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Point de presse de M. Bernard Drainville, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie, de ressources naturelles et de développement nordique et de M. Sylvain Gaudreault, porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement durable et d'environnement

Version finale

Wednesday, September 10, 2014, 14 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures trente et une minutes)

M. Gaudreault : Alors, bonjour à tous et à toutes. Ça nous fait extrêmement plaisir de vous rencontrer aujourd'hui. Bernard et moi, on voulait vous rencontrer pour vous faire part de ce que nous demandons aujourd'hui au ministre de l'Environnement, du Développement durable et de la Lutte aux changements climatiques, M. Heurtel. Nous lui demandons de faire cesser immédiatement les travaux de TransCanada Énergie à Gros-Cacouna et à Saint-Augustin. Nous lui demandons cela parce que nous considérons que ces projets, ces travaux sont absolument désastreux pour l'environnement. D'une part, vous savez qu'il y a un habitat extrêmement fragile, crucial et important pour les bélugas à la hauteur de Gros-Cacouna et vous savez qu'à la hauteur de Saint-Augustin il y a une réserve faunique absolument unique qui est préservée, une réserve naturelle. Alors, nous lui demandons de faire en sorte de cesser immédiatement ces travaux, d'autant plus que ces travaux ont été autorisés par le ministre sans avis scientifique solide, ce qui est quand même assez incroyable et inquiétant.

Je vous rappelle également que le ministre a autorisé ces travaux avant même, avant même de mandater un BAPE général sur l'ensemble du projet. Alors, nous, vous vous souvenez, en Chambre, là, on a entendu à satiété le ministre Heurtel nous dire qu'il voulait une approche cohérente, globale, intégrée. Il l'a dit en choeur avec son collègue Arcand. Alors, d'autoriser les travaux à Gros-Cacouna et à Saint-Augustin, c'est tout le contraire. C'est tout le contraire. C'est une approche incohérente, une approche contradictoire avec ce que le ministre nous avait dit.

Donc, nous demandons la fin immédiate des travaux, la publication des études de Pêches et Océans Canada sur l'habitat des bélugas et les études de Pêches et Océans Canada sur le dossier. Nous demandons au ministre de mandater, de façon urgente, le BAPE sur le projet général, un BAPE général sur le projet d'oléoduc de TransCanada, tel qu'il s'est engagé à la suite de notre demande et de nos pressions en commission parlementaire avant l'été.

Nous lui demandons également, et ça, c'est extrêmement important, de nous fournir toutes les assurances que les lois et les règlements du Québec sont respectés dans ce projet-là. Parce que, s'il n'est pas capable d'empêcher TransCanada de faire les travaux, s'il s'en remet à la compagnie, d'une part, et si, ultimement, il ne s'en remet qu'à la décision de l'Office national de l'énergie du Canada, ça, vous savez ce que ça veut dire. Ça veut dire que nous ne sommes pas maîtres de ce qui se passe sur notre territoire au Québec, et ça, c'est extrêmement préoccupant et c'est extrêmement inquiétant.

Bernard.

M. Drainville : Dans le fond, la question fondamentale qui se pose, c'est : Quel est l'intérêt du Québec puis quel est l'intérêt des Québécois dans ce projet-là? Ce que l'on voit jusqu'à maintenant, c'est des risques, des risques environnementaux, Sylvain en a beaucoup parlé. On voit des risques sur le plan de la sécurité également, parce qu'on ne peut pas parler de transport de pétrole bitumineux sur un territoire sans parler des risques qui viennent avec ça. Et on se demande qu'est-ce que le Québec et les Québécois obtiennent en retour. Et il y a une disproportion entre les risques que nous prenons et les bénéfices annoncés jusqu'à maintenant qui n'a pas de bon sens. Cette disproportion-là entre les risques et les bénéfices est tellement grande qu'on ne voit pas pour quelle raison le Québec appuierait ce projet-là et pour quelle raison, donc, le gouvernement du Québec appuierait ce projet-là. Tu sais, quand tu mets dans la balance les avantages puis les inconvénients, c'est comme ça, là. Les inconvénients sont très, très grands, sont très importants, sont très flagrants pour des bénéfices économiques qui, jusqu'à maintenant, sont très aléatoires. Ça, c'est la première chose.

