer? Est-ce que ça
peut arriver?
M. Lisée
: Écoutez, le professionnalisme
des gens du ministère des Relations internationales, c'est remarquable, leur
énergie, c'est remarquable. Alors, non, je suis sûr que tout a été facturé, parce
que ces gens-là sont très éthiques, ils savaient que j'étais très vigilant sur
l'éthique, et il ne fallait pas en laisser passer une.
Et je vais dire une chose, là, pendant que
Mme St-Pierre dénigre le ministère des Relations internationales, une chose qui
est peu connue, là, c'est que pour chaque dollar qu'on investit — quand
j'étais ministre des Relations internationales et du Commerce
extérieur — il y a trois dollars d'ententes commerciales qui sont
signées par année. Le rendement du MRI et du Commerce extérieur pour le Québec,
là, c'est du 3 pour 1. En un an, quand j'étais ministre, ces contrats-là ont
créé 2 500 emplois au Québec. Ça veut dire qu'il y a à peu près 600
fonctionnaires au MRI qui créent chaque année à peu près 2 500 emplois. C'est
ça qu'il faut dire aux gens quand on est ministre des Relations
internationales, ce n'est pas dénigrer les missions ou l'organisation des
missions.
M. Boivin (Simon)
: Vous
avez dit que M. Arcand était allé de façon plus fréquente que vous…
M. Lisée
: Oui.
M. Boivin (Simon)
: Est-ce
que vous avez les chiffres? Est-ce que vous pouvez nous donner…
M. Lisée
: Il est allé
six fois. En 18 mois, il est allé six fois en France. Moi, je suis allé cinq
fois.
M. Boivin (Simon)
: Pour
six missions à Paris ou six missions en escales?
M. Lisée
: En France,
en France, sans escale. Je n'ai pas compté les escales. C'est ridicule de
compter les escales. Vous imaginez! Vous mettriez ça dans un papier : M.
Arcand est allé neuf fois en France parce qu'il est allé en Afrique et il est
passé par Paris. Ça ne vous traverserait pas la tête de dire une chose
pareille.
M. Boivin (Simon)
: Et
on comprend que si Mme St-Pierre se rétracte, il n'y aura pas de poursuite.
M. Lisée
: Si la
rétractation est à ma satisfaction, si elle fait des excuses auprès de ma
famille, il n'y aura pas de poursuite.
Le Modérateur
: Merci.
M. Robitaille du Devoir.
M. Robitaille (Antoine)
:
En dévoilant la double comptabilité que vous prétendez qui existe, là, au ministère,
n'avez-vous pas vous-même, en premier, dénigré votre ministère?
M. Lisée
: Bien non, parce
que j'ai bien dit que les fonctionnaires avaient fait ça à leur corps défendant,
que ça avait été une décision du chef de cabinet du ministre libéral de
l'époque, et que les fonctionnaires avaient été très catastrophés de ça, et c'est
pour ça qu'ils nous l'ont dit. Et je ne l'ai pas prétendu, je l'ai démontré et
j'ai bien montré les fausses factures. Il y avait une vraie facture pour le remboursement
par le Conseil du trésor et il y avait une fausse facture pour mentir aux
journalistes et pour mentir aux parlementaires, aux crédits. Et nous, on a
rétabli la réalité. Alors, c'était mon devoir de ministre et de transparence de
dire qu'on allait corriger cette situation-là, et les fonctionnaires en étaient
très contents.
M. Robitaille (Antoine)
:
Est-ce qu'il n'y a pas des fonctionnaires à l'interne qui peuvent se sentir
accusés de complicité là-dedans et qui peuvent vouloir vous remettre la monnaie
de votre pièce?
M. Lisée
: Ils étaient
très… Non, ça ne vient pas des fonctionnaires. C'est une commande politique de
Mme St-Pierre, c'est très clair. Et comme vous le savez aussi, il n'y a pas de ministre
qui font des sorties sans l'aval du bureau du premier ministre. Alors, on est
dans le politique, là.
Le Modérateur
: Merci.
Le micro de droite, Gilbert Lavoie, du Soleil.
M. Lavoie (Gilbert)
:
Oui, bonjour, M. Lisée. Vous savez, la majorité des poursuites en diffamation
se terminent en règlement à l'amiable, dont on ne connaît pas la teneur. Est-ce
que vous avez l'intention, si vous devez engager une poursuite, à vous rendre
d'une intention ferme jusqu'à une décision du tribunal?
