(Quinze heures trente-deux minutes)
Mme David (Gouin) : Bonjour.
Alors, Québec solidaire, les trois députés solidaires veulent expliquer
pourquoi nous nous sommes objectés à ce que le BAN se réunisse pour discuter
des futurs travaux, là, à l'Assemblée nationale, mais tout simplement parce
qu'on n'y est pas. On avait demandé de pouvoir joindre ce comité très
particulier, là, pour au moins pouvoir avoir cette discussion. Ça a été refusé.
On a donc refusé notre consentement. C'est aussi simple que ça.
Et vous aurez remarqué, sur le reste des
questions, qu'on est revenus beaucoup, beaucoup sur toutes les questions qui
touchent l'austérité parce qu'on n'accepte absolument pas la vision libérale
qui consiste à couper tout le monde sauf ceux qui ont vraiment de l'argent, les
banques, les grandes entreprises. C'est une vision idéologique, vraiment, qu'on
ne partage pas parce qu'on voit au quotidien, nous, dans nos comtés, les effets
des coupures. Alors, on va revenir très, très souvent là-dessus.
Puis je veux mentionner aussi qu'on a
présenté une motion appuyant la campagne de la FADOQ, qui regroupe 315 000
membres, campagne visant à assurer l'autonomie des aînés, leur bien-être
matériel, leur sécurité, etc. Et on en a profité une fois de plus pour rappeler
que, si on veut être sérieux, si on veut vraiment permettre aux aînés de vivre
dans la dignité, il faut y mettre des fonds publics.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Mais je comprends que vous avez refusé parce que vous êtes contre les mesures
d'austérité et non seulement parce que vous n'êtes pas sur le BAN.
M. Khadir
: Bien,
exactement, parce que, regardez, le mandat particulier que le Parti libéral
cherche à obtenir, c'était de se pencher sur les budgets de l'Assemblée
nationale : comment c'est distribué, s'il y a moyen de réduire ces
budgets-là… Et sans doute qu'il y a des moyens de le réduire. Mais les trois
partis qui, on l'a vu devant la commission Charbonneau, c'est-à-dire l'héritier
de l'ADQ la CAQ, le Parti québécois et le Parti libéral, qui, les trois, ont
profité de tous ces stratagèmes de prête-noms avec tout ce que ça coûte au
public en termes de contrats gonflés, en termes d'argent, de crédits d'impôt
donnés à tous ces gens malhonnêtes, qui ont contribué illégalement à la caisse
des trois partis veulent, entre eux, sans un regard externe et indépendant,
décider si le budget qu'on leur a accordé est bon ou pas.
Je vous signale que, juste dernièrement,
le Parti libéral a facturé 100 000 $ à l'Assemblée nationale pour
organiser son caucus au Manoir Richelieu. Nous aimerions savoir selon quels
critères, si ces budgets-là sont justifiés et si les partis, dont les caisses
sont remplies à coups de millions par de l'argent sale ramassé grâce à des
stratagèmes illégaux de prête-noms, méritent d'utiliser comme ça l'argent
public.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce que, s'ils acceptent que vous soyez sur le BAN, est-ce que, dans ce
cas-ci, la motion vous conviendrait?
M. Khadir
: Oui, bien
sûr.
Mme David (Gouin) : Bien sûr,
pour qu'on puisse aller en débattre, pour qu'on puisse, nous qui sommes à
l'Assemblée nationale depuis plusieurs années et qui ne bénéficions pas de
plein de privilèges accordés aux groupes parlementaires reconnus, nous avons
des questions à aller leur poser. Mon collègue vient d'en donner une, il y en
aura certainement d'autres. Nous sommes un peu la voix des gens qui se posent
plein de questions sur les dépenses à l'Assemblée nationale.
Alors, moi, je pense que les trois autres
partis, ils ont vraiment besoin de nous. On veut faire partie de la discussion.
Puis, en plus, on représente des gens, on est des élus, nous aussi, on
appartient à un parti. On est formellement des députés indépendants, mais tout
le monde sait qu'on représente un parti qui s'appelle Québec solidaire, qui a entre
12 000 et 14 000 membres, 7,5 % du vote, donc on existe. C'est
ça qu'on veut dire aux trois autres partis : On existe, on veut faire
partie de la discussion.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce que, selon vous, il y a de l'argent à aller chercher à l'Assemblée
nationale, les dépenses des députés, les missions interparlementaires? Est-ce
que vous pensez à première vue qu'il y a de l'argent à aller chercher?
M. Khadir
: Ah! c'est
difficile à dire, mais, si on demande… Nous, on pense, en fait, que l'exercice
doit consister à dire : Comment ça se fait que les trois partis qui se
partagent le pouvoir et une certaine vision, hein, qu'il faut couper, couper,
couper, l'austérité… Après tout, l'austérité, ce n'est pas juste le fait du Parti
libéral, la CAQ applaudit, puis le Parti québécois l'a appliquée avant. S'ils
estiment que, pour leur travail, il n'y a pas lieu de couper, on voudrait
savoir dans quelle base ils pensent qu'ailleurs on peut couper quand c'est
essentiel et c'est nécessaire. C'est ça, il faut renverser la logique, de dire,
dans le fond : S'il y a des choses qui sont essentielles, s'ils trouvent
que c'est justifié d'organiser un caucus pour décider de couper dans les
services au monde, il n'y a aucune raison, à ce moment-là, de justifier d'une
quelconque manière, par une quelconque question qui touche à la dette ou quoi
que ce soit, la coupure dans des services essentiels.
Actuellement, dans le CLSC de ma région,
là, on met fin à des services à des gens handicapés dont on assurait avant
juste une présence pour s'assurer qu'il y a suffisamment de bouffe pour passer
le reste de la semaine. On est en train de couper là-dedans, soi-disant pour
payer la dette, mais, en fait, pour répondre à une commande qui vient des
patrons, qui vient des banques et des milieux financiers.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Mais vous n'êtes pas un parti reconnu selon les règles de l'Assemblée nationale,
donc vous demandez une exception dans ce cas-ci?
M. Khadir
: Bien, on
ne demande pas une exception, on demande une évolution. On demande que l'Assemblée
nationale cesse cette injustice qui consiste à vouloir à tout prix garder à
l'extérieur de ses rangs toute formation, toute tendance qui remet en question
cette manière de fonctionner au service des partis de pouvoir. Nous, on est le
seul parti qui demande des changements importants dans le système, et c'est sûr
que ça ne fait pas plaisir à certains milieux et surtout ces partis-là qui sont
là pour s'échanger le pouvoir entre eux. Donc, il faut que ça change, la population
n'attend que ça.
Mme David (Gouin) : Et
j'ajouterais que les trois autres partis doivent reconnaître l'existence désormais
d'un pluralisme politique, qui peut-être n'existait pas au Québec, mais qui, désormais,
dans une société moderne, existe et va continuer d'exister. Dans ce sens-là, il
faudrait, oui, revoir les règles à l'Assemblée nationale pour que, dès qu'un
parti obtienne un certain pourcentage de vote, à discuter, un certain nombre de
députés, qu'il ait la même reconnaissance que les autres partis, qu'il ait les
mêmes possibilités de s'exprimer.
Et, pour commencer, en tout cas, on
demande d'être présents dans ce débat sur les prochains budgets parlementaires.
Merci.
M. Khadir
: Merci
beaucoup de votre attention.
(Fin à 15 h 39)