L'autre chose, je pense, qu'il est important de noter, c'est le fait, puis Sylvain l'a évoqué aussi, on a toujours l'impression que c'est l'agenda de TransCanada qui a préséance sur l'intérêt public dans ce dossier-là jusqu'à maintenant. Le ministre, il nous dit : Je vais faire un BAPE sur l'ensemble du tuyau, y compris, donc, Cacouna et Saint-Augustin. Il donne le certificat d'autorisation pour aller de l'avant à Cacouna, il donne le certificat d'autorisation pour aller de l'avant à Saint-Augustin, mais le BAPE qui doit assurer la vision d'ensemble, l'approche globale, intégrée et cohérente n'est même pas encore déclenché.

Ça fait que tu te demandes : qu'est-ce que c'est qui presse Qu'est-ce qui presse dans ce dossier-là? Pourquoi le ministre donne les permis à TransCanada à Cacouna puis à Saint-Augustin? Qu'est-ce qui presse? C'est quoi, la raison pour laquelle il met carrément la charrue devant les boeufs, ou les bélugas, ou la flore, ou la faune? Mais sincèrement, c'est quoi qui presse dans ce dossier-là? Pourquoi est-ce qu'il faut qu'à toutes les fois que TransCanada demande un permis, que le ministre de l'Environnement l'accorde, alors que le BAPE n'est pas convoqué, alors qu'il se targue d'avoir une approche globale intégrée et cohérente?

Moi… enfin, Sylvain puis moi, on travaille sur ce dossier-là depuis une couple de mois, puis, franchement, c'est ça qui nous frappe. C'est cette espèce d'empressement de toujours donner à TransCanada ce qu'elle demande, en contradiction des engagements, en contradiction du mandat qu'il a, comme ministre, de protéger l'environnement, en contradiction de son approche globale intégrée et cohérente et surtout en contradiction de l'intérêt du Québec et des Québécois, en tout cas, tel que démontré jusqu'à maintenant. C'est au gouvernement, à un moment donné, de dire : Bien, voici les intérêts, voici les avantages, voici les bénéfices pour le Québec dans ce projet-là. Jusqu'à maintenant on ne les a pas vus. Puis effectivement on a l'impression de ne pas contrôler ce qui se passe sur notre territoire.

Écoutez, là, je vous rappelle, là, c'est très important, ça, là, là : 1,1 million de barils par jour, le plus gros projet de pipeline en Amérique du Nord actuellement, le seul projet qui avance, alors que Northern Gateway est bloqué par le gouvernement de la Colombie-Britannique, alors que Keystone XL est bloqué par le gouvernement des États-Unis — ça, c'est le pipeline qui descend jusqu'au Texas. Les deux autres grands projets de pipeline, de nouveaux pipelines, prévus pour sortir le pétrole bitumineux de l'Alberta sont arrêtés. Le seul qui progresse, c'est celui qui prévoit la construction d'un oléoduc sur le territoire du Québec.

Écoutez, le gouvernement des États-Unis défend son territoire, le gouvernement de la Colombie-Britannique défend son territoire. Pourquoi est-ce que le gouvernement du Québec ne défend pas le territoire québécois dans ce dossier-là, notre droit de décider, dans le fond, de ce qui passe chez nous, notre droit de décider de notre stratégie de développement économique dans le respect de l'environnement?