M. Lisée
: Bien, moi,
qu'il y ait une entente ou une décision, je veux que publiquement Mme St-Pierre
admette qu'elle a dit des faussetés.
M. Lavoie (Gilbert)
:
Donc, il n'y aura jamais d'entente à l'amiable si elle n'accepte pas de dire
publiquement qu'elle a dit des faussetés?
M. Lisée
: Ah! C'est
clair. Enfin, c'est clair. Tu sais, elle a causé un dommage public, alors il
faut qu'il y ait une réparation publique.
M. Lavoie (Gilbert)
:
Merci.
Le Modérateur
: Merci. Du
côté gauche, Jacques Létourneau, du Huffington Post.
M. Létourneau (Jacques) :
Bonjour, M. Lisée. Est-ce que j'ai compris que le garde du corps ne vous
suivait pas à Chartres?
M. Lisée
:
Effectivement.
M. Létourneau (Jacques) :
Donc…
M. Lisée
: En fait…
M.
Bédard
:
…trésor.
M. Lisée
: Oui, le
Conseil du trésor a refusé. Mais non, quand on est à l'étranger, lorsqu'il y a
un problème de sécurité, c'est la police locale qui nous suit. C'est arrivé à
New York ou… etc., bon, ils sont très tatillons. Mais, sinon, en France, moi,
je n'ai jamais eu de garde du corps avec moi.
M. Létourneau (Jacques) :
Donc, pas du tout en France,
M. Lisée
: Pas du tout.
M. Létourneau (Jacques) : Ni
à Paris ni à Chartres?
M. Lisée
: Non, non,
sauf lorsque la première ministre était là, bien sûr, pour sa sécurité à elle,
oui.
M. Létourneau (Jacques) :
Parfait, merci.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lisée
: Et puis
Sandrine est ceinture marron de karaté.
Le Modérateur
: Nicolas
Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas)
:
M. Lisée, si jamais on découvre des choses à la suite de vérifications
additionnelles et que Mme St-Pierre arrive avec certaines preuves, vous
engagez-vous à rembourser ces sommes-là au ministère?
M. Lisée
: Bien, j'ai
tout remboursé. Ça n'arrivera pas. Je veux dire, si ça existait, on le saurait.
Pensez-vous que, si Mme St-Pierre avait la moindre preuve, elle l'aurait
donnée? L'étude des crédits au MRI, ça s'est fait à la mi-juin. Elle a posé des
questions à la mi-juin. S'il y avait des preuves, elle les aurait eues dans les
jours qui… Moi, quand je demandais quelque chose au ministère des Relations
internationales, en 24 heures, je l'avais, en 24 heures. Alors, c'est sûr que
ça n'existe pas.
M. Vigneault (Nicolas)
:
Mais pourquoi ne savez-vous pas combien vous avez remboursé? Vous dites :
J'ai tout remboursé, mais vous ne savez pas combien.
M. Lisée
: Bien, j'ai
remboursé à mesure, à mesure.
M. Vigneault (Nicolas)
:
Vous devez avoir une idée…
M. Lisée
: Écoutez, là,
si vous voulez… Regardez, elle a fait les accusations vendredi. On est mardi,
O.K.? Au procès, s'il y a procès, je ferai sortir toutes mes cartes de crédit
puis je ferai tous les trucs, là.
M.
Bédard
:
C'est comme vous demander, si vous avez un compte de dépenses : Ça a été
quoi dans le dernier mois? Vous, comme journaliste, vous avez rencontré
quelqu'un. Écoutez, c'est évident. Et, si quelqu'un… s'il y avait même
simplement une rumeur à l'effet que de l'argent public aurait servi à des fins
personnelles, c'est évident que le Conseil du trésor aurait eu cette rumeur-là
pour une période de 18 mois. En aucun temps, en aucun temps — et je
suis assez bien placé pour vous le dire — on n'a remis en doute les
dépenses du ministère, de quelque nature qu'elles soient.