Alors, concrètement, c'est ça. Sylvain l'a bien formulé, il faut poser des gestes dès maintenant pour que le gouvernement du Québec nous démontre son sérieux puis rétablisse sa crédibilité sur la question de l'environnement puis, je dirais, plus généralement, dans sa capacité de défendre l'intérêt public dans ce dossier-là.

La Modératrice : On va passer à la période de questions. Les questions se posent au micro. Je vais vous demander de vous identifier, et seules les questions qui portent sur le sujet de la conférence de presse feront l'objet d'une réponse. Donc, en français, micro de gauche.

M. Dutrisac (Robert) : …bon, on reviendra pour les autres questions après, sans doute.

Robert Dutrisac, au Devoir. Ce projet-là ne date pas d'hier. Donc, quand vous étiez au gouvernement, vous deviez avoir des contacts avec TransCanada. Pourquoi vous n'avez pas bloqué formellement le projet à ce moment-là?

M. Gaudreault : Bien, écoutez, TransCanada Énergie a déposé son tracé préliminaire à l'Office national de l'énergie le 4 mars 2014, et on a déclenché les élections le 5 mars 2014. Alors, écoutez, on ne pouvait pas se prononcer sur quelque chose qui n'était pas connu en termes de tracé. Alors, c'est ça dt c'est pourquoi on a interpellé, dès la rentrée parlementaire, je vous le rappelle, à la période de questions. On a fait un travail extraordinaire aussi en collaboration à l'étude des crédits, parce que Bernard était avec le ministre Arcand, moi, j'étais avec le ministre Heurtel, et ensemble on les a fait, tous les deux, se commettre pour un BAPE général sur l'ensemble du tuyau, on va dire, là, qui fait à peu près 700 kilomètres au Québec.

M. Dutrisac (Robert) : Parce que votre gouvernement a donné son appui pour Enbridge, le projet d'Enbridge. Celui de TransCanada, il est différent parce que… simplement parce que c'est un nouveau tuyau. C'est ça?

M. Gaudreault : Bien, c'est une nouvelle infrastructure, d'une part. Deuxièmement, je vous rappelle que, sur Enbridge, on a fait des travaux aussi très transparents en commission parlementaire, où on est avec un rapport avec 18 conditions. Ça, c'est un autre dossier sur lequel on fait un suivi également, pour l'application des conditions sur Enbridge.

Mais on n'est pas dans le même univers, là. Là, on est sur un nouveau projet, un nouveau pipeline, mais on est aussi sur, comme le disait Bernard, un projet qui fait en sorte que le Québec devient, à toutes fins pratiques, qu'une terre d'exportation de pétroles bitumineux de l'Alberta, qui vont transiter, en bout de ligne, par le projet de port de Cacouna et via une autre ligne qui va s'en aller vers le Nouveau-Brunswick. Est-ce que c'est ça qu'on veut comme projet au Québec? Je ne le crois pas. Et il faut que ça se fasse minimalement dans des conditions de transparence, ce qui n'est pas le cas présentement. C'est très dangereux pour l'environnement.

Alors, nous, nous soulevons toute la question de cette capacité du gouvernement Couillard de se tenir debout pour protéger notre capacité de décision sur notre territoire. C'est ça qui est en jeu. On n'est plus maître sur notre territoire, sur ce qui passe sur notre territoire.

M. Dutrisac (Robert) : Mais justement est-ce que ce n'est pas une compétence qui relève essentiellement du gouvernement fédéral? Est-ce qu'on n'est pas devant un dossier qui ressemble à celui de l'aéroport de Neuville, en plus gros…