Donc, je suis très bien placé pour vous
dire que ces accusations sont malveillantes, dans un but de nuire, à une fin
qui est purement politique : c'est celui de distraire. Imaginez-vous, lors
de l'étude des crédits, pendant les deux heures que les libéraux ont des
questions, s'il y avait eu une seule vraie accusation, elle aurait été portée
par les députés libéraux à l'époque, qui, souvent, vont faire la plante verte
lors de l'étude des crédits. Alors, ce n'est pas vrai qu'on va tomber dans le
stratagème du gouvernement libéral, qui est pris, encore une fois, avec un
problème éthique important sur les bras et il ne sait plus quoi faire pour s'en
sortir. Il est allé jusqu'à attaquer la famille d'un politicien puis d'un homme
qui a une carrière politique, mais une carrière aussi au service de la société.
De tomber aussi bas, je ne pensais pas avoir l'occasion de vivre ça, là, du
temps de ma vie politique.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche, merci de vous présenter.
Mme Wheeler (Marika) : Marika Wheeler, CBC. Can I ask you to explain what you're
announcing today, please?
M. Lisée
: As you know, I spent a good part of my life in journalism, as an
advisor to two premiers and, for 18 months, as Minister for International
Affairs and External Trade. I gave it my best, I always worked for the benefit
of Québec. Integrity issues
have been part of the… Integrity issues have been causes that I've championed
over the years and, of course, have been at the core of my willingness to be in
the public domain.
Last week, a Liberal
Minister decided to show up in front of reporters without any document, without
any proof and to cast doubt on my integrity related to my family life. It is
unacceptable, she made statements that are flat wrong on the facts. She said I
was 11 times in missions to France and I only had France in mind as a Minister.
I went five times in missions to France, five times for the United States and
six times elsewhere. In fact, one of her colleagues, Pierre
Arcand, went more times in missions in France for a
similar period than I.
And then, she said I went
one day for a mission and four days for a private stay. That's a figment of her
imagination. Again, no corroborating evidence on her part. And she's trying to
compound stopovers that I made in Paris to go to Africa or China or Japan to
say that these missions may not have been pertinent.
They netted 110 million dollars in contracts for Québec companies, these
missions with stopovers in Paris, because you have to stop over somewhere, and
in each instance, I asked if there was more costs. In fact, there were none. In
fact, it was less expensive to go to China through Paris, maybe at that time of
year or that day, I don't know, than it would have been to go through
Vancouver. And, in fact — I didn't say that in French — in
fact, my family helped the government to save money, because twice I came back
with my family on economy…
Une voix
:
Yes.
M. Lisée
:
Yes — on the economic side of the plane, so
it was less costly than what really is granted a minister. On one of these planes, they didn't understand why the minister was in the economic class, and not
in business class.
So, you know, it's
insulting, it's insulting to my family. As I explained, Sandrine and I met in Montréal. She's a researcher, specialized in
Africa. She's doing research. We decided to live together, to have children.
And then she was offered one of the best jobs she could have in her field at
Sciences Po Paris, and so we decided to try to make this work and still have a
family by crossing the Atlantic with no cost to the public before I was a minister, after I'm a minister. So, this, you know, to have our
family life brought into the public debate, again without any proof of any
sort, is unacceptable.
So I'm asking the minister to issue a full retractation... Is
that a word?
Mme Wheeler (Marika) : Retract her statements.
M. Lisée
: So, I'm asking the minister to fully retract her statements by this time next year... Next
year! I'm sorry. I'll do that again. So, I'm asking the minister to make a full... to retract fully her statements by this
time next week and to issue an apology to my family, barring which I will start
a suit for defamation, slander.
Mme Wheeler (Marika) :You mentioned this to my colleague in
French, but how serious of an apology do you need? Because you seem to say that
you have to deem the apology to be fulfilling to...
M. Lisée
:
Well, I saw the apology she wrote for Fred Pellerin, when she slandered him,
and that's not good enough because she basically reiterated what she had said
the first time. So, it has... I'll know it… You'll know it when you see it, if
it's a real retraction or not.
Mme Wheeler (Marika) :
Mme Perrot, can I ask you why it was important for you to come today?
Mme Perrot (Sandrine) : Well, if I'm here today, that's because this is our private life,
our family life that was in the public sphere, just to attack in public the
reputation of Jean-François. And so it seemed important to me to be with Jean-François
today on this issue of integrity, on which I know that he's really beyond
reproach. And I also really wanted to say that I was shocked that my family
could be used for political purposes. And so I think
it's really necessary, for the minister, just to retract and to present an
apology to our family.
Mme Wheeler (Marika) :
Thank you.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup, mesdames et messieurs. Bonne journée.
(Fin à 10 h 36)