M. Gaudreault : Bien, écoutez, c'est une excellente question que vous posez. Mais il faut que minimalement nous ayons un gouvernement au Québec qui soit prêt à affirmer la position du Québec là-dessus et à la défendre. Et là, là, on est face à un gouvernement qui n'a même pas mandaté le BAPE, qui n'a même pas mandaté le BAPE. Le ministre a pris l'engagement devant nous avant l'été. On est rendus à la rentrée, à la mi-septembre, il n'y a toujours pas de mandat au BAPE. Alors, ce qui risque d'arriver, c'est que le temps que le BAPE fasse son travail… parce que l'autre affaire c'est qu'on veut un BAPE qui va se promener, qui va être itinérant, parce que le projet de pipeline, là, il est sur 700 kilomètres. On a été sensibilisés par notre collègue de Berthier, à Lanoraie entre autres, sur des très grandes préoccupations sur la préservation du territoire. Il faut que le pipeline... il faut, c'est-à-dire, que le BAPE se déplace là où le pipeline va passer. Et là, présentement, ce qui risque d'arriver, c'est que le temps que le ministre se réveille, décide enfin de mandater le BAPE à la suite de nos demandes, bien, on va arriver avec un rapport du BAPE après la décision de l'Office national de l'énergie. C'est absolument inacceptable, et il faut que le gouvernement se tienne debout là-dessus.

M. Dutrisac (Robert) : Est-ce que le gouvernement, justement, ne veut pas éviter une autre chicane avec le fédéral, compte tenu... il se présente résigné devant des compétences qu'il n'a pas, là, essentiellement?

M. Gaudreault : Ah oui! Bien là, écoutez, c'est justement de l'aplaventrisme. C'est de l'aplaventrisme. Il faut que le gouvernement affirme haut et fort que la compétence en matière d'environnement, ultimement, ça relève d'une décision des Québécois, du gouvernement du Québec, de l'État du Québec. Il faut le dire et il faut l'affirmer. Et nous, c'est ce qu'on plaide. C'est du nationalisme environnemental, c'est de la souveraineté verte, appelez-la comme vous voulez, mais c'est certainement la capacité du Québec de dire haut et fort ce qu'il veut sur son territoire en matière d'environnement.

La Modératrice : Gilbert Lavoie.

M. Lavoie (Gilbert) : C'est normal que l'opposition soulève des questions, là, sur le comportement du gouvernement, mais ma question est un peu dans le même sens que celle… que Robert, finalement. C'est qu'au fond ce que vous mettez en cause, là, il y a le tracé, bien sûr, mais c'est la question du pétrole des sables bitumineux de l'Alberta. Or, on avait l'impression, lorsque vous étiez au pouvoir, que ce projet-là pourrait aller de l'avant de toute manière. Est-ce que cette impression-là était fausse? Vous en avez discuté au cabinet.

M. Gaudreault : Oui, votre impression était très fausse, parce que, comme je vous dis, on a eu... le tracé préliminaire a été déposé par la compagnie le 4 mars. L'élection a été déclenchée le 5 mars, alors...

M. Lavoie (Gilbert) : Je m'excuse, mais je ne parle pas de tracé ici, mais je parle d'accueillir le sable bitumineux de l'Alberta sur le territoire du Québec, en  direction de l'Est. C'est ça qui est fondamentalement en cause, pas seulement le tracé.

M. Gaudreault : Oui, mais là, ça, c'est un autre enjeu, là, présentement avec TransCanada. On parle aujourd'hui de TransCanada. En ce qui concerne Enbridge, vous savez très bien qu'on a fait une commission parlementaire où on est arrivés avec un rapport avec 18 conditions qui doivent être respectées et on va faire un suivi de ça. Mais là ce dont on parle, c'est un autre projet d'une envergure qui est différente. Et ça, c'est profondément questionnant.

Et effectivement vous avez raison de dire une chose, c'est que ce projet-là incarne bien les limites de la constitution en ce qui concerne la capacité du Québec d'affirmer ses pouvoirs sur son territoire en matière environnementale.

La Modératrice : Alain Laforest.

M. Laforest (Alain) : M. Drainville, M. Gaudreault, si je me souviens bien, Mme Marois, à son premier Conseil de la fédération avec Mme Redford, n'avait pas appelé un comité à travailler pour amener le sable bitumineux vers le Québec.

M. Gaudreault : Bien, elle avait convenu avec la première ministre de l'Alberta de séances de travail ou de comités de travail, ça, oui, mais...

M. Laforest (Alain) : ...favorables?

M. Gaudreault : Bien, non, ça ne veut pas dire qu'on est favorables. Ce qu'on vous dit justement, c'est qu'on est face à un projet où, là, le Québec ne peut même pas dire son mot parce qu'ultimement c'est l'Office national de l'énergie du Canada qui va décider et qui décide déjà, qui donne déjà des autorisations. Même la compagnie TransCanada Énergie a dit : Moi, je veux bien qu'il y ait un BAPE, mais, en bout de ligne, c'est l'Office national de l'énergie qui va trancher, puis je m'en remets à l'Office national de l'énergie. C'est complètement différent de ce qu'on a toujours dit, de ce qu'on a toujours plaidé. Jamais le Parti québécois et jamais le Québec ne doit renoncer à son pouvoir de décider de ce qui se passe sur son territoire.

M. Drainville : Ultimement, là, c'est quoi, l'intérêt du Québec dans ce projet-là? Y a-tu quelqu'un qui va répondre à cette question-là, à un moment donné? Si le gouvernement du Québec tient à ce projet-là, puis visiblement il y tient parce qu'il court-circuite son propre processus environnemental en émettant des permis à la compagnie avant même d'avoir créé le BAPE, ça doit être qu'il y tient un peu, à ce projet-là, et visiblement les libéraux y tiennent. D'ailleurs, ils ne se cachent pas pour dire qu'ils ont un préjugé favorable. M. Arcand dit : On est pour, à certaines conditions, mais on est pour. Alors, O.K., vous êtes pour. Vous êtes pour pour qui? Vous êtes pour parce que c'est bon pour TransCanada ou vous êtes pour parce que c'est bon pour le Québec? Bien, si c'est bon pour le Québec puis si c'est bon pour les Québécois, on peut-u entendre les arguments? On peut-u savoir c'est quoi, les avantages? C'est quoi, les bénéfices pour le Québec puis les Québécois dans cette affaire-là? C'est à eux autres de nous le dire, ça, comme gouvernement du Québec, tu sais.

M. Gaudreault : On ne les connaît pas.

M. Drainville : Bien, ils sont où, ces arguments-là? Ils sont où, les chiffres? Ils sont où, les bénéfices? Moi, tout ce que je vois actuellement, là, je vois un gouvernement qui donne raison à TransCanada, qui donne des permis à TransCanada, qui annonce toutes sortes de contrôles puis de processus, mais qui ne les met pas en marche. Puis, tu sais, c'est le plus gros projet de pipeline en Amérique du Nord, 1,1 million de barils par jour de pétrole lourd qui va passer sur notre territoire comme sur une autoroute. Puis nous autres, on va avoir quoi, en échange, les Québécois? On va rester pris avec les dégâts si jamais il y a un déversement? C'est-u ça? C'est ça, le deal?

Puis soit dit en passant, là, un pipeline comme celui-là, et je suis très bien renseigné, une fois qu'il est construit, il peut durer très, très longtemps. On n'est pas dans du 30, 40 ans, là, on est dans un pipeline qui pourrait durer très longtemps, s'il est bien maintenu, s'il est bien entretenu. Ça fait que cette décision-là qu'on s'apprête à prendre, là, on va vivre avec longtemps. Alors, est-ce qu'on veut que le Québec devienne, au jour d'aujourd'hui, la principale porte pour sortir le pétrole bitumineux de l'Alberta puis de la Saskatchewan, mais surtout de l'Alberta, dans les Amériques? C'est-u ça qu'on veut? On veut que le Québec devienne la principale porte de sortie du pétrole bitumineux de l'Alberta pour le désenclaver, pour le sortir de là où il est parce que la Colombie-Britannique ne veut rien savoir d'un pipeline qui passerait chez elle puis les Américains non plus? Cristi! Moi, je trouve que c'est un méchant choix de société auquel on est confrontés, là. Ça fait qu'on peut-u avoir les arguments? Parce que, pour le moment, là, tout ce qu'on voit, c'est les désavantages. Moi, les avantages, les bénéfices, ils sont franchement assez modestes jusqu'à maintenant, surtout si tu les calcules sur une longue durée de temps.

Je veux bien croire qu'il y a des jobs qui vont être créées au moment de la construction. Ça, c'est un fait, il ne faut pas nier ça. Il y a des beaux emplois qui vont être créés au moment de la construction, mais la construction va durer deux, trois ans. Après ça, là, 1,1 million de barils qui passent sur son territoire à tous les jours, pour quoi en échange?

M. Laforest (Alain) : Restons dans le domaine maritime, M. Gaudreault. On n'a pas eu l'occasion de vous entendre ce matin, M. Aussant a comparé le Parti québécois au Costa Concordia.

Une voix :

M. Laforest (Alain) : Bien, je pense que M. Gaudreault va répondre.

M. Gaudreault : Mon intention… M. Gaudreault, là, son intention, c'est de parler du pipeline de TransCanada aujourd'hui, point, et je m'en tiens à cela.

La Modératrice : Michel Corbeil.

M. Corbeil (Michel) : Quel est le principal problème? Est-ce que c'est l'importation de pétrole bitumineux ou les rejets de gaz à effet de serre?

M. Gaudreault : Bien, c'est ça, c'est à la fois l'importation, les risques sur les gaz à effet de serre, les risques sur la sécurité publique en cas de fuite parce qu'il y a un endroit, là, à la hauteur, justement, de Saint-Augustin, où il va traverser le fleuve, alors, c'est quand même… ce n'est pas rien. Alors, risques sur l'environnement, risques sur la sécurité publique en cas de fuite. Il y a également la compétence du Québec. Il y a les gaz à effet de serre. Vous avez vu, il y a deux études, là, dont PricewaterhouseCoopers, qui a sorti une étude hier, une autre également de l'Organisation mondiale de la santé sur les changements climatiques, l'appel pressant aux élus de partout à travers le monde de prendre des positions. Et là on est en train d'autoriser, par la porte d'en arrière, un projet en plusieurs pans différents : une autorisation pour Saint-Augustin, une autorisation pour Gros-Cacouna, le BAPE va arriver plus tard, l'évaluation environnementale stratégique à travers ça, l'Office national de l'énergie. Puis, à travers toutes ces failles-là, TransCanada se glisse et réussit à avoir ces autorisations sans vision.

Alors, nous, ce qu'on dit, c'est : Avec tout ce portrait-là, avec tous les risques que vous évoquez, il faut absolument qu'on mette un holà, et c'est ce que nous demandons au ministre de faire aujourd'hui.

M. Corbeil (Michel) : Vous réclamez un BAPE sur ce projet-là. Pourquoi vous avez…

M. Gaudreault : On ne le réclame plus, hein? On l'a obtenu, le ministre nous a dit qu'il allait le faire. Alors, on ne comprend pas qu'il n'ait pas encore mandaté le BAPE.

M. Drainville : Et il l'a confirmé, en passant. Il a donné une entrevue cette semaine à Arcand et il a confirmé le BAPE sur l'ensemble du tuyau, comme il a dit.

M. Corbeil (Michel) : Pourquoi vous n'en demandez pas un pour le projet de cimenterie? C'est un projet assez important en termes de pollution.

M. Gaudreault : Premièrement, c'est un autre projet, vous savez, qui a été déposé en 1995. C'est un projet aussi qui fait appel à du développement régional en Gaspésie. On est sur le projet de TransCanada aujourd'hui, avec un impact qui touche l'ensemble du territoire québécois. On parle d'un oléoduc de 700 kilomètres, sur l'ensemble du territoire québécois, avec des enjeux géostratégiques d'exportation de l'énergie. On est dans un autre univers.

La Modératrice : Charles Lecavalier.

M. Lecavalier (Charles) : Je veux revenir sur la cimenterie. La cimenterie de Port-Daniel va utiliser la coke de pétrole comme combustible. Ce n'est pas une bonne nouvelle d'apporter du pétrole bitumineux? De toute façon, on va le brûler en Gaspésie.

M. Gaudreault : Oui, mais ça, vous savez, c'est toujours l'éternelle confusion. On peut dire : Bien, le fait d'amener du pétrole de l'Alberta pourrait faire en sorte qu'on l'utiliserait au Québec, puis ça baisserait le prix de l'essence au Québec. Ce n'est pas du tout les mêmes enjeux, la même chose avec l'utilisation du coke, parce que, vous savez, il n'y a pas de projet à la clé avec l'arrivée du pétrole des sables bitumineux, pour le raffiner, par exemple, ou le transformer au Québec, ou faire un autre type de produit. Là, là, c'est... Le Québec ne devient qu'une terre d'exportation du pétrole bitumineux de l'Alberta. Alors, pour nous, c'est un autre enjeu et c'est précisément ça sur lequel on travaille présentement. Aujourd'hui, on demande un BAPE là-dessus.

M. Lecavalier (Charles) : Mais s'il était transformé au Québec, pour vous, ça serait plus acceptable?

M. Gaudreault : Bien, c'est... je veux dire, ça, c'est une question qui n'est même pas devant nous présentement, et nous croyons, de toute façon, que, pour un projet de cette envergure-là, ça prend un BAPE sur l'ensemble du projet, comme le ministre s'y est engagé.

M. Lecavalier (Charles) : Et, en ce moment, quels sont les travaux qui se font, pour le moment, sur TransCanada?

M. Gaudreault : Présentement, il y a des travaux exploratoires, là, des forages exploratoires à la hauteur de Saint-Augustin et il y en a qui ont été autorisés il y a deux semaines, là, par le ministre, pour Gros-Cacouna. Et ce qui est absolument... Écoutez, moi, j'étais renversé quand j'ai vu ça, là. Là, le ministre, il est allé dire presque qu'il va installer des traverses à bélugas dans le fond de l'eau. Puis je n'exagère quasiment pas, là, parce qu'il a dit, en entrevue, que... parce que, là, il s'est fait poser la question par M. Arcand à la radio : Oui, mais admettons qu'il y a des bélugas qui arrivent à la hauteur de Gros-Cacouna puis là il y a du forage exploratoire qui est commencé, comment vous allez faire pour vous assurer que les bélugas n'auront pas d'impact par le forage? Bien là, M. Heurtel, de façon très candide, dit : Bien, on va arrêter le forage le temps que les bélugas vont passer puis on va recommencer... quand ils vont s'être éloigné, on va recommencer le forage.

M. Drainville : Quand ils vont sortir.

M. Gaudreault : Quand ils vont sortir, on va recommencer les forages. Alors, c'est comme s'il mettait une petite lumière, là, comme on a sur le coin du boulevard ici, là, traverse de bélugas, puis là les bélugas vont passer. Puis quand ils vont sortir de la zone, ils vont... là ils vont recommencer les forages. Je veux dire, c'en est rendu à ce ridicule-là. Alors, vous voyez bien que ce n'est pas sérieux. Il faut donc que nous cessions immédiatement les travaux qui ont été autorisés et qu'on fasse, sans plus attendre, le BAPE générique sur le projet.

La Modératrice : Martin Ouellet.

M. Drainville : Et j'ai la transcription, si jamais vous voulez la…

Une voix : Sur la traverse?

M. Drainville : Sur la traverse de bélugas.

M. Ouellet (Martin) : Mais ça se peut, hein? Il y a des traverses d'orignaux dans le parc. Ça a l'air à fonctionner.

M. Gaudreault : Il y a des traverses de bleuets, M. Ouellet. Ça fait longtemps que vous n'êtes pas venu au Saguenay.

M. Drainville : On veut vous entendre assumer ça dans votre texte, mon cher…

M. Ouellet (Martin) : Mais pourquoi vous demandez un BAPE, si vous demandez carrément de faire table rase de ce projet-là? Moi, ce que je comprends, c'est qu'il est tellement dangereux, inquiétant et affreux…

M. Gaudreault : Bien là, c'est parce qu'il travaille à l'envers. Il est en train de l'autoriser par la porte d'en arrière, alors qu'il nous a dit qu'il allait faire un BAPE sur l'ensemble du projet pour permettre à la population de s'exprimer. Je vous rappelle l'exemple de notre collègue de…

M. Ouellet (Martin) : …audiences publiques de TransCanada.

M. Gaudreault : Oui, mais ça risque d'être complètement farfelu, ou inutile, ou obsolète à terme parce que les… s'il ne part pas le BAPE immédiatement, là, le BAPE va arriver avec son rapport après que l'Office national de l'énergie du Canada aura autorisé le projet. Pas fort. Parce que, là, c'est un aveu, un aveu, archi-aveu de la part de M. Heurtel qu'il renonce au pouvoir du Québec de décider de ce qui se passe sur son territoire en matière d'environnement. C'est inacceptable.

La Modératrice : En anglais, maintenant. Ryan Hicks, CBC.

M. Hicks (Ryan) : Can you outline, first of all, what you're calling for today?

M. Drainville : Well, we're calling for the permits to be suspended. Basically, we're calling for the authorizations to be suspended, both at Cacouna and Saint-Augustin. We just…

M. Hicks (Ryan) :

M. Drainville : Well, why? Because there are no justifications for these operations to go ahead. There are no scientific documents or foundations that's been provided for the go-ahead at Cacouna and, as far as we know, there's none also for Saint-Augustin.

Now, the question we're asking, the most fundamental question is : Why is the Minister of the Environment giving the go-ahead to these operations by TransCanada, at both Cacouna and Saint-Augustin, without proper scientific foundations and after stating that there was going to be a full environmental assessment of the whole project? Can you tell me why, why he feels the need to give the go-ahead to these particular operations while he said that the full process and the full project would be looked at from an environmental perspective? Why is it that every time TransCanada is asking for a permit, they are getting it from the Minister of the Environment? Why isn't he protecting the environment instead of protecting the interest of TransCanada? I would summarize it that way.

M. Hicks (Ryan) : Is there anything that you are going to do in the legislature, or in the National Assembly, or, you know, outside of this press conference to try and, you know, get this stopped?

M. Drainville : Well, we are going to be looking at all of our options. Obviously we got work to do, and this is part of the work we are doing. You know, we are… I think we must make the Québec population aware of what is happening. We are about to take huge risks, from a security and environmental perspective, for very, very little benefits to the Québec population. This is what this project is about : Taking huge risks from an environmental and public security point of view with very little long-lasting economic benefits. Is this what we want, as Quebeckers? Is this what we want? Do we want to build a pipeline, which is going to export heavy oil from Alberta for a very, very, very long period of time — we are talking about long time — without getting much in return? What are we getting in return? Tell me what are we getting in return. The most important pipeline in North America is going to be built upon our territory, carrying very heavy oil, and what do we get in return?

That is why we say : Considering the picture, the overall picture, this whole thing should be stopped right away, the permits should be suspended so that we can take a look at the overall picture, at the overall project instead of basically permitting it, permit by permit, piece by piece. Yes? Is that alright? O.K., c'est bon? Bien, merci, tout le monde.

(Fin à 14 h 59)

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